Résultats : 7 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 11-41
Histoire des deux Maris jaloux. [titre d'après la table]
Début :
Deux Marys que vous voulez bien que je me dispense [...]
Mots clefs :
Jaloux, Commissaire, Galanterie, Jardin, Musique, Cabinet, Dames, Maris, Jeux, Tuileries, Carosse, Fête, Histoire, Point d'honneur, Plaisir, Cavaliers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire des deux Maris jaloux. [titre d'après la table]
Deux
vous
Marys quGTHEADS
voulez bien que je me YON
diſpenſe de vous nommer ,
prennent ſouvent d'inutiles ſur des ſoupçons mal fondez qui leur font paffer de méchantes heures. Ils font tous deux dans
les Charges , tous deux impi- toyablement délicats fur le
Point-d'honneur , & par con- ſequent tous deux jaloux ,juf- qu'à trouver du crime dans les plus innocentes converſations.
La femme de l'un eſt une blode
Av
10 LE MERCVRE
bienfaite,d'une taille fine,&dé
gagée,l'œil bien fendu, &un vi- ſage qu'on peut dire avoir eſté fait au tour. L'autre a pourFem- me une grande Brune, qui a la douceur meſme peinte dans les yeux , le teint uny , le nez. bien taillé , la bouche agreable,
& des dents à ſe récrier. Ces
deux Dames qui n'ont pas moins d'eſprit que de beauté,
ont encor plus de vertu que d'eſprit , mais cette vertu n'eſt point farouche; &comme elles font fort éloignées de l'âge où il ſemble qu'il y ait quelque obli- gation de renoncer aux plaifirs le Jeu, la Comedie , l'Opera, &
les Promenades, font desdiver--
tiffemens qu'elles ne ſe refuſens point dans l'occaſion. Il y aune étroite amitié entre elles , &
cette amitié a peut-eſtre fait la
GALANT... IT
liaiſon des Marys qui ſe ſont gaſtez l'un l'autre , en ſe dé- couvrant leur jaloufie. Vous jugez bien, Madame , que cette conformité de ſentimens les a
fait agir de concert pour le re- mede d'un mal qui les tient dans une continuelle inquietu- de. C'eſt ce qui embarraffe ces deux aimables Perſonnes , qui ne ſçauroientpreſque plus faire aucune agreable Partie fans qu'un des Marys ſoit leurfur- veillant. A dire vray , la trop exacte vigilance n'eſt pas moins incommode qu'injurieufe.Quel- que tendreſſe qu'une Femme puiffe avoir pour celuy àqui le Sacrement la tientattachée,elle n'aime point à luy voir faire le perſonnage d'Argus. Tout ce qui marque de la défiance luy tiento lieu d'outrage ; & les
12 LE MERCVRE
Marys ayant leurs heuresdere- ſerve dont perſonne ne vient troubler la douceur , il eſt juſte qu'ils abandonnent les inutiles àceux qui n'en profitent ja- mais fans témoins. LesDames
dontje vous parle devenuës in- ſéparables & par leur veritable amitié , & par le fâcheux ra- port de leur fortune , n'ou- blioient rien pour ſe dérober ,
quand elles pouvoient , aux yeux de leurs importuns Ef- pions. Ce n'eſt pas , comme je vous l'ay déja dit , qu'elles euf- ſent aucune intrigue qui pût mettre leur vertu en péril , mais il ſuffiſoit qu'on fe défiaft de leur conduite pour leur faire prendre plaifir à ſe débaraſſer de leurs Jaloux , &c'eſtoit pour elles un ſujet de joye incroya- ble qu'une Partie d'Opera ou de
GALANT. 13 Promenade faite en ſecret.
Parmy ceux dont le Jeu leur
avoit donné la connoiſſance
( car fi elles ne pouvoient s'em- peſcher d'eſtre obſervées , elles s'eſtoient miſes ſur le pied de faire une partie de ce qu'elles vouloient ) deux Cavaliers
auſſi civils que galants , leur avoient fait connoiſtre par quelques affiduitez que le plai- fir de contribuer à les divertir
eſtoit un plaiſir ſenſible pour eux. Elles meritoient bien leurs
complaiſances , & l'agrément de leur humeur joint à leur beauté qui n'eſtoit pas médiocre, pouvoit ne pas borner en- tierement à l'eſtime les ſentimens qu'ils tâchoient quelque- foisdeleur découvrir. Ils étoient
Amis, &quand ces Belles trou- voient l'occaſion de Lquelque
7
14 LE MERCVRE divertiſſement à prendre ſans leur garde accoûtumée , elles n'eſtoient point fâchées d'en faire la Partie avec eux, Dans
cette diſpoſition , voicy ce qui leur arriva pendant que les jours eſtoient les plus longs;
car , Madame , je croy que le temps ne fait rien aupres de vous à la choſe,& qu'une avan- ture du Mois deJuillet que vous ignorez ne vous plaira pas moins à écouter qu'une Avanture du Mois de Decembre. On
m'en apprend de tous les co- ftez , & ne vous les pouvant écrire toutes à la fois, j'en garde les Memoires pour vous en fai- re un Article felon l'ordre de
leur ancienneté.
Le Jeu ſervant toûjours de prétexte aux Dames àrecevoir les vifites des Cavaliers, tantoſt
GALANT. 15 chez l'une , &tantoft chez l'autre, la Feſte d'un des deux arrive. Elles luy envoyent cha- cune un Bouquet. Cela ſe pra- tique dans le monde. Illeur en marque ſa reconnoiffance par des Vers galans, &par une tres- inftante priere de prendre jour pour venir ſouper dans une fort . belle Maiſon qu'il a aupres d'u- ne des Portes de la Ville , où il
les attendra avec ſon Amy. Le Party eſt accepté , mais l'impor- tance eſt de venir à bout de la
défiance des Marys qu'on ne veut point mettre de la Feſte.
Heureuſement pour elles , il fe
trouvent tous deux chargez d'affaires en mefme temps. On choiſit ce jour. Le Cavalier eſt averty. Les ordres ſont donnez,
&il ne s'agit plus que d'exe- cuter. Les Dames feignent de vouloir alter ſurprendre une de
16 LE MERCVRE
leurs Amies qui est à une lieuë
de Paris , & d'où elles ne doivent revenir qu'au frais. Undes
Marys les veut obliger à remet- tre au lendemain , afin de leur
tenir compagnie,&de ſe délaf- ſer un peude l'accablement des affaires. Il n'en peut rien obte- nir , & fur cette conteftation
arriva un Laquais de la Dame qui les avertit de fon retour, &
qu'elle viendra joüer l'apreſdî- née avec elles. Leurs meſures
font rompuës par ce contre- temps. Lesdeux Amies diffimu- lent. Refuſer une Partie de Jeu
pour en propoſer une autre qui les laiſſe diſparoiſtre pour tout le reſte du jour , ce ſeroit don- ner de legitimes foupçons. Elles joüent, demeurent à ſouper en- ſemble apres que le Jeu eſt finy,
&feignent d'y avoir gagné un malde teſte qui leur ofte l'ap
GALANT. 17.
pétit , & qui ne peut eftre fou- lagé que par une Promenade aux Thuilleries. On met les
Chevaux au Caroffe. LeMary que leur empreſſement à vou loir faire une Partie de Campagne fans luy, avoit déja com- mencé d'inquieter , les fait fui- vre parun petit home inconnu qui entre avec elles aux ThuiLGENDEDA
leries, &les envoyant fortir in- continent par la Porte qui eft du cofté de l'eau , & monter dans une Chaiſe Roulante
qu'elles avoient donné ordre qu'on y fiſt venir, découvre le
lieu du Rendez vous, &en vient
donner avis au Mary. Le coup eftoit rude pour un Jaloux. H
court chez fon Afſocié en ja- loufie ,luy conte leur commun defaſtre , & luy faiſant quitter les Affaires qu'il n'avoit pas en-
18 LE MERCVRE
cor achevé de terminer , le me ne où la Feſte ſe donnoit. Ils
trouvent moyen d'entrer dans la Court ſans eſtre veus , & fe gliffent de là dans le Jardin ,
d'où ils peuvent aifément dé- couvrir tout ce qui ſe paſſe dans la Salle. Elle estoit éclairée d'un fort grand nombre de Bougies. Ils s'approchent des Feneſtres à la faveur de quel- quesArbresfait enBuiffons; &
quoy qu'ils ne remarquent rien qui ſente l'intrigue dans les ref- pectueuſes manieres dont les Cavaliers en uſent avec leurs
Femmes , elles leur paroiſſent de trop bonne humeur en leur abfence,&ils voudroient qu'el- les ne ſe montraſſent aimables
que pour eux. Le Soupé s'ache- ve au fon des Hautbois qui prennent le chemin du Jardin
GALANT. 19 où la Compagnie les ſuit. Les Marys qui veulent voir à quoy l'Avanture aboutira, ſe retirent
dans un Cabinet de verdure
où ils demeurent cachez. Les
Dames ont à peine fait un tour d'Allée , qu'elles voyent l'air tout couvert de Fuſées volantes , qui fortent du fonds du
Jardin; les Etoilles & les Serpentaux qu'elles font paroiſtre tout - à - coup , les divertiſſent plus agreablement que leurs Marys, qui ne font pas en eſtat de goufter le plaifir de cette ſurpriſe. L'aimable Brune dont je vous ayfait le Portrait prend une de ces Fuſées , & la veut
tirer elle - meſme. Celuy qui donne la Feſte s'y eftant inuti- lementoppoſé,luy metunMou- choir ſur le cou ,dans la crainte qu'elle ne ſe brûle. LeMary
20 LE MERCVRE
perdpatience,il veut s'échaper.
Celuy qui eft avec luy dans le Cabinet l'arreſte , &àluy-mef
me beſoin d'eſtre arreſté au
moindre mot qu'il voit qu'on dittout bas àſa Femme. Jamais
Jaloux ne ſouffrirent tant. Ils
frapent des pieds contre terre,
atrachent des feüilles , & les
mangentde rage , & on pretend qu'un des deux penſa crever d'uneChenille qu'il avala.Apres quelques Menuets danſez dans
lagrande Allée , on vient dire aux Dames qu'un Baffin de Fruit les attendoit dans la Salle
pour les rafraiſchir. Ellesy re- tournent & n'y tardent qu'un moment , parce que minuit qui ſonne leur faitune neceſſité de
ſe retirer. Les Cavaliers les accompagnent juſqu'à leur Chai- ſe roulante qu'elles quittent
GALAN T. 21
pour aller reprendre leur Ca- roſſe qu'elles ont laiſſe àl'autre Porte des Thuilleries,&cependant les Hautbois qui ne font
point avertis de leur départ continuëntà joüer dans le Jar- din. Leurprefence eſt un obſta- cle fâcheux à l'impatience des Réclus du Cabinetde verdure
qui brûlentd'en fortir pour s'ap- procher des Feneſtres comme ilsont fait pendant le Soupé. Il eſtvrayqu'ils nedemeurentpas long-tempsdans cette contrain- te, mais ils n'en ſont affranchis
que pour ſouffrir encor plus cruellement. Un de ces Mefſieurs de la Muſique champe- ſtre eſtant entré dans la Salle
pour demander quelque choſe àceluyqui les employoit, reviết dire àſes Compagnonsqu'il n'y avoit plus trouvé perſonne,&
22 LE MERCVRE
qu'il n'avoit pû fçavoir ce que la Compagnie eſtoit devenuë.
Les Marys l'entendent , & c'eſt un coup de foudre pour eux.
Leur jaloufie ne leur laiſſe rien imaginer que de funeſte pour leur honneur. Ils peſtent contre eux-meſmes de leur lâche pa- tience àdemeurer fi long- temps témoins de leur honte, & ne
doutant point que leurs Fem- mes ne ſoientdans quelqueCa- binet avec leurs Amans, ils fortent du Jardin,montent en haut,
vontde Chambre en Chambre,
& trouvant une Porte fermée,
ils font tous leurs efforts pour l'enfoncer. UnDomeſtique ac- court à cebruit. Il a beau leur
demander à qui ils en veulent. Point de réponſe. Ils continuent à donner des pieds contre la Porte, & le Domestique qui
GALANT. 23 n'eſt point aſſez fort pour les retenir , commence à crier aux Voleurs de toute ſa force. Ces cris mettent toute la Maiſon en
rumeur. On vient au ſecours.
Chacun eſt armé de ce qu'il a
pûtrouver à la haſte, &le Maî tre-d'Hoſtel tient unMouſque- ton qu'il n'y a pas plaifir d'ef- ſuyer. Nos Deſeſperez le crai- gnent. Ils moderent leur em- portement , & on ne voit plus que deux Hommes interdits ,
qui ſans s'expliquer enragent de ce qu'on met obſtacle à
leur entrepriſe. Comme ils ne ſont connus de perſonne,
&qu'ils n'ont point leurs Ha- bits de Magiſtrature , on prend leur filence pour une convi- ction de quelque deſſein crimi- nel; & afin de les faire parler malgré eux,leMaiſtre-d'Hoſtel
ここ
24 LE MERCVRE envoye chercher un Commiffaire ſans leur en rien dire , &
les fait garder fort ſoigneuſe- mentjuſqu'à ce qu'il ſoit arrivé.
Cependant les Cavaliers qui ont remené les Dames aux
Thuilleries , reviennent au lieu
où s'eſt donné le Repas, &font furpris de voir en entrantqu'on amene un Commiſſaire. Ils en
demandent la cauſe. Onleur dit
que pendant que tout le mon- de eſtoit occupé en bas à met- tre la Vaiſſelle d'argent en ſeû- reté , deux Voleurs s'eſtoient
coulez dans les Chambres , &
avoient voulu enfoncer un Cabinet.Ilycourent avec le Com- miſſaire qui les livre pendus dans trois jours. Jugez de l'é- tonnement où ils ſe trouvent
quand on leur montre les pre tendus Criminels. Le Commiffaire
GALANT. 25
faire qui les reconnoiſt ſe tire
d'affaire en habile- Homme, &
feignant de croire que ce font eux qui l'ont envoyé chercher,
il leur demande en quoy ils ont beſoin defon miniftere. Ils l'obligent à s'en retourner chez luy, ſans s'éclaircir de la bévcuë quil'a fait appeller inutilement;
& les Cavaliers qui devinent une partie de la verité , ayant fait retirer leurs Gens, leurofrét
telle réparation qu'ils voudront de l'inſulte qu'on leur a faite ſans les connoiſtre. C'eſt là que le myſtere de la Feſte ſe déve- lope. Celuy qui l'a donnée leur découvre qu'elle eſt la fuite
d'unBouquet reçeu,&qu'ayant prié les Damesd'obtenir d'eux qu'ils luy fiffent l'honneur d'en venir partager le divertiſſement avec elles, il avoit eu le chagrin
Tome X. B
26 LE MERCVRE
d'apprendre qu'unembarras im- preveu d'affaires n'avoit pas permis qu'ils les pûffent accom- pagner; qu'il venoit de les re- mener chez elles, &qu'il eſpe-- roit trouver une occafion plus favorable de lier avec eux une
Partie de plaifir. Tandis qu'il ajoûte à ces excuſes des civili- tez qui adouciſſent peu à peu la colere de nos Jaloux , fon Amy envoye promptement avertir les Dames de ce qui vient d'ar- river,afin qu'elles prenent leurs meſures ſur ce qu'elles auront à
dire à leurs Marys. Ils quitent les Cavaliers fatisfaits en appa- rence de cette défaite,&fort réfolus de faire un grand chapitre àleursFemmes, Elles prévien- nent leur méchante humeur ,
& les voyant retourner cha- grins,elles leur content en riant
GALANT. 27 la malice qu'elles leur ont faite de neles mettre pas d'une Par- tie dont on avoit ſouhaité qu'ils fuſſent ; ce qui devoit leur fai- re connoiſtre que quand les Femmes ont quelque deſſein en teſte , elles trouvent toûjours moyen de l'executer. Les Ma- rys ſe le tirent pour dit ; &
ceux qui ont ſçeu les circon- ſtances de l'Hiſtoire , aſſurent que depuis ce temps-là ils ont donné à leurs Femmes beaucoup plus de liberté qu'ils ne leur en laiſſoient auparavant.
C'étoit le meilleur party à pren- dre pour eux. Lebeau Sexe eſt
ennemyde la contrainte, & telle n'auroit jamais la moindre tentation degalanterie, quin'en refuſe pas quelquefois l'occa- fion pour punir un Mary de ſa défiance.
t
vous
Marys quGTHEADS
voulez bien que je me YON
diſpenſe de vous nommer ,
prennent ſouvent d'inutiles ſur des ſoupçons mal fondez qui leur font paffer de méchantes heures. Ils font tous deux dans
les Charges , tous deux impi- toyablement délicats fur le
Point-d'honneur , & par con- ſequent tous deux jaloux ,juf- qu'à trouver du crime dans les plus innocentes converſations.
La femme de l'un eſt une blode
Av
10 LE MERCVRE
bienfaite,d'une taille fine,&dé
gagée,l'œil bien fendu, &un vi- ſage qu'on peut dire avoir eſté fait au tour. L'autre a pourFem- me une grande Brune, qui a la douceur meſme peinte dans les yeux , le teint uny , le nez. bien taillé , la bouche agreable,
& des dents à ſe récrier. Ces
deux Dames qui n'ont pas moins d'eſprit que de beauté,
ont encor plus de vertu que d'eſprit , mais cette vertu n'eſt point farouche; &comme elles font fort éloignées de l'âge où il ſemble qu'il y ait quelque obli- gation de renoncer aux plaifirs le Jeu, la Comedie , l'Opera, &
les Promenades, font desdiver--
tiffemens qu'elles ne ſe refuſens point dans l'occaſion. Il y aune étroite amitié entre elles , &
cette amitié a peut-eſtre fait la
GALANT... IT
liaiſon des Marys qui ſe ſont gaſtez l'un l'autre , en ſe dé- couvrant leur jaloufie. Vous jugez bien, Madame , que cette conformité de ſentimens les a
fait agir de concert pour le re- mede d'un mal qui les tient dans une continuelle inquietu- de. C'eſt ce qui embarraffe ces deux aimables Perſonnes , qui ne ſçauroientpreſque plus faire aucune agreable Partie fans qu'un des Marys ſoit leurfur- veillant. A dire vray , la trop exacte vigilance n'eſt pas moins incommode qu'injurieufe.Quel- que tendreſſe qu'une Femme puiffe avoir pour celuy àqui le Sacrement la tientattachée,elle n'aime point à luy voir faire le perſonnage d'Argus. Tout ce qui marque de la défiance luy tiento lieu d'outrage ; & les
12 LE MERCVRE
Marys ayant leurs heuresdere- ſerve dont perſonne ne vient troubler la douceur , il eſt juſte qu'ils abandonnent les inutiles àceux qui n'en profitent ja- mais fans témoins. LesDames
dontje vous parle devenuës in- ſéparables & par leur veritable amitié , & par le fâcheux ra- port de leur fortune , n'ou- blioient rien pour ſe dérober ,
quand elles pouvoient , aux yeux de leurs importuns Ef- pions. Ce n'eſt pas , comme je vous l'ay déja dit , qu'elles euf- ſent aucune intrigue qui pût mettre leur vertu en péril , mais il ſuffiſoit qu'on fe défiaft de leur conduite pour leur faire prendre plaifir à ſe débaraſſer de leurs Jaloux , &c'eſtoit pour elles un ſujet de joye incroya- ble qu'une Partie d'Opera ou de
GALANT. 13 Promenade faite en ſecret.
Parmy ceux dont le Jeu leur
avoit donné la connoiſſance
( car fi elles ne pouvoient s'em- peſcher d'eſtre obſervées , elles s'eſtoient miſes ſur le pied de faire une partie de ce qu'elles vouloient ) deux Cavaliers
auſſi civils que galants , leur avoient fait connoiſtre par quelques affiduitez que le plai- fir de contribuer à les divertir
eſtoit un plaiſir ſenſible pour eux. Elles meritoient bien leurs
complaiſances , & l'agrément de leur humeur joint à leur beauté qui n'eſtoit pas médiocre, pouvoit ne pas borner en- tierement à l'eſtime les ſentimens qu'ils tâchoient quelque- foisdeleur découvrir. Ils étoient
Amis, &quand ces Belles trou- voient l'occaſion de Lquelque
7
14 LE MERCVRE divertiſſement à prendre ſans leur garde accoûtumée , elles n'eſtoient point fâchées d'en faire la Partie avec eux, Dans
cette diſpoſition , voicy ce qui leur arriva pendant que les jours eſtoient les plus longs;
car , Madame , je croy que le temps ne fait rien aupres de vous à la choſe,& qu'une avan- ture du Mois deJuillet que vous ignorez ne vous plaira pas moins à écouter qu'une Avanture du Mois de Decembre. On
m'en apprend de tous les co- ftez , & ne vous les pouvant écrire toutes à la fois, j'en garde les Memoires pour vous en fai- re un Article felon l'ordre de
leur ancienneté.
Le Jeu ſervant toûjours de prétexte aux Dames àrecevoir les vifites des Cavaliers, tantoſt
GALANT. 15 chez l'une , &tantoft chez l'autre, la Feſte d'un des deux arrive. Elles luy envoyent cha- cune un Bouquet. Cela ſe pra- tique dans le monde. Illeur en marque ſa reconnoiffance par des Vers galans, &par une tres- inftante priere de prendre jour pour venir ſouper dans une fort . belle Maiſon qu'il a aupres d'u- ne des Portes de la Ville , où il
les attendra avec ſon Amy. Le Party eſt accepté , mais l'impor- tance eſt de venir à bout de la
défiance des Marys qu'on ne veut point mettre de la Feſte.
Heureuſement pour elles , il fe
trouvent tous deux chargez d'affaires en mefme temps. On choiſit ce jour. Le Cavalier eſt averty. Les ordres ſont donnez,
&il ne s'agit plus que d'exe- cuter. Les Dames feignent de vouloir alter ſurprendre une de
16 LE MERCVRE
leurs Amies qui est à une lieuë
de Paris , & d'où elles ne doivent revenir qu'au frais. Undes
Marys les veut obliger à remet- tre au lendemain , afin de leur
tenir compagnie,&de ſe délaf- ſer un peude l'accablement des affaires. Il n'en peut rien obte- nir , & fur cette conteftation
arriva un Laquais de la Dame qui les avertit de fon retour, &
qu'elle viendra joüer l'apreſdî- née avec elles. Leurs meſures
font rompuës par ce contre- temps. Lesdeux Amies diffimu- lent. Refuſer une Partie de Jeu
pour en propoſer une autre qui les laiſſe diſparoiſtre pour tout le reſte du jour , ce ſeroit don- ner de legitimes foupçons. Elles joüent, demeurent à ſouper en- ſemble apres que le Jeu eſt finy,
&feignent d'y avoir gagné un malde teſte qui leur ofte l'ap
GALANT. 17.
pétit , & qui ne peut eftre fou- lagé que par une Promenade aux Thuilleries. On met les
Chevaux au Caroffe. LeMary que leur empreſſement à vou loir faire une Partie de Campagne fans luy, avoit déja com- mencé d'inquieter , les fait fui- vre parun petit home inconnu qui entre avec elles aux ThuiLGENDEDA
leries, &les envoyant fortir in- continent par la Porte qui eft du cofté de l'eau , & monter dans une Chaiſe Roulante
qu'elles avoient donné ordre qu'on y fiſt venir, découvre le
lieu du Rendez vous, &en vient
donner avis au Mary. Le coup eftoit rude pour un Jaloux. H
court chez fon Afſocié en ja- loufie ,luy conte leur commun defaſtre , & luy faiſant quitter les Affaires qu'il n'avoit pas en-
18 LE MERCVRE
cor achevé de terminer , le me ne où la Feſte ſe donnoit. Ils
trouvent moyen d'entrer dans la Court ſans eſtre veus , & fe gliffent de là dans le Jardin ,
d'où ils peuvent aifément dé- couvrir tout ce qui ſe paſſe dans la Salle. Elle estoit éclairée d'un fort grand nombre de Bougies. Ils s'approchent des Feneſtres à la faveur de quel- quesArbresfait enBuiffons; &
quoy qu'ils ne remarquent rien qui ſente l'intrigue dans les ref- pectueuſes manieres dont les Cavaliers en uſent avec leurs
Femmes , elles leur paroiſſent de trop bonne humeur en leur abfence,&ils voudroient qu'el- les ne ſe montraſſent aimables
que pour eux. Le Soupé s'ache- ve au fon des Hautbois qui prennent le chemin du Jardin
GALANT. 19 où la Compagnie les ſuit. Les Marys qui veulent voir à quoy l'Avanture aboutira, ſe retirent
dans un Cabinet de verdure
où ils demeurent cachez. Les
Dames ont à peine fait un tour d'Allée , qu'elles voyent l'air tout couvert de Fuſées volantes , qui fortent du fonds du
Jardin; les Etoilles & les Serpentaux qu'elles font paroiſtre tout - à - coup , les divertiſſent plus agreablement que leurs Marys, qui ne font pas en eſtat de goufter le plaifir de cette ſurpriſe. L'aimable Brune dont je vous ayfait le Portrait prend une de ces Fuſées , & la veut
tirer elle - meſme. Celuy qui donne la Feſte s'y eftant inuti- lementoppoſé,luy metunMou- choir ſur le cou ,dans la crainte qu'elle ne ſe brûle. LeMary
20 LE MERCVRE
perdpatience,il veut s'échaper.
Celuy qui eft avec luy dans le Cabinet l'arreſte , &àluy-mef
me beſoin d'eſtre arreſté au
moindre mot qu'il voit qu'on dittout bas àſa Femme. Jamais
Jaloux ne ſouffrirent tant. Ils
frapent des pieds contre terre,
atrachent des feüilles , & les
mangentde rage , & on pretend qu'un des deux penſa crever d'uneChenille qu'il avala.Apres quelques Menuets danſez dans
lagrande Allée , on vient dire aux Dames qu'un Baffin de Fruit les attendoit dans la Salle
pour les rafraiſchir. Ellesy re- tournent & n'y tardent qu'un moment , parce que minuit qui ſonne leur faitune neceſſité de
ſe retirer. Les Cavaliers les accompagnent juſqu'à leur Chai- ſe roulante qu'elles quittent
GALAN T. 21
pour aller reprendre leur Ca- roſſe qu'elles ont laiſſe àl'autre Porte des Thuilleries,&cependant les Hautbois qui ne font
point avertis de leur départ continuëntà joüer dans le Jar- din. Leurprefence eſt un obſta- cle fâcheux à l'impatience des Réclus du Cabinetde verdure
qui brûlentd'en fortir pour s'ap- procher des Feneſtres comme ilsont fait pendant le Soupé. Il eſtvrayqu'ils nedemeurentpas long-tempsdans cette contrain- te, mais ils n'en ſont affranchis
que pour ſouffrir encor plus cruellement. Un de ces Mefſieurs de la Muſique champe- ſtre eſtant entré dans la Salle
pour demander quelque choſe àceluyqui les employoit, reviết dire àſes Compagnonsqu'il n'y avoit plus trouvé perſonne,&
22 LE MERCVRE
qu'il n'avoit pû fçavoir ce que la Compagnie eſtoit devenuë.
Les Marys l'entendent , & c'eſt un coup de foudre pour eux.
Leur jaloufie ne leur laiſſe rien imaginer que de funeſte pour leur honneur. Ils peſtent contre eux-meſmes de leur lâche pa- tience àdemeurer fi long- temps témoins de leur honte, & ne
doutant point que leurs Fem- mes ne ſoientdans quelqueCa- binet avec leurs Amans, ils fortent du Jardin,montent en haut,
vontde Chambre en Chambre,
& trouvant une Porte fermée,
ils font tous leurs efforts pour l'enfoncer. UnDomeſtique ac- court à cebruit. Il a beau leur
demander à qui ils en veulent. Point de réponſe. Ils continuent à donner des pieds contre la Porte, & le Domestique qui
GALANT. 23 n'eſt point aſſez fort pour les retenir , commence à crier aux Voleurs de toute ſa force. Ces cris mettent toute la Maiſon en
rumeur. On vient au ſecours.
Chacun eſt armé de ce qu'il a
pûtrouver à la haſte, &le Maî tre-d'Hoſtel tient unMouſque- ton qu'il n'y a pas plaifir d'ef- ſuyer. Nos Deſeſperez le crai- gnent. Ils moderent leur em- portement , & on ne voit plus que deux Hommes interdits ,
qui ſans s'expliquer enragent de ce qu'on met obſtacle à
leur entrepriſe. Comme ils ne ſont connus de perſonne,
&qu'ils n'ont point leurs Ha- bits de Magiſtrature , on prend leur filence pour une convi- ction de quelque deſſein crimi- nel; & afin de les faire parler malgré eux,leMaiſtre-d'Hoſtel
ここ
24 LE MERCVRE envoye chercher un Commiffaire ſans leur en rien dire , &
les fait garder fort ſoigneuſe- mentjuſqu'à ce qu'il ſoit arrivé.
Cependant les Cavaliers qui ont remené les Dames aux
Thuilleries , reviennent au lieu
où s'eſt donné le Repas, &font furpris de voir en entrantqu'on amene un Commiſſaire. Ils en
demandent la cauſe. Onleur dit
que pendant que tout le mon- de eſtoit occupé en bas à met- tre la Vaiſſelle d'argent en ſeû- reté , deux Voleurs s'eſtoient
coulez dans les Chambres , &
avoient voulu enfoncer un Cabinet.Ilycourent avec le Com- miſſaire qui les livre pendus dans trois jours. Jugez de l'é- tonnement où ils ſe trouvent
quand on leur montre les pre tendus Criminels. Le Commiffaire
GALANT. 25
faire qui les reconnoiſt ſe tire
d'affaire en habile- Homme, &
feignant de croire que ce font eux qui l'ont envoyé chercher,
il leur demande en quoy ils ont beſoin defon miniftere. Ils l'obligent à s'en retourner chez luy, ſans s'éclaircir de la bévcuë quil'a fait appeller inutilement;
& les Cavaliers qui devinent une partie de la verité , ayant fait retirer leurs Gens, leurofrét
telle réparation qu'ils voudront de l'inſulte qu'on leur a faite ſans les connoiſtre. C'eſt là que le myſtere de la Feſte ſe déve- lope. Celuy qui l'a donnée leur découvre qu'elle eſt la fuite
d'unBouquet reçeu,&qu'ayant prié les Damesd'obtenir d'eux qu'ils luy fiffent l'honneur d'en venir partager le divertiſſement avec elles, il avoit eu le chagrin
Tome X. B
26 LE MERCVRE
d'apprendre qu'unembarras im- preveu d'affaires n'avoit pas permis qu'ils les pûffent accom- pagner; qu'il venoit de les re- mener chez elles, &qu'il eſpe-- roit trouver une occafion plus favorable de lier avec eux une
Partie de plaifir. Tandis qu'il ajoûte à ces excuſes des civili- tez qui adouciſſent peu à peu la colere de nos Jaloux , fon Amy envoye promptement avertir les Dames de ce qui vient d'ar- river,afin qu'elles prenent leurs meſures ſur ce qu'elles auront à
dire à leurs Marys. Ils quitent les Cavaliers fatisfaits en appa- rence de cette défaite,&fort réfolus de faire un grand chapitre àleursFemmes, Elles prévien- nent leur méchante humeur ,
& les voyant retourner cha- grins,elles leur content en riant
GALANT. 27 la malice qu'elles leur ont faite de neles mettre pas d'une Par- tie dont on avoit ſouhaité qu'ils fuſſent ; ce qui devoit leur fai- re connoiſtre que quand les Femmes ont quelque deſſein en teſte , elles trouvent toûjours moyen de l'executer. Les Ma- rys ſe le tirent pour dit ; &
ceux qui ont ſçeu les circon- ſtances de l'Hiſtoire , aſſurent que depuis ce temps-là ils ont donné à leurs Femmes beaucoup plus de liberté qu'ils ne leur en laiſſoient auparavant.
C'étoit le meilleur party à pren- dre pour eux. Lebeau Sexe eſt
ennemyde la contrainte, & telle n'auroit jamais la moindre tentation degalanterie, quin'en refuſe pas quelquefois l'occa- fion pour punir un Mary de ſa défiance.
t
Fermer
Résumé : Histoire des deux Maris jaloux. [titre d'après la table]
Le texte narre l'histoire de deux couples, les Marys, caractérisés par leur sens de l'honneur et leur jalousie. Les épouses, belles et vertueuses, sont amies et partagent une aversion pour la surveillance excessive de leurs maris. Elles organisent une soirée secrète pour échapper à la vigilance de leurs conjoints, prétextant une visite à une amie. Lors de cette soirée, elles sont rejointes par deux cavaliers galants. Malgré leurs efforts pour surveiller leurs femmes, les maris sont déjoués et finissent par se faire passer pour des voleurs dans la maison où se déroule la fête. Ils sont arrêtés et emmenés par un commissaire. Les cavaliers, informés de la situation, interviennent et clarifient le malentendu. À leur retour, les femmes expliquent leur ruse à leurs maris, qui finissent par accepter la situation. Parallèlement, le texte aborde les changements dans les relations de genre suite à des événements historiques. Il mentionne que, depuis un certain moment, les hommes ont accordé davantage de liberté à leurs femmes, une décision jugée bénéfique pour eux. Les femmes sont opposées à la contrainte et peuvent refuser des avances galantes pour punir un mari méfiant. Cette approche est présentée comme une stratégie efficace pour maintenir l'harmonie dans les relations conjugales.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 49-64
« Le 27. Juin une partie de la Garnison de Doüay [...] »
Début :
Le 27. Juin une partie de la Garnison de Doüay [...]
Mots clefs :
Troupes, Ennemis, Hommes, Marquis, Cavalerie, Cavaliers, Chevaux, Attaque, Prince, Comte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 27. Juin une partie de la Garnison de Doüay [...] »
Le 2.7. Juin une partie
de la Garnison de Doüay
sortit dans le dessein d'aller
rompre une digue qui
retenoit les eaux de la
Scarpe & de la Sensee, &
qui estoit couverte parun
petit Chasteau & par une
Redoute prés d'Arleux.
Ces Troupes ne pouvant
rompre la Digue sans
s'élire auparavant emparées
de ces postes, elles les
attaquerent; mais quoy
qu'ils ne sussent gardez
que parsoixante & dix
hommes ils se deffendirent
si bien que les Ennemis
furent obligez de se
recirer avec perte, ainsi
qu'ils avoientdéjafaitplusieurs
autres fois auparavant.
Cependant ayant resolu
de s'en rendre maistres à
quelque prix que ce fust,
parce que cette Digue empeschoit
la navigation de
la Scarpe & du Canal de
la Deule
,
& qu'elle retenoit
les eaux de maniere
que les Moulins deDoüay
ne pouvoient tourner, ils
firent marcherla nuit du
cinq au six Juillet huitmille
hommes tant Cavalerie
qu'Infanrerie,avec quatre
pieces de canon pour les
attaquer de nouveau. Les
soixante & dix hommes
qui les gardoient, se deffendirent
si vigoureusement
qu'ils tuerent beaucoup
de monde aux ennemis
; mais enfin la breche
ayant esté faite ils furent
emportez d'assaut & faits
prisonniersau nombre de
soixante & six
, quatre
ayant esté tuez.
Les Ennemis s'en estant
rendus maistres
,
resolurent
de les bien fortifier,
afin de les mieux conferver.
Pour couvrir leurs
Travailleurs ils pofterenc
douze Escadrons & dix
Bataillons à une demi
lieuë de Doüay, la droite
à Goeulzin, & la gaucheà
Sains-leNoble, ayant derriere
eux les inondations
&leruisseaudu Moulinet.
Mr le Marechal de Villarsalla
le 9. reconoistre
ce Camp
,
& trouvaque
la droite estoit si peuappuye'e,
que sil'on pouvoit
cacher la marche de nos
Troupes ,il seroitfacile
de le forcer. La difficulté
estoit de faire arriver les
Troupes fous Bouchain
partant des Portes d'Arras
& du Camp qui estoit
entierement découvert
par les grandes Gardes des
Ennemis.
La nuit du 9.au 10. ce
Maréchal fit marcher plusieurs
Pontons, avec ordre
de les cacher le jour fous
des arbres présde l'Escaur,
& aprèsavoir fait reconnoistre
le terrain entre
Bouchain & les Ennemis
par Mr le Baron de Raski
Colonel des Houssards, il
détacha trente Escadrons
des Gardes du Corps, des
Grenadiers à cheval
,
de
Dragons, de Cavalerie &
de Houssards, fous les ordres
deMr le Comte de
Gassionavec Mrle Marquis
de Coignie,le Prince
Charles de Lorraine &
Mr le Marquis deHautefort,
des Mousquetaires ,
Marchaux de Camp ; Mr
le Duc de la Tremoille ,
Mr Gaydon, Mrle Comte
deSaumery
,
Mrde St.
Servin
,
& Mr de Bellefond
,
Brigadiers
;
Mr le
Prince de Marsillac
,
Mr
le Duc de Ç-t.Agnan., Mr
le Prince de Lanlbe[ç)Mr
de Manicamp,
,
Mr de
Chabannes, Mr d'Aremberg,
Mr de Rottembourg,
Mr de Leémour , MrduTil, Mrle Marquis
de saint ChaumontMr
des Granges
, & Mr de
Beaufremont, Colonels.
Mr le Marquis de Coignies
marcha le premier
sous Bouchain avec les
Dragons, & il se tint sur
leshauteurs, pour empesccherquedes
Villages voisins
il ne pust aller personne
au Camp des Enne-
'mis" & que leurs partis ne
pussent découvrir nos
Troupes quand elles y arriveroient.
Lorsqu'elles
Sortirent du Camp les
Houssards & les Cavaliers
disilerent laplusgrande
partie à pied, les autres
tenant leurs chevaux en
main comme s'ils estoient
allez en pasture.
Pendant une partiede
la journée on fit faire l'éxercice
aux Troupes du
Camp sur les lieux les plus
élevez, & à dix heures on
ordonna à tous les postes
de la Scarpe, de l'Éscaut
& de la Sensée, d'arrester
tous les paysans sous prétexte
de quelques Espions"'
qu'on avoit eu avis qui
avoient examiné le Camp.
Toutes ces précautions
ayant esté prises ,Mr de
Gassion arriva fous Bouchain
sans avoir esté découvert,
& marcha ensuite
avec Mr de Coignies
peur aller attaquer les Ennemis.
Il arriva àla pointe
du jour prés de leur
Camp oùil separa ses
Troupes en quatre corps,
dont il formaquatre lignes
qui Ce soutenoient
Pun-e l'autre. La premiere
estoit composée de trois
cens Dragons, & d'un pareil
nombre de Houssards
commandez par Mr le Baron
de Raski leur Colo-d
nel
,
qui avoir encore este,
la nuit
,
luy sixiéme , reconnoistre
-
s'il n'y avoit
point quelque ravin eu
emincreux qui couvrist
front des Ennemis ; la
conde estoit de Dragons
de Cavalerie, & les deux
tres entièrement de Calerie;
la quatrièmequi
voit de Reserve estoit
mmandce par Mr de la
remoille.-
Onarriva en cet ordre
sans estre découvert,
nsle Camp ennemi jusn'a
la garde del'Etendart
ui futtaillée en pieces ,
és qu'elle eut crié : Qui
ive. En mesme remps les
oussards & les Dagon.
de la premiere ligne
debanderent & donne
rent l'alarme par tout l
Camp en tuant tout c
qui se rencontra fous leui
main à coups de fusil, de
pistolet,&de sabre. Quel
ques pelotons d'lnfante
rie firent feu sur no
Troupes, mais ils furen
bientostdissipez:on en tu
une partie, & le restese
sauva dans le chemin couvert
deDoüay. Le carnage
fut beaucoup plus
grand dans la Cavalerie
ennemie qui n'eut pas le
mps de se former en
orps un grand nombre
Officiers& de Cavaliers
vant esté tuez dans leurs
entes. Il y a eu des Régilents
donc il n'est pas reé
cent hommes
,
& un
nttr'autres dont il n'en resté que cinq, ce que
on a appris par des Let
es venuës de Douay le
ndemain de l'action.
out le Camp fut pillé, &
on mit le feu à ce que l'on
e putemporter apres que
on eut ramassé prés de
eize cens chevaux qui
ont elle emmenez a
Camp avec les prison
niers. On a pris aussï plu
sieurs Etendarts & quel
quespaires de Timbales
Nous avons perdu en cet
re action Mr deCoëtmer
Colonel de Dragons; Mr
le Baron de Raski a est
blessé ainsi que quelques
Officiersde Dragons.
Apres avoir resté plus
d'une heure sur le Champ
de Bataille, Mr de Gassion
fit sa retraire sans estro
poursuivi. Ils'est
conduit
dans cette action avec
beaucoup de prudence&
d'habilleté
,
ainsi que Mr
deCoignies 3eMus les autres
Officiers Généraux&
Subalternes,& particulierement
Mr le Baron de
Rata.
1
Mr le Maréchal de Villars
, pour favoriser leur
rerraite, avoir fait avancer
Mr d'Albergoti &Mr le
Prince d'Isenghienauvillaged'Aubigny
avec deux
mille Grenadiers, & fit attaquer
par Mr le Comte
de Broglio les gardes avancées
de l'aile droite de
l'arméeennemie,afind'attirer
leur attention de ce
costéla, les Houssards les
pousserent du costé de
Lievin ; ils tuerent plusieurs
Cavaliers
, en prirentaussi
plusieurs,& ramenerent
soixante chevaux.
de la Garnison de Doüay
sortit dans le dessein d'aller
rompre une digue qui
retenoit les eaux de la
Scarpe & de la Sensee, &
qui estoit couverte parun
petit Chasteau & par une
Redoute prés d'Arleux.
Ces Troupes ne pouvant
rompre la Digue sans
s'élire auparavant emparées
de ces postes, elles les
attaquerent; mais quoy
qu'ils ne sussent gardez
que parsoixante & dix
hommes ils se deffendirent
si bien que les Ennemis
furent obligez de se
recirer avec perte, ainsi
qu'ils avoientdéjafaitplusieurs
autres fois auparavant.
Cependant ayant resolu
de s'en rendre maistres à
quelque prix que ce fust,
parce que cette Digue empeschoit
la navigation de
la Scarpe & du Canal de
la Deule
,
& qu'elle retenoit
les eaux de maniere
que les Moulins deDoüay
ne pouvoient tourner, ils
firent marcherla nuit du
cinq au six Juillet huitmille
hommes tant Cavalerie
qu'Infanrerie,avec quatre
pieces de canon pour les
attaquer de nouveau. Les
soixante & dix hommes
qui les gardoient, se deffendirent
si vigoureusement
qu'ils tuerent beaucoup
de monde aux ennemis
; mais enfin la breche
ayant esté faite ils furent
emportez d'assaut & faits
prisonniersau nombre de
soixante & six
, quatre
ayant esté tuez.
Les Ennemis s'en estant
rendus maistres
,
resolurent
de les bien fortifier,
afin de les mieux conferver.
Pour couvrir leurs
Travailleurs ils pofterenc
douze Escadrons & dix
Bataillons à une demi
lieuë de Doüay, la droite
à Goeulzin, & la gaucheà
Sains-leNoble, ayant derriere
eux les inondations
&leruisseaudu Moulinet.
Mr le Marechal de Villarsalla
le 9. reconoistre
ce Camp
,
& trouvaque
la droite estoit si peuappuye'e,
que sil'on pouvoit
cacher la marche de nos
Troupes ,il seroitfacile
de le forcer. La difficulté
estoit de faire arriver les
Troupes fous Bouchain
partant des Portes d'Arras
& du Camp qui estoit
entierement découvert
par les grandes Gardes des
Ennemis.
La nuit du 9.au 10. ce
Maréchal fit marcher plusieurs
Pontons, avec ordre
de les cacher le jour fous
des arbres présde l'Escaur,
& aprèsavoir fait reconnoistre
le terrain entre
Bouchain & les Ennemis
par Mr le Baron de Raski
Colonel des Houssards, il
détacha trente Escadrons
des Gardes du Corps, des
Grenadiers à cheval
,
de
Dragons, de Cavalerie &
de Houssards, fous les ordres
deMr le Comte de
Gassionavec Mrle Marquis
de Coignie,le Prince
Charles de Lorraine &
Mr le Marquis deHautefort,
des Mousquetaires ,
Marchaux de Camp ; Mr
le Duc de la Tremoille ,
Mr Gaydon, Mrle Comte
deSaumery
,
Mrde St.
Servin
,
& Mr de Bellefond
,
Brigadiers
;
Mr le
Prince de Marsillac
,
Mr
le Duc de Ç-t.Agnan., Mr
le Prince de Lanlbe[ç)Mr
de Manicamp,
,
Mr de
Chabannes, Mr d'Aremberg,
Mr de Rottembourg,
Mr de Leémour , MrduTil, Mrle Marquis
de saint ChaumontMr
des Granges
, & Mr de
Beaufremont, Colonels.
Mr le Marquis de Coignies
marcha le premier
sous Bouchain avec les
Dragons, & il se tint sur
leshauteurs, pour empesccherquedes
Villages voisins
il ne pust aller personne
au Camp des Enne-
'mis" & que leurs partis ne
pussent découvrir nos
Troupes quand elles y arriveroient.
Lorsqu'elles
Sortirent du Camp les
Houssards & les Cavaliers
disilerent laplusgrande
partie à pied, les autres
tenant leurs chevaux en
main comme s'ils estoient
allez en pasture.
Pendant une partiede
la journée on fit faire l'éxercice
aux Troupes du
Camp sur les lieux les plus
élevez, & à dix heures on
ordonna à tous les postes
de la Scarpe, de l'Éscaut
& de la Sensée, d'arrester
tous les paysans sous prétexte
de quelques Espions"'
qu'on avoit eu avis qui
avoient examiné le Camp.
Toutes ces précautions
ayant esté prises ,Mr de
Gassion arriva fous Bouchain
sans avoir esté découvert,
& marcha ensuite
avec Mr de Coignies
peur aller attaquer les Ennemis.
Il arriva àla pointe
du jour prés de leur
Camp oùil separa ses
Troupes en quatre corps,
dont il formaquatre lignes
qui Ce soutenoient
Pun-e l'autre. La premiere
estoit composée de trois
cens Dragons, & d'un pareil
nombre de Houssards
commandez par Mr le Baron
de Raski leur Colo-d
nel
,
qui avoir encore este,
la nuit
,
luy sixiéme , reconnoistre
-
s'il n'y avoit
point quelque ravin eu
emincreux qui couvrist
front des Ennemis ; la
conde estoit de Dragons
de Cavalerie, & les deux
tres entièrement de Calerie;
la quatrièmequi
voit de Reserve estoit
mmandce par Mr de la
remoille.-
Onarriva en cet ordre
sans estre découvert,
nsle Camp ennemi jusn'a
la garde del'Etendart
ui futtaillée en pieces ,
és qu'elle eut crié : Qui
ive. En mesme remps les
oussards & les Dagon.
de la premiere ligne
debanderent & donne
rent l'alarme par tout l
Camp en tuant tout c
qui se rencontra fous leui
main à coups de fusil, de
pistolet,&de sabre. Quel
ques pelotons d'lnfante
rie firent feu sur no
Troupes, mais ils furen
bientostdissipez:on en tu
une partie, & le restese
sauva dans le chemin couvert
deDoüay. Le carnage
fut beaucoup plus
grand dans la Cavalerie
ennemie qui n'eut pas le
mps de se former en
orps un grand nombre
Officiers& de Cavaliers
vant esté tuez dans leurs
entes. Il y a eu des Régilents
donc il n'est pas reé
cent hommes
,
& un
nttr'autres dont il n'en resté que cinq, ce que
on a appris par des Let
es venuës de Douay le
ndemain de l'action.
out le Camp fut pillé, &
on mit le feu à ce que l'on
e putemporter apres que
on eut ramassé prés de
eize cens chevaux qui
ont elle emmenez a
Camp avec les prison
niers. On a pris aussï plu
sieurs Etendarts & quel
quespaires de Timbales
Nous avons perdu en cet
re action Mr deCoëtmer
Colonel de Dragons; Mr
le Baron de Raski a est
blessé ainsi que quelques
Officiersde Dragons.
Apres avoir resté plus
d'une heure sur le Champ
de Bataille, Mr de Gassion
fit sa retraire sans estro
poursuivi. Ils'est
conduit
dans cette action avec
beaucoup de prudence&
d'habilleté
,
ainsi que Mr
deCoignies 3eMus les autres
Officiers Généraux&
Subalternes,& particulierement
Mr le Baron de
Rata.
1
Mr le Maréchal de Villars
, pour favoriser leur
rerraite, avoir fait avancer
Mr d'Albergoti &Mr le
Prince d'Isenghienauvillaged'Aubigny
avec deux
mille Grenadiers, & fit attaquer
par Mr le Comte
de Broglio les gardes avancées
de l'aile droite de
l'arméeennemie,afind'attirer
leur attention de ce
costéla, les Houssards les
pousserent du costé de
Lievin ; ils tuerent plusieurs
Cavaliers
, en prirentaussi
plusieurs,& ramenerent
soixante chevaux.
Fermer
Résumé : « Le 27. Juin une partie de la Garnison de Doüay [...] »
Le 2 juin, une partie de la garnison de Douai tenta de rompre une digue retenant les eaux de la Scarpe et de la Sensee, mais fut repoussée par les défenseurs des postes voisins. Le 5 au 6 juillet, huit mille hommes avec quatre pièces de canon attaquèrent de nouveau ces postes et les vainquirent, capturant la plupart des défenseurs à l'exception de quatre tués. Les ennemis fortifièrent ensuite les postes. Le maréchal de Villars, après avoir reconnu le camp ennemi, nota que la droite était peu appuyée. La nuit du 9 au 10 juillet, il fit marcher plusieurs troupes vers Bouchain, prenant des précautions pour éviter la découverte. Le marquis de Coignies marcha en tête avec les dragons pour empêcher toute communication avec le camp ennemi. À l'aube, les troupes françaises attaquèrent le camp ennemi en quatre lignes. La première ligne, composée de dragons et de hussards, débanda et donna l'alarme, tuant ceux qu'ils rencontrèrent. La cavalerie ennemie fut particulièrement touchée, avec de nombreux officiers et cavaliers tués. Le camp fut pillé et incendié, et près de mille deux cents chevaux furent capturés. Les Français perdirent le colonel de dragons Coëtmer et le baron de Raski fut blessé. Après avoir resté sur le champ de bataille, les troupes françaises se retirèrent sans être poursuivies, grâce à des actions de diversion menées par d'Albergotti et le prince d'Isenghien. Les hussards poussèrent également les ennemis vers Lievin, tuant et capturant plusieurs cavaliers et ramenant soixante chevaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 121-130
TRAIT D'HISTOIRE Arabe.
Début :
Le Calife Haclem parrut un jour fort rêveur ; & quand [...]
Mots clefs :
Calife, Poète, Arabe, Distique, Curiosité, Cavaliers, Récompense
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TRAIT D'HISTOIRE Arabe.
TRJlT D'HISTOIRE
Arabe.
LeCaliseHaclem
irut paun
jour fort rêveur;
>6C quandceux qui l'enrvironnoient
lui eurent
demandé ce qui lui eausoit
une si profonde rêrverie;
illeur dit: C'est
lUne curiosité violente;
>&; comme je tâche de
reprimer routes lespaffionsnuisibles
à autrui;
je m'abandonne à celles
qui ne peuvent que faire
honneur, & lacuriosité
de sçavoir m'a gagné;
j'y succombe. Alors,sans
s'expliquer davanrage,
il donna ordre àcent
cavaliers de courir par
cent différens endroits
de ses domaines J:& de
luichercher un Poëte
nomméHacle
,
& de
le lui amener avec escorte.
Il n'en dit pas davantage,
& ne donner
cent dragmes à chacun
des cent cavaliers.Chacun
crut qu'une, telle
équipée étoit pour punir
apparemmentce PoèV
te de quelque crime.
Enfin après quelques
semaines on lui amena
Hacle;il alla au-de<?
vant. delui,qu'onamenoit
tout tremblant, 8C
lui dit; Je t'ai envoyé
chercher pour mefaire
ressouvenir dequelques
mots que.j'ai, oubliez
d'un distique,que tu dois
savoir, toy qui as lareputaciÕ
de sçavoir par coeur
routes les Poësies Orientales.
Hacle apres avoir
un peurêvé, lui recita le
distique,cjui-étoit : Les
Poétesdemandentducuin
lematin,&leurbouteille
setrouve 'Vuide ; ils de.
mandent, qu'une musicienne
vienne joüer de
la harpe ou chanter,pour
leuir exciter l'imagination
: mais les musiciennes
ne chantent que dans
les maisons opulentes
comment donc lePoëte
pourra-t-il être excité&
mis en uetue?- S
LeCalife ravi d'avoir
retrouvéundistiquede
deux qu'il avoit oubliez,
demanda à Hacle quelle
récompense il vouloir,
& que quelque magnifique
qu'illa demandât,
il l'obtiendroit.
Le Poëte Hacle lui
répondit que puisqu'il
vouloit le recompenser
de lui avoirrecité le premier
distique, il luidemandoit
donc de faire
orner un char magnifique
, traîné de ses plus
superbes chevaux, &de
faire aussi équiper deuxcent
cavaliers le plus richement
qu'il pourroir,
& de lui donnertout
cela à sadisposition. u?i
Ho que veux-tu faire
de ce pompeux cortege,
lui dit le Calife ? apparemment
que tu 1 veux
entrer en triomphe dans
les villes, pour faire voir
que la Poësie ne fait pas
toûjours aller à pied?
Hé bien soit, je te l'accorde.
Haclem tu te trompes
,
répondit Hacle,
de me croire si vain;
non, je ne te demande
tout cela que pour m'accompagner
jusqu'àl'endroit
où j'ailaissé dans
un tiroir l'autre distique
dont tu es en peine, &
dont il ne me souvient
plus; car voyant les
grands frais & l'éclat
avec lequeltu m'as fait
chercher pour avoir l'autre,
qui n'est pas à beau.
coup prés si beau que celui
qui me manque, je
crois qu'il ne faut pas
moins pour avoir celuicique
le cortege que je
te demande. -',
Le Calise, après avoir
un peu revé, luidit:Ce
que ru me dis est une
raillerie de ce que je
donnetrop à ma curiosité,
Se fais tropde fracas
pour quatre vers que
j'aienvie d'avoir : mais
n'ayant point de guerre
à soûtenir, S( tousmes
su jets - étant heureux
fous mon regne, à quoy
puis- je mieux employer
mes richesses qu'à honorer
la Poësie,qui transmettra
la félicité de mon
regneàla posterité'.>(~Uà
-
on lui prepare le char,
continua-t-il en parlant
à ses gens, 8C tout ce
qu'il a demandé
,
afin
qu'il aille en pompe
chercher ce distique,
10 quej attens avec impatience
:& si tu m'en rapportes
un de ta façon
qui foit aussi beau que
les autres,jeteferai emplir
le chariot de dragmes,
& je te l'enverrai
chez toy pour recompense.
Arabe.
LeCaliseHaclem
irut paun
jour fort rêveur;
>6C quandceux qui l'enrvironnoient
lui eurent
demandé ce qui lui eausoit
une si profonde rêrverie;
illeur dit: C'est
lUne curiosité violente;
>&; comme je tâche de
reprimer routes lespaffionsnuisibles
à autrui;
je m'abandonne à celles
qui ne peuvent que faire
honneur, & lacuriosité
de sçavoir m'a gagné;
j'y succombe. Alors,sans
s'expliquer davanrage,
il donna ordre àcent
cavaliers de courir par
cent différens endroits
de ses domaines J:& de
luichercher un Poëte
nomméHacle
,
& de
le lui amener avec escorte.
Il n'en dit pas davantage,
& ne donner
cent dragmes à chacun
des cent cavaliers.Chacun
crut qu'une, telle
équipée étoit pour punir
apparemmentce PoèV
te de quelque crime.
Enfin après quelques
semaines on lui amena
Hacle;il alla au-de<?
vant. delui,qu'onamenoit
tout tremblant, 8C
lui dit; Je t'ai envoyé
chercher pour mefaire
ressouvenir dequelques
mots que.j'ai, oubliez
d'un distique,que tu dois
savoir, toy qui as lareputaciÕ
de sçavoir par coeur
routes les Poësies Orientales.
Hacle apres avoir
un peurêvé, lui recita le
distique,cjui-étoit : Les
Poétesdemandentducuin
lematin,&leurbouteille
setrouve 'Vuide ; ils de.
mandent, qu'une musicienne
vienne joüer de
la harpe ou chanter,pour
leuir exciter l'imagination
: mais les musiciennes
ne chantent que dans
les maisons opulentes
comment donc lePoëte
pourra-t-il être excité&
mis en uetue?- S
LeCalife ravi d'avoir
retrouvéundistiquede
deux qu'il avoit oubliez,
demanda à Hacle quelle
récompense il vouloir,
& que quelque magnifique
qu'illa demandât,
il l'obtiendroit.
Le Poëte Hacle lui
répondit que puisqu'il
vouloit le recompenser
de lui avoirrecité le premier
distique, il luidemandoit
donc de faire
orner un char magnifique
, traîné de ses plus
superbes chevaux, &de
faire aussi équiper deuxcent
cavaliers le plus richement
qu'il pourroir,
& de lui donnertout
cela à sadisposition. u?i
Ho que veux-tu faire
de ce pompeux cortege,
lui dit le Calife ? apparemment
que tu 1 veux
entrer en triomphe dans
les villes, pour faire voir
que la Poësie ne fait pas
toûjours aller à pied?
Hé bien soit, je te l'accorde.
Haclem tu te trompes
,
répondit Hacle,
de me croire si vain;
non, je ne te demande
tout cela que pour m'accompagner
jusqu'àl'endroit
où j'ailaissé dans
un tiroir l'autre distique
dont tu es en peine, &
dont il ne me souvient
plus; car voyant les
grands frais & l'éclat
avec lequeltu m'as fait
chercher pour avoir l'autre,
qui n'est pas à beau.
coup prés si beau que celui
qui me manque, je
crois qu'il ne faut pas
moins pour avoir celuicique
le cortege que je
te demande. -',
Le Calise, après avoir
un peu revé, luidit:Ce
que ru me dis est une
raillerie de ce que je
donnetrop à ma curiosité,
Se fais tropde fracas
pour quatre vers que
j'aienvie d'avoir : mais
n'ayant point de guerre
à soûtenir, S( tousmes
su jets - étant heureux
fous mon regne, à quoy
puis- je mieux employer
mes richesses qu'à honorer
la Poësie,qui transmettra
la félicité de mon
regneàla posterité'.>(~Uà
-
on lui prepare le char,
continua-t-il en parlant
à ses gens, 8C tout ce
qu'il a demandé
,
afin
qu'il aille en pompe
chercher ce distique,
10 quej attens avec impatience
:& si tu m'en rapportes
un de ta façon
qui foit aussi beau que
les autres,jeteferai emplir
le chariot de dragmes,
& je te l'enverrai
chez toy pour recompense.
Fermer
Résumé : TRAIT D'HISTOIRE Arabe.
Le calife Haroun al-Rachid, submergé par sa curiosité pour la connaissance, ordonne à cent cavaliers de trouver Hacle, un poète réputé pour connaître par cœur toutes les poésies orientales. Après plusieurs semaines, Hacle est amené au calife, qui lui demande de rappeler un distique oublié. Hacle récite un distique sur la condition des poètes et leur manque de ressources. Ravi, le calife propose une récompense à Hacle, qui demande un char magnifique et deux cents cavaliers pour l'accompagner jusqu'à l'endroit où il a laissé le second distique. Le calife, bien que surpris, accepte et prépare le cortège. Hacle explique que son exigence est proportionnée à l'importance que le calife accorde à sa curiosité. Le calife, reconnaissant l'honneur à rendre à la poésie, accepte et prépare tout ce que Hacle a demandé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 6-53
HISTOIRE nouvelle.
Début :
Il y a environ six semaines que Don Alonzo de [...]
Mots clefs :
Maison, Chevalier, Dames, Madrid, Cavaliers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HISTOIRE nouvelle.
HISTOIRE
nouvelle.
IL y a environ lîx femaines
que Don Alonzo de
Cordouë,qui aune fort
belle maison de campagne
dans le village àzLegane^
m'invita à aller passer les
quinze premiers jours du
printempschez lui. Sa soeur,
qui est une fort aimable
fille, & qui avoit pour moy
1
des;bontezi que jene meritois
pas,, ; dévoies nous y
tenir-compagnie ; samaîtrelie
y devoir être avec
elle,30c Fernando dtb Rio
nôtre intime ami 3à qui
nous avions proposé quelques
jours auparavant de
(e mettre de la partie, a3a.
voit consentià être des notrès,
qu'à condition que sa
maîtresse en feroit aussi, te
que nous ne sortirions de
chez nôtre hôte, que pour
aller passer une autre quinzaine
à la maison de Pinto4.
Nous lui promîmes tout cc
u'il voulut^ lc.jaalpcii;
pour cette panses,.a^&enak
barquâmes nosrrpikBaflaes
dans un même'caroflfc, &
nous les simes*parrir<de,Ma-,
drid;deuxL>heurfifn«.valu
nous,afin.qu'elkaeuffen£
le tempsdesemettreàleur
aise, & de ..fc':¿repQ{et. ea
nbuss.ittçn(Jant:riI>£nôtre
cbuà nousimontâiries aussi
en carosse, aprésavoir ordonne
à nos valetsdeiious
tenir à l'entrée de la tfiuifc
nos chevaux prêtsapports
de la Vegts. Nôtre intention
écoit de nouspromener
mPxmo Kiejp.f,juiquSL
ce que nous pûssions prositc$
jdu. clair deL'une, pour
nous rendre plus fraîchement
àLeganez, ou nous
devions-nous mettre à taille
en arrivant. n-croitmieux'!-;,.' concerte
en apparence., que
çpî:te«partie-cependant elle
tournatout de travers pour
mes amis, pour leurs maîtreflfes
, & fort heureuse- ipçjitp<?urt.moy.
LesDames., que nous
avions eu lafage precautipn
de faire partir deux
bonnes heures avant nous
pour leur commodité, avoient ordonné à leurcocher
de marcher doucementypour
serendre ense
promenant à Leganez. Elles
avoient même déja fait
plus de la moitié du chemin,
lorsque deux Cavaliers,
qui s'étoient mis en
embuscade derriere une petite
hauteur, pour les voir
passer sans être vus, àrriverent
àtoute bride à leur
carosse. Vous n'avez pas un
moment de temps à per- dre, Mesdames, pour retourner
en diligence à Madrid
, leur dirent ils tout
hors d'haleine. Alonzo de
Cordoue, Fernando del
Rio, & un de leurs amis
qui etolt avec eux, viennent
de se faire une des
plus cruelles affaires du
monde. ils ont, je ne sçai "-
comment, insusté deux Dîmes
qui se promenoient au
Prado;elles s'en sont plaintes
à Don Lope de Cereza
qu'elles ont renconrré.
Ce Cavalier, qui est sans
doutede leurs amis, a voulu
sur le champ tirer raisonde
cette insulte. Leurs carosses
se sont accrochez; ils se
sont donne parole, ils,o-nt
pris le chemin de Val/ecas *
& là, trois contre trois,ils
se sont battus à oucrance.
Nous ayons vu la fin de ce combat, dont le détail funeste
ne seviroit quaaugmenter
vosalarmes, ôc qu'à
retarder le prompr secours
qu'ils attendent apparemment
de vous. Si
nous ne vous avions pas
* C*ef}Hnvillage cjtiifournit da
f un à bla Irii
> comme Gomjfc en fournit à Parisrenconcréesen
chemin,
nous aurions été vous chercher
jusques à Leganez
,
pour vousramener à Madrid,
à leur prière:mais heifc
reufement/nous sommes
encoreiiprocheau,lieuoù
leicombacvient de -faîpaJa (, fer, îqiienvretQunnantJ fias
vos pas, & prenant lapremiererouteà
droite, vous
verrez! de vos propres yeux
ôc lecham de bataille,&
peut-être même les com- battans.: ':
¡!!'j Ces deux,.,tendres dépit*
tez.finireiuiieur recit d'un
air si touchant, qu'ils per.
suaderent nos pauvres Dames,
qui donnerent de si
bonne grace dans le panneau,
queleurs nouveaux
guides, pour éviternôtre
rencontre, leur firent abandonnerle
grancLxrhemin
de Leganez;&fan^:trouver
aucune trace de nôtre
avanture, les firent rentrer
dans Madriduninstant avpantoqur'onteery:
sfer.mât , lei
D'un autre côté, pendantque
nousrte,fongibns
qu'à nous proencmurâraw
4qililcme^(/i%u Prado,voici
cequi nou^.arriya,
Nous remarquâmes un
c^roflfe d^fts lequel ;4toieac
qu0tr&0^ti- ïpicfiçdetempsentemps
les rideaux dont elles se
"rorvoient ;.oôllr fç cacher
JprÉque gqvkctl aurjpîTjéscFçlles.
Laplushabile
deces Dames me parla discreçemencaveç
ses ,doigts?J
êçaussiclairement queje
vous parléavec la bouche.
:M$lJ.Uv,roYfJz ,Chevalier,
me dit : elle,-aller, souper
^jour^Tyûîtegancziî
niais, je^bu^èn?empccticrai
bien.Ne témoignezrien
à-vosamis-dè- la menace
•-«jue^jfc*vqas* -fivous vouiez*<^ie<jerv<ôfii
de'doiirt-
8)magêIl agrc&bletfieriÉ"1du
:.fouper que-jê~ivous1 ferai
perdre0.Jhlui''tjépondii lîir
-dé tëàêhite*iQti ]»pà"daâs'ftc
-inertie'laijga la maujreîTe de»nousjoüer
ct.el;courIqu'a'llui='plaireit',
pourveu1qu'elles»engageât
a me
tenir-àla. litfcrtJaîpâ-
,
rôle qu'elle^me»*dotm&ic. ,medire elfe
: 3&? pour
:
jEÛeusTeacfeerJtë'ijcu°iP|*Se
nous
nous venions dç^jouer,2clhî3
dit touthaut:Eloignonsnvoiluessd,
qeucie,sdeCpauvisaplileurss,idn'cuin:'
quart d'heurequ'ils ~jpj~b
menentà côtedenous
n'ont pas seulement eUiJaj
politesse de nous ,q,jfF u~!~
parole obligeante. Çc^
cher, quitte la filedescarosses,
& mene-nous hor» ldelaville.
encore un..
tour de promenade , §3
avant qu'on fermâtles pqç,.,
tes8 de la ville ,nous ga",
gnâmes celle def laVega,
f
où nous montâmes à cheval
pour nous rendre à Le ganez.
A deux cens pas de Madrid
un vieillard, qui depuis
plus de vingt ans demande
l'aumône sur le grand chemin,
nouscria de sa hute :
Dieu vousgarde, Chevaliers
..Alonzo de Cordouë, ta mere
-se meurt ; Fernando delRio,
ta maîtresse te trahit ; Mirador,
la tiennet'attend.Vieillard
,lui dis- je,qui t'a appris
ces étranges nouvelles?
Ne m'en demande pas davantage,
me répondit-il,
donne-moy feulement l'aumône
, & va-t-en ou ton
honneur t'appelle.Reçois
cette aumône, luidit atiffi
tôt Alonzo,&dis moy dé
qui tu sçais la nouvelle que
tu viens de m'apprendre?
Je ne veux pointde ton
aumône,reprit le vieillard;
d'abord que tu attaches une
condition au bienque tu
me dois faire. Et toy, dit il
à Fernando, qui as compté
de passer quinze jours à Leganez,
& autant àPinto,
croy-moy,va-t-en à Aranjikï('*
, ravir ou ceder ta
maîtresse à ton rival. Cet
oracle nous cau sa des mouyemens
fort differens.Nous
restâmessur legrand ~he~
min,comme trois :hommes
qui ne sçavent où don.
ner df^a tête, Alonzoapprehendtfyep
raison de
ne pouvoir pasrentrerdans
la ville,Fernando juroit
qu'il étoitsipeu amoureux,
quoy ,q.u'il.,,cmaîtres,
le9quïl ne craignoit presque
ni concurrencç,niinfi-,
delité; & je sçavois de mon
côté moins que pcrfpnneoù^
monhonneur mappellôic.
Quoique je ne doutasse
point que la situation où
nousnous trouvions alors
ne fût un effet de la menace
de l'invisible
,
qui s'étoit
(ervie à la promenade de
ses doigts pour m'annoncer
l'intention quelle avoit de
se divertir à nos dépens; je
n'envifageois encore dans
cet exploit ni honneur, ni
gloire à acquérir.,,, Cependant nous nous
déterminâmes à ne nous
soinsquitter en dépit qç;
oracle, ôç nous fûmesau
galop jusquesà L^ganez*
Nous trouvâmestoutesles
portes de la maison d'Alonzo
fermées. Nous fîmes
grand bruit pour nous les
faire ouvrir; personne ne
vint. A la finresolus d'en
enfoncer une, une vieille,
que nôtre vacarme avoit
arrachée de son grabat,
parut à la fenêtre, & nous
demanda d'une voix tremblante,
quinous étions. Qui
je suis, infâmeDuegna 10 !
lui dit A lonzo, ne connoistu
pas ton maître ? Non,
reprit la vieille,il ya longtempsqu'il
est mort. Sivous,
demandez des prieres, j'en1
vais dire, pour vous: adieu,
bonsoir. Nous nous mîmes
alors à rire, & a jurer en
gens qui trouvoient la plaisanterie
bonne & mauvaise.
A la finnéanmoins nous
fîmestantde bruit, qu'on
vint nous ouvrir, maisd'une
façon qui nous surprit encore
plus que le compila
ment de la vieille. Six
grands estaffiers, a4 rmez de
buffles, de brogueles11, & de
longues épées, tenant chacun
un grand flambeau de
cire jauneà leurmain droite,
le chapeau retapé fut
les yeux, les cheveux luisans
derriere l'oreille, la
moustache retroussée, & le
broquele à la main gauche,
faisant un demi cercle autour
de deux grandes Dames
vêtues de noir,voilées,
& qui accordoient douloureusement
les plaintifs accens
de leurs voix aux cen..,
dres sons de leurs guitarres,
nous ouvrirent enfin la
porte en cadence.
Il J'oubliai alors qu'on m'avoit
donné le mot pour
respecter, comme mescamarades,
marades,les acteurs& les
actrices de cette ceremonie,
& aprèsavoiradmiré.,
auffiimmobilequ'eux,toute
la gravitéde ce fpfél-acle,
Alonzoleur dit:Mesdames,
trouveriez - vous mauvais
quej'entrassechezmoy > Npsn1a;îtrk(ses,iluidirencelles-
tnf;cmbi-,&, assez nonchalament,
ne reçoivent
guer-csde-vjfîtesàpareille
heures.Et sansdaigner leu-
•temènt^faiireattention qu-
:AJonw&¥ehoit: d©fle4ir demander
lapermission d'entrer
dans sa maison :
Gomibien
êtes-vous, continuerent-
elles? Estes-vous gens
de paix & d'honneur? te
avez-vousautant de ressources
de gayété, que
nous avons desujets d'affliction?
Aussitôt elles recommencerent
à selamenter
;
elles nousfirent signe
de marcher gravementderriere
elles. Ellesnous tour:,
nerent le dos, & nous les
suivîmesjusques dans jine
grandesalle,ou nous trou-
1vâmes deuxautresDagie* sur des ejlems11 de
jonçsi.•* • .»
Voici, Mesdames, leur
dirent nos conductrices,
trois étrangers que nous
vous presentons : c'est apparemment
le droit d'hofpitalité
qu'ils vous demandent
pour cette nuit; si vous
les recevez, ou jugez, vous
à propos qu'on les mette?
Voyez, dit l'une de ces
Dames
,
si la Guitanaest
couchée; ( c'étoitjustement
la vieille qui nous
avoit parlé par la fenêtre)
si elle l'est
,
qu'on la fasse
lever, & qu'elle cede son
lit à ces Meilleurs. Elle est
,
de fort bonne conversation,
& je ne doute point
qu'elle ne les amuse agréablement
jusqu'au jour,de la
bizarrerie des contes qu'
elle leur fera. Elle a àsa
part autant d'années qu'eux
trois: mais qu'importe?
«ellelaelg'esperirtfiai.n.,jeune & , 1
Et Mesdames, leur dit
Alonzo,je consens que vous
soyiez lesmaîtresses dans
jna maison
;
elles rirent à ce
mot: mais de grâce ne m'ex
posez pas aux trois plus
fâcheux inconveniensdu
monde ; elles rirent encore
plus fort. J'amene mes amis
chez moy y
vôtre presence
m'ôte la liberté de les y
recevoir.Nous mourons de
faim, & vous avez l'inhumanité
de nous envoyer
coucher sans souper. Enfin,
pour me dédommager de
l'infortune de ne trouvet
ni mes domestiques, ni à
boire,nià manger dans ma
maison
, vous nous condamnez
à passer la nuit avec
vôtre Guitana. Ellesrirent
plus fort encore qu'elles
n'avoientri ,
elles le leverent
en un clin d'oeil3 elles
firent une piroüette sur la
pointe du pied, la reverence,
& s'enallerent.
Nos deux guides & les six
estaffiers qui nous avoient
amenezdans la salle, nous
abandonnerent comme elles
;
ainsi nous nousregardâmes
tous trois avec les
plus plaisantes figures du
monde, au milieu d'un
grand vestibule
,
qui, par
la desertion de la compa.
gnie, ne Ce trouva plus éclairé
que de la tremblante
lueur d'une misèrable lampe
quin'avoit au plus
iqu'tin«,,,demi-quart d'heure
:de, foible lumiere à nous
prêter.
VotoaDios*,dit Alonzo,
dont la tête commençoit à
s'échauffer de tout ce manege,
je ne me sens gueres
d'humeur à entendre raillene
plus long temps; & si
je ne vois bientôt la fin de
cet enchantement
,
malheurà
qui metombera sous
la main. Gardez-vous bien,
luidit Fernando, de faire
ici le fanfaron; il me paroît
*fc Tlil drmnf à Dieu.
que ces gensxhnerispenibaj.
rassent gucjesnioe;carillon
dont voarJesiiîieriacex
nous pourrions bien, dans
l'obscurité quinous talonne
, nous enteégorger au
milieu des tenebres, comme
les soldats de Cadmus.
Croyez-moy, prenons patience,
& préparons-nous
de bonnegrâce à quelque
nouvelle avanture. Je
suis
persuadé qu'on n'a point
ici de mauvaise intention
contre nous; on veut rire à
nos dépens, laissons lesgens
se divertir tout leur saoul,
cecitournera peut - erre a
bien. Ma foy, cUs-je à mon
tour,voila leseul parti que
nous ayons à prendre. Là
finirentnos propos &nôtre lampe;:<
A l'instant nous entendîmes
quelqu'un marcher
fort doucement vers le coin
ou nous nousétions retranchez.
Qui vive, dit Alonzo
? Ayez pitié de mes larmes
& de majeunesse, genereux
Chevaliers, nous
.-répondit' une voix languissante
,
& permettez - moy
de chercher auprès de vous
un azile contre l'ennemi
qui me poursuit. Où êtes
vous?Donnezmoy la main,
souffrez que je m'asseyeà
côté de vous, asseyez-vous
atusosi, &irapperen.ez mon his-
Il y a cinquante-quatre
ans, trois mois & dix sept
jours quej'epousai en secondes
t noces un, jeune
homme natif d'Aranjuez.
J'ai vécu en paix & en joye
avec luis pendant environ
dix huit ans. L'année desa
mort je pris un troisiéme
mari du même lieu
9- nous
passames dix-huit bonnes
années ensemble ,&il y a
dix-huit ans que je fuis veuve
: quelle pitié!
Maudite Guitana, lui dit
Alonzo! ( car à ce compte
c'est toy qui nous parles)
puises-tu crever tout à
l'heure. Que tes jours finis
Tent avec ce calcul, ajouta
Fernando. Guitana,lui disjje,
puissiez-vous vivre trente
sixansencore. Parbleu,
Mirador, reprit Alonzo,
voila de la complaisance &
des voeux bien employez!
Mirador, me dit la vieille
d'un ron tremblant,jevous
remercie du souhait obligeant
que vous faites pour
moy : aussîtôt me sentant
à côtéd'elle, & sûre de ne
se pas tromper, elle me prit
la main, dont en remuant
les doigts ; eHem'anura.
qu'elle n'étoit nila laide,
ni la décrepite Guitanaque
mes amis croyoient entendre.
Cependant en s'entre
renant avec moy d'une
façon qur donnoit à son
esprit la liberté de me dire
les plus jolies choses du j monde, elle nous conta feconte
que je vais vous lire.
Elle fitmalicieujemejtt&avec
Juccés ,pour endormirmescamarades,
cequebien des raconun.
f ontsans dessein.
Miguel Cervantes, : : avjCC
son vilain Chevalierde la
trillefigure, est encore ua
plaisant original, de pretendre
nous bercer des
impertinences de Sancho
& des sotoses de son maître.
SaDorothée,son avanture
de la Sierra Morena sa caverne
de Montefinos & ses
noces de Gamache, ne sont
ijuc des balivernes,en
comparaison de l'histoire
de mes troisièmes noces.
Je vins au monde il y a
quelques années dans le
village d'Aranjuez. Mon
nom est Guitana Pecarilla.
le fuis fille de Bartholomeo
Valisco
,
vieux Chrétien,
homme noble, & qui a
toujours vécu dans l'Ofcu,
rite, parce qu'il a toujours
été pauvre. J'ai été mariée
à quinze ans, veuve àdixneuf,
remariée à vingt,
veuve encore à trente-huit,
& mariée pour la derniere
fois à trente-neuf. C'el
justementl'histoire- de ce
dernier mariage que vous 1
allez entendre.
Lebienheureux Bertrand
de Fontcaral * vint un jour
à Aranjuez,où ilm'aima
des qu'il me vit. Il avoit
épousé est premières noces
Felicitana l-a Lavandera, ** à
Madrid. Felicianaavoit un
frère, qui dans les premieres
années de sa jeunesse
avoit été amoureux
de la fille de Martin d'Or-
* yiUdge.§ù sifait le meilleur
vinMufiéti qui je koive À M*-
Àrtd. '.; ** SUnckiJfcHfe* J
taleza. Ils'étoitmême battu
deux ou trois fois pour elle'
à la puerta del Sol. * Elle
s'appelloit en son jnotn
Maria Planta&j(otxl2,~
marie, qui e, 'toic>çommt
je vous l'aidéjàdit., le
b-erCr!de., FcliciapftjW?JL,a-.
validera,s^p^eiloii- Ptâro
MorentKV©ttsfç&Ur£$doiiC
que dés queMaria Planta
futassurée del'aîHQjW
que Pedro Jv4oçôap;
pour jslle., /Sisrçfôluijeai:
d'aller s'établiràVallado-
-.\01 1 -'; d* Prortieddit S.ole.il, Place de MYI" i.''1\ of.
lid.*
lid*Vous m'entendez bien.
Imaginez-vous donc qu'ils
crurent qu'on ne manque-
,foir, pas,de couriraprès
eux pour les ramenerà
Madrid:mais ils se tromperent
,
& on fc moqua
deux, & la preuve qu'on
s'en moqua, c'est qu'ils,ne
furent pas plutôt partis)
qu'on ne se souvint pas seulement
de les avoir jamais
jvûs,,êc oncques depuis on
n'a entendu parler d'eux;
iàrtt- yaqu'ils furentenc'*^
tile 'de la 'vieilleCaffilie, art*
cier-tieA'cptW/'e des Rois £E{pagne.
fuite à une Fête de Taureaux.
13 Vous m'entendez
bien?. Mais vous ne me
répondez pas. Je croy en
bonne foy que vous dormez
! Dieu soit loüé ! Mirador,
me dit-elleàl'orciJIeJ
une autre fois j'acheverai
mon histoire : ne
troublons point le repos de
ces Messieurs, & songeons
feulement à nous éloigner
d'eux le plus doucement
que nous pourrons.
Nous prî1\mes 'à1t\âton1le
chemin de la porre, nous
traversâmes le jardin, &
nous arrivâmes enfin dans
une petite chambre,où, à
la faveur deslumières dont
elle et-oic éclairée,je vis- la
plusbettepersonne qui ion:
en Espagne. Transporté du
plaisir d'une si heureuse
découverte,je me jecrai à
ses Pieds sans pouvoir
seulement lui dire une parole.
Cependant elle m'ordonna
de me lever, & elle
me dit: Le temps est maintenantsiprécieux
pour
nous, que vous ne fçauriez
vous imaginer combien il
'ïïoCre*-cft1- important d'en
profiter. Mangez vîte un
morceau, montons en carosse,
& ne vous informez
pas feulement du lieu où
j'ai envie de vous mener.
Je n'ai à present besoin de
rien, Madame,lui dis- je,
& je fuis prêt à aller avec
vous par tout où vous voudrez.
Elle fit monter dans
un carosse desuite les femmes
qui luiavoient servi à
jouer la comedie dans la
maison d'Alonzo., qui fut
vuide en un moment, &
elle monta avec moy dans
le sîen.Nousmarchâmes
le reste de la nuit, & environ
une heure aprés le
lever du Soleil, nous arrivâmes
au Puerto de las Salinas.
14
Chemin faisant elle me
conta,comment elle avoit
conduit cette entreprise,
dontmes camarades venoient
d'être, ôc dévoient
être encore bien plus embarassez
que moy.
.;; Jenesçai pas, me ditelle
, si vous; avez ajoute
beaucoup de foy à ce que
je vous ai dit du nombre
demesmariages &de mes
années. Vous m'avezvûe
assez en un moment,pour
sçavoir maintenant ce que
vous en devez croire ; aulïï
n'élit plus à preient ques-
-
tion que de vous expliquer
les motifs de la plaisanterie
quej'ai faite à vos amis
Monnomest DonaInes
~.deF,ucnteHermofk, Jesuis feule heritiere du nom ,
des armes-ôc desbiens de
ma famille, qui est une
des plus illustres de l'Andalousie.
Il y a trois mois
qoc'jeîpams deSevillt15,
pourmerendre à Madrid,
1
où les parens de mon mari,
dont je fuis veuve depuis
un an, m avoient intenté
un procés sur les articles
les plus considerables de sa
succession. Je fuis venuë (comme eux) solliciter mes
Juges. Mes intérêts leur
ont paru si legirimes,& ma
cause si claire &: si juste,que,
malgré la lenteur des procedures
de cette Cour,j'ai,
en six semaines & sans appel
, gagné mon procès
avec dépens, au souverain
ConseildeCamille.
:IIy,a - un moisqu'occupée
du foin de m'arranger pour
retourner en Andalousié',
j'entendis dire tant de bien
de vous chez la Comtesse
de Tavara mon amie,que
je resolus de vous faire
examiner desi prés pendant
le reste de mon séjour à
Madrid, que nulle de vos
démarches ne pût échaper
à ma connoissance.
Chaque jour mes espions
6deles, que j'entrerenois
jusques dans vôtre maison,
me rendoient compte indirectement
de vos pas, de
vos plaisirs, & de vos intentions.
tentions. J'ai sçû par leur
moyen la partie que vous
aviez concertée avec Alonzo
de Cordoüa&Fernando
del Rio. Enfin ce n'estqu'à.
vôtre consideration que j'ai
trouvé hier le secret de
m'emparer de la maison
d'Alonzo, & d'en écarter
les femmes qui devorent
s'y rendre.Je vous ai averti
demondesseinàla promenade,
j'ai député les cava- liers qui ont ramené vos
Dames a Madrid, j'ai fait
parler le vu illard que vous
avez rencontrésur le grand
chemin
,
j'ai joüé moymême
le rôle de la Guitana,
qui n'est qu'un fantôme de
mon invention;j'ai détaché
les six estaffiers & les deux
filles qui vous ont ouvert la
porte avec tant de ceremonie
: en un mot j'ai reüssi
dans le projet que j'avois
formé de vous arracher de
cette maison. Je vous ai
promis enfin de vous recompenser
du souper que
j'avois resolu de vous faire
perdre. Je suis prête à vous
tenir tria parole. Si ma
performe & monbien ont
de quoy flater vôtre amour
& vôtre ambition, je vous
sacrifiel'un & l'autre, pour
m',unir à*jamais à, vous.
Ravi de la tendresse de
cette belle veuve, je baisai
sa main avec transport
, lk
j'acceptai
, avec une joye
inexprimable, des conditions
si avantageuses. Je
lui demandai quinze jours
pour venir regler mesaffaiasaMadrid,
& je suisà
laveille d'allerlaretrouver
en Andalousie. Voila,
"m0tt ami > la nouvelle de
flàofc mariage, que je voulois
vous apprendre. Dieu
vous donne unefehimç
comme la mienne.
J'ai appris par une lettre,
que j'ai reçuedepuisquelques
jours de Madrid,que
le Chevalier de Mirador
avoir eu bien des obstacles
à surmonter avant que(1^
prompt hymen dont il se
flatoit, lors qu'il me conta
son histoire, l'unîtàla belle
veuve. Il y a une,intrigue
si particulière, & des mouvemens
si interessans dans
la suite, decetteavanture,
que je croy , ne pp.UYgjr
promettre rien de plus
arhufant que la secondé
partie de cette Nouvelle ,
que je donnerai une autre
fois. Je ne l'aurois point
partagee comme je fais, si
jen'avois pas crû les remarques
qu'on va lire, &
quine sont imprimées en
nulendroit,aussi divertissantes,
ôc plus utiles que
l'histoire.
nouvelle.
IL y a environ lîx femaines
que Don Alonzo de
Cordouë,qui aune fort
belle maison de campagne
dans le village àzLegane^
m'invita à aller passer les
quinze premiers jours du
printempschez lui. Sa soeur,
qui est une fort aimable
fille, & qui avoit pour moy
1
des;bontezi que jene meritois
pas,, ; dévoies nous y
tenir-compagnie ; samaîtrelie
y devoir être avec
elle,30c Fernando dtb Rio
nôtre intime ami 3à qui
nous avions proposé quelques
jours auparavant de
(e mettre de la partie, a3a.
voit consentià être des notrès,
qu'à condition que sa
maîtresse en feroit aussi, te
que nous ne sortirions de
chez nôtre hôte, que pour
aller passer une autre quinzaine
à la maison de Pinto4.
Nous lui promîmes tout cc
u'il voulut^ lc.jaalpcii;
pour cette panses,.a^&enak
barquâmes nosrrpikBaflaes
dans un même'caroflfc, &
nous les simes*parrir<de,Ma-,
drid;deuxL>heurfifn«.valu
nous,afin.qu'elkaeuffen£
le tempsdesemettreàleur
aise, & de ..fc':¿repQ{et. ea
nbuss.ittçn(Jant:riI>£nôtre
cbuà nousimontâiries aussi
en carosse, aprésavoir ordonne
à nos valetsdeiious
tenir à l'entrée de la tfiuifc
nos chevaux prêtsapports
de la Vegts. Nôtre intention
écoit de nouspromener
mPxmo Kiejp.f,juiquSL
ce que nous pûssions prositc$
jdu. clair deL'une, pour
nous rendre plus fraîchement
àLeganez, ou nous
devions-nous mettre à taille
en arrivant. n-croitmieux'!-;,.' concerte
en apparence., que
çpî:te«partie-cependant elle
tournatout de travers pour
mes amis, pour leurs maîtreflfes
, & fort heureuse- ipçjitp<?urt.moy.
LesDames., que nous
avions eu lafage precautipn
de faire partir deux
bonnes heures avant nous
pour leur commodité, avoient ordonné à leurcocher
de marcher doucementypour
serendre ense
promenant à Leganez. Elles
avoient même déja fait
plus de la moitié du chemin,
lorsque deux Cavaliers,
qui s'étoient mis en
embuscade derriere une petite
hauteur, pour les voir
passer sans être vus, àrriverent
àtoute bride à leur
carosse. Vous n'avez pas un
moment de temps à per- dre, Mesdames, pour retourner
en diligence à Madrid
, leur dirent ils tout
hors d'haleine. Alonzo de
Cordoue, Fernando del
Rio, & un de leurs amis
qui etolt avec eux, viennent
de se faire une des
plus cruelles affaires du
monde. ils ont, je ne sçai "-
comment, insusté deux Dîmes
qui se promenoient au
Prado;elles s'en sont plaintes
à Don Lope de Cereza
qu'elles ont renconrré.
Ce Cavalier, qui est sans
doutede leurs amis, a voulu
sur le champ tirer raisonde
cette insulte. Leurs carosses
se sont accrochez; ils se
sont donne parole, ils,o-nt
pris le chemin de Val/ecas *
& là, trois contre trois,ils
se sont battus à oucrance.
Nous ayons vu la fin de ce combat, dont le détail funeste
ne seviroit quaaugmenter
vosalarmes, ôc qu'à
retarder le prompr secours
qu'ils attendent apparemment
de vous. Si
nous ne vous avions pas
* C*ef}Hnvillage cjtiifournit da
f un à bla Irii
> comme Gomjfc en fournit à Parisrenconcréesen
chemin,
nous aurions été vous chercher
jusques à Leganez
,
pour vousramener à Madrid,
à leur prière:mais heifc
reufement/nous sommes
encoreiiprocheau,lieuoù
leicombacvient de -faîpaJa (, fer, îqiienvretQunnantJ fias
vos pas, & prenant lapremiererouteà
droite, vous
verrez! de vos propres yeux
ôc lecham de bataille,&
peut-être même les com- battans.: ':
¡!!'j Ces deux,.,tendres dépit*
tez.finireiuiieur recit d'un
air si touchant, qu'ils per.
suaderent nos pauvres Dames,
qui donnerent de si
bonne grace dans le panneau,
queleurs nouveaux
guides, pour éviternôtre
rencontre, leur firent abandonnerle
grancLxrhemin
de Leganez;&fan^:trouver
aucune trace de nôtre
avanture, les firent rentrer
dans Madriduninstant avpantoqur'onteery:
sfer.mât , lei
D'un autre côté, pendantque
nousrte,fongibns
qu'à nous proencmurâraw
4qililcme^(/i%u Prado,voici
cequi nou^.arriya,
Nous remarquâmes un
c^roflfe d^fts lequel ;4toieac
qu0tr&0^ti- ïpicfiçdetempsentemps
les rideaux dont elles se
"rorvoient ;.oôllr fç cacher
JprÉque gqvkctl aurjpîTjéscFçlles.
Laplushabile
deces Dames me parla discreçemencaveç
ses ,doigts?J
êçaussiclairement queje
vous parléavec la bouche.
:M$lJ.Uv,roYfJz ,Chevalier,
me dit : elle,-aller, souper
^jour^Tyûîtegancziî
niais, je^bu^èn?empccticrai
bien.Ne témoignezrien
à-vosamis-dè- la menace
•-«jue^jfc*vqas* -fivous vouiez*<^ie<jerv<ôfii
de'doiirt-
8)magêIl agrc&bletfieriÉ"1du
:.fouper que-jê~ivous1 ferai
perdre0.Jhlui''tjépondii lîir
-dé tëàêhite*iQti ]»pà"daâs'ftc
-inertie'laijga la maujreîTe de»nousjoüer
ct.el;courIqu'a'llui='plaireit',
pourveu1qu'elles»engageât
a me
tenir-àla. litfcrtJaîpâ-
,
rôle qu'elle^me»*dotm&ic. ,medire elfe
: 3&? pour
:
jEÛeusTeacfeerJtë'ijcu°iP|*Se
nous
nous venions dç^jouer,2clhî3
dit touthaut:Eloignonsnvoiluessd,
qeucie,sdeCpauvisaplileurss,idn'cuin:'
quart d'heurequ'ils ~jpj~b
menentà côtedenous
n'ont pas seulement eUiJaj
politesse de nous ,q,jfF u~!~
parole obligeante. Çc^
cher, quitte la filedescarosses,
& mene-nous hor» ldelaville.
encore un..
tour de promenade , §3
avant qu'on fermâtles pqç,.,
tes8 de la ville ,nous ga",
gnâmes celle def laVega,
f
où nous montâmes à cheval
pour nous rendre à Le ganez.
A deux cens pas de Madrid
un vieillard, qui depuis
plus de vingt ans demande
l'aumône sur le grand chemin,
nouscria de sa hute :
Dieu vousgarde, Chevaliers
..Alonzo de Cordouë, ta mere
-se meurt ; Fernando delRio,
ta maîtresse te trahit ; Mirador,
la tiennet'attend.Vieillard
,lui dis- je,qui t'a appris
ces étranges nouvelles?
Ne m'en demande pas davantage,
me répondit-il,
donne-moy feulement l'aumône
, & va-t-en ou ton
honneur t'appelle.Reçois
cette aumône, luidit atiffi
tôt Alonzo,&dis moy dé
qui tu sçais la nouvelle que
tu viens de m'apprendre?
Je ne veux pointde ton
aumône,reprit le vieillard;
d'abord que tu attaches une
condition au bienque tu
me dois faire. Et toy, dit il
à Fernando, qui as compté
de passer quinze jours à Leganez,
& autant àPinto,
croy-moy,va-t-en à Aranjikï('*
, ravir ou ceder ta
maîtresse à ton rival. Cet
oracle nous cau sa des mouyemens
fort differens.Nous
restâmessur legrand ~he~
min,comme trois :hommes
qui ne sçavent où don.
ner df^a tête, Alonzoapprehendtfyep
raison de
ne pouvoir pasrentrerdans
la ville,Fernando juroit
qu'il étoitsipeu amoureux,
quoy ,q.u'il.,,cmaîtres,
le9quïl ne craignoit presque
ni concurrencç,niinfi-,
delité; & je sçavois de mon
côté moins que pcrfpnneoù^
monhonneur mappellôic.
Quoique je ne doutasse
point que la situation où
nousnous trouvions alors
ne fût un effet de la menace
de l'invisible
,
qui s'étoit
(ervie à la promenade de
ses doigts pour m'annoncer
l'intention quelle avoit de
se divertir à nos dépens; je
n'envifageois encore dans
cet exploit ni honneur, ni
gloire à acquérir.,,, Cependant nous nous
déterminâmes à ne nous
soinsquitter en dépit qç;
oracle, ôç nous fûmesau
galop jusquesà L^ganez*
Nous trouvâmestoutesles
portes de la maison d'Alonzo
fermées. Nous fîmes
grand bruit pour nous les
faire ouvrir; personne ne
vint. A la finresolus d'en
enfoncer une, une vieille,
que nôtre vacarme avoit
arrachée de son grabat,
parut à la fenêtre, & nous
demanda d'une voix tremblante,
quinous étions. Qui
je suis, infâmeDuegna 10 !
lui dit A lonzo, ne connoistu
pas ton maître ? Non,
reprit la vieille,il ya longtempsqu'il
est mort. Sivous,
demandez des prieres, j'en1
vais dire, pour vous: adieu,
bonsoir. Nous nous mîmes
alors à rire, & a jurer en
gens qui trouvoient la plaisanterie
bonne & mauvaise.
A la finnéanmoins nous
fîmestantde bruit, qu'on
vint nous ouvrir, maisd'une
façon qui nous surprit encore
plus que le compila
ment de la vieille. Six
grands estaffiers, a4 rmez de
buffles, de brogueles11, & de
longues épées, tenant chacun
un grand flambeau de
cire jauneà leurmain droite,
le chapeau retapé fut
les yeux, les cheveux luisans
derriere l'oreille, la
moustache retroussée, & le
broquele à la main gauche,
faisant un demi cercle autour
de deux grandes Dames
vêtues de noir,voilées,
& qui accordoient douloureusement
les plaintifs accens
de leurs voix aux cen..,
dres sons de leurs guitarres,
nous ouvrirent enfin la
porte en cadence.
Il J'oubliai alors qu'on m'avoit
donné le mot pour
respecter, comme mescamarades,
marades,les acteurs& les
actrices de cette ceremonie,
& aprèsavoiradmiré.,
auffiimmobilequ'eux,toute
la gravitéde ce fpfél-acle,
Alonzoleur dit:Mesdames,
trouveriez - vous mauvais
quej'entrassechezmoy > Npsn1a;îtrk(ses,iluidirencelles-
tnf;cmbi-,&, assez nonchalament,
ne reçoivent
guer-csde-vjfîtesàpareille
heures.Et sansdaigner leu-
•temènt^faiireattention qu-
:AJonw&¥ehoit: d©fle4ir demander
lapermission d'entrer
dans sa maison :
Gomibien
êtes-vous, continuerent-
elles? Estes-vous gens
de paix & d'honneur? te
avez-vousautant de ressources
de gayété, que
nous avons desujets d'affliction?
Aussitôt elles recommencerent
à selamenter
;
elles nousfirent signe
de marcher gravementderriere
elles. Ellesnous tour:,
nerent le dos, & nous les
suivîmesjusques dans jine
grandesalle,ou nous trou-
1vâmes deuxautresDagie* sur des ejlems11 de
jonçsi.•* • .»
Voici, Mesdames, leur
dirent nos conductrices,
trois étrangers que nous
vous presentons : c'est apparemment
le droit d'hofpitalité
qu'ils vous demandent
pour cette nuit; si vous
les recevez, ou jugez, vous
à propos qu'on les mette?
Voyez, dit l'une de ces
Dames
,
si la Guitanaest
couchée; ( c'étoitjustement
la vieille qui nous
avoit parlé par la fenêtre)
si elle l'est
,
qu'on la fasse
lever, & qu'elle cede son
lit à ces Meilleurs. Elle est
,
de fort bonne conversation,
& je ne doute point
qu'elle ne les amuse agréablement
jusqu'au jour,de la
bizarrerie des contes qu'
elle leur fera. Elle a àsa
part autant d'années qu'eux
trois: mais qu'importe?
«ellelaelg'esperirtfiai.n.,jeune & , 1
Et Mesdames, leur dit
Alonzo,je consens que vous
soyiez lesmaîtresses dans
jna maison
;
elles rirent à ce
mot: mais de grâce ne m'ex
posez pas aux trois plus
fâcheux inconveniensdu
monde ; elles rirent encore
plus fort. J'amene mes amis
chez moy y
vôtre presence
m'ôte la liberté de les y
recevoir.Nous mourons de
faim, & vous avez l'inhumanité
de nous envoyer
coucher sans souper. Enfin,
pour me dédommager de
l'infortune de ne trouvet
ni mes domestiques, ni à
boire,nià manger dans ma
maison
, vous nous condamnez
à passer la nuit avec
vôtre Guitana. Ellesrirent
plus fort encore qu'elles
n'avoientri ,
elles le leverent
en un clin d'oeil3 elles
firent une piroüette sur la
pointe du pied, la reverence,
& s'enallerent.
Nos deux guides & les six
estaffiers qui nous avoient
amenezdans la salle, nous
abandonnerent comme elles
;
ainsi nous nousregardâmes
tous trois avec les
plus plaisantes figures du
monde, au milieu d'un
grand vestibule
,
qui, par
la desertion de la compa.
gnie, ne Ce trouva plus éclairé
que de la tremblante
lueur d'une misèrable lampe
quin'avoit au plus
iqu'tin«,,,demi-quart d'heure
:de, foible lumiere à nous
prêter.
VotoaDios*,dit Alonzo,
dont la tête commençoit à
s'échauffer de tout ce manege,
je ne me sens gueres
d'humeur à entendre raillene
plus long temps; & si
je ne vois bientôt la fin de
cet enchantement
,
malheurà
qui metombera sous
la main. Gardez-vous bien,
luidit Fernando, de faire
ici le fanfaron; il me paroît
*fc Tlil drmnf à Dieu.
que ces gensxhnerispenibaj.
rassent gucjesnioe;carillon
dont voarJesiiîieriacex
nous pourrions bien, dans
l'obscurité quinous talonne
, nous enteégorger au
milieu des tenebres, comme
les soldats de Cadmus.
Croyez-moy, prenons patience,
& préparons-nous
de bonnegrâce à quelque
nouvelle avanture. Je
suis
persuadé qu'on n'a point
ici de mauvaise intention
contre nous; on veut rire à
nos dépens, laissons lesgens
se divertir tout leur saoul,
cecitournera peut - erre a
bien. Ma foy, cUs-je à mon
tour,voila leseul parti que
nous ayons à prendre. Là
finirentnos propos &nôtre lampe;:<
A l'instant nous entendîmes
quelqu'un marcher
fort doucement vers le coin
ou nous nousétions retranchez.
Qui vive, dit Alonzo
? Ayez pitié de mes larmes
& de majeunesse, genereux
Chevaliers, nous
.-répondit' une voix languissante
,
& permettez - moy
de chercher auprès de vous
un azile contre l'ennemi
qui me poursuit. Où êtes
vous?Donnezmoy la main,
souffrez que je m'asseyeà
côté de vous, asseyez-vous
atusosi, &irapperen.ez mon his-
Il y a cinquante-quatre
ans, trois mois & dix sept
jours quej'epousai en secondes
t noces un, jeune
homme natif d'Aranjuez.
J'ai vécu en paix & en joye
avec luis pendant environ
dix huit ans. L'année desa
mort je pris un troisiéme
mari du même lieu
9- nous
passames dix-huit bonnes
années ensemble ,&il y a
dix-huit ans que je fuis veuve
: quelle pitié!
Maudite Guitana, lui dit
Alonzo! ( car à ce compte
c'est toy qui nous parles)
puises-tu crever tout à
l'heure. Que tes jours finis
Tent avec ce calcul, ajouta
Fernando. Guitana,lui disjje,
puissiez-vous vivre trente
sixansencore. Parbleu,
Mirador, reprit Alonzo,
voila de la complaisance &
des voeux bien employez!
Mirador, me dit la vieille
d'un ron tremblant,jevous
remercie du souhait obligeant
que vous faites pour
moy : aussîtôt me sentant
à côtéd'elle, & sûre de ne
se pas tromper, elle me prit
la main, dont en remuant
les doigts ; eHem'anura.
qu'elle n'étoit nila laide,
ni la décrepite Guitanaque
mes amis croyoient entendre.
Cependant en s'entre
renant avec moy d'une
façon qur donnoit à son
esprit la liberté de me dire
les plus jolies choses du j monde, elle nous conta feconte
que je vais vous lire.
Elle fitmalicieujemejtt&avec
Juccés ,pour endormirmescamarades,
cequebien des raconun.
f ontsans dessein.
Miguel Cervantes, : : avjCC
son vilain Chevalierde la
trillefigure, est encore ua
plaisant original, de pretendre
nous bercer des
impertinences de Sancho
& des sotoses de son maître.
SaDorothée,son avanture
de la Sierra Morena sa caverne
de Montefinos & ses
noces de Gamache, ne sont
ijuc des balivernes,en
comparaison de l'histoire
de mes troisièmes noces.
Je vins au monde il y a
quelques années dans le
village d'Aranjuez. Mon
nom est Guitana Pecarilla.
le fuis fille de Bartholomeo
Valisco
,
vieux Chrétien,
homme noble, & qui a
toujours vécu dans l'Ofcu,
rite, parce qu'il a toujours
été pauvre. J'ai été mariée
à quinze ans, veuve àdixneuf,
remariée à vingt,
veuve encore à trente-huit,
& mariée pour la derniere
fois à trente-neuf. C'el
justementl'histoire- de ce
dernier mariage que vous 1
allez entendre.
Lebienheureux Bertrand
de Fontcaral * vint un jour
à Aranjuez,où ilm'aima
des qu'il me vit. Il avoit
épousé est premières noces
Felicitana l-a Lavandera, ** à
Madrid. Felicianaavoit un
frère, qui dans les premieres
années de sa jeunesse
avoit été amoureux
de la fille de Martin d'Or-
* yiUdge.§ù sifait le meilleur
vinMufiéti qui je koive À M*-
Àrtd. '.; ** SUnckiJfcHfe* J
taleza. Ils'étoitmême battu
deux ou trois fois pour elle'
à la puerta del Sol. * Elle
s'appelloit en son jnotn
Maria Planta&j(otxl2,~
marie, qui e, 'toic>çommt
je vous l'aidéjàdit., le
b-erCr!de., FcliciapftjW?JL,a-.
validera,s^p^eiloii- Ptâro
MorentKV©ttsfç&Ur£$doiiC
que dés queMaria Planta
futassurée del'aîHQjW
que Pedro Jv4oçôap;
pour jslle., /Sisrçfôluijeai:
d'aller s'établiràVallado-
-.\01 1 -'; d* Prortieddit S.ole.il, Place de MYI" i.''1\ of.
lid.*
lid*Vous m'entendez bien.
Imaginez-vous donc qu'ils
crurent qu'on ne manque-
,foir, pas,de couriraprès
eux pour les ramenerà
Madrid:mais ils se tromperent
,
& on fc moqua
deux, & la preuve qu'on
s'en moqua, c'est qu'ils,ne
furent pas plutôt partis)
qu'on ne se souvint pas seulement
de les avoir jamais
jvûs,,êc oncques depuis on
n'a entendu parler d'eux;
iàrtt- yaqu'ils furentenc'*^
tile 'de la 'vieilleCaffilie, art*
cier-tieA'cptW/'e des Rois £E{pagne.
fuite à une Fête de Taureaux.
13 Vous m'entendez
bien?. Mais vous ne me
répondez pas. Je croy en
bonne foy que vous dormez
! Dieu soit loüé ! Mirador,
me dit-elleàl'orciJIeJ
une autre fois j'acheverai
mon histoire : ne
troublons point le repos de
ces Messieurs, & songeons
feulement à nous éloigner
d'eux le plus doucement
que nous pourrons.
Nous prî1\mes 'à1t\âton1le
chemin de la porre, nous
traversâmes le jardin, &
nous arrivâmes enfin dans
une petite chambre,où, à
la faveur deslumières dont
elle et-oic éclairée,je vis- la
plusbettepersonne qui ion:
en Espagne. Transporté du
plaisir d'une si heureuse
découverte,je me jecrai à
ses Pieds sans pouvoir
seulement lui dire une parole.
Cependant elle m'ordonna
de me lever, & elle
me dit: Le temps est maintenantsiprécieux
pour
nous, que vous ne fçauriez
vous imaginer combien il
'ïïoCre*-cft1- important d'en
profiter. Mangez vîte un
morceau, montons en carosse,
& ne vous informez
pas feulement du lieu où
j'ai envie de vous mener.
Je n'ai à present besoin de
rien, Madame,lui dis- je,
& je fuis prêt à aller avec
vous par tout où vous voudrez.
Elle fit monter dans
un carosse desuite les femmes
qui luiavoient servi à
jouer la comedie dans la
maison d'Alonzo., qui fut
vuide en un moment, &
elle monta avec moy dans
le sîen.Nousmarchâmes
le reste de la nuit, & environ
une heure aprés le
lever du Soleil, nous arrivâmes
au Puerto de las Salinas.
14
Chemin faisant elle me
conta,comment elle avoit
conduit cette entreprise,
dontmes camarades venoient
d'être, ôc dévoient
être encore bien plus embarassez
que moy.
.;; Jenesçai pas, me ditelle
, si vous; avez ajoute
beaucoup de foy à ce que
je vous ai dit du nombre
demesmariages &de mes
années. Vous m'avezvûe
assez en un moment,pour
sçavoir maintenant ce que
vous en devez croire ; aulïï
n'élit plus à preient ques-
-
tion que de vous expliquer
les motifs de la plaisanterie
quej'ai faite à vos amis
Monnomest DonaInes
~.deF,ucnteHermofk, Jesuis feule heritiere du nom ,
des armes-ôc desbiens de
ma famille, qui est une
des plus illustres de l'Andalousie.
Il y a trois mois
qoc'jeîpams deSevillt15,
pourmerendre à Madrid,
1
où les parens de mon mari,
dont je fuis veuve depuis
un an, m avoient intenté
un procés sur les articles
les plus considerables de sa
succession. Je fuis venuë (comme eux) solliciter mes
Juges. Mes intérêts leur
ont paru si legirimes,& ma
cause si claire &: si juste,que,
malgré la lenteur des procedures
de cette Cour,j'ai,
en six semaines & sans appel
, gagné mon procès
avec dépens, au souverain
ConseildeCamille.
:IIy,a - un moisqu'occupée
du foin de m'arranger pour
retourner en Andalousié',
j'entendis dire tant de bien
de vous chez la Comtesse
de Tavara mon amie,que
je resolus de vous faire
examiner desi prés pendant
le reste de mon séjour à
Madrid, que nulle de vos
démarches ne pût échaper
à ma connoissance.
Chaque jour mes espions
6deles, que j'entrerenois
jusques dans vôtre maison,
me rendoient compte indirectement
de vos pas, de
vos plaisirs, & de vos intentions.
tentions. J'ai sçû par leur
moyen la partie que vous
aviez concertée avec Alonzo
de Cordoüa&Fernando
del Rio. Enfin ce n'estqu'à.
vôtre consideration que j'ai
trouvé hier le secret de
m'emparer de la maison
d'Alonzo, & d'en écarter
les femmes qui devorent
s'y rendre.Je vous ai averti
demondesseinàla promenade,
j'ai député les cava- liers qui ont ramené vos
Dames a Madrid, j'ai fait
parler le vu illard que vous
avez rencontrésur le grand
chemin
,
j'ai joüé moymême
le rôle de la Guitana,
qui n'est qu'un fantôme de
mon invention;j'ai détaché
les six estaffiers & les deux
filles qui vous ont ouvert la
porte avec tant de ceremonie
: en un mot j'ai reüssi
dans le projet que j'avois
formé de vous arracher de
cette maison. Je vous ai
promis enfin de vous recompenser
du souper que
j'avois resolu de vous faire
perdre. Je suis prête à vous
tenir tria parole. Si ma
performe & monbien ont
de quoy flater vôtre amour
& vôtre ambition, je vous
sacrifiel'un & l'autre, pour
m',unir à*jamais à, vous.
Ravi de la tendresse de
cette belle veuve, je baisai
sa main avec transport
, lk
j'acceptai
, avec une joye
inexprimable, des conditions
si avantageuses. Je
lui demandai quinze jours
pour venir regler mesaffaiasaMadrid,
& je suisà
laveille d'allerlaretrouver
en Andalousie. Voila,
"m0tt ami > la nouvelle de
flàofc mariage, que je voulois
vous apprendre. Dieu
vous donne unefehimç
comme la mienne.
J'ai appris par une lettre,
que j'ai reçuedepuisquelques
jours de Madrid,que
le Chevalier de Mirador
avoir eu bien des obstacles
à surmonter avant que(1^
prompt hymen dont il se
flatoit, lors qu'il me conta
son histoire, l'unîtàla belle
veuve. Il y a une,intrigue
si particulière, & des mouvemens
si interessans dans
la suite, decetteavanture,
que je croy , ne pp.UYgjr
promettre rien de plus
arhufant que la secondé
partie de cette Nouvelle ,
que je donnerai une autre
fois. Je ne l'aurois point
partagee comme je fais, si
jen'avois pas crû les remarques
qu'on va lire, &
quine sont imprimées en
nulendroit,aussi divertissantes,
ôc plus utiles que
l'histoire.
Fermer
Résumé : HISTOIRE nouvelle.
Le texte narre une aventure de Don Alonzo de Cordoue et ses amis, qui se rendent à Leganez pour célébrer les premiers jours du printemps. Don Alonzo invite son narrateur, sa sœur et leurs maîtresses, ainsi que Fernando del Rio et sa maîtresse. Ils prévoient de se promener au Prado avant de se rendre à Leganez. Cependant, leur plan est perturbé lorsque les maîtresses des hommes sont interceptées par deux cavaliers qui les ramènent à Madrid sous prétexte d'une querelle entre leurs compagnons et Don Lope de Cereza. Pendant ce temps, les hommes remarquent un carrosse où des femmes se cachent. L'une d'elles les invite à souper chez elle à Leganez. Les hommes acceptent et se rendent à la maison, où ils sont accueillis par des femmes qui les conduisent dans une grande salle. Après une série de railleries, les femmes quittent la pièce, laissant les hommes dans l'obscurité. Une vieille femme, se faisant passer pour Guitana, leur raconte son histoire. Elle a été mariée trois fois et est actuellement veuve. Elle commence à narrer ses aventures, mais s'endort. Le narrateur et la vieille femme se retirent dans une chambre, où il découvre une belle personne. Elle lui ordonne de se préparer rapidement pour un voyage, sans révéler la destination. L'intrigue se révèle plus complexe lorsque la femme se fait passer pour une Gitane et enlève l'homme. Elle lui révèle ensuite son véritable nom : Dona Inès de Fuente Hermosa. Elle est l'héritière d'une famille illustre d'Andalousie et vient de gagner un procès à Madrid concernant la succession de son défunt mari. Intriguée par les louanges entendues à son sujet, elle a surveillé l'homme et a orchestré son enlèvement pour l'éloigner d'une maison où il devait se rendre. Elle lui propose de l'épouser, ce qu'il accepte avec joie. L'homme doit régler ses affaires à Madrid avant de la rejoindre en Andalousie. Le narrateur mentionne également une lettre reçue de Madrid, indiquant que le Chevalier de Mirador a rencontré des obstacles avant son mariage avec une belle veuve. Le texte se termine par une promesse de révéler la suite de cette aventure dans une seconde partie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 1460-1466
ARRESTS NOTABLES.
Début :
EDIT DU ROY, portant suppression des six Offices d'Affineurs des Monnoyes de [...]
Mots clefs :
Majesté, Cavalerie, Régiments, Cavaliers, Chevaux, Habillement, Consuls, Général, Ordonnance, Capitaines
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARRESTS NOTABLES.
E
ARRESTS NOTABLES.
DIT DU ROY , portant suppression
des six Offices d'Affineurs des Monnoyes de
Paris et de Lyon , et création de pareils Offices.
Donnée à Versailles , au mois de May 17 3 3 .
Registré en la Cour des Monnoyes , les Juin
suivant.
ORDONNANCE DU ROY , du 27 May
concernant les droits des Consuls et Vice- Consuls
des Eschelles de Négrépont , la Cavalle
Rhodes , Mételin , Scio , Mile , Tine et Miconi,
par laquelle S. M. ordonne que les Consuls er
Vice Consuls des susdites Eschelles , qui n'ont
point d'appointemens payez par la Chambre du
Commerce de Marseille , percevront à l'avenir
deux pour cent seulement , sur le prix des Nolisemens
que les Capitaines et Patrons des Bâtimens
François feront dans leurs Eschelles ; def
fendant ausdits Consuls et Vice- Consuls , d'exiger
ledit droit sur un plus haut pied , et ausdits
Capitaines et Patrons d'en frustrer lesdits Consuls
et Vice -Consu's , sous les peines portées par
le Réglement du 28 Février 1732. que S.M veut
au surplus être exécuté selon sa forme et teneur.
4
VI. Vol OR
JUIN. 1733 . 1461
ORDONNANCE DU ROY , portant Regles
ment pour l'Habillement , Equippement et Ar
mement de la Cavalerie , du 28 May 1733.
Sa Majesté étant informée des différens usages
qui se sont introduits dans l'Habillement, Equippement
et Armement de la Cavalerie : Et vou
lant non seulement régler ledit Habillement
Equipement et Armement , de maniere qu'il soit
uniforme dans tous les Régimens , mais aussi la
taille des Chevaux , et faire reprendre aux Officiers
la Cuirasse , et aux Cavaliers le Plastron
qui ont été abandonnez depuis la paix : Sa Majesté
a ordonné et ordonne ce qui suit :
ART. I L'Habillement des Brigadiers & Cavaliers
demeurera composé d'un Juste- au-Corps
de Drap de Lodéve ou de Berry , blanc , bleu ou
rouge , selon la couleur affectée au Régiment ,
doublé de Serge d'Aumale ou autre étoffe de même
qualité , avec un Buffle , ou une Veste de
tricot , couleur de Chamois , suivant qu'il sera
convenu dans le Régiment ; d'un Chapeau , dont
la forme aura quatre pouces deux lignes au
moins de profondeur , en sorte qu'il puisse être
aisément garni d'une Calotte de fer ou de méche
; le bordé en or ou en argent sera d'une
once : Deffend , Sa Majesté, d'employer les cour
leurs fines aux Habits des Brigadiers ou Cavafiers
; et permet seulement un bordé d'or ou
d'argent , du poids d'une once , à la Manche des
Brigadiers ; deffend pareillement Sa Majesté, les
Cartouches sur les Housses , Bourses ou Chaperons
, ausquelles il sera mis un simple bordé
en laine ou galon de livrée .
II. Les Habits uniformes des Officiers seront
en tout semblables à ceux des Cavaliers , à l'exception
qu'ils seront de Drap d'Elbeuf ou autre
1
11. Vol.
Ma
1462 MERCURE DE FRANCE
Manufacture semblable ; il n'y sera employé d
Doublures d'aucune autre étoffe que de laine ,
ni aucun galon ou fil d'or ou d'argent sur les
Juste-au-Corps ni sur les Vestes , mais seule
ment des Boutons de cuivre doré ou d'argent
sur bois.
III. Il ne sera fait à l'avenir aucun Habillement
par les Régimens de Cavalerie ,
que sur des
marchez , contenant les qualitez , les quantitez
& les prix des différentes especes de fournitures.
Lesquels marchez seront présentez par les Offciers
, chargez du détail aux Inspecteurs , pour
être par eux examinez et envoyez, avec leur avis,
au Secretaire d'Etat, ayant le département de la
Guerre , pour en rendre compte à Sa Majesté ;
faisant deffense de mettre à exécution lesdits
marchez , qu'après qu'Elle les aura approuvez .
IV. N'entend , Sa Majesté , comprendre dans
les articles cy - dessus , le Régiment Royal des
Carabiniers , celui de Royal Allemand , et les
Régimens de Hussards , à l'Habillement des
quels il ne sera fait aucun changement.
V. Les Brigadiers et Cavaliers des Régimens
de Cavalerie, y compris les Carabiniers et Royal
Allemand , seront tous en Bottes molles , sans
qu'à l'avenir les Capitaines puissent en donner
de fortes , sous quelque prétexte que ce soit.
VI. Les Brigadiers et Cavaliers des Régimens
de Cavalerie continueront d'être armez d'un
Mousqueton , deux Pistolets et un Sabre ; et attendu
que Sa Majesté a été informée qu'il n'y
a point d'uniformité entre les Régimens , soit
pour les longueurs ou pour le calibre desdites
Armes , Sa Majesté veut qu'à l'avenir la longueur
des Mousquetons demeure fixée à trois
pieds six pouces six lignes ; la longueur du Ca-
II. Vela non
JUIN. 1733. 1463
non à deux pieds , quatre ponces , ayant chacun
une Grenadiere , et la longueur des Pistolets à
seize pouces , tous montez ; que lesdits Mousquetons
et Pistolets soient mis auCalibre de l'Infanterie
,, pour recevoir la Balle de 18 à la livre
et que les Lames des Sabres soient de deux pieds
neuf pouces de longueur , sans la Poignée , qui
sera faite de façon que la main et le pouce
soient couverts ; et auront lesdits Cavaliers des
Bandoulieres de Buffle à anneau roulant , de la
largeur de deux pouces , une ou deux lignes , le
Ceinturon de même qualité et moins large ; le
tout simplement picqué dans les bords , suivant
les modeles qui seront envoyez aux Régimens.
Veut néanmoins Sa Majesté , que le Regiment
Royal des Carabiniers , le Régiment Royal Allemand
et les Hussards , demeurent armez comme
ils le sont à
present,
>
VII. Sa Majesté ayant reconnu qu'il est im
portant que toutes ses Troupes , tant de Gendarmerie
que de Cavalerie soient cuirassées et
plastronnées , même en temps de paix , pour
être accoûtumées à l'usage des Armes deffensives
en temps de guerre Sa Majesté a ordonné
et ordonne que conformément à l'Ordonnance ,
du 1 Février 1703. tous les Officiers , tant de
Gendarmerie , que de Cavalerie , se pourvoiront
incessamment de Cuirasses à l'épreuve, au moins
du Pistolet ; en sorte qu'ils en ayent tous à la
Revûë que les Directeurs et Inspecteurs feront
l'année prochaine 1734. et que les Brigadiers ,
Gendarmes , Chevaux - legers et Cavaliers , 2
l'exception des Hussards , auront des Plastrons ,
et les porteront dans tous les Exercices , aux Revûës
et dans les Marches , à commencer du jour
que Sa Majesté leur en aura fait distribuer de ses
II. Vol. Ma1464
MERCURE DE FRANCE
Magazins ; ce qui sera fait pour une premiere
fois , après quoi les Capitaines demeureront
chargez de l'entretien .
VIII. Sa Majesté pareillement informée que,
quoique la Talie des Chevaux ait été réglée par
differentes Ordonnances , notamment celles des
2 Septembre 1680. et 25 Octobre 1689. neanmoins
les Capitaines acheptent des Chevaux
beaucoup plus elevez que ce qui est prescrit par
lesdites Ordonnances : Sa Majesté veut qu'il ne
soit doresnavant point reçû de Chevaux pour la
remonte de la Cavalerie legere , de la Taille audessus
, de quatre pieds huit à dix pouces an
plus , mesurez depuis le dessous du fer . jusqu'à
la naissance des Crins sur le garost ; qu'ils soient
tous à longue Queue , et que les Directeurs et
Inspecteurs Généraux et Commissaires des guerres
qui feront les Revûës , réforment tous les
nouveaux Chevaux qui seront donnez aux Cavaliers
, d'une Taille autre que celle marquée cydessus.
IX. Les changemens cy-dessus pour les Bottes,
armement et la Taille des Chevaux , auront lieu,
à mesure qu'il sera besoin de les renouveller :
Voulant , Sa Majesté , qué les Directeurs et Inspecteurs
, à la premiere Revue qu'ils feront ,
prescrivent à chaque Régiment , un temps fixe
pour s'y conformer , et qu'ils en donnent avis à
Sa Majesté: Mandant , Sa Majesté, à M.le Comte
d'Evreux , Colonel Général de sa Cavalerie , et
au Sieur de Châtillon , Mestre de Camp Général
de ladite Cavalerie , de tenir la main chacun ,
ainsi qu'il lui appartiendra , à l'exécution de la
Présente.
Mande et ordonne , Sa Majesté , aux Gouver
meurs , et à ses Lieutenaus Généraux en ses Pro-
II. Vol. vinces
JUIN. 1733. 1468
es , aux Officiers Généraux , ayant comidement
sur ses Troupes , aux Camps où
its Régimens seront assemblez , aux Gouneurs
de ses Villes et Places , aux Intendans
ites Provinces , et sur ses Frontieres , aux Di
teurs et Inspecteurs Généraux sur ses Troupes
aux Commissaires de ses Guerres , de tenir la
in à l'exécution de la Présente ; laquelle sera
et publiée à la tête desdites Troupes , à ce
aucun n'en prétende cause d'ignorance. Fait à
rsailles , le 28 May 1733. Signé, LOUIS. E
Es bas , BAUYN .
OUIS DE LA TOUR D'AUVERGNE ,
Comte d'Evreux , Colonel Général de la Cavalerie
légere , Françoise et Etrangere, Lieutenanı
Général des Armées du Roy , Gouverneur et
Lieutenant Général pour Sa Majesté au Gouvernement
de l'Isle de France.
Vû l'Ordonnance cy - dessus , en date du 28 du
ois dernier , par laquelle Sa Majesté a reglé
Habillement , Equipement et Armement de la
avalerie , la Taille des Chevaux , comme aussi
our faire reprendre aux Officiers la Cuirasse
aux Cavaliers le Plastron , qui ont été aban
onnez depuis la paix , ainsi qu'il est plus an
-ng contenu dans ladite Ordonnance , pour
exécution de laquelle Sa Majesté nous mande
e tenir la main.
Nous , en vertu du pouvoir à Nous donné par
a Majesté , à cause de notre Charge de Colo
el Général de la Cavalerie , mandons à Monieur
le Comte de Châtillon , Mestre de Camp
Général de ladite Cavalerie , de tenir exactement
la main à l'exécution de ladite Ordonnan
e , suivant l'intention de Sa Majesté : Ordon-
II. Vol. nons
1465 MERCURE DE FRAN
nons à tous Mestres de Camp des Régimer
Cavalerie , et des Brigades du Régiment R
des Carabiniers ; Lieutenans Colonels , Majet
Capitaines desdits Régimens et Brigades , d
server et exécuter ponctuellement la volont
Sa Majesté , mentionnée en ladite Ordonna
sans y contrevenir : Laquelledite Ordonnanc
la Présente seront lûës et publiées à la tête
Régimens de Cavalerie , et des Brigades de C
rabiniers , par les Commissaires des Guerres
en ont la Police ; afin que personne n'en igno
Fait à Paris , le 3 Juin 1733. Signé , LOUIS E
LA TOUR D'AUVERGNE , Comte d'Ev
Et plus bas : Par Monseigneur MITOUFLET
I ORDONNANCE DU ROY , du 1 Juin, por
regler le traitement des Troupes qui dows
camper sur la Meuse et au Comté de Bourg
gne , près de Gray.
>
ORDONNANCE DU ROY, du 10 Juin, d
permet de faire faucher les Prez avant la S.Je
par laquelle S. M. permet à tous Fermiers , L
boureurs et autres dans la Généralité de Pars ,
même dans l'étendue des Capitaineries , de fat
faucher pendant la présente année seulement t
sans tirer à consequence , tous les Prez, de que
que nature et qualité qu'ils soient , dans le tems,
qu'ils le jugeront à propos , sans en demand )
permission aux Seigneurs , aux Capitaines da
Chasses , à leurs Officiers et autres.
ARRESTS NOTABLES.
DIT DU ROY , portant suppression
des six Offices d'Affineurs des Monnoyes de
Paris et de Lyon , et création de pareils Offices.
Donnée à Versailles , au mois de May 17 3 3 .
Registré en la Cour des Monnoyes , les Juin
suivant.
ORDONNANCE DU ROY , du 27 May
concernant les droits des Consuls et Vice- Consuls
des Eschelles de Négrépont , la Cavalle
Rhodes , Mételin , Scio , Mile , Tine et Miconi,
par laquelle S. M. ordonne que les Consuls er
Vice Consuls des susdites Eschelles , qui n'ont
point d'appointemens payez par la Chambre du
Commerce de Marseille , percevront à l'avenir
deux pour cent seulement , sur le prix des Nolisemens
que les Capitaines et Patrons des Bâtimens
François feront dans leurs Eschelles ; def
fendant ausdits Consuls et Vice- Consuls , d'exiger
ledit droit sur un plus haut pied , et ausdits
Capitaines et Patrons d'en frustrer lesdits Consuls
et Vice -Consu's , sous les peines portées par
le Réglement du 28 Février 1732. que S.M veut
au surplus être exécuté selon sa forme et teneur.
4
VI. Vol OR
JUIN. 1733 . 1461
ORDONNANCE DU ROY , portant Regles
ment pour l'Habillement , Equippement et Ar
mement de la Cavalerie , du 28 May 1733.
Sa Majesté étant informée des différens usages
qui se sont introduits dans l'Habillement, Equippement
et Armement de la Cavalerie : Et vou
lant non seulement régler ledit Habillement
Equipement et Armement , de maniere qu'il soit
uniforme dans tous les Régimens , mais aussi la
taille des Chevaux , et faire reprendre aux Officiers
la Cuirasse , et aux Cavaliers le Plastron
qui ont été abandonnez depuis la paix : Sa Majesté
a ordonné et ordonne ce qui suit :
ART. I L'Habillement des Brigadiers & Cavaliers
demeurera composé d'un Juste- au-Corps
de Drap de Lodéve ou de Berry , blanc , bleu ou
rouge , selon la couleur affectée au Régiment ,
doublé de Serge d'Aumale ou autre étoffe de même
qualité , avec un Buffle , ou une Veste de
tricot , couleur de Chamois , suivant qu'il sera
convenu dans le Régiment ; d'un Chapeau , dont
la forme aura quatre pouces deux lignes au
moins de profondeur , en sorte qu'il puisse être
aisément garni d'une Calotte de fer ou de méche
; le bordé en or ou en argent sera d'une
once : Deffend , Sa Majesté, d'employer les cour
leurs fines aux Habits des Brigadiers ou Cavafiers
; et permet seulement un bordé d'or ou
d'argent , du poids d'une once , à la Manche des
Brigadiers ; deffend pareillement Sa Majesté, les
Cartouches sur les Housses , Bourses ou Chaperons
, ausquelles il sera mis un simple bordé
en laine ou galon de livrée .
II. Les Habits uniformes des Officiers seront
en tout semblables à ceux des Cavaliers , à l'exception
qu'ils seront de Drap d'Elbeuf ou autre
1
11. Vol.
Ma
1462 MERCURE DE FRANCE
Manufacture semblable ; il n'y sera employé d
Doublures d'aucune autre étoffe que de laine ,
ni aucun galon ou fil d'or ou d'argent sur les
Juste-au-Corps ni sur les Vestes , mais seule
ment des Boutons de cuivre doré ou d'argent
sur bois.
III. Il ne sera fait à l'avenir aucun Habillement
par les Régimens de Cavalerie ,
que sur des
marchez , contenant les qualitez , les quantitez
& les prix des différentes especes de fournitures.
Lesquels marchez seront présentez par les Offciers
, chargez du détail aux Inspecteurs , pour
être par eux examinez et envoyez, avec leur avis,
au Secretaire d'Etat, ayant le département de la
Guerre , pour en rendre compte à Sa Majesté ;
faisant deffense de mettre à exécution lesdits
marchez , qu'après qu'Elle les aura approuvez .
IV. N'entend , Sa Majesté , comprendre dans
les articles cy - dessus , le Régiment Royal des
Carabiniers , celui de Royal Allemand , et les
Régimens de Hussards , à l'Habillement des
quels il ne sera fait aucun changement.
V. Les Brigadiers et Cavaliers des Régimens
de Cavalerie, y compris les Carabiniers et Royal
Allemand , seront tous en Bottes molles , sans
qu'à l'avenir les Capitaines puissent en donner
de fortes , sous quelque prétexte que ce soit.
VI. Les Brigadiers et Cavaliers des Régimens
de Cavalerie continueront d'être armez d'un
Mousqueton , deux Pistolets et un Sabre ; et attendu
que Sa Majesté a été informée qu'il n'y
a point d'uniformité entre les Régimens , soit
pour les longueurs ou pour le calibre desdites
Armes , Sa Majesté veut qu'à l'avenir la longueur
des Mousquetons demeure fixée à trois
pieds six pouces six lignes ; la longueur du Ca-
II. Vela non
JUIN. 1733. 1463
non à deux pieds , quatre ponces , ayant chacun
une Grenadiere , et la longueur des Pistolets à
seize pouces , tous montez ; que lesdits Mousquetons
et Pistolets soient mis auCalibre de l'Infanterie
,, pour recevoir la Balle de 18 à la livre
et que les Lames des Sabres soient de deux pieds
neuf pouces de longueur , sans la Poignée , qui
sera faite de façon que la main et le pouce
soient couverts ; et auront lesdits Cavaliers des
Bandoulieres de Buffle à anneau roulant , de la
largeur de deux pouces , une ou deux lignes , le
Ceinturon de même qualité et moins large ; le
tout simplement picqué dans les bords , suivant
les modeles qui seront envoyez aux Régimens.
Veut néanmoins Sa Majesté , que le Regiment
Royal des Carabiniers , le Régiment Royal Allemand
et les Hussards , demeurent armez comme
ils le sont à
present,
>
VII. Sa Majesté ayant reconnu qu'il est im
portant que toutes ses Troupes , tant de Gendarmerie
que de Cavalerie soient cuirassées et
plastronnées , même en temps de paix , pour
être accoûtumées à l'usage des Armes deffensives
en temps de guerre Sa Majesté a ordonné
et ordonne que conformément à l'Ordonnance ,
du 1 Février 1703. tous les Officiers , tant de
Gendarmerie , que de Cavalerie , se pourvoiront
incessamment de Cuirasses à l'épreuve, au moins
du Pistolet ; en sorte qu'ils en ayent tous à la
Revûë que les Directeurs et Inspecteurs feront
l'année prochaine 1734. et que les Brigadiers ,
Gendarmes , Chevaux - legers et Cavaliers , 2
l'exception des Hussards , auront des Plastrons ,
et les porteront dans tous les Exercices , aux Revûës
et dans les Marches , à commencer du jour
que Sa Majesté leur en aura fait distribuer de ses
II. Vol. Ma1464
MERCURE DE FRANCE
Magazins ; ce qui sera fait pour une premiere
fois , après quoi les Capitaines demeureront
chargez de l'entretien .
VIII. Sa Majesté pareillement informée que,
quoique la Talie des Chevaux ait été réglée par
differentes Ordonnances , notamment celles des
2 Septembre 1680. et 25 Octobre 1689. neanmoins
les Capitaines acheptent des Chevaux
beaucoup plus elevez que ce qui est prescrit par
lesdites Ordonnances : Sa Majesté veut qu'il ne
soit doresnavant point reçû de Chevaux pour la
remonte de la Cavalerie legere , de la Taille audessus
, de quatre pieds huit à dix pouces an
plus , mesurez depuis le dessous du fer . jusqu'à
la naissance des Crins sur le garost ; qu'ils soient
tous à longue Queue , et que les Directeurs et
Inspecteurs Généraux et Commissaires des guerres
qui feront les Revûës , réforment tous les
nouveaux Chevaux qui seront donnez aux Cavaliers
, d'une Taille autre que celle marquée cydessus.
IX. Les changemens cy-dessus pour les Bottes,
armement et la Taille des Chevaux , auront lieu,
à mesure qu'il sera besoin de les renouveller :
Voulant , Sa Majesté , qué les Directeurs et Inspecteurs
, à la premiere Revue qu'ils feront ,
prescrivent à chaque Régiment , un temps fixe
pour s'y conformer , et qu'ils en donnent avis à
Sa Majesté: Mandant , Sa Majesté, à M.le Comte
d'Evreux , Colonel Général de sa Cavalerie , et
au Sieur de Châtillon , Mestre de Camp Général
de ladite Cavalerie , de tenir la main chacun ,
ainsi qu'il lui appartiendra , à l'exécution de la
Présente.
Mande et ordonne , Sa Majesté , aux Gouver
meurs , et à ses Lieutenaus Généraux en ses Pro-
II. Vol. vinces
JUIN. 1733. 1468
es , aux Officiers Généraux , ayant comidement
sur ses Troupes , aux Camps où
its Régimens seront assemblez , aux Gouneurs
de ses Villes et Places , aux Intendans
ites Provinces , et sur ses Frontieres , aux Di
teurs et Inspecteurs Généraux sur ses Troupes
aux Commissaires de ses Guerres , de tenir la
in à l'exécution de la Présente ; laquelle sera
et publiée à la tête desdites Troupes , à ce
aucun n'en prétende cause d'ignorance. Fait à
rsailles , le 28 May 1733. Signé, LOUIS. E
Es bas , BAUYN .
OUIS DE LA TOUR D'AUVERGNE ,
Comte d'Evreux , Colonel Général de la Cavalerie
légere , Françoise et Etrangere, Lieutenanı
Général des Armées du Roy , Gouverneur et
Lieutenant Général pour Sa Majesté au Gouvernement
de l'Isle de France.
Vû l'Ordonnance cy - dessus , en date du 28 du
ois dernier , par laquelle Sa Majesté a reglé
Habillement , Equipement et Armement de la
avalerie , la Taille des Chevaux , comme aussi
our faire reprendre aux Officiers la Cuirasse
aux Cavaliers le Plastron , qui ont été aban
onnez depuis la paix , ainsi qu'il est plus an
-ng contenu dans ladite Ordonnance , pour
exécution de laquelle Sa Majesté nous mande
e tenir la main.
Nous , en vertu du pouvoir à Nous donné par
a Majesté , à cause de notre Charge de Colo
el Général de la Cavalerie , mandons à Monieur
le Comte de Châtillon , Mestre de Camp
Général de ladite Cavalerie , de tenir exactement
la main à l'exécution de ladite Ordonnan
e , suivant l'intention de Sa Majesté : Ordon-
II. Vol. nons
1465 MERCURE DE FRAN
nons à tous Mestres de Camp des Régimer
Cavalerie , et des Brigades du Régiment R
des Carabiniers ; Lieutenans Colonels , Majet
Capitaines desdits Régimens et Brigades , d
server et exécuter ponctuellement la volont
Sa Majesté , mentionnée en ladite Ordonna
sans y contrevenir : Laquelledite Ordonnanc
la Présente seront lûës et publiées à la tête
Régimens de Cavalerie , et des Brigades de C
rabiniers , par les Commissaires des Guerres
en ont la Police ; afin que personne n'en igno
Fait à Paris , le 3 Juin 1733. Signé , LOUIS E
LA TOUR D'AUVERGNE , Comte d'Ev
Et plus bas : Par Monseigneur MITOUFLET
I ORDONNANCE DU ROY , du 1 Juin, por
regler le traitement des Troupes qui dows
camper sur la Meuse et au Comté de Bourg
gne , près de Gray.
>
ORDONNANCE DU ROY, du 10 Juin, d
permet de faire faucher les Prez avant la S.Je
par laquelle S. M. permet à tous Fermiers , L
boureurs et autres dans la Généralité de Pars ,
même dans l'étendue des Capitaineries , de fat
faucher pendant la présente année seulement t
sans tirer à consequence , tous les Prez, de que
que nature et qualité qu'ils soient , dans le tems,
qu'ils le jugeront à propos , sans en demand )
permission aux Seigneurs , aux Capitaines da
Chasses , à leurs Officiers et autres.
Fermer
Résumé : ARRESTS NOTABLES.
En mai et juin 1733, plusieurs ordonnances royales ont été émises. Le 17 mai, une ordonnance a supprimé les six offices d'affineurs des monnaies de Paris et de Lyon, et en a créé de nouveaux. Le 27 mai, une autre ordonnance a réglé les droits des consuls et vice-consuls des échelles de Négrépont, Rhodes, Mételin, Scio, Mile, Tine et Miconi, fixant leurs perceptions à deux pour cent sur le prix des nolisements des bâtiments français. Le 28 mai, une ordonnance a établi des règles pour l'habillement, l'équipement et l'armement de la cavalerie. Elle a imposé un uniforme standardisé et la réintroduction de la cuirasse pour les officiers et du plastron pour les cavaliers. Elle a également fixé la taille des chevaux et les spécifications des armes. Le 1er juin, une ordonnance a réglé le traitement des troupes devant camper sur la Meuse et au Comté de Bourgogne, près de Gray. Enfin, le 10 juin, une ordonnance a permis de faucher les prés avant la Saint-Jean dans la généralité de Paris et les capitaineries.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 201-204
Le 17 Février.
Début :
Promotion d'Officiers Généraux. Lieutenant Général. M. le Comte dé Monteynard. [...]
Mots clefs :
Officiers, Lieutenant général, Maréchal de camp, Chevalier, Comte, Marquis, Baron, Garde du corps, Gendarmes, Cavaliers, Dragons, Vicomte, Garde, Artillerie, Infanterie, Mousquetaire, Régiments
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le 17 Février.
Le 17 Février.
PROMOTION D'OFFICIERS GÉNÉRAUX.
LIEUTENANT GÉNÉRAL.
M. le Comte dé Monteynard.
MARÉCHAUX DE CAMP.
GARDES FRANÇOISES . MM. de Viſé & de Voifenon.
GARDES SUISSES. MM. Settiez , & le Baron de
Travers
LV
202 MERCURE DE FRANCE.
INFANTERIE . MM. le Chevalier de la Marck ,
le Baron de Tunderfeld , de Culaques , le Comte
de Rouffiac , de Courbuiffon , le Marquis de Fenelon
, le Comte d'Hamilton , le Comte de Bethune
, de la Morliere , le Baron du Blaiſel , le
Marquis de Gouy , le Marquis de Mailly , le
Comte de Choiſeul- Beaupré , de Bergerer, Gayon,
de Bruflard , le Marquis de Baffompiere, le Prince
de Robecq , le Marquis de Lemps & de Châtillon,
ARTILLERIE . M. Guyol de Guiran. ,
GÉNIE. MM. de Bourcet , & Filley.
MAISON DU ROI.
GARDES DU CORPS DE S. M. MM. le Chevalier
de S. Sauveur , le Marquis de Sesmaiſons
de Vareilles & de Champignelles.
GENDARMES BE LA GARDE . MM. le Vicomte
de Ségur & Filtz de Coffe.
CHEVAUX-LÉGERS DE LA GARDE . M. Channe
de Vezanne.
MOUSQUETAIRES. M. le Marquis de la Cheze.
GENDARMERIE. MM. le Marquis de Bacqueville
, de Folleville , de Lefperoux , le Comte de
Montecler.
CAVALERIE. MM. de la Refie , de Moulins ,
'd'Obenheim , de Cormainville , Marquis de Soye
court , de Saluces , de la Rochefoucauld - Langhac,
leComte de Galiffet , le Marquevilly , le Comte
de Vienne , le Marquis de la Viefville , le Comte
de Biffy , le Comte de Grammont , le Comte
d'Elpiés.
DRAGONS . M. le Chevalier de Mezieres , le
Marquis d'Amenzaga.
ÉTAT MAJOR.
FANTERIE. MM. le Vicomte de Sebourg , le
Marquis de Lugeac , le Marquis de Cornillon.
12
>
1
AVRIL. 1759 . 203
BRIGADIERS..
GARDES FRANÇOISES . MM. le Marquis de Bou
ville , le Chevalier de Champignelle , le Comte
d'Auteroche , le Comte de Lautrec .
GARDES SUISSES . MM . Gabriel - Joſeph Reynold
, & Etienne Caftellas .
INFANTERIE. MM. le Marquis de S. Herem ,
le Chevalier d'Ally , le Marquis de Contades , le
Comte de Caftellanne , le Chevalier de Chabrian,
de la Trefne , Warten , le Marquis de Montpouillan
, Mylord Ogilry , le Marquis de Vaubecourt
, Rofcomon , le Baron de Zuchmantel , le
Comte de Beaujeu , le Comte de Brienne le
Comte d'Efparbès , le Marquis de Peruffe d'Efcars
, le Baron de Rey , le Chevalier de Valence,
le Marquis de Juigné, Jenner , de Bulow , & du
Boufquet.
ARTILLERIE. M. Belidor.
›
GÉNIE. MM . du Portal , Chevalier , & Lambert.
MAISON DU ROI.
GARDES DU CORPS de S. M. MM. de Florishac,
de Cherifey , le Marquis de la Billarderie, de Caf
fini , de Morioles , le Chevalier d'Amfreville.
CHEVAUX-LÉGERS DE LA GARDE . M. le Marquis
d'Efquelbec.
MOUSQUETAIRES. M. de Bulſtrode .
GRENADIERS A CHEVAL . M. de Bonnaire.
GENDARMERIE . MM. le Vicomte de Sabran ,
le Comte d'Efclignac , de Boufflers , de Clermont-
Montaifon , le Marquis de Cruffol d'Amboife , le
Comte de Valentinois.
CAVALERIE. MM. Louis Rheingraff , le Prince
de Holſtein-Beck , le Baron de Stralenheim , le
Chevalier de Marcien , le Marquis de Montier ,
Comte de Poly , de S. André , de Pradel, Prince
d'Anhalt , le Chevalier de Nanclas , Nordmann ,
de la Roque , de Monciel )
1 vj
204 MERCURE DE FRANCE.
DRAGONS. MM. de la Badie , de la Porterie,
le Marquis de Montchenu.
ÉTAT MAJOR.
INFANTERIE. MM . Micault, Dongermain , le
Chevalier de Longaunay , le Chevalier de Chabor.
CAVALERIE, MM. de Valogny , de S. Sauveur ,
de Vault , le Marquis de Fumel.
DISPOSITION DES RÉGIMENTS.
INFANTERIE. La Reine , le Marquis de Cruffol
d'Amboife ; Limofin , le Comte de Miran ; Provence
, le Marquis de Grave ; Lorraine, le Comte
d'Aubigny ; Angoumois , le Chevalier de Blangy ;
Brie , le Marquis de Coiflin ; Royal - Barrois , le .
Marquis de Langeron.
CAVALERIE. Royal , le Marquis de Serrant .;
la Reine , le Sieur de Tourny ; Dauphin Etranger
, le Marquis de Vibraye ; Bourgogne , le
Comte de Coffé ; Grammont , le Marquis de
Balincourt ; la Viefville , le Marquis de Ste Aldegonde
; la Rochefoucauld , le Marquis de Sargeres
; Saluces , le Marquis de Seyfiel.
GRENADIERS -ROYAUX . Bergeret , le Vicomte
de Nardonne , Châtillon , le Marquis de Longannay
; Bruflart , le fieur le Camus.
Le Roi ayant jugé à propos d'employer en
qualité de Brigadier, en Baffe-Normandie le Comte
de Goyon , Brigadier , Meftre de Camp- Lieutenant
du Régiment du Colonel- Genéral des Dragons
, S. M. a difpofé de la Charge de Mestre
de Camp- Lieutenant de ce Régiment , en faveur
du Chevalier de Caraman , Major du Régiment
de Dragons de ce nom .
Le Roi a difpofé auffi du Régiment vacant par
la démiſſion du Marquis de S. Jal , en faveur du
Comte de Vogué , Capitaine réformé dans le Régiment
de Cavalerie d'Aquitaine.
PROMOTION D'OFFICIERS GÉNÉRAUX.
LIEUTENANT GÉNÉRAL.
M. le Comte dé Monteynard.
MARÉCHAUX DE CAMP.
GARDES FRANÇOISES . MM. de Viſé & de Voifenon.
GARDES SUISSES. MM. Settiez , & le Baron de
Travers
LV
202 MERCURE DE FRANCE.
INFANTERIE . MM. le Chevalier de la Marck ,
le Baron de Tunderfeld , de Culaques , le Comte
de Rouffiac , de Courbuiffon , le Marquis de Fenelon
, le Comte d'Hamilton , le Comte de Bethune
, de la Morliere , le Baron du Blaiſel , le
Marquis de Gouy , le Marquis de Mailly , le
Comte de Choiſeul- Beaupré , de Bergerer, Gayon,
de Bruflard , le Marquis de Baffompiere, le Prince
de Robecq , le Marquis de Lemps & de Châtillon,
ARTILLERIE . M. Guyol de Guiran. ,
GÉNIE. MM. de Bourcet , & Filley.
MAISON DU ROI.
GARDES DU CORPS DE S. M. MM. le Chevalier
de S. Sauveur , le Marquis de Sesmaiſons
de Vareilles & de Champignelles.
GENDARMES BE LA GARDE . MM. le Vicomte
de Ségur & Filtz de Coffe.
CHEVAUX-LÉGERS DE LA GARDE . M. Channe
de Vezanne.
MOUSQUETAIRES. M. le Marquis de la Cheze.
GENDARMERIE. MM. le Marquis de Bacqueville
, de Folleville , de Lefperoux , le Comte de
Montecler.
CAVALERIE. MM. de la Refie , de Moulins ,
'd'Obenheim , de Cormainville , Marquis de Soye
court , de Saluces , de la Rochefoucauld - Langhac,
leComte de Galiffet , le Marquevilly , le Comte
de Vienne , le Marquis de la Viefville , le Comte
de Biffy , le Comte de Grammont , le Comte
d'Elpiés.
DRAGONS . M. le Chevalier de Mezieres , le
Marquis d'Amenzaga.
ÉTAT MAJOR.
FANTERIE. MM. le Vicomte de Sebourg , le
Marquis de Lugeac , le Marquis de Cornillon.
12
>
1
AVRIL. 1759 . 203
BRIGADIERS..
GARDES FRANÇOISES . MM. le Marquis de Bou
ville , le Chevalier de Champignelle , le Comte
d'Auteroche , le Comte de Lautrec .
GARDES SUISSES . MM . Gabriel - Joſeph Reynold
, & Etienne Caftellas .
INFANTERIE. MM. le Marquis de S. Herem ,
le Chevalier d'Ally , le Marquis de Contades , le
Comte de Caftellanne , le Chevalier de Chabrian,
de la Trefne , Warten , le Marquis de Montpouillan
, Mylord Ogilry , le Marquis de Vaubecourt
, Rofcomon , le Baron de Zuchmantel , le
Comte de Beaujeu , le Comte de Brienne le
Comte d'Efparbès , le Marquis de Peruffe d'Efcars
, le Baron de Rey , le Chevalier de Valence,
le Marquis de Juigné, Jenner , de Bulow , & du
Boufquet.
ARTILLERIE. M. Belidor.
›
GÉNIE. MM . du Portal , Chevalier , & Lambert.
MAISON DU ROI.
GARDES DU CORPS de S. M. MM. de Florishac,
de Cherifey , le Marquis de la Billarderie, de Caf
fini , de Morioles , le Chevalier d'Amfreville.
CHEVAUX-LÉGERS DE LA GARDE . M. le Marquis
d'Efquelbec.
MOUSQUETAIRES. M. de Bulſtrode .
GRENADIERS A CHEVAL . M. de Bonnaire.
GENDARMERIE . MM. le Vicomte de Sabran ,
le Comte d'Efclignac , de Boufflers , de Clermont-
Montaifon , le Marquis de Cruffol d'Amboife , le
Comte de Valentinois.
CAVALERIE. MM. Louis Rheingraff , le Prince
de Holſtein-Beck , le Baron de Stralenheim , le
Chevalier de Marcien , le Marquis de Montier ,
Comte de Poly , de S. André , de Pradel, Prince
d'Anhalt , le Chevalier de Nanclas , Nordmann ,
de la Roque , de Monciel )
1 vj
204 MERCURE DE FRANCE.
DRAGONS. MM. de la Badie , de la Porterie,
le Marquis de Montchenu.
ÉTAT MAJOR.
INFANTERIE. MM . Micault, Dongermain , le
Chevalier de Longaunay , le Chevalier de Chabor.
CAVALERIE, MM. de Valogny , de S. Sauveur ,
de Vault , le Marquis de Fumel.
DISPOSITION DES RÉGIMENTS.
INFANTERIE. La Reine , le Marquis de Cruffol
d'Amboife ; Limofin , le Comte de Miran ; Provence
, le Marquis de Grave ; Lorraine, le Comte
d'Aubigny ; Angoumois , le Chevalier de Blangy ;
Brie , le Marquis de Coiflin ; Royal - Barrois , le .
Marquis de Langeron.
CAVALERIE. Royal , le Marquis de Serrant .;
la Reine , le Sieur de Tourny ; Dauphin Etranger
, le Marquis de Vibraye ; Bourgogne , le
Comte de Coffé ; Grammont , le Marquis de
Balincourt ; la Viefville , le Marquis de Ste Aldegonde
; la Rochefoucauld , le Marquis de Sargeres
; Saluces , le Marquis de Seyfiel.
GRENADIERS -ROYAUX . Bergeret , le Vicomte
de Nardonne , Châtillon , le Marquis de Longannay
; Bruflart , le fieur le Camus.
Le Roi ayant jugé à propos d'employer en
qualité de Brigadier, en Baffe-Normandie le Comte
de Goyon , Brigadier , Meftre de Camp- Lieutenant
du Régiment du Colonel- Genéral des Dragons
, S. M. a difpofé de la Charge de Mestre
de Camp- Lieutenant de ce Régiment , en faveur
du Chevalier de Caraman , Major du Régiment
de Dragons de ce nom .
Le Roi a difpofé auffi du Régiment vacant par
la démiſſion du Marquis de S. Jal , en faveur du
Comte de Vogué , Capitaine réformé dans le Régiment
de Cavalerie d'Aquitaine.
Fermer
Résumé : Le 17 Février.
En février et avril 1759, plusieurs promotions d'officiers généraux ont été effectuées. En février, le Comte de Monteynard a été promu lieutenant général. Parmi les maréchaux de camp, MM. de Visé et de Voifenon ont été promus pour les Gardes Françaises, tandis que MM. Settiez et le Baron de Travers l'ont été pour les Gardes Suisses. L'infanterie a vu la promotion de nombreux officiers, dont le Chevalier de la Marck, le Comte de Rouffiac et le Marquis de Fenelon. L'artillerie et le génie ont également enregistré des promotions, comme M. Guyol de Guiran et MM. de Bourcet et Filley. La maison du roi et la cavalerie ont également connu des promotions, incluant MM. le Chevalier de S. Sauveur et le Marquis de Bacqueville. En avril 1759, de nouvelles promotions ont été annoncées. Parmi les brigadiers, MM. le Marquis de Bouville et le Chevalier de Champignelle ont été promus pour les Gardes Françaises, et MM. Gabriel-Joseph Reynold et Étienne Caftellas pour les Gardes Suisses. L'infanterie a vu la promotion de MM. le Marquis de S. Herem et le Comte de Beaujeu. L'artillerie et le génie ont également enregistré des promotions, comme M. Belidor et MM. du Portal et Chevalier. La maison du roi et la cavalerie ont également connu des promotions, incluant MM. de Florishac et le Marquis d'Efquelbec. Le document mentionne également la disposition des régiments d'infanterie et de cavalerie, avec des noms de régiments et leurs commandants respectifs. Par exemple, le régiment de la Reine est commandé par le Marquis de Cruffol d'Amboife, et le régiment Royal par le Marquis de Serrant. Le roi a également disposé de certaines charges, comme celle de Mestre de Camp-Lieutenant du Régiment des Dragons, en faveur du Chevalier de Caraman, et a attribué le régiment vacant du Marquis de S. Jal au Comte de Vogué.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 190
DE DRESDE, le 28 Août 1763.
Début :
La Princesse Électorale vient de donner au Roi son Beau-père [...]
Mots clefs :
Princesse, Spectacle, Acteurs, Musique, Ministres, Roi de Pologne, Opéra, Cavaliers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE DRESDE, le 28 Août 1763.
DE DRESDE , le 28 Août 1763 .
La Princeſle Électorale vient de donner au Roi
ſon Beau-père un Spectacle auſſi intéreſſant par
la qualité des Acteurs que par le mérite de la
compofition. Elle a fait repréſenter ſur un Théâzre
dreſſé dans le manége de la Cour un Opéra
Italien , intitulé Talestris , Reine des Amazones.
La Muſique & les paroles ſont de Son Alteſſe
Royale : ce n'eſt pas le premier eſſai que ce
Prince a fait de ſes talens pour ce genred'Ou
vrage. Tous les Miniſtres étrangers ont aſſiſté
à ce Spectacle ; le peu d'étendue de la Salle n'a
pas permis de diſtribuer plus de cinquante
billets.Le rôle de Taleſtris a été rempli par la Prin
cefle Électorale ; ceux de Tomiris & d'Antiope ,
par les Princeſſes Elifabeth & Cunegonde , celui
d'Oronte par la Comteſſe Miniſzech , fille du
Comtede Bruhl , & celui de Learque par le ſieur
Reichemberg , Gentilhomme de la Chambre de
Sa Majesté Polonoiſe. Les perſonnages muets
d'Amazones , de Prêtreſſes & de Scythes étoient
repréſentés par des Dames , des Demoiſeiles &
des Cavaliers de la Cour. Il n'y a point eu de ballet.
Les Princes Charles & Albert jouoient dans
l'orcheſtre. Cet Opéra a eu le plus grand ſuccès ;
on en a ſurtout admiré la Muſique , où l'on trouve
, en effet , des morceaux de la plus grande
force. Sa Majefté a paru d'autant plus fatisfaite
de ce Spectacle qu'Elle n'avoit pas été prévenue ;
Elle a defiré le revoir , & vraiſemblablement on
le répétera plus d'une fois.
La Princeſle Électorale vient de donner au Roi
ſon Beau-père un Spectacle auſſi intéreſſant par
la qualité des Acteurs que par le mérite de la
compofition. Elle a fait repréſenter ſur un Théâzre
dreſſé dans le manége de la Cour un Opéra
Italien , intitulé Talestris , Reine des Amazones.
La Muſique & les paroles ſont de Son Alteſſe
Royale : ce n'eſt pas le premier eſſai que ce
Prince a fait de ſes talens pour ce genred'Ou
vrage. Tous les Miniſtres étrangers ont aſſiſté
à ce Spectacle ; le peu d'étendue de la Salle n'a
pas permis de diſtribuer plus de cinquante
billets.Le rôle de Taleſtris a été rempli par la Prin
cefle Électorale ; ceux de Tomiris & d'Antiope ,
par les Princeſſes Elifabeth & Cunegonde , celui
d'Oronte par la Comteſſe Miniſzech , fille du
Comtede Bruhl , & celui de Learque par le ſieur
Reichemberg , Gentilhomme de la Chambre de
Sa Majesté Polonoiſe. Les perſonnages muets
d'Amazones , de Prêtreſſes & de Scythes étoient
repréſentés par des Dames , des Demoiſeiles &
des Cavaliers de la Cour. Il n'y a point eu de ballet.
Les Princes Charles & Albert jouoient dans
l'orcheſtre. Cet Opéra a eu le plus grand ſuccès ;
on en a ſurtout admiré la Muſique , où l'on trouve
, en effet , des morceaux de la plus grande
force. Sa Majefté a paru d'autant plus fatisfaite
de ce Spectacle qu'Elle n'avoit pas été prévenue ;
Elle a defiré le revoir , & vraiſemblablement on
le répétera plus d'une fois.
Fermer
Résumé : DE DRESDE, le 28 Août 1763.
Le 28 août 1763 à Dresde, la Princesse Électorale a présenté un opéra italien intitulé 'Talestris, Reine des Amazones' au Roi, son beau-père. Elle en a composé la musique et les paroles. La représentation s'est déroulée dans un théâtre installé dans le manège de la cour, en présence de ministres étrangers. La Princesse Électorale a interprété le rôle principal de Talestris, tandis que les Princesses Élisabeth et Cunégonde ont joué les rôles de Tomiris et d'Antiope. D'autres rôles ont été attribués à la Comtesse Miniszech et au sieur Reichemberg. Les personnages muets, comme les Amazones, les Prêtresses et les Scythes, étaient incarnés par des membres de la cour. Les Princes Charles et Albert jouaient dans l'orchestre. L'opéra a connu un grand succès, notamment pour la qualité de sa musique, et le Roi a exprimé son désir de le revoir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer