Résultats : 6 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 1217-1221
LETTRE sur la Pierre qui s'engendre dans le Corps humain.
Début :
Je gémis, Monsieur, je vous l'avoüe, quand je vois dans vos Mercures tant [...]
Mots clefs :
Pierre, Vessie, Tirer, Remède, Dissolvant, Sang
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE sur la Pierre qui s'engendre dans le Corps humain.
LETTRE sur la Pierre qui s'engendre dans
Le Corps humain.
E gémis , Monsieur , je vous l'avoie ,
I
de Dissertations sur les manieres diffe
rentes de tirer la Pierre de la Vessie par la
taille. N'est-il pas étonnant que dans un
L. Kolo sić
1218 MERCURE DE FRANCE
siécle aussi éclairé que le nôtre
puisse se défaire de la prévention qu'on a
on ne
en faveur des anciens Auteurs ? car c'est
cet axiome, Remedium calculi cultrum est ; le
Couteau est le Remede de la Pierre , qui
est cause qu'on employe l'Art plutôt que
de consulter la Nature pour guérir ce
mal et qu'on préfere une operation
cruelle et très - dangereuse , qui fait tous
Les jours périr tant de personnes , aux
moyens simples et naturels qui le pour
roient dissiper sans aucun danger.
Mais , dira - t - on , un corps aussi dur que;
la Pierre , ou plutôt que le Caillou qui se
forme dans le Corps humain , ne pour
roit être dissous que par un Dissolvant
des plus puissans : or ne voit- on pas que
ce Dissolvant agiroit bien plus fortement
sur les parties tendres et délicates des Vis
ceres et des Vaisseaux par où il passeroit
dans le Corps , et causeroit dans le Sang des
desordres funestes. D'ailleurs , comme ce
Corps étranger qui est dans les reins ou
dans la Vessie , n'a aucuns Vaisseaux par le
moyen desquels il communique avec le
sang comment la vertu salutaire du
Remede y pourroit- elle arriver ? Enfin
qui a t- on vû délivré par un Remede
pris interieurement d'une Pierre bien
formée & d'un gros Volume ?
ر
.
(
(
I. Vol. Pour
JUIN. 1731. 1219
Pour détruire la premiere de ces trois
objections , qui est la plus folide , il faut
encore que j'attaque un Axiome respec
table par son antiquité , sçavoir , que qui
peut le plus , peut le moins. Ne fçait -on
pas que l'eau forte qui dissout le plus dur
de tous les métaux , qui est le fer , ne peut
rien sur l'Or , qui est beaucoup plus mol,
ni même sur la Cire ; que le jus de Ci
tron qui dissout dans la main le Corail et
les perles , ne peut rien sur le Bois , ni sur
une infinité d'autres corps beaucoup plus
tendres : et que l'Eau commune , qui dis
sout fi vîte le sel , et au bout de quelque
tems le fer même , ne peut rien sur la
Cire , ni sur beaucoup d'autres choses
très-molles ?
Comme la Pierre n'est autre chofe qu'un
amas de sels , fixez par la chaleur des reins
qui , étant entrainez avec l'urine dans la
vessie , s'y assemblent , & forment un
corps par le moyen des glaires qui com
me un mastic , les lient ensemble , & de
vient dur par la chaleur de ce viscere ; il
n'est pas si difficile de trouver un Dissol
vant,ou plutôt un fondant, qui décompo
se cette espece de Caillou , puisqu'il ne
faut pour cela qu'amolir ,et réduire en li
queur ce mastic glaireux qui les tient ras
semblez : au moyen dequoi ces sels fixes
I.Vol
di
1220 MERCURE DE FRANCE
divisez et devenus libres , s'écouleront
aisément par l'uretre avec l'urine. Et puis
que l'urine n'est autre chose que la par
tie sereuse , saline et sulfureuse , séparée
du sang par la filtration qui se fait dans
les reins , il est aisé de comprendre qu'a
yant tiré du sang la qualité fondante du
Remede qu'on aura pris , elle décompo
sera aisément la Pierre qui baigne sans
cesse dans l'urine..
.
Enfin , Monsieur , pour répondre à la.
troisiéme objection et convaincre les
plus incrédules , ayez la bonté d'inviter
les personnes qui ont été délivrées de la
Pierre par des Remedes intérieurs , ou par
l'application de la Pierre divine , à en fai
re part au Public par la voye de votre
Mercure: vous verrez qu'il y ades moyens.
plus surs et plus faciles que le Couteau
pour faire sortir la Pierre du Corps hu
main..
le
Si vous voulez inviter en même-tems
ceux qui ont été guéris par des Remedes
trés-simples d'Hidropisies formées , vous
connoitrez aussi , et tout le Public par
même moyen , que la ponction n'eſt pas
nécessaire dans l'Hidropisie for née ; et
que pour perfectionner la Medecine , il
vaudrait mieux s'appliquer à étudier la
Nature , et à éprouver les qualités salu
(
128
N
N
I
L. Vol . taires
JUIN. 1731. 1221
taires de ses differentes productions , que
d'avoir recours aux Operations manuel
les , et de composer tous les jours , com
me on fait , de nouveaux sistêmes ..
Ce que j'ai l'honneur de vous proposer
interresse trop le bien public pour douter
que vous n'inseriez ma Lettre , que j'ai
Sort abregée dans le prochain Mercure..
Je suis Mon ieur , &c .
De La Loge.
Le Corps humain.
E gémis , Monsieur , je vous l'avoie ,
I
de Dissertations sur les manieres diffe
rentes de tirer la Pierre de la Vessie par la
taille. N'est-il pas étonnant que dans un
L. Kolo sić
1218 MERCURE DE FRANCE
siécle aussi éclairé que le nôtre
puisse se défaire de la prévention qu'on a
on ne
en faveur des anciens Auteurs ? car c'est
cet axiome, Remedium calculi cultrum est ; le
Couteau est le Remede de la Pierre , qui
est cause qu'on employe l'Art plutôt que
de consulter la Nature pour guérir ce
mal et qu'on préfere une operation
cruelle et très - dangereuse , qui fait tous
Les jours périr tant de personnes , aux
moyens simples et naturels qui le pour
roient dissiper sans aucun danger.
Mais , dira - t - on , un corps aussi dur que;
la Pierre , ou plutôt que le Caillou qui se
forme dans le Corps humain , ne pour
roit être dissous que par un Dissolvant
des plus puissans : or ne voit- on pas que
ce Dissolvant agiroit bien plus fortement
sur les parties tendres et délicates des Vis
ceres et des Vaisseaux par où il passeroit
dans le Corps , et causeroit dans le Sang des
desordres funestes. D'ailleurs , comme ce
Corps étranger qui est dans les reins ou
dans la Vessie , n'a aucuns Vaisseaux par le
moyen desquels il communique avec le
sang comment la vertu salutaire du
Remede y pourroit- elle arriver ? Enfin
qui a t- on vû délivré par un Remede
pris interieurement d'une Pierre bien
formée & d'un gros Volume ?
ر
.
(
(
I. Vol. Pour
JUIN. 1731. 1219
Pour détruire la premiere de ces trois
objections , qui est la plus folide , il faut
encore que j'attaque un Axiome respec
table par son antiquité , sçavoir , que qui
peut le plus , peut le moins. Ne fçait -on
pas que l'eau forte qui dissout le plus dur
de tous les métaux , qui est le fer , ne peut
rien sur l'Or , qui est beaucoup plus mol,
ni même sur la Cire ; que le jus de Ci
tron qui dissout dans la main le Corail et
les perles , ne peut rien sur le Bois , ni sur
une infinité d'autres corps beaucoup plus
tendres : et que l'Eau commune , qui dis
sout fi vîte le sel , et au bout de quelque
tems le fer même , ne peut rien sur la
Cire , ni sur beaucoup d'autres choses
très-molles ?
Comme la Pierre n'est autre chofe qu'un
amas de sels , fixez par la chaleur des reins
qui , étant entrainez avec l'urine dans la
vessie , s'y assemblent , & forment un
corps par le moyen des glaires qui com
me un mastic , les lient ensemble , & de
vient dur par la chaleur de ce viscere ; il
n'est pas si difficile de trouver un Dissol
vant,ou plutôt un fondant, qui décompo
se cette espece de Caillou , puisqu'il ne
faut pour cela qu'amolir ,et réduire en li
queur ce mastic glaireux qui les tient ras
semblez : au moyen dequoi ces sels fixes
I.Vol
di
1220 MERCURE DE FRANCE
divisez et devenus libres , s'écouleront
aisément par l'uretre avec l'urine. Et puis
que l'urine n'est autre chose que la par
tie sereuse , saline et sulfureuse , séparée
du sang par la filtration qui se fait dans
les reins , il est aisé de comprendre qu'a
yant tiré du sang la qualité fondante du
Remede qu'on aura pris , elle décompo
sera aisément la Pierre qui baigne sans
cesse dans l'urine..
.
Enfin , Monsieur , pour répondre à la.
troisiéme objection et convaincre les
plus incrédules , ayez la bonté d'inviter
les personnes qui ont été délivrées de la
Pierre par des Remedes intérieurs , ou par
l'application de la Pierre divine , à en fai
re part au Public par la voye de votre
Mercure: vous verrez qu'il y ades moyens.
plus surs et plus faciles que le Couteau
pour faire sortir la Pierre du Corps hu
main..
le
Si vous voulez inviter en même-tems
ceux qui ont été guéris par des Remedes
trés-simples d'Hidropisies formées , vous
connoitrez aussi , et tout le Public par
même moyen , que la ponction n'eſt pas
nécessaire dans l'Hidropisie for née ; et
que pour perfectionner la Medecine , il
vaudrait mieux s'appliquer à étudier la
Nature , et à éprouver les qualités salu
(
128
N
N
I
L. Vol . taires
JUIN. 1731. 1221
taires de ses differentes productions , que
d'avoir recours aux Operations manuel
les , et de composer tous les jours , com
me on fait , de nouveaux sistêmes ..
Ce que j'ai l'honneur de vous proposer
interresse trop le bien public pour douter
que vous n'inseriez ma Lettre , que j'ai
Sort abregée dans le prochain Mercure..
Je suis Mon ieur , &c .
De La Loge.
Fermer
Résumé : LETTRE sur la Pierre qui s'engendre dans le Corps humain.
L'auteur d'une lettre discute des méthodes de traitement des calculs rénaux, exprimant son étonnement face à la persistance des préventions en faveur des anciens auteurs, notamment l'axiome 'Remedium calculi cultrum est' (le couteau est le remède de la pierre). Cette croyance privilégie des opérations chirurgicales dangereuses plutôt que des moyens naturels et simples pour dissoudre les calculs. L'auteur conteste l'idée que les dissolvants puissants nécessaires pour dissoudre les calculs endommageraient les parties tendres du corps. Il argue que des substances comme l'eau-forte, le jus de citron ou l'eau commune dissolvent certains matériaux mais pas d'autres, démontrant ainsi que des dissolvants spécifiques peuvent être trouvés pour les calculs rénaux sans nuire aux tissus environnants. Les calculs rénaux sont décrits comme des amas de sels fixés par la chaleur des reins et liés par des glaires. Un dissolvant approprié pourrait amollir ces glaires, permettant aux sels de se dissoudre et de s'écouler avec l'urine. L'auteur suggère que des remèdes pris intérieurement ou l'application de la 'Pierre divine' peuvent être efficaces. Enfin, l'auteur invite à publier des témoignages de personnes guéries par des remèdes intérieurs ou simples pour convaincre les sceptiques et promouvoir une médecine plus naturelle et moins invasive. Il espère que sa lettre sera publiée pour le bien public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 1453-1469
EXTRAIT de la Dissertation sur la Taille par l'appareil Lateral, luë par M. Morand à la rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences d'aprés Pâques.
Début :
Nous avons donné dans le Mercure du mois de Decembre 1729. une [...]
Mots clefs :
Londres, Cadavres, Chirurgiens, Guérison, Opérations, Méthodes, Incision, Observation, Vessie, Gangrène
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la Dissertation sur la Taille par l'appareil Lateral, luë par M. Morand à la rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences d'aprés Pâques.
EXTRAIT de la Dissertation sur la
Taille
par l'appareil Lateral, luë par M.
Morand à la rentrée publique de l'Aca
démie Royale des Sciences d'aprés Pâques .
hhhhhhhh
N
Ous avons donné dans le Mercure
du mois de Decembre 1729. une
Lettre de M. Morand , dans laquelle il
expose les motifs de son Voyage à Lon
dres , et se déclare Partisan de la Taille
Laterale qu'il a vû pratiquer par M. Che
selden , cèlebre Chirurgien Anglois. M.
Morand ayant fait sur les Cadavres tou
tes les expériences nécessaires , pour exa
miner à fond cette Operation sur les
notions que les Conferences qu'il avoit
eûes avec M. Cheselden , et que ses
lettres lui avoient données ; il la pro
que
posa à M. Maréchal premier Chirurgien
du Roy. Sous ses yeux et en présence
de plusieurs Académiciens , Medecins ,
et Chirurgiens , cette Operation se fit
l'année derniere à Paris avec grand suc
cès , et nous en avons rendus compte
dans le Mercure du mois d'Aoust 1730.
de quinze Malades taillées à l'appareil La
teral par M. Morand et Perchet , douze
II. Vol. étoient
1454 MER CURE DE FRANCE
étoient gueris , M. le Muet étoit en voye
de guérison , et a été parfaitement guéri .
Depuis ce temps là M. Perchet en a taillé
un à Louviers , et l'a bien guéri ; de sorte
que voilà seize Operations bien avérées
dont quatorze ont réussies tout au mieux ,
il n'est mort que deux personnes , et des
quatorze guéris , il y avoit quatre sujets
en trés mauvais état , lorsqu'ils furent
taillés. M. Maréchal fut si content de
ces Operations qu'il écrivit à M. Morand
de venir à Marly , afin de le présenter à
son Eminence M. le Cardinal de Fleury ,
2
qui les pierres furent montrées , et qui
exorta M. Morand à continuer.
En 1729. M. Morand avoit lû à l'Aca
démie les lettres de M. Cheselden
dans lesquelles il détailloit sa Methode
et répondoit à toutes les difficultés qu'ont
lui avoit faites . En 1730. M. Cheselden
a publié lui même sa Methode dans une
petite Dissertation en Anglois , dans la
quelle il nous apprend qu'aprés avoir
essayé toutes les Methodes de la Taille,
et les avoir comparées , il s'est dévoué
toujours à celle- cy, qu'il a reconnu la meil
feure. La voici rapportée par lui - même .
pour
Je lie le Malade comme au grand appa
reil , aprés l'avoir couché sur une Table ho
risontale de la hauteur de trois pieds , ayant
ر ا
IL. Vol. seulement:
JUIN. 1731. 455
seulement laTête un peu élevée,jefais d'abord
une incision aux tegumens , aussi longue qu'il
est possible , en commençant prés l'endroit
où elle finit au grand appareil , je continue
de couper de haut en bas , inter musculos.
acceleratorem urinæ et erectorem penis ,
et à côté de l'intestin Rectum , je tâte ensuite
pour trouver la sonde sur laquelle je coupe.
le long de laglande Prostate , en continuant
jusqu'à la véssie et assuje tissant le Rectum en
bas pendant tout le temps de l'Operation, avec
un ou deux doigts de la main gauche le
reste comme dans l'ancienne Méthode &c.
Dans la Dissertation lüe par M. Mo
rand à l'Académie , il ajoute à cette Des
cription donnée par M. Cheselden quel
ques particularités qui sont dans ses let
tres écrites pour l'Académie , il cite la
sçavante These de M. Falconet , au sujet
des raisons de préferer l'appareil Lateral.
au grand , il ajoute à ces motifs de pré
ference
, que le manuel de cette. Opera
tion lui a paru plus facile et plus sur ,
que dans l'appareil Lateral on coupe
certaines parties qu'on déchire dans le
grand ; qu'enfin ceux qui en ont été
guéris , n'ont eu de reste , ni fistule , ni
incontinence d'urine , et s'engage de faire.
voir les avantages de cette Operation dans
un Traité qu'il donnera exprés sur cette
matiere, Ensuite
1456 MERCURE DE FRANCE
Ensuite il donne à l'Académie quel
ques observations qui regardent la partie
Historique de cette Opération . Dans la
premiere est contenue presque toute la
vie de Frere Jacques , que M. Morand
a suivi par tout par ses Récherches ; ce
sont ces mêmes Récherches qui lui ont
fait voir , pour ainsi dire , deux Freres
Jacques ; à ne le connoître que sur le rap
port de M. Mery , son Operation est in
certaine , et il faut la répudier , ce sont
les mots de M. Morand même dans sa
lettre du Mercure de Decembre 1629 .
mais M. Morand a eu le bonheur de dé
couvrir deux Pieces fugitives sur l'Ope
ration de Frere Jacques que deux de
ses Confreres se sont fait un plaisir de
lui communiquer. L'une est un Ma
nuscrit de M. Hunaud , celebre Me
decin d'Angers , qui avoit vû tailler le
Frere Jacques à Angers , et qui avoit
pris la plume pour le déffendre contre
M. Mery ; l'autre est un Ouvrage de Fre
re Jacques même imprimé en 7. à 8. pag.
et dont les exemplaires sont devenus fort
rares. Dans ces deux ouvrages , l'incision
de Frere Jacques est nettement détermi
née il y est bien positivement énoncé
que Frere Jacques avoit rectifié son Opé
ration , substitué une sonde crénelée à
II. Vol. La
JUIN.
1457 1731 .
la sonde informe qu'il employoit d'abord ,
et trouvé le moyen de couper toujours le
col de laVessie. Voilà dans l'Histoire de F.
Jacques 2. Epoques bien differentes pour
son Operation , de laquelle nous serions de
meurés en possession sans nôtre vivacité.
La seconde Observation de M. Mo
rand' roule sur l'Operation de M. Rau ;
M. Morand pense que celle-cy est celle
de Frere Jacques rectifiée. 1 °. On ne
peut pas prouver le contraire , parceque
M. Rau ne donnoit point d'éclaircisse
ment de sa Méthode , que M. Rau est
mort en 1719. sans la publier luy-même ,
et qu'elle a été donnée par un autre Pro
fesseur , enfin qu'on ne voit nulle part ;
suivant la rémarque du Docteur Douglas ,
des Observations tirées de l'ouverture
des Cadavres. 2 °. On peut prouver que
cela est ainsi , parceque selon M. Albi
nus même , M. Rau et le Frere Jacques
faisoient tous deux l'incision dans le mê
me endroit, et que M.Rau ,pressé par ceux
qui l'interrogeoient sur son Operation ,
leur disoit , lisés Celse. Or il est facile
de prouver que Frere Jacques tailloit
par la Méthode de Celse.
La troisiéme Observation de M. Mo
rand est employée à expliquer cette es
pece
de Paradoxe sur la Méthode de Cel
II. Vol
se
4458 MERCURE DE FRANCE
se. M. Morand ne demande autre chose
pour cela , sinon qu'on lise avec atten
tion , et sans préjugé , le septiéme Livre
de cet Atiteur , Chap. 26. Sect. 2. on ver
ra que l'incision exterieure de Celse est
oblique et prés de l'Anus , et que l'inte
rieure interesse le col de la Vessie. Voilà
ce que fait l'appareil Lateral , et ce que ne
fait point le grand appareil. M. Morand
convient que cette Analogie a été apper
çue par M. Mery , M. Freind , M. Dou
glas , M. Falconet. Il résulteroit de-là
que l'appareil Lateral qui paroît une nou
velle Méthode seroit la plus ancienne.
M. Morand finit sa Dissertation en ré
capitulant les Opérations pratiquées par
cette Méthode depuis le mois de Mars
1727. jusqu'à la fin de 1730. Dans l'Ap
pendix de M. Cheselden , on lit les noms
de 46. Malades qu'il avoit taillés dans
l'Hôpital de S. Thomas , et dont il n'avoit
perdu que deux , M. Morand venoit de
récevoir la Liste posterieure à celle- cy ,
dans laquelle il y en a vingt de taillés ,
dont il n'est mort que deux : en la joignant
à la premiere Liste de M. Cheselden , et
à celle de M. Morand , il se trouve de
compte fait en Mars 173 1. quatre- vingt
deux personnes taillées par l'appareil La
teral , depuis Mars 1727. dont il n'est
II. Vol
mort
JUIN. 1731
1459
mort que fix , et soixante et seize ont été
parfaitement gueries , dont dix de diffe
rens âges , depuis 40. jusqu'à 67. ans.
Tels étoient les progrès de l'appareil
Lateral à Paris , lorsque M. Morand lût
sa Dissertation à l'Académie Royale des
Sciences. Depuis ce temps là , il a fair
cette Operation à M. de Janson et Du
blaisel qui sont morts six jours aprés
l'Operation. L'Ouverture de leur corps
a été faite , l'Académie Royale des Scien
ces a examiné les choses , Mrs. Chirac et
Maréchal ont vû ce qui concernoit M,
de Janson . Voici le rapport de ces deux
Ouvertures .
DETAIL de ce qui s'est trouvé à l'ou
verture de Mrs de Janson et du Blaisel.
Le 24. Avril 1731. Nous Docteurs en
Medecine , et Chirurgiens de Paris , nous
sommes transportés à neuf heures du soir
à l'Archevêché pour l'ouverture du corps
de Feu M. le Commandeur de Janson ,
mort ledit jour à neuf heures du matin
aprés avoir été taillé le Jeudi précedent
dix- neuf dudit mois et nous déclarons
avoir réconnu ce qui est détaillé à nôtre
present rapport par l'ouverture faite en
nôtre presence par M. Verdier , Chirur
ر
.
11. Vol.
gien
1460 MERCURE DE FRANCE
juré et DémonstrateurRoyal enAnatomie.
Le corps exposé sur une Table nous
n'avons vû aux parties voisines de la
playe , ni lividité , ni tension , en aucune
region du bas -ventre ni élevation ni gon
Alement , la région de la vessie étant au
contraire plate , enfoncée , et molete.
A l'ouverture du ventre il nous'a paru
à la premiere inspection qu'il n'y avoit ,
ni aux entrailles , ni à la vessie vers le
peritoine , ni au tissu cellulaire qui l'en
vironne , aucune Phlogose , inflammation,
ou marque de gangréne .
Les intestins étant ôtés du ventre , les
Reins ont été examinés , et on a trouvé
le droit diminué de la moitié de son vo
lume naturel , et sa substance glan
duleuse fondue , de sorte que l'on ne
distinguoit plus interieurement que les
sacs des entonnoirs qui étoient fort dila
tés aussi bien que les bassinets , et rem
plis d'une liqueur noire , puante , et mê
lée de quelques matieres glaireuses et
purulentes. L'uretere du même côté
dilaté depuis sa sortie du Rein jusqu'à
son insertion à la vessie , et étranglé en
quelques endroits par plusieurs infléxions
contre nature ; enfin sa trace le long du
muscle Psoas , marquée par une tache
livide et assés profonde dans la substance
II. Vol
de
JUIN. 1731. 1461
de ce muscle , dont le reste étoit de la
couleur et rougeur naturelle.
Le Rein gauche avoit les mêmes sin
gularités que le droit , mais il étoit plus
maigre et plus fondu , plein d'un pus trés
fætide , et d'un blanc sale. L'uretere de
ce côté étoit un peu moins malade que
l'autre.
La vessie nous parut s'élever assés haut
au dessus du Pubis , et sa consistence
étoit bien plus dure que dans l'état natu
rel , mais pour l'ouvrir dans toute son
étendue , et examiner plus scrupuleuse
ment toutes les parties du voisinage , et
de la dépendance de l'Operation , on a
ôté la vessie entiere avec le canal de l'ure
tre , le rectum , et la partie incisée par
la Taille.
Ensuite la vessie a été ouverte dans.
toute son étendue , depuis son fond jus
ques et au de-là de l'incision faite par la
Taille ; alors tout le corps de la vessie
nous ' a paru considerablement épaissi
on n'a trouvé dans sa cavité , ni pierre
ni fragment de celle qui avoit été tirée ,
il y avoit à la surface de sa tunique inter
ne plusieurs points blanchâtres et durs ,
quelques rugosités , mais aucun vestige
de contusion . Vers sa partie inferieure et
un peu plus du côté droit que
du gauche
,
II. Vol C IL
462 MERCURE DE FRANCE
3 il y avoit une tumeur carcinomateuse
fort dure , grosse comme un gros oeuf,
faisant corps avec la vessie même ,
aussi large par sa baze que par sa partie
saillante , et d'une étenduë assés grande
faire la vessie eut comme deux pour que
capacités , dont la plus grande étoit au
dessus du carcinôme. Prés de cette tu
meur , étoit une excroissance fongueuse
applatic , grosse et longue comme le petit
doigt , de la consistence du fongus qui
avoit été tiré avec la pierre , attaché par
un pedicule membraneux à la tunique
interne de la vessie , et flottante dans la
vessie , de façon qu'elle pouvoit tomber
dans l'incision .'
L'incision faite par la Taille étoit à la
fin de l'uretre et au cou de la vessie.
Mettant un doigt dans l'anus et un autre
dans l'incision ; on a vû que le rectum
n'avoit point été interessé, y ayant entre
deux une cloison fort épaisse : enfin en
examinant le trajet de l'incision-, nous
avons vû qu'il n'y avoit d'autre route
que celle qui conduisoit directement de
l'incision à la vessie , et qu'il n'y en avoit
point de fausse autour du rectum , ni
dans le tissu cellulaire des parties voisi
nes.
Comme nous reconnoissons dans le
II. Vel désordre
JUIN. 1731 . 146
désordre des parties dénommées au pre
sent rapport des causes de mort évidentes
et indépendentes de l'opération de la
Taille faite à M. le Commandeur de Jan
son , on n'a point fait l'ouverture de la
Poitrine ni de la Tête , et aucun de nous
ne l'a demandée. A Paris çe .27 . Avril
1731. et ont signés. Mrs. Winslow et Silva
Medecins , Guerin , Le Dran , Boudou ',
Pibrac , Morand , Verdier , Guerin fils
et Perchet , Chirurgiens .
L'Original a été remis à M. le Mar
quis de Janson , avec le dessein des parties
malades , qui ont été examinées dans une
sceance par l'Académie Royale des Scien
aussi bien celles dont est ques
tion dans le rapport suivant .
ces , que
Le Samedi 28. Avril 1731. nous Doc
teur en Medecine , et Chirurgiens de
Paris soussignés , nous sommes transpor
tés à l'Hôteld'Espagne, rue duColombier,
l'ouverture du corps de M.du Blai
sel , mort la nuit précedente, aprés avoir
été taillé le Lundi 23. dudit mois.
pour
A l'ouverture du bas- ventre , l'estomach
et les intestins ont paru dans leur état na
turel, les ayant écartés pour éxaminer la ré
gion de la vessie nous avons trouvé un
abscès considerable dans le tissu cellulaire
du peritoine entre l'endroit où l'uretere
>
I La Kol Cij gauche
3454 MERCURE DE FRANCE
gauche se jette dans la vessie et le lieu de
f'incision. La vessie ouverte depuis son
fond jusqu'au de - là de l'incision , elle
nous a paru saine ; mais à sa partie pos
terieure , et entre ses tuniques étoit un
sac plein d'un grand nombre de petites
pierres , et de ce sac il suintoit quelques
goutes de pus dans la vessie.
La supression totale des urines arrivée
la veille de sa mort ayant fait tourner
nos vûës vers les reins , nous avons trou
vé le rein droit en inflammation , et par
là augmenté considerablement du volu
me naturel ; de ce rein partoient deux
ureteres , dont les vaisseaux sanguins
étoient gonflés et en inflammation , ces
ureteres s'unissant ensemble à quelques
pouces de la vessie , n'avoient qu'une et
même insertion .
Au lieu du rein gauche qui étoit obli
teré, il y avoit une capsule membraneuse
avec deux ureteres, qui sans se confondre
alloient séparément à la vessie , l'un s'ou
vroit dans la vessie à l'ordinaire , l'autre
étoit bouché en haut par deux petites
pierres , et prés de la vessie par plusieurs
autres ; enfin au lieu de s'ouvrir dans la
vessie , il se terminoit dans le sac pierreux
qui étoit en suppuration .
Cette organisation particuliere nous
11. Val.
fair
JUIN.
1731. 1469
que
fait croire le rein droit étant attaqué
d'une inflammation qui a produit la ne
phretique , le gauche n'avoit pû supléer
à ses fonctions , puis qu'il n'y en avoit
point , de là la supression des urines , et
que
la même cause qui a formé dù pus
dans le sac pierreux , a pû donner lieu à
l'abscès du tissu cellulaire . A Paris ce 6 .
May 1731. et ont signés Sylva , Boudon ,
Verdier , Morand , Perchet.
LETTRE de M. Morand à M. de la R
' Ay l'honneur de vous envoyer,Mon
sieur, le rapport de l'ouverture de M.
de Janson, et j'execute les ordres positifs
que j'en ay reçû : ces Ordres sont si pré
cieux pour moi que je n'en puis retran
cher un mot , et je vous envoye en mê
me temps la Lettre de M. Mareschal qui
me les a signifiés .
· Je viens de rendre un compte exact de
votre Operation à son Eminence M. le Car
dinal , et des obstacles invincibles de
рои
voir guerir M. de Janson ; je lui ai ajouté
que vous aviés en raison de ne point tirer
la pierre , et que cet examen avoit étéfait en
presence de M. Chirac, cela lui a faitplaisir.
Son Eminence m'a dit qu'il falloit le dire
au Roy, ce que je feray ; la seconde chose
II. Vol.. Ciij que
1466 MERCURE DE FRANCE
que vous deviés en faire une Relation pré
cise et de tous les temoins , et en faire un
article dans les Nouvelles pour détromper
le Public. Voila ce que son Eminence m'a
dit, et je crois qu'elle pense juste . Je vous sa
lue & c. Mareschal. A Rambouillet le 25.
Avril 1731 .
Je vous envoye en même temps ,
Monsieur , la Rélation de l'ouverture de
M. du Blaisel , et je crois qu'avec ces deux.
Pieces il m'est permis de demander à
l'Auteur anonyme de la Lettre inserée
dans le Mercure de May , pag. 1135 .
raison des Réflexions qu'il a ajoutées au
détail des Operations de la Taille faites
à l'Hôpital de la Charité le 14. du mois.
passé.
Je n'avois pas plus promis cette année
cy que l'autre de faire la Taille par l'Ope
ration Laterale . L'Année derniere M ..
Mareschal trouva bon qu'on la fit , je l'ai
faite devant lui , et elle a reussi . Cette
année M. Mareschal a trouvé bon qu'on
ne fit
que le grand Appareil , j'en ai fait
deux , et j'ai gueri mes deux malades.
Ainsi cette année cy comme la précedente,,
j'ay obéi.
➤
Mais l'Anonyme avance que M. Ma
reschal qui connoit les inconveniens de l'ap
pareil Lateral , en disposa autrement , en
II. Vol. execu
JUIN. 1731. 1467
1
executant lui même,et faisant executer l'Opé
ration à la maniere ordinaire. Je demande
si l'Anonyme a ordre d'expliquer les mo
tifs de M. Mareschal , et pourquoy it
abuse gratuitement d'un nom si respec
table ; car personne ne peut connoître
les inconveniens de cette Opération .
que sur des éclaircissemens fournis par
la Theorie ou sur les faits de Pratique .
Sera-ce sur les éclaircissemens de Théorie?
M. Mareschal n'est pas encore determi
né , et M. le Comte de Broglio m'a fait
l'honneur de me dire que M. Mareschal
venoit de proposer plusieurs questions à
M. Cheselden , et qu'il a demandé qu'on
envoyât icy , s'il étoit possible , les Parties
de quelqu'un , mort aprés cette Opération .
Sera-ce sur les Faits de Pratique jusqu'à
l'Epoque deM . deJanson et du Blaisel De
Londres , M. Cheselden fournira le Mé
moire de soixante six Opérations dont
soixante -deux ont réussi à Paris il y en
a eu seize l'année passée , faites par M.
Perchet et moi , et quatorze malades ont
été gueris. Sera - ce sur l'Opération de
M. de Janson ? M. Mareschal m'or
donne lui-même de faire une Rélation
exacte de l'ouverture pour détromper
le Public. Sera-ce sur la Taille de M. du
Blaisel les singularitez qu'on voit dans
II. Vol.
C iiij l'ou
1468 MERCURE DE FRANCE
P'ouverture , pourroient seules justifier
l'Operation , qui d'ailleurs fut faite très
heureusement ; mais quand on suppo
seroit le contraire , il resteroit toujours
pour vrai , que nous en avons gueri
l'année passée quatorze de seize ; qui
sçait si quatorze taillés cette année à l'ap
pareil Lateral , immediatement aprés Mrs.
deJanson et du Blaisel , n'auroient pas été
gueris ? cela étoit aussi possible cette an
née-ci que l'autre. Sera-ce enfin sur les
réprésentations de quelques Chirurgiens
qui verroient avec peine les progrès de
cette Operation ? ceux qui sont à la tête
de la Chirurgie ne préfereront jamais l'in
terêt de quelques particuliers au bien
blic. Je conclus donc que l'Anonyme
a trés imprudemment compromis le nom
de M. Mareschal .
pu
C'est avec la même licence que l'Anony
me arrange la Chirurgie de l'Hôpital . Si
M. Mareschal avoit confié le soin de l'Hô
pital à M.Guerin le Pere , comme il le dit, je
ne jouirois point de la place de Chirurgien
en Chef, dont j'ai été pourvu sur la présen
tation de M.Mareschal , mais j'enjoüis com
me auparavant, et si je ne puis assurer que
j'aye merité les faveurs de M. Mares
chal , au moins puis- je assurer qu'il ne me
les a pas retiré.
II. Vol. L'Anonyme
JUIN. 1731 1469
L'Anonyme finit ses Reflexions en
'disant , que les Pauvres serviront d'instruc
tion aux éleves sans être leurs victimes. Si
cela roule sur la Taille Laterale , comme
il n'y a pas lieu d'en douter, c'est à vous ,
M. à me vanger de cette noirceur , en rap
pellant les Faits que vous avés imprimés
l'année derniere..
L'Anonyme auroit pû terminer sa nar
ration, en disant que M. Mareschal veut de
plus amples éclaircissemens sur l'Opera
tion Laterale. C'est faire l'Eloge de sa pru
dence ; mais nous ajoutons que quand l'ex
cellence de cette Opération sera bien prou
vée ,M. Mareschal toujours plein de zéle et
daffection pour les Pauvres , voudra non ṣeu
lementy être présent, mais la fera peut être lui
même. Je suis , Monsieur , Vôtre &c.
A Paris ce 10. Fuin . 1731.
Taille
par l'appareil Lateral, luë par M.
Morand à la rentrée publique de l'Aca
démie Royale des Sciences d'aprés Pâques .
hhhhhhhh
N
Ous avons donné dans le Mercure
du mois de Decembre 1729. une
Lettre de M. Morand , dans laquelle il
expose les motifs de son Voyage à Lon
dres , et se déclare Partisan de la Taille
Laterale qu'il a vû pratiquer par M. Che
selden , cèlebre Chirurgien Anglois. M.
Morand ayant fait sur les Cadavres tou
tes les expériences nécessaires , pour exa
miner à fond cette Operation sur les
notions que les Conferences qu'il avoit
eûes avec M. Cheselden , et que ses
lettres lui avoient données ; il la pro
que
posa à M. Maréchal premier Chirurgien
du Roy. Sous ses yeux et en présence
de plusieurs Académiciens , Medecins ,
et Chirurgiens , cette Operation se fit
l'année derniere à Paris avec grand suc
cès , et nous en avons rendus compte
dans le Mercure du mois d'Aoust 1730.
de quinze Malades taillées à l'appareil La
teral par M. Morand et Perchet , douze
II. Vol. étoient
1454 MER CURE DE FRANCE
étoient gueris , M. le Muet étoit en voye
de guérison , et a été parfaitement guéri .
Depuis ce temps là M. Perchet en a taillé
un à Louviers , et l'a bien guéri ; de sorte
que voilà seize Operations bien avérées
dont quatorze ont réussies tout au mieux ,
il n'est mort que deux personnes , et des
quatorze guéris , il y avoit quatre sujets
en trés mauvais état , lorsqu'ils furent
taillés. M. Maréchal fut si content de
ces Operations qu'il écrivit à M. Morand
de venir à Marly , afin de le présenter à
son Eminence M. le Cardinal de Fleury ,
2
qui les pierres furent montrées , et qui
exorta M. Morand à continuer.
En 1729. M. Morand avoit lû à l'Aca
démie les lettres de M. Cheselden
dans lesquelles il détailloit sa Methode
et répondoit à toutes les difficultés qu'ont
lui avoit faites . En 1730. M. Cheselden
a publié lui même sa Methode dans une
petite Dissertation en Anglois , dans la
quelle il nous apprend qu'aprés avoir
essayé toutes les Methodes de la Taille,
et les avoir comparées , il s'est dévoué
toujours à celle- cy, qu'il a reconnu la meil
feure. La voici rapportée par lui - même .
pour
Je lie le Malade comme au grand appa
reil , aprés l'avoir couché sur une Table ho
risontale de la hauteur de trois pieds , ayant
ر ا
IL. Vol. seulement:
JUIN. 1731. 455
seulement laTête un peu élevée,jefais d'abord
une incision aux tegumens , aussi longue qu'il
est possible , en commençant prés l'endroit
où elle finit au grand appareil , je continue
de couper de haut en bas , inter musculos.
acceleratorem urinæ et erectorem penis ,
et à côté de l'intestin Rectum , je tâte ensuite
pour trouver la sonde sur laquelle je coupe.
le long de laglande Prostate , en continuant
jusqu'à la véssie et assuje tissant le Rectum en
bas pendant tout le temps de l'Operation, avec
un ou deux doigts de la main gauche le
reste comme dans l'ancienne Méthode &c.
Dans la Dissertation lüe par M. Mo
rand à l'Académie , il ajoute à cette Des
cription donnée par M. Cheselden quel
ques particularités qui sont dans ses let
tres écrites pour l'Académie , il cite la
sçavante These de M. Falconet , au sujet
des raisons de préferer l'appareil Lateral.
au grand , il ajoute à ces motifs de pré
ference
, que le manuel de cette. Opera
tion lui a paru plus facile et plus sur ,
que dans l'appareil Lateral on coupe
certaines parties qu'on déchire dans le
grand ; qu'enfin ceux qui en ont été
guéris , n'ont eu de reste , ni fistule , ni
incontinence d'urine , et s'engage de faire.
voir les avantages de cette Operation dans
un Traité qu'il donnera exprés sur cette
matiere, Ensuite
1456 MERCURE DE FRANCE
Ensuite il donne à l'Académie quel
ques observations qui regardent la partie
Historique de cette Opération . Dans la
premiere est contenue presque toute la
vie de Frere Jacques , que M. Morand
a suivi par tout par ses Récherches ; ce
sont ces mêmes Récherches qui lui ont
fait voir , pour ainsi dire , deux Freres
Jacques ; à ne le connoître que sur le rap
port de M. Mery , son Operation est in
certaine , et il faut la répudier , ce sont
les mots de M. Morand même dans sa
lettre du Mercure de Decembre 1629 .
mais M. Morand a eu le bonheur de dé
couvrir deux Pieces fugitives sur l'Ope
ration de Frere Jacques que deux de
ses Confreres se sont fait un plaisir de
lui communiquer. L'une est un Ma
nuscrit de M. Hunaud , celebre Me
decin d'Angers , qui avoit vû tailler le
Frere Jacques à Angers , et qui avoit
pris la plume pour le déffendre contre
M. Mery ; l'autre est un Ouvrage de Fre
re Jacques même imprimé en 7. à 8. pag.
et dont les exemplaires sont devenus fort
rares. Dans ces deux ouvrages , l'incision
de Frere Jacques est nettement détermi
née il y est bien positivement énoncé
que Frere Jacques avoit rectifié son Opé
ration , substitué une sonde crénelée à
II. Vol. La
JUIN.
1457 1731 .
la sonde informe qu'il employoit d'abord ,
et trouvé le moyen de couper toujours le
col de laVessie. Voilà dans l'Histoire de F.
Jacques 2. Epoques bien differentes pour
son Operation , de laquelle nous serions de
meurés en possession sans nôtre vivacité.
La seconde Observation de M. Mo
rand' roule sur l'Operation de M. Rau ;
M. Morand pense que celle-cy est celle
de Frere Jacques rectifiée. 1 °. On ne
peut pas prouver le contraire , parceque
M. Rau ne donnoit point d'éclaircisse
ment de sa Méthode , que M. Rau est
mort en 1719. sans la publier luy-même ,
et qu'elle a été donnée par un autre Pro
fesseur , enfin qu'on ne voit nulle part ;
suivant la rémarque du Docteur Douglas ,
des Observations tirées de l'ouverture
des Cadavres. 2 °. On peut prouver que
cela est ainsi , parceque selon M. Albi
nus même , M. Rau et le Frere Jacques
faisoient tous deux l'incision dans le mê
me endroit, et que M.Rau ,pressé par ceux
qui l'interrogeoient sur son Operation ,
leur disoit , lisés Celse. Or il est facile
de prouver que Frere Jacques tailloit
par la Méthode de Celse.
La troisiéme Observation de M. Mo
rand est employée à expliquer cette es
pece
de Paradoxe sur la Méthode de Cel
II. Vol
se
4458 MERCURE DE FRANCE
se. M. Morand ne demande autre chose
pour cela , sinon qu'on lise avec atten
tion , et sans préjugé , le septiéme Livre
de cet Atiteur , Chap. 26. Sect. 2. on ver
ra que l'incision exterieure de Celse est
oblique et prés de l'Anus , et que l'inte
rieure interesse le col de la Vessie. Voilà
ce que fait l'appareil Lateral , et ce que ne
fait point le grand appareil. M. Morand
convient que cette Analogie a été apper
çue par M. Mery , M. Freind , M. Dou
glas , M. Falconet. Il résulteroit de-là
que l'appareil Lateral qui paroît une nou
velle Méthode seroit la plus ancienne.
M. Morand finit sa Dissertation en ré
capitulant les Opérations pratiquées par
cette Méthode depuis le mois de Mars
1727. jusqu'à la fin de 1730. Dans l'Ap
pendix de M. Cheselden , on lit les noms
de 46. Malades qu'il avoit taillés dans
l'Hôpital de S. Thomas , et dont il n'avoit
perdu que deux , M. Morand venoit de
récevoir la Liste posterieure à celle- cy ,
dans laquelle il y en a vingt de taillés ,
dont il n'est mort que deux : en la joignant
à la premiere Liste de M. Cheselden , et
à celle de M. Morand , il se trouve de
compte fait en Mars 173 1. quatre- vingt
deux personnes taillées par l'appareil La
teral , depuis Mars 1727. dont il n'est
II. Vol
mort
JUIN. 1731
1459
mort que fix , et soixante et seize ont été
parfaitement gueries , dont dix de diffe
rens âges , depuis 40. jusqu'à 67. ans.
Tels étoient les progrès de l'appareil
Lateral à Paris , lorsque M. Morand lût
sa Dissertation à l'Académie Royale des
Sciences. Depuis ce temps là , il a fair
cette Operation à M. de Janson et Du
blaisel qui sont morts six jours aprés
l'Operation. L'Ouverture de leur corps
a été faite , l'Académie Royale des Scien
ces a examiné les choses , Mrs. Chirac et
Maréchal ont vû ce qui concernoit M,
de Janson . Voici le rapport de ces deux
Ouvertures .
DETAIL de ce qui s'est trouvé à l'ou
verture de Mrs de Janson et du Blaisel.
Le 24. Avril 1731. Nous Docteurs en
Medecine , et Chirurgiens de Paris , nous
sommes transportés à neuf heures du soir
à l'Archevêché pour l'ouverture du corps
de Feu M. le Commandeur de Janson ,
mort ledit jour à neuf heures du matin
aprés avoir été taillé le Jeudi précedent
dix- neuf dudit mois et nous déclarons
avoir réconnu ce qui est détaillé à nôtre
present rapport par l'ouverture faite en
nôtre presence par M. Verdier , Chirur
ر
.
11. Vol.
gien
1460 MERCURE DE FRANCE
juré et DémonstrateurRoyal enAnatomie.
Le corps exposé sur une Table nous
n'avons vû aux parties voisines de la
playe , ni lividité , ni tension , en aucune
region du bas -ventre ni élevation ni gon
Alement , la région de la vessie étant au
contraire plate , enfoncée , et molete.
A l'ouverture du ventre il nous'a paru
à la premiere inspection qu'il n'y avoit ,
ni aux entrailles , ni à la vessie vers le
peritoine , ni au tissu cellulaire qui l'en
vironne , aucune Phlogose , inflammation,
ou marque de gangréne .
Les intestins étant ôtés du ventre , les
Reins ont été examinés , et on a trouvé
le droit diminué de la moitié de son vo
lume naturel , et sa substance glan
duleuse fondue , de sorte que l'on ne
distinguoit plus interieurement que les
sacs des entonnoirs qui étoient fort dila
tés aussi bien que les bassinets , et rem
plis d'une liqueur noire , puante , et mê
lée de quelques matieres glaireuses et
purulentes. L'uretere du même côté
dilaté depuis sa sortie du Rein jusqu'à
son insertion à la vessie , et étranglé en
quelques endroits par plusieurs infléxions
contre nature ; enfin sa trace le long du
muscle Psoas , marquée par une tache
livide et assés profonde dans la substance
II. Vol
de
JUIN. 1731. 1461
de ce muscle , dont le reste étoit de la
couleur et rougeur naturelle.
Le Rein gauche avoit les mêmes sin
gularités que le droit , mais il étoit plus
maigre et plus fondu , plein d'un pus trés
fætide , et d'un blanc sale. L'uretere de
ce côté étoit un peu moins malade que
l'autre.
La vessie nous parut s'élever assés haut
au dessus du Pubis , et sa consistence
étoit bien plus dure que dans l'état natu
rel , mais pour l'ouvrir dans toute son
étendue , et examiner plus scrupuleuse
ment toutes les parties du voisinage , et
de la dépendance de l'Operation , on a
ôté la vessie entiere avec le canal de l'ure
tre , le rectum , et la partie incisée par
la Taille.
Ensuite la vessie a été ouverte dans.
toute son étendue , depuis son fond jus
ques et au de-là de l'incision faite par la
Taille ; alors tout le corps de la vessie
nous ' a paru considerablement épaissi
on n'a trouvé dans sa cavité , ni pierre
ni fragment de celle qui avoit été tirée ,
il y avoit à la surface de sa tunique inter
ne plusieurs points blanchâtres et durs ,
quelques rugosités , mais aucun vestige
de contusion . Vers sa partie inferieure et
un peu plus du côté droit que
du gauche
,
II. Vol C IL
462 MERCURE DE FRANCE
3 il y avoit une tumeur carcinomateuse
fort dure , grosse comme un gros oeuf,
faisant corps avec la vessie même ,
aussi large par sa baze que par sa partie
saillante , et d'une étenduë assés grande
faire la vessie eut comme deux pour que
capacités , dont la plus grande étoit au
dessus du carcinôme. Prés de cette tu
meur , étoit une excroissance fongueuse
applatic , grosse et longue comme le petit
doigt , de la consistence du fongus qui
avoit été tiré avec la pierre , attaché par
un pedicule membraneux à la tunique
interne de la vessie , et flottante dans la
vessie , de façon qu'elle pouvoit tomber
dans l'incision .'
L'incision faite par la Taille étoit à la
fin de l'uretre et au cou de la vessie.
Mettant un doigt dans l'anus et un autre
dans l'incision ; on a vû que le rectum
n'avoit point été interessé, y ayant entre
deux une cloison fort épaisse : enfin en
examinant le trajet de l'incision-, nous
avons vû qu'il n'y avoit d'autre route
que celle qui conduisoit directement de
l'incision à la vessie , et qu'il n'y en avoit
point de fausse autour du rectum , ni
dans le tissu cellulaire des parties voisi
nes.
Comme nous reconnoissons dans le
II. Vel désordre
JUIN. 1731 . 146
désordre des parties dénommées au pre
sent rapport des causes de mort évidentes
et indépendentes de l'opération de la
Taille faite à M. le Commandeur de Jan
son , on n'a point fait l'ouverture de la
Poitrine ni de la Tête , et aucun de nous
ne l'a demandée. A Paris çe .27 . Avril
1731. et ont signés. Mrs. Winslow et Silva
Medecins , Guerin , Le Dran , Boudou ',
Pibrac , Morand , Verdier , Guerin fils
et Perchet , Chirurgiens .
L'Original a été remis à M. le Mar
quis de Janson , avec le dessein des parties
malades , qui ont été examinées dans une
sceance par l'Académie Royale des Scien
aussi bien celles dont est ques
tion dans le rapport suivant .
ces , que
Le Samedi 28. Avril 1731. nous Doc
teur en Medecine , et Chirurgiens de
Paris soussignés , nous sommes transpor
tés à l'Hôteld'Espagne, rue duColombier,
l'ouverture du corps de M.du Blai
sel , mort la nuit précedente, aprés avoir
été taillé le Lundi 23. dudit mois.
pour
A l'ouverture du bas- ventre , l'estomach
et les intestins ont paru dans leur état na
turel, les ayant écartés pour éxaminer la ré
gion de la vessie nous avons trouvé un
abscès considerable dans le tissu cellulaire
du peritoine entre l'endroit où l'uretere
>
I La Kol Cij gauche
3454 MERCURE DE FRANCE
gauche se jette dans la vessie et le lieu de
f'incision. La vessie ouverte depuis son
fond jusqu'au de - là de l'incision , elle
nous a paru saine ; mais à sa partie pos
terieure , et entre ses tuniques étoit un
sac plein d'un grand nombre de petites
pierres , et de ce sac il suintoit quelques
goutes de pus dans la vessie.
La supression totale des urines arrivée
la veille de sa mort ayant fait tourner
nos vûës vers les reins , nous avons trou
vé le rein droit en inflammation , et par
là augmenté considerablement du volu
me naturel ; de ce rein partoient deux
ureteres , dont les vaisseaux sanguins
étoient gonflés et en inflammation , ces
ureteres s'unissant ensemble à quelques
pouces de la vessie , n'avoient qu'une et
même insertion .
Au lieu du rein gauche qui étoit obli
teré, il y avoit une capsule membraneuse
avec deux ureteres, qui sans se confondre
alloient séparément à la vessie , l'un s'ou
vroit dans la vessie à l'ordinaire , l'autre
étoit bouché en haut par deux petites
pierres , et prés de la vessie par plusieurs
autres ; enfin au lieu de s'ouvrir dans la
vessie , il se terminoit dans le sac pierreux
qui étoit en suppuration .
Cette organisation particuliere nous
11. Val.
fair
JUIN.
1731. 1469
que
fait croire le rein droit étant attaqué
d'une inflammation qui a produit la ne
phretique , le gauche n'avoit pû supléer
à ses fonctions , puis qu'il n'y en avoit
point , de là la supression des urines , et
que
la même cause qui a formé dù pus
dans le sac pierreux , a pû donner lieu à
l'abscès du tissu cellulaire . A Paris ce 6 .
May 1731. et ont signés Sylva , Boudon ,
Verdier , Morand , Perchet.
LETTRE de M. Morand à M. de la R
' Ay l'honneur de vous envoyer,Mon
sieur, le rapport de l'ouverture de M.
de Janson, et j'execute les ordres positifs
que j'en ay reçû : ces Ordres sont si pré
cieux pour moi que je n'en puis retran
cher un mot , et je vous envoye en mê
me temps la Lettre de M. Mareschal qui
me les a signifiés .
· Je viens de rendre un compte exact de
votre Operation à son Eminence M. le Car
dinal , et des obstacles invincibles de
рои
voir guerir M. de Janson ; je lui ai ajouté
que vous aviés en raison de ne point tirer
la pierre , et que cet examen avoit étéfait en
presence de M. Chirac, cela lui a faitplaisir.
Son Eminence m'a dit qu'il falloit le dire
au Roy, ce que je feray ; la seconde chose
II. Vol.. Ciij que
1466 MERCURE DE FRANCE
que vous deviés en faire une Relation pré
cise et de tous les temoins , et en faire un
article dans les Nouvelles pour détromper
le Public. Voila ce que son Eminence m'a
dit, et je crois qu'elle pense juste . Je vous sa
lue & c. Mareschal. A Rambouillet le 25.
Avril 1731 .
Je vous envoye en même temps ,
Monsieur , la Rélation de l'ouverture de
M. du Blaisel , et je crois qu'avec ces deux.
Pieces il m'est permis de demander à
l'Auteur anonyme de la Lettre inserée
dans le Mercure de May , pag. 1135 .
raison des Réflexions qu'il a ajoutées au
détail des Operations de la Taille faites
à l'Hôpital de la Charité le 14. du mois.
passé.
Je n'avois pas plus promis cette année
cy que l'autre de faire la Taille par l'Ope
ration Laterale . L'Année derniere M ..
Mareschal trouva bon qu'on la fit , je l'ai
faite devant lui , et elle a reussi . Cette
année M. Mareschal a trouvé bon qu'on
ne fit
que le grand Appareil , j'en ai fait
deux , et j'ai gueri mes deux malades.
Ainsi cette année cy comme la précedente,,
j'ay obéi.
➤
Mais l'Anonyme avance que M. Ma
reschal qui connoit les inconveniens de l'ap
pareil Lateral , en disposa autrement , en
II. Vol. execu
JUIN. 1731. 1467
1
executant lui même,et faisant executer l'Opé
ration à la maniere ordinaire. Je demande
si l'Anonyme a ordre d'expliquer les mo
tifs de M. Mareschal , et pourquoy it
abuse gratuitement d'un nom si respec
table ; car personne ne peut connoître
les inconveniens de cette Opération .
que sur des éclaircissemens fournis par
la Theorie ou sur les faits de Pratique .
Sera-ce sur les éclaircissemens de Théorie?
M. Mareschal n'est pas encore determi
né , et M. le Comte de Broglio m'a fait
l'honneur de me dire que M. Mareschal
venoit de proposer plusieurs questions à
M. Cheselden , et qu'il a demandé qu'on
envoyât icy , s'il étoit possible , les Parties
de quelqu'un , mort aprés cette Opération .
Sera-ce sur les Faits de Pratique jusqu'à
l'Epoque deM . deJanson et du Blaisel De
Londres , M. Cheselden fournira le Mé
moire de soixante six Opérations dont
soixante -deux ont réussi à Paris il y en
a eu seize l'année passée , faites par M.
Perchet et moi , et quatorze malades ont
été gueris. Sera - ce sur l'Opération de
M. de Janson ? M. Mareschal m'or
donne lui-même de faire une Rélation
exacte de l'ouverture pour détromper
le Public. Sera-ce sur la Taille de M. du
Blaisel les singularitez qu'on voit dans
II. Vol.
C iiij l'ou
1468 MERCURE DE FRANCE
P'ouverture , pourroient seules justifier
l'Operation , qui d'ailleurs fut faite très
heureusement ; mais quand on suppo
seroit le contraire , il resteroit toujours
pour vrai , que nous en avons gueri
l'année passée quatorze de seize ; qui
sçait si quatorze taillés cette année à l'ap
pareil Lateral , immediatement aprés Mrs.
deJanson et du Blaisel , n'auroient pas été
gueris ? cela étoit aussi possible cette an
née-ci que l'autre. Sera-ce enfin sur les
réprésentations de quelques Chirurgiens
qui verroient avec peine les progrès de
cette Operation ? ceux qui sont à la tête
de la Chirurgie ne préfereront jamais l'in
terêt de quelques particuliers au bien
blic. Je conclus donc que l'Anonyme
a trés imprudemment compromis le nom
de M. Mareschal .
pu
C'est avec la même licence que l'Anony
me arrange la Chirurgie de l'Hôpital . Si
M. Mareschal avoit confié le soin de l'Hô
pital à M.Guerin le Pere , comme il le dit, je
ne jouirois point de la place de Chirurgien
en Chef, dont j'ai été pourvu sur la présen
tation de M.Mareschal , mais j'enjoüis com
me auparavant, et si je ne puis assurer que
j'aye merité les faveurs de M. Mares
chal , au moins puis- je assurer qu'il ne me
les a pas retiré.
II. Vol. L'Anonyme
JUIN. 1731 1469
L'Anonyme finit ses Reflexions en
'disant , que les Pauvres serviront d'instruc
tion aux éleves sans être leurs victimes. Si
cela roule sur la Taille Laterale , comme
il n'y a pas lieu d'en douter, c'est à vous ,
M. à me vanger de cette noirceur , en rap
pellant les Faits que vous avés imprimés
l'année derniere..
L'Anonyme auroit pû terminer sa nar
ration, en disant que M. Mareschal veut de
plus amples éclaircissemens sur l'Opera
tion Laterale. C'est faire l'Eloge de sa pru
dence ; mais nous ajoutons que quand l'ex
cellence de cette Opération sera bien prou
vée ,M. Mareschal toujours plein de zéle et
daffection pour les Pauvres , voudra non ṣeu
lementy être présent, mais la fera peut être lui
même. Je suis , Monsieur , Vôtre &c.
A Paris ce 10. Fuin . 1731.
Fermer
Résumé : EXTRAIT de la Dissertation sur la Taille par l'appareil Lateral, luë par M. Morand à la rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences d'aprés Pâques.
En 1729, M. Morand a présenté à l'Académie Royale des Sciences une méthode de taille latérale inspirée par les travaux du chirurgien anglais M. Cheselden. Après des expériences sur des cadavres, M. Morand a réalisé cette opération à Paris avec succès, sous la supervision de M. Maréchal, premier chirurgien du roi, et en présence de plusieurs académiciens, médecins et chirurgiens. En 1730, sur quinze malades opérés par M. Morand et Perchet, douze ont été guéris et deux autres étaient en voie de guérison. M. Cheselden a publié sa méthode en 1730, détaillant une incision latérale qu'il jugeait la plus efficace. M. Morand a ajouté des particularités à cette description, soulignant les avantages de la taille latérale, comme l'absence de fistule ou d'incontinence urinaire chez les guéris. M. Morand a exploré l'histoire de cette opération, découvrant des documents sur Frère Jacques et M. Rau, confirmant l'efficacité de la méthode latérale. Il a recapitulé les opérations réussies, totalisant 82 personnes taillées par cette méthode entre mars 1727 et mars 1731, avec seulement six décès. En avril 1731, M. Morand a opéré M. de Janson et Du Blaisel, qui sont décédés six jours après l'opération. Les autopsies ont révélé des causes de mort indépendantes de l'opération, confirmant l'absence de complications liées à la taille latérale. Les rapports d'autopsie ont été examinés par l'Académie Royale des Sciences. L'autopsie de M. de Janson, réalisée le 23 mai 1731, a révélé plusieurs anomalies. Un abcès considérable a été trouvé dans le tissu cellulaire du péritoine entre l'uretère gauche et le lieu de l'incision. La vessie, ouverte depuis son fond jusqu'au-delà de l'incision, semblait saine mais contenait un sac rempli de petites pierres et de pus. L'absence d'urines la veille du décès a orienté l'examen vers les reins. Le rein droit était enflammé et augmenté de volume, avec deux uretères s'unissant avant de se connecter à la vessie. Le rein gauche était oblitéré, remplacé par une capsule membraneuse avec deux uretères, l'un bouché par des pierres. Ces anomalies ont conduit à la suppression des urines et à la formation de pus dans le sac pierreux. L'autopsie a été signée par plusieurs médecins, dont Sylva, Boudon, Verdier, Morand et Perchet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 1714-1718
REPONSE à la Lettre sur la Pierre : Remede pour la dissoudre &c.
Début :
J'ay lû, Monsieur, dans le premier volume de vôtre Mercure du mois de [...]
Mots clefs :
Pierre, Remède, Dissolution, Prévention, Couteau, Vessie, Urines, Estomac, Arboriste, Opération de la taille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE à la Lettre sur la Pierre : Remede pour la dissoudre &c.
REPONSE à la Lettre sur la Pierre :
Remede pour la dissoudre &c.
là ,
,
dans le premier volume de vôtre Mercure du mois de
Juin dernier une Lettre , sur la Pierre qui
s'engendre dans le Corps humain , l'Auteur
s'y récrie sur la prévention qu'on a en
faveur des Anciens qui ont prétendu que
le seul rémede de la Pierre , est le Couteau's
de
JUILLET. 1731. 1715
de sorte que jusqu'à present on s'est tellement
laissé persuader de l'impossibil.té
de guerir ce mal sans le secours de l'Art ,
qu'on a négligé de chercher dans la natur
quelquesfondans qui puissent dissoudre
la Pierre sans s'exposer à des Operations
cruelles et très perilleuses ; ce même
Auteur a prevû et suppo é les objections
qui pouvoient se faire contre ces
fondants ; il a refuté et détruit les
objections par des raisons solides , et par
des comparaisons d'autant plus simples ,
qu'elles sont naturelles. Il finit en vous
priant , Monsieur , d'inviter ceux qui
ont été delivrés de la Pierre par ce dernier
moyen , d'en faire part au Public
pour convaincre les incrédules.
Pour appuyer le sentiment de l'Auteur
de cette Lettre , je me suis déterminé à
vous assurer par celle-cy , que je suis convaincu
par moi - même et par les experiences
fréquentes que j'en ai vûës , qu'il
y a des remedes si puissants et si infaillibles
pour amollir et dissoudre la Pierre
dans la vessie , qu'ils la font entierement
couler par l'uretre avec les urines , de
maniere qu'il n'en reste pas le moindre
vestige , et bien loin que ce fondant
agisse sur les autres parties , par où il se
porte sur le corps dur et solide de la pier71
MERCURE DE FRANCE
re, et qu'il y fasse la moindre impression ,
( ce qui se feroit sentir par quelques douleurs
de reins et par des chaleurs internes
) , tout au contraire , le Malade sent
un rafraîchissement intérieur qui le soulage
d'abord et calme les douleurs , tant
il est certain que ce fondant n'a de vertu
ni de force que sur la Pierre de cette especc.
Ce n'est pas là la seule vertu de ce
remede , qui est en trés - petit volume
sans dégoût , et trés facile à prendre ;
il purifie en même tems la masse du sang
dégage l'estomach , le fortifie , empêche
la fièvre , et pendant toute l'Operation
le Malade se porte bien , dort d'un sommeil
tranquille , se trouve de l'appetit ,
et peut le satisfaire , puisqu'il n'est obligé
à aucun régime ni genre de vie particuliere
; ce n'est pas ici le cas de dire que
qui prouve trop ne prouve rien , parce
que l'experience fait cesser tous les raisonnements
; on pourroit citer une infinité
de ces expériences , mais on se contentera
des deux plus récentes , parcequ'elles
sont actuellement sous les yeux
du Public .
La premiere de ces deux dernieres est
celle de Me . Hebert , Arboriste , ruë des
Arcis , chez Madame Picard , Lingere.
Elle souffroit depuis dix ans , elle avoit
été
JUILLET. 1731 1717
été sondée deux fois même par les Chirurgiens
de l'Hôtel - Dieu , et l'on jugea la
Pierre extrêmement grosse ; la situation
de cette femme étoit si cruelle , qu'elle ne
pouvoit rester de bout , assise , ni couchée
, elle étoit obligé de se tenir continuellement
sur les genoux et sur les coudes
, elle ne rendoit que quelques gouttes
d'urine de temps à autre avec des douleurs
insupportables qu'elle étoit enfin
résoluë de risquer l'Operation de laTaille ,
lorsqu'elle fit la découverte du remede
dont il s'agit ; la personne qui en a le se
cret ne pût le refuser aux instances et aux
empressements de ceux qu'elle envoya
pour en demander. Dès le moment que
Îa Malade en eût pris , elle sentit du soulagement
, elle dormit , ce qu'elle n'avoit
pas fait depuis très long-temps , elle mangea
, et enfin pour éviter un long détail
qu'on peut apprendre d'elle et de ses
voisins , elle a rendu toute sa Pierre avec
ses urines , elle est àpresent dans une santé
parfaite.
La derniere expérience est celle de
M. Tardieu , Graveur , rue S. Jacques ,
à S. Bernard , proche S. Yves.
Il étoit dans un état à peu prés aussi
miserable que la Dame Hebert. Il a également
rendu la Pierre dont il étoit incom1718
MERCURE DE FRANCE
commodé , il en a gardé de même les sables
, et les graviers : ce ne sont pas des personnes
supposées , elles sont connues de
tout Paris , et ne pourront se réfuser à la
verité.
Voilà des exemples assés authentiques
pour authoriser l'opinion , et prouver la
justesse du raisonnement de l'Auteur de
la précedente Lettre ; j'ay crû ne pouvoir
me dispenser d'en faire part au Public
de par la voye vôtre Mercure , où j'espere
que vous aurés la bonté d'inserer ce
que j'ay l'honneur de vous écrire. Je
suis & c .
Remede pour la dissoudre &c.
là ,
,
dans le premier volume de vôtre Mercure du mois de
Juin dernier une Lettre , sur la Pierre qui
s'engendre dans le Corps humain , l'Auteur
s'y récrie sur la prévention qu'on a en
faveur des Anciens qui ont prétendu que
le seul rémede de la Pierre , est le Couteau's
de
JUILLET. 1731. 1715
de sorte que jusqu'à present on s'est tellement
laissé persuader de l'impossibil.té
de guerir ce mal sans le secours de l'Art ,
qu'on a négligé de chercher dans la natur
quelquesfondans qui puissent dissoudre
la Pierre sans s'exposer à des Operations
cruelles et très perilleuses ; ce même
Auteur a prevû et suppo é les objections
qui pouvoient se faire contre ces
fondants ; il a refuté et détruit les
objections par des raisons solides , et par
des comparaisons d'autant plus simples ,
qu'elles sont naturelles. Il finit en vous
priant , Monsieur , d'inviter ceux qui
ont été delivrés de la Pierre par ce dernier
moyen , d'en faire part au Public
pour convaincre les incrédules.
Pour appuyer le sentiment de l'Auteur
de cette Lettre , je me suis déterminé à
vous assurer par celle-cy , que je suis convaincu
par moi - même et par les experiences
fréquentes que j'en ai vûës , qu'il
y a des remedes si puissants et si infaillibles
pour amollir et dissoudre la Pierre
dans la vessie , qu'ils la font entierement
couler par l'uretre avec les urines , de
maniere qu'il n'en reste pas le moindre
vestige , et bien loin que ce fondant
agisse sur les autres parties , par où il se
porte sur le corps dur et solide de la pier71
MERCURE DE FRANCE
re, et qu'il y fasse la moindre impression ,
( ce qui se feroit sentir par quelques douleurs
de reins et par des chaleurs internes
) , tout au contraire , le Malade sent
un rafraîchissement intérieur qui le soulage
d'abord et calme les douleurs , tant
il est certain que ce fondant n'a de vertu
ni de force que sur la Pierre de cette especc.
Ce n'est pas là la seule vertu de ce
remede , qui est en trés - petit volume
sans dégoût , et trés facile à prendre ;
il purifie en même tems la masse du sang
dégage l'estomach , le fortifie , empêche
la fièvre , et pendant toute l'Operation
le Malade se porte bien , dort d'un sommeil
tranquille , se trouve de l'appetit ,
et peut le satisfaire , puisqu'il n'est obligé
à aucun régime ni genre de vie particuliere
; ce n'est pas ici le cas de dire que
qui prouve trop ne prouve rien , parce
que l'experience fait cesser tous les raisonnements
; on pourroit citer une infinité
de ces expériences , mais on se contentera
des deux plus récentes , parcequ'elles
sont actuellement sous les yeux
du Public .
La premiere de ces deux dernieres est
celle de Me . Hebert , Arboriste , ruë des
Arcis , chez Madame Picard , Lingere.
Elle souffroit depuis dix ans , elle avoit
été
JUILLET. 1731 1717
été sondée deux fois même par les Chirurgiens
de l'Hôtel - Dieu , et l'on jugea la
Pierre extrêmement grosse ; la situation
de cette femme étoit si cruelle , qu'elle ne
pouvoit rester de bout , assise , ni couchée
, elle étoit obligé de se tenir continuellement
sur les genoux et sur les coudes
, elle ne rendoit que quelques gouttes
d'urine de temps à autre avec des douleurs
insupportables qu'elle étoit enfin
résoluë de risquer l'Operation de laTaille ,
lorsqu'elle fit la découverte du remede
dont il s'agit ; la personne qui en a le se
cret ne pût le refuser aux instances et aux
empressements de ceux qu'elle envoya
pour en demander. Dès le moment que
Îa Malade en eût pris , elle sentit du soulagement
, elle dormit , ce qu'elle n'avoit
pas fait depuis très long-temps , elle mangea
, et enfin pour éviter un long détail
qu'on peut apprendre d'elle et de ses
voisins , elle a rendu toute sa Pierre avec
ses urines , elle est àpresent dans une santé
parfaite.
La derniere expérience est celle de
M. Tardieu , Graveur , rue S. Jacques ,
à S. Bernard , proche S. Yves.
Il étoit dans un état à peu prés aussi
miserable que la Dame Hebert. Il a également
rendu la Pierre dont il étoit incom1718
MERCURE DE FRANCE
commodé , il en a gardé de même les sables
, et les graviers : ce ne sont pas des personnes
supposées , elles sont connues de
tout Paris , et ne pourront se réfuser à la
verité.
Voilà des exemples assés authentiques
pour authoriser l'opinion , et prouver la
justesse du raisonnement de l'Auteur de
la précedente Lettre ; j'ay crû ne pouvoir
me dispenser d'en faire part au Public
de par la voye vôtre Mercure , où j'espere
que vous aurés la bonté d'inserer ce
que j'ay l'honneur de vous écrire. Je
suis & c .
Fermer
Résumé : REPONSE à la Lettre sur la Pierre : Remede pour la dissoudre &c.
Le texte est une réponse à une lettre précédente publiée dans le Mercure de France, traitant du traitement de la pierre (calcul) dans le corps humain. L'auteur conteste l'idée que la chirurgie est la seule solution pour dissoudre la pierre, comme le prétendaient les Anciens. Il affirme qu'il existe des remèdes capables de dissoudre la pierre sans recourir à des opérations cruelles. Ces remèdes agissent spécifiquement sur la pierre sans affecter les autres parties du corps, apportant un soulagement immédiat et calmant les douleurs. L'auteur mentionne deux expériences récentes et authentiques pour appuyer ses propos. La première concerne Madame Hebert, une arboriste souffrant depuis dix ans, qui a trouvé un soulagement après avoir pris le remède. La seconde expérience concerne Monsieur Tardieu, un graveur, qui a également été guéri. Ces deux cas sont bien connus à Paris et peuvent être vérifiés par le public. L'auteur conclut en espérant que le Mercure de France publiera cette lettre pour informer le public de l'efficacité de ce remède.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 2396-2399
OBSERVATIONS sur une maladie, qui attaque les Bêtes à corne et les Chevaux, dans la Généralité d'Auvergne ; & qui s'est introduite sur la fin du mois d'Avril dernier, dans l'Election de Gannac, Généralité de Moulins.
Début :
Cette maladie se découvre par une Vessie qui qui paroît dessus, dessous, ou aux côtez de la [...]
Mots clefs :
Bêtes à corne, Chevaux, Maladie, Vessie, Ulcère, Langue
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : OBSERVATIONS sur une maladie, qui attaque les Bêtes à corne et les Chevaux, dans la Généralité d'Auvergne ; & qui s'est introduite sur la fin du mois d'Avril dernier, dans l'Election de Gannac, Généralité de Moulins.
OBSERVATIONS sur une maladie, qui
attaque les Bêtes à corne et les Chevaux ,
dans la Généralité d'Auvergne ; & qui
s'est introduite sur la fin du mois d'Avril
dernier , dans l'Election de Gannac, Généralité
de Moulins.
Ette maladie se découvre par une Vessie qui
Caromdadu ,découv ,par une
langue de la bête malade. Cette vessie est blanche
dans sa naissance , rougit ensuite , et devient
enfin presque noire. Elle créve , et laisse après elle
un ulcere chancreux , qui creuse dans l'épaisseur
de la langue , en avançant du côté de sa racine ,
la coupe en entier , et fait peu de temps après perir
Panimal. On voit dans vingt- quatre heures,
le commencement , le progrès et la fin de cette
maladie.
Elle est d'autant plus dangereuse, qu'elle ne se
manifeste par aucun symptôme exterieur , et
que la Bête malade boit, mange et travaille à son
ordi
OCTOBRE 1731. 2397
ordinaire , jusqu'à ce que la langue soit tombée.
Il est donc question , pour prévenir les suites
fâcheuses de cette maladie , d'avoir une attentioninfinie
à faire visiter deux ou trois fois par jour
la langue de toutes les Bêtes à corne , pour être
en état de prendre le mal dans sa naissance , et
sur tout l'on ne doit point se tranquilliser sur
l'éloignement de la maladie.
L'Experience vient d'apprendre que quoiqu'elle
fut à une distance raisonnable de là Ville de
Gannac , toutes les Paroisses des environs de cette
Ville et à une lieuë et demie à la ronde , en ont
été infectées dans le même jour, sans qu'il y ait eu
aucune communication d'une Paroisse à l'autre..
Voicy les remedes dont on s'est servi en Auvergne
, et dont on use encore dans la partie de
l'Election de Gannac , qui est affligée de cette
maladie.
L'on propose d'abord un remede préservatif
pour les Bestiaux qui ne sont point encore attaquez
, et on le compose des Drogues suivantes ;
pour chaque Bête.
Theriaque ou Orvietan ; 3 dragmes.
Gingembre , Gerofle et Canelle , une dragie
Genievre en grain et Poivre concassé, 2 dragmés
de chaque.
Et une Muscade , d'une moyenne grosseur
qu'il faut concasser..
L'on fait infuser le tout dans un Pot couvert ,
pendants à 6 heures au moins, dans une pinte de
Bon vin rouge ; et avant de donner le remede , on
asoinde bien remuer le tout , de maniere que le
mare suive l'infusion. L'en observe encore de he
Ev le
2398 MERCURE DE FRANCE
le donner qu'après que la Bête a étés à 6 heu
res sans manger.
Ce breuvage ne peut que faire du bien au Bes
tiaux qui le prennent ; mais il n'est pas toujours
infaillible pour empêcher la maladie , qui se guérit
de la maniere suivante.
Si en visitant les Bestiaux l'on apperçoit une
on plusieurs Vessies adhérantes à la langue, il faut
sur le champ avec une cueilliere d'argent ou une
piece d'argent , créver la Vessie , en enlever la
peau,et racler la playe jusqu'au sang ; 'ensuite l'étuver
et laver avec de l'eau de fontaine , et mieux
encore avec du fort vinaigre, dans lequel on aura
mis auparavant du Sel pilé , du Poivre , de l'Ait
concassé et des Herbes fortes , si l'on en a. Cela
fait , l'on couvre la playe de Sel bien fin , après
l'avoir bien frottée avec une Pierre de Vitriol de
Chypre.
Si en visitant les Bestiaux , l'on trouve l'ulcere
formé , il faut user du même remede et le réiterer
dans l'un et dans l'autre cas, deux et trois fois
par jour , jusqu'à la guérison.
L'on prétend que lorsque la Vessie se trouve
sur la langue , l'on doit faire saigner la Beste au
Gol.
L'on se sert actuellement et avec succès de ce
remede , qui fut mis en usage il y a environ dixhuit
ans contre une pareille maladiet qui depuis
quelque temps regne à Paris et aux environs sur
les Chevaux , ainsi que sur les Bêtes à corne. On
attribuë cette maladie à la grande sécheresse , et à
la prodigieuse quantité de Chenilles qu'il y a eu
cette année. Au reste on peut en toute seureté se
servir de ce remede, que nous tenons d'une bonne
main , et que nous avons encore fait examiner
par des personnes intelligentes , qui , sur l'experience
OCTOBRE. 1731. 2399
rience , ne doutent pas de l'utilité que le public
en doit rétirer .
attaque les Bêtes à corne et les Chevaux ,
dans la Généralité d'Auvergne ; & qui
s'est introduite sur la fin du mois d'Avril
dernier , dans l'Election de Gannac, Généralité
de Moulins.
Ette maladie se découvre par une Vessie qui
Caromdadu ,découv ,par une
langue de la bête malade. Cette vessie est blanche
dans sa naissance , rougit ensuite , et devient
enfin presque noire. Elle créve , et laisse après elle
un ulcere chancreux , qui creuse dans l'épaisseur
de la langue , en avançant du côté de sa racine ,
la coupe en entier , et fait peu de temps après perir
Panimal. On voit dans vingt- quatre heures,
le commencement , le progrès et la fin de cette
maladie.
Elle est d'autant plus dangereuse, qu'elle ne se
manifeste par aucun symptôme exterieur , et
que la Bête malade boit, mange et travaille à son
ordi
OCTOBRE 1731. 2397
ordinaire , jusqu'à ce que la langue soit tombée.
Il est donc question , pour prévenir les suites
fâcheuses de cette maladie , d'avoir une attentioninfinie
à faire visiter deux ou trois fois par jour
la langue de toutes les Bêtes à corne , pour être
en état de prendre le mal dans sa naissance , et
sur tout l'on ne doit point se tranquilliser sur
l'éloignement de la maladie.
L'Experience vient d'apprendre que quoiqu'elle
fut à une distance raisonnable de là Ville de
Gannac , toutes les Paroisses des environs de cette
Ville et à une lieuë et demie à la ronde , en ont
été infectées dans le même jour, sans qu'il y ait eu
aucune communication d'une Paroisse à l'autre..
Voicy les remedes dont on s'est servi en Auvergne
, et dont on use encore dans la partie de
l'Election de Gannac , qui est affligée de cette
maladie.
L'on propose d'abord un remede préservatif
pour les Bestiaux qui ne sont point encore attaquez
, et on le compose des Drogues suivantes ;
pour chaque Bête.
Theriaque ou Orvietan ; 3 dragmes.
Gingembre , Gerofle et Canelle , une dragie
Genievre en grain et Poivre concassé, 2 dragmés
de chaque.
Et une Muscade , d'une moyenne grosseur
qu'il faut concasser..
L'on fait infuser le tout dans un Pot couvert ,
pendants à 6 heures au moins, dans une pinte de
Bon vin rouge ; et avant de donner le remede , on
asoinde bien remuer le tout , de maniere que le
mare suive l'infusion. L'en observe encore de he
Ev le
2398 MERCURE DE FRANCE
le donner qu'après que la Bête a étés à 6 heu
res sans manger.
Ce breuvage ne peut que faire du bien au Bes
tiaux qui le prennent ; mais il n'est pas toujours
infaillible pour empêcher la maladie , qui se guérit
de la maniere suivante.
Si en visitant les Bestiaux l'on apperçoit une
on plusieurs Vessies adhérantes à la langue, il faut
sur le champ avec une cueilliere d'argent ou une
piece d'argent , créver la Vessie , en enlever la
peau,et racler la playe jusqu'au sang ; 'ensuite l'étuver
et laver avec de l'eau de fontaine , et mieux
encore avec du fort vinaigre, dans lequel on aura
mis auparavant du Sel pilé , du Poivre , de l'Ait
concassé et des Herbes fortes , si l'on en a. Cela
fait , l'on couvre la playe de Sel bien fin , après
l'avoir bien frottée avec une Pierre de Vitriol de
Chypre.
Si en visitant les Bestiaux , l'on trouve l'ulcere
formé , il faut user du même remede et le réiterer
dans l'un et dans l'autre cas, deux et trois fois
par jour , jusqu'à la guérison.
L'on prétend que lorsque la Vessie se trouve
sur la langue , l'on doit faire saigner la Beste au
Gol.
L'on se sert actuellement et avec succès de ce
remede , qui fut mis en usage il y a environ dixhuit
ans contre une pareille maladiet qui depuis
quelque temps regne à Paris et aux environs sur
les Chevaux , ainsi que sur les Bêtes à corne. On
attribuë cette maladie à la grande sécheresse , et à
la prodigieuse quantité de Chenilles qu'il y a eu
cette année. Au reste on peut en toute seureté se
servir de ce remede, que nous tenons d'une bonne
main , et que nous avons encore fait examiner
par des personnes intelligentes , qui , sur l'experience
OCTOBRE. 1731. 2399
rience , ne doutent pas de l'utilité que le public
en doit rétirer .
Fermer
Résumé : OBSERVATIONS sur une maladie, qui attaque les Bêtes à corne et les Chevaux, dans la Généralité d'Auvergne ; & qui s'est introduite sur la fin du mois d'Avril dernier, dans l'Election de Gannac, Généralité de Moulins.
À la fin du mois d'avril, une maladie affectant les bovins et les chevaux a été observée dans la Généralité d'Auvergne et l'Élection de Gannac. Cette maladie se caractérise par l'apparition d'une vessie sur la langue de l'animal, qui passe du blanc au noir avant d'éclater, laissant un ulcère mortel. Les animaux ne montrent pas de symptômes extérieurs et continuent de boire, manger et travailler normalement jusqu'à la chute de la langue. Pour prévenir cette maladie, il est conseillé de surveiller régulièrement la langue des animaux. La maladie s'est rapidement propagée dans les paroisses environnantes de Gannac, sans communication directe entre elles. Les remèdes proposés incluent un traitement préventif à base de thériaque, gingembre, girofle, cannelle, genièvre, poivre et muscade, infusés dans du vin rouge. Pour les animaux déjà atteints, il est recommandé de crever les vessies, de nettoyer la plaie avec du vinaigre et du sel, et d'appliquer du sel fin et du vitriol de Chypre. Un saignement au garrot est également suggéré. Ces traitements ont été utilisés avec succès contre une maladie similaire à Paris et sont attribués à la sécheresse et à la prolifération de chenilles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 127-144
SEANCES PARTICULIERES De la Société Littéraire de Châlons.
Début :
Si quelques critiques chagrins se sont érigés de nos jours en censeurs des [...]
Mots clefs :
Nature, Dieux, Vessie, Remède, Religion, Pierres humaines, Pierre, Maladie, Chaux, Société littéraire de Châlons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SEANCES PARTICULIERES De la Société Littéraire de Châlons.
SEANCES PARTICULIERES
De la Société Linéraire de Châlons.
St
1. quelques critiques chagrins fe font
érigés de nos jours en cenfeurs des
Académies , il s'eft auffi trouvé des défenfeurs
de ces fortes d'établiffemens : leur
utilité a été démontrée dans des écrits. publics
: il a été prouvé d'une maniere victorieufe
que leur multiplicité étoit néceffaire
au progrès des fciences , & que loin
de nuire au corps politique de l'Etat, elle
ne pouvoit lui être qu'avantageufe.
C'eft fous ce point de vue que M. Du-
Fiv
128 MERCURE DE FRANCE.
pré d'Aulnay , ancien Commiffaire des
Guerres , l'a confidéré. Retiré depuis plufieurs
années dans la ville de Châlons-fur-
Marne , fon amour pour l'étude l'y a fuivi
, & les liaifons qu'il a formées avec des
concitoyens animés du même amour , lui
ont fait concevoir le deffein de les unir
par les noeuds d'une fociété littéraire .
Il en a demandé. l'agrément à M. le
Comte de Saint - Florentin . Ce Miniftre
qui chérit les Lettres , autant qu'il eft cher
aux Sçavans , l'a honoré d'une réponſe
favorable , & a promis une autorifation
plus précife , lorfque les affociés auroient
donné des preuves de leurs talens .
Son A. S. M. le Comte de Clermont ,
Gouverneur des provinces de Champagne
& de Brie , a bien voulu concourit de fon
côté à cet établiffement : illuftre par fon
fang & par la faveur finguliere qu'il a fait
aux Mufes d'entrer dans leur fanctuaire ,
il a donné de nouvelles marques de fon
attachement pour elles , en fe déclarant le
protecteur de cette fociété naiffante.
Les membres d'une fociété qui commence
fous de fi heureux aufpices , ont dé
ja produits quelques fruits de leurs veilles
dans les affemblées particulieres qu'ils ont
tenues pendant le cours de cette année.
M. Culoteau de Velye , Avocat du Roi
MARS. 1755. 129
•
au Préfidial de Châlons en Champagne ,
& l'un des membres de cette fociété , a lû
une differtation fur la confécration des
Empereurs romains , & particulierement
fur celle de Pertinax , juftifiée par une médaille.
Il obferve que la confécration en uſage
chez les Romains étoit différente de l'apothéofe
admife chez les autres peuples ;
que cette derniere cérémonie étoit connue
dès le tems de Belus , premier Roi des
Affyriens , & qu'elle a été continuée depuis
en faveur des Princes , des Rois recommendables
par leur fageffe , & même
de fimples particuliers qui s'étoient fignalés
par leurs vertus & des actions éclatantes
. Il fixe au regne des Céfars l'origine de
la confécration qui , lorfque Romulus fut
admis au rang des Dieux , n'étoit point
encore établie de la maniere dont elle l'a
été dans la fuite.
›. Il fait voir que dans tel tems de la République
, le Sénat n'accorda cet honneur
qu'à la feule Acea Laurentia , comme un
tribut de fa reconnoiffance pour les biens
qu'il en avoit reça que s'il décerna par la
fuite les mêmes honneurs à un grand nom
-bre d'Empereurs , il les refufa néanmoins à
ceux qui s'étoient rendus odieux par leurs
vices.
Fy
130 MERCURE DE FRANCE .
Il rapporte pour exemple la joie générale
qu'excita la mort de Tibere , le decret
qui déclara Neron ennemi de la patrie,
les outrages exercés fur les corps de Vitellius
& d'Héliogabale qui , après avoir
été traînés avec ignominie par les rues de
Rome , furent jertés dans le Tibre ; le long
refus du Sénat d'élever Adrien au rang des
Dieux , la fermeté avec laquelle il йétric
la mémoire de Domitien déifié par les armées
, en faifant brifer fes ftatues , fes portraits
& les infcriptions faites en fon honneur.
Il prouve que la cérémonie de la confé
cration des Empereurs a fubfifté jufqu'an
tems du parfait établiſſement de notre religion
; Jovien ayant encore été mis au
rang des Dieux par les foins de fon fuc
ceffeur Valentinien , vers l'an 364 de l'ere
chrétienne .
A l'égard de l'Empereur Pertinax , dont
-M. de la Baftie prétend dans fon ouvrage
fur le P. Joubert , que l'on n'a point encore
trouvé de médailles , M. de Velye en
produit une , qui femble ne laiffer aucun
doute que l'on a déféré à cet Empereur
-les honneurs de la confécration ." col
< Cette médaille , qui eft de moyen broneze
, préfente d'un côté la tête de Pertinax ,
avec la légende Divus Helvius Pertinax , &
MAR S.: 1755. 131
a pour tipe en fon revers un aigle avec les
aîles déployées , fur lefquelles eft la figure
de l'Empereur à demi- couché , avec la légende
Confecratio. Cette médaille paroît
caracterifer d'une façon particuliere la confécration
de Pertinax , & l'on a lieu de
croire qu'elle eft une de celles qui ont été
re nouvellées par Gallien .
M. de Velye penfe que l'on peut porter
le même jugement d'une médaille de Fauftine
, qui du côté de la tête a pour légende
Diva Fauftina ; & au revers une figure
humaine que l'on peut prendre pour un
Prêtre , faifant une libation fur un autel ,
fur lequel il y a du feu , avec la légende
Confecratio : cependant il ne propofe fon
fentiment à cet égard que comme conjecture
, s'en rapportant aux connoiffances des
fçavans en ce genre.
M. de Velye a fait encore lecture d'une
autre differtation, dont l'objet eft de déterminer
quels étoient les principes de la religion
des anciens Romains , & s'ils étoient
différens de ceux qui conftituoient le culte
religieux des Grecs .
Voici fommairement les preuves qu'il
apporte pour établir cette différence .
Les premiers Romains , preſque tous occupés
à nourrir des troupeaux , en tiroient
les fecours néceffaires pour -fubfifter. Pan
F vj
132 MERCURE DE FRANCE.
étoit leur principale Divinité ; ils cétébroient
en fon honneur des fêtes par des
facrifices , & par des jeux appellés Lupeztaux
; ils honoroient auffi comme des
Dieux , Janus , Saturne , Picus , Hercule ,
&c. Mais indépendamment de ces Dieux
de la patrie ils reconnoifloient encore ceux
des grandes nations ; ils admettoient auffi
les augures , les pénates , les génies , &c.
Romulus effaya de détruire les préjugés
de ceux qui compofoient fa colonie , d'établir
une religion fondée fur des principes
raisonnables , & de fixer un culte conforme
à l'idée qu'il avoit conçue de la Divinité
, qu'il reconnoiſſoit comme un être
parfait & immortel .
Numa qui lui fuccéda , approchoit aſſez
des fentimens de fon prédéceffeur au ſujet
de la religion ; il penfoit qu'on ne pouvoit
donner aucune forme fenfible à la caufe
premiere de tous les êtres créés ; en conféquence
l'on ne vit à Rome pendant près
de deux fiécles aucun monument élevé pour
repréfenter la Divinité .
La religion établie par Romulus fubfiſta
long-tems , comme le fondement inébranlable
de la confervation de la chofe publique
; tout fon fyftême confiftoit à propo
fer pour objet du culte religieux un être
pur , efprit fouverainement parfait , imMARS.
1755. 133
mortel , auteur de tout , & de l'honorer
par un culte digne de fon unité & de fa
grandeur.
Les Grecs , au contraire , s'imaginant
qu'il étoit poffible d'appercevoir , par l'organe
des fens , la divinité telle quelle eft
en elle-même , la fixerent d'abord, dans le
foleil ; ils déïferent les élémens , l'univers
entier , & les différentes parties qui le com →
pofent. Orphée , Mufée , Eumolpe , que
S. Auguftin appelle les théologiens des
Grecs , bien loin d'amener leurs compatriotes
à la connoiffance de la vérité , les
en éloignerent , & les plongerent dans des
erreurs injurieufes à l'être fuprême ; ils
propoferent des Dieux fous des fymboles
& des hieroglyphes , dont ils avoient apris
à faire ufage en Egypte. La trop grande
élévation d'efprit de ces philofophes fit
tomber dans l'égarementceux qu'ils fe pro
pofoient d'éclairer , & qui n'étoient point
capables de comprendre le fens des fables
abfurdes qu'ils employoient pour établir les
vérités les plus importantes.
Ce fut des prétendus fages de l'Egypte
qu'ils avoient appris à diftinguer l'âge , le
fexe , la forme & le nombre des Dieux ;
ils apprirent auffi d'eux à les honorer par
des fêtes & par des jeux folemnels ; mais
il n'arrivoit que trop fouvent que l'on
.
134 MERCURE DE FRANCE.
portoit l'impiété en triomphe dans ces cérémonies
, & qu'elles devenoient un affemblage
monftrueux de defordres & de crimes.
La connoiffance de la nature & l'étude
de la phyfique devint la fource de l'erreur ;
on donnoit à chacune des caufes un des
attributs de la divinité , & les attributs diftingués
, fembloient introduire & préfenter
une multiplicité de Dieux. Plufieurs
fages , comme Diagoras & Socrate , furent
les victimes de leur attachement à la vérité
, telle que l'homme peut la découvrir par
l'étude & la force du raifonnement .
Les Romains , dans leur origine , étoient
des hommes durs , groffiers , fauvages ;
mais ils furent amenés à la connoiffance
de l'être fuprême , autant qu'on peut en
approcher par les lumieres de la raifon ;
ils fe diftinguerent par leur inviolable attachement
à une religion plus fainte que
celle des autres nations..
Les Grecs , au contraire , inconftans &
legers , fe livrerent au torrent d'une aveugle
fuperftition ; leur culte avoit fouvent
l'homme pour objet ; leurs fêtes , & les
jeux qu'ils célébroient , n'étoient inſtitués
que pour exciter ceux qui y étoient admis
à fe furpaffer mutuellement par la force ,
l'adreffe & la légereté : on n'y comptoit
MARS 1755 ”ན
135
prefque pour rien le coeur , les moeurs &
la vertu .
la
De cet expofé , on peut conclure que
religion des anciens Romains étoit plus
parfaite que celle des Grecs , & qu'elle
étoit établie fur des principes différens.
- M. Dupré d'Aulnai a lû auffi une differtation
qui a pour objet l'écoulement magne
tique , Pélectricité , l'afcenfion de la feve
dans les végétaux , & le flux de la mer. Il
croit que la même caufe produit ces différens
effets , que le foleil en eft le premier
& le feul mobile , & que cet aftre eft dans
l'univers ce qu'eft le coeur dans l'animal ,
auquel il donne le mouvement , la chaleur
& la vie.
af-
M. Navier , Docteur en Médecine ,
focié correfpondant de l'Académie royale
des Sciences de Paris , & l'un des mem
bres de la Société , a lu dans différentes
féances des differtations fur plufieurs maladies
populaires qui ont regné dans la
vince de Champagne & ailleurs.
་
pro-
La Faculté de Médecine de Paris , & M.
de Vernage , ayant jugé cet ouvrage fondé
-fur une bonne théorie , conforme à la faine
·pratique , & appuyé de l'autorité des grands
maîtres , l'auteur a cru ne devoir point fe
refufer au bien du public , & s'eft en conféquence
déterminé à le faire imprimer. Il
136 MERCURE DE FRANCE.
fe trouve à Paris , chez Cavelier
Saint Jacques , au Lys d'or.
·
rue
Après de pareils témoignages , il eft
inutile d'infilter fur la nature de ce travail
; le lecteur jugera par lui-même que
l'auteur a fait nombre de recherches utiles
& intéreffantes pour le traitement de différentes
maladies.
M. Navier a auffi lû des obfervations
théoriques & pratiques fur l'amolliffement
des os en général , & en particulier fur
celui qui a caractériſé la maladie extraor
dinaire de la Dame Supior , dont tout le
royaume a été informé.
Il penfe que cette maladie tenoit du rachitis
& du fcorbut. Pour démontrer le caractere
& la véritable caufe de cette maladie
, l'auteur fuit fon objet par la voie
des expériences & des démonftrations , &
conclut que les levains qui occafionnent
l'amolliffement des os , eft de nature acide.
Pour bien conftater cette vérité , il a fait
des recherches infinies , qui toutes ont concouru
à le convaincre que cette maladie ne
pouvoit reconnoître d'autre caufe . La nature
& le caractere de cette fâcheufe maladie
étant bien connue , l'auteur fait voir
qu'il faut néceffairement la combattre par
les moyens qu'il propofe. Cet ouvrage a
été examiné & approuvé par l'Académie
f
MARS. 1755. 137
royale des Sciences de Paris : il va être mis
fous preffe.
Le même a fait encore lecture d'un
autre ouvrage qui a pour titre : Obfervations
médico-phyfiques fur les dangers auxquels
on s'expofe en mangeant des fruits qui
n'ont point encore atteint leur dégré de maturité
, & fur les avantages au contraire qui
résultent de leur ufage lorfqu'ils ont acquis
toute leur perfection.
L'abus trop commun de manger les
fruits avant qu'ils foient murs , & le zéle
de l'auteur pour le bien public , l'ont engagé
à traiter cette matiere .
Après un court expofé des loix générales
de la végétation , il examine la nature des
fruits qui naiffent dans les pays chauds &
dans les pays froids & tempérés ; il fait
voir que la providence a fait naître dans
chaque contrée de la terre des fruits doués
de toutes les propriétés néceffaires pour
garantir les habitans des maladies auxquel
les les expoferoient l'intempérie de l'air
des régions qu'ils habitent. Il reconnoît
d'une part que les fruits aigrelets & acidules
qui naiffent abondamment dans les pays
chauds , contiennent des fucs merveilleux
pour réprimer les effervefcences fougueufes
, & une infinité d'autres accidens que
la chaleur exceffive occafionne dans le fang
13 8 MERCURE DE FRANCE .
de leurs habitans. D'un autre côté , il re
garde les fruits que produifent les pays
froids & tempérés , comme des matieres
favoneufes & délayantes, extrêmement propres
à diffoudre les concrétions & les
épaiffiffemens des liqueurs de ceux qui ha
bitent ces climats. Il entre à cet égard
dans un certain détail fur la nature des
matieres favoneufes , factices & naturelles :
il reconnoît que les favons naturels font
beaucoup plus parfaits que les factices ,
qu'ils font formés d'une union intime de
parties onctueufes extrêmement fines , pénétrées
par un acide végétal , au lieu que les
favons factices ordinaires font les produits
de parties graffes , fort groffieres , unies affez
imparfaitement avec un fel lixiviel , & c.
On voit que l'auteur reconnoît par- tout
un ordre & une fageffe fuprême dans la
formation & la confervation de tous les
êtres. C'eft effectivement en ne perdant
point de vue cet important objet , que les
fçavans fe rapprocheront toujours de la vérité
; au lieu qu'en fe livrant à des fyſtêmes
erronés & dictés par l'efprit d'illufion
, ils ne feront jamais d'accord ni avec
la nature , ni avec eux-mêmes.
M. Navier a auffi fait part d'un travail
qu'il a commencé en 1738 , pour trouver
un lithontriptique , ou diffolvant des pier,
MARS. 1755. 139
1
res humaines ; ouvrage dont il avoit informé
en différens tems MM. de l'Acadé-.
mie royale des Sciences de Paris ; il paroît
avoir conduit fes recherches déja fort loin
il a même fait voir plufieurs de ces pierres
extraordinairement dures, réduites en bouil
lie en fort peu de tems , par le moyen
d'une liqueur fi douce , qu'elle peut être
bûe fans faire aucune impreffion fâcheufe
fur l'eftomac. Il a déja par devers lui des
expériences du bon effet de ce remede ;
mais ,comme il n'a jamais prétendu réuffic
que par la voie des injections , il n'a pû
encore parvenir à autre chofe , finon qu'à
fe rendre certain que ce remede peut être
porté dans la veffie par les injections , fans
y caufer ni douleur ni altération . Si par
un bonheur ineftimable pour l'humanité
on pouvoit parvenir par cette voie à fondre
la pierre dans la veffie , il réfteroit en
core beaucoup à travailler , tant pour fe
perfectionner dans la maniere d'y introduire
la fonde , que dans la matiere & la
forme de cet inftrument ; car il feroit de
la derniere importance de pouvoir l'intro
duire promptement , fûrement & fans dou
leur. M.Navier defireroit que l'on s'exerçât
à fonder avec des alkalis qui n'euffent
prefque point de courbure ; il penfe que
Cette forme feroit plus commode pour ins
140 MERCURE DE FRANCE.
jecter , pour pouvoir tourner la fonde en
rous fens dans la veffie , & pour y pou
voir féjourner long- tems fans bleffer ce
vifcere , & c.
C'est particulierement du génie de nos
grands Chirurgiens que l'on doit efpérer
la perfection dans la forme de cet inftrument
, & dans la maniere de l'infinuer
dans la veffie , ou même de trouver le
moyen de dilater fon fphincter , & d'y
porter un liquide fans avoir recours au
catheter.
On a annoncé cette année deux ouvra
ges imprimés à Edimbourg , dans lesquels
on prétend que l'eau de chaux eft un excellent
diffolvant des pierres humaines pris
intérieurement , ou porté dans la veffic
par les injections .
M. Navier a fait depuis dix-fept à dixhuit
ans un fi grand nombre d'expériences
& de recherches fur les différens lithontriptiques
, qu'il auroit été furprenant que
celui de la chaux lui eût échappé : il a donc
travaillé fur ce diffolvant , comme fur une
infinité d'autres , & il craint qu'il ne réuffiffe
pas autant qu'on le fait efperer ; car
il a reconnu que ce remede avoit peu ou
point d'action fur un très - grand nombre
de pierres humaines . Si M. Whitt a éprouvé
le contraire , cela ne peut venir , ſelon
MA- R S.
1755 141
M. Navier , que de la différence des pierres
qui fe forment chez les Anglois , dont la
boiffon ordinaire eft la bierre , & de celles
qui prennent naiffance chez les François
qui font ufage du vin.
M. Navier n'a eu occafion de travailler
que fur ces dernieres ; peut-être eft- ce cette
différence de boiffon qui a fait que le diffolvant
de Mlle Stephens a été employé
avec fuccès en Angleterre , & qu'il a fi peu
réuffi en France.
M. Navier croit encore être bien fondé
à fe défier de l'eau de chaux : 1 °. parce que
contenant une grande quantité de parties
de feu , ce reméde pris . intérieurement &
à grandes dofes , comme il feroit néceffaire
pour fondre les calculs humains pourroit
intéreffer la fanté des perfonnes délicates.
2 °. Cette eau étant chargée de beaucoup
de parties pierreufes qu'elle tient en
diffolution , ne pourroit - il pas arriver
qu'elles fe dépoferoient dans différens endroits
du corps , peut-être même dans les
reins & dans la veffie ? M. Navier eſt d'aųtant
mieux fondé dans cette opinion , qu'il
a reconnu par l'expérience , qu'un peu d'urine
chaude verfée far de l'eau de chaux ,
la rend laiteufe , & en fait précipiter de
fa fubftance pierreufe. Si donc la même
chofe arrivoit dans les reins ou dans la
142 MERCURE DE FRANCE.
veffie de ceux qui prendroient beaucoup
de ce lithontriptique , comme il y a tout
lieu de le croire , fur- tout chez les pierreux
, qui ont une urine dont l'alkali volatil
eft fort développé , & par conféquent
plus propre à précipiter la partie pierreufe
de l'eau de chaux , ne doit- on pas préfumer
que ce remede pourroit dépofer dans
ces vifceres autant & peut être plus de
fubftance pierreufe qu'ils n'en éleveroient
de calculs qui s'y rencontreroient ? M. Navier
a connoiffance d'un fait qui paroît
bien confirmer cette théorie .
Une perfonne qui avoit une pierre bien
conftatée dans la veffie , s'étoit déterminée
à prendre du lithontriptique de Mlle Stephens
, qui contient , comme l'on fçait
beaucoup de matieres calcaires réduites en
chaux. Après un certain tems de l'uſage
de ce remede , on apperçut dans les urines
du malade beaucoup de parties terreufesblanches
, que l'on croyoit être infailliblement
des débris de la pierre ; mais la
perfonne étant morte , on reconnut avec
furprife , par l'ouverture de la veffie , que
la pierre n'avoit été en aucune façon endommagée.
Donc les portions blanchâtres
& terreufes que l'urine avoit charriées,
venoient des parties de chaux qui entroient
dans le remede anglois. Cela prou오
Y
MARS. 1755. 143
ve qu'on ne peut avoir trop de circonfpection
, même de défiance , dans la vérification
des faits , car ils font fouvent voilés
par des
apparences trompeufes & féduifantes.
M. Whitt a avancé que tout fel lixiviel
eft abfolument incapable de diffoudre la pierre
humaine . M. Navier a remarqué tout le
contraire , ayant conftamment obfervé
dans le nombre des lithontriptiques qu'il a
découvert , que ces fels avoient tous cette
propriété.
Cette différence entre les obfervations
de nos deux auteurs pourroit bien venir
de celle des pierres fur lefquelles ils ont
travaillé , par la raifon rapportée ci -deffus
. En effet M. Navier , d'après qui nous
parlons toujours , a reconnu que ces fels
agiffoient fort différemment , felon la nature
de la pierre ; & il eft perfuadé que
c'eſt cette différence dans les calculs humains
qui mettra toujours le plus d'obftacles
à la découverte d'un lithontriptique
univerfel , c'est-à - dire qui agiffe également
& d'une maniere douce fur toutes les pierres
humaines.
Nous venons de rapporter une partie
des obfervations de M. Navier , que fon
defintéreffement & fon amour pour le
bien public a déterminé à nous communiquer.
#44 MERCURE DE FRANCE.
Quelle louable émulation ! qu'il eft digne
de notre reconnoiffance de voir dans
deux Royaumes auffi floriffans que la France
& l'Angleterre , la Médecine toujours
occupée d'un objet qui tend à délivrer l'hu
manité du plus cruel de tous les maux !
Les affociés fe font féparés le 28 du
mois d'Août , moins pour fe délaffer de
leurs fatigues que pour préparer les mémoires
dont ils rendront compte l'année
prochaine dans leurs féances ; ils font tous
également difpofés à fe rendre dignes de
la protection qu'un grand Prince leur accorde
, à fe mettre en état d'obtenir la
confirmation de leur établiſſement , & à
mériter l'eftime du public.
De la Société Linéraire de Châlons.
St
1. quelques critiques chagrins fe font
érigés de nos jours en cenfeurs des
Académies , il s'eft auffi trouvé des défenfeurs
de ces fortes d'établiffemens : leur
utilité a été démontrée dans des écrits. publics
: il a été prouvé d'une maniere victorieufe
que leur multiplicité étoit néceffaire
au progrès des fciences , & que loin
de nuire au corps politique de l'Etat, elle
ne pouvoit lui être qu'avantageufe.
C'eft fous ce point de vue que M. Du-
Fiv
128 MERCURE DE FRANCE.
pré d'Aulnay , ancien Commiffaire des
Guerres , l'a confidéré. Retiré depuis plufieurs
années dans la ville de Châlons-fur-
Marne , fon amour pour l'étude l'y a fuivi
, & les liaifons qu'il a formées avec des
concitoyens animés du même amour , lui
ont fait concevoir le deffein de les unir
par les noeuds d'une fociété littéraire .
Il en a demandé. l'agrément à M. le
Comte de Saint - Florentin . Ce Miniftre
qui chérit les Lettres , autant qu'il eft cher
aux Sçavans , l'a honoré d'une réponſe
favorable , & a promis une autorifation
plus précife , lorfque les affociés auroient
donné des preuves de leurs talens .
Son A. S. M. le Comte de Clermont ,
Gouverneur des provinces de Champagne
& de Brie , a bien voulu concourit de fon
côté à cet établiffement : illuftre par fon
fang & par la faveur finguliere qu'il a fait
aux Mufes d'entrer dans leur fanctuaire ,
il a donné de nouvelles marques de fon
attachement pour elles , en fe déclarant le
protecteur de cette fociété naiffante.
Les membres d'une fociété qui commence
fous de fi heureux aufpices , ont dé
ja produits quelques fruits de leurs veilles
dans les affemblées particulieres qu'ils ont
tenues pendant le cours de cette année.
M. Culoteau de Velye , Avocat du Roi
MARS. 1755. 129
•
au Préfidial de Châlons en Champagne ,
& l'un des membres de cette fociété , a lû
une differtation fur la confécration des
Empereurs romains , & particulierement
fur celle de Pertinax , juftifiée par une médaille.
Il obferve que la confécration en uſage
chez les Romains étoit différente de l'apothéofe
admife chez les autres peuples ;
que cette derniere cérémonie étoit connue
dès le tems de Belus , premier Roi des
Affyriens , & qu'elle a été continuée depuis
en faveur des Princes , des Rois recommendables
par leur fageffe , & même
de fimples particuliers qui s'étoient fignalés
par leurs vertus & des actions éclatantes
. Il fixe au regne des Céfars l'origine de
la confécration qui , lorfque Romulus fut
admis au rang des Dieux , n'étoit point
encore établie de la maniere dont elle l'a
été dans la fuite.
›. Il fait voir que dans tel tems de la République
, le Sénat n'accorda cet honneur
qu'à la feule Acea Laurentia , comme un
tribut de fa reconnoiffance pour les biens
qu'il en avoit reça que s'il décerna par la
fuite les mêmes honneurs à un grand nom
-bre d'Empereurs , il les refufa néanmoins à
ceux qui s'étoient rendus odieux par leurs
vices.
Fy
130 MERCURE DE FRANCE .
Il rapporte pour exemple la joie générale
qu'excita la mort de Tibere , le decret
qui déclara Neron ennemi de la patrie,
les outrages exercés fur les corps de Vitellius
& d'Héliogabale qui , après avoir
été traînés avec ignominie par les rues de
Rome , furent jertés dans le Tibre ; le long
refus du Sénat d'élever Adrien au rang des
Dieux , la fermeté avec laquelle il йétric
la mémoire de Domitien déifié par les armées
, en faifant brifer fes ftatues , fes portraits
& les infcriptions faites en fon honneur.
Il prouve que la cérémonie de la confé
cration des Empereurs a fubfifté jufqu'an
tems du parfait établiſſement de notre religion
; Jovien ayant encore été mis au
rang des Dieux par les foins de fon fuc
ceffeur Valentinien , vers l'an 364 de l'ere
chrétienne .
A l'égard de l'Empereur Pertinax , dont
-M. de la Baftie prétend dans fon ouvrage
fur le P. Joubert , que l'on n'a point encore
trouvé de médailles , M. de Velye en
produit une , qui femble ne laiffer aucun
doute que l'on a déféré à cet Empereur
-les honneurs de la confécration ." col
< Cette médaille , qui eft de moyen broneze
, préfente d'un côté la tête de Pertinax ,
avec la légende Divus Helvius Pertinax , &
MAR S.: 1755. 131
a pour tipe en fon revers un aigle avec les
aîles déployées , fur lefquelles eft la figure
de l'Empereur à demi- couché , avec la légende
Confecratio. Cette médaille paroît
caracterifer d'une façon particuliere la confécration
de Pertinax , & l'on a lieu de
croire qu'elle eft une de celles qui ont été
re nouvellées par Gallien .
M. de Velye penfe que l'on peut porter
le même jugement d'une médaille de Fauftine
, qui du côté de la tête a pour légende
Diva Fauftina ; & au revers une figure
humaine que l'on peut prendre pour un
Prêtre , faifant une libation fur un autel ,
fur lequel il y a du feu , avec la légende
Confecratio : cependant il ne propofe fon
fentiment à cet égard que comme conjecture
, s'en rapportant aux connoiffances des
fçavans en ce genre.
M. de Velye a fait encore lecture d'une
autre differtation, dont l'objet eft de déterminer
quels étoient les principes de la religion
des anciens Romains , & s'ils étoient
différens de ceux qui conftituoient le culte
religieux des Grecs .
Voici fommairement les preuves qu'il
apporte pour établir cette différence .
Les premiers Romains , preſque tous occupés
à nourrir des troupeaux , en tiroient
les fecours néceffaires pour -fubfifter. Pan
F vj
132 MERCURE DE FRANCE.
étoit leur principale Divinité ; ils cétébroient
en fon honneur des fêtes par des
facrifices , & par des jeux appellés Lupeztaux
; ils honoroient auffi comme des
Dieux , Janus , Saturne , Picus , Hercule ,
&c. Mais indépendamment de ces Dieux
de la patrie ils reconnoifloient encore ceux
des grandes nations ; ils admettoient auffi
les augures , les pénates , les génies , &c.
Romulus effaya de détruire les préjugés
de ceux qui compofoient fa colonie , d'établir
une religion fondée fur des principes
raisonnables , & de fixer un culte conforme
à l'idée qu'il avoit conçue de la Divinité
, qu'il reconnoiſſoit comme un être
parfait & immortel .
Numa qui lui fuccéda , approchoit aſſez
des fentimens de fon prédéceffeur au ſujet
de la religion ; il penfoit qu'on ne pouvoit
donner aucune forme fenfible à la caufe
premiere de tous les êtres créés ; en conféquence
l'on ne vit à Rome pendant près
de deux fiécles aucun monument élevé pour
repréfenter la Divinité .
La religion établie par Romulus fubfiſta
long-tems , comme le fondement inébranlable
de la confervation de la chofe publique
; tout fon fyftême confiftoit à propo
fer pour objet du culte religieux un être
pur , efprit fouverainement parfait , imMARS.
1755. 133
mortel , auteur de tout , & de l'honorer
par un culte digne de fon unité & de fa
grandeur.
Les Grecs , au contraire , s'imaginant
qu'il étoit poffible d'appercevoir , par l'organe
des fens , la divinité telle quelle eft
en elle-même , la fixerent d'abord, dans le
foleil ; ils déïferent les élémens , l'univers
entier , & les différentes parties qui le com →
pofent. Orphée , Mufée , Eumolpe , que
S. Auguftin appelle les théologiens des
Grecs , bien loin d'amener leurs compatriotes
à la connoiffance de la vérité , les
en éloignerent , & les plongerent dans des
erreurs injurieufes à l'être fuprême ; ils
propoferent des Dieux fous des fymboles
& des hieroglyphes , dont ils avoient apris
à faire ufage en Egypte. La trop grande
élévation d'efprit de ces philofophes fit
tomber dans l'égarementceux qu'ils fe pro
pofoient d'éclairer , & qui n'étoient point
capables de comprendre le fens des fables
abfurdes qu'ils employoient pour établir les
vérités les plus importantes.
Ce fut des prétendus fages de l'Egypte
qu'ils avoient appris à diftinguer l'âge , le
fexe , la forme & le nombre des Dieux ;
ils apprirent auffi d'eux à les honorer par
des fêtes & par des jeux folemnels ; mais
il n'arrivoit que trop fouvent que l'on
.
134 MERCURE DE FRANCE.
portoit l'impiété en triomphe dans ces cérémonies
, & qu'elles devenoient un affemblage
monftrueux de defordres & de crimes.
La connoiffance de la nature & l'étude
de la phyfique devint la fource de l'erreur ;
on donnoit à chacune des caufes un des
attributs de la divinité , & les attributs diftingués
, fembloient introduire & préfenter
une multiplicité de Dieux. Plufieurs
fages , comme Diagoras & Socrate , furent
les victimes de leur attachement à la vérité
, telle que l'homme peut la découvrir par
l'étude & la force du raifonnement .
Les Romains , dans leur origine , étoient
des hommes durs , groffiers , fauvages ;
mais ils furent amenés à la connoiffance
de l'être fuprême , autant qu'on peut en
approcher par les lumieres de la raifon ;
ils fe diftinguerent par leur inviolable attachement
à une religion plus fainte que
celle des autres nations..
Les Grecs , au contraire , inconftans &
legers , fe livrerent au torrent d'une aveugle
fuperftition ; leur culte avoit fouvent
l'homme pour objet ; leurs fêtes , & les
jeux qu'ils célébroient , n'étoient inſtitués
que pour exciter ceux qui y étoient admis
à fe furpaffer mutuellement par la force ,
l'adreffe & la légereté : on n'y comptoit
MARS 1755 ”ན
135
prefque pour rien le coeur , les moeurs &
la vertu .
la
De cet expofé , on peut conclure que
religion des anciens Romains étoit plus
parfaite que celle des Grecs , & qu'elle
étoit établie fur des principes différens.
- M. Dupré d'Aulnai a lû auffi une differtation
qui a pour objet l'écoulement magne
tique , Pélectricité , l'afcenfion de la feve
dans les végétaux , & le flux de la mer. Il
croit que la même caufe produit ces différens
effets , que le foleil en eft le premier
& le feul mobile , & que cet aftre eft dans
l'univers ce qu'eft le coeur dans l'animal ,
auquel il donne le mouvement , la chaleur
& la vie.
af-
M. Navier , Docteur en Médecine ,
focié correfpondant de l'Académie royale
des Sciences de Paris , & l'un des mem
bres de la Société , a lu dans différentes
féances des differtations fur plufieurs maladies
populaires qui ont regné dans la
vince de Champagne & ailleurs.
་
pro-
La Faculté de Médecine de Paris , & M.
de Vernage , ayant jugé cet ouvrage fondé
-fur une bonne théorie , conforme à la faine
·pratique , & appuyé de l'autorité des grands
maîtres , l'auteur a cru ne devoir point fe
refufer au bien du public , & s'eft en conféquence
déterminé à le faire imprimer. Il
136 MERCURE DE FRANCE.
fe trouve à Paris , chez Cavelier
Saint Jacques , au Lys d'or.
·
rue
Après de pareils témoignages , il eft
inutile d'infilter fur la nature de ce travail
; le lecteur jugera par lui-même que
l'auteur a fait nombre de recherches utiles
& intéreffantes pour le traitement de différentes
maladies.
M. Navier a auffi lû des obfervations
théoriques & pratiques fur l'amolliffement
des os en général , & en particulier fur
celui qui a caractériſé la maladie extraor
dinaire de la Dame Supior , dont tout le
royaume a été informé.
Il penfe que cette maladie tenoit du rachitis
& du fcorbut. Pour démontrer le caractere
& la véritable caufe de cette maladie
, l'auteur fuit fon objet par la voie
des expériences & des démonftrations , &
conclut que les levains qui occafionnent
l'amolliffement des os , eft de nature acide.
Pour bien conftater cette vérité , il a fait
des recherches infinies , qui toutes ont concouru
à le convaincre que cette maladie ne
pouvoit reconnoître d'autre caufe . La nature
& le caractere de cette fâcheufe maladie
étant bien connue , l'auteur fait voir
qu'il faut néceffairement la combattre par
les moyens qu'il propofe. Cet ouvrage a
été examiné & approuvé par l'Académie
f
MARS. 1755. 137
royale des Sciences de Paris : il va être mis
fous preffe.
Le même a fait encore lecture d'un
autre ouvrage qui a pour titre : Obfervations
médico-phyfiques fur les dangers auxquels
on s'expofe en mangeant des fruits qui
n'ont point encore atteint leur dégré de maturité
, & fur les avantages au contraire qui
résultent de leur ufage lorfqu'ils ont acquis
toute leur perfection.
L'abus trop commun de manger les
fruits avant qu'ils foient murs , & le zéle
de l'auteur pour le bien public , l'ont engagé
à traiter cette matiere .
Après un court expofé des loix générales
de la végétation , il examine la nature des
fruits qui naiffent dans les pays chauds &
dans les pays froids & tempérés ; il fait
voir que la providence a fait naître dans
chaque contrée de la terre des fruits doués
de toutes les propriétés néceffaires pour
garantir les habitans des maladies auxquel
les les expoferoient l'intempérie de l'air
des régions qu'ils habitent. Il reconnoît
d'une part que les fruits aigrelets & acidules
qui naiffent abondamment dans les pays
chauds , contiennent des fucs merveilleux
pour réprimer les effervefcences fougueufes
, & une infinité d'autres accidens que
la chaleur exceffive occafionne dans le fang
13 8 MERCURE DE FRANCE .
de leurs habitans. D'un autre côté , il re
garde les fruits que produifent les pays
froids & tempérés , comme des matieres
favoneufes & délayantes, extrêmement propres
à diffoudre les concrétions & les
épaiffiffemens des liqueurs de ceux qui ha
bitent ces climats. Il entre à cet égard
dans un certain détail fur la nature des
matieres favoneufes , factices & naturelles :
il reconnoît que les favons naturels font
beaucoup plus parfaits que les factices ,
qu'ils font formés d'une union intime de
parties onctueufes extrêmement fines , pénétrées
par un acide végétal , au lieu que les
favons factices ordinaires font les produits
de parties graffes , fort groffieres , unies affez
imparfaitement avec un fel lixiviel , & c.
On voit que l'auteur reconnoît par- tout
un ordre & une fageffe fuprême dans la
formation & la confervation de tous les
êtres. C'eft effectivement en ne perdant
point de vue cet important objet , que les
fçavans fe rapprocheront toujours de la vérité
; au lieu qu'en fe livrant à des fyſtêmes
erronés & dictés par l'efprit d'illufion
, ils ne feront jamais d'accord ni avec
la nature , ni avec eux-mêmes.
M. Navier a auffi fait part d'un travail
qu'il a commencé en 1738 , pour trouver
un lithontriptique , ou diffolvant des pier,
MARS. 1755. 139
1
res humaines ; ouvrage dont il avoit informé
en différens tems MM. de l'Acadé-.
mie royale des Sciences de Paris ; il paroît
avoir conduit fes recherches déja fort loin
il a même fait voir plufieurs de ces pierres
extraordinairement dures, réduites en bouil
lie en fort peu de tems , par le moyen
d'une liqueur fi douce , qu'elle peut être
bûe fans faire aucune impreffion fâcheufe
fur l'eftomac. Il a déja par devers lui des
expériences du bon effet de ce remede ;
mais ,comme il n'a jamais prétendu réuffic
que par la voie des injections , il n'a pû
encore parvenir à autre chofe , finon qu'à
fe rendre certain que ce remede peut être
porté dans la veffie par les injections , fans
y caufer ni douleur ni altération . Si par
un bonheur ineftimable pour l'humanité
on pouvoit parvenir par cette voie à fondre
la pierre dans la veffie , il réfteroit en
core beaucoup à travailler , tant pour fe
perfectionner dans la maniere d'y introduire
la fonde , que dans la matiere & la
forme de cet inftrument ; car il feroit de
la derniere importance de pouvoir l'intro
duire promptement , fûrement & fans dou
leur. M.Navier defireroit que l'on s'exerçât
à fonder avec des alkalis qui n'euffent
prefque point de courbure ; il penfe que
Cette forme feroit plus commode pour ins
140 MERCURE DE FRANCE.
jecter , pour pouvoir tourner la fonde en
rous fens dans la veffie , & pour y pou
voir féjourner long- tems fans bleffer ce
vifcere , & c.
C'est particulierement du génie de nos
grands Chirurgiens que l'on doit efpérer
la perfection dans la forme de cet inftrument
, & dans la maniere de l'infinuer
dans la veffie , ou même de trouver le
moyen de dilater fon fphincter , & d'y
porter un liquide fans avoir recours au
catheter.
On a annoncé cette année deux ouvra
ges imprimés à Edimbourg , dans lesquels
on prétend que l'eau de chaux eft un excellent
diffolvant des pierres humaines pris
intérieurement , ou porté dans la veffic
par les injections .
M. Navier a fait depuis dix-fept à dixhuit
ans un fi grand nombre d'expériences
& de recherches fur les différens lithontriptiques
, qu'il auroit été furprenant que
celui de la chaux lui eût échappé : il a donc
travaillé fur ce diffolvant , comme fur une
infinité d'autres , & il craint qu'il ne réuffiffe
pas autant qu'on le fait efperer ; car
il a reconnu que ce remede avoit peu ou
point d'action fur un très - grand nombre
de pierres humaines . Si M. Whitt a éprouvé
le contraire , cela ne peut venir , ſelon
MA- R S.
1755 141
M. Navier , que de la différence des pierres
qui fe forment chez les Anglois , dont la
boiffon ordinaire eft la bierre , & de celles
qui prennent naiffance chez les François
qui font ufage du vin.
M. Navier n'a eu occafion de travailler
que fur ces dernieres ; peut-être eft- ce cette
différence de boiffon qui a fait que le diffolvant
de Mlle Stephens a été employé
avec fuccès en Angleterre , & qu'il a fi peu
réuffi en France.
M. Navier croit encore être bien fondé
à fe défier de l'eau de chaux : 1 °. parce que
contenant une grande quantité de parties
de feu , ce reméde pris . intérieurement &
à grandes dofes , comme il feroit néceffaire
pour fondre les calculs humains pourroit
intéreffer la fanté des perfonnes délicates.
2 °. Cette eau étant chargée de beaucoup
de parties pierreufes qu'elle tient en
diffolution , ne pourroit - il pas arriver
qu'elles fe dépoferoient dans différens endroits
du corps , peut-être même dans les
reins & dans la veffie ? M. Navier eſt d'aųtant
mieux fondé dans cette opinion , qu'il
a reconnu par l'expérience , qu'un peu d'urine
chaude verfée far de l'eau de chaux ,
la rend laiteufe , & en fait précipiter de
fa fubftance pierreufe. Si donc la même
chofe arrivoit dans les reins ou dans la
142 MERCURE DE FRANCE.
veffie de ceux qui prendroient beaucoup
de ce lithontriptique , comme il y a tout
lieu de le croire , fur- tout chez les pierreux
, qui ont une urine dont l'alkali volatil
eft fort développé , & par conféquent
plus propre à précipiter la partie pierreufe
de l'eau de chaux , ne doit- on pas préfumer
que ce remede pourroit dépofer dans
ces vifceres autant & peut être plus de
fubftance pierreufe qu'ils n'en éleveroient
de calculs qui s'y rencontreroient ? M. Navier
a connoiffance d'un fait qui paroît
bien confirmer cette théorie .
Une perfonne qui avoit une pierre bien
conftatée dans la veffie , s'étoit déterminée
à prendre du lithontriptique de Mlle Stephens
, qui contient , comme l'on fçait
beaucoup de matieres calcaires réduites en
chaux. Après un certain tems de l'uſage
de ce remede , on apperçut dans les urines
du malade beaucoup de parties terreufesblanches
, que l'on croyoit être infailliblement
des débris de la pierre ; mais la
perfonne étant morte , on reconnut avec
furprife , par l'ouverture de la veffie , que
la pierre n'avoit été en aucune façon endommagée.
Donc les portions blanchâtres
& terreufes que l'urine avoit charriées,
venoient des parties de chaux qui entroient
dans le remede anglois. Cela prou오
Y
MARS. 1755. 143
ve qu'on ne peut avoir trop de circonfpection
, même de défiance , dans la vérification
des faits , car ils font fouvent voilés
par des
apparences trompeufes & féduifantes.
M. Whitt a avancé que tout fel lixiviel
eft abfolument incapable de diffoudre la pierre
humaine . M. Navier a remarqué tout le
contraire , ayant conftamment obfervé
dans le nombre des lithontriptiques qu'il a
découvert , que ces fels avoient tous cette
propriété.
Cette différence entre les obfervations
de nos deux auteurs pourroit bien venir
de celle des pierres fur lefquelles ils ont
travaillé , par la raifon rapportée ci -deffus
. En effet M. Navier , d'après qui nous
parlons toujours , a reconnu que ces fels
agiffoient fort différemment , felon la nature
de la pierre ; & il eft perfuadé que
c'eſt cette différence dans les calculs humains
qui mettra toujours le plus d'obftacles
à la découverte d'un lithontriptique
univerfel , c'est-à - dire qui agiffe également
& d'une maniere douce fur toutes les pierres
humaines.
Nous venons de rapporter une partie
des obfervations de M. Navier , que fon
defintéreffement & fon amour pour le
bien public a déterminé à nous communiquer.
#44 MERCURE DE FRANCE.
Quelle louable émulation ! qu'il eft digne
de notre reconnoiffance de voir dans
deux Royaumes auffi floriffans que la France
& l'Angleterre , la Médecine toujours
occupée d'un objet qui tend à délivrer l'hu
manité du plus cruel de tous les maux !
Les affociés fe font féparés le 28 du
mois d'Août , moins pour fe délaffer de
leurs fatigues que pour préparer les mémoires
dont ils rendront compte l'année
prochaine dans leurs féances ; ils font tous
également difpofés à fe rendre dignes de
la protection qu'un grand Prince leur accorde
, à fe mettre en état d'obtenir la
confirmation de leur établiſſement , & à
mériter l'eftime du public.
Fermer
Résumé : SEANCES PARTICULIERES De la Société Littéraire de Châlons.
Le texte présente les activités de la Société Linéraire de Châlons, une association littéraire fondée par M. Dupré d'Aulnay, ancien commissaire des Guerres, avec le soutien de M. le Comte de Saint-Florentin et de M. le Comte de Clermont. Cette société vise à promouvoir les sciences et les lettres. Lors de réunions privées, plusieurs membres ont présenté des dissertations. M. Culoteau de Velye a lu une dissertation sur la consécration des empereurs romains, en se concentrant sur Pertinax, et a présenté une médaille attestant de cette consécration. Il a également comparé la religion des anciens Romains à celle des Grecs, soulignant que la religion romaine était plus rationnelle et fondée sur des principes raisonnables. M. Dupré d'Aulnay a présenté une dissertation sur divers phénomènes naturels, comme l'écoulement magnétique et l'électricité, attribuant ces effets à l'influence du soleil. M. Navier, docteur en médecine, a lu des dissertations sur des maladies populaires en Champagne, sur l'amollissement des os, et sur les dangers de consommer des fruits non mûrs. Ses travaux ont été approuvés par l'Académie royale des Sciences de Paris. Le texte détaille également les recherches de M. Navier sur les lithontriptiques, des substances capables de dissoudre les calculs rénaux. Navier reconnaît la supériorité des savons naturels sur les savons artificiels en raison de leur composition plus fine et plus efficace. Il souligne l'importance de l'ordre et de la sagesse divine dans la formation des êtres vivants. Navier a commencé ses travaux en 1738 pour trouver un lithontriptique efficace. Il a présenté plusieurs pierres dures réduites en bouillie grâce à une liqueur douce, pouvant être bue sans effet nocif sur l'estomac. Cependant, il n'a pas encore pu administrer ce remède par voie interne sans causer de douleur ou d'altération. Le texte mentionne des ouvrages imprimés à Edimbourg qui prétendent que l'eau de chaux est un excellent dissolvant des calculs rénaux. Navier, après de nombreuses expériences, doute de l'efficacité de ce remède, estimant qu'il pourrait causer des dépôts de substances pierreuses dans le corps. Navier critique l'eau de chaux pour ses risques potentiels de déposer des particules pierreuses dans les reins et la vessie, et pour son inefficacité constatée sur de nombreux calculs rénaux. Il relate un cas où une personne ayant pris un lithontriptique à base de chaux a vu des particules blanches dans ses urines, mais la pierre rénale n'a pas été dissoute. Enfin, le texte souligne la différence d'observations entre Navier et M. Whitt concernant l'efficacité des lessives sur les calculs rénaux, attribuant ces divergences à la variabilité des types de calculs. Navier conclut que la découverte d'un lithontriptique universel est complexe en raison de cette variabilité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 130-135
AUTRES OBSERVATIONS sur une Opération de la Taille.
Début :
NICOLAS Mouttier, agé de 67 ans, demeurant à Guitrancourt près de Mantes [...]
Mots clefs :
Opération, Vessie, Plaie, Pierre, Graviers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRES OBSERVATIONS sur une Opération de la Taille.
AUTRES OBSERVATIONS fur une
Opération de la Taille.
NICOLAS Moutier, agé de 67 ans,
demeurant à Guitrancourt près de Mantes
fur Seine , fouffroit beaucoup depuis
longtemps d'une pierre qu'il avoit dans
la veffie ; les douleurs devenant chaque
jour plus aigues , il fe détermina
à venir à Paris ; m'ayant confulté für
fon état , je lui dis qu'il ne pouvoit
efpérer de foulagement que par l'opération
de la taille . S'y étant réfolu , il
entra chez moi le premier Août 1762.
Je le difpofai par quelques préparatifs.
J'en retranchai les faignées comme préjudiciables
à fon tempérament & à
fon âge ; je m'en tins à deux purgations
pour vuider les gros boyaux ; cette précaution
étant utile , parce qu'il pourroit
arriver que le rectum faifant faillie
par la préfence de quelques matières
fécales, on l'ouvrît ; dans la même
vue d'obvier à cet inconvénient , je
lui fis prendre également deux lavemens
quelques heures avant l'opération .
En cet état je la lui fis le cinquiéme
jour. Voici ce qui fe paffa de parFEVRIER.
1763 . 131
:
ticulier dès que j'eus faifi la pierre avec
la tenette elle étoit fi molle qu'à la
plus légère preffion que je fis elle s'écrafa
; il s'agiffoit de parvenir à nétoyer
tout-à-fait la veffie des fragmens de
pierre briſée . Ne pouvant le faire avec
des inftruments ordinaires , je fis ufage
des injections ; le fuccès n'ayant point
répondu à mes efpérances , je pris le
parti de faire mettre le malade dans le
it & de le laiffer un peu tranquille.
Pendant ce temps je fongeai à ce qu'il
y auroit à faire ; car fi j'en fuffe refté
là , ce pauvre homme auroit paffé par
une cruelle épreuve , fans en retirer de
grands avantages. Conduit par
nité , & l'honneur de ma profeflion ,
j'examinai d'abord pourquoi les injections
que j'avois faites lors de l'opération
avoient été infructueufes ; la caufe
m'en parut fenfible : c'eft que lorf
que je ceffois de pouffer l'injection, les
parois de la playe fe rapprochant , formoient
un obstacle à l'iffue des graviers ;
& il n'y avoit alors que le fluide qui
pût refortir.
l'huma-
Pour ne rien donner au hazard , je
paffai fcrupuleufement en revue tous
les moyens que l'art offre en pareil
cas ; ce fut la canulle que je crus pro-
F vi
132 MERCURE DE FRANCE .
pre à remplir mon deffein ; pour cela
je penfai qu'il n'étoit queſtion que
de la faire faire affez groffe pour que
les graviers puffent aifément paffer par
fon embouchure. Après que j'eus placé
cette canulle , comme cela ſe pratique
ordinairement , j'eus la fatisfaction
dès la premiere injection que je fis dans
la vente par fon moyen , de voir fortir
beaucoup de graviers;l'ayant répété dans
le même moment jufqu'à trois fois , il
en fortit avec la même abondance. Le
foir il en parut moins ; ayant continué
d'injecter le lendemain matin & le
foir il n'en fortit point du tout , ce qui
me donna lieu de penfer qu'il n'y en
avoit plus. La canulle devenant pour
lors corps inutile & étranger capable
de s'opposer à la réunion de la playe
je l'ôtai & abandonnai le tout à la nature
; il vint en même temps plufieurs
graviers qui s'étoient mis entre fes parois
& celle de la playe ; ils s'y étoient
fans doute gliffés dans le moment de
l'injection , & il n'y a rien d'étonnant ,
parce que je l'avois pouffée avec affez
de force.
,
Quoi qu'il en foit , après avoir enlevé
la canulle en queftion , l'urine commença
à reprendre fon cours par la
FEVRIER . 1763. 133
verge , ce qui alla toujours en aug-
-mentant au point que le douziéme
jour elle ceffa entierement
de paffer
par la playe pour fuivre fa route naturelle
; & le malade fe portant de mieux
en mieux , obtint enfin fa guérifon radicale
au bout de vingt- cinq jours. De
même qu'il n'avoit point été faigné
avant l'opération , il ne le fut point
non plus après , je le mis feulement
pendant quatre jours au fimple bouillon;
& malgré qu'il eût un peu de fiévre
, comme elle n'étoit que l'effet de
l'opération , je ne laiffai pas d'augmen laiſſai
ter promptement
l'ufage des alimens ,
& je lui fis boire de bon vin en quantité
fuffifante . Par cette conduite , je
parvins à tirer mon malade d'affaire ;
j'eus la fatisfaction de lui voir prendre
vigueur , fes forces s'accroître , & la
fiévre difparoître fucceflivement
.
Si j'euffe agi différemment , c'est- àdire
que je lui euffe fait faire plufieurs
faignées , & que je l'euffe privé pendant
trop longtemps d'alimens , je l'au
rois jetté dans l'affaiffement & par
conféquent dans la mélancolie , puifqu'il
eft vrai que la mauvaiſe fituation
du corps influe toujours fur celle
de l'âme.
,
134 MERCURE DE FRANCE.
Il auroit également pu arriver que
dans ce Sujet déja débile par l'âge &
fa mauvaiſe nourriture habituelle , on
eût encore diminué l'action du coeur
& celle des vaiffeaux ; qu'alors le fluide
artériel n'étant plus pouffé avec force
fuffifante pour pénétrer les plus petits
vaiffeaux , du nombre defquels font
ceux de la veffie , ces derniers n'euffent
point reçu affez de fang pour la nourrir
& revivifier les fluides , qui y féjournoient
par les contufions qui avoient
été les effets de l'opération & qu'en
cet état la veffie s'étant gangrénée le
malade eût péri.
Ce raifonnement fait bien voir qu'il
eft des cas où on peut s'éloigner de la
regle générale avec prudence ; on fçait
d'ailleurs qu'il faut des fucs nourriciers
pour la réunion d'une playe ; auffi celle
en queſtion étoit-elle baveufe dans les
commencemens : mais peu- à - peu & à
mefure des reftaurans que j'ai fait prendre
, elle eft devenue d'une bonne couleur
& la fuppuration s'y eft établie
parfaitement ; l'abondance des fucs &
leur bonne qualité ont même été
telles , que la réunion de la playe , ainſi
que je l'ai dit , s'eft faite en vingt -cinq
ours
FEVRIER. 1763. 135
Toutes ces circonftances annoncent
évidemment qu'outre la main , le Chirurgien
doit avoir une connoiffance
éxacte de l'oeconomie animale ; & lorfqu'il
ne la point , c'eft un navigateur
fans bouffole , incapable de prévoir aucun
danger.
Ce qu'il y a de certain , l'opération
dont je viens de rendre compte , n'eft
devenue laborieufe que par l'infuffifance
des inftrumens ordinaires ; fi je me
trouvois dans le même cas , je n'aurois
pas les mêmes embarras , au moyen de
ce que j'ai imaginé depuis un inftrument
qui forme une efpèce de cuillier de
plombier courbée & d'une grandeur à
pouvoir être introduite dans la veffie ,
& par fa courbure pouvoir auffi être
portée dans tous les endroits de la veffie :
ce qui donnera la facilité d'avoir la
pierre lorfqu'elle ne fera pas groffe fans
le fecours des pinces ; & ce qui peut être
avantageux non-feulement lorfque la
pierre eft molle , mais pour en avoir les
fragmens , en fuppofant qu'on n'eût pas
prévu cet inconvénient.
Par M. DEJEAN , Maître en Chirurgie
de Paris.
Opération de la Taille.
NICOLAS Moutier, agé de 67 ans,
demeurant à Guitrancourt près de Mantes
fur Seine , fouffroit beaucoup depuis
longtemps d'une pierre qu'il avoit dans
la veffie ; les douleurs devenant chaque
jour plus aigues , il fe détermina
à venir à Paris ; m'ayant confulté für
fon état , je lui dis qu'il ne pouvoit
efpérer de foulagement que par l'opération
de la taille . S'y étant réfolu , il
entra chez moi le premier Août 1762.
Je le difpofai par quelques préparatifs.
J'en retranchai les faignées comme préjudiciables
à fon tempérament & à
fon âge ; je m'en tins à deux purgations
pour vuider les gros boyaux ; cette précaution
étant utile , parce qu'il pourroit
arriver que le rectum faifant faillie
par la préfence de quelques matières
fécales, on l'ouvrît ; dans la même
vue d'obvier à cet inconvénient , je
lui fis prendre également deux lavemens
quelques heures avant l'opération .
En cet état je la lui fis le cinquiéme
jour. Voici ce qui fe paffa de parFEVRIER.
1763 . 131
:
ticulier dès que j'eus faifi la pierre avec
la tenette elle étoit fi molle qu'à la
plus légère preffion que je fis elle s'écrafa
; il s'agiffoit de parvenir à nétoyer
tout-à-fait la veffie des fragmens de
pierre briſée . Ne pouvant le faire avec
des inftruments ordinaires , je fis ufage
des injections ; le fuccès n'ayant point
répondu à mes efpérances , je pris le
parti de faire mettre le malade dans le
it & de le laiffer un peu tranquille.
Pendant ce temps je fongeai à ce qu'il
y auroit à faire ; car fi j'en fuffe refté
là , ce pauvre homme auroit paffé par
une cruelle épreuve , fans en retirer de
grands avantages. Conduit par
nité , & l'honneur de ma profeflion ,
j'examinai d'abord pourquoi les injections
que j'avois faites lors de l'opération
avoient été infructueufes ; la caufe
m'en parut fenfible : c'eft que lorf
que je ceffois de pouffer l'injection, les
parois de la playe fe rapprochant , formoient
un obstacle à l'iffue des graviers ;
& il n'y avoit alors que le fluide qui
pût refortir.
l'huma-
Pour ne rien donner au hazard , je
paffai fcrupuleufement en revue tous
les moyens que l'art offre en pareil
cas ; ce fut la canulle que je crus pro-
F vi
132 MERCURE DE FRANCE .
pre à remplir mon deffein ; pour cela
je penfai qu'il n'étoit queſtion que
de la faire faire affez groffe pour que
les graviers puffent aifément paffer par
fon embouchure. Après que j'eus placé
cette canulle , comme cela ſe pratique
ordinairement , j'eus la fatisfaction
dès la premiere injection que je fis dans
la vente par fon moyen , de voir fortir
beaucoup de graviers;l'ayant répété dans
le même moment jufqu'à trois fois , il
en fortit avec la même abondance. Le
foir il en parut moins ; ayant continué
d'injecter le lendemain matin & le
foir il n'en fortit point du tout , ce qui
me donna lieu de penfer qu'il n'y en
avoit plus. La canulle devenant pour
lors corps inutile & étranger capable
de s'opposer à la réunion de la playe
je l'ôtai & abandonnai le tout à la nature
; il vint en même temps plufieurs
graviers qui s'étoient mis entre fes parois
& celle de la playe ; ils s'y étoient
fans doute gliffés dans le moment de
l'injection , & il n'y a rien d'étonnant ,
parce que je l'avois pouffée avec affez
de force.
,
Quoi qu'il en foit , après avoir enlevé
la canulle en queftion , l'urine commença
à reprendre fon cours par la
FEVRIER . 1763. 133
verge , ce qui alla toujours en aug-
-mentant au point que le douziéme
jour elle ceffa entierement
de paffer
par la playe pour fuivre fa route naturelle
; & le malade fe portant de mieux
en mieux , obtint enfin fa guérifon radicale
au bout de vingt- cinq jours. De
même qu'il n'avoit point été faigné
avant l'opération , il ne le fut point
non plus après , je le mis feulement
pendant quatre jours au fimple bouillon;
& malgré qu'il eût un peu de fiévre
, comme elle n'étoit que l'effet de
l'opération , je ne laiffai pas d'augmen laiſſai
ter promptement
l'ufage des alimens ,
& je lui fis boire de bon vin en quantité
fuffifante . Par cette conduite , je
parvins à tirer mon malade d'affaire ;
j'eus la fatisfaction de lui voir prendre
vigueur , fes forces s'accroître , & la
fiévre difparoître fucceflivement
.
Si j'euffe agi différemment , c'est- àdire
que je lui euffe fait faire plufieurs
faignées , & que je l'euffe privé pendant
trop longtemps d'alimens , je l'au
rois jetté dans l'affaiffement & par
conféquent dans la mélancolie , puifqu'il
eft vrai que la mauvaiſe fituation
du corps influe toujours fur celle
de l'âme.
,
134 MERCURE DE FRANCE.
Il auroit également pu arriver que
dans ce Sujet déja débile par l'âge &
fa mauvaiſe nourriture habituelle , on
eût encore diminué l'action du coeur
& celle des vaiffeaux ; qu'alors le fluide
artériel n'étant plus pouffé avec force
fuffifante pour pénétrer les plus petits
vaiffeaux , du nombre defquels font
ceux de la veffie , ces derniers n'euffent
point reçu affez de fang pour la nourrir
& revivifier les fluides , qui y féjournoient
par les contufions qui avoient
été les effets de l'opération & qu'en
cet état la veffie s'étant gangrénée le
malade eût péri.
Ce raifonnement fait bien voir qu'il
eft des cas où on peut s'éloigner de la
regle générale avec prudence ; on fçait
d'ailleurs qu'il faut des fucs nourriciers
pour la réunion d'une playe ; auffi celle
en queſtion étoit-elle baveufe dans les
commencemens : mais peu- à - peu & à
mefure des reftaurans que j'ai fait prendre
, elle eft devenue d'une bonne couleur
& la fuppuration s'y eft établie
parfaitement ; l'abondance des fucs &
leur bonne qualité ont même été
telles , que la réunion de la playe , ainſi
que je l'ai dit , s'eft faite en vingt -cinq
ours
FEVRIER. 1763. 135
Toutes ces circonftances annoncent
évidemment qu'outre la main , le Chirurgien
doit avoir une connoiffance
éxacte de l'oeconomie animale ; & lorfqu'il
ne la point , c'eft un navigateur
fans bouffole , incapable de prévoir aucun
danger.
Ce qu'il y a de certain , l'opération
dont je viens de rendre compte , n'eft
devenue laborieufe que par l'infuffifance
des inftrumens ordinaires ; fi je me
trouvois dans le même cas , je n'aurois
pas les mêmes embarras , au moyen de
ce que j'ai imaginé depuis un inftrument
qui forme une efpèce de cuillier de
plombier courbée & d'une grandeur à
pouvoir être introduite dans la veffie ,
& par fa courbure pouvoir auffi être
portée dans tous les endroits de la veffie :
ce qui donnera la facilité d'avoir la
pierre lorfqu'elle ne fera pas groffe fans
le fecours des pinces ; & ce qui peut être
avantageux non-feulement lorfque la
pierre eft molle , mais pour en avoir les
fragmens , en fuppofant qu'on n'eût pas
prévu cet inconvénient.
Par M. DEJEAN , Maître en Chirurgie
de Paris.
Fermer
Résumé : AUTRES OBSERVATIONS sur une Opération de la Taille.
Le texte décrit l'opération d'un patient nommé Nicolas Moutier, âgé de 67 ans, souffrant d'une pierre dans la vessie. Les douleurs intenses l'ont poussé à consulter un chirurgien à Paris. Après évaluation, le chirurgien a recommandé une intervention chirurgicale. Moutier a été préparé par des purgations et des lavements avant l'opération, qui a eu lieu le 5 août 1762. Lors de l'intervention, la pierre s'est révélée molle et s'est brisée facilement, mais des fragments sont restés dans la vessie. Les injections initiales n'ont pas réussi à nettoyer complètement la vessie, obligeant le chirurgien à utiliser une canule pour extraire les graviers. Après plusieurs injections, la vessie a été nettoyée et la canule retirée. La guérison s'est achevée en vingt-cinq jours sans complications majeures. Le chirurgien a souligné l'importance de la nutrition et de l'hydratation pour éviter l'affaiblissement et la mélancolie du patient. Il a également insisté sur la nécessité pour un chirurgien de posséder une connaissance approfondie de l'anatomie et des techniques adaptées pour éviter les dangers. Enfin, il a mentionné l'invention d'un nouvel instrument destiné à faciliter les opérations futures.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer