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1
p. 14-81
DE L'ORIGINE DE LA SEPULTURE, DES TOMBEAUX, Et du temps que l'on a brûlé les Corps.
Début :
Comme la Vie est le premire principe des Hommes ; de mesme [...]
Mots clefs :
Corps, Sépulture, Monuments, Sépulcre, Tombeaux, Égyptiens, Romains, Bible, Empereur, Prince, Marbre, Funérailles, Ossements, Coutumes, Juifs, Mausolée, Ensevelissement, Momies, Inscriptions, Défunts, Vénération, Richesses
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texteReconnaissance textuelle : DE L'ORIGINE DE LA SEPULTURE, DES TOMBEAUX, Et du temps que l'on a brûlé les Corps.
DE L'ORIGINE
DE LA
SEPULTURE,
DES TOMBEAUX ,
Et du temps que l'on a brûlé
les Corps
.
C
Omme la Vie eſt le premier
principe des Hommes
; de mefme la Mort eft leur
dermer terme . C'eſt d'où vient
que le Droit de la Sepulture eft
fi ancien , que peu apres la
création du Monde , & la chûte
de nôtre premier Pere , il a eſté
introduit & mis en ufage . Dieu
du Mercure Galant.
15
dit au premier Homme apres fon
peché qu'il étoit poudre, & qu'il retourneroit
enpoudre , parce qu'apres
la mort les corps des Hommes
doivent eftre mis dans la Terre,
comme dans le fein de leur commune
Mere , d'où ils ont efté tirez
en leur naiffance .
Mais avant que de parler des
Tombeaux , de la Sepulture , &
de l'ufage que les Anciens y ont
obſervé , il eſt à propos de dire
que l'origine en a prefque commencé
avec le Monde , & que
les premiers Hommes ont enfévely
les Corps des Défunts .
C'est un foin & une pieté qui
s'eft pratiquée comme par une
Loy , que la Nature mefme avoit
impofée. L'exemple en a paffé
chez la Pofterité , & le foin des
>
16
Extraordinaire
Funerailles a efté en fuite religieufement
étably & obfervé.
Mais fur tout on doit dire qu'Adam
& Noë ont efté les premiers
qui ayent fait ouverture
de la Terre pour y ensevelir les
corps , n'y ayant eu perfonne qui
ait en leurs deux temps précédé
l'un ny l'autre.
Abel , comme rapporte Jofephe
liv. 1. Chapitre 3. de fes
Antiquitez Judaïques , à l'âge de
129. ans fut la premiere Victime
de la mort , & reçût un ſi mauvais
traitement de Cain fon frere
, que ce Barbare apres luy
avoir arraché la vie , en cacha
le corps dans les haliers , pour
ne luy pas donner la Sepulture,
exerçant encore une nouvelle
cruauté fur fon Frere
apres
fa
du Mercure Galant.
17
mort. Mais Eliphas Themanite
dit , que Cain apres un meurtre
fi fanglant , devint vagabond &
comme furieux , ayant toûjours
devant les yeux l'image de fon
crime ; qu'il ne fe retiroit que
dans les Cavernes & les Foreſts
comme une Beſte , & que Dieu
fulmina contre luy un decret,
par lequel il fut ordonné qu'il
perdroit la vie par le fer , &
qu'il deviendroit la proye des
Vautours & des Animaux fauvages
, ainlì que les Septante ont
interpreté le paffage de Job fur
ce ſujet Chapitre 15. verf. 22. &
comme Olimpiodore l'a expliqué
. Voila les termes de ce decret
; Hominem impium decretum ,
ait , effe à Deo in manus ferri , &
ordinatum in efcas vulturum . Ce qui
Q. deJanvier 1685. B
18 Extraordinaire
à la verité fut jugé une punition
rigoureuſe , mais digne de l'im..
pieté de ce Parricide .
.
Adam touché au vif de la
mort d'Abel fon fils , en fit chercher
le corps , & apres plufieurs .
jours de deuil , de larmes & de
foûpirs , prit le foin de l'inhu .
mer avec beaucoup de pompe,.
& luy erigea un Monument qui
devoit fervir à luy mefme ,
& à fes autres enfans .. L'on :
tient communément que ce nefut
pas loin de Sion . Voila la
premiere Sepulture & le pre.
mier Tombeau , auquel ce Pere
affligé ajoûta encore une belle
Epitaphe , conceuë en ces paroles.
Quis tantus de hoc loco , tamque
fonorus clamor ? Rogas Viator ?
adhuc inauditum tibi parricidium,
du Mercure Galant.
19
& c . Salien la rapporte en l'année
du Monde
130.
La privation de la Sepulture .
avoit quelque chofe d horrible.-
Ce fut toutefois de cette melme.
peine la plus barbare de toutes ,
que les Egyptiens traiterent les
Hebreux fous Pharaon leur Roy;
car apres avoir miferablement
porté le joug de fa tyrannie , &
un long & rude efclavages , ils
en jettoient les Corps dans les
Champs fans les enfevelir , & ne
permirent pas mefme de mettre
de la pouffiere deffus , ny de ré
pandre des larmes apres leur
mort ; mais Dieu vangea bien
cette barbarie , felon que le remarque
Philon Juif en la vie de :
Moyle.
La fainte Ecriture nous fait :
B. ij
20 Extraordinaire
connoiſtre, aux Nombres Chapitre
16. verf. 34. que Dieu mefme
a voulu quelquefois que les
impies , en vangeance de leurs
crimes , ayent efté privez de la
Sepulture en diverfes manieres ,
ou eftant engloutis tout vifs dans
les entrailles de la Terre, comme
il est arrivé à Coré , Datham &
Abiron , ou eftant confumez du
feu du Ciel , fans qu'il foit refté
la moindre partie de leurs corps
pour
eftre mife dans la Sepulture
, comme le mefme Jofephe &
Philon le rapportent .
Ce fut là une effroyable vangeance
, & un terrible Monument
, quand cinq fameuſes Villes
furent entierement confumées
du feu du Ciel avec tous
leurs Habitans , à l'exception de
du Mercure Galant, 21
Loth & de fa Famille , encore
fon Epouſe par fa faute fut- elle
changée en fa propre Image ; &
quand Sodome & Gomorrhe du
nombre de Pentapolis devinrent
une vafte Mer de fouphre & de
bitume , pour punir les crimes
de ceux qui les habitoient . Les
Hiftoriens en feront toûjours
mention , & la pofterité en parlera
à jamais .
5.
C'eft de là auffi qu'eft venu
ce fameux Lac appellé Afphaltide
, ou cette Mer morte , dont
Joſephe liv.
&
4.
de la Guerre
de Juifs , & Hegefippe liv.
14. Chapitre 18. recitent tant de
merveilles , & apres eux Ariftote
& Strabon , & plufieurs autres.
Mais revenons à Adam & å
12 Extraordinaire
Noë , dont nous avons parlé cy--
devant. Noë , ce grand Patriarche
, averty de Dieu qu'il euft à
baftir l'Arche , pour ſe garantir
luy & fa famille des eaux du Dé .
luge univerfel , femble avoir donné
à tous les hommes qui devoient
venir apres luy , une idée
de la Sepulture & des Tombeaux
, car comme dit Orohoaita ,
le plus fçavant & le plus fameux
de tous les Auteurs Syriens , liv. 1 .
du Paradis Terreftre , Partie 1 .
Chapitre 14. & la Bibliotheque -
des Pères , Chapitre 1. il convertit:
cette mefme Arche en un
Tombeau , & par une pieté infigne
envers les Vivans & les
Morts , en s'y retirant , emporta
avec foy les offemens d'Adam ,
qui avoient eſté tirez du Sepul2-
*
du Mercure Galant
23
1
S
3
chre d'Abel , & apres en efte
forty fain & fauf avec fa Famille ,
il en retira les, mefmes offemens.
d'Adam , qu'il avoit gardez com.
me un dépoft , & les partagea cn--
tre fes Fils avec les Parties de la
Terre , & dans la divifion qu'il
en fit , il donna à Sem qui eftoit
l'aifné , le Crane , & la Region
pour habiter , qui depuis a efté:
dire la Judée.
On tient communement que
le Mont - Calvaire eft le lieu où
le Crané d'Adam a efté enfevely
par ce mefme Sem, & en fui .
te le reste de fes autres offemens,
& que cette Montagne a pris
fon nom de cette Sepulture . C'eft:
une ancienne Tradition , qui a
duré chez les Syriens , dit le
mefme Orohoaita , & qui y dure
encore..
24
Extraordinaire
Mais il ne faut pas s'étonner,
fi ces chofes font paffées fous fi.
lence dans les Livres de Moyfe ;
& que ne faifant mention que
de la Creation du Monde , de
la Chûte du premier Homme ,
& de la Propagation du Genre
Humain , il ne rapporte rien du
premier Age du Monde . L'Auteur
de la précédente opinion a
receu comme par Tradition des
plus anciens Syriens , ce qu'il en
a écrit , & que les Juifs tiennent
de luy.
Saint Epiphane fur la fin de
fon Livre , parle ouvertement de
cette Divifion de tout le Monde
entre les Fils de Noë , & affure
que la Paleſtine , dans laquelle
la Judée eft compriſe , eftoit
tombée au fort de Sem , quoy
qu'il
du Mercure Galant. 25
qu'il foit arrivé en fuite que
les
defcendans de Cham s'en foient
emparez par violence . C'eſt enfin
le fentiment de tous les Peres
, que les os d'Adam ont efté
portez apres le Déluge en la
Paleftine , où ils ont efté enfevelis.
C'est ce que confirme
Torniollus année 930. de fes Annales
Saintes , & Salien en la
mefme année.
Comme il n'y a pas à douter
de la pieté de Noë envers les os
d'Adam felon que faint Bafile
fur Ifaye Chapitre 5. & Theo.
phylacte fur Jonas Chapitre 19.
le remarquent , on doit dire auffi
que
le foin charitable de la Sepulcure
, des Funérailles
Tombeaux , & du Miniftere qui
s'y obferve , a pris fon origine
2. deJanvier 1685.
C
des
26 Extraordinaire
d'Adam , & poftérieurement de
Noë , qu'il s'eftétendu en fuite
à toute la Poftérité , & qu'il a
enfin obtenu la force d'une Loy
inviolable. D
La Tradition des anciens Juifs
cft d'une grande authorité pour
perfuader que les offemens d'A
dam ont efté enfevelis en Hebron
, comme faint Hierômé le
répete plufieurs fois , & la plus
grande partie des Peres le tiennent
auffi , & fur tout dans le
lieu du Calvaire , la Paleftine ,
la Judée & Hebron eſtant preſque
la mefme chofe ; tous lefquels
Peres Malveda cite en fon
Livre du Paradis Terreftre, chapitre
54. & 55.
A l'égard de la Sepulture chez
les Anciens Hebreux , ne rapdu
Mercure Galant. 27
1
7
porte. t'on pas qu'Abraham par
une révelation divine , entre les
Actions les plus confidérables,
avoit une grande vénération
pour ce dernier devoir que l'on
rend aux Défunts ? Car quand il
eut perdu Sara fa chere Epoufe,
n'acheta t'il pas par quatre cens
Sicles d'argent le Champ nommé
Ephron , pour y porter le
Corps de la Défunte? Ce fut par
la le premier qui dedia une choi
fe profane à l'ufage picux & facré
de la Sepulture , comme le
dit la Genefe Chapitre 23 .
A
23.
Mais felon le fentiment de
faint Chryfoftome Homelie
ce qui eft de plus confidérable ,
ce grand Patriarche ne s'eftoit
rien acquis par aucun prix d'argent
avant. ce Champ & cette
Cij
28
Extraordinaire
Sepulture , pour n'avoir rien devant
les yeux ou dans l'efprit de
plus prefent que le Tombeau;
& ce mefme Saint le loue pour
fon extréme pieté d'avoir pris
tant de foin de la Sepulture , tant
pour luy que pour les fiens .
Ce n'eft pas encore affez pour
Abraham d'avoir religieuſe..
ment pourvû à la Sepulture de
Sara mais il s'eft porté à la
Pompe des Funérailles , qu'il vou
lut y eftre obſervée , avec des
larmes & des plaintes ; ce que
Moïse exprime en la Geneſe Cha
pitre 23. par des termes dignes
d'un fi grand Perfonnage , mef
me apres avoir rendu les der
niers devoirs aux Manes de fon
Epouſe , il pria les Hethéens
d'avoir le mefme foin de fa Sedu
Mercure Galant.
29
car
pulture , & de ne luy pas denier
ce droit d'humanité , fitoft
qu'il auroit rendu l'ame
le deuil & les plaintes ne défignent
pas feulement les larmes .
& les foupirs , que les vifs reffentimens
de la douleur tirent
du coeur & des yeux , mais tout
ce qui peut regarder les Fune.
railles & leur Pompe.
Moyle remarque que les fentimens
de douleur , & la magni.
ficence de la Pompe funebre ne
furent pas moindres en la mort :
de Jacob; auffi Patriarche, & pe--
tit fils d'Abraham , qu'ils avoient
eſté en la mort d'Abraham meſ
me ; & ce Jacob pere de Jofeph,.
ne regretta pas moins la privation
de la Sepulture de fon Fils ,
C iij
39
Extraordinaire
que la mort pitoyable & funeſte
de ce mefme Fils , laquelle fes
Freres avoient annoncé à leur
Pere eftre
malheureuſement arrivée
, pour avoir efté devoré
des Beftes fauvages ; tant le foin
de la Sepulture eftoit recommandable
chez les anciens Hé
breux . C'est ce que remarque
Philon Juif. En effet , cet Auteur
fait une peinture trifte &
lugubre de Jacob affligé pour la
mort de ce Jofeph. Les termes
en arracheroient de la tendreffe
des coeurs les plus infenfibles , &
feroient couler les larmes des
yeux des plus endurcis.
C'eft de là auffi que ces Saints
Patriarches , comme la fainte
Ecriture l'enfeigne , Genele Chapitre
35. prenoient foin d'elever
du Mercure Galant.
3F .
des Pyramides fur les Sepulcres
des leurs . Jacobce Saint Per
fonnage , comme dit Brochard
en la Defcription de la Terre
Sainte , fit ériger fur le Sepulcre
de Rachel fon Epoufe , une Pyq
ramide d'un excellent Ouvrage,
au pied de laquelle & tout au
tour il en fit placer douze autres
un peu moindres , felon le
nombre de fes Enfans, tant pour
rendre ces Monument illuftre a
la pofterité , que pour marquer
L'efperance de la Refurrection &
de la Vie immortelle , commer
témoigne.de -Lyra parlant de ce
Patriarche .
La Geneſe Chapitre 5o.net
nous reniet - elle pas en memoi
re quelle Pompe funebre ce mef
me Jacob reçût en Egypte apres
Ciiij
32
Extraordinaires
y eftre mort Son Corps fut
honoré d'un fuperbe & magni
fique appareil , & auffi éclatant
que fi c'euft efté celuy d'un Roy,
& les mefmes honneurs furent
pareillement rendus à Joſeph ſon
fils Intendant de l'Egypte , apres
fon trépas.
Saint Ambroife eftime que la
couftume de faire des Obfeques.
eft venue des anciens Hebreux;
car Jacob fut regretté pendant
40. jours , & Moyfe durant 30 .
Cette couftume s'eft diverſe.
ment introduite chez les Nations
poſterieures , comme la fuite le
fera remarquer.
Mais entendons ce que dit
Ciceron fur le foin de la Sepulä
ture. Ce foin , dit - il , marque l'ef
poir de l'Immortalité. Car pourquoy
du Mercure Galant.
33
P
•
s'attacherfifort &fi naturellement
la Sepulture , s'il ne s'enfuit la réi
nion du Corps avec fon Ame , &
que la mort ne foit un paſſage à une
meilleure vie ? A quoy fervent ces
grands Monumens * ces Sepulcres
magnifiques ces Epitaphes , & ces
préparatifs de Pompe funebre ,
Aut
fi ce n'est une esperance de l'avenir
? Voila des termes qui ne fentent
pas le Pyen , mais un ef
prit, éclairé des lumieres de la
Foy. og
Les anciens Hebreux avoient
des Sepulchres particuliers aux
Familles , & d'autres communs
aux Estrangers , qu'ils appelloient
, Polyandria , comme vou,
lant dire que ces Monumens
eftoient pour un grand nombre
de Corps eufemble , ainfi que le :
34
«Extraordinaire
"
mot le fignifie , & c'eftoit où les
Perfonnes inconnues eftoient enfévelies
.
Les Egyptiens rendoient un
culte & une veneration fingu
liere aux Corps des Défunts ,
comme aux organes de leurs
Ames, qu'ils croyoient , ainly que
dit Herodote Livre 1 , immortelles.
A ce fujet , ils prenoient un
grand foin de les embaumer , &
de les munir de quantité d'o
deurs & d'aromats , pour leur
donner beaucoup de fuavité , &
les garantir à mefme temps de
la corruption. Ils employoient
à ce foin jufques à 40. & 50. jours,
& d'avantage s'il eftoit neceffai
re , comme on le voit en la Ge
nefe , & dans Diodore le Sici
lien Livre 1. Chapitre 2. Mais on
du Mercure Galant.
35
trouve deux manieres de faire
ces Embaumemens .
Caffien , Colloque 15. Chapitre
3. explique d'où peut venir
que les Egyptiens prenoient un
fi grand foin d'embaumer leš
Corps , & de les mettre en des
lieux élevez pour les conferver
avec plus de feureté .
·
La nature de l'Egypte eft telle
, dit il , que la plus grande
partie de la Terre eft inondée
des eaux du Nil , qui fe dégor
ge & couvre les Campagnes tous
les ans , & pendant un aſſez
long intervalle de temps , y laiffant
un limon & une vafe pourriffante.
Alors les Egyptiens font
contraints de mettre ces Corps
ainfi embaumez & liez fortement
de bandes , dans les, lieux
1
36 Extraordinaire
les plus hauts & loin de l'humi
dité. Ces lieux font ordinairement
les Montagnes , où ils les
enfoüiffent dans le fable , ou des
Roches taillées , en forte qu'ils
y font des Cellules
propres à
enfevelir les Corps . Ils les met
tent auffi en de hautes Pyrami
des , comme on faifoit principalement
ceux des Rois & des
Princes de l'Egypte , qui de leur
vivant avoient pris foin de les
faire baftir eux mefmes ; de là
viennent ces grandes Pyramides
de Memphis ou du grand Cai
re, & d'autres lieux voifins.
Les
Deferts de
l'Egypte ont
encore plufieurs de ces Pyramides
, dont par l'antiquité quel .
ques unes font enfoncées
dans le
fable , d'autres font à demy rom
du Mercure Galant.
37
་
puës , & d'autres font encore en
leur entier , & l'on y peut monter
par le dehors › y ayant des
Marches qui vont tout autour ;
& fur le milieu l'on trouve des
Voutes fort étendues & fpacieufes
, où l'on peut entrer , & ce
font les lieux où les Corps des
Rois & des Princes de l'Egypte
ont efté enfevelis. On peut parvenir
jufques au fommet par ces
mefmes Marches ; mais la defcen.
te en eft beaucoup plus difficile
à caufe de la hauteur , les yeux
pouvant eftte éblouis j c'eft
pourquoy on prend ordinairement
des Guides. M Fer.
manel , Conſeiller du Parlement
de Rouen , ayant fait le Voya
ge de la Terre Sainte , en parle
comme Témoin oculaire , en for
38
Extraordinaire .
Voyage du Levant , eftant alors
accompagné du Sieur Scohouë
Eftranger.
On voit autour de ces Pyramides
des Hieroglyphes gravez,
dont les fignifications & les mar
ques font Myftérieuſes . Le Pere
Kirker en a fait un fçavant Recueil
, & en a donné l'interpré.
tation en cct Ouvrage curieux ,
durant qu'il eftoit Bibliothecaire
du Vatican.
On a mefme trouvé des Trẹ.
fors , & de grandes Richeſſes
dans le fond de ces Pyramides;
& de là on préfume que les
Corps des Rois & des Princes ,
& leurs Trefors ont efté enlevez
, depuis que le grand Caire
& plufieurs autres Villes ont efté
bafties en Egypte , où on leur a
du Mercure Galant,
39
A dreffé d'autres Monumens ma
gnifiques pour les y conſerver.
Les pierres des Monumens font
tachetées de rouge & de blanc,
car
telle en' eſt la nature , n'y
ayant guere d'autre Marbre dans
ce Pays.
La plus commune opinion des
Auteurs qui ont écrit de ces Pyramides
anciennes , eft que dans
l'Egypte , il y en a trois princi.
pales. La plus haute dès trois ,
comme difent Pline , Strabon ,
Pomponius Mela , Démocrate ,
Ammian Marcellin , Oforius &
autres , eftoit conftruite de pier
res apportées de l'Arabie , &
c'eftoit un prodige comment on
avoit peu tirer des pierres d'une
fi immenſe étendue & d'une fi
grande pefanteur , & les mon
40 Extraordinaire
ter apres les avoir mifes en ou
vrage. On tiendroit pour une
Fable , que trois cents foixante
mille hommes y ayent travaillé
vingt années pour l'achever. Sa
bafe occupoit huit Arpens de
terre. Les quatre Angles avoient
chacun de leur coflé huit cents
quatre vingts trois pieds de longueur.
La hauteur , à prendre de
la bafe au fommet , eftoit de 363
pieds. Les deux autres Pyrami
des font moindres en toute leurs
parties.
On peut juger que les Egyptiens
ont efté ceux qui ontexcellé
par deffus toutes les autres
Nations en la magnificence &
en la pompe de leurs Sepulcres
& de leurs autres Monumens,
comme difent Herodote Livre 3.
du Mercure Galant.
41
Diodore Livre 1. Strabon Liv . 17.
& Pline Livre 16: Chapitre 123
comme auffi en la dépenfe exceffive
, & au nombre des Artifans
qu'ils y employoient. Leurs
Tombeaux n'eftoient pas feule.
ment ornez de Pyramides , mais
encore de Coloffes , de Statuës ,
de Sphinx , de Colomnes , d'Obelifques
, de Labyrinthes , &
d'autres fuperbes ornemens . C'eſtce
que dit Martial au commencement
de fes Epigrammes , en
faifant comparaifon avec un Ouvrage
d'un des plus grands Em--
pereurs Romains.
-
Barbara Pyramidum filcat mira--
cuta Memphis.
En voila encore une autre , ”
qu'Amafis Roy d'Egypte avoirfait
conftruire , de laquelle laa
DD 2. deJanvier 1685.
4,2 Extraordinaire
merveille confiftoit en fa figure
& en fa grandeur ; mais c'eftoit
plûtoft par vanité & par oftentation
, qu'autrement . Ce Monument
eftoit fait en figure de
Sphinx , & d'une fi vafte largeur,
que le ciscuit feulement de la
tefte , à prendre par le front ,
avoit cent deux pieds. Sa longueur
eftoit de cent quarantetrois
, & la hauteur eftoit depuis
le nombril , jufqu'au fommet de
la tefte de 82. comme dit Pline
Livre 36. Chapitre 12. Et ce qui
eft encore plus furprenant , &
qui paffe toute créance , l'Ou,
vrage eftoit de Marbre , & d'une
pierre feule & naturelle. Voila
la Sepulture de ce Roy , dont
parle Lucain Livre 9 .
Non mihi Pyramidum Tumulis
cuulfus Amafis...
du Mercure Galant.
433
Ces mefmes Merveilles font,
rapportées par Bellonius , en fes
Obfervations fingulieres Livre 2 .
fur les Ouvrages admirables de
P'Antiquité , & par Pierius en
fes Hieroglyphiques Livre 60..
Platon mefme en fon Phedon ,
infere l'immortalité de l'Ame par
les Corps des Egyptiens , qui ,
demeuroient incorruptibles apres
tant de Siécles en leurs Tombeaux.
3
Ileft icy à propos de parler,
des / Corps qui fe trouvoient , &
fe trouvent encore dans les Se--
pulcres de l'Egypte. On leur
donne le nom de Mumies , Ily en a
de deux fortes ; les uns font embaumez
par dedans , & les autres
par dehors . On en trouve
en des lieux taillez dans les Ro
Dij
44
Extraordinaireches
rangez à colte l'un de
l'autre , enveloppez de Linceuls
rayez de diverfes couleurs , &
ferrez de Bandes diverſement
rayées auffi . Ces Mumies qui font
embaumées par dehors , fe confervent
fans corruption en leurs
linceals , & en leurs bandes , à
cauſe du Baume & des Aromats .
dont elles font munies. Ces
Corps fous leurs couvertures ont
de petites Images de terre ver
te de differentes figures fur leur
eftomach , & mefme ſi extrava
gantes qu'on les prendroit pour
des Idoles. Quelques - uns ont
creu que c'eftoit leurs Talifmans .
Les ongles des pieds & des mains
font peints de Vermillon. C'a
efté de tout temps la couftume
des Egyptiens de peindre ces
S
du Mercure Galant. 45
parties de leurs Corps chez eux
apres leur mort.
On trouve auffi de ces Mumies
enfevelies fur les Montagnes
dans le fable , où le Soleil venant
à donner à plomb , en fait
diftiler une certaine liqueur ou
graiffe fouveraine , qu'on appelle
auffi Mumie , qui guerit die
verfes maladies communes , le
Spafme , les Schirres , l'Artriti
de , le Tetanus ou contraction
de Nerfs , Tartres. Voila l'effet
de celles qui font embaumées
par dehors. Mais je ne trouve
aucun Auteur ancien qui ait parlé
de ces Mumies . Ce n'eft pas
cer Alphalte , Bitume ou Pétrole
qui diftile des Rochers , &
qui paffe mefme au travers ; quoy
qu'ils puiffent avoir quelques
A
46 Extraordinaire
vertus excellentes .
Les Egyptiens . ont une autre
efpece de Mumies , qui font des
Corps défechez . Ils les endur.
ciffent tellement , qu'il n'y a
point de Parchemin qui en apro
che en dureté , & mefme ils ne
font guere moins durs que PAI "
rain . Saint Auguſtin au diſcours
120. des divins Noms , Chapi
tre 12 parle de ces Cadavres
ainfi endurcis , & on les appelle.
en la langue du pays Gabbares.
C'eft ainfi que les nomme Ift
dore , auffi en fa Glofe, felon la
langue de ces Regions . Mais ces
Gabbares ne rendent aucune liqueur
, ou graiffe , comme les
autres.
On remarque que les Egy
ptiens vuidoient les entrailles de
du Mercure Galant.
47
ces derniers Corps ; & comme
on n'y trouve aucune incifion
fur l'eftomach ny au ventre , de
là on a préfumé qu'on les tiroit
par le fondement , & la cervelle
par les narines ; cu s'il y en
avoit quelqu'une , elle eftoir fi
bien coufuë , que l'on ne pou
voit s'en appercevoir. C'eftoit
de cette maniere qu'ils les embaumoient
par le dedans ; eftant
pourtant enfevelis dans leurs
linceuls de la maniere que les
autres. Ces Corps n'eftoient
point fujets à la corruption , &
c'eftoient ceux qui estoient or
dinairement dans les Pyrami
des .
Nous dirons en paffant que
les Egyptiens vendent rarement
de ces Corps appellez . Mumies
48 Extraordinaire
ou Gabbares , parce que les Maîtres
des Vaiffeaux n'en veulent
pas permettre le tranfport en
Europe , comme fi ces corps enlevez
de leur pays ,
préfageoient
fur Mer quelque finiftre acci.
dent , foit que leur imagination
foit préoccupée de cette fuperftition
, ou que quelquefois il
s'en foit enfuivy quelque effet
furprenant , comme Tempeftes,
Vents ou Orages , qui les ayent
jettez dans cette erreur , ils en
attribuent toûjours la cauſe a
ces Corps tirez de leur Sepulture.
Ce n'eft pas qu'en effet la
graiffe ou l'huile que l'on tireroit
de ces Corps , ne fuſt auſſ
fouveraine que le Baume d'Egypte.
Les odeurs & les parfums
dont
du Mercure Galant.
4.9
dont on fe fervoit ordinairement
chez les Egyptiens , eſtoient le
Baume d'Egypte , n'y ayant que
ce Royaume qui en produife.
L'encens , la Myrrhe , & d'autres
Aromats , qu'engendre l'Arabie,
y eftoient employez , auffi
bien que ceux qui viennent de
Corycie , de Sabée , de Cilicie
& d'autres Regions du Levant ;
& mefme du temps de Neron,
on remarque que cet Empereur
fit une dépense fi prodigieufe
aux Funérailles de Poppée fon
Epoufe , pour ces odeurs & ces
parfums Aromatiques , qu'à peine
l'Arabie pourroit - elle ſuffire ,
& fournir en une année ce que
fa prodigalité confuma en un
jour. Le Corps de cette Impératrice
ne fut pas brûlé , comme
Q. deJanvier 1685.
-
E
50 Extraordinaire
c'eftoit la couftume de ces temslà
, ainfi que la fuite le fera connoiſtre
.
;
Les Juifs ont imité la méthode
d'enfevelir les Corps comme
les Egyptiens
car ils les embaumoient
, mais feulement par
dehors , & les couvroient ou de
linceuls , ou de drap de Pourpre,
& les ferroient auffi de bandes .
C'est ce qui fe remarque dans
les Funérailles du Roy Afa,
comme on le lit au Livre 2. du
Paralipom. 10. n . 4. où la Pompe
alla jufqu'à un grand excez .
Ils les mettoient enfuite au
Tombeau, felon que dit Sanchez
fur le Livre des Roys Chap.3 .
n. 12.
Cette coustume a efté meſme
introduite en l'Eglife depuis ce
du Mercure Galant,
temps -là , comme le remarque
Tertullien en fon
Apologétique,
où la profufion & les dépenfes
du Baume & des autres odeurs
Aromatiques eftoient fi excef.
fives & fi indignes des Chrẻ.
tiens , qu'il s'emporte contre ces
excez par ces paroles . Si les Arabes
fe pleignent , dit - il , que ceux
de Sabée fçachant que leurs Aromats
feront employez plus curieufement à
embaumer & à enfevelir les Chré.
1 tiens , qu'à parfumer leurs Autels.
U
Les mefmes odeurs ou de pareilles
, fe jettoient dans les
Tombeaux ou dans les Buchers,
comme ce difcours le fera voir
en fon lieu . Mais revenons aux
Sepulcres & aux Tombeaux.
L'Ecriture Sainte ne fait- elle
e pas mention des Monumens
E ij
52
Extraordinaire
la
merveilleux , conftruits pour
Sepulture des Roys de Juda , &
principalement de celuy que fit
ériger Salomon pour David fon
Pere , fur les deffeins
que
David
mefme en avoit donnez? Ce Sepulcre
eftant en grande vénération
chez les Juifs , tomba en
ruïne fous l'Empereur
Adrien ,
comme marque Dion en la vie
de cet Empereur.
Jofephe en fes Antiquitez Judaïques
Livre 11. Chapitre dernier
, témoigne que dans le Sepulcre
de David , & dans celuy
de Salomon , il y avoit eu de
grandes richeffes enfermées ,
aufquelles il eftoit défendu de
toucher. C'eftoit en la Ville de
Sion où ces Monumens eftoient.
Toutefois Hyrcan , grand Pondu
Mercure Galant.
53
tife , eſtant affiegé en la meſme
Ville par Antiochus , pour la
racheter du Siége , & pour éloigner
l'Ennemi , fut contraint ide
faire foüir dans le Sepulcre de
David , & d'en tirer trois mille
Talens , dont une partie fervit à
détourner Antiochus de fon entrepriſe
, & l'autre fut employée
à lever une Armée pour la défenſe
de la mefme Ville . La néceffité
obligea ce Pontife à fai
re foüiller dans la Sepulture des
Roys contre la défenfe.
Mais long temps apres , le meſ
meJofephe rapporte , que le Roy
Herodes avide d'or & d'argent,
n'eut point de fcrupule de violer
la Sepulture de ce mefme.
Roy , en faisant ouvrir ce Mo--
nument.
E iij
54
Extraordinaire
D'abord il en tira de tres riches
Ornemens qui y estoient
enfermez ; mais il ajoûte qu'on
ne pût parvenir jufques aux
Cendres & aux Trefors de ce
Roy , & qu'une flâme foudaine
s'eftant élevée du fond du Sepulcre
, y confuma deux Satellites
que ce Roy y avoit employez
, pour chercher les Trefors
qu'il en vouloit tirer
que le Ciel purit ainfi l'avarice
d'Herodes, qui fut obligé de faire
remettre le Monument au
mefme état qu'il eftoit auparavant.
>
&
Ce n'eftoit pas feulement avec
les Corps des Roys , que l'on inhumoit
des Trefors & des
chofes prétieuſes ; mais meſme
avec ceux des Prophetes , com .
2
du Mercure Galant. ss
1
-C
1.
>
me Sozomene le fait voir au
dernier Livre de fon Hiftoire
Ecclefiaftique . Ce fut à ce def
fein que les Chaldéens en la prife
de Jérufalem défoüirent les
Offemens des Roys de Juda , des
Princes , des Prophetes , & d'au
tres principaux de la Ville ,
pour en tirer les Trefors &
d'autres richeffes , fi elles y
eftoient cachées , comme le
Prophete Jéremie l'avoit prédit
beaucoup auparavant , pleurant
fur les miféres de cette Ville , &
comme le Prophete Baruch les
a depuis déplorées amérement.
C'est ce qui fut remarqué en la
découverte du Corps de Zacharie
auffi Prophete , qui arriva du
temps du mefme Baruch : car
on trouva à fes pieds un certain
E j
56 Extraordinaire
3
7
petit enfant Hebreu forty de race
Royale , ayant une Couronne
d'or en fa tefte , & des chauſ
fures d'or à fes pieds , & le
corps couvert d'un habit prétieux
; ce qui eftoit la marque
du grand foin & de la finguliere
vénération que les Anciens
avoient pour les Corps des illuftres
Défunts, de les accompa
gner de fi riches ornemens.
On a auffi trouvé dans les
mefmes Monurnens ou Sepul.
cres, des Médailles tres- Antiques,
qui d'un cofté portoient la figu
re d'Empereurs , de Roys ou de
Princes , & de l'autre des lettres
Hieroglyphiques , des Trophées
d'Armes , des Devifes ou
des Emblémes ; & c'eſt dont les
Médalliftes picquent la curiofité
"
du Mercure Galant. $7
de ceux qui aiment les Antiquailles
. Brafficamus à fait paroiftre
dans fon Promptuaire fes
recherches au contentement des .
Sçavans & des Curieux.
Plutarque auffi parlant de la
ville de Pélufe , préfentement
dite Damiete , Strabon Livre-
15. & Ammiam Marcellin Livre.
6. difent que les Roys des Macédoniens
& des Perfes avoient
auffi couftume d'enfermer des .
Trefors dans leurs Tombeaux.
Planudes en lifant des Infcriptions
de Sepulcres , découvrit
ingénieufement un Trefor caché
dans un Monument antique,
& cet Arabe fubtil , qui ayant
leu fur le front d'une grande
Statuë , qui eftoit au frontispice
d'un Sepulcre à découvert , ces
58
Extraordinaire
lignes : Aux Ides de May j'auray la
tefte d'or , fçeut pénétrer dans le
fens de ces paroles ; car bien
que l'on euft déja caffé la tefte
à cette Statuë aux Ides de May,
on fut obligé de la rétablir en
fon entier , pour ne la pas défigurer
, dautant qu'on n'y avoit
trouvé que du marbre ;
du marbre ; mais luy
plus intelligent alla foüir au premier
jour des Ides de May , au
lieu où l'ombre de cette tefte
donnoit , & y trouva autant d'or
que l'ombre fe pouvoit étendre
fur la terre.
L'ufage des Romains fut auffi
affez frequent d'accompagner les
Corps de richeffes en leurs Sepultures.
Toutefois la Loy des
XII. Tables le défendit enfuite
, pour ne pas donner lieu
du Mercure Galant.
59
à violer les Sepulcres des Morts ,
& pour reprimer l'avarice . Voi
la ce que porte cette Loy , neve
aurum addito. Il n'y a pas d'autre
raison que ces Trefors cachez
donnoient occafion de rompre
les Tombeau , de violer la
Sepulture , & de porter les Avares
à cette infamie de foüiller
jufque dans les lieux facrez ce
qui a efté défendu de tout temps .
Philoftrare en la vie d'Apollonius
liv. 7. affure que cet ar.
gent qui avoit efté tiré de la Sepulture
des Morts ne devoit
point entrer dans le commerce
des Hommes principalement
celuy qui y avoit efté dérobé ,
ou qui eftoit tiré des Tombeaux
par avarice .
Le Roy Théodoric fit deux
60 Extraordinaire
1
Ordonnances fur cette matiere,
dont l'une enjoignoit l'information
contre ceux qui avoient ofé
foüiller dans les Sepulchres &
en violer le droit , & l'autre qui
commandoit de rapporter au
bien commun & à l'utilité pu.
blique , les richeffes qu'on auroit
trouvées par hazard dans les
Tombeaux .
L'Hiftoire de Padout fur fes
Antiquitez rapporte que l'on
trouva dans le Tombeau d'Antenor
, qui fut le Fondateur de
cette Ville , plus de trente mille
livres d'argent , qu'il y avoit fait
mettre avant que de mourir.
Mais cette Infcription que Semiramis
Reyne de Babylone , fit
pofer de fon vivant fur fon Se.
pulcre , trompa finement l'avadu
Mercure Galant. 61
rice du Roy Darius . Elle y avoit
fait graver en groffes lettres ces
Mots : Si cui Regum Babylonis fuerit
pecunia penuria , aperto Sepulcro,
fumito. Ce Monument demeura
plufieurs Siécles en fon entier ,`
fans qu'aucun des Defcendans ou
Succeffeurs de cette Reyne y
touchaft , juſques au temps de
Darius. Ce Roy aveuglé d'une
avarice extréme , quoy qu'il fuft
le plus puiffant , & le plus riche
de tous les Roys du Monde,
paffant par là , & ayant leu cette
Infcription , au lieu des immenfes
Richeffes qu'il efperoit y
trouver , n'y rencontra rien que
ces autres paroles gravées au dedans
qui luy reprochoient avec
honte fon avarice. Nifi pecunia
effes inexplebilis , & turpis lucri
62 Extraordinaire
cupidus , defunctorum Sepulcra non
violaffes. Quelle infamie pour un
Roy & quelle tache qui ne
pourra jamais s'effacer!
La magnificence des Sepulchres
a paru tant aux Pyrami
des , dont nous avons parlé ,
qu'en la ftructure differente des
uns & des autres. Mais voila
d'où vient ce nom de Maufolée,
qu'on donne aux plus beaux Se.
pulchres & aux Tombeaux les
plus fuperbes , tant de l'Antiquité
que des Modernes ; & mefme
aux représentations qui fe
font dans les Temples , en la
mort des Roys , des Reynes , ou
des grands Heros.
Artemife Reyne de Carie , un
des Royaumes de l'Afie majeure
, voyant Maufolus
fon
du Mercure Galant.
63
Epoux mort , touchée d'une
vive douleur , fit ériger en fon
honneur & en fa memoire un
Monument , qui du nom de ce
Prince prit celuy de Mauſolée.
La ftructure de ce Tombeau fut
d'un fi excellent ouvrage qu'elle
luy fit douner le nom de la fixiéme
Merveille du Monde. La
figure en eftoit quarrée , & cet
Ouvrage fut donné à quatre
Maiſtres des plus habiles pour y
travailler. La partie Orientale
fut deſtinée à Scopas pour la
graver ; celle du couchant à
Leocare ; celle du Septentrion à
Briaffe , & celle du Midy à Timothée
. Ce grand Monument
fut formé en Pyramide , comme
la plus part l'eftoient dans ce
temps - là . Au fommet de ce
64
Extraordinaire
grand Ouvrage , eftoit la Satuë
du Roy affis dans un Trône la
Couronne en la tefte . Le commencement
& la Bafe eftoient
par Portiques & fans Marches.
La feconde élévation fuivoit la
mefme forme , mais avec des
Marches murées en dehors ; &
la troifiéme avec des Marches
en dedans pour monter au plus
haut. Les Arcades du premier
Etage eftoient fi larges , que d'un
Pilliers à l'autre il Y avoit 73.
pieds . Elles eftoient fupportées
de 36. Colomnes d'une pierre
feule chacune.
La merveille de ce Monument
confiftoit en l'Architecture, en la
grandeur , en la hauteur , & en la
Sculpture . Comme c'étoit l'Ouvrage
des plus fçavans Maiſtres ,
du Mercure Galant.
651
auffi n'y fut- il rien épargné pour
la dépenfe . La grandeur des Sta--
tues qui en faifoient l'ornement,
furprenoit les yeux . Ce ne fut
pas affez que toutes ces Merveilles
pour en faire une , fi Ar.
temife , Epouſe de Maufole , ne
faifoit voir quelque chofe de :
plus merveilleux . C'est elle qui
apres avoir rendu les derniers
devoirs à fon Epoux avec toute
la pompe imaginable , & ayant
fait confumer fon Corps dans le:
Bucher avec les Odeurs , less
Parfums & les Aromats les plus™
préticux , en recueillit les Cendres
qu'elle enferma dans une
Urne d'or en ce mefme Monu--
ment . Mais cette Reyne ne vou-:
lant pas luy furvivre , s'enfermaz
au mefme lieu , & le refte de:
Q.de Janvier 1685, F
66 Extraordinaire
fes jours ne vécut que de ces
mefmes Cendres détrempées de
fes larmes pour tout aliment .
Ainfi elle mefme devint le Mau
folée de fon Epoux , en expirant
dans ce Monument. Ce
font là des marques d'une ten.
dreffe & d'un amour inexpliquable.
Je puis dire qu'au ſujet des ſept
Merveilles du monde , dont la
premiére , qui eft le Maufolée
eft du nombre , j'ay eſté affez
heureux pour les avoir entremef.
lées toutes dans un Diftique Latin
par leurs noms , avec celuy du
Roy , pour Infcription fur le
Louvre , avec d'autres qui ont
efté leuës à Verfailles , dans le
temps que beaucoup de monde y
travailloit. La curiofité du Public
du Mercure Galant.
67
me les fait employer icy.
Hoc Lodoici Ephefum , Mcmphim,
Babylona , Coloffum,
Maufolea, Pharon, cum Jove , vincit
opus .
Le Livre d'André Palladio, fur
les magnifiques Sepultures , imprimé
à Rome avec fes Figures ,
parle avantageufement du Maufolée
de la Reyne Artemife , en
faveur du Roy Maufolus fon
Epoux.
Varron & Pline rapportent les
merveilles du Sepulcre de Porfenna
, Roy d'Hetrurie , qui pre.
fentement eft la Tofcane , Il eft
prés la ville de Clufe . Ce Monument
eft de pierre , fait en
quarré, dont chaque cofté a trois
cens pieds de largeur. La Bife eft
auffi quarrée. Le corps de l'Ou-
Fij
68 Extraordinaire
vrage s'éleve jufqu'à la moitié en
Pyramide , & au dedans il y a un
Labyrinthe.Sur ce Labyrinthe on
voit une Plateforme qui foûtient
cinq Pyramides , quatre aux Angles
, & une au milieu . Elles ont en
leur Baſe foixante & quinze pieds.
Elles font hautes de cent cinquate
pieds , & tellement égales , qu'en
leur fommet il y a un Chapiteau
d'Airain qui les couvre toutes , &
qui foûtient cinq autres pierres
d'une hauteur prodigieufe. Du
pied de ce Monument jufqu'au
faifte , l'on compte cinq cens
pieds. C'eft où l'on tient que
Porfenna eft ‹ t inhumé .
Les Empereurs , les Roys & les
Princes , fur les modelles des Anciens,
fe font fait ériger de grands
& magnifiques Monumens pour
du Mercure Galant. 69
leurs Sepultures , comme pour fe
rendre immortels par ces Ouvrages
. On voit encore à Rome en
la Vallée Martia , les veftiges du
Sepulcre de l'Empereur Augufte,
fort prés de l'Eglife S. Roch. II
eftoit autrefois orré de Marbre
blanc , de Porphyre , de grandes
Colomnes , d'Obelifques , & d'excellentes
Statuës , & avoit douze
Portes & trois ceintures de Murailles.
Il eftoit de forme ronde
& de cent coudées de haut. Au
fommet eftoit la Statuë de cet
Empereur faite d'Airain , tenant
en fa main fon Sceptre , & ayant
une Couronne en la tefte. Il l'avoit
fait baftir . non feulement
pour luy , mais auffi pour les
Empereurs qui luy devoient fuc
ceder. Le Sepulcre de l'Empe
70 Extraordinaire
reur Adrien eftoit encore en
la mefme Ville , & c'eft où eft
maintenant le Château S. Ange,
qui eft joint par un Pont fur le
Tybre.
Ce Monument dans fon temps.
eftoit embelly & diverfifié de
Marbres differens & exquis , de
Statuës , de Chars de Triomphe ,
& d'autres Ornemens artificieufement
travaillez , mais ils furent
rüinez par l'Armée des Goths ,
du temps de Belifaire.
Le Pontife Boniface VIII . y
fit faire le Château qui s'y voit
prefentement , & qui porte le
nom de S. Ange ; car un Ange y
parut deffus l'épée à la main ,
comme pour chaffer la pefte qui
defoloit Rome , comme cela arriva
, & depuis le nom de S. Ange
du Mercure Galant.
7 ፤
Y
luy eft demeuré. Alexandre VI .
le ceignit de foffez & de baftions,
fit conftruire une Gallerie couverte
& une autre découver
te , qui va juſqu'au Palais de faint
Pierre . Paul III. a depuis embelly
ce mefme Château de divers
Apartemens fomptueux.
>
Il y a encore plusieurs autres
Maufolées en la mefme Ville ; rel
que celuy de Septimius Severus ,
que l'on apelloit Septizonium , à
caufe des fept Ceintures dont il
eftoit environné , & celuy de Ceftius
, qui ne cédoit pas au préce
dent en beauté , & dont il refte
encore des veftiges . Les Romains
font fi jaloux de ces marques
d'antiquité , que depuis un Cardinal
fe voulant fervir des rüines
d'un de ces illuftres Monumens ,
72
Extraordinaire
il en fut empefché par l'autorité
Pontificale.
Proche de ces magnifiques Se--
pulcres eftoient des Obelifques .
d'une hauteur étonnante , & d'une
feule pierre . Il y en avoit deux au
Maufolée d'Auguſte , de quarante-
deux pieds. On tient mefme
que les cendres de Jules Cefar
étoient au fommet de celuy qui
avoit foixante & douze pieds ; en
la place defquelles Sixte V. a fait
mettre de fon temps une riche
Croix . Il y avoit des Lettres &
des Caracteres Egyptiens gravez
autour,
On érigeoit auffi des Colomnes
proche des Sepulcres en la
mefme Ville . Celle qui fut bâtie
en l'honneur de l'Empereur Trajan
, comme dit le mefme Palladio
dis Mercure Galant.
73
dio , avoit cent vingt- huit pieds
de hauteur ; & cet Empereur ne
la vit pas , parce qu'ayant entre
pris la Guerre contre les Parthes ,
il mourut au retour de cette expedition
en la ville de Seuleucie
en Syrie. Mais depuis fes cendres
furent rapportées à Rome ,
& mifes dans une Vrne d'or au
haut de cette Colomne. L'an 1588 .
Sixte V. fit mettre au lieu de
cette Vrne l'Image de S. Pierre,
faite de Bronze doré & d'une
grande ſtature . Autour de cette
Colomne , les Guerres & les Vi.
& oires de Trajan étoient gravées
en figures de Marbre , & principalement
fon entrepriſe contre
les Daces ,
Il y a des Villes entiéres bâties
& deftinées à la Sepulture des
2. deJanvier 1685. G
74
Extraordinaire
Empereurs & des Roys , comme
Seleucie par Conftätin le Grand ,
Antinoë par l'Empereur Adrien,
quoy que fon Sepulcre ait eſté à
Rome , où prefentement eft le
Château Saint Ange , comme il
eft dit cy- devant , Bucephalie
par
Alexandre le Grand , Taphofyris
par les Egyptiens , & plufieurs
autres ; ce que témoigne
Zuingerus ,
Pour la matiére de ces Monu~
mens , la Pierre , le Marbre , le
Porphyre , & mefme le Verre y
ont efté employez , comme on
voit dans Strabon liv. 17. qui die
que Ptolomée érigea pour Alexandre
le Grand , un Sepulcre
entiérement de verre, où le corps
ne pouvoit rendre aucune mauvaife
odeur , & étoit toûjours
du Mercure Galant. 75
4]
i
prefent aux yeux par la tranfparence
de la matière .
Plutarque raporte que le Sepulcre
d'Anthée , ce Géant fameux
qui combatit contre Hercule , &
dont il fut vaincu , a foixante &
dix coudées de long, & qu'il étoit
tenu comme une chofe Sacrée ;
car fi la moindre partie en étoit
offencée , & n'étoit pas réparée
au plûtoft , une pluye continuelle
tomboit en la mefme Region , &
la defoloit .
Il en arrive prefqu'autant à l'égard
du Sepulcre du Poëte Stratus
, qui fe voit à Pompejopolis ,
ville de Syrie , comme fait mention
Olaus Magnus , contre lequel
fi un Paffant jette une pierre
, elle rejaillit auffi- toft contre
luy , plûtoft par un prodige que
Gij
76
Extraordinaire
par aucune
raiſon naturelle
. Ces
exemples
ne font icy raportez
que pour marquer
la venération
qu'on doit avoir pour les Tombeaux
, & pour ceux qui y prennent
leur repos.
Le Tombeau de Virgile , Prin .
ce des Poëtes Latins , étoit conftruit
à la vuë de la ville de Naples
, & étoit d'une grande éminence
;
mais maintenant il eft
couvert d'arbriffeaux & de brof.
failles. On en voit encore les
grands veftiges à l'entrée d'une
caverne du Mont Paufitippus ,
comme on le remarque dans le
livre des Monumens & des Eloges
des illuftres Perfonnages ,
avec cette Infcription .
Qui cineres ? Tumuli hæc veſtigia ;
conditur olim
du Mercure Galant.
77
Ille hoc , qui cecinit pafcua , rura,
duces.
Si les Payens fe font fait des
Dieux , de leur nombre la pluf
part étoient mortels . Lucien qui
s'en raille , raporte dans le Dialogue
qu'il intitule Philopater, que
le Sepulcre de Jupiter leur Sou
verain étoit conftruit dans l'Ifle
de Créte , en une certaine Vallée
où autrefois il avoit efté nourry,
lors que Cybéle fa Mere le mit
au Monde dans la Foreft Dictée,
où les Corybantes par leur bruit
& le cliquetis de leurs Armes
empefcherent que Saturne fon
Pere n'entendift les cris de l'Enfant,
& qu'il n'en fuft devoré.
Le mefme Autheur en fon Dialogue
, qui porte pour Tître le
Deüil , aprend beaucoup de cho
G iij
78
Extraordinaire
fesfur la matiére de la Sepulture.
On y voit entr'autres que les
Grecs, tantoft brûloient les corps ,
& tantoft les inhumoient . Que
les Perfes les enterroient avec
des meubles prétieux , & avec de
grandes richeffes , felon la qualité
des perfonnes. Que les Indiens
fe fervoient de Tombeaux & de
Buchers , & qu'ils oignoient les
corps de fuif. Que les Scythes.
mangeoient fouvent les corps
leurs Amis en de grands Banquets ;
que les Egyptiens les embaumoient
. Mais nous traiterons du
tout feparément.
de
Revenons du Prophane au Sacré.
Au milieu de la Vallée de
Jofaphat , on trouve le Sepulcre
d'Abfalon , Fils de David . Il eft
coupé dans la Roche à la pointe
du Mercure Galant .
79
du cifeau , mais les Juifs l'ont tellement
en horreur, qu'ils yjettent
des pierres en paffant , à caufe du
mauvais deffein qu'il avoit entrepris
contre le Roy fon Pere.
Prés de la ville de Jérufalem ,
on voit les sépultures des Roys
de Juda , pareillement taillées
dans la Roche , & feparées les
unes des autres . Ce font autant
de Sepulcres en forme de cabinets
, & dont les Portes ont cela
de merveilleux , qu'elles font de
pierre , & tournent fur des pivots
de pierre auffi , le tout n'étant
que d'une feule pièce.
Les Sepultures des Juges d'If
raël , ne font pas éloignées des
precédentes . Elles font profque
toutes en leur entier. La curio .
fité de les voir , porte les Voya-
G iiij
80 Extraordinaire
geurs à fe fervir d'Arabes , qui
pour peu d'argent donnent des
connoiffances du tout .
Le Sepulcre du Lazare eſt dans
la Bethanie affez profond , ayant
plufieurs marches pour y defcendre.
L'on tient que ce Monument
étoit commun à fa Famille;
car il n'eut pas efté conftruit en
fi peu de temps aprés fa mort.
C'eft de ce lieu que la Sageffe Incarnée
le tira pour le reffufciter,
en luy difant , Lazare , exiforas .
Les Sepulcres où ſont enterrez
Jes Innocens qu'Herode fit maf
facrer , font auffi taillez dans la
Roche ; comme auffi céluy de
fainte Paule vers Bethleem. C'eft
en fon honneur que S. Hierôme
a compofé cette Epitaphe.
Afpicis anguftum pracisâ rupe Sepulcrum
,
du Mercure Galant. 81
Hofpitium Paula eft caleftia regna
tenentis ,
Divitias linquens Bethlemiti conditur
antro.
Le Tombeau du mefme S. Hie
rôme n'eſt pas éloigné de là ,
ainfi que ceux de plufieurs autres
SS. Peres. L'on tient par une
commune opinion que la Refurrection
fe doit faire de tous les
Hommes en cette Vallée de Jo.
faphat au dernier Jugement , &
que comme il a efté poffible à
Dieu de divifer les Hommes en
la Transfiguration de Babylone,
il luy fera auffi facile de les raffembler
tous en un moment , au
mefme lieu , de toutes les Parties .
du Monde , pour y recevoir leur
jugement.
DE LA
SEPULTURE,
DES TOMBEAUX ,
Et du temps que l'on a brûlé
les Corps
.
C
Omme la Vie eſt le premier
principe des Hommes
; de mefme la Mort eft leur
dermer terme . C'eſt d'où vient
que le Droit de la Sepulture eft
fi ancien , que peu apres la
création du Monde , & la chûte
de nôtre premier Pere , il a eſté
introduit & mis en ufage . Dieu
du Mercure Galant.
15
dit au premier Homme apres fon
peché qu'il étoit poudre, & qu'il retourneroit
enpoudre , parce qu'apres
la mort les corps des Hommes
doivent eftre mis dans la Terre,
comme dans le fein de leur commune
Mere , d'où ils ont efté tirez
en leur naiffance .
Mais avant que de parler des
Tombeaux , de la Sepulture , &
de l'ufage que les Anciens y ont
obſervé , il eſt à propos de dire
que l'origine en a prefque commencé
avec le Monde , & que
les premiers Hommes ont enfévely
les Corps des Défunts .
C'est un foin & une pieté qui
s'eft pratiquée comme par une
Loy , que la Nature mefme avoit
impofée. L'exemple en a paffé
chez la Pofterité , & le foin des
>
16
Extraordinaire
Funerailles a efté en fuite religieufement
étably & obfervé.
Mais fur tout on doit dire qu'Adam
& Noë ont efté les premiers
qui ayent fait ouverture
de la Terre pour y ensevelir les
corps , n'y ayant eu perfonne qui
ait en leurs deux temps précédé
l'un ny l'autre.
Abel , comme rapporte Jofephe
liv. 1. Chapitre 3. de fes
Antiquitez Judaïques , à l'âge de
129. ans fut la premiere Victime
de la mort , & reçût un ſi mauvais
traitement de Cain fon frere
, que ce Barbare apres luy
avoir arraché la vie , en cacha
le corps dans les haliers , pour
ne luy pas donner la Sepulture,
exerçant encore une nouvelle
cruauté fur fon Frere
apres
fa
du Mercure Galant.
17
mort. Mais Eliphas Themanite
dit , que Cain apres un meurtre
fi fanglant , devint vagabond &
comme furieux , ayant toûjours
devant les yeux l'image de fon
crime ; qu'il ne fe retiroit que
dans les Cavernes & les Foreſts
comme une Beſte , & que Dieu
fulmina contre luy un decret,
par lequel il fut ordonné qu'il
perdroit la vie par le fer , &
qu'il deviendroit la proye des
Vautours & des Animaux fauvages
, ainlì que les Septante ont
interpreté le paffage de Job fur
ce ſujet Chapitre 15. verf. 22. &
comme Olimpiodore l'a expliqué
. Voila les termes de ce decret
; Hominem impium decretum ,
ait , effe à Deo in manus ferri , &
ordinatum in efcas vulturum . Ce qui
Q. deJanvier 1685. B
18 Extraordinaire
à la verité fut jugé une punition
rigoureuſe , mais digne de l'im..
pieté de ce Parricide .
.
Adam touché au vif de la
mort d'Abel fon fils , en fit chercher
le corps , & apres plufieurs .
jours de deuil , de larmes & de
foûpirs , prit le foin de l'inhu .
mer avec beaucoup de pompe,.
& luy erigea un Monument qui
devoit fervir à luy mefme ,
& à fes autres enfans .. L'on :
tient communément que ce nefut
pas loin de Sion . Voila la
premiere Sepulture & le pre.
mier Tombeau , auquel ce Pere
affligé ajoûta encore une belle
Epitaphe , conceuë en ces paroles.
Quis tantus de hoc loco , tamque
fonorus clamor ? Rogas Viator ?
adhuc inauditum tibi parricidium,
du Mercure Galant.
19
& c . Salien la rapporte en l'année
du Monde
130.
La privation de la Sepulture .
avoit quelque chofe d horrible.-
Ce fut toutefois de cette melme.
peine la plus barbare de toutes ,
que les Egyptiens traiterent les
Hebreux fous Pharaon leur Roy;
car apres avoir miferablement
porté le joug de fa tyrannie , &
un long & rude efclavages , ils
en jettoient les Corps dans les
Champs fans les enfevelir , & ne
permirent pas mefme de mettre
de la pouffiere deffus , ny de ré
pandre des larmes apres leur
mort ; mais Dieu vangea bien
cette barbarie , felon que le remarque
Philon Juif en la vie de :
Moyle.
La fainte Ecriture nous fait :
B. ij
20 Extraordinaire
connoiſtre, aux Nombres Chapitre
16. verf. 34. que Dieu mefme
a voulu quelquefois que les
impies , en vangeance de leurs
crimes , ayent efté privez de la
Sepulture en diverfes manieres ,
ou eftant engloutis tout vifs dans
les entrailles de la Terre, comme
il est arrivé à Coré , Datham &
Abiron , ou eftant confumez du
feu du Ciel , fans qu'il foit refté
la moindre partie de leurs corps
pour
eftre mife dans la Sepulture
, comme le mefme Jofephe &
Philon le rapportent .
Ce fut là une effroyable vangeance
, & un terrible Monument
, quand cinq fameuſes Villes
furent entierement confumées
du feu du Ciel avec tous
leurs Habitans , à l'exception de
du Mercure Galant, 21
Loth & de fa Famille , encore
fon Epouſe par fa faute fut- elle
changée en fa propre Image ; &
quand Sodome & Gomorrhe du
nombre de Pentapolis devinrent
une vafte Mer de fouphre & de
bitume , pour punir les crimes
de ceux qui les habitoient . Les
Hiftoriens en feront toûjours
mention , & la pofterité en parlera
à jamais .
5.
C'eft de là auffi qu'eft venu
ce fameux Lac appellé Afphaltide
, ou cette Mer morte , dont
Joſephe liv.
&
4.
de la Guerre
de Juifs , & Hegefippe liv.
14. Chapitre 18. recitent tant de
merveilles , & apres eux Ariftote
& Strabon , & plufieurs autres.
Mais revenons à Adam & å
12 Extraordinaire
Noë , dont nous avons parlé cy--
devant. Noë , ce grand Patriarche
, averty de Dieu qu'il euft à
baftir l'Arche , pour ſe garantir
luy & fa famille des eaux du Dé .
luge univerfel , femble avoir donné
à tous les hommes qui devoient
venir apres luy , une idée
de la Sepulture & des Tombeaux
, car comme dit Orohoaita ,
le plus fçavant & le plus fameux
de tous les Auteurs Syriens , liv. 1 .
du Paradis Terreftre , Partie 1 .
Chapitre 14. & la Bibliotheque -
des Pères , Chapitre 1. il convertit:
cette mefme Arche en un
Tombeau , & par une pieté infigne
envers les Vivans & les
Morts , en s'y retirant , emporta
avec foy les offemens d'Adam ,
qui avoient eſté tirez du Sepul2-
*
du Mercure Galant
23
1
S
3
chre d'Abel , & apres en efte
forty fain & fauf avec fa Famille ,
il en retira les, mefmes offemens.
d'Adam , qu'il avoit gardez com.
me un dépoft , & les partagea cn--
tre fes Fils avec les Parties de la
Terre , & dans la divifion qu'il
en fit , il donna à Sem qui eftoit
l'aifné , le Crane , & la Region
pour habiter , qui depuis a efté:
dire la Judée.
On tient communement que
le Mont - Calvaire eft le lieu où
le Crané d'Adam a efté enfevely
par ce mefme Sem, & en fui .
te le reste de fes autres offemens,
& que cette Montagne a pris
fon nom de cette Sepulture . C'eft:
une ancienne Tradition , qui a
duré chez les Syriens , dit le
mefme Orohoaita , & qui y dure
encore..
24
Extraordinaire
Mais il ne faut pas s'étonner,
fi ces chofes font paffées fous fi.
lence dans les Livres de Moyfe ;
& que ne faifant mention que
de la Creation du Monde , de
la Chûte du premier Homme ,
& de la Propagation du Genre
Humain , il ne rapporte rien du
premier Age du Monde . L'Auteur
de la précédente opinion a
receu comme par Tradition des
plus anciens Syriens , ce qu'il en
a écrit , & que les Juifs tiennent
de luy.
Saint Epiphane fur la fin de
fon Livre , parle ouvertement de
cette Divifion de tout le Monde
entre les Fils de Noë , & affure
que la Paleſtine , dans laquelle
la Judée eft compriſe , eftoit
tombée au fort de Sem , quoy
qu'il
du Mercure Galant. 25
qu'il foit arrivé en fuite que
les
defcendans de Cham s'en foient
emparez par violence . C'eſt enfin
le fentiment de tous les Peres
, que les os d'Adam ont efté
portez apres le Déluge en la
Paleftine , où ils ont efté enfevelis.
C'est ce que confirme
Torniollus année 930. de fes Annales
Saintes , & Salien en la
mefme année.
Comme il n'y a pas à douter
de la pieté de Noë envers les os
d'Adam felon que faint Bafile
fur Ifaye Chapitre 5. & Theo.
phylacte fur Jonas Chapitre 19.
le remarquent , on doit dire auffi
que
le foin charitable de la Sepulcure
, des Funérailles
Tombeaux , & du Miniftere qui
s'y obferve , a pris fon origine
2. deJanvier 1685.
C
des
26 Extraordinaire
d'Adam , & poftérieurement de
Noë , qu'il s'eftétendu en fuite
à toute la Poftérité , & qu'il a
enfin obtenu la force d'une Loy
inviolable. D
La Tradition des anciens Juifs
cft d'une grande authorité pour
perfuader que les offemens d'A
dam ont efté enfevelis en Hebron
, comme faint Hierômé le
répete plufieurs fois , & la plus
grande partie des Peres le tiennent
auffi , & fur tout dans le
lieu du Calvaire , la Paleftine ,
la Judée & Hebron eſtant preſque
la mefme chofe ; tous lefquels
Peres Malveda cite en fon
Livre du Paradis Terreftre, chapitre
54. & 55.
A l'égard de la Sepulture chez
les Anciens Hebreux , ne rapdu
Mercure Galant. 27
1
7
porte. t'on pas qu'Abraham par
une révelation divine , entre les
Actions les plus confidérables,
avoit une grande vénération
pour ce dernier devoir que l'on
rend aux Défunts ? Car quand il
eut perdu Sara fa chere Epoufe,
n'acheta t'il pas par quatre cens
Sicles d'argent le Champ nommé
Ephron , pour y porter le
Corps de la Défunte? Ce fut par
la le premier qui dedia une choi
fe profane à l'ufage picux & facré
de la Sepulture , comme le
dit la Genefe Chapitre 23 .
A
23.
Mais felon le fentiment de
faint Chryfoftome Homelie
ce qui eft de plus confidérable ,
ce grand Patriarche ne s'eftoit
rien acquis par aucun prix d'argent
avant. ce Champ & cette
Cij
28
Extraordinaire
Sepulture , pour n'avoir rien devant
les yeux ou dans l'efprit de
plus prefent que le Tombeau;
& ce mefme Saint le loue pour
fon extréme pieté d'avoir pris
tant de foin de la Sepulture , tant
pour luy que pour les fiens .
Ce n'eft pas encore affez pour
Abraham d'avoir religieuſe..
ment pourvû à la Sepulture de
Sara mais il s'eft porté à la
Pompe des Funérailles , qu'il vou
lut y eftre obſervée , avec des
larmes & des plaintes ; ce que
Moïse exprime en la Geneſe Cha
pitre 23. par des termes dignes
d'un fi grand Perfonnage , mef
me apres avoir rendu les der
niers devoirs aux Manes de fon
Epouſe , il pria les Hethéens
d'avoir le mefme foin de fa Sedu
Mercure Galant.
29
car
pulture , & de ne luy pas denier
ce droit d'humanité , fitoft
qu'il auroit rendu l'ame
le deuil & les plaintes ne défignent
pas feulement les larmes .
& les foupirs , que les vifs reffentimens
de la douleur tirent
du coeur & des yeux , mais tout
ce qui peut regarder les Fune.
railles & leur Pompe.
Moyle remarque que les fentimens
de douleur , & la magni.
ficence de la Pompe funebre ne
furent pas moindres en la mort :
de Jacob; auffi Patriarche, & pe--
tit fils d'Abraham , qu'ils avoient
eſté en la mort d'Abraham meſ
me ; & ce Jacob pere de Jofeph,.
ne regretta pas moins la privation
de la Sepulture de fon Fils ,
C iij
39
Extraordinaire
que la mort pitoyable & funeſte
de ce mefme Fils , laquelle fes
Freres avoient annoncé à leur
Pere eftre
malheureuſement arrivée
, pour avoir efté devoré
des Beftes fauvages ; tant le foin
de la Sepulture eftoit recommandable
chez les anciens Hé
breux . C'est ce que remarque
Philon Juif. En effet , cet Auteur
fait une peinture trifte &
lugubre de Jacob affligé pour la
mort de ce Jofeph. Les termes
en arracheroient de la tendreffe
des coeurs les plus infenfibles , &
feroient couler les larmes des
yeux des plus endurcis.
C'eft de là auffi que ces Saints
Patriarches , comme la fainte
Ecriture l'enfeigne , Genele Chapitre
35. prenoient foin d'elever
du Mercure Galant.
3F .
des Pyramides fur les Sepulcres
des leurs . Jacobce Saint Per
fonnage , comme dit Brochard
en la Defcription de la Terre
Sainte , fit ériger fur le Sepulcre
de Rachel fon Epoufe , une Pyq
ramide d'un excellent Ouvrage,
au pied de laquelle & tout au
tour il en fit placer douze autres
un peu moindres , felon le
nombre de fes Enfans, tant pour
rendre ces Monument illuftre a
la pofterité , que pour marquer
L'efperance de la Refurrection &
de la Vie immortelle , commer
témoigne.de -Lyra parlant de ce
Patriarche .
La Geneſe Chapitre 5o.net
nous reniet - elle pas en memoi
re quelle Pompe funebre ce mef
me Jacob reçût en Egypte apres
Ciiij
32
Extraordinaires
y eftre mort Son Corps fut
honoré d'un fuperbe & magni
fique appareil , & auffi éclatant
que fi c'euft efté celuy d'un Roy,
& les mefmes honneurs furent
pareillement rendus à Joſeph ſon
fils Intendant de l'Egypte , apres
fon trépas.
Saint Ambroife eftime que la
couftume de faire des Obfeques.
eft venue des anciens Hebreux;
car Jacob fut regretté pendant
40. jours , & Moyfe durant 30 .
Cette couftume s'eft diverſe.
ment introduite chez les Nations
poſterieures , comme la fuite le
fera remarquer.
Mais entendons ce que dit
Ciceron fur le foin de la Sepulä
ture. Ce foin , dit - il , marque l'ef
poir de l'Immortalité. Car pourquoy
du Mercure Galant.
33
P
•
s'attacherfifort &fi naturellement
la Sepulture , s'il ne s'enfuit la réi
nion du Corps avec fon Ame , &
que la mort ne foit un paſſage à une
meilleure vie ? A quoy fervent ces
grands Monumens * ces Sepulcres
magnifiques ces Epitaphes , & ces
préparatifs de Pompe funebre ,
Aut
fi ce n'est une esperance de l'avenir
? Voila des termes qui ne fentent
pas le Pyen , mais un ef
prit, éclairé des lumieres de la
Foy. og
Les anciens Hebreux avoient
des Sepulchres particuliers aux
Familles , & d'autres communs
aux Estrangers , qu'ils appelloient
, Polyandria , comme vou,
lant dire que ces Monumens
eftoient pour un grand nombre
de Corps eufemble , ainfi que le :
34
«Extraordinaire
"
mot le fignifie , & c'eftoit où les
Perfonnes inconnues eftoient enfévelies
.
Les Egyptiens rendoient un
culte & une veneration fingu
liere aux Corps des Défunts ,
comme aux organes de leurs
Ames, qu'ils croyoient , ainly que
dit Herodote Livre 1 , immortelles.
A ce fujet , ils prenoient un
grand foin de les embaumer , &
de les munir de quantité d'o
deurs & d'aromats , pour leur
donner beaucoup de fuavité , &
les garantir à mefme temps de
la corruption. Ils employoient
à ce foin jufques à 40. & 50. jours,
& d'avantage s'il eftoit neceffai
re , comme on le voit en la Ge
nefe , & dans Diodore le Sici
lien Livre 1. Chapitre 2. Mais on
du Mercure Galant.
35
trouve deux manieres de faire
ces Embaumemens .
Caffien , Colloque 15. Chapitre
3. explique d'où peut venir
que les Egyptiens prenoient un
fi grand foin d'embaumer leš
Corps , & de les mettre en des
lieux élevez pour les conferver
avec plus de feureté .
·
La nature de l'Egypte eft telle
, dit il , que la plus grande
partie de la Terre eft inondée
des eaux du Nil , qui fe dégor
ge & couvre les Campagnes tous
les ans , & pendant un aſſez
long intervalle de temps , y laiffant
un limon & une vafe pourriffante.
Alors les Egyptiens font
contraints de mettre ces Corps
ainfi embaumez & liez fortement
de bandes , dans les, lieux
1
36 Extraordinaire
les plus hauts & loin de l'humi
dité. Ces lieux font ordinairement
les Montagnes , où ils les
enfoüiffent dans le fable , ou des
Roches taillées , en forte qu'ils
y font des Cellules
propres à
enfevelir les Corps . Ils les met
tent auffi en de hautes Pyrami
des , comme on faifoit principalement
ceux des Rois & des
Princes de l'Egypte , qui de leur
vivant avoient pris foin de les
faire baftir eux mefmes ; de là
viennent ces grandes Pyramides
de Memphis ou du grand Cai
re, & d'autres lieux voifins.
Les
Deferts de
l'Egypte ont
encore plufieurs de ces Pyramides
, dont par l'antiquité quel .
ques unes font enfoncées
dans le
fable , d'autres font à demy rom
du Mercure Galant.
37
་
puës , & d'autres font encore en
leur entier , & l'on y peut monter
par le dehors › y ayant des
Marches qui vont tout autour ;
& fur le milieu l'on trouve des
Voutes fort étendues & fpacieufes
, où l'on peut entrer , & ce
font les lieux où les Corps des
Rois & des Princes de l'Egypte
ont efté enfevelis. On peut parvenir
jufques au fommet par ces
mefmes Marches ; mais la defcen.
te en eft beaucoup plus difficile
à caufe de la hauteur , les yeux
pouvant eftte éblouis j c'eft
pourquoy on prend ordinairement
des Guides. M Fer.
manel , Conſeiller du Parlement
de Rouen , ayant fait le Voya
ge de la Terre Sainte , en parle
comme Témoin oculaire , en for
38
Extraordinaire .
Voyage du Levant , eftant alors
accompagné du Sieur Scohouë
Eftranger.
On voit autour de ces Pyramides
des Hieroglyphes gravez,
dont les fignifications & les mar
ques font Myftérieuſes . Le Pere
Kirker en a fait un fçavant Recueil
, & en a donné l'interpré.
tation en cct Ouvrage curieux ,
durant qu'il eftoit Bibliothecaire
du Vatican.
On a mefme trouvé des Trẹ.
fors , & de grandes Richeſſes
dans le fond de ces Pyramides;
& de là on préfume que les
Corps des Rois & des Princes ,
& leurs Trefors ont efté enlevez
, depuis que le grand Caire
& plufieurs autres Villes ont efté
bafties en Egypte , où on leur a
du Mercure Galant,
39
A dreffé d'autres Monumens ma
gnifiques pour les y conſerver.
Les pierres des Monumens font
tachetées de rouge & de blanc,
car
telle en' eſt la nature , n'y
ayant guere d'autre Marbre dans
ce Pays.
La plus commune opinion des
Auteurs qui ont écrit de ces Pyramides
anciennes , eft que dans
l'Egypte , il y en a trois princi.
pales. La plus haute dès trois ,
comme difent Pline , Strabon ,
Pomponius Mela , Démocrate ,
Ammian Marcellin , Oforius &
autres , eftoit conftruite de pier
res apportées de l'Arabie , &
c'eftoit un prodige comment on
avoit peu tirer des pierres d'une
fi immenſe étendue & d'une fi
grande pefanteur , & les mon
40 Extraordinaire
ter apres les avoir mifes en ou
vrage. On tiendroit pour une
Fable , que trois cents foixante
mille hommes y ayent travaillé
vingt années pour l'achever. Sa
bafe occupoit huit Arpens de
terre. Les quatre Angles avoient
chacun de leur coflé huit cents
quatre vingts trois pieds de longueur.
La hauteur , à prendre de
la bafe au fommet , eftoit de 363
pieds. Les deux autres Pyrami
des font moindres en toute leurs
parties.
On peut juger que les Egyptiens
ont efté ceux qui ontexcellé
par deffus toutes les autres
Nations en la magnificence &
en la pompe de leurs Sepulcres
& de leurs autres Monumens,
comme difent Herodote Livre 3.
du Mercure Galant.
41
Diodore Livre 1. Strabon Liv . 17.
& Pline Livre 16: Chapitre 123
comme auffi en la dépenfe exceffive
, & au nombre des Artifans
qu'ils y employoient. Leurs
Tombeaux n'eftoient pas feule.
ment ornez de Pyramides , mais
encore de Coloffes , de Statuës ,
de Sphinx , de Colomnes , d'Obelifques
, de Labyrinthes , &
d'autres fuperbes ornemens . C'eſtce
que dit Martial au commencement
de fes Epigrammes , en
faifant comparaifon avec un Ouvrage
d'un des plus grands Em--
pereurs Romains.
-
Barbara Pyramidum filcat mira--
cuta Memphis.
En voila encore une autre , ”
qu'Amafis Roy d'Egypte avoirfait
conftruire , de laquelle laa
DD 2. deJanvier 1685.
4,2 Extraordinaire
merveille confiftoit en fa figure
& en fa grandeur ; mais c'eftoit
plûtoft par vanité & par oftentation
, qu'autrement . Ce Monument
eftoit fait en figure de
Sphinx , & d'une fi vafte largeur,
que le ciscuit feulement de la
tefte , à prendre par le front ,
avoit cent deux pieds. Sa longueur
eftoit de cent quarantetrois
, & la hauteur eftoit depuis
le nombril , jufqu'au fommet de
la tefte de 82. comme dit Pline
Livre 36. Chapitre 12. Et ce qui
eft encore plus furprenant , &
qui paffe toute créance , l'Ou,
vrage eftoit de Marbre , & d'une
pierre feule & naturelle. Voila
la Sepulture de ce Roy , dont
parle Lucain Livre 9 .
Non mihi Pyramidum Tumulis
cuulfus Amafis...
du Mercure Galant.
433
Ces mefmes Merveilles font,
rapportées par Bellonius , en fes
Obfervations fingulieres Livre 2 .
fur les Ouvrages admirables de
P'Antiquité , & par Pierius en
fes Hieroglyphiques Livre 60..
Platon mefme en fon Phedon ,
infere l'immortalité de l'Ame par
les Corps des Egyptiens , qui ,
demeuroient incorruptibles apres
tant de Siécles en leurs Tombeaux.
3
Ileft icy à propos de parler,
des / Corps qui fe trouvoient , &
fe trouvent encore dans les Se--
pulcres de l'Egypte. On leur
donne le nom de Mumies , Ily en a
de deux fortes ; les uns font embaumez
par dedans , & les autres
par dehors . On en trouve
en des lieux taillez dans les Ro
Dij
44
Extraordinaireches
rangez à colte l'un de
l'autre , enveloppez de Linceuls
rayez de diverfes couleurs , &
ferrez de Bandes diverſement
rayées auffi . Ces Mumies qui font
embaumées par dehors , fe confervent
fans corruption en leurs
linceals , & en leurs bandes , à
cauſe du Baume & des Aromats .
dont elles font munies. Ces
Corps fous leurs couvertures ont
de petites Images de terre ver
te de differentes figures fur leur
eftomach , & mefme ſi extrava
gantes qu'on les prendroit pour
des Idoles. Quelques - uns ont
creu que c'eftoit leurs Talifmans .
Les ongles des pieds & des mains
font peints de Vermillon. C'a
efté de tout temps la couftume
des Egyptiens de peindre ces
S
du Mercure Galant. 45
parties de leurs Corps chez eux
apres leur mort.
On trouve auffi de ces Mumies
enfevelies fur les Montagnes
dans le fable , où le Soleil venant
à donner à plomb , en fait
diftiler une certaine liqueur ou
graiffe fouveraine , qu'on appelle
auffi Mumie , qui guerit die
verfes maladies communes , le
Spafme , les Schirres , l'Artriti
de , le Tetanus ou contraction
de Nerfs , Tartres. Voila l'effet
de celles qui font embaumées
par dehors. Mais je ne trouve
aucun Auteur ancien qui ait parlé
de ces Mumies . Ce n'eft pas
cer Alphalte , Bitume ou Pétrole
qui diftile des Rochers , &
qui paffe mefme au travers ; quoy
qu'ils puiffent avoir quelques
A
46 Extraordinaire
vertus excellentes .
Les Egyptiens . ont une autre
efpece de Mumies , qui font des
Corps défechez . Ils les endur.
ciffent tellement , qu'il n'y a
point de Parchemin qui en apro
che en dureté , & mefme ils ne
font guere moins durs que PAI "
rain . Saint Auguſtin au diſcours
120. des divins Noms , Chapi
tre 12 parle de ces Cadavres
ainfi endurcis , & on les appelle.
en la langue du pays Gabbares.
C'eft ainfi que les nomme Ift
dore , auffi en fa Glofe, felon la
langue de ces Regions . Mais ces
Gabbares ne rendent aucune liqueur
, ou graiffe , comme les
autres.
On remarque que les Egy
ptiens vuidoient les entrailles de
du Mercure Galant.
47
ces derniers Corps ; & comme
on n'y trouve aucune incifion
fur l'eftomach ny au ventre , de
là on a préfumé qu'on les tiroit
par le fondement , & la cervelle
par les narines ; cu s'il y en
avoit quelqu'une , elle eftoir fi
bien coufuë , que l'on ne pou
voit s'en appercevoir. C'eftoit
de cette maniere qu'ils les embaumoient
par le dedans ; eftant
pourtant enfevelis dans leurs
linceuls de la maniere que les
autres. Ces Corps n'eftoient
point fujets à la corruption , &
c'eftoient ceux qui estoient or
dinairement dans les Pyrami
des .
Nous dirons en paffant que
les Egyptiens vendent rarement
de ces Corps appellez . Mumies
48 Extraordinaire
ou Gabbares , parce que les Maîtres
des Vaiffeaux n'en veulent
pas permettre le tranfport en
Europe , comme fi ces corps enlevez
de leur pays ,
préfageoient
fur Mer quelque finiftre acci.
dent , foit que leur imagination
foit préoccupée de cette fuperftition
, ou que quelquefois il
s'en foit enfuivy quelque effet
furprenant , comme Tempeftes,
Vents ou Orages , qui les ayent
jettez dans cette erreur , ils en
attribuent toûjours la cauſe a
ces Corps tirez de leur Sepulture.
Ce n'eft pas qu'en effet la
graiffe ou l'huile que l'on tireroit
de ces Corps , ne fuſt auſſ
fouveraine que le Baume d'Egypte.
Les odeurs & les parfums
dont
du Mercure Galant.
4.9
dont on fe fervoit ordinairement
chez les Egyptiens , eſtoient le
Baume d'Egypte , n'y ayant que
ce Royaume qui en produife.
L'encens , la Myrrhe , & d'autres
Aromats , qu'engendre l'Arabie,
y eftoient employez , auffi
bien que ceux qui viennent de
Corycie , de Sabée , de Cilicie
& d'autres Regions du Levant ;
& mefme du temps de Neron,
on remarque que cet Empereur
fit une dépense fi prodigieufe
aux Funérailles de Poppée fon
Epoufe , pour ces odeurs & ces
parfums Aromatiques , qu'à peine
l'Arabie pourroit - elle ſuffire ,
& fournir en une année ce que
fa prodigalité confuma en un
jour. Le Corps de cette Impératrice
ne fut pas brûlé , comme
Q. deJanvier 1685.
-
E
50 Extraordinaire
c'eftoit la couftume de ces temslà
, ainfi que la fuite le fera connoiſtre
.
;
Les Juifs ont imité la méthode
d'enfevelir les Corps comme
les Egyptiens
car ils les embaumoient
, mais feulement par
dehors , & les couvroient ou de
linceuls , ou de drap de Pourpre,
& les ferroient auffi de bandes .
C'est ce qui fe remarque dans
les Funérailles du Roy Afa,
comme on le lit au Livre 2. du
Paralipom. 10. n . 4. où la Pompe
alla jufqu'à un grand excez .
Ils les mettoient enfuite au
Tombeau, felon que dit Sanchez
fur le Livre des Roys Chap.3 .
n. 12.
Cette coustume a efté meſme
introduite en l'Eglife depuis ce
du Mercure Galant,
temps -là , comme le remarque
Tertullien en fon
Apologétique,
où la profufion & les dépenfes
du Baume & des autres odeurs
Aromatiques eftoient fi excef.
fives & fi indignes des Chrẻ.
tiens , qu'il s'emporte contre ces
excez par ces paroles . Si les Arabes
fe pleignent , dit - il , que ceux
de Sabée fçachant que leurs Aromats
feront employez plus curieufement à
embaumer & à enfevelir les Chré.
1 tiens , qu'à parfumer leurs Autels.
U
Les mefmes odeurs ou de pareilles
, fe jettoient dans les
Tombeaux ou dans les Buchers,
comme ce difcours le fera voir
en fon lieu . Mais revenons aux
Sepulcres & aux Tombeaux.
L'Ecriture Sainte ne fait- elle
e pas mention des Monumens
E ij
52
Extraordinaire
la
merveilleux , conftruits pour
Sepulture des Roys de Juda , &
principalement de celuy que fit
ériger Salomon pour David fon
Pere , fur les deffeins
que
David
mefme en avoit donnez? Ce Sepulcre
eftant en grande vénération
chez les Juifs , tomba en
ruïne fous l'Empereur
Adrien ,
comme marque Dion en la vie
de cet Empereur.
Jofephe en fes Antiquitez Judaïques
Livre 11. Chapitre dernier
, témoigne que dans le Sepulcre
de David , & dans celuy
de Salomon , il y avoit eu de
grandes richeffes enfermées ,
aufquelles il eftoit défendu de
toucher. C'eftoit en la Ville de
Sion où ces Monumens eftoient.
Toutefois Hyrcan , grand Pondu
Mercure Galant.
53
tife , eſtant affiegé en la meſme
Ville par Antiochus , pour la
racheter du Siége , & pour éloigner
l'Ennemi , fut contraint ide
faire foüir dans le Sepulcre de
David , & d'en tirer trois mille
Talens , dont une partie fervit à
détourner Antiochus de fon entrepriſe
, & l'autre fut employée
à lever une Armée pour la défenſe
de la mefme Ville . La néceffité
obligea ce Pontife à fai
re foüiller dans la Sepulture des
Roys contre la défenfe.
Mais long temps apres , le meſ
meJofephe rapporte , que le Roy
Herodes avide d'or & d'argent,
n'eut point de fcrupule de violer
la Sepulture de ce mefme.
Roy , en faisant ouvrir ce Mo--
nument.
E iij
54
Extraordinaire
D'abord il en tira de tres riches
Ornemens qui y estoient
enfermez ; mais il ajoûte qu'on
ne pût parvenir jufques aux
Cendres & aux Trefors de ce
Roy , & qu'une flâme foudaine
s'eftant élevée du fond du Sepulcre
, y confuma deux Satellites
que ce Roy y avoit employez
, pour chercher les Trefors
qu'il en vouloit tirer
que le Ciel purit ainfi l'avarice
d'Herodes, qui fut obligé de faire
remettre le Monument au
mefme état qu'il eftoit auparavant.
>
&
Ce n'eftoit pas feulement avec
les Corps des Roys , que l'on inhumoit
des Trefors & des
chofes prétieuſes ; mais meſme
avec ceux des Prophetes , com .
2
du Mercure Galant. ss
1
-C
1.
>
me Sozomene le fait voir au
dernier Livre de fon Hiftoire
Ecclefiaftique . Ce fut à ce def
fein que les Chaldéens en la prife
de Jérufalem défoüirent les
Offemens des Roys de Juda , des
Princes , des Prophetes , & d'au
tres principaux de la Ville ,
pour en tirer les Trefors &
d'autres richeffes , fi elles y
eftoient cachées , comme le
Prophete Jéremie l'avoit prédit
beaucoup auparavant , pleurant
fur les miféres de cette Ville , &
comme le Prophete Baruch les
a depuis déplorées amérement.
C'est ce qui fut remarqué en la
découverte du Corps de Zacharie
auffi Prophete , qui arriva du
temps du mefme Baruch : car
on trouva à fes pieds un certain
E j
56 Extraordinaire
3
7
petit enfant Hebreu forty de race
Royale , ayant une Couronne
d'or en fa tefte , & des chauſ
fures d'or à fes pieds , & le
corps couvert d'un habit prétieux
; ce qui eftoit la marque
du grand foin & de la finguliere
vénération que les Anciens
avoient pour les Corps des illuftres
Défunts, de les accompa
gner de fi riches ornemens.
On a auffi trouvé dans les
mefmes Monurnens ou Sepul.
cres, des Médailles tres- Antiques,
qui d'un cofté portoient la figu
re d'Empereurs , de Roys ou de
Princes , & de l'autre des lettres
Hieroglyphiques , des Trophées
d'Armes , des Devifes ou
des Emblémes ; & c'eſt dont les
Médalliftes picquent la curiofité
"
du Mercure Galant. $7
de ceux qui aiment les Antiquailles
. Brafficamus à fait paroiftre
dans fon Promptuaire fes
recherches au contentement des .
Sçavans & des Curieux.
Plutarque auffi parlant de la
ville de Pélufe , préfentement
dite Damiete , Strabon Livre-
15. & Ammiam Marcellin Livre.
6. difent que les Roys des Macédoniens
& des Perfes avoient
auffi couftume d'enfermer des .
Trefors dans leurs Tombeaux.
Planudes en lifant des Infcriptions
de Sepulcres , découvrit
ingénieufement un Trefor caché
dans un Monument antique,
& cet Arabe fubtil , qui ayant
leu fur le front d'une grande
Statuë , qui eftoit au frontispice
d'un Sepulcre à découvert , ces
58
Extraordinaire
lignes : Aux Ides de May j'auray la
tefte d'or , fçeut pénétrer dans le
fens de ces paroles ; car bien
que l'on euft déja caffé la tefte
à cette Statuë aux Ides de May,
on fut obligé de la rétablir en
fon entier , pour ne la pas défigurer
, dautant qu'on n'y avoit
trouvé que du marbre ;
du marbre ; mais luy
plus intelligent alla foüir au premier
jour des Ides de May , au
lieu où l'ombre de cette tefte
donnoit , & y trouva autant d'or
que l'ombre fe pouvoit étendre
fur la terre.
L'ufage des Romains fut auffi
affez frequent d'accompagner les
Corps de richeffes en leurs Sepultures.
Toutefois la Loy des
XII. Tables le défendit enfuite
, pour ne pas donner lieu
du Mercure Galant.
59
à violer les Sepulcres des Morts ,
& pour reprimer l'avarice . Voi
la ce que porte cette Loy , neve
aurum addito. Il n'y a pas d'autre
raison que ces Trefors cachez
donnoient occafion de rompre
les Tombeau , de violer la
Sepulture , & de porter les Avares
à cette infamie de foüiller
jufque dans les lieux facrez ce
qui a efté défendu de tout temps .
Philoftrare en la vie d'Apollonius
liv. 7. affure que cet ar.
gent qui avoit efté tiré de la Sepulture
des Morts ne devoit
point entrer dans le commerce
des Hommes principalement
celuy qui y avoit efté dérobé ,
ou qui eftoit tiré des Tombeaux
par avarice .
Le Roy Théodoric fit deux
60 Extraordinaire
1
Ordonnances fur cette matiere,
dont l'une enjoignoit l'information
contre ceux qui avoient ofé
foüiller dans les Sepulchres &
en violer le droit , & l'autre qui
commandoit de rapporter au
bien commun & à l'utilité pu.
blique , les richeffes qu'on auroit
trouvées par hazard dans les
Tombeaux .
L'Hiftoire de Padout fur fes
Antiquitez rapporte que l'on
trouva dans le Tombeau d'Antenor
, qui fut le Fondateur de
cette Ville , plus de trente mille
livres d'argent , qu'il y avoit fait
mettre avant que de mourir.
Mais cette Infcription que Semiramis
Reyne de Babylone , fit
pofer de fon vivant fur fon Se.
pulcre , trompa finement l'avadu
Mercure Galant. 61
rice du Roy Darius . Elle y avoit
fait graver en groffes lettres ces
Mots : Si cui Regum Babylonis fuerit
pecunia penuria , aperto Sepulcro,
fumito. Ce Monument demeura
plufieurs Siécles en fon entier ,`
fans qu'aucun des Defcendans ou
Succeffeurs de cette Reyne y
touchaft , juſques au temps de
Darius. Ce Roy aveuglé d'une
avarice extréme , quoy qu'il fuft
le plus puiffant , & le plus riche
de tous les Roys du Monde,
paffant par là , & ayant leu cette
Infcription , au lieu des immenfes
Richeffes qu'il efperoit y
trouver , n'y rencontra rien que
ces autres paroles gravées au dedans
qui luy reprochoient avec
honte fon avarice. Nifi pecunia
effes inexplebilis , & turpis lucri
62 Extraordinaire
cupidus , defunctorum Sepulcra non
violaffes. Quelle infamie pour un
Roy & quelle tache qui ne
pourra jamais s'effacer!
La magnificence des Sepulchres
a paru tant aux Pyrami
des , dont nous avons parlé ,
qu'en la ftructure differente des
uns & des autres. Mais voila
d'où vient ce nom de Maufolée,
qu'on donne aux plus beaux Se.
pulchres & aux Tombeaux les
plus fuperbes , tant de l'Antiquité
que des Modernes ; & mefme
aux représentations qui fe
font dans les Temples , en la
mort des Roys , des Reynes , ou
des grands Heros.
Artemife Reyne de Carie , un
des Royaumes de l'Afie majeure
, voyant Maufolus
fon
du Mercure Galant.
63
Epoux mort , touchée d'une
vive douleur , fit ériger en fon
honneur & en fa memoire un
Monument , qui du nom de ce
Prince prit celuy de Mauſolée.
La ftructure de ce Tombeau fut
d'un fi excellent ouvrage qu'elle
luy fit douner le nom de la fixiéme
Merveille du Monde. La
figure en eftoit quarrée , & cet
Ouvrage fut donné à quatre
Maiſtres des plus habiles pour y
travailler. La partie Orientale
fut deſtinée à Scopas pour la
graver ; celle du couchant à
Leocare ; celle du Septentrion à
Briaffe , & celle du Midy à Timothée
. Ce grand Monument
fut formé en Pyramide , comme
la plus part l'eftoient dans ce
temps - là . Au fommet de ce
64
Extraordinaire
grand Ouvrage , eftoit la Satuë
du Roy affis dans un Trône la
Couronne en la tefte . Le commencement
& la Bafe eftoient
par Portiques & fans Marches.
La feconde élévation fuivoit la
mefme forme , mais avec des
Marches murées en dehors ; &
la troifiéme avec des Marches
en dedans pour monter au plus
haut. Les Arcades du premier
Etage eftoient fi larges , que d'un
Pilliers à l'autre il Y avoit 73.
pieds . Elles eftoient fupportées
de 36. Colomnes d'une pierre
feule chacune.
La merveille de ce Monument
confiftoit en l'Architecture, en la
grandeur , en la hauteur , & en la
Sculpture . Comme c'étoit l'Ouvrage
des plus fçavans Maiſtres ,
du Mercure Galant.
651
auffi n'y fut- il rien épargné pour
la dépenfe . La grandeur des Sta--
tues qui en faifoient l'ornement,
furprenoit les yeux . Ce ne fut
pas affez que toutes ces Merveilles
pour en faire une , fi Ar.
temife , Epouſe de Maufole , ne
faifoit voir quelque chofe de :
plus merveilleux . C'est elle qui
apres avoir rendu les derniers
devoirs à fon Epoux avec toute
la pompe imaginable , & ayant
fait confumer fon Corps dans le:
Bucher avec les Odeurs , less
Parfums & les Aromats les plus™
préticux , en recueillit les Cendres
qu'elle enferma dans une
Urne d'or en ce mefme Monu--
ment . Mais cette Reyne ne vou-:
lant pas luy furvivre , s'enfermaz
au mefme lieu , & le refte de:
Q.de Janvier 1685, F
66 Extraordinaire
fes jours ne vécut que de ces
mefmes Cendres détrempées de
fes larmes pour tout aliment .
Ainfi elle mefme devint le Mau
folée de fon Epoux , en expirant
dans ce Monument. Ce
font là des marques d'une ten.
dreffe & d'un amour inexpliquable.
Je puis dire qu'au ſujet des ſept
Merveilles du monde , dont la
premiére , qui eft le Maufolée
eft du nombre , j'ay eſté affez
heureux pour les avoir entremef.
lées toutes dans un Diftique Latin
par leurs noms , avec celuy du
Roy , pour Infcription fur le
Louvre , avec d'autres qui ont
efté leuës à Verfailles , dans le
temps que beaucoup de monde y
travailloit. La curiofité du Public
du Mercure Galant.
67
me les fait employer icy.
Hoc Lodoici Ephefum , Mcmphim,
Babylona , Coloffum,
Maufolea, Pharon, cum Jove , vincit
opus .
Le Livre d'André Palladio, fur
les magnifiques Sepultures , imprimé
à Rome avec fes Figures ,
parle avantageufement du Maufolée
de la Reyne Artemife , en
faveur du Roy Maufolus fon
Epoux.
Varron & Pline rapportent les
merveilles du Sepulcre de Porfenna
, Roy d'Hetrurie , qui pre.
fentement eft la Tofcane , Il eft
prés la ville de Clufe . Ce Monument
eft de pierre , fait en
quarré, dont chaque cofté a trois
cens pieds de largeur. La Bife eft
auffi quarrée. Le corps de l'Ou-
Fij
68 Extraordinaire
vrage s'éleve jufqu'à la moitié en
Pyramide , & au dedans il y a un
Labyrinthe.Sur ce Labyrinthe on
voit une Plateforme qui foûtient
cinq Pyramides , quatre aux Angles
, & une au milieu . Elles ont en
leur Baſe foixante & quinze pieds.
Elles font hautes de cent cinquate
pieds , & tellement égales , qu'en
leur fommet il y a un Chapiteau
d'Airain qui les couvre toutes , &
qui foûtient cinq autres pierres
d'une hauteur prodigieufe. Du
pied de ce Monument jufqu'au
faifte , l'on compte cinq cens
pieds. C'eft où l'on tient que
Porfenna eft ‹ t inhumé .
Les Empereurs , les Roys & les
Princes , fur les modelles des Anciens,
fe font fait ériger de grands
& magnifiques Monumens pour
du Mercure Galant. 69
leurs Sepultures , comme pour fe
rendre immortels par ces Ouvrages
. On voit encore à Rome en
la Vallée Martia , les veftiges du
Sepulcre de l'Empereur Augufte,
fort prés de l'Eglife S. Roch. II
eftoit autrefois orré de Marbre
blanc , de Porphyre , de grandes
Colomnes , d'Obelifques , & d'excellentes
Statuës , & avoit douze
Portes & trois ceintures de Murailles.
Il eftoit de forme ronde
& de cent coudées de haut. Au
fommet eftoit la Statuë de cet
Empereur faite d'Airain , tenant
en fa main fon Sceptre , & ayant
une Couronne en la tefte. Il l'avoit
fait baftir . non feulement
pour luy , mais auffi pour les
Empereurs qui luy devoient fuc
ceder. Le Sepulcre de l'Empe
70 Extraordinaire
reur Adrien eftoit encore en
la mefme Ville , & c'eft où eft
maintenant le Château S. Ange,
qui eft joint par un Pont fur le
Tybre.
Ce Monument dans fon temps.
eftoit embelly & diverfifié de
Marbres differens & exquis , de
Statuës , de Chars de Triomphe ,
& d'autres Ornemens artificieufement
travaillez , mais ils furent
rüinez par l'Armée des Goths ,
du temps de Belifaire.
Le Pontife Boniface VIII . y
fit faire le Château qui s'y voit
prefentement , & qui porte le
nom de S. Ange ; car un Ange y
parut deffus l'épée à la main ,
comme pour chaffer la pefte qui
defoloit Rome , comme cela arriva
, & depuis le nom de S. Ange
du Mercure Galant.
7 ፤
Y
luy eft demeuré. Alexandre VI .
le ceignit de foffez & de baftions,
fit conftruire une Gallerie couverte
& une autre découver
te , qui va juſqu'au Palais de faint
Pierre . Paul III. a depuis embelly
ce mefme Château de divers
Apartemens fomptueux.
>
Il y a encore plusieurs autres
Maufolées en la mefme Ville ; rel
que celuy de Septimius Severus ,
que l'on apelloit Septizonium , à
caufe des fept Ceintures dont il
eftoit environné , & celuy de Ceftius
, qui ne cédoit pas au préce
dent en beauté , & dont il refte
encore des veftiges . Les Romains
font fi jaloux de ces marques
d'antiquité , que depuis un Cardinal
fe voulant fervir des rüines
d'un de ces illuftres Monumens ,
72
Extraordinaire
il en fut empefché par l'autorité
Pontificale.
Proche de ces magnifiques Se--
pulcres eftoient des Obelifques .
d'une hauteur étonnante , & d'une
feule pierre . Il y en avoit deux au
Maufolée d'Auguſte , de quarante-
deux pieds. On tient mefme
que les cendres de Jules Cefar
étoient au fommet de celuy qui
avoit foixante & douze pieds ; en
la place defquelles Sixte V. a fait
mettre de fon temps une riche
Croix . Il y avoit des Lettres &
des Caracteres Egyptiens gravez
autour,
On érigeoit auffi des Colomnes
proche des Sepulcres en la
mefme Ville . Celle qui fut bâtie
en l'honneur de l'Empereur Trajan
, comme dit le mefme Palladio
dis Mercure Galant.
73
dio , avoit cent vingt- huit pieds
de hauteur ; & cet Empereur ne
la vit pas , parce qu'ayant entre
pris la Guerre contre les Parthes ,
il mourut au retour de cette expedition
en la ville de Seuleucie
en Syrie. Mais depuis fes cendres
furent rapportées à Rome ,
& mifes dans une Vrne d'or au
haut de cette Colomne. L'an 1588 .
Sixte V. fit mettre au lieu de
cette Vrne l'Image de S. Pierre,
faite de Bronze doré & d'une
grande ſtature . Autour de cette
Colomne , les Guerres & les Vi.
& oires de Trajan étoient gravées
en figures de Marbre , & principalement
fon entrepriſe contre
les Daces ,
Il y a des Villes entiéres bâties
& deftinées à la Sepulture des
2. deJanvier 1685. G
74
Extraordinaire
Empereurs & des Roys , comme
Seleucie par Conftätin le Grand ,
Antinoë par l'Empereur Adrien,
quoy que fon Sepulcre ait eſté à
Rome , où prefentement eft le
Château Saint Ange , comme il
eft dit cy- devant , Bucephalie
par
Alexandre le Grand , Taphofyris
par les Egyptiens , & plufieurs
autres ; ce que témoigne
Zuingerus ,
Pour la matiére de ces Monu~
mens , la Pierre , le Marbre , le
Porphyre , & mefme le Verre y
ont efté employez , comme on
voit dans Strabon liv. 17. qui die
que Ptolomée érigea pour Alexandre
le Grand , un Sepulcre
entiérement de verre, où le corps
ne pouvoit rendre aucune mauvaife
odeur , & étoit toûjours
du Mercure Galant. 75
4]
i
prefent aux yeux par la tranfparence
de la matière .
Plutarque raporte que le Sepulcre
d'Anthée , ce Géant fameux
qui combatit contre Hercule , &
dont il fut vaincu , a foixante &
dix coudées de long, & qu'il étoit
tenu comme une chofe Sacrée ;
car fi la moindre partie en étoit
offencée , & n'étoit pas réparée
au plûtoft , une pluye continuelle
tomboit en la mefme Region , &
la defoloit .
Il en arrive prefqu'autant à l'égard
du Sepulcre du Poëte Stratus
, qui fe voit à Pompejopolis ,
ville de Syrie , comme fait mention
Olaus Magnus , contre lequel
fi un Paffant jette une pierre
, elle rejaillit auffi- toft contre
luy , plûtoft par un prodige que
Gij
76
Extraordinaire
par aucune
raiſon naturelle
. Ces
exemples
ne font icy raportez
que pour marquer
la venération
qu'on doit avoir pour les Tombeaux
, & pour ceux qui y prennent
leur repos.
Le Tombeau de Virgile , Prin .
ce des Poëtes Latins , étoit conftruit
à la vuë de la ville de Naples
, & étoit d'une grande éminence
;
mais maintenant il eft
couvert d'arbriffeaux & de brof.
failles. On en voit encore les
grands veftiges à l'entrée d'une
caverne du Mont Paufitippus ,
comme on le remarque dans le
livre des Monumens & des Eloges
des illuftres Perfonnages ,
avec cette Infcription .
Qui cineres ? Tumuli hæc veſtigia ;
conditur olim
du Mercure Galant.
77
Ille hoc , qui cecinit pafcua , rura,
duces.
Si les Payens fe font fait des
Dieux , de leur nombre la pluf
part étoient mortels . Lucien qui
s'en raille , raporte dans le Dialogue
qu'il intitule Philopater, que
le Sepulcre de Jupiter leur Sou
verain étoit conftruit dans l'Ifle
de Créte , en une certaine Vallée
où autrefois il avoit efté nourry,
lors que Cybéle fa Mere le mit
au Monde dans la Foreft Dictée,
où les Corybantes par leur bruit
& le cliquetis de leurs Armes
empefcherent que Saturne fon
Pere n'entendift les cris de l'Enfant,
& qu'il n'en fuft devoré.
Le mefme Autheur en fon Dialogue
, qui porte pour Tître le
Deüil , aprend beaucoup de cho
G iij
78
Extraordinaire
fesfur la matiére de la Sepulture.
On y voit entr'autres que les
Grecs, tantoft brûloient les corps ,
& tantoft les inhumoient . Que
les Perfes les enterroient avec
des meubles prétieux , & avec de
grandes richeffes , felon la qualité
des perfonnes. Que les Indiens
fe fervoient de Tombeaux & de
Buchers , & qu'ils oignoient les
corps de fuif. Que les Scythes.
mangeoient fouvent les corps
leurs Amis en de grands Banquets ;
que les Egyptiens les embaumoient
. Mais nous traiterons du
tout feparément.
de
Revenons du Prophane au Sacré.
Au milieu de la Vallée de
Jofaphat , on trouve le Sepulcre
d'Abfalon , Fils de David . Il eft
coupé dans la Roche à la pointe
du Mercure Galant .
79
du cifeau , mais les Juifs l'ont tellement
en horreur, qu'ils yjettent
des pierres en paffant , à caufe du
mauvais deffein qu'il avoit entrepris
contre le Roy fon Pere.
Prés de la ville de Jérufalem ,
on voit les sépultures des Roys
de Juda , pareillement taillées
dans la Roche , & feparées les
unes des autres . Ce font autant
de Sepulcres en forme de cabinets
, & dont les Portes ont cela
de merveilleux , qu'elles font de
pierre , & tournent fur des pivots
de pierre auffi , le tout n'étant
que d'une feule pièce.
Les Sepultures des Juges d'If
raël , ne font pas éloignées des
precédentes . Elles font profque
toutes en leur entier. La curio .
fité de les voir , porte les Voya-
G iiij
80 Extraordinaire
geurs à fe fervir d'Arabes , qui
pour peu d'argent donnent des
connoiffances du tout .
Le Sepulcre du Lazare eſt dans
la Bethanie affez profond , ayant
plufieurs marches pour y defcendre.
L'on tient que ce Monument
étoit commun à fa Famille;
car il n'eut pas efté conftruit en
fi peu de temps aprés fa mort.
C'eft de ce lieu que la Sageffe Incarnée
le tira pour le reffufciter,
en luy difant , Lazare , exiforas .
Les Sepulcres où ſont enterrez
Jes Innocens qu'Herode fit maf
facrer , font auffi taillez dans la
Roche ; comme auffi céluy de
fainte Paule vers Bethleem. C'eft
en fon honneur que S. Hierôme
a compofé cette Epitaphe.
Afpicis anguftum pracisâ rupe Sepulcrum
,
du Mercure Galant. 81
Hofpitium Paula eft caleftia regna
tenentis ,
Divitias linquens Bethlemiti conditur
antro.
Le Tombeau du mefme S. Hie
rôme n'eſt pas éloigné de là ,
ainfi que ceux de plufieurs autres
SS. Peres. L'on tient par une
commune opinion que la Refurrection
fe doit faire de tous les
Hommes en cette Vallée de Jo.
faphat au dernier Jugement , &
que comme il a efté poffible à
Dieu de divifer les Hommes en
la Transfiguration de Babylone,
il luy fera auffi facile de les raffembler
tous en un moment , au
mefme lieu , de toutes les Parties .
du Monde , pour y recevoir leur
jugement.
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Résumé : DE L'ORIGINE DE LA SEPULTURE, DES TOMBEAUX, Et du temps que l'on a brûlé les Corps.
Le texte explore l'origine et l'importance des pratiques funéraires, soulignant leur ancienneté et leur signification. La sépulture est présentée comme un droit ancien, instauré peu après la création du monde et la chute d'Adam. Dieu a informé Adam que les corps humains retourneraient à la poussière, justifiant ainsi l'ensevelissement des morts. Les premiers hommes, guidés par une loi naturelle, ont enseveli les corps des défunts. Adam et Noé sont mentionnés comme les premiers à avoir ouvert la terre pour y ensevelir les corps. Abel, le premier homme à mourir, a été tué par son frère Caïn, qui a caché son corps pour lui refuser une sépulture. Adam a cherché le corps d'Abel et lui a érigé un monument avec une épitaphe. La privation de sépulture est décrite comme une punition barbare, comme celle infligée aux Hébreux par Pharaon. Noé, averti par Dieu de construire l'arche pour survivre au déluge, a également joué un rôle dans l'établissement des pratiques funéraires. Il a converti l'arche en tombeau et a emporté avec lui les offrandes d'Adam tirées du sépulcre d'Abel. Après le déluge, il a partagé ces offrandes entre ses fils. Les traditions juives et chrétiennes soulignent la piété de Noé et d'Adam envers les morts. Abraham a acheté un champ pour y enterrer Sara, marquant ainsi la première dédication d'un lieu profane à un usage sacré. Les patriarches prenaient soin d'élever des monuments funéraires, comme Jacob qui a érigé une pyramide sur la tombe de Rachel. Les pratiques funéraires, y compris les obsèques et les monuments, sont vues comme des marques d'espoir en l'immortalité et en la résurrection. Les Hébreux possédaient des sépultures familiales et des lieux communs pour les étrangers, appelés 'Polyandria'. Les Égyptiens vénéraient les corps des défunts, qu'ils considéraient comme des organes immortels de l'âme. Ils prenaient grand soin d'embaumer les corps avec des huiles et des aromates pour les préserver de la corruption. Les Égyptiens enterraient souvent les corps embaumés dans des lieux élevés, comme des montagnes ou des pyramides, pour les protéger de l'humidité causée par les inondations du Nil. Les pyramides, notamment celles de Memphis, étaient des monuments majestueux construits pour les rois et les princes. Le texte mentionne également des trésors et des richesses trouvées dans les pyramides, ainsi que des momies, qui étaient des corps embaumés conservés dans des linceuls et des bandes. Les Égyptiens utilisaient divers aromates, comme le baume d'Égypte, l'encens et la myrrhe, pour les rites funéraires. Les Juifs adoptaient des pratiques similaires, embaumant les corps et les couvrant de linceuls ou de pourpre. L'Écriture sainte fait référence à des monuments funéraires impressionnants, comme celui érigé par Salomon pour David. Le texte traite également des sépultures royales et prestigieuses. Le grand prêtre de Jérusalem, assiégé par Antiochus, dut fouiller le sépulcre de David pour obtenir des fonds. Le roi Hérode, avide d'or, viola la sépulture de David mais fut arrêté par une flamme soudaine. Les sépultures des rois et des prophètes contenaient souvent des trésors et des objets précieux. Les Chaldéens, lors de la prise de Jérusalem, pillèrent les offrandes des rois et des prophètes. Des médailles antiques et des inscriptions étaient également trouvées dans ces sépultures. Les rois des Macédoniens et des Perses avaient également la coutume d'enterrer des trésors avec eux. Les Romains, bien que la loi des Douze Tables ait interdit de cacher des trésors dans les sépultures, avaient des pratiques similaires. Le roi Théodoric édicta des ordonnances contre ceux qui violaient les sépultures. Des trésors furent également trouvés dans des tombeaux célèbres, comme celui d'Antenor, fondateur de Padoue. Le texte décrit des sépultures magnifiques, comme le mausolée d'Artémise pour son époux Mausole, considéré comme l'une des sept merveilles du monde. Artémise, après la mort de Mausole, se fit enterrer avec lui.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 193-210
Lettre du P. l'E. J. [titre d'après la table]
Début :
Messieurs de Trevoux doivent mettre dans leur Journal du mois [...]
Mots clefs :
Empire, Capitale, Monuments, Inscription, Peuples, Opinion, Antiquité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre du P. l'E. J. [titre d'après la table]
Messieurs de Trevoux
doivent mettre
dans leur Journal du
mois prochain une
Dissertation en forme
de Lettre dont je vais
vous donner l'extrait,
sur lafoyque j'ay du
bon choix qu'ils sçavent
faire des Pieces
,
car je n'ay par moymesme
nulleérudition
sur les Monuments ,&
sur les InfcriptiowKantiques.
Cette Lettre cft
du P.fE.J.
-.
J'ay V€U.,Monjteurxles
Monuments etantiquitéde la
capitale desLeuquois, qu'on a
trouvez prés de Leucey dans
le pays des anciens Leucois ou
Leuciens ; & à' ce nom de
Leucey
3
je vous avoue que
j'ay cru avoir trouvé la capi.
tale decepeupleGaulois qu'on
cherche encore AUjourd'huy
Pour rendre mon systême
probable, aprés avoir
avoüé que Toul étoit la premiere
Ville de Leuciens du
temps dePtolemée 3je montrerois
quellen'est devenuë leur
capitale que par laruine d'une
Villeplusancienne qui portoit
leur nom.
N'est-ce pasainsi que nous
prouvons que Treves étoit la
capitale du pays Trevois ?
Met!{j de celuy quon nom-
tnoit Mediomatrices;
Reims, des Rémois, Soisson),
des Sucssonnois ,
Amiens
,
des Ambianois
, Chartres,des Carnutes, Le
Mans
,
des Cenomans, Pa-
- ris,desParisiens,Sens
,
des
Senonois, & Langres, des
Lingonois? Toutes les capitales,
disons-nous, ont pris le
nom de leurs Peuples,excepté
celles de la Province Romaine.
& les Villes voisines (font les
Romains avoientfixéou changé
le nom, comme Aquæ
Sextiæ, Lugdunum, Vesontio
,
Augustodunum.
Puisdonc que noustrouvons
au milieu du Peuple appellé
anciennementLeuci un lieu
nommé Leucey , ne devonsnous
doncpascroire que le Lieu
quiporte le nom du Peuple qui
l'environne
, en estla capitale
?
Le P. l£ refuteenfuite
l'opinion de feu
Mrl'AbbéRiquet.
Ilavoitdonné, dit-il,aux
Leuquois une Capitale qui
n'étoitpas mesmede leur Pays,
car si noussuivons la division
des anciens Dioceses qui a esté faite Sur Ii division
des anciens Peuples del'Empire
,
Gran devoit estre du
Pays de Langres, parce qu'-
elle a esté long-temps du mesme
Diocese.
Gardez-vous bien de croire
ne nmoins, Monsieur, que le
donnedans cette illusion; ou--*
tre que les Capitales n'ont pris
le norll de leurs Peuples que
quand leurs Tyrans leur ont
oste le leurpropre,& en un
temps où elles ne pouvoient
tftre ni connues aux Geographes,
ni mesme aux Geographes
du bas Empire ,
fuis
qu'elles ont gardé leur nom
jtiféJu'à ce temps-là.
L'Auteur soutient
ensuite le caractere
d'un veritable Sçavant,
qui ne refute
point l'opinion des autres
par l'envied'établir
les siennes.
Je n'aime point
,
dit-il
, à changer les bornes que nos
peres ont posées; re puisque
Toul a toûjours esle la Capitale
des Lo ucois, je ne luy disputeray
point ce nom. Je
conviendray que ma regle n'cft
pasgenerale,&que les Mandubiens
,
les Nerviens
,
les
Menapiens, &plusieurs autres
Peuples avoient des Capitales
à qui ils n'ont paslaissé
leur nom; que l'Analogie du
nom est une preuvelegere lorsquellerieftpasappuyéed-
'ail*
leurs; & qu'enfin quand on
auroit trouvé à Lucey mesme
les Monuments d'antiquité
qu'on a trovuez auxenvirons,
je ne prétendrons point me signaler
par une nouvelle OPInion
capable de m'attirer tous
les Antiquairessur les bras.
LeP.l'E.propose
sansopiniastreté une
opinion nouvelle;c'est
ce qui la rend plus
probable. Un Sçavant
qui n'est point aveuglé
par ses préventions.,
voit plus clairqu'un
autre.
Il rassure ensuite un
de ses Amis sur un
doute qu'il a.
Vous craigne^ fort, luy
dit-il
, que les Monuments
qu'on a trouvez cbek vous ne
soientpasantiques,parce qu'il
ne vous paroist pas que certaines
Lettres qu'on voitsur une
petite Urne lachrymale qui
fait une partie de ces Monuments,
soient de la beauté que
font ordinairement les Lettre.s.-
Romaines dans les Inscriptions
antiques Pensez-vous
quil n'y paiffi avoir d'Inscription
antique si elle n'efi bien
écrite?
Je vous avoüeray que j'ay
estémoy-mesme en cette erreur.
Lapremierefois que je vissur
les Medailles d'Albin des A.
qui navoient pasla simplicité
ordinaire aux Lettres Ramai.
nes ,
j'enfussurpris.A la vûe
d'une Inscription sur Bronze
pour la Déesse du Peuple Bi - bractin,laquelleestconservée
dans le Cabinet de Mr Moreau
de Mautour, où je remarquay
de pareilles Lettres.
Je doutay de l'antiquité de i'Jnjcriptwn; mais lorsquej'eus
prisgarde que nous avionsplusieurs
MedaillesConsulaires
dont les Legendes n'estoientpas
si bien écrites que celles des
Medailles du haut Empire
fr compris qu'une Inscription
pourvoitestre antique & malécrite
tout ensemble, & que
souventmesme la difformité de
ces Lettres étoit une marque
dune plusgrande antiquité.
Maislorsque je vis les
Tombeaux des Soldats de lahuitième
Legion qui furent
trouvez àStrasbourgen1663.
e,,,7 dontBebel fait la description
,
je connus qu'une Inscription
pouvoit estre mal écrite
~& avoir estéfaite dans le
haut Empire, c'est-à-dire, au
temps qui nous a laissé les pltiè
telles Inscriptions
, car enfin
voilà lesEpitaphes dont ils*a*
gif.-
On lit sur les trois
premiers Tombeaux.
LEG. VIII. AVG.
Sur le quatriéme
Tombeau.
LEG.VIII. AG.
L'Impression n'a pû
imiter icy les Caracteres
malformez de ces
InscriptionsJe suisfasché
de diminuer en cela
le
-
plaisir des Curieux,
plaisir que j'approuve
,puisque la curiositéantique
est une
espece de joüissancedu
tempspassé. Si quelqu'un
deces Sçavants
a citationsGrecques &C
Latines
,
blasme l'incertitude
qu'on voit
chez les Antiquaires,
je luy répondrais volontiers:
Des Livres Grecsoriginaux
Vous croyez, concevoir les
objcurespensées
Mais souvert elles sont
encorpluseffacées
Que les Inscriptionsqu'on
trouve aux vieux Tombeaux.
L'Auteur prouve enfuite
que ces Inlcrip-^
tiens quoyque mal
écrites, sont neanmoins
du temps de la
plus belle Antiquité.
Premierement , dit - il,
elles Ifr-sontpointdu bas EriJpire,
car il n'yavoit en ce
tempslà que deux Legions
d'August
,
l'une en Thrace
> &l'autre dans [Jllllirie
, encore
partoit-elle le nom de Pre-
~torienne,d''Etrangère,
nomque celle-cyneporte pas.
Elles sont donc du hau-
Empire jCT mesme du comt
mencement del'Empire,carce
riefîoit qu'en ce temps-là qu'il
y avoit une huitième Legion
qui porta le nom d'Auguste.
Nous la voyons en quartier
sur le bord duRhin dans le
Pays des Vangions & des
Tribocces t1
,
pendant l'Empire
de Tibere,& nous Ij voyons
encore sousl'Empire d'Antoninaurapport
de Ptolemée,
aprés que L'histoire n'en parle plus.
Les Soldats de cette Legion
furent donc enterrez à Strasbourg,
bourg, ou sous l'Empire de
Tibere ousous l'Empire d'An-:
tonin. Desçavoir precisement
le temps de leur sepulture
,
je
crois que ce riefl pas une chose
aisée.
LesInscriptions de la Republique
ancienne oudu bas
Empiresontmalécrites parce
qu'au temps de Republique l'écriture
Romainen'avoit pas
encoresa perfection
, &qu'au
temps du bas Empire, elle l'avoit
perduë C'estainsi
que les Medaillesd'Albinfrapées
dans les Gaules ont des
A. Gaulois : que l'Inscription
de la Déeffi de Bibraaé., a
des R. &des T Gaulois, &
que lesEpitaphes de Strasbourg
dont nous venons de parler
,
ont des Lettres toutes Gauloises.
Nevoyons-nouspas encore
aujourd'huy que les Allemands
qui ont retenu quelques-unes
des manieresGauloisesnesçauroientformerune
Lettre Romainesans
en alterer lasimplicité.
Ils nepeuventse resoudre
àfaireunI. qui estlaplussimple
de toutes les Lettres,sans
y ajouster quelque ornement.
Je suis,Monsieur
,
vostre ,
Cm,r.
doivent mettre
dans leur Journal du
mois prochain une
Dissertation en forme
de Lettre dont je vais
vous donner l'extrait,
sur lafoyque j'ay du
bon choix qu'ils sçavent
faire des Pieces
,
car je n'ay par moymesme
nulleérudition
sur les Monuments ,&
sur les InfcriptiowKantiques.
Cette Lettre cft
du P.fE.J.
-.
J'ay V€U.,Monjteurxles
Monuments etantiquitéde la
capitale desLeuquois, qu'on a
trouvez prés de Leucey dans
le pays des anciens Leucois ou
Leuciens ; & à' ce nom de
Leucey
3
je vous avoue que
j'ay cru avoir trouvé la capi.
tale decepeupleGaulois qu'on
cherche encore AUjourd'huy
Pour rendre mon systême
probable, aprés avoir
avoüé que Toul étoit la premiere
Ville de Leuciens du
temps dePtolemée 3je montrerois
quellen'est devenuë leur
capitale que par laruine d'une
Villeplusancienne qui portoit
leur nom.
N'est-ce pasainsi que nous
prouvons que Treves étoit la
capitale du pays Trevois ?
Met!{j de celuy quon nom-
tnoit Mediomatrices;
Reims, des Rémois, Soisson),
des Sucssonnois ,
Amiens
,
des Ambianois
, Chartres,des Carnutes, Le
Mans
,
des Cenomans, Pa-
- ris,desParisiens,Sens
,
des
Senonois, & Langres, des
Lingonois? Toutes les capitales,
disons-nous, ont pris le
nom de leurs Peuples,excepté
celles de la Province Romaine.
& les Villes voisines (font les
Romains avoientfixéou changé
le nom, comme Aquæ
Sextiæ, Lugdunum, Vesontio
,
Augustodunum.
Puisdonc que noustrouvons
au milieu du Peuple appellé
anciennementLeuci un lieu
nommé Leucey , ne devonsnous
doncpascroire que le Lieu
quiporte le nom du Peuple qui
l'environne
, en estla capitale
?
Le P. l£ refuteenfuite
l'opinion de feu
Mrl'AbbéRiquet.
Ilavoitdonné, dit-il,aux
Leuquois une Capitale qui
n'étoitpas mesmede leur Pays,
car si noussuivons la division
des anciens Dioceses qui a esté faite Sur Ii division
des anciens Peuples del'Empire
,
Gran devoit estre du
Pays de Langres, parce qu'-
elle a esté long-temps du mesme
Diocese.
Gardez-vous bien de croire
ne nmoins, Monsieur, que le
donnedans cette illusion; ou--*
tre que les Capitales n'ont pris
le norll de leurs Peuples que
quand leurs Tyrans leur ont
oste le leurpropre,& en un
temps où elles ne pouvoient
tftre ni connues aux Geographes,
ni mesme aux Geographes
du bas Empire ,
fuis
qu'elles ont gardé leur nom
jtiféJu'à ce temps-là.
L'Auteur soutient
ensuite le caractere
d'un veritable Sçavant,
qui ne refute
point l'opinion des autres
par l'envied'établir
les siennes.
Je n'aime point
,
dit-il
, à changer les bornes que nos
peres ont posées; re puisque
Toul a toûjours esle la Capitale
des Lo ucois, je ne luy disputeray
point ce nom. Je
conviendray que ma regle n'cft
pasgenerale,&que les Mandubiens
,
les Nerviens
,
les
Menapiens, &plusieurs autres
Peuples avoient des Capitales
à qui ils n'ont paslaissé
leur nom; que l'Analogie du
nom est une preuvelegere lorsquellerieftpasappuyéed-
'ail*
leurs; & qu'enfin quand on
auroit trouvé à Lucey mesme
les Monuments d'antiquité
qu'on a trovuez auxenvirons,
je ne prétendrons point me signaler
par une nouvelle OPInion
capable de m'attirer tous
les Antiquairessur les bras.
LeP.l'E.propose
sansopiniastreté une
opinion nouvelle;c'est
ce qui la rend plus
probable. Un Sçavant
qui n'est point aveuglé
par ses préventions.,
voit plus clairqu'un
autre.
Il rassure ensuite un
de ses Amis sur un
doute qu'il a.
Vous craigne^ fort, luy
dit-il
, que les Monuments
qu'on a trouvez cbek vous ne
soientpasantiques,parce qu'il
ne vous paroist pas que certaines
Lettres qu'on voitsur une
petite Urne lachrymale qui
fait une partie de ces Monuments,
soient de la beauté que
font ordinairement les Lettre.s.-
Romaines dans les Inscriptions
antiques Pensez-vous
quil n'y paiffi avoir d'Inscription
antique si elle n'efi bien
écrite?
Je vous avoüeray que j'ay
estémoy-mesme en cette erreur.
Lapremierefois que je vissur
les Medailles d'Albin des A.
qui navoient pasla simplicité
ordinaire aux Lettres Ramai.
nes ,
j'enfussurpris.A la vûe
d'une Inscription sur Bronze
pour la Déesse du Peuple Bi - bractin,laquelleestconservée
dans le Cabinet de Mr Moreau
de Mautour, où je remarquay
de pareilles Lettres.
Je doutay de l'antiquité de i'Jnjcriptwn; mais lorsquej'eus
prisgarde que nous avionsplusieurs
MedaillesConsulaires
dont les Legendes n'estoientpas
si bien écrites que celles des
Medailles du haut Empire
fr compris qu'une Inscription
pourvoitestre antique & malécrite
tout ensemble, & que
souventmesme la difformité de
ces Lettres étoit une marque
dune plusgrande antiquité.
Maislorsque je vis les
Tombeaux des Soldats de lahuitième
Legion qui furent
trouvez àStrasbourgen1663.
e,,,7 dontBebel fait la description
,
je connus qu'une Inscription
pouvoit estre mal écrite
~& avoir estéfaite dans le
haut Empire, c'est-à-dire, au
temps qui nous a laissé les pltiè
telles Inscriptions
, car enfin
voilà lesEpitaphes dont ils*a*
gif.-
On lit sur les trois
premiers Tombeaux.
LEG. VIII. AVG.
Sur le quatriéme
Tombeau.
LEG.VIII. AG.
L'Impression n'a pû
imiter icy les Caracteres
malformez de ces
InscriptionsJe suisfasché
de diminuer en cela
le
-
plaisir des Curieux,
plaisir que j'approuve
,puisque la curiositéantique
est une
espece de joüissancedu
tempspassé. Si quelqu'un
deces Sçavants
a citationsGrecques &C
Latines
,
blasme l'incertitude
qu'on voit
chez les Antiquaires,
je luy répondrais volontiers:
Des Livres Grecsoriginaux
Vous croyez, concevoir les
objcurespensées
Mais souvert elles sont
encorpluseffacées
Que les Inscriptionsqu'on
trouve aux vieux Tombeaux.
L'Auteur prouve enfuite
que ces Inlcrip-^
tiens quoyque mal
écrites, sont neanmoins
du temps de la
plus belle Antiquité.
Premierement , dit - il,
elles Ifr-sontpointdu bas EriJpire,
car il n'yavoit en ce
tempslà que deux Legions
d'August
,
l'une en Thrace
> &l'autre dans [Jllllirie
, encore
partoit-elle le nom de Pre-
~torienne,d''Etrangère,
nomque celle-cyneporte pas.
Elles sont donc du hau-
Empire jCT mesme du comt
mencement del'Empire,carce
riefîoit qu'en ce temps-là qu'il
y avoit une huitième Legion
qui porta le nom d'Auguste.
Nous la voyons en quartier
sur le bord duRhin dans le
Pays des Vangions & des
Tribocces t1
,
pendant l'Empire
de Tibere,& nous Ij voyons
encore sousl'Empire d'Antoninaurapport
de Ptolemée,
aprés que L'histoire n'en parle plus.
Les Soldats de cette Legion
furent donc enterrez à Strasbourg,
bourg, ou sous l'Empire de
Tibere ousous l'Empire d'An-:
tonin. Desçavoir precisement
le temps de leur sepulture
,
je
crois que ce riefl pas une chose
aisée.
LesInscriptions de la Republique
ancienne oudu bas
Empiresontmalécrites parce
qu'au temps de Republique l'écriture
Romainen'avoit pas
encoresa perfection
, &qu'au
temps du bas Empire, elle l'avoit
perduë C'estainsi
que les Medaillesd'Albinfrapées
dans les Gaules ont des
A. Gaulois : que l'Inscription
de la Déeffi de Bibraaé., a
des R. &des T Gaulois, &
que lesEpitaphes de Strasbourg
dont nous venons de parler
,
ont des Lettres toutes Gauloises.
Nevoyons-nouspas encore
aujourd'huy que les Allemands
qui ont retenu quelques-unes
des manieresGauloisesnesçauroientformerune
Lettre Romainesans
en alterer lasimplicité.
Ils nepeuventse resoudre
àfaireunI. qui estlaplussimple
de toutes les Lettres,sans
y ajouster quelque ornement.
Je suis,Monsieur
,
vostre ,
Cm,r.
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Résumé : Lettre du P. l'E. J. [titre d'après la table]
Dans une lettre adressée aux Messieurs de Trevoux, l'auteur, le P. l'E.J., sollicite la publication d'une dissertation dans leur journal. Ne possédant pas d'érudition personnelle sur les monuments et inscriptions antiques, il propose une hypothèse sur la capitale des Leuquois, un peuple gaulois. Selon lui, Leucey, un lieu où des monuments antiques ont été découverts, pourrait être cette capitale. Pour étayer cette théorie, il compare avec d'autres capitales gauloises dont les noms correspondent à ceux de leurs peuples respectifs. L'auteur conteste ensuite l'opinion de l'abbé Riquet, qui situait la capitale des Leuquois en dehors de leur territoire. Il explique que les capitales gauloises portaient souvent le nom de leurs peuples, à l'exception de celles des provinces romaines. Il reconnaît cependant que cette règle n'est pas universelle et que certains peuples avaient des capitales sans lien nominal avec leur nom. L'auteur introduit une opinion nouvelle concernant les inscriptions antiques. Il affirme que ces inscriptions peuvent être mal écrites mais authentiques. Il cite des exemples de médailles et inscriptions anciennes mal orthographiées, comme celles des tombeaux des soldats de la huitième légion trouvés à Strasbourg. Il conclut que ces inscriptions datent du haut Empire romain, une période où l'écriture romaine n'était pas encore parfaitement standardisée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 1742-1752
SUITE des Mémoires de M. Capperon sur l'Histoire de la Ville d'Eu.
Début :
De ces anciens Monumens qui justifient l'antiquité de la Ville d'Eu, je [...]
Mots clefs :
Ville d'Eu, Histoire, Antiquité, Royaume, Paysans, Seigneurs, Religion, Rivière, Monuments
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texteReconnaissance textuelle : SUITE des Mémoires de M. Capperon sur l'Histoire de la Ville d'Eu.
SUITE des Mémoires de M. Capperon
fur Hiftoire de la Ville d'Eu.
D
>
E ces anciens Monumens qui juftifient
l'antiquité de la Ville d'Eu je
palle à un autre qui a du rapport à la Religion
, & qui prouve deux chofes . 1
Que quoiqu'il y eut déja du tems que la
Religion Chrétienne fut établie dans le
Comté d'Eu , le culte des Idoles y fubfiftoit
neanmoins encore publiquement au
7. fiecle. 2° Que les peuples de ce Comté
fuivoient encore alors l'ufage que les fimples
Fideles des premiers fiecles de l'Eglife
s'étoient arrogés de canonifer les perfonnes
, de la fainte vie defquelles ils avoient
été les témoins. Ce Monument eft l'Eglife
du Village de Pont , qui eft proche de la
Ville d'Eu , laquelle fut conftruite par les
habitans de ce Village immédiatement
après
A O UST. 1730. 1743
áprès la mort de ce Saint , en reconnoiffance
de ce qu'il les avoit convertis à la
foy. On en peut voir le détail dans ſa vie
écrite au VIII . fiecle , qui fe trouve inferée
dans les Actes des Saints de l'Ordre de
Saint Benoît XI . fiecle , par D. Luc Dacheri
, où il eft dit que S. Valleri paffant
par un lieu nommé Augufta , fitné fur la
Riviere d'Auve , & fe repofant fur le bord
d'une Fontaine , il apperçut une efpece
d'Idole que les Païfans du lieu adoroient ;
ce Saint l'ayant réduite en pouffiere par
un miracle , ces Païfans entrerent dans
une telle fureur qu'ils voulurent le maffacrer
; mais par un autre miracle plus furprenant
, les ayant calmés tout à coup ,
& rendus dociles à fa voix , il leur annonça
l'Evangile , & les convertit à la foy.
Que ce fait fe foit paffé au Village de
Pont , c'eft ce dont perfonne ne peut douter
, puifque le lieu que l'Auteur nomme
Augufta eft le Village d'Aonfte qui fubfifte
encore aujourd'hui. Que la Riviere alors
nommée Auve , foit la Brefle , tous les
Sçavans en conviennent : on peut voir làdeffus
M. Baillet dans la vie de S. Leu ou
Loup , Archevêque de Sens , & M. Fleuri
dans fon Hiftoire Ecclefiaftique , liv. 37.
nom. 16. On trouve pareillement dans la
vie de ce Saint Archevêque la verité de
ce que j'ai avancé , fçavoir , que le Paga-
Ciiij nifme
1744 MERCURE DE FRANCE
nifme regnoit encore publiquement dans
ce Païs- ci au feptiéme fiecle,puifqu'il y eft
rapporté qu'en 616. S. Loup ayant été envoyé
en exil au Village d'Anfenne qui n'eſt
qu'à quatre lieues de la Ville d'Eu , fur la
même Riviere de Brefle , il y trouva des
Temples où les gens du Pays adoroient
publiquement les faux Dieux , & qu'il
travailla à les convertir.
On connoît auffi , comme je l'ai avancé
, que les habitans du Village de Pont,
convertis par S. Valleri , furent des premiers
à le canonifer , puifque fans qu'au
cune cerémonie folemnelle eut précedé ,
immédiatement aprés fa mort , ils firent
conftruire vers l'an 625. une Egliſe à ſon
honneur, au lieu même où il s'étoit repofé
fur le bord de la Fontaine , qu'ils joignirent
à cette Eglife , la faifant enfermer de
murailles , comme on la voit encore aujourd'hui.
L'Auteur de la Vie de ce Saint
que j'ai cité ci-deffus , le fait clairement
connoître, en difant que quelques perfon
nes paffant par hazard aux environs de
ce Village , une jeune fille fut furpriſe de
voir cette nouvelle Eglife , & d'apprendre
qu'elle eut été bâtie à l'honneur de
celui qu'elle n'avoit vû qu'avec mépris ,
là caufe de fon exterieur negligé , ce qui
lui donna lieu de fe railler de ces Païfans
qui avoient , difoit- elle , été affez fimples
que
A O UST. the
1730 1749
que de prendre pour un Saint celui qu'elle
avoit vû fi ſouvent paffer monté fur fon
afne ;mais la raillerie lui coûta cher , puifqu'au
même inftant elle devint perclufe
de tous les membres; ce qui l'ayant obligée
de recourir à l'interceffion de celui dont
elle s'étoit mocquée , & dans l'Eglife même
qui y avoit donné lieu , elle ne laiffa
pas d'y trouver la guerilon.
Enfin de telle maniere , & en tel tems
que les habitans de la Ville d'Eu ayent
été convertis à la Religion Chrétienne ,.
on peut dire que par une faveur toute finguliere
de la Providence , ils ont été affez
heureux pour conferver cette Religion
dans toute la pureté dans l'enceinte de
leurs murailles , pendant que les villes
voifines ont eu le malheur d'être infectées
de l'herefie de Calvin , -
dès
Auffi donnerent- ils des preuves de leur
attachement à la Religion de leurs Peres
que les funeftes nouveautés du Calvinifme
commencerent à paroître , puif--
qu'en 1562. quelques particuliers ayant
donné des preuves qu'ils entroient dans
ces nouveaux fentimens , la populace alla
avec une espece de fureur piller leurs
maifons , ce qui donna lieu aux Magiftrars
après avoir repriméce foulevement , d'o
bliger ces particuliers à faire une profeffion
publique de leur catholicite , &
Ey decla
1746 MERCURE DE FRANCE
declarer en preſence de tous les habitans
qu'ils vouloient vivre & mourir dans la
Religion Catholique , ce qui rétablit le
calme dans la Ville,y fit une telle impreffion
, & y laiffa une telle horreur pour
l'herefie , qu'aucun Calvinifte ne s'eſt jamais
avifé de s'y établir. Tout ceci fe trouve
écrit plus en détail dans les Archives
de l'Hôtel de Ville , livre rouge , fol 2.
pag. 65 .
Comme le Comté d'Eu eft une portion
de la Neuftrie , que le Roi Charles le
Simple fut contraint. de ceder aux Normans
en toute proprieté, pour faire ceffer
les ravages continuels qu'ils faifoient dans
la France , il me paroît convenable que
je faffe connoître par ce qui s'eft paffé à
la Ville d'Eu , quelle étoit l'intrépidité de
ces hommes du Nord , & combien il
étoit difficile aux François d'expulſer hors
du Royaume des gens de ce caractere.
>
Tout le monde fçait ce qu'étoient ces
Normans habitans les Païs glacés du Nord ,
lefquels , au rapport de Paul Emile , Livre
fecond , s'étant introduits dans les
Troupes de Charlemagne lors de fes expeditions
dans la Saxe , & ayant paffé en
France avec les Troupes de ce Prince , ils
n'eurent pas plutôt gouté la douceur du
climat , vû & connu la beauté & la bonté
du Païs , qu'ils formerent le deffein de
5'7
A O UST. 1730. 1747
s'y établir à quelque prix que ce pût être.
On fçait pareillement qu'avant que
d'y
réuffir , ils firent plufieurs débarquemens
dans differens endroits , pillerent , brulerent
& ravagerent une grande partie du
Royaume , dont le Comté d'Eu ne fe
reffentit pas moins que le refte du Pays ,
fa fituation maritime l'y expofant beaucoup
plus. C'est ce dont on peut juger par
la fameufe Bataille qui fut donnée contre
eux l'an 881. à deux lieuës ou environ de
la Ville d'Eu , fçavoir , à Saucourt , Paroiffe
de Niba , fituée entre cette Ville &
Saint Valleri , où les François vinrent les
attaquer. Le lieu où ces derniers fe pofterent
en porte encore aujourd'hui le
nom , & s'appelle Franleu , c'eſt à dire
le lieu des François , Francorum locus .
و
Tous nos Hiftoriens conviennent qu'ils
y furent défaits & qu'ils y perdirent
neuf à dix mille hommes ; mais parcequ'il
en reftoit encore à la Ville d'Eu qui
tâchoient de fe conferver dans cette Place,
les François , au rapport de Mezerai , dans
fa grande Hiftoire , vinrent les y fieger.
Ne s'y étant pas fuffisamment deffendus,
ils у furent tous maffacrés ; nonobftant
toutes ces pertes , les autres n'abandonnerent
pas leur projet deux ans après ,
ils defcendirent en Picardie , où ils exer
cerent les plus grandes cruautés ; jufques
B vj
1748 MERCURE DE FRANCE
là que M. l'Abbé Fleuri remarque dans
fon Hiftoire Ecclefiaftique Liv. 53. Nom.
654. qu'outre les Eglifes , les Villages &
les autres lieux pillés & brûlés , on voyoit
prefque tous les chemins femés de corps
morts , d'Ecclefiaftiques , de Religieux ,
de Nobles , de femmes & d'enfans.
Enfin , comme je l'ai déja dit , le Roi
Charles le Simple , pour mettre fin à ces
cruelles hoftilités qui défoloient fon
Royaume , ceda en 912. à Racul ou Rollon
, Chef de ces Normans , ce qu'on appelle
aujourd'hui la Normandie , qui eut
pour limites de ce côté- ci la Riviere qui
paffe à la Ville d'Eu , ce qui lui fit changer
de nom , au lieu des noms d'Effua
ou Effia ou Aucia ou enfin Auva qu'elle
avoit portés , elle fut nommée alors Bri
fella , c'eſt à dire , la Brifante , la Séparante,
dit M. de Valois dans fa Notice des Gau
les. ( verbo ) Caletes:
Dans la fuite les François s'étant foulevés
contre le Roi Charles le Simple , &
ce Prince ayant été arrêté & fait prifonnier
à Peronne , les Normans toujours difpofés
au pillage , fous l'apparence de vou
loir prendre les interêrs , commencerent
de nouveau à ravager la France , les Fran
çois de leur part fe mirent auffi en état
de reprimer leur audace : entr'autres , die
Frodoard dans fa Chronique l'an 925.les
Comtes
AO UST. 1730. 1749
Comte Herbert ayant pris avec lui les
Troupes de l'Eglife de Rheims , & ayant
été joint par Arnoul , Comte de Flandres,
& par plufieurs autres Seigneurs François,
ils vinrent fieger la Ville d'Eu qui appartenoit
alors aux Normans , & qui y avoient.
envoyé mille hommes des leurs pour la
défendre ; mais quoiqu'ils contaffent fur
cette intrépidité qui faifoit toute leur
gloire , les François ne laifferent pas de les
forcer dans la Ville , & enfuite dans le
Château , d'où s'étant refugiés dans une
Ifle formée par la Riviere qui eft au deſfous
du Château , ils s'y défendirent en
vrais defefperés : jufques là que ne pouvant
fe foutenir dans ce dernier retranchement
, plutôt que de ferendre , s'abandonnant
à leur ferocité naturelle , ils fe
tuerent eux- mêmes , les uns fe jettant dans
la Riviere pour s'y noyer , pendant que
les autres s'enfonçoient dans le coeur leurs
propres flèches.
و
Ce fuccès des François n'empêcha pas
les Normans de demeurer paifibles pof
feffeurs de la Normandie , même du
-Comté d'Eu , d'où les François furent
obligés de fe retirer , ce qui donna aux
Ducs de Normandie la liberté de difpcfer
de ce Comté comme ils jugerent à
propos. Ce fut le Duc Richard II. lequel
Lelon la Chronique de Normandie ch.434
donna
1750 MERCURE DE FRANCE
donna l'an 1002. ce Comté à fon frere
Guillaume , qui fut le premier Comte
d'Eu , defcendant des Ducs de Normandie.
›
Il faut avouer que la Religion Chrétienne
ne fit pas un moindre changement
chez les Normans établis en France , qu'elle
avoit fait chez tous les peuples barbares
où elle s'étoit introduite ; c'eft à dire
qu'ayant été reçûë & embraffée par le
peuple,tout cruel & tout feroce qu'il étoit,
de loups cruels & feroces , elle en fit ,
pour ainfi dire, des Agneaux , les rendant
dociles , bienfaifans , même des plus difpofés
aux oeuvres de pieté. C'est ce dont
nous avons des marques certaines dans le
Comté d'Eu , puifqu'à peine le premier
Comte Guillaume en eut- il la poffeffion
qu'il fonda vers l'an 1003. une Collegiale
dans la Ville d'Eu . Son fils Robert fit encore
plus , puifqu'il fonda en 1036. l'Ab
baye du Tréport , enfuite le Prieuré de
Sainte Croix , entre ce Bourg & la Ville
d'Eu , & commença l'établiffement dur
Prieuré de la Trinité qui eft un Fauxbourg
de la Chauffée .
Guillaume II . qui le fuivit fonda en Angleterre
le Prieuré d'Haftings. Son fils
Henri alla beaucoup plus loin que fes predeceffeurs
, puifque , non content d'avoir
fondé en 1106. le Prieuré de S. Martin ,
dans
AOUST. 1730. 1731
dans la Forêt d'Eu , & en 1130. l'Abbaye
de Foucarmont dans le même Comté „
étant devenu veuf il prit lui -même
Phabit Monaftique dans cette Abbaye
qu'il avoit fondée , en quoi il fut imité
par le Comte , fon fils , nommé Jean ,
lequel , à fon exemple , après avoir vêcu
dans le monde , & fait également figure
à la Cour des Rois d'Angleterre , après
avoir fait auffi beaucoup de largeffes aux
Moines , comme à l'Abbaye d'Eu , au
Prieuré d'Haftings , à celui de la Chauffée
d'Eu , même à un autre Prieuré qu'un
Seigneur Normand avoit fondé à Rouge-
Camp , Paroiffe de Cuverville au Comté
d'Eu , étant auffi devenu veuf , ce Prince,
dis-je , pour reffembler en tout à fon pere ,
fe fit Moine comme lui dans la même Abbaye
de Foucarmont , où ils font morts
tous deux , & où ils font inhumés.
>
On peut juger par toutes ces donations
fi fréquemment faites dans le feul Comté
d'Eu , & par ce dévoüment des plus illuftres
Seigneurs Normans à l'Etat Monaftique
, combien il falloit que les Moi
nes fe fuffent acquis d'eftime auprès de ces
Seigneurs dès les premiers tems de leur
converfion , puifque dès l'an 340. felon
Dumoulin dans fon Hiftoire de Normandie,
le Duc Guillaume, Longue Epée , n'é--
tant pas libre de fe confacrer à Dieu dans
Un
MERCURE DE FRANCE
un Cloître , comme il l'auroit fouhaité ",
il obtint en grace ' des Moines qu'ils lui
donnaffent un froc , un fcapulaire beni
& une difcipline qu'il enferma dans une
caffete précieufe , dont il porta toujours
la clef d'argent penduë à ſa ceinture.
La fuite pourle mois prochain.
fur Hiftoire de la Ville d'Eu.
D
>
E ces anciens Monumens qui juftifient
l'antiquité de la Ville d'Eu je
palle à un autre qui a du rapport à la Religion
, & qui prouve deux chofes . 1
Que quoiqu'il y eut déja du tems que la
Religion Chrétienne fut établie dans le
Comté d'Eu , le culte des Idoles y fubfiftoit
neanmoins encore publiquement au
7. fiecle. 2° Que les peuples de ce Comté
fuivoient encore alors l'ufage que les fimples
Fideles des premiers fiecles de l'Eglife
s'étoient arrogés de canonifer les perfonnes
, de la fainte vie defquelles ils avoient
été les témoins. Ce Monument eft l'Eglife
du Village de Pont , qui eft proche de la
Ville d'Eu , laquelle fut conftruite par les
habitans de ce Village immédiatement
après
A O UST. 1730. 1743
áprès la mort de ce Saint , en reconnoiffance
de ce qu'il les avoit convertis à la
foy. On en peut voir le détail dans ſa vie
écrite au VIII . fiecle , qui fe trouve inferée
dans les Actes des Saints de l'Ordre de
Saint Benoît XI . fiecle , par D. Luc Dacheri
, où il eft dit que S. Valleri paffant
par un lieu nommé Augufta , fitné fur la
Riviere d'Auve , & fe repofant fur le bord
d'une Fontaine , il apperçut une efpece
d'Idole que les Païfans du lieu adoroient ;
ce Saint l'ayant réduite en pouffiere par
un miracle , ces Païfans entrerent dans
une telle fureur qu'ils voulurent le maffacrer
; mais par un autre miracle plus furprenant
, les ayant calmés tout à coup ,
& rendus dociles à fa voix , il leur annonça
l'Evangile , & les convertit à la foy.
Que ce fait fe foit paffé au Village de
Pont , c'eft ce dont perfonne ne peut douter
, puifque le lieu que l'Auteur nomme
Augufta eft le Village d'Aonfte qui fubfifte
encore aujourd'hui. Que la Riviere alors
nommée Auve , foit la Brefle , tous les
Sçavans en conviennent : on peut voir làdeffus
M. Baillet dans la vie de S. Leu ou
Loup , Archevêque de Sens , & M. Fleuri
dans fon Hiftoire Ecclefiaftique , liv. 37.
nom. 16. On trouve pareillement dans la
vie de ce Saint Archevêque la verité de
ce que j'ai avancé , fçavoir , que le Paga-
Ciiij nifme
1744 MERCURE DE FRANCE
nifme regnoit encore publiquement dans
ce Païs- ci au feptiéme fiecle,puifqu'il y eft
rapporté qu'en 616. S. Loup ayant été envoyé
en exil au Village d'Anfenne qui n'eſt
qu'à quatre lieues de la Ville d'Eu , fur la
même Riviere de Brefle , il y trouva des
Temples où les gens du Pays adoroient
publiquement les faux Dieux , & qu'il
travailla à les convertir.
On connoît auffi , comme je l'ai avancé
, que les habitans du Village de Pont,
convertis par S. Valleri , furent des premiers
à le canonifer , puifque fans qu'au
cune cerémonie folemnelle eut précedé ,
immédiatement aprés fa mort , ils firent
conftruire vers l'an 625. une Egliſe à ſon
honneur, au lieu même où il s'étoit repofé
fur le bord de la Fontaine , qu'ils joignirent
à cette Eglife , la faifant enfermer de
murailles , comme on la voit encore aujourd'hui.
L'Auteur de la Vie de ce Saint
que j'ai cité ci-deffus , le fait clairement
connoître, en difant que quelques perfon
nes paffant par hazard aux environs de
ce Village , une jeune fille fut furpriſe de
voir cette nouvelle Eglife , & d'apprendre
qu'elle eut été bâtie à l'honneur de
celui qu'elle n'avoit vû qu'avec mépris ,
là caufe de fon exterieur negligé , ce qui
lui donna lieu de fe railler de ces Païfans
qui avoient , difoit- elle , été affez fimples
que
A O UST. the
1730 1749
que de prendre pour un Saint celui qu'elle
avoit vû fi ſouvent paffer monté fur fon
afne ;mais la raillerie lui coûta cher , puifqu'au
même inftant elle devint perclufe
de tous les membres; ce qui l'ayant obligée
de recourir à l'interceffion de celui dont
elle s'étoit mocquée , & dans l'Eglife même
qui y avoit donné lieu , elle ne laiffa
pas d'y trouver la guerilon.
Enfin de telle maniere , & en tel tems
que les habitans de la Ville d'Eu ayent
été convertis à la Religion Chrétienne ,.
on peut dire que par une faveur toute finguliere
de la Providence , ils ont été affez
heureux pour conferver cette Religion
dans toute la pureté dans l'enceinte de
leurs murailles , pendant que les villes
voifines ont eu le malheur d'être infectées
de l'herefie de Calvin , -
dès
Auffi donnerent- ils des preuves de leur
attachement à la Religion de leurs Peres
que les funeftes nouveautés du Calvinifme
commencerent à paroître , puif--
qu'en 1562. quelques particuliers ayant
donné des preuves qu'ils entroient dans
ces nouveaux fentimens , la populace alla
avec une espece de fureur piller leurs
maifons , ce qui donna lieu aux Magiftrars
après avoir repriméce foulevement , d'o
bliger ces particuliers à faire une profeffion
publique de leur catholicite , &
Ey decla
1746 MERCURE DE FRANCE
declarer en preſence de tous les habitans
qu'ils vouloient vivre & mourir dans la
Religion Catholique , ce qui rétablit le
calme dans la Ville,y fit une telle impreffion
, & y laiffa une telle horreur pour
l'herefie , qu'aucun Calvinifte ne s'eſt jamais
avifé de s'y établir. Tout ceci fe trouve
écrit plus en détail dans les Archives
de l'Hôtel de Ville , livre rouge , fol 2.
pag. 65 .
Comme le Comté d'Eu eft une portion
de la Neuftrie , que le Roi Charles le
Simple fut contraint. de ceder aux Normans
en toute proprieté, pour faire ceffer
les ravages continuels qu'ils faifoient dans
la France , il me paroît convenable que
je faffe connoître par ce qui s'eft paffé à
la Ville d'Eu , quelle étoit l'intrépidité de
ces hommes du Nord , & combien il
étoit difficile aux François d'expulſer hors
du Royaume des gens de ce caractere.
>
Tout le monde fçait ce qu'étoient ces
Normans habitans les Païs glacés du Nord ,
lefquels , au rapport de Paul Emile , Livre
fecond , s'étant introduits dans les
Troupes de Charlemagne lors de fes expeditions
dans la Saxe , & ayant paffé en
France avec les Troupes de ce Prince , ils
n'eurent pas plutôt gouté la douceur du
climat , vû & connu la beauté & la bonté
du Païs , qu'ils formerent le deffein de
5'7
A O UST. 1730. 1747
s'y établir à quelque prix que ce pût être.
On fçait pareillement qu'avant que
d'y
réuffir , ils firent plufieurs débarquemens
dans differens endroits , pillerent , brulerent
& ravagerent une grande partie du
Royaume , dont le Comté d'Eu ne fe
reffentit pas moins que le refte du Pays ,
fa fituation maritime l'y expofant beaucoup
plus. C'est ce dont on peut juger par
la fameufe Bataille qui fut donnée contre
eux l'an 881. à deux lieuës ou environ de
la Ville d'Eu , fçavoir , à Saucourt , Paroiffe
de Niba , fituée entre cette Ville &
Saint Valleri , où les François vinrent les
attaquer. Le lieu où ces derniers fe pofterent
en porte encore aujourd'hui le
nom , & s'appelle Franleu , c'eſt à dire
le lieu des François , Francorum locus .
و
Tous nos Hiftoriens conviennent qu'ils
y furent défaits & qu'ils y perdirent
neuf à dix mille hommes ; mais parcequ'il
en reftoit encore à la Ville d'Eu qui
tâchoient de fe conferver dans cette Place,
les François , au rapport de Mezerai , dans
fa grande Hiftoire , vinrent les y fieger.
Ne s'y étant pas fuffisamment deffendus,
ils у furent tous maffacrés ; nonobftant
toutes ces pertes , les autres n'abandonnerent
pas leur projet deux ans après ,
ils defcendirent en Picardie , où ils exer
cerent les plus grandes cruautés ; jufques
B vj
1748 MERCURE DE FRANCE
là que M. l'Abbé Fleuri remarque dans
fon Hiftoire Ecclefiaftique Liv. 53. Nom.
654. qu'outre les Eglifes , les Villages &
les autres lieux pillés & brûlés , on voyoit
prefque tous les chemins femés de corps
morts , d'Ecclefiaftiques , de Religieux ,
de Nobles , de femmes & d'enfans.
Enfin , comme je l'ai déja dit , le Roi
Charles le Simple , pour mettre fin à ces
cruelles hoftilités qui défoloient fon
Royaume , ceda en 912. à Racul ou Rollon
, Chef de ces Normans , ce qu'on appelle
aujourd'hui la Normandie , qui eut
pour limites de ce côté- ci la Riviere qui
paffe à la Ville d'Eu , ce qui lui fit changer
de nom , au lieu des noms d'Effua
ou Effia ou Aucia ou enfin Auva qu'elle
avoit portés , elle fut nommée alors Bri
fella , c'eſt à dire , la Brifante , la Séparante,
dit M. de Valois dans fa Notice des Gau
les. ( verbo ) Caletes:
Dans la fuite les François s'étant foulevés
contre le Roi Charles le Simple , &
ce Prince ayant été arrêté & fait prifonnier
à Peronne , les Normans toujours difpofés
au pillage , fous l'apparence de vou
loir prendre les interêrs , commencerent
de nouveau à ravager la France , les Fran
çois de leur part fe mirent auffi en état
de reprimer leur audace : entr'autres , die
Frodoard dans fa Chronique l'an 925.les
Comtes
AO UST. 1730. 1749
Comte Herbert ayant pris avec lui les
Troupes de l'Eglife de Rheims , & ayant
été joint par Arnoul , Comte de Flandres,
& par plufieurs autres Seigneurs François,
ils vinrent fieger la Ville d'Eu qui appartenoit
alors aux Normans , & qui y avoient.
envoyé mille hommes des leurs pour la
défendre ; mais quoiqu'ils contaffent fur
cette intrépidité qui faifoit toute leur
gloire , les François ne laifferent pas de les
forcer dans la Ville , & enfuite dans le
Château , d'où s'étant refugiés dans une
Ifle formée par la Riviere qui eft au deſfous
du Château , ils s'y défendirent en
vrais defefperés : jufques là que ne pouvant
fe foutenir dans ce dernier retranchement
, plutôt que de ferendre , s'abandonnant
à leur ferocité naturelle , ils fe
tuerent eux- mêmes , les uns fe jettant dans
la Riviere pour s'y noyer , pendant que
les autres s'enfonçoient dans le coeur leurs
propres flèches.
و
Ce fuccès des François n'empêcha pas
les Normans de demeurer paifibles pof
feffeurs de la Normandie , même du
-Comté d'Eu , d'où les François furent
obligés de fe retirer , ce qui donna aux
Ducs de Normandie la liberté de difpcfer
de ce Comté comme ils jugerent à
propos. Ce fut le Duc Richard II. lequel
Lelon la Chronique de Normandie ch.434
donna
1750 MERCURE DE FRANCE
donna l'an 1002. ce Comté à fon frere
Guillaume , qui fut le premier Comte
d'Eu , defcendant des Ducs de Normandie.
›
Il faut avouer que la Religion Chrétienne
ne fit pas un moindre changement
chez les Normans établis en France , qu'elle
avoit fait chez tous les peuples barbares
où elle s'étoit introduite ; c'eft à dire
qu'ayant été reçûë & embraffée par le
peuple,tout cruel & tout feroce qu'il étoit,
de loups cruels & feroces , elle en fit ,
pour ainfi dire, des Agneaux , les rendant
dociles , bienfaifans , même des plus difpofés
aux oeuvres de pieté. C'est ce dont
nous avons des marques certaines dans le
Comté d'Eu , puifqu'à peine le premier
Comte Guillaume en eut- il la poffeffion
qu'il fonda vers l'an 1003. une Collegiale
dans la Ville d'Eu . Son fils Robert fit encore
plus , puifqu'il fonda en 1036. l'Ab
baye du Tréport , enfuite le Prieuré de
Sainte Croix , entre ce Bourg & la Ville
d'Eu , & commença l'établiffement dur
Prieuré de la Trinité qui eft un Fauxbourg
de la Chauffée .
Guillaume II . qui le fuivit fonda en Angleterre
le Prieuré d'Haftings. Son fils
Henri alla beaucoup plus loin que fes predeceffeurs
, puifque , non content d'avoir
fondé en 1106. le Prieuré de S. Martin ,
dans
AOUST. 1730. 1731
dans la Forêt d'Eu , & en 1130. l'Abbaye
de Foucarmont dans le même Comté „
étant devenu veuf il prit lui -même
Phabit Monaftique dans cette Abbaye
qu'il avoit fondée , en quoi il fut imité
par le Comte , fon fils , nommé Jean ,
lequel , à fon exemple , après avoir vêcu
dans le monde , & fait également figure
à la Cour des Rois d'Angleterre , après
avoir fait auffi beaucoup de largeffes aux
Moines , comme à l'Abbaye d'Eu , au
Prieuré d'Haftings , à celui de la Chauffée
d'Eu , même à un autre Prieuré qu'un
Seigneur Normand avoit fondé à Rouge-
Camp , Paroiffe de Cuverville au Comté
d'Eu , étant auffi devenu veuf , ce Prince,
dis-je , pour reffembler en tout à fon pere ,
fe fit Moine comme lui dans la même Abbaye
de Foucarmont , où ils font morts
tous deux , & où ils font inhumés.
>
On peut juger par toutes ces donations
fi fréquemment faites dans le feul Comté
d'Eu , & par ce dévoüment des plus illuftres
Seigneurs Normans à l'Etat Monaftique
, combien il falloit que les Moi
nes fe fuffent acquis d'eftime auprès de ces
Seigneurs dès les premiers tems de leur
converfion , puifque dès l'an 340. felon
Dumoulin dans fon Hiftoire de Normandie,
le Duc Guillaume, Longue Epée , n'é--
tant pas libre de fe confacrer à Dieu dans
Un
MERCURE DE FRANCE
un Cloître , comme il l'auroit fouhaité ",
il obtint en grace ' des Moines qu'ils lui
donnaffent un froc , un fcapulaire beni
& une difcipline qu'il enferma dans une
caffete précieufe , dont il porta toujours
la clef d'argent penduë à ſa ceinture.
La fuite pourle mois prochain.
Fermer
Résumé : SUITE des Mémoires de M. Capperon sur l'Histoire de la Ville d'Eu.
Les Mémoires de M. Capperon relatent plusieurs aspects historiques de la ville d'Eu. Au VIIe siècle, bien que la religion chrétienne fût établie dans le comté d'Eu, le culte des idoles subsistait encore publiquement. Saint Valleri, en passant par Augusta (aujourd'hui Aunfray), détruisit une idole païenne et convertit les habitants. Les habitants du village de Pont, convertis par Saint Valleri, construisirent une église en son honneur peu après sa mort, vers 625, au lieu même où il s'était reposé près d'une fontaine. Ils furent parmi les premiers à le canoniser. La rivière nommée Auve est identifiée comme la Bresle, selon des sources historiques comme M. Baillet et M. Fleury. En 616, Saint Loup, archevêque de Sens, trouva des temples païens lors de son exil au village d'Anfenne, près de la ville d'Eu. Les habitants d'Eu montrèrent un attachement profond à la religion catholique. En 1562, face à l'apparition de signes de calvinisme, la population réagit violemment, pillant les maisons des calvinistes et les forçant à faire une profession publique de catholicisme. Cet événement est documenté dans les archives de l'Hôtel de Ville. L'histoire des Normands dans la région est également abordée. En 912, le roi Charles le Simple céda la Normandie aux Normands pour mettre fin aux ravages qu'ils infligeaient. La ville d'Eu fut le théâtre de plusieurs batailles, notamment en 881 et en 925, où les Normands furent finalement vaincus. Les Normands établis en France adoptèrent la religion chrétienne, ce qui transforma leur comportement. Le premier comte d'Eu, Guillaume, fonda plusieurs institutions religieuses, suivi par ses descendants qui firent de nombreuses donations aux moines et prirent eux-mêmes l'habit monastique. Dès 340, le duc Guillaume Longue-Épée portait des objets monastiques, témoignant de l'influence des moines sur les seigneurs normands dès les premiers temps de leur conversion.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 1957-1960
Recueil d'Inscriptions, &c. [titre d'après la table]
Début :
Joseph Man vient d'imprimer un Recueil d'Inscriptions qui se trouvent [...]
Mots clefs :
Recueil d'Inscriptions, État de Florence, Monuments
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Recueil d'Inscriptions, &c. [titre d'après la table]
Joseph Man vient d'imprimer un
Recueil d'Inscriptions qui se trouvent
dans les Villes de l'Etat de Florence , sous
le Titre : Inscriptionum Antiquarum ,
Græcarum et Romanarum , qua extant in
Etraria Urbibus , Pars prima eas complectens
, qua sunt Florentia. cum Notis Antonii
Marie Salvinii ; curâ et studio Antonii
Francisci Gorri Presb.Flor. Baptisterii
et Ecclesia Sancti Joannis ." Acceduni LXII
Antique Gemma Litterate , aliaque prisca
monumenta in XX. Tabulis , quæ ex-
F plicantur
1558 MERCURE DE FRANCE
plicanturet illustrantur. In folio , avec des
Figures en Taille deuce.
,
Le premier Tome de cet excellent Ouvrage
contient 1330. Inscriptions , sans
compter les autres anciens Monumens ;
la plupart de ces Inscriptions n'avoient '
pas encore paru , celles de Gruterus , de
Reinesius et autres Auteurs qui se
trouvent repetées ici , y ont été mises selon
le temoignage de M. Gorri , parce
qu'elles étoient dans ces Auteurs si tronquées
, et si pleines de fautes , qu'il a été
obligé de les inserer de nouveau dans son
Ouvrage. A chaque Inscription ou Monument
, M. Salvini et Gorri ont ajoûté
des explications , et corrigé les fautes
que
Gruter , Reinesius et autres avoient
faites. Les Journalistes rapportent ici pour
exemple une Inscription remarquable
trouvée dans le Royaume de Naples en
l'année 1688. sur un Tombeau de Marbre.
Elle est du tems de l'Empereur Galba,
L'explication , ajoutent-ils , que l'E
diteur donne de cette Inscription , est
pleine d'érudition , et entre autres choses ,
il remarque que le mot Connubium s'écrit
ici avec une N seulement , et qu'on se
sert très souvent de la lettre C. pour le G,
Dans le même Article de Florence ,
on apprend qu'on y travaille à un Ouvrage
A O UST. 1731. 1959
ge considerable , qui aura pour Titre
Orbis sacer et prophanus , lequel contiendra
5. volumes in folio. L'Auteur se donne
beaucoup de peine dans cet Ouvrage
pour rechercher particulierement de quelle
maniere les Pays et les Provinces ont
été divisés.
Dans d'autres Nouvelles Litteraires
qu'on trouve à la page 438. il est rapporté
dans l'Article de Cambridge , que M.
Battie ayant remarqué que les bonnes
Editions des Oeuvres d'Isocrate sont
très rares , ce qui en avoit fait discontinuer
la lecture dans plusieurs Colleges ,
a resolu de nous donner une nouvelle
Edition de quelques unes de ses Oraisons ,
particulierement de celles qui ont rapport
à l'Histoire ou à l'Etat de la Grece ,
et d'y joindre ses Epitres ; il rendra le
texte aussi correct qu'il lui sera possible ,
et comme la version de Wolfius s'éloigne
trop de la lettre , il en fera une nouvelle
qui conviendra mieux à ceux pour qui
cet ouvrage est destiné : il y mettra aussi
des Remarques tirés de Wolfius , d'Harpocration
, d'Henry Etienne et de Suidas.
Les Oraisons qu'il a dessein de publier ,
sont celles- ci . 1. Ad Demonicum. 2. Ad
Nicoclem. 3. Nicoclis . 4. Panegyrica. 5.
Ad Philippum. 6. Areopagitica. 7. De Pace
Fij sive
1
1960 MERCURE DE FRANCE
sive socialis. Ce sera un volume 8 °. qui
coutera six Shillings aux Souscripteurs.
De Brunswic. M. Brukman Docteur
en Medecine et Membre de la Societé
Imperiale Leopoldine , a publié ici en
Latin son Histoire naturelle de la Pierre
incombustible : en voici le Titre . Historia
naturalis curiosa Lapidis Asbesti ejusque
preparatorum , Charta nempè lini , Lintei
et Ellikniorum in combustibilium in 4º,
Nous avons divers autres petits Traités
de cet Auteur ; De Olitho Arahgneo litho,
Lapide violaceo et Nummali ,
Recueil d'Inscriptions qui se trouvent
dans les Villes de l'Etat de Florence , sous
le Titre : Inscriptionum Antiquarum ,
Græcarum et Romanarum , qua extant in
Etraria Urbibus , Pars prima eas complectens
, qua sunt Florentia. cum Notis Antonii
Marie Salvinii ; curâ et studio Antonii
Francisci Gorri Presb.Flor. Baptisterii
et Ecclesia Sancti Joannis ." Acceduni LXII
Antique Gemma Litterate , aliaque prisca
monumenta in XX. Tabulis , quæ ex-
F plicantur
1558 MERCURE DE FRANCE
plicanturet illustrantur. In folio , avec des
Figures en Taille deuce.
,
Le premier Tome de cet excellent Ouvrage
contient 1330. Inscriptions , sans
compter les autres anciens Monumens ;
la plupart de ces Inscriptions n'avoient '
pas encore paru , celles de Gruterus , de
Reinesius et autres Auteurs qui se
trouvent repetées ici , y ont été mises selon
le temoignage de M. Gorri , parce
qu'elles étoient dans ces Auteurs si tronquées
, et si pleines de fautes , qu'il a été
obligé de les inserer de nouveau dans son
Ouvrage. A chaque Inscription ou Monument
, M. Salvini et Gorri ont ajoûté
des explications , et corrigé les fautes
que
Gruter , Reinesius et autres avoient
faites. Les Journalistes rapportent ici pour
exemple une Inscription remarquable
trouvée dans le Royaume de Naples en
l'année 1688. sur un Tombeau de Marbre.
Elle est du tems de l'Empereur Galba,
L'explication , ajoutent-ils , que l'E
diteur donne de cette Inscription , est
pleine d'érudition , et entre autres choses ,
il remarque que le mot Connubium s'écrit
ici avec une N seulement , et qu'on se
sert très souvent de la lettre C. pour le G,
Dans le même Article de Florence ,
on apprend qu'on y travaille à un Ouvrage
A O UST. 1731. 1959
ge considerable , qui aura pour Titre
Orbis sacer et prophanus , lequel contiendra
5. volumes in folio. L'Auteur se donne
beaucoup de peine dans cet Ouvrage
pour rechercher particulierement de quelle
maniere les Pays et les Provinces ont
été divisés.
Dans d'autres Nouvelles Litteraires
qu'on trouve à la page 438. il est rapporté
dans l'Article de Cambridge , que M.
Battie ayant remarqué que les bonnes
Editions des Oeuvres d'Isocrate sont
très rares , ce qui en avoit fait discontinuer
la lecture dans plusieurs Colleges ,
a resolu de nous donner une nouvelle
Edition de quelques unes de ses Oraisons ,
particulierement de celles qui ont rapport
à l'Histoire ou à l'Etat de la Grece ,
et d'y joindre ses Epitres ; il rendra le
texte aussi correct qu'il lui sera possible ,
et comme la version de Wolfius s'éloigne
trop de la lettre , il en fera une nouvelle
qui conviendra mieux à ceux pour qui
cet ouvrage est destiné : il y mettra aussi
des Remarques tirés de Wolfius , d'Harpocration
, d'Henry Etienne et de Suidas.
Les Oraisons qu'il a dessein de publier ,
sont celles- ci . 1. Ad Demonicum. 2. Ad
Nicoclem. 3. Nicoclis . 4. Panegyrica. 5.
Ad Philippum. 6. Areopagitica. 7. De Pace
Fij sive
1
1960 MERCURE DE FRANCE
sive socialis. Ce sera un volume 8 °. qui
coutera six Shillings aux Souscripteurs.
De Brunswic. M. Brukman Docteur
en Medecine et Membre de la Societé
Imperiale Leopoldine , a publié ici en
Latin son Histoire naturelle de la Pierre
incombustible : en voici le Titre . Historia
naturalis curiosa Lapidis Asbesti ejusque
preparatorum , Charta nempè lini , Lintei
et Ellikniorum in combustibilium in 4º,
Nous avons divers autres petits Traités
de cet Auteur ; De Olitho Arahgneo litho,
Lapide violaceo et Nummali ,
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Résumé : Recueil d'Inscriptions, &c. [titre d'après la table]
Joseph Man a récemment publié un recueil d'inscriptions antiques trouvées dans les villes de l'État de Florence, intitulé 'Inscriptionum Antiquarum, Græcarum et Romanarum, qua extant in Etruria Urbibus, Pars prima eas complectens, qua sunt Florentia'. Cet ouvrage, paru en 1558, inclut des notes d'Antonio Maria Salvini et a été préparé par Antonio Francesco Gorri. Il contient 62 gemmes antiques et 20 tableaux illustrant d'autres monuments anciens. Le premier tome comprend 1330 inscriptions, dont beaucoup n'avaient pas encore été publiées. Salvini et Gorri ont corrigé les erreurs des auteurs précédents et ajouté des explications. Par exemple, une inscription notable trouvée en 1688 dans le Royaume de Naples est expliquée avec précision. De plus, un ouvrage majeur intitulé 'Orbis sacer et profanus' est en préparation à Florence. À Cambridge, M. Battie prépare une nouvelle édition des œuvres d'Isocrate, incluant des oraisons et des épîtres. À Brunswick, M. Brukman a publié une 'Histoire naturelle de la pierre incombustible' en latin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 877-978
Monumens de la Monarchie Françoise, &c. [titre d'après la table]
Début :
On débite chez Pierre Giffart et Julien-Michel Gandoüin: LES [...]
Mots clefs :
Monuments, Monarchie française
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Monumens de la Monarchie Françoise, &c. [titre d'après la table]
On débite chez Pierre Giffart et Julien-Michel
Gandouin : LES MONUMENS DE LA MONARCHIE FRANÇOISE , par le R. P. Dom Bernard
de Montfaucon. Tom. iv. qui comprend les Regnes de Charles VIII. de Louis XIÌ.et de Frans
çois I.
Les Monumens se multiplient avec les Faits ,
dans les derniers siecles de notre Histoire , et le
celebre Auteur a fait choix de ce qu'il a trouvé
de plus interessant. Charles VIII. dans un original du temps est représenté vétu et couronné
Comme Empereur d'Orient , tel qu'il parut à son
Entrée triomphante à Napies. Le Regne de Louis
XII. fournit plusieurs belles Miniatures faites la
plupart à l'usage de la Reine Anne de Bretagne ,
dont on a les Livres originaux, qui nous apprennent bien des choses inconnues jusqu'à présent.
On y voit la Guerre contre les Génois,la reprise
de Génes , l'Entrée triomphante du Roy dans
cette Ville ; ce Prince quelquefois avec ses habits
Royaux, et quelquefois en habit Militaire ; la
Reine Anne , dans son appartement , avec les
Princesses et les Dames de sa Cour, assises à terre
devant elle.Ce quatriéme volume représente aussi , en plusieurs Tableaux , le Convoi de la même Reine, depuis Blois jusqu'à S. Denis, le plus
magnifique
978 MERCURE DE FRANCE
31 magnifique qu'on ait vûen France. L'Histoire de
François I. renferme plusieurs particularitez qui
avoient échappé à nos Historiens précédens , en- tre autres , un Journal de l'Entrevue celebre du
Camp du Drap d'or , avec la figure de cette Entrevue , tirée de cinq Tables de Marbre , qu'on
voit à Rouen, où elle est sculptée en demi relief.
Rien de plus instructif en ce genre que les figures
de la Cour de François I. du Procès du Cổnné table de Bourbon et tant d'autres semblables ,
toutes coppies de Tableaux ou de Miniatures du
temps.
Gandouin : LES MONUMENS DE LA MONARCHIE FRANÇOISE , par le R. P. Dom Bernard
de Montfaucon. Tom. iv. qui comprend les Regnes de Charles VIII. de Louis XIÌ.et de Frans
çois I.
Les Monumens se multiplient avec les Faits ,
dans les derniers siecles de notre Histoire , et le
celebre Auteur a fait choix de ce qu'il a trouvé
de plus interessant. Charles VIII. dans un original du temps est représenté vétu et couronné
Comme Empereur d'Orient , tel qu'il parut à son
Entrée triomphante à Napies. Le Regne de Louis
XII. fournit plusieurs belles Miniatures faites la
plupart à l'usage de la Reine Anne de Bretagne ,
dont on a les Livres originaux, qui nous apprennent bien des choses inconnues jusqu'à présent.
On y voit la Guerre contre les Génois,la reprise
de Génes , l'Entrée triomphante du Roy dans
cette Ville ; ce Prince quelquefois avec ses habits
Royaux, et quelquefois en habit Militaire ; la
Reine Anne , dans son appartement , avec les
Princesses et les Dames de sa Cour, assises à terre
devant elle.Ce quatriéme volume représente aussi , en plusieurs Tableaux , le Convoi de la même Reine, depuis Blois jusqu'à S. Denis, le plus
magnifique
978 MERCURE DE FRANCE
31 magnifique qu'on ait vûen France. L'Histoire de
François I. renferme plusieurs particularitez qui
avoient échappé à nos Historiens précédens , en- tre autres , un Journal de l'Entrevue celebre du
Camp du Drap d'or , avec la figure de cette Entrevue , tirée de cinq Tables de Marbre , qu'on
voit à Rouen, où elle est sculptée en demi relief.
Rien de plus instructif en ce genre que les figures
de la Cour de François I. du Procès du Cổnné table de Bourbon et tant d'autres semblables ,
toutes coppies de Tableaux ou de Miniatures du
temps.
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Résumé : Monumens de la Monarchie Françoise, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente l'ouvrage 'Les Monumens de la Monarchie Françoise' du R. P. Dom Bernard de Montfaucon. Le quatrième tome se concentre sur les règnes de Charles VIII, Louis XII et François Ier. Pour Charles VIII, une illustration montre le roi vêtu et couronné comme Empereur d'Orient lors de son entrée triomphale à Naples. Le règne de Louis XII est illustré par plusieurs miniatures, souvent destinées à la Reine Anne de Bretagne, représentant des scènes de guerre, des entrées triomphales et des portraits royaux. Le volume inclut aussi des représentations du convoi funéraire de la Reine Anne, décrit comme le plus magnifique jamais vu en France. Concernant François Ier, l'ouvrage révèle des détails inédits, comme un journal de l'entrevue du Camp du Drap d'Or, avec des figures sculptées à Rouen. Les illustrations de la cour de François Ier, du procès du connétable de Bourbon et d'autres événements sont des copies de tableaux ou de miniatures contemporaines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 327-332
Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE ITALIQUE, ou Histoire Litteraire de l'Italie, Septembre, Octobre, [...]
Mots clefs :
Maffei, Public, Anciens, Terre, Italie, Histoire, Université de Turin, Journaliste, Savants, Monuments, Italie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE ITALIQUE , ou Histoire
Litteraire de l'Italie , Septembre , Octo
bre , Novembre et Décembre 1728. Tom,
3. de 316 pag. avec la Table des Maticses.
A Genéve , chez Marc- Michel Bousquet
et Compagnie.
5 Le premier article de ce Volume est la
suite de l'Extrait de l'Histoire Diplomatique
de M. Maffei , très- connu parmi les
Sçavans d'Italie , et contient des Recherches
sur l'origine des Etrusques et des anciens
Latins, sur leur Gouvernement , leur
Langue, leurs Caracteres , leurs Ecritures,
leurs Coûtumes et leur Religion . M. Maf-
F vi fei ,
328 MERCURE DE FRANCE
>
fei , après avoir recueilli dans différens
Auteurs tout ce qu'il a pû trouver de Monumens
anciens dessinez et gravez , qui
pouvoient regarder le but qu'il s'étoit
proposé et avoir même entrepris un
voyage en Toscane , pour y trouver par
ses propres recherches , les Antiquitez qui
auroient pû échapper à l'attention des
Sçavans , telles que des Vases , des Urnes
des Pierres sépulcrales , &c . il s'est crû
en état de donner un Systême assez suivi
sur l'Histoire de ces anciens Habitans de
PItalie. Il croit donc que les Etruriens furent
des Descendans des Emins , Peuple
fort et puissant qui tiroit son origine de
Chanaan , et que les Mohabite chasserent
du Pays qu'il habitoit , c'est-à - dire , dé ce
pays qui environnoit le Torrent d'Arnon ,
du côté du Midi et du Septentrion , et
qui confinoit à l'Arabie . M. Maffey montre
la vraisemblance de cette conjecture
par la ressemblance des Noms , des Villes
, des Fleuves , des Divinitez , et même
des Peuples d'Etrurie , il les montre encore
par la ressemblance des Dialectes
par le nombre de leurs Villes , par la forme
de leur Gouvernement , par leur Religion
, leurs Sacrifices , leurs Danses et
leurs Coûtumes , ce qui s'accorde assez
avce
FEVRIER. 1733. 329
avec l'Ecriture - Sainte sur laquelle il se
fonde particulierement .
Nous passons sous silence les remar
ques que fait M. Maffei sur l'Ecriture de
ces Peuples , sur les Pélagiens qui habiterent
l'Italie avec les Toscans , et dont il
éxamine plusieurs Monumens qui peuvent
servir à l'Histoire de ces Peuples , aussibien
qu'à celle de Rome même , que ce
Sçavant Ecrivain , appuyé sur plusieurs.
Monumens d'une grande antiquité , et
fondé d'ailleurs sur d'autres raisons assez
plausibles , croit être plus ancienne que
Romulus . Nous avertirons seulement que
cette Dissertation de M. Maffei est comme
Abbregé d'un Ouvrage beaucoup plus
étendu qu'il promet au Public. Nous ne
dirons rien non plus ni des Actes du martyre
de Ferme et de Rustique , ni de la
vie de S. Zenon , Evêque de Verone dansle
troisiéme siécle , ni de la Lettre de
S. Chrysostome à Cesirius , que le même
Auteur a donné au Public avec de sçavantes
Notes , et dont le Journaliste Protestant
rend compte en peu de mots , en
ajoûtant seulement quelques Remarques
conformes à ses sentimens. Ces Ouvrages.
sont assez connus d'ailleurs des Personnes
qui aiment la belle Litterature .
Vaick
330 MERCURE DE FRANCE
>
Voici le titre des Articles suivans . Art.1.
Iliade d'Omero , &c. c'est - à-dire , l'Iliade
et l'Odyssée d'Homere, traduites du Grec
en Vers Italiens non rimés. Par M. l'Ab .
bé Antoine-Marie Salvini. A Florence
chez Glo , 1723. in 8. Le Journaliste en
parle avec beaucoup d'éloges.
Art. 3. Relation de l'ouverture solemnelle
de deux Cours d'Anatomie faits en
public au Théatre Anatomique de l'Université
de Turin le 24. Février 1724. et
le 26 Février de l'an 1725.
Art. 4. Recueil des diverses Formules
et des Discours Académiques de M. Augustin
Campiani , Jurisconsulte Napolitain
, et Professeur dans l'Université de
Turin , &c. avec les Discours de M. Bernard
André Lama , Napolitain , Professeur
en Eloquence dans l'Université de
Turin . A Turin , de l'Imprimerie de Jean
Radix , 1728. in - 8 .
Art. 5. sur une Observation des anciens
Childéens. Quoique cette Observation
ne soit point d'un Italien , le Journaliste
a crû pouvoir la placer dans son
Recueil , comme étant très - curieuse et
digne d'être présentée au Public, de qui ils
demandent le suffrage pour lui en communiquer
d'autres semblables.
L'Auteur de cette Remarque prouve
par
FEVRIER . 1733. 332
par un Passage d'Achilles Tatius dans le
Ch . 18 de son Introduction aux Phenomênes
d'Aratus , publiée par leP. Petau dans
son Vranologium , que les Chaldéens ont
connu assez au juste l'étenduë de la circonference
du Globe terrestre , pour déterminer
qu'un homme marchant d'un
bon pas sans courir , suivroit le Soleil autour
de la terre , et arriveroit en même
tems que lui au point équinoxial , c'est- àdire
, que dans l'espace d'une année Solaire
qu'ils déterminoient à 365. jours et
quelques heures , un homme marchant
d'un bon pas pourroit faire le tour de la
terre , et le feroit en effet , toutes choses
étant égales d'ailleurs.
Art. 6. Recueil des Historiens de l'Ita
, par M. Muratori , Tom. 6.
lie ,
Nous ne pouvons donner une idée de
cet Ouvrage sans entrer dans un détail
qui nous meneroit trop loin .
i
Art. 7. Francisci Travagini super Observationibus
, &c. c'est- à - dire , Recherche
Physique de François Travagini , ou
Indices du mouvement journalier de la
Terre , fondez sur les Observations qu'il
a faites sur les derniers tremblemens de
terre , principalement celui de Raguse. A
Leyde , ainsi que porte le Titre , et réellement
à Venise , 1669 , in-4º , de 29 pag.
sans
332 MERCURE DE FRANCE
sans l'Epitre Dédicatoire qui sert de Préface.
Art. 8. Lettre sur deux prétendues Inscriptions
Etrusques , à M. le Marquis de
Maffei , à Verone.
Art. 9. Lettre de M.... sur le Caractere
des Italiens.
Le 10 Article annonce le Projet de
Souscription du Dictionnaire Historique,
Critique , Chronologique et Litteraire de
la Bible , par le P. Calmet ; cette Souscription
fut proposée et éxecutée en 1728.
et 29. par les Libraires de Geneve ; ainsi
il seroit inutile d'en parler.
Art. 11. Nouvelles Litteraires , elles ne
contiennent presque rien de particulier
qui n'ait été annoncé dans nos Journaux.
On trouve à la fin de ce Tome une Tar
ble des Matieres des 1. 2. et 3. Tomes
de la Bibliotheque des Sçavans d'Italie.
Litteraire de l'Italie , Septembre , Octo
bre , Novembre et Décembre 1728. Tom,
3. de 316 pag. avec la Table des Maticses.
A Genéve , chez Marc- Michel Bousquet
et Compagnie.
5 Le premier article de ce Volume est la
suite de l'Extrait de l'Histoire Diplomatique
de M. Maffei , très- connu parmi les
Sçavans d'Italie , et contient des Recherches
sur l'origine des Etrusques et des anciens
Latins, sur leur Gouvernement , leur
Langue, leurs Caracteres , leurs Ecritures,
leurs Coûtumes et leur Religion . M. Maf-
F vi fei ,
328 MERCURE DE FRANCE
>
fei , après avoir recueilli dans différens
Auteurs tout ce qu'il a pû trouver de Monumens
anciens dessinez et gravez , qui
pouvoient regarder le but qu'il s'étoit
proposé et avoir même entrepris un
voyage en Toscane , pour y trouver par
ses propres recherches , les Antiquitez qui
auroient pû échapper à l'attention des
Sçavans , telles que des Vases , des Urnes
des Pierres sépulcrales , &c . il s'est crû
en état de donner un Systême assez suivi
sur l'Histoire de ces anciens Habitans de
PItalie. Il croit donc que les Etruriens furent
des Descendans des Emins , Peuple
fort et puissant qui tiroit son origine de
Chanaan , et que les Mohabite chasserent
du Pays qu'il habitoit , c'est-à - dire , dé ce
pays qui environnoit le Torrent d'Arnon ,
du côté du Midi et du Septentrion , et
qui confinoit à l'Arabie . M. Maffey montre
la vraisemblance de cette conjecture
par la ressemblance des Noms , des Villes
, des Fleuves , des Divinitez , et même
des Peuples d'Etrurie , il les montre encore
par la ressemblance des Dialectes
par le nombre de leurs Villes , par la forme
de leur Gouvernement , par leur Religion
, leurs Sacrifices , leurs Danses et
leurs Coûtumes , ce qui s'accorde assez
avce
FEVRIER. 1733. 329
avec l'Ecriture - Sainte sur laquelle il se
fonde particulierement .
Nous passons sous silence les remar
ques que fait M. Maffei sur l'Ecriture de
ces Peuples , sur les Pélagiens qui habiterent
l'Italie avec les Toscans , et dont il
éxamine plusieurs Monumens qui peuvent
servir à l'Histoire de ces Peuples , aussibien
qu'à celle de Rome même , que ce
Sçavant Ecrivain , appuyé sur plusieurs.
Monumens d'une grande antiquité , et
fondé d'ailleurs sur d'autres raisons assez
plausibles , croit être plus ancienne que
Romulus . Nous avertirons seulement que
cette Dissertation de M. Maffei est comme
Abbregé d'un Ouvrage beaucoup plus
étendu qu'il promet au Public. Nous ne
dirons rien non plus ni des Actes du martyre
de Ferme et de Rustique , ni de la
vie de S. Zenon , Evêque de Verone dansle
troisiéme siécle , ni de la Lettre de
S. Chrysostome à Cesirius , que le même
Auteur a donné au Public avec de sçavantes
Notes , et dont le Journaliste Protestant
rend compte en peu de mots , en
ajoûtant seulement quelques Remarques
conformes à ses sentimens. Ces Ouvrages.
sont assez connus d'ailleurs des Personnes
qui aiment la belle Litterature .
Vaick
330 MERCURE DE FRANCE
>
Voici le titre des Articles suivans . Art.1.
Iliade d'Omero , &c. c'est - à-dire , l'Iliade
et l'Odyssée d'Homere, traduites du Grec
en Vers Italiens non rimés. Par M. l'Ab .
bé Antoine-Marie Salvini. A Florence
chez Glo , 1723. in 8. Le Journaliste en
parle avec beaucoup d'éloges.
Art. 3. Relation de l'ouverture solemnelle
de deux Cours d'Anatomie faits en
public au Théatre Anatomique de l'Université
de Turin le 24. Février 1724. et
le 26 Février de l'an 1725.
Art. 4. Recueil des diverses Formules
et des Discours Académiques de M. Augustin
Campiani , Jurisconsulte Napolitain
, et Professeur dans l'Université de
Turin , &c. avec les Discours de M. Bernard
André Lama , Napolitain , Professeur
en Eloquence dans l'Université de
Turin . A Turin , de l'Imprimerie de Jean
Radix , 1728. in - 8 .
Art. 5. sur une Observation des anciens
Childéens. Quoique cette Observation
ne soit point d'un Italien , le Journaliste
a crû pouvoir la placer dans son
Recueil , comme étant très - curieuse et
digne d'être présentée au Public, de qui ils
demandent le suffrage pour lui en communiquer
d'autres semblables.
L'Auteur de cette Remarque prouve
par
FEVRIER . 1733. 332
par un Passage d'Achilles Tatius dans le
Ch . 18 de son Introduction aux Phenomênes
d'Aratus , publiée par leP. Petau dans
son Vranologium , que les Chaldéens ont
connu assez au juste l'étenduë de la circonference
du Globe terrestre , pour déterminer
qu'un homme marchant d'un
bon pas sans courir , suivroit le Soleil autour
de la terre , et arriveroit en même
tems que lui au point équinoxial , c'est- àdire
, que dans l'espace d'une année Solaire
qu'ils déterminoient à 365. jours et
quelques heures , un homme marchant
d'un bon pas pourroit faire le tour de la
terre , et le feroit en effet , toutes choses
étant égales d'ailleurs.
Art. 6. Recueil des Historiens de l'Ita
, par M. Muratori , Tom. 6.
lie ,
Nous ne pouvons donner une idée de
cet Ouvrage sans entrer dans un détail
qui nous meneroit trop loin .
i
Art. 7. Francisci Travagini super Observationibus
, &c. c'est- à - dire , Recherche
Physique de François Travagini , ou
Indices du mouvement journalier de la
Terre , fondez sur les Observations qu'il
a faites sur les derniers tremblemens de
terre , principalement celui de Raguse. A
Leyde , ainsi que porte le Titre , et réellement
à Venise , 1669 , in-4º , de 29 pag.
sans
332 MERCURE DE FRANCE
sans l'Epitre Dédicatoire qui sert de Préface.
Art. 8. Lettre sur deux prétendues Inscriptions
Etrusques , à M. le Marquis de
Maffei , à Verone.
Art. 9. Lettre de M.... sur le Caractere
des Italiens.
Le 10 Article annonce le Projet de
Souscription du Dictionnaire Historique,
Critique , Chronologique et Litteraire de
la Bible , par le P. Calmet ; cette Souscription
fut proposée et éxecutée en 1728.
et 29. par les Libraires de Geneve ; ainsi
il seroit inutile d'en parler.
Art. 11. Nouvelles Litteraires , elles ne
contiennent presque rien de particulier
qui n'ait été annoncé dans nos Journaux.
On trouve à la fin de ce Tome une Tar
ble des Matieres des 1. 2. et 3. Tomes
de la Bibliotheque des Sçavans d'Italie.
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Résumé : Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
Le volume de la 'BIBLIOTHEQUE ITALIQUE, ou Histoire Littéraire de l'Italie' couvre les mois de septembre à décembre 1728. Publié à Genève par Marc-Michel Bousquet et Compagnie, ce volume de 316 pages comprend une table des matières. Le premier article est la suite de l''Histoire Diplomatique' de M. Maffei, qui examine l'origine des Étrusques et des anciens Latins. Maffei explore leur gouvernement, langue, caractères, écritures, coutumes et religion. Pour ses recherches, il a recueilli des monuments anciens et entrepris un voyage en Toscane. Il propose que les Étruriens étaient des descendants des Émins, un peuple puissant originaire de Chanaan, chassé par les Moabites. Cette théorie est soutenue par des similitudes dans les noms, villes, fleuves, divinités, dialectes et coutumes. Le volume inclut également des traductions de l'Iliade et de l'Odyssée d'Homère en vers italiens par l'abbé Antoine-Marie Salvini. D'autres contributions notables sont une relation de cours d'anatomie à l'Université de Turin, et un recueil de formules académiques de M. Augustin Campiani et M. Bernard André Lama. Des articles traitent également des observations des anciens Chaldéens, d'un recueil d'historiens italiens par M. Muratori, et de recherches sur les tremblements de terre par François Travagini. Le volume se conclut par une table des matières des trois tomes de la 'BIBLIOTHEQUE ITALIQUE'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 1811-1822
EXPLICATION de quelques Marbres antiques, dont les Originaux sont dans le Cabinet de M...... Brochure in 4[o.] de 50 pages. A Aix, chez Joseph David, 1733.
Début :
Une sçavante Dissertation, sous le nom de Lettre, addressée à M... [...]
Mots clefs :
Inscription, Smyrne, Monument, Marbres, Inscriptions, Homme, Monuments, Couronnes, Tombeau, Explication, Couronne, Marbre, Hicesius, Symbole
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texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION de quelques Marbres antiques, dont les Originaux sont dans le Cabinet de M...... Brochure in 4[o.] de 50 pages. A Aix, chez Joseph David, 1733.
EXPLICATION de quelques Marbre's
antiques , dont les Originaux sont dans
le Cabinet de M...... Brochure in 41
de 50 pages. A Aix , chez Joseph David
, 1733 .
U
Ne sçavante Dissertation , sous la
nom de Lettre , addressée à M ...
Possesseur des Marbres en question , contient
toute l'Explication de ces Monu
mens d'Antiquité. On ne sçauroit rien lire
en ce genre de plus curieux , de plus ins
tructif, de plus clairement et de plus modestement
exposé . On n'en sera pas sur
pris quand on sçaura que cette Explication
est l'Ouvrage de M. Bouhier , ancien
Président à Mortier au Parlement de Dijon
, de l'Académie Françoise ; Homme
aussi distingué dans la République des
Lettres que dans la Magistrature.
La Personne illustre à qui la Dissertation
est addressée , est aussi un de ces
Hommes dont on ne sçauroit trop louer
les grandes qualitez ; mais dont nous sommes
forcez de respecter icy la modestie ;
F iij c'est
1812 MERCURE DE FRANCE
c'est presque à cette condition que la
Piece nous a été envoyée , et qu'il nous
est permis , pour ainsi dire , d'en orner
notre Journal.
Les Marbres , dont les Bas-Reliefs , et
les Inscriptions sont gravez et expliquez
dans cet Ouvrage , sont au nombre de
sept , et fournissent de quoi exercer la sagacité
des Antiquaires , sur tout le dernier
, sur lequel l'illustre Auteur s'est le
plus étendu , après avoir dit , avec raison
, que c'est un des plus curieux Monumens
qui ayent jamais été dé errez .
Comme il ne nous est pas possible d'entrer
dans le détail de toutes ces différentes
explications , nous nous contenterons
de mettre sous les yeux de nos Lecteurs
une Interprétation entiere et suivie , de
P'un de ces Marbres , t lle qu'on la trouve
dans ce Livre , page 15. et c'est celle
du second Monument que nous avons
choisie, comme la plus propre à ne point
trop nous jetter au - delà de nos bornes
ordinaires.
Ce Marbre apporté de Smyrne , dont
la hauteur est de 3 pieds , 3 pouces , 3 -ligres
; et la largeur d'un pied , 2 pouces , 6
lignes est chargé de 3 figures en bas relief.
Un homme y touche dans la main
d'une femme , laquelle est accompagnée
d'un
AOUST. 1733.
1813
d'un enfant qui tient un Livre fermé
devant lui ; et au dessus des 3 figures est
l'Inscription
sur laquelle l'habile Interprête
a xercé sa capacité de la maniere
qui suit :
t
Ο ΔΗΜΟΣ
Α ΘΗΝΑΙΟΝ
ΙΚΗΣΙΟΥ
Ο ΔΗΜΟΣ
NANNION
Α ΘΗΝΑΙΟΥ
Populus ( coronat ) Populus ( coronat )
Atheneum
Higesii filium.
Nannium
Athenei filiam.
Pour l'intelligence de cette Inscription
il faut remarquer avant toutes choses ,
que ces mots , O AHMOΣ , sont entourez
d'une Couronne.
voir
Cela étoit fort d'usage à Smyrne ; on
le reconnoît par divers Monumens qui
y ont été trouvez , et qu'on peut
dans différens Recueils d'Inscriptions *
Antiques , quoiqu'on n'y ait pas toujours
fait mention des Couronnes , comme on
auroit dû le faire . Cela s'appelloit cepav&v
ονομαςί
Mais quelle est la raison qui a pû faire
accorder des Couronnes , soit en ce Monument
soir en d'autres semblables ,
* Reinasius , Spon , les Marbres d'Oxford.
F iiij
aux
1814 MERCURE DE FRANCE
aux Particuliers qui y sont nommeż ?
C'est ce qu'il faut essayer de découvrir.
Car de croire que te n'étoit qu'un simple
ornement , dépendant de la fantaisie du
Sculpteur , c'est ce qu'il est difficile de
penser' , quand on considére l'uniformité
qui regne sur ce point dans tous ces divers
Marbres.
J'ai cru quelques temps que ces Couronnes
étoient celles dont on honoroit
les Vainqueurs aux Jeux solemnels ; car
il s'en faisoit de celebres à Smyrne, comme
il paroît par une Inscription du Recueil
de Gruter , pag. 314. n. 1. on y entretenoit
même des combats de Poësie ,
suivant Aristide , tom. 1. Oration . et cela
pouvoit regarder les femmes comme les
hommes.
Cependant en examinant la chose de
plus près , j'ai reconnu que cette idée ne
pouvoit compatir avec les bas - reliefs qui
accompagnent la plupart de ces Inscriptions
, et entr'autres celle- cy ; car on
n'y voit rien qui ait rapport à une victoire
remportée dans des Jeux .Au contraire,
un mari qui touche dans la main de sa
femme , avec un enfant qui est à leur
côté a tout à- fait l'air d'un Monument
sépulchral.
Ce n'étoit autre chose, en effet , suivant
qu'en
A O UST . 1733. 1815
qu'en a tres-bien jugé notre illustre ami
le P. de Montfaucon , dans son Supplément
des Antiquitez , tom . 5. pag. 27.en
parlant d'un autre Monument ; et ce qui
me confirme dans ce sentiment , c'est un
Passage de Ciceron , pro Flacco , cap. 31.
qui justifie que l'un des honneurs funebres
, que rendoit quelquefois la Ville
de Smyrne à ceux qu'elle en jugeoit dignes
, étoit la Couronne d'or , que ses
Magistrats faisoient mettre sur le corps
du deffunt : Postremò ut imponeretur aurea
Corona mortuo Honneur dont on conservoit
, sans doute , la mémoire , en faisant
graver sur le Tombeau une Couronne de
la même forme ; car encore qu'il fut d'u- .
sage de couronner * les morts , en les portant
au Tombeau , on n'avoir pas coutu
me de graver des Couronnes sur leurs
monumens , sans quelque raison particuliere.
Or cette Couronne représente divers
feuillages , suivant les personnes dont i
s'agissoit , mais plus souvent les feuilles
d'Olivier , ainsi que d'autres l'ont remar
qué. Ils en donnent pour raison , que POlivier
est le symbole de la Victoire , er
qu'on en couronnoit les Morts , com ne :
* Kirchman , de Funere L. II. Aringbi , Roma
subter. lib. 1. cap. 2.5.
Fy ayant
1816 MERCURE DE FRANCE
ayant
surmonté tous les travaux de cette
vie. Mais il me paroît plus naturel de
dir qu'on leur donnoit des Couronnes
d'Olivier , parce que cet Arbre est le
symbole de la Paix . C'est ce qui a fait
dire au Poëte Prudence :
Verticem flavis oleis revincta,`
Pacis honore.
"
Or on sçait que le Tombeau a été regardé
par tous les Peuples comme un séjour
de repos et de paix éternelle. Delà
ces formules des Inscriptions Sépul- .
chrales. QUIETI AFTERNE PERPETUE
SECURITATI ; EN EIPH NH , et cllecy
du Recueil de Fabretti , pag. 113. n.
180. Inscription. D. Q. ETERNAM , &c .
Ce qu'il explique fort bien : Dom.um
Quietis AEternam . A quoi on peut ajoûter
le sentiment formel de Clement d'Alexandrie
Pa lag. I I. qui , parlant en general
de l'usage de couronner les Morts ,
dit que c'étoit le symbole d'une tranquillité
exemte de tout trouble , A'oxλáre
αμεριμνίας συμβολον .
Mais avant que de finir , je crois que
vous ne serez pas fâché que j'insere ici
une Inscription qui confirme à merveille
ce qui vient d'être avancé , et qu'on dit
être à Arles sur un Marbre , qui sert à
present
AOUST. 1733. 1817
present de Lavoir au Refectoire des
Minimes .
PAX ETERNA
DULCISSIMÆ ET INN
OCENTISSIM. FILIE CH .
RYSOGONE. JUNIOR SIRICI
'QUÆ VIXIT ANN. III . M. II. DIE
B. XXVII. VALERIUS. ET. CHRYSE
GONE PARENTES FILIE RARI
SSIME . ET OMNI TEMPORE VI
TÆ. SUE. DESIDERANTISSI
ME.
Je rapporte au long cette Inscription ,
tant parce que je ne crois pas qu'elle
ait encore été imprimée , que pour y
corriger quelques petites fautes. Car je
suis persuadé , qu'au lieu de SIRICI , il
faut SIRICE , pour SIRICE. C'est un second
surnom de Chrysogone , connu
par d'autres Inscriptions ; entr'autres
une Latine de Gruter , pag. 609. n . 2. et
par
* Il semble que les Minimes de Marseille ont
encore plus dégradé l'Antiquité que ceux d'Arles.
Ici le Monument sert de Lavoir pour le Réfectoire ;
à Marseille un Tombeau antique , orné aussi d'une
Inscription,sert d' Auge auPuits du Monastere.M.de
Ruffy, Hist. de Marseille. T. II. L. XIII p . 320..
F vj par
1818 MERCURE DE FRANCE
par une Grecque de Fabetti , pag. 59r.
7. 108. il est évident qu'il faut aussi
CHRYSOGONE à la sixième ligne. A l'égard
de DESIDERANTISSIME pour DESIDERATISSIMÆ
, c'est une méprise du Graveur
, mais qui n'est pas sans exemple ,
comme il paroît par une Inscription du
Recueil de Reinesius IX . 33. D'ailleurs
les Anciens mêloient souvent des N superflues
dans leur Orthographe , comme
quand ils écrivoient Formonsus Cherronensus
, &c. Mais je reviens à notre Inscription.
*
A OHNAION ) ce nom étoit fort
commun parmi les Grecs. Le sçavant. ét
laborieux Auteur de la nouvelle Bibliotheque
Grecque , inm . 3. p . 630. a dorz
né la Liste de tous les Gens de Lettres
qui l'ont porté. Mais je n'y en ai trouvé
aucun de Smyrne.
Au reste on sent bien que dans cette
Inscription , ainsi que dans les autres pareilles
, il manque un Verbe qu'il est nécessaire
de suppléer . Personne , que je
scache , n'a encore . enseigné celui qui y
étoit sous - entendu . Mais je crois l'avoir
trouvé dans deux Inscriptions qui nous
viennent d'autres Villes , et que Spon
nous a con´ervées , Miscel , p. 335. Elles
* Jean Albert Fabricius.
prou
A OUST. 1733. 1819
prouvent de plus- en - plus que c'est ici un
Monument Sépulchral . Il suffira d'en rape
porter l'une.
Η ΒΟΥΛΗΚΑΙ ΟΔΗΜΟΣ
ΣΤΕΦΑΝΟΙ ΧΡΥΣU CTE
ΦΑΝΟ ΕΥΡΥΘΜΟΝ ΕΠΙ
ΤΥΧΩΣ ΠΡΟΜΟΙΡΟΣ
BIOCANTA
C'est à - dire Senatus et Populus coro→
nant aurea Corona Eurythmum , Epitychis
F. pra naturatâ morte defunctum . Delà
il est aisé de juger que ce qui est énoncé
tout du long dans ce Monument , l'étoit
en abregé dans ceux de Smyrne , où
il faut par conséquent sous - entedre T-
φαιδί χρυσώςεφάνω. Comme des Courone
nes d'or y étoient apparemment d'un
usage plus fréquent , cela s'entendoit à
demi mot.
ΙΚΗΣ
IKHE IOT , il y a ici , ce me semble;
une faute du Marbrier , qui auroit dû graver
I KEZIOr , car ce nom est écrit
par tout de cette maniere , comme il pa
roît par la Géographie de Strabon , L. 13 .
lorsqu'il parle d'un Hicesius , qui tenoit
peu de temps avant lui une Ecole céle
bre de Medecine à Smyrne. Et ce qui
prouve que ce n'est point par une faute
du
1820 MERCURE DE FRANCE
du Copiste , que Son est écrit , Ixámog
dans ce Géographe , c'est qu'il est représenté
ainsi sur deux Médailles Grecques
du même Medecin , que M. Mead nous
a données depuis peu . Dans une autre
Inscription en Vers , qui est parmi les
Marbres d'Oxfort , pag. 78. le nom d'un
autre Hicesius est encore écrit de la même
maniere. C'étoit pareillement celui du
Pere du fameux Cynique Diogêne. Mais
il n'est pas rare de trouver l'E et l'H
employez l'un pour l'autre dans ces sortes
de Monumens . Cela est trop connu
pour m'arrêter à le prouver.
Pour ce qui est de notre Hicesius , si
c'étoit le Médecin dont je viens de pa
ler , et que je ne crois pas different de
l'Icesius , dont il est fait mention dans
Pline et ailleurs , quoique le sçavant Fabricius
, Bibliot. Gr . Tom. 13. p. 189. et
253. semble les avoir distinguez , votre
Inscription seroit du siecle d'Auguste ,
et auroit été posée pour faire honneur au
fils d'un homme qui en a beaucoup fait
à la Ville de Smyrne. Mais c'est ce qu'on
ne peut assurer sur un Argument aussi
foible que celui de la conformité des
noms.
NANNION ) c'est un nom de femme ,
témoin la fameuse Courtisane Narrior ,
dont
A O UST. 17330 1821
dont il est parlé dans Athénée XII. 3 .
et 6. et ailleurs . Ce nom est un diminutif
de Navy , comme Nicium de Nico, Myrtium
de Myrto , Glycerium de Glycera , &c.
il est encore fait mention d'une Nannium ,
fille d'Isagoras , dans un autre Marbre de
Smyrne , qu'a publié Jacques Gronovius
Memor Cosson , p. 149.
On ne peut douter que la nôtre ne
soit l'une des Figures représentées dans
le bas- relief qui est au - dessous de l'Inscription
, où elle donne la main à un
homme qui paroît l'Athénée , fils de Hicesius
, dont il a été parlé cy - dessus. Cet
homme à l'air trop jeune pour être son
Pere. Il est plus probable que c'est son
Mary ; et cela étant il faut qu'elle fût
fille d'un autre Athénée. Pour l'Enfant
qui est à côté d'elle , c'est apparemment
son fils , il tient devant lui un Livre qui
peut faire juger qu'il avoit commencé ses
Etudes , et même qu'il y avoit déja fait
quelque progrès ; mais cela ne vaut pas
la peine que je m'y arrête davantage.
Nous reiterons que nous sommes fâchez
de ne pouvoir pas rapporter d'autres
Parties ou d'autres Morceaux du même
Ouvrage , sur tout de l'Explication
du dernier de ces Monumens , le plus
considerable de tous, apporté de Tripoly
de
1822 MERCURE DE FRANCE
gue
de Barbarie. On en jugera par le mérite de
l'Inscription Grecque , laquelle contient
Decretun fait en l'honneur d'un Gouverneur
d'Egypte par les Chefs de la Synagodes
Juifs de la Ville de Berenice , en
reconnoissance des bienfaits qu'ils en
avoient reçûs.Pour en faire connoître l'importance
et les singularitez , il falloit tout
P'heureux génie et toute l'érudition de
notre sçavant Auteur , et nous ne risquons
rien d'assurer que les Lecteurs les
plus intelligens seront particulierement
satisfaits de cette partie de son
travail.
antiques , dont les Originaux sont dans
le Cabinet de M...... Brochure in 41
de 50 pages. A Aix , chez Joseph David
, 1733 .
U
Ne sçavante Dissertation , sous la
nom de Lettre , addressée à M ...
Possesseur des Marbres en question , contient
toute l'Explication de ces Monu
mens d'Antiquité. On ne sçauroit rien lire
en ce genre de plus curieux , de plus ins
tructif, de plus clairement et de plus modestement
exposé . On n'en sera pas sur
pris quand on sçaura que cette Explication
est l'Ouvrage de M. Bouhier , ancien
Président à Mortier au Parlement de Dijon
, de l'Académie Françoise ; Homme
aussi distingué dans la République des
Lettres que dans la Magistrature.
La Personne illustre à qui la Dissertation
est addressée , est aussi un de ces
Hommes dont on ne sçauroit trop louer
les grandes qualitez ; mais dont nous sommes
forcez de respecter icy la modestie ;
F iij c'est
1812 MERCURE DE FRANCE
c'est presque à cette condition que la
Piece nous a été envoyée , et qu'il nous
est permis , pour ainsi dire , d'en orner
notre Journal.
Les Marbres , dont les Bas-Reliefs , et
les Inscriptions sont gravez et expliquez
dans cet Ouvrage , sont au nombre de
sept , et fournissent de quoi exercer la sagacité
des Antiquaires , sur tout le dernier
, sur lequel l'illustre Auteur s'est le
plus étendu , après avoir dit , avec raison
, que c'est un des plus curieux Monumens
qui ayent jamais été dé errez .
Comme il ne nous est pas possible d'entrer
dans le détail de toutes ces différentes
explications , nous nous contenterons
de mettre sous les yeux de nos Lecteurs
une Interprétation entiere et suivie , de
P'un de ces Marbres , t lle qu'on la trouve
dans ce Livre , page 15. et c'est celle
du second Monument que nous avons
choisie, comme la plus propre à ne point
trop nous jetter au - delà de nos bornes
ordinaires.
Ce Marbre apporté de Smyrne , dont
la hauteur est de 3 pieds , 3 pouces , 3 -ligres
; et la largeur d'un pied , 2 pouces , 6
lignes est chargé de 3 figures en bas relief.
Un homme y touche dans la main
d'une femme , laquelle est accompagnée
d'un
AOUST. 1733.
1813
d'un enfant qui tient un Livre fermé
devant lui ; et au dessus des 3 figures est
l'Inscription
sur laquelle l'habile Interprête
a xercé sa capacité de la maniere
qui suit :
t
Ο ΔΗΜΟΣ
Α ΘΗΝΑΙΟΝ
ΙΚΗΣΙΟΥ
Ο ΔΗΜΟΣ
NANNION
Α ΘΗΝΑΙΟΥ
Populus ( coronat ) Populus ( coronat )
Atheneum
Higesii filium.
Nannium
Athenei filiam.
Pour l'intelligence de cette Inscription
il faut remarquer avant toutes choses ,
que ces mots , O AHMOΣ , sont entourez
d'une Couronne.
voir
Cela étoit fort d'usage à Smyrne ; on
le reconnoît par divers Monumens qui
y ont été trouvez , et qu'on peut
dans différens Recueils d'Inscriptions *
Antiques , quoiqu'on n'y ait pas toujours
fait mention des Couronnes , comme on
auroit dû le faire . Cela s'appelloit cepav&v
ονομαςί
Mais quelle est la raison qui a pû faire
accorder des Couronnes , soit en ce Monument
soir en d'autres semblables ,
* Reinasius , Spon , les Marbres d'Oxford.
F iiij
aux
1814 MERCURE DE FRANCE
aux Particuliers qui y sont nommeż ?
C'est ce qu'il faut essayer de découvrir.
Car de croire que te n'étoit qu'un simple
ornement , dépendant de la fantaisie du
Sculpteur , c'est ce qu'il est difficile de
penser' , quand on considére l'uniformité
qui regne sur ce point dans tous ces divers
Marbres.
J'ai cru quelques temps que ces Couronnes
étoient celles dont on honoroit
les Vainqueurs aux Jeux solemnels ; car
il s'en faisoit de celebres à Smyrne, comme
il paroît par une Inscription du Recueil
de Gruter , pag. 314. n. 1. on y entretenoit
même des combats de Poësie ,
suivant Aristide , tom. 1. Oration . et cela
pouvoit regarder les femmes comme les
hommes.
Cependant en examinant la chose de
plus près , j'ai reconnu que cette idée ne
pouvoit compatir avec les bas - reliefs qui
accompagnent la plupart de ces Inscriptions
, et entr'autres celle- cy ; car on
n'y voit rien qui ait rapport à une victoire
remportée dans des Jeux .Au contraire,
un mari qui touche dans la main de sa
femme , avec un enfant qui est à leur
côté a tout à- fait l'air d'un Monument
sépulchral.
Ce n'étoit autre chose, en effet , suivant
qu'en
A O UST . 1733. 1815
qu'en a tres-bien jugé notre illustre ami
le P. de Montfaucon , dans son Supplément
des Antiquitez , tom . 5. pag. 27.en
parlant d'un autre Monument ; et ce qui
me confirme dans ce sentiment , c'est un
Passage de Ciceron , pro Flacco , cap. 31.
qui justifie que l'un des honneurs funebres
, que rendoit quelquefois la Ville
de Smyrne à ceux qu'elle en jugeoit dignes
, étoit la Couronne d'or , que ses
Magistrats faisoient mettre sur le corps
du deffunt : Postremò ut imponeretur aurea
Corona mortuo Honneur dont on conservoit
, sans doute , la mémoire , en faisant
graver sur le Tombeau une Couronne de
la même forme ; car encore qu'il fut d'u- .
sage de couronner * les morts , en les portant
au Tombeau , on n'avoir pas coutu
me de graver des Couronnes sur leurs
monumens , sans quelque raison particuliere.
Or cette Couronne représente divers
feuillages , suivant les personnes dont i
s'agissoit , mais plus souvent les feuilles
d'Olivier , ainsi que d'autres l'ont remar
qué. Ils en donnent pour raison , que POlivier
est le symbole de la Victoire , er
qu'on en couronnoit les Morts , com ne :
* Kirchman , de Funere L. II. Aringbi , Roma
subter. lib. 1. cap. 2.5.
Fy ayant
1816 MERCURE DE FRANCE
ayant
surmonté tous les travaux de cette
vie. Mais il me paroît plus naturel de
dir qu'on leur donnoit des Couronnes
d'Olivier , parce que cet Arbre est le
symbole de la Paix . C'est ce qui a fait
dire au Poëte Prudence :
Verticem flavis oleis revincta,`
Pacis honore.
"
Or on sçait que le Tombeau a été regardé
par tous les Peuples comme un séjour
de repos et de paix éternelle. Delà
ces formules des Inscriptions Sépul- .
chrales. QUIETI AFTERNE PERPETUE
SECURITATI ; EN EIPH NH , et cllecy
du Recueil de Fabretti , pag. 113. n.
180. Inscription. D. Q. ETERNAM , &c .
Ce qu'il explique fort bien : Dom.um
Quietis AEternam . A quoi on peut ajoûter
le sentiment formel de Clement d'Alexandrie
Pa lag. I I. qui , parlant en general
de l'usage de couronner les Morts ,
dit que c'étoit le symbole d'une tranquillité
exemte de tout trouble , A'oxλáre
αμεριμνίας συμβολον .
Mais avant que de finir , je crois que
vous ne serez pas fâché que j'insere ici
une Inscription qui confirme à merveille
ce qui vient d'être avancé , et qu'on dit
être à Arles sur un Marbre , qui sert à
present
AOUST. 1733. 1817
present de Lavoir au Refectoire des
Minimes .
PAX ETERNA
DULCISSIMÆ ET INN
OCENTISSIM. FILIE CH .
RYSOGONE. JUNIOR SIRICI
'QUÆ VIXIT ANN. III . M. II. DIE
B. XXVII. VALERIUS. ET. CHRYSE
GONE PARENTES FILIE RARI
SSIME . ET OMNI TEMPORE VI
TÆ. SUE. DESIDERANTISSI
ME.
Je rapporte au long cette Inscription ,
tant parce que je ne crois pas qu'elle
ait encore été imprimée , que pour y
corriger quelques petites fautes. Car je
suis persuadé , qu'au lieu de SIRICI , il
faut SIRICE , pour SIRICE. C'est un second
surnom de Chrysogone , connu
par d'autres Inscriptions ; entr'autres
une Latine de Gruter , pag. 609. n . 2. et
par
* Il semble que les Minimes de Marseille ont
encore plus dégradé l'Antiquité que ceux d'Arles.
Ici le Monument sert de Lavoir pour le Réfectoire ;
à Marseille un Tombeau antique , orné aussi d'une
Inscription,sert d' Auge auPuits du Monastere.M.de
Ruffy, Hist. de Marseille. T. II. L. XIII p . 320..
F vj par
1818 MERCURE DE FRANCE
par une Grecque de Fabetti , pag. 59r.
7. 108. il est évident qu'il faut aussi
CHRYSOGONE à la sixième ligne. A l'égard
de DESIDERANTISSIME pour DESIDERATISSIMÆ
, c'est une méprise du Graveur
, mais qui n'est pas sans exemple ,
comme il paroît par une Inscription du
Recueil de Reinesius IX . 33. D'ailleurs
les Anciens mêloient souvent des N superflues
dans leur Orthographe , comme
quand ils écrivoient Formonsus Cherronensus
, &c. Mais je reviens à notre Inscription.
*
A OHNAION ) ce nom étoit fort
commun parmi les Grecs. Le sçavant. ét
laborieux Auteur de la nouvelle Bibliotheque
Grecque , inm . 3. p . 630. a dorz
né la Liste de tous les Gens de Lettres
qui l'ont porté. Mais je n'y en ai trouvé
aucun de Smyrne.
Au reste on sent bien que dans cette
Inscription , ainsi que dans les autres pareilles
, il manque un Verbe qu'il est nécessaire
de suppléer . Personne , que je
scache , n'a encore . enseigné celui qui y
étoit sous - entendu . Mais je crois l'avoir
trouvé dans deux Inscriptions qui nous
viennent d'autres Villes , et que Spon
nous a con´ervées , Miscel , p. 335. Elles
* Jean Albert Fabricius.
prou
A OUST. 1733. 1819
prouvent de plus- en - plus que c'est ici un
Monument Sépulchral . Il suffira d'en rape
porter l'une.
Η ΒΟΥΛΗΚΑΙ ΟΔΗΜΟΣ
ΣΤΕΦΑΝΟΙ ΧΡΥΣU CTE
ΦΑΝΟ ΕΥΡΥΘΜΟΝ ΕΠΙ
ΤΥΧΩΣ ΠΡΟΜΟΙΡΟΣ
BIOCANTA
C'est à - dire Senatus et Populus coro→
nant aurea Corona Eurythmum , Epitychis
F. pra naturatâ morte defunctum . Delà
il est aisé de juger que ce qui est énoncé
tout du long dans ce Monument , l'étoit
en abregé dans ceux de Smyrne , où
il faut par conséquent sous - entedre T-
φαιδί χρυσώςεφάνω. Comme des Courone
nes d'or y étoient apparemment d'un
usage plus fréquent , cela s'entendoit à
demi mot.
ΙΚΗΣ
IKHE IOT , il y a ici , ce me semble;
une faute du Marbrier , qui auroit dû graver
I KEZIOr , car ce nom est écrit
par tout de cette maniere , comme il pa
roît par la Géographie de Strabon , L. 13 .
lorsqu'il parle d'un Hicesius , qui tenoit
peu de temps avant lui une Ecole céle
bre de Medecine à Smyrne. Et ce qui
prouve que ce n'est point par une faute
du
1820 MERCURE DE FRANCE
du Copiste , que Son est écrit , Ixámog
dans ce Géographe , c'est qu'il est représenté
ainsi sur deux Médailles Grecques
du même Medecin , que M. Mead nous
a données depuis peu . Dans une autre
Inscription en Vers , qui est parmi les
Marbres d'Oxfort , pag. 78. le nom d'un
autre Hicesius est encore écrit de la même
maniere. C'étoit pareillement celui du
Pere du fameux Cynique Diogêne. Mais
il n'est pas rare de trouver l'E et l'H
employez l'un pour l'autre dans ces sortes
de Monumens . Cela est trop connu
pour m'arrêter à le prouver.
Pour ce qui est de notre Hicesius , si
c'étoit le Médecin dont je viens de pa
ler , et que je ne crois pas different de
l'Icesius , dont il est fait mention dans
Pline et ailleurs , quoique le sçavant Fabricius
, Bibliot. Gr . Tom. 13. p. 189. et
253. semble les avoir distinguez , votre
Inscription seroit du siecle d'Auguste ,
et auroit été posée pour faire honneur au
fils d'un homme qui en a beaucoup fait
à la Ville de Smyrne. Mais c'est ce qu'on
ne peut assurer sur un Argument aussi
foible que celui de la conformité des
noms.
NANNION ) c'est un nom de femme ,
témoin la fameuse Courtisane Narrior ,
dont
A O UST. 17330 1821
dont il est parlé dans Athénée XII. 3 .
et 6. et ailleurs . Ce nom est un diminutif
de Navy , comme Nicium de Nico, Myrtium
de Myrto , Glycerium de Glycera , &c.
il est encore fait mention d'une Nannium ,
fille d'Isagoras , dans un autre Marbre de
Smyrne , qu'a publié Jacques Gronovius
Memor Cosson , p. 149.
On ne peut douter que la nôtre ne
soit l'une des Figures représentées dans
le bas- relief qui est au - dessous de l'Inscription
, où elle donne la main à un
homme qui paroît l'Athénée , fils de Hicesius
, dont il a été parlé cy - dessus. Cet
homme à l'air trop jeune pour être son
Pere. Il est plus probable que c'est son
Mary ; et cela étant il faut qu'elle fût
fille d'un autre Athénée. Pour l'Enfant
qui est à côté d'elle , c'est apparemment
son fils , il tient devant lui un Livre qui
peut faire juger qu'il avoit commencé ses
Etudes , et même qu'il y avoit déja fait
quelque progrès ; mais cela ne vaut pas
la peine que je m'y arrête davantage.
Nous reiterons que nous sommes fâchez
de ne pouvoir pas rapporter d'autres
Parties ou d'autres Morceaux du même
Ouvrage , sur tout de l'Explication
du dernier de ces Monumens , le plus
considerable de tous, apporté de Tripoly
de
1822 MERCURE DE FRANCE
gue
de Barbarie. On en jugera par le mérite de
l'Inscription Grecque , laquelle contient
Decretun fait en l'honneur d'un Gouverneur
d'Egypte par les Chefs de la Synagodes
Juifs de la Ville de Berenice , en
reconnoissance des bienfaits qu'ils en
avoient reçûs.Pour en faire connoître l'importance
et les singularitez , il falloit tout
P'heureux génie et toute l'érudition de
notre sçavant Auteur , et nous ne risquons
rien d'assurer que les Lecteurs les
plus intelligens seront particulierement
satisfaits de cette partie de son
travail.
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Résumé : EXPLICATION de quelques Marbres antiques, dont les Originaux sont dans le Cabinet de M...... Brochure in 4[o.] de 50 pages. A Aix, chez Joseph David, 1733.
La brochure 'Explication de quelques Marbres antiques', publiée en 1733 à Aix chez Joseph David, est une dissertation de 50 pages sous forme de lettre adressée à M..., propriétaire des marbres. L'auteur, M. Bouhier, ancien Président au Parlement de Dijon et membre de l'Académie Française, est reconnu pour ses compétences en antiquités. La brochure analyse sept marbres antiques, avec des bas-reliefs et inscriptions gravés et interprétés. L'auteur se concentre particulièrement sur le dernier marbre, considéré comme l'un des plus curieux jamais découverts. Il présente une interprétation complète d'un marbre apporté de Smyrne. Ce marbre mesure 3 pieds, 3 pouces et 3 lignes de haut, et 1 pied, 2 pouces et 6 lignes de large. Il est orné de trois figures en bas-relief accompagnées d'une inscription en grec traduite comme suit : 'Le peuple couronne le fils d'Higésius, Athénée, et la fille d'Athénée, Nannion.' L'auteur discute de la signification des couronnes entourant les noms dans l'inscription, soulignant que cet usage était courant à Smyrne. Il explore diverses hypothèses sur la raison de ces couronnes, concluant qu'elles étaient probablement des honneurs funèbres. Il cite des passages de Cicéron et d'autres auteurs pour appuyer cette interprétation. Une inscription à Arles, servant de lavoir, confirme ses conclusions sur les couronnes funéraires. Le document se termine par une réflexion sur les noms grecs et les erreurs potentielles dans les inscriptions, illustrant la complexité de l'interprétation des antiquités.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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