Destinataire du texte (7)
[empty]
[empty]
[empty]
[empty]
[empty]
[empty]
[empty]
Détail
Liste
Pas de résultat.
Pas de résultat.
Résultats : 7 texte(s)
1
p. 1232-1233
A. S. E. MONSEIGNEUR LE CARDINAL DE FLEURY.
Début :
MONSEIGNEUR, Si la Faculté de Théologie reprend son ancienne splendeur, si après des jours nébuleux [...]
Mots clefs :
Cardinal de Fleury, Faculté de théologie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A. S. E. MONSEIGNEUR LE CARDINAL DE FLEURY.
A. S. E. MONSEIGNEUR
LE CARDINAL DE FLEURY.
MONSEIG ONSEIGNEUR ,
Si la Faculté de Théologie reprend fon
ancienne fplendeur, fi après des jours nébuleux
qui l'ont obfcurcie , elle repand un nou
vel éclat , c'est à V. E. que nous en fommes
redevables ! Qu'il vous eft glorieux , Mon-
SEIGNEUR , de travailler avec tant de
Zele à étouffer ces femences de guerre ,. dons
les Peuples étoient allarmez ! mais j'ofe dire
qu'il ne vous le fera pas moins , ni moins
important pour le bien de l'Etat , de réunir
les efprits divifez fur la Religion. V. E, à
faifi l'unique voye d'y parvenir ; le calme
que vous avez remis dans la Faculté de
Théologie , la derniere Déclaration du Roi ,
fi neceffaire dans les circonstances prefentes,
font des préfages certains de la paix de l'Eglife
; paix qui confifte uniquement dans l'obéiffance
à l'autorité légitime. Que nos Freres
indociles ne ferment plus les yeux à la
lumiere qui brille de toutes parts en faveur
du Decret Apoftolique , qu'ils ceffent de préferer
leurs efprits particuliers au jugement de
tant de Pontifes unis avec le S. Siege. En
vain fe vantent-ils du zele qu'ils difent avoir
1. Vol.
•pour
SWAJULN. 1730. 1233
pour les Droits facrez de la Couronne ; en
vain fe donnent-ils la gloire d'être les plus
fideles Sujets de S. M. Cet artifice groffier,
ce langage feduifant mis en ufage par les
Novateurs de tous les fiecles , pour couvrir
leurs erreurs, ne trompe plus perfonne. Connoiffent-
ils donc mieux les Droits facrez du
Diademe , que le Souverain & les grands
Hommes à qui il donnefa confiance , & qu'il
admet dans fes Confeils ? Est-ce être fidele
Sujet du Roi que de réfifter à fes ordres les
plus précis ? Non , MONSEIGNEUR , il
n'y a point de Sujets plus fideles à leur Prin
ce que ceux qui font foumis à l'Eglife . C'eft
pour ramener nos Confreres à des fentimens
plus dignes de Théologiens Catholiques, que
la Faculté a dreffe les Alles qu'elle nous or◄
donne de préfenter à Votre Eminence
LE CARDINAL DE FLEURY.
MONSEIG ONSEIGNEUR ,
Si la Faculté de Théologie reprend fon
ancienne fplendeur, fi après des jours nébuleux
qui l'ont obfcurcie , elle repand un nou
vel éclat , c'est à V. E. que nous en fommes
redevables ! Qu'il vous eft glorieux , Mon-
SEIGNEUR , de travailler avec tant de
Zele à étouffer ces femences de guerre ,. dons
les Peuples étoient allarmez ! mais j'ofe dire
qu'il ne vous le fera pas moins , ni moins
important pour le bien de l'Etat , de réunir
les efprits divifez fur la Religion. V. E, à
faifi l'unique voye d'y parvenir ; le calme
que vous avez remis dans la Faculté de
Théologie , la derniere Déclaration du Roi ,
fi neceffaire dans les circonstances prefentes,
font des préfages certains de la paix de l'Eglife
; paix qui confifte uniquement dans l'obéiffance
à l'autorité légitime. Que nos Freres
indociles ne ferment plus les yeux à la
lumiere qui brille de toutes parts en faveur
du Decret Apoftolique , qu'ils ceffent de préferer
leurs efprits particuliers au jugement de
tant de Pontifes unis avec le S. Siege. En
vain fe vantent-ils du zele qu'ils difent avoir
1. Vol.
•pour
SWAJULN. 1730. 1233
pour les Droits facrez de la Couronne ; en
vain fe donnent-ils la gloire d'être les plus
fideles Sujets de S. M. Cet artifice groffier,
ce langage feduifant mis en ufage par les
Novateurs de tous les fiecles , pour couvrir
leurs erreurs, ne trompe plus perfonne. Connoiffent-
ils donc mieux les Droits facrez du
Diademe , que le Souverain & les grands
Hommes à qui il donnefa confiance , & qu'il
admet dans fes Confeils ? Est-ce être fidele
Sujet du Roi que de réfifter à fes ordres les
plus précis ? Non , MONSEIGNEUR , il
n'y a point de Sujets plus fideles à leur Prin
ce que ceux qui font foumis à l'Eglife . C'eft
pour ramener nos Confreres à des fentimens
plus dignes de Théologiens Catholiques, que
la Faculté a dreffe les Alles qu'elle nous or◄
donne de préfenter à Votre Eminence
Fermer
Résumé : A. S. E. MONSEIGNEUR LE CARDINAL DE FLEURY.
L'auteur d'une lettre félicite Monseigneur le Cardinal de Fleury pour la restauration de la splendeur de la Faculté de Théologie après une période obscure. Il exprime sa gratitude pour les efforts du Cardinal visant à apaiser les tensions et à réunir les esprits divisés sur la religion. La lettre souligne que le calme rétabli dans la Faculté et la dernière Déclaration du Roi sont des signes prometteurs de la paix de l'Église, fondée sur l'obéissance à l'autorité légitime. L'auteur appelle les frères indociles à cesser de résister au Décret Apostolique et à ne pas privilégier leurs opinions personnelles au jugement des Pontifes unis avec le Saint-Siège. Il critique ceux qui se vantent de leur zèle pour les droits de la Couronne et de leur fidélité au Roi tout en résistant aux ordres du souverain. La lettre conclut en affirmant que les sujets les plus fidèles au prince sont ceux qui sont soumis à l'Église, et que la Faculté adresse des allèles pour ramener les confrères à des sentiments plus dignes de théologiens catholiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 627-632
A S. E. M. LE CARDINAL DE FLEURY, MINISTRE D'ETAT, Sur la liberalité qu'il a faite à l'Université de Caën, pour l'augmentation de sa Bibliotheque. ODE.
Début :
D'où naît la soudaine allegresse [...]
Mots clefs :
Libéralité, Bibliothèque, Mécène, Beaux-arts, Muses, Connaissance , Prélat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A S. E. M. LE CARDINAL DE FLEURY, MINISTRE D'ETAT, Sur la liberalité qu'il a faite à l'Université de Caën, pour l'augmentation de sa Bibliotheque. ODE.
A S. E. M.
LE CARDINAL DE FLEURY,
MINISTRE D'ETAT ,
"
Sur la liberalité qu'il a faite à l'Université
de Caën , pour l'augmentation de sa Bibliotheque.
D
O D E.
' Ou naît la soudaine allegresse
Qui transporte ici tous les coeurs ?
ON Un nouveau Mécene au Permesse
'Accorde aujourd'hui ses faveurs..
A ij Vien,
628 MERCURE DE FRANCE
Vien , mes délices , vien , ma Lyre ;
Sers la vive ardeur qui m'inspire :
Pour lui formons nos plus beaux Airs ;
Je veux que leur noble cadence
Annonce ma reconnoissance
Au Prince , au Peuple , à l'Univers
Chante un Prélat que voit la Seine
D'honneurs justement revêtu ,
Qui joint à la Pourpre Romaine
L'éclat d'une rare vertu ,
Qui sage , bienfaisant , affable ;
Tel que ce Mentor de la Fable ,
Fait chérir son autorité ,
Qui placé près du Diadême ,
Se montre auguste par
lui- même
Autant que par sa dignité.
Dans la Grandeur qui l'environne
Nul objet n'échape à ses soins ;
S'il veille aux droits de la Couronne ,
Il veille encore à nos besoins ;
Par lui la Foi , la Paix fleurissent ,
Les Loix de Thémis s'affermissent ;
Tout nous offre des jours plus beaux ;
Et de ce bonheur qu'il ménage ,
Laissant aux Sujets l'avantage ,
LEURY n'en prend que les travaux ,
Digne
AVRIL 1731. 629
Digne Emule du grand Fabrice , *
On le voit marcher sur ses pas ;
De la séduisante avarice
Son coeur méprise les appas.
Mortels ! qu'il en est peu d'exemples :
tes Trésors consacrés aux Temples
tedressent leurs murs chancelans ,
bu vont par
Dans
des routes secretes
cent tenébreuses retraites
Porter des secours consolans.
Quel riche trait pour son Histoire
Que l'apui qu'il donne aux beaux Arts f
Sur eux du milieu de sa gloire
Il jette ses plus doux regards :
Muses , troupe à ses yeux si chere
Vous n'êtes point une chimere ,
Ni des noms pleins d'un faux éclat §
Mais les filles de la Sagesse ,
Les meres de la Politesse ,
L'utile ornement d'un Eta
Un Temple fécond en miracles
Fait sur l'Orne admirer vos sons ;
* Consul Romain , le plus désinteréssé qu'ait
jamais vû la République.
L'Université.
A iij On
630 MERCURE DE FRANCE
On y voit de sçavans Oracles
Dicter vos plus pures leçons ;
Embrassant diverses matieres ,
Chacun de ses doctes lumieres
Augmente la splendeur du corps ;
Mais par combien dé découvertes
Ces fources qui leur sont offertes *
Vont-elles groffir leurs Trésors !
A quels travaux inimitables
Vois- je nos Neveux s'exciter ?
L'un écrit les faits mémorables ,
L'autre se forme à les chanter ;
Celui- ci creusant la nature ,
De l'oeil et du compas mesure
Les Eaux , l'Air , la Terre et les Cieux
Et , jusqu'à l'invisible Effence
L'autre élevant fa connoiffance
Ya fonder les Décrets des Dieux.
(
C'eft pour toi , Ville fortunée ,
Que FLEURY prodigue ses biens :
Quelle riante Destinée
Se prépare à tes Citoyens !
Tu verras tes Remparts superbes
La Bibliotheque.
En.
AVRIL. ' 1731. -631
Enfanter de nouveaux Malherbes ( a )
Des Huets , (b ) des Pyrons , ( c) des Calys ( d )
Sous l'Empire tranquile et juste
Qu'offre à nos voeux un autre Auguste ,
Tes lauriers orneront ses Lys.
Dans ton sein , Ecole sçavante ,
Faut-il qu'un noble empressement
Ne, puisse au Prélat que je vante
Dresser un pompeux monument !
Du moins signalant notre żele ,
Plaçons -y le portrait fidele ( e )
D'un si génereux Protecteur ;
Que cette immortelle Peinture
Instruise la race future
Du bienfait et du Bienfaicteur.
FLEURY , puisse un succés durable
Suivre vos projets glorieux !
(a ) Fameux Poëte.
(b) Evêque d'Avranches , et Précepteur de
M. le Dauphin , Ayeul du Roi.
$
(c) Professeur de Rhétorique au College du
Bois , et Editeur de Claudien , pour l'usage de
M. le Dauphin.
(d ) Celebre Professeur de Philosophie au
"College du Bois , Auteur de divers Ouvrages ,
centr'autres du Commentaire sur Boëce , pour
l'usage de M. le Dauphin. Tous de Caën .
(e ) Le Portrait de S. E. sera placé dans la
Bibliotheque.
A iij Puiffe
632 MERCURE DE FRANCE
Puisse la Parque inexorable.
Respecter vos jours précieux !
Soyez long- tems l'amour du PRINCE
Les délices de la Province ,
Le respect des Peuples épars ;
Soyez des Autels la défense ,
Vivez pour le bien de la France ,
Vivez pour l'honneur des beaux Arts .'
Par M. Heurtauld , Prêtre , Professeur an
College du Bois de l'Université de Caën.
LE CARDINAL DE FLEURY,
MINISTRE D'ETAT ,
"
Sur la liberalité qu'il a faite à l'Université
de Caën , pour l'augmentation de sa Bibliotheque.
D
O D E.
' Ou naît la soudaine allegresse
Qui transporte ici tous les coeurs ?
ON Un nouveau Mécene au Permesse
'Accorde aujourd'hui ses faveurs..
A ij Vien,
628 MERCURE DE FRANCE
Vien , mes délices , vien , ma Lyre ;
Sers la vive ardeur qui m'inspire :
Pour lui formons nos plus beaux Airs ;
Je veux que leur noble cadence
Annonce ma reconnoissance
Au Prince , au Peuple , à l'Univers
Chante un Prélat que voit la Seine
D'honneurs justement revêtu ,
Qui joint à la Pourpre Romaine
L'éclat d'une rare vertu ,
Qui sage , bienfaisant , affable ;
Tel que ce Mentor de la Fable ,
Fait chérir son autorité ,
Qui placé près du Diadême ,
Se montre auguste par
lui- même
Autant que par sa dignité.
Dans la Grandeur qui l'environne
Nul objet n'échape à ses soins ;
S'il veille aux droits de la Couronne ,
Il veille encore à nos besoins ;
Par lui la Foi , la Paix fleurissent ,
Les Loix de Thémis s'affermissent ;
Tout nous offre des jours plus beaux ;
Et de ce bonheur qu'il ménage ,
Laissant aux Sujets l'avantage ,
LEURY n'en prend que les travaux ,
Digne
AVRIL 1731. 629
Digne Emule du grand Fabrice , *
On le voit marcher sur ses pas ;
De la séduisante avarice
Son coeur méprise les appas.
Mortels ! qu'il en est peu d'exemples :
tes Trésors consacrés aux Temples
tedressent leurs murs chancelans ,
bu vont par
Dans
des routes secretes
cent tenébreuses retraites
Porter des secours consolans.
Quel riche trait pour son Histoire
Que l'apui qu'il donne aux beaux Arts f
Sur eux du milieu de sa gloire
Il jette ses plus doux regards :
Muses , troupe à ses yeux si chere
Vous n'êtes point une chimere ,
Ni des noms pleins d'un faux éclat §
Mais les filles de la Sagesse ,
Les meres de la Politesse ,
L'utile ornement d'un Eta
Un Temple fécond en miracles
Fait sur l'Orne admirer vos sons ;
* Consul Romain , le plus désinteréssé qu'ait
jamais vû la République.
L'Université.
A iij On
630 MERCURE DE FRANCE
On y voit de sçavans Oracles
Dicter vos plus pures leçons ;
Embrassant diverses matieres ,
Chacun de ses doctes lumieres
Augmente la splendeur du corps ;
Mais par combien dé découvertes
Ces fources qui leur sont offertes *
Vont-elles groffir leurs Trésors !
A quels travaux inimitables
Vois- je nos Neveux s'exciter ?
L'un écrit les faits mémorables ,
L'autre se forme à les chanter ;
Celui- ci creusant la nature ,
De l'oeil et du compas mesure
Les Eaux , l'Air , la Terre et les Cieux
Et , jusqu'à l'invisible Effence
L'autre élevant fa connoiffance
Ya fonder les Décrets des Dieux.
(
C'eft pour toi , Ville fortunée ,
Que FLEURY prodigue ses biens :
Quelle riante Destinée
Se prépare à tes Citoyens !
Tu verras tes Remparts superbes
La Bibliotheque.
En.
AVRIL. ' 1731. -631
Enfanter de nouveaux Malherbes ( a )
Des Huets , (b ) des Pyrons , ( c) des Calys ( d )
Sous l'Empire tranquile et juste
Qu'offre à nos voeux un autre Auguste ,
Tes lauriers orneront ses Lys.
Dans ton sein , Ecole sçavante ,
Faut-il qu'un noble empressement
Ne, puisse au Prélat que je vante
Dresser un pompeux monument !
Du moins signalant notre żele ,
Plaçons -y le portrait fidele ( e )
D'un si génereux Protecteur ;
Que cette immortelle Peinture
Instruise la race future
Du bienfait et du Bienfaicteur.
FLEURY , puisse un succés durable
Suivre vos projets glorieux !
(a ) Fameux Poëte.
(b) Evêque d'Avranches , et Précepteur de
M. le Dauphin , Ayeul du Roi.
$
(c) Professeur de Rhétorique au College du
Bois , et Editeur de Claudien , pour l'usage de
M. le Dauphin.
(d ) Celebre Professeur de Philosophie au
"College du Bois , Auteur de divers Ouvrages ,
centr'autres du Commentaire sur Boëce , pour
l'usage de M. le Dauphin. Tous de Caën .
(e ) Le Portrait de S. E. sera placé dans la
Bibliotheque.
A iij Puiffe
632 MERCURE DE FRANCE
Puisse la Parque inexorable.
Respecter vos jours précieux !
Soyez long- tems l'amour du PRINCE
Les délices de la Province ,
Le respect des Peuples épars ;
Soyez des Autels la défense ,
Vivez pour le bien de la France ,
Vivez pour l'honneur des beaux Arts .'
Par M. Heurtauld , Prêtre , Professeur an
College du Bois de l'Université de Caën.
Fermer
Résumé : A S. E. M. LE CARDINAL DE FLEURY, MINISTRE D'ETAT, Sur la liberalité qu'il a faite à l'Université de Caën, pour l'augmentation de sa Bibliotheque. ODE.
Le poème célèbre la générosité du Cardinal de Fleury, ministre d'État, qui a fait don à l'Université de Caen pour enrichir sa bibliothèque. Il commence par exprimer une joie soudaine et générale, attribuée à l'intervention d'un nouveau mécène. Le Cardinal de Fleury est loué pour ses vertus, sa sagesse et sa bienfaisance, et est comparé à des figures illustres comme Mentor et Fabrice. Malgré sa grandeur, Fleury veille aux besoins du peuple et favorise la foi, la paix et la justice. Le poème souligne également son soutien aux arts et à la connaissance, comparant les Muses à des filles de la sagesse et des mères de la politesse. L'Université de Caen est présentée comme un lieu de savoir où des savants dispensent des leçons sur divers sujets, et où de futures découvertes sont attendues. Le don de Fleury permettra à la ville de produire de grands érudits et poètes. Le texte se termine par un vœu pour la longue vie du Cardinal et son soutien continu aux arts et au bien de la France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 2762-2765
EXPLICATION de la Médaille frapée en l'honneur de S. E. Monseigneur le Cardinal DE FLEURY, STANCES.
Début :
Vos yeux ne pouvoient voir cet auguste visage, [...]
Mots clefs :
Médaille, Art, Miroir, Vertus, Génie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION de la Médaille frapée en l'honneur de S. E. Monseigneur le Cardinal DE FLEURY, STANCES.
EXPLICATION de la Médaille ( 1`)
frapée en l'honneur de S. E. Monsej
gneur le Cardinal DE FLEURY,
STANCE S.
Vos yeux ne pouvoient voir cet auguste visage
,
Peuples , qu'an sort privé retient loin de la
Cour ;
Un Art ingénieux vous en offre l'image :
Contentez vos regards, contentez votre amours
( 1 ) Il y en a d'Or , d'Argent et de Bronze ,
frapées par l'ordre de Monseigneur le Duc d'An-
1in. Cette Médaille porte le Buste de S. E. avec
cette Légende : Andrea Herculi de Fleury, S.R.E.
Cardinali , Primario Regina Elemosinario. Et au
revers les quatre Vertus Cardinales. La Prudence
tient un Miroir. La Justice , un Balance. La for-
1. Vel. Admirez
1
DECEMBRE . 1721. 2763
Admirez ce maintien doux , tranquile , me
deste ;
Contemplez de ce front la noble gravité ;
Ila je ne sçai-quoi d'aimable et de celeste ,
Qui tient l'oeil attentif , et le coeur enchant
Il consacre avec fruit ses veilles assidues
A la gloire du Prince , au bonheur des Sujets
L'Elite des Vertus icy - bas descenduës
L'accompagne , l'inspire , et guide ses projets.
Voïez-vous ce Miroir ? C'est - là que la PREZ
DENCE
Lui montre le chemin qui conduit au succès ,
Et THEMIS de concert lui montre sa Balance
Pour régler du Public les divers interêts,
*
La FORCE le soutient , par son secours fidelle
Cet HERCUL E nouveau du crime est la te£
reur ;
Il préserve nos Lys d'une Guerre cruelle ;
Du Démon des combats il calme la fureur,
ce , un Lyon sous ses pieds. La Tempérance , un
Mords de bride . Au milieu est un Globe , élevé
sur une Colonne , avec trois Fleurs de Lys , er
eette Légende : Virtutes Regni administra.Voicz
le Mercure d'Aoust 1731 .
1. Vol. Pra
2764 MERCURE DE FRANCE
Par sa voix chaque jour la douce TE-MIRANCE
Modere de LOUIS les sentimens guerriers ;
Et craignant de troubler le repos de la France ,
Szait préférer l'Olive à de sanglans Lauriers.
Sous les yeux de FLEURY , quel astre te
.peut nuire ?
François, que taGrandeur
est solide aujourd'hui
! L'Enfer voudroit envain ébranler un Empire
De qui la Vertu même est le Guide et l'appui.
Poursuis , heureux Génie ; ajoute à ce miracles
;
Jadis , Rome à ta gloire , eut dressé des Autels
Mais lorsque ta Vertu n'y mettra plus d'obstacles
,
La France te rendra des honneurs immortels.
Ce riche Monument , t'en est le doux présage.
A nos tendres désirs D'ANTIN s'est conformé ;
Fécond en grands desseins , il enfante l'ouvrage
Que mille voeux secrets avoient déja formé.
ΕΝΤΟΥ.
Ministre infatigable , et si cher à la France ,
Reçoi ce trait leger de ma Reconnoissance.
1. Vol.
Pardonne
DECEMBRE. 1731.
2763
Fardonne , si mon Chant , dont Toy scul
l'objet ,
Rabaisse la grandeur d'an si noble Sujet.
C'est payer foiblement les glorieux suffrages
Dont tu daignas trois fois honorer mes ou
vrages :
C'est payer foiblement ce Don trop généreux
Que m'adressa ta main , sans attendre mes voeux,
Oh ! si jamais le sort , au gré de mon envie
Tempére ses rigueurs , et prolonge ma vie!
Coulant mes heureux jours dans un docte loisir
[ Ciel tu m'en es témoin ) mon plus charmant
plaisir
Sera de célébrer aux yeux de la Province
Les Vertus du Ministre , et la Gloire du Prince
HEURTAULD , Prêtre , Pro
fesseur en l'Université de Caën.
frapée en l'honneur de S. E. Monsej
gneur le Cardinal DE FLEURY,
STANCE S.
Vos yeux ne pouvoient voir cet auguste visage
,
Peuples , qu'an sort privé retient loin de la
Cour ;
Un Art ingénieux vous en offre l'image :
Contentez vos regards, contentez votre amours
( 1 ) Il y en a d'Or , d'Argent et de Bronze ,
frapées par l'ordre de Monseigneur le Duc d'An-
1in. Cette Médaille porte le Buste de S. E. avec
cette Légende : Andrea Herculi de Fleury, S.R.E.
Cardinali , Primario Regina Elemosinario. Et au
revers les quatre Vertus Cardinales. La Prudence
tient un Miroir. La Justice , un Balance. La for-
1. Vel. Admirez
1
DECEMBRE . 1721. 2763
Admirez ce maintien doux , tranquile , me
deste ;
Contemplez de ce front la noble gravité ;
Ila je ne sçai-quoi d'aimable et de celeste ,
Qui tient l'oeil attentif , et le coeur enchant
Il consacre avec fruit ses veilles assidues
A la gloire du Prince , au bonheur des Sujets
L'Elite des Vertus icy - bas descenduës
L'accompagne , l'inspire , et guide ses projets.
Voïez-vous ce Miroir ? C'est - là que la PREZ
DENCE
Lui montre le chemin qui conduit au succès ,
Et THEMIS de concert lui montre sa Balance
Pour régler du Public les divers interêts,
*
La FORCE le soutient , par son secours fidelle
Cet HERCUL E nouveau du crime est la te£
reur ;
Il préserve nos Lys d'une Guerre cruelle ;
Du Démon des combats il calme la fureur,
ce , un Lyon sous ses pieds. La Tempérance , un
Mords de bride . Au milieu est un Globe , élevé
sur une Colonne , avec trois Fleurs de Lys , er
eette Légende : Virtutes Regni administra.Voicz
le Mercure d'Aoust 1731 .
1. Vol. Pra
2764 MERCURE DE FRANCE
Par sa voix chaque jour la douce TE-MIRANCE
Modere de LOUIS les sentimens guerriers ;
Et craignant de troubler le repos de la France ,
Szait préférer l'Olive à de sanglans Lauriers.
Sous les yeux de FLEURY , quel astre te
.peut nuire ?
François, que taGrandeur
est solide aujourd'hui
! L'Enfer voudroit envain ébranler un Empire
De qui la Vertu même est le Guide et l'appui.
Poursuis , heureux Génie ; ajoute à ce miracles
;
Jadis , Rome à ta gloire , eut dressé des Autels
Mais lorsque ta Vertu n'y mettra plus d'obstacles
,
La France te rendra des honneurs immortels.
Ce riche Monument , t'en est le doux présage.
A nos tendres désirs D'ANTIN s'est conformé ;
Fécond en grands desseins , il enfante l'ouvrage
Que mille voeux secrets avoient déja formé.
ΕΝΤΟΥ.
Ministre infatigable , et si cher à la France ,
Reçoi ce trait leger de ma Reconnoissance.
1. Vol.
Pardonne
DECEMBRE. 1731.
2763
Fardonne , si mon Chant , dont Toy scul
l'objet ,
Rabaisse la grandeur d'an si noble Sujet.
C'est payer foiblement les glorieux suffrages
Dont tu daignas trois fois honorer mes ou
vrages :
C'est payer foiblement ce Don trop généreux
Que m'adressa ta main , sans attendre mes voeux,
Oh ! si jamais le sort , au gré de mon envie
Tempére ses rigueurs , et prolonge ma vie!
Coulant mes heureux jours dans un docte loisir
[ Ciel tu m'en es témoin ) mon plus charmant
plaisir
Sera de célébrer aux yeux de la Province
Les Vertus du Ministre , et la Gloire du Prince
HEURTAULD , Prêtre , Pro
fesseur en l'Université de Caën.
Fermer
Résumé : EXPLICATION de la Médaille frapée en l'honneur de S. E. Monseigneur le Cardinal DE FLEURY, STANCES.
Le texte décrit une médaille frappée en l'honneur du Cardinal de Fleury, disponible en or, argent et bronze, commandée par le Duc d'Anjou. Au recto, elle présente le buste du Cardinal avec la légende 'Andrea Herculi de Fleury, S.R.E. Cardinali, Primario Regina Elemosinario'. Au verso, elle représente les quatre vertus cardinales : Prudence, Justice, Force et Tempérance, chacune symbolisée par un attribut spécifique. La légende au revers est 'Virtutes Regni administra'. Le texte met en avant les qualités du Cardinal, telles que son maintien doux et tranquille, sa noble gravité et son dévouement à la gloire du Prince et au bonheur des sujets. Les vertus guident ses projets et actions : la Prudence lui montre le chemin du succès, la Justice régule les intérêts publics, la Force le soutient contre le crime, et la Tempérance modère les sentiments guerriers du roi Louis. Enfin, le texte exprime reconnaissance et admiration envers le Duc d'Anjou pour la réalisation de cette médaille et envers les vertus et actions du Cardinal de Fleury.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 875-882
PARODIE de la premiere Ode d'Horace, à S. E. M. le Cardinal de Fleury. / Ode.
Début :
Seigneur, tous tant que nous sommes, [...]
Mots clefs :
Horace, Esprit, France, Estime, Cardinal de Fleury, Mécène
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PARODIE de la premiere Ode d'Horace, à S. E. M. le Cardinal de Fleury. / Ode.
PARODIE de la premiere Ode d'Horace
à S. E. M. le Cardinal de Fleury..
Espoir
des bons et le mien
Si ce n'est impertinence ,
De se mettre en concurrenceAvec tant de gens de bien. )
Cardinal , dont les épaules ,
A supporter un grand poids ,
Par son seul et digne choix ,
Aident au Maître des Gaules ;
Pour délasser un moment
L'Atlas que chargent nos Poles ,
De mes simples babioles ,
Prenez en gré l'enjoüment ,
Et souffrez que je vous trace
En traits marquez et suivis ,
De l'ingenieux Horace ,
Le Mecenas atavis.
ODE
$76 MERCURE DE FRANCE
Seigneur ,
O D E.
Eigneur tous tant que nous sommes
Chaque esprit a ses objets ;
Chaque cœur chez tous les hommes ,
Forme differens projets :
L'ambition dominante ,
Est des Grands qu'elle régente ,.
La fougueuse passion ,
Pendant que la Petitesse ,
Soupire après la Richesse,
Ou la réputation.,
L'un , qui d'un desir modeste ,
N'eut jamais le cœur atteint ,
Voudroit voir- briller sa veste
Du Portrait de l'Esprit Saint.
Une secrete amertume ,
Le devore et le consume ;
C'est sa tribulation ,
De voir cet honneur sublime ,
Orner des gens qu'il estime
D'une moindre extraction.
L'autre respire la guerre ;:
C'est son ébat , c'est son jeu;
Aux quatre coins de la Terre ,
IF
MAY.
1732. 877
I brule de voir le feu.
La longue Paix qui nous berce ,
Est une longue traverse ,
Pour son esprit martial ,
Qui ne méditant que Palmes ,
Se promet en temps moins calmes ,"
Un Bâton de: Maréchal..
Ce troisiéme qui s'adonne ,
A des desseins plus pieux ;
C'est un suppôt de Sorbonne ,
Beau parleur , air gracieux :-
Approuvé de l'Ordinaire
H se fourre dans la Chaire ,
Habile homme et prêchant mal ,
Et flatant sa suffisance ;
Pour sa moindre récompense ,
D'un riche Anneau Pastoral..
Vous , que les doctes Pucelles ,
N'ont point honte d'ennuyer ,
Leurs promesses infidelles ,
Ne tendent qu'à vous jouer ;
Montez sur vos grands Cothurnes ,
De vos fatigues nocturnes
Les fruits seront corrompus ;
Car malgré vos longues veilles ,
Des
178 MERCURE DE FRANCE
Des Racines , des Corneilles ,
Les grands moules sont rompus.
Celui-cy paroît plus sage,
Qui se picquant moins d'esprit
Ne donne qué sur bon gage,
Les sornettes qu'il écrit. ~
Tout coup vaille ; rien n'importe ;
Pourvû qu'on paye à la porte ,.
Tout lui semble indifferent ;.
Permis à de plus habiles ,
De fronder les Vaudevilles ,
De la Foire S. Laurent.
Tel d'une Idolé adorée ,
Fait tout son amusement ,-
Et des jeux de Cytherée ,
Son plaisir et son tourment.
Tel autre dans sa misere,
Croupit et se desespere ,
Pour entasser force écus
,
;
Pendant qu'un Beuveur se flatte ;
De trouver Perse et Surate
Dans la Tonne de Bacchus.
* Allusion à la maniere des Hollandois de
compter les richesses par Tonnes d'or. Surate est un
Port fameux du Mogol , où se fait le plus riche
Commerce de l'Orient.
J'aurois
MAY. 1732.
879
J'aurois , Seigneur , trop d'affaires ,
Si j'essayois d'imiter ,
Tous les divers caracteres,
Qu'Horace aime à debiter ;
Cette stérile abondance ,
Lasseroit la patience ,
Et me rendroit odieux,;
Pour acquerir quelque estime ,
Le sage Orateur supprime ,
Tout verbiage ennuyeux.
Oque j'aurois d'éloquence ,
S'il m'étoit permis un jour,
De détailler à la France ,
Votre zele et votre amour?
Mais quoi ! votre modestie ,
Prendroit ma Muse à partie ,
Et la feroit échouer.
Fiere vertu , qui s'offense
Et nous impose silence ,
Quand nous osons vous louer.
Mais tandis que je me tuë,
A rimer , tant bien que mal ,
Je sens que je perds de vuë ,
Mon charmant Original.
Notre Horace રેà son Mecens
Sou-
880 MERCURE DE FRANCE
Soutient que de l'hyppocrene ,
Le bien seul l'enrichira ,
Et qu'un homme qui s'applique ,
A devenir bon Lyrique ,
Aux Etoiles touchera.
Pour moi qui du cher Parnasse ,
Me suis toujours défié ,
Comme on fait d'un tas de glace ,
Où l'on affeoit mal son pié;
Mon Style le plus superbe ,
Fût-il Racan ou Malherbe ,
Mes plus pathétiques traits ,
N'ont jamais eu la puissance ,
D'augmenter mon opulence ,
D'une charge de Cotrets.
Souhaitons par compagnie,
Non pas,
illustre FLEURY ,
D'Euterpe ou de Polymnie ,
D'être estimé favori :
Ma Muse est bien plus discrete ;
Mais tout ce qu'elle souhaite ,
Son unique ambition ,
C'est , dans cette âpre froidure ,
D'obtenir une doublure ,
Pour ma mince Pension .
Que
MA Y.. 1732.
882
Que si vous m'êtes propice ,
LOUIS , le meilleur des Rois ,
Par faveur ou par justice,
Ecoutera votre voix ;
Remontrez- lui , grand Ministre ,
Que l'hyver sera sinistre ,
Pour les Vieillards.catherreux ;
Pour qui les severes Parques ,
Ont cotté sur leurs Remarques. ,
Huit fois dix et cinq fois deux.
DE SENECE.
à S. E. M. le Cardinal de Fleury..
Espoir
des bons et le mien
Si ce n'est impertinence ,
De se mettre en concurrenceAvec tant de gens de bien. )
Cardinal , dont les épaules ,
A supporter un grand poids ,
Par son seul et digne choix ,
Aident au Maître des Gaules ;
Pour délasser un moment
L'Atlas que chargent nos Poles ,
De mes simples babioles ,
Prenez en gré l'enjoüment ,
Et souffrez que je vous trace
En traits marquez et suivis ,
De l'ingenieux Horace ,
Le Mecenas atavis.
ODE
$76 MERCURE DE FRANCE
Seigneur ,
O D E.
Eigneur tous tant que nous sommes
Chaque esprit a ses objets ;
Chaque cœur chez tous les hommes ,
Forme differens projets :
L'ambition dominante ,
Est des Grands qu'elle régente ,.
La fougueuse passion ,
Pendant que la Petitesse ,
Soupire après la Richesse,
Ou la réputation.,
L'un , qui d'un desir modeste ,
N'eut jamais le cœur atteint ,
Voudroit voir- briller sa veste
Du Portrait de l'Esprit Saint.
Une secrete amertume ,
Le devore et le consume ;
C'est sa tribulation ,
De voir cet honneur sublime ,
Orner des gens qu'il estime
D'une moindre extraction.
L'autre respire la guerre ;:
C'est son ébat , c'est son jeu;
Aux quatre coins de la Terre ,
IF
MAY.
1732. 877
I brule de voir le feu.
La longue Paix qui nous berce ,
Est une longue traverse ,
Pour son esprit martial ,
Qui ne méditant que Palmes ,
Se promet en temps moins calmes ,"
Un Bâton de: Maréchal..
Ce troisiéme qui s'adonne ,
A des desseins plus pieux ;
C'est un suppôt de Sorbonne ,
Beau parleur , air gracieux :-
Approuvé de l'Ordinaire
H se fourre dans la Chaire ,
Habile homme et prêchant mal ,
Et flatant sa suffisance ;
Pour sa moindre récompense ,
D'un riche Anneau Pastoral..
Vous , que les doctes Pucelles ,
N'ont point honte d'ennuyer ,
Leurs promesses infidelles ,
Ne tendent qu'à vous jouer ;
Montez sur vos grands Cothurnes ,
De vos fatigues nocturnes
Les fruits seront corrompus ;
Car malgré vos longues veilles ,
Des
178 MERCURE DE FRANCE
Des Racines , des Corneilles ,
Les grands moules sont rompus.
Celui-cy paroît plus sage,
Qui se picquant moins d'esprit
Ne donne qué sur bon gage,
Les sornettes qu'il écrit. ~
Tout coup vaille ; rien n'importe ;
Pourvû qu'on paye à la porte ,.
Tout lui semble indifferent ;.
Permis à de plus habiles ,
De fronder les Vaudevilles ,
De la Foire S. Laurent.
Tel d'une Idolé adorée ,
Fait tout son amusement ,-
Et des jeux de Cytherée ,
Son plaisir et son tourment.
Tel autre dans sa misere,
Croupit et se desespere ,
Pour entasser force écus
,
;
Pendant qu'un Beuveur se flatte ;
De trouver Perse et Surate
Dans la Tonne de Bacchus.
* Allusion à la maniere des Hollandois de
compter les richesses par Tonnes d'or. Surate est un
Port fameux du Mogol , où se fait le plus riche
Commerce de l'Orient.
J'aurois
MAY. 1732.
879
J'aurois , Seigneur , trop d'affaires ,
Si j'essayois d'imiter ,
Tous les divers caracteres,
Qu'Horace aime à debiter ;
Cette stérile abondance ,
Lasseroit la patience ,
Et me rendroit odieux,;
Pour acquerir quelque estime ,
Le sage Orateur supprime ,
Tout verbiage ennuyeux.
Oque j'aurois d'éloquence ,
S'il m'étoit permis un jour,
De détailler à la France ,
Votre zele et votre amour?
Mais quoi ! votre modestie ,
Prendroit ma Muse à partie ,
Et la feroit échouer.
Fiere vertu , qui s'offense
Et nous impose silence ,
Quand nous osons vous louer.
Mais tandis que je me tuë,
A rimer , tant bien que mal ,
Je sens que je perds de vuë ,
Mon charmant Original.
Notre Horace રેà son Mecens
Sou-
880 MERCURE DE FRANCE
Soutient que de l'hyppocrene ,
Le bien seul l'enrichira ,
Et qu'un homme qui s'applique ,
A devenir bon Lyrique ,
Aux Etoiles touchera.
Pour moi qui du cher Parnasse ,
Me suis toujours défié ,
Comme on fait d'un tas de glace ,
Où l'on affeoit mal son pié;
Mon Style le plus superbe ,
Fût-il Racan ou Malherbe ,
Mes plus pathétiques traits ,
N'ont jamais eu la puissance ,
D'augmenter mon opulence ,
D'une charge de Cotrets.
Souhaitons par compagnie,
Non pas,
illustre FLEURY ,
D'Euterpe ou de Polymnie ,
D'être estimé favori :
Ma Muse est bien plus discrete ;
Mais tout ce qu'elle souhaite ,
Son unique ambition ,
C'est , dans cette âpre froidure ,
D'obtenir une doublure ,
Pour ma mince Pension .
Que
MA Y.. 1732.
882
Que si vous m'êtes propice ,
LOUIS , le meilleur des Rois ,
Par faveur ou par justice,
Ecoutera votre voix ;
Remontrez- lui , grand Ministre ,
Que l'hyver sera sinistre ,
Pour les Vieillards.catherreux ;
Pour qui les severes Parques ,
Ont cotté sur leurs Remarques. ,
Huit fois dix et cinq fois deux.
DE SENECE.
Fermer
Résumé : PARODIE de la premiere Ode d'Horace, à S. E. M. le Cardinal de Fleury. / Ode.
Le texte est une parodie de la première Ode d'Horace dédiée à S. E. M. le Cardinal de Fleury. L'auteur commence par exprimer son espoir de ne pas être impertinent en se comparant à des personnes de bien. Il loue ensuite le Cardinal pour son soutien au roi de France et lui offre une œuvre légère destinée à le divertir. L'auteur décrit diverses ambitions humaines, telles que l'ambition des grands, le désir de richesse, la quête de réputation, l'aspiration à des honneurs religieux, ou encore le goût pour la guerre et les distinctions militaires. Il critique également ceux qui se consacrent à des études doctes mais stériles. L'auteur conclut en exprimant son admiration pour Horace et son mécène, tout en soulignant modestement que ses propres écrits n'ont jamais enrichi leur auteur. Il souhaite simplement obtenir une augmentation de sa pension pour mieux affronter l'hiver.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 600-601
A SON EMINENCE.
Début :
Sage Dispensateur d'une vaste Puissance, [...]
Mots clefs :
Coeur, Voeux, Cardinal de Fleury
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A SON EMINENCE.
A SON EMINENCE.
Sage Dispensateur d'une vaste Puissance ,
Qui fait des voeux pour toi , s'acquitte envers la
France
FLEURY , puissent les Dieux ne plus compter les
ans ,
Et puisse leur séjour t'attendre encor long-tems !
Que ta vigueur durable à nos besoins réponde.
Soutien toujours le nom de Bienfaicteur du
Monde.
De l'Europe à ta foy le destin fut remis ,
Et nos Voisins jaloux devinrent nos amis.
Tu rends l'obeïssance et certaine et facile
Le Soldat est payé, le Rentier est tranquille,
Même le Courtisan dispensé de flatter ,
Pour atteindre aux honneurs n'a qu'à les mériter;
Pilote vigilant , joui des vents propices.
D'un Monarque ombrageux essuyant les caprices
,
Armand, voyoit par lui ses projets combattus ;
Lours t'ouvrit son coeur en l'ouvrant aux Vertus.
Possede de ton Roy l'auguste confiance s
Son bonheur t'a placé ; le remps , l'experience ,
Lui font à chaque instant renouveller son choix
Ses regards de tes soins soulagent tout le poids.
L'Histoire , qui souvent prend la haine pour
guide ,
Peint Armand trop severe et Jules trop avide
Veit
Voit-on la cruauté t'inspirer ses transports ?
L'Avarice occupée à compter tes trésors ?
FLEURY , la paix du coeur regne sur ton visage ,
Jamais les Passions n'y forment de nuage ,
Aux Graces ton accueil ajoute un nouveau prix;
Le refus nécessaire est au moins sans mépris ;
Le culte seul en toi trouve un vengeur austeres
La Politique en fait un frein pour le vulgaire ,
Mais il est à tes yeux le vrai devoir des Rois ,
Le principe du bien et la source des Loix.
Poursui sans te lasser ta carriere immortelle ,
Cherche dans ta vertu le seul prix digne d'elles
Les titres, les respects , les éloges pompeux ,
Sont une récompense au - dessous de tes voeux ;
Loin de toi ces Rimeurs que le besoin altere ,
Qui font d'un talent noble- un métier merce
naire ;
Reçoi l'hommage pur que le coeur m'a dicté ;
Mes Vers n'ont d'autre prix que leur sincerité.
Sage Dispensateur d'une vaste Puissance ,
Qui fait des voeux pour toi , s'acquitte envers la
France
FLEURY , puissent les Dieux ne plus compter les
ans ,
Et puisse leur séjour t'attendre encor long-tems !
Que ta vigueur durable à nos besoins réponde.
Soutien toujours le nom de Bienfaicteur du
Monde.
De l'Europe à ta foy le destin fut remis ,
Et nos Voisins jaloux devinrent nos amis.
Tu rends l'obeïssance et certaine et facile
Le Soldat est payé, le Rentier est tranquille,
Même le Courtisan dispensé de flatter ,
Pour atteindre aux honneurs n'a qu'à les mériter;
Pilote vigilant , joui des vents propices.
D'un Monarque ombrageux essuyant les caprices
,
Armand, voyoit par lui ses projets combattus ;
Lours t'ouvrit son coeur en l'ouvrant aux Vertus.
Possede de ton Roy l'auguste confiance s
Son bonheur t'a placé ; le remps , l'experience ,
Lui font à chaque instant renouveller son choix
Ses regards de tes soins soulagent tout le poids.
L'Histoire , qui souvent prend la haine pour
guide ,
Peint Armand trop severe et Jules trop avide
Veit
Voit-on la cruauté t'inspirer ses transports ?
L'Avarice occupée à compter tes trésors ?
FLEURY , la paix du coeur regne sur ton visage ,
Jamais les Passions n'y forment de nuage ,
Aux Graces ton accueil ajoute un nouveau prix;
Le refus nécessaire est au moins sans mépris ;
Le culte seul en toi trouve un vengeur austeres
La Politique en fait un frein pour le vulgaire ,
Mais il est à tes yeux le vrai devoir des Rois ,
Le principe du bien et la source des Loix.
Poursui sans te lasser ta carriere immortelle ,
Cherche dans ta vertu le seul prix digne d'elles
Les titres, les respects , les éloges pompeux ,
Sont une récompense au - dessous de tes voeux ;
Loin de toi ces Rimeurs que le besoin altere ,
Qui font d'un talent noble- un métier merce
naire ;
Reçoi l'hommage pur que le coeur m'a dicté ;
Mes Vers n'ont d'autre prix que leur sincerité.
Fermer
Résumé : A SON EMINENCE.
La lettre est adressée à André-Hercule de Fleury, cardinal et principal ministre de Louis XV. L'auteur exprime des vœux pour la longévité et la santé de Fleury, soulignant son rôle bénéfique pour la France et l'Europe. Fleury est loué pour avoir transformé des voisins jaloux en amis et pour avoir assuré la paix et la stabilité. Il est décrit comme un pilote vigilant, capable de gérer les caprices d'un monarque ombrageux. La lettre met en avant la confiance du roi en Fleury, renforcée par le temps et l'expérience. L'auteur conteste les portraits négatifs de l'histoire, affirmant que Fleury est guidé par la vertu et le devoir royal. Il encourage Fleury à poursuivre sa carrière avec la vertu comme seule récompense, rejetant les flatteries et les éloges pompeux. La lettre se conclut par un hommage sincère, valorisant la sincérité des vers écrits.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 2514
RONDEAU A Monseigneur le Cardinal de Fleury. Par M. de S. Aulaire, sur ce que S. E. lui avoit écrit que sa pension cesseroit lorsqu'il auroit six-vingt ans.
Début :
A six-vingt ans, vouloir que je limite, [...]
Mots clefs :
Six-vingts ans, Monseigneur, Duchesse du Maine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RONDEAU A Monseigneur le Cardinal de Fleury. Par M. de S. Aulaire, sur ce que S. E. lui avoit écrit que sa pension cesseroit lorsqu'il auroit six-vingt ans.
RONDEAU
A Monseigneur le Cardinal de Fleury,
Par M. de S. Aulaire , sur ce que S.E.
lui avoit écrit que sa pension cessero
lorsqu'il auroit six- vingt ans .
A Sixvingt
ans , vouloir que je limite,
De mon Hyver la course décrépite ,
C'est ignorer que par enchantement ,
A notre Cour ( 1 ) les jours coulent si vîte
Que les plus longs ne sont que des momens.
Quand vous aurez chassé le Moscovite ,
Et rabaissé l'orgueil des Allemans ,
On voudra voir quelle sera la suite
A six- vingt ans.
►
Les Patoureaux enchantez et dormans ,
Sous les Berceaux que no re Fée habite , (2)
Attendront-là ces grands Evénemens ,
Et le comptant de leurs appointemens ;
Car , Monseigneur , vous n'en serez pas quitte
A six -vingt ans.
( I ) Sceaux.
(a ) La Duchesse du Maine.
A Monseigneur le Cardinal de Fleury,
Par M. de S. Aulaire , sur ce que S.E.
lui avoit écrit que sa pension cessero
lorsqu'il auroit six- vingt ans .
A Sixvingt
ans , vouloir que je limite,
De mon Hyver la course décrépite ,
C'est ignorer que par enchantement ,
A notre Cour ( 1 ) les jours coulent si vîte
Que les plus longs ne sont que des momens.
Quand vous aurez chassé le Moscovite ,
Et rabaissé l'orgueil des Allemans ,
On voudra voir quelle sera la suite
A six- vingt ans.
►
Les Patoureaux enchantez et dormans ,
Sous les Berceaux que no re Fée habite , (2)
Attendront-là ces grands Evénemens ,
Et le comptant de leurs appointemens ;
Car , Monseigneur , vous n'en serez pas quitte
A six -vingt ans.
( I ) Sceaux.
(a ) La Duchesse du Maine.
Fermer
Résumé : RONDEAU A Monseigneur le Cardinal de Fleury. Par M. de S. Aulaire, sur ce que S. E. lui avoit écrit que sa pension cesseroit lorsqu'il auroit six-vingt ans.
Le poème 'RONDEAU' de M. de S. Aulaire répond au Cardinal de Fleury sur la cessation de sa pension à soixante ans. L'auteur conteste cette décision, affirmant que des événements importants peuvent encore survenir à cet âge, comme des exploits militaires. Il mentionne la Duchesse du Maine et signe à Sceaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 670-686
LETTRE de M..... au sujet de la nouvelle Histoire de la Ville et Abbaye de S. Filibert de Tournus ; dédiée à son Eminence M. le Cardinal de Fleury, Abbé de Tournus.
Début :
Ce ne sont pas toujours les Villes Episcopales qui sont en état de fournir [...]
Mots clefs :
Abbaye Saint-Philibert de Tournus, Tournus, Abbé, Auteur, Abbaye, Monastère, Religieux, Saint Philibert, Comte de Chalon, Église, Moines, Évêque, Cour, Saint Valérien, Roi, Anciens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M..... au sujet de la nouvelle Histoire de la Ville et Abbaye de S. Filibert de Tournus ; dédiée à son Eminence M. le Cardinal de Fleury, Abbé de Tournus.
LETTRE de M..... au sujet de la
nouvelle Histoire de la Ville et Abbaye
de S. Filibert de Tournus ; dédiée à son
Eminence M. le Cardinal de Fleury ;
Abbé de Tournus .
CE
E ne sont pas toujours les Villes
Episcopales qui sont en état de fournir
une matiere suffisante pour composer
de gros volumes d'Histoire . Souvent
en recherchant ce qu'il y a à dire d'une
Ville qui n'a commencé que par un simple
Château , et où dans la suite il s'est
étaAVRIL.
1734.
671
établi un Monastere , on trouve une plus
ample moisson qu'on ne croyoit , et enfin
de quoi former un volume complet.
C'est ce qui est arrivé à la Ville de Tournus
en Bourgogne , dont un Chanoine
vient de publier l'Histoire.
L'Auteur remonte jusqu'à l'origine de
la Ville , pour donner une connoissance
entiere du sujet qu'il traite. Tournus
étoit du Païs des Eduens ; c'étoit une
espece de Grenier ou de Magazin , qui
est appellé , Horreum Castrense , dans les
Actes de S. Valerien . Le martyre de ce
Saint rendit ce lieu encore plus célébre.
Il est nommé Tinurtium , Tenurcium , Ternocium
, Trinorcium , dans des Auteurs du
4. 5. et 6e siécles , et souvent avec le substantif
castrum.
On ne sçait pas bien en quel temps it
commença à y avoir un Monastere sur
le Tombeau de S. Valérien ; mais il étoit
déja ancien au 1x. siecle , lorsque l'Abbé
des Moines de Nermoutier , refugiez en
Auvergne , passant par Tournus , trouva
l'endroit si agréable , qu'il prit tous les
moyens de persuader aux anciens Religieux
de permettre que ses Moines vinssent
demeurer avec eux , pour ne faire
tous ensemble qu'une même Communauté.
De là vint l'accroissement de cette
Cij Ab-
·
672 MERCURE DE FRANCE
Abbaye , puisqu'alors elle augmenta en
biens comme en Religieux. Charles le
Chauve confirma la réunion de tous les
Prieurez de Nermoutier et autres dépendences
, à l'Eglise de Tournus , et il y
ajouta d'autres biens tres - considérables;
Apparemment le nom de la Sainte Vier-
. ge , et celui de S. Valerien , anciens Patrons
du lieu , commencerent alors à être
éclypsez par celui de S. Filibert , dont la
' nouvelle Colonie venoit d'y apporter les
Reliques .
C'est depuis ce temps - là que M.Juenin ,
Auteur de cette Histoire , donne une Liste
très -curieuse des Abbez de ce Monastere
; ceux des siècles précédens étant restez
inconnus . Géilon , auteur de la réünion
des deux Maisons , est le premier
dont il parle. Il rapporte à son temps , la
donation d'un Privilége accordé par le
Pape Jean VIII. au Concile de Troyes ,
et deux de Louis le Begue , de l'an 878 .
Cet Abbé étoit doté d'un si grand mérite
qu'il fut fait Evêque de Langres après
la mort d'Isaac. On croit que ce fut lui
qui tira de Tournus les Corps de S. Vétérin
et de S. Léonard , pour les donner
au Monastere de Corbigny.Sous Gautier,
second Abbé , est une suite de donations.
Le troisième , nommé Blitgaire , obtint
du
AVRIL . 1734 673
du Prince Eudes , le droit de faire battre
Monnoye.
L'Auteur représente icy deux sortes de
ces Monnoyes battuës à Tournus. A l'une
on lit d'un côté : scs VALERIANVS , et de
l'autre côté : TORNVCIO CASTRO . L'autre
Monnoye ne paroît pas si ancienne. Le
nom de S. Filibert y est écrit d'une maniere
corrompuë , puisqu'on y lit , S. PHILIBERTI
MONETA , comme si un nom purement
Teutonique pouvoit venir du
Grec. Ce fut aussi de son tems qu'on
croît qu'Adalger, Evêque d'Autun , mourut
à Tournus ; mais s'il n'y mourut pas,
il est certain qu'il y fut inhumé , à moins
que la Pierre où on lit Adalgerius hic
quiescit Episcopus , n'eût été apportée
d'ailleurs. La mort de cet Evêque avoit
fait du bruit : Un Moine de Flavigny
soupçonné d'en être l'Auteur , fut obligé
de se purger par la reception de la sainte
Eucharistie.La Communauté de Tournus
grossit encore sous Hervé , quatriéme
Abbé. Les Moines de S. Florent le vieux ,
en Anjou , craignant les courses des Normans
, vinrent se refugier chez eux avec
le Corps de leur S. Patron . Il est vrai
qu'ils n'y firent pas une longue réſidence
, mais ils furent toujours obligez de
laisser à Tournus leurs Reliques , et ils
Ciij ne
674 MERCURE DE FRANCE
ne purent les t'avoir que vers l'an 946.
par un effet de la subtilité de l'un d'entr'eux
.
Quoique la Ville eut été brûlée en
937. par des Barbares venus de Scythie
le Monastere qui étoit dans le Château
ne se ressentit pas beaucoup de ce malheur.
Il ne falloit pas alors des sommes
considérables pour la nourriture des Religieux
, puisque dans uue donation que
leur fit l'Archevêque de Besançon en 945 ,
il est dit que les Serviteurs de Dieu s'occupoient
à cultiver la terre. L'Abbaye préservée
de l'incendie , fut fatiguée vers le
même temps , par les poursuites de Gilbert,
Comte de Châllon ; ce qui fit que
les Moines prirent la résolution de quitter
le Lieu et de s'en aller avec le Corps
de S.Filibert et leurs autres Reliques , jusqu'à
S. Pourçain en Auvergne. Plusieurs
Evêques s'assemblérent à Tournus en
949. pour chercher les moyens de faire
revenir cés sacrez trésors ; ils revinrent en
effet , et quatre Evêques allerent audevant
jusqu'à un quart de lieuë de la ville.
De -là l'origine de plusieurs Processions
qui venoient autrefois à Tournus après
l'Ascension , des Diocèses de Besançon ,
de Mâcon, de Châllon et d'Autun . Il peut
paroître surprenant que les Evêques n'eussent
AVRIL. 1734.
675
sent pas songé à dédommager la Ville de
Tournus de la perte du Corps de S. Filibert,
par celui de S. Valerien . Il étoit toujours
resté dans un Cercueil de Pierre ,
dont ils auroient pû le tirer . Mais il ne le
fut que par l'Abbé Etienne. La cérémonie
est icy tres-bien détaillée , et l'Historien
la fixe au Dimanche 26 Janvier 76.
L'Abbaye de Tournus fut brûlée le 16
Octobre de l'an 1006.par un accident im
prévu ; et l'Eglise réparée de nouveau fut
consacrée l'an 1019. Hugues , Evêque
d'Auxerre , qui étoit Comte de Châllon ,
fit aux Moines des donations considérables
à l'occasion de cette cérémonie , et en
reconnoissance ils lui prétêrent la Banniere
de S Filibert , dont il avoit besoin
dans les Guerres qu'il soûtenoit pour lcs
intérêts du Roy Robert.L'Auteur en parlant
de S Ardaing qui est compté pour
13 Abbé de Tournus , attribue à S. Odilon
de Cluni , ce que M. Chastelain dans
son Martyrologe ( I Bémestre, 11 Février,
page 6 24. ) dit de S. Ardaing. L'un assure
que c'est à S. Odilon que l'Empereur
S. Henry envoya sa Couronne ; l'autre
écrit , que ce fut à l'Abbé de Tournus . Il
paroît que M. Juenin , qui n'oublie rien
de ce qui concerne le culte des Saints de
son Abbaye , n'a pas été informé qu'il est
C iiij ho676
MERCURE DE FRANCE
honoré, particulierement dans le Prieuré
de S. Syphorien d'Autun , qu'il y a en
cette Eglise une Chapelle de son nom ,
avec des Reliques , et un Puits proche de
l'Eglise , où on lit autour du bord : LE
PUITS SAINTARDAN.La politesse de l'Abbé
Guillaume de Jaligny fut poussée jusqu'au
point qu'il ne pouvoit souffrir que
les Bourgeois ou Bourgeoises de Tournus
se présentassent devant lui avec des habits.
négligez ; il leur en faisoit des reproches ,
et si c'étoit par indigence , il les secouroit.
Pierre , le 16 ° Abbé, reçut en 1105 ,
une Bulle qui lui permettoit de dire à la
Messe le Gloria in excelsis, le jour de l'Annonciation
, sans doute , parce que cette
Fête tombe le plus souvent en Carême
où alors ce Cantique ne se disoit pas aux
Fêtes , quoiqu'il n'y en eut que fort peu ,
dans le temps du grand jeûne .
Depuis le 12 siècle , l'Histoire est plei .
ne d'Actes de donations, accords , transactions
, échanges , confirmations de
droits , concessions de nouveaux droits ,
aux Habitans de Tournus. On y remarque
, pag. 132. que le Roy Loüis le Jeune
fut obligé de venir à Tournus pour accorder
les habitans avec l'Abbé, quoique
les contestations n'eussent pas été poussées
au point que l'avoient été celles de
l'Abbé
AVRIL 1734. 677
, 1245 . V
Ï'Abbé de Vezelay , contre ses habitans .
Outre les deux incendies dont il a été
parlé plus haut , il en survint un troisiéme
vers l'an On eut besoin des
aumônes des Fideles , pour la réparation
des dégats qu'il avoit causés. Les Moines
de Tournus se servirent de toutes les
voyes imaginables pour en attirer . Ils obtinrent
même de l'Abbé Général de Citeaux
des Lettres de recommandation ,
par lesquelles il promettoit à tous ceux
qui leur feroient quelque aumône, d'avoir
part aux suffrages de son Ordre. Ces quêtes
faites par des Moines , jointes à la séparation
de leur Mense , d'avec la Mense
Abbatiale , ne contribuerent pas peu à
introduire le relâchement parmi eux ,
aussi bien que l'érection des Offices
Claustraux en titre. Cependant ces Religieux
n'avoient encore alors par repas ,
qu'une portion de Fromage et trois Oeufs
où du poisson à l'équivalent ; cette simplicité
dans la nourriture dura jusqu'à ce
Î'Abbé Renaud augmenta la pitance en
1253. et permit d'augmenter la portion
de viande des malades de l'Infirmerie.
L'Auteur nous apprend qu'en blanchissant
dans ces derniers temps l'Eglise de
Tournus , on a effacé quelques monumens
des Abbez du 13siccle , et d'un
-
C v Sei68
MERCURE DE FRANCE
Seigneur de Montbelet . C'est une chose
que les Supérieurs des Lieux devroient
soigneusement empêcher. On rompt , on
brise , on efface , on détruit tout , et souvent
personne ne se plaint. Ceux qui aiment
à détruire , devroient au moins retenir
des copies figurées des anciens Monumens
avant que de les livrer au bras séculier.
C'est une réfléxion que M. Juenin
nous a laissé à faire.
En 1318 , l'Abbé fit avec Eudes IV.Duc
de Bourgogne un Traité , qu'on peut
voir à la page 176.Les droits du Maréchal
de l'Abbaye en 1334. sont curieux à lire.
Le premier Dimanche du Carême n'y est
pas nommé Brandonum , mais Bordarum ;
l'Auteur n'oublie point , lorsqu'il en est
au temps du Roy Jean , de dire que ce
Prince vint à Tournus en 1362. et qu'il y
confirma aux Religieux le droit de Pêche
dans la Rivire de Saone. Le reste de ce
qui se passa à Tournus au 14° siecle , finit
par un fait plus interessant. C'est l'érection
d'une Commune que les Bourgeois
tenterent encore, comme ils l'avoient fait
au 12 ° siècle, mais ils succomberent encore
cette fois ; l'Arrêt est de l'an 1399. La
Ville fut prise et pillée en 1422. par les
Troupes du Dauphin de France que l'on
nommoit les Armagnacs , et cette prise occaAVRIL.
1734. 679
casionna , dit l'Auteur , un mal qui n'est
pas encore entierement cessé. Il veut parler
de certains procès au sujet des usages
d'un Village voisin nommé Arbigny . On
voit aux années 1447 et aux suivantes , les
différens qui furent mus alors entre l'Evêque
diocésain , qui est celui de Châllon
et les Abbez de Tournus , touchant la
Jurisdiction .
?
Les Abbez Commandataires eurent lieu
à Tournus comme ailleurs , au commencement
du 16 siécle ; le premier fut Robert
de Lénoncourt, mort Archevêque de
Reims , lequel fit du bien à l'Abbaye. En
1501. Jean de Châllon , Prince d'Orange,
vint avec sa femme en dévotion à Tournus
, promettant à Dieu , que s'il leur
accordoit un fils ,ils le nommeroient Filbert.
Cet Enfant obtenu dans l'année- même
fut depuis le fameux Philibert , Prince
d'Orange , Vice Roy de Naples , pour
Charles- Quint , lequel quitta la France
pour une raison , rapportée par Gollut *.
Charles III. Duc de Savoye , ayant imité
en 1527 , la piété de Jean de Châllon , obtint
aussi du ciel , par l'intercession de
* Selon cet Auteur , dans ses Mémoires , sur la
Franche- Comté,ilfut cho qué étant à Fontainebleau,
qu'ont l'eutfait sortir de son logis ponrfaire place à
un Nonce du Pape.
C vj
S.
1
680 MERCURE DE FRANCE
Ş. Filibert , un fils qui porta le nom de
ce Saint. Cette dévotion des Princes ne
peut servir qu'à condamner les Auteurs
de quelques nouveaux Bréviaires ,qui ont
supprimé tout à fait du Calendrier le
nom de S. Filibert.
·
Une remarque curieuse que M. Juenin
insére dans son Histoire , quoiqu'elle regarde
plus naturellement l'Histoire de
Mâcon , est qu'en 1518 , le Pont de Mâcon
menaçant ruine , l'Evêque ne donna
permission de faire gras le Lundy et
Mardy qui précedent le jour des Cendres
et d'user de laitages pendant le Carême ,
qu'à ceux qui contribueroient aux réparations
de ce Port. Il faut entendre l'Auteur
rapporter lui - même un fait qu'il a
tiré des preuves des libertez de l'Eglise
Gallicane.Ce fait est de l'an 1530. » Frere
» Jean de Trappes , dit de la Graverote
» Moine de Tournus mais Aumônier
» de Pairie en Bourgogne , fut trouvé le
de Juin à Paris , en la Salle du Pa-
» lais , vétu d'une maniere un peu extra-
» vagante pour un Moine. Il avoit un
» Pourpoint de Satin , une Robbe dou-
» blée de damas et un Froc de serge de
» soye. Il fut arrêté par des Huissiers de
» la Cour , et mené au Parquet des Gens
» du Roy. Ayant été mandé en ladite
»
27
,
>> Cour
AVRIL 1734 681
» Cour , après qu'il y eut été interrogé ;
» et que les Gens du Roy eurent été oüis,
» la Cour lui enjoignit de se conformer
» dans son habit aux autres Religieux
» de S. Benoît , lui fit inhibitions et dé
>> fenses sur peine de mille livres d'a-
» mende , de plus paroître au Palais avec
» un habit , tel que celui dans lequel il
» avoit été arrêté , ou avec tel autre ha-
>> bit qui ne conviendroit point à un Religieux
de son Ordre. La Cour ordonna
» outre cela qu'il fut mené au Monastere
» de S. Martin des Champs , pour y de-
» meurer ce jour-là , et y être admonesté
» de bien vivre. Le lendemain il présenta
» Requête à la Cour , pour qu'il lui fut
33
33
permis de se retirer en fon Abbaye de
>> Tournus ; sur quoi la Cour ordonna
» que le Prieur de S. Martin des Champs
» le feroit habiller selon son état ; que
»pour cet effet , il feroit vendre les ha-
» bits dont il étoit vêtu , et que le surplus
de l'argent seroit distribué aux
» pauvres ; après quoi il seroit mis hors
» du Monastere .
>>
M. Juenin dit qu'il ne connoît point
le Monastere de Pairie,dont ce Religieux
étoit Aumônier. Il y a grande apparence
que c'est celui de Paroy ou Parey , dont
le nom aura été mal orthographié. C'est
un
682 MERCURE DE FRANCE
un Prieuré de l'Ordre de Cluny , au
Diocèse d'Autun.
A l'occasion du différend qui s'éleva¸
sur la Pêche , sous le Cardinal de Tournon
, on fit à Tournus des recherches
des Bornes anciennes dans la Riviere de
Saone. On y trouva en 1548. une Pierre
longue de quatre pieds , et large de deux ,
sur laquelle étoient figurez deux personnages
que l'Historien de Tournus a fait
graver. La premiere figure qui est à droite
de l'autre , représente , à ce qu'il prétend
, un Religieux . Il a un Oyseau sur
le poing de la main droite , et il paroît
tenir de la main gauche une espece de
Corbeille ; l'autre figure paroît représenter
un jeune Seigneur. L'Auteur est persuadé
que cette Pierre avoit servi à marquer
les limites du droit de Pêche que
Hugues de Châllon , Evêque d'Auxerre,
avoit donné à ce Monastere au 11 siècle ,
et il croit que la Corbeille ovale , qui a
un manche semblable à celui d'une Raquette
, est pour figurer celle qui renfermoit
le titre de cette donation . Mais comme
l'Oyseau de la main droite démontre
surement le droit de Chasse , il s'ensuit
aussi que l'instrument d'Ozier , placé
dans l'autre main , est plutôt une espece
d'Engin destiné pour la Pêche ; et qu'ainså
AVRIL 1734 683'
si la figure de ce Moine représente le droit
de Chasse et de Pêche réunis ensemble.
C'est à quoi il y a d'autant plus d'apparence
, que la Pierre a dû être placée sur
le bord de la Riviere , avant que la rapidité
des Eaux eût entraîné les terres qui
la soutenoient.
Je ne suivrai point cet Auteur dans
ce qu'il rapporte de la guerre des Huguenots
et de celle de la Ligue , relativement
à Tournus . Il s'étend aussi beaucoup
à raconter l'Histoire de la sécularization
de cette Abbaye , qui fut faite
il y a environ cenr dix ans , à l'exemple
de celle de S. Etienne de Dijon et
de S. Pierre de Vienne. Cette nouvelle
Collégiale reçut en 1632. des Statuts
de M. de Neufchese , Evêque de Challon.
On fait remarquer parmi les Eyenemens
singuliers de ia Ville de Tournus
, que la peste y ayant été comme
ailleurs en 1630. ou environ , les Ha-,
bitans se voüerent à S. Charles , Archevêque
de Milan , à l'exemple de ceux
de Challon , et qu'on y fit voeu de chommer
sa Fête. C'est ce qui fait voir que
quelquefois les Saints nouveaux préjudicient
aux anciens , comme l'a dit Nicolas
de Clamengis , puisque presque partout
ailleurs les voeux faits à l'occasion
de
384 MERCURE DE FRANCE
de la peste se réunissoient dans l'augmentation
du culte de Saint Sebastien et
dans celui de. S. Roch.
que
Le reste de cette Histoire n'est qu'un
narré des changemens arrivez dans le
Pays , et autres Evenemens peu interessants
, tels la réunion de l'Aumônerie
de l'Abbaye à l'Hôpital du lieu ;
la dérogation qui fut faite aux droits de
l'Abbé par la création des Maire , Assesseurs
, &c. de Tournus ; differentes
décorations de l'Eglise , passages extraordinaires
, comme celui des Religieux de
la Trappe qui alloient s'établir en Toscane.
Ce fait est de l'an 1705. Le Lecteur
peut cependant y voir avec édification
, l'endroit où M. Juenin marque
la bonne réception que leur fir le Cardinal
de Bouillon , Abbé de Tournus ;
et comment les Chanoines , entez sur
les anciens Moines , parurent les regarder
comme une espece de Confreres.
Tout ce qu'il raconte depuis ce tempsrécent
pour nous y arrêter.
là est trop
Comme l'Auteur a mis à la tête de
son Ouvrage un Plan et un Profil de
la Ville et de l'Abbaye de Tournus , il
donne aussi à la fin des Pieces du même
genre. On y voit aussi un plan géométral
de l'Eglise de S.Filibert et de l'Eglise
AVRIL. 1734.
685
glise souterraine. Il ne croit pas cellecy
si ancienne que l'a crû Dom Martenne
, et il peut avoir raison. Il n'a
pas oublié non plus de donner dans le
corps de l'Ouvrage le dessein d'un Eventail
de vélin très ancien , qui servoit dans
les Saints Mysteres pour chasser les Mouches
qui auroient incommodé le Prêtre.
Ce meuble aisé à transporter , venoit ,
sans doute , du Monastere de Nermoutier
en Bretagne , selon qu'il est aisé d'en
juger par le nom de S. Philibert et de
S. Martin de Vertou , qui s'y lisent, pendant
que celui de S. Valerien n'y paroît
en aucun endroit . On voit parmi les
Pieces justificatives de cette Histoire ,
qui sont en 339. pages , les Vies de saint
Valerien , de S. Marcel Martyr de Challon
une Chronique de Tournus , qui
n'a jamais été publiée ; une Description
curieuse conservée dans l'Eglise de saint
Marcel de Cayret , au Diocèse d'Uzés .
On y trouve aussi la Vie , les Tranflations
et les Miracles de S. Filibert , où
l'on ne trouve point le trait fabuleux
qui a tant décrié la Légende de ce Saint.
>
Il est à souhaiter que l'exemple de
l'Historien de Tournus soit suivi , et que
dans chacune des Eglises Collegiales qui
ont succedé à d'anciens Monasteres , if
Se
686 MERCURE DE FRANCE
se trouve un Sujet aussi zelé que le paroît
M. Juenin , pour faire connoître la
celebrité des Lieux , et pour en conserver
à la posterité tous les monumens
qui sont dignes d'attention . Je suis , &c.
A A .... le 10. Octobre 1733.
nouvelle Histoire de la Ville et Abbaye
de S. Filibert de Tournus ; dédiée à son
Eminence M. le Cardinal de Fleury ;
Abbé de Tournus .
CE
E ne sont pas toujours les Villes
Episcopales qui sont en état de fournir
une matiere suffisante pour composer
de gros volumes d'Histoire . Souvent
en recherchant ce qu'il y a à dire d'une
Ville qui n'a commencé que par un simple
Château , et où dans la suite il s'est
étaAVRIL.
1734.
671
établi un Monastere , on trouve une plus
ample moisson qu'on ne croyoit , et enfin
de quoi former un volume complet.
C'est ce qui est arrivé à la Ville de Tournus
en Bourgogne , dont un Chanoine
vient de publier l'Histoire.
L'Auteur remonte jusqu'à l'origine de
la Ville , pour donner une connoissance
entiere du sujet qu'il traite. Tournus
étoit du Païs des Eduens ; c'étoit une
espece de Grenier ou de Magazin , qui
est appellé , Horreum Castrense , dans les
Actes de S. Valerien . Le martyre de ce
Saint rendit ce lieu encore plus célébre.
Il est nommé Tinurtium , Tenurcium , Ternocium
, Trinorcium , dans des Auteurs du
4. 5. et 6e siécles , et souvent avec le substantif
castrum.
On ne sçait pas bien en quel temps it
commença à y avoir un Monastere sur
le Tombeau de S. Valérien ; mais il étoit
déja ancien au 1x. siecle , lorsque l'Abbé
des Moines de Nermoutier , refugiez en
Auvergne , passant par Tournus , trouva
l'endroit si agréable , qu'il prit tous les
moyens de persuader aux anciens Religieux
de permettre que ses Moines vinssent
demeurer avec eux , pour ne faire
tous ensemble qu'une même Communauté.
De là vint l'accroissement de cette
Cij Ab-
·
672 MERCURE DE FRANCE
Abbaye , puisqu'alors elle augmenta en
biens comme en Religieux. Charles le
Chauve confirma la réunion de tous les
Prieurez de Nermoutier et autres dépendences
, à l'Eglise de Tournus , et il y
ajouta d'autres biens tres - considérables;
Apparemment le nom de la Sainte Vier-
. ge , et celui de S. Valerien , anciens Patrons
du lieu , commencerent alors à être
éclypsez par celui de S. Filibert , dont la
' nouvelle Colonie venoit d'y apporter les
Reliques .
C'est depuis ce temps - là que M.Juenin ,
Auteur de cette Histoire , donne une Liste
très -curieuse des Abbez de ce Monastere
; ceux des siècles précédens étant restez
inconnus . Géilon , auteur de la réünion
des deux Maisons , est le premier
dont il parle. Il rapporte à son temps , la
donation d'un Privilége accordé par le
Pape Jean VIII. au Concile de Troyes ,
et deux de Louis le Begue , de l'an 878 .
Cet Abbé étoit doté d'un si grand mérite
qu'il fut fait Evêque de Langres après
la mort d'Isaac. On croit que ce fut lui
qui tira de Tournus les Corps de S. Vétérin
et de S. Léonard , pour les donner
au Monastere de Corbigny.Sous Gautier,
second Abbé , est une suite de donations.
Le troisième , nommé Blitgaire , obtint
du
AVRIL . 1734 673
du Prince Eudes , le droit de faire battre
Monnoye.
L'Auteur représente icy deux sortes de
ces Monnoyes battuës à Tournus. A l'une
on lit d'un côté : scs VALERIANVS , et de
l'autre côté : TORNVCIO CASTRO . L'autre
Monnoye ne paroît pas si ancienne. Le
nom de S. Filibert y est écrit d'une maniere
corrompuë , puisqu'on y lit , S. PHILIBERTI
MONETA , comme si un nom purement
Teutonique pouvoit venir du
Grec. Ce fut aussi de son tems qu'on
croît qu'Adalger, Evêque d'Autun , mourut
à Tournus ; mais s'il n'y mourut pas,
il est certain qu'il y fut inhumé , à moins
que la Pierre où on lit Adalgerius hic
quiescit Episcopus , n'eût été apportée
d'ailleurs. La mort de cet Evêque avoit
fait du bruit : Un Moine de Flavigny
soupçonné d'en être l'Auteur , fut obligé
de se purger par la reception de la sainte
Eucharistie.La Communauté de Tournus
grossit encore sous Hervé , quatriéme
Abbé. Les Moines de S. Florent le vieux ,
en Anjou , craignant les courses des Normans
, vinrent se refugier chez eux avec
le Corps de leur S. Patron . Il est vrai
qu'ils n'y firent pas une longue réſidence
, mais ils furent toujours obligez de
laisser à Tournus leurs Reliques , et ils
Ciij ne
674 MERCURE DE FRANCE
ne purent les t'avoir que vers l'an 946.
par un effet de la subtilité de l'un d'entr'eux
.
Quoique la Ville eut été brûlée en
937. par des Barbares venus de Scythie
le Monastere qui étoit dans le Château
ne se ressentit pas beaucoup de ce malheur.
Il ne falloit pas alors des sommes
considérables pour la nourriture des Religieux
, puisque dans uue donation que
leur fit l'Archevêque de Besançon en 945 ,
il est dit que les Serviteurs de Dieu s'occupoient
à cultiver la terre. L'Abbaye préservée
de l'incendie , fut fatiguée vers le
même temps , par les poursuites de Gilbert,
Comte de Châllon ; ce qui fit que
les Moines prirent la résolution de quitter
le Lieu et de s'en aller avec le Corps
de S.Filibert et leurs autres Reliques , jusqu'à
S. Pourçain en Auvergne. Plusieurs
Evêques s'assemblérent à Tournus en
949. pour chercher les moyens de faire
revenir cés sacrez trésors ; ils revinrent en
effet , et quatre Evêques allerent audevant
jusqu'à un quart de lieuë de la ville.
De -là l'origine de plusieurs Processions
qui venoient autrefois à Tournus après
l'Ascension , des Diocèses de Besançon ,
de Mâcon, de Châllon et d'Autun . Il peut
paroître surprenant que les Evêques n'eussent
AVRIL. 1734.
675
sent pas songé à dédommager la Ville de
Tournus de la perte du Corps de S. Filibert,
par celui de S. Valerien . Il étoit toujours
resté dans un Cercueil de Pierre ,
dont ils auroient pû le tirer . Mais il ne le
fut que par l'Abbé Etienne. La cérémonie
est icy tres-bien détaillée , et l'Historien
la fixe au Dimanche 26 Janvier 76.
L'Abbaye de Tournus fut brûlée le 16
Octobre de l'an 1006.par un accident im
prévu ; et l'Eglise réparée de nouveau fut
consacrée l'an 1019. Hugues , Evêque
d'Auxerre , qui étoit Comte de Châllon ,
fit aux Moines des donations considérables
à l'occasion de cette cérémonie , et en
reconnoissance ils lui prétêrent la Banniere
de S Filibert , dont il avoit besoin
dans les Guerres qu'il soûtenoit pour lcs
intérêts du Roy Robert.L'Auteur en parlant
de S Ardaing qui est compté pour
13 Abbé de Tournus , attribue à S. Odilon
de Cluni , ce que M. Chastelain dans
son Martyrologe ( I Bémestre, 11 Février,
page 6 24. ) dit de S. Ardaing. L'un assure
que c'est à S. Odilon que l'Empereur
S. Henry envoya sa Couronne ; l'autre
écrit , que ce fut à l'Abbé de Tournus . Il
paroît que M. Juenin , qui n'oublie rien
de ce qui concerne le culte des Saints de
son Abbaye , n'a pas été informé qu'il est
C iiij ho676
MERCURE DE FRANCE
honoré, particulierement dans le Prieuré
de S. Syphorien d'Autun , qu'il y a en
cette Eglise une Chapelle de son nom ,
avec des Reliques , et un Puits proche de
l'Eglise , où on lit autour du bord : LE
PUITS SAINTARDAN.La politesse de l'Abbé
Guillaume de Jaligny fut poussée jusqu'au
point qu'il ne pouvoit souffrir que
les Bourgeois ou Bourgeoises de Tournus
se présentassent devant lui avec des habits.
négligez ; il leur en faisoit des reproches ,
et si c'étoit par indigence , il les secouroit.
Pierre , le 16 ° Abbé, reçut en 1105 ,
une Bulle qui lui permettoit de dire à la
Messe le Gloria in excelsis, le jour de l'Annonciation
, sans doute , parce que cette
Fête tombe le plus souvent en Carême
où alors ce Cantique ne se disoit pas aux
Fêtes , quoiqu'il n'y en eut que fort peu ,
dans le temps du grand jeûne .
Depuis le 12 siècle , l'Histoire est plei .
ne d'Actes de donations, accords , transactions
, échanges , confirmations de
droits , concessions de nouveaux droits ,
aux Habitans de Tournus. On y remarque
, pag. 132. que le Roy Loüis le Jeune
fut obligé de venir à Tournus pour accorder
les habitans avec l'Abbé, quoique
les contestations n'eussent pas été poussées
au point que l'avoient été celles de
l'Abbé
AVRIL 1734. 677
, 1245 . V
Ï'Abbé de Vezelay , contre ses habitans .
Outre les deux incendies dont il a été
parlé plus haut , il en survint un troisiéme
vers l'an On eut besoin des
aumônes des Fideles , pour la réparation
des dégats qu'il avoit causés. Les Moines
de Tournus se servirent de toutes les
voyes imaginables pour en attirer . Ils obtinrent
même de l'Abbé Général de Citeaux
des Lettres de recommandation ,
par lesquelles il promettoit à tous ceux
qui leur feroient quelque aumône, d'avoir
part aux suffrages de son Ordre. Ces quêtes
faites par des Moines , jointes à la séparation
de leur Mense , d'avec la Mense
Abbatiale , ne contribuerent pas peu à
introduire le relâchement parmi eux ,
aussi bien que l'érection des Offices
Claustraux en titre. Cependant ces Religieux
n'avoient encore alors par repas ,
qu'une portion de Fromage et trois Oeufs
où du poisson à l'équivalent ; cette simplicité
dans la nourriture dura jusqu'à ce
Î'Abbé Renaud augmenta la pitance en
1253. et permit d'augmenter la portion
de viande des malades de l'Infirmerie.
L'Auteur nous apprend qu'en blanchissant
dans ces derniers temps l'Eglise de
Tournus , on a effacé quelques monumens
des Abbez du 13siccle , et d'un
-
C v Sei68
MERCURE DE FRANCE
Seigneur de Montbelet . C'est une chose
que les Supérieurs des Lieux devroient
soigneusement empêcher. On rompt , on
brise , on efface , on détruit tout , et souvent
personne ne se plaint. Ceux qui aiment
à détruire , devroient au moins retenir
des copies figurées des anciens Monumens
avant que de les livrer au bras séculier.
C'est une réfléxion que M. Juenin
nous a laissé à faire.
En 1318 , l'Abbé fit avec Eudes IV.Duc
de Bourgogne un Traité , qu'on peut
voir à la page 176.Les droits du Maréchal
de l'Abbaye en 1334. sont curieux à lire.
Le premier Dimanche du Carême n'y est
pas nommé Brandonum , mais Bordarum ;
l'Auteur n'oublie point , lorsqu'il en est
au temps du Roy Jean , de dire que ce
Prince vint à Tournus en 1362. et qu'il y
confirma aux Religieux le droit de Pêche
dans la Rivire de Saone. Le reste de ce
qui se passa à Tournus au 14° siecle , finit
par un fait plus interessant. C'est l'érection
d'une Commune que les Bourgeois
tenterent encore, comme ils l'avoient fait
au 12 ° siècle, mais ils succomberent encore
cette fois ; l'Arrêt est de l'an 1399. La
Ville fut prise et pillée en 1422. par les
Troupes du Dauphin de France que l'on
nommoit les Armagnacs , et cette prise occaAVRIL.
1734. 679
casionna , dit l'Auteur , un mal qui n'est
pas encore entierement cessé. Il veut parler
de certains procès au sujet des usages
d'un Village voisin nommé Arbigny . On
voit aux années 1447 et aux suivantes , les
différens qui furent mus alors entre l'Evêque
diocésain , qui est celui de Châllon
et les Abbez de Tournus , touchant la
Jurisdiction .
?
Les Abbez Commandataires eurent lieu
à Tournus comme ailleurs , au commencement
du 16 siécle ; le premier fut Robert
de Lénoncourt, mort Archevêque de
Reims , lequel fit du bien à l'Abbaye. En
1501. Jean de Châllon , Prince d'Orange,
vint avec sa femme en dévotion à Tournus
, promettant à Dieu , que s'il leur
accordoit un fils ,ils le nommeroient Filbert.
Cet Enfant obtenu dans l'année- même
fut depuis le fameux Philibert , Prince
d'Orange , Vice Roy de Naples , pour
Charles- Quint , lequel quitta la France
pour une raison , rapportée par Gollut *.
Charles III. Duc de Savoye , ayant imité
en 1527 , la piété de Jean de Châllon , obtint
aussi du ciel , par l'intercession de
* Selon cet Auteur , dans ses Mémoires , sur la
Franche- Comté,ilfut cho qué étant à Fontainebleau,
qu'ont l'eutfait sortir de son logis ponrfaire place à
un Nonce du Pape.
C vj
S.
1
680 MERCURE DE FRANCE
Ş. Filibert , un fils qui porta le nom de
ce Saint. Cette dévotion des Princes ne
peut servir qu'à condamner les Auteurs
de quelques nouveaux Bréviaires ,qui ont
supprimé tout à fait du Calendrier le
nom de S. Filibert.
·
Une remarque curieuse que M. Juenin
insére dans son Histoire , quoiqu'elle regarde
plus naturellement l'Histoire de
Mâcon , est qu'en 1518 , le Pont de Mâcon
menaçant ruine , l'Evêque ne donna
permission de faire gras le Lundy et
Mardy qui précedent le jour des Cendres
et d'user de laitages pendant le Carême ,
qu'à ceux qui contribueroient aux réparations
de ce Port. Il faut entendre l'Auteur
rapporter lui - même un fait qu'il a
tiré des preuves des libertez de l'Eglise
Gallicane.Ce fait est de l'an 1530. » Frere
» Jean de Trappes , dit de la Graverote
» Moine de Tournus mais Aumônier
» de Pairie en Bourgogne , fut trouvé le
de Juin à Paris , en la Salle du Pa-
» lais , vétu d'une maniere un peu extra-
» vagante pour un Moine. Il avoit un
» Pourpoint de Satin , une Robbe dou-
» blée de damas et un Froc de serge de
» soye. Il fut arrêté par des Huissiers de
» la Cour , et mené au Parquet des Gens
» du Roy. Ayant été mandé en ladite
»
27
,
>> Cour
AVRIL 1734 681
» Cour , après qu'il y eut été interrogé ;
» et que les Gens du Roy eurent été oüis,
» la Cour lui enjoignit de se conformer
» dans son habit aux autres Religieux
» de S. Benoît , lui fit inhibitions et dé
>> fenses sur peine de mille livres d'a-
» mende , de plus paroître au Palais avec
» un habit , tel que celui dans lequel il
» avoit été arrêté , ou avec tel autre ha-
>> bit qui ne conviendroit point à un Religieux
de son Ordre. La Cour ordonna
» outre cela qu'il fut mené au Monastere
» de S. Martin des Champs , pour y de-
» meurer ce jour-là , et y être admonesté
» de bien vivre. Le lendemain il présenta
» Requête à la Cour , pour qu'il lui fut
33
33
permis de se retirer en fon Abbaye de
>> Tournus ; sur quoi la Cour ordonna
» que le Prieur de S. Martin des Champs
» le feroit habiller selon son état ; que
»pour cet effet , il feroit vendre les ha-
» bits dont il étoit vêtu , et que le surplus
de l'argent seroit distribué aux
» pauvres ; après quoi il seroit mis hors
» du Monastere .
>>
M. Juenin dit qu'il ne connoît point
le Monastere de Pairie,dont ce Religieux
étoit Aumônier. Il y a grande apparence
que c'est celui de Paroy ou Parey , dont
le nom aura été mal orthographié. C'est
un
682 MERCURE DE FRANCE
un Prieuré de l'Ordre de Cluny , au
Diocèse d'Autun.
A l'occasion du différend qui s'éleva¸
sur la Pêche , sous le Cardinal de Tournon
, on fit à Tournus des recherches
des Bornes anciennes dans la Riviere de
Saone. On y trouva en 1548. une Pierre
longue de quatre pieds , et large de deux ,
sur laquelle étoient figurez deux personnages
que l'Historien de Tournus a fait
graver. La premiere figure qui est à droite
de l'autre , représente , à ce qu'il prétend
, un Religieux . Il a un Oyseau sur
le poing de la main droite , et il paroît
tenir de la main gauche une espece de
Corbeille ; l'autre figure paroît représenter
un jeune Seigneur. L'Auteur est persuadé
que cette Pierre avoit servi à marquer
les limites du droit de Pêche que
Hugues de Châllon , Evêque d'Auxerre,
avoit donné à ce Monastere au 11 siècle ,
et il croit que la Corbeille ovale , qui a
un manche semblable à celui d'une Raquette
, est pour figurer celle qui renfermoit
le titre de cette donation . Mais comme
l'Oyseau de la main droite démontre
surement le droit de Chasse , il s'ensuit
aussi que l'instrument d'Ozier , placé
dans l'autre main , est plutôt une espece
d'Engin destiné pour la Pêche ; et qu'ainså
AVRIL 1734 683'
si la figure de ce Moine représente le droit
de Chasse et de Pêche réunis ensemble.
C'est à quoi il y a d'autant plus d'apparence
, que la Pierre a dû être placée sur
le bord de la Riviere , avant que la rapidité
des Eaux eût entraîné les terres qui
la soutenoient.
Je ne suivrai point cet Auteur dans
ce qu'il rapporte de la guerre des Huguenots
et de celle de la Ligue , relativement
à Tournus . Il s'étend aussi beaucoup
à raconter l'Histoire de la sécularization
de cette Abbaye , qui fut faite
il y a environ cenr dix ans , à l'exemple
de celle de S. Etienne de Dijon et
de S. Pierre de Vienne. Cette nouvelle
Collégiale reçut en 1632. des Statuts
de M. de Neufchese , Evêque de Challon.
On fait remarquer parmi les Eyenemens
singuliers de ia Ville de Tournus
, que la peste y ayant été comme
ailleurs en 1630. ou environ , les Ha-,
bitans se voüerent à S. Charles , Archevêque
de Milan , à l'exemple de ceux
de Challon , et qu'on y fit voeu de chommer
sa Fête. C'est ce qui fait voir que
quelquefois les Saints nouveaux préjudicient
aux anciens , comme l'a dit Nicolas
de Clamengis , puisque presque partout
ailleurs les voeux faits à l'occasion
de
384 MERCURE DE FRANCE
de la peste se réunissoient dans l'augmentation
du culte de Saint Sebastien et
dans celui de. S. Roch.
que
Le reste de cette Histoire n'est qu'un
narré des changemens arrivez dans le
Pays , et autres Evenemens peu interessants
, tels la réunion de l'Aumônerie
de l'Abbaye à l'Hôpital du lieu ;
la dérogation qui fut faite aux droits de
l'Abbé par la création des Maire , Assesseurs
, &c. de Tournus ; differentes
décorations de l'Eglise , passages extraordinaires
, comme celui des Religieux de
la Trappe qui alloient s'établir en Toscane.
Ce fait est de l'an 1705. Le Lecteur
peut cependant y voir avec édification
, l'endroit où M. Juenin marque
la bonne réception que leur fir le Cardinal
de Bouillon , Abbé de Tournus ;
et comment les Chanoines , entez sur
les anciens Moines , parurent les regarder
comme une espece de Confreres.
Tout ce qu'il raconte depuis ce tempsrécent
pour nous y arrêter.
là est trop
Comme l'Auteur a mis à la tête de
son Ouvrage un Plan et un Profil de
la Ville et de l'Abbaye de Tournus , il
donne aussi à la fin des Pieces du même
genre. On y voit aussi un plan géométral
de l'Eglise de S.Filibert et de l'Eglise
AVRIL. 1734.
685
glise souterraine. Il ne croit pas cellecy
si ancienne que l'a crû Dom Martenne
, et il peut avoir raison. Il n'a
pas oublié non plus de donner dans le
corps de l'Ouvrage le dessein d'un Eventail
de vélin très ancien , qui servoit dans
les Saints Mysteres pour chasser les Mouches
qui auroient incommodé le Prêtre.
Ce meuble aisé à transporter , venoit ,
sans doute , du Monastere de Nermoutier
en Bretagne , selon qu'il est aisé d'en
juger par le nom de S. Philibert et de
S. Martin de Vertou , qui s'y lisent, pendant
que celui de S. Valerien n'y paroît
en aucun endroit . On voit parmi les
Pieces justificatives de cette Histoire ,
qui sont en 339. pages , les Vies de saint
Valerien , de S. Marcel Martyr de Challon
une Chronique de Tournus , qui
n'a jamais été publiée ; une Description
curieuse conservée dans l'Eglise de saint
Marcel de Cayret , au Diocèse d'Uzés .
On y trouve aussi la Vie , les Tranflations
et les Miracles de S. Filibert , où
l'on ne trouve point le trait fabuleux
qui a tant décrié la Légende de ce Saint.
>
Il est à souhaiter que l'exemple de
l'Historien de Tournus soit suivi , et que
dans chacune des Eglises Collegiales qui
ont succedé à d'anciens Monasteres , if
Se
686 MERCURE DE FRANCE
se trouve un Sujet aussi zelé que le paroît
M. Juenin , pour faire connoître la
celebrité des Lieux , et pour en conserver
à la posterité tous les monumens
qui sont dignes d'attention . Je suis , &c.
A A .... le 10. Octobre 1733.
Fermer
Résumé : LETTRE de M..... au sujet de la nouvelle Histoire de la Ville et Abbaye de S. Filibert de Tournus ; dédiée à son Eminence M. le Cardinal de Fleury, Abbé de Tournus.
La lettre traite de l'histoire de la ville et de l'abbaye de Saint-Filibert de Tournus, dédiée au Cardinal de Fleury. L'auteur met en avant la richesse historique des villes non épiscopales comme Tournus. L'histoire de la ville remonte à l'époque des Éduens, avec des mentions dans divers textes anciens. Le martyre de Saint-Valérien a rendu le lieu célèbre, conduisant à l'établissement d'un monastère sur son tombeau. Au IXe siècle, des moines de Nermoutier ont rejoint la communauté, augmentant ainsi les biens et les religieux de l'abbaye. Charles le Chauve a confirmé cette union et ajouté des biens considérables. L'histoire de l'abbaye est marquée par des donations, des privilèges et des événements marquants, tels que des incendies et des conflits avec les comtes et les évêques. Plusieurs abbés notables sont mentionnés, ainsi que des faits historiques comme des processions et des donations royales. La lettre critique également la destruction de monuments anciens lors de rénovations et mentionne des événements du XVIe siècle, comme la visite de Jean de Châlon et la dévotion des princes pour Saint-Filibert. Par ailleurs, un religieux fut arrêté et conduit au monastère de Saint-Martin-des-Champs pour y être admonesté. Il demanda ensuite à être transféré à l'abbaye de Tournus, ce que la Cour accepta. Le monastère de Pairie, dont ce religieux était aumônier, est identifié comme étant probablement celui de Paroy ou Parey, un prieuré de l'Ordre de Cluny dans le diocèse d'Autun. En 1548, des recherches sur les bornes anciennes dans la rivière Saône à Tournus révélèrent une pierre gravée représentant un religieux et un jeune seigneur. Cette pierre marquait les limites du droit de pêche accordé au monastère par Hugues de Châllon, évêque d'Auxerre, au XIe siècle. Elle figurait également le droit de chasse et de pêche réunis. Le texte mentionne également des événements historiques à Tournus, comme la peste de 1630 et les vœux faits à saint Charles, archevêque de Milan. Il évoque la sécularisation de l'abbaye de Tournus, qui reçut des statuts en 1632. Divers changements et événements mineurs sont également relatés, comme la réunion de l'aumônerie de l'abbaye à l'hôpital local et la création de maires et d'assesseurs à Tournus. L'auteur de l'ouvrage sur l'histoire de Tournus inclut des plans et des profils de la ville et de l'abbaye, ainsi que des pièces justificatives telles que des vies de saints, des chroniques et des descriptions curieuses. Il est souhaité que d'autres historiens suivent l'exemple de M. Juenin pour conserver et faire connaître les monuments dignes d'attention.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
Pas de résultat.