EXTRAIT du Mémoire lit a l'Afimble'e
■publique de ^Académie Royale de*
Sciences, le 12. Novembre XJíJ. fur
les Eaux de Bourbon.
Mr. Boulduc lut un Discours intitule
Ejfai t£ Analyse m genêtal des Eaux
Minérales chaudes de Bourbon l'Archarabaud.
Ces Eaux étant du nombre des plus an
ciennes du Royaume & des plus renom-f
niées par la guérison de plusieurs mala
dies longues & fâcheuíes.ellcs se sont tou
jours attiré Inattention & la recherche des*
Médecins & des Physiciens.
Dès les années 1605. & 1 £18. fans?
remonter plus haut , Jean Ban , de Mòu-í
.lins, en fait mention dans son Livre des
•vertus des Eaux naturelles de France re
nommées y & croit qu'elles contiennent d*
Souffre minerai , du Bitume & du Nitre ,
qui est le Natron des Anciens , que l'on
regarde comme un Sel Alkali minerai ,
comparable par ses effets aux Sels fixes -,
acres & lixiviels, qu'on tire des Plantes
après les avoir réduites en cendres.
En 1670. M. Duclos , de cette Acadé
mie , reconnut dans nos Eaux le même
Nitres
Ì MERCURE DE FRANCE..
Nitre; & depuis cet Auteur, d'autres Aca
démiciens ayant eu par intervales occa
sion de les examiner, ont encore conclu
avec leur Prédécesseur , qu'elles ne ren
ferment presqu'autre chose que cet Al
kali naturel.
II seinbloit donc, que sa qualité alkaline
leur étoit bien assurée. Mais en 1699:
quelqu'un, fous le nom de Pascal ,1a rejetta
entièrement dans un Livre fait ex
près' au sujet de ces Eaux ; ce n'est pas
un simple Sel Alkali qu'elles contien
nent , c'est , selon lui , un Sei mixte, com
posé d'un Acide volatile & d'un Sel Al
kali fixe, qu'il appelle un Nitre fort vo
latile & fort épuré; on tireroit même,
dit-il , cet Acide comme un véritable
esprit de Nitre du sédimènt,qu'on trouve à'
leur source en manière de croûtes ; &£•
pour Jouir du Sel dans son état naturel
il faudroit laisser évaporer nos Eaux à l'air
ou au Soleil j le feu-, qu'on employé , est
infidèle , il altère les Mixtes , il décom
pose ce Sel, & fajt , à la vérité , qu'on ne
trouve qu'un Alkali, mais cet Alkali étoit?
auparavant lié avec l'acide.
Plusieurs personnes ont applaudi à ce
raisonnement : M.Boulduc fait néanmoins
Remarquer en passant , qu'un véritable
esprit deNitre,uni avec un Sel Alkali fixe,
ftEoir nécessairement un véritable Nitre
Jan vi er. t7ìó. i
áes Modernes , c'est à- dire , un bon Sal
pêtre qui ne se décompose pas fi aisément
qu'on le dit.
Cependant le Livre allégué dérive de
ce Sel Mixte Nitreux la plupart des effets
que nos Eaux produisent sur le corpr
humain} au lieu que les premiers Auteutr
les dérivoient de l'Alkali Salin.
Cette diversité de sentimens a été le
principal motif pour que M. Boulduc'
cherchât les moyens de s'éclaircir de la
Vérité, en examinant ces Eaux de nouveau.
Son dessein a été secondé > il en a reçu
près de cent Bouteilles très- promptement
à l'occasion du retour de S. A. S. Mon
sieur le Duc-, qui les ravoir prises avec
succès à Bourbon; & un bon Artiste voulut
fcien en évaporer à la Source un grand
nombre de livres } & lui en remettre la-
Résidence. '
M. Boulduc , de son côté , y a trouve
par son travail plus de matières qu'onr
n'en avoit encore connu , & quel
ques-unes dans des circonstances singu
lières. Les mystères de la Nature ne se
développent que peu à peu , & c'est tou
jours un avantage pour lès derniers venus.
L'Eau de Bourbon est claire & limpide
comme une Eau de Roche , presque sans
edeur , & d'un gout partagé entre le vrai
felc & le lixiviel i sortant de la terre très^
sensiblement
$ MERCURE DE FRANCE;
sensiblement bouillante , elle fume con
tinuellement daní ses puits & réservoir , &
à mesure qu'il s'en exhale , il paroît à la
surface une fleur ou poussière blanche
très-fine fous l'apparence d'une toile ou
pellicule grasse fans liaison , qui devient
filus visible quand il y á long-temps que
'Eau n'a été agitée , mais qu'on ne sçausoit
ramasser de quelque façon qu'on s'y
prenne. Cette Eau dépose un Sédiment en
maniéré de croules pierreuses assez dures ,
formées de plusieurs couches blanches
bi«n distinctes , & mêlées en quelques
endroits , particulièrement en dessous ,
d'une couche de terre d'un brun foncé.
Ces croûtes qui font fans gout & fans
odeur fe collent aux bords & à la surface
intérieure du puits , du conduit & du réJ
scrvoir, dont on est obligé de les détachée
de temps à autre.
Cette Eau, gardée dans des bouteilles
bien transparentes , fait auflî voir au bouc
de quelque temps à fa surface de petits
corps blancs fort déliez qui augmentent
peu à peu & fe condensent en une
pellicule semblable à celle, qui se forme
sut l'Ëau de Chaux , laquelle gtossissant
au point que l'Eau ne peut plus la sou
tenir , se brise en beaucoup de morceaux ,
qui en tombant, s'attachent au fond &
aux parois du vaisseau , & affectent une
JANVIER. i7j«; 9
1
Configuration régulière comme quelque
chose de lalin» *
Après le récit de ces circonstances ,
M. Boulduc entre dans l' Analyse, & dit
à la fin de chaque article des matières qu'il
y a trouvées , comme il les a pressenties,
par les Epreuves, quand il y en a , par le
gout , par l'odeur , &c. & comment il est
enfin parvenu à les séparer de manière
qu'il les puisse exposer aux yeux.- dont
nous ne pouvons ici donner que le précis.
Les Epreuves les plus significatives que
M. Boulduc a faites fur l'Eau de Bourbon
font ; qu'elle précipite l'argent dissous en
un cailla blanc qui fond aisément au feu
&C devient volatile" , si on n'employe que
peu de cette solution ; que si au contraire
on en passe les bornes , l'Eau en fait un
deuxième précipité qui refuse la fonte i
qu'elle verdit lá teinture de violettes len
tement ; qu'elle fermente avec tous le»
Acides aflez sensiblement,& ptécipite l'Aïun
& les Vitriols ordinaires , quand ili
font dissous dans de l'eau commune :
Avec une forte huille de tartre faite pat
défaillance , elle se trouble & dépose après
jane terre blanche. : .
IÇqus ces effets font plus prompts Sc
plus sensibles , quand notre Eau est con
centrée , soit par le feu , par l'air ou par U
gelée. Alors elle fait même bien plus
jio MERCURE DE FRANCE,
^qu'auparavant, comme de précipiter, eaîre
autres , le sublime' dissous en une pou
dre de couleur d'e'corcc d'Orange. Les
différentes matières réciproques ne pouvoient
pas s'atteindre facilement dans la
grande étendue du liquide.
V Evaporation & la Distillation , con»
tinuées jusqu'à siccité des matières, n'ont
presque rien fait appercevoir à M. Boulcîuc
de diffèrent d'entre-elles. A peine
l'£au ressent- elle la chaleur qu'elle jette
à la surface une poussière blanche très*
fine , laquelle en augmentant se noye en
partie , & tombe ; & eo partie elle forme
par l'union.d'un nombre de petits filets
iìns & transparents des feuillets à peu près
comme on en voit dans l'eau de chaux ,
qui restent quelque temps à la surface }
& se brisant enfin, voltigent long-temps en
tout sens avant que d'aller au fond.L'Eau,
qui est élevée dans la distillation,n'a puine
de gout ni d'odeur,ni ne fait impression fut
aucune matierejla cucurbitc sent seulement
un peu l'empyreume,& toute la Résidence
affaissée est une terre blanche mêlée d'une
matière qui reffernble a une gelés on mu
cilage bien transparent & couverte d'une
malje de Sels fort blancs.
Cette Résidence mise sur une pelle ou;
lame d'argent bien chauffées , jetre une
petite flamme , •& exposée, à l'air elle
s'hu/î
/ JANVIER. 1750: 31
(í'hìimecte. Si son poids varie d'une éva
poration à l'autre de quelques grains audessous
ou au- dessus de soixante pour
chaques deux livres d'Eau , c'est d'avoir
été plus ou moins desséchée.
En démêlant cette Résidence, M. Boulduc
n'a pas perdu de vûe celle qu'on lui
avoit apportée de Bourbon > l'une & l'au*
tre lui ont fourni les mêmes matières par
différentes operations.Cependant M. Boulduc
s'étaat apperçu , que YEvaporation
frh-modèrée de notre Eau , pouvoit pres
que toute seule suffire pour en dévelop
per tout , il la propose comme le moyea
le plus simple & le plus aisé à exécuter.
Sans répeter ce qui a été dit de ce
qu'on voít au commencement de cette
opération , on continue à fajre exhaler
notre eau le plus doucement qu'il est pos
sible , & toutes les fois qu'il se présente
une certaine quantité de Sédiment en par
tie , comme une terre informe &c opaque ,
en partie, comme des filets transparents,
on le sépare en survuidant l'eau claire dans
un autre vaisseau : plus elle se concentre
de cette manière -r plus elle jaunit , & il
íe forme alots peu à peu au fond & aux
parois du vaisseau , des. Cristaux en cubes
■parfaits , pendant que la surface se cou
vre d'une croûte saline , qui en dessus est
jnégalc $c raboteuse , ôc en dessous mêlée
; • de
,1
ttc
t x MERCURE DE FRANCE/n.
4c deux sortes de Crystaux. On ôte certe
croûte aussi souvent qu'il s'en forme ,
pour que l'eau s'c'vapore librement ; &
nous dkons davantage du Sédiment ea
son lieu.
Les Cryftaux cubiques sont un vérita
ble Sel commun , qui se distingue pat
cette confìguratipn , par son gout parti
culièrement salé , & par d'autres proprietez
trop connues pour être rapportées.
II se déclare d'avance par le gout qu'il
donne à notre eau , & encore davantage
dans les Epreuves, par l'effet de ia volatilité
, que son acide imprime à l'argent , en
le précipitant ; & enfin, on le réduit par
l'c'vaporation en fa consistence con
crète.
Ce Sel fait la plus grande quantité
d'entre les matières de la Résidence, com
paré avec chacune en particulier.
Les Croûtes faline/,de nouveau dissoutes
dans de l'eau commune , donnent par
l'évaporation encote du Sel commun i
•près quoi le reste de cette solution survuidée
& exposée à l'aìt fait naître des
Crystaux d'un-quarré long , taillez à far
certes aux extrémitez , amers d'abord , 8c
frais ensuite sur la langue, qui sont des
•^roprietez , qui avec d'autres font le ca
ractère du Sel de Glaufor : Et c'est4à ce
que P»ícal a pris pour un Sel Nitreux^ féJANVIER.
1730; 13
iaìt par quelque rcísemblance superfi
cielle & imparfaite des Crystaux. L'acide
nitreux , qui fait l'essence des Sels de ce
nom , n'entre point dans fa compositions
c'est celui du Vitriol •: & outre que
M. Lemmery a prouvé clairement dans
un de fes Mémoires, que la source de
Notre Nitre , n'est point dans les entrail
les de la terre , mais qu'il naît , pour
ainsi dire , à fa surface , ou à une très-pe
tite profondeur ; il est encore bien cer
tain , qu'il ne s'-en est point trouvé jus-»
qu'ici de bien reconnu pour tel dans au
cune eau Minérale 5 car celles qu'on ap
pelle communément Nitrenses , contien
nent un Sel alkali à toute épreuve 3
on les a comparé au Nitre des Ancient ,
qui leur a fait donner ce nom.
Le Sel de Glaaber ne fçauroit être dis
tingué dans notre Eau par le gout , parce
qu'il est dominé par d'autres , dont nous
ressentons plus d'impression -, on ne fçau
roit non plus le prévoir par une simple
épreuve : il faut le soupçonner , & en par
tie seulement se convaincre de sa présence
avant que de le chercher.
On peut avec quelque fondement le
soupçonner par tout où il y a du Sel
commun , ils ne font guëtes l'un fans
l'autre. 11 y en a ainsi dans quelques Aci
dules ou Eauxierrugineuscs froides,com«
■ j B ta»
14 'MERCURE DE FRANCE,
me il y en a. dans notre Eau naturelle»
ment chaude ; l'eau de la Mer même
n'en est pas exempte ; & M . Boulduc eu
a trouvé dans des eaux de Salines , que
l'on regardoit comme purement salc'es ^
parce que l'on en tire du Sel commun.
J?our s'assurer de la présence de ce Sel
par quelque épreuve , il faut d'abord
yoir , si l'on peut découvrir l'acide vi
triolique en genexal , & c'est ce que
Jyl» Boulduc fait pai le moyen de l'huile
4e Chaux , qui lui sert de pierre de tou
che pour cet acide , lequel (ous quelque
fpijue qu'il se trouve , quitte après ce
mélange fa base quelconque , & se porte
(at la Chaux , avec laquelle il fait une
espèce de crystaliíation : l' Acide vitrioli
que étant ainsi dévoilé , pn employé ensuice
des moyens subsidiaires , par lesquels
Pn puisse reconnoître , s'il est lié avec du
fer , comme il l'est dans le Vitriol , ou
avec une terre crétacée , comme il l'est
dans l'Alun , &c. Que, si ces sortes de
preuves manquent , on est assez certain ,
qu'il y a du Sel de Glauber. Et c'est de
eette manière que M» Boulduc l'a pres
senti dans les Croûtes Salines avant que
de le faire paroître pat la crystalisation.
Ce Sel contribue' beaucoup à faire va
rier le poids de la Résidence , parce qu'on
te peut de#«her au pojnt. qu'il pèse plus
JANVIER. i7J0;
'3e la moitié moins que dans son état na
turel.
Apte's avoir retiré de notre Eau le Sel
-commun & les Croûtes Salines , on con
tinue à l'évaporer : plus elle s'avance ver»
la fin , plus elle devient rousse & grasse ,
d'un gout piquant comme une Lexive ,
& répand une odeur bitumineuse , saoa
déposer davantage deCrystaux.
Ces circonstances font juger , qu'il y a
là plus d'une matière : c'est un Sel qu'on
découvre par le gout , & une substance
cn gênerai appeìlce sulphureufe , qu'on
apperçoir par l'odeur qu'il faut démêler
l'une d'avec l'autre.
Ce qui produit le gout piquant &lixiviel
, est un Sel Alkali fixe , dont le*
proprietez égalent en beaucoup de cir
constances un bon Sel de Tartre , avec
lequel M. Boulduc l'a toujours compare í
mais elles s'en éloignent , entr'autres , en
-ce qù'au lieu que le Sel de Tartre mêle
avec le Vitriol ou son acide fait un Tar
tre vitriolé-, le/ Sel de notre Eau mêlé
avec le même acide produit constam
ment un Sel de Glauber. Ce fait, jusquelà
l'unique , a fait souhaitter à M. Boul
duc d'avoir du moins encore un exemple
<le pareil Sel ; & il l'a trouvé dans la Terre
áppellée Nitreuse , qu'on amasse autour
de Smyrae& d'Ephese , & qu'on employé
Bij dans
i« MERCURE DE FRANCË.
dans ce Pays-là à la fabrique du Savon f
il en a fait une forte Lexive purement
alkaline , & Payant mêle'e avec du Vi
triol ou son acide J il cn a pareillemenc
retiré du Sel de Glauber , & point d'au
tre. Cette différence prouve éviáemment
que ces deux Alkalis tirent leur origine
du Sel commun ; & M. Boulduc conjec
ture , que les Sels de toutes ces Eaux Mi
nérales que M. Du Clos & d'autres ont
appellé Nitreufes , font auíîi de cette cfr
pece distinguée.
i Cet* Alkali salin se déclare d'avance
dans notre Eau par le gout Lixivicl qu'il
lui donne , & qui avec celui du Sel com
mun domine far le reste -, il le fait encore
connoître davantage dans les épreuves
par les effets d'effervescence avec les aci
des , de précipitation de tout ce qu'ils
ont dissous , de changement de couleur
dans la teinture de Violettes , 8i dans la
solution du Sublimé corrosif,; & enfin on
peut le réunir , & le rendre fec'& palpa
ble , comme nous Talions dire en par
lant de ce qu'il y a de sulphurfux dans
notre Eau.
Le Sel commun étant partout où il
íe irouve plus ou moins bitumineux j a
selon toute apparence communiqué 4
notre Eau du Bitume , quel'Alkali tient
dissous, & l'empcçhc par là de surnager^
JANVIER. 173Ò. 17
St de paroîcre. Quoiqu'il en soit de íoa
origine , le Bitume y est , & on peut le sé
parer d'avec l'Alkali ,• en versant de l'Esrit
de Vin sur la derniere portion d'ean
ien concentrée : par ce moyen,comme le
plus aisé d'entre les autres.quelques gout
telettes de Bitume montent â la surface ,
& d'autres se collent aux parois du vais
seau , pendant que le Sel jílcali reste li
quide au fond , d'où on le retire facile
ment pour le destecher& pour l'avoir pur
& blanc. L'Efprit de Vin seul en quantiw
suffisante le réduit à sec avec le tems.
• - Le gout ne fçauroit distinguer le Bitu
me daná netre Eau, & le peu- d'odeur
qu'elle a est une trop foible & incertaine
marque de fa présence : on ne peut que
k soupçonner par l'empyreume que l'eau
imprime au vaisseau dan & la distillation ,
.& par l'odeur qu'elle exhale sur la fin de
-l'évaporation , jusqu'à ce qu'on le sépare
de tout mélange par le moyen que nous
venons de ditev
Le Bitume répandu dans toute la Rési
dence , fait qu'elle s'enflamme , quand
on en met fur une pele rougie , étant in
flammable de lui même.
Nous passons à- examiner le Sédiment ;
c'est autant celui que l'on garde des éva
porations , que celui que l'eau dépose ì
. B iij fa.
t» MERCURE DE FRANCE.
fa Source en manière de croûtes pier*
xeuses.
On apperçoit dans l'Eau , qu'on éva
pore actuellement, de petits filets clairs
& transparents parmi d'autres corps blancs
f!r opaqu.es , qui en s'affaissant se confon
dent ensemble : & dans les croûtes pier
reuses on distingue de petits bri Huns par
mi une matière terne & pins éclat. Voilà:
encore deux substances à démêler.
La première , qui a de la transparence
eu du brillant , est un Sel moyen , dans
lequel l'Acide vitriolique est chargé de
beaucoup de terre , & M. Boulduc a par
lé plus au long de fa qualité saline , à
l'oecasion des Nouvelles Eaux Minérales
de Pafsy. Ce Mixte n'ayant pas encore
été mis au rang des Sels, il fera libre a cha
cun de lui donner tel nom qu'il voudra.'
M. Boulduc l'appelle Sele nite , parce qu'il
prend la même configuration en fecryC
talifant.
Comme un Sel de difficile dissolution ;
ou qui a besoin de beaucoup d'eau pour
-se tenir dissous , il commence à paroît»
comme une poussière fine qui a quelque
éclat , aussi tôt qu'un peu d'eau lui est
soustraite . & à mesure qu'elle diminue
il forme de petits filets , ensuite des fciiil-
]$ïs ou pellicules , dont enfin les mor<
«aux,
Janvier. r72Q. r*
ceaux brisez s'attachent au vaisseau , 8c
prennent encore là plus de volume & plu»
de régularité dans leur configuration.
Ce Sel ne se trouve pas feulement dant
quelques Acidules & Eaux Minérales
chaudes-, il y en a aussi dans des Eaux fa*
tées , dont on tire du Sel commun , comme
font celles de Salins , de Durban , de
Fourtou » de Roquefort.
Pour ce qui regarde la deuxième m»,
r'iere de nos Sedimens , ces corps blanc*
& opaque* ou ternes $ c'est une Terre ».
qui fermente avec tous les Acides , com
me le font celles qu'on appelle abforb*ntes:
elle a pourtant une qualité' de plus »
que M. Boulduc a reconnue par d'autres
essais ; c'est qu'elle a été calcinée dans le
Laboratoire souterrain. Quand on ett
mêle avec du &tl Ammonite , soit qu'ost
employé la terre de la Résidence bien lai
vée , ou les croûtes pierreuses , comme
elles font sorties de l'eau , elles retien*
lient dans la distillation l' Acide du Sel
commun , & rtìertenr en liberté VEsprit
nrineux , qui est vif & pénétrant , & de
ses effets ordinaires , précipitant le Subli^
mé en blanc , verdissant le íyrop violât- \
changeant en bleu céleste toute solutiorî
de cuivre : & le Résidu , comme un Sel"
Ammoniac fixe a résous par l'humidité de
B iiij, l'air „
Se MERCURE DE FRANCE,
l'air , ou détrempé dans de Peau , donna
cette Liqueur ou Solution , qu'on appelle
vulgairement Huile de Chaux , laquelle
passant par le filtre , laisse err arriére une
majse brune , qui après une legere calci—
nation , & pas plutôt , permet à l' Aimant
d'en attirer des parcelles de fer.
Les Croutep pierreuses , dont on avoic
fait espérer un Esprit de Nitre, distillées
seules , donnent un peu de Bitume ; 6c
mêlées avec du Vitriol, elles fournissent
un phlegme d'une odeur bitumineuse , fie
tien au-delà.
L' Alkali terreux se fait bientôt connoî»
tre dans l'évaporation de notre Eau com
me une terre en gênerai -, mais dans les
épreuves il semble , que l'Huile de Tar
tre par défaillance déclare sa qualité par
ticulière , parce qu'elle l'en précipite r
comme elle le fak à l'eau de Chaux. Etanc
bien absorbante, elle a- part à-^'efferves
cence avec les- acides , & à la précipi
tation de ce qu'ils avoient dissous.
Comme cette terre & laSelenite se présenrent
toujours à la surface de laSource,
où il se fait sans cesse une évaporation de
diminution assez forte -, ces deux maticxes
s'amonceLnt dans les tems , que l'eau
»'est point agitée , & parvenant au point
4c surmonter sa résistance , ou aidées par
des
JANVIER. 1719. 21
íîes agitations volontaires de la part de
«eux qui en puisent , elles se déposent
successivement , & forment les couches
des croûtes pierreuses , qui se mêlent 6c
se cimentent encore avec les feuillets
bruns , qui dérivent en partie de la bouë,
que l'eau amène de son fond.
fc Le Fer, dont nous avons touché uq
mot , faisant la plus petite partie d'entre
les matières de la Résidence , ne sçauroic
y paroître sous fa couleur ordinaire -, les
couches rouges brunesdes croures le peu
vent faire soupçonner -, mais Pépreuve ,
qu'on fait avec la noix de galle ne peut
pas déclarer fa présence , parce qu'il n'est
pas dissous dans notre Eau , ou en forme
de Vitriol -, il n'y est pas non plus comme
Fer parfait, parce qu'il n'obéît pas d'aborr
à l' Aimant. II y a apparence , qu'il
fort d'une Marcaflltc ferrugineuse , &
que ses pores sont encore bouchez de
te-rre , dont le feu les délivre ; & alors la
matière magnétique y trouve accès.
M-. Boulduc a tiré du Fer & des croûtes
pierreuses , & de là partie terreuse de la
Résidence M. Burlet en avoir aupara
vant apperçû dans le Mucilage qui est
d'ailleurs, une partie du tout, entremêlé
de Sels, de Bitume & de terres , avec un
petit reste d'eau , qui lui conserve de la
transparence pour quelque tems..
B v l*
a 2 MERCURE DE FRANCE;
Le Mucilage, plus ou moins desséché*,;
{>eut contribuer beaucoup à faire variec
e poids de la Résidence.
\ Après ce détail, M. Boulduc réponds
à une Objection , qu'on fait communé
ment à laChymie fur ses productions ,
& particulièrement fur les Sels : le feu al
tère & décompose. Qu'on laiífe évaporer
notre Eau , dit-il >. â Pair ou au Soleil ,..
comme Pascal l'a voulu, ou qu'on la con
centre par la gelée , de de l'une ou de
l'autre façon, à tel point qu'on voudta %
& qu'on la mêle ensuite à différentes re
prises , avec de l'efprit de Vin , que l'onaugmentera
chaque fois-, qu'on furvuidera
le mélange : de cette manière , on
rerra d'abord la terre , que la Selenite
& le Fer accompagnent , ensuite les Selsmoyens
en Crystaux , & finalement le
Sel Alkali au fond, distinctement séparé'
d'avec l'Efprir de Vin, comme si on y
avoit versé une forte Huile de Tartre par
défaillance.
II n'y. a point d'apparence , qu'après-;
cela on mette le Sel Alkali -ou quelqueautre
fut le compte du feu , qu'on n'á pasemployé.
De tout ce qui a été dit jusqu'ici , Mi
Boulduc conclnd J que les Eaux de Bour
bon contiennent naturellement du Stl
wnmm , du Sel de Glanbtr , un Sel M~
. JANVIER. 17 to.
í-alì , du Bitume , de la Selenite , une Ter
re absorban e , & du Fer , dont lc mélan
ge répandu dans une eau actuellement
chaude , ôc chaque matière considérée
selon fa qualité , connue par l'experience
l'u/agc ; que la Médecine en fait tous
les jours , doivent faire inférer d'avance- ,
qu'elles font «n état de déterger, d'ineiftrt
&c de résoudre , qui font des effetsgénéraux
communément suivis d'une am
ple transpiration 8c excrétion d'urine 5.
que de plus elles peuvent absorber, & en .
partie dessécher ôc fortifier ; mais ce qu'on
•regrette ordinairement fort , c'est qu'el
les ne fçauroient guères purger, 8c c'est
austï ce que la plupart des Malades regar
dent comme un deffaut , mesurant I*
bonté d'âne Eau Minérale fut de fré
quentes évacuations de cette efpece.
Si on accorde, dit M. Boulduc en fiuiffant
, que ce soit ìi vm deffaut , d'ha
biles Médecins fçavent bien lc réparer
soit en faisant précéder les Eaux de Vixhy
, pour frayer le chemin: à celles de
Bourbon , soit en faisant prendre ces der
nieres , quand ils le jugent à propos , avec
des Sels moyens apéritifs , d'entre lesquels •
M* Butler a depuis une vingtaine d'an
nées misen usage 1'1 jircanum dublicatum*
■bien <o»ditionnt , & en a d'heufeussuccès*