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1
p. 11-41
Histoire des deux Maris jaloux. [titre d'après la table]
Début :
Deux Marys que vous voulez bien que je me dispense [...]
Mots clefs :
Jaloux, Commissaire, Galanterie, Jardin, Musique, Cabinet, Dames, Maris, Jeux, Tuileries, Carosse, Fête, Histoire, Point d'honneur, Plaisir, Cavaliers
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texteReconnaissance textuelle : Histoire des deux Maris jaloux. [titre d'après la table]
Deux
vous
Marys quGTHEADS
voulez bien que je me YON
diſpenſe de vous nommer ,
prennent ſouvent d'inutiles ſur des ſoupçons mal fondez qui leur font paffer de méchantes heures. Ils font tous deux dans
les Charges , tous deux impi- toyablement délicats fur le
Point-d'honneur , & par con- ſequent tous deux jaloux ,juf- qu'à trouver du crime dans les plus innocentes converſations.
La femme de l'un eſt une blode
Av
10 LE MERCVRE
bienfaite,d'une taille fine,&dé
gagée,l'œil bien fendu, &un vi- ſage qu'on peut dire avoir eſté fait au tour. L'autre a pourFem- me une grande Brune, qui a la douceur meſme peinte dans les yeux , le teint uny , le nez. bien taillé , la bouche agreable,
& des dents à ſe récrier. Ces
deux Dames qui n'ont pas moins d'eſprit que de beauté,
ont encor plus de vertu que d'eſprit , mais cette vertu n'eſt point farouche; &comme elles font fort éloignées de l'âge où il ſemble qu'il y ait quelque obli- gation de renoncer aux plaifirs le Jeu, la Comedie , l'Opera, &
les Promenades, font desdiver--
tiffemens qu'elles ne ſe refuſens point dans l'occaſion. Il y aune étroite amitié entre elles , &
cette amitié a peut-eſtre fait la
GALANT... IT
liaiſon des Marys qui ſe ſont gaſtez l'un l'autre , en ſe dé- couvrant leur jaloufie. Vous jugez bien, Madame , que cette conformité de ſentimens les a
fait agir de concert pour le re- mede d'un mal qui les tient dans une continuelle inquietu- de. C'eſt ce qui embarraffe ces deux aimables Perſonnes , qui ne ſçauroientpreſque plus faire aucune agreable Partie fans qu'un des Marys ſoit leurfur- veillant. A dire vray , la trop exacte vigilance n'eſt pas moins incommode qu'injurieufe.Quel- que tendreſſe qu'une Femme puiffe avoir pour celuy àqui le Sacrement la tientattachée,elle n'aime point à luy voir faire le perſonnage d'Argus. Tout ce qui marque de la défiance luy tiento lieu d'outrage ; & les
12 LE MERCVRE
Marys ayant leurs heuresdere- ſerve dont perſonne ne vient troubler la douceur , il eſt juſte qu'ils abandonnent les inutiles àceux qui n'en profitent ja- mais fans témoins. LesDames
dontje vous parle devenuës in- ſéparables & par leur veritable amitié , & par le fâcheux ra- port de leur fortune , n'ou- blioient rien pour ſe dérober ,
quand elles pouvoient , aux yeux de leurs importuns Ef- pions. Ce n'eſt pas , comme je vous l'ay déja dit , qu'elles euf- ſent aucune intrigue qui pût mettre leur vertu en péril , mais il ſuffiſoit qu'on fe défiaft de leur conduite pour leur faire prendre plaifir à ſe débaraſſer de leurs Jaloux , &c'eſtoit pour elles un ſujet de joye incroya- ble qu'une Partie d'Opera ou de
GALANT. 13 Promenade faite en ſecret.
Parmy ceux dont le Jeu leur
avoit donné la connoiſſance
( car fi elles ne pouvoient s'em- peſcher d'eſtre obſervées , elles s'eſtoient miſes ſur le pied de faire une partie de ce qu'elles vouloient ) deux Cavaliers
auſſi civils que galants , leur avoient fait connoiſtre par quelques affiduitez que le plai- fir de contribuer à les divertir
eſtoit un plaiſir ſenſible pour eux. Elles meritoient bien leurs
complaiſances , & l'agrément de leur humeur joint à leur beauté qui n'eſtoit pas médiocre, pouvoit ne pas borner en- tierement à l'eſtime les ſentimens qu'ils tâchoient quelque- foisdeleur découvrir. Ils étoient
Amis, &quand ces Belles trou- voient l'occaſion de Lquelque
7
14 LE MERCVRE divertiſſement à prendre ſans leur garde accoûtumée , elles n'eſtoient point fâchées d'en faire la Partie avec eux, Dans
cette diſpoſition , voicy ce qui leur arriva pendant que les jours eſtoient les plus longs;
car , Madame , je croy que le temps ne fait rien aupres de vous à la choſe,& qu'une avan- ture du Mois deJuillet que vous ignorez ne vous plaira pas moins à écouter qu'une Avanture du Mois de Decembre. On
m'en apprend de tous les co- ftez , & ne vous les pouvant écrire toutes à la fois, j'en garde les Memoires pour vous en fai- re un Article felon l'ordre de
leur ancienneté.
Le Jeu ſervant toûjours de prétexte aux Dames àrecevoir les vifites des Cavaliers, tantoſt
GALANT. 15 chez l'une , &tantoft chez l'autre, la Feſte d'un des deux arrive. Elles luy envoyent cha- cune un Bouquet. Cela ſe pra- tique dans le monde. Illeur en marque ſa reconnoiffance par des Vers galans, &par une tres- inftante priere de prendre jour pour venir ſouper dans une fort . belle Maiſon qu'il a aupres d'u- ne des Portes de la Ville , où il
les attendra avec ſon Amy. Le Party eſt accepté , mais l'impor- tance eſt de venir à bout de la
défiance des Marys qu'on ne veut point mettre de la Feſte.
Heureuſement pour elles , il fe
trouvent tous deux chargez d'affaires en mefme temps. On choiſit ce jour. Le Cavalier eſt averty. Les ordres ſont donnez,
&il ne s'agit plus que d'exe- cuter. Les Dames feignent de vouloir alter ſurprendre une de
16 LE MERCVRE
leurs Amies qui est à une lieuë
de Paris , & d'où elles ne doivent revenir qu'au frais. Undes
Marys les veut obliger à remet- tre au lendemain , afin de leur
tenir compagnie,&de ſe délaf- ſer un peude l'accablement des affaires. Il n'en peut rien obte- nir , & fur cette conteftation
arriva un Laquais de la Dame qui les avertit de fon retour, &
qu'elle viendra joüer l'apreſdî- née avec elles. Leurs meſures
font rompuës par ce contre- temps. Lesdeux Amies diffimu- lent. Refuſer une Partie de Jeu
pour en propoſer une autre qui les laiſſe diſparoiſtre pour tout le reſte du jour , ce ſeroit don- ner de legitimes foupçons. Elles joüent, demeurent à ſouper en- ſemble apres que le Jeu eſt finy,
&feignent d'y avoir gagné un malde teſte qui leur ofte l'ap
GALANT. 17.
pétit , & qui ne peut eftre fou- lagé que par une Promenade aux Thuilleries. On met les
Chevaux au Caroffe. LeMary que leur empreſſement à vou loir faire une Partie de Campagne fans luy, avoit déja com- mencé d'inquieter , les fait fui- vre parun petit home inconnu qui entre avec elles aux ThuiLGENDEDA
leries, &les envoyant fortir in- continent par la Porte qui eft du cofté de l'eau , & monter dans une Chaiſe Roulante
qu'elles avoient donné ordre qu'on y fiſt venir, découvre le
lieu du Rendez vous, &en vient
donner avis au Mary. Le coup eftoit rude pour un Jaloux. H
court chez fon Afſocié en ja- loufie ,luy conte leur commun defaſtre , & luy faiſant quitter les Affaires qu'il n'avoit pas en-
18 LE MERCVRE
cor achevé de terminer , le me ne où la Feſte ſe donnoit. Ils
trouvent moyen d'entrer dans la Court ſans eſtre veus , & fe gliffent de là dans le Jardin ,
d'où ils peuvent aifément dé- couvrir tout ce qui ſe paſſe dans la Salle. Elle estoit éclairée d'un fort grand nombre de Bougies. Ils s'approchent des Feneſtres à la faveur de quel- quesArbresfait enBuiffons; &
quoy qu'ils ne remarquent rien qui ſente l'intrigue dans les ref- pectueuſes manieres dont les Cavaliers en uſent avec leurs
Femmes , elles leur paroiſſent de trop bonne humeur en leur abfence,&ils voudroient qu'el- les ne ſe montraſſent aimables
que pour eux. Le Soupé s'ache- ve au fon des Hautbois qui prennent le chemin du Jardin
GALANT. 19 où la Compagnie les ſuit. Les Marys qui veulent voir à quoy l'Avanture aboutira, ſe retirent
dans un Cabinet de verdure
où ils demeurent cachez. Les
Dames ont à peine fait un tour d'Allée , qu'elles voyent l'air tout couvert de Fuſées volantes , qui fortent du fonds du
Jardin; les Etoilles & les Serpentaux qu'elles font paroiſtre tout - à - coup , les divertiſſent plus agreablement que leurs Marys, qui ne font pas en eſtat de goufter le plaifir de cette ſurpriſe. L'aimable Brune dont je vous ayfait le Portrait prend une de ces Fuſées , & la veut
tirer elle - meſme. Celuy qui donne la Feſte s'y eftant inuti- lementoppoſé,luy metunMou- choir ſur le cou ,dans la crainte qu'elle ne ſe brûle. LeMary
20 LE MERCVRE
perdpatience,il veut s'échaper.
Celuy qui eft avec luy dans le Cabinet l'arreſte , &àluy-mef
me beſoin d'eſtre arreſté au
moindre mot qu'il voit qu'on dittout bas àſa Femme. Jamais
Jaloux ne ſouffrirent tant. Ils
frapent des pieds contre terre,
atrachent des feüilles , & les
mangentde rage , & on pretend qu'un des deux penſa crever d'uneChenille qu'il avala.Apres quelques Menuets danſez dans
lagrande Allée , on vient dire aux Dames qu'un Baffin de Fruit les attendoit dans la Salle
pour les rafraiſchir. Ellesy re- tournent & n'y tardent qu'un moment , parce que minuit qui ſonne leur faitune neceſſité de
ſe retirer. Les Cavaliers les accompagnent juſqu'à leur Chai- ſe roulante qu'elles quittent
GALAN T. 21
pour aller reprendre leur Ca- roſſe qu'elles ont laiſſe àl'autre Porte des Thuilleries,&cependant les Hautbois qui ne font
point avertis de leur départ continuëntà joüer dans le Jar- din. Leurprefence eſt un obſta- cle fâcheux à l'impatience des Réclus du Cabinetde verdure
qui brûlentd'en fortir pour s'ap- procher des Feneſtres comme ilsont fait pendant le Soupé. Il eſtvrayqu'ils nedemeurentpas long-tempsdans cette contrain- te, mais ils n'en ſont affranchis
que pour ſouffrir encor plus cruellement. Un de ces Mefſieurs de la Muſique champe- ſtre eſtant entré dans la Salle
pour demander quelque choſe àceluyqui les employoit, reviết dire àſes Compagnonsqu'il n'y avoit plus trouvé perſonne,&
22 LE MERCVRE
qu'il n'avoit pû fçavoir ce que la Compagnie eſtoit devenuë.
Les Marys l'entendent , & c'eſt un coup de foudre pour eux.
Leur jaloufie ne leur laiſſe rien imaginer que de funeſte pour leur honneur. Ils peſtent contre eux-meſmes de leur lâche pa- tience àdemeurer fi long- temps témoins de leur honte, & ne
doutant point que leurs Fem- mes ne ſoientdans quelqueCa- binet avec leurs Amans, ils fortent du Jardin,montent en haut,
vontde Chambre en Chambre,
& trouvant une Porte fermée,
ils font tous leurs efforts pour l'enfoncer. UnDomeſtique ac- court à cebruit. Il a beau leur
demander à qui ils en veulent. Point de réponſe. Ils continuent à donner des pieds contre la Porte, & le Domestique qui
GALANT. 23 n'eſt point aſſez fort pour les retenir , commence à crier aux Voleurs de toute ſa force. Ces cris mettent toute la Maiſon en
rumeur. On vient au ſecours.
Chacun eſt armé de ce qu'il a
pûtrouver à la haſte, &le Maî tre-d'Hoſtel tient unMouſque- ton qu'il n'y a pas plaifir d'ef- ſuyer. Nos Deſeſperez le crai- gnent. Ils moderent leur em- portement , & on ne voit plus que deux Hommes interdits ,
qui ſans s'expliquer enragent de ce qu'on met obſtacle à
leur entrepriſe. Comme ils ne ſont connus de perſonne,
&qu'ils n'ont point leurs Ha- bits de Magiſtrature , on prend leur filence pour une convi- ction de quelque deſſein crimi- nel; & afin de les faire parler malgré eux,leMaiſtre-d'Hoſtel
ここ
24 LE MERCVRE envoye chercher un Commiffaire ſans leur en rien dire , &
les fait garder fort ſoigneuſe- mentjuſqu'à ce qu'il ſoit arrivé.
Cependant les Cavaliers qui ont remené les Dames aux
Thuilleries , reviennent au lieu
où s'eſt donné le Repas, &font furpris de voir en entrantqu'on amene un Commiſſaire. Ils en
demandent la cauſe. Onleur dit
que pendant que tout le mon- de eſtoit occupé en bas à met- tre la Vaiſſelle d'argent en ſeû- reté , deux Voleurs s'eſtoient
coulez dans les Chambres , &
avoient voulu enfoncer un Cabinet.Ilycourent avec le Com- miſſaire qui les livre pendus dans trois jours. Jugez de l'é- tonnement où ils ſe trouvent
quand on leur montre les pre tendus Criminels. Le Commiffaire
GALANT. 25
faire qui les reconnoiſt ſe tire
d'affaire en habile- Homme, &
feignant de croire que ce font eux qui l'ont envoyé chercher,
il leur demande en quoy ils ont beſoin defon miniftere. Ils l'obligent à s'en retourner chez luy, ſans s'éclaircir de la bévcuë quil'a fait appeller inutilement;
& les Cavaliers qui devinent une partie de la verité , ayant fait retirer leurs Gens, leurofrét
telle réparation qu'ils voudront de l'inſulte qu'on leur a faite ſans les connoiſtre. C'eſt là que le myſtere de la Feſte ſe déve- lope. Celuy qui l'a donnée leur découvre qu'elle eſt la fuite
d'unBouquet reçeu,&qu'ayant prié les Damesd'obtenir d'eux qu'ils luy fiffent l'honneur d'en venir partager le divertiſſement avec elles, il avoit eu le chagrin
Tome X. B
26 LE MERCVRE
d'apprendre qu'unembarras im- preveu d'affaires n'avoit pas permis qu'ils les pûffent accom- pagner; qu'il venoit de les re- mener chez elles, &qu'il eſpe-- roit trouver une occafion plus favorable de lier avec eux une
Partie de plaifir. Tandis qu'il ajoûte à ces excuſes des civili- tez qui adouciſſent peu à peu la colere de nos Jaloux , fon Amy envoye promptement avertir les Dames de ce qui vient d'ar- river,afin qu'elles prenent leurs meſures ſur ce qu'elles auront à
dire à leurs Marys. Ils quitent les Cavaliers fatisfaits en appa- rence de cette défaite,&fort réfolus de faire un grand chapitre àleursFemmes, Elles prévien- nent leur méchante humeur ,
& les voyant retourner cha- grins,elles leur content en riant
GALANT. 27 la malice qu'elles leur ont faite de neles mettre pas d'une Par- tie dont on avoit ſouhaité qu'ils fuſſent ; ce qui devoit leur fai- re connoiſtre que quand les Femmes ont quelque deſſein en teſte , elles trouvent toûjours moyen de l'executer. Les Ma- rys ſe le tirent pour dit ; &
ceux qui ont ſçeu les circon- ſtances de l'Hiſtoire , aſſurent que depuis ce temps-là ils ont donné à leurs Femmes beaucoup plus de liberté qu'ils ne leur en laiſſoient auparavant.
C'étoit le meilleur party à pren- dre pour eux. Lebeau Sexe eſt
ennemyde la contrainte, & telle n'auroit jamais la moindre tentation degalanterie, quin'en refuſe pas quelquefois l'occa- fion pour punir un Mary de ſa défiance.
t
vous
Marys quGTHEADS
voulez bien que je me YON
diſpenſe de vous nommer ,
prennent ſouvent d'inutiles ſur des ſoupçons mal fondez qui leur font paffer de méchantes heures. Ils font tous deux dans
les Charges , tous deux impi- toyablement délicats fur le
Point-d'honneur , & par con- ſequent tous deux jaloux ,juf- qu'à trouver du crime dans les plus innocentes converſations.
La femme de l'un eſt une blode
Av
10 LE MERCVRE
bienfaite,d'une taille fine,&dé
gagée,l'œil bien fendu, &un vi- ſage qu'on peut dire avoir eſté fait au tour. L'autre a pourFem- me une grande Brune, qui a la douceur meſme peinte dans les yeux , le teint uny , le nez. bien taillé , la bouche agreable,
& des dents à ſe récrier. Ces
deux Dames qui n'ont pas moins d'eſprit que de beauté,
ont encor plus de vertu que d'eſprit , mais cette vertu n'eſt point farouche; &comme elles font fort éloignées de l'âge où il ſemble qu'il y ait quelque obli- gation de renoncer aux plaifirs le Jeu, la Comedie , l'Opera, &
les Promenades, font desdiver--
tiffemens qu'elles ne ſe refuſens point dans l'occaſion. Il y aune étroite amitié entre elles , &
cette amitié a peut-eſtre fait la
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liaiſon des Marys qui ſe ſont gaſtez l'un l'autre , en ſe dé- couvrant leur jaloufie. Vous jugez bien, Madame , que cette conformité de ſentimens les a
fait agir de concert pour le re- mede d'un mal qui les tient dans une continuelle inquietu- de. C'eſt ce qui embarraffe ces deux aimables Perſonnes , qui ne ſçauroientpreſque plus faire aucune agreable Partie fans qu'un des Marys ſoit leurfur- veillant. A dire vray , la trop exacte vigilance n'eſt pas moins incommode qu'injurieufe.Quel- que tendreſſe qu'une Femme puiffe avoir pour celuy àqui le Sacrement la tientattachée,elle n'aime point à luy voir faire le perſonnage d'Argus. Tout ce qui marque de la défiance luy tiento lieu d'outrage ; & les
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Marys ayant leurs heuresdere- ſerve dont perſonne ne vient troubler la douceur , il eſt juſte qu'ils abandonnent les inutiles àceux qui n'en profitent ja- mais fans témoins. LesDames
dontje vous parle devenuës in- ſéparables & par leur veritable amitié , & par le fâcheux ra- port de leur fortune , n'ou- blioient rien pour ſe dérober ,
quand elles pouvoient , aux yeux de leurs importuns Ef- pions. Ce n'eſt pas , comme je vous l'ay déja dit , qu'elles euf- ſent aucune intrigue qui pût mettre leur vertu en péril , mais il ſuffiſoit qu'on fe défiaft de leur conduite pour leur faire prendre plaifir à ſe débaraſſer de leurs Jaloux , &c'eſtoit pour elles un ſujet de joye incroya- ble qu'une Partie d'Opera ou de
GALANT. 13 Promenade faite en ſecret.
Parmy ceux dont le Jeu leur
avoit donné la connoiſſance
( car fi elles ne pouvoient s'em- peſcher d'eſtre obſervées , elles s'eſtoient miſes ſur le pied de faire une partie de ce qu'elles vouloient ) deux Cavaliers
auſſi civils que galants , leur avoient fait connoiſtre par quelques affiduitez que le plai- fir de contribuer à les divertir
eſtoit un plaiſir ſenſible pour eux. Elles meritoient bien leurs
complaiſances , & l'agrément de leur humeur joint à leur beauté qui n'eſtoit pas médiocre, pouvoit ne pas borner en- tierement à l'eſtime les ſentimens qu'ils tâchoient quelque- foisdeleur découvrir. Ils étoient
Amis, &quand ces Belles trou- voient l'occaſion de Lquelque
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14 LE MERCVRE divertiſſement à prendre ſans leur garde accoûtumée , elles n'eſtoient point fâchées d'en faire la Partie avec eux, Dans
cette diſpoſition , voicy ce qui leur arriva pendant que les jours eſtoient les plus longs;
car , Madame , je croy que le temps ne fait rien aupres de vous à la choſe,& qu'une avan- ture du Mois deJuillet que vous ignorez ne vous plaira pas moins à écouter qu'une Avanture du Mois de Decembre. On
m'en apprend de tous les co- ftez , & ne vous les pouvant écrire toutes à la fois, j'en garde les Memoires pour vous en fai- re un Article felon l'ordre de
leur ancienneté.
Le Jeu ſervant toûjours de prétexte aux Dames àrecevoir les vifites des Cavaliers, tantoſt
GALANT. 15 chez l'une , &tantoft chez l'autre, la Feſte d'un des deux arrive. Elles luy envoyent cha- cune un Bouquet. Cela ſe pra- tique dans le monde. Illeur en marque ſa reconnoiffance par des Vers galans, &par une tres- inftante priere de prendre jour pour venir ſouper dans une fort . belle Maiſon qu'il a aupres d'u- ne des Portes de la Ville , où il
les attendra avec ſon Amy. Le Party eſt accepté , mais l'impor- tance eſt de venir à bout de la
défiance des Marys qu'on ne veut point mettre de la Feſte.
Heureuſement pour elles , il fe
trouvent tous deux chargez d'affaires en mefme temps. On choiſit ce jour. Le Cavalier eſt averty. Les ordres ſont donnez,
&il ne s'agit plus que d'exe- cuter. Les Dames feignent de vouloir alter ſurprendre une de
16 LE MERCVRE
leurs Amies qui est à une lieuë
de Paris , & d'où elles ne doivent revenir qu'au frais. Undes
Marys les veut obliger à remet- tre au lendemain , afin de leur
tenir compagnie,&de ſe délaf- ſer un peude l'accablement des affaires. Il n'en peut rien obte- nir , & fur cette conteftation
arriva un Laquais de la Dame qui les avertit de fon retour, &
qu'elle viendra joüer l'apreſdî- née avec elles. Leurs meſures
font rompuës par ce contre- temps. Lesdeux Amies diffimu- lent. Refuſer une Partie de Jeu
pour en propoſer une autre qui les laiſſe diſparoiſtre pour tout le reſte du jour , ce ſeroit don- ner de legitimes foupçons. Elles joüent, demeurent à ſouper en- ſemble apres que le Jeu eſt finy,
&feignent d'y avoir gagné un malde teſte qui leur ofte l'ap
GALANT. 17.
pétit , & qui ne peut eftre fou- lagé que par une Promenade aux Thuilleries. On met les
Chevaux au Caroffe. LeMary que leur empreſſement à vou loir faire une Partie de Campagne fans luy, avoit déja com- mencé d'inquieter , les fait fui- vre parun petit home inconnu qui entre avec elles aux ThuiLGENDEDA
leries, &les envoyant fortir in- continent par la Porte qui eft du cofté de l'eau , & monter dans une Chaiſe Roulante
qu'elles avoient donné ordre qu'on y fiſt venir, découvre le
lieu du Rendez vous, &en vient
donner avis au Mary. Le coup eftoit rude pour un Jaloux. H
court chez fon Afſocié en ja- loufie ,luy conte leur commun defaſtre , & luy faiſant quitter les Affaires qu'il n'avoit pas en-
18 LE MERCVRE
cor achevé de terminer , le me ne où la Feſte ſe donnoit. Ils
trouvent moyen d'entrer dans la Court ſans eſtre veus , & fe gliffent de là dans le Jardin ,
d'où ils peuvent aifément dé- couvrir tout ce qui ſe paſſe dans la Salle. Elle estoit éclairée d'un fort grand nombre de Bougies. Ils s'approchent des Feneſtres à la faveur de quel- quesArbresfait enBuiffons; &
quoy qu'ils ne remarquent rien qui ſente l'intrigue dans les ref- pectueuſes manieres dont les Cavaliers en uſent avec leurs
Femmes , elles leur paroiſſent de trop bonne humeur en leur abfence,&ils voudroient qu'el- les ne ſe montraſſent aimables
que pour eux. Le Soupé s'ache- ve au fon des Hautbois qui prennent le chemin du Jardin
GALANT. 19 où la Compagnie les ſuit. Les Marys qui veulent voir à quoy l'Avanture aboutira, ſe retirent
dans un Cabinet de verdure
où ils demeurent cachez. Les
Dames ont à peine fait un tour d'Allée , qu'elles voyent l'air tout couvert de Fuſées volantes , qui fortent du fonds du
Jardin; les Etoilles & les Serpentaux qu'elles font paroiſtre tout - à - coup , les divertiſſent plus agreablement que leurs Marys, qui ne font pas en eſtat de goufter le plaifir de cette ſurpriſe. L'aimable Brune dont je vous ayfait le Portrait prend une de ces Fuſées , & la veut
tirer elle - meſme. Celuy qui donne la Feſte s'y eftant inuti- lementoppoſé,luy metunMou- choir ſur le cou ,dans la crainte qu'elle ne ſe brûle. LeMary
20 LE MERCVRE
perdpatience,il veut s'échaper.
Celuy qui eft avec luy dans le Cabinet l'arreſte , &àluy-mef
me beſoin d'eſtre arreſté au
moindre mot qu'il voit qu'on dittout bas àſa Femme. Jamais
Jaloux ne ſouffrirent tant. Ils
frapent des pieds contre terre,
atrachent des feüilles , & les
mangentde rage , & on pretend qu'un des deux penſa crever d'uneChenille qu'il avala.Apres quelques Menuets danſez dans
lagrande Allée , on vient dire aux Dames qu'un Baffin de Fruit les attendoit dans la Salle
pour les rafraiſchir. Ellesy re- tournent & n'y tardent qu'un moment , parce que minuit qui ſonne leur faitune neceſſité de
ſe retirer. Les Cavaliers les accompagnent juſqu'à leur Chai- ſe roulante qu'elles quittent
GALAN T. 21
pour aller reprendre leur Ca- roſſe qu'elles ont laiſſe àl'autre Porte des Thuilleries,&cependant les Hautbois qui ne font
point avertis de leur départ continuëntà joüer dans le Jar- din. Leurprefence eſt un obſta- cle fâcheux à l'impatience des Réclus du Cabinetde verdure
qui brûlentd'en fortir pour s'ap- procher des Feneſtres comme ilsont fait pendant le Soupé. Il eſtvrayqu'ils nedemeurentpas long-tempsdans cette contrain- te, mais ils n'en ſont affranchis
que pour ſouffrir encor plus cruellement. Un de ces Mefſieurs de la Muſique champe- ſtre eſtant entré dans la Salle
pour demander quelque choſe àceluyqui les employoit, reviết dire àſes Compagnonsqu'il n'y avoit plus trouvé perſonne,&
22 LE MERCVRE
qu'il n'avoit pû fçavoir ce que la Compagnie eſtoit devenuë.
Les Marys l'entendent , & c'eſt un coup de foudre pour eux.
Leur jaloufie ne leur laiſſe rien imaginer que de funeſte pour leur honneur. Ils peſtent contre eux-meſmes de leur lâche pa- tience àdemeurer fi long- temps témoins de leur honte, & ne
doutant point que leurs Fem- mes ne ſoientdans quelqueCa- binet avec leurs Amans, ils fortent du Jardin,montent en haut,
vontde Chambre en Chambre,
& trouvant une Porte fermée,
ils font tous leurs efforts pour l'enfoncer. UnDomeſtique ac- court à cebruit. Il a beau leur
demander à qui ils en veulent. Point de réponſe. Ils continuent à donner des pieds contre la Porte, & le Domestique qui
GALANT. 23 n'eſt point aſſez fort pour les retenir , commence à crier aux Voleurs de toute ſa force. Ces cris mettent toute la Maiſon en
rumeur. On vient au ſecours.
Chacun eſt armé de ce qu'il a
pûtrouver à la haſte, &le Maî tre-d'Hoſtel tient unMouſque- ton qu'il n'y a pas plaifir d'ef- ſuyer. Nos Deſeſperez le crai- gnent. Ils moderent leur em- portement , & on ne voit plus que deux Hommes interdits ,
qui ſans s'expliquer enragent de ce qu'on met obſtacle à
leur entrepriſe. Comme ils ne ſont connus de perſonne,
&qu'ils n'ont point leurs Ha- bits de Magiſtrature , on prend leur filence pour une convi- ction de quelque deſſein crimi- nel; & afin de les faire parler malgré eux,leMaiſtre-d'Hoſtel
ここ
24 LE MERCVRE envoye chercher un Commiffaire ſans leur en rien dire , &
les fait garder fort ſoigneuſe- mentjuſqu'à ce qu'il ſoit arrivé.
Cependant les Cavaliers qui ont remené les Dames aux
Thuilleries , reviennent au lieu
où s'eſt donné le Repas, &font furpris de voir en entrantqu'on amene un Commiſſaire. Ils en
demandent la cauſe. Onleur dit
que pendant que tout le mon- de eſtoit occupé en bas à met- tre la Vaiſſelle d'argent en ſeû- reté , deux Voleurs s'eſtoient
coulez dans les Chambres , &
avoient voulu enfoncer un Cabinet.Ilycourent avec le Com- miſſaire qui les livre pendus dans trois jours. Jugez de l'é- tonnement où ils ſe trouvent
quand on leur montre les pre tendus Criminels. Le Commiffaire
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faire qui les reconnoiſt ſe tire
d'affaire en habile- Homme, &
feignant de croire que ce font eux qui l'ont envoyé chercher,
il leur demande en quoy ils ont beſoin defon miniftere. Ils l'obligent à s'en retourner chez luy, ſans s'éclaircir de la bévcuë quil'a fait appeller inutilement;
& les Cavaliers qui devinent une partie de la verité , ayant fait retirer leurs Gens, leurofrét
telle réparation qu'ils voudront de l'inſulte qu'on leur a faite ſans les connoiſtre. C'eſt là que le myſtere de la Feſte ſe déve- lope. Celuy qui l'a donnée leur découvre qu'elle eſt la fuite
d'unBouquet reçeu,&qu'ayant prié les Damesd'obtenir d'eux qu'ils luy fiffent l'honneur d'en venir partager le divertiſſement avec elles, il avoit eu le chagrin
Tome X. B
26 LE MERCVRE
d'apprendre qu'unembarras im- preveu d'affaires n'avoit pas permis qu'ils les pûffent accom- pagner; qu'il venoit de les re- mener chez elles, &qu'il eſpe-- roit trouver une occafion plus favorable de lier avec eux une
Partie de plaifir. Tandis qu'il ajoûte à ces excuſes des civili- tez qui adouciſſent peu à peu la colere de nos Jaloux , fon Amy envoye promptement avertir les Dames de ce qui vient d'ar- river,afin qu'elles prenent leurs meſures ſur ce qu'elles auront à
dire à leurs Marys. Ils quitent les Cavaliers fatisfaits en appa- rence de cette défaite,&fort réfolus de faire un grand chapitre àleursFemmes, Elles prévien- nent leur méchante humeur ,
& les voyant retourner cha- grins,elles leur content en riant
GALANT. 27 la malice qu'elles leur ont faite de neles mettre pas d'une Par- tie dont on avoit ſouhaité qu'ils fuſſent ; ce qui devoit leur fai- re connoiſtre que quand les Femmes ont quelque deſſein en teſte , elles trouvent toûjours moyen de l'executer. Les Ma- rys ſe le tirent pour dit ; &
ceux qui ont ſçeu les circon- ſtances de l'Hiſtoire , aſſurent que depuis ce temps-là ils ont donné à leurs Femmes beaucoup plus de liberté qu'ils ne leur en laiſſoient auparavant.
C'étoit le meilleur party à pren- dre pour eux. Lebeau Sexe eſt
ennemyde la contrainte, & telle n'auroit jamais la moindre tentation degalanterie, quin'en refuſe pas quelquefois l'occa- fion pour punir un Mary de ſa défiance.
t
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Résumé : Histoire des deux Maris jaloux. [titre d'après la table]
Le texte narre l'histoire de deux couples, les Marys, caractérisés par leur sens de l'honneur et leur jalousie. Les épouses, belles et vertueuses, sont amies et partagent une aversion pour la surveillance excessive de leurs maris. Elles organisent une soirée secrète pour échapper à la vigilance de leurs conjoints, prétextant une visite à une amie. Lors de cette soirée, elles sont rejointes par deux cavaliers galants. Malgré leurs efforts pour surveiller leurs femmes, les maris sont déjoués et finissent par se faire passer pour des voleurs dans la maison où se déroule la fête. Ils sont arrêtés et emmenés par un commissaire. Les cavaliers, informés de la situation, interviennent et clarifient le malentendu. À leur retour, les femmes expliquent leur ruse à leurs maris, qui finissent par accepter la situation. Parallèlement, le texte aborde les changements dans les relations de genre suite à des événements historiques. Il mentionne que, depuis un certain moment, les hommes ont accordé davantage de liberté à leurs femmes, une décision jugée bénéfique pour eux. Les femmes sont opposées à la contrainte et peuvent refuser des avances galantes pour punir un mari méfiant. Cette approche est présentée comme une stratégie efficace pour maintenir l'harmonie dans les relations conjugales.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 121-168
SATIRE Contre les Maris. / SATIRE.
Début :
Non chere Eudoxe, non, je ne puis plus me taire, [...]
Mots clefs :
Maris, Époux, Femme, Amour, Coeur, Laquais, Victoire, Hôpital
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texteReconnaissance textuelle : SATIRE Contre les Maris. / SATIRE.
SATIRE
Contre les Maris.
Preface.
Quelque chose que je
dise contre le Mariage,
mon dessein n'est pas d'en
détourner ceux qui y font
portez par une inclination
naturelle; mais feulement
de faire voir que les dégoûts
& les chagrinsqui c? en font presque infëparable
viennent pour l'ordinaire
plustost du costé des
Maris que de celuy des
Femmes. Contre le fentimens
de Mf Despreaux,
j'espere qu'en faveur de la
cause que j'entreprends,
on excusera les defauts qui
se trouveront dans cet ouvrage
: Je me flatte du
moins que les Dames se.
ront pourmoy;SeàFabry
d'une si illustre protection
je ne crains point les traits
de la Critique la plus envenance.
SATIRE.
Non chere Eudoxe, non,
je ne puis plus me
taire,
Jeveux te détourner d'une
Himen téméraire
D'autres filles sans toy
vendant leur liberté
Sechargeront du foin de
la posterité.
D'autres s'embarqueront
sans crainte du nau.
frage
Mais toj voyant téeueil
sans quitter le riruagc)
Tu riiraspointesclave af
servie à l'amour
Sous le joug d'un époux
t'engaglirsans retour
Ny d'unJervile usage approuvant
linjufiice
De tes biensy de ton coeur
luyfaire unsacrifice,
Abandonner ton ame à
milleJoins divers,
Et toy même à jamais
forger tes propresfers.
JSle t'imagines pAS que l'ardeur
de médire
f
Arme aujourd'huy fila
- main des traits de la
Satire9
Kîy que par un Censeur le
beauftxeoutragé
Ait bcfoin de mes Vers
pour en estre vangc
Ce Sexe plein d'attraits
sans secours & sans
âmes
Peut assez,f deffcndre auecses
propres charmes,
Et les traits d'un Critique
ajfoibli par les ans
Sont tomber deles mains
sansforce & languifi
sans:
Mon tjprit antre-foisenchanté
de ses rimes
Luy comptoit pour rvertus
sessatiriques crimes,
Et livroit avecjoye à ses
nobles fureurs3
Vn tas infortuné d'inflpides
Auteurs;
Maisje riay pu foujfrir
1 qu'une indiscrete veine
Le forçatmieux Athlete
a rentrer Atrl'arene.
Et que laissant en paix
tant de mauvais écrits
NouveauPredicateur il
vint en cheveuxgris
D'un esprit peu chrétien
blâmerde chastesflammes
Et par des Vers malins
nous faire horreur des
j,
femmes
Si l'Himen aprè1s fiy
trame tant de d'goujts,
On n'en doit imputer la
faute qu'auxépoux.
Lesfemmes font toujours
dinnocentesvicitmeç
Que des loix d'interejfJ:J
que defausses maximes
Immolentlâchementà des
Maristrompeurs..
On ne s'informeplus ny
durangnydesmoeurs
Crispin, roux & mancellU,
vient d'epoufir
Julie
Il eji du genre humain&
L'opprobre & lalie
On trouvcroit encore à
quelque vieuxpillter
Son dernier hahit verd
pendu cheXj lefripier:
ParJes concussions fatales
à la France
lia déjàvingtfois affrontélapotence
;
Mais cent rvafts d'argent
parent(es longs buffets
11 - jivecpeine unguèret traversi
[es guèrets
y
Que faut-il davantage?
aujourd'huy la richesse
Ne tient-elle pas lieu di
vertuy de nobleffi?
Et pourfaire un époux,
que voudroit-on déplus?
Que dixterres en Beauce9
avecvingt mil écus.
RegardeDorilas9 cet échape
d*Esope 0z ne peut discerner
quavec un Micro/cope;
Dontle corps de travers&
tefpritplus malfait
D'un Therfite à nos yeux
retracent leportrait
Que t'en emhle dis-moy?
penses-tu quunefille
Qui ria Û cet amant
qu'au travers d'une
grille
Et qui depuis dix Ans
NourrieàPortRoyal
A paffé du parloir dans le
lit nuptial;
Puis-je garderlongtemps
uneforcetendrefie
En faveur d'un Maryd'une
si rare especey
Quand la Cour&la Ville
presententàfis yeux
Desflots d'adorateurs qui
la mertte mieux.
MatsJe veux que du Ciel
une heureuje influence
Rassemble en ton époux
&mérité & naissance
Infortunéjoueur,ilperdra
tousfisbiens
Quun contrat malheureux
confond avec les
fitns
Entrons dans le Brelandy
ou s'arrête à la
porte
De laquais mal payel^Ja
maligne cohorte
Voy les cornets en l'airjettes
avec transport,
Quon veut rendre garend
des caprices du fort.
Voy ces pâlesJoueurs qui
pleinsd'extravagance
D'un destin insolent affronte
l'inconstance
Etsur trois des maudits
lisent l'arrêtfatal
Qui les condamne enfin
d'aller à l'Hôpital.
Pénétrons plus avant
voy cette table ronde
Autet que avarice éleva
dés lemonde
Ou tous les forceriez, fem*
blent avoir faitvoeu
Dese facnfierau noir demon
duJeu,
Vois-tu sur cette carte un
contrat difparotfire
Sur cet autre unChajieau
prêt à changerdemaître
Quelsoudain desespoirsaisit
le malheureux?
Qfuieavfieinntedr'aun
coupegorgeaffreux
MaisfuyonsfousJespieas
tous les parquets gemissent
Defermns tous nouveaux
les platfonds retentifsint
Et par lefort cruel d'une
fatalenuity
, De vOIr enfinGalet a
l'Hôpital reduit,
Sa femme cependant di
centfrayeurs atteinre
Boitchez,elle a longs traits
& le fiel & Cabfmte
Ou traînant aprèsJoy d'infortunete1ans
Va chercher un azjileauprès
desesparenss
Harpagon cftatteit de
, toutautrefolie,
Le Ciell'avantagead'une
femme accomplie
re-ç)utpmrsa dotplus 1 -, 7 , li} deûus^alafois ': — Quun balancier nenpeut
reformer ensix mois.
Sa femmefeflattait de la
douce esperance
De "voirfleurir chez., elle
une heureuseabondance,
ElIecroyait au moins que
deux ou trois amisj
Pourvoientfoir&matinà
sa tableeflreadmis
Mais Harpagon aride&
presqueDiaphane-
Par les jeûnes cruels auf
quels ilse condamne: Nereçoitpointd'amis aux
dépens de son pain
Toutse ressentcheijuy des
langueursde lafaim,
Si pour fournir aux frais
d'un hahit necefaim
Saffmmt-^lÙJ-\'mande
une somme Itgere3
Son vifoegesoudain pre%d
une autre couLfur,
Ses valets font en butte à
sa ma,uvaife humeur,
UAvarice bien-tft au
teint livide &blême,
Surfincoffre defer va taF
foir elle-même3
Pour ne le point ouvrir il
abondeenraisons
Ses hqtes sans payer ont
vidêfts massons
D'un vent,venu du Nord • d^maligne, influence
t
A motjjonésesfruits avec
Ion esperance,
Où de fougueux Torrens
inondansiesFallons,
Ont noyésans pitié thonnAeur
desye~sj fyi/lions,
uiinfitoujours rétif, rien
nefléchitson ame
Pour avoir un habit il
faudra quesafemme
jittende que la mort k
mettant au cercueil,
Luyfaffe enfin unfalutafr
re dueil.
Mais,pourquoy diraJtu9
cette injujtc querelle
Les époux font ilsfaitsftr
lemêmemodelie,
jilcipe nflejf-il pas exempt
deces dejfauts,
Que tu viens de tracer
dans tes piquans tableaux
D'accord, il efi bien fait,
genereux3 noble, {age,
Mats à se ruiner(On propre
honneur l'engage
Si-tost que la victoire un
laurier a la main
appellera Louis Jur les
rives du Rhin
Que des Zephirs nouveaux
les fecondes haleines
Feront verdir nos bois (;;'
refleurir nos plaines:
,Ses Muletsimportais bisarrementornez
Et d'un airain bruyant9
par tout environnez
Sous des tapis brode si
suivantalafile,
ut pas Majeftueux tra«
verseront la Ville.
Tout le peuple attentifAU
bruit deses Mulets
Verrapasserauloin,Surtous9
Fourgons" Vdlets,
Chevaux de main Fringans,
insultant a la
terre.,
Pompe digne en effet des
enfans de laguerre
Mais pour donner fef7
sir à ce noble embarras
Combien cbez, le Notaire
A-t-ilfait des contrats?
Lesjoyaux de sa femme
oonntteétteérmnitsseenn gage
jyunsomptueux buffet le
pompeux étalagé
Que du débris commun il nyapAugarentir.,
Rentre cheZlc Marchand
dont on l'a vu sortir.
Pour assembler unfond de
deux mtlle pi[tôles
Combien nouveau Prothée
at-jt joüé de rôles:
Combien a-t-il fait voir
que leplusfierguerrier
Elplus humble aujourd'huy
qu'un indigne
Vfùrler.
Ilpart, enfin, il mene avec
luy l'abondance
Tout le Camp se ressent de
sa nobU difence
Des Cutfmiers fameux
pour luy fournir des
mets,
Epuisentchaque jonr les
Aiers & les Forefis*
Quefait sa femme alors?
dans le fond d'un Vil,lage Ellevasansargentdepio^
rer
rerfin veuvage
Dans fis jardins defirts
promenersa douleur
Et des champs paresseux
exciter la lenteur.
On voit six mois apre's,
tout ce trainmagnifique
Reduit à la moitiérevenir,
faible étique,
On voit sur les chemins l'équipage
en lambeaux
Des mulets decharneZ, des
ombres de chevauxy
Qui dans ce tri(teétatri0.
fantpresqueparoifire
S'en vont droit au marché
chercher un autre maî*-
tre
Cependant auprintemps il
_faut recommencer, Ilfautsur nouveauxfrais
emprunter9 dépenfer,
Mais nous verrons bientofl
une ltfte cruelle
1)u trépas de l'époux apporter
la nouvelle,
Etpourpayer enfin de tris
tes creancIers,
Ilne laijje après luy qu'un
tas de vains lauriers.
Ilefid'autres Maris
volages) infidellts;
Fatigans damerets/Tirans
nez, des ruelles,
Qu'on voidmaigre l'Hymen
&ses facreZu
flambeaux
S'enrôler chaquejourfous
de nouveaux drapeaux9
Quid'un coeur plein de
feux à leur devoir
contraires
Encensent follement des
beautez, étrdngeres;
Le foin toujours pressant
de leurs galans exploits;
En vingt lieuxdijferends
les appelleà lafois.
Wgaton dans Paris
court à bride abbatué
Malheur à qUI pour lors
est à pied dans la rue
D'un & d'autres cojtezj,
les chevaux bondijjans
D'un déluge deboueinondent
loespassans,
Tout .fuit aux environs,
chacun cherche un aile
Avec plus de rviteifè il
traverse la Ville
Que les courftersp uireux
que l'on vid les pre.
miers,
Du combat de Nervvinde
apporter les lauriers;
Et qui de la victoire emprunterent
les ailes
Pour en donner au Roy les
premieres nouvelles.
De cet ernprejfement lefajet
inconnu
Quelejl-ilen effet?eh quoyi
l'ignores tu?
o 11 va fade amoureux de
theâtre en theâtre
Annoncer un habitdontil
est idolâtre
Dans le même moment on
le retrouve au Cours
Hors la filey au grand
trot ilyfait plu/leurs
tours,
Tout hors d'haleine enfin
il rentre aux Thmlleries,
Cherchantpartoutmatiere
à sesgalanteries,
Ilreçoit tous lesjours mille
tendres billets
Ses brasfontjufquati coude
cntouez., de portraitsy
On voit briller dans l'or9
des blondes& des brunes
Qtitl porte pour garends
de ses bonnesfortunes.
jîux yeux de son épouje il
en fait vanité
Il prétend qu'en dépit des
loix de l'équité
Safemme luy confcrve une
amour éternelle
Tandis qu'il aime ailleurs,
& court de belle en
belle.
D'autres amours en- cor.mais non d'un
tel dficours
Il ne meji pas permis de
prolonger le cours.
lAaplume se rifule a ma
timide rueine
Eut-on crû que leTibre
eutcoulédans la Seine
Etqu'il eut corrompu les
moeurs de nos François
Pour confoltr le Rhin de
leurs fameuxexploits.
Je voudrois bien Eudoxe
abregeant la matiere
Calmer ici ma bile &finir
ma carrure
Maispuis-jefàpprimer le
portrait d'unjaloux
Qui sans cesse agité d'un
mouvement peu doux
Et paré des dehors d'une
tendresse vaine
Aime, mais d'un amour
qui ressemble à la haine?
dlidor vientici s'offrir
à monpinceau
Ilejldesa moitié l'amant
& le bourreau
Partout illapourfuit>fans
cesseUlaquer,lie
Il nepeut la fuitterJ riy
demeurerprès d'elle,
L'erreur au double fronts
le devorant ennuy.
Lesfunefies Joubçons vollent
autour de luys
Ungejle indifférénd un regardsans
étude>
Va deIon coeurjaloux ai.
grlr l*inquiétude,
Sans cejjeilse consume en
projetsfuperjlus
Il voit3 il entend tout, il
en croit encor plus;
Ileflmalgré ses foins, &
fisconstantesveilLes
uéveugle avec centyeux,
Jouràaveccent oretlles.
Chaque objet de son coeur
vient arracher la.pAi
Marbres, bronzées, tableauxyportiers.
cocher,
laquais
Ceux même quaux de-
Jerts de Vardente Guinée
Le Soleil a couvert d'une
peau basanée9
Tout luy paroistamatitfatal
à son honneur
Il craint des héritiers de
plus d'une couleur.
Quun folâtre Zephir arvec
trop de licence
Des cheveux desafemme
ait détruit l'ordonnance
Sa mainsarme aussi-tost
dufer& dupoison
D'unprétendu rival il
veut tirerraisons
Si la crainte des loix fufpendfafrenefte,
Pour l'immoler centfois il
luy laisse la vies
Dans quelque vieux châ.
teau retraitedeshiboux
Dont quelque jour peutejfre
il deviendra jaloux
,
Il trame en exil comme
une criminelle
Et eour la tourmenter il
S'enferme avec elle,
Dans le Jauvage lieu des
vivans ignoré
D'un sosjé large & creux
doublement entouré
Cette tri(le rviéfime, affligét"
eperdue*
Sur les funefies bords croit
ejfredescendue,
Lorsque la parque enfin répondantà/
es voeux
Vient terminer le cours de
ses jours malheureux.
Nomme moysitupeux
quelquemary sans
vice
MaMust cft toute prête
a luy rendre jufttce,
Sera-ce Lijirlas? qui met
avec éclat
Safemme en un convent
par arrejf du Sénat
Et qui trois mois après devenu
doux &Jage
Celebre en un parloir un
fécond mariage.
Sera-ce Lifimon qui toûjours
lntete
Convoqueavecgrandbruit
toute la Facu/té?
Et sur son fort douteux
confiiltant Hipocrate
Fait qu'aux yeux du public
son deshonneur
éclate:
Quel champ!sije parlois
d'un époux furieux
Quiprofanantsans ceJft un
chef-d'oeuvre des cieux
Ofe dans les transports de
sa rage cruelle
Porter sursonépouse une
main criminelle.
Maisje te veux encore
ébaucher un tableau
Remontonssurla Scene&
tirons le rideau.
Dieux que vois-je en dépit
d'une épaifefumée
Que répand dans les airs
maintepipe allumée
Tarmy desflots de vin en
tous lieux répandu9
J'apperçois Trafimontsur
le ventre étendu;
Qui tout pâle& defait rejettefouslatable
Les rebuts odieux d'un repas
qui l'accables
Jlfait pour se lever des effortsviolens,
La terresedérobé à (es pas
chance/ans
De mortelles vapeurs fil
tesse encore peine
Sous de honteux debris de
nouveau le rentrainej
Ilretombe& bien-tojttau*
rore en ce redutt
Viendra nous découvrir
les excés de la nuit;
Bien-tost avec le jour
nous allons voir paroiifre
atre insolens laquais
aussi fMouas isqturee leur
Oui charmez, dans leur
coeur de ce honteuxfracas
Prés de sa femme au lit
le portentfous les bras.
Quelcharme! quelplaifïr!
pour cette trijlefemme
Defsvoir le temain de ce
fPeOaclt infâme
Defintir des vapeurs de
vin & de tabac,
QUexaleprès de foy, un
perfide efiomach.
Tufremis?toutefois dans
le Stecle où noussommes
Chere Eudoxe3voila commefontfaits
les hom-
Quelmérmietés:quelstitresfoapurvèsertaoiunts!
quels titrfsfluverains
Rendent donc les maris &
fifiers&sivains,
Osent-ils se flatter qu'un.
contratautentique>
Leur doine sur les coeurs
un pouvoir tirannique?
Pensent
-
ils que brutaux,
peu comptasans, fâcheux
:A.vares,neghgens, debauchez,,
ombrigeux,
PArez, du nom dépoux ih
ferontsursdeplaire,
du mépris d'un amani
fournis, tendre sincere,
Complaisant,libéral, qui
Jefait nuit &jour
Vnfointoûjours nouveau
de prouverson amour.
Non non, cestseflatter
d'une erreur condamnable
Etpoursefaire aimer, il
faut se rendre aimables
,
Aprés tous cesportraits
bien ou mal ébauchez:..,
Et tant d'autres encor
que jeriay pas tou- cbe
Jras-tu me traitant etennuyeux
pédagogue?
Des martirs de tHimen
grossîr le catalogue,
Non? dans un plein repos
arrête ton dessin,
Ctfi le premier des biens
de vivresans chagrin.
Si dans des vers pi
quansJuvenal enfurie
fait poejfcr pourfou ce.
luy qui semarie3
D'un esprit plus sènsé
concluons aujourd'huy
Que celle qui repoulé est
plus folle que luy.
J. L.D.L.
Contre les Maris.
Preface.
Quelque chose que je
dise contre le Mariage,
mon dessein n'est pas d'en
détourner ceux qui y font
portez par une inclination
naturelle; mais feulement
de faire voir que les dégoûts
& les chagrinsqui c? en font presque infëparable
viennent pour l'ordinaire
plustost du costé des
Maris que de celuy des
Femmes. Contre le fentimens
de Mf Despreaux,
j'espere qu'en faveur de la
cause que j'entreprends,
on excusera les defauts qui
se trouveront dans cet ouvrage
: Je me flatte du
moins que les Dames se.
ront pourmoy;SeàFabry
d'une si illustre protection
je ne crains point les traits
de la Critique la plus envenance.
SATIRE.
Non chere Eudoxe, non,
je ne puis plus me
taire,
Jeveux te détourner d'une
Himen téméraire
D'autres filles sans toy
vendant leur liberté
Sechargeront du foin de
la posterité.
D'autres s'embarqueront
sans crainte du nau.
frage
Mais toj voyant téeueil
sans quitter le riruagc)
Tu riiraspointesclave af
servie à l'amour
Sous le joug d'un époux
t'engaglirsans retour
Ny d'unJervile usage approuvant
linjufiice
De tes biensy de ton coeur
luyfaire unsacrifice,
Abandonner ton ame à
milleJoins divers,
Et toy même à jamais
forger tes propresfers.
JSle t'imagines pAS que l'ardeur
de médire
f
Arme aujourd'huy fila
- main des traits de la
Satire9
Kîy que par un Censeur le
beauftxeoutragé
Ait bcfoin de mes Vers
pour en estre vangc
Ce Sexe plein d'attraits
sans secours & sans
âmes
Peut assez,f deffcndre auecses
propres charmes,
Et les traits d'un Critique
ajfoibli par les ans
Sont tomber deles mains
sansforce & languifi
sans:
Mon tjprit antre-foisenchanté
de ses rimes
Luy comptoit pour rvertus
sessatiriques crimes,
Et livroit avecjoye à ses
nobles fureurs3
Vn tas infortuné d'inflpides
Auteurs;
Maisje riay pu foujfrir
1 qu'une indiscrete veine
Le forçatmieux Athlete
a rentrer Atrl'arene.
Et que laissant en paix
tant de mauvais écrits
NouveauPredicateur il
vint en cheveuxgris
D'un esprit peu chrétien
blâmerde chastesflammes
Et par des Vers malins
nous faire horreur des
j,
femmes
Si l'Himen aprè1s fiy
trame tant de d'goujts,
On n'en doit imputer la
faute qu'auxépoux.
Lesfemmes font toujours
dinnocentesvicitmeç
Que des loix d'interejfJ:J
que defausses maximes
Immolentlâchementà des
Maristrompeurs..
On ne s'informeplus ny
durangnydesmoeurs
Crispin, roux & mancellU,
vient d'epoufir
Julie
Il eji du genre humain&
L'opprobre & lalie
On trouvcroit encore à
quelque vieuxpillter
Son dernier hahit verd
pendu cheXj lefripier:
ParJes concussions fatales
à la France
lia déjàvingtfois affrontélapotence
;
Mais cent rvafts d'argent
parent(es longs buffets
11 - jivecpeine unguèret traversi
[es guèrets
y
Que faut-il davantage?
aujourd'huy la richesse
Ne tient-elle pas lieu di
vertuy de nobleffi?
Et pourfaire un époux,
que voudroit-on déplus?
Que dixterres en Beauce9
avecvingt mil écus.
RegardeDorilas9 cet échape
d*Esope 0z ne peut discerner
quavec un Micro/cope;
Dontle corps de travers&
tefpritplus malfait
D'un Therfite à nos yeux
retracent leportrait
Que t'en emhle dis-moy?
penses-tu quunefille
Qui ria Û cet amant
qu'au travers d'une
grille
Et qui depuis dix Ans
NourrieàPortRoyal
A paffé du parloir dans le
lit nuptial;
Puis-je garderlongtemps
uneforcetendrefie
En faveur d'un Maryd'une
si rare especey
Quand la Cour&la Ville
presententàfis yeux
Desflots d'adorateurs qui
la mertte mieux.
MatsJe veux que du Ciel
une heureuje influence
Rassemble en ton époux
&mérité & naissance
Infortunéjoueur,ilperdra
tousfisbiens
Quun contrat malheureux
confond avec les
fitns
Entrons dans le Brelandy
ou s'arrête à la
porte
De laquais mal payel^Ja
maligne cohorte
Voy les cornets en l'airjettes
avec transport,
Quon veut rendre garend
des caprices du fort.
Voy ces pâlesJoueurs qui
pleinsd'extravagance
D'un destin insolent affronte
l'inconstance
Etsur trois des maudits
lisent l'arrêtfatal
Qui les condamne enfin
d'aller à l'Hôpital.
Pénétrons plus avant
voy cette table ronde
Autet que avarice éleva
dés lemonde
Ou tous les forceriez, fem*
blent avoir faitvoeu
Dese facnfierau noir demon
duJeu,
Vois-tu sur cette carte un
contrat difparotfire
Sur cet autre unChajieau
prêt à changerdemaître
Quelsoudain desespoirsaisit
le malheureux?
Qfuieavfieinntedr'aun
coupegorgeaffreux
MaisfuyonsfousJespieas
tous les parquets gemissent
Defermns tous nouveaux
les platfonds retentifsint
Et par lefort cruel d'une
fatalenuity
, De vOIr enfinGalet a
l'Hôpital reduit,
Sa femme cependant di
centfrayeurs atteinre
Boitchez,elle a longs traits
& le fiel & Cabfmte
Ou traînant aprèsJoy d'infortunete1ans
Va chercher un azjileauprès
desesparenss
Harpagon cftatteit de
, toutautrefolie,
Le Ciell'avantagead'une
femme accomplie
re-ç)utpmrsa dotplus 1 -, 7 , li} deûus^alafois ': — Quun balancier nenpeut
reformer ensix mois.
Sa femmefeflattait de la
douce esperance
De "voirfleurir chez., elle
une heureuseabondance,
ElIecroyait au moins que
deux ou trois amisj
Pourvoientfoir&matinà
sa tableeflreadmis
Mais Harpagon aride&
presqueDiaphane-
Par les jeûnes cruels auf
quels ilse condamne: Nereçoitpointd'amis aux
dépens de son pain
Toutse ressentcheijuy des
langueursde lafaim,
Si pour fournir aux frais
d'un hahit necefaim
Saffmmt-^lÙJ-\'mande
une somme Itgere3
Son vifoegesoudain pre%d
une autre couLfur,
Ses valets font en butte à
sa ma,uvaife humeur,
UAvarice bien-tft au
teint livide &blême,
Surfincoffre defer va taF
foir elle-même3
Pour ne le point ouvrir il
abondeenraisons
Ses hqtes sans payer ont
vidêfts massons
D'un vent,venu du Nord • d^maligne, influence
t
A motjjonésesfruits avec
Ion esperance,
Où de fougueux Torrens
inondansiesFallons,
Ont noyésans pitié thonnAeur
desye~sj fyi/lions,
uiinfitoujours rétif, rien
nefléchitson ame
Pour avoir un habit il
faudra quesafemme
jittende que la mort k
mettant au cercueil,
Luyfaffe enfin unfalutafr
re dueil.
Mais,pourquoy diraJtu9
cette injujtc querelle
Les époux font ilsfaitsftr
lemêmemodelie,
jilcipe nflejf-il pas exempt
deces dejfauts,
Que tu viens de tracer
dans tes piquans tableaux
D'accord, il efi bien fait,
genereux3 noble, {age,
Mats à se ruiner(On propre
honneur l'engage
Si-tost que la victoire un
laurier a la main
appellera Louis Jur les
rives du Rhin
Que des Zephirs nouveaux
les fecondes haleines
Feront verdir nos bois (;;'
refleurir nos plaines:
,Ses Muletsimportais bisarrementornez
Et d'un airain bruyant9
par tout environnez
Sous des tapis brode si
suivantalafile,
ut pas Majeftueux tra«
verseront la Ville.
Tout le peuple attentifAU
bruit deses Mulets
Verrapasserauloin,Surtous9
Fourgons" Vdlets,
Chevaux de main Fringans,
insultant a la
terre.,
Pompe digne en effet des
enfans de laguerre
Mais pour donner fef7
sir à ce noble embarras
Combien cbez, le Notaire
A-t-ilfait des contrats?
Lesjoyaux de sa femme
oonntteétteérmnitsseenn gage
jyunsomptueux buffet le
pompeux étalagé
Que du débris commun il nyapAugarentir.,
Rentre cheZlc Marchand
dont on l'a vu sortir.
Pour assembler unfond de
deux mtlle pi[tôles
Combien nouveau Prothée
at-jt joüé de rôles:
Combien a-t-il fait voir
que leplusfierguerrier
Elplus humble aujourd'huy
qu'un indigne
Vfùrler.
Ilpart, enfin, il mene avec
luy l'abondance
Tout le Camp se ressent de
sa nobU difence
Des Cutfmiers fameux
pour luy fournir des
mets,
Epuisentchaque jonr les
Aiers & les Forefis*
Quefait sa femme alors?
dans le fond d'un Vil,lage Ellevasansargentdepio^
rer
rerfin veuvage
Dans fis jardins defirts
promenersa douleur
Et des champs paresseux
exciter la lenteur.
On voit six mois apre's,
tout ce trainmagnifique
Reduit à la moitiérevenir,
faible étique,
On voit sur les chemins l'équipage
en lambeaux
Des mulets decharneZ, des
ombres de chevauxy
Qui dans ce tri(teétatri0.
fantpresqueparoifire
S'en vont droit au marché
chercher un autre maî*-
tre
Cependant auprintemps il
_faut recommencer, Ilfautsur nouveauxfrais
emprunter9 dépenfer,
Mais nous verrons bientofl
une ltfte cruelle
1)u trépas de l'époux apporter
la nouvelle,
Etpourpayer enfin de tris
tes creancIers,
Ilne laijje après luy qu'un
tas de vains lauriers.
Ilefid'autres Maris
volages) infidellts;
Fatigans damerets/Tirans
nez, des ruelles,
Qu'on voidmaigre l'Hymen
&ses facreZu
flambeaux
S'enrôler chaquejourfous
de nouveaux drapeaux9
Quid'un coeur plein de
feux à leur devoir
contraires
Encensent follement des
beautez, étrdngeres;
Le foin toujours pressant
de leurs galans exploits;
En vingt lieuxdijferends
les appelleà lafois.
Wgaton dans Paris
court à bride abbatué
Malheur à qUI pour lors
est à pied dans la rue
D'un & d'autres cojtezj,
les chevaux bondijjans
D'un déluge deboueinondent
loespassans,
Tout .fuit aux environs,
chacun cherche un aile
Avec plus de rviteifè il
traverse la Ville
Que les courftersp uireux
que l'on vid les pre.
miers,
Du combat de Nervvinde
apporter les lauriers;
Et qui de la victoire emprunterent
les ailes
Pour en donner au Roy les
premieres nouvelles.
De cet ernprejfement lefajet
inconnu
Quelejl-ilen effet?eh quoyi
l'ignores tu?
o 11 va fade amoureux de
theâtre en theâtre
Annoncer un habitdontil
est idolâtre
Dans le même moment on
le retrouve au Cours
Hors la filey au grand
trot ilyfait plu/leurs
tours,
Tout hors d'haleine enfin
il rentre aux Thmlleries,
Cherchantpartoutmatiere
à sesgalanteries,
Ilreçoit tous lesjours mille
tendres billets
Ses brasfontjufquati coude
cntouez., de portraitsy
On voit briller dans l'or9
des blondes& des brunes
Qtitl porte pour garends
de ses bonnesfortunes.
jîux yeux de son épouje il
en fait vanité
Il prétend qu'en dépit des
loix de l'équité
Safemme luy confcrve une
amour éternelle
Tandis qu'il aime ailleurs,
& court de belle en
belle.
D'autres amours en- cor.mais non d'un
tel dficours
Il ne meji pas permis de
prolonger le cours.
lAaplume se rifule a ma
timide rueine
Eut-on crû que leTibre
eutcoulédans la Seine
Etqu'il eut corrompu les
moeurs de nos François
Pour confoltr le Rhin de
leurs fameuxexploits.
Je voudrois bien Eudoxe
abregeant la matiere
Calmer ici ma bile &finir
ma carrure
Maispuis-jefàpprimer le
portrait d'unjaloux
Qui sans cesse agité d'un
mouvement peu doux
Et paré des dehors d'une
tendresse vaine
Aime, mais d'un amour
qui ressemble à la haine?
dlidor vientici s'offrir
à monpinceau
Ilejldesa moitié l'amant
& le bourreau
Partout illapourfuit>fans
cesseUlaquer,lie
Il nepeut la fuitterJ riy
demeurerprès d'elle,
L'erreur au double fronts
le devorant ennuy.
Lesfunefies Joubçons vollent
autour de luys
Ungejle indifférénd un regardsans
étude>
Va deIon coeurjaloux ai.
grlr l*inquiétude,
Sans cejjeilse consume en
projetsfuperjlus
Il voit3 il entend tout, il
en croit encor plus;
Ileflmalgré ses foins, &
fisconstantesveilLes
uéveugle avec centyeux,
Jouràaveccent oretlles.
Chaque objet de son coeur
vient arracher la.pAi
Marbres, bronzées, tableauxyportiers.
cocher,
laquais
Ceux même quaux de-
Jerts de Vardente Guinée
Le Soleil a couvert d'une
peau basanée9
Tout luy paroistamatitfatal
à son honneur
Il craint des héritiers de
plus d'une couleur.
Quun folâtre Zephir arvec
trop de licence
Des cheveux desafemme
ait détruit l'ordonnance
Sa mainsarme aussi-tost
dufer& dupoison
D'unprétendu rival il
veut tirerraisons
Si la crainte des loix fufpendfafrenefte,
Pour l'immoler centfois il
luy laisse la vies
Dans quelque vieux châ.
teau retraitedeshiboux
Dont quelque jour peutejfre
il deviendra jaloux
,
Il trame en exil comme
une criminelle
Et eour la tourmenter il
S'enferme avec elle,
Dans le Jauvage lieu des
vivans ignoré
D'un sosjé large & creux
doublement entouré
Cette tri(le rviéfime, affligét"
eperdue*
Sur les funefies bords croit
ejfredescendue,
Lorsque la parque enfin répondantà/
es voeux
Vient terminer le cours de
ses jours malheureux.
Nomme moysitupeux
quelquemary sans
vice
MaMust cft toute prête
a luy rendre jufttce,
Sera-ce Lijirlas? qui met
avec éclat
Safemme en un convent
par arrejf du Sénat
Et qui trois mois après devenu
doux &Jage
Celebre en un parloir un
fécond mariage.
Sera-ce Lifimon qui toûjours
lntete
Convoqueavecgrandbruit
toute la Facu/té?
Et sur son fort douteux
confiiltant Hipocrate
Fait qu'aux yeux du public
son deshonneur
éclate:
Quel champ!sije parlois
d'un époux furieux
Quiprofanantsans ceJft un
chef-d'oeuvre des cieux
Ofe dans les transports de
sa rage cruelle
Porter sursonépouse une
main criminelle.
Maisje te veux encore
ébaucher un tableau
Remontonssurla Scene&
tirons le rideau.
Dieux que vois-je en dépit
d'une épaifefumée
Que répand dans les airs
maintepipe allumée
Tarmy desflots de vin en
tous lieux répandu9
J'apperçois Trafimontsur
le ventre étendu;
Qui tout pâle& defait rejettefouslatable
Les rebuts odieux d'un repas
qui l'accables
Jlfait pour se lever des effortsviolens,
La terresedérobé à (es pas
chance/ans
De mortelles vapeurs fil
tesse encore peine
Sous de honteux debris de
nouveau le rentrainej
Ilretombe& bien-tojttau*
rore en ce redutt
Viendra nous découvrir
les excés de la nuit;
Bien-tost avec le jour
nous allons voir paroiifre
atre insolens laquais
aussi fMouas isqturee leur
Oui charmez, dans leur
coeur de ce honteuxfracas
Prés de sa femme au lit
le portentfous les bras.
Quelcharme! quelplaifïr!
pour cette trijlefemme
Defsvoir le temain de ce
fPeOaclt infâme
Defintir des vapeurs de
vin & de tabac,
QUexaleprès de foy, un
perfide efiomach.
Tufremis?toutefois dans
le Stecle où noussommes
Chere Eudoxe3voila commefontfaits
les hom-
Quelmérmietés:quelstitresfoapurvèsertaoiunts!
quels titrfsfluverains
Rendent donc les maris &
fifiers&sivains,
Osent-ils se flatter qu'un.
contratautentique>
Leur doine sur les coeurs
un pouvoir tirannique?
Pensent
-
ils que brutaux,
peu comptasans, fâcheux
:A.vares,neghgens, debauchez,,
ombrigeux,
PArez, du nom dépoux ih
ferontsursdeplaire,
du mépris d'un amani
fournis, tendre sincere,
Complaisant,libéral, qui
Jefait nuit &jour
Vnfointoûjours nouveau
de prouverson amour.
Non non, cestseflatter
d'une erreur condamnable
Etpoursefaire aimer, il
faut se rendre aimables
,
Aprés tous cesportraits
bien ou mal ébauchez:..,
Et tant d'autres encor
que jeriay pas tou- cbe
Jras-tu me traitant etennuyeux
pédagogue?
Des martirs de tHimen
grossîr le catalogue,
Non? dans un plein repos
arrête ton dessin,
Ctfi le premier des biens
de vivresans chagrin.
Si dans des vers pi
quansJuvenal enfurie
fait poejfcr pourfou ce.
luy qui semarie3
D'un esprit plus sènsé
concluons aujourd'huy
Que celle qui repoulé est
plus folle que luy.
J. L.D.L.
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Résumé : SATIRE Contre les Maris. / SATIRE.
Le texte est une satire contre les maris, présentée sous forme de dialogue entre l'auteur et Eudoxe. L'auteur précise que son but n'est pas de dissuader ceux qui sont naturellement enclins au mariage, mais de montrer que les désagréments et les chagrins du mariage proviennent souvent des maris plutôt que des femmes. Il espère obtenir le soutien des dames pour éviter les critiques. La satire met en garde contre les dangers et les contraintes d'un mariage hâtif. Les femmes y sont décrites comme des victimes innocentes des lois et des maximes injustes qui les soumettent à des maris trompeurs. Le texte critique les maris, souvent pardonnés et soutenus par la société malgré leurs défauts. L'auteur illustre ses propos par divers exemples de maris avares, joueurs, volages ou jaloux, qui causent du malheur à leurs épouses. Il décrit des situations où les maris ruinent leur famille par leur avarice, leur passion pour le jeu ou leurs infidélités. La satire se termine par une réflexion sur la jalousie excessive et destructrice de certains maris, qui finissent par causer leur propre malheur et celui de leurs épouses. Le texte décrit également une scène tumultueuse et chaotique, où un homme, après des efforts violents, est submergé par des vapeurs mortelles et retombe dans un réduit. Le jour venu, des témoins découvriront les excès de la nuit, observant des comportements insolents et honteux. Un homme est porté près de sa femme, charmé par cette femme malgré le chaos. Le texte critique ensuite les comportements des maris et des pères, soulignant leurs défauts tels que la brutalité, la négligence, la débauche et l'ombrage. Il oppose ces comportements à ceux d'un amant sincère et complaisant, qui prouve constamment son amour. L'auteur conclut en affirmant que pour se faire aimer, il faut se rendre aimable. Il invite à éviter les portraits négatifs et à vivre dans le repos, rejetant les martyres du mariage. En référence à Juvenal, il conclut que celle qui repousse un homme est plus folle que lui. Le texte se termine par les initiales J. L.D.L.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 1904-1917
SUITE de la Lettre de M. Clerot, Avocat au Parlement de Roüen, sur les avantages des Gens mariez en Normandie, &c. SECOND TEMPS.
Début :
Nos premiers Rois de la seconde Race, préparérent, sans y penser, [...]
Mots clefs :
Droit, Femme, Coutume, Normandie, Biens, Mariage, Enfant, Viduité, Saxons, Partie, Maris, Coutumes, Don, Usufruit, Lois, Peuples
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE de la Lettre de M. Clerot, Avocat au Parlement de Roüen, sur les avantages des Gens mariez en Normandie, &c. SECOND TEMPS.
SUITE de la Lettre de M. Clerot
Avocat au Parlement de Rouen , sur
les avantages des Gens mariez en Nor
mandie , &c.
N
SECOND TEMPS..
Os premiers Rois de la seconde
Race , préparérent , sans y penser ,
le changement que la foiblesse des derniers
Rois de cette même Race apporta
dans le Royaume . En effet , Charlemagne
ayant entrepris de dompter , et de
convertir les Saxons , en remplit les différentes
Provinces Les Lombards que ce
Prince mit au nombre de ses sujets , et
qui étoient Saxons d'origine , se répandirent
dans les principales Villes , sous
Louis le Débonnaire ; et les Normands
qui n'étoient autres que Saxons et Danois
, acheverent d'inonder le Royaume
de nouveaux habitans , sous Charles le
Chauve et Charles le Simple.
Il est aisé , Monsieur , de voir dans
l'Histoire , qu'au moins les Côtes Maritimes
, depuis l'extrêmité des Païs - bas,jusques
au fond de la Bretagne , furent
remplies de ces derniers Peuples ; en quoi
1
ils
SEPTEMBRE. 1733. 1905
ils ne firent que se mêler avec leurs an
ciens compatriotes , puisque beaucoup
de Saxons , dans la décadence de l'Empire
, s'étoient emparez de ces Côtes , au
point que notre Païs de Caux , de Ponthieu
, le Boulenois, et autres , en suivent
encore les Loix , que du temps de Grégoire
de Tours , les Habitans de notre
Basse -Normandie étoient encore appellez
Saxons Bayeusains , faisant , comme
je vous le prouverai , partie des Peuples
qui s'allierent aux François , sous le nom
de
Ripuariens , et qui avoient autrefois
porté celui d'Armoriques , c'est-à -dire
Habitans des bords de la Mer.
Ces Peuples avoient entr'eux le Droit
des Fiefs , sur l'origine duquel nos Auteurs
ont tant de peine à s'accorder. Les
Comtes du Palais , dont l'authorité et les
vuës tendoient à usurper la Couronne ,
embrasserent cette nouvelle maniére de
posséder , qui leur paroissoit propre à se
faire des créatures , et delà cette conversion
de Bénéfices en propriétez féodales
, d'où vient enfin la Maxime : Nulle
terre sans Seigneur. Voici comme Beaumanoir
en parle , sur les usages du Beauvoisis
: Vous jugerez par là de quelle maniére
cette maxime s'est introduite.Quand
li Sire , dit cet Auteur , voit aucun de ses
A iiij
SoW
1906 MERCURE DE FRANCE
* Sougiez tenir heritage desquiex il ne rend
nu lui Cens , Rentes ne Redevances, li Sire ,
i peutjetter les mains et tenir comme seu e
propres , car nus , selon notre Coutume , ne
peut pas tenir des Alués , et l'en appelle Al-
Jues ce que l'en tient sans nulle Redevance ,
nu lui ; et se li que s'aperçoit avant que nus
de ses Sougiés , que tel Alues soit tenu en sa
Comtée, il les peut penre comme siens ne n'en
est tenu à rendre ne à répondre à nus de ses
Sougiés, pourche que il est Sire de son Droit
et de tout che que il trouve en Aleux.
La fortune des Seigneurs , et même
des particuliers , devenant plus considérable
, nos Ducs , en embrassant les Loix
Françoises , voulurent que quantité de
biens , qui passoient aux femmes et aux
maris , selon les conventions , ou de la
Loy ou de leurs Contrats, ne fussent plus
possédez qu'à vie ; delà , cette Loy des
Saxons introduite dans le Païs de Caux ,
et qui accordoit la moitié des Conquêts
à la femme en propriété , fut réduite à
l'usufruit , n'ayant plus lieu que pour les
Maisons de Ville , appellées dans notre
vieille Coutume , Biens , in Borgagio ; et
pour les meubles ou effets mobiliers de la
succession : De eo quod vir et mulier simul
conquiserint , mediam portionem mulier acsipiat.
Delà , les Conquêts faits en Coutume
SEPTEMBRE. 1733. 1907
tume générale , qui , selon les Loix Ripuaires
, étoient pour la femme du tiers
en propriété, furent réduits à l'usufruit
sauf , comme nous venons de le dire , les
biens en Bourgage et les meubles , compris
anciennement ; ensemble , sous le
nom d'effets mobiliers , appellez , Catal
la , Catels , Chaptel , Chatels.
Delà le Droit de Viduité du mary ,
qui selon le Capitulaire de Dagobert ,
étoit la propriété des biens que laissoit la
femme , ne fut plus, qu'une possession à
vie : Delà enfin la Dot que les Maris
constituoient en faveur de leurs femmes,
comme ils le trouvoient bon, en donnant
des biens à perpétuité , et en tel nombre
qu'ils vouloient , fut fixée au tiers des
héritages et réduite à un usufruit. Notan
dum ergo est quod relicia in dotem debet
per consuetudinem Normania tertiam partem
totius feodi quod Maritus suus tempore Matrimonii
contracti dinoscitur possidere.
Examinez, Monsieur, le chapitre 102.
de notre ancienne Coutume , et vous y
verrez des exceptions singulières , entre
autres celle- cy : Natandum etiam est quod
nulla mulier Dotem reportabit defeodo Mariti
sui , si inter ipsos divortium fuerit cele
bratum licet pueri ex ipsis procreati hæreditatem
habeant et legitenti reputentur. Ille
A V enim
1908 MERCURE DE FRANCE
enim sola mulier dotanda est de mariti sui
feodo qua in morte cum eodem invenitur
Matrimonio copulata , si autem contracto
Matrimonio maritus decesserit ; nondum ipsis
in simul in eodem receptis cubiculo relictâ
de terrâ suâ nullam Dotempoterit reportare.
Je passe à notre Droit de Viduité , selon
le changement que nous y avons re
marqué.
Une preuve que ce changement est
l'ouvrage de nos premiers Ducs , c'est
que ce droit n'a été introduit en Angleterre
que dans sa restriction d'un Usufruit
; d'où vient que Litleton nous le
rapporte en ces termes : Si lo femme de
vie , le Baron tenra le Fié durant sa vie >
par la Ley d'Angleterre ; d'où vient que
dans le Liv. 2. ch . 58. du Livre appellé
Regiam Majestatem , attribué à David ,
premier Roy d'Ecosse , en 1153. ce droit
est particulierement borné à l'Usufruit :
Si idem vir uxorem suam super vixerit,
sive vixerit hæres , sive non ; illi verò pacificè
in vitâ suâ ,remanebit illa terra;post mortem
verò ejus ad hæredem , si vixerit, vel ad
donatorem vel ejus hæredem terra revertetur.
Dans cette Loy , vous trouverez ;
Monsieur, la preuve que c'est icy le Capitulaire
de Dagobert même , au change
ment près , dont nous venons de parler.
En
SEPTEMBRE . 1733. 1909
En effet , elle veut expressément comme
Capitulaire , que l'Enfant soit entendu
crier et pleurer entre les quatre murailles
: Cum terram aliquam cum uxore sua
quis acceperit in Maritagio et ex eodem haredem
habuerit auditum vel bruyantem inter
quatuorparietes. Ainsi Litleton dit qu'en
Angleterre , où ce droit est appellé Courtoisie
, on prétend qu'il ne peut être acquis
si l'Enfant n'a crié : Ascuns ont dit
que si ne sera tenant par le Curtesie , sinon
que l'Enfant qu'il ad par sa femme soit oye
arier ; car par le crie est prouvé que l'Enfant
né vifve. Ainsi Thomas Smith assure que
L'Enfant doit être vû remuer et entendu
pleurer : Clamando. Passons à présent aux
autres changemens qui ont été apportez
tant à ce Droit qu'aux autres Usages ens
France et en Normandie..
Il s'éleva parmi nous une difficulté ,
sçavoir si le Mari qui se remarioit , conservoit
les effets de ce droit ; il passa qu'il
falloit qu'il restât veuf ; C'est la décision
d'un Arrêt de l'Echiquier , tenu à Falai--
se , au terme de S. Michel , en l'àn 1210 ,
qui s'explique ainsi : Judicatum est quod
maritus qui habuit hæredes de uxore sua:
Maritagium tenebit ejus quandiu erit sine
uxore.
Une autre difficulté s'étoit élevée dans
A vj la:
1910 MERCURE DE FRANCE
le cas où la femme auroit eu un premier
mari ; il paroissoit rude de donner l'Usufruit
du bien de cette femme à un second
mari , tandis qu'elle pouvoit avoir des
enfans du premier : Cela fut terminé à
Paris , dans ce que nous appellons : Etablissemens
de France ; et en Normandie ,
par un Arrêt de l'Echiquier , tenu à Caën,
Pan 1241. au terme de Pâques. Voicy
d'abord comme parlent les Etablissemens,
liv . 1. ch. 11. Gentilhomme tient sa vie ce
que l'en l'y donne aporte de montier en mariage
après la mort de sa femme tout n'ayt
il hoir pour qu'il ait en hoir , qui ait crié
et bret se ainsi est que sa femme li ait été
donnée pucelle . Je ne sçai si cette Loy
exigeoit que les maris fissent paroître
comme chez les Juifs,les témoignages de
la virginité de leurs Epouses ; mais je sçai
que l'Arrêt , dont je viens de parler , ne
nous demande point de preuves si équi
voques ; qu'il se contente d'ordonner
que pour acquerir le droit de viduité il
faut la femme n'ait pas eu de premier
mari. Judicatum est quod si aliquis
bomo ceperit uxorem et non habuerit alterum
virum et habuit hæredes vivos aut mortuos
que
و
>
priùs decessum uxoris sua , tenebit omnem
bareditatem uxoris per totam vitam suam
quandiù vixerit sine uxore. Voilà quelques
SEPTEMBRE . 1733. 1911
ques changemens ; passons aux autres.
La découverte du Droit Justinien , faite
dans le milieu du 12 siécle, ayant porté les
François à embrasser avec chaleur l'étude
des Loix Romaines, il n'est pas croya
ble combien cette étude et l'abus qu'on
en fit , défigura le Droit Municipal : Je ne
vous dirai rien de moi - même ; voyez la
Dissertation que vous avez sur la recep
tion du Droit Civil en France ; voicy
comme elle s'explique : Les subtilitez du
Droit Romain ne servirent qu'à opprimer
la vérité et l'innocence , à faire la guerre
au bon sens et à faire triompher l'injustice
et le mensonge , à chasser peu à peu cette ancienne
probité et simplicité Gauloise , qui
faisoit la félicité des Peuples de France.
}
>
Si vous souhaités , Monsieur , un Auteur
moins suspect , vous pouvez voir
Pierre des Fontaines , Conseiller de saint
Louis et un des Maîtres du Parlement :
Voicy comme cet Auteur qui écrivoit
en 1250 , s'explique : Mais as Coutumes
ke nous avons me truit moult ébabys , purce
que les anchiennes Coutumes ke li prudommes
soloient tenir et usien sient moult anoïenties
, partie per bailliens et per prévos , ki
plus entendent à leur volenté faire, ké a user
des Coutumes, et partie per le volenté à ceux
qui plus sa herdene à leurs avis ke as faits
des
1912 MERCURE DE FRANCE
li
des anchiens ; partie plus par les Rices qui
ont soufiert et depouillés les poures et ores
sont le riches par les poures de pooste. Si ke
Pay's est à bien pres sans coutumes . Si ke
puis n'a pas avis d'ou de quatre ou de trois:
faits est ample de coutumes ki tiegnent , et de
cet al avient il a le fois ke cix en pert ki
gaagnierdent, car li avis est mult perilleux,
kne sient en Loix Ecritte ou Coutume.
éprouvée ; car nulle coutume n'est plus plé
niérement destintée comme de Droit faire si
comme le Loy dit..
Ainsi , pour ne point sortir de notre
espéce , ce que nous appellons la Dot des
femmes, fut nommé leur Douaire fixé en
France , par les chap. 14. des Etablissemens
, comme il avoit été en Normandie
, c'est- à- dire , au tiers à vie . Ce Douaire
dans quelque partie du Royaume a
changé , en conséquence de l'Ordonnance
rendue par Philippe Auguste , en 1214
qui le regle à la moitié également à vie,
sur les biens du mari.
Ce que nous appellions Maritagium ;.
Mariage de la femme , fut appellé Dot
à la maniere des Romains , et dans le cas
où ce mariage n'étoit qu'en deniers , on
le divisa chez nous en deux parties . La
premiere , que le mary assignoit sur un
certain fonds de son Patrimoine, et dont
la
SEPTEMBRE. 1733. 1913
la valeur étoit proportionnée , ce qui fuc
essentiellement la Dot ; et la seconde ,
qui teroit lieu du Present de nôces , .fait
au Mary par la femme ; ce qui fut véritablement
appellé le Don mobile , et qui
consistoit en si peu de chose , que notre
ancienne Coutume et notre nouvelle n'en
ont fait aucune disposition expresse.
Ce que nous appellons Osculagium , à
cause que dans les premiers temps la consommation
de tous les marchez se terminoit
par le Baiser , dont on faisoit
même mention dans la Chartre , appellée
pour cela Libellum Osculi , fut désigné
chez nous sous cette dénomination
Grecque et Latine , Paraphernaux. La cérémonie
du Baiser de paix devint un
Droit féodal , que les Seigneurs se reserverent
; d'où vient ce terme de droit
de Culage , exprimé par corruption , dans
les anciens Aveux , pour Osculage. Vous
sçavez que le Président de la Ferté a plusieurs
Vassaux dans sa Paroisse de Vibeuf,
qui lui doivent encore le droit de Culage.
Quant au droit de Viduité , observez ,
s'il vous plaît , que l'Auteur de notre
vieux Coutumier, peu fidele en plusieurs
articles , a crû pouvoir sur celui - ci retrancher
ce que les anciennes Loix ont
dit de la nécessité d'entendre l'Enfant
crier
1914 MERCURE DE FRANCE
crier , et qu'il ne s'est pas même expliqué
sur l'état de la femme avant son
mariage . Voici comme il parle : Cotiume
est en Normandie de pieça si ung homme
a eu Enfant qui ait été ney vif, jaçoit ce
qu'il ne vive , mais oulle la terre qu'il tenoit
de par sa femme au temps qu'elle mous
rût, lui remaindra tant comme il se tendra
de marier quand il sera mort , ou quand il
sera.marié , la terre qu'il tenoit par la raison
de la veuveté reviendra aux boirs à la femme
à qui elle devoit échoir de la mort.Vous
sçavez , sans doute, que le mot Pieça,a fait
tomber dans l'erreur tous ceux qui n'ont
pas cu le Texte Latin, où nous trouvons :
Consuetudo enim est in Normannia ex antiquitate
approbata.
-
Nous voyons que dans le temps de
Charles VI. le Droit de Viduité avoit en
core quelque vigueur en France, puisque
Bouteiller , Conseiller Maître du Parlement
, et qui vivoit sous le Regne de ce
Prince , nous assure en sa Somme Rurale
, que dans la Prevôté de Paris , à Orléans
, en Anjou et en Touraine , ce Droit
y étoit encore reçû : Sçachez , dit- il , que
Gentilhomme tient durant sa vie ce que don
né lui est en Mariage aporte de Montier
àl'Epousaille faite après la mort de sa femme,
j'açait que nuls enfans n'ait , mais que
beir
SEPTEMBRE . 1733. 1915
hoir maale ait eu qui ait eu vie sur terre et
que la femme l'y ait été donnée Pucelle ; car
Sveuve l'avoit prinse , ou notoirement diffamée
non Pucelle , le don ne tiendroit après
la mort d'icelle. Ce Droit , enfin , à l'exception
de la Normandie , s'est éteint en
France , et nous n'en voyons de vestiges
bien marquez que dans les Coûtumes aux
extrêmitez du Royaume , comme celle de
Bayonne , tit. 19. art. 12. et celle des
Bailliages de Lorraine , art . 12 , 14 et 17.
Ceux qui ont rédigé notre nouvelle
Coûtume , se sont icy attachez scrupu
leusement à l'ancienne , sans s'embarrasser
si l'Auteur a suivi les vrais principes
et en adoptant son erreur grossiere dans
le cas où la femme décédée a des enfans
d'un premier mariage ; ils ont ajoûté que
le mary non-seulement a le droit de viduité
sur les biens de sa femme , encore
bien qu'elle aye été veuve et mere, mais
que ce droit lui est acquis , an préjudice
des Enfans de saditte femme , de quelques
mariages qu'ils soient sortis.
Il ne me reste plus qu'à vous parler du
Don mobile; ce n'étoit encore en ces derniers
tems qu'un simple présent de nôces,
et qui ne consistoit qu'en quelques effets
mobiliers , si peu considérables , que ce
Droit même , comme nous venons de
l'ob1916
MERCURE DE FRANCE
l'observer , n'a pas mérité l'attention de
nos Rédacteurs ; voyons comment il est
devenu important :
D'abord les femmes qui n'ont apporté
en Dot que des héritages , ont fait présent
à leurs maris d'une certaine somme
en Don mobile , à prendre sur leurs immeubles
jusqu'à la concurrence du tiers.
Cela a causé des contestations ; mais les
Arrêts se sont enfin déclarez en faveur
des maris.
>
Ensuite certe Jurisprudence étant bien
affermie , on a fait des Contrats de mariage
, où la femme a donné en Don mobile
le tiers de ses Immeubles ; cela a encore
produit des contestations; mais enfin
les Arrêts ont encore décidé en faveur des
maris , et en 1666 , on en a fait un Reglement
, afin que cela ne formât plus de
difficulté.
Voilà , Monsieur , une partie de ce que
j'ai observé sur les avantages des gens
mariez en notre Province ; si-tôt que je
serai débarrassé de quelques affaires domestiques
, je vous ferai part , pour diversifier
les matieres , de quelques découvertes
singulieres sur notre Païs de Caux,
sur le Royaume d'Ivetot , les Comtez
d'Arques et d'Eu ; les Peuples de Yexmes
et de Bayeux . Je vous donnerai ausși
quelSEPTEMBRE.
1733. 1917
quelques observations sur plusieurs Dignitez
singulieres à la Normandie , et sur
les familles qui les ont possédées ; par
exemple , vous ne seriez peut - être pas
fâché de sçavoir ce que c'étoit que cette
Vicomté de Cotentin , dont étoit Vicomte
le Brave Néel , si fameux dans notre
Histoire; ce que c'est encore que le Titre
de Vidame de Normandie , possédé par
P'Illustre Maison d'Esneval . Je suis,Monsieur
, & c.
Avocat au Parlement de Rouen , sur
les avantages des Gens mariez en Nor
mandie , &c.
N
SECOND TEMPS..
Os premiers Rois de la seconde
Race , préparérent , sans y penser ,
le changement que la foiblesse des derniers
Rois de cette même Race apporta
dans le Royaume . En effet , Charlemagne
ayant entrepris de dompter , et de
convertir les Saxons , en remplit les différentes
Provinces Les Lombards que ce
Prince mit au nombre de ses sujets , et
qui étoient Saxons d'origine , se répandirent
dans les principales Villes , sous
Louis le Débonnaire ; et les Normands
qui n'étoient autres que Saxons et Danois
, acheverent d'inonder le Royaume
de nouveaux habitans , sous Charles le
Chauve et Charles le Simple.
Il est aisé , Monsieur , de voir dans
l'Histoire , qu'au moins les Côtes Maritimes
, depuis l'extrêmité des Païs - bas,jusques
au fond de la Bretagne , furent
remplies de ces derniers Peuples ; en quoi
1
ils
SEPTEMBRE. 1733. 1905
ils ne firent que se mêler avec leurs an
ciens compatriotes , puisque beaucoup
de Saxons , dans la décadence de l'Empire
, s'étoient emparez de ces Côtes , au
point que notre Païs de Caux , de Ponthieu
, le Boulenois, et autres , en suivent
encore les Loix , que du temps de Grégoire
de Tours , les Habitans de notre
Basse -Normandie étoient encore appellez
Saxons Bayeusains , faisant , comme
je vous le prouverai , partie des Peuples
qui s'allierent aux François , sous le nom
de
Ripuariens , et qui avoient autrefois
porté celui d'Armoriques , c'est-à -dire
Habitans des bords de la Mer.
Ces Peuples avoient entr'eux le Droit
des Fiefs , sur l'origine duquel nos Auteurs
ont tant de peine à s'accorder. Les
Comtes du Palais , dont l'authorité et les
vuës tendoient à usurper la Couronne ,
embrasserent cette nouvelle maniére de
posséder , qui leur paroissoit propre à se
faire des créatures , et delà cette conversion
de Bénéfices en propriétez féodales
, d'où vient enfin la Maxime : Nulle
terre sans Seigneur. Voici comme Beaumanoir
en parle , sur les usages du Beauvoisis
: Vous jugerez par là de quelle maniére
cette maxime s'est introduite.Quand
li Sire , dit cet Auteur , voit aucun de ses
A iiij
SoW
1906 MERCURE DE FRANCE
* Sougiez tenir heritage desquiex il ne rend
nu lui Cens , Rentes ne Redevances, li Sire ,
i peutjetter les mains et tenir comme seu e
propres , car nus , selon notre Coutume , ne
peut pas tenir des Alués , et l'en appelle Al-
Jues ce que l'en tient sans nulle Redevance ,
nu lui ; et se li que s'aperçoit avant que nus
de ses Sougiés , que tel Alues soit tenu en sa
Comtée, il les peut penre comme siens ne n'en
est tenu à rendre ne à répondre à nus de ses
Sougiés, pourche que il est Sire de son Droit
et de tout che que il trouve en Aleux.
La fortune des Seigneurs , et même
des particuliers , devenant plus considérable
, nos Ducs , en embrassant les Loix
Françoises , voulurent que quantité de
biens , qui passoient aux femmes et aux
maris , selon les conventions , ou de la
Loy ou de leurs Contrats, ne fussent plus
possédez qu'à vie ; delà , cette Loy des
Saxons introduite dans le Païs de Caux ,
et qui accordoit la moitié des Conquêts
à la femme en propriété , fut réduite à
l'usufruit , n'ayant plus lieu que pour les
Maisons de Ville , appellées dans notre
vieille Coutume , Biens , in Borgagio ; et
pour les meubles ou effets mobiliers de la
succession : De eo quod vir et mulier simul
conquiserint , mediam portionem mulier acsipiat.
Delà , les Conquêts faits en Coutume
SEPTEMBRE. 1733. 1907
tume générale , qui , selon les Loix Ripuaires
, étoient pour la femme du tiers
en propriété, furent réduits à l'usufruit
sauf , comme nous venons de le dire , les
biens en Bourgage et les meubles , compris
anciennement ; ensemble , sous le
nom d'effets mobiliers , appellez , Catal
la , Catels , Chaptel , Chatels.
Delà le Droit de Viduité du mary ,
qui selon le Capitulaire de Dagobert ,
étoit la propriété des biens que laissoit la
femme , ne fut plus, qu'une possession à
vie : Delà enfin la Dot que les Maris
constituoient en faveur de leurs femmes,
comme ils le trouvoient bon, en donnant
des biens à perpétuité , et en tel nombre
qu'ils vouloient , fut fixée au tiers des
héritages et réduite à un usufruit. Notan
dum ergo est quod relicia in dotem debet
per consuetudinem Normania tertiam partem
totius feodi quod Maritus suus tempore Matrimonii
contracti dinoscitur possidere.
Examinez, Monsieur, le chapitre 102.
de notre ancienne Coutume , et vous y
verrez des exceptions singulières , entre
autres celle- cy : Natandum etiam est quod
nulla mulier Dotem reportabit defeodo Mariti
sui , si inter ipsos divortium fuerit cele
bratum licet pueri ex ipsis procreati hæreditatem
habeant et legitenti reputentur. Ille
A V enim
1908 MERCURE DE FRANCE
enim sola mulier dotanda est de mariti sui
feodo qua in morte cum eodem invenitur
Matrimonio copulata , si autem contracto
Matrimonio maritus decesserit ; nondum ipsis
in simul in eodem receptis cubiculo relictâ
de terrâ suâ nullam Dotempoterit reportare.
Je passe à notre Droit de Viduité , selon
le changement que nous y avons re
marqué.
Une preuve que ce changement est
l'ouvrage de nos premiers Ducs , c'est
que ce droit n'a été introduit en Angleterre
que dans sa restriction d'un Usufruit
; d'où vient que Litleton nous le
rapporte en ces termes : Si lo femme de
vie , le Baron tenra le Fié durant sa vie >
par la Ley d'Angleterre ; d'où vient que
dans le Liv. 2. ch . 58. du Livre appellé
Regiam Majestatem , attribué à David ,
premier Roy d'Ecosse , en 1153. ce droit
est particulierement borné à l'Usufruit :
Si idem vir uxorem suam super vixerit,
sive vixerit hæres , sive non ; illi verò pacificè
in vitâ suâ ,remanebit illa terra;post mortem
verò ejus ad hæredem , si vixerit, vel ad
donatorem vel ejus hæredem terra revertetur.
Dans cette Loy , vous trouverez ;
Monsieur, la preuve que c'est icy le Capitulaire
de Dagobert même , au change
ment près , dont nous venons de parler.
En
SEPTEMBRE . 1733. 1909
En effet , elle veut expressément comme
Capitulaire , que l'Enfant soit entendu
crier et pleurer entre les quatre murailles
: Cum terram aliquam cum uxore sua
quis acceperit in Maritagio et ex eodem haredem
habuerit auditum vel bruyantem inter
quatuorparietes. Ainsi Litleton dit qu'en
Angleterre , où ce droit est appellé Courtoisie
, on prétend qu'il ne peut être acquis
si l'Enfant n'a crié : Ascuns ont dit
que si ne sera tenant par le Curtesie , sinon
que l'Enfant qu'il ad par sa femme soit oye
arier ; car par le crie est prouvé que l'Enfant
né vifve. Ainsi Thomas Smith assure que
L'Enfant doit être vû remuer et entendu
pleurer : Clamando. Passons à présent aux
autres changemens qui ont été apportez
tant à ce Droit qu'aux autres Usages ens
France et en Normandie..
Il s'éleva parmi nous une difficulté ,
sçavoir si le Mari qui se remarioit , conservoit
les effets de ce droit ; il passa qu'il
falloit qu'il restât veuf ; C'est la décision
d'un Arrêt de l'Echiquier , tenu à Falai--
se , au terme de S. Michel , en l'àn 1210 ,
qui s'explique ainsi : Judicatum est quod
maritus qui habuit hæredes de uxore sua:
Maritagium tenebit ejus quandiu erit sine
uxore.
Une autre difficulté s'étoit élevée dans
A vj la:
1910 MERCURE DE FRANCE
le cas où la femme auroit eu un premier
mari ; il paroissoit rude de donner l'Usufruit
du bien de cette femme à un second
mari , tandis qu'elle pouvoit avoir des
enfans du premier : Cela fut terminé à
Paris , dans ce que nous appellons : Etablissemens
de France ; et en Normandie ,
par un Arrêt de l'Echiquier , tenu à Caën,
Pan 1241. au terme de Pâques. Voicy
d'abord comme parlent les Etablissemens,
liv . 1. ch. 11. Gentilhomme tient sa vie ce
que l'en l'y donne aporte de montier en mariage
après la mort de sa femme tout n'ayt
il hoir pour qu'il ait en hoir , qui ait crié
et bret se ainsi est que sa femme li ait été
donnée pucelle . Je ne sçai si cette Loy
exigeoit que les maris fissent paroître
comme chez les Juifs,les témoignages de
la virginité de leurs Epouses ; mais je sçai
que l'Arrêt , dont je viens de parler , ne
nous demande point de preuves si équi
voques ; qu'il se contente d'ordonner
que pour acquerir le droit de viduité il
faut la femme n'ait pas eu de premier
mari. Judicatum est quod si aliquis
bomo ceperit uxorem et non habuerit alterum
virum et habuit hæredes vivos aut mortuos
que
و
>
priùs decessum uxoris sua , tenebit omnem
bareditatem uxoris per totam vitam suam
quandiù vixerit sine uxore. Voilà quelques
SEPTEMBRE . 1733. 1911
ques changemens ; passons aux autres.
La découverte du Droit Justinien , faite
dans le milieu du 12 siécle, ayant porté les
François à embrasser avec chaleur l'étude
des Loix Romaines, il n'est pas croya
ble combien cette étude et l'abus qu'on
en fit , défigura le Droit Municipal : Je ne
vous dirai rien de moi - même ; voyez la
Dissertation que vous avez sur la recep
tion du Droit Civil en France ; voicy
comme elle s'explique : Les subtilitez du
Droit Romain ne servirent qu'à opprimer
la vérité et l'innocence , à faire la guerre
au bon sens et à faire triompher l'injustice
et le mensonge , à chasser peu à peu cette ancienne
probité et simplicité Gauloise , qui
faisoit la félicité des Peuples de France.
}
>
Si vous souhaités , Monsieur , un Auteur
moins suspect , vous pouvez voir
Pierre des Fontaines , Conseiller de saint
Louis et un des Maîtres du Parlement :
Voicy comme cet Auteur qui écrivoit
en 1250 , s'explique : Mais as Coutumes
ke nous avons me truit moult ébabys , purce
que les anchiennes Coutumes ke li prudommes
soloient tenir et usien sient moult anoïenties
, partie per bailliens et per prévos , ki
plus entendent à leur volenté faire, ké a user
des Coutumes, et partie per le volenté à ceux
qui plus sa herdene à leurs avis ke as faits
des
1912 MERCURE DE FRANCE
li
des anchiens ; partie plus par les Rices qui
ont soufiert et depouillés les poures et ores
sont le riches par les poures de pooste. Si ke
Pay's est à bien pres sans coutumes . Si ke
puis n'a pas avis d'ou de quatre ou de trois:
faits est ample de coutumes ki tiegnent , et de
cet al avient il a le fois ke cix en pert ki
gaagnierdent, car li avis est mult perilleux,
kne sient en Loix Ecritte ou Coutume.
éprouvée ; car nulle coutume n'est plus plé
niérement destintée comme de Droit faire si
comme le Loy dit..
Ainsi , pour ne point sortir de notre
espéce , ce que nous appellons la Dot des
femmes, fut nommé leur Douaire fixé en
France , par les chap. 14. des Etablissemens
, comme il avoit été en Normandie
, c'est- à- dire , au tiers à vie . Ce Douaire
dans quelque partie du Royaume a
changé , en conséquence de l'Ordonnance
rendue par Philippe Auguste , en 1214
qui le regle à la moitié également à vie,
sur les biens du mari.
Ce que nous appellions Maritagium ;.
Mariage de la femme , fut appellé Dot
à la maniere des Romains , et dans le cas
où ce mariage n'étoit qu'en deniers , on
le divisa chez nous en deux parties . La
premiere , que le mary assignoit sur un
certain fonds de son Patrimoine, et dont
la
SEPTEMBRE. 1733. 1913
la valeur étoit proportionnée , ce qui fuc
essentiellement la Dot ; et la seconde ,
qui teroit lieu du Present de nôces , .fait
au Mary par la femme ; ce qui fut véritablement
appellé le Don mobile , et qui
consistoit en si peu de chose , que notre
ancienne Coutume et notre nouvelle n'en
ont fait aucune disposition expresse.
Ce que nous appellons Osculagium , à
cause que dans les premiers temps la consommation
de tous les marchez se terminoit
par le Baiser , dont on faisoit
même mention dans la Chartre , appellée
pour cela Libellum Osculi , fut désigné
chez nous sous cette dénomination
Grecque et Latine , Paraphernaux. La cérémonie
du Baiser de paix devint un
Droit féodal , que les Seigneurs se reserverent
; d'où vient ce terme de droit
de Culage , exprimé par corruption , dans
les anciens Aveux , pour Osculage. Vous
sçavez que le Président de la Ferté a plusieurs
Vassaux dans sa Paroisse de Vibeuf,
qui lui doivent encore le droit de Culage.
Quant au droit de Viduité , observez ,
s'il vous plaît , que l'Auteur de notre
vieux Coutumier, peu fidele en plusieurs
articles , a crû pouvoir sur celui - ci retrancher
ce que les anciennes Loix ont
dit de la nécessité d'entendre l'Enfant
crier
1914 MERCURE DE FRANCE
crier , et qu'il ne s'est pas même expliqué
sur l'état de la femme avant son
mariage . Voici comme il parle : Cotiume
est en Normandie de pieça si ung homme
a eu Enfant qui ait été ney vif, jaçoit ce
qu'il ne vive , mais oulle la terre qu'il tenoit
de par sa femme au temps qu'elle mous
rût, lui remaindra tant comme il se tendra
de marier quand il sera mort , ou quand il
sera.marié , la terre qu'il tenoit par la raison
de la veuveté reviendra aux boirs à la femme
à qui elle devoit échoir de la mort.Vous
sçavez , sans doute, que le mot Pieça,a fait
tomber dans l'erreur tous ceux qui n'ont
pas cu le Texte Latin, où nous trouvons :
Consuetudo enim est in Normannia ex antiquitate
approbata.
-
Nous voyons que dans le temps de
Charles VI. le Droit de Viduité avoit en
core quelque vigueur en France, puisque
Bouteiller , Conseiller Maître du Parlement
, et qui vivoit sous le Regne de ce
Prince , nous assure en sa Somme Rurale
, que dans la Prevôté de Paris , à Orléans
, en Anjou et en Touraine , ce Droit
y étoit encore reçû : Sçachez , dit- il , que
Gentilhomme tient durant sa vie ce que don
né lui est en Mariage aporte de Montier
àl'Epousaille faite après la mort de sa femme,
j'açait que nuls enfans n'ait , mais que
beir
SEPTEMBRE . 1733. 1915
hoir maale ait eu qui ait eu vie sur terre et
que la femme l'y ait été donnée Pucelle ; car
Sveuve l'avoit prinse , ou notoirement diffamée
non Pucelle , le don ne tiendroit après
la mort d'icelle. Ce Droit , enfin , à l'exception
de la Normandie , s'est éteint en
France , et nous n'en voyons de vestiges
bien marquez que dans les Coûtumes aux
extrêmitez du Royaume , comme celle de
Bayonne , tit. 19. art. 12. et celle des
Bailliages de Lorraine , art . 12 , 14 et 17.
Ceux qui ont rédigé notre nouvelle
Coûtume , se sont icy attachez scrupu
leusement à l'ancienne , sans s'embarrasser
si l'Auteur a suivi les vrais principes
et en adoptant son erreur grossiere dans
le cas où la femme décédée a des enfans
d'un premier mariage ; ils ont ajoûté que
le mary non-seulement a le droit de viduité
sur les biens de sa femme , encore
bien qu'elle aye été veuve et mere, mais
que ce droit lui est acquis , an préjudice
des Enfans de saditte femme , de quelques
mariages qu'ils soient sortis.
Il ne me reste plus qu'à vous parler du
Don mobile; ce n'étoit encore en ces derniers
tems qu'un simple présent de nôces,
et qui ne consistoit qu'en quelques effets
mobiliers , si peu considérables , que ce
Droit même , comme nous venons de
l'ob1916
MERCURE DE FRANCE
l'observer , n'a pas mérité l'attention de
nos Rédacteurs ; voyons comment il est
devenu important :
D'abord les femmes qui n'ont apporté
en Dot que des héritages , ont fait présent
à leurs maris d'une certaine somme
en Don mobile , à prendre sur leurs immeubles
jusqu'à la concurrence du tiers.
Cela a causé des contestations ; mais les
Arrêts se sont enfin déclarez en faveur
des maris.
>
Ensuite certe Jurisprudence étant bien
affermie , on a fait des Contrats de mariage
, où la femme a donné en Don mobile
le tiers de ses Immeubles ; cela a encore
produit des contestations; mais enfin
les Arrêts ont encore décidé en faveur des
maris , et en 1666 , on en a fait un Reglement
, afin que cela ne formât plus de
difficulté.
Voilà , Monsieur , une partie de ce que
j'ai observé sur les avantages des gens
mariez en notre Province ; si-tôt que je
serai débarrassé de quelques affaires domestiques
, je vous ferai part , pour diversifier
les matieres , de quelques découvertes
singulieres sur notre Païs de Caux,
sur le Royaume d'Ivetot , les Comtez
d'Arques et d'Eu ; les Peuples de Yexmes
et de Bayeux . Je vous donnerai ausși
quelSEPTEMBRE.
1733. 1917
quelques observations sur plusieurs Dignitez
singulieres à la Normandie , et sur
les familles qui les ont possédées ; par
exemple , vous ne seriez peut - être pas
fâché de sçavoir ce que c'étoit que cette
Vicomté de Cotentin , dont étoit Vicomte
le Brave Néel , si fameux dans notre
Histoire; ce que c'est encore que le Titre
de Vidame de Normandie , possédé par
P'Illustre Maison d'Esneval . Je suis,Monsieur
, & c.
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Résumé : SUITE de la Lettre de M. Clerot, Avocat au Parlement de Roüen, sur les avantages des Gens mariez en Normandie, &c. SECOND TEMPS.
Le texte explore les transformations juridiques et sociales en Normandie et en France, influencées par les migrations et les évolutions législatives. Les premiers rois de la seconde race, tels que Charlemagne, Louis le Débonnaire, Charles le Chauve et Charles le Simple, ont facilité l'installation de nouveaux peuples comme les Saxons, les Lombards et les Normands, qui ont introduit des droits féodaux et des coutumes modifiant les structures de propriété et de succession. Les comtes du Palais ont adopté le droit des fiefs pour créer des dépendances, aboutissant à la maxime 'Nulle terre sans Seigneur'. Les ducs normands ont adapté les lois franques, réduisant les droits des femmes sur les conquêtes et les dots. Par exemple, la loi saxonne accordant la moitié des conquêtes aux femmes a été réduite à l'usufruit, sauf pour les biens en bourgage et les meubles. Le droit de viduité, initialement une propriété, est devenu une possession à vie. La dot, autrefois constituée librement par les maris, a été fixée au tiers des héritages et réduite à un usufruit. Des arrêts et des coutumes, comme ceux de l'Échiquier de Normandie, ont précisé ces droits, notamment en exigeant que la femme n'ait pas eu de premier mari pour bénéficier de la viduité. La découverte du droit justinien au XIIe siècle a influencé les lois municipales, souvent au détriment des coutumes locales. Des auteurs comme Pierre des Fontaines ont critiqué cette évolution, soulignant la perte de la simplicité gauloise au profit de subtilités romaines. Le texte mentionne également des transformations dans les termes juridiques, comme la dot et le douaire, et des pratiques féodales telles que le droit de culage. En Normandie, le droit de viduité s'est éteint, sauf dans certaines coutumes aux extrémités du royaume, comme celles de Bayonne et des bailliages de Lorraine. Les rédacteurs de la nouvelle coutume ont adopté ce droit, même dans les cas où la femme décédée avait des enfants d'un premier mariage, au préjudice de ces enfants. Le don mobile, initialement un simple présent de noces, est devenu plus important avec le temps, les femmes apportant en dot des héritages et faisant présent à leurs maris d'une somme en don mobile, souvent le tiers de leurs immeubles. Des contestations ont surgi, mais les arrêts ont systématiquement décidé en faveur des maris, aboutissant à un règlement en 1666 pour éviter les difficultés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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