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p. 535-540
Refléxions diverses, [titre d'après la table]
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CINQUIÈME feüille des Réfléxions diverses: Nous sommes la cause de [...]
Mots clefs :
Réflexions diverses, Défauts, Loi de l'honneur, Calomnie, Femmes, Générosité
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texteReconnaissance textuelle : Refléxions diverses, [titre d'après la table]
CINQUIEME feüille des Réfléxions
diverses : Nous sommes la cause de la plupart des deffauts du sexe.
Cet Ouvrage est gouté de plus en plus,
et se fait lire avec plaisir.
Pour ce qui regarde la probité, dit l'Au
teur , pag.70. notre foiblesse est puissamment soutenue par les Loix de l'honneur,
qui sont très-séveres pour nous. Unhom
me qui médit , qui calomnie , ou qui
trompe , se perd absolument dans le mon
de ; il ne peut le faire si adroitement
qu'il ne soit décrié sans retour. Obligé
même quelquefois à payer de sa person
ne , il en devient plus circonspect à s'é
carter. Il n'en est pas ainsi des femmes
nous avons attaché leur honneur à des
circonstances fort singulieres , qui sont
toutes differentes ; elles pensent avoir
tout fait quand elles se gardent de ce côté
là , ou qu'elles sauvent les apparences , ce
qui leur est assez facile dans des conjonc
ture , où elles n'ont que faire d'un tiers ;
du reste elles peuvent tromper, calom
nier , mentir impunément. On rejette
tout sur leur foiblesse; c'est un sexe délicat
qui est aussi excusable de ne pas suivre les
devoirs d'une exacte probité , que de ne pou
voir agir avec force , on porter
fardeaux.
de pesan's
Fiij L'ex
$36 MERCURE DE FRANCE
L'experience nous apprend queles femmes peuvent non-seulement supporter la
fatigue et le travail , mais qu'elles sont
capables , aussi-bien que nous , de courage , de fermeté , de force d'esprit et de
valeur. Combien d'Héroïnes n'a - t-on
pas vû dans tous les siecles ? combien de
Princesses qui ont gouverné avec sagesse
et avec prudence ? nous voyons tous les
jours des femmes parmi nous qui se tirent d'elles-mêmes de l'état de non- chalance et de molesse , où notre prévention
les place , et qui y réussissent aussi - bien
et quelquefois mieux que les hommes
dans les choses qu'elles entreprennent ,
&c.
>
Ala page 74 , J'ai connu dans les Païs
- Etrangers une Dame de distinction
d'un esprit et d'un caractere fort doux
qui vivoit tranquillement en Province
avec un mari qu'elle aimoit beaucoup ;
elle eut le malheur de plaire à un homme de cette espece , qui n'oublia rien
pour la séduire et la brouiller avec son mari , sans en pouvoir venir à bout. A la fin
il s'avisa d'inspirer de la jalousie au mari
et de lui faire donner des avis secrets , qui
mirent la division dans le ménage.Il conduisit les choses de maniere que la femme
fut maltraitée. Il lui offrit ses services. Elle
s'en-
MARS. 1732. SST
s'enfuit avec lui , et se porta ensuite contre son mari à des extrémités que je ne
rapporte pas ,
&c.
La sixième REFLEXIONest la Générosité.
La véritable Générosité , dit l'Auteur ,
Ignore les vains détours; elle ne prévient
que par le zele et ne s'annonce que par
les bienfaits ; on nepeut imaginer de plaisit plus délicat que celui d'un homme généreux , qui découvre une occasion de
faire du bien; il la saisit avec le même
empressement qu'un avare rechercheroit
un trésor ; rien ne lui coute , lorsqu'il s'agit d'obliger ; soins , peines , richesses , il
employe tout pour tirer un ami d'embar
ras , &c.
Il n'appartient pas à un esprit médiocre d'être véritablement généreux ; il në
connoît pas assez le prix des belles ac
tions , pour en faire son unique objet i
quelques bonnes que puissent être ses intentions , il entre toujours quelque chose
de vulgaire dans le systême de sa condui
te ; son jugement n'est jamais assez déterminé sur le choix des différentes démarches qu'il doit faire , et souvent il se laisse entraîner au faux éclat , qui ébloüit le
commun des hommes. Delà vient que certaines gens font toujours entrer quelques
circonstances désagréables dans les serviF iiij ces
538 MERCURE DE FRANCE
ces qu'ils rendent; ils ne vont jamais jusqu'aubout de bonne grace, ils y mêlent ordinairement quelques reproches ou quelques réfléxions , qui marquent de l'inquiétude ou de la répugnance , ils ne sça- vent ce que c'est que de prévenir , ils se
font presser et prier , ou bien ils veulent
assujettir ceux qu'ils obligent , et prennent de ces airs d'empire qui caractérisent les petites gens dans la prosperité .
C'est ainsi que les gens médiocres ne
fontjamais rien qui se soutienne ; si ces
obstacles ne les arrêtent, ils donnent dans
d'autres travers , qui ne sont pas moins
blâmables , ce seront quelquefois des fantaisies de vouloir servir tout le monde,
Ils s'interessent pour le premier venu sans
choix et sans réfléxion, ou répandent leur
hien mal à propos , leurs libéralitez n'ont
pour objet que des bouffons , des courtisanes ou des flateurs ; ce n'est pas là être
généreux , c'est être foible ; dupe ou dérangé.
Si l'on aime mieux les services que la
maniere dont ils sont accordez , on n'a
qu'à mettre ces sortes de gens dans le cas
d'en rendre qui puissent briller et faire de l'éclat dans le monde ; on ne sera pas refusé ; mais s'il s'agit d'obliger dans le silence, leur dureté se fait sentir et dévoile.
leur
MARS. 1732.
leur caractere. Comme ils croyent leur
réputation suffisamment établie par le
bruit qu'ils ont eu soin de faire , ils ne
s'embarassent pas du jugement d'un par
ticulier , qui ne peut balancer la voixpu
blique qu'ils pensent avoir pour eux,
Il y a des gens rusez qui sçavent mettre
à profit tous les services qu'ils rendent ;
on peut compter sur leurs offices , pourvû qu'on ait du crédit et de la protec
tion , des esperances de fortune , un nom
ou une réputation qui puisse relever la
leur ; mais ils ne sçavent ce que c'est que
de s'empresser pour des personnes inutiles à leurs interêts.
D'autres encore plus déraisonnables
sont à craindre par les services qu'ils
n'ont pas rendus ; si on ne veut les avoir
pour ennemis , il faut ignorer leur conduite , quelque peu obligeante qu'elle ait
été ; dès que vous les démêlez , ik met
tent tout en usage pour la justifier, mensonges , médisances , calomnies ; ils n'ou
blient rien pour couvrir leurs procedez ,
qu'ils voudroient se cacher à eux-mêmes.
Ce n'est pas toûjours l'avarice ou l'intérêt qui empêchent les hommes d'être
généreux. Il y a des naturels insensiblesqui verroient périr tous leurs concitoyens
sans se donner le moindre mouvement
Ev pour
540 MERCURE DE FRANCE
pour les secourir; d'autres ne connoissent
personne lorsqu'il s'agit de troubler leur
repos , ou d'interrompre leurs plaisirs ; ils
rapportent tout à eux- mêmes; les interêts les plus pressans d'un ami , ne les détourneront pas d'un Spectacle, d'une promenade ou d'un, amusement frivole ; les
besoins les plus touchans des personnes
qu'ils connoissent ne balanceront pas
f'envie qu'ils ont d'augmenter un Equipagé, d'acquerir un Meuble, ou un Bijou.
Pour voir ces sortes de caracteres sortir
de leur indolence , il faut qu'ils soient à
leur tour dans quelques besoins pressans,
alors ils sont actifs et animez , on ne les
reconnoît plus.
diverses : Nous sommes la cause de la plupart des deffauts du sexe.
Cet Ouvrage est gouté de plus en plus,
et se fait lire avec plaisir.
Pour ce qui regarde la probité, dit l'Au
teur , pag.70. notre foiblesse est puissamment soutenue par les Loix de l'honneur,
qui sont très-séveres pour nous. Unhom
me qui médit , qui calomnie , ou qui
trompe , se perd absolument dans le mon
de ; il ne peut le faire si adroitement
qu'il ne soit décrié sans retour. Obligé
même quelquefois à payer de sa person
ne , il en devient plus circonspect à s'é
carter. Il n'en est pas ainsi des femmes
nous avons attaché leur honneur à des
circonstances fort singulieres , qui sont
toutes differentes ; elles pensent avoir
tout fait quand elles se gardent de ce côté
là , ou qu'elles sauvent les apparences , ce
qui leur est assez facile dans des conjonc
ture , où elles n'ont que faire d'un tiers ;
du reste elles peuvent tromper, calom
nier , mentir impunément. On rejette
tout sur leur foiblesse; c'est un sexe délicat
qui est aussi excusable de ne pas suivre les
devoirs d'une exacte probité , que de ne pou
voir agir avec force , on porter
fardeaux.
de pesan's
Fiij L'ex
$36 MERCURE DE FRANCE
L'experience nous apprend queles femmes peuvent non-seulement supporter la
fatigue et le travail , mais qu'elles sont
capables , aussi-bien que nous , de courage , de fermeté , de force d'esprit et de
valeur. Combien d'Héroïnes n'a - t-on
pas vû dans tous les siecles ? combien de
Princesses qui ont gouverné avec sagesse
et avec prudence ? nous voyons tous les
jours des femmes parmi nous qui se tirent d'elles-mêmes de l'état de non- chalance et de molesse , où notre prévention
les place , et qui y réussissent aussi - bien
et quelquefois mieux que les hommes
dans les choses qu'elles entreprennent ,
&c.
>
Ala page 74 , J'ai connu dans les Païs
- Etrangers une Dame de distinction
d'un esprit et d'un caractere fort doux
qui vivoit tranquillement en Province
avec un mari qu'elle aimoit beaucoup ;
elle eut le malheur de plaire à un homme de cette espece , qui n'oublia rien
pour la séduire et la brouiller avec son mari , sans en pouvoir venir à bout. A la fin
il s'avisa d'inspirer de la jalousie au mari
et de lui faire donner des avis secrets , qui
mirent la division dans le ménage.Il conduisit les choses de maniere que la femme
fut maltraitée. Il lui offrit ses services. Elle
s'en-
MARS. 1732. SST
s'enfuit avec lui , et se porta ensuite contre son mari à des extrémités que je ne
rapporte pas ,
&c.
La sixième REFLEXIONest la Générosité.
La véritable Générosité , dit l'Auteur ,
Ignore les vains détours; elle ne prévient
que par le zele et ne s'annonce que par
les bienfaits ; on nepeut imaginer de plaisit plus délicat que celui d'un homme généreux , qui découvre une occasion de
faire du bien; il la saisit avec le même
empressement qu'un avare rechercheroit
un trésor ; rien ne lui coute , lorsqu'il s'agit d'obliger ; soins , peines , richesses , il
employe tout pour tirer un ami d'embar
ras , &c.
Il n'appartient pas à un esprit médiocre d'être véritablement généreux ; il në
connoît pas assez le prix des belles ac
tions , pour en faire son unique objet i
quelques bonnes que puissent être ses intentions , il entre toujours quelque chose
de vulgaire dans le systême de sa condui
te ; son jugement n'est jamais assez déterminé sur le choix des différentes démarches qu'il doit faire , et souvent il se laisse entraîner au faux éclat , qui ébloüit le
commun des hommes. Delà vient que certaines gens font toujours entrer quelques
circonstances désagréables dans les serviF iiij ces
538 MERCURE DE FRANCE
ces qu'ils rendent; ils ne vont jamais jusqu'aubout de bonne grace, ils y mêlent ordinairement quelques reproches ou quelques réfléxions , qui marquent de l'inquiétude ou de la répugnance , ils ne sça- vent ce que c'est que de prévenir , ils se
font presser et prier , ou bien ils veulent
assujettir ceux qu'ils obligent , et prennent de ces airs d'empire qui caractérisent les petites gens dans la prosperité .
C'est ainsi que les gens médiocres ne
fontjamais rien qui se soutienne ; si ces
obstacles ne les arrêtent, ils donnent dans
d'autres travers , qui ne sont pas moins
blâmables , ce seront quelquefois des fantaisies de vouloir servir tout le monde,
Ils s'interessent pour le premier venu sans
choix et sans réfléxion, ou répandent leur
hien mal à propos , leurs libéralitez n'ont
pour objet que des bouffons , des courtisanes ou des flateurs ; ce n'est pas là être
généreux , c'est être foible ; dupe ou dérangé.
Si l'on aime mieux les services que la
maniere dont ils sont accordez , on n'a
qu'à mettre ces sortes de gens dans le cas
d'en rendre qui puissent briller et faire de l'éclat dans le monde ; on ne sera pas refusé ; mais s'il s'agit d'obliger dans le silence, leur dureté se fait sentir et dévoile.
leur
MARS. 1732.
leur caractere. Comme ils croyent leur
réputation suffisamment établie par le
bruit qu'ils ont eu soin de faire , ils ne
s'embarassent pas du jugement d'un par
ticulier , qui ne peut balancer la voixpu
blique qu'ils pensent avoir pour eux,
Il y a des gens rusez qui sçavent mettre
à profit tous les services qu'ils rendent ;
on peut compter sur leurs offices , pourvû qu'on ait du crédit et de la protec
tion , des esperances de fortune , un nom
ou une réputation qui puisse relever la
leur ; mais ils ne sçavent ce que c'est que
de s'empresser pour des personnes inutiles à leurs interêts.
D'autres encore plus déraisonnables
sont à craindre par les services qu'ils
n'ont pas rendus ; si on ne veut les avoir
pour ennemis , il faut ignorer leur conduite , quelque peu obligeante qu'elle ait
été ; dès que vous les démêlez , ik met
tent tout en usage pour la justifier, mensonges , médisances , calomnies ; ils n'ou
blient rien pour couvrir leurs procedez ,
qu'ils voudroient se cacher à eux-mêmes.
Ce n'est pas toûjours l'avarice ou l'intérêt qui empêchent les hommes d'être
généreux. Il y a des naturels insensiblesqui verroient périr tous leurs concitoyens
sans se donner le moindre mouvement
Ev pour
540 MERCURE DE FRANCE
pour les secourir; d'autres ne connoissent
personne lorsqu'il s'agit de troubler leur
repos , ou d'interrompre leurs plaisirs ; ils
rapportent tout à eux- mêmes; les interêts les plus pressans d'un ami , ne les détourneront pas d'un Spectacle, d'une promenade ou d'un, amusement frivole ; les
besoins les plus touchans des personnes
qu'ils connoissent ne balanceront pas
f'envie qu'ils ont d'augmenter un Equipagé, d'acquerir un Meuble, ou un Bijou.
Pour voir ces sortes de caracteres sortir
de leur indolence , il faut qu'ils soient à
leur tour dans quelques besoins pressans,
alors ils sont actifs et animez , on ne les
reconnoît plus.
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Résumé : Refléxions diverses, [titre d'après la table]
Le texte extrait des 'Réflexions diverses' aborde principalement les défauts attribués au sexe féminin et la véritable générosité. L'auteur observe que les lois de l'honneur imposent aux hommes une rigueur qui les dissuade de médire, calomnier ou tromper, sous peine de perdre leur réputation. En revanche, les femmes sont jugées selon des critères plus indulgents, leur permettant de tromper, calomnier ou mentir sans conséquence majeure, leur faiblesse étant souvent excusée. L'auteur conteste les préjugés en soulignant que les femmes sont capables de courage, de fermeté et de valeur. De nombreuses héroïnes et princesses ont gouverné avec sagesse, et des femmes modernes réussissent aussi bien que les hommes dans leurs entreprises. Le texte raconte également l'histoire d'une dame distinguée séduite par un homme malintentionné, menant à une rupture conjugale et à des extrémités regrettables. La sixième réflexion traite de la générosité. La véritable générosité se manifeste par des bienfaits sans détours. Les esprits médiocres ne parviennent pas à être véritablement généreux, mêlant souvent des reproches ou des réflexions négatives à leurs services. Ils peuvent être intéressés, faibles ou déraisonnables, craignant ceux à qui ils n'ont pas rendu service. Certaines personnes utilisent les services rendus pour leur propre profit, tandis que d'autres, insensibles ou égoïstes, ne secourent les autres que lorsqu'elles sont elles-mêmes dans le besoin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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