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1
p. 179-192
Suite de l'abrégé historique de la ville de Paris ; par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
Début :
SOUVERAINS. Henri premier. 1033 & 1034. La famine se fait sentir à Paris (I), [...]
Mots clefs :
Ville de Paris, Paris, Abbaye, Roi, Église, Abbé, Évêques, Henri Ier, Philippe Ier, Louis VI, Pape, Monastère, Corps, Chanoines
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texteReconnaissance textuelle : Suite de l'abrégé historique de la ville de Paris ; par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
Suite de l'abrégé historique de la ville de
Paris ; par M. Poncet de la Grave , Avocat
au Parlement.
LA
SOUVERAINS .
Henri premier.
1033 & 1034 .
A famine fe fait fentir à Paris ( 1 ) ,
& on regarde comme une choſe
très- extraordinaire que le muid de bled
valut jufqu'à foixante fols. Un Auteur
contemporain a écrit qu'on exhumoit les
corps pour le nourrir . La pefte fut la ſuite
de ce fléau , & un incendie ( 2 ) confidérable
arrivé à Paris en 1034 , met le
comble aux malheurs des Parifiens.
1035 & 50-51-52.
Concile célebre contre Berenger ( 3 ) ;
tenu à Paris par ordre du Roi Henri I , où
fe trouverent plufieurs Evêques & grand
nombre de perfonnes qualifiées ; le Roi même
y affifta.
On y lut une lettre de Berenger , qui
( 1 ) Glab. Rod . hift. lib. 4. c. 4. ( 2 ) Fragm.
hift. Duch, to. 4. pag. 143. ( 3 ) Durand Troard,
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
contenoit le poifon de fon héréfie contre
l'Euchariftie toute l'affemblée en frémit
d'horreur , & condamna Berenger & fes
complices. Le livre de Jean Scot fut auf
compris dans la condamnation.
1053 & 1058.
On rapporte une chartre du Roi Henri
I , par laquelle il accorde à Imbert , Evêque
de Paris , & à fes Chanoines quatre
Églifes ( 1 ) , fituées dans les Fauxbourgs
de la ville , à condition qu'ils commenceront
à en jouir après la mort feulement du
nommé Giraud , Clerc , qui les poffedoit
alors. On affure que quelques- unes de ces
Eglifes qui fubfiftent encore aujourd'hui
appellées S. Etienne , S. Julien , S. Severin
& S. Bache , autrement S. Benoît ,
avoient été décorées du titre d'Abbaye.
La premiere de ces Eglifes , appellée S.
Etienne , n'eft pas , comme l'ont cru quelques
Hiftoriens ( 2 ) , S. Etienne de Grès ,
dans laquelle on prétend que fe tint le Concile
de Paris , de l'an 829 , mais S. Etienne
, près notre Dame , Eglife qui ne fubfifte
plus aujourd'hui . Ceux qui voudront
être inftruits de plufieurs particularités
concernant cette époque , peuvent avoir
( 1 ) Not. in capit. Reg. Franc. to. 2. p. 1112.
( 2 ) De Magduno.
DECEMBRE. 1755. 181
recours aux archives de cette premiere
Eglife , & ainfi des autres.
1059 .
Henri ( 1 ) fait facrer & couronner à
Rheims fon fils Philippe I , âgé de fept
ans , & lui nomme pour tuteur Baudouin
Comte de Flandres.
1060 & 1066.
Mort du Roi Henri , le 4 Août 1060 ;
âgé de cinquante cinq ans . Il avoit fondé
& doté la même année le célebre monaftere
de S. Martin des Champs , détruit
autrefois par les Normans. La chartre qui
eft le titre de la fondation , en date de
1060 , eft fignée non feulement par le Roi
Henri , par la Reine Anne fa feconde femme
, & par le Roi Philippe fon fils , mais
encore par deux Archevêques , par fix Evêques
, & par plufieurs des principaux Seigneurs
de la Cour.
Philippe premier.
Le Monaftere de S. Martin n'étoit
pas
encore fini , lorfque Henri I mourut. Le
Roi Philippe fit continuer les travaux , &
le bâtiment ne fut conduit à fa perfection
que fept ans après. La dédicace s'en fit
( 1 ) Duch. to . 4. p. 161 .
182 MERCURE DE FRANCE.
alors en préfence du Roi & d'un grand
nombre d'Evêques . Philippe , à cette occafion
, confirma la fondation du Roi fon
pere, & y ajouta plufieurs autres bienfaits ,
comme il paroît par une chartre datée de
Paris l'an 1067 , foufcrite par le Roi , par
Hugues fon frere , par Baudouin Comte de
Flandres , & par d'autres Seigneurs. Les Religieux
qui poffederent d'abord cette Abbaye
étoient tout-à- la-fois Chanoines
Réguliers & Moines , cependant fous la
regle de S. Auguftin ; ils y demeurerent
jufqu'en 1079 , que le Roi Philippe leur
fubftitua les Moines de Cluni . On ne ſçait
pas ce que devinrent les Chanoines ; mais,
il eft certain que ce changement fe fit de
leur confentement , puifqu'ils fignerent
au nombre de treize la chartre du Roi ,
donnée à S. Benoît de Fleuri l'an 1079 ,
en conféquence de laquelle cette Abbaye
paffa à l'Ordre de Cluni , & fut réduite
au titre de Prieuré , qui a le droit de nommer
à vingt- neuf Prieurés , à cinq Cures
dans Paris , qui font S. Jacques de la Boucherie,
S. Nicolas des Champs, S. Laurent,
S. Joffe & S. Leu S. Gilles * , outre vingt-
* S. Leu- S. Gilles n'eft pas la paroiffe fituée.
dans la rue S. Denis , mais une autre qui étoit
originairement dans S. Denis de la Chartre , &
qui a étéfupprimée.
DECEMBRE
1755. 184
cinq autres dans le Diocèfe de Paris , &
environ trente dans d'autres Diocèfes , fans
compter les Chapelles.
C'est au commencement du regne de
Philippe I , même à la fin de celui du Roi
Henri fon pere qu'on fixe l'origine des
Prévôts. Etienne fut le premier qui eut
cette qualité , lorfque le Comté de Paris
fut réuni à la Couronne après la mort
d'Othon , frere d'Hugues Capet , décédé
fans enfans en 1032. On rapporte un événement
remarquable arrivé à ce Prévôt ,
& qui dénote bien la méchanceté de fon
caractere . Voici le fait.
Etienne , Prévôt de Paris ( 1 ) , & qui
avoit toute la confiance de Philippe encore
jeune , perfuada à ce Prince d'enlever
toutes les Reliques de S. Germain de Prez
pour en faire des largeffes à fes Chevaliers.
Le Roi ( 2 ) fe tranfporta en effet dans
l'Abbaye , & le Prévôt qui exécutoit les
ordres du Prince ayant porté fa témérité
jufqu'à porter fa main facrilege fur une
croix très-riche , fut dans l'inftant privé de
la vue , qu'il ne recouvra jamais depuis.
Le Roi faifi de frayeur fe retira , & les
chofes ne furent pas plus avant.
Le Prévôt de Paris logeoit autrefois
( 1 ) Traité de la Poli . tom. 1. p. 30. ( 2 ) Sæc,
3. Bened. part . 2. p. 112,
184 MERCURE DE FRANCE.
7
dans le Châtelet , & Charles VII eft le
premier qui ( 1 ) permit à Robert Stouville
de fe loger ailleurs , & lui donna en outre
cent livres de rente fur le domaine de
la ville pour fon logement.
1067 & 1092 .
Concile tenu à Paris en 1092 ( 2 ) auquel
affifterent deux Archevêques & neuf
Evêques. Il ne nous refte rien de ce Concile
qu'un privilege , donné par le Roi
Philippe en faveur de l'Abbaye de S. Corneille
de Compiegne.
1093 & 1095.
Reforme de l'Abbaye S. Magloire, fituée
alors dans le même endroit où eft aujour
d'hui l'égliſe S. Barthelemi ( 3 ) dans l'ifle
du Palais.
1096-1097 & 1101 .
Guillaume , alors Evêque de Paris (4 ),
donna aux Chanoines de fa Cathédrale
l'églife de S. Chriftophe , fituée près Notre-
Dame , & détruite en 1746 , pour y conftruire
l'Hôpital des Enfans Trouvés . Il
donna aufli au Prieuré de S. Martin des
( 1 ) Traité de la Pol. tom . 1. p. 100. ( 2 ) Spicil.
tom. 2. p . 604. ( 3 ) Mab , ann . Bened, lib . 68,
a. 58. ( 4 ) Dubois , to . 1. p. 727
DECEMBRE . 1755 185
Champs le patronage de plufieurs Cures.
1104 & 1106.
Concile de Paris ( 1 ) , où préfida Lambert
, Evêque d'Arras , en qualité de Légat
du Pape. Le Roi Philippe fe préfenta à
I'Affemblée dans la pofture d'un pénitent
les pieds nuds , & renonça publiquement
à tout commerce fcandaleux avec Bertra
de, ( 2 ) qui jura la même chofe : alors il reçut
l'abfolution en préfence des Archevêques
, des Evêques ; & de plufieurs perfonnes
de la premiere diftinction .
On découvre dans l'Abbaye S. Germaindes
- Prez les corps des Sts Martyrs George
& Aurele (3 ) avec le chef de Ste Natalie ,
& Galon , Evêque de Paris , fut invité par
l'Abbé d'honorer par fa préfence la céré
monie qui fe fit pour leur tranflation .
1107.
L'Abbaye de S. Eloi , fondée du tems
du Roi Dagobert I , & dont Ste Aure fut
la premiere Abbeffe , étant devenue un
fujet de fcandale pour Paris , les Religieufes
( 4 ) en furent chaffées du confentement
du Roi , du Pape Paſcal II , & de
( 1 ) Conc tom. 1o . p . 742. ( 2 ) Spicil . to. 3 .
P. 129. ( 3 ) Mab. ann. Bened. 1. 72. n. 124. (4)
Dubois , to. 1. p. 734.
186 MERCURE DE FRANCE. •
tout le Clergé , & cette Abbaye fut donnée
à l'Abbé de S. Maur des Follés . Le Monaftere
, tel que les Hiftoriens nous le repréfentent,
avoit une étendue confiderable
& renfermoit les rues de la Calande , de
la Barillerie , de la vielle Draperie , de
Ste Croix , & de la Juiverie .
La fuppreffion de cette Abbaye ( 1 ) donna
lieu à l'érection de plufieurs paroiffes , qui
font S. Martial , S. Eloi , S. Pierre - des-
Arcis , S. Pierre- aux-Boeufs , & Ste Croix
de la Cité.
Le Pape Pafcal II vient en France
demander du fecours contre l'Empereur
Henri. Il arrive à Saint Denis , où l'Abbé
Adam le reçut avec de grands honneurs.
Le Roi Philippe & Louis fon fils qui portoit
auffi dès-lors le titre de Roi ( 2 ) , furent
le trouver à S. Denis , & lui promirent
de le fecourir. Ce Pape paffa enfuite
à Paris , où on le reçut magnifiquement ;
delà il partit pour Châlons , accompagné
de plufieurs Archevêques & Evêques.
1108.
Mort de Philippe I à Melun , le 29
Juillet 1108 , âgé de cinquante- cinq ans ,
après quarante- neuf de regne. Son corps
(1)Le Maire , to. 1. pag. 373. To. 2. p. 231 ,
&c. ( 2 ) Vita Lud. Grof.
DECEMBRE. 17. 187
ne fut point porté à S. Denis dans le tombeau
de fes peres. Il fut enterré à S. Benoît-
fur-Loire , où il avoit choifi le lieu de
fa fépulture. Son fils Louis VI , furnommé
le Gros , fut fon fucceffeur.
Louis VI.
1109 & 1113 .
Louis VI arrive à Paris , & donne une
chartre( )par laquelle il déclara que les ferfs
de l'églife de Paris auroient toute liberté
de témoigner en juftice contre qui que ce
pût être , libre ou ferf, & que quiconque
les appelleroit parjures , le prouveroit
par le duel , ou perdroit fa caufe , & ſeroit
déclaré calomniateur , fon témoignage
déformais nul , & obligé de fatisfaire
à l'injure faite à l'églife de Paris , fous peine
d'excommunication .
Plufieurs églifes de Paris qui avoient
dans ce tems - là des ( 2 ) hommes & femmes
de corps , ou de poefte de corpore &poteftate
, obtinrent le même privilege que
l'églife de Paris. Ces hommes & femmes
de corps des églifes étoient prefque efclaves.
Les églifes les échangoient à leur volonté,
les envoyoient à la guerre pour eux,
( 1 ) Baluz. Mifcell. tom. 2. p. 185. ( 2 ) Sauval
, mém, mf.
188 MERCURE DE FRANCE.
enfin exigeoient d'eux quantité de fervices
ou corvées , qui tenoient de l'ancien
efclavage . Ceux d'une églife ne pouvoient
fe marier avec ceux d'une autre fans la
permiffion de leur Seigneur , &c. Ceux
qui feront curieux , peuvent voir les mémoires
de Sauval à ce fujet .
L'Evêque de Paris , nommé Galon , reçoit
en préfent d'Anfeau , Chantre & Prêtre
du Saint Sépulchre de Jérufalem , une
portion confidérable de la vraie Croix
pour fa cathédrale ( 1 ) . Il fit dépofer la
Sainte Relique dans l'églife de St Cloud ,
fut la chercher avec tout le Clergé le Dimanche
d'après , & l'apporta avec beau
coup de cérémonie dans fon églife . On
conferve encore à Notre-Dame la relique
auffi bien que les actes authentiques envoyés
en même temps de Jérufalem. Les
écoles de Paris paroiffoient prendre un
accroiffement. Après Rofcelin , qu'on
regarde comme le premier Maître d'Abbelard
, on compte au nombre des grands
hommes Robert d'Arbriffel , Marbode
Ives de Chartres , & quantité d'autres ;
mais le plus fçavant de tous étoit , fans
contredit, Guillaume de Champeaux , fous
lequel étudia Abbelard , trop connu dans
( 1 ) Dubois , to . 2. pag. 16 & 18.
DECEMBRE. 1755. 189
le monde par fes difgraces , pour que je
le paffe fous filence dans cette Hiftoire. Il
étoit né dans l'évêché de Nantes , d'une
famille noble.
Fondation de l'Abbaye S. Victor , où
Guillaume de Champeaux fe retira après
avoir pris l'habit de Chanoine régulier .
Louis VI , au terme de l'épitaphe placé
dans S. Victor même , porte que ce
Roi fonda cette nouvelle Abbaye inceſsâ
veteri ; ce qui prouve évidemment qu'il
y avoit avant ce temps - là dans le même
endroit une petite Abbaye du même nom,
avec des Religieux .
Abbelard obtient une Chaire de Profeffeur
à Paris ; mais Champeaux vint
à bout de le fupplanter , & Abbelard retourna
à Melun où il avoit ouvert une école
l'année d'auparavant : il vint enfuite
s'établir à Paris fur la Montagne Sainte
Géneviève .
Louis VI , par une chartre donnée à
Châlons , qui paroît être celle de la fondation
de l'Abbaye S. Victor, déclare qu'il
a établi dans cette Abbaye des Chanoines
Réguliers occupés à prier Dieu pour lui
& pour fon Royaume ( 1 ) , & que pour
qu'ils puiffent vaquer aux exercices de pié
( 1 ) Vita Lud. Groffi.
190 MERCURE DE FRANCE.
té fans interruption, il dote l'Abbaye d'amples
revenus , & il y ajoute plufieurs privileges
.
1114 & 1118.
Gilduin eft nommé premier Abbé de S.
Victor , & Louis VI , à fa priere , donne la
Régale de plufieurs églifes ( 1 ) à cette Maifon.
L'Evêque de Paris en fit autant avec
l'agrément des Chanoines de fa Cathédrale
. Ces deux donations ( 2 ) font datées , la
premiere de 1125 , & la feconde de 1124 ,
& foufcrites par la Reine Adelaïde , par
Philippe leur fils , & par plufieurs Evêques
. Depuis ce temps - là cette Abbaye reçut
plufieurs autres marques de libéralité
du Roi & de l'Evêque de Paris , comme ,
par exemple , un Canonicat ( 3 ) à Notre-
Dame , où il y a encore un Chanoine de
cette Abbaye qui y va faire fon tour , un
à S. Germain - l'Auxerrois , à S. Marcel , &
ailleurs.
L'Abbaye S. Victor a fourni de grands
hommes à l'Eglife , tels que Hugues &
Ives , Cardinaux. L'eftime que leur fainteté
acquit à ce Monaftere , leur procura la
vifite de S. Bernard & de S. Thomas de
( 1 ) Annal. S. Victor , mf. vol . 1. fol. 12. ( 2 )
Dubois , tom. 2. p. 80. ( 3 ) Ann, S. Victor , mf.
fol. 13 & feq.
DECEMBRE. 1755 191
"Cantorberi qui s'y arrêterent en paffant à
Paris.
On y conferve encore la cape ou le manteau
de voyage du S. Abbé , qui eft de
couleur tannée ou noir naturel, & le cilice
du S. Archevêque . Cette Abbaye devint
dans la fuite une
congrégation , & comptoit
fous elle quarante Abbayes ( 1 ) , &
plus de cent Monafteres , comme il paroît
par le teftament du Roi Louis VIII , en
date de l'an 1225 ; mais la Congrégation
a été defunie , tant par le malheur des
tems que par le relâchement de la difcipline
monaftique.
Abbelard qui s'étoit retiré à Laon , revint
à Paris : n'y trouvant plus Guillaume
de Champeaux , fon ancien adverſaire , il
continua d'enfeigner la théologie avec liberté,
Son hiftoire avec Heloife , niece de
Fulbert , Chanoine de Paris , eft affez connue
pour me difpenfer de la rapporter ici.
Nous dirons feulement que fa doctrine
fur la Trinité ayant été condamnée dans
un Concile tenu à Soiffons , il fe réfugia
auprès de Thibaud , Comte de Champagne ,
qui lui donna un afyle près de Troyes ,
où il bâtit une Chapelle fous le titre du
Paraclet , fut enfuite Abbé de S. Gildas en
( 1 ) Apud Duch . to . 5. p. 325.
92 MERCURE DE FRANCE .
Bretagne , & céda fon hermitage du Paraclet
à Heloife , qui s'y retira avec quelques
Religieufes chaffées , comme elle ,
d'Argenteuil , & Bernard cita enfuite Abbelard
au Concile de Sens , où fa doctrine
fut de nouveau condamnée : néanmoins
il reçut l'abfolution du Pape Innocent II,
& fe retira à Cluni , d'où l'Abbé de ce
Monaftere l'envoya à Châlons-fur- Saone,
où il mourut le 21 Avril 1142 , âgé de
63 ans.
L'école qu'Abbelard avoit à Paris , étoit
près de la Cathédrale , & nous fçavons
qu'on s'y appliquoit beaucoup à l'intelligence
de l'Ecriture fainte , ce qui donna
lieu à la Théologie fcholaftique. L'hiſtoire
d'Abbelard nous apprend auffi qu'il y
avoit une autre école fur le mont appellé
Leucoritius , plus connu fous le nom de
Sainte Genevieve.
La fuite au prochain Mercure .
Paris ; par M. Poncet de la Grave , Avocat
au Parlement.
LA
SOUVERAINS .
Henri premier.
1033 & 1034 .
A famine fe fait fentir à Paris ( 1 ) ,
& on regarde comme une choſe
très- extraordinaire que le muid de bled
valut jufqu'à foixante fols. Un Auteur
contemporain a écrit qu'on exhumoit les
corps pour le nourrir . La pefte fut la ſuite
de ce fléau , & un incendie ( 2 ) confidérable
arrivé à Paris en 1034 , met le
comble aux malheurs des Parifiens.
1035 & 50-51-52.
Concile célebre contre Berenger ( 3 ) ;
tenu à Paris par ordre du Roi Henri I , où
fe trouverent plufieurs Evêques & grand
nombre de perfonnes qualifiées ; le Roi même
y affifta.
On y lut une lettre de Berenger , qui
( 1 ) Glab. Rod . hift. lib. 4. c. 4. ( 2 ) Fragm.
hift. Duch, to. 4. pag. 143. ( 3 ) Durand Troard,
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
contenoit le poifon de fon héréfie contre
l'Euchariftie toute l'affemblée en frémit
d'horreur , & condamna Berenger & fes
complices. Le livre de Jean Scot fut auf
compris dans la condamnation.
1053 & 1058.
On rapporte une chartre du Roi Henri
I , par laquelle il accorde à Imbert , Evêque
de Paris , & à fes Chanoines quatre
Églifes ( 1 ) , fituées dans les Fauxbourgs
de la ville , à condition qu'ils commenceront
à en jouir après la mort feulement du
nommé Giraud , Clerc , qui les poffedoit
alors. On affure que quelques- unes de ces
Eglifes qui fubfiftent encore aujourd'hui
appellées S. Etienne , S. Julien , S. Severin
& S. Bache , autrement S. Benoît ,
avoient été décorées du titre d'Abbaye.
La premiere de ces Eglifes , appellée S.
Etienne , n'eft pas , comme l'ont cru quelques
Hiftoriens ( 2 ) , S. Etienne de Grès ,
dans laquelle on prétend que fe tint le Concile
de Paris , de l'an 829 , mais S. Etienne
, près notre Dame , Eglife qui ne fubfifte
plus aujourd'hui . Ceux qui voudront
être inftruits de plufieurs particularités
concernant cette époque , peuvent avoir
( 1 ) Not. in capit. Reg. Franc. to. 2. p. 1112.
( 2 ) De Magduno.
DECEMBRE. 1755. 181
recours aux archives de cette premiere
Eglife , & ainfi des autres.
1059 .
Henri ( 1 ) fait facrer & couronner à
Rheims fon fils Philippe I , âgé de fept
ans , & lui nomme pour tuteur Baudouin
Comte de Flandres.
1060 & 1066.
Mort du Roi Henri , le 4 Août 1060 ;
âgé de cinquante cinq ans . Il avoit fondé
& doté la même année le célebre monaftere
de S. Martin des Champs , détruit
autrefois par les Normans. La chartre qui
eft le titre de la fondation , en date de
1060 , eft fignée non feulement par le Roi
Henri , par la Reine Anne fa feconde femme
, & par le Roi Philippe fon fils , mais
encore par deux Archevêques , par fix Evêques
, & par plufieurs des principaux Seigneurs
de la Cour.
Philippe premier.
Le Monaftere de S. Martin n'étoit
pas
encore fini , lorfque Henri I mourut. Le
Roi Philippe fit continuer les travaux , &
le bâtiment ne fut conduit à fa perfection
que fept ans après. La dédicace s'en fit
( 1 ) Duch. to . 4. p. 161 .
182 MERCURE DE FRANCE.
alors en préfence du Roi & d'un grand
nombre d'Evêques . Philippe , à cette occafion
, confirma la fondation du Roi fon
pere, & y ajouta plufieurs autres bienfaits ,
comme il paroît par une chartre datée de
Paris l'an 1067 , foufcrite par le Roi , par
Hugues fon frere , par Baudouin Comte de
Flandres , & par d'autres Seigneurs. Les Religieux
qui poffederent d'abord cette Abbaye
étoient tout-à- la-fois Chanoines
Réguliers & Moines , cependant fous la
regle de S. Auguftin ; ils y demeurerent
jufqu'en 1079 , que le Roi Philippe leur
fubftitua les Moines de Cluni . On ne ſçait
pas ce que devinrent les Chanoines ; mais,
il eft certain que ce changement fe fit de
leur confentement , puifqu'ils fignerent
au nombre de treize la chartre du Roi ,
donnée à S. Benoît de Fleuri l'an 1079 ,
en conféquence de laquelle cette Abbaye
paffa à l'Ordre de Cluni , & fut réduite
au titre de Prieuré , qui a le droit de nommer
à vingt- neuf Prieurés , à cinq Cures
dans Paris , qui font S. Jacques de la Boucherie,
S. Nicolas des Champs, S. Laurent,
S. Joffe & S. Leu S. Gilles * , outre vingt-
* S. Leu- S. Gilles n'eft pas la paroiffe fituée.
dans la rue S. Denis , mais une autre qui étoit
originairement dans S. Denis de la Chartre , &
qui a étéfupprimée.
DECEMBRE
1755. 184
cinq autres dans le Diocèfe de Paris , &
environ trente dans d'autres Diocèfes , fans
compter les Chapelles.
C'est au commencement du regne de
Philippe I , même à la fin de celui du Roi
Henri fon pere qu'on fixe l'origine des
Prévôts. Etienne fut le premier qui eut
cette qualité , lorfque le Comté de Paris
fut réuni à la Couronne après la mort
d'Othon , frere d'Hugues Capet , décédé
fans enfans en 1032. On rapporte un événement
remarquable arrivé à ce Prévôt ,
& qui dénote bien la méchanceté de fon
caractere . Voici le fait.
Etienne , Prévôt de Paris ( 1 ) , & qui
avoit toute la confiance de Philippe encore
jeune , perfuada à ce Prince d'enlever
toutes les Reliques de S. Germain de Prez
pour en faire des largeffes à fes Chevaliers.
Le Roi ( 2 ) fe tranfporta en effet dans
l'Abbaye , & le Prévôt qui exécutoit les
ordres du Prince ayant porté fa témérité
jufqu'à porter fa main facrilege fur une
croix très-riche , fut dans l'inftant privé de
la vue , qu'il ne recouvra jamais depuis.
Le Roi faifi de frayeur fe retira , & les
chofes ne furent pas plus avant.
Le Prévôt de Paris logeoit autrefois
( 1 ) Traité de la Poli . tom. 1. p. 30. ( 2 ) Sæc,
3. Bened. part . 2. p. 112,
184 MERCURE DE FRANCE.
7
dans le Châtelet , & Charles VII eft le
premier qui ( 1 ) permit à Robert Stouville
de fe loger ailleurs , & lui donna en outre
cent livres de rente fur le domaine de
la ville pour fon logement.
1067 & 1092 .
Concile tenu à Paris en 1092 ( 2 ) auquel
affifterent deux Archevêques & neuf
Evêques. Il ne nous refte rien de ce Concile
qu'un privilege , donné par le Roi
Philippe en faveur de l'Abbaye de S. Corneille
de Compiegne.
1093 & 1095.
Reforme de l'Abbaye S. Magloire, fituée
alors dans le même endroit où eft aujour
d'hui l'égliſe S. Barthelemi ( 3 ) dans l'ifle
du Palais.
1096-1097 & 1101 .
Guillaume , alors Evêque de Paris (4 ),
donna aux Chanoines de fa Cathédrale
l'églife de S. Chriftophe , fituée près Notre-
Dame , & détruite en 1746 , pour y conftruire
l'Hôpital des Enfans Trouvés . Il
donna aufli au Prieuré de S. Martin des
( 1 ) Traité de la Pol. tom . 1. p. 100. ( 2 ) Spicil.
tom. 2. p . 604. ( 3 ) Mab , ann . Bened, lib . 68,
a. 58. ( 4 ) Dubois , to . 1. p. 727
DECEMBRE . 1755 185
Champs le patronage de plufieurs Cures.
1104 & 1106.
Concile de Paris ( 1 ) , où préfida Lambert
, Evêque d'Arras , en qualité de Légat
du Pape. Le Roi Philippe fe préfenta à
I'Affemblée dans la pofture d'un pénitent
les pieds nuds , & renonça publiquement
à tout commerce fcandaleux avec Bertra
de, ( 2 ) qui jura la même chofe : alors il reçut
l'abfolution en préfence des Archevêques
, des Evêques ; & de plufieurs perfonnes
de la premiere diftinction .
On découvre dans l'Abbaye S. Germaindes
- Prez les corps des Sts Martyrs George
& Aurele (3 ) avec le chef de Ste Natalie ,
& Galon , Evêque de Paris , fut invité par
l'Abbé d'honorer par fa préfence la céré
monie qui fe fit pour leur tranflation .
1107.
L'Abbaye de S. Eloi , fondée du tems
du Roi Dagobert I , & dont Ste Aure fut
la premiere Abbeffe , étant devenue un
fujet de fcandale pour Paris , les Religieufes
( 4 ) en furent chaffées du confentement
du Roi , du Pape Paſcal II , & de
( 1 ) Conc tom. 1o . p . 742. ( 2 ) Spicil . to. 3 .
P. 129. ( 3 ) Mab. ann. Bened. 1. 72. n. 124. (4)
Dubois , to. 1. p. 734.
186 MERCURE DE FRANCE. •
tout le Clergé , & cette Abbaye fut donnée
à l'Abbé de S. Maur des Follés . Le Monaftere
, tel que les Hiftoriens nous le repréfentent,
avoit une étendue confiderable
& renfermoit les rues de la Calande , de
la Barillerie , de la vielle Draperie , de
Ste Croix , & de la Juiverie .
La fuppreffion de cette Abbaye ( 1 ) donna
lieu à l'érection de plufieurs paroiffes , qui
font S. Martial , S. Eloi , S. Pierre - des-
Arcis , S. Pierre- aux-Boeufs , & Ste Croix
de la Cité.
Le Pape Pafcal II vient en France
demander du fecours contre l'Empereur
Henri. Il arrive à Saint Denis , où l'Abbé
Adam le reçut avec de grands honneurs.
Le Roi Philippe & Louis fon fils qui portoit
auffi dès-lors le titre de Roi ( 2 ) , furent
le trouver à S. Denis , & lui promirent
de le fecourir. Ce Pape paffa enfuite
à Paris , où on le reçut magnifiquement ;
delà il partit pour Châlons , accompagné
de plufieurs Archevêques & Evêques.
1108.
Mort de Philippe I à Melun , le 29
Juillet 1108 , âgé de cinquante- cinq ans ,
après quarante- neuf de regne. Son corps
(1)Le Maire , to. 1. pag. 373. To. 2. p. 231 ,
&c. ( 2 ) Vita Lud. Grof.
DECEMBRE. 17. 187
ne fut point porté à S. Denis dans le tombeau
de fes peres. Il fut enterré à S. Benoît-
fur-Loire , où il avoit choifi le lieu de
fa fépulture. Son fils Louis VI , furnommé
le Gros , fut fon fucceffeur.
Louis VI.
1109 & 1113 .
Louis VI arrive à Paris , & donne une
chartre( )par laquelle il déclara que les ferfs
de l'églife de Paris auroient toute liberté
de témoigner en juftice contre qui que ce
pût être , libre ou ferf, & que quiconque
les appelleroit parjures , le prouveroit
par le duel , ou perdroit fa caufe , & ſeroit
déclaré calomniateur , fon témoignage
déformais nul , & obligé de fatisfaire
à l'injure faite à l'églife de Paris , fous peine
d'excommunication .
Plufieurs églifes de Paris qui avoient
dans ce tems - là des ( 2 ) hommes & femmes
de corps , ou de poefte de corpore &poteftate
, obtinrent le même privilege que
l'églife de Paris. Ces hommes & femmes
de corps des églifes étoient prefque efclaves.
Les églifes les échangoient à leur volonté,
les envoyoient à la guerre pour eux,
( 1 ) Baluz. Mifcell. tom. 2. p. 185. ( 2 ) Sauval
, mém, mf.
188 MERCURE DE FRANCE.
enfin exigeoient d'eux quantité de fervices
ou corvées , qui tenoient de l'ancien
efclavage . Ceux d'une églife ne pouvoient
fe marier avec ceux d'une autre fans la
permiffion de leur Seigneur , &c. Ceux
qui feront curieux , peuvent voir les mémoires
de Sauval à ce fujet .
L'Evêque de Paris , nommé Galon , reçoit
en préfent d'Anfeau , Chantre & Prêtre
du Saint Sépulchre de Jérufalem , une
portion confidérable de la vraie Croix
pour fa cathédrale ( 1 ) . Il fit dépofer la
Sainte Relique dans l'églife de St Cloud ,
fut la chercher avec tout le Clergé le Dimanche
d'après , & l'apporta avec beau
coup de cérémonie dans fon églife . On
conferve encore à Notre-Dame la relique
auffi bien que les actes authentiques envoyés
en même temps de Jérufalem. Les
écoles de Paris paroiffoient prendre un
accroiffement. Après Rofcelin , qu'on
regarde comme le premier Maître d'Abbelard
, on compte au nombre des grands
hommes Robert d'Arbriffel , Marbode
Ives de Chartres , & quantité d'autres ;
mais le plus fçavant de tous étoit , fans
contredit, Guillaume de Champeaux , fous
lequel étudia Abbelard , trop connu dans
( 1 ) Dubois , to . 2. pag. 16 & 18.
DECEMBRE. 1755. 189
le monde par fes difgraces , pour que je
le paffe fous filence dans cette Hiftoire. Il
étoit né dans l'évêché de Nantes , d'une
famille noble.
Fondation de l'Abbaye S. Victor , où
Guillaume de Champeaux fe retira après
avoir pris l'habit de Chanoine régulier .
Louis VI , au terme de l'épitaphe placé
dans S. Victor même , porte que ce
Roi fonda cette nouvelle Abbaye inceſsâ
veteri ; ce qui prouve évidemment qu'il
y avoit avant ce temps - là dans le même
endroit une petite Abbaye du même nom,
avec des Religieux .
Abbelard obtient une Chaire de Profeffeur
à Paris ; mais Champeaux vint
à bout de le fupplanter , & Abbelard retourna
à Melun où il avoit ouvert une école
l'année d'auparavant : il vint enfuite
s'établir à Paris fur la Montagne Sainte
Géneviève .
Louis VI , par une chartre donnée à
Châlons , qui paroît être celle de la fondation
de l'Abbaye S. Victor, déclare qu'il
a établi dans cette Abbaye des Chanoines
Réguliers occupés à prier Dieu pour lui
& pour fon Royaume ( 1 ) , & que pour
qu'ils puiffent vaquer aux exercices de pié
( 1 ) Vita Lud. Groffi.
190 MERCURE DE FRANCE.
té fans interruption, il dote l'Abbaye d'amples
revenus , & il y ajoute plufieurs privileges
.
1114 & 1118.
Gilduin eft nommé premier Abbé de S.
Victor , & Louis VI , à fa priere , donne la
Régale de plufieurs églifes ( 1 ) à cette Maifon.
L'Evêque de Paris en fit autant avec
l'agrément des Chanoines de fa Cathédrale
. Ces deux donations ( 2 ) font datées , la
premiere de 1125 , & la feconde de 1124 ,
& foufcrites par la Reine Adelaïde , par
Philippe leur fils , & par plufieurs Evêques
. Depuis ce temps - là cette Abbaye reçut
plufieurs autres marques de libéralité
du Roi & de l'Evêque de Paris , comme ,
par exemple , un Canonicat ( 3 ) à Notre-
Dame , où il y a encore un Chanoine de
cette Abbaye qui y va faire fon tour , un
à S. Germain - l'Auxerrois , à S. Marcel , &
ailleurs.
L'Abbaye S. Victor a fourni de grands
hommes à l'Eglife , tels que Hugues &
Ives , Cardinaux. L'eftime que leur fainteté
acquit à ce Monaftere , leur procura la
vifite de S. Bernard & de S. Thomas de
( 1 ) Annal. S. Victor , mf. vol . 1. fol. 12. ( 2 )
Dubois , tom. 2. p. 80. ( 3 ) Ann, S. Victor , mf.
fol. 13 & feq.
DECEMBRE. 1755 191
"Cantorberi qui s'y arrêterent en paffant à
Paris.
On y conferve encore la cape ou le manteau
de voyage du S. Abbé , qui eft de
couleur tannée ou noir naturel, & le cilice
du S. Archevêque . Cette Abbaye devint
dans la fuite une
congrégation , & comptoit
fous elle quarante Abbayes ( 1 ) , &
plus de cent Monafteres , comme il paroît
par le teftament du Roi Louis VIII , en
date de l'an 1225 ; mais la Congrégation
a été defunie , tant par le malheur des
tems que par le relâchement de la difcipline
monaftique.
Abbelard qui s'étoit retiré à Laon , revint
à Paris : n'y trouvant plus Guillaume
de Champeaux , fon ancien adverſaire , il
continua d'enfeigner la théologie avec liberté,
Son hiftoire avec Heloife , niece de
Fulbert , Chanoine de Paris , eft affez connue
pour me difpenfer de la rapporter ici.
Nous dirons feulement que fa doctrine
fur la Trinité ayant été condamnée dans
un Concile tenu à Soiffons , il fe réfugia
auprès de Thibaud , Comte de Champagne ,
qui lui donna un afyle près de Troyes ,
où il bâtit une Chapelle fous le titre du
Paraclet , fut enfuite Abbé de S. Gildas en
( 1 ) Apud Duch . to . 5. p. 325.
92 MERCURE DE FRANCE .
Bretagne , & céda fon hermitage du Paraclet
à Heloife , qui s'y retira avec quelques
Religieufes chaffées , comme elle ,
d'Argenteuil , & Bernard cita enfuite Abbelard
au Concile de Sens , où fa doctrine
fut de nouveau condamnée : néanmoins
il reçut l'abfolution du Pape Innocent II,
& fe retira à Cluni , d'où l'Abbé de ce
Monaftere l'envoya à Châlons-fur- Saone,
où il mourut le 21 Avril 1142 , âgé de
63 ans.
L'école qu'Abbelard avoit à Paris , étoit
près de la Cathédrale , & nous fçavons
qu'on s'y appliquoit beaucoup à l'intelligence
de l'Ecriture fainte , ce qui donna
lieu à la Théologie fcholaftique. L'hiſtoire
d'Abbelard nous apprend auffi qu'il y
avoit une autre école fur le mont appellé
Leucoritius , plus connu fous le nom de
Sainte Genevieve.
La fuite au prochain Mercure .
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Résumé : Suite de l'abrégé historique de la ville de Paris ; par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
Le texte relate des événements historiques concernant Paris sous les règnes de Henri Ier et Philippe Ier, ainsi que des figures religieuses et monastiques notables. En 1033 et 1034, Paris est frappée par une famine sévère, où le prix du blé atteint soixante fois sa valeur normale. Cette crise entraîne une épidémie et un incendie majeur. En 1035, un concile se tient à Paris pour condamner Bérenger, accusé d'hérésie contre l'Eucharistie. Henri Ier accorde à l'évêque Imbert et à ses chanoines quatre églises situées dans les faubourgs de Paris. En 1059, Henri Ier fait sacrer et couronner son fils Philippe Ier à Reims, nommant Baudouin de Flandre comme tuteur. Henri Ier meurt en 1060 et fonde le monastère de Saint-Martin-des-Champs. Philippe Ier continue les travaux du monastère et le consacre en 1067. Sous son règne, les prévôts apparaissent, avec Étienne comme premier prévôt de Paris. En 1092, un concile se tient à Paris, et en 1093, l'abbaye Saint-Magloire est réformée. Guillaume, évêque de Paris, fait plusieurs donations aux chanoines et au prieuré de Saint-Martin-des-Champs. En 1104, un concile à Paris voit Philippe Ier renoncer publiquement à une relation scandaleuse. En 1107, l'abbaye Saint-Éloi est supprimée, et plusieurs paroisses sont créées à sa place. Philippe Ier meurt en 1108 et est enterré à Saint-Benoît-sur-Loire. Son fils Louis VI lui succède. Sous Louis VI, des chartes sont données pour protéger les serfs de l'église de Paris. L'évêque Galon reçoit une relique de la vraie Croix. Guillaume de Champeaux fonde l'abbaye Saint-Victor, où Abélard obtient une chaire de professeur. Louis VI dote l'abbaye de revenus et de privilèges. Gilduin devient le premier abbé de Saint-Victor, et l'abbaye reçoit plusieurs donations et privilèges. Le texte mentionne également des événements liés à des monastères et des figures religieuses. En décembre 1755, des voyageurs de Cantorbéry se sont arrêtés dans un monastère en se rendant à Paris. Ce monastère conservait des reliques, notamment la cape de voyage d'un saint abbé et le cilice d'un saint archevêque. L'abbaye est devenue une congrégation comptant quarante abbayes et plus de cent monastères, comme mentionné dans le testament du roi Louis VIII en 1225. Cependant, cette congrégation a été dissoute en raison des malheurs des temps et du relâchement de la discipline monastique. Le texte évoque également la vie d'Abbélard, un théologien qui enseignait à Paris. Sa relation avec Héloïse, nièce de Fulbert, chanoine de Paris, est bien connue. Condamné pour sa doctrine sur la Trinité lors d'un concile à Soissons, Abbélard a trouvé refuge auprès de Thibaud, Comte de Champagne. Il a construit une chapelle près de Troyes et est devenu abbé de Saint-Gildas en Bretagne. Il a ensuite cédé son ermitage du Paraclet à Héloïse, qui s'y est retirée avec des religieuses. Abbélard a été de nouveau condamné lors du concile de Sens, mais a reçu l'absolution du pape Innocent II. Il est mort à Châlons-sur-Saône le 21 avril 1142 à l'âge de 63 ans. L'école d'Abbélard à Paris, située près de la cathédrale, se concentrait sur l'étude des Écritures saintes, contribuant ainsi à l'émergence de la théologie scolastique.
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