Résultats : 485 texte(s)
Détail
Liste
53
p. 355-356
ENIGME.
Début :
Nous sommes nombre impair de gaillardes femelles [...]
Mots clefs :
Notes de musique
54
p. 350
AIR NOUVEAU.
Début :
Je vous envoye une Chanson nouvelle ; elle est de Mr. / Le Vin est necessaire [...]
Mots clefs :
Vin, Bacchus, Amour, Pots
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texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
Je vous envoye une Chanfon nouvelle ; elle eft de M
Charles.
AIR NOUVEAU.
LeVin eft neceffaire
Quandon veut vivre en repos ,
Si le Dieu d'Amour altere
ne plaire
Bachus vientfort à propos ; ~
Tous les deuxfçavent me
J'aimel'Amour & les Pots.
Charles.
AIR NOUVEAU.
LeVin eft neceffaire
Quandon veut vivre en repos ,
Si le Dieu d'Amour altere
ne plaire
Bachus vientfort à propos ; ~
Tous les deuxfçavent me
J'aimel'Amour & les Pots.
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55
p. 200-201
AIR NOUVEAU.
Début :
Comme la joye convient aux mariages, & les chansons à la / Plus le Char du Soleil s'empresse [...]
Mots clefs :
Soleil, Guerrier, Gloire
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texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
Commela joye convient aux
mariages , & les chanſons à la
joye, j'ay crû devoir placer icy
l'Air fuivant. suoxid
AIR NOUVEAU. vuol
Plus le Char du Soleil s'em
prefe
GALANT 201
Aremonterfur l'horifon
Plus il avance une Saifon
Qui force tourGuerrier à laifferfa
Maiftreffe
Et for Cellier à l'abandon.
La Gloire n'est qu'une manie
Qu'on n'avoitpas aufiecle d'or,
Vivons l'âge du bon Neftor
Lamort la plus illuftre fut l'inftgne folie
¿D'un $
Guerrier qui vivroitencor.
Ces paroles font de M' d'Aubicourt dont vous admirez
fouvent l'efprit galant & enjoué ; & l'Air de M de Villeneuve.
mariages , & les chanſons à la
joye, j'ay crû devoir placer icy
l'Air fuivant. suoxid
AIR NOUVEAU. vuol
Plus le Char du Soleil s'em
prefe
GALANT 201
Aremonterfur l'horifon
Plus il avance une Saifon
Qui force tourGuerrier à laifferfa
Maiftreffe
Et for Cellier à l'abandon.
La Gloire n'est qu'une manie
Qu'on n'avoitpas aufiecle d'or,
Vivons l'âge du bon Neftor
Lamort la plus illuftre fut l'inftgne folie
¿D'un $
Guerrier qui vivroitencor.
Ces paroles font de M' d'Aubicourt dont vous admirez
fouvent l'efprit galant & enjoué ; & l'Air de M de Villeneuve.
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Résumé : AIR NOUVEAU.
Le poème 'AIR NOUVEAU' compare l'ascension du soleil à la progression de la vie. Il critique la quête de gloire, qualifiée de 'manie' sans valeur, et prône une vie simple et paisible. Le texte met en garde contre la folie de chercher la mort pour la gloire. Les paroles sont de M. d'Aubicourt, la musique de M. de Villeneuve.
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56
p. 349-350
AIR NOUVEAU.
Début :
L'Air qui suit est de Monsieur Charles. / On n'entend plus aux Champs [...]
Mots clefs :
Instruments, Musettes
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texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
L'Air qui fuit eft de Monfieur Charles.
A
350 MERCURE
AIR NOUVEAU.
On n'entendplus aux Champs
Le doux bruitdes Mufettes ;
Les Tambours , les Trompettes
Sont les feuls Inftrumens
Qui regnent en ce temps.
A
350 MERCURE
AIR NOUVEAU.
On n'entendplus aux Champs
Le doux bruitdes Mufettes ;
Les Tambours , les Trompettes
Sont les feuls Inftrumens
Qui regnent en ce temps.
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57
p. 167-169
AIR NOUVEAU.
Début :
Je crois que je ne fermeray pas ma Lettre sans y ajoûter [...]
Mots clefs :
Printemps, Ans, Venger
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texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
e crois que je ne fermeray
168 MERCURE
pas ma Lettre fans y ajoûter
de nouvelles Prifes , & de nouvelles Expeditions de Mer , la
Marine de France ne laiffant
prefque pas paffer un jour fans
fe fignaler. Cependant , pour
obferver la diverfité que vous
me demandez , & qui vous fait
tant de plaifir , je paffe à un
Printemps nouveau , les Printemps eftant tous les ans auffi
ordinaires que fouhaitez en ce
temps- cy.
AIR NOUVEAU.
Quoy? dans nos champs tout renouvelle
Et le Berger qui venoit tous les
ans
M'annoncer le Printemps ,
Nerevient pointparler d'une SaiSonfibelle:
Peut- eftre que l'Ingrat eft devenu
leger
Ah! pourquoyfaut-il queje l'ai
*
me
Fe le devrois changer
Dans ma douleur extrême
Etje mourrayfans me vanger
168 MERCURE
pas ma Lettre fans y ajoûter
de nouvelles Prifes , & de nouvelles Expeditions de Mer , la
Marine de France ne laiffant
prefque pas paffer un jour fans
fe fignaler. Cependant , pour
obferver la diverfité que vous
me demandez , & qui vous fait
tant de plaifir , je paffe à un
Printemps nouveau , les Printemps eftant tous les ans auffi
ordinaires que fouhaitez en ce
temps- cy.
AIR NOUVEAU.
Quoy? dans nos champs tout renouvelle
Et le Berger qui venoit tous les
ans
M'annoncer le Printemps ,
Nerevient pointparler d'une SaiSonfibelle:
Peut- eftre que l'Ingrat eft devenu
leger
Ah! pourquoyfaut-il queje l'ai
*
me
Fe le devrois changer
Dans ma douleur extrême
Etje mourrayfans me vanger
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Résumé : AIR NOUVEAU.
La lettre décrit l'activité continue de la marine française, signalant de nouvelles prises et expéditions. L'auteur souhaite décrire un nouveau printemps, soulignant leur caractère ordinaire. Elle inclut un poème, 'AIR NOUVEAU', où le narrateur s'étonne de l'absence du berger annonçant le printemps, exprimant douleur et désir de vengeance.
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58
p. 346-347
AIR NOUVEAU.
Début :
Voicy encore un Printemps nouveau. / L'Heureux Printemps est de retour, [...]
Mots clefs :
Printemps, Amour
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texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
Voicy encore un Printemps
nouveau.
AIR NOUVEAU.
L'heureux Printemps eft de retour,
Sa douceur infpire l'amour;Son émail enrichit nos vergers &
nos plaines :
Mais tant de beautez tant d'appass
Peuvent- ilsfoulager mes peines ;
Si mon Iris ne m'aime pas.
nouveau.
AIR NOUVEAU.
L'heureux Printemps eft de retour,
Sa douceur infpire l'amour;Son émail enrichit nos vergers &
nos plaines :
Mais tant de beautez tant d'appass
Peuvent- ilsfoulager mes peines ;
Si mon Iris ne m'aime pas.
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59
p. 206-207
AIR NOUVEAU.
Début :
L'Amour & le Vin s'accommodent bien ensemble, puisque l'on [...]
Mots clefs :
Vendange, Vin
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texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
L'Amour & lc~Vin s'accommodent bien ensemble, puisque l'on dit ordinairement,
fine Bacchofriget Venus. C'est
pourquoy je crois ne pouvoir
mieux placer qu'icy la Chanson suivante.AIR NOUVEAU.
Ne craignons plus pour le Jus de
la Tonne,
La Vendange fera bonne:
Etparuneinsignefaveur
Nousn'enaurons que lapeur.
fine Bacchofriget Venus. C'est
pourquoy je crois ne pouvoir
mieux placer qu'icy la Chanson suivante.AIR NOUVEAU.
Ne craignons plus pour le Jus de
la Tonne,
La Vendange fera bonne:
Etparuneinsignefaveur
Nousn'enaurons que lapeur.
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60
p. 270-271
AIR NOUVEAU.
Début :
Je vous envoye une Chanson nouvelle. AIR NOUVEAU. / Que la Recolte sera belle ! [...]
Mots clefs :
Récolte, Moisson
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
Je vous envoye une Chanson nouvelle.
AIR NOUVEAU.
Que la Recoltesera bcu tque nous devons à Cybelle,,
Qui nous préparéavecprofusion
Toutceque peutproduire une ricin
Moisson.
AIR NOUVEAU.
Que la Recoltesera bcu tque nous devons à Cybelle,,
Qui nous préparéavecprofusion
Toutceque peutproduire une ricin
Moisson.
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61
p. 141-144
« Quoyque je sois en quelque façon obligé à ne mettre [...] »
Début :
Quoyque je sois en quelque façon obligé à ne mettre [...]
Mots clefs :
Chansons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Quoyque je sois en quelque façon obligé à ne mettre [...] »
Quoyqueje lois en
quelque façonobligéà
nemettre dans un Recueil
de Nouvelles que.
des Ouvrages nouveaux,
je me serviray
de l'occasion pour donner
de mois en mois
quelques-unes de mes
Chansons que j'avois
dessein de faire imprimer
en un seul volume
: vous aurez dans
celuy-cy huitcouplets
qui ont couru il y a
déja quelques années.
Afin qu'on ne me
chicane point sur leur
ancienneté, j'ajouste
quatre Couplets nouveaux.
Peutestremesme
que la correction
des premiers vous fera
nouvelle, car n'ayant
jamais donné à personne
mes Chansons, que
j'ay faites seulement
pour le plaisir de les
faire & de les chanter,
on ne les a retenues
qu'à moitié& c'est
une espece de nouveauté
qu'un original dont
on n a jamais vu que
des copies estropiées.
quelque façonobligéà
nemettre dans un Recueil
de Nouvelles que.
des Ouvrages nouveaux,
je me serviray
de l'occasion pour donner
de mois en mois
quelques-unes de mes
Chansons que j'avois
dessein de faire imprimer
en un seul volume
: vous aurez dans
celuy-cy huitcouplets
qui ont couru il y a
déja quelques années.
Afin qu'on ne me
chicane point sur leur
ancienneté, j'ajouste
quatre Couplets nouveaux.
Peutestremesme
que la correction
des premiers vous fera
nouvelle, car n'ayant
jamais donné à personne
mes Chansons, que
j'ay faites seulement
pour le plaisir de les
faire & de les chanter,
on ne les a retenues
qu'à moitié& c'est
une espece de nouveauté
qu'un original dont
on n a jamais vu que
des copies estropiées.
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Résumé : « Quoyque je sois en quelque façon obligé à ne mettre [...] »
L'auteur publie huit couplets anciens et quatre nouveaux dans un recueil de nouvelles. Il ajoute des couplets récents pour éviter les critiques sur l'ancienneté des autres. Les chansons, jamais partagées, semblent nouvelles après correction. Voir l'original après des copies erronées est une nouveauté.
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62
p. 219-221
CHANSONS.
Début :
J'avois prévû que quelqu'un me chicaneroit sur l'ancienneté [...]
Mots clefs :
Chansons, Goût
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSONS.
CHANSONS.
J'avois prévû que
quelqu'un me chicaneroit
sur l'ancienneté
de mes Chansons, sans
me sçavoirgré des
Nouvelles que j'y
joins; mais le goust de
quelques particuliers
quine cherchent dans
les Ouvrages que la
nouveauté seule, ne
l'emportera pas sur le
goust du Publie. Il y a
long-temps quon s'attendàvoirun
Recueil
demes Chansons caracterisez
, comme l'Opéra
,le Tabac, les Cloches,
les Siflets,&c.. Je
les donneray toutes en
détail à deux par mois.
Je prie ceux qui les
souhaitteroient toutes
à la fois
,
de prendre
patience : ceux qui
n'en voudroient point
du tout, prendront
patience aussi, car j'en
ay provision pour deux
années.
J'avois prévû que
quelqu'un me chicaneroit
sur l'ancienneté
de mes Chansons, sans
me sçavoirgré des
Nouvelles que j'y
joins; mais le goust de
quelques particuliers
quine cherchent dans
les Ouvrages que la
nouveauté seule, ne
l'emportera pas sur le
goust du Publie. Il y a
long-temps quon s'attendàvoirun
Recueil
demes Chansons caracterisez
, comme l'Opéra
,le Tabac, les Cloches,
les Siflets,&c.. Je
les donneray toutes en
détail à deux par mois.
Je prie ceux qui les
souhaitteroient toutes
à la fois
,
de prendre
patience : ceux qui
n'en voudroient point
du tout, prendront
patience aussi, car j'en
ay provision pour deux
années.
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Résumé : CHANSONS.
L'auteur anticipe des critiques sur l'ancienneté de ses chansons, mais certains amateurs préfèrent la qualité à la nouveauté. Il prévoit de publier une compilation de ses chansons, couvrant des thèmes variés comme l'Opéra, le Tabac, les Cloches et les Siflets. Il publiera deux chansons par mois pendant deux ans. Il demande aux lecteurs impatients de patienter, assurant avoir suffisamment de matériel pour cette période.
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63
p. 268-270
Article burlesque.
Début :
Je vous demande excuse de n'estre pas en humeur [...]
Mots clefs :
Burlesque, Chanson
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Article burlesque.
JA>e>'TvéoviÓisúJdsdeemria1natdldeècèxx^J
cuse de n'estre-pas,en
humeur de rire. Je 11ç
vousdonnerayque la
Chansonsuivante pour
tout burlesque. Ce titre
est necessaire pour autoriser
un jeu de mots sur
quoy roulent les refrains.
Encore un mot de digression;
j'ay tout privi-,
lege dans cet Article, -æ
pour vous dédommager
de ce que vous ne nez
point, je ve'u:x au-moins vousennuyer. J'ayfaitdepuisdixou
douze ansplus decent
Chansons, &depuisdix
ou douze ans j'ay la patienced'en
entendre es-
, ,- tropier les airs & lesparoles.
Ce n'esepas manqued'affectionpour
mes
Ouvrages , mais j'ay
toujours esteaussi paresseux
de les écrire que de
les chanter. Je me punis
assez de ma paresse
,
ç&r ilm'en couste à chaque
Mercure plusieurs Cou-
:plets nouveaux pour en
faire passer un vieux.
cuse de n'estre-pas,en
humeur de rire. Je 11ç
vousdonnerayque la
Chansonsuivante pour
tout burlesque. Ce titre
est necessaire pour autoriser
un jeu de mots sur
quoy roulent les refrains.
Encore un mot de digression;
j'ay tout privi-,
lege dans cet Article, -æ
pour vous dédommager
de ce que vous ne nez
point, je ve'u:x au-moins vousennuyer. J'ayfaitdepuisdixou
douze ansplus decent
Chansons, &depuisdix
ou douze ans j'ay la patienced'en
entendre es-
, ,- tropier les airs & lesparoles.
Ce n'esepas manqued'affectionpour
mes
Ouvrages , mais j'ay
toujours esteaussi paresseux
de les écrire que de
les chanter. Je me punis
assez de ma paresse
,
ç&r ilm'en couste à chaque
Mercure plusieurs Cou-
:plets nouveaux pour en
faire passer un vieux.
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Résumé : Article burlesque.
L'auteur, malgré une longue expérience de l'écriture de chansons, exprime sa réticence actuelle à en composer. Il justifie un jeu de mots dans les refrains par une chanson burlesque. Il avoue écrire des chansons depuis dix ou douze ans mais manque de motivation. Il se punit de sa paresse en fournissant régulièrement des couplets au Mercure, une publication périodique.
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64
p. 78-79
L'Anonyme plagiaire de Thoulouse.
Début :
Je vous pille vous-mesme, Seigneur Mercure, pour satisfaire aux [...]
Mots clefs :
Chanson
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texteReconnaissance textuelle : L'Anonyme plagiaire de Thoulouse.
L'Anonyme plagiaire
- de Thoulouse.
Je vouspille rvous-mef
me., SeigneurAdercure,
poursatisfaire aux petites
tasches que vous hn-
PoftZ au public, je veux
dire que jf respondsavostre
in vino veritas par
quatre Vers que jecrois
de VOUJ.
In vino sinceritas
Le plus fourbe en beuvant
devenu plus sincere,
Dit tout ce qu'il a fait &
tout ce qu'il veut faire,
Son coeur nage dans le
verre.
In vino sinceritas.
Soyezsincereaussisans
mwir m>jay pris cecy
dans un petit Livre intitulé
Le Puits de la Veritéce
Livre n'est-ilpas de
vous.
- de Thoulouse.
Je vouspille rvous-mef
me., SeigneurAdercure,
poursatisfaire aux petites
tasches que vous hn-
PoftZ au public, je veux
dire que jf respondsavostre
in vino veritas par
quatre Vers que jecrois
de VOUJ.
In vino sinceritas
Le plus fourbe en beuvant
devenu plus sincere,
Dit tout ce qu'il a fait &
tout ce qu'il veut faire,
Son coeur nage dans le
verre.
In vino sinceritas.
Soyezsincereaussisans
mwir m>jay pris cecy
dans un petit Livre intitulé
Le Puits de la Veritéce
Livre n'est-ilpas de
vous.
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Résumé : L'Anonyme plagiaire de Thoulouse.
Lettre adressée au 'Seigneur Adercure' citant 'in vino veritas'. L'auteur attribue quatre vers à 'VOUJ', décrivant la sincérité d'une personne ivre. Ces vers proviennent du livre 'Le Puits de la Vérité', dont la propriété est incertaine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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65
p. 80-82
Response.
Début :
Non, Seigneur anonime, non. Le Puits de la Verité n' [...]
Mots clefs :
Airs, Chanson
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Response.
Responsè.
Non,Seigneur anoni.
me, non. Le Puits de la
Véritén'est point de
moy, j'aimerois mieux
qu'on me derobast tous
mes ouvrages, que d'en
avoir un sur la conscience
qui ne m'appartint,
pas: Le Puits de la Verité
est de Mr de Frontignieres
autheur de la
pluspartdes paroles dont
feu Mr le Camus avoit
composé les airs; la verité
est qu'onmedemanda
quelques petites ébauches
que J'aVoisHails,1
mon porte-feuille, avec
un petit conte & quel-,
ques autres bàdineries
pourfaciliterlaventedu
Puits de la Verité;ainsi
je puis revendiquerde
ce Livre une tirade de
couplets estropiez sur ifi
vwo verïtas,êc puisqu'il
en est icy questionen
faire denouveaux qui
tiendront lieu des chansons
de ce mois-ci.Voicy
les canevas: Fasse les
airs qui voudra, je n'ay
pas eu le loisir de penfcr
à la musique.
Non,Seigneur anoni.
me, non. Le Puits de la
Véritén'est point de
moy, j'aimerois mieux
qu'on me derobast tous
mes ouvrages, que d'en
avoir un sur la conscience
qui ne m'appartint,
pas: Le Puits de la Verité
est de Mr de Frontignieres
autheur de la
pluspartdes paroles dont
feu Mr le Camus avoit
composé les airs; la verité
est qu'onmedemanda
quelques petites ébauches
que J'aVoisHails,1
mon porte-feuille, avec
un petit conte & quel-,
ques autres bàdineries
pourfaciliterlaventedu
Puits de la Verité;ainsi
je puis revendiquerde
ce Livre une tirade de
couplets estropiez sur ifi
vwo verïtas,êc puisqu'il
en est icy questionen
faire denouveaux qui
tiendront lieu des chansons
de ce mois-ci.Voicy
les canevas: Fasse les
airs qui voudra, je n'ay
pas eu le loisir de penfcr
à la musique.
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Résumé : Response.
L'auteur nie être le créateur principal de 'Le Puits de la Vérité', œuvre appartenant à Monsieur de Frontignières. Monsieur le Camus a composé les airs pour la plupart des paroles. L'auteur a fourni quelques ébauches et contributions mineures. Il revendique une tirade de couplets sur la vérité et propose des canevas pour de nouvelles chansons, mais n'a pas travaillé sur la musique.
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66
p. 54-63
De l'excellence de la musique, & son utilité.
Début :
On fait tort à la Musique en luy donnant le nom [...]
Mots clefs :
Musique, Art, Science, Excellence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De l'excellence de la musique, & son utilité.
De£excellentede la nzu- huey&fônutilité.
ON fait tort à la Musique
en luy donnant lenom, art ou de science. Le premier
est trop simple & trop
Borné, rx lesecond, quoyque
plus noble & plus estendu,
ne satisfait pas assez,
concevons une plus haute
idée de l'harmonie, qui
s'empare, pour ainsi dire,
de toutes les faculrez de
nostreamc~ qui suspend
tous ses autres sentiments
dans le moment que nous
en sommes charmez.
-
Examinonsenquoy chaque
scienceou chaque arc
pourroient disputerquelque
p éference
, ou aller
de pair avec elle, Si la Logique
nousfaitvaloirl'invention
de ses sillogismes;
la fuguedans la Musiqué
a'est-die pas aussi ingenieufe?
Etsil'art de trouver
la définition d'un problème
estrenfermé en ce l,,,
le-là, celle-cy ne définit'elle
pas, pour ainsidire,,
par desexpressions & des
modu lations d iflinâ,estot,.,,.,
tes lesdifférentes passions-
LaPhysique qui nous developpe
cous les secrets de
la nature ,
& qui les employe
si heureusement à 1a*
guerison denos maladies,
n'a point d'effet plus surprenant
que celuy de la
Musique
,
qui guérit le venin
de. la Tarentole
, cet
animal si dangereux.Cette
-
guerison n'est que le simple
effetd'un air gay qu'-
un Simphorniste aura joué
sur un violon; ce rteft point
un conte, une chose si extraordinaire
se voie tressouvent
au Royaume de
Naples. Passons à la Morale
par qui. les vertus&
les vices font si bien désinis.
Ellenousapprendl'art
de faire un portrait ou un
caractere ; mais elle n'a
pas la vertu d'émouvoir
ce degré de perfection
n'appartient qu'à la Mu!i:ú
-que: c'est elle qui nous émeut
,
qui nous adoucit
qui nous charme ,& qui
nous consoles la fable luy
a donné du pouvoir sur
toutes les Divinirez ; les
Parques,les Furies &Pluton
mesme ne luy resusent
rien. Voyons ce que les
autres sciencesont decomtnli'nave.
celle. L'Arithmetique
a des rapports tresconnus
avec les accords
harmoniques. Les Mathematiques
ont un objet
communavec elle,la grandeur,
& la quantité continuë&
discrette, les tems,.
lesproportions:les raisons
& les habitudes font également
de leur ressort. La
Peinture & l'Architecture,
ces arts si cheris & tant
estimez, vont de compagnie
avec la Musique. Le
premier nous la reprefenre
actuellement, & le second
luy est toujoursdans
une parfaite correspondance
, la Musique est res
profunda, & selon Theophile,
magnus etiamque the-:
saurus.Son pouvoir est divin
& le Demon estcontraint
de lui cederMusica
fugatur Diabalus, ~& qui
juxtasententiam jobfagittas
reputasquasi paleas ~& lapidessundevelutstipulas
spernitderidet
etiam yibrantsrrz
bjft<im, &: dur'ijftmos mahoz
pro nibilo pendit ad citharde
sonitum tremefactus reccdit}&
quem nulla its superat fuperatharmoni*.
Les Anciens,
selonPlutarque, mettoient
une lyre dans les mains de
l'amour , avec l'arc & le
carquois à ses pieds, pour
montrer le rang que
tientla Musiquesurtoutes
nos
nos passions ; & les Gentilsavoient
de coustume
de representer leurs Divinitez
dans une attitude
harmonieuse. Prisci musica
instrumenta, in manus Deorum
imagtnibusposuerunt, nonsanè
quód eo lyr<t, aut cytharæ ludere
putarent ,
sed quod nullum
Deo opus convenientius
effi judicaverant quam consonantiam
& harmoniam. Au
sentiment de saint Thomas,
elle esleve nostreesprit
à la contemplation des
choses celestes. Cantussalubriterfit
in Ecclesia ad devotionem
excitandam. AuiIi
Platon nous exhorte de
l'apprendrependant nostre
~jeueffe -par ces paroles:
Nonne Princeps,~primaria
illi* mdjicu tdacanb ,
mod&l&rumconcentuum
rktionibus vprfaJttr,efficrtijji*
trie in ipjkdrriwte interioratri*
jtüit, , vemjfatequadam
animumvebementissimum tan-
- git , dftmqnr adeo verinftath
decoreafficit si in ~ta accuratè
claboret ,XT à teneris annir
instituatur. Il ne faut pas
douter que ces grandshommes
payentcompris
parfaitement l'excellence
de la Musique, & par l'eflims
qu'ils en ontfait
nous devons conclure de
son utilité& de son avantage.
Onremarque que
Socrate s'en instruisit à soixante
& dix ans,& ce qui
arriva à Themistocle,doit
servir d'exemple à bien du
monde. Ce Capitaine,
pour avoir refusé une lyre
qui luy fut presentée à propos,
& dans une heure de
récréation
,
demeura exposé
le reste de sa vie à la
raillerie &aumépris.
ON fait tort à la Musique
en luy donnant lenom, art ou de science. Le premier
est trop simple & trop
Borné, rx lesecond, quoyque
plus noble & plus estendu,
ne satisfait pas assez,
concevons une plus haute
idée de l'harmonie, qui
s'empare, pour ainsi dire,
de toutes les faculrez de
nostreamc~ qui suspend
tous ses autres sentiments
dans le moment que nous
en sommes charmez.
-
Examinonsenquoy chaque
scienceou chaque arc
pourroient disputerquelque
p éference
, ou aller
de pair avec elle, Si la Logique
nousfaitvaloirl'invention
de ses sillogismes;
la fuguedans la Musiqué
a'est-die pas aussi ingenieufe?
Etsil'art de trouver
la définition d'un problème
estrenfermé en ce l,,,
le-là, celle-cy ne définit'elle
pas, pour ainsidire,,
par desexpressions & des
modu lations d iflinâ,estot,.,,.,
tes lesdifférentes passions-
LaPhysique qui nous developpe
cous les secrets de
la nature ,
& qui les employe
si heureusement à 1a*
guerison denos maladies,
n'a point d'effet plus surprenant
que celuy de la
Musique
,
qui guérit le venin
de. la Tarentole
, cet
animal si dangereux.Cette
-
guerison n'est que le simple
effetd'un air gay qu'-
un Simphorniste aura joué
sur un violon; ce rteft point
un conte, une chose si extraordinaire
se voie tressouvent
au Royaume de
Naples. Passons à la Morale
par qui. les vertus&
les vices font si bien désinis.
Ellenousapprendl'art
de faire un portrait ou un
caractere ; mais elle n'a
pas la vertu d'émouvoir
ce degré de perfection
n'appartient qu'à la Mu!i:ú
-que: c'est elle qui nous émeut
,
qui nous adoucit
qui nous charme ,& qui
nous consoles la fable luy
a donné du pouvoir sur
toutes les Divinirez ; les
Parques,les Furies &Pluton
mesme ne luy resusent
rien. Voyons ce que les
autres sciencesont decomtnli'nave.
celle. L'Arithmetique
a des rapports tresconnus
avec les accords
harmoniques. Les Mathematiques
ont un objet
communavec elle,la grandeur,
& la quantité continuë&
discrette, les tems,.
lesproportions:les raisons
& les habitudes font également
de leur ressort. La
Peinture & l'Architecture,
ces arts si cheris & tant
estimez, vont de compagnie
avec la Musique. Le
premier nous la reprefenre
actuellement, & le second
luy est toujoursdans
une parfaite correspondance
, la Musique est res
profunda, & selon Theophile,
magnus etiamque the-:
saurus.Son pouvoir est divin
& le Demon estcontraint
de lui cederMusica
fugatur Diabalus, ~& qui
juxtasententiam jobfagittas
reputasquasi paleas ~& lapidessundevelutstipulas
spernitderidet
etiam yibrantsrrz
bjft<im, &: dur'ijftmos mahoz
pro nibilo pendit ad citharde
sonitum tremefactus reccdit}&
quem nulla its superat fuperatharmoni*.
Les Anciens,
selonPlutarque, mettoient
une lyre dans les mains de
l'amour , avec l'arc & le
carquois à ses pieds, pour
montrer le rang que
tientla Musiquesurtoutes
nos
nos passions ; & les Gentilsavoient
de coustume
de representer leurs Divinitez
dans une attitude
harmonieuse. Prisci musica
instrumenta, in manus Deorum
imagtnibusposuerunt, nonsanè
quód eo lyr<t, aut cytharæ ludere
putarent ,
sed quod nullum
Deo opus convenientius
effi judicaverant quam consonantiam
& harmoniam. Au
sentiment de saint Thomas,
elle esleve nostreesprit
à la contemplation des
choses celestes. Cantussalubriterfit
in Ecclesia ad devotionem
excitandam. AuiIi
Platon nous exhorte de
l'apprendrependant nostre
~jeueffe -par ces paroles:
Nonne Princeps,~primaria
illi* mdjicu tdacanb ,
mod&l&rumconcentuum
rktionibus vprfaJttr,efficrtijji*
trie in ipjkdrriwte interioratri*
jtüit, , vemjfatequadam
animumvebementissimum tan-
- git , dftmqnr adeo verinftath
decoreafficit si in ~ta accuratè
claboret ,XT à teneris annir
instituatur. Il ne faut pas
douter que ces grandshommes
payentcompris
parfaitement l'excellence
de la Musique, & par l'eflims
qu'ils en ontfait
nous devons conclure de
son utilité& de son avantage.
Onremarque que
Socrate s'en instruisit à soixante
& dix ans,& ce qui
arriva à Themistocle,doit
servir d'exemple à bien du
monde. Ce Capitaine,
pour avoir refusé une lyre
qui luy fut presentée à propos,
& dans une heure de
récréation
,
demeura exposé
le reste de sa vie à la
raillerie &aumépris.
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Résumé : De l'excellence de la musique, & son utilité.
Le texte explore la supériorité de la musique par rapport aux autres arts et sciences. Il critique l'idée de réduire la musique à un simple art ou une science, affirmant qu'elle engage toutes les facultés de l'âme et suspend les autres sentiments lorsqu'elle charme. La musique est comparée à diverses disciplines telles que la logique, la physique, la morale, l'arithmétique, les mathématiques, la peinture et l'architecture. Elle possède des vertus uniques, comme la capacité de guérir le venin de la tarentule par un air gai joué au violon, et d'émouvoir les passions de manière supérieure à la morale. Les Anciens et les philosophes comme Platon et saint Thomas d'Aquin reconnaissaient l'excellence de la musique, la considérant comme une élévation de l'esprit vers les choses célestes. Le texte mentionne des exemples historiques, tels que Socrate qui s'instruisit de la musique à un âge avancé, et Themistocle qui fut raillé pour avoir refusé une lyre. Ces exemples illustrent l'importance accordée à la musique dans l'éducation et la vie des individus. En somme, la musique est présentée comme un art supérieur, capable de toucher l'âme de manière profonde et unique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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67
p. 193-199
CHANSON nouvelle.
Début :
Quand on a bû la tête tourne, tourne, tourne. [...]
Mots clefs :
Chansons à boire, Ivresse, Vin, Ivresse moralisante
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texteReconnaissance textuelle : CHANSON nouvelle.
CHANSON
nouvelle.
f/Ai trouvé cetteChan-
~on dans mon porteeüille avec le titre de
Nouvelle, parce qu'elle
~toit nouvelle quand je
'eus faiteilyatroisans;
:llc l'est encor pour ceux
qui la verront, car elle
n'a point couru. J'aver-
:15 qu'ayant été compoce à tableelle doit être
chantéeentre deux vins,
le Carnaval peut aider
à faire entrer dans le caractere de l'air,quiest
fait pour exprimer une
demi yvresse, c'est-àdire une yvresse d'honnêtes gens,& pourainsi
dire, une yvresse moralisante, qui faittourner
la tête sans faire tourner l'esprit.
I. Couplet.
Q-vand
on a
bû la tete
tourne, tourne,tourne. A jeun la teste tourne
aujji, ,
tou$i mortel la tefie
tourne, t. f.
Lefa%e nous le dit ainfx
Et moyje,disquandla
testeme tourne,
Sagement je dis:
Heureux celui dont la
,
teste
ne
tourne
Qjiatable avec[es amis.
2. Couplet.
Qu'entre nous la bou-
~/7~
Et nous enyvre à coups
égAUXy
Qu'à la ronde son beau
feu tourne,t.t.
Tourne & retourne nos
cerveaux.
Si de sang froid le meilleur esprit tourne
Toûjours de travers,
Ne craignons point que
le vinle retourne,
SerA-t-.jlpi.! à l'envers?
3. Couplet.
Ce Courtisan dont l'esprit
tourne,t.t.
Paroîtra sincere aux
fins,
En vous caressantilvous
tourne t. t-idIl qjom faitaller à ses
fins,
Son cœur, àfroidjamais
au vrai ne tourne,
Toujours du travers,
Il trompe encor quand le
vin le retourne,
Cest un cœur à deux envers.
4. Couplet.
Prés de Phi/il la teste
tourne,t. t.
Quejesuis lœs desa rigueur,
Grand Dieu du vin, qui
lescœurstourne,t.t.*+
Enyvres-la de ta liqueur,
Qjtelle en prend bien ?
déjasonbel œil tourna
•
Quasi vers le mien,
Pourpeu que labouteille
elle retourne -','
Elle va tourner à bien
nouvelle.
f/Ai trouvé cetteChan-
~on dans mon porteeüille avec le titre de
Nouvelle, parce qu'elle
~toit nouvelle quand je
'eus faiteilyatroisans;
:llc l'est encor pour ceux
qui la verront, car elle
n'a point couru. J'aver-
:15 qu'ayant été compoce à tableelle doit être
chantéeentre deux vins,
le Carnaval peut aider
à faire entrer dans le caractere de l'air,quiest
fait pour exprimer une
demi yvresse, c'est-àdire une yvresse d'honnêtes gens,& pourainsi
dire, une yvresse moralisante, qui faittourner
la tête sans faire tourner l'esprit.
I. Couplet.
Q-vand
on a
bû la tete
tourne, tourne,tourne. A jeun la teste tourne
aujji, ,
tou$i mortel la tefie
tourne, t. f.
Lefa%e nous le dit ainfx
Et moyje,disquandla
testeme tourne,
Sagement je dis:
Heureux celui dont la
,
teste
ne
tourne
Qjiatable avec[es amis.
2. Couplet.
Qu'entre nous la bou-
~/7~
Et nous enyvre à coups
égAUXy
Qu'à la ronde son beau
feu tourne,t.t.
Tourne & retourne nos
cerveaux.
Si de sang froid le meilleur esprit tourne
Toûjours de travers,
Ne craignons point que
le vinle retourne,
SerA-t-.jlpi.! à l'envers?
3. Couplet.
Ce Courtisan dont l'esprit
tourne,t.t.
Paroîtra sincere aux
fins,
En vous caressantilvous
tourne t. t-idIl qjom faitaller à ses
fins,
Son cœur, àfroidjamais
au vrai ne tourne,
Toujours du travers,
Il trompe encor quand le
vin le retourne,
Cest un cœur à deux envers.
4. Couplet.
Prés de Phi/il la teste
tourne,t. t.
Quejesuis lœs desa rigueur,
Grand Dieu du vin, qui
lescœurstourne,t.t.*+
Enyvres-la de ta liqueur,
Qjtelle en prend bien ?
déjasonbel œil tourna
•
Quasi vers le mien,
Pourpeu que labouteille
elle retourne -','
Elle va tourner à bien
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Résumé : CHANSON nouvelle.
Le texte présente une chanson intitulée 'Nouvelle', composée il y a trente ans et toujours inédite. L'auteur recommande de la chanter 'entre deux vins', c'est-à-dire légèrement ivre, mais de manière morale et honnête. La chanson explore le thème de l'ivresse et ses effets sur les individus. Le premier couplet décrit la sensation de tête qui tourne, que ce soit ivre, à jeun ou même mort. L'auteur exprime l'envie de ne jamais voir sa tête tourner, même en buvant avec des amis. Le deuxième couplet parle de l'ivresse partagée entre amis, qui enivre de manière égale et fait tourner les cerveaux. Il souligne que même les meilleurs esprits peuvent tourner de travers, mais sans craindre que le vin retourne à l'envers. Le troisième couplet aborde la sincérité apparente d'un courtisan dont l'esprit tourne toujours de travers. Ce courtisan trompe même lorsqu'il est ivre, car il a un cœur à deux envers. Le quatrième couplet mentionne une personne près de Philippe, dont la tête tourne. L'auteur implore le 'Grand Dieu du vin' d'enivrer cette personne de sa liqueur, espérant qu'elle tourne à bien. La chanson se termine sur cette note d'espoir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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68
p. 168
CHANSON à dormir.
Début :
Venez admirer ma sçience; [...]
Mots clefs :
Dormir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSON à dormir.
CHANSON
à dormir.
Venez admirer ma
sçience;
J'aprens à dormir scavamment,
Comme l'on dort à l'Audience.
Ronflez, ronflez gravement,
Latête levée,
Ouvrez les yeux en
dormant,
Et bâillez la bouche
fermée
à dormir.
Venez admirer ma
sçience;
J'aprens à dormir scavamment,
Comme l'on dort à l'Audience.
Ronflez, ronflez gravement,
Latête levée,
Ouvrez les yeux en
dormant,
Et bâillez la bouche
fermée
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69
p. 216-217
CLAVESSIN tres-particulier & tres-beau.
Début :
A quatre Claviers sçavoir deux à chaque bout, il est [...]
Mots clefs :
Clavecin, Collège des Quatre-Nations, Concerts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CLAVESSIN tres-particulier & tres-beau.
CLAVESSIN
tres-particulier& tres-beau.
A quatre Clavierssçavoir
deux à chaque bout, il est
utile pour ceux qui font des
Concerrs & pour ceux qui
veulent entendre jouër des
picces de Clavessin à un bout
& -
les accompagner de
l'autre;
l'autre;le nom de l'autheur
Philippe Devis; ceux qui
souhaiteront le voir pourront s'adresser au Collége
des Quatre Nations.
tres-particulier& tres-beau.
A quatre Clavierssçavoir
deux à chaque bout, il est
utile pour ceux qui font des
Concerrs & pour ceux qui
veulent entendre jouër des
picces de Clavessin à un bout
& -
les accompagner de
l'autre;
l'autre;le nom de l'autheur
Philippe Devis; ceux qui
souhaiteront le voir pourront s'adresser au Collége
des Quatre Nations.
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70
p. 15-18
NOUVEL AVIS. Suites acoustiches.
Début :
Monsieur Duguet a trouvé depuis peu le dernier degré de [...]
Mots clefs :
Opéra, Oreille, Chanter, Acoustiches
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texteReconnaissance textuelle : NOUVEL AVIS. Suites acoustiches.
NOUVEL AVIS,
Suites acoustiches.
Monfieur Duguet a
trouvé depuis peu de dernier degré de perfection ,
pour des lunettes d'Opera ,
& des acouſtiches d'Opera
jointes enſemble.
Il a trouvé que l'acouſti
che & la lunette pouvoient ne faire qu'un feul
corps , & qu'en portant
l'œil à l'objectif de la lunerte la jonction de l'acouſtiche s'ajuftera de lui- mê-
* MERCURE
me à l'oreille , enforte que
par la réunion de ces deux
machines qui n'en compoferont qu'une , on doublera de force les objets àl'œil,
&les fons à l'oreille.
Aux femmes nous don
nons avis ,
Decraindre a
l'Opera ces
oreilles poftiches ,
Et de parler plus bas de
peur que leurs maris
N'ayentrecours aux acou
ftickes.
Ilferoit à fouhaiter qu'on
trouvaft
GALANT. **
trouvaft quelque machine ,
qui en augmentant les fons
des voix de l'Opera , puft
en même temps diminuer
celles de Meffieurs du parterre , dont les uns racontent trop haut les parties
de plaifir qu'ils ont faites ,
& les autres faiſant en faux
bourdon l'office de la ritournelle annoncent à
leurs voisins tout ce que
vont chanter les Acteurs
& continuant à chanter
avec eux , & fouvent plus
haut qu'eux , empêchent
d'entendre ce quals vous
Juillet. 1712.
B
18 MERCURE
ont an
Suites acoustiches.
Monfieur Duguet a
trouvé depuis peu de dernier degré de perfection ,
pour des lunettes d'Opera ,
& des acouſtiches d'Opera
jointes enſemble.
Il a trouvé que l'acouſti
che & la lunette pouvoient ne faire qu'un feul
corps , & qu'en portant
l'œil à l'objectif de la lunerte la jonction de l'acouſtiche s'ajuftera de lui- mê-
* MERCURE
me à l'oreille , enforte que
par la réunion de ces deux
machines qui n'en compoferont qu'une , on doublera de force les objets àl'œil,
&les fons à l'oreille.
Aux femmes nous don
nons avis ,
Decraindre a
l'Opera ces
oreilles poftiches ,
Et de parler plus bas de
peur que leurs maris
N'ayentrecours aux acou
ftickes.
Ilferoit à fouhaiter qu'on
trouvaft
GALANT. **
trouvaft quelque machine ,
qui en augmentant les fons
des voix de l'Opera , puft
en même temps diminuer
celles de Meffieurs du parterre , dont les uns racontent trop haut les parties
de plaifir qu'ils ont faites ,
& les autres faiſant en faux
bourdon l'office de la ritournelle annoncent à
leurs voisins tout ce que
vont chanter les Acteurs
& continuant à chanter
avec eux , & fouvent plus
haut qu'eux , empêchent
d'entendre ce quals vous
Juillet. 1712.
B
18 MERCURE
ont an
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Résumé : NOUVEL AVIS. Suites acoustiches.
En juillet 1712, Monsieur Duguet a innové en combinant lunettes et acoustiques pour l'opéra. Cette invention permet de doubler la force des objets perçus par l'œil et des sons perçus par l'oreille. En utilisant la lunette, la jonction acoustique s'ajuste automatiquement à l'oreille. Le texte recommande aux femmes de ne pas craindre les oreilles postiches à l'opéra et de parler plus bas pour éviter que leurs maris n'utilisent les acoustiques. Il souhaite également l'invention d'une machine augmentant les sons des voix de l'opéra tout en diminuant ceux des spectateurs du parterre, qui perturbent souvent la représentation par leurs conversations bruyantes ou leurs chants faux, rendant difficile l'audition des acteurs.
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71
p. 71-118
SUITE DE LA nouvelle Théorie de Musique, où l'on demontre plusieurs choses nouvelles. III. MEMOIRE.
Début :
De la Melodie ou Chant à une seule partie. I. La [...]
Mots clefs :
Théorie de musique, Cordes, Octave, Air, Unisson, Vibrations, Proportion, Rythmique, Consonnances, Quadruple
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DE LA nouvelle Théorie de Musique, où l'on demontre plusieurs choses nouvelles. III. MEMOIRE.
SVITtEDELA
ynouv~clle Tleorie de j
ou ïon demontre
piufieurs chojes
nouvelles.
III. MEMOIRE.
De la Melodie ou Chant à
une feule partie.
I. LA Melodie ou Melopée
est un progrés de sons
agréab2agreables a l'oreilllee. .OOrrcceect
agrement vient de trois
causes. La premiere de ce
quechaque son en particulier
meut l'organe dc.
l'ouye,sçavoir principalement
le nerf auditif, ou
les efprics qui y sont contenus
d'une maniere qui fait
plaisir
, par une espece de
chatouillement qu'il y cause.
La seconde en ce que
l'action des sans passez reste
quelque tem ps dans la
memoire,ce qui cause entre
ces fons & lettons présens,
une harmonie fort
semblable à celle de plusieurs
sons quisefontoüir
actuellement en mesme
temps. Cette harmonie de
souvenir
-
souvenir se nomme encore
des relations harmonieu-
[es, & fait le principal
agrément duchant.Latroisiéme
enfin de ce qu'un air
paroist agréable à proportion
qu'il flate la passion
dont nous sommespréoccupez.
Car les hommes de -
guerre, par exemple, trouvent
sans contredit plus de
plaisir dans les airs vifs &
prompts, que dans les
languissants & les tristes ;
ceux qui sont dans l'affliction
ne sçauroient souffrir
les chants joyeux ;
les Amans
ne prennent de goust
qu'aux airs tendres; les yvrognes
nJaftcétent que les
airs gais; les personnes serieuses
au contraire n'ai-
- ment que les chansons graves
; & les jeunes gens ne
cherchent que les airs badins.
De forte qu'on peut
presque juger de la passion
qui domine dans quelqu'
un, par les airs qu'il affecte.
Mais sans m'arrester à ce
qui fait l'agrément des sons
en particulier (ce qui m'engageroit
dans un détail de
phvGue peut- estre trèsennuyeux
pour beaucoup
1
de personnes) je commenceray
par examiner les Relations
des sons considerées
en elles, mesmes
,
&
par rapport au chant; &
je finiray par les comparer
avec nos differentes passions.
Il. Pour traitter des Relations
des fons
,
il faut
d'abord en establir le premier
principe, sçavoir,
Que les corps sonores es
-
tant frappez ou tirez, impriment
par leur ressort à ,
l'air qui les environne, 6c
celui-cy à l'air naturel qui
est dans le labyrinthe de
l'oreille des fremissements
plus ou moins prompts,
dans la mesme proportion
geometrique & reciproque,
que ces corps ont de
plus petites ou de plus
grandes dimensions,àtréspeu
de choseprès. Car
cette proportion reciproque
n'est vraye dans le
plein ou dans l'air, que
sensiblement,& feroit veritable
à la rigueur dans le
< Vide,siles sons pouvoienc
yestre entendus.
Et pourenestreconvaincu
il ne faut que supposer
premierement dans le Vide
deux cordes égales en
grosseur & en tension,mais
dont l'une foit, si l'on veut,
double de l'autre en longueur
, & qui soient tirées
chacune par leur milieu
perpendiculairement àleur
longueur, sçavoir la plus
longue de la valeur d'une
ligne(par exemple) & la
plus courte feulement de
demi ligne. Il est évident
que ces deux cordes ainsi
tirées feront chacune encore
également andéfs;
&que si on les lasche toutes
deux elles partiront par
consequent avec des vitesseségales.
Et comme la plus
longue a un trajet deux fois
plus grand à parcourir que
la plus courre, il estmanifeste
qu'elle doit employer
deux fois plus de temps a le
faire que celle- cy à faire
le sien. Car à cause de la
petitesse des espaces à parcourir,
on peut regarder
- ces espaces çomme parcourus
d'un mouvement
uniforme; ainsila plus Iongue
ne fera que la moitié
des tremblements que la
plus courte fera dans le
mesme temps. Ce fera la
mesmechose lors qu'une
des deux cordes sera, par
exemple, tripleou quadruple
de l'autre, ou dans tou-
,
te autre proportion à fouhait
; c'est-dire que celle
qui fera triple en longueur
fera trois moins de vibrations,
que la plus courte
dans un tem ps égal & ainsi
des autres. Ainsiles nombres
des vibrations de deux
telles cordes feront tousjours
entre eux dans le rapport
rcciproque ou renversé
des longueurs de ces
deux mesmes cordes,
comme Mersenne l'avoit
desja démontré dans le 1.
Tome de l'Harmonie universe
lle.
Mais lorsqu'on suppose
ces deux mesmes cordes
dans le Plein, il fautconsiderer
que la corde qui est,
par exemple
,
double en
longueur, rencontre quatre
fois plus d'air en parcourant
sa vibration, que
la plus petite. en parcourant
la sienne
,
puisque la
premiere a un trajet à parcourir
double de celuy de
la derniere. De melme la
corde triple en longueur
rencontrera neuf fois plus
d'air que la plus petite,
ayant uu tra jet trois fois
plus grand à faire; la corde
quadrupleayant un espace
quadruple à parcourir
) en rencontrera seize
fois davantage
; & ainsi de
suite dans la proportion
des quarrez 4. 9. 16. 2. 5.
36. &c. des longueurs des
cordes 2. 3. 4. 5. 6. &c.
( les superficies semblables
estant entre elles dans le
rapport des quarrez de
leurs longueurs, ou largeurs
comme on le démontre
en geometrie. )
Mais d'un autre costé la
corde deux fois plus courte
faisant deux vibrations
contre ladouble une dans
le mesme temps, celle qui
est trois foisplus courte en
faisant trois contre la triple
une; celle qui l'est quatre
fuis. en faisant quatre contre
la quadruple une, &
ainsi de suite,la double rentrera
feulement dans ses
premieres vibrations deux
fois plus d'air que la simple
pendant le mesme temps;
la triple feulement trois
fois davantage ,
la quadruple
seulement quatre fois
plus que la simple, & aioli
de fuite. Donc les vitesses
de toutes ces cordes estant
d'ailleurs regardées comme
égales & uniformes à
cause de la petitesse du trajet
, comme on a fait cyd,
ssus, l'air opposera une
resistance double à la corde
double, unetriple à la
1
triple,une quadruple à Iæ
quadruple, & ainsi des autres;
ce qui de ce costé devra
faire une diminution
de vibrations égale dans
chacune de ces cordes en
mesme temps. Mais d'un
aure costé lacorde deux
fois plus courte rencontre
deux fois l'air à contre sens
pendant ses deux vibrations,
au lieu que la dou
ble ne le renconcre qu'une;
lacorde trois fois plus courte
le rencontre trois fois
contre la triple une; celle
qui est quatre fois plus
courte le rencontre quatre
fois contre la quadruple
une seulement; ces oppositions
ou chocs de front se
faisantà chaque retour de
corde
,
& le nombre des
retours estant égal au nombre
des vibrations. C'est
pourquoy tout compensé
l'air opposé deux fois en
mesme temps plusde resistanceà
la corde deux fois
plus petite,trois fois à celle
qui est trois fois plus
courte, quatre fois à la souquadruple,
& ainsi de suite
dans la proportion inverse
des longueurs; d'où il suit
que la proportion inverse
des nombres de vibrations
avec les longueurs des cordes
n'a plus lieu absolument
parlant dans le Plein,
comme on la creu jusques
icy; mais que les petites
cordes estant reglées suivant
cette prétenduë proportion
reciproque, seront
tousjoursun peu trop basses,
c'est pourquoy il faudra
les accourcir de quelque
chose pour leur donner
le nombre de vibrations
desiré:c'est-à-dire,
que pour qu'une premiere
corde égale en grosseur ôc
en cenfion à une seconde
fasse deux fois plus de vibrations
qu'elle en mesme
temps, il la faudra tenir
plus courte que la moitié
de la plus grande de quelque
chose
, comme d'environ
1:0 de la plus longue
corde, & pour les autres
ra pports à proportion, ce
que j'ay experimentésur
toutes sortes de cordes «3c
de proportions en toutes
fortes de temps, & dont je
pourray donner quelque
jourune table; mais il n'est
pas aisé au reste de fixer ces
accourcissements à cause
que les differents estats de
- l'air y apportent des changementstres-
sensibles; de
sortequ'un clavessin accordé
pendant un temps ferain
,
le desaccorde comme
de Iuy.
-
mesme par un
tem ps humide, & se raccorde
ensuite de luymesme
quand le temps devient
[ec, ou lors qu'on l'approche
du feu; ou si le feu ou letemps sec l'afait desaccorder,
le temps humide
1 -
le restablit; ce qu'on peut
fore bien expliquer par le
plus ou le moins de resistance
que l'air fait aux petites
cordes, à proportion
qu'il est plus épais ou plus
leger.Voicy donc desja
deux especes de Paradoxes
de musique éclaircis, nous
déduirons les autres en leur
lieu. Au reste ce que nous
venons d'establir pour les
cordes,doit s'entendre aussi
des anches, des timbres,
des regales, & autres instrumens
de musique.
Des Consonances& des- Diffonmces
en général.
- III. C'a esté de tout
temps une question des
plu celebres de la Musique
desçavoir quelles font
lesConsonances& lesDisfonances
& leur dégré
d'harmonie ou de douceur;
car tous les Anciens au
dessusdesixcentsansenviron,
n'ont reconnu pour
Consonances que l'unisson,
l'octave
,
la quinte & la
quarte avec leurs repliques
,
sçavoir la 15*11. &c.
la12 19. &c. jusques là que
les Pythagoriciens ont pris
les répliques de la quarte
sçavoir l'II. la 18. &c. pour
des Dissonances, quoy qu'-
ils a yent reglé toute leur
musique sur la quarte: au
lieu que tous les Musiciens
modernes reconnoissent
non seulement la quarte &
ses repliques pour des Confonancesen
lesconsiderant
toutes feules; mais ils y
adjoustent encore les tierces
majeures& mineures,
les sextes majeures & mineures
,
& quelques
- uns
mesme la septiéme moyenne
(la sol) ce qui fait voir
que la finesse de l'oreille,
l'habitude & le goust ont
- autant de part aujugement
des Consonances
, que la
raison & le jugement.Car
si l'on considere premierement
lunissonjon trouvera
que les fremissements
des deux corps qui le produisent,
sont parfaitement
isocrones ou d'égaledurée,
& que s'estant une fois accordez
à commencer en
semble,ils continuent tousjours
de commencer& de
finir en mesme temps, ce
qui renferme une uniformité
parfaire. De plus si
l'on pince feulement une
de deux cordes à l'unisson,
on verra l'autre qui estoit
en repos tressaillir tres sensiblement
; ce qui deviendra
encore plus sensible si
l'on entortille autour un
petit bout de corde à boyau
fort leger
, & fort lasche ;
d'où l'on doit conclure que
les unissonsfortifient les
sons. Voilà deux fortes raifons
pour donner la préférence
à l'unisson sur toutes
les autres Consonances.Ce
n'est pas cependant celle
qui fait le plus de plaisir
;
parce que l'oreille cherche
aussi de la variété.On ne
peut donc pas establir en
general que les intervalles
dont les exposants sont les
plus simples, sont les plus
agreables, ainsi deux vibrations
contre une en mesme
temps, feront plus de plaisir
qu'une seule contre une
seule; parce que ces vibrations
'accordent de deux
coups en deux coups, à
frapper ensemble le chassis
de l'oreille d'un coup plus
fort, & forment parce moyen
une ritmique ou batterie
compasée de temps égaux
à la verité
,
mais qui
renfermentun coup fort &
un foible tour à tour. c'est
pourquoy cette ritmique
joignant également la variété
& l'uniformité, fait
plusde plaisir que l'unisson
qui n'a que l'uniformité
sans varieté
, quoy qu'une
corde à l'octave d'une autre
en repos la fasse moins
fremir que si elles estoient
à l'unisson. Si quelqu'un
préfere la diversitéà l'uniformité,
il trouvera encore
plus de douceur dans une
ritmique qui battra trois
corps contre deux en mesme
temps, parce qu'elle
contient perpetuellement
trois coups de suite égaux
en force, & un quatriéme
plus fort du double;deplus
ses quatre temps ou intervalles
separtagent en deux
moitiez touteségales ôc
contraires; car le premier
vaut deux moments, le second
un; le troisiéme unJ
& le quatriéme deux,ce qui
- joint
joint trois varietez avec
deux uniformitez
, ce que
j'exprime par ces nombres
( 2. 1.1. i-) On peut cependant
asseurer en general,
que la rirmique la plus
confuseest la plus desagréable.
Or elle devient
confuselorsqu'il y a une
trop grande multitude de
coups égaux & tres-promts
contre un , comme 10. I.
16. &c, contre un, &aussi
lorsqu'entre deux coups
forts il y a trop de variété,
comme dans h rirmique
de neufcentre huit, dans
laquelle les temps compris
entre deux chutes ou coups
forts, fontcomposez de (8.
1.7.2.6.3.5.4.4.53.62.7.1.8.)
moments; au lieu que dans
la ritmique de quatre contre
trois, par exemple,les
tempscompris entre deux
coups forts sont ( 3. 1.2. 1.
I. 3. ) moments. Or ces
deux ritmiques renferment
une symmetrie éga
k; mais la premiere offreà
l'esprit beaucoup plus de
confusion
,
ainsi est-elle
bienmoinsagréable à l'oreille.
D'où je conclus que
le plus court &le plus leur
moyen pour juger de l'agrément
des Consonances,
c'est de marquer leur
ritmique sur une mesme
ligne droite, divisée, par
exemple, en douze parties
égales, pour la ritmique de
quatre contre trois, & pour
les autres à proportion, entre
lesquelles partieson dis.
tinguera ses quatre quarts
par une ligne droite, par
exemple, & ses trois tiers
par une ligne ondée; alors
cette ligne ainsi distinguée
presentera par les yeux à
l'esprit la nature de cette
Consonance,&on pourra
se l'imprimer aussi par l'oreille,
si l'on s'accoustume
à frapper sur une table ou
autre corps dur les coups,
& les tems marquez & distinguez
par ces deux sortes
de lignes, à peu prés comme
on apprend à battre
du tambour,des castagnettes,
des timbales,du daïre
& autres instruments de
percussion car par ce moyen
l'esprit, le goust ,&
l'habitude, auront chacun
leur partau jugement des
Consonances & des Disfonances.
On pourra par
la mesme methode comparer
des accords composez
de trois sons
Ut mi sol
, Ut fol ut, Ut sa la, &c. ou
de quatre ou d'un plus
grand nombre,
& par là
se satisfaireautant qu'il est
possiblesur un pareil sujet.
C'est surces principes, &
sur une experience de plus
de vingt cinq ans que je
vais ex pliquer les noms, la
nature & la perfection des
Consonances, pour passer
ensuite aux Dissonances
les plus usitées, le nombre
des autres estant infini.
Et pour abreger cetexamen,&
rendre lemoins
ennuyeux qu'il est possible,
je traitteray dansun mesme
article d'une Consonance
,
de son comple
f
ment,c'est-à-dire, decelle
qui accomplit l'oétave.
avec elle,&deses repliques.
On entend ordinairement
par une octave
une suite de huit Cons, &:
par la répliqued'une Consonance
ou Dissonance la
mesme Contenance ou
Dissonance augmentée
d'une octave; par saduplique
la mêmeCosonance ou
Dissonance augmentée de
deux octaves
,
& ainsi des
autres. Je crois qu'il est
aussi fort à propos de mettre
icy une fuite de nombre
dont nous nous servirons
souvent pour expliquer les
intervalles des fons & les
comparer entre eux, afin
; d'épargner au lecteur la
peine de faire des operations
d'arithmetique ennuyeuses.
Cesnombres sont
71.( 80.81.^0.96. 108.120.
14j. 144, que l'on peut
continuer à souhait, en
doublant seulement les
premiers comme le dernier
144. est doublé du I.
72. & je conseillemesme
à ceux qui voudront s'avancer
dans la theorie de la
Musique, de les apprendre
par coeur, parce qu'ils en
contiennent toute la perfection.
Des ConsOnances. De tVnifson
,
Comphmeïit3 çjr «
Répliques.
- Il y a peu de chose à adjouster
à ce que nous avons
dit cy -
dessus de l'unisson ;
on remarquera feulement
qu'un parfait unisson doit
unir tellement deux sons
qu'on n'en entende qu'un,
sans aucun fremissement
ou battement quelconque.
L'unisson ne fait doncautre
chose que multiplier la
force des sonsen laissant à
chacun son caractere particulier.
On peur envisager
l'unisson dans toutes
fortesde ritmiques, en ne
divisant point par pensée
tout le temps compris entre
deux cheutes; de sorte
que pluscescheutes seront
frequentes dans une ritmique,
& plus il y aura d'unissons,
plus les fons seront
unis & comme fondus
ensemble; & plus une
corde en mouvement fera
trembler ce lle qui est en
repos ; au restel'unisson à
Toélave pour son cotnpIeJ)
ment & pour sa replique
comme il est aisé de le voir,
&sa ritmique est I.
De l'Oflave
,
Complément
& Répliqués.
V. Si l'on fait sonner ensemble
deux cordesd'égale
grosseur &-,cenfion,m-ais,
dont l'une soit deux fois
plus courte que l'autre, un
peu moins comme d'un
centiéme environ, ce que
l'oreille feule peut decider,
on entendra une Consonancetres
agréable, à qui
l'on a donné le nom d'octave
, parce qu'il se trouve
dans l'usage le plus ordinaire
six fons différents,
encre ses deux sons. La
pluspart des peuples ont
donné à ces sons les noms
des premieres lettres de
leurs Alphabets. ( a,b, d,e.f.,g, c, h)(a,d,gh,
ya»yd»yg.yh-?Leslta- ,
•
liens & les François les ont
nommez (Ut, rc, mi, sa,
sol, la, si,ut,)(pa,ra, ga,
so, bo, lo
,
doTa ) pour
quelques commodtcezqu'il
seroit assez inutile de deduireicy.
Maiscommeune
Consonance aussi harmonieuse
que l'octave ne peut
procéder que d'un rapport
L.de tremblements tresparfaits,
leparfait ne pouvant
f¡,
naistre de l'imperfection
il , cil: évident que les premiers
Musiciens
,
soit Pythagore
, foit Lycaon ou
autres ont eu raison d'establir
que la ritmique de l'octave
consistoit dans le rapport,
du moins sensible, de
deuxcontreun, ou de deux
r
à un, ou sil'onveut de 144. à72.cy dessus. Je dis sensible
, car on peut eslever
t ou abbaisser tant foit peu
un des deux sons qui forment
une Consonance sans
presque l'alterer sensiblement,
à cause que la difficulté
que l'airsouffreà se
subdiviser
,
oblige les sons
à s'unir quand ils sont trespeu
éloignez de la Consonance.
Aureste l'octave
unit deux sons presqueaussi
parfaitement que l'unisson
mesme;c'est pour cela que
quand quelqu'un ne sçauroic
chanter à l'unisson
avec un autre, dont la voix
ca ou trop hauteou trop
ba(Te, il ne manque pre£
que jamais de chanter à son
octave. Et dans les coeurs
-
les voix des jeunes gens qui
n'ont point encore souffert
laMuance,sonttoutes à
l'octave, & souvent mesme
j à la double octave de celles
des hommes faits, comme
nous l'avons remarqué
dans le Memoire précedent
sur la voix. Il en effc
de mesme à l'égard des
voix des femmes. C'est
pourcela encore que l'on
confond dans la pratique
de la composition un son
avec ses octaves
,
& que
l'on ne fait point de façon
d'eslever tout d'un coup le
dessus, ou d'abbaisser la
basse d'uneou de deux octaves.
C'est auni pour cela
qu'on regarde les sons compris
dans l'octave, comme
un tout complet
,
& ceux
qui sont au dessus ou au
dessous des octaves comme
de simplesredites des premiers
, ainsi l'octave devient
par là un cercle musical
qui rentre perpetuel
lement en luy
-
mesme, &
qui n'a pour bornes que la
difficulté' de l'execution.
Enfinl'octavefiluneConsonance
sinaturelle, qu'on
l'entend
l'entend toujours meslée
avec le son des corps
qui ont une estenduë
suffisante comme dans le
t son des grosses cloches,
des longues cordes, des
t grandes tringues de fer,
&c. Ce quine peut provenir
que de ce coup qu'on
leur imprime ne fçauroic
comprimerqu'u, ne portion
de ces grands corps à la
fois, laquelle portion venantà
se débander excite
[es voisines à trembler
comme elle, &celles-cy
celles qui sont encore plus
éloignees,jusques àce gu.-
enfin le tout se soit mis
dans une especed'équilibre
d'agitation,qui ne se
fait jamais que quand les
deux moitiés battent l'une
contre l'autre. A l'égard
des longues cordes quel'on
tire violemment & qu'on
lasche ensuite
,
c'est la resistance
de l'air qui les divise
d'abord par ondes, &
leur ressort acheve le reste
commecy-dessus.On pourroit
adjouster icy que l'octave
se produit encore
comme d'elle-mesme dans
le fon des
trompettes ,
cors , & autres tels inftruments
à vent , en pouſſant
le vent par degrez , mais
comme
j'auray
occafion
d'expliquer
ces phénomenes
dans le difcours
fuivant
, je n'en diray rien icy
davantage
. Nous avons dit
auffi que le complement
de l'octave
eft l'uniffon
, ce
qui eft bien manifefte
, puifqu'ajouftant
l'uniffon
avec
l'octave
on ne forme tousjours
que l'octave ; enfin
nous avons comparécy- devant
la ritmique de l'octa-
Kij
116 MERCURE
ve I ou 1. 1. avec celle de
l'uniffon ou 1. & nous avons
conclu que celle de
l'octave eftoit plus propre
à delecter que celle de l'uniffon,
quoyque moins propre
à unir les fons.
Il ne nous refte donc que
de parler des repliques de
l'octave , fçavoir la 15. la
22º. la 29°. qui ſont ſa replique
, fa duplique , triplique
, & c. & qui prennent
tousjours leurs noms du
nombre des tons qu'elles
comprennent ; leurs expofants
font qui fe trouGALANT.
117
vent en doublant continuellement
le numerateur
deux des termes de l'octave
; de forte que pour entendre
ces repliques il faut
faire fonner avec la corde
fondamentale une feconde
corde qui en foit un peu
moins que le quart , ou
que ou fuivant le fecond
article cy- devant , alors
on entendra trois nou ?
velles Conſonances
, qui di
minuent de beauté à mefure
qu'elles s'éloignent de
l'octave , parce qu'elle de
viennent à la fin trop con-
-
16
118 MERCURE
8 16
pas
fuſes. On ne doit donc
douter non plus que la perfection
de ces Confonances
ne vienne de celle de
leurs intervalles ÷ ÷ ÷ ou
de leurs ritmiques 1111 ,
11111111 , &c. à quoy l'on
doit adjoufter que la double
octave s'entend auffi
dans le fon des grands
corps , ce qui nous prouve
qu'ils fe fubdivifent en quatre
parties égales par la
vertu de leur reffort , & par
le choc de l'air, comme on
l'a expliqué cy.deffus.
ynouv~clle Tleorie de j
ou ïon demontre
piufieurs chojes
nouvelles.
III. MEMOIRE.
De la Melodie ou Chant à
une feule partie.
I. LA Melodie ou Melopée
est un progrés de sons
agréab2agreables a l'oreilllee. .OOrrcceect
agrement vient de trois
causes. La premiere de ce
quechaque son en particulier
meut l'organe dc.
l'ouye,sçavoir principalement
le nerf auditif, ou
les efprics qui y sont contenus
d'une maniere qui fait
plaisir
, par une espece de
chatouillement qu'il y cause.
La seconde en ce que
l'action des sans passez reste
quelque tem ps dans la
memoire,ce qui cause entre
ces fons & lettons présens,
une harmonie fort
semblable à celle de plusieurs
sons quisefontoüir
actuellement en mesme
temps. Cette harmonie de
souvenir
-
souvenir se nomme encore
des relations harmonieu-
[es, & fait le principal
agrément duchant.Latroisiéme
enfin de ce qu'un air
paroist agréable à proportion
qu'il flate la passion
dont nous sommespréoccupez.
Car les hommes de -
guerre, par exemple, trouvent
sans contredit plus de
plaisir dans les airs vifs &
prompts, que dans les
languissants & les tristes ;
ceux qui sont dans l'affliction
ne sçauroient souffrir
les chants joyeux ;
les Amans
ne prennent de goust
qu'aux airs tendres; les yvrognes
nJaftcétent que les
airs gais; les personnes serieuses
au contraire n'ai-
- ment que les chansons graves
; & les jeunes gens ne
cherchent que les airs badins.
De forte qu'on peut
presque juger de la passion
qui domine dans quelqu'
un, par les airs qu'il affecte.
Mais sans m'arrester à ce
qui fait l'agrément des sons
en particulier (ce qui m'engageroit
dans un détail de
phvGue peut- estre trèsennuyeux
pour beaucoup
1
de personnes) je commenceray
par examiner les Relations
des sons considerées
en elles, mesmes
,
&
par rapport au chant; &
je finiray par les comparer
avec nos differentes passions.
Il. Pour traitter des Relations
des fons
,
il faut
d'abord en establir le premier
principe, sçavoir,
Que les corps sonores es
-
tant frappez ou tirez, impriment
par leur ressort à ,
l'air qui les environne, 6c
celui-cy à l'air naturel qui
est dans le labyrinthe de
l'oreille des fremissements
plus ou moins prompts,
dans la mesme proportion
geometrique & reciproque,
que ces corps ont de
plus petites ou de plus
grandes dimensions,àtréspeu
de choseprès. Car
cette proportion reciproque
n'est vraye dans le
plein ou dans l'air, que
sensiblement,& feroit veritable
à la rigueur dans le
< Vide,siles sons pouvoienc
yestre entendus.
Et pourenestreconvaincu
il ne faut que supposer
premierement dans le Vide
deux cordes égales en
grosseur & en tension,mais
dont l'une foit, si l'on veut,
double de l'autre en longueur
, & qui soient tirées
chacune par leur milieu
perpendiculairement àleur
longueur, sçavoir la plus
longue de la valeur d'une
ligne(par exemple) & la
plus courte feulement de
demi ligne. Il est évident
que ces deux cordes ainsi
tirées feront chacune encore
également andéfs;
&que si on les lasche toutes
deux elles partiront par
consequent avec des vitesseségales.
Et comme la plus
longue a un trajet deux fois
plus grand à parcourir que
la plus courre, il estmanifeste
qu'elle doit employer
deux fois plus de temps a le
faire que celle- cy à faire
le sien. Car à cause de la
petitesse des espaces à parcourir,
on peut regarder
- ces espaces çomme parcourus
d'un mouvement
uniforme; ainsila plus Iongue
ne fera que la moitié
des tremblements que la
plus courte fera dans le
mesme temps. Ce fera la
mesmechose lors qu'une
des deux cordes sera, par
exemple, tripleou quadruple
de l'autre, ou dans tou-
,
te autre proportion à fouhait
; c'est-dire que celle
qui fera triple en longueur
fera trois moins de vibrations,
que la plus courte
dans un tem ps égal & ainsi
des autres. Ainsiles nombres
des vibrations de deux
telles cordes feront tousjours
entre eux dans le rapport
rcciproque ou renversé
des longueurs de ces
deux mesmes cordes,
comme Mersenne l'avoit
desja démontré dans le 1.
Tome de l'Harmonie universe
lle.
Mais lorsqu'on suppose
ces deux mesmes cordes
dans le Plein, il fautconsiderer
que la corde qui est,
par exemple
,
double en
longueur, rencontre quatre
fois plus d'air en parcourant
sa vibration, que
la plus petite. en parcourant
la sienne
,
puisque la
premiere a un trajet à parcourir
double de celuy de
la derniere. De melme la
corde triple en longueur
rencontrera neuf fois plus
d'air que la plus petite,
ayant uu tra jet trois fois
plus grand à faire; la corde
quadrupleayant un espace
quadruple à parcourir
) en rencontrera seize
fois davantage
; & ainsi de
suite dans la proportion
des quarrez 4. 9. 16. 2. 5.
36. &c. des longueurs des
cordes 2. 3. 4. 5. 6. &c.
( les superficies semblables
estant entre elles dans le
rapport des quarrez de
leurs longueurs, ou largeurs
comme on le démontre
en geometrie. )
Mais d'un autre costé la
corde deux fois plus courte
faisant deux vibrations
contre ladouble une dans
le mesme temps, celle qui
est trois foisplus courte en
faisant trois contre la triple
une; celle qui l'est quatre
fuis. en faisant quatre contre
la quadruple une, &
ainsi de suite,la double rentrera
feulement dans ses
premieres vibrations deux
fois plus d'air que la simple
pendant le mesme temps;
la triple feulement trois
fois davantage ,
la quadruple
seulement quatre fois
plus que la simple, & aioli
de fuite. Donc les vitesses
de toutes ces cordes estant
d'ailleurs regardées comme
égales & uniformes à
cause de la petitesse du trajet
, comme on a fait cyd,
ssus, l'air opposera une
resistance double à la corde
double, unetriple à la
1
triple,une quadruple à Iæ
quadruple, & ainsi des autres;
ce qui de ce costé devra
faire une diminution
de vibrations égale dans
chacune de ces cordes en
mesme temps. Mais d'un
aure costé lacorde deux
fois plus courte rencontre
deux fois l'air à contre sens
pendant ses deux vibrations,
au lieu que la dou
ble ne le renconcre qu'une;
lacorde trois fois plus courte
le rencontre trois fois
contre la triple une; celle
qui est quatre fois plus
courte le rencontre quatre
fois contre la quadruple
une seulement; ces oppositions
ou chocs de front se
faisantà chaque retour de
corde
,
& le nombre des
retours estant égal au nombre
des vibrations. C'est
pourquoy tout compensé
l'air opposé deux fois en
mesme temps plusde resistanceà
la corde deux fois
plus petite,trois fois à celle
qui est trois fois plus
courte, quatre fois à la souquadruple,
& ainsi de suite
dans la proportion inverse
des longueurs; d'où il suit
que la proportion inverse
des nombres de vibrations
avec les longueurs des cordes
n'a plus lieu absolument
parlant dans le Plein,
comme on la creu jusques
icy; mais que les petites
cordes estant reglées suivant
cette prétenduë proportion
reciproque, seront
tousjoursun peu trop basses,
c'est pourquoy il faudra
les accourcir de quelque
chose pour leur donner
le nombre de vibrations
desiré:c'est-à-dire,
que pour qu'une premiere
corde égale en grosseur ôc
en cenfion à une seconde
fasse deux fois plus de vibrations
qu'elle en mesme
temps, il la faudra tenir
plus courte que la moitié
de la plus grande de quelque
chose
, comme d'environ
1:0 de la plus longue
corde, & pour les autres
ra pports à proportion, ce
que j'ay experimentésur
toutes sortes de cordes «3c
de proportions en toutes
fortes de temps, & dont je
pourray donner quelque
jourune table; mais il n'est
pas aisé au reste de fixer ces
accourcissements à cause
que les differents estats de
- l'air y apportent des changementstres-
sensibles; de
sortequ'un clavessin accordé
pendant un temps ferain
,
le desaccorde comme
de Iuy.
-
mesme par un
tem ps humide, & se raccorde
ensuite de luymesme
quand le temps devient
[ec, ou lors qu'on l'approche
du feu; ou si le feu ou letemps sec l'afait desaccorder,
le temps humide
1 -
le restablit; ce qu'on peut
fore bien expliquer par le
plus ou le moins de resistance
que l'air fait aux petites
cordes, à proportion
qu'il est plus épais ou plus
leger.Voicy donc desja
deux especes de Paradoxes
de musique éclaircis, nous
déduirons les autres en leur
lieu. Au reste ce que nous
venons d'establir pour les
cordes,doit s'entendre aussi
des anches, des timbres,
des regales, & autres instrumens
de musique.
Des Consonances& des- Diffonmces
en général.
- III. C'a esté de tout
temps une question des
plu celebres de la Musique
desçavoir quelles font
lesConsonances& lesDisfonances
& leur dégré
d'harmonie ou de douceur;
car tous les Anciens au
dessusdesixcentsansenviron,
n'ont reconnu pour
Consonances que l'unisson,
l'octave
,
la quinte & la
quarte avec leurs repliques
,
sçavoir la 15*11. &c.
la12 19. &c. jusques là que
les Pythagoriciens ont pris
les répliques de la quarte
sçavoir l'II. la 18. &c. pour
des Dissonances, quoy qu'-
ils a yent reglé toute leur
musique sur la quarte: au
lieu que tous les Musiciens
modernes reconnoissent
non seulement la quarte &
ses repliques pour des Confonancesen
lesconsiderant
toutes feules; mais ils y
adjoustent encore les tierces
majeures& mineures,
les sextes majeures & mineures
,
& quelques
- uns
mesme la septiéme moyenne
(la sol) ce qui fait voir
que la finesse de l'oreille,
l'habitude & le goust ont
- autant de part aujugement
des Consonances
, que la
raison & le jugement.Car
si l'on considere premierement
lunissonjon trouvera
que les fremissements
des deux corps qui le produisent,
sont parfaitement
isocrones ou d'égaledurée,
& que s'estant une fois accordez
à commencer en
semble,ils continuent tousjours
de commencer& de
finir en mesme temps, ce
qui renferme une uniformité
parfaire. De plus si
l'on pince feulement une
de deux cordes à l'unisson,
on verra l'autre qui estoit
en repos tressaillir tres sensiblement
; ce qui deviendra
encore plus sensible si
l'on entortille autour un
petit bout de corde à boyau
fort leger
, & fort lasche ;
d'où l'on doit conclure que
les unissonsfortifient les
sons. Voilà deux fortes raifons
pour donner la préférence
à l'unisson sur toutes
les autres Consonances.Ce
n'est pas cependant celle
qui fait le plus de plaisir
;
parce que l'oreille cherche
aussi de la variété.On ne
peut donc pas establir en
general que les intervalles
dont les exposants sont les
plus simples, sont les plus
agreables, ainsi deux vibrations
contre une en mesme
temps, feront plus de plaisir
qu'une seule contre une
seule; parce que ces vibrations
'accordent de deux
coups en deux coups, à
frapper ensemble le chassis
de l'oreille d'un coup plus
fort, & forment parce moyen
une ritmique ou batterie
compasée de temps égaux
à la verité
,
mais qui
renfermentun coup fort &
un foible tour à tour. c'est
pourquoy cette ritmique
joignant également la variété
& l'uniformité, fait
plusde plaisir que l'unisson
qui n'a que l'uniformité
sans varieté
, quoy qu'une
corde à l'octave d'une autre
en repos la fasse moins
fremir que si elles estoient
à l'unisson. Si quelqu'un
préfere la diversitéà l'uniformité,
il trouvera encore
plus de douceur dans une
ritmique qui battra trois
corps contre deux en mesme
temps, parce qu'elle
contient perpetuellement
trois coups de suite égaux
en force, & un quatriéme
plus fort du double;deplus
ses quatre temps ou intervalles
separtagent en deux
moitiez touteségales ôc
contraires; car le premier
vaut deux moments, le second
un; le troisiéme unJ
& le quatriéme deux,ce qui
- joint
joint trois varietez avec
deux uniformitez
, ce que
j'exprime par ces nombres
( 2. 1.1. i-) On peut cependant
asseurer en general,
que la rirmique la plus
confuseest la plus desagréable.
Or elle devient
confuselorsqu'il y a une
trop grande multitude de
coups égaux & tres-promts
contre un , comme 10. I.
16. &c, contre un, &aussi
lorsqu'entre deux coups
forts il y a trop de variété,
comme dans h rirmique
de neufcentre huit, dans
laquelle les temps compris
entre deux chutes ou coups
forts, fontcomposez de (8.
1.7.2.6.3.5.4.4.53.62.7.1.8.)
moments; au lieu que dans
la ritmique de quatre contre
trois, par exemple,les
tempscompris entre deux
coups forts sont ( 3. 1.2. 1.
I. 3. ) moments. Or ces
deux ritmiques renferment
une symmetrie éga
k; mais la premiere offreà
l'esprit beaucoup plus de
confusion
,
ainsi est-elle
bienmoinsagréable à l'oreille.
D'où je conclus que
le plus court &le plus leur
moyen pour juger de l'agrément
des Consonances,
c'est de marquer leur
ritmique sur une mesme
ligne droite, divisée, par
exemple, en douze parties
égales, pour la ritmique de
quatre contre trois, & pour
les autres à proportion, entre
lesquelles partieson dis.
tinguera ses quatre quarts
par une ligne droite, par
exemple, & ses trois tiers
par une ligne ondée; alors
cette ligne ainsi distinguée
presentera par les yeux à
l'esprit la nature de cette
Consonance,&on pourra
se l'imprimer aussi par l'oreille,
si l'on s'accoustume
à frapper sur une table ou
autre corps dur les coups,
& les tems marquez & distinguez
par ces deux sortes
de lignes, à peu prés comme
on apprend à battre
du tambour,des castagnettes,
des timbales,du daïre
& autres instruments de
percussion car par ce moyen
l'esprit, le goust ,&
l'habitude, auront chacun
leur partau jugement des
Consonances & des Disfonances.
On pourra par
la mesme methode comparer
des accords composez
de trois sons
Ut mi sol
, Ut fol ut, Ut sa la, &c. ou
de quatre ou d'un plus
grand nombre,
& par là
se satisfaireautant qu'il est
possiblesur un pareil sujet.
C'est surces principes, &
sur une experience de plus
de vingt cinq ans que je
vais ex pliquer les noms, la
nature & la perfection des
Consonances, pour passer
ensuite aux Dissonances
les plus usitées, le nombre
des autres estant infini.
Et pour abreger cetexamen,&
rendre lemoins
ennuyeux qu'il est possible,
je traitteray dansun mesme
article d'une Consonance
,
de son comple
f
ment,c'est-à-dire, decelle
qui accomplit l'oétave.
avec elle,&deses repliques.
On entend ordinairement
par une octave
une suite de huit Cons, &:
par la répliqued'une Consonance
ou Dissonance la
mesme Contenance ou
Dissonance augmentée
d'une octave; par saduplique
la mêmeCosonance ou
Dissonance augmentée de
deux octaves
,
& ainsi des
autres. Je crois qu'il est
aussi fort à propos de mettre
icy une fuite de nombre
dont nous nous servirons
souvent pour expliquer les
intervalles des fons & les
comparer entre eux, afin
; d'épargner au lecteur la
peine de faire des operations
d'arithmetique ennuyeuses.
Cesnombres sont
71.( 80.81.^0.96. 108.120.
14j. 144, que l'on peut
continuer à souhait, en
doublant seulement les
premiers comme le dernier
144. est doublé du I.
72. & je conseillemesme
à ceux qui voudront s'avancer
dans la theorie de la
Musique, de les apprendre
par coeur, parce qu'ils en
contiennent toute la perfection.
Des ConsOnances. De tVnifson
,
Comphmeïit3 çjr «
Répliques.
- Il y a peu de chose à adjouster
à ce que nous avons
dit cy -
dessus de l'unisson ;
on remarquera feulement
qu'un parfait unisson doit
unir tellement deux sons
qu'on n'en entende qu'un,
sans aucun fremissement
ou battement quelconque.
L'unisson ne fait doncautre
chose que multiplier la
force des sonsen laissant à
chacun son caractere particulier.
On peur envisager
l'unisson dans toutes
fortesde ritmiques, en ne
divisant point par pensée
tout le temps compris entre
deux cheutes; de sorte
que pluscescheutes seront
frequentes dans une ritmique,
& plus il y aura d'unissons,
plus les fons seront
unis & comme fondus
ensemble; & plus une
corde en mouvement fera
trembler ce lle qui est en
repos ; au restel'unisson à
Toélave pour son cotnpIeJ)
ment & pour sa replique
comme il est aisé de le voir,
&sa ritmique est I.
De l'Oflave
,
Complément
& Répliqués.
V. Si l'on fait sonner ensemble
deux cordesd'égale
grosseur &-,cenfion,m-ais,
dont l'une soit deux fois
plus courte que l'autre, un
peu moins comme d'un
centiéme environ, ce que
l'oreille feule peut decider,
on entendra une Consonancetres
agréable, à qui
l'on a donné le nom d'octave
, parce qu'il se trouve
dans l'usage le plus ordinaire
six fons différents,
encre ses deux sons. La
pluspart des peuples ont
donné à ces sons les noms
des premieres lettres de
leurs Alphabets. ( a,b, d,e.f.,g, c, h)(a,d,gh,
ya»yd»yg.yh-?Leslta- ,
•
liens & les François les ont
nommez (Ut, rc, mi, sa,
sol, la, si,ut,)(pa,ra, ga,
so, bo, lo
,
doTa ) pour
quelques commodtcezqu'il
seroit assez inutile de deduireicy.
Maiscommeune
Consonance aussi harmonieuse
que l'octave ne peut
procéder que d'un rapport
L.de tremblements tresparfaits,
leparfait ne pouvant
f¡,
naistre de l'imperfection
il , cil: évident que les premiers
Musiciens
,
soit Pythagore
, foit Lycaon ou
autres ont eu raison d'establir
que la ritmique de l'octave
consistoit dans le rapport,
du moins sensible, de
deuxcontreun, ou de deux
r
à un, ou sil'onveut de 144. à72.cy dessus. Je dis sensible
, car on peut eslever
t ou abbaisser tant foit peu
un des deux sons qui forment
une Consonance sans
presque l'alterer sensiblement,
à cause que la difficulté
que l'airsouffreà se
subdiviser
,
oblige les sons
à s'unir quand ils sont trespeu
éloignez de la Consonance.
Aureste l'octave
unit deux sons presqueaussi
parfaitement que l'unisson
mesme;c'est pour cela que
quand quelqu'un ne sçauroic
chanter à l'unisson
avec un autre, dont la voix
ca ou trop hauteou trop
ba(Te, il ne manque pre£
que jamais de chanter à son
octave. Et dans les coeurs
-
les voix des jeunes gens qui
n'ont point encore souffert
laMuance,sonttoutes à
l'octave, & souvent mesme
j à la double octave de celles
des hommes faits, comme
nous l'avons remarqué
dans le Memoire précedent
sur la voix. Il en effc
de mesme à l'égard des
voix des femmes. C'est
pourcela encore que l'on
confond dans la pratique
de la composition un son
avec ses octaves
,
& que
l'on ne fait point de façon
d'eslever tout d'un coup le
dessus, ou d'abbaisser la
basse d'uneou de deux octaves.
C'est auni pour cela
qu'on regarde les sons compris
dans l'octave, comme
un tout complet
,
& ceux
qui sont au dessus ou au
dessous des octaves comme
de simplesredites des premiers
, ainsi l'octave devient
par là un cercle musical
qui rentre perpetuel
lement en luy
-
mesme, &
qui n'a pour bornes que la
difficulté' de l'execution.
Enfinl'octavefiluneConsonance
sinaturelle, qu'on
l'entend
l'entend toujours meslée
avec le son des corps
qui ont une estenduë
suffisante comme dans le
t son des grosses cloches,
des longues cordes, des
t grandes tringues de fer,
&c. Ce quine peut provenir
que de ce coup qu'on
leur imprime ne fçauroic
comprimerqu'u, ne portion
de ces grands corps à la
fois, laquelle portion venantà
se débander excite
[es voisines à trembler
comme elle, &celles-cy
celles qui sont encore plus
éloignees,jusques àce gu.-
enfin le tout se soit mis
dans une especed'équilibre
d'agitation,qui ne se
fait jamais que quand les
deux moitiés battent l'une
contre l'autre. A l'égard
des longues cordes quel'on
tire violemment & qu'on
lasche ensuite
,
c'est la resistance
de l'air qui les divise
d'abord par ondes, &
leur ressort acheve le reste
commecy-dessus.On pourroit
adjouster icy que l'octave
se produit encore
comme d'elle-mesme dans
le fon des
trompettes ,
cors , & autres tels inftruments
à vent , en pouſſant
le vent par degrez , mais
comme
j'auray
occafion
d'expliquer
ces phénomenes
dans le difcours
fuivant
, je n'en diray rien icy
davantage
. Nous avons dit
auffi que le complement
de l'octave
eft l'uniffon
, ce
qui eft bien manifefte
, puifqu'ajouftant
l'uniffon
avec
l'octave
on ne forme tousjours
que l'octave ; enfin
nous avons comparécy- devant
la ritmique de l'octa-
Kij
116 MERCURE
ve I ou 1. 1. avec celle de
l'uniffon ou 1. & nous avons
conclu que celle de
l'octave eftoit plus propre
à delecter que celle de l'uniffon,
quoyque moins propre
à unir les fons.
Il ne nous refte donc que
de parler des repliques de
l'octave , fçavoir la 15. la
22º. la 29°. qui ſont ſa replique
, fa duplique , triplique
, & c. & qui prennent
tousjours leurs noms du
nombre des tons qu'elles
comprennent ; leurs expofants
font qui fe trouGALANT.
117
vent en doublant continuellement
le numerateur
deux des termes de l'octave
; de forte que pour entendre
ces repliques il faut
faire fonner avec la corde
fondamentale une feconde
corde qui en foit un peu
moins que le quart , ou
que ou fuivant le fecond
article cy- devant , alors
on entendra trois nou ?
velles Conſonances
, qui di
minuent de beauté à mefure
qu'elles s'éloignent de
l'octave , parce qu'elle de
viennent à la fin trop con-
-
16
118 MERCURE
8 16
pas
fuſes. On ne doit donc
douter non plus que la perfection
de ces Confonances
ne vienne de celle de
leurs intervalles ÷ ÷ ÷ ou
de leurs ritmiques 1111 ,
11111111 , &c. à quoy l'on
doit adjoufter que la double
octave s'entend auffi
dans le fon des grands
corps , ce qui nous prouve
qu'ils fe fubdivifent en quatre
parties égales par la
vertu de leur reffort , & par
le choc de l'air, comme on
l'a expliqué cy.deffus.
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Résumé : SUITE DE LA nouvelle Théorie de Musique, où l'on demontre plusieurs choses nouvelles. III. MEMOIRE.
Le texte 'SVITtEDELA' présente une nouvelle théorie sur la mélodie et les relations harmoniques des sons. La mélodie, ou chant à une seule partie, est définie comme une progression de sons agréables à l'oreille. Cet agrément provient de trois causes principales : l'effet des sons sur l'organe de l'ouïe, la persistance des sons dans la mémoire, et la correspondance entre les airs et les passions humaines. Par exemple, les airs vifs plaisent aux hommes de guerre, tandis que les personnes affligées préfèrent les chants tristes. Le texte explore ensuite les relations des sons en établissant que les corps sonores, lorsqu'ils sont frappés ou tirés, impriment des fremissements à l'air environnant. Ces fremissements sont proportionnels aux dimensions des corps sonores. Des expériences avec des cordes de différentes longueurs illustrent cette proportion. Dans le vide, les cordes produisent des vibrations inversement proportionnelles à leur longueur. Cependant, dans l'air, la résistance de l'air modifie cette proportion, nécessitant des ajustements pour obtenir les vibrations désirées. Le texte aborde également la question des consonances et des dissonances en musique. Les Anciens reconnaissaient seulement l'unisson, l'octave, la quinte et la quarte comme consonances, tandis que les musiciens modernes incluent les tierces, les sextes et même la septième. L'unisson, bien qu'uniforme, n'est pas toujours le plus agréable car l'oreille cherche de la variété. Les ritmiques, ou battements réguliers, sont analysées pour déterminer leur agrément. Une ritmique trop confuse, avec une multitude de coups rapides, est désagréable. L'auteur propose une méthode pour juger de l'agrément des consonances en marquant leur ritmique sur une ligne droite divisée en parties égales. Il suggère d'apprendre à marquer des coups sur des surfaces dures pour développer l'habitude et le goût des consonances et des dissonances. L'unisson est défini comme l'union de deux sons qui semblent n'en former qu'un seul, sans battements ou tremblements. L'octave, quant à elle, est une consonance très agréable, formée par deux sons dont l'un est deux fois plus court que l'autre. Les peuples ont donné des noms variés à ces sons, comme les lettres de l'alphabet ou les syllabes 'Ut, ré, mi, fa, sol, la, si, ut'. L'octave est considérée comme une consonance naturelle, présente dans le son de nombreux corps étendus comme les cloches ou les cordes. L'auteur explique également les répliques de l'octave, qui sont des consonances augmentées d'une ou plusieurs octaves. La perfection de ces consonances dépend de leurs intervalles et de leurs rythmiques. Enfin, il note que la double octave peut également être entendue dans le son de grands corps, prouvant leur subdivision en parties égales par la vertu de leur ressort et le choc de l'air.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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72
p. 121-185
SUITE DU III. MEMOIRE de la MELODIE. De la Quinte, Complement, & Répliques.
Début :
Si l'on fait sonner en même temps deux cordes [...]
Mots clefs :
Consonnance, Quinte, Cordes, Vibrations, Musique, Mélodie, Harmonie, Dissonance
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texteReconnaissance textuelle : SUITE DU III. MEMOIRE de la MELODIE. De la Quinte, Complement, & Répliques.
SUITEDUIII. MEMOIRE
de la Melodie.
DeUQuinte, Comblement
6.Sil'onfaitsonnercft
mêmetempsdeux cordes
égalesLengrosseur & en
ienfion) dont l'une ne soit
que les 7 de Lautre , un
pcurmpins, on - entendra
encore uneconsonancetrésharmonieufe^
ueIon nomme
quinte,dunombre des
fons qu'elle comprend,
comme(UT-, re, mi *sah
sol Les deuxsons quilaforment
sont à la vérité moins !.. unis entreux, que ceux de
l'nniuon &dc l'a^ay^o^
me on l'a dit
leur harmonie est plus glepveéuet<&
i:onpclu;:sf:apnicqpanarci^cdattlf£ir>éjr>:i
comtneiidàio
precodentes
queu cercc' '! harmqak-riui
vient desaritmique(2, GVp,
~mdR&pcvpofensiibfpULpq
où ~£ selon le befoia ; qudia
que chofod'aulfbp^iitfi&i
~d'auffiaigrcatalxb^l'fifprjiîkï
pouvantproceder quedu parfaite
* Le complément de la
quinte est la quarte,parce
que leurs intervales pris de
fuite renferment tous les
sonsquel'octave comprend.
La quarte tient sonnom des
4 sons quellecontient,com-*
me (sol,la,ut.)On la trouve
en faisant sonner enmême
temps deux cordes égales
en longueur & en tenlion,
dÓt l'une n'est que les;
de l'autre,un peu moins.
Elle n'a gueres moins d'harmonie
que la quinte, étant
ouie feule
; c'est pourquoy
on a raison de conclure
aussi que cette perfection
lui convient de sa ritmique
{5,i,i,t,i,3)ou de ses
exposans
, par les raisons
rapportées. On peut aussi
prendre pour ses exposans
96, 'Hr 1 l b r ou lot3 lelon lebesoin.
Au reste la quarte s'employe
avec beaucoup de
succés dans la mélopée,
soit en commençant, soit
dans le progrés du chant,
ou dans sa fin.,& même
plus fréquemment que les
quintes,sixtes & oftaves.,
parce qu'elle estplus aisée
à entonner, & qu'elle est
moins suave que roétave
la quinte, & davantage que
les sextes.C'est pour celaque
les Grecs & les peuplesasiatiques
en ont-fait le fondement
de leur musique,
n'aïant pas eu de conoissance
de la composition. Elle
sert àtemperer la trop grande
douceur des unissons,des
occaves &: des quintes, en
empêchant qu'elles n'affadissent.
Les répliqués de la quin.
te font la ii3 la 19 ,
la 16,
dont les noms se trouvent
tou1\ jours, en ajoutant continuellement
7 au nombre
5
dela quinte; leursexposans
sont(~, '~) qui fc
forment aisément avec
ceux de la quinte ~, comme
il efl évident. Pour entendre
ces répliqués,il faut
faire sonner à la fois deux
cordes égales en tensîon ôc
en grosseur, dont l'une soit
le ~, ou "6, ou de l'autre.
On connoît alors que la
douzième ne cede en rien
à la quinte, &que peutêtre
elle la surpasse en douceur,
les autres allant toujours
en diminuant de beaute
à mesure quelles s'éloignenti
de celles-ci.Et l'on
doit bienremarquerque la
douzième encoresi nanaturelle
;que nonseulementelle
se forme comme
mens a,ventensoufisant
deplus fort en plus fort,
ainsi que l'octave: mais même!
oa l'entend presque
toujoursdans le son des
grands corps mêlée avec
l'oëcave;cë. qui nous fait
connqîtré queles corpsfufiîkmment
longs ne se di-
-vifent- pas feulement en
deux&en quatreparties
par la vertu de leur refforfc
& par le choq de l'air:mais
encore en trois parties égales
& plus, comme on va
le voir. Al'égard des ritmiques
de ces.répliqués,on
voit bien que ce ne sont que
des unités, sçavoir, Ill;
min, ôcc. u-.
•
Enfin les répliqués de la
quarte sont ru,la i8,ia£
qui tirent toujours leurs
noms du nombre:des sons
qu'on y conçoit, lesquels-se
trouvent en ajoutant continuellement
7 à 4. Leursexposans
sont. j,,qu'ilest
aiséde former avec ceux de
la quarte -fj & pour avoir
ces repliques, il faut faire
sonner en,même temps
ddeux coordesnégalets en gros- l'une
soit ou r6, ou de l'autre;
alors on entendra de nou- vellesconsonances,qui
vontcontinuellement en
diminuantde beauté,àmesure
qu'on s'éloigne de là
quarte. Les momens ou
temps de leursritmiques
sont, (3) 3 2.y 1>3* 3>1> 1> J,J)(3,3,3,3,3,1,2.,3,5.
3* b1>l>3)3y3>3>5)
Au reste on peut regarder
la quarte comme une conl
ionanceneutreJdè même
que l'octave, & leurs rei
pliques,ence quelles entrent
danstoutesfortes-de
paillons/-•-ct c.) i » t De la Tierce majeurey cornlement
&répliqués.
#.
7. Sil'on fait sonner cm
semble deux cordes égales
en grosseur & en tension)
dont l'une soit les de/l'autre,
vin peu moins, on en.
tendra.unecontenance, un
peumoins suavequelesprp*
cedentes, c'est à dire un
peuplus piquante, quel'on
peut aappeller aigredouce
,& que l'on nomme tierce
majeure, à cause qu'elle
renferme rrois sons sans
demi-ton,comme(ut,re,
mi ;
sa, loi, la) &c. d'où
l'on peut conclure quecette
douceur, que plusieurs
pareferent même àcelle de
quarte, ne lui vient encore
que de la perfection
de ses exposans (4) On en
peut juger aussi par sa rirmique
(4,1,3,2.2,1,3,4)
qui est médiocrement va-
.i.?
ricç,sansconfusion,&qui
produit un effettrès agreable
à l'oreille. On peur pren..
dre aussi poursesexpolans
~, ou ~- ,
selon l'occasion.
Son aigre-doux a fait que
l'on a été prés de 5000 ans
à la recevoir pour consonance
: mais il y avoic encore
:d'autres raisons qui
combattoient contrelle ,
que l'on verra ci-aprés. Du
reste elle a toujours la préference
dans les passions
vivesaussi-bien que la
quinte, & leurs repliques
comme on le dira en Ion
lieu.
Son complementestla
sixte mineure, ainsinommée
à cause des six fons
qu'elle renferme
,
qui contiennent
-deux demi-tons,
comme (mi,sa, fol^la,si,
ut. ) Pour l'entendreil faut
faire sonner deux cordes
égales en tension & grosseur,
dont l'une soit presque
les de l'autre
;
alors
on a une nouvelle consonance
moins gracieuse que
la precedente, & pour ainsi
dire la moindre de toutes
les consonances reçûës;vulgSiffWnfo
dont-expQfanç
est~,comme onn'en peut
douter par les raisonscidessus
;& par consequent
aussi sa,ritmiquecftCy> 5, *>5>1 4-J) laquellecommence à être
êo.nfti!?;fcomme il est évident.
Aussi rie fait-elle pas
tantdeplaisiràl'oreille que
celle de latierce majeure.
On peut prendre encore
, pour sesexposans~,com-
{hé: 31elpmanifefle. Au
têsté cette consonance est
unede celles qui ont été
rejettéespar les- anciens,
~~?0~~diec~de~an~
?ikes.rçpljquesdéjà tierce
majeure sontla10, la17,-
hbzqy qui tirent toujours
leur?nom&.dtt nombrede
kjuts tons commeilest
ziÇédeIç voir.On.trouve
cesrepliques en faisant sonnçj::
ëxifembiq.dmxcordes?
égales;cml tenGonr
grofleur,dûnfcla- moindre
<ift.prçfque ( dela
pW,Ic)nga)è;-EpqiDÏenaarii
que quela dixmiïiojèfbMoe
peuplusgracieusequela
tiercû:.rrtajcureiy,lai^iefl:
eimàccprkçrpJlufstdloà^ixrc^c-p^mluaiis
5m5m.
fade &plus confuse.Les
rapports de ces repliques
sont donc( K,f,7) parles'
raisons tant rebattuës,ôc
leurs ritmiques font pari
consequent (2,2,1.1, iyzJÇ111r1
) &c. D'où l'on ne
peut douterqu'ellesnempruntenttouteleur
doO^
ceur Aquoyilfaut ajoûter
que la 1,7 est encore Ji,
naturelle ,qu'eliefeforme;
non seulement dans» des
trompettes,&autres inftrûmen$.
à vent, ensoufflant
pandegrejc,demê*n£ que
foQaMCLi tiC?1A même
même on l'entend encore
dans les sons des grands
corps mêlée avec ces trois
dernieres consonances. Ce
qui ne laisse point à douter
que les grands corps ne
se subdivisent encore en
cinq parties égales,tant par
l'action de leur ressort, que
par la resistance de l'air.
Au reste ces divisions naturelles
ne doivent pas être
regardées comme imaginaires,
puis qu'on les apperçoit
à la vue même dans
les tremblemens des longues
cordes tendues, & des
longues tringues de fer retenuës
par un bout fous un
valet de menuisierou dans
un étau de serrurier
,
le
reste demeurant en l'air.
Enfinil est difficile de comprendre
jusqu'oùa été l'entêtement
& la prévention
des anciens, de n'avoir pas
voulu reconnoître ces répliques
pour des consonances,
veu qu'elles necedent
presque en rien à la quinte
& à la quarte, & que la 17
a même une prérogative
que la nature n'a pas accordée
à ces dernieres,C'est
&inùquesouvent,pourvouiloir
rrop.philosophera on
gâte tout. Mais passonsourre,
? z:/ :i:r::iG
- Lesrépliquésde lasi-x.t,e.
mineure sont la 15, la 20,
la*7 mineures, quitirent
tpûjours, leurs!> npms, xlu
nombrede leurs sons. Pour
Jes entendre il fautagiter
enfqmjblç deux cordes égaies
en grqfïeur & jea tçn~ fim » dont la plus courte
fok presque (~, ~, i-) de la
.plus longue , êc on verra
avueemlleenscdiminuent succesde
grâce, à proportion
qu'elles s'eloignent
de la sixte mineure, à commencer
à cette derniere.
On ne peut donc pas douter
que les exposans de
leurs vibrations ne soient
(7> r> )par les raisonsrapportées,
lesquels exposans
se tirent aisément de -5
leurs ritmiques sont (5,5,
5> 1>4> S>S>z>3>S* $"',3il
*»5>5y1> 5'9 5,f}&c.
d'où elles empruntent tout
ce qu'elles ont d'agrément,
puisque c'est. tout ce qui
constituë leur être. Ces contsonances
sont encore de
celles qui ontété rejertées
parles anciens, & ils n'ont
pas eu encela grandtort,
puis qu'ilsignoroient la
composition,&qu'elles ne
sçauroientpresque entrer
dans la melopée qu'en relations.
De la Tierce mineure
, com<• plement,&repliques.
1S. Si l'on fait sonneren
même temps deux cordes
égales en grosseur & en
tension , -& dont la plus
courte soit presque les de
la pluslongue, onaura encore
uneçonfo/itfnçej-^'qui
prend toujourssonnom-du
nombre de ses,£onscomme(
mi,sa,fol,")& dont
le rapport des vibrations
sera ~- par les raisons tant
repetées
, 6c parconsequent
sa ritmique sera (j*i,14 j 3*3>1>4>155)4P*
un peu moins confuse que
celle de la sixte mineure cidessusyaussîcett£
:confonance
est elle un peu plus
gracieuse:mais elle l'est cependantbien
moinsque la
tierce majeure. Onnepeut
donc aussidouterque cet
agrément ne procede de
cette ritmique, ou, ce qui
est le même, du rapport des
vibrations ~,quel'on peut
encore exprimer ainsi ( gi ,
04144) selon le besoin. Au
reste cette consonance 9ojointe
avec la tierce maj7eure
(,) composent la ou :-)canl111e on
le voit en (UT, mi, fol,)
& la même tierce mineure
~76 jointe avec la quarte lÕ8,
composèntla sixte mineure
comme on le,-voIr, en
(MI, sol,ut. )Cettetierce a
eu la même infortune que
les confonáces rejettées par
les anciens, & generalement
par tous les peuples
Orientaux: mais elleen est
recompensée par leprivilege
qu'elle a d'exprimer
la compassion & la tendresse,
en un mot les passions
languissantes, aussibien
que la sexte mineure,
& leurs repliques, comme
on le dira dans son lieu.
Le complement de la
tierce mineure est la sixte
majeure,qui tient son nom
des six sons qu'elle renferme,
entre lesquels il ne se
troutrouve
qu'un demi-ton,
comme dans (UT, re, mi,
sa, sol,la.) On forme cette
consonance en touchant
en même temps deux cordes,
dont l'une est presque
les jr de l'autre. Aprés quoy
l'on ne peut douter que le
rapport de ses vibrations ne
foit }, ou 12 ôcsa ritmique
(5,1,1.3.1,1,3,)qui peut
aller de pair avec celle de
la tierce majeure. Aussi cette
consonance ne lui cedet-
elle point en douceur,
étant même un peu plus fade
: mais la grandeur de son
intervale la rend peu propre
à la melodie
, par la difficulté
qu'il y a de l'entonn,
èr; ainsiellen'y entre qu'
en relation. Au reste elle
èlt cornposée de la tierce
majeure ^} & de la quarte
~>jointes ensemble, comme
on le voit en (UT, sa,
la.) Les anciens & tous les
Orientaux n'ont donc pas
eutant de tort dercjettfcr
cette belle consonance,puis
qu'ilsn'en sçavoient faire
aucun usetquils ne
connoissoientpas mêmeles
relations -.'
4 9.
Lesrepliques de latierce
mineure ~1 sontla10e, la 17e,
la 24emineures, qui tirent
toutes leurs noms dunombre
de> fons qu'elles renferment
On entend ces ret
pliques lors qu'on fait son-
[ ner deuxcordesdont l'unç
cft (h> >i) del'autre,un
peumoins ; &on trouve
qu'elles diminuent continuellement
de beauté, à
{ mesure qu'elles s'éloignent ldela tierce mineure,àcom-
! mencer à celle-ci.On - ne peut pas cependant douter
! que lesexposant de leurs
^hbratiortsne-u>*ent 7"
fy) par les raisonsrapportées:
lesquels exposans se
tirent aisément de ceux de
!â::tîercé mineure {Jb ) & , , que leuragrémentne procedede
leurs ritmiques(5,
1,z,j3; S>4>.rjS*'Si
5>2'>5v5)&c«
Erifirflesrépliquerdelà
sexte majeure ~7 font la;13e;
la 20e ,
la 17? majeures,qui
tirent toûjoursleursnoms
du nombre de leurs [Óns.
On les entend en faisant
sonner ensembledeuxcordeségalesd'alleurs
en tout.
dotit.l'une-est ( ,lu,h,L)tde
l'autre eniçagueur•& on
trouve qu'elles vont toutes
encore en diminuant de
beauté, à mesure qu'elles
s'éloignent dela sextemajeure,
à commencer à celle-
ci. Les exposans de leurs
vibrations sont donc ( lfy 't',
~j )qui se tirentaisément de
~f, & leurs ritmiques sont (3>3>3>1>3-1*3 3yhr)3313ji, , 1>
-3*<3>5*-3>•$•>31»3>3J3>3»
3,3,)"&c., d'oùl'onne peut
douter qu'elles n'empruntentcequellesont4ebeauqtéu,
piulisequse c'est là tout ce constituë.
Des
-
conjôntnces qu'on peut
ajoûter aux precedentes.
-.' 9. Il estévidentque les
consonances considerées.
ainsi par - complemens ôc
répliques se reduisent au
nombre decinqfondament- :
tales
,
tant anciennesque
modernes, majeures & mineures
;fçavqir,l'viaiflAn.f,
l'odrave ,? la;quinte î"at
tierce majeure \,&la tierce
mineure --• ce quidonne
une grande facilité pourles1
retrouver toutes, & les
comparer entr'elles., Suivant
cela l'octave comprend
huit consonances en
tout, en ajoutant aux precedentes
la quatre (-, complément
de la quinte; la
sixte mineure~', complement
de la tierce majeure;
& la sixtemajeure~ complément
de la tierce mineure.
Ausquelles consonances
si l'onajoute trois
repliques pour chacune,
«(lnniflon excepté.) on aura
vingtineuf consonances en
,tp4ç ornais en mê,.me temps
on trouve plusieurs autres
rapports tirez des precedens,
( & qu'on peut par
consèquent nommer musicaux
) lesquels font aussi
simples que plusieurs de
ceux-là. Ces rapports sont
l~es3on(ze5sju3iva4n)s,)( 4-,>~t dont
les ritmiques égalent en
simplicité, en symetrie,Ôc
en variété plusieurs de celles
des consonances reçûës;
ces ritmiques sont (5, 4,1,
5>?>5*hl>4r5H4>4*
J,;,4, l,4,3, '>4>4)'U>2->
1.iji}1 i,z)&c»(4,4?
: 1
4>3>4>4>4> 4> 4>4>1>
h4>4j4)^c* (ï)5y553>5»
5>5>I>4>5*5>4j'J5Î5J5>2'J3>
5,5, 5 &c-&(J>3>3>5»Î»
3>3>3>1>1> 3 , 3>3*3*3 , 3> 3j1?133>5)3>3>3>3>3>3-î
&c. Si l'on veut donc se
donner la peine d'accoûtumer
l'oreille à ces nouveaux
intervales
, comme ona faità la tierce, à la sexte
mineures, & à leurs répliqués,
on aura une nouvelle
conlonance dans l'octave,
dont la replique est*,
-& en tout quarante consonances.
On verra ci-aprés
d'où ces onze nouvelles
consonances sont tirées;
car elles tiennent leur origine
des dissonances,dont
on va parler incontinent,
quoique les intervales-;,
~7, It r, ~n'en retiennent
presque rien du tout,ne
cedant en rien aux consonances
reçûës; ce qui pourroit
même paÍffr pour un
3e paradoxe en musique.
A,'
Mais ce qui doit certainement
passer pour un quatriéme
paradoxe. encette
fciencc, c'est que les inrer-
~Va\l-seisy(t-737i7 --n-- M)IJ<i J>
Tjt ?,tï:r,5)&c.qui
renferment dans leurs ex,
pofans d'autres nombres
premiers que (t93,5) soient
des dissonances, quoique
ces exposans soient aussi
(impies , & leursritmiques
aussi symerrisées & aussi variées
que les precedentes,
comme on peur le voir ici, (ni,&:c ) (i,i, 2, 1. 1,
2.,2.,2.)(),3,1,2..3.2.,1,
3, 3.)453> 1,4 ,z.2.., 4, (mï,&c. ) (z,
~,2. )2, ,1, 1.1, 1, 1, 2.,2;;
a) (î»-3»î»*»*y3- 3-3 ,1)i)
3»3$il(4» 4->Jj4j4>
2..2,,4-)4,,,3,4,4)&c.
D'ailleursces ritmiques
font autant deplaisir à loi
reille
,
étant destituées de
son, que les precedenres,
comme chacun peut le^.
pprroouuvveer rlsooyy--mmêemmee. ..DOolut
peut donc venir cette difference,
qui semblerenverser
toute la theorie dessons
& des vibrations ? pourquoy
faut-il que les exposans
des consonances ne
soient point camposez d'autres
nombres premiers que
des trois ( i,$,y?) & quel
privilege onp ces tro4 &<'
tousles autres 7,11,15, &c.
qui sont en nombre infini?
Certes ce privilege ne peut
venirque de la conformation
de nôtre organe, qui
ne peut admettre d'autres
nombres premiers que ces
trois plus simples. Demême
que ce qui fait que tous
les peuples de cet ancien
continent comptent seulement
jusqu'à dix, & non
.Pasjufqu.,àdouze, cela vient
certainement de ce que la
nature ne nous a donné que
dix doigts , puis qu'ilseroit
>bie#; pluscommode, de
compter jusqu'à douze, par
exemple. Il faut donc necessairement
rappeller ici
la structure de l'oreille humaine,
que nous avons expliquée
exprés assez en détail
dans le premier me- 1
moiredenôtre Mellodie- , où nous avons remarque
que les trois canaux fèmi-j
circulaires du labyrinthe
s'abouchent dans sa cavice
par cinq embouchures seulement,
& non pas par six, 1
commeils le devroient naturellement
û lanature.
ji'avoiirien-affediîé ici de
particulier, deux deces canaux
ayant une embouchure
commune; & cela
non seulement dans tous les
hommes, mais même dans
la plûpart des animaux qui
ont le labyrinthe, comme
on trouve cinq doigts aux
pieds de plusieurs animaux,
de même qu'aux mains ôc
aux pieds de l'homme. Ce
qui faitassez connoître que
cettestructure si singuliere
n'est point un effet ou du
hazard ou d'aucun dérangtement.
Au contraire elle cAfafM telle,pour êtrepro.
pre à recevoir les cinq branches
du nerf auditif, sçavoir
de la partie de ce nerf
bqausie aprés avoir quitté la
du limaçon, entre dans
la voûte, où elle se divise
en cinq rameaux, (demême
que la main en cinq
doigts) dont chacun entre
en chacune des cinq embouchures
de ces trois canaux,
pour se distribuer , &
se perdre ensuitedans leur
perioste. Ilrestedoncmaintenant
d'expliquer commenttoutesles
consonances
precedentes peuvent
s'exs'exprimer
sur ces cinq rameaux
comme sur les cinq
cordesd'unviolon,&d'où
vient;'qu^ils; n'admettent
point d'autresintervales.
Pourentendre ceci, il faut
se souvenir de ce que nous
ayons établi en parlantde
l'oreille,article 15,sçavoir,
qchuaesqsiusnoeiqsouieensets differens
en aucune.
consonanceprochaine avec
leson quilesfrape, ils ne
laissent pas de trembler,
priais d'un tremblement
forcé, ôc qui nedure qu'autant
que dure le son qui les
Juin 1713. O
meut; au lieu que quand le
chassis exterieuraété mis
enconsonance prochaine
avec leson dedehors. par
ses muscles, il en reçoit
alors les vibrations avec facilité
, & les conferve me*4
meaprésque le fonnlagicj
plusdessus.Ilenestdemê- :
me des cinq rameaux du
nerf auditif queje distin- 1
gue en premier second , J
troisiéme, quatriéme &cin- ,
quiéme, en supposant que j
le premierpar sagrandeur,
A: par lanaturedes e/prib
: qu'ilcontient, étant dans j
sonétatnaturel, est disposé
à fairecinq vibrationscontrelesecond
six ,.aii0idans
foudm:naturel aixiQ xres
deux puneaux- sont natuxelleraent
,-entr)eux entier*
•c.c mineure: Ájue Jp même
premier rameaueûHeîmê>-
me avec le troiséime.,aussi
dans son état naturel, en
tiercemajeure ; c'çfi: à dire
AU.II. faitqtaaroe viliraciID-m
contrecelui-ci cinq;qu'il
cil avec le quatriéme, aussi
dans son état naturel, eu
quinte: de sortequ'il fait
deux tremblemens contre
celui-ci trois. Enfinque te
même premier rameau est
en octave avec le cinquième
, ou fait un tremblement
contre lecinquième
deux. Ce qui servira a rectifier
ce qui n'-efl:qu'ébauché
dan^iràrticloi17;dumémoire
cité.!.•: Ceci étant supposé, on
voit déja comme on peut
exprimer les sons /iU'T^
rnifoi,ut) sur lê,premieri
le troisiéme, le quatriéme
Jôc cinquiéme rameaux du
nerf auditif, puisquepour
ceteffet il suffitque l'âme
les mette chacun a l'unisson
des vibrations de ces
quatre. sons, en accelerant
ou retardantle mouvement
des esprits qu'ils contien-,
nent. Pour y exprimer en:,
suite unsa, qui fait la quartravée
UTj il suffitque le
premier rameauUT sesubdivise
en quatre partieségalesparlechoqdel'air,
afin
que trois deces parties ensembleen
puissent recevoir
les tremblemens. De même
le son las'exprimera sur
[le troisiéme rameau ,
qui
yFait mi.) avec lequel il fait
SLuffi [laqu^rtcj.Lefi$cXr
primerasurlesol,avec lequel
ilfait JatierceTnZr
jeure; & pourcelail fuoo
que le ranicau sol se (ubdivise
en cinqpartieségales
par le choqdeTatt\,.,aftù
quequatre de' icçspartie*
faisent ensemble le.si : mais
le, mêmesi s'exprimera encoremieux
surlemi,quand
lelajnefondera pas;car
puis qu'ilfaitla quinté avec
le mi, il suffira que le ra-,
meau mi se divise en trois
parties égales,afinque deux
decesparties eufc-mbl-e fas- i
fent lesi; au lieuque si lç
1a sonnoiten mêmetemps,
ilfaudroitquelechoqde
l'air pûc.exiger-jCCrameau
[deTe subdiviseren douze
parties e'gàles^fïn queneuf
ide cesparties ensemble
[fendillent-«leh^ôc huit le
si'i ce qui n'éstpeut-lêtrç
pasfortdifficile. Enfinpour
le re,ilnepeut mieuxs'exprimerque
sur le loi : mais
comme ilestplus basque
tee sol,il fautpour ceteffet
'l'quelesol lui
-
mêmedescendeàson
o:étqve) & se
diviseensix partieségales,
afinerenl
de le fol naturel, ôc que quatreensemble puissent
fcnnerleJredesire.^
r. Les répliquesbafïess'exj
primeront demêmesur les
mêmes filet?&rclâchez4propos
:maispour lesrepliqués
hautes, ilsuffira que lJait;
du labyrinthe divise les cinq
rameaux musicaux ; par
exemplela replique haute
du sa divisera le cinquiéme
rameau, de même que le
sa bas divise le premier
Pour la repliquédu la, l'aiir
divAlerale troifiélnc: ra- meanJ
meaumien8afin que six
ensemble rendent le la, 6c
trois ensemble sa replique.
Pour le si il y aura deux par.
ties du quatriémerameau
sol, divisé en cinq comme
ci-dessus
, qui fremissant
| ensemble rendront sa repli-
; que.Le mi se diviseraaussi
en trois parties égales, donc
chacune à part sonnera si
replique, lorsque le la ne
sonnera point; & si le la s'y
1 trouve, alors le mi étant di- :vile en douze, comme cidessus,
quatre rendronc la
replique du si, deux sa duplique,
ôc 1
sa tripliquc:
le tout selon les principes
de la division des cordes
ex pliquez ci-devant.
Des consonances composées >
ou accords,
'.:: 10. A l'égard des confoinnaannccees.
s ccoormnppoofsééeess nnoo,mm~r,
méesaccords,comme(UT,
mi, sol,ut) ( LA, ut, mi,
la)&c. je n'en traiterai poinc
exprés,cesujet appartenant
plûtôtà la compofinon.Je
dirai seulement qu'ayant
trouvé leurs exposans (-4',
5,6,8)(10, 1z, 15, 2°-)
&c. on pourra se representer
les ritmiques de ces accords,
en divisant d'abord
une ligne droite en quatre
parties égales, puis en cinq,
en six, & en huit; ou d'abord
en dix, puis en douze,
en quinze, & en vingt, &c.
Ce qui se fait endivisant la
premiere en 120 parties égales
,& la secondeen 60 seulelllent,
&pour les autres à
proportion, & observant les
points où deux ou plus de
fons se rencontrent à fraper
ensemble
: ce que je marque
par des points ainsi,
4>S::**•»
i3,)i5,,i:1i0,:t6,,i,4i,J;,ij : )'($,' 3:1,2:
1: 1,3 : 1,1,1,2:i,1>
1 •1)1:2.:1j1: 3: 1.JI,l"
2: 1,1,1, 3=) & demême
pour toutes les autres
ritmiques plus simples , ou
plus composees indéfiniment;
où ilfaut remarquer
que quoique ces deux-ci
paroissent plus composées
qu'aucunes des consonances
precedentes,cependant
elles le sont moins en urt
sens, en ce qu'elles sont di{.,,
tinguées en plulieurs ritmiquesparticulieres
par differentes
chûtes de coups
forts;ce qui les rend intelligibles.
De la maniere dont les bêtes
goûtent la musique.
11. Il resteroit de dire
quelque chose sur la maniere
dont les bêtes apperçoivent
les consonances,
puisque l'experience nous
apprend que plusieurs sont
trés-sensibles à la musique,
comme nous l'avons déja
remarqué dans le premier
Qaçirçojre. Otlc:s consonances
s'apperçoivent en deua
manieres :
la premiere, par
le plus ou le moins d'ébranlement
qu'elles causent suc
les filets du nerf auditif
comme nous avons dit cidevant,
qu'une corde ébranlée
en meut une autre qui
est avec elle en quelque
consonance prochaine. La
feconde, par leur ritmique.
Mais on ne sçauroit penser
que la ritmique des consonances
cause en elles le plarJ
sir de l'harmonie, sans leur
donneren même tempsune
ame toute semblable à la
nôtre. D'ailleurs on ne remarque
point queles ritmiques
destituées de son leur
causent aucun plaisir,ni qu'0#
elles en marquent aucune
dans leurs cris ou dans leurs
chants; ce qui nous doit
convaincre que leur ame
sensitive est purement Ina.
terietle, & qu'elle n'apperçoit
les consonances que de
>
la premiere maniere,&nul.
lement par leurs ritmiques.
DesDissonances.
12. Il y a de deux especes
de dissonances:sçavoir,les
premières, qu>on peut appeller
musicales, puis quelles
sont cirées des consonances
reçues ou anciennes,&
qu'elles ne sont composées
que des trois mêmes
nombres premiers (z*,3)5 )
qu'elles. Les autres sont étrangeres)
ne pouvant être
tirées en aucune façon de
ces consonances,parce Qlll.,
elles renferment d'autres
nombres premiers comme
(7, 11,13, &c. ) Les dissonances
musicales les plus
communes font le ton majeur
;, qui est la différence
d,e la quarte à la quinte comme sa fol,
différence
de UT saàUT sol,son
complément est la septième
mineure~£, sol sa, &
ses repliques la ,majeure
l, la 16e majeure9r, la 13e
majeure ~f, dont on a fait
de nouvelles consonances :
le ton mineur ~différence
de la quinte 1, à la sixte
majeure ;.', comme sol la,
différence de UT sol à UT
,1a
; son complément est la
7e moyenne }., ou ~i la sol,
ôc sa réplique la9e moyens
ne~r,qu'on a mises avec
les mêmes consonances
:
le
semi-ton majeur différence
de la tierce majeure~5 à
la quarte £, comme mi sa,
différence de Ut mià UT
sa
;
son,complément est la
7e mineure V; sa mi
,
qui a
pour répliques les nouvel-
1les con{f"onances ( J~ l~ )
¡, v, ï; & ses répliqués font la 9e
mineure la 16e mineure &c. le semi-ton mineur,
ou dieze moderne 1; différence
de la tierce majeure.
2 à la tierce mineure £:
comme mib mi, fib si
;
son
complément eR:, la 7e crofmatique
£ mi mib
,
si sib;
& ses repliques sont la 9e
cromatique ~g, la 16e cromanquer,
la 13e cromatique
?y qu'on a mile encore
au rang des nouvelles con-
[onances, aussi- bien que la
26efuperfluër. Outre ces
rdiflonances, il y a encore
les fausses consonances;sçavoir,
la fausse quinte ~3, qui
est composéede la quarte i, & dufemi-tonmajeur ~£,
comme si sa, composée de
si mi, & de mi sa, ou encore
de deux tierces mineures
si re, re sa,& dont le
complément est la fausse
quarrcappeilée triton H, ôc
lesrepliques la fausseuc :£,
&c. la quinte to diminuée
d'un comma) dont 8 r font
le ton majeur)qui est la difserence
de la sixte *-° au ton
majeur,comme re la, en
faisant UT re, ton majeur;
ion complément est la quarte
forte d'un comma la re, sesrépliqués &c.& la tiercemineurefoibled'un
comma
,1'
,
qui est la différence
de la quarte au ton majeur
~%, comme resa,en faisant
toujoursUTre ton majeur.
Son complément eu: la -
sixte majeure force d'un
comma ; & leurs repliques
sont ôce. 27 y-;
&c.dontladernière pour-,
roit encore dans un besoin
servir de nouvelle conso.
nance: ou si l'on fait UT re,
tonmineur, alors la quinte
foible d'un comma est fol
re, ôc son complément la
quarte forte re fol: la tierce
mineure foibled'un comma
est sire, & la sixte majeure
forte re si.
Si l'on veut entendre la
diffoaaflcc'f, quiest une
10e mineure foible, d'un
comma, il ne faudra qu'accorder
quatre cordes d'une
viole de quarte en quarte,
alors la premiere ôc la derniere
touchées. ensemble
rendront cette 10e ; & si
l'on souhaite oüir la difïo—;
nance ~V, qui est une 13e majeure
forte d'un comma ,
on accordera les 4 cordes
d'un violon de quinte en
quinte,&ontouchera feulement
la premiere ôc la
derniere à la fois,quirendront
cette 13e. Au reste
toutes cesdissonances font
d'autant plus dures, que
leurs exposans sont plus
composez, ou leurs ritmiques
plus confuses; ce qu'il
seroit trop long d'examiner
ici.Quant à la maniéré dont
les dissonances s'apperçoivent,
il faut remarquer qu\.
elles se prèsentent de deux
manieres ;sçavoir) comme
sommes ou différences des
consonances ou de leurs repliqués
,comme quand on
sonne à la fois les huit sons (UT, re,mi, sa,sol, la, si,
rut,) oubien seules;dans le
prermier cas elles sont ex*-
primées sur les 5 rameaux
du nerf auditif
; dans le sécond
chacun de leurs sons
rend à ébranler chacun de
ces rameaux, ôc ne le pouvanc
tous à la fois, parce
que ces rameaux sont trop
courts pourune si grande
division, on sent alors une
espèce de combat fort defagreable
,
qu'on appelle dit
sonance, à cause que la divisionque,
chaqueson à
partyproduit est auflitoc^
dértuite par celle d'un au-1
tre. C'est pour cela que
les
incervales qui renferment
d'aud'autres
nombres premiers
que les musicaux 1, 3,5,
sont tous dissonanans,parce
qu'ils ne se presentent ja-
: mais de la premiere maniere,
mais feulement de la féconde,
pour laquellelenerf
auditif n'a point, de fijets
convenables.
de la Melodie.
DeUQuinte, Comblement
6.Sil'onfaitsonnercft
mêmetempsdeux cordes
égalesLengrosseur & en
ienfion) dont l'une ne soit
que les 7 de Lautre , un
pcurmpins, on - entendra
encore uneconsonancetrésharmonieufe^
ueIon nomme
quinte,dunombre des
fons qu'elle comprend,
comme(UT-, re, mi *sah
sol Les deuxsons quilaforment
sont à la vérité moins !.. unis entreux, que ceux de
l'nniuon &dc l'a^ay^o^
me on l'a dit
leur harmonie est plus glepveéuet<&
i:onpclu;:sf:apnicqpanarci^cdattlf£ir>éjr>:i
comtneiidàio
precodentes
queu cercc' '! harmqak-riui
vient desaritmique(2, GVp,
~mdR&pcvpofensiibfpULpq
où ~£ selon le befoia ; qudia
que chofod'aulfbp^iitfi&i
~d'auffiaigrcatalxb^l'fifprjiîkï
pouvantproceder quedu parfaite
* Le complément de la
quinte est la quarte,parce
que leurs intervales pris de
fuite renferment tous les
sonsquel'octave comprend.
La quarte tient sonnom des
4 sons quellecontient,com-*
me (sol,la,ut.)On la trouve
en faisant sonner enmême
temps deux cordes égales
en longueur & en tenlion,
dÓt l'une n'est que les;
de l'autre,un peu moins.
Elle n'a gueres moins d'harmonie
que la quinte, étant
ouie feule
; c'est pourquoy
on a raison de conclure
aussi que cette perfection
lui convient de sa ritmique
{5,i,i,t,i,3)ou de ses
exposans
, par les raisons
rapportées. On peut aussi
prendre pour ses exposans
96, 'Hr 1 l b r ou lot3 lelon lebesoin.
Au reste la quarte s'employe
avec beaucoup de
succés dans la mélopée,
soit en commençant, soit
dans le progrés du chant,
ou dans sa fin.,& même
plus fréquemment que les
quintes,sixtes & oftaves.,
parce qu'elle estplus aisée
à entonner, & qu'elle est
moins suave que roétave
la quinte, & davantage que
les sextes.C'est pour celaque
les Grecs & les peuplesasiatiques
en ont-fait le fondement
de leur musique,
n'aïant pas eu de conoissance
de la composition. Elle
sert àtemperer la trop grande
douceur des unissons,des
occaves &: des quintes, en
empêchant qu'elles n'affadissent.
Les répliqués de la quin.
te font la ii3 la 19 ,
la 16,
dont les noms se trouvent
tou1\ jours, en ajoutant continuellement
7 au nombre
5
dela quinte; leursexposans
sont(~, '~) qui fc
forment aisément avec
ceux de la quinte ~, comme
il efl évident. Pour entendre
ces répliqués,il faut
faire sonner à la fois deux
cordes égales en tensîon ôc
en grosseur, dont l'une soit
le ~, ou "6, ou de l'autre.
On connoît alors que la
douzième ne cede en rien
à la quinte, &que peutêtre
elle la surpasse en douceur,
les autres allant toujours
en diminuant de beaute
à mesure quelles s'éloignenti
de celles-ci.Et l'on
doit bienremarquerque la
douzième encoresi nanaturelle
;que nonseulementelle
se forme comme
mens a,ventensoufisant
deplus fort en plus fort,
ainsi que l'octave: mais même!
oa l'entend presque
toujoursdans le son des
grands corps mêlée avec
l'oëcave;cë. qui nous fait
connqîtré queles corpsfufiîkmment
longs ne se di-
-vifent- pas feulement en
deux&en quatreparties
par la vertu de leur refforfc
& par le choq de l'air:mais
encore en trois parties égales
& plus, comme on va
le voir. Al'égard des ritmiques
de ces.répliqués,on
voit bien que ce ne sont que
des unités, sçavoir, Ill;
min, ôcc. u-.
•
Enfin les répliqués de la
quarte sont ru,la i8,ia£
qui tirent toujours leurs
noms du nombre:des sons
qu'on y conçoit, lesquels-se
trouvent en ajoutant continuellement
7 à 4. Leursexposans
sont. j,,qu'ilest
aiséde former avec ceux de
la quarte -fj & pour avoir
ces repliques, il faut faire
sonner en,même temps
ddeux coordesnégalets en gros- l'une
soit ou r6, ou de l'autre;
alors on entendra de nou- vellesconsonances,qui
vontcontinuellement en
diminuantde beauté,àmesure
qu'on s'éloigne de là
quarte. Les momens ou
temps de leursritmiques
sont, (3) 3 2.y 1>3* 3>1> 1> J,J)(3,3,3,3,3,1,2.,3,5.
3* b1>l>3)3y3>3>5)
Au reste on peut regarder
la quarte comme une conl
ionanceneutreJdè même
que l'octave, & leurs rei
pliques,ence quelles entrent
danstoutesfortes-de
paillons/-•-ct c.) i » t De la Tierce majeurey cornlement
&répliqués.
#.
7. Sil'on fait sonner cm
semble deux cordes égales
en grosseur & en tension)
dont l'une soit les de/l'autre,
vin peu moins, on en.
tendra.unecontenance, un
peumoins suavequelesprp*
cedentes, c'est à dire un
peuplus piquante, quel'on
peut aappeller aigredouce
,& que l'on nomme tierce
majeure, à cause qu'elle
renferme rrois sons sans
demi-ton,comme(ut,re,
mi ;
sa, loi, la) &c. d'où
l'on peut conclure quecette
douceur, que plusieurs
pareferent même àcelle de
quarte, ne lui vient encore
que de la perfection
de ses exposans (4) On en
peut juger aussi par sa rirmique
(4,1,3,2.2,1,3,4)
qui est médiocrement va-
.i.?
ricç,sansconfusion,&qui
produit un effettrès agreable
à l'oreille. On peur pren..
dre aussi poursesexpolans
~, ou ~- ,
selon l'occasion.
Son aigre-doux a fait que
l'on a été prés de 5000 ans
à la recevoir pour consonance
: mais il y avoic encore
:d'autres raisons qui
combattoient contrelle ,
que l'on verra ci-aprés. Du
reste elle a toujours la préference
dans les passions
vivesaussi-bien que la
quinte, & leurs repliques
comme on le dira en Ion
lieu.
Son complementestla
sixte mineure, ainsinommée
à cause des six fons
qu'elle renferme
,
qui contiennent
-deux demi-tons,
comme (mi,sa, fol^la,si,
ut. ) Pour l'entendreil faut
faire sonner deux cordes
égales en tension & grosseur,
dont l'une soit presque
les de l'autre
;
alors
on a une nouvelle consonance
moins gracieuse que
la precedente, & pour ainsi
dire la moindre de toutes
les consonances reçûës;vulgSiffWnfo
dont-expQfanç
est~,comme onn'en peut
douter par les raisonscidessus
;& par consequent
aussi sa,ritmiquecftCy> 5, *>5>1 4-J) laquellecommence à être
êo.nfti!?;fcomme il est évident.
Aussi rie fait-elle pas
tantdeplaisiràl'oreille que
celle de latierce majeure.
On peut prendre encore
, pour sesexposans~,com-
{hé: 31elpmanifefle. Au
têsté cette consonance est
unede celles qui ont été
rejettéespar les- anciens,
~~?0~~diec~de~an~
?ikes.rçpljquesdéjà tierce
majeure sontla10, la17,-
hbzqy qui tirent toujours
leur?nom&.dtt nombrede
kjuts tons commeilest
ziÇédeIç voir.On.trouve
cesrepliques en faisant sonnçj::
ëxifembiq.dmxcordes?
égales;cml tenGonr
grofleur,dûnfcla- moindre
<ift.prçfque ( dela
pW,Ic)nga)è;-EpqiDÏenaarii
que quela dixmiïiojèfbMoe
peuplusgracieusequela
tiercû:.rrtajcureiy,lai^iefl:
eimàccprkçrpJlufstdloà^ixrc^c-p^mluaiis
5m5m.
fade &plus confuse.Les
rapports de ces repliques
sont donc( K,f,7) parles'
raisons tant rebattuës,ôc
leurs ritmiques font pari
consequent (2,2,1.1, iyzJÇ111r1
) &c. D'où l'on ne
peut douterqu'ellesnempruntenttouteleur
doO^
ceur Aquoyilfaut ajoûter
que la 1,7 est encore Ji,
naturelle ,qu'eliefeforme;
non seulement dans» des
trompettes,&autres inftrûmen$.
à vent, ensoufflant
pandegrejc,demê*n£ que
foQaMCLi tiC?1A même
même on l'entend encore
dans les sons des grands
corps mêlée avec ces trois
dernieres consonances. Ce
qui ne laisse point à douter
que les grands corps ne
se subdivisent encore en
cinq parties égales,tant par
l'action de leur ressort, que
par la resistance de l'air.
Au reste ces divisions naturelles
ne doivent pas être
regardées comme imaginaires,
puis qu'on les apperçoit
à la vue même dans
les tremblemens des longues
cordes tendues, & des
longues tringues de fer retenuës
par un bout fous un
valet de menuisierou dans
un étau de serrurier
,
le
reste demeurant en l'air.
Enfinil est difficile de comprendre
jusqu'oùa été l'entêtement
& la prévention
des anciens, de n'avoir pas
voulu reconnoître ces répliques
pour des consonances,
veu qu'elles necedent
presque en rien à la quinte
& à la quarte, & que la 17
a même une prérogative
que la nature n'a pas accordée
à ces dernieres,C'est
&inùquesouvent,pourvouiloir
rrop.philosophera on
gâte tout. Mais passonsourre,
? z:/ :i:r::iG
- Lesrépliquésde lasi-x.t,e.
mineure sont la 15, la 20,
la*7 mineures, quitirent
tpûjours, leurs!> npms, xlu
nombrede leurs sons. Pour
Jes entendre il fautagiter
enfqmjblç deux cordes égaies
en grqfïeur & jea tçn~ fim » dont la plus courte
fok presque (~, ~, i-) de la
.plus longue , êc on verra
avueemlleenscdiminuent succesde
grâce, à proportion
qu'elles s'eloignent
de la sixte mineure, à commencer
à cette derniere.
On ne peut donc pas douter
que les exposans de
leurs vibrations ne soient
(7> r> )par les raisonsrapportées,
lesquels exposans
se tirent aisément de -5
leurs ritmiques sont (5,5,
5> 1>4> S>S>z>3>S* $"',3il
*»5>5y1> 5'9 5,f}&c.
d'où elles empruntent tout
ce qu'elles ont d'agrément,
puisque c'est. tout ce qui
constituë leur être. Ces contsonances
sont encore de
celles qui ontété rejertées
parles anciens, & ils n'ont
pas eu encela grandtort,
puis qu'ilsignoroient la
composition,&qu'elles ne
sçauroientpresque entrer
dans la melopée qu'en relations.
De la Tierce mineure
, com<• plement,&repliques.
1S. Si l'on fait sonneren
même temps deux cordes
égales en grosseur & en
tension , -& dont la plus
courte soit presque les de
la pluslongue, onaura encore
uneçonfo/itfnçej-^'qui
prend toujourssonnom-du
nombre de ses,£onscomme(
mi,sa,fol,")& dont
le rapport des vibrations
sera ~- par les raisons tant
repetées
, 6c parconsequent
sa ritmique sera (j*i,14 j 3*3>1>4>155)4P*
un peu moins confuse que
celle de la sixte mineure cidessusyaussîcett£
:confonance
est elle un peu plus
gracieuse:mais elle l'est cependantbien
moinsque la
tierce majeure. Onnepeut
donc aussidouterque cet
agrément ne procede de
cette ritmique, ou, ce qui
est le même, du rapport des
vibrations ~,quel'on peut
encore exprimer ainsi ( gi ,
04144) selon le besoin. Au
reste cette consonance 9ojointe
avec la tierce maj7eure
(,) composent la ou :-)canl111e on
le voit en (UT, mi, fol,)
& la même tierce mineure
~76 jointe avec la quarte lÕ8,
composèntla sixte mineure
comme on le,-voIr, en
(MI, sol,ut. )Cettetierce a
eu la même infortune que
les confonáces rejettées par
les anciens, & generalement
par tous les peuples
Orientaux: mais elleen est
recompensée par leprivilege
qu'elle a d'exprimer
la compassion & la tendresse,
en un mot les passions
languissantes, aussibien
que la sexte mineure,
& leurs repliques, comme
on le dira dans son lieu.
Le complement de la
tierce mineure est la sixte
majeure,qui tient son nom
des six sons qu'elle renferme,
entre lesquels il ne se
troutrouve
qu'un demi-ton,
comme dans (UT, re, mi,
sa, sol,la.) On forme cette
consonance en touchant
en même temps deux cordes,
dont l'une est presque
les jr de l'autre. Aprés quoy
l'on ne peut douter que le
rapport de ses vibrations ne
foit }, ou 12 ôcsa ritmique
(5,1,1.3.1,1,3,)qui peut
aller de pair avec celle de
la tierce majeure. Aussi cette
consonance ne lui cedet-
elle point en douceur,
étant même un peu plus fade
: mais la grandeur de son
intervale la rend peu propre
à la melodie
, par la difficulté
qu'il y a de l'entonn,
èr; ainsiellen'y entre qu'
en relation. Au reste elle
èlt cornposée de la tierce
majeure ^} & de la quarte
~>jointes ensemble, comme
on le voit en (UT, sa,
la.) Les anciens & tous les
Orientaux n'ont donc pas
eutant de tort dercjettfcr
cette belle consonance,puis
qu'ilsn'en sçavoient faire
aucun usetquils ne
connoissoientpas mêmeles
relations -.'
4 9.
Lesrepliques de latierce
mineure ~1 sontla10e, la 17e,
la 24emineures, qui tirent
toutes leurs noms dunombre
de> fons qu'elles renferment
On entend ces ret
pliques lors qu'on fait son-
[ ner deuxcordesdont l'unç
cft (h> >i) del'autre,un
peumoins ; &on trouve
qu'elles diminuent continuellement
de beauté, à
{ mesure qu'elles s'éloignent ldela tierce mineure,àcom-
! mencer à celle-ci.On - ne peut pas cependant douter
! que lesexposant de leurs
^hbratiortsne-u>*ent 7"
fy) par les raisonsrapportées:
lesquels exposans se
tirent aisément de ceux de
!â::tîercé mineure {Jb ) & , , que leuragrémentne procedede
leurs ritmiques(5,
1,z,j3; S>4>.rjS*'Si
5>2'>5v5)&c«
Erifirflesrépliquerdelà
sexte majeure ~7 font la;13e;
la 20e ,
la 17? majeures,qui
tirent toûjoursleursnoms
du nombre de leurs [Óns.
On les entend en faisant
sonner ensembledeuxcordeségalesd'alleurs
en tout.
dotit.l'une-est ( ,lu,h,L)tde
l'autre eniçagueur•& on
trouve qu'elles vont toutes
encore en diminuant de
beauté, à mesure qu'elles
s'éloignent dela sextemajeure,
à commencer à celle-
ci. Les exposans de leurs
vibrations sont donc ( lfy 't',
~j )qui se tirentaisément de
~f, & leurs ritmiques sont (3>3>3>1>3-1*3 3yhr)3313ji, , 1>
-3*<3>5*-3>•$•>31»3>3J3>3»
3,3,)"&c., d'oùl'onne peut
douter qu'elles n'empruntentcequellesont4ebeauqtéu,
piulisequse c'est là tout ce constituë.
Des
-
conjôntnces qu'on peut
ajoûter aux precedentes.
-.' 9. Il estévidentque les
consonances considerées.
ainsi par - complemens ôc
répliques se reduisent au
nombre decinqfondament- :
tales
,
tant anciennesque
modernes, majeures & mineures
;fçavqir,l'viaiflAn.f,
l'odrave ,? la;quinte î"at
tierce majeure \,&la tierce
mineure --• ce quidonne
une grande facilité pourles1
retrouver toutes, & les
comparer entr'elles., Suivant
cela l'octave comprend
huit consonances en
tout, en ajoutant aux precedentes
la quatre (-, complément
de la quinte; la
sixte mineure~', complement
de la tierce majeure;
& la sixtemajeure~ complément
de la tierce mineure.
Ausquelles consonances
si l'onajoute trois
repliques pour chacune,
«(lnniflon excepté.) on aura
vingtineuf consonances en
,tp4ç ornais en mê,.me temps
on trouve plusieurs autres
rapports tirez des precedens,
( & qu'on peut par
consèquent nommer musicaux
) lesquels font aussi
simples que plusieurs de
ceux-là. Ces rapports sont
l~es3on(ze5sju3iva4n)s,)( 4-,>~t dont
les ritmiques égalent en
simplicité, en symetrie,Ôc
en variété plusieurs de celles
des consonances reçûës;
ces ritmiques sont (5, 4,1,
5>?>5*hl>4r5H4>4*
J,;,4, l,4,3, '>4>4)'U>2->
1.iji}1 i,z)&c»(4,4?
: 1
4>3>4>4>4> 4> 4>4>1>
h4>4j4)^c* (ï)5y553>5»
5>5>I>4>5*5>4j'J5Î5J5>2'J3>
5,5, 5 &c-&(J>3>3>5»Î»
3>3>3>1>1> 3 , 3>3*3*3 , 3> 3j1?133>5)3>3>3>3>3>3-î
&c. Si l'on veut donc se
donner la peine d'accoûtumer
l'oreille à ces nouveaux
intervales
, comme ona faità la tierce, à la sexte
mineures, & à leurs répliqués,
on aura une nouvelle
conlonance dans l'octave,
dont la replique est*,
-& en tout quarante consonances.
On verra ci-aprés
d'où ces onze nouvelles
consonances sont tirées;
car elles tiennent leur origine
des dissonances,dont
on va parler incontinent,
quoique les intervales-;,
~7, It r, ~n'en retiennent
presque rien du tout,ne
cedant en rien aux consonances
reçûës; ce qui pourroit
même paÍffr pour un
3e paradoxe en musique.
A,'
Mais ce qui doit certainement
passer pour un quatriéme
paradoxe. encette
fciencc, c'est que les inrer-
~Va\l-seisy(t-737i7 --n-- M)IJ<i J>
Tjt ?,tï:r,5)&c.qui
renferment dans leurs ex,
pofans d'autres nombres
premiers que (t93,5) soient
des dissonances, quoique
ces exposans soient aussi
(impies , & leursritmiques
aussi symerrisées & aussi variées
que les precedentes,
comme on peur le voir ici, (ni,&:c ) (i,i, 2, 1. 1,
2.,2.,2.)(),3,1,2..3.2.,1,
3, 3.)453> 1,4 ,z.2.., 4, (mï,&c. ) (z,
~,2. )2, ,1, 1.1, 1, 1, 2.,2;;
a) (î»-3»î»*»*y3- 3-3 ,1)i)
3»3$il(4» 4->Jj4j4>
2..2,,4-)4,,,3,4,4)&c.
D'ailleursces ritmiques
font autant deplaisir à loi
reille
,
étant destituées de
son, que les precedenres,
comme chacun peut le^.
pprroouuvveer rlsooyy--mmêemmee. ..DOolut
peut donc venir cette difference,
qui semblerenverser
toute la theorie dessons
& des vibrations ? pourquoy
faut-il que les exposans
des consonances ne
soient point camposez d'autres
nombres premiers que
des trois ( i,$,y?) & quel
privilege onp ces tro4 &<'
tousles autres 7,11,15, &c.
qui sont en nombre infini?
Certes ce privilege ne peut
venirque de la conformation
de nôtre organe, qui
ne peut admettre d'autres
nombres premiers que ces
trois plus simples. Demême
que ce qui fait que tous
les peuples de cet ancien
continent comptent seulement
jusqu'à dix, & non
.Pasjufqu.,àdouze, cela vient
certainement de ce que la
nature ne nous a donné que
dix doigts , puis qu'ilseroit
>bie#; pluscommode, de
compter jusqu'à douze, par
exemple. Il faut donc necessairement
rappeller ici
la structure de l'oreille humaine,
que nous avons expliquée
exprés assez en détail
dans le premier me- 1
moiredenôtre Mellodie- , où nous avons remarque
que les trois canaux fèmi-j
circulaires du labyrinthe
s'abouchent dans sa cavice
par cinq embouchures seulement,
& non pas par six, 1
commeils le devroient naturellement
û lanature.
ji'avoiirien-affediîé ici de
particulier, deux deces canaux
ayant une embouchure
commune; & cela
non seulement dans tous les
hommes, mais même dans
la plûpart des animaux qui
ont le labyrinthe, comme
on trouve cinq doigts aux
pieds de plusieurs animaux,
de même qu'aux mains ôc
aux pieds de l'homme. Ce
qui faitassez connoître que
cettestructure si singuliere
n'est point un effet ou du
hazard ou d'aucun dérangtement.
Au contraire elle cAfafM telle,pour êtrepro.
pre à recevoir les cinq branches
du nerf auditif, sçavoir
de la partie de ce nerf
bqausie aprés avoir quitté la
du limaçon, entre dans
la voûte, où elle se divise
en cinq rameaux, (demême
que la main en cinq
doigts) dont chacun entre
en chacune des cinq embouchures
de ces trois canaux,
pour se distribuer , &
se perdre ensuitedans leur
perioste. Ilrestedoncmaintenant
d'expliquer commenttoutesles
consonances
precedentes peuvent
s'exs'exprimer
sur ces cinq rameaux
comme sur les cinq
cordesd'unviolon,&d'où
vient;'qu^ils; n'admettent
point d'autresintervales.
Pourentendre ceci, il faut
se souvenir de ce que nous
ayons établi en parlantde
l'oreille,article 15,sçavoir,
qchuaesqsiusnoeiqsouieensets differens
en aucune.
consonanceprochaine avec
leson quilesfrape, ils ne
laissent pas de trembler,
priais d'un tremblement
forcé, ôc qui nedure qu'autant
que dure le son qui les
Juin 1713. O
meut; au lieu que quand le
chassis exterieuraété mis
enconsonance prochaine
avec leson dedehors. par
ses muscles, il en reçoit
alors les vibrations avec facilité
, & les conferve me*4
meaprésque le fonnlagicj
plusdessus.Ilenestdemê- :
me des cinq rameaux du
nerf auditif queje distin- 1
gue en premier second , J
troisiéme, quatriéme &cin- ,
quiéme, en supposant que j
le premierpar sagrandeur,
A: par lanaturedes e/prib
: qu'ilcontient, étant dans j
sonétatnaturel, est disposé
à fairecinq vibrationscontrelesecond
six ,.aii0idans
foudm:naturel aixiQ xres
deux puneaux- sont natuxelleraent
,-entr)eux entier*
•c.c mineure: Ájue Jp même
premier rameaueûHeîmê>-
me avec le troiséime.,aussi
dans son état naturel, en
tiercemajeure ; c'çfi: à dire
AU.II. faitqtaaroe viliraciID-m
contrecelui-ci cinq;qu'il
cil avec le quatriéme, aussi
dans son état naturel, eu
quinte: de sortequ'il fait
deux tremblemens contre
celui-ci trois. Enfinque te
même premier rameau est
en octave avec le cinquième
, ou fait un tremblement
contre lecinquième
deux. Ce qui servira a rectifier
ce qui n'-efl:qu'ébauché
dan^iràrticloi17;dumémoire
cité.!.•: Ceci étant supposé, on
voit déja comme on peut
exprimer les sons /iU'T^
rnifoi,ut) sur lê,premieri
le troisiéme, le quatriéme
Jôc cinquiéme rameaux du
nerf auditif, puisquepour
ceteffet il suffitque l'âme
les mette chacun a l'unisson
des vibrations de ces
quatre. sons, en accelerant
ou retardantle mouvement
des esprits qu'ils contien-,
nent. Pour y exprimer en:,
suite unsa, qui fait la quartravée
UTj il suffitque le
premier rameauUT sesubdivise
en quatre partieségalesparlechoqdel'air,
afin
que trois deces parties ensembleen
puissent recevoir
les tremblemens. De même
le son las'exprimera sur
[le troisiéme rameau ,
qui
yFait mi.) avec lequel il fait
SLuffi [laqu^rtcj.Lefi$cXr
primerasurlesol,avec lequel
ilfait JatierceTnZr
jeure; & pourcelail fuoo
que le ranicau sol se (ubdivise
en cinqpartieségales
par le choqdeTatt\,.,aftù
quequatre de' icçspartie*
faisent ensemble le.si : mais
le, mêmesi s'exprimera encoremieux
surlemi,quand
lelajnefondera pas;car
puis qu'ilfaitla quinté avec
le mi, il suffira que le ra-,
meau mi se divise en trois
parties égales,afinque deux
decesparties eufc-mbl-e fas- i
fent lesi; au lieuque si lç
1a sonnoiten mêmetemps,
ilfaudroitquelechoqde
l'air pûc.exiger-jCCrameau
[deTe subdiviseren douze
parties e'gàles^fïn queneuf
ide cesparties ensemble
[fendillent-«leh^ôc huit le
si'i ce qui n'éstpeut-lêtrç
pasfortdifficile. Enfinpour
le re,ilnepeut mieuxs'exprimerque
sur le loi : mais
comme ilestplus basque
tee sol,il fautpour ceteffet
'l'quelesol lui
-
mêmedescendeàson
o:étqve) & se
diviseensix partieségales,
afinerenl
de le fol naturel, ôc que quatreensemble puissent
fcnnerleJredesire.^
r. Les répliquesbafïess'exj
primeront demêmesur les
mêmes filet?&rclâchez4propos
:maispour lesrepliqués
hautes, ilsuffira que lJait;
du labyrinthe divise les cinq
rameaux musicaux ; par
exemplela replique haute
du sa divisera le cinquiéme
rameau, de même que le
sa bas divise le premier
Pour la repliquédu la, l'aiir
divAlerale troifiélnc: ra- meanJ
meaumien8afin que six
ensemble rendent le la, 6c
trois ensemble sa replique.
Pour le si il y aura deux par.
ties du quatriémerameau
sol, divisé en cinq comme
ci-dessus
, qui fremissant
| ensemble rendront sa repli-
; que.Le mi se diviseraaussi
en trois parties égales, donc
chacune à part sonnera si
replique, lorsque le la ne
sonnera point; & si le la s'y
1 trouve, alors le mi étant di- :vile en douze, comme cidessus,
quatre rendronc la
replique du si, deux sa duplique,
ôc 1
sa tripliquc:
le tout selon les principes
de la division des cordes
ex pliquez ci-devant.
Des consonances composées >
ou accords,
'.:: 10. A l'égard des confoinnaannccees.
s ccoormnppoofsééeess nnoo,mm~r,
méesaccords,comme(UT,
mi, sol,ut) ( LA, ut, mi,
la)&c. je n'en traiterai poinc
exprés,cesujet appartenant
plûtôtà la compofinon.Je
dirai seulement qu'ayant
trouvé leurs exposans (-4',
5,6,8)(10, 1z, 15, 2°-)
&c. on pourra se representer
les ritmiques de ces accords,
en divisant d'abord
une ligne droite en quatre
parties égales, puis en cinq,
en six, & en huit; ou d'abord
en dix, puis en douze,
en quinze, & en vingt, &c.
Ce qui se fait endivisant la
premiere en 120 parties égales
,& la secondeen 60 seulelllent,
&pour les autres à
proportion, & observant les
points où deux ou plus de
fons se rencontrent à fraper
ensemble
: ce que je marque
par des points ainsi,
4>S::**•»
i3,)i5,,i:1i0,:t6,,i,4i,J;,ij : )'($,' 3:1,2:
1: 1,3 : 1,1,1,2:i,1>
1 •1)1:2.:1j1: 3: 1.JI,l"
2: 1,1,1, 3=) & demême
pour toutes les autres
ritmiques plus simples , ou
plus composees indéfiniment;
où ilfaut remarquer
que quoique ces deux-ci
paroissent plus composées
qu'aucunes des consonances
precedentes,cependant
elles le sont moins en urt
sens, en ce qu'elles sont di{.,,
tinguées en plulieurs ritmiquesparticulieres
par differentes
chûtes de coups
forts;ce qui les rend intelligibles.
De la maniere dont les bêtes
goûtent la musique.
11. Il resteroit de dire
quelque chose sur la maniere
dont les bêtes apperçoivent
les consonances,
puisque l'experience nous
apprend que plusieurs sont
trés-sensibles à la musique,
comme nous l'avons déja
remarqué dans le premier
Qaçirçojre. Otlc:s consonances
s'apperçoivent en deua
manieres :
la premiere, par
le plus ou le moins d'ébranlement
qu'elles causent suc
les filets du nerf auditif
comme nous avons dit cidevant,
qu'une corde ébranlée
en meut une autre qui
est avec elle en quelque
consonance prochaine. La
feconde, par leur ritmique.
Mais on ne sçauroit penser
que la ritmique des consonances
cause en elles le plarJ
sir de l'harmonie, sans leur
donneren même tempsune
ame toute semblable à la
nôtre. D'ailleurs on ne remarque
point queles ritmiques
destituées de son leur
causent aucun plaisir,ni qu'0#
elles en marquent aucune
dans leurs cris ou dans leurs
chants; ce qui nous doit
convaincre que leur ame
sensitive est purement Ina.
terietle, & qu'elle n'apperçoit
les consonances que de
>
la premiere maniere,&nul.
lement par leurs ritmiques.
DesDissonances.
12. Il y a de deux especes
de dissonances:sçavoir,les
premières, qu>on peut appeller
musicales, puis quelles
sont cirées des consonances
reçues ou anciennes,&
qu'elles ne sont composées
que des trois mêmes
nombres premiers (z*,3)5 )
qu'elles. Les autres sont étrangeres)
ne pouvant être
tirées en aucune façon de
ces consonances,parce Qlll.,
elles renferment d'autres
nombres premiers comme
(7, 11,13, &c. ) Les dissonances
musicales les plus
communes font le ton majeur
;, qui est la différence
d,e la quarte à la quinte comme sa fol,
différence
de UT saàUT sol,son
complément est la septième
mineure~£, sol sa, &
ses repliques la ,majeure
l, la 16e majeure9r, la 13e
majeure ~f, dont on a fait
de nouvelles consonances :
le ton mineur ~différence
de la quinte 1, à la sixte
majeure ;.', comme sol la,
différence de UT sol à UT
,1a
; son complément est la
7e moyenne }., ou ~i la sol,
ôc sa réplique la9e moyens
ne~r,qu'on a mises avec
les mêmes consonances
:
le
semi-ton majeur différence
de la tierce majeure~5 à
la quarte £, comme mi sa,
différence de Ut mià UT
sa
;
son,complément est la
7e mineure V; sa mi
,
qui a
pour répliques les nouvel-
1les con{f"onances ( J~ l~ )
¡, v, ï; & ses répliqués font la 9e
mineure la 16e mineure &c. le semi-ton mineur,
ou dieze moderne 1; différence
de la tierce majeure.
2 à la tierce mineure £:
comme mib mi, fib si
;
son
complément eR:, la 7e crofmatique
£ mi mib
,
si sib;
& ses repliques sont la 9e
cromatique ~g, la 16e cromanquer,
la 13e cromatique
?y qu'on a mile encore
au rang des nouvelles con-
[onances, aussi- bien que la
26efuperfluër. Outre ces
rdiflonances, il y a encore
les fausses consonances;sçavoir,
la fausse quinte ~3, qui
est composéede la quarte i, & dufemi-tonmajeur ~£,
comme si sa, composée de
si mi, & de mi sa, ou encore
de deux tierces mineures
si re, re sa,& dont le
complément est la fausse
quarrcappeilée triton H, ôc
lesrepliques la fausseuc :£,
&c. la quinte to diminuée
d'un comma) dont 8 r font
le ton majeur)qui est la difserence
de la sixte *-° au ton
majeur,comme re la, en
faisant UT re, ton majeur;
ion complément est la quarte
forte d'un comma la re, sesrépliqués &c.& la tiercemineurefoibled'un
comma
,1'
,
qui est la différence
de la quarte au ton majeur
~%, comme resa,en faisant
toujoursUTre ton majeur.
Son complément eu: la -
sixte majeure force d'un
comma ; & leurs repliques
sont ôce. 27 y-;
&c.dontladernière pour-,
roit encore dans un besoin
servir de nouvelle conso.
nance: ou si l'on fait UT re,
tonmineur, alors la quinte
foible d'un comma est fol
re, ôc son complément la
quarte forte re fol: la tierce
mineure foibled'un comma
est sire, & la sixte majeure
forte re si.
Si l'on veut entendre la
diffoaaflcc'f, quiest une
10e mineure foible, d'un
comma, il ne faudra qu'accorder
quatre cordes d'une
viole de quarte en quarte,
alors la premiere ôc la derniere
touchées. ensemble
rendront cette 10e ; & si
l'on souhaite oüir la difïo—;
nance ~V, qui est une 13e majeure
forte d'un comma ,
on accordera les 4 cordes
d'un violon de quinte en
quinte,&ontouchera feulement
la premiere ôc la
derniere à la fois,quirendront
cette 13e. Au reste
toutes cesdissonances font
d'autant plus dures, que
leurs exposans sont plus
composez, ou leurs ritmiques
plus confuses; ce qu'il
seroit trop long d'examiner
ici.Quant à la maniéré dont
les dissonances s'apperçoivent,
il faut remarquer qu\.
elles se prèsentent de deux
manieres ;sçavoir) comme
sommes ou différences des
consonances ou de leurs repliqués
,comme quand on
sonne à la fois les huit sons (UT, re,mi, sa,sol, la, si,
rut,) oubien seules;dans le
prermier cas elles sont ex*-
primées sur les 5 rameaux
du nerf auditif
; dans le sécond
chacun de leurs sons
rend à ébranler chacun de
ces rameaux, ôc ne le pouvanc
tous à la fois, parce
que ces rameaux sont trop
courts pourune si grande
division, on sent alors une
espèce de combat fort defagreable
,
qu'on appelle dit
sonance, à cause que la divisionque,
chaqueson à
partyproduit est auflitoc^
dértuite par celle d'un au-1
tre. C'est pour cela que
les
incervales qui renferment
d'aud'autres
nombres premiers
que les musicaux 1, 3,5,
sont tous dissonanans,parce
qu'ils ne se presentent ja-
: mais de la premiere maniere,
mais feulement de la féconde,
pour laquellelenerf
auditif n'a point, de fijets
convenables.
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Résumé : SUITE DU III. MEMOIRE de la MELODIE. De la Quinte, Complement, & Répliques.
Le texte explore les consonances musicales et leurs propriétés. Il explique que deux cordes égales en longueur et en tension, dont l'une est les 7/8 de l'autre, produisent une quinte, une consonance harmonique mais moins unie que l'unisson et l'octave. La quinte est plus grave et piquante. Son complément est la quarte, presque aussi harmonieuse et utilisée fréquemment dans la mélopée. La quarte était le fondement de la musique grecque et asiatique. Les répliques de la quinte sont la douzième, la dix-neuvième et la seizième, formées en ajoutant 7 au nombre 5. La douzième est aussi douce que la quinte et naturelle. Les répliques de la quarte sont la onzième, la dix-huitième et la quinzième, diminuant en beauté à mesure qu'elles s'éloignent de la quarte. La tierce majeure, formée par deux cordes dont l'une est les 5/4 de l'autre, est une consonance aigre-douce, reconnue après 5000 ans de débat. Son complément est la sixte mineure, moins gracieuse. Les répliques de la tierce majeure sont la dixième, la dix-septième et la vingt-quatrième mineures. La tierce mineure, formée par deux cordes dont l'une est les 6/5 de l'autre, est moins gracieuse que la tierce majeure mais plus que la sixte mineure. Son complément est la sixte majeure, composée de la tierce majeure et de la quarte. Les consonances se réduisent à cinq fondamentales : l'unisson, l'octave, la quinte, la tierce majeure et la tierce mineure. En ajoutant leurs compléments et répliques, on obtient vingt-neuf consonances. Avec des rapports musicaux supplémentaires, on peut atteindre quarante consonances dans l'octave. Le texte aborde également les dissonances, perçues comme des combinaisons de nombres premiers autres que 2, 3 et 5, qui sont acceptés dans les consonances traditionnelles. L'oreille humaine, adaptée pour percevoir ces trois nombres premiers simples, possède trois canaux circulaires dans le labyrinthe, se terminant par cinq embouchures correspondant aux rameaux du nerf auditif. Les dissonances sont divisées en deux types : les dissonances musicales, dérivées des consonances traditionnelles, et les dissonances étrangères, incluant d'autres nombres premiers comme 7, 11 et 13. Les dissonances musicales incluent des intervalles comme le ton majeur, le ton mineur, le semi-ton majeur et mineur, ainsi que des fausses consonances. Les dissonances apparaissent comme des sommes ou des différences de consonances ou de leurs répliques, créant une sensation désagréable due à la perturbation des divisions produites par chaque son.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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73
p. 185-186
Errata pour le commencement de ce Memoire dans le Mercure d'Avril.
Début :
Page 94. ligne 16. vibrations s'accordent. P. 96. l. 6. trois [...]
Mots clefs :
Errata, Page, Ligne, Nombres, Coups
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texteReconnaissance textuelle : Errata pour le commencement de ce Memoire dans le Mercure d'Avril.
Errata pour le commùncem:nt
de ce Mémoiredam II.
Mercureà*Avrïl.1'1;,
•;Page94. ligne ) 16. vibrations
s'accordent. P. 96. l.
troiscoupsyÇQntrè.P. 98. 6.aiifli efi.
P.99 l.14.chacun par une.
P.103.l9 de nombres dont.
P. 113. 1. 10. de ce que le
coup. P. 114. l. 6. jamais
mieux, que.P.116. l. dern.
font f,8r.'
de ce Mémoiredam II.
Mercureà*Avrïl.1'1;,
•;Page94. ligne ) 16. vibrations
s'accordent. P. 96. l.
troiscoupsyÇQntrè.P. 98. 6.aiifli efi.
P.99 l.14.chacun par une.
P.103.l9 de nombres dont.
P. 113. 1. 10. de ce que le
coup. P. 114. l. 6. jamais
mieux, que.P.116. l. dern.
font f,8r.'
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74
p. 3-62
Dissertation sur la Musique Italienne & Françoise.
Début :
C'est apparemment, Monsieur, pour m'éprouver & nous connoître ce que [...]
Mots clefs :
Musique italienne, Harmonie, Chant, Paroles, Musique française, Expression, Goût naturel, Composition, Ornementation, Genres musicaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dissertation sur la Musique Italienne & Françoise.
Dissertationsur la Musique
Italienne &Françoise.
,P,ar M. de L. T. ) - -E1 S\.- ,T apparemment,
Monsieur,
pourm'éprouver
& DOUÇ connoître ce que
je puissçavoir en musique,
que
vous me demandez
mon sentiment
sur le goût Italien qui yregneapresent plus
quejamais. Il n'y a personnequipuisse
decider
avec plus de justesse sur
cet a t que vous,qui le
possedez parfaitement,
& quijoignez au beau
naturel une science profonde
dans l'harmonie.
Je vous obeïs donc. Ce
ne fera point comme
Musicien prevenu en saveurde
l'uneoude l'autre
que je vous dirai
mon sentiment ; je parlerai
suivant le goût naturel
qui m'est échû en
naissant pour cette fcience
, & qui doit peu de
choses à l'art: & laissant
là les termes dont les
Musiciens font obligez
de charger leurs traitez
demusîque, & qui loin
d'instruire ne fervent
souvent qu'à embroüil1er
les idées deslesteurs
]c-râcheraydemerendre
sensîble à ceux qui me
liront, en fortequ'ils me
pourront comprend re
sans scavoirlamusique.
J'essayerai donc de vous
faire une peinture de l'une
Sede^ l'autre,ainsi
qu'elles m'ont frapéaprés
les avoir pratiquées
toutes le^sdeùx^.b
n IL y a presentement
icideux partis formez
dans làMusique : Tun
admirateur outré de la
Musique Italienne, proscrit
absolument la Musique
Françoise, comme
fade & sans goût;l'autre,
fidele au goût de sa patrie,
ne peut souffrir sans
indignation que l'on méprise
le bon goût François
, & traite la Muse
Italienne de bizarre &
de capricieuse. Il y a à
tout cela un milieu plus
raisonnable, qui est de
rendre justice à l'une & à
J'ay^re., & delesprendre
cthaecunre deans.leur carac-
-v^ll faudroic être dépourvu
de goût & de
conoissance,pournepas
avoüer que la bonne Musique
Italienne renferme
en general ce qu'il y a de
plussçavant & deplus
recherché dans cet art;
que nous lui devons une
grande partie des agrémensde
lanôtre;que les
Italiens font nos maîtres
pour les Cãcates &: pour
les Sonnattes. J'admire
dans ces picces les desfeins
nouveaux de leurs
figures,si bien imaginez
& si heureusement conduits,
la vivacitépetillantede
leurs imitations
redoublées,lavariétéde
leurs chants, la diversité
de leurs tons & de leurs
modes si bien enchaînez
les uns aux autres, leur
harmonie recherchée S£
sçavante: mais si nous
leur cedons lascience &I
l'invention, ne doiventils
pas nous ceder le bon
goût naturel dont nous
sommes en possession,&
l'execution tendre & noble
où nous excellons?les
enrichissement que nous
y avonsajoutez de nôtre
propre fond ne doiventils
pas prévaloir? & ne
sommes-nous pas de ces
écoliers qui ayant bien
profité des leçons denos
maîtres, sommes à la fin
devenus plus sçavans
qu'eux? Ne pourroit-on
pas dire, sansossenser les
sectateurs de laMusique
Italienne, que leurs ornemenstropfrequens
&
déplacez en étouffent
l'expression,qu'ils ne caracterisent
point assez
leurs ouvrages? semblables
en cela à cette arc hitecture
gothique, qui
trop chargéed'ornemens
en est obscurcie
,
& où
l'oni~ démêle plus le
corpsde louvrage.,Que
laMusique Italienne ressemble
encorea une coquette
aimable pleine de
rouge & de mouches
y toujours vive, toujours
le pied en l'air, qui chercheàbriller
partout sans
raison & sans sçavoir
pourquoy, toujours emportée
dans quelques sujets
qu'elle traite;que l'amour
tendre y danse le
plussouvent la gavotte
ou la gigue. Ne diroiton
pas que le serieuxdevient
comique entre ses
mains, &qu'elle est plus
propre auxarietes St aux
chansonnettes qu'à traiter
de grands sujets? fem- - blableen celaàces Comédiens
quin'ayant que
du talent pour le ÇOOIH
que, reüssissentfort mal
,t>-
&tournentletragiqueenridicule
quànçl
ils veulent s'erî mêler.
Il faut avoüer que la
majestéde le Musique
Françoisetraiteles sujets
heroïques avec plus de
noblesse, & convient
bien mieux au cothurne
DanslaMusiqueItalienne
tout y paroît uniforme,
la joye, la colere,
la douleurl'amourheureuxv
bb t ou quiespere:tout y semblepeintaveclesmêmes
traits&dumêmecaractere,
c'estunegiguecontinuelle,
toujours petit
ki\tfcy LreujoLWs bondisante
; la voix commence
eule, l'instrument repee
ce chant en écho. Ce
esseinsouvent d'un chat
bizarrese promene noneulement
sur toutes les
cordes du mode,mais en-
:orc sur toutes lesétrangeres
où ils peuvents'accrocher
bien ou mal, telement
queleurs pieces
roulent sur tous les tons,
& changent de mode à
chaque instant, en forte
que l'on nesçauroitdire
à la fin duquel ils font.
Après avoir fait cette
longue promenade, où
l'on repete vingt fois le
même changeant la voix
que l'instrument, il faut
encore retourner da cfr
po. Ce passage est quelquefois
très-rude à l'oreille,
étant souvent de
deux cordes, voisines:
mais il arrive souvent
quel'on passe outre,pour
éviter à prolixité&pour
eix/iiminuCerl'e'nenusi.t
C'est un grand défaut
dans tous les ouvrages
d'espit, 8C principalement,
en musique, de ne
pouvoir finir: il faut sçavoir
se modérer. Un bon
ouvrage perd la moitié
de son merite quand il
est trop diffus.
-
Nous avons peine encoreànous
accoutumer
aux intervales bizarres
des chants de leurs recits
qui passent quelquefois
l'étenduëde l'odave»éc
que les. plus habiles ont
peine àentonner juste;les
tenuessurtout,yimpatientent
l'audireur,pour
estredéplacées. Ces tenuës,
qlle nous neiaifons
&i qui ne conviennent
gueres que surles mots
de repos &quelques autees,
sy font indifferemmenusurtouslesmots
qui finissent par des
voyelles. Je ne dispas
qu'il; n'y ait beaucoup
d'art à faire badiner un
violon & une baffe Sous
une de ceslongues tenues
: mais quel rapport
a la liberté avec ce son
qui dure un quart-d'heure
?où cft le goût & l'expression
de tout cela? Il
arrive même souvét que
la Musique Italienne exprime
toute autre chofc
que ceque les paroles
signifient ; j'entens un
prelude vif & emporté.
Je crois que quelque amant
rebuté des rigueurs
de sa belleva se livrer au
dépit &chanter poüiller
à l'amour, pointdu tout.
C'est un amant tendre
qui vante le prix de sa
cpn stance, qui appelle
l'esperance à son secours,
ou qui fait une declaration
à sa bien-aimée.les
„J Passe encore à ceux
qui travaillent pour le
violon, de se livrer tout
entiers dans leurs Sonnatesau
feu de leurimagination,
&de promenet
leurs fugues &leurs
imitations par tous les
modes, eux qui ne font
point gamez par l'expression
des paroles,
qui doit faire la regle
des compositeurs. Nous
sommes redevables à Fttaliede
ces fortes de pieces;
les Corelli,lesAlbinoni,
les Miquels, ÔC
plusieurs autres ont produit
dans ce caractere
despieces qui feront immortelles,
& où peu de
gens peuvent atteindre.
Cependant mille autres
veulent les imiter. J'ai
vû deces pieces d'un
chant si bizarre&d'une
composition si extraordinaire,
qu'on auroit dit
qu'on eustjetté au hazard
des pâtezd'encre
sur du papier reglé, qu'
on y eust ensuite ajouté
des queuës & divisé par
mcfures.
La musique de leurs
Cantates paroît plutôt
convenir aux concerts
de chambrequ'à nos spectacles;
leurs Sonnates
à deux partiesnedoivent
êtrejoüéesqu'à violon
seul ,qui frise & qui
pretintaille autant qu'il
luyplaît, &deviendroient
trèsconfu ses si
la même partie étoit executéeparplusieurs
instrumens
-,
qui feroient
des diminutions differentes,
8k ainsi doit être
bannie d'une grande orchestre.
L'on n'entend en gêneral
dans la musique
qu'une basse continuë
toujours doublée, qui
souvent est une espece
de batterie d'accord,&
un harpegnement qui
jette de la poudre aux
yeux de ceux qui ne s'y
connoissent pas, & qui
reduites au simple reviendroient
aux nôtres.
CesB. C. ne font bonnes
qu'à faire briller la
vîtesse de la main de
ceux
ceux qui accompagnentou
du clavecin ou de la viole;
encore pour rencherir sur
ces; basses déjà trop doublées
d'elles-mêmes,ils les
doublent encore, & c'est
ce quidoublera le plus, de
sorte qu'on n'entend plus
le sujet, quiparoît trop nud
auprès de ce grandbrillant,
& demeureenseveli fous un
cahos de fons tricotez ôc
petillans, qui passant trop
legerement, ne peuvent
faire d'harmonie contre le
sujet.Ilfaudrait donc que
des deuxinstrumens il y
en eût un qui jouât le simple
de la baffe, & l'autre le
double ; ces B. C. passeroient
plûtôt pour des pieces
de viole que. pour un
accompagnement, qui doit
être soûmis au sujet & ne
point, prévaloir. Il faut que
la voix domine & attire la
principale atttention. Tout
le contrairearrive ici, l'on
n'entend que la B. C. qui
petille roûjours, la voix en
est étouffée. Ille trouve un
inconvenient dans les bassesen
batteries &doublées
sur le champ;c'estqu'il est
,
difficile qu'un clavecin,une
viole&une theorbe se puissent
rencontrer juste dans
la même maniere de doubler
; l'un prend un tour &
l'aurre un autre: ce qui
cause une cacophonie extraordinaire.
Un compositeur
ne reconnoît point au
milieu de tout cela son pauvre
ouvrage tout défiguré,
& se contente d'admirer la
vîtesse de la main de ceux
qui l'executent. Voila cependantle
goût de l'executionde
la Musique Italienne.
iCe
nétoit point celui de
Lully,sectateur du beau ôc
du vrai
,
qui auroit banni
de son orchestre un violon
qui eût gâté son harmonie
par quelque diminution ôc
quelque miaulement mal placé.
Ne peut-on pas s'assujettir
àjoüer la musique
comme elle est? est-ce le
goût Italien de faire de faux
accords à tout bout de
champ? J'ai vû des Musiciens
si amoureux des vîtesses
& de ces basses figu.
rées, qu'ils ne pouvoient
souffrir les adagio, c'est à
dire les endroits de recitatifs
lents, ëc. passoient ces
morceaux comme ennuyeux.
C'est cependant
dans ces endroits oùl'harmonie
peut se faire mieux
sentir que dans ces vivacitez,
où, comme je viens de
dire, la baffe passant trop
legerement, & ne faisant
que friser le dessus,ne peut
faire d'harmonie.
Mais si cette musique figurée
convient aux paroles
Italiennes & Latines, pourquoy
y veut-on assujettir la
Langue Françoise ?Un Italien
se gouverne-t-ilcomme
un François? Leurs
goûts, leurs habits, leurs
moeurs, leurs manieres leurs plaisirs , ne sont-ils pas
differens ? Pourquoy ne
veut,on pas qu'ils le soient
aussi dans leurs chants?Un
Italien chante-t-il comme
le François?Pourquoy veuton
que le François chante
comme l'Italien? Chaque
pays, chaque guise, il faut
que chacun demeure chez
soy. Pourquoy veut-on ha- 1* ~ndo tris Rome more tu vivito Roma; 10- nido tris alibi, vivito sientibi.
biller la Mufe Françoise en
masque
, & la rendre extravagante,
elle dont la
langue est si sage & si naïve,
& ne peut souffrir la
moindre violence, est en-
-
nemie des fréquentes repetitions,
de ces grands roulemens,
de ces longues tenuës
que l'on supporte dans
la Musique Italienne ou
Latine ?
On peut ici comparer la
Musique Françoise à une
belle
femme
dont la beauté
simple naturelle & sans art,
attire les coeurs de tous ceux
qui la regardent, quin'a
qu'à se montrer pour plaire,
sans craindre d'être défaite
par les minauderies affectées
d'une coquette outrée- v
qui cherche à mettre les
gens-dans son parti à quelque
prix que ce soit, à qui
nous avons comparé la
Musique Italienne. .j! u* Je pourrois encore ici,
rapporter l'autorité du beau
sexe, auprés de qui la Muse
Italienne a peine à trouver
grâce, quis'ennuye
d'un quart-d'heurede fonnates
, & qui aime mieux
entendre chanter Sangaride
ce jour,& jouer les songes
agreables, que toutes les
batteries & les harpegnemens
d'un violon touché
sçavamment auquel elles
ne connoissent rien, & ne
sentent rien qui les attire:
on a beau lui dire que cela
est sçavant,beau, sublime,
que c'est un tel auteur Italien
qui les à faits, cela est
fort beau,disent les Dames,
mais - nous n'en voulons
plus, ce font pourtant elles
qui decident du mérite 6c
du dessin des ouvrages, ôc
a qui. nous devons chercher
à plaire, & sur-tout
dans cet art qui semble être,
fait pour elles. Ilfautcependantavouer
que quelques-uns de nos
habilesMaîtres ont trouvé
le secret d'allier fort sçavamment
le goût naturel
du François avec le brillant
&.le sçavant de l'Italien,
dans des cantates qui font
entre les mains de tout le
monde, & qui font des
chef-d'oeuvres en cette espece,&
pour la Musique-
& pourlaPoësie, qu'il leur
suffise donc d'avoir montré
aux Italiens que les François
pouvoient porter aussi loin
qu'eux le génie&;le sçavoir
tant dans les cantates
que dans les sonnates:mais
pour cela le bon goût simple
& naturel du François
doit-il être méprisé, quand
les Italiens pour le perfectionnercommencent
euxmêmes
à l'imiter?
Ces sortes d'ouvrages en
ont produit une infinité
d'autres ,les cantates & les
sonnates naissent ici fous
les pas, un Musicienn'arrive
plus que la sonnate ou
la cantate en poche, il n'y
en a point qui neveuillefaire
son livre, être buriné, &
ne pretende faire assaut
contre les Italiens, & leur
damer le pion, à peinele
Poëte y peut-il suffire;il y
a même telles paroles qui
ont souffertplus d'une fois
Ja torture, de la Musique
Italienne, enfin les cantates
nous étouffent ici: j'en ai
entendu qui duroient une
heure, montre sur la table,
ensorte qu'on étoit obligé
de demander quartier, ou
de quitter la place.Qu'est
donc devenu le bon goût t
faudra-t-il qu'il expire ainsi
sous le fatras de toutes ces
cantates? que diroient les
Lambert, les Boësset, les
le Camus, les Babtistes,s'ils
revenoient au monde, de
voir le chant françois si
changé, si avili & si défiguré?
Je suis persuadé que
nos illustres Maistres ont
trop de goût & trop de
science pour l'abandonner
comme il paroist par leurs
propres ouvrages, dont les
endroits les plus gracieux,
& qui plaisent le plus, font
traitez dans le goust fran- * çois, où ils ont sçû mélanger
le bon des Italiens,'
&en ont laissé là le mauvais
, qu'ils rendent justice
au héros & au Ciceron de
la Musique francoise, je
veux dire à Lully *,qu'ils
admirent la grandeur ôc
l'élevation de son genie
au milieude cette naïve
simplicitédépourvûë de
tous ornemens étrangers,
& qui semble devoir tomber
fous les sens de tout Ic
'*l\ogtitLully.
monde. A-t-il voulu peindre
l'amour rendre, quel
coeur ne s'attendrit-il pas,
quel chant, quel naturel,
quelle harmonie dans ses
duo? ne devineroit-on pas
les paroles de ses recits à
en entendre feulement les
chants? ôc n'est-ce pas une
veritable declamation que
son récitatif? A-t-il voulu
exprimer la douleur, les
rochers ne gemissent-ils pas
avec lui? a-t-il voulu peindre
la fureur, lavengeance
,quel coeur ne ressent
pas de secrets fremissemens
? quel feu & quelle
vivacité dans ses airs de vid
Ion, quand il a voulu exprimer
la vitesse dessougueux
aquilons ou des
transports des furies? Si la
joye s'empare de la scene,
tous les peuples, tous les
bergers fautent & dansent
au
son
de ses musettes;l'horreur
& l'effroy s'empare de
nôtreame,s'il veut faire
quelque enchantement ou
evoquer les manes des enfers
; quelle tranquilitéassoupissante
nese répand
pas dans l'ame s'il veut endormir
dormir ou calmer ses heros
agitez ? s'il fait sonner la
trompette l'humeur martialle
ne saisit-elle pas ses
auditeurs, & n'est-on pas
prêt de courir aux armes
& de monter à l'assaut?s'il
veut préparer ou annoncer
quelque oracle,quelle gravité
ou quelle noblesse dans
ses fimphonies ? on diroit
que comme un scavant
Peintre il a scû avec ses
fons peindre pour ainsidire
les mouvemens de toutes
les passions du coeur de
l'homme. A t, il eu recours
pour. cela à tous ces faux
brillans & les ornemens deplacez
de la Musique Italienne
? rien n'est il plus
simple & plus naturel que
sa composition qui est à la
portée de tout le monde, &
en même temps riens desi
élevé, de si noble, & de si
spirituelle pour l'expres.
fion ? Quoy qu'il soit fort
scavant, le goût seul & le ,
genie semblent avoir été
ses guides, lk capable de
préscrire des regles nouvelles
àceux qui les suivroient
il semble quelquefois
avoir negligé les anciennes
, & s'être mis audessus
d'elles. Il faut avouer
aussiquec'est ce qui fait la
meilleure partie du Musicien
que le génie,c'est lui
qui fait aussi les Peintres
& les Poëtes ; car on peut
dire queces trois sciences
se donnent la main,&
peuventpasser pour trois
soeurs:onvoit peu de Peintresqui
nesoientaussi uti
peu ., Musiciens, &.;; qui
n'ayent du goût pour ces
deuxarts; la Musique n'est
elle pas une poësie &une
peinture sonore & harmonieufe?
la peinture & la poësie
ne sont-elles pas conu
posées d'une aimable harmonie
, d'un mélange &
d'un contraste de couleurs,
& de pensées melodieusement
enchaînées? J.
?'J
Il nesuffit doncpas seulement
de régles dans les
arts; il faut être encore inspiré&
animé dece beau
feu quelamaigrenedonne
pasà tout le monde,&qui
àfaitles Titiens & les Lebrun,
lesCorneilles & les
Racines, lesCarissimi &
les Babtistes, & tant d'autres.
Il faut dans ces arts
sçavoir inventer bercer,
outre qu'il faut qu'un CQm-,
positeur possede parfaitement
la langue dans laquelle
il travaille, connoisse
les syllabes rudes surlesquelles
il faut passer legerement
, & celles qui sont
harmonieuses & amies du
chant.Il seroit même àsouhaiter
que le Musicien fût
aussiPoëte pour ajusterles
paroles à on chant,&que
tour, l'ouvrage coulât, de source.
Ce n'est point assez de
sçavoir préparer ou sauver
des dissonances; il faut encore
sçavoir les placer à
propos ou elles conviennent
pour l'expression, les
mettre dans leur jour pour
qu'elles fassent leur effet,
ôc qu'elles fervent comme
d'ombres au tableau, en
faisant valoir les consonances
par opposition, n'en pas
diminuer la force par le.
trop frequent usage, comme
font les Italiens, dont
la musique trop rempliede
dissonances revolte quelquefois
les oreilles: mais
se garder de tomber dans
la monotomie
,
qui est le
vice contraire, & que les
Italiens pourroient plûtôt
nous reprocher.
Les réglés de l'harmonie
ne montrent pas àfaire un
beau chant, qui en est l'ame,
à imaginer un dessein,
à bien rendre l'expression
des paroles, à sçavoir placer
les cadences aux sens
finis, comme les points &
les virgules dans le discours;
à sçavoir changer de
mode quand les paroles
changent decaractere &
de sentiment. Un bon Matematicien
possède à fonds
les regles de la composition&
est un fort mauvais
compositeur. J'ai composé
jadis sans regle & sans science
; & ayantacquis depuis
quelques connoissances,j'ai
revu mes premiers ouvrages,
& j'ai trouve quej'aurois
peine à mieux faire
avec des regles. Il y en a
cependant d'essentielles,&
dont la connoissance est necessaire
: mais lesveritables
ôc lesmeilleures sont celles
que
que le goût &l'oreille vous
inspire. Vous trouvez dans
ces regles beaucoup de con- traditions, & les Italiens
n'en paroissent pas de fort
rigides observateurs : elles
ne font la plûpart fondées
que sur le caprice. J'ai vû
quelques-uns de ces traitez
de musique, & quoique
fort profonds & sçavans,
je n'ensuis pas devenu plus
habile en les lisant
; au contraire
j'en fuis forci plus embarassé.
Ils vous apprennent
bien ce qu'il faut éviter,
qui sont desinconveniens.
où l'oreille feule
nous défend de tomber
mais ils ne nous instruisent
point comment il faut s'y
prendre pour faire une
compoficion gracieuse &
de bon goût C'est donc le
genie naturel seul qui fait
le Musicien.
Si l'on reproche à Lully
d'avoir employé rarement
les tons transposez, ce n'est
pas qu'ilen ignorât l'usage:
mais c'est qu'il s'accommodoit
aux
lujets qu'il avoir
& au goût du temps;qu'il
sentoit qu'un chant n'en
étoit pasplus beau pour être
transposé d'un demi ton
plus haut ou plus bas; &
qu'une musique difficile ou
recherchée, quoique belle,
ne laisse pas que d'avoir un
défaut, qui est que rarement
elle est bien executée,
parce que le nombre
des sçavans est rare, & ainsi
rejettée; au lieu qu'une
bonne musique en est encore
meilleure quand elle
est facile, puis qu'elle est
susceptible d'une meilleure
execution, qui est l'ame de
lamusique; qu'elle invite
d'elle-même à être chantées
quelle est plus de commerce
dans le monde
, étant
plus à laportée des honnêtes
gens qui l'executent ce
qui doit être son but& sa
recompense
; au lieu que
la musique difficile effarouche
& dégoûte
,
ôc n'est
bonne que pour les Musiciens
de profession.
Peut-être auroit-ilsuivi
une autre route ,
maintenant
que tous les Musiciens
sont autant d'illustres compofiteurs
,
& que tousles
écoliers sont autantde maîtres.
:.;.
Cependant ceux qui sont
aujourd'hui entêtez de la
MusiqueItalienne ne peuvent
souffrir la Musique
Françoise, & la regardent
comme une musique fade
,&; sans goût: les Opera anciens
les endorment, ils n'y
sentent rien qui les rappelle,
ils n'y trouvent que des
tons naturels, des mouvemens
faciles;ils veulent
quela clefsoit surchargée
de dieses ou de b mois;que
la B. C.soit brodée & remplie
de tous les chiffres d'arithmetique;
qu'on invente
pour eux des tons transposez,&,
nouveaux ,&,,des
mouvemens extraordinaires;
que la baffe herissée
d'harpegnemes &d'acords
coure toûjours la poste ;enfin
ne trouvent pas une musique
bonne qu'elle ne soit
difficile. A peine peuventils
se resoudre à la regarder
quand il n'y a quedes blanches
ou des noires,& des
mouvemensà2 &a3temps,
cw.o» mme si toutes les mesu-
'"-- .t t »
,
res Italiennes ne revenoient
pas à ces deux mesures. Ne
va-t-on pas reduire la mesure
à deux temps à celle de
quatre, en renfermant deux
mesures en uneseule? Le 4
pour 8 nerevient-il pas à
nos deux temps legers? ôc
les mesures de 6 pour 8,
de 3 pour 8 & de 12 pour
8 ne reviennent-elles pas
toutes à la mesure de trois
temps, battuë plus ou moins
vîte, quoy qu'elles se battent
a 2 & à 4 temps,dont
chaque temps renferme
une de nos mesures à trois
temps?Ce n'est donc qu'une
maniere differente de
s'exprimer, qui est bonne
en soy <3e donne le caractere
de la piece pour la lenteur
ou la legereté, & a plus
defacilité pour être battuë;
carcommeil n'y a en general
que 2. modes differens,
le mineur & le majeur,ilny
a aussi en general que 2.mesures
,
celle à 2. temps ôc
celle à
3. Envainvoudroiton
en imaginer d'autres. Il
seroit aisé, pour contenter
ceux qui, aimentle ragoût
sduesrteosnesxttrraanosrpdoinsaezir,else&s mlees^
basses doublées, de transposer
un de nos Operaun
demi-ton plus bas ou plus
haut, doubler leurs basses
continuës ';& en reduire les
mesures à la maniere Italienne.
- Ils deviendroient
alors deplus difficile execution
,
mais perdroient la
moitié de leur beauté.Un
compositeur n'est-il pas
bien glorieux d'avoir fait
une piecesitransposée,pleine
de si & de mi b quatre,
& d'une si grande vîtesse,
que personnenesçauroit y
mordre,qu'il déchiffre à
peine lui-même. Voila une
piece, dit-il, que je défie à ,
tous les violonsd'execucer
y & à tous les clavecins d'en
trouver les accords sur le
champ; gardez -la donc
pour vous, mon ami: ces
forces de pieces ne font bonnes
qu'à renfermer dansle
cabinet pour la rareté, &
pour montrer qu on en peut
faire
: mais ne peuvent être
d'aucun usage que parmi
- les maîtres de l'art.
Les chants en deviennent-
ils plus beaux & plus
harmonieux pour être sur
des tons transposez ? l'harmonie
en est-elle meillcure
? Au contraire, on peut
dire qu'elleest forcée, que
ces tons ont peu de justesse
sur les instrumens
,
& princi
palement sur le clavecin,
où les seintes devroient être
coupées pour y donner le
veritable temperament;
car quelle apparence qu'une
touche serve de b mol &
deb quarre dans l'autre,
sans perdre de sa justesse?
l'asse encore sur les autres
instrumens comme sur le
violon, où avançant plus
ou moins le doigt sur la
corde,on peutmodifierces
sortes de demi-tons & les
rendre plus justes. J'ai entendu
un de nos illustres
preluder sur son violon, de
quelque maniere qu'ilfût
accordé, &ne suivre, pour
tirerses sons,d'autre regle
que son oreille, & non celle
du manche qui se trouvoit
alors dérangé.
Enfin de ces deux partis
differens il en resulte un
troisiéme plus raisonnable,
& moins entêté que ces
deuxautres, qui est celui
des gens sages & des gens
de goût, qui ne se laissant
point prévenir ni pour l'un
ni pour l'autre, vrais amateurs
de la musique, goûtent
l'une & l'autre composition,
quandelle est bonne
& bien executée,& sans
donner dansle goût pedant
&sçavant, ne vont point
épiloguer sur deux octaves
de [ujrc, sur une septiéme
ou une neuviéme bien ou
mal preparéeou sauvée;ne
méprisent point une musque
,parce qu'elle est trop
aisée, ou parce qu'elle est :
trop difficile
} ne la condamnent
point commepillée,
parce qu'il y aura quelques
bouts de chant que
ressembleront
: mais rendent
justice à la Musique
Françoise dans son caractere
& à la Musique Italienne
dans le sien, & conviennent
que l'on pourroit
faire ungenre de musique
parfait, si l'on pouvoit joindre
le goût sçavant & ingenieux
de l'Italien au bon
goût naturel Ôc simple du
François: mais cependant
qu'un Italien doit chanter
en Italien,&leFrançois
enFrançois. Je suis,&c.
Italienne &Françoise.
,P,ar M. de L. T. ) - -E1 S\.- ,T apparemment,
Monsieur,
pourm'éprouver
& DOUÇ connoître ce que
je puissçavoir en musique,
que
vous me demandez
mon sentiment
sur le goût Italien qui yregneapresent plus
quejamais. Il n'y a personnequipuisse
decider
avec plus de justesse sur
cet a t que vous,qui le
possedez parfaitement,
& quijoignez au beau
naturel une science profonde
dans l'harmonie.
Je vous obeïs donc. Ce
ne fera point comme
Musicien prevenu en saveurde
l'uneoude l'autre
que je vous dirai
mon sentiment ; je parlerai
suivant le goût naturel
qui m'est échû en
naissant pour cette fcience
, & qui doit peu de
choses à l'art: & laissant
là les termes dont les
Musiciens font obligez
de charger leurs traitez
demusîque, & qui loin
d'instruire ne fervent
souvent qu'à embroüil1er
les idées deslesteurs
]c-râcheraydemerendre
sensîble à ceux qui me
liront, en fortequ'ils me
pourront comprend re
sans scavoirlamusique.
J'essayerai donc de vous
faire une peinture de l'une
Sede^ l'autre,ainsi
qu'elles m'ont frapéaprés
les avoir pratiquées
toutes le^sdeùx^.b
n IL y a presentement
icideux partis formez
dans làMusique : Tun
admirateur outré de la
Musique Italienne, proscrit
absolument la Musique
Françoise, comme
fade & sans goût;l'autre,
fidele au goût de sa patrie,
ne peut souffrir sans
indignation que l'on méprise
le bon goût François
, & traite la Muse
Italienne de bizarre &
de capricieuse. Il y a à
tout cela un milieu plus
raisonnable, qui est de
rendre justice à l'une & à
J'ay^re., & delesprendre
cthaecunre deans.leur carac-
-v^ll faudroic être dépourvu
de goût & de
conoissance,pournepas
avoüer que la bonne Musique
Italienne renferme
en general ce qu'il y a de
plussçavant & deplus
recherché dans cet art;
que nous lui devons une
grande partie des agrémensde
lanôtre;que les
Italiens font nos maîtres
pour les Cãcates &: pour
les Sonnattes. J'admire
dans ces picces les desfeins
nouveaux de leurs
figures,si bien imaginez
& si heureusement conduits,
la vivacitépetillantede
leurs imitations
redoublées,lavariétéde
leurs chants, la diversité
de leurs tons & de leurs
modes si bien enchaînez
les uns aux autres, leur
harmonie recherchée S£
sçavante: mais si nous
leur cedons lascience &I
l'invention, ne doiventils
pas nous ceder le bon
goût naturel dont nous
sommes en possession,&
l'execution tendre & noble
où nous excellons?les
enrichissement que nous
y avonsajoutez de nôtre
propre fond ne doiventils
pas prévaloir? & ne
sommes-nous pas de ces
écoliers qui ayant bien
profité des leçons denos
maîtres, sommes à la fin
devenus plus sçavans
qu'eux? Ne pourroit-on
pas dire, sansossenser les
sectateurs de laMusique
Italienne, que leurs ornemenstropfrequens
&
déplacez en étouffent
l'expression,qu'ils ne caracterisent
point assez
leurs ouvrages? semblables
en cela à cette arc hitecture
gothique, qui
trop chargéed'ornemens
en est obscurcie
,
& où
l'oni~ démêle plus le
corpsde louvrage.,Que
laMusique Italienne ressemble
encorea une coquette
aimable pleine de
rouge & de mouches
y toujours vive, toujours
le pied en l'air, qui chercheàbriller
partout sans
raison & sans sçavoir
pourquoy, toujours emportée
dans quelques sujets
qu'elle traite;que l'amour
tendre y danse le
plussouvent la gavotte
ou la gigue. Ne diroiton
pas que le serieuxdevient
comique entre ses
mains, &qu'elle est plus
propre auxarietes St aux
chansonnettes qu'à traiter
de grands sujets? fem- - blableen celaàces Comédiens
quin'ayant que
du talent pour le ÇOOIH
que, reüssissentfort mal
,t>-
&tournentletragiqueenridicule
quànçl
ils veulent s'erî mêler.
Il faut avoüer que la
majestéde le Musique
Françoisetraiteles sujets
heroïques avec plus de
noblesse, & convient
bien mieux au cothurne
DanslaMusiqueItalienne
tout y paroît uniforme,
la joye, la colere,
la douleurl'amourheureuxv
bb t ou quiespere:tout y semblepeintaveclesmêmes
traits&dumêmecaractere,
c'estunegiguecontinuelle,
toujours petit
ki\tfcy LreujoLWs bondisante
; la voix commence
eule, l'instrument repee
ce chant en écho. Ce
esseinsouvent d'un chat
bizarrese promene noneulement
sur toutes les
cordes du mode,mais en-
:orc sur toutes lesétrangeres
où ils peuvents'accrocher
bien ou mal, telement
queleurs pieces
roulent sur tous les tons,
& changent de mode à
chaque instant, en forte
que l'on nesçauroitdire
à la fin duquel ils font.
Après avoir fait cette
longue promenade, où
l'on repete vingt fois le
même changeant la voix
que l'instrument, il faut
encore retourner da cfr
po. Ce passage est quelquefois
très-rude à l'oreille,
étant souvent de
deux cordes, voisines:
mais il arrive souvent
quel'on passe outre,pour
éviter à prolixité&pour
eix/iiminuCerl'e'nenusi.t
C'est un grand défaut
dans tous les ouvrages
d'espit, 8C principalement,
en musique, de ne
pouvoir finir: il faut sçavoir
se modérer. Un bon
ouvrage perd la moitié
de son merite quand il
est trop diffus.
-
Nous avons peine encoreànous
accoutumer
aux intervales bizarres
des chants de leurs recits
qui passent quelquefois
l'étenduëde l'odave»éc
que les. plus habiles ont
peine àentonner juste;les
tenuessurtout,yimpatientent
l'audireur,pour
estredéplacées. Ces tenuës,
qlle nous neiaifons
&i qui ne conviennent
gueres que surles mots
de repos &quelques autees,
sy font indifferemmenusurtouslesmots
qui finissent par des
voyelles. Je ne dispas
qu'il; n'y ait beaucoup
d'art à faire badiner un
violon & une baffe Sous
une de ceslongues tenues
: mais quel rapport
a la liberté avec ce son
qui dure un quart-d'heure
?où cft le goût & l'expression
de tout cela? Il
arrive même souvét que
la Musique Italienne exprime
toute autre chofc
que ceque les paroles
signifient ; j'entens un
prelude vif & emporté.
Je crois que quelque amant
rebuté des rigueurs
de sa belleva se livrer au
dépit &chanter poüiller
à l'amour, pointdu tout.
C'est un amant tendre
qui vante le prix de sa
cpn stance, qui appelle
l'esperance à son secours,
ou qui fait une declaration
à sa bien-aimée.les
„J Passe encore à ceux
qui travaillent pour le
violon, de se livrer tout
entiers dans leurs Sonnatesau
feu de leurimagination,
&de promenet
leurs fugues &leurs
imitations par tous les
modes, eux qui ne font
point gamez par l'expression
des paroles,
qui doit faire la regle
des compositeurs. Nous
sommes redevables à Fttaliede
ces fortes de pieces;
les Corelli,lesAlbinoni,
les Miquels, ÔC
plusieurs autres ont produit
dans ce caractere
despieces qui feront immortelles,
& où peu de
gens peuvent atteindre.
Cependant mille autres
veulent les imiter. J'ai
vû deces pieces d'un
chant si bizarre&d'une
composition si extraordinaire,
qu'on auroit dit
qu'on eustjetté au hazard
des pâtezd'encre
sur du papier reglé, qu'
on y eust ensuite ajouté
des queuës & divisé par
mcfures.
La musique de leurs
Cantates paroît plutôt
convenir aux concerts
de chambrequ'à nos spectacles;
leurs Sonnates
à deux partiesnedoivent
êtrejoüéesqu'à violon
seul ,qui frise & qui
pretintaille autant qu'il
luyplaît, &deviendroient
trèsconfu ses si
la même partie étoit executéeparplusieurs
instrumens
-,
qui feroient
des diminutions differentes,
8k ainsi doit être
bannie d'une grande orchestre.
L'on n'entend en gêneral
dans la musique
qu'une basse continuë
toujours doublée, qui
souvent est une espece
de batterie d'accord,&
un harpegnement qui
jette de la poudre aux
yeux de ceux qui ne s'y
connoissent pas, & qui
reduites au simple reviendroient
aux nôtres.
CesB. C. ne font bonnes
qu'à faire briller la
vîtesse de la main de
ceux
ceux qui accompagnentou
du clavecin ou de la viole;
encore pour rencherir sur
ces; basses déjà trop doublées
d'elles-mêmes,ils les
doublent encore, & c'est
ce quidoublera le plus, de
sorte qu'on n'entend plus
le sujet, quiparoît trop nud
auprès de ce grandbrillant,
& demeureenseveli fous un
cahos de fons tricotez ôc
petillans, qui passant trop
legerement, ne peuvent
faire d'harmonie contre le
sujet.Ilfaudrait donc que
des deuxinstrumens il y
en eût un qui jouât le simple
de la baffe, & l'autre le
double ; ces B. C. passeroient
plûtôt pour des pieces
de viole que. pour un
accompagnement, qui doit
être soûmis au sujet & ne
point, prévaloir. Il faut que
la voix domine & attire la
principale atttention. Tout
le contrairearrive ici, l'on
n'entend que la B. C. qui
petille roûjours, la voix en
est étouffée. Ille trouve un
inconvenient dans les bassesen
batteries &doublées
sur le champ;c'estqu'il est
,
difficile qu'un clavecin,une
viole&une theorbe se puissent
rencontrer juste dans
la même maniere de doubler
; l'un prend un tour &
l'aurre un autre: ce qui
cause une cacophonie extraordinaire.
Un compositeur
ne reconnoît point au
milieu de tout cela son pauvre
ouvrage tout défiguré,
& se contente d'admirer la
vîtesse de la main de ceux
qui l'executent. Voila cependantle
goût de l'executionde
la Musique Italienne.
iCe
nétoit point celui de
Lully,sectateur du beau ôc
du vrai
,
qui auroit banni
de son orchestre un violon
qui eût gâté son harmonie
par quelque diminution ôc
quelque miaulement mal placé.
Ne peut-on pas s'assujettir
àjoüer la musique
comme elle est? est-ce le
goût Italien de faire de faux
accords à tout bout de
champ? J'ai vû des Musiciens
si amoureux des vîtesses
& de ces basses figu.
rées, qu'ils ne pouvoient
souffrir les adagio, c'est à
dire les endroits de recitatifs
lents, ëc. passoient ces
morceaux comme ennuyeux.
C'est cependant
dans ces endroits oùl'harmonie
peut se faire mieux
sentir que dans ces vivacitez,
où, comme je viens de
dire, la baffe passant trop
legerement, & ne faisant
que friser le dessus,ne peut
faire d'harmonie.
Mais si cette musique figurée
convient aux paroles
Italiennes & Latines, pourquoy
y veut-on assujettir la
Langue Françoise ?Un Italien
se gouverne-t-ilcomme
un François? Leurs
goûts, leurs habits, leurs
moeurs, leurs manieres leurs plaisirs , ne sont-ils pas
differens ? Pourquoy ne
veut,on pas qu'ils le soient
aussi dans leurs chants?Un
Italien chante-t-il comme
le François?Pourquoy veuton
que le François chante
comme l'Italien? Chaque
pays, chaque guise, il faut
que chacun demeure chez
soy. Pourquoy veut-on ha- 1* ~ndo tris Rome more tu vivito Roma; 10- nido tris alibi, vivito sientibi.
biller la Mufe Françoise en
masque
, & la rendre extravagante,
elle dont la
langue est si sage & si naïve,
& ne peut souffrir la
moindre violence, est en-
-
nemie des fréquentes repetitions,
de ces grands roulemens,
de ces longues tenuës
que l'on supporte dans
la Musique Italienne ou
Latine ?
On peut ici comparer la
Musique Françoise à une
belle
femme
dont la beauté
simple naturelle & sans art,
attire les coeurs de tous ceux
qui la regardent, quin'a
qu'à se montrer pour plaire,
sans craindre d'être défaite
par les minauderies affectées
d'une coquette outrée- v
qui cherche à mettre les
gens-dans son parti à quelque
prix que ce soit, à qui
nous avons comparé la
Musique Italienne. .j! u* Je pourrois encore ici,
rapporter l'autorité du beau
sexe, auprés de qui la Muse
Italienne a peine à trouver
grâce, quis'ennuye
d'un quart-d'heurede fonnates
, & qui aime mieux
entendre chanter Sangaride
ce jour,& jouer les songes
agreables, que toutes les
batteries & les harpegnemens
d'un violon touché
sçavamment auquel elles
ne connoissent rien, & ne
sentent rien qui les attire:
on a beau lui dire que cela
est sçavant,beau, sublime,
que c'est un tel auteur Italien
qui les à faits, cela est
fort beau,disent les Dames,
mais - nous n'en voulons
plus, ce font pourtant elles
qui decident du mérite 6c
du dessin des ouvrages, ôc
a qui. nous devons chercher
à plaire, & sur-tout
dans cet art qui semble être,
fait pour elles. Ilfautcependantavouer
que quelques-uns de nos
habilesMaîtres ont trouvé
le secret d'allier fort sçavamment
le goût naturel
du François avec le brillant
&.le sçavant de l'Italien,
dans des cantates qui font
entre les mains de tout le
monde, & qui font des
chef-d'oeuvres en cette espece,&
pour la Musique-
& pourlaPoësie, qu'il leur
suffise donc d'avoir montré
aux Italiens que les François
pouvoient porter aussi loin
qu'eux le génie&;le sçavoir
tant dans les cantates
que dans les sonnates:mais
pour cela le bon goût simple
& naturel du François
doit-il être méprisé, quand
les Italiens pour le perfectionnercommencent
euxmêmes
à l'imiter?
Ces sortes d'ouvrages en
ont produit une infinité
d'autres ,les cantates & les
sonnates naissent ici fous
les pas, un Musicienn'arrive
plus que la sonnate ou
la cantate en poche, il n'y
en a point qui neveuillefaire
son livre, être buriné, &
ne pretende faire assaut
contre les Italiens, & leur
damer le pion, à peinele
Poëte y peut-il suffire;il y
a même telles paroles qui
ont souffertplus d'une fois
Ja torture, de la Musique
Italienne, enfin les cantates
nous étouffent ici: j'en ai
entendu qui duroient une
heure, montre sur la table,
ensorte qu'on étoit obligé
de demander quartier, ou
de quitter la place.Qu'est
donc devenu le bon goût t
faudra-t-il qu'il expire ainsi
sous le fatras de toutes ces
cantates? que diroient les
Lambert, les Boësset, les
le Camus, les Babtistes,s'ils
revenoient au monde, de
voir le chant françois si
changé, si avili & si défiguré?
Je suis persuadé que
nos illustres Maistres ont
trop de goût & trop de
science pour l'abandonner
comme il paroist par leurs
propres ouvrages, dont les
endroits les plus gracieux,
& qui plaisent le plus, font
traitez dans le goust fran- * çois, où ils ont sçû mélanger
le bon des Italiens,'
&en ont laissé là le mauvais
, qu'ils rendent justice
au héros & au Ciceron de
la Musique francoise, je
veux dire à Lully *,qu'ils
admirent la grandeur ôc
l'élevation de son genie
au milieude cette naïve
simplicitédépourvûë de
tous ornemens étrangers,
& qui semble devoir tomber
fous les sens de tout Ic
'*l\ogtitLully.
monde. A-t-il voulu peindre
l'amour rendre, quel
coeur ne s'attendrit-il pas,
quel chant, quel naturel,
quelle harmonie dans ses
duo? ne devineroit-on pas
les paroles de ses recits à
en entendre feulement les
chants? ôc n'est-ce pas une
veritable declamation que
son récitatif? A-t-il voulu
exprimer la douleur, les
rochers ne gemissent-ils pas
avec lui? a-t-il voulu peindre
la fureur, lavengeance
,quel coeur ne ressent
pas de secrets fremissemens
? quel feu & quelle
vivacité dans ses airs de vid
Ion, quand il a voulu exprimer
la vitesse dessougueux
aquilons ou des
transports des furies? Si la
joye s'empare de la scene,
tous les peuples, tous les
bergers fautent & dansent
au
son
de ses musettes;l'horreur
& l'effroy s'empare de
nôtreame,s'il veut faire
quelque enchantement ou
evoquer les manes des enfers
; quelle tranquilitéassoupissante
nese répand
pas dans l'ame s'il veut endormir
dormir ou calmer ses heros
agitez ? s'il fait sonner la
trompette l'humeur martialle
ne saisit-elle pas ses
auditeurs, & n'est-on pas
prêt de courir aux armes
& de monter à l'assaut?s'il
veut préparer ou annoncer
quelque oracle,quelle gravité
ou quelle noblesse dans
ses fimphonies ? on diroit
que comme un scavant
Peintre il a scû avec ses
fons peindre pour ainsidire
les mouvemens de toutes
les passions du coeur de
l'homme. A t, il eu recours
pour. cela à tous ces faux
brillans & les ornemens deplacez
de la Musique Italienne
? rien n'est il plus
simple & plus naturel que
sa composition qui est à la
portée de tout le monde, &
en même temps riens desi
élevé, de si noble, & de si
spirituelle pour l'expres.
fion ? Quoy qu'il soit fort
scavant, le goût seul & le ,
genie semblent avoir été
ses guides, lk capable de
préscrire des regles nouvelles
àceux qui les suivroient
il semble quelquefois
avoir negligé les anciennes
, & s'être mis audessus
d'elles. Il faut avouer
aussiquec'est ce qui fait la
meilleure partie du Musicien
que le génie,c'est lui
qui fait aussi les Peintres
& les Poëtes ; car on peut
dire queces trois sciences
se donnent la main,&
peuventpasser pour trois
soeurs:onvoit peu de Peintresqui
nesoientaussi uti
peu ., Musiciens, &.;; qui
n'ayent du goût pour ces
deuxarts; la Musique n'est
elle pas une poësie &une
peinture sonore & harmonieufe?
la peinture & la poësie
ne sont-elles pas conu
posées d'une aimable harmonie
, d'un mélange &
d'un contraste de couleurs,
& de pensées melodieusement
enchaînées? J.
?'J
Il nesuffit doncpas seulement
de régles dans les
arts; il faut être encore inspiré&
animé dece beau
feu quelamaigrenedonne
pasà tout le monde,&qui
àfaitles Titiens & les Lebrun,
lesCorneilles & les
Racines, lesCarissimi &
les Babtistes, & tant d'autres.
Il faut dans ces arts
sçavoir inventer bercer,
outre qu'il faut qu'un CQm-,
positeur possede parfaitement
la langue dans laquelle
il travaille, connoisse
les syllabes rudes surlesquelles
il faut passer legerement
, & celles qui sont
harmonieuses & amies du
chant.Il seroit même àsouhaiter
que le Musicien fût
aussiPoëte pour ajusterles
paroles à on chant,&que
tour, l'ouvrage coulât, de source.
Ce n'est point assez de
sçavoir préparer ou sauver
des dissonances; il faut encore
sçavoir les placer à
propos ou elles conviennent
pour l'expression, les
mettre dans leur jour pour
qu'elles fassent leur effet,
ôc qu'elles fervent comme
d'ombres au tableau, en
faisant valoir les consonances
par opposition, n'en pas
diminuer la force par le.
trop frequent usage, comme
font les Italiens, dont
la musique trop rempliede
dissonances revolte quelquefois
les oreilles: mais
se garder de tomber dans
la monotomie
,
qui est le
vice contraire, & que les
Italiens pourroient plûtôt
nous reprocher.
Les réglés de l'harmonie
ne montrent pas àfaire un
beau chant, qui en est l'ame,
à imaginer un dessein,
à bien rendre l'expression
des paroles, à sçavoir placer
les cadences aux sens
finis, comme les points &
les virgules dans le discours;
à sçavoir changer de
mode quand les paroles
changent decaractere &
de sentiment. Un bon Matematicien
possède à fonds
les regles de la composition&
est un fort mauvais
compositeur. J'ai composé
jadis sans regle & sans science
; & ayantacquis depuis
quelques connoissances,j'ai
revu mes premiers ouvrages,
& j'ai trouve quej'aurois
peine à mieux faire
avec des regles. Il y en a
cependant d'essentielles,&
dont la connoissance est necessaire
: mais lesveritables
ôc lesmeilleures sont celles
que
que le goût &l'oreille vous
inspire. Vous trouvez dans
ces regles beaucoup de con- traditions, & les Italiens
n'en paroissent pas de fort
rigides observateurs : elles
ne font la plûpart fondées
que sur le caprice. J'ai vû
quelques-uns de ces traitez
de musique, & quoique
fort profonds & sçavans,
je n'ensuis pas devenu plus
habile en les lisant
; au contraire
j'en fuis forci plus embarassé.
Ils vous apprennent
bien ce qu'il faut éviter,
qui sont desinconveniens.
où l'oreille feule
nous défend de tomber
mais ils ne nous instruisent
point comment il faut s'y
prendre pour faire une
compoficion gracieuse &
de bon goût C'est donc le
genie naturel seul qui fait
le Musicien.
Si l'on reproche à Lully
d'avoir employé rarement
les tons transposez, ce n'est
pas qu'ilen ignorât l'usage:
mais c'est qu'il s'accommodoit
aux
lujets qu'il avoir
& au goût du temps;qu'il
sentoit qu'un chant n'en
étoit pasplus beau pour être
transposé d'un demi ton
plus haut ou plus bas; &
qu'une musique difficile ou
recherchée, quoique belle,
ne laisse pas que d'avoir un
défaut, qui est que rarement
elle est bien executée,
parce que le nombre
des sçavans est rare, & ainsi
rejettée; au lieu qu'une
bonne musique en est encore
meilleure quand elle
est facile, puis qu'elle est
susceptible d'une meilleure
execution, qui est l'ame de
lamusique; qu'elle invite
d'elle-même à être chantées
quelle est plus de commerce
dans le monde
, étant
plus à laportée des honnêtes
gens qui l'executent ce
qui doit être son but& sa
recompense
; au lieu que
la musique difficile effarouche
& dégoûte
,
ôc n'est
bonne que pour les Musiciens
de profession.
Peut-être auroit-ilsuivi
une autre route ,
maintenant
que tous les Musiciens
sont autant d'illustres compofiteurs
,
& que tousles
écoliers sont autantde maîtres.
:.;.
Cependant ceux qui sont
aujourd'hui entêtez de la
MusiqueItalienne ne peuvent
souffrir la Musique
Françoise, & la regardent
comme une musique fade
,&; sans goût: les Opera anciens
les endorment, ils n'y
sentent rien qui les rappelle,
ils n'y trouvent que des
tons naturels, des mouvemens
faciles;ils veulent
quela clefsoit surchargée
de dieses ou de b mois;que
la B. C.soit brodée & remplie
de tous les chiffres d'arithmetique;
qu'on invente
pour eux des tons transposez,&,
nouveaux ,&,,des
mouvemens extraordinaires;
que la baffe herissée
d'harpegnemes &d'acords
coure toûjours la poste ;enfin
ne trouvent pas une musique
bonne qu'elle ne soit
difficile. A peine peuventils
se resoudre à la regarder
quand il n'y a quedes blanches
ou des noires,& des
mouvemensà2 &a3temps,
cw.o» mme si toutes les mesu-
'"-- .t t »
,
res Italiennes ne revenoient
pas à ces deux mesures. Ne
va-t-on pas reduire la mesure
à deux temps à celle de
quatre, en renfermant deux
mesures en uneseule? Le 4
pour 8 nerevient-il pas à
nos deux temps legers? ôc
les mesures de 6 pour 8,
de 3 pour 8 & de 12 pour
8 ne reviennent-elles pas
toutes à la mesure de trois
temps, battuë plus ou moins
vîte, quoy qu'elles se battent
a 2 & à 4 temps,dont
chaque temps renferme
une de nos mesures à trois
temps?Ce n'est donc qu'une
maniere differente de
s'exprimer, qui est bonne
en soy <3e donne le caractere
de la piece pour la lenteur
ou la legereté, & a plus
defacilité pour être battuë;
carcommeil n'y a en general
que 2. modes differens,
le mineur & le majeur,ilny
a aussi en general que 2.mesures
,
celle à 2. temps ôc
celle à
3. Envainvoudroiton
en imaginer d'autres. Il
seroit aisé, pour contenter
ceux qui, aimentle ragoût
sduesrteosnesxttrraanosrpdoinsaezir,else&s mlees^
basses doublées, de transposer
un de nos Operaun
demi-ton plus bas ou plus
haut, doubler leurs basses
continuës ';& en reduire les
mesures à la maniere Italienne.
- Ils deviendroient
alors deplus difficile execution
,
mais perdroient la
moitié de leur beauté.Un
compositeur n'est-il pas
bien glorieux d'avoir fait
une piecesitransposée,pleine
de si & de mi b quatre,
& d'une si grande vîtesse,
que personnenesçauroit y
mordre,qu'il déchiffre à
peine lui-même. Voila une
piece, dit-il, que je défie à ,
tous les violonsd'execucer
y & à tous les clavecins d'en
trouver les accords sur le
champ; gardez -la donc
pour vous, mon ami: ces
forces de pieces ne font bonnes
qu'à renfermer dansle
cabinet pour la rareté, &
pour montrer qu on en peut
faire
: mais ne peuvent être
d'aucun usage que parmi
- les maîtres de l'art.
Les chants en deviennent-
ils plus beaux & plus
harmonieux pour être sur
des tons transposez ? l'harmonie
en est-elle meillcure
? Au contraire, on peut
dire qu'elleest forcée, que
ces tons ont peu de justesse
sur les instrumens
,
& princi
palement sur le clavecin,
où les seintes devroient être
coupées pour y donner le
veritable temperament;
car quelle apparence qu'une
touche serve de b mol &
deb quarre dans l'autre,
sans perdre de sa justesse?
l'asse encore sur les autres
instrumens comme sur le
violon, où avançant plus
ou moins le doigt sur la
corde,on peutmodifierces
sortes de demi-tons & les
rendre plus justes. J'ai entendu
un de nos illustres
preluder sur son violon, de
quelque maniere qu'ilfût
accordé, &ne suivre, pour
tirerses sons,d'autre regle
que son oreille, & non celle
du manche qui se trouvoit
alors dérangé.
Enfin de ces deux partis
differens il en resulte un
troisiéme plus raisonnable,
& moins entêté que ces
deuxautres, qui est celui
des gens sages & des gens
de goût, qui ne se laissant
point prévenir ni pour l'un
ni pour l'autre, vrais amateurs
de la musique, goûtent
l'une & l'autre composition,
quandelle est bonne
& bien executée,& sans
donner dansle goût pedant
&sçavant, ne vont point
épiloguer sur deux octaves
de [ujrc, sur une septiéme
ou une neuviéme bien ou
mal preparéeou sauvée;ne
méprisent point une musque
,parce qu'elle est trop
aisée, ou parce qu'elle est :
trop difficile
} ne la condamnent
point commepillée,
parce qu'il y aura quelques
bouts de chant que
ressembleront
: mais rendent
justice à la Musique
Françoise dans son caractere
& à la Musique Italienne
dans le sien, & conviennent
que l'on pourroit
faire ungenre de musique
parfait, si l'on pouvoit joindre
le goût sçavant & ingenieux
de l'Italien au bon
goût naturel Ôc simple du
François: mais cependant
qu'un Italien doit chanter
en Italien,&leFrançois
enFrançois. Je suis,&c.
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Résumé : Dissertation sur la Musique Italienne & Françoise.
L'auteur d'une dissertation sur la musique italienne et française exprime son opinion sur la prédominance actuelle du goût italien. Il reconnaît la supériorité de la musique italienne dans la science et l'invention, notamment dans les cantates et les sonates, admirant la vivacité des imitations, la variété des chants et l'harmonie savante des Italiens. Cependant, il critique les ornements trop fréquents et déplacés de la musique italienne, qui étouffent l'expression et rendent les œuvres obscures. L'auteur compare la musique italienne à une coquette, toujours en mouvement et cherchant à briller sans raison. Il note que la musique italienne traite souvent des sujets sérieux de manière comique et est plus adaptée aux ariettes et aux chansonnettes qu'aux grands sujets. En revanche, la musique française traite les sujets héroïques avec plus de noblesse et convient mieux au cothurne. Il critique également les intervalles bizarres et les tenues des chants italiens, difficiles à entonner juste et impatientes pour l'auditeur. L'auteur apprécie les sonates italiennes pour le violon mais les trouve inadaptées à une grande orchestration. Il conclut en comparant la musique française à une belle femme naturelle et sage, contrairement à la musique italienne, coquette et affectée. Il reconnaît que certains maîtres français ont su allier le goût naturel français au brillant italien, créant ainsi des chefs-d'œuvre. Cependant, il déplore que la mode des cantates et des sonates en France ait conduit à une surproduction d'œuvres imitant les Italiens, souvent au détriment du bon goût français. L'auteur exprime son admiration pour les maîtres français comme Lully, dont la musique est simple, naturelle et expressive. Lully sait mélanger le bon des Italiens tout en évitant leurs excès. Sa musique est capable de peindre toutes les passions humaines avec une grande simplicité et noblesse. Le texte se termine par un appel à un genre de musique parfait, combinant le goût italien et le naturel français, tout en respectant les caractéristiques de chaque tradition.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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75
p. 68-69
MEMOIRE.
Début :
On a oublié dans les Mercures precedens d'avertir le [...]
Mots clefs :
Mémoire, Mercures, Divertissement pastoral, Fête champêtre, Musique, Christophe Ballard, Imprimeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE.
MEMOJRË,ltil • I.M*
On a oubliédans lesMercures
precedensd'avertir.le
public quel'onvient, d'imprimer
unpetitiDiv^ertif-;
sementpastoral enmusque,
intitulé, LaMusette,
c&UsB(seSurêne.C'est
une petitefête champêtre,,
oùlecaractere de lamusique
pastorale est parfairement
observé
,
& dont la ,fîmplici[é'/ étudiée ne dcplaîtpointaux
connoisseurs.
Il se vend chez ChristopheBallard,
seulImprimeurdu
Roy pour la Muoc!.
dique,ruë. saint Jean jdç'
nBrauavasis
On a oubliédans lesMercures
precedensd'avertir.le
public quel'onvient, d'imprimer
unpetitiDiv^ertif-;
sementpastoral enmusque,
intitulé, LaMusette,
c&UsB(seSurêne.C'est
une petitefête champêtre,,
oùlecaractere de lamusique
pastorale est parfairement
observé
,
& dont la ,fîmplici[é'/ étudiée ne dcplaîtpointaux
connoisseurs.
Il se vend chez ChristopheBallard,
seulImprimeurdu
Roy pour la Muoc!.
dique,ruë. saint Jean jdç'
nBrauavasis
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76
p. 279-280
AUTRE.
Début :
Un de mes amis m'a donné cette autre Enigme qu'il a dérobé [sic] / La guerre a pour moy des appas, [...]
Mots clefs :
Peau du tambour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
Unde mes amis m'a donné
cette autreEnigme qu'ila dérobé
à un des ſiens. Celuyquien
eſt l'Auteur eſt de Villeneuve
d'Avignon ; c'eſt un homme
de Lettre , connu non ſeulement
par un Journal qu'il a
fait des nouvelles de l'ordre
de laboiſſon ; mais encore par
pluſieurs autres ouvrages d'efprit.
280 MERCURE
AUTRE.
La guerre a pour moy
des appas ,
Elle fait ma plus chere
envie ,
Aufort des plus rudes combats,
Sous les coups jamais je
neplie,
Et je fais aprés mon
trepas ,
Plus de bruit que pendant
ma vie.
cette autreEnigme qu'ila dérobé
à un des ſiens. Celuyquien
eſt l'Auteur eſt de Villeneuve
d'Avignon ; c'eſt un homme
de Lettre , connu non ſeulement
par un Journal qu'il a
fait des nouvelles de l'ordre
de laboiſſon ; mais encore par
pluſieurs autres ouvrages d'efprit.
280 MERCURE
AUTRE.
La guerre a pour moy
des appas ,
Elle fait ma plus chere
envie ,
Aufort des plus rudes combats,
Sous les coups jamais je
neplie,
Et je fais aprés mon
trepas ,
Plus de bruit que pendant
ma vie.
Fermer
80
p. 97
TROISIEME ENIGME.
Début :
Je ne sçay pas chanter, cependant chaque jour [...]
Mots clefs :
Lutrin
81
p. 1161
PREMIERE ENIGME.
Début :
J'ai l'ame droite & le corps tout lustré, [...]
Mots clefs :
Violon
82
p. 71
SECONDE ENIGME.
Début :
Muette dans les bois, j'ay pû passer ma vie, [...]
Mots clefs :
Musette
83
p. 518-519
TROISIÈME ENIGME.
Début :
Mon Art est un Art admirable, [...]
Mots clefs :
Maître de danse
84
p. 910-911
TROISIÈME ENIGME.
Début :
Dans un petit circuit je fais bien du chemin, [...]
Mots clefs :
Danse
85
p. 1980
AUTRE ENIGME.
Début :
Les Princes & les Grands viennent souvent me voir, [...]
Mots clefs :
Opéra
87
p. 102-103
Deuxiéme Enigme.
Début :
Quoique soeurs, nous marchons en des rangs inégaux : [...]
Mots clefs :
Notes de musique
90
p. 49-75
RÉJOUISSANCES faites à Djon. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
Début :
Nous apprimes l'heureuse nouvelle le 7. de Septembre ; elle n'eut pas été plutôt [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Dijon, Ville, Instruments, Église, Vin, Tambours, Hautbois, Joie, Nuit, Musiciens, Fête, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites à Djon. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
ME'JOVl S S ANCES faites k Òijon.
Extrait d'une Lettre écrite de cettfi
rnu*
NOus apprîmes l'heureuse nouvelle le 77
de Septembre» elle n'eut pas été plu
tôt annoncée par une triple décharge de l' Ar
tillerie de la Ville & du Château , qu'on"
entendit de toutes parts le son des Cloches
& les acclammations des Hábitans. Il n'est'
pas possible de vous décrire les transports"
que produisit ce grand événement. On fortoit
des maisons en foule ; on couroit dé
porte en porte pour apprendre à son pa
rent , à son ami une nouvelle qu'il sçavoie
déja , & qu'il avoicla même passion de dé
biter.
Le Comte de Tavanes qui commande dans"
la Province , ne pouvoit manquer une fi'
belle occasion de- faire éclater son zele , &
l'ardeur héréditaire qu'il a pour le service
de Sa Majesté. Son spacieux Hôtel parut tout
en feu dès l'entrée de la nuit ; la porte &
h façade ornées deRstons, de Dauphins, dé
Fleurs de Lys , les bougies & les Lampions
étoient répandus par fout , & principale
ment fur la belle Terrasse fur la rrtë. Grand
feu au milieu de.Ja Place , grand festin dans
l'interieur de la maison, fonraines de via
su dedans Se au dehors de la Cour , Bal
Ì>our les personnes qualifiées , danses parmt
e Peuple &c.
Eeno#)t les «ois semaines, 4e nos princf-
. .. ' gales
ço MERCURE OE FRANCE,
pales Réjouissances , ce Seigneur a fçu va
rier tous les repas qu'il a donnés ; & lotî
tes les illuminations ; on étoit sûr de trou-
Ver toujours chez lui quelque chose de bril
lant & de nouveau nous appellerions cela.,
des Fêtes dans toutes les formes y. ce n'étoic
pourtant que lc prélude de celle qu'il taéditoit.
Le Parlement étant séparé à cause des va
cations , il ne pût se rassembler que le Sa*'
riiedi. cette illustre Compagnie parut aussi
complète que dans le tems des pleines fean—-
ces. M. de Berbiscy » Premier Président étoit
à la tê'-e ; les Huissiers le précedoient com
me à l'ordinaire , les Avocats & les Procu*
reurs en grand nombre faifoient cortège *
la Maréchaussée bordoit les rangs ; le 2>
T3eum fut chanté dans laSale du Palais.L'Abbá
Bouhîer , Doyen de la Sainte Chapelle, déíigné
pour être notre premier Evêque , offi
cia y la symphonie fut merveilleuse , la Mu
sique excellente, & M. Michel , Maître de la
même Sinte Chapelle , se surpassa.
Les Musiciens qu'il avoit. employez conti
nuèrent ce jour là à se donner mutuellement
des Concerts comme ils avoient fait les jour*
précedens ; ils- illuminèrent les lieux où il»
se régaloient ; & si l'on doit en juger par lesÉfréquentes
décha ges d'une douzaine de pe
tites piéces de Canons dont ils s'étoient pour
vus , & aiisque's on mecroit le feu toutes
les fois q 'ils celébroient lu santé du Rqi
ou de quelque Prince de la Maison Royale»-
en ne peut douter qu'ils ne s'y jíKeressaliene;
infiniment. x~ j
Le Dimanche suivant , les erdres, de las
Geur aiiivs.íûîj & cc foc alors que. la joye
, monta
JANVIE Ft. \7j<s: <v
irsonta ï son comble ; pendant trois jottrs con-:
sécutifs les Cloches sonnèrent , le Canon tli
ra j il y eut des feux devant toutes les por*
tes i des lumières fur toutes les Fenêtres ,
lès Clochers mêmes furent éclaires. Le Lun
di on rit tous les Ouvriers occupés, à sus
pendre des Guirlandes , ì attachtr des A . moi
nes > à élever des Loges de verdure de cent"
figures différentes . tout le Peuple enfin se
livrer à la joye. Nos Comédiens joiierent
pour lui gratis.
mu vM.j —— 1« , w ..y «.f'Srfi^noiv ....
les Boëtes , ni les Fusées , rri les Han-beaux,
ni tous ces autres agrémens que le coeur'
& le bon goût peuvent inspirer ; le détait
de tout cela feroit immense , & j'ai d'ailléurs
à ouvrir une scène plus grande & plus
pompeuse.
C'est M. le Premier Président du Parlement '
qui donna la première Fêre solemnelle le
Lundi m Septembre. El'e commença par une
illumination générale de tcut son quartier »
&■ particulièrement de son Hôtel , non seu
lement la fact.' , mais les Cours, Us Appartemens
& les Jardins ; il y eut un Concert
exécuté par des Musiciens du premier ordre,
un repas splendirie oû les personnes de la
première considération se trouvèrent. II fit
distribuer , ou plutôt prodiguer au Peuple
le pain , le vin & la viande . & il disposa
en differens endroits des Inlîrumens , au son
desquels on dansa jusqu'au jour. En un mor,
on peut dire qu'il n'omit rien de ce que
son inclination pouvoir, demander & s„ Dignité
permetue.
ft MERCURE^ DE FRANCE.
Le lendemain > on chanta , sur les cinq
Beures du soir, à la Sainte Chapelle , un "tt
Deum qui fut annoncé par le Ion des Clo
ches & par le bruit du Canon ; le Parlement
& la Chambre des Comptes y assistèrent en
Robes de cérémonie, avec toutes les Com
pagnies qui ont droit de s'y trouver ; M.
de Tavanes s'y rendit aussi. La plupart des
Communautés Ecclésiastiques , en consé
quence du Mandement de M. l'Evêque de
íangres , firent la même cérémonie ce jourlá.
Les Chevaliers de l'Arbalête firent chanter
le lendemain aux Carmes un Te Deum en
Musique, au bruit des. Boètes •• & quoique là
Ville eut renouvelle le soir ses Illuminations
& ses Feux , ils remportèrent íur tous les
autres , en- éclairant leurs Maisons , jus
qu'aux Jardins , de Bougies , de Lampions-,
&c. & ils donnèrent un grand Repas.
les dehors de leur magnifique Collège fu
ient ornés & éclairés avec gout > mais Ië
plus bel aspect fut celui du seu qu'ils allu
mèrent au milieu de leur grande Cour en
tourée de Bâtimens à tross étages , dont les
Fenêtres étoient également chargées de lu.
mieres. Ge qu'ils eurent de plus singulier %
fut une Armée de nouvelle levée , ce fiic
une Milice brillante, qui fit plusieurs évolutions
dans cette Cour , s'y rangea en bataille > &
y fit des décharges. Oh eut le plaisir de
voir pendant trois jours /Cette belle jeunefle
parcourir les lieux les plus apparens de la
Ville , portant 3e maniant les_armes avec au-
Leí Jésuites se distinguèrent
jÁNVfER- 171^.
te 14. les Bouchers qui ont toujours pr-i»
parc aux Réjouissances publiques > mêlèrent
les Musettes aux Tambours . les uns passè
rent la journée- fous les armes ; les autres
ayant choisi deux jeunes filles , les habillè
rent en Bergères , & au son des Instrumens,
les conduisirent en grand cortège chez la
Comte de Tavanes , à qui elles eurent l'honneur.
de présenter un Agneau , orné de ru^
bans & de guirlandes , qui. fut très- gracieu
sement & très- noblement reçu. Us s'apliquerent
ensuite à embellis les Loges qu'ils svoient
déja construites , à tapifler leurs Boutiques
à décorer d'arbustes , de Festons , de Gui
dons & d'armoiries les Ponts qu'ils avoient
jettes fur leur ruë , & qu'ils illuminoient tous
ícs soirs
Cependant dés Veaux & des Moutons en
tiers se rotissoient au milieu des Places aux
dépens des mêmes Bouchers ; les Hautbois
& les Tambours retentissoient de toutes parts»
les Tables étoient dressées , & parurent trèsbien
servies. M. de Tavanes voulut être té
moin de leurs plaisirs ; Madame de Tavanes
y mit le comble , en les animant elle-mê*
me , & c'est principalement à fa présence &
à îexcellent vin qu'elle envoyoit avec pro
fusion , que ceux qui se donnoient en spec
tacle durent la vivacité de leurs Réjoúi£
sances.
M. Baudor, notre Vicomte- Mayeur , qui
fa vigilance portoit de cous côtés , crut que
la Police même étoit intéressée à entretenir
cette ardeur » son bon vin de Champagne &
de Bourgogne le suivoit par tout , & c'est"
de cette source féconde que coulèrent tane'
d'heureux impromptus à fa louange &c
MERCURE t)Ê FRANCE.
Ce même jour 14. Septembre fut marqliér
par Tune des plus belles Fêtes: que nous
ayons vûës ; je veux parler de celre- d& M. le*
Comte deTavanes; comme il delìroit que touc
répondit à la grandeur de ses idées, íbri Hôtels
tout vaste qu'il est , lui parut trop resserré,-
& il se détermina pour le jeu de l'Arquebuse.
C'est un Bâtiment de 30. toises d'éten
due , íìtué à la Porte de la Ville , Sí
Composé de deux grandes Galeries l'une fut
l'autre , terminées par deux Pavillons quartés.
On y anive par une avenue de ioo.'
pas de longueur , bordée de chaque côté par
deux raogs d'arbres 1 avec un fossé , fur le*
bords duquel règnent des charmiiles à hau
teur d'apui;on entre par une grande porte de fer
placée au milieu de la galerie d'en bai, q^ur
du côté du Jardin est ouverte en peristile.
Ce Jardin est un quarré long , clos de mu«
railles couvertes par tout d'une palissade cîe
Charmes de s ro. pieds d'élévation 5 bV
est coupé en deux portions égales par un
canal , & acompagné de deux grandes allées*
d'Arbres en Berceau , dont le rang exté
rieur a son apui de Charmilles ausli-bien'
que l'avenaë. Les retours qui font au bout
des Allées forment quatre beaux quarrés
pareillerríent enfermés- d'Arbres & de Char
milles ; derrière le canal de cent toises de
longueur , est une esplanade qui fait face â
une niche adossée au mur de' clôture , per
cée par les côtés , & couverte d'une demiè
coupole , fous laquelle est le Buste de M. le
Duc. La distance entre les Allées & lesr
murs de côté est d'environ quarante pas ,
& c'est dans ces vuides qu'on a coutume
de placer les buts pour l'exeicice de l'Ar
quebuse». Devant
JAtfVfER. 1729. ff
Devant la Porte de fer, dans ('endroit ouV"
l'avenuë forme une demi- lune, on avoir
élevé fur des Pillièrs de 1 f. pieds de hau
teur un Edifice de charpente , dont l'Enta-*
blement étoit orné des Ecussons des Armes*
du Roi , de la Reine , de Monseigneur les
Dauphin & du Duc de Bourbon ;-ces Arnioiries
étoient ornées de fleurs , dont 1er
Guirlandes defeendoient jusqu'à terre , St
tournoient autour des Pillieis de l'Edifice.
Sur la Plate forme étoit un petit Acrotêre'
ou Piédestal & cinq Piramides soutenues par
des Dauphins , décorées de Devises & de
Cartouches ; la plus haute de ces Piramides'
portoit un Soleil rempli d'artifice ; les qua
tre autres Piramides étoient surmontées d'au-'
tant de Grenades.
Quatre rangs de Terrines on de lampions
f;arnissoient toute la longueur de l' A venue j
e premier rang étoit posé sur le terrain ,
Te fécond à hauteur d'ápuî"; dans le Jardins'
il y en avoit trois étages 5 !es premiers étoient
rangés le long du canal , les seconds fur les
Charmilles d'apui , & les troisièmes fur les
palissades. Tout fut allumé avec une promtitude
inconcevable ; la Niche parut toute
hérissée de.Bougies ; ses deux côtés- en étoient
pareillement garnis pour termii.er les Allées,
ainsi que toutes les Fenêtres de- la Gallerie
& des Pavillons & le Cordon du Bâtiment
des quatre faces 5 c'étoit un coup d'ceif
charmant , & aussi surprenant de loin qu'il'
paroissoit galant & magnifique de près; la
réflexion de Peau faifoit fur tout un effet
admirable, en multipliant les objets.
Cependant l'illustre Compagnie s'étant as
semblée dans la Gallerie haute ,; on lui donrià*
une
■f4 MERCURE DE FRANCÊ.
une Cantate à grand Choeur , dont les sca
roles avoient été composées par le P. Adam,"
de la Compagnie de Jésus , & la Musique
par le S. Leplivet. Ce Divertissement duraune
heure , & fut reçû avec beaucoup de
satisfaction.
A peine étoit-il fini qu'or» donna le signât
pour tirer le Feu d'artifice par une salve de
vingt pieces de Canon rangées au bas des»
Pilliers de l'Edifice ; aussi tôt Madame l'Intendante
, au bruit des timbales & des trom-:
pettes , mit le feu à la mèche , & fit partirun
Dauphin enflams , qui courant avecrapidité
à l'une des faces , communiqua sesflammes
à trois autres Dauphins qui s'éle
vèrent en même-tem:s des trois autres faces,-
& y revinrent avec la même impétuosité p
tout s'enflamma- à leur retour ; ce ne fut plus
que tonnerre & que feu ; les Serpentau*
Voioient fur la terre , les Fusées s'élevoienc
dans l'air &c. Le Ciel devint en mêmetems
fort obscur, & son obscurité contri
bua encore à rendre le feu- plus éclatant St
^Illumination plus brillante.- On ne vit ja«*
mais rien en ce genre de mieux exécuté, &£■
de plus iultement. applaudi.
On servit ensuite le souper. Il y avoît
quatre Tables , une de 40. Couverts dans
l'un des Pavillons , trois de 30. Couverts cha
cune dans la Gallerie d'en haut , toutes
quatre servies avec un ordre, une abondan
ce . une délicatesse , une propreté qui paíîê
toute expression } cent sortes de ragoûts
nouveaux & recherchés , viandes exquises ,
Vins de tous les Climats , liqueurs de tou
tes les sortes ; on epargnok aux Convives la
peine de demander ï on prívcnoit , on devinoie
JANVIER. 1730.
ío'it les souhaits. Ce qu'on admira fur tout
ce fut le Fruit, & principalement celui qui
étoit destiné pour les Dames ; il n'est pas
possible d'imaginer comment on avoit pè
ramatìér tant de fruits délicieux , tant de
confitures exquises ; l'-ceil , l' odorat , le
gouc , tout y étoit satisfait. 80. pieces de
porcelaines & de cristaux qui contenoient ce
Dessert j rangées avec une simétrie & un art
infini , faisojent dire à tout le monde que
c'étoit dommage d'y toucher. Un de nos
Poètes qui a assisté à toute cette Fête l'a
dépeinte par les Vers que voici :
Vulcain, sans doute, avoit cùniuit les feux;
Apollon avoit fait les Vers & la Musique i
JBacchus se trouva bienheureux
Pe faire les honneurs d'un Busftt magnifique;
Diane & Pan qni fournirent les mets ,
jivoient épuisé les Forés Si
Cornus mime d' intelligence,
~ùt ee Banquet superbe avoit fris Vintindanee
,
Pour donner tant de fleurs , pour donner tant
de fruits ,
fleurs de toutes faisons , fruits d'Eté , fruits
d?Automne ,
flore avec son Zephir , Vertumne avec Ptu
tnone
Avoient pasié plut d'une nuit.
Le Peuple eut part à la somptuosité d«
M. de Tavanes ; on lui fit de grandes distri
butions depwn &dc viande» ; pour le vmi
3 8 MERCURE DE FRANCE,
il n'y avoit qu'à prendre, on en avoit 3iC~
posé six fontaines en six endroits differens./
deux A côté des Pilaltres qui font le com-
.mencement de l' Avenue , les quatre autre*
au commencement Si au bout des Allées da
Jardin ; outre cette profusion , on en donnait
„«ncore à tous ceux qui en demandoient %
de forte qu'il n'étoit pas plus rare que l'eatt
,jqui remplit le canal.
Dès qu'on eut fait guelqu&s tours de proçtnenade
pour voir ^Illumination de plus près»
& ce nombre infini de gens de tous étages,
.:qui dansoient en vingt endroits difíerens j,
au son des tambours & des -hautbois ; on
enleva les Tables , & le Comte de Tavanes
-remontant à la GaUerie , ouvrit un Bal , où
les RafraîchiíTemens furent prodigués ; ce
,Bal dura lì long-tems que le Soleil en vint
éclairer une partie. • *
Le Jeudi t 5 Septembre , les Chevaliers
du Jeu de l' Arquebuse , precedés de leurs
.trompettes & de leurs timballes > allèrent
prendre M. le Comte de Saulx , qu'ils ont
l'honneur d'avoir pour Capitaine , & i'ao
xompagnerent aux Jacobins , où en pré
sence de M. le Comte de Tavanes son pere^
& de M. Baudot , Vicomte - Mayeur , Se
•Chef des Armes , il fit chanter avec matnificence
un Te Deum par un grand nombre
e Musiciens ; il se trouva aussi quelques
-jours après au grand repas qui fut donné
dans u;i Salon de verdure , élevé exprès à
«ôté du .canal dont -on a parlé:; tous les
Bâtimens & le Jardin même furent illumi
nés.
Le i4. les Trésoriers de France celebre-
SH|t Jeux Fête ; ïk n'eoeploycreBi pas cette
: • grande
f AN VIE R. 1730. 59
grande foule de Musiciens qui se trouvè
rent aux autres solemnirez ; leur Chapelle
•n'auroit pas pû les con tenir ; mais ils a voient
,d£S voix & des Instrumens d'élite , & s'il*
■n'eurenf pas la gloire de la magnificence»
jls eurent celle du goût & de ia délica
tesse. _ Ô
, í-e Dimanche pg. fut marqué par une Pro
cession generale du Clergé Séculier & Ré
gulier de la Ville , à laquelle lev Doyen de
Ja Sainte Chapelle présida ; le Parlement r
assista en Robes rouges , & M. de Tavanejs
marcha conjointement cn habit de ceremo-
,»ie.
Les Chevaliers de l'Arc firent les hon»
jieurs du lendemain ; le Te D eu m à grand
choeur qu'ils chantèrent aux Cordeliers , lc
repas qui succéda , & la parure des lieuy
où ils tiennent leur Assemblée ont fait hon
neur à la Ville.
M M. de la Chamòre des Comptes qui
■n'avoiént Ras moins cfe zele & d'empresse
ment .que les autres Corps, choisirent le u.
du mime mois , & la Sainte Chapelle pour
ie lieu de leur Cérémonie; la face de l'Eglisc
fut dscorée & éclairée , la Nef & les
deux Tribunes furent tapissées comme aux
jours les plus folemnels 5 on éleva dans ce
Choeur jusqu'aux premières Galleries trois
rangs de festons de verdures &c.
L'Autel étoit paré des ornemens les plus
précieux j l'Mumination repondoit à la pa
rure j car outre le grand nombre de cierges
dont le Maître- Autel étoit chargé , outre
la multitude de Lustres qui étoient diíhi»
Jbuez dans toute l'étenduè de l'Eglise , les
deux Galleries da Choeur, le* deu*. Tribu
nes
v
MERCURE DE FRANCF.
mes & la Balustrade qui règne le long des
tìtales étoient bordées de Bougies. Les pre
mières Galleries de la Nef étoient garnies
d'une infinité de Pots à feu , où pour évi
ter l'incommodité de la fumée > il n'étoie.
Srefque entré que de Ja cire. C'-e'toit un brilint
inconcevable . & toutes ces lumières que
ia tapisserie & renfoncement des Galleries
faisoienc sortir , parurent d'un gout nou
veau , qui satisfit; également & ceux qui se
piquent, de se connoître en ces choses , 8c
ceux qui ne s'y connoissent pas.
•M M. de la Chambre des Comptes vinrent
à l'Eglise» precedez de leurs Huissiers , &
suivis d'un grand nombre deComptables qu'ils
avoient appeíiés à la Cérémonie. Le Comte
de Tavanes qui s'étoit rendu dans leur Salle
d'Assemblée . marchoit entre le Premier 8e
l'ancien Président . precedé de la Maréchausfée
& de ses Gardes. On entra au bruic
des timbales & des trompettes , & M. Mi
chel donna un troisième TeDeum, qui quoi
que d'un gouc diffèrent» ne parut pas.moins
beau que les deux autres > la Musique
fut exécutée avec la derniere précision j
on ne s'étoit pas contenté des Musiciens
de la Ville , quoiqu'ils soient très - nom.
breux > on en avoir fait venir d'Etrangers,
M. le Doyen de la Sainte Chapelle fitl'Office
, & on finit par la Prière pour le Roi &
pour le Dauphin.
Le ii, notre Vicomte- Mayeur , qui avoir,
envoyé de grandes aumônes aux Hôpitaux,
aux Prisonniers , aux Pauvres honteux , &
même aux Religieux Mendians j se rendicavec
toute la Magistrature & les Officiers
des Paioifics chez M. le Comte de Tavanes >
: •• pour
JANVIER. i7?o. 6i
Çavtt raccompagner au Te Deum de la Villes
oici Tordre de la marche.
Les deux Sergens de Bande , revêtus de
leurs casaques d'écarlate , galonées d'argent,
la hallebarde à la main. Les Sergens des
sept Paroisses, tous en uniforme i luivoienc
deux à deux , pareillement avec des halle
bardes qu'ils porcoient fur Tépaule. Les Offi
ciers de la Milice Bourgeoise » distingues
suivant leurs Paroisses , ayant chacun leurs
Tambours leur Fifre , leurs Hautbois 8c
leur Drapeau. Les Capitaines , Lieutenans ,
Majors & Dizeniers marchoient lts premiers,
avec TEiponton ; les Apointtz étoitnt derjiere
avec la Pertuiíàne. Nous appelions
Apointez certains 'Officiers subalternes qui
fervent fous les Dizeniers. Ils faiíoient un
Corps d'environ roo. hommes , tous trèslestes
& ttès proprement habillez. Les Trem
pettes de la Ville , puis les Gardes de M. de
Tavanes d'un côté , & les Sergens de Mairie
de l'autre. M. de Tavanes vêtu d'un habit de
drap «i'or , avec un manteau noir , doublé pajeillement
de drap d'or , étoit acompagné de
M- le Maire, qui étoit revêtu de fa Robe de
.velours violet ,, doublée de velours cramoisi,
bordée d'une fourure blanche ; les Echevins
avoient aussi leurs Robes de cérémonie, de
moire violette. Le Procureur Syndic étoit à
la fuite avec la même parure , en tête de
les Substituts , &de tout ce qui compose le
Corps dé Ville. La marche étoit fermée par
un Détachement des Sergens des Paroisles ,
pour empêcher la foule.
La grande Porte des Jacobins étoît -ornée
de tapis , de festons &c. & éclairée de bou
ffies ; leur vaste £oui l'itoit des deux cô-
D «B
<Í2 MERCURE DE FRANCE,
tez par des Terrines & des Pots à feu »
Portail étoit aussi illumine ,& on avoit éle
vé fur la principale Porte le tableau d'un
Peintre fameux .représentant le Dauphin de
Viennois, qui cède fa Principauté au Ros
PhiKpcs VI. Tout étoit éclairé en Lustres
& en Girandoles dans i'Eglise. Le Grand-
Autel i de même que ceux des Chapelles ,
étoit fi chargé de cierges , qu'on n'auroit ja
mais p& en augmenter le nombre ; les hauts
fieges du Choeur étoient pareillement cou
ronnez de cierges > mêlez de Grenadiers 8f
"d'Orangers On enrra dans I'Eglise au (on
des Cloches & des Trompettes , & au bruit
d'une décharge genevale de 1" Artillerie de la
Ville & du Château. M., le Comte de Ta>.
vanes prit fa place fur un Prie-Djeu qu'on
lui avoit préparé a ia droite du Chceur.
M. le Vicomte- Mayeur étoit ì droite daps
les hauts fieges , ayant devant lui un tapis
de velours cramoisi ayee deux carreaux ;
tout ce qui compofoit l'Hòtel de Ville ft
"plaça à droite & à gauche dans les mêmes
fieges qu'occupent ordinairement les Reli»
gieux.
Les Pères Jacobins , les uns revêtus de
Chapes , les autres en Tuniques , entonne»
rent le Te Dtum , qui fut chanté par les
mêmes Musiciens qui avoient exécuté celui
de la Chambre des Comptes , & qu'on avoit
placez fur un Amphithéâtre dressé au mi
lieu de I'Eglise , & tout illuminé. La fin d*
la Cérémonie fut marquée comme le com
mencement par le bruit des Instrumens , le foa
des Cloches & par une salve de l' Artillerie.
De I'Eglise des Jacobins on marcha à la
fliçc Royale ; cite a la figure d'un Arc „
donc
JANVIER. 17 î o. *ï
Sont la Maison du Roi fait la corde > le de
mi cercle est composé de 41. Portiques d'une
tr.es b;-lie exécution , & surmontez d'une Ba
lustrade de pierre fort bien travaillée , la
quelle règne auili sur les murs de la Terîasle
du «Louvre. On .avoir, élevé í'Edifice
destiné pour le Feu entre les deux rnës qui
aboutissent à la Place Royale. •
Cet Edifice «toit un Arc de triomphe â
quatre Portiqaes de .a. y. piés de hauteur st*r
10 de laigtur ,, dont les quaire angles exté
rieurs étoient coupez pour -recevoir des Pi
lastres d'Ordre Ionique & autant de col orn
ées isolées à .Baies & Chapiteaux dorez ,
posées iur des Piédestaux élevez fur de*
.Zocles. L' entablement répondoit à Tordre ,
Sc le milieu des Architraves étoit eouvetï
de Cartouches aux Armes de Sa Majesté.
Sur cec Entablement regnoit une Balustrade
avec quatre auctes Piédestaux à l'aplomb
des colomnes qui portoient des urnes feintes
de porphire. Sur la première Plateforme étoit
élevé un .Zocle de sept pieds & demi de
hauteur , & de douze de diamètre , qui formoit
la seconde Plateforme , de laquelle
sortoit un Baldaquin circulaire , & d'Ordre
Corinthien, à huit colomnes grouppées , dont
les Bases & les Chapiteaux étoient pareil
lement dorez , & qui portoient huit Dau
phins surmontez d'un Soleil. Sous le Dôme
étoient placées plusieurs Statues ; celle de la
Félicité qui fe faisoit un plaisir de donner un
Dauphin à la France , celle de Ja France
-qui le recevort avec respect , celle de la
Ville de Dijon qui y applaudissent avec ad
miration. Au dessus de ces Figures voioit le
Génie de la France» qui femoit des lau-
D ij riers
*4 MERCURE DE FRANCE;
ciers fur le nouveau Prince. Toutes les par»
ties de cet Edifice étoient peintes en marr
bre & ornées de Devises & d'Inscriptions,
En arrivant: à la Place s toutes les Trou
pes formèrent un grand cercle autour du '
Théâtre > laissant entre ' elles & ce même
Théâtre un assez grand espace pour que le
Comte de Tavanes & tous ceux qui com
posent la Magistrature, fisient les trois tours
ordinaires avant que de mettre le feu aux
mèches. Plus de cinquante instrumens de
toutes les façons , place* fur la Terrafle qui
ferme le logis du Roi, se mêlèrent au bruit
des tambours , des hautbois & des Fifres •
qui étoient i la tête des Troupes.
Après les trois tours , M. le Comte de
Tavanes & M. le Vicomte- Mayeur , mirent
le feu aux deux mèches qu'on avoit prepar
rées ; le feu se communiqua par tout dans
l'instant , les Fusées, les Lances à feu , les
Saucissons , les Soleils , les Dragons > les
Grenades éclatèrent de toutes parts , & don
nèrent lieu à cet autre Enthousiasme Pojétjque.
■
La veille pendant mon repos
0n m avoit transporté dam Piste de Lemnosi
Là , du milieu des fournaises ardentes
Coulaient des torrens de métaux ,
Et les enclumes gémissantes
Tlioient fous tesson des marteaux.
Ze Cycbpe attentif k l'ordre de son Maître ,
Mêle avec le charbon le souphre & le salpêtre.
Joint au feu , joint au vent h huit & le
fracas ,
Et
Janvier. 1730. g)
$f itút te qui du foudre anime les éclats i
Mais il n'y mêle peint la mort éf les allar*
mes ,
Jl ne le trempe peint dans le sang , dans let
larmes ;
L'ouvrage n est point fait pour nuire (y peut
troubler i
U est fait pour surprendre , il est fait pour
briller,
Ên effet > quoique le vacarme fût grand ,
te qu'il redoublât encore par l'écho de cette
Place spacieuse , quoique les flammes nous
enyelopaflTent de tous côtez , non feulement
nous n'eûmeS point de mal , mais on n'eut
pas même |a moindre peur.
Le feu fini , on continua 1* marche jus
qu'à l'Hôtel de Ville » qui étoit entièrement
illuminé ; fur la Porte on avoit placé le por
trait du Roi fous un Dais. Cependant on
avoit distribué du pain à plusieurs reprises
pendant la journée , les Fontaines de via
li'avoicnt ceflé de couler. Un festin splen
dide attendoit la Compagnie , pour laquelle
on avoit préparé trois Tables dans la grande
Salle de cet Hôtel , une au fond où e'toic
M. de Tavanes avec M. le Vicomte- Mayeuc
& les personnes les plus qualifiées , les deux
autres en long & à côté pour les Eche
vins , les Citoyens & les Etrangers qui
avoient été invites j il y eut plusieurs íer~
vices differens , tous également bien four
nis , & ceux qui aiment l'abondance eu
rent autant de lieu d'être satisfaits que ceux
qui ne demandent que de la propreté & de
D iij la
€6 MERCURE DE FRANCE:
fa delicateste. M. de Tavanes porta la santi'
du Roi , de la Reine , du Dauphin & de M.
• Jc Duc, & ces santez furent accompagnéesde
plusieurs salves.
Les Instrumens qu'on avoit placez fur la
gallerie du Logis du Roi , donnèrent pendant
plus d'une heure une simphonie vive & har
monieuse > les illuminations étoient generáles.-
De quelque côté qu'on tournât dans la Ville,
dans lés rues les plus étroites, dans les quar
tiers les plus éloignez, on ne voyoir que lu
mières , figurées de cent manières différentes
chacun se faisoit honneur de renchérir sur ses
voisins.
Le plus grand spectacle parut dans la Place
Royale ; le Théâtre avoit changé de face, au
lieu de Feux d'artifice PEdifice de charpente
parut chargé dé Lampions Se de Pots à feu;
Ce n'étoit plus des Portiques ni des Balda
quins de marbres-, c'étoient des Portiques &
de? Baldaquins de lumières» Cette Illumina
tion avoir d'ailleurs des accompagnement
merveilleux i les deux Fontaines de vin qui
coulèrent le jour & la nuit , étoient ornées
de lumières & de feuillages : on avoit porté
une gran le quantité de Pots à feu fur la haute
Tour du Louvre , qui est la piece la plus éle
vée de la Ville & qui s'apperçoit de plus d*une
lieue : toute la façade de ce Palais étoit illu
minée , tout le tour de la Place décoré d'un
cordon de verdure qui descendoit en festons
aux côtez des Portiques; deux rangs de ter
rines garnissoient les Ceintres & la Bilustrade
dont ils font couronnez, des Pots à feu ex
traordinaires & placez de distante en distan
ce , en relevoient encore l'éclat ; les rues,
& fur tout les deux grandes rues qui traver
sent
JANVIER; 1730. 6%
íént la Place Royale > avoient une apparence
d'autant plus riche & plus agréable , que tou
tes les fenêtres y sont de même symétrie Sc
qu'elles étoient e'galement éclairées ;on avoit
encore an point 3e vûë' qui l'emportoit fur
tout cela ; le somptueux Portail de l'Eglise de
S. Michel , de dirserens ordres d' Architecture
l'un fur l'autre , étoit totalement illuminé ; la
plateforme étoic bordée de Pot? à feu , les galleries
da milieu & routes les ouvertures des
Tours e» étoient remplies.
Pour peu qu'on s'avaneic dans la Place de
S. Etienne, qui n'eíì qu'à quelque? pas dff
l'autre, on trouvoit d'autres ctartez; on voyoit
en perspective la maison de M. le Vicomte-
Mayeur au bout de la grande ruë qui entre
dans cette Place : pendant tout le jour on y.
avoit fourni du pain & fait couler nnc Fon»
«aine de vin ; fur tout la populace s'étoit fort"
amafée d'un jeune enfant habillé en Bacchus
, qui passa plusieurs heures aflîs fur la
tonneau d'où jaillissoit la Fontaine : pendant
ía nuit on ne reconnut plus ni maison ni porte,
on ne vie qu'une lumière universelle qui en»
velopoit & absorboit entièrement les autre*
objets-.
Toute la Ville à la fin se rassembla dans la
Place , tout y dansoit, touty fautoit; les Instrumens
ne Cessèrent qu'au jour , & on ne cessa
de danser tant qu'ils continuèrent ; enfin certe
nuit si charmante fut pour nous un augure du
bonheur que la naissance du Prince nous pro
met » ce qu'un autre de nos Poètes a tâché
d'exprimer ainsi :
Après une trop longue & trop cruelle absence ,
La Félicité de retour ,
T> iiij E*
rf$ MERCURE DE FRANCE.
En accordant un Dauphin k la Francs
Nous marque qu'elle veut y fix-erfon fejottrí.
Recevons cejirefent de ses mains btenfaìjhnti^t
Ne doutons plus de son secours ;
Si les nuits font pour nous fi belles, fi brillant ex>
§luels seront. déformais, nos jours f
Cependant lés Officiers dé notre Milice Bout>
geoise ne crurent pas avoir marqué leur joye
assez vivement. Le if.de Septembre ils firens
chanter dans TEglise des Jacobins , un Te
Deum aufli magnifique que celui de la Ville »
M. de Tavanne leur fit l'honneur d'y affilier;
M. Ie Vicomte-Mayeur se mit à leur tête. Lx
Troupe n'étoit composée précisément que des
Capitaines, Lieutenans , Enseignes, Major*
& Dizeniers des Paroisses , précédez des Sergens
& des Tambours.. La marche parut d'au
tant plus pompeuse . qu'à commencer par le
Maire, tous les Officiers jusqu'au dernier *
avoient des habits uniformes , la veste galon
née, le justaucorps d'un beau Camelot écarlate,
le chapeau bordé . avec le plumet blanc Se
la coquarde de même ; ils allèrent ensuite au
Jeu de 1* Arbalète . dont ils avoient illuminé
les Bâtimens-&- les Jardins d'une manière trèsriante
& t ès-agréable. La Salle haute & la
Gallerie d'en bas, quoique très-érendi ë , ne le
furent pas trop pout les tables ; M. le Vicomte-
Mayeur tint la première . M. le Comte de Tavanes
n'ayant pû s'y trouver, à cause de I" il—
lustre Compagnie, à qui ce soir là même il
dpnnoit à manger ; mais il s'y rendit fur les
onze heures da soir , & fa présence redoubla
la joye qui ctoit déja bien vive ; on recom
mença
Janvier.
. Aença, au bruit des Canons > â boire la santé
du Roi , de la Reine , de Monseigneur le Dau
phin & de M. le Duc.
Les Bénédictins avoient fait ce même jour
une Procession íbíemnelie & chanté le Te Deum
& l'Exaudiat, avec beaucoup de pompe; 8c
pour rendre leur joye plus sensible ■ ils firent
aux pauvres_ de grandes distributions de paio ,
de vin , de viande & d'argent.
J'ajoûterai que notre Université se trouva
chez les Jacobins pour une pareille cérémo
nie le 8. du- mois a Octobre ; comme elle ne
.fait que de naître» elle a encore tout son
premier zele & toute son ardeur pour le Roi >
toute sa reconnoissance pour M. le Duc, son>
Protecteur. Le Doyen de la Sainte Chapelle ,
Chancelier, se trouva à cette solemnité » con
duit par les Massiers & les Bedeaux , les-Profesteurs
l'accompagnoient en Robes rouges ,
les Ag^regez en Robes noires avec le Chape
ron d'écarlate; ils ne cédèrent en rien à ceux
.qui avoient paru devant eux- dans la même
Eglise. Tous les Corps de Métiers générale
ment quelconques ont rempli les mêmes de
voirs avec un empreíîement & une joye que
je ne puis vous représenter.
La Cérémonie de nos Marchands eut quel
que chose de noble ; la belle Eglise de Notre-
Dame , où ils se rendirent » étoit tapissée ,
ornée & illuminée à faire plaisir; leur* Musique
fut d'un très-bon gout , & les Instrumens en
rehauflèrent le prix ; le Canon n'y manqua
point» &' pendant toute k nuit' suivante ils
étalèrent, à l'envi les uns des autres , tout ce
eui pouvoit rendre leurs maisons plus ornées
Se plus brillantes.
M, de laBfifïe, Inondant de. Bourgogne. *
7o MERCURE DE FR ANCE,
■
n'ayant pû être de retour à Dijon que le ifl.
Septembre , il fixa fa Fête au Dimanche t.
Octobre. M. l'Intendant occupe la Maison Ab
batiale de S Bénigne ; il y a devant la porte
une petite Place qtiarrée.des plus jolies; la
Cour est en arc & d'une étendue plus que rai
sonnable ; les Appartemens font beaux & bien
.suivis. Le Jardin est orné d'un très- beau Par
terre &r de quelques Bassins ; il est terminé par
sept Portiques d'un treiflage très riche , dont
il y en a trois, qui ont plus d'élévation que:
les autres, & qui font décorez de Statués
de part & d'autre font plantez des arbres &
sù-dclïous des Charmilles à hauteur d'apui ;
à droite: derrière ces Charmilles , s'élève
une Ternste qui donne fur l'aliée; à gauche
ce font des Bâtimens couverts de verdure , au
bout desquels on a ménagé une issue pour
monter à la grande Terratle qui tient toutela
largeur- du Jardin : du coté de la Mailorv
cette Terratle est cachée par les- Portiques i.
de l'autre côté elle donne fur le folïé de la,
Ville entre deux Bastions qui la débordent ,
& die a un aspect très gracieux , dont le prin
cipal point de vùë.dt le Jeu de l' Arquebuse 8s.
la Chartreuse.
On s'aflëmbU d'assez bonne heure , & cha
cun s'amusa jusqu'à six heures du soir., la,-
Compagnie attirée par le son des Instrumens,.
fè ren.iit dans la première Salle : on préludí .
par des Concertos; on vint ensuite au Di
vertissement particulier , dont les parole»,
avoient été faites exprès pour lé fuiet , & la
Musique compjsée par le sieur Bourgeois.
La Place que j'ai décrite étoit entourée delanternes;
elle tiroit un grand jour & des
maisons fitutes à 1'oposite , où on n'avoú rienentièrement
illuminé , & de la façade du Palais
Abbatial gui répondoit à tout cela. Le Peu
ple y avoit son Concert & ses Inlhumens ,
Sc des Fontaines de vin qui couloient fans
cesse. Une double ceinture de bougies regnoit
jdans toute l'écenduë de la cour. -Les Bassins
& le Parterre du Jardin éroient profilez &
bordez de Lampions i la petite Terrasie & les
Charmilles écoient chargées de terrines \ les
sept Portiques étoient en bougies qui en
avoient pris les ceintres. C'étoit proprement
un Jardin de lumières1, dont les éclats éblouis
sants avoient été substituez á la place des Buis»
des Charmilles & des Treillages.-
Un très beau Feu d'artifice , placé fur le
chemin couvert-, en vûë de la grande Terrasse
dévoie faire partie de cette Fête ; on s'occupa
encore de lTlluìnínation , qui du haut de cette
Terrassé, faiíbk un spectacle nouveau & rra-
Paiterre lumineux, un Portail & des Tour*
enflammées ; du côté dé la Campagne on
avoit en face le Jeu de l'Arquebuse , d©ac
les Bâtimens étoient éclairez , & fur les co
tez deux, grands Bastions bordez dé lumieKS'
& garnis d'artillerie qui commença à se faine
entendre ; après quoi Madame la Comtesse
dé Tavane & Madame la Marquise de Chajoû
, après avoir long- temps disputé de po
litesse , firent enfin partir en commun un
«Dragon enflammé, qui étoit venu prendre leurs
ordres fur la Terrasse ; i! ne ìes eut pas plutôt
portez fur le Théâtre » que les Piramides s'al-
Jumerent , les Moulinets tournèrent , les Fu
sées partirent, les Lances à feu fuivireiKi ce--
iUc UQ feu continuel & un bruit étonnant ;
Ptj, lie»'»
yi MFRCUHE DE FRANCE,
rien n'étoit plus beau que de voir lts Grenade»,
vomir des milliers de Serpenteaux fur la Po
pulace > qui n'est jamais trop près à son gré ;
mais rien n'étoit plus plaisant que les mouvemens
qu'elle se donnoic pour les éviter ;
ces feux voioient de cent manières différentes-,
les uns sembloient se plonger & se précipiter
fur la terre , les autres sprès cent tours 8c cene
retours remontoient avec vivacité au lieu d'oà
is étoient sortis, la plupart serpentoient vé
ritablement & poursui voient ceux qui vouloient
s'en détourner ; fur la fin on jetta quel*-
ques douzaines de Fusées choisies , qui rem
plirent l'Air de gerbes & d'étoiles.
M. l'Intendant donna ensuite à souper à prèsde
cent personnes distinguées. Quand ily en
auroit eu le double on se seroit loué de l'a>
bondjncej la propreté & la délicatesse en fu
rent Rassortiment. Après le souper il y eut un .
Bal magnifique»
I,a Fête de M"S les Elus a mis , pour ainfidire.
le sceau à- toutes les autres Réjouissance*,
elle a réuni en quelque forte: toutes les Fêtes
qui a voient precedé.Je n'entrerai là dessus dans
aucun détail , ma Lettre n'ttant déja que trop
longue , & le Mercure en ayant déja parlé dans
le premier volume de Décembre, page ^S6é,
Je ne puis, cependant me dispenser de vous
parlei enco e de deux traits qui regardent d'autres
nerfonneí , & qui .méritent de n'être pas
oubliez , & je finis par 'à ma Narration.
Une vingraine de Bourgeois , las d'être
Confondus lans la foule, ont eu recours à une •
nouvelle invention pour fe tirer du nair. Ils
avoient élevé fur quatre roues un Char Ba
chique de i». pieds de long fur 8 de large,
fetm« 4"unc kftrriMC d'envùoo i, pieds de haa-
■-4,..
JANVIER. t7ío, jf
teur , ornée de Tapis & de Peintures. II étoir
couvert d'une riche ImpeiialcenbcrCcau.íoutenuë
par desColomnes cntouréts de Pampre^
à laquelle étoient suspendus plufieurs Lustres.
&• dont les pentes écoient décorées de Tableaux
& d'Ecussons de différentes Armoiries. Les
Hautbois 6c les Ballons étoient plaaz fur le
devant du Ghar $ une table bien servie &
bien arrêtée , chargée de bougies & d'une
grande quantité de plats cris-bien remplis, .&
un Buffet ou plutôt une Boutique de verres
& de bouteilles , ne faiioit pas la moindre par
tie du spectacle. Toute cette Machine étoit
traînée par huit puissants chevaux, enduits,
par quatre Postillons & precedée par un Tin*,
bilier 6c par deux.Trompettes. â cheval, escor
tée par une Compagnie de Gardes à pied, &C'
environnée de flambeaux..
On a voit pris pour quartier d'aflemblée la'
Porte Guillaume , qui est celle par où noussortons
pour aller à Paris. Elle étoit illuminée
de haut en ba^ ; Us Ceintrts , les Pilast.es , les •
cotez , marquez , pour ainsi dire d'aprez. de
Lampions & de Terrines ; toutes lts fenêtres
de la longue rue- qui y aboutit , avoitnt auífi'
leurs lumières , ce qui joint -rJx,Lanternrs<les
rues qu'on allume tous les soirs , vendoit une
clarté égale à. celle du jour. La marche com.»
menca fur les sept heures du soir & elle con
tinua jusqu'à minuit : on s'arrêta dans la Place
Royale & dans tous les lieux où font placez
les Hôtels de ceux qui ent quelque autorité
dans la Ville : là les cris de joye redoubloient ,
r Jes Instrumens se mêloient , la petite Artillerie
se faisoit entendre, mais la poudre n'etoit pas •
|a munition dont un coníumoit le plus.
Uflc.nwlwwdec»nrjaiiu de peuple suivit ce
festia ;
7+ MERCURE DE FRANCE,
festin ambulant pendant toute la nuit , marr
quant par ses acclamacions le gré qu'elle fçavoic
à ceux à qui leur zele íèul avoit inspiré ce'
dessein. Les personnes, les plus considérablesy
applaudirent & les reçurent avecaccueil.lorsqu'ilsse
présentèrent devant leurs Hôtels: touslés
Habitans s'empressèrent de leur faire hon
neur > en chargeant leurs fenêtres de lumières ,>
en jettant des Musées & faisant tirer des Boëtes
& du Canons enfin cette Réjouissance parti
culière devint en un instant une Fête generale
par la part que tout le monde y voulut pren«-
dre. L'autre trait est un peu plus grave.
Les Enfans deChoeur de la Sainte Chapelle,,
à'qui on avoic accordé un jour dè congé , afinqu'ils
se ressentissent- de la joye Duplique, de
mandèrent è le palier Jans un Hérmitage situé,
à une portée de mmisqa<.'t de la Ville , & dont
la Chamelle déiiée soas le noa*de,S. Martin
a set vt autrefois d'Eglise au Village de Fon
taine . lieu de la naissance de S. Bernard. Onne
pen-tra point leur dessein, & on ne les
soupçonna pas de songer â autre chose qu'à'
'une simple promenade : ils avoient néanmoins
des pensées plus sérieuses. Avec le secours de
l'Harmite , ils trouvèrent le secret d'aproprier
là Chapelle, d'en illuminer les dehors & lesdedans
, même de couronner les murs du Jar
din de Lampes à plusieurs lumignons , qui ré
pandirent un éclat d'autant plus étonnant qu'on ■
n'en connoissoit point la cause. Cette clarté
subite , jointe aux Cantiques & aux Motets de
leur composition , qu'ils chantèrent avec une
dévotion touchante & avec beaucoup d'ait,.
charmèrent tout le monde ; on prit part à des
Prières que Dieu exaucera fans doute , puis
qu'elles lui ont été adtefsecs par l'iaaocence
JANVIER. i7? oi 7t
& par le bon coeur. Nos Musiciens & Simphonistfs
qui avoient été invitez secrètement1,,
iè firent un meiite de les leconder. II y eusensuite
un petit régal » où l' enjouement ne nui
sit point à Immodestie, ni la modtíìie à l'enjouëment;
on chanta en panie diverses Cban»
Ions lur la naiflance du Dauphin j le bruit du -
Canon se mêla- au son des Instrumens & ì
l'harmonie des voix , 8c tout s'y paíla d'une
manière fi tendre & fi convenable > que je me
serois íait un reproche de ne vous en avoir
ras rendu cofnpte. Je n'âi plus , pour finir,
heureusement , qu'à ajouter ici le voeu gênerai
de tous nos Citoyens.» vous y soulcriuL de
bon coeur.
Grand Dieu , prene^ soin de la Mere ,
Conservez, nous £r l' Enfant & i* Pert i ;
Qtie pendant des siécles entiers >
lis règnent toiu les trois dans une paix pro
fonde : .
Vous les ave^donne^ pourdt bonheur du mondtì ■
Ghf'ils en joiiijfent Us, premiers.
Extrait d'une Lettre écrite de cettfi
rnu*
NOus apprîmes l'heureuse nouvelle le 77
de Septembre» elle n'eut pas été plu
tôt annoncée par une triple décharge de l' Ar
tillerie de la Ville & du Château , qu'on"
entendit de toutes parts le son des Cloches
& les acclammations des Hábitans. Il n'est'
pas possible de vous décrire les transports"
que produisit ce grand événement. On fortoit
des maisons en foule ; on couroit dé
porte en porte pour apprendre à son pa
rent , à son ami une nouvelle qu'il sçavoie
déja , & qu'il avoicla même passion de dé
biter.
Le Comte de Tavanes qui commande dans"
la Province , ne pouvoit manquer une fi'
belle occasion de- faire éclater son zele , &
l'ardeur héréditaire qu'il a pour le service
de Sa Majesté. Son spacieux Hôtel parut tout
en feu dès l'entrée de la nuit ; la porte &
h façade ornées deRstons, de Dauphins, dé
Fleurs de Lys , les bougies & les Lampions
étoient répandus par fout , & principale
ment fur la belle Terrasse fur la rrtë. Grand
feu au milieu de.Ja Place , grand festin dans
l'interieur de la maison, fonraines de via
su dedans Se au dehors de la Cour , Bal
Ì>our les personnes qualifiées , danses parmt
e Peuple &c.
Eeno#)t les «ois semaines, 4e nos princf-
. .. ' gales
ço MERCURE OE FRANCE,
pales Réjouissances , ce Seigneur a fçu va
rier tous les repas qu'il a donnés ; & lotî
tes les illuminations ; on étoit sûr de trou-
Ver toujours chez lui quelque chose de bril
lant & de nouveau nous appellerions cela.,
des Fêtes dans toutes les formes y. ce n'étoic
pourtant que lc prélude de celle qu'il taéditoit.
Le Parlement étant séparé à cause des va
cations , il ne pût se rassembler que le Sa*'
riiedi. cette illustre Compagnie parut aussi
complète que dans le tems des pleines fean—-
ces. M. de Berbiscy » Premier Président étoit
à la tê'-e ; les Huissiers le précedoient com
me à l'ordinaire , les Avocats & les Procu*
reurs en grand nombre faifoient cortège *
la Maréchaussée bordoit les rangs ; le 2>
T3eum fut chanté dans laSale du Palais.L'Abbá
Bouhîer , Doyen de la Sainte Chapelle, déíigné
pour être notre premier Evêque , offi
cia y la symphonie fut merveilleuse , la Mu
sique excellente, & M. Michel , Maître de la
même Sinte Chapelle , se surpassa.
Les Musiciens qu'il avoit. employez conti
nuèrent ce jour là à se donner mutuellement
des Concerts comme ils avoient fait les jour*
précedens ; ils- illuminèrent les lieux où il»
se régaloient ; & si l'on doit en juger par lesÉfréquentes
décha ges d'une douzaine de pe
tites piéces de Canons dont ils s'étoient pour
vus , & aiisque's on mecroit le feu toutes
les fois q 'ils celébroient lu santé du Rqi
ou de quelque Prince de la Maison Royale»-
en ne peut douter qu'ils ne s'y jíKeressaliene;
infiniment. x~ j
Le Dimanche suivant , les erdres, de las
Geur aiiivs.íûîj & cc foc alors que. la joye
, monta
JANVIE Ft. \7j<s: <v
irsonta ï son comble ; pendant trois jottrs con-:
sécutifs les Cloches sonnèrent , le Canon tli
ra j il y eut des feux devant toutes les por*
tes i des lumières fur toutes les Fenêtres ,
lès Clochers mêmes furent éclaires. Le Lun
di on rit tous les Ouvriers occupés, à sus
pendre des Guirlandes , ì attachtr des A . moi
nes > à élever des Loges de verdure de cent"
figures différentes . tout le Peuple enfin se
livrer à la joye. Nos Comédiens joiierent
pour lui gratis.
mu vM.j —— 1« , w ..y «.f'Srfi^noiv ....
les Boëtes , ni les Fusées , rri les Han-beaux,
ni tous ces autres agrémens que le coeur'
& le bon goût peuvent inspirer ; le détait
de tout cela feroit immense , & j'ai d'ailléurs
à ouvrir une scène plus grande & plus
pompeuse.
C'est M. le Premier Président du Parlement '
qui donna la première Fêre solemnelle le
Lundi m Septembre. El'e commença par une
illumination générale de tcut son quartier »
&■ particulièrement de son Hôtel , non seu
lement la fact.' , mais les Cours, Us Appartemens
& les Jardins ; il y eut un Concert
exécuté par des Musiciens du premier ordre,
un repas splendirie oû les personnes de la
première considération se trouvèrent. II fit
distribuer , ou plutôt prodiguer au Peuple
le pain , le vin & la viande . & il disposa
en differens endroits des Inlîrumens , au son
desquels on dansa jusqu'au jour. En un mor,
on peut dire qu'il n'omit rien de ce que
son inclination pouvoir, demander & s„ Dignité
permetue.
ft MERCURE^ DE FRANCE.
Le lendemain > on chanta , sur les cinq
Beures du soir, à la Sainte Chapelle , un "tt
Deum qui fut annoncé par le Ion des Clo
ches & par le bruit du Canon ; le Parlement
& la Chambre des Comptes y assistèrent en
Robes de cérémonie, avec toutes les Com
pagnies qui ont droit de s'y trouver ; M.
de Tavanes s'y rendit aussi. La plupart des
Communautés Ecclésiastiques , en consé
quence du Mandement de M. l'Evêque de
íangres , firent la même cérémonie ce jourlá.
Les Chevaliers de l'Arbalête firent chanter
le lendemain aux Carmes un Te Deum en
Musique, au bruit des. Boètes •• & quoique là
Ville eut renouvelle le soir ses Illuminations
& ses Feux , ils remportèrent íur tous les
autres , en- éclairant leurs Maisons , jus
qu'aux Jardins , de Bougies , de Lampions-,
&c. & ils donnèrent un grand Repas.
les dehors de leur magnifique Collège fu
ient ornés & éclairés avec gout > mais Ië
plus bel aspect fut celui du seu qu'ils allu
mèrent au milieu de leur grande Cour en
tourée de Bâtimens à tross étages , dont les
Fenêtres étoient également chargées de lu.
mieres. Ge qu'ils eurent de plus singulier %
fut une Armée de nouvelle levée , ce fiic
une Milice brillante, qui fit plusieurs évolutions
dans cette Cour , s'y rangea en bataille > &
y fit des décharges. Oh eut le plaisir de
voir pendant trois jours /Cette belle jeunefle
parcourir les lieux les plus apparens de la
Ville , portant 3e maniant les_armes avec au-
Leí Jésuites se distinguèrent
jÁNVfER- 171^.
te 14. les Bouchers qui ont toujours pr-i»
parc aux Réjouissances publiques > mêlèrent
les Musettes aux Tambours . les uns passè
rent la journée- fous les armes ; les autres
ayant choisi deux jeunes filles , les habillè
rent en Bergères , & au son des Instrumens,
les conduisirent en grand cortège chez la
Comte de Tavanes , à qui elles eurent l'honneur.
de présenter un Agneau , orné de ru^
bans & de guirlandes , qui. fut très- gracieu
sement & très- noblement reçu. Us s'apliquerent
ensuite à embellis les Loges qu'ils svoient
déja construites , à tapifler leurs Boutiques
à décorer d'arbustes , de Festons , de Gui
dons & d'armoiries les Ponts qu'ils avoient
jettes fur leur ruë , & qu'ils illuminoient tous
ícs soirs
Cependant dés Veaux & des Moutons en
tiers se rotissoient au milieu des Places aux
dépens des mêmes Bouchers ; les Hautbois
& les Tambours retentissoient de toutes parts»
les Tables étoient dressées , & parurent trèsbien
servies. M. de Tavanes voulut être té
moin de leurs plaisirs ; Madame de Tavanes
y mit le comble , en les animant elle-mê*
me , & c'est principalement à fa présence &
à îexcellent vin qu'elle envoyoit avec pro
fusion , que ceux qui se donnoient en spec
tacle durent la vivacité de leurs Réjoúi£
sances.
M. Baudor, notre Vicomte- Mayeur , qui
fa vigilance portoit de cous côtés , crut que
la Police même étoit intéressée à entretenir
cette ardeur » son bon vin de Champagne &
de Bourgogne le suivoit par tout , & c'est"
de cette source féconde que coulèrent tane'
d'heureux impromptus à fa louange &c
MERCURE t)Ê FRANCE.
Ce même jour 14. Septembre fut marqliér
par Tune des plus belles Fêtes: que nous
ayons vûës ; je veux parler de celre- d& M. le*
Comte deTavanes; comme il delìroit que touc
répondit à la grandeur de ses idées, íbri Hôtels
tout vaste qu'il est , lui parut trop resserré,-
& il se détermina pour le jeu de l'Arquebuse.
C'est un Bâtiment de 30. toises d'éten
due , íìtué à la Porte de la Ville , Sí
Composé de deux grandes Galeries l'une fut
l'autre , terminées par deux Pavillons quartés.
On y anive par une avenue de ioo.'
pas de longueur , bordée de chaque côté par
deux raogs d'arbres 1 avec un fossé , fur le*
bords duquel règnent des charmiiles à hau
teur d'apui;on entre par une grande porte de fer
placée au milieu de la galerie d'en bai, q^ur
du côté du Jardin est ouverte en peristile.
Ce Jardin est un quarré long , clos de mu«
railles couvertes par tout d'une palissade cîe
Charmes de s ro. pieds d'élévation 5 bV
est coupé en deux portions égales par un
canal , & acompagné de deux grandes allées*
d'Arbres en Berceau , dont le rang exté
rieur a son apui de Charmilles ausli-bien'
que l'avenaë. Les retours qui font au bout
des Allées forment quatre beaux quarrés
pareillerríent enfermés- d'Arbres & de Char
milles ; derrière le canal de cent toises de
longueur , est une esplanade qui fait face â
une niche adossée au mur de' clôture , per
cée par les côtés , & couverte d'une demiè
coupole , fous laquelle est le Buste de M. le
Duc. La distance entre les Allées & lesr
murs de côté est d'environ quarante pas ,
& c'est dans ces vuides qu'on a coutume
de placer les buts pour l'exeicice de l'Ar
quebuse». Devant
JAtfVfER. 1729. ff
Devant la Porte de fer, dans ('endroit ouV"
l'avenuë forme une demi- lune, on avoir
élevé fur des Pillièrs de 1 f. pieds de hau
teur un Edifice de charpente , dont l'Enta-*
blement étoit orné des Ecussons des Armes*
du Roi , de la Reine , de Monseigneur les
Dauphin & du Duc de Bourbon ;-ces Arnioiries
étoient ornées de fleurs , dont 1er
Guirlandes defeendoient jusqu'à terre , St
tournoient autour des Pillieis de l'Edifice.
Sur la Plate forme étoit un petit Acrotêre'
ou Piédestal & cinq Piramides soutenues par
des Dauphins , décorées de Devises & de
Cartouches ; la plus haute de ces Piramides'
portoit un Soleil rempli d'artifice ; les qua
tre autres Piramides étoient surmontées d'au-'
tant de Grenades.
Quatre rangs de Terrines on de lampions
f;arnissoient toute la longueur de l' A venue j
e premier rang étoit posé sur le terrain ,
Te fécond à hauteur d'ápuî"; dans le Jardins'
il y en avoit trois étages 5 !es premiers étoient
rangés le long du canal , les seconds fur les
Charmilles d'apui , & les troisièmes fur les
palissades. Tout fut allumé avec une promtitude
inconcevable ; la Niche parut toute
hérissée de.Bougies ; ses deux côtés- en étoient
pareillement garnis pour termii.er les Allées,
ainsi que toutes les Fenêtres de- la Gallerie
& des Pavillons & le Cordon du Bâtiment
des quatre faces 5 c'étoit un coup d'ceif
charmant , & aussi surprenant de loin qu'il'
paroissoit galant & magnifique de près; la
réflexion de Peau faifoit fur tout un effet
admirable, en multipliant les objets.
Cependant l'illustre Compagnie s'étant as
semblée dans la Gallerie haute ,; on lui donrià*
une
■f4 MERCURE DE FRANCÊ.
une Cantate à grand Choeur , dont les sca
roles avoient été composées par le P. Adam,"
de la Compagnie de Jésus , & la Musique
par le S. Leplivet. Ce Divertissement duraune
heure , & fut reçû avec beaucoup de
satisfaction.
A peine étoit-il fini qu'or» donna le signât
pour tirer le Feu d'artifice par une salve de
vingt pieces de Canon rangées au bas des»
Pilliers de l'Edifice ; aussi tôt Madame l'Intendante
, au bruit des timbales & des trom-:
pettes , mit le feu à la mèche , & fit partirun
Dauphin enflams , qui courant avecrapidité
à l'une des faces , communiqua sesflammes
à trois autres Dauphins qui s'éle
vèrent en même-tem:s des trois autres faces,-
& y revinrent avec la même impétuosité p
tout s'enflamma- à leur retour ; ce ne fut plus
que tonnerre & que feu ; les Serpentau*
Voioient fur la terre , les Fusées s'élevoienc
dans l'air &c. Le Ciel devint en mêmetems
fort obscur, & son obscurité contri
bua encore à rendre le feu- plus éclatant St
^Illumination plus brillante.- On ne vit ja«*
mais rien en ce genre de mieux exécuté, &£■
de plus iultement. applaudi.
On servit ensuite le souper. Il y avoît
quatre Tables , une de 40. Couverts dans
l'un des Pavillons , trois de 30. Couverts cha
cune dans la Gallerie d'en haut , toutes
quatre servies avec un ordre, une abondan
ce . une délicatesse , une propreté qui paíîê
toute expression } cent sortes de ragoûts
nouveaux & recherchés , viandes exquises ,
Vins de tous les Climats , liqueurs de tou
tes les sortes ; on epargnok aux Convives la
peine de demander ï on prívcnoit , on devinoie
JANVIER. 1730.
ío'it les souhaits. Ce qu'on admira fur tout
ce fut le Fruit, & principalement celui qui
étoit destiné pour les Dames ; il n'est pas
possible d'imaginer comment on avoit pè
ramatìér tant de fruits délicieux , tant de
confitures exquises ; l'-ceil , l' odorat , le
gouc , tout y étoit satisfait. 80. pieces de
porcelaines & de cristaux qui contenoient ce
Dessert j rangées avec une simétrie & un art
infini , faisojent dire à tout le monde que
c'étoit dommage d'y toucher. Un de nos
Poètes qui a assisté à toute cette Fête l'a
dépeinte par les Vers que voici :
Vulcain, sans doute, avoit cùniuit les feux;
Apollon avoit fait les Vers & la Musique i
JBacchus se trouva bienheureux
Pe faire les honneurs d'un Busftt magnifique;
Diane & Pan qni fournirent les mets ,
jivoient épuisé les Forés Si
Cornus mime d' intelligence,
~ùt ee Banquet superbe avoit fris Vintindanee
,
Pour donner tant de fleurs , pour donner tant
de fruits ,
fleurs de toutes faisons , fruits d'Eté , fruits
d?Automne ,
flore avec son Zephir , Vertumne avec Ptu
tnone
Avoient pasié plut d'une nuit.
Le Peuple eut part à la somptuosité d«
M. de Tavanes ; on lui fit de grandes distri
butions depwn &dc viande» ; pour le vmi
3 8 MERCURE DE FRANCE,
il n'y avoit qu'à prendre, on en avoit 3iC~
posé six fontaines en six endroits differens./
deux A côté des Pilaltres qui font le com-
.mencement de l' Avenue , les quatre autre*
au commencement Si au bout des Allées da
Jardin ; outre cette profusion , on en donnait
„«ncore à tous ceux qui en demandoient %
de forte qu'il n'étoit pas plus rare que l'eatt
,jqui remplit le canal.
Dès qu'on eut fait guelqu&s tours de proçtnenade
pour voir ^Illumination de plus près»
& ce nombre infini de gens de tous étages,
.:qui dansoient en vingt endroits difíerens j,
au son des tambours & des -hautbois ; on
enleva les Tables , & le Comte de Tavanes
-remontant à la GaUerie , ouvrit un Bal , où
les RafraîchiíTemens furent prodigués ; ce
,Bal dura lì long-tems que le Soleil en vint
éclairer une partie. • *
Le Jeudi t 5 Septembre , les Chevaliers
du Jeu de l' Arquebuse , precedés de leurs
.trompettes & de leurs timballes > allèrent
prendre M. le Comte de Saulx , qu'ils ont
l'honneur d'avoir pour Capitaine , & i'ao
xompagnerent aux Jacobins , où en pré
sence de M. le Comte de Tavanes son pere^
& de M. Baudot , Vicomte - Mayeur , Se
•Chef des Armes , il fit chanter avec matnificence
un Te Deum par un grand nombre
e Musiciens ; il se trouva aussi quelques
-jours après au grand repas qui fut donné
dans u;i Salon de verdure , élevé exprès à
«ôté du .canal dont -on a parlé:; tous les
Bâtimens & le Jardin même furent illumi
nés.
Le i4. les Trésoriers de France celebre-
SH|t Jeux Fête ; ïk n'eoeploycreBi pas cette
: • grande
f AN VIE R. 1730. 59
grande foule de Musiciens qui se trouvè
rent aux autres solemnirez ; leur Chapelle
•n'auroit pas pû les con tenir ; mais ils a voient
,d£S voix & des Instrumens d'élite , & s'il*
■n'eurenf pas la gloire de la magnificence»
jls eurent celle du goût & de ia délica
tesse. _ Ô
, í-e Dimanche pg. fut marqué par une Pro
cession generale du Clergé Séculier & Ré
gulier de la Ville , à laquelle lev Doyen de
Ja Sainte Chapelle présida ; le Parlement r
assista en Robes rouges , & M. de Tavanejs
marcha conjointement cn habit de ceremo-
,»ie.
Les Chevaliers de l'Arc firent les hon»
jieurs du lendemain ; le Te D eu m à grand
choeur qu'ils chantèrent aux Cordeliers , lc
repas qui succéda , & la parure des lieuy
où ils tiennent leur Assemblée ont fait hon
neur à la Ville.
M M. de la Chamòre des Comptes qui
■n'avoiént Ras moins cfe zele & d'empresse
ment .que les autres Corps, choisirent le u.
du mime mois , & la Sainte Chapelle pour
ie lieu de leur Cérémonie; la face de l'Eglisc
fut dscorée & éclairée , la Nef & les
deux Tribunes furent tapissées comme aux
jours les plus folemnels 5 on éleva dans ce
Choeur jusqu'aux premières Galleries trois
rangs de festons de verdures &c.
L'Autel étoit paré des ornemens les plus
précieux j l'Mumination repondoit à la pa
rure j car outre le grand nombre de cierges
dont le Maître- Autel étoit chargé , outre
la multitude de Lustres qui étoient diíhi»
Jbuez dans toute l'étenduè de l'Eglise , les
deux Galleries da Choeur, le* deu*. Tribu
nes
v
MERCURE DE FRANCF.
mes & la Balustrade qui règne le long des
tìtales étoient bordées de Bougies. Les pre
mières Galleries de la Nef étoient garnies
d'une infinité de Pots à feu , où pour évi
ter l'incommodité de la fumée > il n'étoie.
Srefque entré que de Ja cire. C'-e'toit un brilint
inconcevable . & toutes ces lumières que
ia tapisserie & renfoncement des Galleries
faisoienc sortir , parurent d'un gout nou
veau , qui satisfit; également & ceux qui se
piquent, de se connoître en ces choses , 8c
ceux qui ne s'y connoissent pas.
•M M. de la Chambre des Comptes vinrent
à l'Eglise» precedez de leurs Huissiers , &
suivis d'un grand nombre deComptables qu'ils
avoient appeíiés à la Cérémonie. Le Comte
de Tavanes qui s'étoit rendu dans leur Salle
d'Assemblée . marchoit entre le Premier 8e
l'ancien Président . precedé de la Maréchausfée
& de ses Gardes. On entra au bruic
des timbales & des trompettes , & M. Mi
chel donna un troisième TeDeum, qui quoi
que d'un gouc diffèrent» ne parut pas.moins
beau que les deux autres > la Musique
fut exécutée avec la derniere précision j
on ne s'étoit pas contenté des Musiciens
de la Ville , quoiqu'ils soient très - nom.
breux > on en avoir fait venir d'Etrangers,
M. le Doyen de la Sainte Chapelle fitl'Office
, & on finit par la Prière pour le Roi &
pour le Dauphin.
Le ii, notre Vicomte- Mayeur , qui avoir,
envoyé de grandes aumônes aux Hôpitaux,
aux Prisonniers , aux Pauvres honteux , &
même aux Religieux Mendians j se rendicavec
toute la Magistrature & les Officiers
des Paioifics chez M. le Comte de Tavanes >
: •• pour
JANVIER. i7?o. 6i
Çavtt raccompagner au Te Deum de la Villes
oici Tordre de la marche.
Les deux Sergens de Bande , revêtus de
leurs casaques d'écarlate , galonées d'argent,
la hallebarde à la main. Les Sergens des
sept Paroisses, tous en uniforme i luivoienc
deux à deux , pareillement avec des halle
bardes qu'ils porcoient fur Tépaule. Les Offi
ciers de la Milice Bourgeoise » distingues
suivant leurs Paroisses , ayant chacun leurs
Tambours leur Fifre , leurs Hautbois 8c
leur Drapeau. Les Capitaines , Lieutenans ,
Majors & Dizeniers marchoient lts premiers,
avec TEiponton ; les Apointtz étoitnt derjiere
avec la Pertuiíàne. Nous appelions
Apointez certains 'Officiers subalternes qui
fervent fous les Dizeniers. Ils faiíoient un
Corps d'environ roo. hommes , tous trèslestes
& ttès proprement habillez. Les Trem
pettes de la Ville , puis les Gardes de M. de
Tavanes d'un côté , & les Sergens de Mairie
de l'autre. M. de Tavanes vêtu d'un habit de
drap «i'or , avec un manteau noir , doublé pajeillement
de drap d'or , étoit acompagné de
M- le Maire, qui étoit revêtu de fa Robe de
.velours violet ,, doublée de velours cramoisi,
bordée d'une fourure blanche ; les Echevins
avoient aussi leurs Robes de cérémonie, de
moire violette. Le Procureur Syndic étoit à
la fuite avec la même parure , en tête de
les Substituts , &de tout ce qui compose le
Corps dé Ville. La marche étoit fermée par
un Détachement des Sergens des Paroisles ,
pour empêcher la foule.
La grande Porte des Jacobins étoît -ornée
de tapis , de festons &c. & éclairée de bou
ffies ; leur vaste £oui l'itoit des deux cô-
D «B
<Í2 MERCURE DE FRANCE,
tez par des Terrines & des Pots à feu »
Portail étoit aussi illumine ,& on avoit éle
vé fur la principale Porte le tableau d'un
Peintre fameux .représentant le Dauphin de
Viennois, qui cède fa Principauté au Ros
PhiKpcs VI. Tout étoit éclairé en Lustres
& en Girandoles dans i'Eglise. Le Grand-
Autel i de même que ceux des Chapelles ,
étoit fi chargé de cierges , qu'on n'auroit ja
mais p& en augmenter le nombre ; les hauts
fieges du Choeur étoient pareillement cou
ronnez de cierges > mêlez de Grenadiers 8f
"d'Orangers On enrra dans I'Eglise au (on
des Cloches & des Trompettes , & au bruit
d'une décharge genevale de 1" Artillerie de la
Ville & du Château. M., le Comte de Ta>.
vanes prit fa place fur un Prie-Djeu qu'on
lui avoit préparé a ia droite du Chceur.
M. le Vicomte- Mayeur étoit ì droite daps
les hauts fieges , ayant devant lui un tapis
de velours cramoisi ayee deux carreaux ;
tout ce qui compofoit l'Hòtel de Ville ft
"plaça à droite & à gauche dans les mêmes
fieges qu'occupent ordinairement les Reli»
gieux.
Les Pères Jacobins , les uns revêtus de
Chapes , les autres en Tuniques , entonne»
rent le Te Dtum , qui fut chanté par les
mêmes Musiciens qui avoient exécuté celui
de la Chambre des Comptes , & qu'on avoit
placez fur un Amphithéâtre dressé au mi
lieu de I'Eglise , & tout illuminé. La fin d*
la Cérémonie fut marquée comme le com
mencement par le bruit des Instrumens , le foa
des Cloches & par une salve de l' Artillerie.
De I'Eglise des Jacobins on marcha à la
fliçc Royale ; cite a la figure d'un Arc „
donc
JANVIER. 17 î o. *ï
Sont la Maison du Roi fait la corde > le de
mi cercle est composé de 41. Portiques d'une
tr.es b;-lie exécution , & surmontez d'une Ba
lustrade de pierre fort bien travaillée , la
quelle règne auili sur les murs de la Terîasle
du «Louvre. On .avoir, élevé í'Edifice
destiné pour le Feu entre les deux rnës qui
aboutissent à la Place Royale. •
Cet Edifice «toit un Arc de triomphe â
quatre Portiqaes de .a. y. piés de hauteur st*r
10 de laigtur ,, dont les quaire angles exté
rieurs étoient coupez pour -recevoir des Pi
lastres d'Ordre Ionique & autant de col orn
ées isolées à .Baies & Chapiteaux dorez ,
posées iur des Piédestaux élevez fur de*
.Zocles. L' entablement répondoit à Tordre ,
Sc le milieu des Architraves étoit eouvetï
de Cartouches aux Armes de Sa Majesté.
Sur cec Entablement regnoit une Balustrade
avec quatre auctes Piédestaux à l'aplomb
des colomnes qui portoient des urnes feintes
de porphire. Sur la première Plateforme étoit
élevé un .Zocle de sept pieds & demi de
hauteur , & de douze de diamètre , qui formoit
la seconde Plateforme , de laquelle
sortoit un Baldaquin circulaire , & d'Ordre
Corinthien, à huit colomnes grouppées , dont
les Bases & les Chapiteaux étoient pareil
lement dorez , & qui portoient huit Dau
phins surmontez d'un Soleil. Sous le Dôme
étoient placées plusieurs Statues ; celle de la
Félicité qui fe faisoit un plaisir de donner un
Dauphin à la France , celle de Ja France
-qui le recevort avec respect , celle de la
Ville de Dijon qui y applaudissent avec ad
miration. Au dessus de ces Figures voioit le
Génie de la France» qui femoit des lau-
D ij riers
*4 MERCURE DE FRANCE;
ciers fur le nouveau Prince. Toutes les par»
ties de cet Edifice étoient peintes en marr
bre & ornées de Devises & d'Inscriptions,
En arrivant: à la Place s toutes les Trou
pes formèrent un grand cercle autour du '
Théâtre > laissant entre ' elles & ce même
Théâtre un assez grand espace pour que le
Comte de Tavanes & tous ceux qui com
posent la Magistrature, fisient les trois tours
ordinaires avant que de mettre le feu aux
mèches. Plus de cinquante instrumens de
toutes les façons , place* fur la Terrafle qui
ferme le logis du Roi, se mêlèrent au bruit
des tambours , des hautbois & des Fifres •
qui étoient i la tête des Troupes.
Après les trois tours , M. le Comte de
Tavanes & M. le Vicomte- Mayeur , mirent
le feu aux deux mèches qu'on avoit prepar
rées ; le feu se communiqua par tout dans
l'instant , les Fusées, les Lances à feu , les
Saucissons , les Soleils , les Dragons > les
Grenades éclatèrent de toutes parts , & don
nèrent lieu à cet autre Enthousiasme Pojétjque.
■
La veille pendant mon repos
0n m avoit transporté dam Piste de Lemnosi
Là , du milieu des fournaises ardentes
Coulaient des torrens de métaux ,
Et les enclumes gémissantes
Tlioient fous tesson des marteaux.
Ze Cycbpe attentif k l'ordre de son Maître ,
Mêle avec le charbon le souphre & le salpêtre.
Joint au feu , joint au vent h huit & le
fracas ,
Et
Janvier. 1730. g)
$f itút te qui du foudre anime les éclats i
Mais il n'y mêle peint la mort éf les allar*
mes ,
Jl ne le trempe peint dans le sang , dans let
larmes ;
L'ouvrage n est point fait pour nuire (y peut
troubler i
U est fait pour surprendre , il est fait pour
briller,
Ên effet > quoique le vacarme fût grand ,
te qu'il redoublât encore par l'écho de cette
Place spacieuse , quoique les flammes nous
enyelopaflTent de tous côtez , non feulement
nous n'eûmeS point de mal , mais on n'eut
pas même |a moindre peur.
Le feu fini , on continua 1* marche jus
qu'à l'Hôtel de Ville » qui étoit entièrement
illuminé ; fur la Porte on avoit placé le por
trait du Roi fous un Dais. Cependant on
avoit distribué du pain à plusieurs reprises
pendant la journée , les Fontaines de via
li'avoicnt ceflé de couler. Un festin splen
dide attendoit la Compagnie , pour laquelle
on avoit préparé trois Tables dans la grande
Salle de cet Hôtel , une au fond où e'toic
M. de Tavanes avec M. le Vicomte- Mayeuc
& les personnes les plus qualifiées , les deux
autres en long & à côté pour les Eche
vins , les Citoyens & les Etrangers qui
avoient été invites j il y eut plusieurs íer~
vices differens , tous également bien four
nis , & ceux qui aiment l'abondance eu
rent autant de lieu d'être satisfaits que ceux
qui ne demandent que de la propreté & de
D iij la
€6 MERCURE DE FRANCE:
fa delicateste. M. de Tavanes porta la santi'
du Roi , de la Reine , du Dauphin & de M.
• Jc Duc, & ces santez furent accompagnéesde
plusieurs salves.
Les Instrumens qu'on avoit placez fur la
gallerie du Logis du Roi , donnèrent pendant
plus d'une heure une simphonie vive & har
monieuse > les illuminations étoient generáles.-
De quelque côté qu'on tournât dans la Ville,
dans lés rues les plus étroites, dans les quar
tiers les plus éloignez, on ne voyoir que lu
mières , figurées de cent manières différentes
chacun se faisoit honneur de renchérir sur ses
voisins.
Le plus grand spectacle parut dans la Place
Royale ; le Théâtre avoit changé de face, au
lieu de Feux d'artifice PEdifice de charpente
parut chargé dé Lampions Se de Pots à feu;
Ce n'étoit plus des Portiques ni des Balda
quins de marbres-, c'étoient des Portiques &
de? Baldaquins de lumières» Cette Illumina
tion avoir d'ailleurs des accompagnement
merveilleux i les deux Fontaines de vin qui
coulèrent le jour & la nuit , étoient ornées
de lumières & de feuillages : on avoit porté
une gran le quantité de Pots à feu fur la haute
Tour du Louvre , qui est la piece la plus éle
vée de la Ville & qui s'apperçoit de plus d*une
lieue : toute la façade de ce Palais étoit illu
minée , tout le tour de la Place décoré d'un
cordon de verdure qui descendoit en festons
aux côtez des Portiques; deux rangs de ter
rines garnissoient les Ceintres & la Bilustrade
dont ils font couronnez, des Pots à feu ex
traordinaires & placez de distante en distan
ce , en relevoient encore l'éclat ; les rues,
& fur tout les deux grandes rues qui traver
sent
JANVIER; 1730. 6%
íént la Place Royale > avoient une apparence
d'autant plus riche & plus agréable , que tou
tes les fenêtres y sont de même symétrie Sc
qu'elles étoient e'galement éclairées ;on avoit
encore an point 3e vûë' qui l'emportoit fur
tout cela ; le somptueux Portail de l'Eglise de
S. Michel , de dirserens ordres d' Architecture
l'un fur l'autre , étoit totalement illuminé ; la
plateforme étoic bordée de Pot? à feu , les galleries
da milieu & routes les ouvertures des
Tours e» étoient remplies.
Pour peu qu'on s'avaneic dans la Place de
S. Etienne, qui n'eíì qu'à quelque? pas dff
l'autre, on trouvoit d'autres ctartez; on voyoit
en perspective la maison de M. le Vicomte-
Mayeur au bout de la grande ruë qui entre
dans cette Place : pendant tout le jour on y.
avoit fourni du pain & fait couler nnc Fon»
«aine de vin ; fur tout la populace s'étoit fort"
amafée d'un jeune enfant habillé en Bacchus
, qui passa plusieurs heures aflîs fur la
tonneau d'où jaillissoit la Fontaine : pendant
ía nuit on ne reconnut plus ni maison ni porte,
on ne vie qu'une lumière universelle qui en»
velopoit & absorboit entièrement les autre*
objets-.
Toute la Ville à la fin se rassembla dans la
Place , tout y dansoit, touty fautoit; les Instrumens
ne Cessèrent qu'au jour , & on ne cessa
de danser tant qu'ils continuèrent ; enfin certe
nuit si charmante fut pour nous un augure du
bonheur que la naissance du Prince nous pro
met » ce qu'un autre de nos Poètes a tâché
d'exprimer ainsi :
Après une trop longue & trop cruelle absence ,
La Félicité de retour ,
T> iiij E*
rf$ MERCURE DE FRANCE.
En accordant un Dauphin k la Francs
Nous marque qu'elle veut y fix-erfon fejottrí.
Recevons cejirefent de ses mains btenfaìjhnti^t
Ne doutons plus de son secours ;
Si les nuits font pour nous fi belles, fi brillant ex>
§luels seront. déformais, nos jours f
Cependant lés Officiers dé notre Milice Bout>
geoise ne crurent pas avoir marqué leur joye
assez vivement. Le if.de Septembre ils firens
chanter dans TEglise des Jacobins , un Te
Deum aufli magnifique que celui de la Ville »
M. de Tavanne leur fit l'honneur d'y affilier;
M. Ie Vicomte-Mayeur se mit à leur tête. Lx
Troupe n'étoit composée précisément que des
Capitaines, Lieutenans , Enseignes, Major*
& Dizeniers des Paroisses , précédez des Sergens
& des Tambours.. La marche parut d'au
tant plus pompeuse . qu'à commencer par le
Maire, tous les Officiers jusqu'au dernier *
avoient des habits uniformes , la veste galon
née, le justaucorps d'un beau Camelot écarlate,
le chapeau bordé . avec le plumet blanc Se
la coquarde de même ; ils allèrent ensuite au
Jeu de 1* Arbalète . dont ils avoient illuminé
les Bâtimens-&- les Jardins d'une manière trèsriante
& t ès-agréable. La Salle haute & la
Gallerie d'en bas, quoique très-érendi ë , ne le
furent pas trop pout les tables ; M. le Vicomte-
Mayeur tint la première . M. le Comte de Tavanes
n'ayant pû s'y trouver, à cause de I" il—
lustre Compagnie, à qui ce soir là même il
dpnnoit à manger ; mais il s'y rendit fur les
onze heures da soir , & fa présence redoubla
la joye qui ctoit déja bien vive ; on recom
mença
Janvier.
. Aença, au bruit des Canons > â boire la santé
du Roi , de la Reine , de Monseigneur le Dau
phin & de M. le Duc.
Les Bénédictins avoient fait ce même jour
une Procession íbíemnelie & chanté le Te Deum
& l'Exaudiat, avec beaucoup de pompe; 8c
pour rendre leur joye plus sensible ■ ils firent
aux pauvres_ de grandes distributions de paio ,
de vin , de viande & d'argent.
J'ajoûterai que notre Université se trouva
chez les Jacobins pour une pareille cérémo
nie le 8. du- mois a Octobre ; comme elle ne
.fait que de naître» elle a encore tout son
premier zele & toute son ardeur pour le Roi >
toute sa reconnoissance pour M. le Duc, son>
Protecteur. Le Doyen de la Sainte Chapelle ,
Chancelier, se trouva à cette solemnité » con
duit par les Massiers & les Bedeaux , les-Profesteurs
l'accompagnoient en Robes rouges ,
les Ag^regez en Robes noires avec le Chape
ron d'écarlate; ils ne cédèrent en rien à ceux
.qui avoient paru devant eux- dans la même
Eglise. Tous les Corps de Métiers générale
ment quelconques ont rempli les mêmes de
voirs avec un empreíîement & une joye que
je ne puis vous représenter.
La Cérémonie de nos Marchands eut quel
que chose de noble ; la belle Eglise de Notre-
Dame , où ils se rendirent » étoit tapissée ,
ornée & illuminée à faire plaisir; leur* Musique
fut d'un très-bon gout , & les Instrumens en
rehauflèrent le prix ; le Canon n'y manqua
point» &' pendant toute k nuit' suivante ils
étalèrent, à l'envi les uns des autres , tout ce
eui pouvoit rendre leurs maisons plus ornées
Se plus brillantes.
M, de laBfifïe, Inondant de. Bourgogne. *
7o MERCURE DE FR ANCE,
■
n'ayant pû être de retour à Dijon que le ifl.
Septembre , il fixa fa Fête au Dimanche t.
Octobre. M. l'Intendant occupe la Maison Ab
batiale de S Bénigne ; il y a devant la porte
une petite Place qtiarrée.des plus jolies; la
Cour est en arc & d'une étendue plus que rai
sonnable ; les Appartemens font beaux & bien
.suivis. Le Jardin est orné d'un très- beau Par
terre &r de quelques Bassins ; il est terminé par
sept Portiques d'un treiflage très riche , dont
il y en a trois, qui ont plus d'élévation que:
les autres, & qui font décorez de Statués
de part & d'autre font plantez des arbres &
sù-dclïous des Charmilles à hauteur d'apui ;
à droite: derrière ces Charmilles , s'élève
une Ternste qui donne fur l'aliée; à gauche
ce font des Bâtimens couverts de verdure , au
bout desquels on a ménagé une issue pour
monter à la grande Terratle qui tient toutela
largeur- du Jardin : du coté de la Mailorv
cette Terratle est cachée par les- Portiques i.
de l'autre côté elle donne fur le folïé de la,
Ville entre deux Bastions qui la débordent ,
& die a un aspect très gracieux , dont le prin
cipal point de vùë.dt le Jeu de l' Arquebuse 8s.
la Chartreuse.
On s'aflëmbU d'assez bonne heure , & cha
cun s'amusa jusqu'à six heures du soir., la,-
Compagnie attirée par le son des Instrumens,.
fè ren.iit dans la première Salle : on préludí .
par des Concertos; on vint ensuite au Di
vertissement particulier , dont les parole»,
avoient été faites exprès pour lé fuiet , & la
Musique compjsée par le sieur Bourgeois.
La Place que j'ai décrite étoit entourée delanternes;
elle tiroit un grand jour & des
maisons fitutes à 1'oposite , où on n'avoú rienentièrement
illuminé , & de la façade du Palais
Abbatial gui répondoit à tout cela. Le Peu
ple y avoit son Concert & ses Inlhumens ,
Sc des Fontaines de vin qui couloient fans
cesse. Une double ceinture de bougies regnoit
jdans toute l'écenduë de la cour. -Les Bassins
& le Parterre du Jardin éroient profilez &
bordez de Lampions i la petite Terrasie & les
Charmilles écoient chargées de terrines \ les
sept Portiques étoient en bougies qui en
avoient pris les ceintres. C'étoit proprement
un Jardin de lumières1, dont les éclats éblouis
sants avoient été substituez á la place des Buis»
des Charmilles & des Treillages.-
Un très beau Feu d'artifice , placé fur le
chemin couvert-, en vûë de la grande Terrasse
dévoie faire partie de cette Fête ; on s'occupa
encore de lTlluìnínation , qui du haut de cette
Terrassé, faiíbk un spectacle nouveau & rra-
Paiterre lumineux, un Portail & des Tour*
enflammées ; du côté dé la Campagne on
avoit en face le Jeu de l'Arquebuse , d©ac
les Bâtimens étoient éclairez , & fur les co
tez deux, grands Bastions bordez dé lumieKS'
& garnis d'artillerie qui commença à se faine
entendre ; après quoi Madame la Comtesse
dé Tavane & Madame la Marquise de Chajoû
, après avoir long- temps disputé de po
litesse , firent enfin partir en commun un
«Dragon enflammé, qui étoit venu prendre leurs
ordres fur la Terrasse ; i! ne ìes eut pas plutôt
portez fur le Théâtre » que les Piramides s'al-
Jumerent , les Moulinets tournèrent , les Fu
sées partirent, les Lances à feu fuivireiKi ce--
iUc UQ feu continuel & un bruit étonnant ;
Ptj, lie»'»
yi MFRCUHE DE FRANCE,
rien n'étoit plus beau que de voir lts Grenade»,
vomir des milliers de Serpenteaux fur la Po
pulace > qui n'est jamais trop près à son gré ;
mais rien n'étoit plus plaisant que les mouvemens
qu'elle se donnoic pour les éviter ;
ces feux voioient de cent manières différentes-,
les uns sembloient se plonger & se précipiter
fur la terre , les autres sprès cent tours 8c cene
retours remontoient avec vivacité au lieu d'oà
is étoient sortis, la plupart serpentoient vé
ritablement & poursui voient ceux qui vouloient
s'en détourner ; fur la fin on jetta quel*-
ques douzaines de Fusées choisies , qui rem
plirent l'Air de gerbes & d'étoiles.
M. l'Intendant donna ensuite à souper à prèsde
cent personnes distinguées. Quand ily en
auroit eu le double on se seroit loué de l'a>
bondjncej la propreté & la délicatesse en fu
rent Rassortiment. Après le souper il y eut un .
Bal magnifique»
I,a Fête de M"S les Elus a mis , pour ainfidire.
le sceau à- toutes les autres Réjouissance*,
elle a réuni en quelque forte: toutes les Fêtes
qui a voient precedé.Je n'entrerai là dessus dans
aucun détail , ma Lettre n'ttant déja que trop
longue , & le Mercure en ayant déja parlé dans
le premier volume de Décembre, page ^S6é,
Je ne puis, cependant me dispenser de vous
parlei enco e de deux traits qui regardent d'autres
nerfonneí , & qui .méritent de n'être pas
oubliez , & je finis par 'à ma Narration.
Une vingraine de Bourgeois , las d'être
Confondus lans la foule, ont eu recours à une •
nouvelle invention pour fe tirer du nair. Ils
avoient élevé fur quatre roues un Char Ba
chique de i». pieds de long fur 8 de large,
fetm« 4"unc kftrriMC d'envùoo i, pieds de haa-
■-4,..
JANVIER. t7ío, jf
teur , ornée de Tapis & de Peintures. II étoir
couvert d'une riche ImpeiialcenbcrCcau.íoutenuë
par desColomnes cntouréts de Pampre^
à laquelle étoient suspendus plufieurs Lustres.
&• dont les pentes écoient décorées de Tableaux
& d'Ecussons de différentes Armoiries. Les
Hautbois 6c les Ballons étoient plaaz fur le
devant du Ghar $ une table bien servie &
bien arrêtée , chargée de bougies & d'une
grande quantité de plats cris-bien remplis, .&
un Buffet ou plutôt une Boutique de verres
& de bouteilles , ne faiioit pas la moindre par
tie du spectacle. Toute cette Machine étoit
traînée par huit puissants chevaux, enduits,
par quatre Postillons & precedée par un Tin*,
bilier 6c par deux.Trompettes. â cheval, escor
tée par une Compagnie de Gardes à pied, &C'
environnée de flambeaux..
On a voit pris pour quartier d'aflemblée la'
Porte Guillaume , qui est celle par où noussortons
pour aller à Paris. Elle étoit illuminée
de haut en ba^ ; Us Ceintrts , les Pilast.es , les •
cotez , marquez , pour ainsi dire d'aprez. de
Lampions & de Terrines ; toutes lts fenêtres
de la longue rue- qui y aboutit , avoitnt auífi'
leurs lumières , ce qui joint -rJx,Lanternrs<les
rues qu'on allume tous les soirs , vendoit une
clarté égale à. celle du jour. La marche com.»
menca fur les sept heures du soir & elle con
tinua jusqu'à minuit : on s'arrêta dans la Place
Royale & dans tous les lieux où font placez
les Hôtels de ceux qui ent quelque autorité
dans la Ville : là les cris de joye redoubloient ,
r Jes Instrumens se mêloient , la petite Artillerie
se faisoit entendre, mais la poudre n'etoit pas •
|a munition dont un coníumoit le plus.
Uflc.nwlwwdec»nrjaiiu de peuple suivit ce
festia ;
7+ MERCURE DE FRANCE,
festin ambulant pendant toute la nuit , marr
quant par ses acclamacions le gré qu'elle fçavoic
à ceux à qui leur zele íèul avoit inspiré ce'
dessein. Les personnes, les plus considérablesy
applaudirent & les reçurent avecaccueil.lorsqu'ilsse
présentèrent devant leurs Hôtels: touslés
Habitans s'empressèrent de leur faire hon
neur > en chargeant leurs fenêtres de lumières ,>
en jettant des Musées & faisant tirer des Boëtes
& du Canons enfin cette Réjouissance parti
culière devint en un instant une Fête generale
par la part que tout le monde y voulut pren«-
dre. L'autre trait est un peu plus grave.
Les Enfans deChoeur de la Sainte Chapelle,,
à'qui on avoic accordé un jour dè congé , afinqu'ils
se ressentissent- de la joye Duplique, de
mandèrent è le palier Jans un Hérmitage situé,
à une portée de mmisqa<.'t de la Ville , & dont
la Chamelle déiiée soas le noa*de,S. Martin
a set vt autrefois d'Eglise au Village de Fon
taine . lieu de la naissance de S. Bernard. Onne
pen-tra point leur dessein, & on ne les
soupçonna pas de songer â autre chose qu'à'
'une simple promenade : ils avoient néanmoins
des pensées plus sérieuses. Avec le secours de
l'Harmite , ils trouvèrent le secret d'aproprier
là Chapelle, d'en illuminer les dehors & lesdedans
, même de couronner les murs du Jar
din de Lampes à plusieurs lumignons , qui ré
pandirent un éclat d'autant plus étonnant qu'on ■
n'en connoissoit point la cause. Cette clarté
subite , jointe aux Cantiques & aux Motets de
leur composition , qu'ils chantèrent avec une
dévotion touchante & avec beaucoup d'ait,.
charmèrent tout le monde ; on prit part à des
Prières que Dieu exaucera fans doute , puis
qu'elles lui ont été adtefsecs par l'iaaocence
JANVIER. i7? oi 7t
& par le bon coeur. Nos Musiciens & Simphonistfs
qui avoient été invitez secrètement1,,
iè firent un meiite de les leconder. II y eusensuite
un petit régal » où l' enjouement ne nui
sit point à Immodestie, ni la modtíìie à l'enjouëment;
on chanta en panie diverses Cban»
Ions lur la naiflance du Dauphin j le bruit du -
Canon se mêla- au son des Instrumens & ì
l'harmonie des voix , 8c tout s'y paíla d'une
manière fi tendre & fi convenable > que je me
serois íait un reproche de ne vous en avoir
ras rendu cofnpte. Je n'âi plus , pour finir,
heureusement , qu'à ajouter ici le voeu gênerai
de tous nos Citoyens.» vous y soulcriuL de
bon coeur.
Grand Dieu , prene^ soin de la Mere ,
Conservez, nous £r l' Enfant & i* Pert i ;
Qtie pendant des siécles entiers >
lis règnent toiu les trois dans une paix pro
fonde : .
Vous les ave^donne^ pourdt bonheur du mondtì ■
Ghf'ils en joiiijfent Us, premiers.
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Résumé : RÉJOUISSANCES faites à Djon. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
Le texte relate les célébrations qui ont suivi une nouvelle importante annoncée le 7 septembre. Cette nouvelle fut accueillie avec enthousiasme, des salves d'artillerie et des cloches sonnèrent, et les habitants exprimèrent leur joie. Le Comte de Tavanes, commandant de la province, organisa des festivités dans son hôtel, décoré de symboles royaux et illuminé. Des feux d'artifice, des fontaines de vin, des bals et des danses furent organisés. Pendant les semaines suivantes, les réjouissances se poursuivirent avec des illuminations et des repas somptueux chez le Comte de Tavanes. Le Parlement, réuni après les vacances, organisa une cérémonie avec un Te Deum chanté par l'Abbé Bouhier. Les musiciens et les communautés ecclésiastiques participèrent également aux célébrations. Le dimanche suivant, des loges de verdure furent érigées, et les comédiens jouèrent gratuitement pour le peuple. Les festivités inclurent des illuminations, des feux d'artifice et des danses. Le Premier Président du Parlement organisa une fête solennelle avec illumination, concert, repas somptueux et distributions de nourriture au peuple. Le lendemain, un Te Deum fut chanté à la Sainte Chapelle, avec la participation du Parlement et des compagnies autorisées. Les Chevaliers de l'Arbalête organisèrent également une cérémonie avec un Te Deum et des illuminations. Les Jésuites, les Bouchers et d'autres corporations participèrent aux réjouissances avec des défilés, des musiques et des décorations. Le 14 septembre, une fête mémorable fut organisée par le Comte de Tavanes au jeu de l'Arquebuse. Le bâtiment fut décoré de symboles royaux et illuminé. Une cantate fut interprétée, suivie d'un feu d'artifice spectaculaire. Un souper somptueux fut servi avec une grande variété de mets et de boissons. Les festivités se poursuivirent avec des illuminations et des danses jusqu'au matin. Le texte décrit également les festivités organisées à Dijon en septembre 1730. Les événements commencèrent par une nuit de festivités somptueuses organisées par M. de Tavanes, avec des distributions de viande et des fontaines de vin dans divers endroits de la ville. Le lendemain, les Chevaliers du Jeu de l'Arquebuse accompagnèrent M. le Comte de Saulx aux Jacobins pour un Te Deum, suivi d'un grand repas dans un salon de verdure illuminé. Le 14 septembre, les Trésoriers de France célébrèrent leurs jeux et fêtes avec des musiciens d'élite. Le dimanche suivant, une procession générale du clergé séculier et régulier eut lieu, présidée par le Doyen de la Sainte-Chapelle, avec la participation du Parlement en robes rouges et de M. de Tavanes en habit de cérémonie. Les Chevaliers de l'Arc organisèrent des honneurs le lendemain, avec un Te Deum aux Cordeliers et un repas somptueux. La Chambre des Comptes choisit le 21 septembre pour sa cérémonie à la Sainte-Chapelle, décorée et illuminée de manière grandiose. Le 22 septembre, le Vicomte-Mayeur conduisit la magistrature au Te Deum de la ville, suivi d'un feu d'artifice spectaculaire à la Place Royale. La ville était entièrement illuminée, et un festin splendide fut servi à l'Hôtel de Ville, avec des salves et des symphonies en l'honneur du Roi, de la Reine, du Dauphin et du Duc. Le texte mentionne également les festivités organisées à Dijon en janvier 1730 pour célébrer la naissance du Dauphin. La ville était illuminée de manière somptueuse, avec des décorations de verdure, des terrines, des pots à feu et des fenêtres éclairées. La Place Royale et l'église Saint-Michel étaient particulièrement mises en valeur. La Place Saint-Étienne offrait également des spectacles, avec des distributions de pain et de vin, et un enfant habillé en Bacchus. Toute la ville se rassembla pour danser et célébrer jusqu'au matin. Les officiers de la milice bourgeoise organisèrent un Te Deum à l'église des Jacobins, suivis d'un jeu de l'arbalète illuminé. Les Bénédictins firent une procession et distribuèrent des aumônes aux pauvres. L'Université et les corps de métiers participèrent également aux cérémonies avec pompe et joie. M. de la Billiarderie, Intendant de Bourgogne, organisa une fête à la Maison Abbatiale de Saint-Bénigne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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91
p. 98
Addition au Traité d'Accompagnement & de Compostion, &c. [titre d'après la table]
Début :
ADDITION au Traité d'accompagnement & de composition par la Regle de [...]
Mots clefs :
Musique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Addition au Traité d'Accompagnement & de Compostion, &c. [titre d'après la table]
Addition au'Traité d'accompagne
ment & de composition par la Règle de
l'Octave , où est compris particulièrement:
le secret de l'accompagnement du Theor--
be , de la- Guitarre & du Luth , avec la'
manière de transposer instrumentalement:
& de solfier facilement la Musique vo
cale , sans l'usage de la Gamme. Par le
Sieur Campion , Professeur Maître de
Theorbe & de Guitarre , de P Académies
Royale de Musique. Oteuvec VJí-A Pa
rti , chez, l' Auteur', Rué des Ëtjf X
Mantman*e. A U Port- de POpera , che^
Boivin &c, 173 0^ broch. in - 4,. do'
plus de 60. pages.-
, Plusieurs approbations- de divers Marâ
tres de Musiques très habiles , qu'on
Ctouve à la fin de cet Ouvrage , ne lais
sent aucun lieu de douter qu'il ne soit
fort utile.
ment & de composition par la Règle de
l'Octave , où est compris particulièrement:
le secret de l'accompagnement du Theor--
be , de la- Guitarre & du Luth , avec la'
manière de transposer instrumentalement:
& de solfier facilement la Musique vo
cale , sans l'usage de la Gamme. Par le
Sieur Campion , Professeur Maître de
Theorbe & de Guitarre , de P Académies
Royale de Musique. Oteuvec VJí-A Pa
rti , chez, l' Auteur', Rué des Ëtjf X
Mantman*e. A U Port- de POpera , che^
Boivin &c, 173 0^ broch. in - 4,. do'
plus de 60. pages.-
, Plusieurs approbations- de divers Marâ
tres de Musiques très habiles , qu'on
Ctouve à la fin de cet Ouvrage , ne lais
sent aucun lieu de douter qu'il ne soit
fort utile.
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Résumé : Addition au Traité d'Accompagnement & de Compostion, &c. [titre d'après la table]
Le document de 1730, publié à Paris, est une addition au traité d'accompagnement par la règle de l'octave. L'auteur, le Sieur Campion, y révèle les secrets de l'accompagnement du théorbe, de la guitare et du luth. Il explique aussi la transposition instrumentale et le solfège vocal sans gamme. L'ouvrage, approuvé par des maîtres de musique, compte plus de 60 pages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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92
p. 99
Nouvelles Poësies Spirituelles & Morales notées, &c. [titre d'après la table]
Début :
NOUVELLES POESIES SPIRITUELLES ET MORALES ; Noëls sur [...]
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles Poësies Spirituelles & Morales notées, &c. [titre d'après la table]
NOUVELLES POESÎÏS S PÌ RI-"
tueli.es et Morales ; Nf'è't fur
les plus beaux Airs de la Musique Fran
çoise & Italienne , avec une Basse con
tinue } Fables sur des petits Airs & des*
Vaudevilles choisis , avec une Basse en
JMusette. Premier Recueil. Rue S. JacfjHetyÇhc*.
Loítift , Vefprez, & DefeffarU
tueli.es et Morales ; Nf'è't fur
les plus beaux Airs de la Musique Fran
çoise & Italienne , avec une Basse con
tinue } Fables sur des petits Airs & des*
Vaudevilles choisis , avec une Basse en
JMusette. Premier Recueil. Rue S. JacfjHetyÇhc*.
Loítift , Vefprez, & DefeffarU
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93
p. 114-119
Poësies Spirituelles & Morales sur les plus beaux Airs de Musique Françoise & Italienne, [titre d'après la table]
Début :
Il paroît un Ouvrage qui a pour titre, Poëses Spirituelles & Morales sur les plus [...]
Mots clefs :
Airs, Poésies spirituelles et morales, Recueil, Fables
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Poësies Spirituelles & Morales sur les plus beaux Airs de Musique Françoise & Italienne, [titre d'après la table]
Il paîoît un Ouvrage qni a pour titre ^
Pv'èsies Spirituelles & Murales fur les plut
beaux Airs de la Musique Françoise dr
Italienne* Premier Recueil , prix 6. livres
en blanc. A Paris chez. Guillaume Defprez^
Libraire , rué S. Jacques , à S. Prosper t
P h. N. Lottin , k la Vérité , & Guichard,
Marchand Papetier de la Musique du Roi,
rue' de l' Arbre-sec , derrière S. Germain
PAuxerroís ; c'est un in 4. gravé, grand
papier.
On s'est proposé dans ce Recueil de
donner un essai de l'ufage chrétien & rai
sonnable qu'on peut faire de la Musique.
Il commence par un Cantique affez étendu
sur les grandeurs de Dieu, dont la Musique
est du célèbre M. Defmarets , & la Poé
sie d'un grand Maître. On en peut juger
par les deux premières Strophes que nous
allons rapporter. Loin
^ Janvier. i7jo. u?
Loiri d'ici , profanes Mortels ,
Vous dont la main impie a dressé des Autels ,
A des Dieux impuissans que le crime a faic
naître,
Qu'aux accens de ma voix tout tremble eri
l'Univers,
Cieux , Enfers , Terre . Mers , c'est votre au-
: guste Maître >
Que je vais chanter dans mes Yers.
ft est, & par lui seul tout Etre a pris naissance!
Le néant existe à fa voix :
La Nature & les temps agissent par ses Loix j
Tout adore en tremblant fa suprême puissance-
Invisible & présent, • onfe prou ve en tous, lieux*
Il remplit la Terre; 8ç les Cieux i
Par lui tout femeut , tout respire ;
■ Sa durée est ls Eternité , >
£t ks bornes de son Empiro, ■. . •.
Sont celles de l'immensitéï
i i •■ .« • ^ ■. •' t.: • ' ... i
On trouve enfile- des Cantiques far les
Mystères de Nfrtte Seigneur , fur les Ver-<
tus & les Vices , & fur les quatre Fins da
Phomme, Çp_ Recueil renfertne tous les
sujets; d<} pjgfeá qau'on peut désire*. Qç y
tíouvç aussi 4'^utres Pietés que l'on pteut
appeller des Chansons Morales , & ' qui
peuvent servir dans des occasions où, le?*
premières, paroîtroi^ut peiit-êtEç trop feii
' * " F iiij rieutes".
v
ii 6 MERCURE DE FRANCE,
rieuses. Pour intéresser par la variété, on'
a recueilli près d'une centaine d'Airs fur
tous les differens caractères de la Musique.
Plusieurs Musetres , Airs de Violon , Pieces
de Clavecin de M. Couprin , Airs
Italiens & plusieurs doubles dans le gouc
de M. Lambert.
On espère que les personnes qui auront
de la voix seront bien aises qu'on leur
fournisse le moyen d'en faire un usage
Uíile , quand elles voudront elles-mêmes
prendre ce délassement ,. ou qu'elles no
poarront.le refuser a d'autres qui voudront
Its entendre chanter.
On a ajoûté à ce Recueil grand nom."
bre de Fables choisies, dans le gout de?
la Fontaine , fur les petits Airs & Vau
devilles les plus connus , avec une Basse
en Musette, qui. pourront servie au même
usage que les Chansons Morales dont on
vient de parler , mais qui font destinées
principalement à fournir aux Enfans un
amusement utile & convenable à leur âge:
nous en rapporterons deux pour servir
d'exemple.
L'tTTlLE ET IE BbAU.
Le Cerf se mirant dans Peau. Sur l' Air ;
Je fais souvent raisonner ma Muptie , 80
fur les Folies d'Espagne. r ;
Dans le Cristal d'une claire Fontaine ,
Un jeune Cerf se miroit autrefois i
JANVIER. I7jtí.: "Xi
II ne voyoit ses jambes qu'avec peine ,' ' . ■»
Charmé de voir la beauté de son Bois.
m
Soudain du Cor entendant le murmure ,
Prompt 8c leger, il fuit dans les Forêts »
Mais arrêté par fa belle ramure,
En expirant il pousse ces regrets.
SB
Le beau nous plaît & le bien nous ennuyé,,
l'un sert toujours , l'autre est souvent fatal *
Je méprisois ce qui sauvoit ma vie ,
J'aimois , helas ! ce qui fait tout mon mal.
La- Peur.
Les Oreilles du Lièvre. Sur l* Air : C'est
une Bouteille qui n'eut jamais ja pareille
De fa- corne un inconnu >.
Au Lion fit quelque peine.
Lion dit . que tour Cornu ,
Soit chassé de mon Domaine.
Depuis le Taureau jusqu'au Chevreau 2
Tout :*én va chercher pays nouveau. -
Le bruit en vent au Lièvre.
Qui de crainte en a la fievrej N
m
Ah /'dit-il . je fuis banni,
Tai deux cornes bien pareilles.
Ft
Ut MERCURE DE FRANCE; ^* 1
On lui dit en vain , nenni,
Ce ne sont que des oreilles.
II répond toujours , détrompei-vousí
Au gré des malins 8c des jaloux » .
Oreilles seront cornes ,
Voire cornes de Licornes.
Wt *■ -
C'est ainsi, quand on a peur,
Que tout se metamorpholej"
Un Buisson est un Voleur,
Uh Phantôme , ou pire chose,
Mais on fçait de même qu'à la Cour r
Un flateur fait prendre chaque jour >
Les Merles pour Corneilles,
Et pour cornes les Oreilles.
On promet de donner incessamment us
second Recueil de Fables dans le même
goût , & de les. réunir ensuite routes en
semble dans un petit volume avec les airs
notttz , afin qu'en puisse s'en servir plu*
commodément.
Sans vouloir prévenir le jugement
du FuHic , ce Recueil nous paroît être
un excellent' mélange de l'utile & de
l'agréab'e. Une pieté tendre & solide ,
la noblesse des pensées & des senti*
mens, le n^ïf des Fables, le choix. & la
Yarieté des Airs parfaitement assortis aux
, - parole*?
• M / »
JANVIER, 1730. ii9
paroles i tout invite également ceux qui
ne chetchent pas dans la Musique un vain
amusement ou un plaisir dangereux. On
n'a rien épargné pour leur plaire : la beauté
de ta Gravure & du papier , & la modi
cité du prix font assez voir que ceux qui
ont entrepris ce Recueil , n'ont eu en viic
311e Pavantage du Public.
Pv'èsies Spirituelles & Murales fur les plut
beaux Airs de la Musique Françoise dr
Italienne* Premier Recueil , prix 6. livres
en blanc. A Paris chez. Guillaume Defprez^
Libraire , rué S. Jacques , à S. Prosper t
P h. N. Lottin , k la Vérité , & Guichard,
Marchand Papetier de la Musique du Roi,
rue' de l' Arbre-sec , derrière S. Germain
PAuxerroís ; c'est un in 4. gravé, grand
papier.
On s'est proposé dans ce Recueil de
donner un essai de l'ufage chrétien & rai
sonnable qu'on peut faire de la Musique.
Il commence par un Cantique affez étendu
sur les grandeurs de Dieu, dont la Musique
est du célèbre M. Defmarets , & la Poé
sie d'un grand Maître. On en peut juger
par les deux premières Strophes que nous
allons rapporter. Loin
^ Janvier. i7jo. u?
Loiri d'ici , profanes Mortels ,
Vous dont la main impie a dressé des Autels ,
A des Dieux impuissans que le crime a faic
naître,
Qu'aux accens de ma voix tout tremble eri
l'Univers,
Cieux , Enfers , Terre . Mers , c'est votre au-
: guste Maître >
Que je vais chanter dans mes Yers.
ft est, & par lui seul tout Etre a pris naissance!
Le néant existe à fa voix :
La Nature & les temps agissent par ses Loix j
Tout adore en tremblant fa suprême puissance-
Invisible & présent, • onfe prou ve en tous, lieux*
Il remplit la Terre; 8ç les Cieux i
Par lui tout femeut , tout respire ;
■ Sa durée est ls Eternité , >
£t ks bornes de son Empiro, ■. . •.
Sont celles de l'immensitéï
i i •■ .« • ^ ■. •' t.: • ' ... i
On trouve enfile- des Cantiques far les
Mystères de Nfrtte Seigneur , fur les Ver-<
tus & les Vices , & fur les quatre Fins da
Phomme, Çp_ Recueil renfertne tous les
sujets; d<} pjgfeá qau'on peut désire*. Qç y
tíouvç aussi 4'^utres Pietés que l'on pteut
appeller des Chansons Morales , & ' qui
peuvent servir dans des occasions où, le?*
premières, paroîtroi^ut peiit-êtEç trop feii
' * " F iiij rieutes".
v
ii 6 MERCURE DE FRANCE,
rieuses. Pour intéresser par la variété, on'
a recueilli près d'une centaine d'Airs fur
tous les differens caractères de la Musique.
Plusieurs Musetres , Airs de Violon , Pieces
de Clavecin de M. Couprin , Airs
Italiens & plusieurs doubles dans le gouc
de M. Lambert.
On espère que les personnes qui auront
de la voix seront bien aises qu'on leur
fournisse le moyen d'en faire un usage
Uíile , quand elles voudront elles-mêmes
prendre ce délassement ,. ou qu'elles no
poarront.le refuser a d'autres qui voudront
Its entendre chanter.
On a ajoûté à ce Recueil grand nom."
bre de Fables choisies, dans le gout de?
la Fontaine , fur les petits Airs & Vau
devilles les plus connus , avec une Basse
en Musette, qui. pourront servie au même
usage que les Chansons Morales dont on
vient de parler , mais qui font destinées
principalement à fournir aux Enfans un
amusement utile & convenable à leur âge:
nous en rapporterons deux pour servir
d'exemple.
L'tTTlLE ET IE BbAU.
Le Cerf se mirant dans Peau. Sur l' Air ;
Je fais souvent raisonner ma Muptie , 80
fur les Folies d'Espagne. r ;
Dans le Cristal d'une claire Fontaine ,
Un jeune Cerf se miroit autrefois i
JANVIER. I7jtí.: "Xi
II ne voyoit ses jambes qu'avec peine ,' ' . ■»
Charmé de voir la beauté de son Bois.
m
Soudain du Cor entendant le murmure ,
Prompt 8c leger, il fuit dans les Forêts »
Mais arrêté par fa belle ramure,
En expirant il pousse ces regrets.
SB
Le beau nous plaît & le bien nous ennuyé,,
l'un sert toujours , l'autre est souvent fatal *
Je méprisois ce qui sauvoit ma vie ,
J'aimois , helas ! ce qui fait tout mon mal.
La- Peur.
Les Oreilles du Lièvre. Sur l* Air : C'est
une Bouteille qui n'eut jamais ja pareille
De fa- corne un inconnu >.
Au Lion fit quelque peine.
Lion dit . que tour Cornu ,
Soit chassé de mon Domaine.
Depuis le Taureau jusqu'au Chevreau 2
Tout :*én va chercher pays nouveau. -
Le bruit en vent au Lièvre.
Qui de crainte en a la fievrej N
m
Ah /'dit-il . je fuis banni,
Tai deux cornes bien pareilles.
Ft
Ut MERCURE DE FRANCE; ^* 1
On lui dit en vain , nenni,
Ce ne sont que des oreilles.
II répond toujours , détrompei-vousí
Au gré des malins 8c des jaloux » .
Oreilles seront cornes ,
Voire cornes de Licornes.
Wt *■ -
C'est ainsi, quand on a peur,
Que tout se metamorpholej"
Un Buisson est un Voleur,
Uh Phantôme , ou pire chose,
Mais on fçait de même qu'à la Cour r
Un flateur fait prendre chaque jour >
Les Merles pour Corneilles,
Et pour cornes les Oreilles.
On promet de donner incessamment us
second Recueil de Fables dans le même
goût , & de les. réunir ensuite routes en
semble dans un petit volume avec les airs
notttz , afin qu'en puisse s'en servir plu*
commodément.
Sans vouloir prévenir le jugement
du FuHic , ce Recueil nous paroît être
un excellent' mélange de l'utile & de
l'agréab'e. Une pieté tendre & solide ,
la noblesse des pensées & des senti*
mens, le n^ïf des Fables, le choix. & la
Yarieté des Airs parfaitement assortis aux
, - parole*?
• M / »
JANVIER, 1730. ii9
paroles i tout invite également ceux qui
ne chetchent pas dans la Musique un vain
amusement ou un plaisir dangereux. On
n'a rien épargné pour leur plaire : la beauté
de ta Gravure & du papier , & la modi
cité du prix font assez voir que ceux qui
ont entrepris ce Recueil , n'ont eu en viic
311e Pavantage du Public.
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Résumé : Poësies Spirituelles & Morales sur les plus beaux Airs de Musique Françoise & Italienne, [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Poésies Spirituelles & Morales sur les plus beaux Airs de la Musique Françoise & Italienne', publié à Paris en 1730. Ce recueil, vendu 6 livres, est disponible chez Guillaume Defrez et d'autres libraires. L'objectif de l'ouvrage est de démontrer un usage chrétien et raisonnable de la musique. Il commence par un cantique sur les grandeurs de Dieu, avec une musique de Monsieur de Marets et une poésie d'un grand maître. Le recueil inclut divers cantiques sur des sujets religieux et moraux, ainsi que des 'chansons morales' pour des occasions moins solennelles. Il contient près de cent airs variés, incluant des musiques de Couperin, des airs italiens et des pièces pour clavecin. Le texte mentionne également l'ajout de fables choisies, similaires à celles de La Fontaine, adaptées à des airs connus, destinées à divertir les enfants de manière utile. Deux fables sont rapportées en exemple. Un second recueil de fables est promis, à réunir ensuite en un volume avec les airs notés. Le recueil est décrit comme un excellent mélange de l'utile et de l'agréable, destiné à ceux qui cherchent dans la musique un divertissement noble et moral.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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94
p. 177-182
« Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
Début :
Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...]
Mots clefs :
Roi, Intendant, Reine, Concert, Opéra, Nominations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
Le Roi a accordé une place de Con
seiller au Conseil Royal des Finances ,
à M. de Lamoignon de Courson , Con
seiller d'Etat. Sa Majesté a nommé Con
seillers d'Etat M. Lebret , Premier Pré
sident du Parlement d'Aix , & Intendant
de ProvenceSc du Commerce, &c M. Lek
calopier , Intendant de Champagne.
Les Prêtres de la Mission comment
eerent le 3. dans l'Eglise de la Paroisse
de Versailles la Fête qu'ils ont conti
nuée les deux jours suivans avec beau
coup de folemnité 8c de magnificence ,
pour célébrer la Béatification du Bienheureux
Vincent de Paul , leur Fonda
teur en France. L'Evêque de Xaintes &
l'Evêque de Rennes y ont officié ces
trois jours. Le 4. Janvier , la Reine
accompagnée des Dame$ de fa Cour , ■
alla y entendre la Grande Messe
Le Roi a donné l'Evêché de Mirepoix
au Père Boyer , Religieux Theatin.
Le
I7S MERCURE DE FR ANCE.
Le 8 . de ce mois , l' Abbé de Verta»
•mon de Chavagnac , nommé par le Roi
à l'Evêché de Montauban , fut sacré
dans la Chapelle de l'Archevêché par
l' Archevêque de Paris , aslìsté des Evêrxjues
de Soirîons & de Tarbes.
Le premier de ce mois , le Roi
nomma le sieur Perrin , Docteur en Mé
decine de la Faculté de Montpellier ,
en considération de ses services , Méde
cin Real de ses Galères , à la place du
sieur Pelifleri , qui se retire avec une
pension de izqo. sur les Invalides.
L'Abbé Segui , Auteur du Panégyri
que de S. Louis , dont on a vû avec
plaisir l'Extrait dans le Mercure d'Octopre
, fit à S. Sulpice , le 1 7. de ce mois i
celui du Patron de cette Eglise , devant
une très nombreuse Assemblée , avec un
applaudissement gênerai. Nous tâcherons
d'en donner un Extrait.
Le Maréchal d'Uxelles , Ministre d'E
tat , s'est retiré à cause de son âge
avancé.
On a eu avis de Toulon que dixhuit
Captifs Flamands , rachetés à Al
ger par les Pères Mathurins de l'Ordre
'de la Sainte Trinité , y font débarqués
le 19, Décembre dernier , pour se
tendre à Paris , & de là dans leur Pays.
Les autres Députés du raêmc Ordre font
arrivés
JANVIER. 1730. 179
arrivés à Cadix , pour traiter aussi de la
rançon des François détenus au Royau
me de Maroc.
On apprend de Toulouse que le 8. Jan
vier , l' Académie des Jeux Floraux s'étant
assemblée publiquement , suivanç
l'ufage, M. de Rabaudy , Viguicr *de
Toulouse , l'un des Académiciens ÔÇ
Modérateur de .cette Compagnie, pro
nonça , avec beaucoup de succès , un
Discours fur la Naissance de Monsei
gneur le Dauphin.
Le premier Janvier , les vingt-quatre
Violons de la Chambre du Roi jouè
rent pendant le dîner de S. M. une fuite
d'Airs de la composition de M. Destou
ches , Sur-Intendant de la Musique du
Roi , qui furent parfaitement bien exé
cutés , & très-aplaudis.
. Le 4. il y eut Concert devant la Reine
dans les grands Apartemens. M. Defrouches
fit chanter le second Acte de
Topera à'Atys.
Le 9. on continua le même Opéra
par le quatrième & cinquième Acte. La
P"e Enemens la cadete , chanta le Rôle,
de Cy belle , la D1Ie Lenner , celui de
Sangaride , le S' Dangerville fit le Rôle
.de Qelemts, , & le Sr Cochereau , celui
RAtys, Le tout fut parfaitement bien
-exécuté , Si tous les Acteurs s'attirèrent
beaucouD
>ïo MERCURE DE FRANCE.
í>eaucoup d'applaudistemens.
Le ii. on concerta dans les grands Appartemens
cn présence de la Reine , & on
exécuta une Pastorale en un Acte,intitulcc
ISAmour mutuel, dont les paroles font de
M., Gaukier , & la Musique de M. da
Tartre , connu par d'autres Ouvrages
<jui ont eu du succès. L'autre partie de
cette Pastorale fut chantée le 16. dans les
mêmes Appartemens.
, Le 1%. on chanta le Prologue & Ic
premier Acte de l'Opera de Thésée ,
dont l'exccution fut parfaite , & très-:
applaudie. On continua le 30. le mê*
me Opéra par le second & troiíìe'me
Acte.
Le 4. il y eut Concert François aa
Château des Thuileries ; on y chanta
la Cantate à? Europe & Jupiter S & un
Motet de M. de la Lande , précédé de
plusieurs Piéces de symphonie. Le mê
me Concert a continué tous les Mer
credis du mois.
Le 18. la D1,e Petitpas , l'une des
Actrices de l'Opera , chanta pour la
première fois une Cantatille nouvelle ,
intitulée La Confiance , de la composi
tion de M. le Maire , qui fut très- bien
chantée & applaudie ; elle fut précédée
du Divertissement de la Beauté couron
née , de M. Moutet , qui est toujours
írès-goâté. Lt
1
JANVIER. 1719: itr.
Le 9. la Lottcrie pour le rembourse
ment des Rentes de l'Hôtel de Ville fut
tirée en présence du Prévôt des Mar
chands ôc des Echevins , en la manière
accoutumée. Le fonds de ce premier
mois de cette année s'est trouvé monter
à la somme de 1278990. laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les lots
qui leur font échus , conformément à la
Liste générale qui en a été rendue pur
blíque.
Le 16. du mois dernier , les Députés
des Etacs de Bretagne eurent audiance pu
blique du Roi3 présentés par le Comte
de Toulouse , Gouverneur de la Provintc
, ôc par le Comce de Saint Florentin,
Secrétaire d'Etat , & conduits par le
Marquis de Brezé , Grand - Maître des
Cérémonies , & par M. Desgranges ,
Maître des Cérémonies. La Députation
étoit composée de l'Evêque de Saint
firjeu , pour le Clergé , qui porta U
{>arole ; du Comte de Guebriant , pour
a Noblesse -, de M. de Boisbely , Che-
.valier de l'Ordre de Saint Michel , &C
Lieutenant Général de l'Amirauté de
Morlaix , pour le Tiers-Etat ; du Comte
de Coetlogon , Procureur General Syn
dic ; & de M. de la Boissiere , Trésorier
Général des Etats de la Province. Ces
Députés furent ensuite conduits à l'Aul
dianes
ifz MERCURE DE FRANCE;
diance de la Reine & à celle de Mon
seigneur lç Dauphin & de Mesdames
de France.
Le Roi a pommé Intendant de la Gé
néralisé de Champagne , M. de Vastan ,
qui fera remplacé dans l' Intendance de
•la Généralité de Caen , par M. le Peletier
de Beaupré, Maître des Re
quêtes,.
Le 19. M. Bernage de Saint Maurice,
Maître des Requêtes , & Intendant du
Languedoc , à qui le Roi avoit accordé
dès le mois de Décembre 1724. la
Charge de Grand-Croix , Secrétaire &
Grefríer de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , prêta serment de fidé
lité entre le maúis de S. M. pour cette
Charge»
seiller au Conseil Royal des Finances ,
à M. de Lamoignon de Courson , Con
seiller d'Etat. Sa Majesté a nommé Con
seillers d'Etat M. Lebret , Premier Pré
sident du Parlement d'Aix , & Intendant
de ProvenceSc du Commerce, &c M. Lek
calopier , Intendant de Champagne.
Les Prêtres de la Mission comment
eerent le 3. dans l'Eglise de la Paroisse
de Versailles la Fête qu'ils ont conti
nuée les deux jours suivans avec beau
coup de folemnité 8c de magnificence ,
pour célébrer la Béatification du Bienheureux
Vincent de Paul , leur Fonda
teur en France. L'Evêque de Xaintes &
l'Evêque de Rennes y ont officié ces
trois jours. Le 4. Janvier , la Reine
accompagnée des Dame$ de fa Cour , ■
alla y entendre la Grande Messe
Le Roi a donné l'Evêché de Mirepoix
au Père Boyer , Religieux Theatin.
Le
I7S MERCURE DE FR ANCE.
Le 8 . de ce mois , l' Abbé de Verta»
•mon de Chavagnac , nommé par le Roi
à l'Evêché de Montauban , fut sacré
dans la Chapelle de l'Archevêché par
l' Archevêque de Paris , aslìsté des Evêrxjues
de Soirîons & de Tarbes.
Le premier de ce mois , le Roi
nomma le sieur Perrin , Docteur en Mé
decine de la Faculté de Montpellier ,
en considération de ses services , Méde
cin Real de ses Galères , à la place du
sieur Pelifleri , qui se retire avec une
pension de izqo. sur les Invalides.
L'Abbé Segui , Auteur du Panégyri
que de S. Louis , dont on a vû avec
plaisir l'Extrait dans le Mercure d'Octopre
, fit à S. Sulpice , le 1 7. de ce mois i
celui du Patron de cette Eglise , devant
une très nombreuse Assemblée , avec un
applaudissement gênerai. Nous tâcherons
d'en donner un Extrait.
Le Maréchal d'Uxelles , Ministre d'E
tat , s'est retiré à cause de son âge
avancé.
On a eu avis de Toulon que dixhuit
Captifs Flamands , rachetés à Al
ger par les Pères Mathurins de l'Ordre
'de la Sainte Trinité , y font débarqués
le 19, Décembre dernier , pour se
tendre à Paris , & de là dans leur Pays.
Les autres Députés du raêmc Ordre font
arrivés
JANVIER. 1730. 179
arrivés à Cadix , pour traiter aussi de la
rançon des François détenus au Royau
me de Maroc.
On apprend de Toulouse que le 8. Jan
vier , l' Académie des Jeux Floraux s'étant
assemblée publiquement , suivanç
l'ufage, M. de Rabaudy , Viguicr *de
Toulouse , l'un des Académiciens ÔÇ
Modérateur de .cette Compagnie, pro
nonça , avec beaucoup de succès , un
Discours fur la Naissance de Monsei
gneur le Dauphin.
Le premier Janvier , les vingt-quatre
Violons de la Chambre du Roi jouè
rent pendant le dîner de S. M. une fuite
d'Airs de la composition de M. Destou
ches , Sur-Intendant de la Musique du
Roi , qui furent parfaitement bien exé
cutés , & très-aplaudis.
. Le 4. il y eut Concert devant la Reine
dans les grands Apartemens. M. Defrouches
fit chanter le second Acte de
Topera à'Atys.
Le 9. on continua le même Opéra
par le quatrième & cinquième Acte. La
P"e Enemens la cadete , chanta le Rôle,
de Cy belle , la D1Ie Lenner , celui de
Sangaride , le S' Dangerville fit le Rôle
.de Qelemts, , & le Sr Cochereau , celui
RAtys, Le tout fut parfaitement bien
-exécuté , Si tous les Acteurs s'attirèrent
beaucouD
>ïo MERCURE DE FRANCE.
í>eaucoup d'applaudistemens.
Le ii. on concerta dans les grands Appartemens
cn présence de la Reine , & on
exécuta une Pastorale en un Acte,intitulcc
ISAmour mutuel, dont les paroles font de
M., Gaukier , & la Musique de M. da
Tartre , connu par d'autres Ouvrages
<jui ont eu du succès. L'autre partie de
cette Pastorale fut chantée le 16. dans les
mêmes Appartemens.
, Le 1%. on chanta le Prologue & Ic
premier Acte de l'Opera de Thésée ,
dont l'exccution fut parfaite , & très-:
applaudie. On continua le 30. le mê*
me Opéra par le second & troiíìe'me
Acte.
Le 4. il y eut Concert François aa
Château des Thuileries ; on y chanta
la Cantate à? Europe & Jupiter S & un
Motet de M. de la Lande , précédé de
plusieurs Piéces de symphonie. Le mê
me Concert a continué tous les Mer
credis du mois.
Le 18. la D1,e Petitpas , l'une des
Actrices de l'Opera , chanta pour la
première fois une Cantatille nouvelle ,
intitulée La Confiance , de la composi
tion de M. le Maire , qui fut très- bien
chantée & applaudie ; elle fut précédée
du Divertissement de la Beauté couron
née , de M. Moutet , qui est toujours
írès-goâté. Lt
1
JANVIER. 1719: itr.
Le 9. la Lottcrie pour le rembourse
ment des Rentes de l'Hôtel de Ville fut
tirée en présence du Prévôt des Mar
chands ôc des Echevins , en la manière
accoutumée. Le fonds de ce premier
mois de cette année s'est trouvé monter
à la somme de 1278990. laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les lots
qui leur font échus , conformément à la
Liste générale qui en a été rendue pur
blíque.
Le 16. du mois dernier , les Députés
des Etacs de Bretagne eurent audiance pu
blique du Roi3 présentés par le Comte
de Toulouse , Gouverneur de la Provintc
, ôc par le Comce de Saint Florentin,
Secrétaire d'Etat , & conduits par le
Marquis de Brezé , Grand - Maître des
Cérémonies , & par M. Desgranges ,
Maître des Cérémonies. La Députation
étoit composée de l'Evêque de Saint
firjeu , pour le Clergé , qui porta U
{>arole ; du Comte de Guebriant , pour
a Noblesse -, de M. de Boisbely , Che-
.valier de l'Ordre de Saint Michel , &C
Lieutenant Général de l'Amirauté de
Morlaix , pour le Tiers-Etat ; du Comte
de Coetlogon , Procureur General Syn
dic ; & de M. de la Boissiere , Trésorier
Général des Etats de la Province. Ces
Députés furent ensuite conduits à l'Aul
dianes
ifz MERCURE DE FRANCE;
diance de la Reine & à celle de Mon
seigneur lç Dauphin & de Mesdames
de France.
Le Roi a pommé Intendant de la Gé
néralisé de Champagne , M. de Vastan ,
qui fera remplacé dans l' Intendance de
•la Généralité de Caen , par M. le Peletier
de Beaupré, Maître des Re
quêtes,.
Le 19. M. Bernage de Saint Maurice,
Maître des Requêtes , & Intendant du
Languedoc , à qui le Roi avoit accordé
dès le mois de Décembre 1724. la
Charge de Grand-Croix , Secrétaire &
Grefríer de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , prêta serment de fidé
lité entre le maúis de S. M. pour cette
Charge»
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Résumé : « Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
En janvier 1730, plusieurs nominations et événements notables ont marqué la cour royale. Le Roi a nommé M. de Lamoignon de Courson Conseiller au Conseil Royal des Finances et a désigné M. Lebret et M. Lekalopier comme Conseillers d'État. Les Prêtres de la Mission ont célébré la béatification du Bienheureux Vincent de Paul à Versailles, avec la participation des évêques de Saintes et de Rennes. La Reine a assisté à la Grande Messe le 4 janvier. Le Père Boyer a été nommé à l'Évêché de Mirepoix, et l'Abbé de Vertamon de Chavagnac a été sacré évêque de Montauban. Le Roi a également nommé le sieur Perrin Médecin Royal des Galères, remplaçant le sieur Pelifleri. L'Abbé Segui a prononcé un panégyrique à Saint-Sulpice. Le Maréchal d'Uxelles s'est retiré en raison de son âge avancé. Dix-huit captifs flamands ont été rachetés et sont arrivés à Toulon. Des députés de l'Ordre de la Sainte Trinité sont arrivés à Cadix pour négocier la rançon des Français détenus au Maroc. À Toulouse, l'Académie des Jeux Floraux a célébré la naissance du Dauphin. Les Violons de la Chambre du Roi ont joué des airs composés par M. Destouches, et plusieurs opéras ont été représentés en présence de la Reine. Le Roi a nommé M. de Vastan Intendant de la Généralité de Champagne et M. le Peletier de Beaupré à l'Intendance de Caen. Enfin, M. Bernage de Saint Maurice a prêté serment pour la charge de Grand-Croix de l'Ordre de Saint Louis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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95
p. 253-263
OBSERVATIONS sur la Méthode d'Accompagnement pour le Clavecin qui est en usage, & qu'on appelle Echelle ou Regle de l'Octave.
Début :
Les premiers élemens de la rgele de l'Octave consistent à donner aux [...]
Mots clefs :
Octave, Musique, Accords, Règles, Exceptions, Musicien, Triton
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texteReconnaissance textuelle : OBSERVATIONS sur la Méthode d'Accompagnement pour le Clavecin qui est en usage, & qu'on appelle Echelle ou Regle de l'Octave.
OBSERF ATIONS fur U Mé
thode d' Accompagnement four le Cla~,
vecin qui est en usage , & qu'on ap
pelle Echelle ou Règle de l'Ottave.
LEs premiers Siemens de la règle de
i' Octave consistent à donner aux
doigts des habitudes conformes aux ac
cords qu'elle prescrit Xur jes degrés xonscíutifs
d'un Mode.
Cette règle renferme quelque chose
de bon ; mais elle est tellement bornée,
qu'il faut dans Ja fuite y faire un nom
bre infini d'exceptions , que les Maîtres
se réservent d'enseigner, à mesure que
les cas s'en présentent.
Le détail de ces exceptions est prodi
gieux i la.connoiflance & la pratique en
font- remplies de difficultés presque in
surmontables , par la multiplicité des ac
cords , par la variation infinie de leurs
Accorhpagnemens , par la surprise où
jettent sans cesse les différentes formes
de succession dont chaque accord en
particulier est susceptible , & qui sont sou
vent contraires aux habitudes déja for
mées , par la confusion des règles fondaoiçntíks
syeç ççUes de gout , par le
154 MERCURE DE FRANCE,
vuide que l'harmonie y souffre le plus
íbuvent , par le peu de ressource que I'ot
reille y trouve pour se former aux. véri
tables progrès des sons , par l'assujetifsement
trop servile aux chifres souvent
fautifs , enfin par les fausses applications
auxquelles des règles de détail éc des ex
ceptions innombrables ne peuvent man
quer d'être sujettes.
La Règle de l'Octave, avec ses excep»
tions , contient 12. Accords dans cha
que Mode , dont yoici l'énumération ca
abrégé. • -
U Accord parfait , la 6e , la 6* ÔC 4 e,
la 7e , la petite 7e , la fausse 5e , la petite
6e , le Triton , la 7e superflue' , la $e su
perflue , la 2e , la 6e'& 5e, la $e com-
{úette , la 9e simple , la 4e , la 9e & 4e,
5ejía 2e superflue , la 7 e dimi
nuée , la 6e majeure avec la fausse j* , le
Triton avec la 5 e mineure, & la 7e super
flue avec la 6e mineure , fans parler de la
<?e doublée, ôc encore moins de la 6e
mineure avec la je majeure , que quelques-
iins ont introduit assez mal à pro
pos , de lâ 6* superflue , que le gont au.
torife depuis quelque tems , ni de la j«
supe-fliië avec la 4 e -, qui pourroit plu
tôt avoir lieu que les deux derniirs.
Chacun de ces accords a ses Accompagnemens
difterens , qui consistent en
FEVRÏEft. 1730. 35s
«leux ou trois intcrvalcs de plus que ceux
dont ces Accords portent le nom ; dtì
forte qu'à la vûë du chiffre , ou par le
moyen de quelques autres notions , il
faut fe représenter tous les intervales qui
composent l'Accord , & y porter incon^
tinent les doigts.
Chaque Accord a d'ailleurs trois faces'
ou permutations fur le Clavier ; & tel
qui connoît la première n'en est pas beau
coup plus avancé pour la seconde , nì
après celle-ci pour la troisième , quanc
à la pratique ; chacun des 2 2 . Accords
exprimés en produit donc trois differens
dans l'execution , ce qui fait k nombre
de 66*
Outre cela , il f a Ì4. Modes i & ft
l'on veut être en état d'accompagner
toute forte de Musique , ou de transpo
ser-,, il faut absolument fe procurer un©
connoiffance locale des 6 6. Accords précedens
dans chacun de ces Modes , car
tel «qui fçait toucher les Accords d'u»
Mode a encore bien à faire pour trouveç
ceux d'un autre j il faut donc multiplier
les tftf». Accords ci- dessus par 24. ce qui
fait le nombre de i584.fi ce n'est pour
ì'esprit , du moins pour' les doigts.
Chacun des- 2 2. Accords primitifs a f*
tegle patticulicfc -, tant pour ce qui doic
ïe préceder, que pour ce qui doit le
C ù\ suivre
9 jtf MERCURE DE FRANCB;
suivre ; par exemple , il faut faire la pe*
tite 6 e pour descendre sur V Accord par
fait , sur 1* 7e ou sur la 4e , il ne faut
{dus faire que la 6e , sil?on descend sûr
a petite 6e , Si si l'on passe en montant
par les mêmes accords, tout change;
ce détail ne finit point. Comment la
mémoire , le jugement &c les doigts peuvent-
ils fur le champ , & tout à la_fois ,
suffire à tant de règles ?
On dira peut-être que la connoiíTance
-du Mode soulage l'Accompagnateur en
pareil cas , puisque la règle spécifie que
tel Accord se fait sur une telle Note du
Mode , en montant ou en 'descendant ;
mais si tant est quron eonnoisse le Modey
ne faut il pas découvrir aussi-tôt quel rang
y tient la Note présente , puis son Accord,
puis les DUz.es ou les- Bémols affectés à ce
Moie , 8c si eníìn on parvient à se rendre
tout cela présent dans la promtitude de
l'execlition , qu'a t'on gagné , si la Note
en question ne porte point l'Accord atta
ché au rang qu'elle tient dans le Mode ?
car , par exemple , au lieu de Y Accord
f>arfait au premier degré, aurrement dit
a Note tonitfnt-, il peut y avoir la 64&
5e , la 5e Sc 4*, la 4e & 3* , la :e Ott
la ?' superflu* , même avec la 6e mineure,
pareillement au lieu de la petite 6e au
deuxième degré , il peut se trouver la 7'
ou
F E V R î É R. ttltì. ìff
étì la 9e tk 4e , ainsi de tous les autre»
degrés , excepté le septième , appelle Nu*
te sensible. 11 faut donc ki bien des ex*
ceptions aux règles que l'on s'est efíbrc«
d'apprendre , & présumer encore que les
doigts accoutumés à n'enchaîner que dans
le mérae ordre leí Accords qu'elles ten*
ferment , prendront facilement la route
contraire que demandent toutes les suc
cessions différentes , dont chaque Accord
est susceptible.
Les chiffres , ajoutera- t'on j doivent
suppléer ici au deffaut de la règle ; mais*
peut-on s'assurer que le Compositeur les?
aura mis régulièrement par tout s & que
íe Copiste ou l'Imprimeur n'J' aura rietï
oublié. Oh a fait voir dans \t nouveau
sistême de Musique que le plus habile
Compositeur de notre siécle n'avoit pas
été exemt de méprise à cet égard ; & c'en,
est assez pour bannir la trop grande con
fiance dans les chiffres ; au reste , qu'estte
qu'une Méthode qui nous rend escla
ves des erreurs d'autrui , ne devroit-elltf
pas plutôt nous enseigner à les rectifier ;
niais bien loin de cela , dans quel em
barras ne met- elle pas l'AccompagnateUir
lorsqu'il n'y a point de chiffres ? le chant"
du Dessus lui indiquera-t'il les Accords?
fi ce chant , par exemple , fait la j* de
la Baffe , cette 3e pourra être accompa-
C iiij, gnéof
iÇS MERCURE 0E FRANCE;
gnéede la 4e , de la 5e , de la 6e , de I»
7e ou de la 9e ; or quelle raison de pré
férence pourra-t'il tirer d'une multiplicité
de règles !
D'ailleurs , on surcharge les comment
çans par le mélange de certaines règles
de gout avec celles de fond , fans penser
que celles -ci font la baze Ôc le modelé
de celles-là ,,& qu'elles seules peuvent
* former essentiellement l'oreille , procurée
aux doigts des habitudes générales ôc ré
gulières , & mettre dans l'esprit la cer
titude avec laquelle Poreille peut secon
der l'exeeution. Ces> règles de gout ne
font pas simplement les harpegemens-,
les fredons 5c te choix des faces , dont
quelque échantillon fait pour certaine*
personnes tout le mérite ôc rout le char
me de P Accompagnement. C'est fur-tout
la règle qui deffend deux Oílaves de fuite,,
desquelles on fait un monstre , Sc dònt la
prohibition , pour éviter une faute ima
ginaire , en fait commettre de véritables.
Pour ne pas blesser ce prejugédes deux
Octaves de fuite , on fait retrancher celle
de la Basse dans presque tous les Accords
dissonans , d'où il arrive que si la Basse
parcourt successivement toutes les Notes
d'un même Accord , il faut à chacune de
ces Notes deux opérations , l'une de lé
ser lc doigt de l'Òctave , l'autre de remetus
FEVRIER. 1730. âyj
mettre celui qu'on a levé précédemment
si l'on ne veut en denuer Pharmonie ,
ce qui varie à tous momens les Accom
pagnement d'un même Accord , & le
présente sans cesse fous des dénominations
diffetentes; or quel retardement cela n'apporte-
t'il pas à la connoissance , 8c quel
préjudice n'est-ce pas pour Pexecution ?
car si les positions changent si fréquem
ment ,.& qu'en même-tems toutes les
faces du Clavier ne soient pas également
familières , il arrive souvent que les
doigts.fe refusent à l'accord qui doit suc
céder à un autre dans une certaine face ;
d'où l'on est obligé de faire aller la main
par sauts , & de la porter précipitamment
à l'endroic où la face est plus familière &
plus commode , ce qui ne se fait point
encore sans le désagrément de partager
continuellement sa- vue" entre le Pupitre
& le Clavier.
Le retranchement de l'Octave multiplie
un même accord jusqu'à cinq ou six , tant
pour l'esptit que pour les doigts , & la
forme de succession naturelle à cet Ac
cord est multipliée à proportion ; si cet
Accord en admet cinq ou six autres diffe- *
rens dans fa succession , ce sonr pour cha
cun autant de successions différentes fut
le Clavier , & autant de nouvelles règlesà-
observer ,.ce qui accable les doigts de
C y tan?
4<îo MERCURE DE FRANCE.' v
tant de positions , & de marches diffé
rentes , qu'il est impossible de ne s'y pas
tromper le plus souvent ; c'est une vérité
dont presque tous les amateurs , & mê
me plusieurs Maîtres peuvent rendre té»
moignage , pour peu qu'ils soient sincè
res. Combien de fois ont-ils senti en ac
compagnant certaines Musiques que leur»
règles , leurs connoiflances , leur oreille
même , Ôc leurs doigts se trouvoient ert
desfaut ?
On peut juger aisément de là que l'o*
reille , de concert avec Les doigts , fè
formeroit bfcn plus sûrement, Ôc s'accoutumeroit
bien plutôt à une successions
Uniforme d'accords qu'elle ne le peut fair$
à plusieurs successions , qui lui paroiflene:
différentes les unes des autres , Ôc qu'elfeprésente
même comme telles- à Pesprit ;
car suivant toutes les Méthodes d'Ac
compagnement qui ont paru jufqu'icr,:
nos Musiciens pratiquent comme diffé
rentes , plusieurs successions d'Accords*
qui dans le fond ne font qu'une , & ils
ont établi en conséquence plusieurs règles;
qui se réduisent toutes à une feule*, par
exemple, quand on dit que leTritan doit
être fauve de la 6e, la fausse 5e de 1a je
la 6e majeure- de la 8e ou de la 6e , lá 7e
/Stperfi 'f de la 8e , la ^'superflue de la-
4e,. & la z* superflue de la ^ consonantey
'*. -, tout
FEVRIER. 1730. 2Í-1
*>ut cela se réunie dans l'Accord de 1*
Note sensible qui doit être suivi de l'Ac
cord parfait de la Note tonique ; mais il
ne saur pas s'étonner du grand nombre de
règles instituées jusqu'à présent sur la
succession des Accords 5 le Muíicien que
le sentiment seul a conduit pendant si long
tems , n?en a décidé que relativement à
l'impression que les différentes dispositions*-
d'un même Accord faifoient fut son oreil
le ; la réunion de toutes ces successions'
en une feule pasloit la portée de cet or
gane.
Au reste , il n'y a presque pas une de"
ces dernieres règles de détail qui ne soit
fausse en cettains cas , puisque si les intervales
de Triton, de fau/se 5e , de 6e ma*
je ure , de 3 e rnajf.ure & de 7 e superflue' t
se trouvent dans un autre Accord que
dans le sensible , comme il arrive trèssouvent
, tantôt ils font consonans , tan--
rôt de dissonances majeures ilv deviennentdissonances
mineures , & tantôt ils font
diflonans fans être foumiïà la succession;
déterminée en premier lieu. Que devien*
fient alors les susdites règles , &c dequoi
fers encore leur multiplicité ? Tel qui
entreprendra de contester ces vérités ne
scra pas Musicien , ou se perdra dans des
distinctions frivoles & dans des éxeep"
tions- fans fin»
.. Gvj; om
ZSi MERCURE DE FRANCE."
On pourroit rapporter plusieurs autreí
exemples des difsererís cas où ces régies
échouent; mais pour achever de prouver
combien elles font vagues , & même pré
judiciables , il suffira de Pexception qu'il
faut faire à l'égard du Triton , qui selon sa
regle,doit être sauvé de la 6e en montant,
&qui selon d'autres règles que l'experience
oblige de suivre à préfent.rcste furie mêmedegré
pour former la 8e , la }e , la 6e ou.
la 5e ; ne voilà Vil pas un conflit de rè
gles opposées ? & ne font- elles pas réci
proquement sujettes à de "fausses applir
cations, vâ que l'une peut se présenter às
Tesprit ^lorsqu'il est question de l'autre?
Cette Méthode , si l'on peut qualifiée
ainsi un amas confus de règles , ne sembleroit
pas un labirinte , & ne rebuteroit
pas tant de personnes de l'Accompagnement
, si elle, étoit plus instructive du.
fond ; cependant on ne doit pas nier qu'il
ne foie possible de posséder entièrement
toutes les regles-du détail & toutes leurs
exceptions , d'en faite la juste applica
tion , & de les mettre en pratique fur les
I58 4. Accords , dont elle exige la conaoissànce.
Mais quel tems &c quels tra
vaux ne faut-il pas pour cela ? D'ailleurs
quelle confusion pour l'esprit ! quelle
charge à la mémoire , & même quel
•bstacle à la précision de l'exeCution ì
FEVRIER; t7yoï *<f?
On donnera dans le Mercure prochai*
le Plan d'une nouvelle Méthode fur le
même sujet.
thode d' Accompagnement four le Cla~,
vecin qui est en usage , & qu'on ap
pelle Echelle ou Règle de l'Ottave.
LEs premiers Siemens de la règle de
i' Octave consistent à donner aux
doigts des habitudes conformes aux ac
cords qu'elle prescrit Xur jes degrés xonscíutifs
d'un Mode.
Cette règle renferme quelque chose
de bon ; mais elle est tellement bornée,
qu'il faut dans Ja fuite y faire un nom
bre infini d'exceptions , que les Maîtres
se réservent d'enseigner, à mesure que
les cas s'en présentent.
Le détail de ces exceptions est prodi
gieux i la.connoiflance & la pratique en
font- remplies de difficultés presque in
surmontables , par la multiplicité des ac
cords , par la variation infinie de leurs
Accorhpagnemens , par la surprise où
jettent sans cesse les différentes formes
de succession dont chaque accord en
particulier est susceptible , & qui sont sou
vent contraires aux habitudes déja for
mées , par la confusion des règles fondaoiçntíks
syeç ççUes de gout , par le
154 MERCURE DE FRANCE,
vuide que l'harmonie y souffre le plus
íbuvent , par le peu de ressource que I'ot
reille y trouve pour se former aux. véri
tables progrès des sons , par l'assujetifsement
trop servile aux chifres souvent
fautifs , enfin par les fausses applications
auxquelles des règles de détail éc des ex
ceptions innombrables ne peuvent man
quer d'être sujettes.
La Règle de l'Octave, avec ses excep»
tions , contient 12. Accords dans cha
que Mode , dont yoici l'énumération ca
abrégé. • -
U Accord parfait , la 6e , la 6* ÔC 4 e,
la 7e , la petite 7e , la fausse 5e , la petite
6e , le Triton , la 7e superflue' , la $e su
perflue , la 2e , la 6e'& 5e, la $e com-
{úette , la 9e simple , la 4e , la 9e & 4e,
5ejía 2e superflue , la 7 e dimi
nuée , la 6e majeure avec la fausse j* , le
Triton avec la 5 e mineure, & la 7e super
flue avec la 6e mineure , fans parler de la
<?e doublée, ôc encore moins de la 6e
mineure avec la je majeure , que quelques-
iins ont introduit assez mal à pro
pos , de lâ 6* superflue , que le gont au.
torife depuis quelque tems , ni de la j«
supe-fliië avec la 4 e -, qui pourroit plu
tôt avoir lieu que les deux derniirs.
Chacun de ces accords a ses Accompagnemens
difterens , qui consistent en
FEVRÏEft. 1730. 35s
«leux ou trois intcrvalcs de plus que ceux
dont ces Accords portent le nom ; dtì
forte qu'à la vûë du chiffre , ou par le
moyen de quelques autres notions , il
faut fe représenter tous les intervales qui
composent l'Accord , & y porter incon^
tinent les doigts.
Chaque Accord a d'ailleurs trois faces'
ou permutations fur le Clavier ; & tel
qui connoît la première n'en est pas beau
coup plus avancé pour la seconde , nì
après celle-ci pour la troisième , quanc
à la pratique ; chacun des 2 2 . Accords
exprimés en produit donc trois differens
dans l'execution , ce qui fait k nombre
de 66*
Outre cela , il f a Ì4. Modes i & ft
l'on veut être en état d'accompagner
toute forte de Musique , ou de transpo
ser-,, il faut absolument fe procurer un©
connoiffance locale des 6 6. Accords précedens
dans chacun de ces Modes , car
tel «qui fçait toucher les Accords d'u»
Mode a encore bien à faire pour trouveç
ceux d'un autre j il faut donc multiplier
les tftf». Accords ci- dessus par 24. ce qui
fait le nombre de i584.fi ce n'est pour
ì'esprit , du moins pour' les doigts.
Chacun des- 2 2. Accords primitifs a f*
tegle patticulicfc -, tant pour ce qui doic
ïe préceder, que pour ce qui doit le
C ù\ suivre
9 jtf MERCURE DE FRANCB;
suivre ; par exemple , il faut faire la pe*
tite 6 e pour descendre sur V Accord par
fait , sur 1* 7e ou sur la 4e , il ne faut
{dus faire que la 6e , sil?on descend sûr
a petite 6e , Si si l'on passe en montant
par les mêmes accords, tout change;
ce détail ne finit point. Comment la
mémoire , le jugement &c les doigts peuvent-
ils fur le champ , & tout à la_fois ,
suffire à tant de règles ?
On dira peut-être que la connoiíTance
-du Mode soulage l'Accompagnateur en
pareil cas , puisque la règle spécifie que
tel Accord se fait sur une telle Note du
Mode , en montant ou en 'descendant ;
mais si tant est quron eonnoisse le Modey
ne faut il pas découvrir aussi-tôt quel rang
y tient la Note présente , puis son Accord,
puis les DUz.es ou les- Bémols affectés à ce
Moie , 8c si eníìn on parvient à se rendre
tout cela présent dans la promtitude de
l'execlition , qu'a t'on gagné , si la Note
en question ne porte point l'Accord atta
ché au rang qu'elle tient dans le Mode ?
car , par exemple , au lieu de Y Accord
f>arfait au premier degré, aurrement dit
a Note tonitfnt-, il peut y avoir la 64&
5e , la 5e Sc 4*, la 4e & 3* , la :e Ott
la ?' superflu* , même avec la 6e mineure,
pareillement au lieu de la petite 6e au
deuxième degré , il peut se trouver la 7'
ou
F E V R î É R. ttltì. ìff
étì la 9e tk 4e , ainsi de tous les autre»
degrés , excepté le septième , appelle Nu*
te sensible. 11 faut donc ki bien des ex*
ceptions aux règles que l'on s'est efíbrc«
d'apprendre , & présumer encore que les
doigts accoutumés à n'enchaîner que dans
le mérae ordre leí Accords qu'elles ten*
ferment , prendront facilement la route
contraire que demandent toutes les suc
cessions différentes , dont chaque Accord
est susceptible.
Les chiffres , ajoutera- t'on j doivent
suppléer ici au deffaut de la règle ; mais*
peut-on s'assurer que le Compositeur les?
aura mis régulièrement par tout s & que
íe Copiste ou l'Imprimeur n'J' aura rietï
oublié. Oh a fait voir dans \t nouveau
sistême de Musique que le plus habile
Compositeur de notre siécle n'avoit pas
été exemt de méprise à cet égard ; & c'en,
est assez pour bannir la trop grande con
fiance dans les chiffres ; au reste , qu'estte
qu'une Méthode qui nous rend escla
ves des erreurs d'autrui , ne devroit-elltf
pas plutôt nous enseigner à les rectifier ;
niais bien loin de cela , dans quel em
barras ne met- elle pas l'AccompagnateUir
lorsqu'il n'y a point de chiffres ? le chant"
du Dessus lui indiquera-t'il les Accords?
fi ce chant , par exemple , fait la j* de
la Baffe , cette 3e pourra être accompa-
C iiij, gnéof
iÇS MERCURE 0E FRANCE;
gnéede la 4e , de la 5e , de la 6e , de I»
7e ou de la 9e ; or quelle raison de pré
férence pourra-t'il tirer d'une multiplicité
de règles !
D'ailleurs , on surcharge les comment
çans par le mélange de certaines règles
de gout avec celles de fond , fans penser
que celles -ci font la baze Ôc le modelé
de celles-là ,,& qu'elles seules peuvent
* former essentiellement l'oreille , procurée
aux doigts des habitudes générales ôc ré
gulières , & mettre dans l'esprit la cer
titude avec laquelle Poreille peut secon
der l'exeeution. Ces> règles de gout ne
font pas simplement les harpegemens-,
les fredons 5c te choix des faces , dont
quelque échantillon fait pour certaine*
personnes tout le mérite ôc rout le char
me de P Accompagnement. C'est fur-tout
la règle qui deffend deux Oílaves de fuite,,
desquelles on fait un monstre , Sc dònt la
prohibition , pour éviter une faute ima
ginaire , en fait commettre de véritables.
Pour ne pas blesser ce prejugédes deux
Octaves de fuite , on fait retrancher celle
de la Basse dans presque tous les Accords
dissonans , d'où il arrive que si la Basse
parcourt successivement toutes les Notes
d'un même Accord , il faut à chacune de
ces Notes deux opérations , l'une de lé
ser lc doigt de l'Òctave , l'autre de remetus
FEVRIER. 1730. âyj
mettre celui qu'on a levé précédemment
si l'on ne veut en denuer Pharmonie ,
ce qui varie à tous momens les Accom
pagnement d'un même Accord , & le
présente sans cesse fous des dénominations
diffetentes; or quel retardement cela n'apporte-
t'il pas à la connoissance , 8c quel
préjudice n'est-ce pas pour Pexecution ?
car si les positions changent si fréquem
ment ,.& qu'en même-tems toutes les
faces du Clavier ne soient pas également
familières , il arrive souvent que les
doigts.fe refusent à l'accord qui doit suc
céder à un autre dans une certaine face ;
d'où l'on est obligé de faire aller la main
par sauts , & de la porter précipitamment
à l'endroic où la face est plus familière &
plus commode , ce qui ne se fait point
encore sans le désagrément de partager
continuellement sa- vue" entre le Pupitre
& le Clavier.
Le retranchement de l'Octave multiplie
un même accord jusqu'à cinq ou six , tant
pour l'esptit que pour les doigts , & la
forme de succession naturelle à cet Ac
cord est multipliée à proportion ; si cet
Accord en admet cinq ou six autres diffe- *
rens dans fa succession , ce sonr pour cha
cun autant de successions différentes fut
le Clavier , & autant de nouvelles règlesà-
observer ,.ce qui accable les doigts de
C y tan?
4<îo MERCURE DE FRANCE.' v
tant de positions , & de marches diffé
rentes , qu'il est impossible de ne s'y pas
tromper le plus souvent ; c'est une vérité
dont presque tous les amateurs , & mê
me plusieurs Maîtres peuvent rendre té»
moignage , pour peu qu'ils soient sincè
res. Combien de fois ont-ils senti en ac
compagnant certaines Musiques que leur»
règles , leurs connoiflances , leur oreille
même , Ôc leurs doigts se trouvoient ert
desfaut ?
On peut juger aisément de là que l'o*
reille , de concert avec Les doigts , fè
formeroit bfcn plus sûrement, Ôc s'accoutumeroit
bien plutôt à une successions
Uniforme d'accords qu'elle ne le peut fair$
à plusieurs successions , qui lui paroiflene:
différentes les unes des autres , Ôc qu'elfeprésente
même comme telles- à Pesprit ;
car suivant toutes les Méthodes d'Ac
compagnement qui ont paru jufqu'icr,:
nos Musiciens pratiquent comme diffé
rentes , plusieurs successions d'Accords*
qui dans le fond ne font qu'une , & ils
ont établi en conséquence plusieurs règles;
qui se réduisent toutes à une feule*, par
exemple, quand on dit que leTritan doit
être fauve de la 6e, la fausse 5e de 1a je
la 6e majeure- de la 8e ou de la 6e , lá 7e
/Stperfi 'f de la 8e , la ^'superflue de la-
4e,. & la z* superflue de la ^ consonantey
'*. -, tout
FEVRIER. 1730. 2Í-1
*>ut cela se réunie dans l'Accord de 1*
Note sensible qui doit être suivi de l'Ac
cord parfait de la Note tonique ; mais il
ne saur pas s'étonner du grand nombre de
règles instituées jusqu'à présent sur la
succession des Accords 5 le Muíicien que
le sentiment seul a conduit pendant si long
tems , n?en a décidé que relativement à
l'impression que les différentes dispositions*-
d'un même Accord faifoient fut son oreil
le ; la réunion de toutes ces successions'
en une feule pasloit la portée de cet or
gane.
Au reste , il n'y a presque pas une de"
ces dernieres règles de détail qui ne soit
fausse en cettains cas , puisque si les intervales
de Triton, de fau/se 5e , de 6e ma*
je ure , de 3 e rnajf.ure & de 7 e superflue' t
se trouvent dans un autre Accord que
dans le sensible , comme il arrive trèssouvent
, tantôt ils font consonans , tan--
rôt de dissonances majeures ilv deviennentdissonances
mineures , & tantôt ils font
diflonans fans être foumiïà la succession;
déterminée en premier lieu. Que devien*
fient alors les susdites règles , &c dequoi
fers encore leur multiplicité ? Tel qui
entreprendra de contester ces vérités ne
scra pas Musicien , ou se perdra dans des
distinctions frivoles & dans des éxeep"
tions- fans fin»
.. Gvj; om
ZSi MERCURE DE FRANCE."
On pourroit rapporter plusieurs autreí
exemples des difsererís cas où ces régies
échouent; mais pour achever de prouver
combien elles font vagues , & même pré
judiciables , il suffira de Pexception qu'il
faut faire à l'égard du Triton , qui selon sa
regle,doit être sauvé de la 6e en montant,
&qui selon d'autres règles que l'experience
oblige de suivre à préfent.rcste furie mêmedegré
pour former la 8e , la }e , la 6e ou.
la 5e ; ne voilà Vil pas un conflit de rè
gles opposées ? & ne font- elles pas réci
proquement sujettes à de "fausses applir
cations, vâ que l'une peut se présenter às
Tesprit ^lorsqu'il est question de l'autre?
Cette Méthode , si l'on peut qualifiée
ainsi un amas confus de règles , ne sembleroit
pas un labirinte , & ne rebuteroit
pas tant de personnes de l'Accompagnement
, si elle, étoit plus instructive du.
fond ; cependant on ne doit pas nier qu'il
ne foie possible de posséder entièrement
toutes les regles-du détail & toutes leurs
exceptions , d'en faite la juste applica
tion , & de les mettre en pratique fur les
I58 4. Accords , dont elle exige la conaoissànce.
Mais quel tems &c quels tra
vaux ne faut-il pas pour cela ? D'ailleurs
quelle confusion pour l'esprit ! quelle
charge à la mémoire , & même quel
•bstacle à la précision de l'exeCution ì
FEVRIER; t7yoï *<f?
On donnera dans le Mercure prochai*
le Plan d'une nouvelle Méthode fur le
même sujet.
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Résumé : OBSERVATIONS sur la Méthode d'Accompagnement pour le Clavecin qui est en usage, & qu'on appelle Echelle ou Regle de l'Octave.
Le texte aborde la méthode d'accompagnement au clavecin appelée 'Règle de l'Octave'. Cette méthode vise à familiariser les doigts avec les accords spécifiques de chaque degré d'un mode. Cependant, elle présente de nombreuses limitations et exceptions, rendant son apprentissage complexe et propice aux erreurs. La Règle de l'Octave inclut 12 accords par mode, chacun ayant plusieurs accompagnements et permutations sur le clavier. Chaque accord doit être maîtrisé dans 24 modes différents, ce qui totalise 1584 accords à mémoriser. Les règles sont souvent contradictoires et dépendent des successions des accords, des indications du compositeur et des habitudes déjà acquises. Les exceptions et les règles de goût ajoutent encore à la complexité, posant des défis pour la mémoire, le jugement et la dextérité des doigts. Le texte critique également l'interdiction des deux octaves de fuite, qui engendre des complications inutiles et des erreurs dans l'exécution. Enfin, il annonce la présentation d'une nouvelle méthode plus instructive et moins confuse dans un prochain numéro du Mercure de France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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96
p. 318-320
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
Début :
Les Jesuites de la Ville de Rennes furent assez heureux pour annoncer les premiers [...]
Mots clefs :
Église, Réjouissances, Naissance du Dauphin, Jésuites
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes*
LEs Jésuites de la Ville de Rennes furent
assez heureux pour annoncer les premiers?
au Public la grande nouvelle de la Naissance
«lu. Dauphin- , plusieurs Lettres en avoient dé/ainstruit
les personnes les plus qualifiées , mais'
íé Peuple l'apprit par une décharg-e generale'
& réitérée des Canons conduits fur les bords*
dé la Villaine , qui arrose les: dehors du Col
lège. Le lendemain 8. de Septembre , on y
continua c?s éclatantes démonstrations d'allé
gresse , & le Pere Eo-n , ancien Prédicateur du1
Roi , parla éloquemment dans le Sermon de la
Fête au' noìn de la Compagnie, fur l'heureu*
présent que le Cîel venoit de faire à la France,-
& y joignit les voeux les plus tendres auprès*
du Seigneur pòur la conservation d'un si pré
cieux dépôt- ( ( .
Ces premiers témoignages furent simples.'
le peu de temps qu'on avoit ne permettoit pas
d'en faire davantage; mais ils ne surent que"
fes préludes de la Fête qui fe prépara pour Je
rhardy io. du même mois.- Elle commença fur
fes quatre heures du soir par une salve generafe
d'Artillerie , suivie des Fanfares, des Trom^
jettes 8e' du bruit des Tambours. Ùne multi
tude-
\
FEVRIER. Ï730. ^
I tàde incroyable de Peuple se rendit à l'Eglise
" des Jésuites , en assiégea les avenues , ne
Eouvant y entrer. Cette Eglise est un des plus
eaux morceaux d'Architecture qui soit dan?
le Royaume ; on en doit le dessein au famé u*
F. Martelange, cjui traça celui de l'Eglise du
ï^oviciat desjesuites deParis,& l'execution à la
liberalitédesNobles JSourgeois deRennes.Deux
Tours octogones accompagnent le Frontispice,
& le milieu de ce.superbeYaisseau est couronné
d'une Tourelle en forme de Lanterne, d'un)
travail exquis 5 ce fut là que fe dressa tout
ì'appareil d'une magnifique illumination.
Après que le Te Deummz été chanté avec
l'accompagnement des Flûtes , Hautbois Sc
Tambours , on fit une décharge generale da
Boëtes , on cria plusieus fois , Vive ie Ror ,
Vive ia Reine, Vi.ve Monseigneur is
Dauphin. La nuit cornmençoit lorsqu'on sortk
de l'Eglise; toute sa large façade parut char?
gée des plus brillantes lumières, aussi bien que
son Frontispice. Les Ceintres,le$ Entabletriens
les ouvertures étoient couvertes d'une infinité
de Lampions , difpoíez avec art &: assez mé
nagez pour y 1; ílìer appercevoir des caractè
res hyorogiyphiques à l'fconneur du Roi, de la
Reine & du Dauphin. Le sommet des Tours,
les Balustrades qui y règnent & la Lanterne
étoient chargez de Pots à feu, de Globes lu
mineux & entrelassez d'Ecufíons aux Armes
du Dauphin, qui étoient éclairez par des lu
mières postiches 5 les Trompettes, les Haujbois
& les Tambours fe faifoient entendre du
haut de ces Tours, & répandoient de toutes
parts leurs sons d'allégresses. Les Fusées par
tirent eh abondance , & se mêlant dans les
airs y dissipèrent de temps-en- temps les té
nèbres.
: •
3ìo MERCURE DE FRANCE,
«ebres de la mut. L'oeil n'e'toit pas seulement
frappé du spectacle , l'oreille étoit agréable
ment .flattée par les voix mélodieuses d'une
.troupe chokîé, qui repetoit à differens Choeurs
Aine Chanson fâite à l'occasion de l'heureux
jour.L'Illumination dura quatre jours; la Ville
ue fut pas la feule à en avoir I'agrement , les
lieux circonvoifins placez par la Nature en
differens Amphithéâtres , eurent l'avantage
d'avoir pendant plusieurs nuits ce charmant
point de vûë.
LEs Jésuites de la Ville de Rennes furent
assez heureux pour annoncer les premiers?
au Public la grande nouvelle de la Naissance
«lu. Dauphin- , plusieurs Lettres en avoient dé/ainstruit
les personnes les plus qualifiées , mais'
íé Peuple l'apprit par une décharg-e generale'
& réitérée des Canons conduits fur les bords*
dé la Villaine , qui arrose les: dehors du Col
lège. Le lendemain 8. de Septembre , on y
continua c?s éclatantes démonstrations d'allé
gresse , & le Pere Eo-n , ancien Prédicateur du1
Roi , parla éloquemment dans le Sermon de la
Fête au' noìn de la Compagnie, fur l'heureu*
présent que le Cîel venoit de faire à la France,-
& y joignit les voeux les plus tendres auprès*
du Seigneur pòur la conservation d'un si pré
cieux dépôt- ( ( .
Ces premiers témoignages furent simples.'
le peu de temps qu'on avoit ne permettoit pas
d'en faire davantage; mais ils ne surent que"
fes préludes de la Fête qui fe prépara pour Je
rhardy io. du même mois.- Elle commença fur
fes quatre heures du soir par une salve generafe
d'Artillerie , suivie des Fanfares, des Trom^
jettes 8e' du bruit des Tambours. Ùne multi
tude-
\
FEVRIER. Ï730. ^
I tàde incroyable de Peuple se rendit à l'Eglise
" des Jésuites , en assiégea les avenues , ne
Eouvant y entrer. Cette Eglise est un des plus
eaux morceaux d'Architecture qui soit dan?
le Royaume ; on en doit le dessein au famé u*
F. Martelange, cjui traça celui de l'Eglise du
ï^oviciat desjesuites deParis,& l'execution à la
liberalitédesNobles JSourgeois deRennes.Deux
Tours octogones accompagnent le Frontispice,
& le milieu de ce.superbeYaisseau est couronné
d'une Tourelle en forme de Lanterne, d'un)
travail exquis 5 ce fut là que fe dressa tout
ì'appareil d'une magnifique illumination.
Après que le Te Deummz été chanté avec
l'accompagnement des Flûtes , Hautbois Sc
Tambours , on fit une décharge generale da
Boëtes , on cria plusieus fois , Vive ie Ror ,
Vive ia Reine, Vi.ve Monseigneur is
Dauphin. La nuit cornmençoit lorsqu'on sortk
de l'Eglise; toute sa large façade parut char?
gée des plus brillantes lumières, aussi bien que
son Frontispice. Les Ceintres,le$ Entabletriens
les ouvertures étoient couvertes d'une infinité
de Lampions , difpoíez avec art &: assez mé
nagez pour y 1; ílìer appercevoir des caractè
res hyorogiyphiques à l'fconneur du Roi, de la
Reine & du Dauphin. Le sommet des Tours,
les Balustrades qui y règnent & la Lanterne
étoient chargez de Pots à feu, de Globes lu
mineux & entrelassez d'Ecufíons aux Armes
du Dauphin, qui étoient éclairez par des lu
mières postiches 5 les Trompettes, les Haujbois
& les Tambours fe faifoient entendre du
haut de ces Tours, & répandoient de toutes
parts leurs sons d'allégresses. Les Fusées par
tirent eh abondance , & se mêlant dans les
airs y dissipèrent de temps-en- temps les té
nèbres.
: •
3ìo MERCURE DE FRANCE,
«ebres de la mut. L'oeil n'e'toit pas seulement
frappé du spectacle , l'oreille étoit agréable
ment .flattée par les voix mélodieuses d'une
.troupe chokîé, qui repetoit à differens Choeurs
Aine Chanson fâite à l'occasion de l'heureux
jour.L'Illumination dura quatre jours; la Ville
ue fut pas la feule à en avoir I'agrement , les
lieux circonvoifins placez par la Nature en
differens Amphithéâtres , eurent l'avantage
d'avoir pendant plusieurs nuits ce charmant
point de vûë.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
À Rennes, les Jésuites ont annoncé la naissance du Dauphin par des salves de canons sur les bords de la Vilaine. Le 8 septembre, des démonstrations de joie ont continué, avec un sermon élogieux du Père Eon. Une fête plus grandiose a été organisée le 10 septembre. Elle a débuté à 16 heures par une salve d'artillerie et des fanfares. Une grande foule s'est rassemblée à l'église des Jésuites, un chef-d'œuvre architectural financé par les nobles et bourgeois de Rennes. L'église était magnifiquement illuminée avec des lampions et des hiéroglyphes en l'honneur du Roi, de la Reine et du Dauphin. Les tours et la lanterne étaient ornées de pots à feu et de globes lumineux, accompagnés de musique. Des fusées ont été lancées pour disperser les ténèbres. L'illumination a duré quatre jours, offrant un spectacle magnifique à la ville et aux environs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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97
p. 334-336
« On nous écrit de Londres que les Libraires Innys, Prevôt, du Noyer & [...] »
Début :
On nous écrit de Londres que les Libraires Innys, Prevôt, du Noyer & [...]
Mots clefs :
Mahomet, Cantates
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On nous écrit de Londres que les Libraires Innys, Prevôt, du Noyer & [...] »
On nous écrit de Londres que les
Libraires Innys , Prevòt , du Noyer &
JBriiadlci acheyent d'imprimer l'Histoin
j.
FEVRIER. 173 a. 3jf
de Mahomet , composée par le. Comte
de Boulainvilliers , du moins pour lesdeux
premiers Livres , car le troifie'me
& dernier Livre est d'une autre main , la
mort ayant surpris l' Auteur fur la fin de
son travail. On ttouvera dans le premier
Livre , outre une Description de toute
PArabie , une Relation des moeurs dés
Arabes , & des Reflexions fur la Reli
gion & les Coutumes des Mahométans,,
une Description particulière des Villes
de la Mecque & Medine. On verra dans
le second la Généalogie & la Vie du pré
tendu Prophète jusqu'au tems de YHegire.
Le dernier Livre expose ce qui s'est passé
par rapport à Mahomet , depuis cette*
Epoque jusqu'à l'année de sa mort. Oa
imprime cet Ouvrage sur du grand í£
du petit papier ; on le vendra une Gui*
nçe le grand papier , & une demie Gui*;
née le petit»
M. Bergiron de Briou, l'un de ceu*
qrfi a le plus contribué à l 'établissement
de l' Académie des Beaux- Arts de Lyon ,
& qui a conduit les Concerts pendant six
années entières , avec autant de succès
que s'il éroit Musicien de profession ,
•vient de donner au Public un Recueil dè
Cantates Françoifes de. fa composition qu'il
» fait graver. Cet Ouvrage se vend eti
5^ MERCURE DE FRANCE
Blanc sept livres dix sols. A Lyon , chez?
Thomas y i Marchand Parfumeur , Rué
Mercière , vis -à'- vis S. Antoine , &
a Paris', chez. Beivin , Rue saint Ho
nore , k la Règle d'or. Les paroles de
cet Ouvrage (ont de differens Auteurs^
Il y a plusieurs sujets qui n'ont jamais été'
traités en Poésie de ce genre là.
Libraires Innys , Prevòt , du Noyer &
JBriiadlci acheyent d'imprimer l'Histoin
j.
FEVRIER. 173 a. 3jf
de Mahomet , composée par le. Comte
de Boulainvilliers , du moins pour lesdeux
premiers Livres , car le troifie'me
& dernier Livre est d'une autre main , la
mort ayant surpris l' Auteur fur la fin de
son travail. On ttouvera dans le premier
Livre , outre une Description de toute
PArabie , une Relation des moeurs dés
Arabes , & des Reflexions fur la Reli
gion & les Coutumes des Mahométans,,
une Description particulière des Villes
de la Mecque & Medine. On verra dans
le second la Généalogie & la Vie du pré
tendu Prophète jusqu'au tems de YHegire.
Le dernier Livre expose ce qui s'est passé
par rapport à Mahomet , depuis cette*
Epoque jusqu'à l'année de sa mort. Oa
imprime cet Ouvrage sur du grand í£
du petit papier ; on le vendra une Gui*
nçe le grand papier , & une demie Gui*;
née le petit»
M. Bergiron de Briou, l'un de ceu*
qrfi a le plus contribué à l 'établissement
de l' Académie des Beaux- Arts de Lyon ,
& qui a conduit les Concerts pendant six
années entières , avec autant de succès
que s'il éroit Musicien de profession ,
•vient de donner au Public un Recueil dè
Cantates Françoifes de. fa composition qu'il
» fait graver. Cet Ouvrage se vend eti
5^ MERCURE DE FRANCE
Blanc sept livres dix sols. A Lyon , chez?
Thomas y i Marchand Parfumeur , Rué
Mercière , vis -à'- vis S. Antoine , &
a Paris', chez. Beivin , Rue saint Ho
nore , k la Règle d'or. Les paroles de
cet Ouvrage (ont de differens Auteurs^
Il y a plusieurs sujets qui n'ont jamais été'
traités en Poésie de ce genre là.
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Résumé : « On nous écrit de Londres que les Libraires Innys, Prevôt, du Noyer & [...] »
Le texte décrit l'achèvement de l'impression de l'Histoire de Mahomet par les libraires londoniens Innys, Prévôt, du Noyer et J. Briadlci. L'ouvrage, composé par le Comte de Boulainvilliers, comprend les deux premiers livres, tandis que le troisième et dernier livre est rédigé par un autre auteur en raison du décès de Boulainvilliers. Le premier livre présente une description de l'Arabie, des mœurs arabes, et des réflexions sur la religion et les coutumes mahométanes, ainsi que des descriptions des villes de La Mecque et Médine. Le second livre traite de la généalogie et de la vie de Mahomet jusqu'à l'Hégire. Le dernier livre couvre la période de l'Hégire jusqu'à la mort de Mahomet. L'ouvrage est imprimé sur grand et petit papier, vendu respectivement une guinée et une demi-guinée. Par ailleurs, M. Bergiron de Briou, contributeur majeur à l'Académie des Beaux-Arts de Lyon et directeur des Concerts pendant six ans, a publié un recueil de cantates françaises. Cet ouvrage, vendu cinq livres dix sols à Lyon et à Paris, contient des paroles de différents auteurs et traite de sujets inédits en poésie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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98
p. 374-376
« Le 18. l'Opera Comique donna la premiere Représentation de la Reine de Barostan [...] »
Début :
Le 18. l'Opera Comique donna la premiere Représentation de la Reine de Barostan [...]
Mots clefs :
Théâtre, Opéra, Musique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 18. l'Opera Comique donna la premiere Représentation de la Reine de Barostan [...] »
Le i 8. l'Opera Comique donna la pre
mière Représentation de la Reine de Barostan
, Pie'ce nouvelle Héroïque , en un
FEVRIER; ï7?o: 37*
Acte, suivie d'une autre petite Píéce dl'un
Acte , qui a pour titre les Couplets dei
Vaudevilles en procès , avec un Prologue
qui précède ces deux Pieces , lesquelleá
Ont été reçues très-favofablement du Pu
blic. On en parlera plus au long.
Le 19. l'Acadéniíe Royale de Musiqué
donna la derniere Représentation de Thefée
, 8c le zj. on remit au Théâtre l'Qpera
de Telemaque ou Calypso , donne
dans sa nouveauté en ftovembré 17 14.
qui n'avoic point été repris depuis fi
nouveauté , & que le Public sòuhaitoic
revoir. Il a marqué sa satisfaction par
beaucoup d'applaudissèmens. On en par-*
lera plus au long le mois prochain.
Le Lundi 8c le Mardi gras , on donna
fur le même Théâtre un Divertissement
très-convenable pour finir le Carnaval,
composé du Prologue du Ballet des
Amours de Mars & de Ftrins , mis en
Musique par M. Campra , de la Paftofale
Héroïque 3 chantée à la Fête des
Ambassadeurs d'Espagne , & des deux
Divertiffemens de Pourceaugnac & de
Carifelly , mis en Musique par M. de
Lully. Le Sr Tribou joua dans ces deux
dernieres Piéces le principal Rôle d'une
manière tout à fait comique , & rrès-eonvenable
au íujet ; il fut généralement
H iij ap-.
jfi MÊfcOtfRE DÉ FRANCÉ.
applaudi. Les Dlles Camargo , Sali» Sc
W ariette se sont aussi signale'es par les
différentes Entrées qu'elles ont dansé.
On apprend de Bruxelles que l'Opera
Italien à? A uale qu'on y représenta le ç.
de ce mois pour la première fois , eut
beaucoup de succès, ainsi que celui de
Jules Ccfas, qu'on représenta à Londres à'
peu près dans le meme-tems.
Le 30. Janvier au soir , le Cardinal
Ottoboni fit faire sur le Théâtre de la
Chancellerie à Rome , une Répétition
generale du nouvel Opsra de Constantin
le Grand , qui fut généralement applaudi»
Deux Opéra nouveaux ont été donnex
depuis peu à Venise , sur les Théâtres de
S. Ange & de S. Moyse ; ils font intitul
iez Hélène & les Stratagèmes amoureux.
mière Représentation de la Reine de Barostan
, Pie'ce nouvelle Héroïque , en un
FEVRIER; ï7?o: 37*
Acte, suivie d'une autre petite Píéce dl'un
Acte , qui a pour titre les Couplets dei
Vaudevilles en procès , avec un Prologue
qui précède ces deux Pieces , lesquelleá
Ont été reçues très-favofablement du Pu
blic. On en parlera plus au long.
Le 19. l'Acadéniíe Royale de Musiqué
donna la derniere Représentation de Thefée
, 8c le zj. on remit au Théâtre l'Qpera
de Telemaque ou Calypso , donne
dans sa nouveauté en ftovembré 17 14.
qui n'avoic point été repris depuis fi
nouveauté , & que le Public sòuhaitoic
revoir. Il a marqué sa satisfaction par
beaucoup d'applaudissèmens. On en par-*
lera plus au long le mois prochain.
Le Lundi 8c le Mardi gras , on donna
fur le même Théâtre un Divertissement
très-convenable pour finir le Carnaval,
composé du Prologue du Ballet des
Amours de Mars & de Ftrins , mis en
Musique par M. Campra , de la Paftofale
Héroïque 3 chantée à la Fête des
Ambassadeurs d'Espagne , & des deux
Divertiffemens de Pourceaugnac & de
Carifelly , mis en Musique par M. de
Lully. Le Sr Tribou joua dans ces deux
dernieres Piéces le principal Rôle d'une
manière tout à fait comique , & rrès-eonvenable
au íujet ; il fut généralement
H iij ap-.
jfi MÊfcOtfRE DÉ FRANCÉ.
applaudi. Les Dlles Camargo , Sali» Sc
W ariette se sont aussi signale'es par les
différentes Entrées qu'elles ont dansé.
On apprend de Bruxelles que l'Opera
Italien à? A uale qu'on y représenta le ç.
de ce mois pour la première fois , eut
beaucoup de succès, ainsi que celui de
Jules Ccfas, qu'on représenta à Londres à'
peu près dans le meme-tems.
Le 30. Janvier au soir , le Cardinal
Ottoboni fit faire sur le Théâtre de la
Chancellerie à Rome , une Répétition
generale du nouvel Opsra de Constantin
le Grand , qui fut généralement applaudi»
Deux Opéra nouveaux ont été donnex
depuis peu à Venise , sur les Théâtres de
S. Ange & de S. Moyse ; ils font intitul
iez Hélène & les Stratagèmes amoureux.
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Résumé : « Le 18. l'Opera Comique donna la premiere Représentation de la Reine de Barostan [...] »
En février 1770, plusieurs événements marquants ont eu lieu dans le monde de l'opéra. Le 8 février, l'Opéra Comique a présenté 'La Reine de Barostan' et 'Les Couplets des Vaudevilles en procès', tous deux bien accueillis par le public. Le 19 février, l'Académie Royale de Musique a donné la dernière représentation de 'Thésée'. Le 21 février, 'Télémaque ou Calypso' a été repris avec succès. Lors du lundi et mardi gras, un divertissement a inclus des extraits de 'Ballet des Amours de Mars et de Vénus', de la 'Pastorale héroïque' et des divertissements de 'Pourceaugnac' et 'Carifelly'. Le sieur Tribou, les demoiselles Camargo, Sallé et Wariette se sont distingués par leurs performances. À Bruxelles, 'Le Cid' a connu un succès notable. À Londres, 'Jules César' a également été acclamé. Le 30 janvier, le Cardinal Ottoboni a organisé une répétition générale de 'Constantin le Grand' à Rome. À Venise, deux nouveaux opéras, 'Hélène' et 'Les Stratagèmes amoureux', ont été présentés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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99
p. 406-407
« Le 7. de ce mois, M. Destouches, SurIntendant de la Musique du Roi, fit chanter [...] »
Début :
Le 7. de ce mois, M. Destouches, SurIntendant de la Musique du Roi, fit chanter [...]
Mots clefs :
Reine, Opéra, Duchesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 7. de ce mois, M. Destouches, SurIntendant de la Musique du Roi, fit chanter [...] »
7. de ce mois ,. M. Destouches , Sus»
Intendant de la Musique du Roi , fie chan
ter à Marly, devant la Reine, un Concert còm-
£osé du Prologue du Ballet des Elemens , de
1 Fête de Junon dans l' entrée de Vuiìr , 8c
de l'Acte entier de la Vestale. Le Sr Chaste
chanta le Rôle du Destin, Si laDllc Lenner
celui de Venus. Le Sr d'Angerville fit le Rô>e
de Valere , & la Dlle Antier s'attira bien des
applaudi flemens dans les Rôles de 'Junon 8c
à'.Emilie. Ce Concert eut un grand succès a
l*execiKÌon en ayant été parfaite.
Le 8. on chanta le Prologue & le premier
cte à'jimadis de Grèce , qui fut très-goûré.;
a été mis en Musique par M. Destouches-.
Le 13. on continua le même Opéra par le
second & le troisième Acte > & le if . on chanta
les deux derniers Actes. La D le Antier fit le
Rôle de Melijfe , & celui d' Amadis fut chanté
par le Sr Dangerville. La Reine parut trèkcontente
de cet. Opéra & de l*execution.
Le io. là Reine demanda les deux dernier*
Actes de l'Opera de Thésée , qui firent un
extrême plaisir- On l'avoit interrompu depuis
k départ de VerfaillèSi
Le 17. la Cour étant de retour à Versailles?,
la Reine ordonna pour les grands Appartemens
le Prologue & le premier Acte du Bal
let, des Elemens , que S. M. voulut entendre
«rie. seconde foi». Les Acteurs furent les mê
mes,
FEVRIER. 1730. 40s
mes qui avoienc dunté & Marly , à I'cxcepti'on
de la-D"6 Le Maure j qui chanta avec;
succès le Rôle de Venus dans le Prologue» ,
& celui de Junon au premier Acte.
te ï. Fête de la Purification , il y eut un
Concerc spirituel au Château des Thuille-
' ries, qui commença par le Motet Dominus
rtgnuvit. La D')e Petitpas & le S Bun en
chantèrent un autre en duo , de M. Du Bousset
, & la Díle Le Maure chanta seule un
autre Motet du même Auteur. On joua differens
Concerto íùr le Violon & la Plute qui
furent exécutés avec une grande précision.
On finit par le beau Te Deum de M. de h
lande , précédé d'une fimphonie de Violons,.
Hautboi$|, Trompettes- , & Timbales , de la
composition de M. Mouret , qu'on entend tóûjours
avec plaisir. Il y eut une très-nonvbreuse
assemblée , que le Duc de Lorraine
honora de fa présence .-
Le 8. il y eut Concert François qui' a1
continué tous les Mercredis du mois. Oh'
chanta le même jour une Cantatille nouv
velle qui a pour titre Le Rhume , &• la Can
tate de Psyché, chantée par la D"« Petitpas;
La D' Le Maure chanta le rf. une Can»,
tate nouvelle , intitulée VAbsence , qui St.
beaucoup' de plaisir.
Le 8. la Loterie pour le remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville ûit tirée en prés
sence du Prévôt des Marchands '& des Echavins,
en la. manière accoutumée. Lefonds du
second mois de. cette année s'est trouvé mon
ter à la somme de i3i?.?7r- liv- laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les Lots qui leur
font échus., conformément à. la. Liste gênée
rale qui a été renduë publique.
Le 1.. Fevrier, S A. R. Madame la Duchesse
d'Orléans
, donna
, avec l'agrément
du Roi, la place de sa Dame d'honneur, à
la Duchesse de Nevers; vacante par lamort
de la Duchesse de Sforze,
Intendant de la Musique du Roi , fie chan
ter à Marly, devant la Reine, un Concert còm-
£osé du Prologue du Ballet des Elemens , de
1 Fête de Junon dans l' entrée de Vuiìr , 8c
de l'Acte entier de la Vestale. Le Sr Chaste
chanta le Rôle du Destin, Si laDllc Lenner
celui de Venus. Le Sr d'Angerville fit le Rô>e
de Valere , & la Dlle Antier s'attira bien des
applaudi flemens dans les Rôles de 'Junon 8c
à'.Emilie. Ce Concert eut un grand succès a
l*execiKÌon en ayant été parfaite.
Le 8. on chanta le Prologue & le premier
cte à'jimadis de Grèce , qui fut très-goûré.;
a été mis en Musique par M. Destouches-.
Le 13. on continua le même Opéra par le
second & le troisième Acte > & le if . on chanta
les deux derniers Actes. La D le Antier fit le
Rôle de Melijfe , & celui d' Amadis fut chanté
par le Sr Dangerville. La Reine parut trèkcontente
de cet. Opéra & de l*execution.
Le io. là Reine demanda les deux dernier*
Actes de l'Opera de Thésée , qui firent un
extrême plaisir- On l'avoit interrompu depuis
k départ de VerfaillèSi
Le 17. la Cour étant de retour à Versailles?,
la Reine ordonna pour les grands Appartemens
le Prologue & le premier Acte du Bal
let, des Elemens , que S. M. voulut entendre
«rie. seconde foi». Les Acteurs furent les mê
mes,
FEVRIER. 1730. 40s
mes qui avoienc dunté & Marly , à I'cxcepti'on
de la-D"6 Le Maure j qui chanta avec;
succès le Rôle de Venus dans le Prologue» ,
& celui de Junon au premier Acte.
te ï. Fête de la Purification , il y eut un
Concerc spirituel au Château des Thuille-
' ries, qui commença par le Motet Dominus
rtgnuvit. La D')e Petitpas & le S Bun en
chantèrent un autre en duo , de M. Du Bousset
, & la Díle Le Maure chanta seule un
autre Motet du même Auteur. On joua differens
Concerto íùr le Violon & la Plute qui
furent exécutés avec une grande précision.
On finit par le beau Te Deum de M. de h
lande , précédé d'une fimphonie de Violons,.
Hautboi$|, Trompettes- , & Timbales , de la
composition de M. Mouret , qu'on entend tóûjours
avec plaisir. Il y eut une très-nonvbreuse
assemblée , que le Duc de Lorraine
honora de fa présence .-
Le 8. il y eut Concert François qui' a1
continué tous les Mercredis du mois. Oh'
chanta le même jour une Cantatille nouv
velle qui a pour titre Le Rhume , &• la Can
tate de Psyché, chantée par la D"« Petitpas;
La D' Le Maure chanta le rf. une Can»,
tate nouvelle , intitulée VAbsence , qui St.
beaucoup' de plaisir.
Le 8. la Loterie pour le remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville ûit tirée en prés
sence du Prévôt des Marchands '& des Echavins,
en la. manière accoutumée. Lefonds du
second mois de. cette année s'est trouvé mon
ter à la somme de i3i?.?7r- liv- laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les Lots qui leur
font échus., conformément à. la. Liste gênée
rale qui a été renduë publique.
Le 1.. Fevrier, S A. R. Madame la Duchesse
d'Orléans
, donna
, avec l'agrément
du Roi, la place de sa Dame d'honneur, à
la Duchesse de Nevers; vacante par lamort
de la Duchesse de Sforze,
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Résumé : « Le 7. de ce mois, M. Destouches, SurIntendant de la Musique du Roi, fit chanter [...] »
En janvier 1730, plusieurs événements musicaux notables ont eu lieu. Le 7 janvier, M. Destouches a dirigé un concert à Marly devant la Reine, incluant des extraits du Ballet des Éléments et de la Vestale, avec des interprètes tels que le Sr Chaste, la Dlle Lenner, le Sr d'Angerville et la Dlle Antier. Ce concert a été acclamé pour son exécution parfaite. Les 8, 13 et 14 janvier, des extraits de l'opéra *Jumadis de Grèce* de M. Destouches ont été interprétés, avec la Dlle Antier et le Sr d'Angerville dans les rôles principaux. La Reine a exprimé sa satisfaction. Le 10 janvier, la Reine a demandé les deux derniers actes de l'opéra *Thésée*. Le 17 janvier, à Versailles, le Prologue et le premier acte du Ballet des Éléments ont été représentés, avec la Dlle Le Maure remplaçant la Dlle Lenner. Le 2 février, un concert spirituel a eu lieu au Château des Tuileries, incluant des motets, des concertos et le Te Deum de M. de Lully. Le 8 février, un concert français a été donné, avec des interprétations de la Dlle Petitpas et de la Dlle Le Maure. Par ailleurs, le 1er février, la Duchesse d'Orléans a nommé la Duchesse de Nevers Dame d'honneur. Le 8 février, la loterie pour le remboursement des rentes de l'Hôtel de Ville a été tirée, distribuant 131 771 livres aux rentiers.
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100
p. 489-501
PLAN abregé d'une Méthode nouvelle d'accompagnement pour le Clavecin.
Début :
Une Méthode en musique est un morceau tout neuf. Celles qu'on a données [...]
Mots clefs :
Harmonie, Musique, Méthode, Accords, Notes, Succession des accords, Note tonique, Dissonance, Progrès, Oreille, Clavecin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PLAN abregé d'une Méthode nouvelle d'accompagnement pour le Clavecin.
PLAN abregé d'une Méthode nouvelle
d'accompagnement pour le Clavecin.
U
Ne Méthode en mufique eft un mor
ceau tout neuf. Celles qu'on a don
nées jufqu'à prefent n'en ont que le titres
on n'y voit qu'une pratique à demi détaillée
, des regles arbitraires , remplies
d'exceptions , & deftituées de tout fondement.
La Méthode nouvelle eft appuyée ſur
la Baffe fondamentale , feul & premier
principe , où tout fe rapporte en Muſique
, & d'où émanent des regles auffi
certaines que fimples.
C'eft par les définitions de l'Art & de
fes
490 MERCURE DE FRANCE .
fes parties qu'on commence à developer
cette Méthode.
L'accompagnement du Clavecin eſt
l'Art d'executer fucceffivement une harmonie
complete & parfaite fur un Chant
donné qu'on appelle Baffe continuë.
La connoiffance de l'harmonie eft le
premier mobile de cette execution ; l'habitude
des doigts & de l'oreille en fait la
promptitude .
Le premier objet de la Méthode eft
donc d'examiner en quoi confiftent l'harmonie
, fa plenitude , fa perfection , fa
fucceffion , & la marche de la Baffe.
Le deuxième objet eft de faciliter aux
doigts les habitudes neceffaires , & de rendre
l'oreille fenfible à l'harmonie & à fes
fucceffions les plus régulieres.
L'harmonie fe conçoit dans la pratique
fous le nom d'Accord ; elle est complete
& parfaite quand l'Accord eft tel .
Un Accord eft primitivement l'affemblage
de plufieurs fons difpofés par 3 .
Il n'y a que deux Accords ; le Conſonant
& le Diffonant.
Le Confonant eft compofé de trois Notes
, à la 3e l'une 3º de l'autre , & eft renfermé
dans l'intervale de 5º , comine par
exemple , fol , fi , re.
Le Diffonant eft de deux efpeces ; l'un
eft fondamental , l'autre eft de gout , &
par fuppofition. L'Accord
1
MARS. 1730. 491
L'Accord diffonant fondamental eſt compofé
de quatre Notes diftantes pareillement
d'une 3 , & eft renfermé dans l'intervale
de 7. Cet Accord contient le
Confonant & une Note de plus , comme
par exemple , fol , fi , re , fa ; tous deux
font compris dans l'étendue de l'8 , &
la premiere Note des 3e confecutives qui
les compofent , en est toujours la Baffe
fondamentale.
es
L'Acord diffonant par ſuppoſition eft
compofé de cinq Notes differentes , &
excede par conféquent l'étendue de l'ge ;
c'est - à- dire , qu'il contient l'Accord diffonant
fondamental , & une Note de plus ;
mais cette Note n'eft jamais que la 3 ,
ou la 5 au deffous de la premiere des
3 , qui compofent cet Accord , & c'eft
alors la Baffe qui eft par fuppofition ,
comme, par exemple , mi , fol, fi , re , fa,
& ut , fol , fi , re , fa,
с
Un Accord n'eft complet qu'autant
qu'il renferme le nombre de Notes qu'on
vient de rapporter , & il ne l'eft plus dès
qu'on en retranche quelques-unes , comme
il arrive dans l'Accord diffonant
appellé Accord de 4º ; ce qui n'empêche
pas qu'il ne demeure foûmis à toutes les
loix des autres Accords diffonans .
Un Accord eft parfait dans fa conftrution
, lorfque toutes les 3es qui le com
pofent
492 MERCURE DE FRANCE.
pofent font formées des Notes du Mode
qui exifte.
L'Accord confonant & le diffonant fondamental
peuvent recevoir autant de formes
differentes qu'ils contiennent de Notes
; & ce renverlement n'en change point
le fond.
Ainfi l'Accord confonant reçoit trois
formes differentes , & l'Accord diffonant
fondamental en reçoit quatre.
Mais fi l'on donne à ce dernier Accordune
Baffe par fuppofition , à la 3º ou à
la sau deffous , comme il a été dit ,
l'addition de cette cinquiéme Note change
la gradation refpective des quatre Notes
par 3 dont il eft compofé , & préfente
l'Accord fous deux formes de plus;
ainfi l'Accord diffonant en general reçoit
fix formes differentes.
Le renversement de l'Accord diffonant
fondamental n'eft point reciproque avec
la Note de la Baffe par fuppofition , &
n'a lieu qu'entre les quatre Notes fol , fi,
re , fa , où l'on reconnoît la jonction
de deux Notes , c'est - à - dire , un intervale
de 2 , comme entre fa & fol .
Cette jonction de deux Nores , qui feule
fait la diftinction de l'Accord confonant
d'avec le diffonant , ſemble auffi deſtinée
feule à faire reconnoître ce dernier par
deux chiffres de valeur immédiate , où
l'interMARS.
1730. 493
Pintervale de 2 fe découvre ; & l'ufage
où l'on eft de chiffrer l'Accord de 4º par
, celui de grande 6 par , & même
celui de petite 6 ° par , y eft entierement
conforme.
Mais fi l'intervale de 2 eût guidé en
cela la maniere de chiffrer , il femble
qu'on auroit dû proceder également à l'égard
des trois autres formes de l'Accord
diffonant , puifque par rapport à la Baffe
actuelle de l'Accord , on ne peut confiderer
celui de 2e que comme , celui de
9 comme , & celui de 7 comme ; il
y a donc même railon pour défigner les
uns & les autres par les chiffres où l'intervale
de 2 a lieu ; ce qui prefente toutes
les formes de l'Accord diffonant en
cette maniere fimple & uniforme 234568
& donne déja une ouverture importante
fur l'harmonie; puifque des deux chiffres
immédiats , le plus grand marque toû
jours la Baffe fondamentale , & le plus
petit la diffonance , obfervation qui fair
feule tout le principe de cette Méthode
fur la fucceffion des Accords .
2
123457
L'avantage qu'on tire de cette maniere
de concevoir toutes les formes de
l'Accord diffonant , n'eft pas moins fenfible
dans la pratique ; mais avant que de
faire agir les doigts , il faut obferver que
pour des raifons capitales que la Métho
de
494 MERCURE DE FRANCE.
de expofe , on doit fufpendre l'ufage du
pouce ; ce qui ne doit point rebuter les
petites mains , auxquelles elle fournit des
expediens.
S'il s'agit maintenant de trouver l'Accord
fur le Clavier par le moyen des
deux chiffres immédiats il fuffit de
connoître une feule des deux touches qui
répondent aux intervales défignés par ces
chiffres , pour connoître l'autre fur le
champ , puifque plaçant un doigt fur
cette touche , un des deux doigts voisins
ne peut que tomber naturellement fur
Pautre, & quant aux deux doigts reftans ,
il ne s'agit plus que de les difpofer par
3es
S'il arrive que le doigt voifin de celui
qu'on a placé d'abord ne fe trouve pas
tout portéfur la touche défignée par l'autre
chiffre , il ne faut que l'écarter par
3e , & les deux autres pareillement , on
aura toûjours le même Accord diffonant
complet ; car alors la touche occupée par
le doigt d'en haut n'eft que la réplique du
fon qui réuniroit deux doigts pour former
l'intervale de 2 , ce qui revient au
même pour l'efprit & pour les doigts ,
puifqu'il ne s'agit jamais que de les difpofer
tous par 3es , ou d'en joindre deux
feulement ; habitude qui ne les affujettit
qu'à deux fituations , & qui rend tous les
endroits
MAR S. 1730. 495
endroits du Clavier également familiers.
Chacun peut éprouver la facilité qu'il
y a de trouver ainfi tous les Accords diffonans
poffibles , & l'on verra qu'ils ne font
tous qu'un même arrangement par 3 ,
foit majeures , foit mineures , & que par
tout la Baffe fondamentale & la diffonance
font les mêmes , quoique les Accords
puiffent ne pas être complets.
Pour ce qui eft de la fucceffion des
Accords , il eft clair qu'étant tous confonans
ou diffonans , elle ne peut confifter
dans celle des confonans entre
que
eux , des diffonans entre eux , & des confonans
mêlés avec les diffonans.
Le principe de ces fucceffions réfide dans
deux cadences fondamentales , dont l'une
qui defcend de se , comme de fol à ut
s'appelle parfaite , & dont l'autre qui
monte des , comme de fa à ut , s'appelle
imparfaite ou irréguliere ; les Notes
qui forment ces cadences , portent chacune
l'Accord confonant , & la derniere
de chaque cadence eft toûjours la Tonique,
c'est- à- dire , la principale Note du ton .
Ces deux cadences ordonnent d'abord
de la fucceffion des Accords conforans
entr'eux ; mais comme le principal but
de la fucceffion des Accords eft d'entretenir
à l'oreille la modulation ou le ton qui
exifte , & que pour cet effet , l'art & l'ex-
D perience
496 MERCURE
DE FRANCE .
perience ont revêtu l'harmonie
de la diffonance
; on l'ajoûte en confequence
à la
premiere Note de chacune de ces deux cadences ; & delà naît la fucceffion
des
Accords confonans
mêlés de diffonans .
Si au lieu de terminer la cadence parfaite
par l'Accord confonant , on ajoûte
encore à celui - ci la même diffonance ;
il en refulte un progrès obligé d'Accords
diffonans , dont la conclufion ne fe peut
faire que par le feul Accord confonant ,
& ce n'eſt qu'alors que la cadence parfaite
apparoît ; car celles qui fe font d'un
Accord diffonant à un autre diffonant ,
n'en font que l'imitation.
Ainfi l'imitation de la cadence parfaite
eft l'origine de la fucceffion des Accords
diffonans entr'eux , & c'eft en ces deux
mouvemens de la même cadence que gir
tout l'artifice de la compofition & de
l'Accompagnement
; car la cadence irré
guliere eft toujours concluante , & ne
s'imite point.
Après le progrès obligé des Accords ,
ce qui refte à examiner , eft l'interruption
fréquente de ce progrès , par les differens
points de conclufion
que l'Accord confonant
y apporte ; & c'eft à quoi l'oreille
doit principalement
fe rendre fenfible ;
mais ce ne peut être qu'avec beaucoup
de tems & de peine , fans les lumieres
de
MARS 1730. 497
de l'efprit ; c'est pourquoi l'on s'attache
à faire raporter tous les Accords à la Note
tonique , & l'on fait obferver que confequemment
à la diffonance appliquée à
la premiere Note de chacune des deux
cadences , il n'y a dans un Mode que
trois Accords , celui de la tonique , celui
de fa 2º & le fenfible.
Le ton au-deffus de la tonique indique
fon Accord de 2º , & le femiton au - deffous,
indique fon Accord fenfible.
L'Accord confonant de la tonique commence
& termine toutes les fucceffions ;
& comme tout Mode ne contient que trois
Accords , il est évident que celui de la
tonique ne peut être précedé que de l'un
des deux autres , & qu'il doit en être
fuivi pareillement , fi ce n'eſt d'un autre
Accord , qu'un progrès obligé peut occafionner
après celui de la tonique.
Mais la marche de la Baffe détermine
alors l'Accord diffonant qui doit fuivre
le confonant ; & comme celui- ci ne peut
jamais être precedé que de fon Accord
de ze , & bien plus fréquemment de fon
Accord fenfible , on continue le progrès
obligé , jufqu'à ce que l'un des deux derniers
paroiffe ; & quand on eft arrivé à
celui de la 2º ,la Baffe montre clairement,
file fenfible ou le confonant doit le fuivre ;
Car fi ce n'eft le confonant, c'est le fenfible.
Dij
Si
498 MERCURE DE FRANCE .
Si le ton vient à changer après l'Accord
confonant de la tonique , ou après fon
Accord de 2 , cela eft infailliblement
marqué par la marche de la Baffe , par
un diéze , par un bémol , ou par un béquarre
; & le ton connû , tout le refte
l'eft.
Si enfin l'Accord diffonant pris aprés le
confonant , n'eſt pas le fenfible du ton où
l'on paffe , on fait fucceder pour lors les
Accords diffonans par le progrès obligé,
comme on l'a déja dit.
Ces regles établies fur toutes les marches
poffibles de la Baffe fondamentale
inftruifent parfaitement de la fucceffion
de l'harmonie ; mais tout ainfi que la
pratique la plus confommée ne fçauroit
procurer une entiere poffeffion de l'art ,
fi l'efprit n'est pourvû de ces connoiſſances
, de même auffi la pratique eft- elle
neceffaire pour les y graver mieux , &
plus promtement ; cependant on ne peut
trop obferver de fimplifier extrêmement
les objets , & de ne les lier qu'à meſure
qu'ils fe prefentent d'eux- mêmes.
C'eft dans cette vûë que la Méthode
prefcrit d'exercer d'abord les Accords fans
la Baffe ; & comme la diffonance eft le
guide le plus affuré des fucceffions , on
commence par celle des Accords diffomans
entr'eux , où il ne s'agit que de faire
defcen
MARS. 1730. 499
defcendre alternativement deux doigts
contigus fur les touches voifines de celles.
qu'ils occupent , & cela d'un Accord à
un autre ; de forte que les diffonances y
font toujours préparées & fauvées dans la
derniere rigueur . Voyez fur ce fujet l'exemple
du Traité de l'harmonie , page
396.
Le feul arrangement des doigts fait
fentir ceux qu'il faut mouvoir ; fi tous
les doigts font par 3 , le petit doigt demande
à deſcendre le premier , & de deux
doigts qui le joignent , celui d'au - deffous
peut feul partir , & ainfi du fuivant.
On apprend dans ce progrès obligé à
reconnoître l'Accord fenfible fi decifif
dans la modulation ; on y remarque que
l'Accord de la 2 tonique le précede toûjours
, ce qui facilite à l'oreille la diftinction
qu'elle en doit faire ; d'où l'on
fçait & l'on fent que l'Accord confonant
de la tonique doit le fuivre .
De cet exercice on paffe à celui des ca
dences , où l'on s'accoutume à entrelaffer
l'Accord confonant avec celui de la 2º
tonique , & le fenfible ; on fait fucceder
ces cadences d'un ton à l'autre , & lorf
qu'elles font familieres en differens tons ,
on y fait joindre une Baffe qu'on varie
autant qu'il eft neceffaire .
En exerçant ces cadences , on apprend
D iij
à
500 MERCURE DE FRANCE ;
à diftinguer les tons majeurs des mineurs,
& leurs rapports , combien chacun d'eux
contient de diézes ou de bémols , & par
quel moyen le nombre peut toûjours en
étre préfent .
Ces dernieres remarques jointes à la
marche de la Baffe font connoître le ton
qui exifte , & decident abfolument de
PAccord diffonant qui doit fucceder au
confonant ; mais la plus belle regle qu'on
y joint , & qui eft peu connue , eft celle
qui enfeigne le moment précis où chaque
ton commence & finit .
A mesure que l'efprit , les doigts &
P'oreille concourent à faifir les changemens
de ton , & que les conclufions fe
multiplient , on acquiert l'habitude de
faire fucceder les Accords confonans entr'eux
; car de cette fucceffion à celle des.
diffonans , il n'y a de difference que la
diffonance ajoûtée pour entretenir la mo- -
dulation , & pour fixer la fucceffion des
uns & des autres , puiſque s'il n'y a que
deux Accords , il n'y a pareillement que
deux fucceffions & deux marches fondamentales
de laBaffe , auxquelles les Accords
confonans ne font pas moins affujettis que
les diffonans .
On fait enfuite un corps féparé des licences
comme de la cadence rompuë , où
la Baffe fondamentale monte diatoniquement,
MARS.
1730: Sor
ment , de la cadence interrompuë , où elle
defcend de 3º , & de la fufpenfion , dont
tout l'artifice dans la pratique confifte à
faire defcendre un doigt de plus ou de
moins , après l'Accord diffonant.
Entre les fix manieres de chiffrer l'Accord
diffonant , adoptées par cette Méthode
, il y en a trois qui ne répondent pas
à l'ufage établi ; mais au prix de l'utilité
qu'en retirent les commençans , la peine
de s'accoûtumer aux autres chiffres n'eft
rien , & il leur fuffit qu'ils foient pairs ou
impairs , pour fe déterminer fur le champ;
d'ailleurs l'intelligence du principe , la
fenfibilité de l'oreille & la mécanique des
doigts les met bientôt en état de s'en
paffer.
L'Extrait qu'on donne ici ne permet pas
de prévenir les difficultés que peut faire
l'ancienne Ecole ; mais on imprime actuellement
le Plan entier chez M. Ballard ,
au Mont-Parnaffe , où l'on en trouvera
la folution , & même un parallele en forme
de toutes les Méthodes de compofition
& d'Accompagnement.
d'accompagnement pour le Clavecin.
U
Ne Méthode en mufique eft un mor
ceau tout neuf. Celles qu'on a don
nées jufqu'à prefent n'en ont que le titres
on n'y voit qu'une pratique à demi détaillée
, des regles arbitraires , remplies
d'exceptions , & deftituées de tout fondement.
La Méthode nouvelle eft appuyée ſur
la Baffe fondamentale , feul & premier
principe , où tout fe rapporte en Muſique
, & d'où émanent des regles auffi
certaines que fimples.
C'eft par les définitions de l'Art & de
fes
490 MERCURE DE FRANCE .
fes parties qu'on commence à developer
cette Méthode.
L'accompagnement du Clavecin eſt
l'Art d'executer fucceffivement une harmonie
complete & parfaite fur un Chant
donné qu'on appelle Baffe continuë.
La connoiffance de l'harmonie eft le
premier mobile de cette execution ; l'habitude
des doigts & de l'oreille en fait la
promptitude .
Le premier objet de la Méthode eft
donc d'examiner en quoi confiftent l'harmonie
, fa plenitude , fa perfection , fa
fucceffion , & la marche de la Baffe.
Le deuxième objet eft de faciliter aux
doigts les habitudes neceffaires , & de rendre
l'oreille fenfible à l'harmonie & à fes
fucceffions les plus régulieres.
L'harmonie fe conçoit dans la pratique
fous le nom d'Accord ; elle est complete
& parfaite quand l'Accord eft tel .
Un Accord eft primitivement l'affemblage
de plufieurs fons difpofés par 3 .
Il n'y a que deux Accords ; le Conſonant
& le Diffonant.
Le Confonant eft compofé de trois Notes
, à la 3e l'une 3º de l'autre , & eft renfermé
dans l'intervale de 5º , comine par
exemple , fol , fi , re.
Le Diffonant eft de deux efpeces ; l'un
eft fondamental , l'autre eft de gout , &
par fuppofition. L'Accord
1
MARS. 1730. 491
L'Accord diffonant fondamental eſt compofé
de quatre Notes diftantes pareillement
d'une 3 , & eft renfermé dans l'intervale
de 7. Cet Accord contient le
Confonant & une Note de plus , comme
par exemple , fol , fi , re , fa ; tous deux
font compris dans l'étendue de l'8 , &
la premiere Note des 3e confecutives qui
les compofent , en est toujours la Baffe
fondamentale.
es
L'Acord diffonant par ſuppoſition eft
compofé de cinq Notes differentes , &
excede par conféquent l'étendue de l'ge ;
c'est - à- dire , qu'il contient l'Accord diffonant
fondamental , & une Note de plus ;
mais cette Note n'eft jamais que la 3 ,
ou la 5 au deffous de la premiere des
3 , qui compofent cet Accord , & c'eft
alors la Baffe qui eft par fuppofition ,
comme, par exemple , mi , fol, fi , re , fa,
& ut , fol , fi , re , fa,
с
Un Accord n'eft complet qu'autant
qu'il renferme le nombre de Notes qu'on
vient de rapporter , & il ne l'eft plus dès
qu'on en retranche quelques-unes , comme
il arrive dans l'Accord diffonant
appellé Accord de 4º ; ce qui n'empêche
pas qu'il ne demeure foûmis à toutes les
loix des autres Accords diffonans .
Un Accord eft parfait dans fa conftrution
, lorfque toutes les 3es qui le com
pofent
492 MERCURE DE FRANCE.
pofent font formées des Notes du Mode
qui exifte.
L'Accord confonant & le diffonant fondamental
peuvent recevoir autant de formes
differentes qu'ils contiennent de Notes
; & ce renverlement n'en change point
le fond.
Ainfi l'Accord confonant reçoit trois
formes differentes , & l'Accord diffonant
fondamental en reçoit quatre.
Mais fi l'on donne à ce dernier Accordune
Baffe par fuppofition , à la 3º ou à
la sau deffous , comme il a été dit ,
l'addition de cette cinquiéme Note change
la gradation refpective des quatre Notes
par 3 dont il eft compofé , & préfente
l'Accord fous deux formes de plus;
ainfi l'Accord diffonant en general reçoit
fix formes differentes.
Le renversement de l'Accord diffonant
fondamental n'eft point reciproque avec
la Note de la Baffe par fuppofition , &
n'a lieu qu'entre les quatre Notes fol , fi,
re , fa , où l'on reconnoît la jonction
de deux Notes , c'est - à - dire , un intervale
de 2 , comme entre fa & fol .
Cette jonction de deux Nores , qui feule
fait la diftinction de l'Accord confonant
d'avec le diffonant , ſemble auffi deſtinée
feule à faire reconnoître ce dernier par
deux chiffres de valeur immédiate , où
l'interMARS.
1730. 493
Pintervale de 2 fe découvre ; & l'ufage
où l'on eft de chiffrer l'Accord de 4º par
, celui de grande 6 par , & même
celui de petite 6 ° par , y eft entierement
conforme.
Mais fi l'intervale de 2 eût guidé en
cela la maniere de chiffrer , il femble
qu'on auroit dû proceder également à l'égard
des trois autres formes de l'Accord
diffonant , puifque par rapport à la Baffe
actuelle de l'Accord , on ne peut confiderer
celui de 2e que comme , celui de
9 comme , & celui de 7 comme ; il
y a donc même railon pour défigner les
uns & les autres par les chiffres où l'intervale
de 2 a lieu ; ce qui prefente toutes
les formes de l'Accord diffonant en
cette maniere fimple & uniforme 234568
& donne déja une ouverture importante
fur l'harmonie; puifque des deux chiffres
immédiats , le plus grand marque toû
jours la Baffe fondamentale , & le plus
petit la diffonance , obfervation qui fair
feule tout le principe de cette Méthode
fur la fucceffion des Accords .
2
123457
L'avantage qu'on tire de cette maniere
de concevoir toutes les formes de
l'Accord diffonant , n'eft pas moins fenfible
dans la pratique ; mais avant que de
faire agir les doigts , il faut obferver que
pour des raifons capitales que la Métho
de
494 MERCURE DE FRANCE.
de expofe , on doit fufpendre l'ufage du
pouce ; ce qui ne doit point rebuter les
petites mains , auxquelles elle fournit des
expediens.
S'il s'agit maintenant de trouver l'Accord
fur le Clavier par le moyen des
deux chiffres immédiats il fuffit de
connoître une feule des deux touches qui
répondent aux intervales défignés par ces
chiffres , pour connoître l'autre fur le
champ , puifque plaçant un doigt fur
cette touche , un des deux doigts voisins
ne peut que tomber naturellement fur
Pautre, & quant aux deux doigts reftans ,
il ne s'agit plus que de les difpofer par
3es
S'il arrive que le doigt voifin de celui
qu'on a placé d'abord ne fe trouve pas
tout portéfur la touche défignée par l'autre
chiffre , il ne faut que l'écarter par
3e , & les deux autres pareillement , on
aura toûjours le même Accord diffonant
complet ; car alors la touche occupée par
le doigt d'en haut n'eft que la réplique du
fon qui réuniroit deux doigts pour former
l'intervale de 2 , ce qui revient au
même pour l'efprit & pour les doigts ,
puifqu'il ne s'agit jamais que de les difpofer
tous par 3es , ou d'en joindre deux
feulement ; habitude qui ne les affujettit
qu'à deux fituations , & qui rend tous les
endroits
MAR S. 1730. 495
endroits du Clavier également familiers.
Chacun peut éprouver la facilité qu'il
y a de trouver ainfi tous les Accords diffonans
poffibles , & l'on verra qu'ils ne font
tous qu'un même arrangement par 3 ,
foit majeures , foit mineures , & que par
tout la Baffe fondamentale & la diffonance
font les mêmes , quoique les Accords
puiffent ne pas être complets.
Pour ce qui eft de la fucceffion des
Accords , il eft clair qu'étant tous confonans
ou diffonans , elle ne peut confifter
dans celle des confonans entre
que
eux , des diffonans entre eux , & des confonans
mêlés avec les diffonans.
Le principe de ces fucceffions réfide dans
deux cadences fondamentales , dont l'une
qui defcend de se , comme de fol à ut
s'appelle parfaite , & dont l'autre qui
monte des , comme de fa à ut , s'appelle
imparfaite ou irréguliere ; les Notes
qui forment ces cadences , portent chacune
l'Accord confonant , & la derniere
de chaque cadence eft toûjours la Tonique,
c'est- à- dire , la principale Note du ton .
Ces deux cadences ordonnent d'abord
de la fucceffion des Accords conforans
entr'eux ; mais comme le principal but
de la fucceffion des Accords eft d'entretenir
à l'oreille la modulation ou le ton qui
exifte , & que pour cet effet , l'art & l'ex-
D perience
496 MERCURE
DE FRANCE .
perience ont revêtu l'harmonie
de la diffonance
; on l'ajoûte en confequence
à la
premiere Note de chacune de ces deux cadences ; & delà naît la fucceffion
des
Accords confonans
mêlés de diffonans .
Si au lieu de terminer la cadence parfaite
par l'Accord confonant , on ajoûte
encore à celui - ci la même diffonance ;
il en refulte un progrès obligé d'Accords
diffonans , dont la conclufion ne fe peut
faire que par le feul Accord confonant ,
& ce n'eſt qu'alors que la cadence parfaite
apparoît ; car celles qui fe font d'un
Accord diffonant à un autre diffonant ,
n'en font que l'imitation.
Ainfi l'imitation de la cadence parfaite
eft l'origine de la fucceffion des Accords
diffonans entr'eux , & c'eft en ces deux
mouvemens de la même cadence que gir
tout l'artifice de la compofition & de
l'Accompagnement
; car la cadence irré
guliere eft toujours concluante , & ne
s'imite point.
Après le progrès obligé des Accords ,
ce qui refte à examiner , eft l'interruption
fréquente de ce progrès , par les differens
points de conclufion
que l'Accord confonant
y apporte ; & c'eft à quoi l'oreille
doit principalement
fe rendre fenfible ;
mais ce ne peut être qu'avec beaucoup
de tems & de peine , fans les lumieres
de
MARS 1730. 497
de l'efprit ; c'est pourquoi l'on s'attache
à faire raporter tous les Accords à la Note
tonique , & l'on fait obferver que confequemment
à la diffonance appliquée à
la premiere Note de chacune des deux
cadences , il n'y a dans un Mode que
trois Accords , celui de la tonique , celui
de fa 2º & le fenfible.
Le ton au-deffus de la tonique indique
fon Accord de 2º , & le femiton au - deffous,
indique fon Accord fenfible.
L'Accord confonant de la tonique commence
& termine toutes les fucceffions ;
& comme tout Mode ne contient que trois
Accords , il est évident que celui de la
tonique ne peut être précedé que de l'un
des deux autres , & qu'il doit en être
fuivi pareillement , fi ce n'eſt d'un autre
Accord , qu'un progrès obligé peut occafionner
après celui de la tonique.
Mais la marche de la Baffe détermine
alors l'Accord diffonant qui doit fuivre
le confonant ; & comme celui- ci ne peut
jamais être precedé que de fon Accord
de ze , & bien plus fréquemment de fon
Accord fenfible , on continue le progrès
obligé , jufqu'à ce que l'un des deux derniers
paroiffe ; & quand on eft arrivé à
celui de la 2º ,la Baffe montre clairement,
file fenfible ou le confonant doit le fuivre ;
Car fi ce n'eft le confonant, c'est le fenfible.
Dij
Si
498 MERCURE DE FRANCE .
Si le ton vient à changer après l'Accord
confonant de la tonique , ou après fon
Accord de 2 , cela eft infailliblement
marqué par la marche de la Baffe , par
un diéze , par un bémol , ou par un béquarre
; & le ton connû , tout le refte
l'eft.
Si enfin l'Accord diffonant pris aprés le
confonant , n'eſt pas le fenfible du ton où
l'on paffe , on fait fucceder pour lors les
Accords diffonans par le progrès obligé,
comme on l'a déja dit.
Ces regles établies fur toutes les marches
poffibles de la Baffe fondamentale
inftruifent parfaitement de la fucceffion
de l'harmonie ; mais tout ainfi que la
pratique la plus confommée ne fçauroit
procurer une entiere poffeffion de l'art ,
fi l'efprit n'est pourvû de ces connoiſſances
, de même auffi la pratique eft- elle
neceffaire pour les y graver mieux , &
plus promtement ; cependant on ne peut
trop obferver de fimplifier extrêmement
les objets , & de ne les lier qu'à meſure
qu'ils fe prefentent d'eux- mêmes.
C'eft dans cette vûë que la Méthode
prefcrit d'exercer d'abord les Accords fans
la Baffe ; & comme la diffonance eft le
guide le plus affuré des fucceffions , on
commence par celle des Accords diffomans
entr'eux , où il ne s'agit que de faire
defcen
MARS. 1730. 499
defcendre alternativement deux doigts
contigus fur les touches voifines de celles.
qu'ils occupent , & cela d'un Accord à
un autre ; de forte que les diffonances y
font toujours préparées & fauvées dans la
derniere rigueur . Voyez fur ce fujet l'exemple
du Traité de l'harmonie , page
396.
Le feul arrangement des doigts fait
fentir ceux qu'il faut mouvoir ; fi tous
les doigts font par 3 , le petit doigt demande
à deſcendre le premier , & de deux
doigts qui le joignent , celui d'au - deffous
peut feul partir , & ainfi du fuivant.
On apprend dans ce progrès obligé à
reconnoître l'Accord fenfible fi decifif
dans la modulation ; on y remarque que
l'Accord de la 2 tonique le précede toûjours
, ce qui facilite à l'oreille la diftinction
qu'elle en doit faire ; d'où l'on
fçait & l'on fent que l'Accord confonant
de la tonique doit le fuivre .
De cet exercice on paffe à celui des ca
dences , où l'on s'accoutume à entrelaffer
l'Accord confonant avec celui de la 2º
tonique , & le fenfible ; on fait fucceder
ces cadences d'un ton à l'autre , & lorf
qu'elles font familieres en differens tons ,
on y fait joindre une Baffe qu'on varie
autant qu'il eft neceffaire .
En exerçant ces cadences , on apprend
D iij
à
500 MERCURE DE FRANCE ;
à diftinguer les tons majeurs des mineurs,
& leurs rapports , combien chacun d'eux
contient de diézes ou de bémols , & par
quel moyen le nombre peut toûjours en
étre préfent .
Ces dernieres remarques jointes à la
marche de la Baffe font connoître le ton
qui exifte , & decident abfolument de
PAccord diffonant qui doit fucceder au
confonant ; mais la plus belle regle qu'on
y joint , & qui eft peu connue , eft celle
qui enfeigne le moment précis où chaque
ton commence & finit .
A mesure que l'efprit , les doigts &
P'oreille concourent à faifir les changemens
de ton , & que les conclufions fe
multiplient , on acquiert l'habitude de
faire fucceder les Accords confonans entr'eux
; car de cette fucceffion à celle des.
diffonans , il n'y a de difference que la
diffonance ajoûtée pour entretenir la mo- -
dulation , & pour fixer la fucceffion des
uns & des autres , puiſque s'il n'y a que
deux Accords , il n'y a pareillement que
deux fucceffions & deux marches fondamentales
de laBaffe , auxquelles les Accords
confonans ne font pas moins affujettis que
les diffonans .
On fait enfuite un corps féparé des licences
comme de la cadence rompuë , où
la Baffe fondamentale monte diatoniquement,
MARS.
1730: Sor
ment , de la cadence interrompuë , où elle
defcend de 3º , & de la fufpenfion , dont
tout l'artifice dans la pratique confifte à
faire defcendre un doigt de plus ou de
moins , après l'Accord diffonant.
Entre les fix manieres de chiffrer l'Accord
diffonant , adoptées par cette Méthode
, il y en a trois qui ne répondent pas
à l'ufage établi ; mais au prix de l'utilité
qu'en retirent les commençans , la peine
de s'accoûtumer aux autres chiffres n'eft
rien , & il leur fuffit qu'ils foient pairs ou
impairs , pour fe déterminer fur le champ;
d'ailleurs l'intelligence du principe , la
fenfibilité de l'oreille & la mécanique des
doigts les met bientôt en état de s'en
paffer.
L'Extrait qu'on donne ici ne permet pas
de prévenir les difficultés que peut faire
l'ancienne Ecole ; mais on imprime actuellement
le Plan entier chez M. Ballard ,
au Mont-Parnaffe , où l'on en trouvera
la folution , & même un parallele en forme
de toutes les Méthodes de compofition
& d'Accompagnement.
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Résumé : PLAN abregé d'une Méthode nouvelle d'accompagnement pour le Clavecin.
Le texte présente une 'Méthode nouvelle' pour l'accompagnement au clavecin, critiquant les méthodes existantes comme incomplètes et arbitraires. Cette nouvelle méthode repose sur la 'Basse fondamentale', principe essentiel de la musique. Elle commence par définir l'art et ses parties, et explique que l'accompagnement au clavecin consiste à exécuter une harmonie complète et parfaite sur une mélodie donnée, appelée 'Basse continue'. La connaissance de l'harmonie et l'habitude des doigts et de l'oreille sont cruciales pour cette exécution. La méthode distingue deux types d'accords : le 'Consonant' et le 'Dissonant'. L'accord consonant est composé de trois notes à la tierce, tandis que l'accord dissonant peut être fondamental ou par supposition, contenant respectivement quatre ou cinq notes. Un accord est complet s'il contient le nombre de notes requis et parfait s'il est formé des notes du mode existant. La méthode explore les différentes formes des accords et leur succession, basée sur deux cadences fondamentales : parfaite (descendante) et imparfaite (ascendante). Ces cadences déterminent la succession des accords et l'entretien de la modulation. La pratique des accords sans la Basse est recommandée pour simplifier l'apprentissage, en commençant par les accords dissonants et en progressant vers les cadences. Cet exercice permet de reconnaître les accords sensibles et de distinguer les tons majeurs des mineurs. Le texte traite également des principes de la musique, en particulier des accords et des changements de ton. Il souligne que la marche de la basse (ou basse continue) et les accords dissonants déterminent le ton existant et l'accord suivant. Une règle importante, peu connue, enseigne le moment précis où chaque ton commence et finit. À mesure que l'esprit, les doigts et l'oreille collaborent pour effectuer les changements de ton, on acquiert l'habitude de faire succéder les accords consonants. La différence entre les accords consonants et dissonants réside dans la dissonance ajoutée pour moduler et fixer la succession des accords. Le texte mentionne différentes manières de chiffrer l'accord dissonant, dont trois ne correspondent pas à l'usage établi. Cependant, l'utilité pour les débutants justifie l'effort d'apprentissage. L'intelligence du principe, la sensibilité de l'oreille et la mécanique des doigts permettent rapidement de maîtriser ces chiffres. Enfin, le texte indique que l'extrait ne permet pas de prévenir les difficultés posées par l'ancienne école, mais que le plan entier est disponible chez M. Ballard au Mont-Parnasse, où l'on peut trouver la solution et un parallèle des méthodes de composition et d'accompagnement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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