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1
p. 85-106
LETTRE DE Mr LE *** A Mrs de ***
Début :
Si ne sçavois que vous avez de l'amour, & que [...]
Mots clefs :
Vendangeurs, Bal, Village, Femme, Maison, Campagne, Compagnie, Violons, Muscat, Mari, Vendangeuses, Mercure galant, Divertir
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE Mr LE *** A Mrs de ***
LETTRE DEM LE***
Sijen
A Mrs de ***
Ijene ſçavoisque vous avez de l'a- mour , &que la belle Perſonne qui vous attache nesçauroit quiter Paris, je nevouspardonneroispas denepointvenirgoûter avec nous lesplaiſirs de la Campagne,dans une Saiſon ou il y ade longues annéesque nousn'avons eu de fi beauxjours. Il semble que le Soleil ſe leve expréspourfaire fa Courà quanti-- téde Gens choisis de l'un &de l'autre Sexequise trouvent presque dans tous:
nos Villages.Chacun rencontre cequi luy est propre , &à la Houlete prés dont on ne s'estpas encoravisé deſeſervir,la viequ'on mene icy meparoist fi libre fiagreable,queje m'imaginevoirquel quefois ce que Monsieur d'Urfe nous a
point des Bergeres de Ligno. Ons'aſſem- bledansles Prairies , on s'entretient au
borddes Ruiffeaux, &quand le temps
GALAN T. 59 de la Promenade eſt passé,les plusgrax- des Villesn'ont point de Divertiſſemens que nousayonsſujet de regreter. Le croi- rez- vous ? Le Bal, maisle Bal en for- me,ſe donne par tout aux environs ;
comme cen'estque beau Monde , on le
court de Village en Village , comme on faitde Quartier en Quartier à Paris dansle Carnaval. Qu'auroit-on àneſe pasréjouir ? Les Pendanges n'ont peut- estre jamais esté si belles la France triomphe de toutesparts ; &file Ciel nousfavorise d'un Automne tout char- mant,leRoy &ſes Miniſtres travail lent à nous faire trouver agreables les plusvilains jours de laplus rudeSaiſon,
parles soins qu'ilsprennent ou de nous procurerla Paix, ou de nous mettre en étatdenepointsentir les incommoditez de la Guerre. Parmy les Bals de nostre Canton ily en eut undernierement dont In nouveauté ne vous surprendrapeut- estrepas moins qu'elle nous surprit. Ie Soupois chez Mr de***. Ie nesçay fu vous leconnoiffez- C'est unpetit Homme qui aimefort àvoir fes Amis, & dont laMaiſon est un veritable Bijou. On la
Cvj
60 LE MERCVRE
vient voirde tous les costez. Le Lardin
en est fort proprement entretenu. Outre leMuscat qui couvre un Berceau, ilya
des Espaliers qui raportent lesplus ex- cellens Fruitsqu'on puiſſe manger , &je croy que lepetit Homme enferoit part affez libéralement à ceux qui en admi- rent la beauté , ſiſa Femme qui est un peu la Maistreffe , ne trouvoit qu'il est plus judicieux d'en accommoder certai nes Femmes de la Halle qui laviſitent detemps en temps. Apres que nous eû- imesfoupé, on appreſtoit des Cartes pour une Partie d'Hombre , quand le Mai- ftre de la Maisõqui s'estoit approchédes Fenestres , nous appella pour nous faire.
obſerverplusieursflambeaux qui paroif- foient dans La Campagne , &que nous viſmes s'avancerpeuàpeu vers le Villa ge. Ilsy entrerent, &un peu apres nous entendiſmes grandbruit à la Porte , ой trois Carroſſes c'étoiet arreſtez. Ilsavoiet pouraccõpagnement,fix Hommesàche- val veſtus en Paifans, anſſi-bien que les Cocbers &les Laquais.Ceux qui defcen- dirent du premier Carroffe, aveient des Habits unpeu plus propres , mais pour-
GALANT. 6-r
zansde Paifans comme les autres. 'eſtoient des Violons , qui d'abord qu'ils
furent entrezdans la Court ,firent con- noiſtre en joüant qu'on nevenoit là que
pour d'enfer. La Compagnieſuivit. Elle confiftoit enfix Hommes &quatre Femmes veſtus en Vendangeurs & Vendangeuses. Leurs labits estoient de Satin de Gaze d'argent. Les Hommes avoient depetites Hotes argentées ,les Femmes des Paniers de mesme , &les unes &les autres des Serpetes deVen- dangeurs. On ouvrit une grande Salle,
Six Flambeaux portezpar lesfix Hom- mes qui estoient venus àcheval , prêce- derent les Violons qui furentſuivis de cette galante Troupe de Vendangeurs Les Laquaistirerent aufſfitoft desCar- roffes dequoy éclairer la Salle ; &com- meils ne manquoient de rien , &qu'ils estoient en affezgrand nombre pourdan- fer,onnedemeurapaslong-temps à ne rien faire. Le Maistre &la Maiſtreſſe
du Logis furent pris d'abord. Ilsnesça voientquepenſerde cette imprévenega- lanterie. Ils examinoient commemoyqui pouvoient estre les Gens qui ſe donnoient
62 LE MERCVRE
un ſemblable divertiſſement , & ilne nousfut pas possible de le deviner. Tout
ceque nous fçeûmes parquelques mots qui leur échaperent , &qu'ils croyoient Sedire bas ,c'est qu'il yavoit un Duc
parmyeux. On leur entendit meſme ap- pellerun Page , &à l'air de leur danse &àtoutes leursmanieres , ilparût que c'eſtoiet Perſonnes de la plus hauteQua- lité. Lebruit des Violons attiraincontinent danscette Salle tout ce qu'ily avoit de Gens raisonnables dansle Village.
Lesplus joties Paiſannesy vinrent. Eiles eſtoiet déja accoûtumées àſemeſterpar- my les Damesquand il ſe donnoit quelque Feste. Des Bourgeois curieux ſe maſquerent le mieux qu'ils pûrent , &
on peut dire que ce fut un Bal régulier ,
puisque les Masques en furent ,&qu'il yavoitdu Mondede toute efpece. Apres qu'on eutdansé quelque temps , ceux qui avoientamenéles Violonsdemanderêt à
entrer dans le Iardin,&dirent que puis qu'ilsestoient venus pour vendanger , ils neprétendoietpas qu'õles renvoyaſtſans les avoirmisen beſogne. LaMaiſtreſſe de lamaison tremblapourſes Fruits,&vou
GALANT. 63
lut trouver l'heure induë ;mais le petit Homme qui estoit galant ,s'ofrit à estre teur Conducteur ,&dit en riant , Que tout ce qu'il craignoit , c'eſtoit que des Vendangeuſesd'un ſigrand merite ne vouluſſent vendre cherement leur
temps , &qu'ilne fuſt difficile de les payer. Le Jardin fut ouvert , toute la Troupeyentras,le Muſcat fut vendan- gé, &onn'épargna point les Eſpaliers.
LesHores,les Paniers, tout fut remply de ce qu'ily avoitde plus beau Fruit,&
on ne laiſſapresque rien. Le Ieu parut violent , lesdiscours galans cefferent,le petit Homme devintfroid , så Femme encor davantage. Ils vouloientse plaindre , &se retenoient'; on nesçait àqui onparle quand on parle àdes Gensmas- quez. Ils avoientoicy les noms de Duc &de Page , & en ne voulantpas fou- frirqu'on continuact la vendange , ils craignoient den'estre pas Maistres chez eux. Les faux Vendangeurs s'empes- choient derire autant qu'ilspouvoient ,
&en laiſſoient échaper quelques éclats qu'il leur estoit impoſſible de retenir. Les Intereffez rivient du bout des dents. Le
64 LE MERCVRE
Iardinier la Jardiniere, avec les Do
mestiques les plus groſſiers , querelloient ceux qui dépoüilloient les Arbresfi har diment , &alloient jusqu'à les accuferde vol. C'eſtoit affezfoiblement que leurs Maîtresleur ordonnoient deſe taire. Les
faux , mais pourtant trop veritables Vendangeurs ,redoublerent leurs éclats.
de rire à mesurequ'ils voyoient quelque Espalierd'échargé.
Apres qu'ils eurent cueilly tout ce qu'ilsrencontrerent deplus beau,le Ma- ry voyantque c'estoit un malfans reme de ,voulut faire de neceſſité vertu ; &
afin qu'on ne l'accusat pas d'avoirfouf- fert une Galanterie de mauvaiſe grace,
il les mena dansun endroit oùilyavoit encor quelques Arbres à dépouiller. On luyditque ceferoit pour une autrefois ,
parce que des Vendangeurs de leur im- portance n'estoient pas accoustumez à
travaillerfi long- temps; &tandis qu'un d'entr'eux l'afſfura en termesfort éten dus, qu'il n'auroit pas lieudeſe repentir de l'honneſteté qu'il avoit eue les autres monterent en Carroffe. Celuy- cy prit congé dupetitHomme rejoignit sa ComA
GALANT. 65
-
- pagnie , & tout disparut en mesme- temps. Le trouvay l'Avanture auffi bi- zarre qu'il en fut jamais arrivé à per- Sonne. Le Mary qui faisoit le Rieur en enrageant, me demanda ce que jepensois des Vendangeurs,sa Femme lequerella d'avoir conſenty àeſtre la Dupe deleur Mommerie,&nesçachat tous trois quel jugementfaire de leurprocedé,nousren- tramesdans la Salle ,où nous eûmes un
autreſujet de ſurpriſe. Elle estoit encor toute éclairée d'un afſfez grand nombre deBougies qu'ils yavoient fait mettre
pour le Bal,&cette lumiere nousfit ap- percevoir d'abord ſur la Table une par tie des Fruits que nous croyions empor- tez, & qu'ils yavoient fait laiſſer par leurs Gens. La Maîtreſſe du Logis n'en fut que mediocrement confolée. Ils avoient esté cücillis hors de ſaiſon , &
commeils netuy ſembloient pas propres àcequ'elle avoit reſołu d'en faire , elle n'auroit de long-temps cesséde gronder,
fans une Montre de Diamans qui luy faura aux yeux le plus àpropos du mon- de. Elle estoitfur cette mesme Table,avec deriches Tablettes que nous ouvrimes,
66 LE MERCVRE
où nous trouvâmes ces mots écrits.
D'aſſez illuftres Vendangeuſes , qu'on ne dédaigne pas quelquefois de rece- voir à la Cour, ayant eu enviedevos Muſcats, ont crû qu'elles pouvoient ſe donner le plaifir d'exercer voſtre pa- tience enles vendangeant. N'enmur- murez pas. Il y apeut-eſtre des Gens du plus haut rang qui ſouhaiteroient qu'elles ne les miflent pas àde plus fa- cheuſes épreuves.Quelque rude que vous ait pû eſtre celle cy , elles vous priënt de ne l'oublier jamais ; & afin de vousy engager , elles vous laiſſent cetteMontre qui vous fera ſouvenis d'elles toutes les fois que vous y re- garderez à l'heure qu'elles ont fait le dégaſt de vos plusbeaux Fruits. Lepe- titHommetrouva les Vendangeuſesfort honnestes , & cette Galanterie plût fi
fort àſa Femme ,qu'elleſoubaita qu'on revinst le lendemain vendanger aux meſmesconditions ce qui leur estoit de- meuréde Fruits.
Ienevousparleraypoint ,monCher,
detous les autres Bals qui ſeſont don.
nezdansle voisinage. Ie vous marque
GALAN T. 67
F
-
feulement celny-cyàcausede l'Avantu- re. Elle réjouira ſans doute l'aimable Perſonnequivous empeſche de nousve- nirvoir. Tachez à l'en divertir ,& fi
vousjugezqu'elle merite uneplace dans teMercureGalant faites la conter à
F.Autheur,afinqu'il luy donneles em.
belliſſemens dont elle abesoin. Cependant envoyez-moy fix Exemplaires du Vo.
tume du dernier Mois, on me te deman
depar tout oùje vay,&ce n'est pas estre galant quede le refufer aux Belles.C'est par leMercurequ'on apprend toutes les Nouvelles agreables ; &ji Monsieur Mitonacrûlepouvoirnommer la Con- folationdes Provinces , onpeut adjou ter qu'il est lePlaiſir des Compagnies àqui les Vendanges font quiter Paris.
Ienevoyperfonne quine s'en faſſe un fortgranddefa lecture. Tout le monde en est avide,&pendant que les Hom- mess'attachent aux Articlesferieux,les Damesrientdes Historiettes , &s'em
preſſent à chercher le sens des Eni- gmes. Ce 7. d'Octobre 1677
Sijen
A Mrs de ***
Ijene ſçavoisque vous avez de l'a- mour , &que la belle Perſonne qui vous attache nesçauroit quiter Paris, je nevouspardonneroispas denepointvenirgoûter avec nous lesplaiſirs de la Campagne,dans une Saiſon ou il y ade longues annéesque nousn'avons eu de fi beauxjours. Il semble que le Soleil ſe leve expréspourfaire fa Courà quanti-- téde Gens choisis de l'un &de l'autre Sexequise trouvent presque dans tous:
nos Villages.Chacun rencontre cequi luy est propre , &à la Houlete prés dont on ne s'estpas encoravisé deſeſervir,la viequ'on mene icy meparoist fi libre fiagreable,queje m'imaginevoirquel quefois ce que Monsieur d'Urfe nous a
point des Bergeres de Ligno. Ons'aſſem- bledansles Prairies , on s'entretient au
borddes Ruiffeaux, &quand le temps
GALAN T. 59 de la Promenade eſt passé,les plusgrax- des Villesn'ont point de Divertiſſemens que nousayonsſujet de regreter. Le croi- rez- vous ? Le Bal, maisle Bal en for- me,ſe donne par tout aux environs ;
comme cen'estque beau Monde , on le
court de Village en Village , comme on faitde Quartier en Quartier à Paris dansle Carnaval. Qu'auroit-on àneſe pasréjouir ? Les Pendanges n'ont peut- estre jamais esté si belles la France triomphe de toutesparts ; &file Ciel nousfavorise d'un Automne tout char- mant,leRoy &ſes Miniſtres travail lent à nous faire trouver agreables les plusvilains jours de laplus rudeSaiſon,
parles soins qu'ilsprennent ou de nous procurerla Paix, ou de nous mettre en étatdenepointsentir les incommoditez de la Guerre. Parmy les Bals de nostre Canton ily en eut undernierement dont In nouveauté ne vous surprendrapeut- estrepas moins qu'elle nous surprit. Ie Soupois chez Mr de***. Ie nesçay fu vous leconnoiffez- C'est unpetit Homme qui aimefort àvoir fes Amis, & dont laMaiſon est un veritable Bijou. On la
Cvj
60 LE MERCVRE
vient voirde tous les costez. Le Lardin
en est fort proprement entretenu. Outre leMuscat qui couvre un Berceau, ilya
des Espaliers qui raportent lesplus ex- cellens Fruitsqu'on puiſſe manger , &je croy que lepetit Homme enferoit part affez libéralement à ceux qui en admi- rent la beauté , ſiſa Femme qui est un peu la Maistreffe , ne trouvoit qu'il est plus judicieux d'en accommoder certai nes Femmes de la Halle qui laviſitent detemps en temps. Apres que nous eû- imesfoupé, on appreſtoit des Cartes pour une Partie d'Hombre , quand le Mai- ftre de la Maisõqui s'estoit approchédes Fenestres , nous appella pour nous faire.
obſerverplusieursflambeaux qui paroif- foient dans La Campagne , &que nous viſmes s'avancerpeuàpeu vers le Villa ge. Ilsy entrerent, &un peu apres nous entendiſmes grandbruit à la Porte , ой trois Carroſſes c'étoiet arreſtez. Ilsavoiet pouraccõpagnement,fix Hommesàche- val veſtus en Paifans, anſſi-bien que les Cocbers &les Laquais.Ceux qui defcen- dirent du premier Carroffe, aveient des Habits unpeu plus propres , mais pour-
GALANT. 6-r
zansde Paifans comme les autres. 'eſtoient des Violons , qui d'abord qu'ils
furent entrezdans la Court ,firent con- noiſtre en joüant qu'on nevenoit là que
pour d'enfer. La Compagnieſuivit. Elle confiftoit enfix Hommes &quatre Femmes veſtus en Vendangeurs & Vendangeuses. Leurs labits estoient de Satin de Gaze d'argent. Les Hommes avoient depetites Hotes argentées ,les Femmes des Paniers de mesme , &les unes &les autres des Serpetes deVen- dangeurs. On ouvrit une grande Salle,
Six Flambeaux portezpar lesfix Hom- mes qui estoient venus àcheval , prêce- derent les Violons qui furentſuivis de cette galante Troupe de Vendangeurs Les Laquaistirerent aufſfitoft desCar- roffes dequoy éclairer la Salle ; &com- meils ne manquoient de rien , &qu'ils estoient en affezgrand nombre pourdan- fer,onnedemeurapaslong-temps à ne rien faire. Le Maistre &la Maiſtreſſe
du Logis furent pris d'abord. Ilsnesça voientquepenſerde cette imprévenega- lanterie. Ils examinoient commemoyqui pouvoient estre les Gens qui ſe donnoient
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un ſemblable divertiſſement , & ilne nousfut pas possible de le deviner. Tout
ceque nous fçeûmes parquelques mots qui leur échaperent , &qu'ils croyoient Sedire bas ,c'est qu'il yavoit un Duc
parmyeux. On leur entendit meſme ap- pellerun Page , &à l'air de leur danse &àtoutes leursmanieres , ilparût que c'eſtoiet Perſonnes de la plus hauteQua- lité. Lebruit des Violons attiraincontinent danscette Salle tout ce qu'ily avoit de Gens raisonnables dansle Village.
Lesplus joties Paiſannesy vinrent. Eiles eſtoiet déja accoûtumées àſemeſterpar- my les Damesquand il ſe donnoit quelque Feste. Des Bourgeois curieux ſe maſquerent le mieux qu'ils pûrent , &
on peut dire que ce fut un Bal régulier ,
puisque les Masques en furent ,&qu'il yavoitdu Mondede toute efpece. Apres qu'on eutdansé quelque temps , ceux qui avoientamenéles Violonsdemanderêt à
entrer dans le Iardin,&dirent que puis qu'ilsestoient venus pour vendanger , ils neprétendoietpas qu'õles renvoyaſtſans les avoirmisen beſogne. LaMaiſtreſſe de lamaison tremblapourſes Fruits,&vou
GALANT. 63
lut trouver l'heure induë ;mais le petit Homme qui estoit galant ,s'ofrit à estre teur Conducteur ,&dit en riant , Que tout ce qu'il craignoit , c'eſtoit que des Vendangeuſesd'un ſigrand merite ne vouluſſent vendre cherement leur
temps , &qu'ilne fuſt difficile de les payer. Le Jardin fut ouvert , toute la Troupeyentras,le Muſcat fut vendan- gé, &onn'épargna point les Eſpaliers.
LesHores,les Paniers, tout fut remply de ce qu'ily avoitde plus beau Fruit,&
on ne laiſſapresque rien. Le Ieu parut violent , lesdiscours galans cefferent,le petit Homme devintfroid , så Femme encor davantage. Ils vouloientse plaindre , &se retenoient'; on nesçait àqui onparle quand on parle àdes Gensmas- quez. Ils avoientoicy les noms de Duc &de Page , & en ne voulantpas fou- frirqu'on continuact la vendange , ils craignoient den'estre pas Maistres chez eux. Les faux Vendangeurs s'empes- choient derire autant qu'ilspouvoient ,
&en laiſſoient échaper quelques éclats qu'il leur estoit impoſſible de retenir. Les Intereffez rivient du bout des dents. Le
64 LE MERCVRE
Iardinier la Jardiniere, avec les Do
mestiques les plus groſſiers , querelloient ceux qui dépoüilloient les Arbresfi har diment , &alloient jusqu'à les accuferde vol. C'eſtoit affezfoiblement que leurs Maîtresleur ordonnoient deſe taire. Les
faux , mais pourtant trop veritables Vendangeurs ,redoublerent leurs éclats.
de rire à mesurequ'ils voyoient quelque Espalierd'échargé.
Apres qu'ils eurent cueilly tout ce qu'ilsrencontrerent deplus beau,le Ma- ry voyantque c'estoit un malfans reme de ,voulut faire de neceſſité vertu ; &
afin qu'on ne l'accusat pas d'avoirfouf- fert une Galanterie de mauvaiſe grace,
il les mena dansun endroit oùilyavoit encor quelques Arbres à dépouiller. On luyditque ceferoit pour une autrefois ,
parce que des Vendangeurs de leur im- portance n'estoient pas accoustumez à
travaillerfi long- temps; &tandis qu'un d'entr'eux l'afſfura en termesfort éten dus, qu'il n'auroit pas lieudeſe repentir de l'honneſteté qu'il avoit eue les autres monterent en Carroffe. Celuy- cy prit congé dupetitHomme rejoignit sa ComA
GALANT. 65
-
- pagnie , & tout disparut en mesme- temps. Le trouvay l'Avanture auffi bi- zarre qu'il en fut jamais arrivé à per- Sonne. Le Mary qui faisoit le Rieur en enrageant, me demanda ce que jepensois des Vendangeurs,sa Femme lequerella d'avoir conſenty àeſtre la Dupe deleur Mommerie,&nesçachat tous trois quel jugementfaire de leurprocedé,nousren- tramesdans la Salle ,où nous eûmes un
autreſujet de ſurpriſe. Elle estoit encor toute éclairée d'un afſfez grand nombre deBougies qu'ils yavoient fait mettre
pour le Bal,&cette lumiere nousfit ap- percevoir d'abord ſur la Table une par tie des Fruits que nous croyions empor- tez, & qu'ils yavoient fait laiſſer par leurs Gens. La Maîtreſſe du Logis n'en fut que mediocrement confolée. Ils avoient esté cücillis hors de ſaiſon , &
commeils netuy ſembloient pas propres àcequ'elle avoit reſołu d'en faire , elle n'auroit de long-temps cesséde gronder,
fans une Montre de Diamans qui luy faura aux yeux le plus àpropos du mon- de. Elle estoitfur cette mesme Table,avec deriches Tablettes que nous ouvrimes,
66 LE MERCVRE
où nous trouvâmes ces mots écrits.
D'aſſez illuftres Vendangeuſes , qu'on ne dédaigne pas quelquefois de rece- voir à la Cour, ayant eu enviedevos Muſcats, ont crû qu'elles pouvoient ſe donner le plaifir d'exercer voſtre pa- tience enles vendangeant. N'enmur- murez pas. Il y apeut-eſtre des Gens du plus haut rang qui ſouhaiteroient qu'elles ne les miflent pas àde plus fa- cheuſes épreuves.Quelque rude que vous ait pû eſtre celle cy , elles vous priënt de ne l'oublier jamais ; & afin de vousy engager , elles vous laiſſent cetteMontre qui vous fera ſouvenis d'elles toutes les fois que vous y re- garderez à l'heure qu'elles ont fait le dégaſt de vos plusbeaux Fruits. Lepe- titHommetrouva les Vendangeuſesfort honnestes , & cette Galanterie plût fi
fort àſa Femme ,qu'elleſoubaita qu'on revinst le lendemain vendanger aux meſmesconditions ce qui leur estoit de- meuréde Fruits.
Ienevousparleraypoint ,monCher,
detous les autres Bals qui ſeſont don.
nezdansle voisinage. Ie vous marque
GALAN T. 67
F
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feulement celny-cyàcausede l'Avantu- re. Elle réjouira ſans doute l'aimable Perſonnequivous empeſche de nousve- nirvoir. Tachez à l'en divertir ,& fi
vousjugezqu'elle merite uneplace dans teMercureGalant faites la conter à
F.Autheur,afinqu'il luy donneles em.
belliſſemens dont elle abesoin. Cependant envoyez-moy fix Exemplaires du Vo.
tume du dernier Mois, on me te deman
depar tout oùje vay,&ce n'est pas estre galant quede le refufer aux Belles.C'est par leMercurequ'on apprend toutes les Nouvelles agreables ; &ji Monsieur Mitonacrûlepouvoirnommer la Con- folationdes Provinces , onpeut adjou ter qu'il est lePlaiſir des Compagnies àqui les Vendanges font quiter Paris.
Ienevoyperfonne quine s'en faſſe un fortgranddefa lecture. Tout le monde en est avide,&pendant que les Hom- mess'attachent aux Articlesferieux,les Damesrientdes Historiettes , &s'em
preſſent à chercher le sens des Eni- gmes. Ce 7. d'Octobre 1677
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Résumé : LETTRE DE Mr LE *** A Mrs de ***
La lettre invite à savourer les plaisirs de la campagne durant une saison particulièrement agréable. L'auteur met en avant la liberté et l'agréabilité de la vie rurale, où les gens se rassemblent dans les prairies et au bord des ruisseaux. Les bals sont fréquents et attirent une société élégante qui se déplace de village en village, rappelant les quartiers de Paris pendant le carnaval. La France connaît un triomphe général, et les soins du roi et de ses ministres rendent même les jours les plus rudes agréables. L'auteur décrit ensuite une soirée particulière chez Monsieur de***, un homme appréciant recevoir ses amis dans une maison soigneusement entretenue. Après un dîner, une troupe de faux vendangeurs, vêtus de satin et de gaze d'argent, arrive en carrosse et se met à danser. La maîtresse de maison, surprise, observe ces invités masqués qui se comportent avec élégance et dignité. Après la danse, les faux vendangeurs demandent à vendanger le jardin, malgré les protestations du maître et de la maîtresse. Ils cueillent les fruits les plus beaux et laissent une montre de diamants avec un message flatteur, invitant à ne pas oublier cette aventure. L'auteur conclut en mentionnant qu'il ne parlera pas des autres bals, mais seulement de cette aventure particulière. Il demande également des exemplaires du dernier volume du Mercure Galant pour les distribuer aux belles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 5-18
LES DEUX VENDANGEURS SORCIERS.
Début :
Prés d'une petite Ville où l'on croit encore [...]
Mots clefs :
Vendangeurs, Sorciers, Vigne, Fille, Raisin, Mère, Sorcellerie, Témoin
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texteReconnaissance textuelle : LES DEUX VENDANGEURS SORCIERS.
LES DEUX
VENDANGEURS.
SORCIERS, PRésd'une petite Ville
où l'on croit
- encore
aux Sorciers, il arriva deux
jeunesVendangeurs qu'on
ne connoissoit point dans:
lePays, l'un de ces deux
jeunes Paysans avoir- un
visage bazanné, petits;
yeux enfoncez) & grande
sourcils blonds-roussatres,
en un mot,la physionomie
un peu ensorcelante
comme l'ont témoigné
quelques vendangeuses
du Village.
Il y avoit dans ce Village
une Maison Bourgeoise,
où deux voisines
faisoient vendanger quelques
vignes qui etoient.
autour de leur Maison. Ce
fut dans ces vignes qu'une
jeune personne
y
fille de
l'une de ces deux Bourgeoises,
vint avec samere
se promener ôc voir vertdanger
; cette jeune fille
fut tentéed'unegrappe
de raisin, très appétissante,
qui pendoit à un sep de
vigne, au pied duquell'un;
de ces jeunes
paysans
vendangeurs
avoit posé son
pannier, il portoit déjà fat
sèrpette à la grappe désirée
lorsque la jeune fille la
lui demanda; il se tourna
galamment vers elle,pour
la lui presenter:Mais
effet surprenant de sorcellerie
y
dés qu'elle en eut
mangé deuxgrains elle sit:
un cri terrible, & sa merequi
l'accompagnoit, erb
fut si surprise qu'elle vou-,
lut en sçavoir la. cause:..
mais la fille, au lieu de répondrey
fit un cri moins.
fort-, mais plus douloureux,
& s'évanoüit,dans le
moment ,onla portaà la
MaisonUn moment.
aprés une de ses compagnes,
fille aussijeune Ôc:
aussijolie que l'autre,vintà
la vigne avec la femme de
chambre, elle alla par hazard
prendre quelque grape
de raisin dans le canton
des deux vendangeurs.
Sorciers,elle fit un cry
comme lapremiere,&
qui fut suivid'un évanoüissemenc
à peu prés pareil;.
quelques vendangeuses.
s'assembloient déja a l'endroit
des e'vanoiiiflemens^
les deux vendangeurs,
jeunes5gaillards & un peu
évaporez dirent qu'il ne
falloir pas s'étonner de ce
qu'onavoit vû,&qu'ils
avoient des serpetes magiques,
qui donnoient au
raisinquelles coupoient
la vertu de faire évanoüir
lçs. filles qui en marw
geoient, supposé qu'elles
fussent sages, & demanderent
excuse,disant qu'ils
n'avoient pas crû qu'il y eût dans ce village-là tant
de filles à qui leur serpette.
pût nuire. Quelques-unes
des vendangeuses prirent
la chose en plaifontant:
mais quelques autres crurent
le sortilege
,
& jurerent
qu'elles avoient
bien deviné à la mine des
vendangeurs que c'étoit
des sorciers, & qu'elles s'y,
connoissoient bien: Pendant
ce temps-là les deux.
Sorciers se glisserent derriere
une haye
,
& l'on a
dit depuis qu'ilsavoient
disparu en l'air,leurs panniers
réitèrent&; ils étoient
pleins de ce raisin enforcelé,
on en fit manger aux
vendangeuses mariées,
& effectivement elles ne
s'évanoüirent point; c'est
tout ce qu'on put faire
alors pour verifier le fortilege
; car aucune des filles
n'en voulut mansgaegre,
sdisant qu'elles étaient
: mais qu'elles ne
vouloient point être ensorcelées.
Pendant que cecy se passoit
dans les vignes il y eut
une grande dispute entre
les deux meres des deux
jeunes évanoüies,l'une des:,
deux étoit pénétrante, &
plus soupçonneuseque cré
dule, l'autre étoitbonne 6c
bête au-delà de l'imagination.
Lapremierealleguoit
avec beaucoup d'esprit, de
bonnes raisons contre l'exiftance
des sorciers, mais
la superstitieuse alleguoit
des faits de sa connoissance,
& à des faits dont
on aété témoin, il n'y a.
rienà repliquer. La fille de
chambre rusée pelerine,
soutenoitqu'elleavoit vu
un forcier en sa vie,&
mena les deux meres à la
vigne,disantqu'elle vouloir
éprouver leraisin,
elles trouverent encor les
panniers pleins,&les vendangeuses
autour, la fille
de chambre au premier
grain deraisin fit trois
cris pourun, & se demena
comme une possedée,
la mere credule se déchaina
sur l'autre,luisoutenant
que leurs filles estoient
tres-sages
,
& l'autre en
convint par prudence;car
elle n'avoit suivila fille de
chambre dans la vigne
que pour voir si les vendangeurs
y étoient encor.
Dés que la suivante eut
fini la scene de possedée,
elle assuraqu'elle n'avoit
gueres souffert, & les vendangeuses
se piquant
d'honneur voulurent toutes
manger du raisin pour
prouver leur sagesse aux
dépens de quelques contorsions
: cela fit une efpece
de danse de bacmantes
,
qui celebrerent
les vendanges assez plaisamment
:
quelques jours
aprés la mere prudente
jugeaque l'air du Convent
pourroit desensorceler sa
fi,llef, &1la mer\e credule s'étantapperçûë, je ne
sçay comment, que sa
fille avoit mangé du
raisin magique quatre
ou cinq mois avant les
vendanges, futconseillée
de la marier à l'un des
vendangeurs qui la fouhaittoit
, parce qu'elle
étoit plus riche que luy.
Il n'est pas besoin de
vous dire que ces deux
vendangeurs étoient deux
amans de ces deux jeunes
filles,quis'etoientainsi
déguisez pour tromper la
mere surveillante à qui
appartenoit la maison.
Le premiereffet de la
grappe futnaturel, car la
jeune fille, qui ne sçavoit
point son amant en ce
Pays-là, fut si surprise en
le reconnoissant qu'elle fit
ungrandcry, elle feignit
ensuite de se trouver mal
pour justifier le cri qu'elle
avoit
avoit fait, ensuite sa compagne
futsurprisecomme
elle, & la fille de chambrequi
avoit déja reconnu les
vendangeurs,courut à cellecy,&
lui dit à l'oreille des
évanoüir, imaginant en
ce moment de tromper
par l'idée d'ensorcellement
lamere credule,&
quelques vendãgeuses qui*
avoient été témoins des'
deux surprises, la matoifedonna
le mot-aux-vendant
geurs,pour appuyer cettes
idée,ils s'évaderent ensuite;
&voila lamagie naturelle
quia donné lieu
aux sortileges des deux
vendangeurs sorciers.
VENDANGEURS.
SORCIERS, PRésd'une petite Ville
où l'on croit
- encore
aux Sorciers, il arriva deux
jeunesVendangeurs qu'on
ne connoissoit point dans:
lePays, l'un de ces deux
jeunes Paysans avoir- un
visage bazanné, petits;
yeux enfoncez) & grande
sourcils blonds-roussatres,
en un mot,la physionomie
un peu ensorcelante
comme l'ont témoigné
quelques vendangeuses
du Village.
Il y avoit dans ce Village
une Maison Bourgeoise,
où deux voisines
faisoient vendanger quelques
vignes qui etoient.
autour de leur Maison. Ce
fut dans ces vignes qu'une
jeune personne
y
fille de
l'une de ces deux Bourgeoises,
vint avec samere
se promener ôc voir vertdanger
; cette jeune fille
fut tentéed'unegrappe
de raisin, très appétissante,
qui pendoit à un sep de
vigne, au pied duquell'un;
de ces jeunes
paysans
vendangeurs
avoit posé son
pannier, il portoit déjà fat
sèrpette à la grappe désirée
lorsque la jeune fille la
lui demanda; il se tourna
galamment vers elle,pour
la lui presenter:Mais
effet surprenant de sorcellerie
y
dés qu'elle en eut
mangé deuxgrains elle sit:
un cri terrible, & sa merequi
l'accompagnoit, erb
fut si surprise qu'elle vou-,
lut en sçavoir la. cause:..
mais la fille, au lieu de répondrey
fit un cri moins.
fort-, mais plus douloureux,
& s'évanoüit,dans le
moment ,onla portaà la
MaisonUn moment.
aprés une de ses compagnes,
fille aussijeune Ôc:
aussijolie que l'autre,vintà
la vigne avec la femme de
chambre, elle alla par hazard
prendre quelque grape
de raisin dans le canton
des deux vendangeurs.
Sorciers,elle fit un cry
comme lapremiere,&
qui fut suivid'un évanoüissemenc
à peu prés pareil;.
quelques vendangeuses.
s'assembloient déja a l'endroit
des e'vanoiiiflemens^
les deux vendangeurs,
jeunes5gaillards & un peu
évaporez dirent qu'il ne
falloir pas s'étonner de ce
qu'onavoit vû,&qu'ils
avoient des serpetes magiques,
qui donnoient au
raisinquelles coupoient
la vertu de faire évanoüir
lçs. filles qui en marw
geoient, supposé qu'elles
fussent sages, & demanderent
excuse,disant qu'ils
n'avoient pas crû qu'il y eût dans ce village-là tant
de filles à qui leur serpette.
pût nuire. Quelques-unes
des vendangeuses prirent
la chose en plaifontant:
mais quelques autres crurent
le sortilege
,
& jurerent
qu'elles avoient
bien deviné à la mine des
vendangeurs que c'étoit
des sorciers, & qu'elles s'y,
connoissoient bien: Pendant
ce temps-là les deux.
Sorciers se glisserent derriere
une haye
,
& l'on a
dit depuis qu'ilsavoient
disparu en l'air,leurs panniers
réitèrent&; ils étoient
pleins de ce raisin enforcelé,
on en fit manger aux
vendangeuses mariées,
& effectivement elles ne
s'évanoüirent point; c'est
tout ce qu'on put faire
alors pour verifier le fortilege
; car aucune des filles
n'en voulut mansgaegre,
sdisant qu'elles étaient
: mais qu'elles ne
vouloient point être ensorcelées.
Pendant que cecy se passoit
dans les vignes il y eut
une grande dispute entre
les deux meres des deux
jeunes évanoüies,l'une des:,
deux étoit pénétrante, &
plus soupçonneuseque cré
dule, l'autre étoitbonne 6c
bête au-delà de l'imagination.
Lapremierealleguoit
avec beaucoup d'esprit, de
bonnes raisons contre l'exiftance
des sorciers, mais
la superstitieuse alleguoit
des faits de sa connoissance,
& à des faits dont
on aété témoin, il n'y a.
rienà repliquer. La fille de
chambre rusée pelerine,
soutenoitqu'elleavoit vu
un forcier en sa vie,&
mena les deux meres à la
vigne,disantqu'elle vouloir
éprouver leraisin,
elles trouverent encor les
panniers pleins,&les vendangeuses
autour, la fille
de chambre au premier
grain deraisin fit trois
cris pourun, & se demena
comme une possedée,
la mere credule se déchaina
sur l'autre,luisoutenant
que leurs filles estoient
tres-sages
,
& l'autre en
convint par prudence;car
elle n'avoit suivila fille de
chambre dans la vigne
que pour voir si les vendangeurs
y étoient encor.
Dés que la suivante eut
fini la scene de possedée,
elle assuraqu'elle n'avoit
gueres souffert, & les vendangeuses
se piquant
d'honneur voulurent toutes
manger du raisin pour
prouver leur sagesse aux
dépens de quelques contorsions
: cela fit une efpece
de danse de bacmantes
,
qui celebrerent
les vendanges assez plaisamment
:
quelques jours
aprés la mere prudente
jugeaque l'air du Convent
pourroit desensorceler sa
fi,llef, &1la mer\e credule s'étantapperçûë, je ne
sçay comment, que sa
fille avoit mangé du
raisin magique quatre
ou cinq mois avant les
vendanges, futconseillée
de la marier à l'un des
vendangeurs qui la fouhaittoit
, parce qu'elle
étoit plus riche que luy.
Il n'est pas besoin de
vous dire que ces deux
vendangeurs étoient deux
amans de ces deux jeunes
filles,quis'etoientainsi
déguisez pour tromper la
mere surveillante à qui
appartenoit la maison.
Le premiereffet de la
grappe futnaturel, car la
jeune fille, qui ne sçavoit
point son amant en ce
Pays-là, fut si surprise en
le reconnoissant qu'elle fit
ungrandcry, elle feignit
ensuite de se trouver mal
pour justifier le cri qu'elle
avoit
avoit fait, ensuite sa compagne
futsurprisecomme
elle, & la fille de chambrequi
avoit déja reconnu les
vendangeurs,courut à cellecy,&
lui dit à l'oreille des
évanoüir, imaginant en
ce moment de tromper
par l'idée d'ensorcellement
lamere credule,&
quelques vendãgeuses qui*
avoient été témoins des'
deux surprises, la matoifedonna
le mot-aux-vendant
geurs,pour appuyer cettes
idée,ils s'évaderent ensuite;
&voila lamagie naturelle
quia donné lieu
aux sortileges des deux
vendangeurs sorciers.
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Résumé : LES DEUX VENDANGEURS SORCIERS.
Dans un village où les croyances aux sorciers persistent, deux jeunes vendangeurs arrivent, l'un d'eux ayant une apparence intrigante. Deux bourgeoises locales font vendanger leurs vignes. La fille de l'une d'elles, en se promenant, demande une grappe de raisin à un des vendangeurs. Après en avoir mangé deux grains, elle pousse un cri et s'évanouit. Peu après, une autre jeune fille subit le même sort. Les vendangeurs avouent posséder des serpettes magiques qui font s'évanouir les filles sages ayant mangé du raisin coupé par ces outils. Les villageois, partagés entre incrédulité et superstition, testent le raisin sur des vendangeuses mariées, qui ne s'évanouissent pas. Pendant ce temps, les mères des jeunes filles discutent de l'existence des sorciers. La fille de chambre, complice des vendangeurs, feint d'être ensorcelée pour convaincre la mère crédule. Finalement, il est révélé que les vendangeurs sont en réalité les amants des deux jeunes filles, déguisés pour tromper la mère surveillante. Les évanouissements étaient dus à la surprise de reconnaître leurs amants.
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3
p. 52-54
LES VENDANGES. Sur le mesme air.
Début :
I. Couplet. Dans la vigne à Glaudine [...]
Mots clefs :
Vendanges, Vendangeurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES VENDANGES. Sur le mesme air.
LES VENDANGES.
Surlemesne air.
I. Couplet.
Dans la vigne ri.Glaudine
Les Vendangeursy vont,
On choisit à la mine
Ceux qui vendangeront.
yîux Vendangeurs qui
brillent
Ony donne le pas:
Les autresygrapillent,
MaisnjJ-verkdangentpas.
1 I. Couplet.
Sur la fin de l'Automne
Vint un joli vieillard,
Si la vendange est bonne
J'en veux:avoirmafart.
Cette prudente fille
Luyrespondit tout bas,
Vieux Vendangeur graplie,
Mais ne vendangepas.
Aux vignes de Cithere,
Parmy les raisins doux,
Ejf maintegrape amere,
Nevnouc¿sté.z/fez.., point peur
Ce pourunefille
Est un grand embarras;
LMaaipslnusejvaeanedfarnagpeiplleas
Mais ne vendange pas
Surlemesne air.
I. Couplet.
Dans la vigne ri.Glaudine
Les Vendangeursy vont,
On choisit à la mine
Ceux qui vendangeront.
yîux Vendangeurs qui
brillent
Ony donne le pas:
Les autresygrapillent,
MaisnjJ-verkdangentpas.
1 I. Couplet.
Sur la fin de l'Automne
Vint un joli vieillard,
Si la vendange est bonne
J'en veux:avoirmafart.
Cette prudente fille
Luyrespondit tout bas,
Vieux Vendangeur graplie,
Mais ne vendangepas.
Aux vignes de Cithere,
Parmy les raisins doux,
Ejf maintegrape amere,
Nevnouc¿sté.z/fez.., point peur
Ce pourunefille
Est un grand embarras;
LMaaipslnusejvaeanedfarnagpeiplleas
Mais ne vendange pas
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Résumé : LES VENDANGES. Sur le mesme air.
Le texte relate une scène de vendanges où certains vendangeurs, appelés 'grapilleurs', ne participent pas réellement. Un vieillard souhaite aider, mais une jeune fille prudente lui répond qu'il grappille sans vendanger. Les vignes de Cythère produisent des raisins doux et des grappes amères. La jeune fille exprime son embarras face à cette situation.
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