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1
p. 83-89
INSCRIPTIONS DES NEUF GRANDS TABLEAUX DE LA GALERIE DE VERSAILLES.
Début :
Au premier Tableau qui représente le Roy préferant la Gloire aux [...]
Mots clefs :
Inscriptions, Tableaux, Gloire, Plaisirs, Repos, Ambition, Guerre, Ennemis, Attaque, Galerie de Versailles
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texteReconnaissance textuelle : INSCRIPTIONS DES NEUF GRANDS TABLEAUX DE LA GALERIE DE VERSAILLES.
INSCRIPTIONS
DES NEUF GRANDS TABLEAUX
DE LA GALERIE DE
VERSAILLES
.
Au premier Tableau qui re
I
D 6 .
84
MERCURE
4
préfente le Roy préferant la
Gloire aux Plaifirs .
INSCRIPTION.
LOUIS LE GRAND dans la fleur
de fa jeuneſſe , prend en main le
Timon de l'Etat , & renonçant au
Repos & aux Plaifirs , je donne
tout entier à l'amour de la veritable
Gloire.
Seconde partie de ce même
Tableau de l'autre cofté du
Cintre.
"
INSCRIPTION.
L'Allemagne , l'Espagne & la
Hollande , font alarmées de la réfolution
de ce jeune Monarque , &
commencent à redouter fon Bras,
qui devoit eftre fatal à leur ambition.
Second Tableau , où le Roy
eft repréſenté , meditant fur la
GALANT. 85
Guerre qu'il voulois faire aux
Hollandois .
INSCRIPTION.
Le Roy delibere s'il attaquera les
Hollandois , & apres diverfes réflexions
que la prudence & la valeur
luyfontfaire , ilfe détermine à
la Guerre par le confeil de la
Iustice.
Troifiéme Tableau , repréſentant
les Préparatifs de la Guerre.
บ
INSCRIPTION.
Le Roy arme par mer &par terre
avec tant de grandeur & de promp
titude , que fes Ennemis n'en conçoivent
pas moins d'admiration que
d'épouvante.
Quatrième Tableau , reprefentant
l'ouverture de la Campagne
contre les Hollandois , par
quatre Siéges.
86 MERCURE
INSCRIPTION.
Le Roy forme le deffein d'affieger
en mesme temps Vvefel , Burich ,
Orfoy , Bhimberg , & en regle les
Préparatifs avec fes Genéraux.
Cinquième Tableau , repréfentant
le Paffage du Rhin à
Tholuis .
INSCRIPTION,
Le merveilleux paffage du Rhim
donne entrée aux François jufques
dans le coeur de la Hollande , & rien
ne peut refifter à la justice des armes
du Roy , ny retarder la rapidité de
Les Conquestes.
Seconde partie de ce mefme
Tableau , de l'autre cofté da
Cintre.
INSCRIPTION.
Treize jours d'Attaque rendent
le Roy maistre de Maſtrich à l'étonGALANT.
87
nement de toute l'Europe , tandis
que fes Vaiffeaux mettent enfuite
la flotte Hollandoife fur les Coftes
de l'Amérique
.
Sixième Tableau , repréſentant
l'Union de l'Allemagne , de
l'Espagne , & de la Hollande contre
la France.
INSCRIPTION.
La Hollande effrayée de tant de
pertes imprévues , & prefque incroyables
, cherche un remede à fes
malheurs , dans l'Alliance qu'elle
fait avec l'Espagne & l'Allemagne.
Septiéme Tableau , repréfentant
la feconde Conquefte de la
Franche Comté .
INSCRIPTION.
La Franche Comté foûmiſe pour
la feconde fois avec une promptitu
88 MERCURE
de extraordinaire , malgré l'oppofition
des Saifons , fait repentir
l'Espagne ; mais trop tard , de fon.
engagement contre la France.
Hoitiéme Tableau , reprefentant
la Priſe de Gand .
INSCRIPTION.
Le Roy tombe comme un Foudre
fur la Ville de Gand , & par cette
nouvelle Conquefte , ôte à la Flandre
La derniere efperance que luy reftoit .
Seconde partie de ce même
Tableau , de l'autre cofté du
Cintre.
INSCRIPTION.
La puiffance victorieufe du Roy
renverfe la Politique d'Espagne ,
éblouit fon Confeil , & déconcertefa
prévoyance.
Neuvième Tableau , repréfentant
la defunion de la Hollande
d'avec l'Espagne & l'Allemagne
.
GALANT. 89
•
INSCRIPTION
La Hollande tend les bras à la
Paix qui luy eft offerte, &le defunit
de l'Allemagne & de l'Espagne , qui
font de vains efforts pour l'arrester.
DES NEUF GRANDS TABLEAUX
DE LA GALERIE DE
VERSAILLES
.
Au premier Tableau qui re
I
D 6 .
84
MERCURE
4
préfente le Roy préferant la
Gloire aux Plaifirs .
INSCRIPTION.
LOUIS LE GRAND dans la fleur
de fa jeuneſſe , prend en main le
Timon de l'Etat , & renonçant au
Repos & aux Plaifirs , je donne
tout entier à l'amour de la veritable
Gloire.
Seconde partie de ce même
Tableau de l'autre cofté du
Cintre.
"
INSCRIPTION.
L'Allemagne , l'Espagne & la
Hollande , font alarmées de la réfolution
de ce jeune Monarque , &
commencent à redouter fon Bras,
qui devoit eftre fatal à leur ambition.
Second Tableau , où le Roy
eft repréſenté , meditant fur la
GALANT. 85
Guerre qu'il voulois faire aux
Hollandois .
INSCRIPTION.
Le Roy delibere s'il attaquera les
Hollandois , & apres diverfes réflexions
que la prudence & la valeur
luyfontfaire , ilfe détermine à
la Guerre par le confeil de la
Iustice.
Troifiéme Tableau , repréſentant
les Préparatifs de la Guerre.
บ
INSCRIPTION.
Le Roy arme par mer &par terre
avec tant de grandeur & de promp
titude , que fes Ennemis n'en conçoivent
pas moins d'admiration que
d'épouvante.
Quatrième Tableau , reprefentant
l'ouverture de la Campagne
contre les Hollandois , par
quatre Siéges.
86 MERCURE
INSCRIPTION.
Le Roy forme le deffein d'affieger
en mesme temps Vvefel , Burich ,
Orfoy , Bhimberg , & en regle les
Préparatifs avec fes Genéraux.
Cinquième Tableau , repréfentant
le Paffage du Rhin à
Tholuis .
INSCRIPTION,
Le merveilleux paffage du Rhim
donne entrée aux François jufques
dans le coeur de la Hollande , & rien
ne peut refifter à la justice des armes
du Roy , ny retarder la rapidité de
Les Conquestes.
Seconde partie de ce mefme
Tableau , de l'autre cofté da
Cintre.
INSCRIPTION.
Treize jours d'Attaque rendent
le Roy maistre de Maſtrich à l'étonGALANT.
87
nement de toute l'Europe , tandis
que fes Vaiffeaux mettent enfuite
la flotte Hollandoife fur les Coftes
de l'Amérique
.
Sixième Tableau , repréſentant
l'Union de l'Allemagne , de
l'Espagne , & de la Hollande contre
la France.
INSCRIPTION.
La Hollande effrayée de tant de
pertes imprévues , & prefque incroyables
, cherche un remede à fes
malheurs , dans l'Alliance qu'elle
fait avec l'Espagne & l'Allemagne.
Septiéme Tableau , repréfentant
la feconde Conquefte de la
Franche Comté .
INSCRIPTION.
La Franche Comté foûmiſe pour
la feconde fois avec une promptitu
88 MERCURE
de extraordinaire , malgré l'oppofition
des Saifons , fait repentir
l'Espagne ; mais trop tard , de fon.
engagement contre la France.
Hoitiéme Tableau , reprefentant
la Priſe de Gand .
INSCRIPTION.
Le Roy tombe comme un Foudre
fur la Ville de Gand , & par cette
nouvelle Conquefte , ôte à la Flandre
La derniere efperance que luy reftoit .
Seconde partie de ce même
Tableau , de l'autre cofté du
Cintre.
INSCRIPTION.
La puiffance victorieufe du Roy
renverfe la Politique d'Espagne ,
éblouit fon Confeil , & déconcertefa
prévoyance.
Neuvième Tableau , repréfentant
la defunion de la Hollande
d'avec l'Espagne & l'Allemagne
.
GALANT. 89
•
INSCRIPTION
La Hollande tend les bras à la
Paix qui luy eft offerte, &le defunit
de l'Allemagne & de l'Espagne , qui
font de vains efforts pour l'arrester.
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Résumé : INSCRIPTIONS DES NEUF GRANDS TABLEAUX DE LA GALERIE DE VERSAILLES.
Le document décrit neuf tableaux de la galerie de Versailles, chacun illustrant des moments clés du règne de Louis XIV. Le premier tableau montre Louis XIV, jeune, choisissant la gloire et prenant les rênes de l'État, suscitant l'inquiétude de l'Allemagne, de l'Espagne et de la Hollande. Le second tableau le représente méditant sur une guerre contre les Hollandais, qu'il décide d'entreprendre pour des raisons de justice. Le troisième tableau illustre les préparatifs de la guerre, avec Louis XIV armant ses forces par mer et par terre, provoquant admiration et épouvante chez ses ennemis. Le quatrième tableau montre l'ouverture de la campagne contre les Hollandais par quatre sièges. Le cinquième tableau représente le passage du Rhin à Tolhuis, la prise de Maastricht et la fuite de la flotte hollandaise en Amérique. Le sixième tableau décrit l'alliance de l'Allemagne, de l'Espagne et de la Hollande contre la France. Le septième tableau montre la soumission rapide de la Franche-Comté malgré l'opposition des Saisons, regrettée par l'Espagne. Le huitième tableau illustre la prise de Gand, privant la Flandre de ses dernières espérances et influençant la politique espagnole. Enfin, le neuvième tableau représente la désunion de la Hollande avec l'Espagne et l'Allemagne, la Hollande acceptant la paix offerte par Louis XIV.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 163-169
A MADEMOISELLE D'ORVILLE. STANCES.
Début :
Vous avez esté si satisfaite de divers Ouvrages galans que / Iris, sortez de vostre Cage. [...]
Mots clefs :
Iris, Dieu, Sagesse, Repos, Péril, Aventure, Hommage, Ennemis, Amants, Appas
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texteReconnaissance textuelle : A MADEMOISELLE D'ORVILLE. STANCES.
Vous avez efté fi fatisfaite
de divers Ouvrages galans
que je vous ay envoyez, de
M' Vignier de Richelieu ,,
que je croirois vous priver
d'un grand plaifir , fi je négligeois
de vous faire part
des Vers qu'il a fairs pour
une tres - aimable Demoilelle,
qu'il preffe de fortir d'une
Maifon qui menace rüine ,
O ij
164 MERCURE
& où il croit
qu'elle ne peutdemeurer
fans un peril évident
. Voicy ce qu'il luy écrit.
$2: 5$52525:
5225555
A
MADEMOISELLE
D'ORVILLE .
I
STANCE S.
Ris , fortez de voftre Cage,
Ne
demeurez plus dans un Lien,
Oufans
l'affiftance de Dieu,
Vous estes tous lesjours prefte à plier
bagage.
Sa
f
Voyez quelle est vostre conduite,
De voir les Rats quitter leurs trous
Et n'ofer demeurer chés vous ,
GALANT. 165
Et de ne vouloir pas profiter de leur
fuite.
SS
Encor fi vouspechiez en âge,
Vous auricz un peu moins de tort
Maiscen'estpas estrefort fage,
Que d'estrè belle &jeune , & d'avancerfa
mort..
SS
Connoiffant le perilfi proche,
Pouvez- vous dormir en repos,
Et penfiz- vous que vostre des
Soitpour vous garantir, ou de bronze,
oa de roche?
S&
Confiderant cette avanture,
Tout le monde fera d'accort,
Que vous avezun efprit fort,
Mais que vous n'avezpas la cervelle
affez dure.
166 MERCURE
$2
Des Vertus vous estes l'exemple,
Maispour dire la verité,
On ne peutfans temerité,
Vous aller rendre hommage en vostre
frelle Temple.
Sa
Voulez- vous eftre l'homicide
De vous mefme & de vos amis,
Ou fi c'est à vos Ennemis ,
Que vous dreffez ce piége enfaisant
L'Intrépide?
SS
C'eft une chofe pitoyable ,
Qu'ilfautpour vous voirfeurement,
Se confeffer dévotement,
Et fe mettre en état de n'aller pas au-
Diable.
S2
Il eft auffi fort néceſſaire,
GALANT. 167
Qu'étant de touspechez abſous,
Ceux qui veulent aller chez vous,.
Pourfaire Teftament appellent icur
Notaire.
$2
Tel cft charmé de vos æillades ,
Qui craintfort voftre bebergemět,
Et quiferoitfon logement,
Plutoft fur un Rampart au feu des
Moufquetades.
S&
Si vous y restezparfineſſe,
Et pour éprouver un Amant,
Une vifite d'un moment,
Vous marquerafans doute un grand
fonds de tendreffe .
S&
Ah, quelle nouvelle fatale,
Si quelqu'unme difoit dans peu,
Iris fans manquer àſon væu,
Vient d'eftre enfevelie ainſi qu'une
Veftale!
168 MERCURE
Se
Cette beauté qu'on idolâtre,
Ge teint de Rofes & de Lys,
Pourroient- ils dans un tel débris
Conferver leur éclat fous des monscaux
de plâtre?
$ 2
Non , dans un étatfifunefte,
On ne vous reconnoistreitpar
Et de tant de charmans appas
Eft- ce là , direit- on , est- ce là ce qui
refte?
22
Maistouché de vostre merite,
Et tout penetré de douleur,
Suivant le panchant de mon coeur,
l'irais vous retrouverfur les bords du
. Cocyte.
$2
Devoftre mort& de la mienne,
Arreſtez
GALANT. 169
Arreftez le coup mal- heureux ;
Iris , quelque tard qu'elle vierne,
Cefera trop toftpour nous deux.
VIGNIER.
de divers Ouvrages galans
que je vous ay envoyez, de
M' Vignier de Richelieu ,,
que je croirois vous priver
d'un grand plaifir , fi je négligeois
de vous faire part
des Vers qu'il a fairs pour
une tres - aimable Demoilelle,
qu'il preffe de fortir d'une
Maifon qui menace rüine ,
O ij
164 MERCURE
& où il croit
qu'elle ne peutdemeurer
fans un peril évident
. Voicy ce qu'il luy écrit.
$2: 5$52525:
5225555
A
MADEMOISELLE
D'ORVILLE .
I
STANCE S.
Ris , fortez de voftre Cage,
Ne
demeurez plus dans un Lien,
Oufans
l'affiftance de Dieu,
Vous estes tous lesjours prefte à plier
bagage.
Sa
f
Voyez quelle est vostre conduite,
De voir les Rats quitter leurs trous
Et n'ofer demeurer chés vous ,
GALANT. 165
Et de ne vouloir pas profiter de leur
fuite.
SS
Encor fi vouspechiez en âge,
Vous auricz un peu moins de tort
Maiscen'estpas estrefort fage,
Que d'estrè belle &jeune , & d'avancerfa
mort..
SS
Connoiffant le perilfi proche,
Pouvez- vous dormir en repos,
Et penfiz- vous que vostre des
Soitpour vous garantir, ou de bronze,
oa de roche?
S&
Confiderant cette avanture,
Tout le monde fera d'accort,
Que vous avezun efprit fort,
Mais que vous n'avezpas la cervelle
affez dure.
166 MERCURE
$2
Des Vertus vous estes l'exemple,
Maispour dire la verité,
On ne peutfans temerité,
Vous aller rendre hommage en vostre
frelle Temple.
Sa
Voulez- vous eftre l'homicide
De vous mefme & de vos amis,
Ou fi c'est à vos Ennemis ,
Que vous dreffez ce piége enfaisant
L'Intrépide?
SS
C'eft une chofe pitoyable ,
Qu'ilfautpour vous voirfeurement,
Se confeffer dévotement,
Et fe mettre en état de n'aller pas au-
Diable.
S2
Il eft auffi fort néceſſaire,
GALANT. 167
Qu'étant de touspechez abſous,
Ceux qui veulent aller chez vous,.
Pourfaire Teftament appellent icur
Notaire.
$2
Tel cft charmé de vos æillades ,
Qui craintfort voftre bebergemět,
Et quiferoitfon logement,
Plutoft fur un Rampart au feu des
Moufquetades.
S&
Si vous y restezparfineſſe,
Et pour éprouver un Amant,
Une vifite d'un moment,
Vous marquerafans doute un grand
fonds de tendreffe .
S&
Ah, quelle nouvelle fatale,
Si quelqu'unme difoit dans peu,
Iris fans manquer àſon væu,
Vient d'eftre enfevelie ainſi qu'une
Veftale!
168 MERCURE
Se
Cette beauté qu'on idolâtre,
Ge teint de Rofes & de Lys,
Pourroient- ils dans un tel débris
Conferver leur éclat fous des monscaux
de plâtre?
$ 2
Non , dans un étatfifunefte,
On ne vous reconnoistreitpar
Et de tant de charmans appas
Eft- ce là , direit- on , est- ce là ce qui
refte?
22
Maistouché de vostre merite,
Et tout penetré de douleur,
Suivant le panchant de mon coeur,
l'irais vous retrouverfur les bords du
. Cocyte.
$2
Devoftre mort& de la mienne,
Arreſtez
GALANT. 169
Arreftez le coup mal- heureux ;
Iris , quelque tard qu'elle vierne,
Cefera trop toftpour nous deux.
VIGNIER.
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Résumé : A MADEMOISELLE D'ORVILLE. STANCES.
Une lettre est adressée à une demoiselle d'Orville pour lui transmettre des vers écrits par M. Vignier de Richelieu. L'auteur exprime une inquiétude concernant la maison de la demoiselle, qui menace de ruine et représente un danger imminent. Les vers mettent en garde la demoiselle contre ce péril et l'encouragent à quitter les lieux. L'auteur utilise des métaphores, comme celle des rats quittant leurs trous, pour illustrer la nécessité de partir. Il souligne que, malgré sa jeunesse et sa beauté, la demoiselle court un risque en restant dans cette maison. Les vers évoquent les vertus de la demoiselle mais insistent sur le danger de rester dans un lieu en péril. L'auteur exprime sa crainte qu'elle ne soit victime d'un accident fatal et la supplie d'arrêter le 'coup mal-heureux' en quittant les lieux avant qu'il ne soit trop tard.
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3
p. 1-14
POEME SUR LA GRACE, A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Début :
Est-ce une Loi du Ciel vangeur de nos forfaits, [...]
Mots clefs :
Ciel, Coeur, Innocence, Repos, Paix, Homme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POEME SUR LA GRACE, A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
POEME
SUR LA GRACE,
A MONSEIGNEUlt
LE DAUPHIN.
JEsc-ce
une Loi du Ciel
vangeur de nos forfaits,
Que l'Homme ignore ici
le repos& la paix?
Miierable joüet de son
desordre extrême,
Contre luichaque jour il
s'irrite lui-même:
S'il combat son penchant,
quels penibles efforts:
S'il ose lui ceder, quels
effrayans remors :
A ces maux condamne
même avant que de
naître,
Il commence à souffrir dés
qu'il peut se connoître.
Faut-il que malgrélui,
coupable infortuné,
Il expie envivant le crime
d'être ne !
Helas! lorsqu'il le perd
dans les routes du vice,
Tremblant il sent qu'il
marche au bord du
précipice
Pour rassurer son coeur,
n'at-il point de secours?
0 raifàn) de les maux
viens terminer le cours.
Mais quoi! loin de cal-
-
mer la frayeur qui le
trouble,
Son desespoir s'aigrit, ôc
sa crainte redouble,
Lorsqu'à ses tristes yeux
que tu viens éclairer,
Tu montres des périls
qu'ilvoudrait ignorer.
Ainsi quand sur les Mers
où fondentlesnuages,
Luttentcontre les Eaux
les Vents & les Orages,
Que les flotsà grand bruit
s'élancent dans les Airs,
Et du poids de leurchûte
ébranlent les Enfers;
Si dans le Ciel obscur,ou
toutfuit à sa vue,
Le Pilote effrayé voit s'enflammer
le Nuë;
Ce feu, qui fend la nuit
sur les ilôts en fureur,
Eclairant lepéril,en augmente
l'horreur.
Quoi ? tel que ce Nocher
1 qui voisin du naufrage,
Aprés de vains efforts s'a-
I bandonne à l'orage,
Faut-il que l'Homme foi-
", ble,& las de resiller
S'abandonne , aux périls
1 qu'il ne peut éviter
Grand DIEu) pour son
salut ta main eH: toûjours
prête ; Tu fais trouver le calme
au sein de la tempête :
Heureux, qui de Toi seul
attend tout son secours!
L'innocence & la paix accompagnent
ses jours.
Exempt des soins cruels
dont l'impie efl: la
proye,
Rien ne sçauroit tarir la
fouirce de sa joye;
Son cæur ne forme point
d'inutiles desirs,
Et jamais le remords ne
corrompt ses plaisirs.
Un reste du penchantqui
l'attache à la Terre,
Malgré lui quelquefois lui
livre encor la guerre:
Mais sans chercher ici des
jours pleins & conrens)
Comme un point insensi.
ble il regarde le tems.
Assuré du repos que son
exil differe)
Son coeur jouit déja du
bonheur qu'il espere)
Et loinde fuir l'instant
qui doit finir ses jours,
De l'avenir trop lent ses
voeux hâtent le cours.
Douce & charmante paix
qu'inspirel'innocence,
Des travaux les plus longs
trop chere recompense)
A l'Hommeimpatient
coûtez-vous tant d'efforts?
Peut-il à vos douceurs
préferer ses remords?
Mais de moncoeur 3dit-iî^
je ne fuis point le
maître:
Dans ce. coeur corrompu
la Vertu ne peut naître:
C'est un champ inutile en
son aridité,
Ravagé par les feux de la
cupidités -
Vaine excuse ! attend tout
de ce champ si sterile ;
Le Ciel y verse encor une
grâce fertile.
Lorsquun Soleil ardent a
brûlé les côteaux,
A séché les moissons) a
fait tarir les eaux;
Si dans l'aride foisde la
Terre embrasée,
Le Ciel répand sur elle
une rendre rosée,
On voit en même remps,
ou tout (embloit
mourir,
Dans les Prez émaillez
les gazons refleurir,
Dans les Bois les rameaux
reprendre leur verdure,
Et partout dans les châps
renaître la Nature.
Ainsi se répandant sur un
coeur desseché
9J
La Grâceéteint les feux
qu'y porta le peché:
Et dans ce champfécond
sa divine influence
Fait germer les Vertus de
fleurir l'innocence.
Par cet heureux lecours
qu'il accorde aux
Humains,
Mortel, le Ciel a mis ton'
Salut dans tes mains.
Mais,ô funesteeffet d'une
indigne moleffe!
En vain pour ton bonheur
la bonté l'interesse
:
A ta foiblesse en vain il
prête ion appui;
Quand il fait tout pour
toi, tu ne fais rien
pour lui.
Que servent les remors de
ton Ameinfidelle?
Rien ne sçauroitfléchir
ta volonté rebelle.
Si par la vérité confondu
quelquefois,
Tu rentres dans la route
où t'appelle sa voix,
La
, quoique détrompé
du monde&de sa
gloire,
L'objet quit'a réduit flatte
encor ta memoire.
Entre un devoir austere
6e l'amour des plaiurs
Ton coeur flotte incertain
de ses propres
desirs.
Facile à ton penchant,
fidele à la Justice,
Tu voudroisallier l'innocence
& le vice,
Et toûjours parragé dans.
tes voeux impuissans,
Contenter à la fois ta raison
& tes sens.
Vainement, aveuglé par
l'erreur qui t'abuse,
Tu crois sur ta foiblesse
appuyer ton exeuse.
Tu sens tes passions, qui
t'entraînent toujours;
Maisce sens-tu forcé de
ceder à leur cours?
Quel que soit le pouvoir
d'une pente si forte,
Resiste, ôc tu vaincras l-e
penchant qui t'emporte.
Au sein des passions,
l'Homme voluptueux
Est un nageur que porte
un fleuveimpetueux:
S'il oppose au courant sa
force lX,[on courage,
Malgré l'effort des eaux,
il abordeau rivage;
A ses bras languissanss'il
permet le repos,
Ilcède au cours de ronde,
entraîné par les flots.
En saveur de mon Z(.le excuse
mon auiace,
PRlNCEs* tesjeux
ma plume ose peindre
la Grace.
Heureux ! si, tetraçant Jes
mouvement Jivers-,
Tels qu'ils sont dans ton
- coeurytu les Jem dans
mes Vers.
SUR LA GRACE,
A MONSEIGNEUlt
LE DAUPHIN.
JEsc-ce
une Loi du Ciel
vangeur de nos forfaits,
Que l'Homme ignore ici
le repos& la paix?
Miierable joüet de son
desordre extrême,
Contre luichaque jour il
s'irrite lui-même:
S'il combat son penchant,
quels penibles efforts:
S'il ose lui ceder, quels
effrayans remors :
A ces maux condamne
même avant que de
naître,
Il commence à souffrir dés
qu'il peut se connoître.
Faut-il que malgrélui,
coupable infortuné,
Il expie envivant le crime
d'être ne !
Helas! lorsqu'il le perd
dans les routes du vice,
Tremblant il sent qu'il
marche au bord du
précipice
Pour rassurer son coeur,
n'at-il point de secours?
0 raifàn) de les maux
viens terminer le cours.
Mais quoi! loin de cal-
-
mer la frayeur qui le
trouble,
Son desespoir s'aigrit, ôc
sa crainte redouble,
Lorsqu'à ses tristes yeux
que tu viens éclairer,
Tu montres des périls
qu'ilvoudrait ignorer.
Ainsi quand sur les Mers
où fondentlesnuages,
Luttentcontre les Eaux
les Vents & les Orages,
Que les flotsà grand bruit
s'élancent dans les Airs,
Et du poids de leurchûte
ébranlent les Enfers;
Si dans le Ciel obscur,ou
toutfuit à sa vue,
Le Pilote effrayé voit s'enflammer
le Nuë;
Ce feu, qui fend la nuit
sur les ilôts en fureur,
Eclairant lepéril,en augmente
l'horreur.
Quoi ? tel que ce Nocher
1 qui voisin du naufrage,
Aprés de vains efforts s'a-
I bandonne à l'orage,
Faut-il que l'Homme foi-
", ble,& las de resiller
S'abandonne , aux périls
1 qu'il ne peut éviter
Grand DIEu) pour son
salut ta main eH: toûjours
prête ; Tu fais trouver le calme
au sein de la tempête :
Heureux, qui de Toi seul
attend tout son secours!
L'innocence & la paix accompagnent
ses jours.
Exempt des soins cruels
dont l'impie efl: la
proye,
Rien ne sçauroit tarir la
fouirce de sa joye;
Son cæur ne forme point
d'inutiles desirs,
Et jamais le remords ne
corrompt ses plaisirs.
Un reste du penchantqui
l'attache à la Terre,
Malgré lui quelquefois lui
livre encor la guerre:
Mais sans chercher ici des
jours pleins & conrens)
Comme un point insensi.
ble il regarde le tems.
Assuré du repos que son
exil differe)
Son coeur jouit déja du
bonheur qu'il espere)
Et loinde fuir l'instant
qui doit finir ses jours,
De l'avenir trop lent ses
voeux hâtent le cours.
Douce & charmante paix
qu'inspirel'innocence,
Des travaux les plus longs
trop chere recompense)
A l'Hommeimpatient
coûtez-vous tant d'efforts?
Peut-il à vos douceurs
préferer ses remords?
Mais de moncoeur 3dit-iî^
je ne fuis point le
maître:
Dans ce. coeur corrompu
la Vertu ne peut naître:
C'est un champ inutile en
son aridité,
Ravagé par les feux de la
cupidités -
Vaine excuse ! attend tout
de ce champ si sterile ;
Le Ciel y verse encor une
grâce fertile.
Lorsquun Soleil ardent a
brûlé les côteaux,
A séché les moissons) a
fait tarir les eaux;
Si dans l'aride foisde la
Terre embrasée,
Le Ciel répand sur elle
une rendre rosée,
On voit en même remps,
ou tout (embloit
mourir,
Dans les Prez émaillez
les gazons refleurir,
Dans les Bois les rameaux
reprendre leur verdure,
Et partout dans les châps
renaître la Nature.
Ainsi se répandant sur un
coeur desseché
9J
La Grâceéteint les feux
qu'y porta le peché:
Et dans ce champfécond
sa divine influence
Fait germer les Vertus de
fleurir l'innocence.
Par cet heureux lecours
qu'il accorde aux
Humains,
Mortel, le Ciel a mis ton'
Salut dans tes mains.
Mais,ô funesteeffet d'une
indigne moleffe!
En vain pour ton bonheur
la bonté l'interesse
:
A ta foiblesse en vain il
prête ion appui;
Quand il fait tout pour
toi, tu ne fais rien
pour lui.
Que servent les remors de
ton Ameinfidelle?
Rien ne sçauroitfléchir
ta volonté rebelle.
Si par la vérité confondu
quelquefois,
Tu rentres dans la route
où t'appelle sa voix,
La
, quoique détrompé
du monde&de sa
gloire,
L'objet quit'a réduit flatte
encor ta memoire.
Entre un devoir austere
6e l'amour des plaiurs
Ton coeur flotte incertain
de ses propres
desirs.
Facile à ton penchant,
fidele à la Justice,
Tu voudroisallier l'innocence
& le vice,
Et toûjours parragé dans.
tes voeux impuissans,
Contenter à la fois ta raison
& tes sens.
Vainement, aveuglé par
l'erreur qui t'abuse,
Tu crois sur ta foiblesse
appuyer ton exeuse.
Tu sens tes passions, qui
t'entraînent toujours;
Maisce sens-tu forcé de
ceder à leur cours?
Quel que soit le pouvoir
d'une pente si forte,
Resiste, ôc tu vaincras l-e
penchant qui t'emporte.
Au sein des passions,
l'Homme voluptueux
Est un nageur que porte
un fleuveimpetueux:
S'il oppose au courant sa
force lX,[on courage,
Malgré l'effort des eaux,
il abordeau rivage;
A ses bras languissanss'il
permet le repos,
Ilcède au cours de ronde,
entraîné par les flots.
En saveur de mon Z(.le excuse
mon auiace,
PRlNCEs* tesjeux
ma plume ose peindre
la Grace.
Heureux ! si, tetraçant Jes
mouvement Jivers-,
Tels qu'ils sont dans ton
- coeurytu les Jem dans
mes Vers.
Fermer
Résumé : POEME SUR LA GRACE, A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Le poème 'Sur la Grâce' est destiné au Dauphin et traite de la condition humaine marquée par le désordre et la souffrance. L'homme y est décrit comme un être tourmenté, oscillant entre la lutte contre ses penchants et les remords qui suivent la capitulation. Dès la naissance, il est condamné à souffrir, conscient de ses fautes. Le poème met en avant la grâce divine comme unique recours pour apaiser les maux humains. Dieu est présenté comme celui qui peut apporter le calme au milieu des tempêtes de la vie. L'innocence et la paix accompagnent ceux qui placent leur espoir en Dieu, exempts des tourments qui accablent les impies. Cependant, le cœur humain, corrompu par la cupidité, semble incapable de générer la vertu par lui-même. La grâce divine peut néanmoins transformer même les cœurs les plus arides, faisant fleurir les vertus et l'innocence. Le poème conclut en exhortant l'homme à résister à ses passions et à chercher la grâce divine pour son salut, malgré la faiblesse et l'incertitude humaines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. [1903]-1912
PORTRAIT DE L'HOMME.
Début :
Las de perdre le tems à lire des Volumes, [...]
Mots clefs :
Homme, Repos, Âme, Coeur, Yeux
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texteReconnaissance textuelle : PORTRAIT DE L'HOMME.
PORTRAIT,
ZOON
DE L'HOMME.
As de perdre le tems à lire des Volu
mes ,
Et de gâter fans fin du papier & desi
plumes ,
Pour conferver les yeux que le Ciel t'a donnés
Abandonne , Daphnis , tęs travaux obftinés.
Il vaut mieux déformais embraffer une étude
Qui donne plus de fruit & moins d'inquiétude
A ij Les
1904 MERCURE DE FRANCE
Les Auteurs ont des fens où l'on ne peut entrer
Et des nuits que l'efprit ne fçauroit penetrer ;
Plus on devient fçavant , plus on eft plein de
doutes ;
On s'égare enchemin , pour avoir tro p de routes
Et loin de parvenir jufqu'à la verité ,
On s'éloigne , on fe perd à force de clarté.
Permets que l'homme feul foit l'objet de tes veilles
;
Contemple la Nature , admires ſes merveilles
Et comparant enſemble & fes biens & ſes maux
Juge de fa grandeur même par fes défauts.
Je vais , pour applanir cette rude carriere ,
T'ébaucher de mes Vers l'importante matiere,
L'homme eft un noeud fubtil , dont fans un grand
Lecours ,
€
On ne peut demêler les plis & les detours ;;
On ne fçauroit à fond tracer fon caractere ;
Tout au dedans eft nuit , tout au dehors mistere;
Il fe cherche , il s'évite , il s'aime , il fe deplaît ,
Et lorfqu'il s'examine , il ne fçait ce qu'il eft.
Il fent bien toutes fois que dans fon ame impure
It conferve l'inftinct d'une heureuſe nature >
fes momens reveillent tous dans fon coeur
que
Les reftes d'un état qui fut plein de bonheur.
Rien ne peut arracher du ſein de fa mémoire
Les marques du débris de fa premiere gloire ;
Un veftige leger , un fillon délicat
Lui préfente toujours l'ombre de cet étag ;
Et
Ses
SEPTEMBRE. 1730. 1905
Ses fens ingénieux à réparer fa perte
Font paffer mille objets dans fon ame deferte
Joindre à fon Etre feul tous les Etres divers ,
Et dans ce petit monde entrer tout l'Univers .
Mais par Les
propres fens , fon ame mal fervic
Ne trouve point de bien qui borne ſon envie.
Ils ont beau fe charger de la Terre & des Cieux
Pour tâcher de remplir ce vuide ſpacieux ,
Tout ce qui n'eft pas Dieu la laiffe toujours vuide
,
Et n'éteint point l'ardeur de fon défir avide :
Cette foif l'accompagne en tous lieux , en tous
tems
Et fes vaftes fouhaits ne font jamais contens.
Cependant, engagé dans une erreur extrême ,
Il fe croit tout rempli quand il l'eft de lui -même,'
Et que fa vanité par un foin decevant
Le fait grand à fes yeux & le groffit de vent.
Les Titres faftueux qu'il ente fur fon Etre
Lui cachent fa nature & le font méconnoître ;
C'eſt un maſque trompeur dont il fe contrefait ,
Et ce mafque eft pourtant ce qui le fatisfait.
On le voit quelquefois , erigeant fon idole ,
Promener fes grands noms de l'un à l'autre Pole
Et fans nul autre droit vouloir être adoré
De quiconque à fes yeux n'en eft pas honoré.
Mais qu'il tranche du grand , & qu'il faffe l'habile
,
D'abaiffer fa hauteur il n'eft que trop facile.
A j Qu'il
1906 MERCURE DE FRANCE
Qu'il porte fes regards dans cette immenſe Tour
Que le Soleil décrit en nous donnant le jour ;
Qu'il meſure des yeux ces machines roulantes
Qu'un luftre mandié rend claires & brillantes ,
Et qu'il compare enfin fous des yeux mieux ouverts
Ce qu'il a de matiere avec tout l'Univers ,
Que pourra - t'il alors à lui-même paroître
Qu'un âtome englouti dans l'ocean de l'être ?
Et qu'un ciron flottant entre le rien & Dieu
Dont la bonté l'a mis dans ce vafte milieu ?
Cet atôme orgueilleux , aidé d'autres atomes
Peut changer , dira-t'on , la face des Royaumes ,
Et quand rien ne s'oppofe à fon defir altier
On le voit décider du fort du monde entier.
Oui ; mais que fon pouvoir eft leger & fragile !
Un petit grain de fable , une vapeur fubtile ,
Que les yeux les plus fins ont peine à demêler ,
L'abat en un inftant , ou le fait chanceler.
C'eft en vain qu'élevé dans une haute place
Il brave des Deftins la fecrette menace ;
Une grimace , un mot le peut à tout propos
Enlever aux douceurs du plus profond repos.
Un fot que la Fortune a tiré de la bouë ,
Pour le faire monter au plus haut de ſa Rouë
Jure qu'il peut aller , fans changer de couleur ,
Du faîte de la gloire au comble du malheur ;
Mais fide l'embraffer la Fortune fe laffe ,
S'il
SEPTEMBRE. 1730. 1907
S'il fe voit accueilli de la moind re difgrace ,
Sa conftance peu propre à fouffrir un revers
Met fon coeur à la gêne , & ſa tête à l'envers. !
De quelque fermeté que l'homme foit capable
Un foufle le remuë , un accident l'accable ;
Il ne paroît conſtant dans ſa force d'efprit
Que dans des tems heureux , & lorfque tout lu
rit.
Pour fufpendre l'effort du plus rare génie ,
Je ne demande pas une force infinie ;
Tout ce qui vient heurter à la porte des fens
Peut rendre fes travaux ou vains ou languiffans;
Le voilà fur le point d'enfanter un miracle ;
Eh bien ! un Moucheron fans peine y met obſtacle
,
Et fon bourdonnement démontant fa raifon
L'oblige de quitter fa plume & fa maiſon .
Une ombre qui fuccede au faux jour qui l'éclaire
Le privant de l'aſpect de l'étoile Polaire ,
Il ne va qu'à tatons dans ſes raiſonnemens ;
L'amour propre toujours regle fes fentimens ;
Loin qu'un plaifir extrême arrête ſa pourſuite ,
Au lieu de s'y fixer , il en aime la fuite ,
Et les Jeux & les Ris ne lui font de beaux jours
Que parceque leur tems ne dure pas toujours.
Quand la douceur chez lui fans intervale abonde
,
Il ne fent point de gout au Nectar qui l'inonde
Un éclat vif & long importune fes yeux ,
A iiij
Un
1908 MERCURE DE FRANCE
Un chemin tout uni lui devient ennuyeux ;
Il veut trouver du haut & du bas dans la vie ;
Il veut que la clarté foit des ombres ſuivie ;
Et qu'un peu de travail ſe mêle à ſes plaifirs
,
Pour ranimer l'ardeur de fes mourans défirs.
Son coeur dans le repos ne trouve point de charmes
>
S'il n'eft le fruit tardif du trouble & des allarmes
,
Et la gloire pour lui ne peut avoir d'appas ,
S'il ne la voit briller au milieu des Combats.
Plus vite qu'un éclair , fans ceffe il paffe , il
erre ,
Du fouhait au dégoût , de la paix à la guerre ,
Le moindre paffe- temps étourdit fes regrets ,
Et le plus foible ennui rend fes plaifirs muets.
Un abord imprévu le releve ou l'opprime ;
Un trait inopiné le tue ou le ranime ;
Sa joye & fes plaifirs naiffent prefque de rien ,
peu de chofe fait ou fon mal ou fon bien .
Le jeune Licidas , vient de perdre ſa mere ;
Cette perte lui caufe une douleur amere :
Il eſt pâle , défait , il pouffe des fanglots ,
Et répand jour & nuit des larmes à grands
Et
flots ;
Si bien - tôt le hazard excite une cohuë
Qui l'oblige en paffant de détourner la vuë.
Ce foible amuſement fait taire fa douleur
Et
SEPTEMBRE. 1730. 1909
Et redonne à fon teint fa premiere couleur.
L'homme en fes changemens eft plus prompt
que la flamme ;
Il ne faut que toucher un reffort de fon ame ;
A cette heure'il eft doux , à cette autre il s'aid
grit ,
D'où lui vient cette humeur ? d'un petit tour
d'eſprit ;
Une fombre penfée , un bizare caprice ,
Altere fon vifage & le met au fupplice ;
Il n'eft point de penfée , il n'eft point de def
fein ,
Qu'un ombrage leger ne dérange foudain .
Il a beau confulter une glace polie ,
Il ne s'y voit jamais fans trouble & fans fo
lie
›
Et s'il découvre en lui quelqu'infenfible trait ,
D'une haute fageffe & d'un repos parfait ,
Sa raison dont la vuë en mille lieux guidée ,
Ne trouve point d'état fortable à cette idée ,
Reconnoît que fon coeur , dans les plus heureux
temps , (
Jouit d'une fortune expofées à equs vens.
Mais fon orgueil dément par fa délicateffe
L'aveu de fa raifon fur fa propre foibleffe
2
Et faſcinant les yeux par un charme trom
peur ,
Lui déguiſe un phantofme en folide bonheur,
Pour faire évanouir cette vaine chimere ,
A v E&
1910 MERCURE DE FRANCE
Et rendre à fes regards l'horreur de fa mifere
;
Il n'a qu'à rappeller la fuite de les jours ,
Et fe fuivre lui même en leur rapide cours ,
Il n'apporte en naiffant ni force ni fcience ,
Et fans en acquerir , il paffe fon enfance ;
La jeuneffe les livre à cent tyrans divers ,
Dont l'adreffe s'applique à lui cacher fes fers ;
Dans cet état fleuri fon coeur , fans le cons
noîrre ,
Change infenfiblement de prifon & de Maître
,
Et ne pouvant fouffrir qu'on lui faffe la Loi ,
Il obéït toujours , & n'eſt jamais à ſoi.
La colere l'émeût , le plaifir le chatouille ;
La vanité le flatte , & l'intrigue le broüille ;
Il s'éleve , il defcend , il s'écarte , il revient ;
A peine en même affiete uue heure le contient ;
Par la rapidité d'une invincible pente ;
Il fe laiffe entraîner vers l'objet qui le tente
Et donnant tout aux fens qu'il nourrit de
poiſon ,
Il prend ce qu'il lui plaît pour la droite raifon.
Que de faux préjugez , dans fon ame fé
duite ,
S'érigent fierement en régles de conduite !
Que d'épaiffes erreurs , & que d'entêtemens
Dérobent fa défaite aux plus forts argumens !
Il marche fans repos dans une nuit profonde ;
Il
SEPTEMBRE . 1730. 1911
Il flotte au gré des vens dans la Mer de ce
mónde
;
Tout eft écueil pour lui , tout lui fait avoüer
Qu'au moindre fort contraire il eft prêt d'é
chotier.
Quand il eft parvenu dans l'extrême vieilleffe ,
Ses défirs impuiffans atteſtent ſa foibleffe ;
Et de leurs doux objets ſe ſentant déſunir ;
Il s'y rattache encor par le reffouvenir.
Mais la Parque s'apprête à lever la barriere ;
Elle lui vient ouvrir une obfcure carriere ,
Dont l'immenſe étendue eft une éternité ,
Ou de malheurs affreux , ou de felicité.
Comment , regarde- t'il eft dangereux paffage
?
Quels Dieux invoque-t-il pour détourner l'orage
?
Helas prefque toujours on voit qu'en
étourdi ,
>
Faifant contre le Ciel le brave & le hardi ,
Et s'étant raffuré par ce vain artifice ,
La main devant les yeux , il court au préci
pice ,
Et d'un air intrépide , & fans étonnement ,
Va tenter le hazard de cet évenement.
C'eft de cette façon que l'homme Philofo
phe ,
Des malheurs de fa vie ourdit la Cataftrophe
,
Et que fans redouter fon Auteur ni fa fin ,
A vj
Il
1912 MERCURE DE FRANCE
Il fe livre aux rigueurs de fon dernier deftin.
Crains , Daphnis , d'encourir ce terrible défaſtre
;
La foi pour l'éviter nous fert de Phare &
d'Aftre ,
Elle démafqué l'homme & fon divin pinceau ,
Lui fait de fa nature un fidele Tableau.
Je devois l'emprunter pour t'en tracer l'image
;
Mais à ce foible effai , je borne mon ouvrage
,
Et je laiffe à ta main capable de travail ,
Le foin d'entrer un jour dans un plus long
détail.
Androl. Celeftin , âge de 87. ans.
ZOON
DE L'HOMME.
As de perdre le tems à lire des Volu
mes ,
Et de gâter fans fin du papier & desi
plumes ,
Pour conferver les yeux que le Ciel t'a donnés
Abandonne , Daphnis , tęs travaux obftinés.
Il vaut mieux déformais embraffer une étude
Qui donne plus de fruit & moins d'inquiétude
A ij Les
1904 MERCURE DE FRANCE
Les Auteurs ont des fens où l'on ne peut entrer
Et des nuits que l'efprit ne fçauroit penetrer ;
Plus on devient fçavant , plus on eft plein de
doutes ;
On s'égare enchemin , pour avoir tro p de routes
Et loin de parvenir jufqu'à la verité ,
On s'éloigne , on fe perd à force de clarté.
Permets que l'homme feul foit l'objet de tes veilles
;
Contemple la Nature , admires ſes merveilles
Et comparant enſemble & fes biens & ſes maux
Juge de fa grandeur même par fes défauts.
Je vais , pour applanir cette rude carriere ,
T'ébaucher de mes Vers l'importante matiere,
L'homme eft un noeud fubtil , dont fans un grand
Lecours ,
€
On ne peut demêler les plis & les detours ;;
On ne fçauroit à fond tracer fon caractere ;
Tout au dedans eft nuit , tout au dehors mistere;
Il fe cherche , il s'évite , il s'aime , il fe deplaît ,
Et lorfqu'il s'examine , il ne fçait ce qu'il eft.
Il fent bien toutes fois que dans fon ame impure
It conferve l'inftinct d'une heureuſe nature >
fes momens reveillent tous dans fon coeur
que
Les reftes d'un état qui fut plein de bonheur.
Rien ne peut arracher du ſein de fa mémoire
Les marques du débris de fa premiere gloire ;
Un veftige leger , un fillon délicat
Lui préfente toujours l'ombre de cet étag ;
Et
Ses
SEPTEMBRE. 1730. 1905
Ses fens ingénieux à réparer fa perte
Font paffer mille objets dans fon ame deferte
Joindre à fon Etre feul tous les Etres divers ,
Et dans ce petit monde entrer tout l'Univers .
Mais par Les
propres fens , fon ame mal fervic
Ne trouve point de bien qui borne ſon envie.
Ils ont beau fe charger de la Terre & des Cieux
Pour tâcher de remplir ce vuide ſpacieux ,
Tout ce qui n'eft pas Dieu la laiffe toujours vuide
,
Et n'éteint point l'ardeur de fon défir avide :
Cette foif l'accompagne en tous lieux , en tous
tems
Et fes vaftes fouhaits ne font jamais contens.
Cependant, engagé dans une erreur extrême ,
Il fe croit tout rempli quand il l'eft de lui -même,'
Et que fa vanité par un foin decevant
Le fait grand à fes yeux & le groffit de vent.
Les Titres faftueux qu'il ente fur fon Etre
Lui cachent fa nature & le font méconnoître ;
C'eſt un maſque trompeur dont il fe contrefait ,
Et ce mafque eft pourtant ce qui le fatisfait.
On le voit quelquefois , erigeant fon idole ,
Promener fes grands noms de l'un à l'autre Pole
Et fans nul autre droit vouloir être adoré
De quiconque à fes yeux n'en eft pas honoré.
Mais qu'il tranche du grand , & qu'il faffe l'habile
,
D'abaiffer fa hauteur il n'eft que trop facile.
A j Qu'il
1906 MERCURE DE FRANCE
Qu'il porte fes regards dans cette immenſe Tour
Que le Soleil décrit en nous donnant le jour ;
Qu'il meſure des yeux ces machines roulantes
Qu'un luftre mandié rend claires & brillantes ,
Et qu'il compare enfin fous des yeux mieux ouverts
Ce qu'il a de matiere avec tout l'Univers ,
Que pourra - t'il alors à lui-même paroître
Qu'un âtome englouti dans l'ocean de l'être ?
Et qu'un ciron flottant entre le rien & Dieu
Dont la bonté l'a mis dans ce vafte milieu ?
Cet atôme orgueilleux , aidé d'autres atomes
Peut changer , dira-t'on , la face des Royaumes ,
Et quand rien ne s'oppofe à fon defir altier
On le voit décider du fort du monde entier.
Oui ; mais que fon pouvoir eft leger & fragile !
Un petit grain de fable , une vapeur fubtile ,
Que les yeux les plus fins ont peine à demêler ,
L'abat en un inftant , ou le fait chanceler.
C'eft en vain qu'élevé dans une haute place
Il brave des Deftins la fecrette menace ;
Une grimace , un mot le peut à tout propos
Enlever aux douceurs du plus profond repos.
Un fot que la Fortune a tiré de la bouë ,
Pour le faire monter au plus haut de ſa Rouë
Jure qu'il peut aller , fans changer de couleur ,
Du faîte de la gloire au comble du malheur ;
Mais fide l'embraffer la Fortune fe laffe ,
S'il
SEPTEMBRE. 1730. 1907
S'il fe voit accueilli de la moind re difgrace ,
Sa conftance peu propre à fouffrir un revers
Met fon coeur à la gêne , & ſa tête à l'envers. !
De quelque fermeté que l'homme foit capable
Un foufle le remuë , un accident l'accable ;
Il ne paroît conſtant dans ſa force d'efprit
Que dans des tems heureux , & lorfque tout lu
rit.
Pour fufpendre l'effort du plus rare génie ,
Je ne demande pas une force infinie ;
Tout ce qui vient heurter à la porte des fens
Peut rendre fes travaux ou vains ou languiffans;
Le voilà fur le point d'enfanter un miracle ;
Eh bien ! un Moucheron fans peine y met obſtacle
,
Et fon bourdonnement démontant fa raifon
L'oblige de quitter fa plume & fa maiſon .
Une ombre qui fuccede au faux jour qui l'éclaire
Le privant de l'aſpect de l'étoile Polaire ,
Il ne va qu'à tatons dans ſes raiſonnemens ;
L'amour propre toujours regle fes fentimens ;
Loin qu'un plaifir extrême arrête ſa pourſuite ,
Au lieu de s'y fixer , il en aime la fuite ,
Et les Jeux & les Ris ne lui font de beaux jours
Que parceque leur tems ne dure pas toujours.
Quand la douceur chez lui fans intervale abonde
,
Il ne fent point de gout au Nectar qui l'inonde
Un éclat vif & long importune fes yeux ,
A iiij
Un
1908 MERCURE DE FRANCE
Un chemin tout uni lui devient ennuyeux ;
Il veut trouver du haut & du bas dans la vie ;
Il veut que la clarté foit des ombres ſuivie ;
Et qu'un peu de travail ſe mêle à ſes plaifirs
,
Pour ranimer l'ardeur de fes mourans défirs.
Son coeur dans le repos ne trouve point de charmes
>
S'il n'eft le fruit tardif du trouble & des allarmes
,
Et la gloire pour lui ne peut avoir d'appas ,
S'il ne la voit briller au milieu des Combats.
Plus vite qu'un éclair , fans ceffe il paffe , il
erre ,
Du fouhait au dégoût , de la paix à la guerre ,
Le moindre paffe- temps étourdit fes regrets ,
Et le plus foible ennui rend fes plaifirs muets.
Un abord imprévu le releve ou l'opprime ;
Un trait inopiné le tue ou le ranime ;
Sa joye & fes plaifirs naiffent prefque de rien ,
peu de chofe fait ou fon mal ou fon bien .
Le jeune Licidas , vient de perdre ſa mere ;
Cette perte lui caufe une douleur amere :
Il eſt pâle , défait , il pouffe des fanglots ,
Et répand jour & nuit des larmes à grands
Et
flots ;
Si bien - tôt le hazard excite une cohuë
Qui l'oblige en paffant de détourner la vuë.
Ce foible amuſement fait taire fa douleur
Et
SEPTEMBRE. 1730. 1909
Et redonne à fon teint fa premiere couleur.
L'homme en fes changemens eft plus prompt
que la flamme ;
Il ne faut que toucher un reffort de fon ame ;
A cette heure'il eft doux , à cette autre il s'aid
grit ,
D'où lui vient cette humeur ? d'un petit tour
d'eſprit ;
Une fombre penfée , un bizare caprice ,
Altere fon vifage & le met au fupplice ;
Il n'eft point de penfée , il n'eft point de def
fein ,
Qu'un ombrage leger ne dérange foudain .
Il a beau confulter une glace polie ,
Il ne s'y voit jamais fans trouble & fans fo
lie
›
Et s'il découvre en lui quelqu'infenfible trait ,
D'une haute fageffe & d'un repos parfait ,
Sa raison dont la vuë en mille lieux guidée ,
Ne trouve point d'état fortable à cette idée ,
Reconnoît que fon coeur , dans les plus heureux
temps , (
Jouit d'une fortune expofées à equs vens.
Mais fon orgueil dément par fa délicateffe
L'aveu de fa raifon fur fa propre foibleffe
2
Et faſcinant les yeux par un charme trom
peur ,
Lui déguiſe un phantofme en folide bonheur,
Pour faire évanouir cette vaine chimere ,
A v E&
1910 MERCURE DE FRANCE
Et rendre à fes regards l'horreur de fa mifere
;
Il n'a qu'à rappeller la fuite de les jours ,
Et fe fuivre lui même en leur rapide cours ,
Il n'apporte en naiffant ni force ni fcience ,
Et fans en acquerir , il paffe fon enfance ;
La jeuneffe les livre à cent tyrans divers ,
Dont l'adreffe s'applique à lui cacher fes fers ;
Dans cet état fleuri fon coeur , fans le cons
noîrre ,
Change infenfiblement de prifon & de Maître
,
Et ne pouvant fouffrir qu'on lui faffe la Loi ,
Il obéït toujours , & n'eſt jamais à ſoi.
La colere l'émeût , le plaifir le chatouille ;
La vanité le flatte , & l'intrigue le broüille ;
Il s'éleve , il defcend , il s'écarte , il revient ;
A peine en même affiete uue heure le contient ;
Par la rapidité d'une invincible pente ;
Il fe laiffe entraîner vers l'objet qui le tente
Et donnant tout aux fens qu'il nourrit de
poiſon ,
Il prend ce qu'il lui plaît pour la droite raifon.
Que de faux préjugez , dans fon ame fé
duite ,
S'érigent fierement en régles de conduite !
Que d'épaiffes erreurs , & que d'entêtemens
Dérobent fa défaite aux plus forts argumens !
Il marche fans repos dans une nuit profonde ;
Il
SEPTEMBRE . 1730. 1911
Il flotte au gré des vens dans la Mer de ce
mónde
;
Tout eft écueil pour lui , tout lui fait avoüer
Qu'au moindre fort contraire il eft prêt d'é
chotier.
Quand il eft parvenu dans l'extrême vieilleffe ,
Ses défirs impuiffans atteſtent ſa foibleffe ;
Et de leurs doux objets ſe ſentant déſunir ;
Il s'y rattache encor par le reffouvenir.
Mais la Parque s'apprête à lever la barriere ;
Elle lui vient ouvrir une obfcure carriere ,
Dont l'immenſe étendue eft une éternité ,
Ou de malheurs affreux , ou de felicité.
Comment , regarde- t'il eft dangereux paffage
?
Quels Dieux invoque-t-il pour détourner l'orage
?
Helas prefque toujours on voit qu'en
étourdi ,
>
Faifant contre le Ciel le brave & le hardi ,
Et s'étant raffuré par ce vain artifice ,
La main devant les yeux , il court au préci
pice ,
Et d'un air intrépide , & fans étonnement ,
Va tenter le hazard de cet évenement.
C'eft de cette façon que l'homme Philofo
phe ,
Des malheurs de fa vie ourdit la Cataftrophe
,
Et que fans redouter fon Auteur ni fa fin ,
A vj
Il
1912 MERCURE DE FRANCE
Il fe livre aux rigueurs de fon dernier deftin.
Crains , Daphnis , d'encourir ce terrible défaſtre
;
La foi pour l'éviter nous fert de Phare &
d'Aftre ,
Elle démafqué l'homme & fon divin pinceau ,
Lui fait de fa nature un fidele Tableau.
Je devois l'emprunter pour t'en tracer l'image
;
Mais à ce foible effai , je borne mon ouvrage
,
Et je laiffe à ta main capable de travail ,
Le foin d'entrer un jour dans un plus long
détail.
Androl. Celeftin , âge de 87. ans.
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Résumé : PORTRAIT DE L'HOMME.
Le texte 'Portrait, Zoön de l'Homme' examine la nature humaine complexe et contradictoire. L'auteur suggère de se concentrer sur l'étude de l'homme plutôt que de lire des ouvrages inutiles. Il observe que plus on acquiert de connaissances, plus on est rempli de doutes et on risque de s'égarer. L'homme est comparé à un nœud subtil, difficile à démêler, se cherchant et s'évitant à la fois. Il est sujet à des sentiments contradictoires, s'aimant et se déplaisant, et ignorant sa propre nature lorsqu'il s'examine. L'homme conserve un instinct de nature heureuse, mais ses sens ingénieux ne trouvent pas de bien qui satisfait son envie. Il est perpétuellement insatisfait et trompé par sa vanité. Il se croit grand et utilise des masques trompeurs pour se contrefaire. Bien qu'il puisse influencer le sort du monde, son pouvoir est fragile et peut être renversé par des accidents mineurs. L'homme est inconstant et changeant, passant rapidement du bonheur au malheur. Il est sujet à des humeurs capricieuses et trouve du charme dans le trouble et les alarmes. Sa raison est souvent troublée par des pensées légères. L'auteur conclut en recommandant la foi comme moyen d'éviter les malheurs de la vie et de tracer un portrait fidèle de la nature humaine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 1650-1653
LES CHARMES DU SOMMEIL, CANTATE.
Début :
Cessez, aimables jeux, cessez, charmants plaisirs, [...]
Mots clefs :
Aimable, Bonheur, Sommeil, Repos, Triomphe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES CHARMES DU SOMMEIL, CANTATE.
LES CHARMES DU SOMMEIL ,
CANTAT E.
Essez, aimables jeux , cessez ,charmants plaisirs
,
De vouloir dissiper l'ennui qui me dévore :
Vos soins flatteurs irritent mes soupirs,
Le sort m'a separé de l'objet que j'adore ,
Vos appas ne sçauroient exciter mes desirs :
C'est bien assés que je respire encore.
1
Toi qui sçais , par un songe aimable ,
Du sort adoucir la rigueur >
Et par une erreur agréable ,
Donner l'image du bonheur ,
Sommeil , fais à mon triste coeur
Goûter ce repos désirable.
1
Pour réparer les maux affreux
Dont toujours m'accable l'absence ;
Fais-moi jouir de la présence
De l'Objet de mes tendres voeux :
Viens m'assurer que sa constance
Egale celle de mes feux !
Toi
JUILLET.
1731. 1651
Toi qui sçais , par un songe aimable &c.
Tu m'entens ? tes Pavots se glissent dans mes
veines !
Eh quoy ? j'oublie en cet instant mes
peines !
Quel bonheur imprevu vient calmer mes tourmens
?
Où suis- je ? à mes regards Delphire se présente
Qu'elle a d'attraits , de graces , d'agré
ments ? 靠
Venus sortant des Eaux n'étoit pas si brillante
A tant de charmes ravissants
Si jusqu'ici mon coeur avoit été rebelle
Ah ! qu'il lui seroit doux , en cet heureux moment
,
De voler au devant d'une chaîne si belle
Sur ses pas , les fleurs et les fruits
S'empressent , à l'envi , d'éclore
De même qu'à l'aspect de Flore ,
Ou de Pomone , ils sont produits .
Les graces , les ris , la jeunesse ,
Qui la prennent pour leur Déesse ;
Par leurs danses , et par leurs jeux ,
Célebrent son retour heureux ,
Sur ces pas , les fleurs et les fruits &c .
Bij Elle
1652 MERCURE DE FRANCE
Elle approche , Bergers, du son de vos Musettes,
Ne faites plus retentir ces retraittes ;
Rossignols , cessez vôtre chant ;
Ruisseaux , murmurés doucement ;
Zephirs , n'agitez plus les fleurs de ces prairies !
Que tout respecte mon sommeil :
Qu'on ne m'enleve point , par un triste reveil ,'
Les douceurs infinies ,
Que me procure un précieux moment.
Helas ! mon aimable Sylvandre
Me dit-elle , sur moi , jettant un regard tendre ;
souffres pas seul un rigoureux tourment :
Depuis que le Destin barbare
Tu ne
Si cruellement nous sépare
Mes yeux n'ont pas cessé de répandre des pleurs
Loin d'apprendre tes maux avec indifference ,
Ton prompt retour et ta présence
Pourront seuls finir mes douleurs.
Triomphe, ta gloire est extrême:
Sommeil , que tes plaisirs sont doux?
L'amour doit en être jaloux ,
Il n'est pas plus charmant lui-même ;
Si tes biens durent peu d'instants,
S'ils ne sont qu'un flatteur mensonge;
Ceux d'amour passent comme un songe,
Et ne durent pas plus longtems.
TriomJUILLET.
1853
1731 .
Triomphe , ta gloire est extrême,
Lors même que ses injustices
Nous accablent de maux affreux ;
Malgré lui , malgré ses caprices ,
Tu peux encore nous rendre heureux,
Triomphe, ta gloire est extrême &c,
Par M. de Morand : mise en Musique
par M. la Combe Desroziers , Maître de
Musique de l'Académie d'Arles .
CANTAT E.
Essez, aimables jeux , cessez ,charmants plaisirs
,
De vouloir dissiper l'ennui qui me dévore :
Vos soins flatteurs irritent mes soupirs,
Le sort m'a separé de l'objet que j'adore ,
Vos appas ne sçauroient exciter mes desirs :
C'est bien assés que je respire encore.
1
Toi qui sçais , par un songe aimable ,
Du sort adoucir la rigueur >
Et par une erreur agréable ,
Donner l'image du bonheur ,
Sommeil , fais à mon triste coeur
Goûter ce repos désirable.
1
Pour réparer les maux affreux
Dont toujours m'accable l'absence ;
Fais-moi jouir de la présence
De l'Objet de mes tendres voeux :
Viens m'assurer que sa constance
Egale celle de mes feux !
Toi
JUILLET.
1731. 1651
Toi qui sçais , par un songe aimable &c.
Tu m'entens ? tes Pavots se glissent dans mes
veines !
Eh quoy ? j'oublie en cet instant mes
peines !
Quel bonheur imprevu vient calmer mes tourmens
?
Où suis- je ? à mes regards Delphire se présente
Qu'elle a d'attraits , de graces , d'agré
ments ? 靠
Venus sortant des Eaux n'étoit pas si brillante
A tant de charmes ravissants
Si jusqu'ici mon coeur avoit été rebelle
Ah ! qu'il lui seroit doux , en cet heureux moment
,
De voler au devant d'une chaîne si belle
Sur ses pas , les fleurs et les fruits
S'empressent , à l'envi , d'éclore
De même qu'à l'aspect de Flore ,
Ou de Pomone , ils sont produits .
Les graces , les ris , la jeunesse ,
Qui la prennent pour leur Déesse ;
Par leurs danses , et par leurs jeux ,
Célebrent son retour heureux ,
Sur ces pas , les fleurs et les fruits &c .
Bij Elle
1652 MERCURE DE FRANCE
Elle approche , Bergers, du son de vos Musettes,
Ne faites plus retentir ces retraittes ;
Rossignols , cessez vôtre chant ;
Ruisseaux , murmurés doucement ;
Zephirs , n'agitez plus les fleurs de ces prairies !
Que tout respecte mon sommeil :
Qu'on ne m'enleve point , par un triste reveil ,'
Les douceurs infinies ,
Que me procure un précieux moment.
Helas ! mon aimable Sylvandre
Me dit-elle , sur moi , jettant un regard tendre ;
souffres pas seul un rigoureux tourment :
Depuis que le Destin barbare
Tu ne
Si cruellement nous sépare
Mes yeux n'ont pas cessé de répandre des pleurs
Loin d'apprendre tes maux avec indifference ,
Ton prompt retour et ta présence
Pourront seuls finir mes douleurs.
Triomphe, ta gloire est extrême:
Sommeil , que tes plaisirs sont doux?
L'amour doit en être jaloux ,
Il n'est pas plus charmant lui-même ;
Si tes biens durent peu d'instants,
S'ils ne sont qu'un flatteur mensonge;
Ceux d'amour passent comme un songe,
Et ne durent pas plus longtems.
TriomJUILLET.
1853
1731 .
Triomphe , ta gloire est extrême,
Lors même que ses injustices
Nous accablent de maux affreux ;
Malgré lui , malgré ses caprices ,
Tu peux encore nous rendre heureux,
Triomphe, ta gloire est extrême &c,
Par M. de Morand : mise en Musique
par M. la Combe Desroziers , Maître de
Musique de l'Académie d'Arles .
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Résumé : LES CHARMES DU SOMMEIL, CANTATE.
Le texte 'Les Charmes du Sommeil' est une œuvre poétique exprimant le désir de l'auteur de trouver du repos et du réconfort dans le sommeil. L'auteur rejette les plaisirs et les jeux, car il est séparé de l'être aimé. Il invoque le sommeil pour adoucir sa souffrance et lui offrir un songe agréable où il pourrait jouir de la présence de Delphire, l'être aimé. Dans ce songe, Delphire apparaît resplendissante de charmes et de grâce. L'auteur imagine un monde où les fleurs et les fruits s'épanouissent à son approche, célébrant son retour. Delphire exprime son tourment et son désir de revoir l'auteur, affirmant que seul son retour pourra finir ses douleurs. Le texte oppose les plaisirs éphémères du sommeil à ceux de l'amour, soulignant que les biens du sommeil, bien que doux, ne durent qu'un instant. Cependant, le sommeil est présenté comme une source de triomphe et de bonheur, capable de rendre heureux malgré les injustices et les caprices de l'amour. L'œuvre est mise en musique par M. la Combe Desroziers, Maître de Musique de l'Académie d'Arles.
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6
p. 1928-1929
LE BAUDET ET LA JUMENT. FABLE.
Début :
Certain Baudet ambitieux, [...]
Mots clefs :
Baudet, Jument, Présomption , Conditions, Souche, Quinteux, Repos
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE BAUDET ET LA JUMENT. FABLE.
LE BAUDET ET LA JUMENT.
FABLE .
Certain Baudet ambitieux ,
Voulant établir sa noblesse ,
Vint offrir ses soins et ses voeux ;
'A Matrona , Jument que l'on nommoit Duchesse
( Duchesse par dérision
€
De sa vaine présomption. )
Il prit la résolution ,
De s'unir avec elle
Femme , disoit- il , d'un tel nom ,
Va changer ma condition
Et distinguer ma parentelle ;
Je puis faisant souche nouvelle ,
Avoir Mulets , non des Asnons ,
Casque en visiere et plume en tête .
Ils leveront la crête ,
Et porteront Caparagons ,)
Des Ecussons ,
Feront grand bruit , grands carillons ;
Auront des Charges dans l'Armée ,
Cela dit , à sa bien - aimée ,
Propose la conjonction ;
Martin est bien reçû , lors la conclusion
Se
A OUST. 3929 1731.
Se fait dans le même intervale ;
Baudet épouse la Cavalle ,
Ont ensemble petits Mulets ,
Mulet aîné , Mulets cadets ,
Aussi sots que leur pere ,
Et plus vains que leur mere
D'esprit quinteux ,
Tétus , hargneux ,
En trahison donnant ruades .
Faisant mille incartades ;
Mere et Mulets n'avoient que du mépris ,
Pour le papa Baudet , le meilleur des maris ,
S'il veut décider d'une affaire ,
Duchesse le fait taire ,
Lui disant , taisez - vous , Baudet ,
Laissez parler mon fils Mulet ,
Vous raisonnez comme une bête ;
Pauvre Baudet baisse la tête ,
Et maudit cent fois le moment ,
Qu'au lieu d'Anesse il prit Jument ;
Repos vaut mieux qu'honneur et que fortune ;
Qu'un chacun prenne sa chacune.
Van Rigyben,
FABLE .
Certain Baudet ambitieux ,
Voulant établir sa noblesse ,
Vint offrir ses soins et ses voeux ;
'A Matrona , Jument que l'on nommoit Duchesse
( Duchesse par dérision
€
De sa vaine présomption. )
Il prit la résolution ,
De s'unir avec elle
Femme , disoit- il , d'un tel nom ,
Va changer ma condition
Et distinguer ma parentelle ;
Je puis faisant souche nouvelle ,
Avoir Mulets , non des Asnons ,
Casque en visiere et plume en tête .
Ils leveront la crête ,
Et porteront Caparagons ,)
Des Ecussons ,
Feront grand bruit , grands carillons ;
Auront des Charges dans l'Armée ,
Cela dit , à sa bien - aimée ,
Propose la conjonction ;
Martin est bien reçû , lors la conclusion
Se
A OUST. 3929 1731.
Se fait dans le même intervale ;
Baudet épouse la Cavalle ,
Ont ensemble petits Mulets ,
Mulet aîné , Mulets cadets ,
Aussi sots que leur pere ,
Et plus vains que leur mere
D'esprit quinteux ,
Tétus , hargneux ,
En trahison donnant ruades .
Faisant mille incartades ;
Mere et Mulets n'avoient que du mépris ,
Pour le papa Baudet , le meilleur des maris ,
S'il veut décider d'une affaire ,
Duchesse le fait taire ,
Lui disant , taisez - vous , Baudet ,
Laissez parler mon fils Mulet ,
Vous raisonnez comme une bête ;
Pauvre Baudet baisse la tête ,
Et maudit cent fois le moment ,
Qu'au lieu d'Anesse il prit Jument ;
Repos vaut mieux qu'honneur et que fortune ;
Qu'un chacun prenne sa chacune.
Van Rigyben,
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Résumé : LE BAUDET ET LA JUMENT. FABLE.
La fable 'Le Baudet et la Jument' relate l'histoire d'un baudet ambitieux désirant établir sa noblesse en s'unissant à une jument nommée Duchesse, un titre moqueur soulignant sa vanité. Le baudet espère ainsi engendrer des mulets nobles et honorés, aptes à porter des armes et servir dans l'armée. La jument accepte, et leurs mulets naissent. Cependant, ces mulets se révèlent aussi stupides que leur père et plus vains que leur mère. Ils sont caractériels, têtus et hargneux, manquant de respect envers leur père. La jument et ses fils méprisent le baudet, le faisant taire et le rabaissant. Le baudet regrette alors son choix et maudit le moment où il a préféré la jument à une ânesse. La morale de la fable est que le repos vaut mieux que l'honneur et la fortune, et que chacun devrait choisir son partenaire avec sagesse.
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7
p. 981
AIR.
Début :
Voulez-vous me donner la mort, [...]
Mots clefs :
Jalousie, Repos
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR.
** ****
AIR.
VOulez-vous me donner la mort ,
Impitoyable jalousie ,
En troublant nuit etjour le repos de ma vie ?
Je sçaurai bien , sans vous , finir mon tristé sore
L'absence n'est que trop cruelle
Pour un Amant enflammé.
Je mourrai de langueur si j'aime une infidele,
Qu je mourrai d'ennui , quand je serois aimé.
AIR.
VOulez-vous me donner la mort ,
Impitoyable jalousie ,
En troublant nuit etjour le repos de ma vie ?
Je sçaurai bien , sans vous , finir mon tristé sore
L'absence n'est que trop cruelle
Pour un Amant enflammé.
Je mourrai de langueur si j'aime une infidele,
Qu je mourrai d'ennui , quand je serois aimé.
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8
s. p.
LE TRAVAIL. ODE.
Début :
Travail, qui sous un front sévére, [...]
Mots clefs :
Travail, Délivrance, Libre, Divinité, Héros, Repos, Patrie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE TRAVAIL. ODE.
LE TRAVAIL.
O D E.
Ravail , qui sous un front sévére ;
Es un puissant consolateur ;
En qui les Vertus ont un pere
Et les vices un destructeur,
Ferme soûtien des Républiques ,
Auteur de succès héroïques ,
Et dans la Guerre et dans la Paix ,
A ij Vien
I.Vol
522 MERCURE DE FRANCE
Vien polir toi-même l'image
Où ma main qui te rend hommage
Veut faire admirer tes attraits.
Ata noble perséverance
Les Dieux accordent leurs présens,
L'Homme te doit sa délivrance
De mille et mille maux cuisans.
En fruits aussi charmans qu'utiles
Les champs par ton moyenfertiles
Le sont pour combler ses desirs ?
Il vit libre sous ton Empire ,
Et de ta rigueur même il tire
L'abondance et les vrais plaisirs,
Si dans le crédit , la richesse ,
Il trouve du contentement
>
Bien souvent ce n'est qu'une yvresse
Qui se dissipe en un moment.
Foible , malgré sa vaine audace ,
Son cœur à la moindre disgrace
Par eux n'est point superieur ;
Et ces éclatantes chimeres
N'étouffent point de ses miseres
Le sentiment interieur.
1.Vol.
To
DECEMBRE 1732 2523
Toi seul , qui du Fer et des Roches
Sçais surmonter la dureté ,
Noble travail , tu te raproches
Du sort de la Divinité.
Toi seul as merité des Temples
A ces Heros dont les exemples
Feront honte à quiconque croit ,
Que la grandeur et l'opulence
De nous livrer à l'indolence
Peuvent nous acquerir le droit.
Elle est une source de vices , '
De nécessitez et d'ennuis.
Pour ceux queK ses fausses délices
Ont malheureusement séduits.
Des maux,fils de cette perfide ,
Chaque jour , la troupe homicide
Avance le coup d'Atropos ;
Et c'est elle qui dans nos ames
Allumant les desirs infames ,
En bannit l'innocent repos.
Oui , de ses délices fatales
Naissent pour nous couvrir d'affronts ,
Les crimes des Sardanapales ,
Des Ægystes et des Nerons.
Sur le bord des plus noirs abîmes
I. Vol.
A iij Elle
7514 232 MERCURE DE FRANCE
Elle endort ses lâches victimes,
Dignes d'un éternel mépris..
Vile Circé , son charme étrange
En Tirans haïssables change
Des Princes autrefois chéris.
Rappelons-nous l'impure vie ,
Par qui , bravant toutes les loix ,
L'éxécrable fils de Livie
Obscurcit ses premiers exploits.
Tibere en vain par sa vaillance
S'acquit d'abord la bienveillance
Et des étrangers et des siens ;
'Au changement qu'il fit paroître ,
Tous cesserent de reconnoître
Le vainqueur des Illyriens.
La gloire que vos cœurs souhaitent ,
Humains, est un bien qui n'est dû
Qu'aux grands courages, qui l'achetent
Au prix d'un travail assidu ;
Plus rare en effet , plus celébre
Que l'or qu'en ses eaux roule l'Ebre ,
Elle est bien digne de vos vœux ;
Des Heros elle est le partage ,
Et c'est le plus riche héritage
Qu'ils transmettent à leurs Neveux.
I.Vol
* Mais
DECEMBRE. 1732 2525,
Mais du moyen qui la procure
Souvent vous n'aimez que le nom :
Et vous vivez comme Epicure ,
En raisonnant comme Zenon ;
Fertiles en projets sublimes
En vain semblez-vous magnanimes ,
Si , trop prompts à se rebuter ,
Vos cœurs qu'assoupit la mollesse
Ne montrent que de la foiblesse
Quand il s'agit d'éxecuter.
Si content d'éblouir la Terre
Par quelques discours spécieux ,
Alcide n'eut pas fait la guerre
A cent monstres pernicieux ,
Au lieu d'un Heros intrépide
La terre Jadis dans Alcide
N'eut connu qu'un Sophiste vain
Et du méprisable vulgaire
Elle ne distingueroit guére
Cet Homme issu d'un sang divin.
Moins pour vivre dans les Histoires
Que pour secourir les Mortels
Il gagna d'illustres Victoires ;
Ils lui dresserent des Autels.
Sa vertu portée à détruire
I. Vol.
-Tout A iiij
2526 MERCURE DE FRANCE
Tout monstre qui pouvoit leur nuire
Se déclara par des effets ;
Et parcourant la Terre et l'Onde ,
Elle laissa dans tout le monde
Des Monumens de ses bienfaits.
Vous , qu'à l'abri de l'indigence
La Fortune semble avoir mis ,
Et qui pour vous pleins d'indulgence
Vous croyez tous plaisirs permis ,
Domtez un penchant détestable
Et par un travail profitable
Vous rendant dignes d'être heureux ;
Au Prince , au Peuple , à la Patrie ,
De vos soins , de votre industrie
Prêtez les secours généreux.
Et vous , sur qui les destinées
Ont éxercé plus de rigueur ,
De vos florissantes années
Mettez à profit la vigueur.
Songez que les remords d'Oreste ,
De Tantale l'état funeste ,
D'Irus la triste pauvreté ,
Sont l'image du sort tragique
Qu'à son esclave létargique ,
Ourdit sans fin l'oisiveté.
I. Vo
O D E.
Ravail , qui sous un front sévére ;
Es un puissant consolateur ;
En qui les Vertus ont un pere
Et les vices un destructeur,
Ferme soûtien des Républiques ,
Auteur de succès héroïques ,
Et dans la Guerre et dans la Paix ,
A ij Vien
I.Vol
522 MERCURE DE FRANCE
Vien polir toi-même l'image
Où ma main qui te rend hommage
Veut faire admirer tes attraits.
Ata noble perséverance
Les Dieux accordent leurs présens,
L'Homme te doit sa délivrance
De mille et mille maux cuisans.
En fruits aussi charmans qu'utiles
Les champs par ton moyenfertiles
Le sont pour combler ses desirs ?
Il vit libre sous ton Empire ,
Et de ta rigueur même il tire
L'abondance et les vrais plaisirs,
Si dans le crédit , la richesse ,
Il trouve du contentement
>
Bien souvent ce n'est qu'une yvresse
Qui se dissipe en un moment.
Foible , malgré sa vaine audace ,
Son cœur à la moindre disgrace
Par eux n'est point superieur ;
Et ces éclatantes chimeres
N'étouffent point de ses miseres
Le sentiment interieur.
1.Vol.
To
DECEMBRE 1732 2523
Toi seul , qui du Fer et des Roches
Sçais surmonter la dureté ,
Noble travail , tu te raproches
Du sort de la Divinité.
Toi seul as merité des Temples
A ces Heros dont les exemples
Feront honte à quiconque croit ,
Que la grandeur et l'opulence
De nous livrer à l'indolence
Peuvent nous acquerir le droit.
Elle est une source de vices , '
De nécessitez et d'ennuis.
Pour ceux queK ses fausses délices
Ont malheureusement séduits.
Des maux,fils de cette perfide ,
Chaque jour , la troupe homicide
Avance le coup d'Atropos ;
Et c'est elle qui dans nos ames
Allumant les desirs infames ,
En bannit l'innocent repos.
Oui , de ses délices fatales
Naissent pour nous couvrir d'affronts ,
Les crimes des Sardanapales ,
Des Ægystes et des Nerons.
Sur le bord des plus noirs abîmes
I. Vol.
A iij Elle
7514 232 MERCURE DE FRANCE
Elle endort ses lâches victimes,
Dignes d'un éternel mépris..
Vile Circé , son charme étrange
En Tirans haïssables change
Des Princes autrefois chéris.
Rappelons-nous l'impure vie ,
Par qui , bravant toutes les loix ,
L'éxécrable fils de Livie
Obscurcit ses premiers exploits.
Tibere en vain par sa vaillance
S'acquit d'abord la bienveillance
Et des étrangers et des siens ;
'Au changement qu'il fit paroître ,
Tous cesserent de reconnoître
Le vainqueur des Illyriens.
La gloire que vos cœurs souhaitent ,
Humains, est un bien qui n'est dû
Qu'aux grands courages, qui l'achetent
Au prix d'un travail assidu ;
Plus rare en effet , plus celébre
Que l'or qu'en ses eaux roule l'Ebre ,
Elle est bien digne de vos vœux ;
Des Heros elle est le partage ,
Et c'est le plus riche héritage
Qu'ils transmettent à leurs Neveux.
I.Vol
* Mais
DECEMBRE. 1732 2525,
Mais du moyen qui la procure
Souvent vous n'aimez que le nom :
Et vous vivez comme Epicure ,
En raisonnant comme Zenon ;
Fertiles en projets sublimes
En vain semblez-vous magnanimes ,
Si , trop prompts à se rebuter ,
Vos cœurs qu'assoupit la mollesse
Ne montrent que de la foiblesse
Quand il s'agit d'éxecuter.
Si content d'éblouir la Terre
Par quelques discours spécieux ,
Alcide n'eut pas fait la guerre
A cent monstres pernicieux ,
Au lieu d'un Heros intrépide
La terre Jadis dans Alcide
N'eut connu qu'un Sophiste vain
Et du méprisable vulgaire
Elle ne distingueroit guére
Cet Homme issu d'un sang divin.
Moins pour vivre dans les Histoires
Que pour secourir les Mortels
Il gagna d'illustres Victoires ;
Ils lui dresserent des Autels.
Sa vertu portée à détruire
I. Vol.
-Tout A iiij
2526 MERCURE DE FRANCE
Tout monstre qui pouvoit leur nuire
Se déclara par des effets ;
Et parcourant la Terre et l'Onde ,
Elle laissa dans tout le monde
Des Monumens de ses bienfaits.
Vous , qu'à l'abri de l'indigence
La Fortune semble avoir mis ,
Et qui pour vous pleins d'indulgence
Vous croyez tous plaisirs permis ,
Domtez un penchant détestable
Et par un travail profitable
Vous rendant dignes d'être heureux ;
Au Prince , au Peuple , à la Patrie ,
De vos soins , de votre industrie
Prêtez les secours généreux.
Et vous , sur qui les destinées
Ont éxercé plus de rigueur ,
De vos florissantes années
Mettez à profit la vigueur.
Songez que les remords d'Oreste ,
De Tantale l'état funeste ,
D'Irus la triste pauvreté ,
Sont l'image du sort tragique
Qu'à son esclave létargique ,
Ourdit sans fin l'oisiveté.
I. Vo
Fermer
Résumé : LE TRAVAIL. ODE.
Le poème 'Le Travail', publié dans le Mercure de France en décembre 1732, célèbre les vertus du travail, le présentant comme un puissant consolateur et un destructeur des vices. Le travail est décrit comme un soutien essentiel des républiques et comme l'auteur de succès héroïques, tant en temps de guerre qu'en temps de paix. Il permet de polir l'image du travail et de rendre hommage à ses attraits. Les dieux récompensent la noble persévérance, et l'homme doit au travail sa délivrance de nombreux maux. Les champs, fertilisés par le travail, comblent les désirs humains, offrant liberté et abondance. Cependant, la richesse et le crédit peuvent être éphémères et trompeurs, souvent sources de vices et d'ennuis. Le travail est comparé à une divinité capable de surmonter la dureté du fer et des roches, méritant des temples dédiés aux héros dont les exemples inspirent. La véritable gloire est acquise par un travail assidu et non par l'indolence. Les humains sont souvent attirés par le nom du travail sans en apprécier les efforts réels, vivant comme Épicure tout en raisonnant comme Zénon. Le poème met en garde contre la mollesse et l'incapacité à exécuter les projets, illustrant cela par l'exemple d'Hercule. Il encourage à utiliser la vigueur des jeunes années pour éviter les remords et la pauvreté, soulignant que l'oisiveté mène à un sort tragique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 2435-2438
Systême tiré de l'Ecriture Sainte sur la durée du Monde &c. [titre d'après la table]
Début :
SYSTEME tiré de l'Ecriture Sainte, sur la Durée du Monde, depuis le premier [...]
Mots clefs :
Semaines, Années, Monde, Avènement de Jésus-Christ, Repos, Durée, Fin du monde
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texteReconnaissance textuelle : Systême tiré de l'Ecriture Sainte sur la durée du Monde &c. [titre d'après la table]
SYSTEME tiré dell'Ecriture Sainte
sur la Durée du Monde , depuis le preşiler
Avénement de J. C. -jusqu'à là fin
Brj dés
2436 MERCURE DE FRANCE
des siècles. A Paris chez Huart , rue
S. Jacques in 12. 1733 .
Le dessein de l'Auteur est de nous
apprendre combien d'années le Monde
doit encore durer d'ici au Jugement
dernier. Avant que d'entrer en matiere
il examine une difficulté qu'il prévoit
que le titre de son Livre pourra faire
naître dans l'esprit des Lecteurs. Comment
entreprendre de fixer le nombre des années
de la Durée du Monde , après que J. C.
a prononcé que personne , si ce n'est le Pere
Céleste , ne sçait ni le jour ni l'heure de son
dernier Avénement ? Il fait voir que cette
parole exclut seulement une connoissance
absolument certaine du dernier jour ,
et qu'elle n'ôte à personne la liberté des
conjectures , fondées sur le Texte Sacré ;
et il prouve par l'exemple de plusieurs
Peres , qu'il a toujours été permis dans
l'Eglise d'user de cette liberté.
Il propose ensuite son Systême qui
'donne au Monde 2401. ans de durée
depuis le premier Avénement de J. C.
jusqu'au second. Voici comme il raisonne
pour appuyer cette conjecture. » La
» fin du Monde est le commencement
>> du grand repos dans lequel Dieu doït
>> entrer et faire entrer ses Elûs par le
ia second Avénement de J. C. et ce repos
NOVEMBRE. 1733 2437
celui
que
que
le pre-
» pos , aussi bien
» mier Avénement
a procuré aux ames
» fidelles dans la Loy de grace , étoit
» figuré par les différents Sabbats , ou
» repos des Juifs. Or ces repos , dont
» l'observance
étoit plus rigoureusement
» commandée
aux Juifs , terminoient
» pour la plupart le nombre septénai-
» re , soit de jours , soit de semaines ,
>> soit de mois , soit d'années , soit de » semaines d'années . Il faut donc
que
ce nombre mystérieux
de sept se retrouve
dans la chose figurée , comme
dans la figure ; c'est -à- dire , que le repos
et du premier et du second Avéhement
de J. C. vienne à la suite d'une
révolution
d'années , formé par le nombre
septénaire , depuis une certaine époque
et cette révolution
doit être égale
pour le , premier et pour le second Avés
nement. L'Auteur
prend pour premiere
époque le Déluge , ou plutôt la seconde
année après le Déluge , et comptant
delà jusqu'à la 37. année de J. C. inclusivement
, cet espace lui donne selón
le calcul de quelques Chronologistes
,
2401 ans, qui fone 343 semaines d'années.
Il réduit ces 343 semaines en d'au»
tres semaines , dont chacune est de sepa
semaines d'années. Sept semaines d'années.
2438 MERCURE DE FRANCE
nées font 49. ans. Ainsi une Semaine
composée de sept de ces semaines , fera
343. ans. Il fait ensuite sept semaines
de 343. ans chacune , ce qui lui donne
2401. ans. De toutes ces suppositions il
conclut qu'à compter depuis la 37. an
née de J. C. exclusivement jusqu'au
grand et éternel repos , qui doit commencer
à son second Avenement
doit y avoir 2401. ans. A ce compte,
la fin du Monde n'arrivera que d'ici à
700. ans .
sur la Durée du Monde , depuis le preşiler
Avénement de J. C. -jusqu'à là fin
Brj dés
2436 MERCURE DE FRANCE
des siècles. A Paris chez Huart , rue
S. Jacques in 12. 1733 .
Le dessein de l'Auteur est de nous
apprendre combien d'années le Monde
doit encore durer d'ici au Jugement
dernier. Avant que d'entrer en matiere
il examine une difficulté qu'il prévoit
que le titre de son Livre pourra faire
naître dans l'esprit des Lecteurs. Comment
entreprendre de fixer le nombre des années
de la Durée du Monde , après que J. C.
a prononcé que personne , si ce n'est le Pere
Céleste , ne sçait ni le jour ni l'heure de son
dernier Avénement ? Il fait voir que cette
parole exclut seulement une connoissance
absolument certaine du dernier jour ,
et qu'elle n'ôte à personne la liberté des
conjectures , fondées sur le Texte Sacré ;
et il prouve par l'exemple de plusieurs
Peres , qu'il a toujours été permis dans
l'Eglise d'user de cette liberté.
Il propose ensuite son Systême qui
'donne au Monde 2401. ans de durée
depuis le premier Avénement de J. C.
jusqu'au second. Voici comme il raisonne
pour appuyer cette conjecture. » La
» fin du Monde est le commencement
>> du grand repos dans lequel Dieu doït
>> entrer et faire entrer ses Elûs par le
ia second Avénement de J. C. et ce repos
NOVEMBRE. 1733 2437
celui
que
que
le pre-
» pos , aussi bien
» mier Avénement
a procuré aux ames
» fidelles dans la Loy de grace , étoit
» figuré par les différents Sabbats , ou
» repos des Juifs. Or ces repos , dont
» l'observance
étoit plus rigoureusement
» commandée
aux Juifs , terminoient
» pour la plupart le nombre septénai-
» re , soit de jours , soit de semaines ,
>> soit de mois , soit d'années , soit de » semaines d'années . Il faut donc
que
ce nombre mystérieux
de sept se retrouve
dans la chose figurée , comme
dans la figure ; c'est -à- dire , que le repos
et du premier et du second Avéhement
de J. C. vienne à la suite d'une
révolution
d'années , formé par le nombre
septénaire , depuis une certaine époque
et cette révolution
doit être égale
pour le , premier et pour le second Avés
nement. L'Auteur
prend pour premiere
époque le Déluge , ou plutôt la seconde
année après le Déluge , et comptant
delà jusqu'à la 37. année de J. C. inclusivement
, cet espace lui donne selón
le calcul de quelques Chronologistes
,
2401 ans, qui fone 343 semaines d'années.
Il réduit ces 343 semaines en d'au»
tres semaines , dont chacune est de sepa
semaines d'années. Sept semaines d'années.
2438 MERCURE DE FRANCE
nées font 49. ans. Ainsi une Semaine
composée de sept de ces semaines , fera
343. ans. Il fait ensuite sept semaines
de 343. ans chacune , ce qui lui donne
2401. ans. De toutes ces suppositions il
conclut qu'à compter depuis la 37. an
née de J. C. exclusivement jusqu'au
grand et éternel repos , qui doit commencer
à son second Avenement
doit y avoir 2401. ans. A ce compte,
la fin du Monde n'arrivera que d'ici à
700. ans .
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Résumé : Systême tiré de l'Ecriture Sainte sur la durée du Monde &c. [titre d'après la table]
Le texte décrit l'ouvrage 'SYSTEME tiré dell'Ecriture Sainte' publié en 1733 à Paris. L'auteur y développe sa théorie sur la durée du monde depuis la première venue du Christ jusqu'à la fin des siècles. Il aborde la difficulté posée par la parole de Jésus-Christ, qui affirme que seul le Père connaît le jour et l'heure du Jugement dernier. L'auteur soutient que cette parole n'exclut pas les conjectures basées sur les textes sacrés, citant des exemples de Pères de l'Église ayant utilisé cette liberté. L'auteur propose que le monde doit durer 2401 ans depuis la première venue du Christ jusqu'à la seconde. Il associe cette durée à la fin du monde et au commencement du grand repos divin et des élus, symbolisé par les sabbats juifs. Ces sabbats, souvent terminés après des périodes de sept jours, semaines, mois ou années, suggèrent une révolution septénaire. L'auteur choisit comme point de départ la seconde année après le Déluge et compte jusqu'à la 37ème année du Christ, totalisant 2401 ans selon certains chronologistes. Il divise ces années en semaines d'années et conclut que la fin du monde surviendra dans environ 700 ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 2878-2879
Jetton frappé pour les Officiers du Guet, [titre d'après la table]
Début :
Le Jetton dont nous donnons ici la Graveure a été frappé depuis peu pour [...]
Mots clefs :
Officiers du guet, Jeton, Castor et Pollux, Repos
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texteReconnaissance textuelle : Jetton frappé pour les Officiers du Guet, [titre d'après la table]
Le Jetton dont nous donnons ici la
Graveure a été frappé depuis peu pour
Mrs les Officiers du Guet. On y voit d'un
côté les Atmes du Comte de Maurepas
Ministre et Sécretaire d'Etat ; ces Officiers
ayant l'honneur d'être dans son Département
; et sur le Revers Castor et
Pollux , tels qu'on les voit representez
sur les Medailles Romaines , à cheval
avec une petite étoile chacun au - dessus
du Casque , et cette Legende ALMA
SIGNA QUIETIS , et dans l'Exe gue ,
OFFICIERS DU GUET 1733 .
,
On ne peut gueres voir de Type d'une
invention plus ingenieuse , et dont l'application
soit plus heureuse. Tout le
monde çait que Castor et Pollux étoient
des Divinitez Titulaires des Romains ,
lesquelles annonçoient leurs victoires , et
II. Vol. assuroicnr
DECEMBRE. 1733. 2879
assuroient le repos de la Ville. Leur constellation
étoit aussi le Symbole de la tranquillité
, sur tout dans la Navigation , ce
qui peut faire encore une juste allusion
avec la Nef que porte dans ses Armes la
Ville de Paris.
Ce Type enfin paroît d'autant mieux
convenir aux Officiers du Guet , que
l'ancien ordre de l'Etoile subsiste encore
dans leur Corps , qui est aussi celui qui
contribue le plus au repos et à la tran
quillité des Citoyens. Arrêté par l'Académie
Royale des Inscriptions et Belles
Lettres dans l'Assemblée tenue au
Louvre le 22 May 17 33 .
,
SIGNA
QUIET
OFFICIERS DU GUET
1733.
Papell .
Graveure a été frappé depuis peu pour
Mrs les Officiers du Guet. On y voit d'un
côté les Atmes du Comte de Maurepas
Ministre et Sécretaire d'Etat ; ces Officiers
ayant l'honneur d'être dans son Département
; et sur le Revers Castor et
Pollux , tels qu'on les voit representez
sur les Medailles Romaines , à cheval
avec une petite étoile chacun au - dessus
du Casque , et cette Legende ALMA
SIGNA QUIETIS , et dans l'Exe gue ,
OFFICIERS DU GUET 1733 .
,
On ne peut gueres voir de Type d'une
invention plus ingenieuse , et dont l'application
soit plus heureuse. Tout le
monde çait que Castor et Pollux étoient
des Divinitez Titulaires des Romains ,
lesquelles annonçoient leurs victoires , et
II. Vol. assuroicnr
DECEMBRE. 1733. 2879
assuroient le repos de la Ville. Leur constellation
étoit aussi le Symbole de la tranquillité
, sur tout dans la Navigation , ce
qui peut faire encore une juste allusion
avec la Nef que porte dans ses Armes la
Ville de Paris.
Ce Type enfin paroît d'autant mieux
convenir aux Officiers du Guet , que
l'ancien ordre de l'Etoile subsiste encore
dans leur Corps , qui est aussi celui qui
contribue le plus au repos et à la tran
quillité des Citoyens. Arrêté par l'Académie
Royale des Inscriptions et Belles
Lettres dans l'Assemblée tenue au
Louvre le 22 May 17 33 .
,
SIGNA
QUIET
OFFICIERS DU GUET
1733.
Papell .
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Résumé : Jetton frappé pour les Officiers du Guet, [titre d'après la table]
Un jeton récemment frappé pour les Officiers du Guet présente sur une face les armes du Comte de Maurepas, Ministre et Secrétaire d'État, dont dépendent ces officiers. L'autre face montre Castor et Pollux, divinités tutélaires des Romains, montés sur des chevaux avec une étoile au-dessus de leur casque. La légende latine 'ALMA SIGNA QUIETIS' et l'exergue 'OFFICIERS DU GUET 1733' accompagnent cette représentation. Castor et Pollux symbolisaient les victoires et le repos de la ville, et leur constellation était un symbole de tranquillité, notamment en navigation, en écho à la nef présente dans les armes de la Ville de Paris. L'ordre de l'Étoile, existant parmi les Officiers du Guet, contribue au repos et à la tranquillité des citoyens. L'Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres a validé ce type de jeton lors d'une assemblée au Louvre le 22 mai 1733.
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11
p. 13-16
TRADUCTION en Vers libres de la XIVe Ode du IIe Livre d'Horace : Otium divos rogat in patenti, &c.
Début :
LORSQU'AU milieu de sa carrière [...]
Mots clefs :
Dieux, Repos, Heureux, Guerre, Mort, Destin, Vulgaire
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texteReconnaissance textuelle : TRADUCTION en Vers libres de la XIVe Ode du IIe Livre d'Horace : Otium divos rogat in patenti, &c.
TRADUCTION en Vers libres de la
XIVe Ode du II Livre d'Horace :
Otium divos rogat in patenti , & c.
LORSQU'AU U'AU milieu de la carrière
L'Aftre des nuits dérobe la lumière,
Et que les vents fougueux tyrannifent les flots ;
Le timide Marchand furpris par la tempêre,
14 MERCURE DE FRANCE .
Redoutant les dangers ſuſpendus ſur ſa tête ,
Adreffe aux Immortels des voeux pour le repos.
Ces Favoris du Dieu redouté fur la terre ,
Ces Médes indomptés , brillans par leurs carquois ,
Laffés des longs travaux d'une pénible guerre
Recherchent un loifir qu'ils ont bravé cent fois.
Les rubis éclatans ; la pourpre éblouiſſante
Ces Palais , ces liceurs & ces nombreux troupeaux
Peavent- ils , cher Grofphus , procurer le repos ,
Repouffer des chagrins la foule renaiſſanté ,
Et calmer des efprits par l'ennui dévorés ?
Les foins volent toujours fous des lambris dorés.
Heureux cent fois celui que le Dieu des richeſſe s
Ne berce pas defes vaines promeffes !
Qui vit long-temps du bien de fes a ïeux
Sans crainte , fans remords , fans defirs odieux !
Sur un lit de gazon , couché dans la chaumière ,
Ce mortel peut goûter les douceurs du repos :
Le fommeil à fon gré vient fermer la paupière.
Et prodigue fur lui fes paifibles pavots.
Paifque l'on vit fi peu , pourquoi tout entreprendre
?
Crait- on fixer du temps le trop rapide cours ?
A quoi , mon cher Grofphus , l'homme oſe - t-il
prétendre ?
Prétend t- il reculer le terme de ſes jours ?
On a beau parcourir tous les climats du monde ,
On ne peut s'éviter ; on le trouve toujours.
M A I. 1763. 15
Ce fou , qui s'abandonne au caprice de l'onde ,
Croit- il , fur un vaiffeau plus léger que les vents
Se dérober aux traits des remords dévorans ?
Vaine erreur ! Le chagrin ardent à le poursuivre
S'élance fur la pourpe & fait voile avec lui.
Puifque rien ne nous en délivre ,
Tâchons du moins d'adoucir notre ennui .
Saififfons du préfent le rapide avantage ,
Et laiffons l'avenir entre les mains des Dieux.
Corrigeons du deftin le caprice odieux ,
Et faifons des plaifirs un agréable uſage.
On ne peut en tout être heureux< ;
Et le fort le plus doux a des revers affreux.
Achille eut en naiffant la valeur en partage ;
Achille des Troyens put renverfer les tours ;
Mais la mort a frappé du coup le plus terrible
Dans la fleur de fes ans , ce Héros invincible.
A l'amour de Titon l'Aurore fut fenfible ;
Titon fe vit aimé . Mais malgré fes amours
Une lente vieilleffe afçu miner les jours.
Le fort m'accordera peut -être
Ce qu'il vous aur arefufé.
Des plus riches Palais , les Dieux vous ont fait
maître ;
Plutus de tous fes dons pour vous s'eſt épuifé ;
Pour vous mille taureaux mugiffent dans la plaines
Vos habits font tiffus de pourpre Tyrienne;
Les Dieux des plus grands biens vous ont favorisé :
16 MERCURE DE FRANCE
Votre deftin ne me fait point envie:
Ces Dieux ne m'ont donné , (je les en remercie
Que ce ruftique toît & le foible talent
D'imiter de nos Grecs le lyrique genie.
Auffije fuis heureux ; rien ne trouble ma vie ;
Et je me ris des voeux du Vulgaire infolent.
Par M. B. D. S.
XIVe Ode du II Livre d'Horace :
Otium divos rogat in patenti , & c.
LORSQU'AU U'AU milieu de la carrière
L'Aftre des nuits dérobe la lumière,
Et que les vents fougueux tyrannifent les flots ;
Le timide Marchand furpris par la tempêre,
14 MERCURE DE FRANCE .
Redoutant les dangers ſuſpendus ſur ſa tête ,
Adreffe aux Immortels des voeux pour le repos.
Ces Favoris du Dieu redouté fur la terre ,
Ces Médes indomptés , brillans par leurs carquois ,
Laffés des longs travaux d'une pénible guerre
Recherchent un loifir qu'ils ont bravé cent fois.
Les rubis éclatans ; la pourpre éblouiſſante
Ces Palais , ces liceurs & ces nombreux troupeaux
Peavent- ils , cher Grofphus , procurer le repos ,
Repouffer des chagrins la foule renaiſſanté ,
Et calmer des efprits par l'ennui dévorés ?
Les foins volent toujours fous des lambris dorés.
Heureux cent fois celui que le Dieu des richeſſe s
Ne berce pas defes vaines promeffes !
Qui vit long-temps du bien de fes a ïeux
Sans crainte , fans remords , fans defirs odieux !
Sur un lit de gazon , couché dans la chaumière ,
Ce mortel peut goûter les douceurs du repos :
Le fommeil à fon gré vient fermer la paupière.
Et prodigue fur lui fes paifibles pavots.
Paifque l'on vit fi peu , pourquoi tout entreprendre
?
Crait- on fixer du temps le trop rapide cours ?
A quoi , mon cher Grofphus , l'homme oſe - t-il
prétendre ?
Prétend t- il reculer le terme de ſes jours ?
On a beau parcourir tous les climats du monde ,
On ne peut s'éviter ; on le trouve toujours.
M A I. 1763. 15
Ce fou , qui s'abandonne au caprice de l'onde ,
Croit- il , fur un vaiffeau plus léger que les vents
Se dérober aux traits des remords dévorans ?
Vaine erreur ! Le chagrin ardent à le poursuivre
S'élance fur la pourpe & fait voile avec lui.
Puifque rien ne nous en délivre ,
Tâchons du moins d'adoucir notre ennui .
Saififfons du préfent le rapide avantage ,
Et laiffons l'avenir entre les mains des Dieux.
Corrigeons du deftin le caprice odieux ,
Et faifons des plaifirs un agréable uſage.
On ne peut en tout être heureux< ;
Et le fort le plus doux a des revers affreux.
Achille eut en naiffant la valeur en partage ;
Achille des Troyens put renverfer les tours ;
Mais la mort a frappé du coup le plus terrible
Dans la fleur de fes ans , ce Héros invincible.
A l'amour de Titon l'Aurore fut fenfible ;
Titon fe vit aimé . Mais malgré fes amours
Une lente vieilleffe afçu miner les jours.
Le fort m'accordera peut -être
Ce qu'il vous aur arefufé.
Des plus riches Palais , les Dieux vous ont fait
maître ;
Plutus de tous fes dons pour vous s'eſt épuifé ;
Pour vous mille taureaux mugiffent dans la plaines
Vos habits font tiffus de pourpre Tyrienne;
Les Dieux des plus grands biens vous ont favorisé :
16 MERCURE DE FRANCE
Votre deftin ne me fait point envie:
Ces Dieux ne m'ont donné , (je les en remercie
Que ce ruftique toît & le foible talent
D'imiter de nos Grecs le lyrique genie.
Auffije fuis heureux ; rien ne trouble ma vie ;
Et je me ris des voeux du Vulgaire infolent.
Par M. B. D. S.
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Résumé : TRADUCTION en Vers libres de la XIVe Ode du IIe Livre d'Horace : Otium divos rogat in patenti, &c.
Le texte est une traduction en vers libres de la XIVe Ode du II Livre d'Horace. Il décrit divers personnages cherchant le repos et le bonheur dans des situations adverses. Un marchand, pris dans une tempête, prie pour sa sécurité. Les guerriers, fatigués de la guerre, recherchent la paix. Le poète s'interroge sur la capacité des richesses et des plaisirs à apporter le repos et à repousser les chagrins. Il loue la simplicité et la tranquillité de la vie rurale, où un homme peut trouver le repos sans craintes ni remords. Le texte met en garde contre la vanité des efforts pour prolonger la vie et souligne l'inévitabilité de la mort. Il conseille de profiter du présent et de laisser l'avenir aux dieux. Le poète reconnaît que même les héros comme Achille et Titon ont connu des destins tragiques. Il exprime sa satisfaction avec sa modeste vie et son talent poétique, contrastant avec les richesses et les envies du vulgaire.
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