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p. 980-987
Nouvelles de Naples et de Sicile.
Début :
L'Infant Don Carlos a fait publier et afficher sur les frontieres du Royaume de Naples le [...]
Mots clefs :
Naples, Infant Don Carlos, Troupes, Sicile, Prince, Guerre, Pardon général, Hommes, Peuples, Royaumes, Empereur, Comte Visconti, Dieu, Armées
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Naples et de Sicile.
Nouvelles de Naples et de Sicile.
'Infant Don Carlos a fait publier et afficher
sur les frontieres du Royaume de Naples le
Decret suivant.
DON CARLOS , Par la grace de Dieu , Infant
d'Espagne , Duc de Parme , de Plaisance et
de Castro , &c. Grand Prince de Toscane et Generalissime
des Armées de Sa Majesté Catholi
que en Italie.
Le Roi , mon très- cher et honoré Pere , par
sa Lettre du 27. Fevrier dernier , écrite dans le
Palais Royal du Pardo , me mande ce qui suit,
ΜΟΝ
MAY.
981 1734.
MON CHER ET BIEN AIME' FILS.
•
>
Vos interêts inséparables de la dignité de ma
Couronne , et ceux de mes fideles Alliez , m'ont déterminez
à envoyer des Troupes dans la Lombardie
afin d'executer de concert avec leurs Armées
les justes Entreprises ausquelles on les a destinées
; mais dautant qu'à l'occasion de la presente
Guerre , les clameurs des Peuplet de Naples et de Sicile
, excessivement violentés , opprimés et tirannisés
depuis tant d'années par
le gouvernement Allemand
, ont pénetré mon coeur Royal , et que j'ai
toujours eu pour ces Peuples un amour Paternel
me ressouvenant fort bien de leurs démonstration's
de joye et de leurs acclamattons unanimées lorsqu'is
me reçûrent autrefois à Naples , et qu'ils consenti
rent à admettre mes Troupes en Sicile. Excité par
une compassion si naturelle , j'ai préferé à toute autre
expedition celle de délivrer de leurs maux insupportables
ces Peuples opprimés , en employant
avecgenerosité , pour leur prompt soulagement , les
forces qu'il a plu à Dieu de me confier , d'autant
plus que je considere qu'avant que leurs volontés
fussent en quelque façon captivées , leur zele répondoit
parfaitement à mes desirs et que ce n'a été
qu'après avoir été séduits ou par des insinuations
trompeuses , ou par des esperances chimeriques , ou
par la crainie des menaces violentes , qu'ils ont tous
été contraints de dissimuler leur propre inclination
en adoptant des operations très - contraires
leur fidelité. Dans cette persuasion j'ai toujours regardé
avec mépris , et comme des actes involontaires
ou forcés , tout ce qu'ils ont fait , soit en general
, soit en particulier , puisqu'ils y ont été excités
par mes ennemis , et je l'ai mis en oubli comme
s'il ne s'étoitjamais rien passé à ce sujet , ne dou-
Giij tant
>
>
982 MERCURE DE FRANCE
tant point qu'aussi- tôt qu'ils se verront en état Pagir
librement selon leurs desirs , ils ne me donnent
les mêmes preuves de leur parfait devoüement , da
leur loyauté , et de leur zele qu'ils m'ont donné cidevant.
Incité par de si justes motifs , j'ai pris là
resolution de vous y envoyer en personne , et en
qualité de Generalissime de mes Armées , pour recouvrer
ces Royaumes , malgré le risque où pourroit
être votre précieuse santé dans un si long voyage
, afin que par votre Royale et aimable présence,
vous puissiez confirmer en mon nom l'Amnistie et le
Pardon general ou particulier , que mon amour Paternel
m'engage à accorder à un chacun , de quelque
Nation qui soit , et donner à tous en mêmetems
les sûretés les plus authentiques . Vous confirmerez
en outre, vous étendre et augmenterêz , nonseulement
les Privileges dont ces Peuples jouissent a
present , mais encore vous les déchargere de toutes
sortes d'Impôts , et particulierement de ceux qui ne
doivent leur invention et leur établissement qu'à l'avidité
insatialle du Gouvernement Allemand ; et
tout cela afin que le monde soit convaincu que mon
juste et unique but est de rétablir deux Illustres
Royaumes, qui ont si bien merité de la Monarchie,
et de les faire encore jouir de leur ancienne felicité ,
réputation et dignité , et qu'on ne croye pas que ce
soit pas aucun autre interêt que j'ai entrepris de recouvrer
ces Royaumes . Et afin que le contenu de la
Presente soit notoire à tous je vous ordonne de le
rendre Public et Manifeste , dans la forme que vous
jugerez la plus convenable Dieu vous conserve
mon cher et bien aimé Fils , aussi long- tems que je
le desire. Moi le Roi , DON JOSEPH PATINO .
En vertu du pouvoir qu'il a plu à Sa Majesté,
par un effet de son amour Paternel de me donner,
ct
MAY. 1734. 983
et afin que les Sujets ci- dessus mentionnés des
deux Royaumes de Naples et de Sicile ,ces Peuples
si cheris du Roi mon Pere , et dont Sa Majesté
s'est toujours les souvenue avec tant d'estime et
d'affection , en soient dûëment et amplement informés
, je leur déclare ,et je les assûre tous et un
chacun , que l'Indult et le Pardon general et particulier
que Sa Majesté m'a ordonné d'accorder ,
et que j'accorde sur l'assûrance de son sacré et
souverain Nom , comprend toutes sortes de délits
, motifs ou démonstrations sans aucune restriction
, le tout restant enseveli dans un éternel
oubli, que la confirmation de leurs Privileges
comprend et s'étend aux Loix et aux Coutumes
tant Civiles que Criminelles , et même aux
Ecclesiastiques , sans qu'il soit permis d'y établir
aucun nouveau Tribunal , ou Procedures.
Que la louable et juste pratique de conferer les
Benefices et les Pensions sera continuée dans la
forme qui s'y observe ,actuellement ; et que toutes
les impositions et Charges établies par le
Gouvernement tyrannique des Allemands seront
abolis dès à present , lesquelles graces seront
conformes au clement et benin coeur de Sa Majesté
Et afin que ceci soit notoire , j'ai ordonné
qu'on expedie en Langue Espagnole et Italienne
la Présente signée de notre main , scellée
de notre sceau Royal , et contresignée par notre
Secretaire d'Etat , et qu'on l'affiche aux lieux ordinaires.
Fait à Civita Castellana le 14. Mars
1734. CHARLES , Don Joseph-Joachin de Montealegre.
:
Les divers avis du Royaume de Naples portent,
que l'infant Don Carlos , qui est toujours
Aversa , avoit détaché le Marquis de Las - Minas
G iiij
er
1984 MERCURE DE FRANCE
et le Duc de Castro Pignano , avec 34. Compa
gnies de Grenadiers et 2300. hommes de Cavalerie
, du nombre desquels sont les Carabiniers,
pour suivre le Viceroi , lequel accompagné du
Prince Caraffe , Grand Maréchal du Royaume ,
et du Prince de Belmonte Pignatelli , General de
la Cavalerie, s'est retiré dans la Poüille avec près
de sooo . hommes . Ces avis ajoûtent que le Com
te de Charni avoit le Commandement des Troupes
qui assiegent les Châteaux de Naples ; que
le Comte de Marsillac avoit marché pour s'emparer
de celui de Baya , et qu'on formoit en même-
tems le Siege de Gaëtte et de Capouë .
Les quatre Galeres que l'Empereur avoit fait .
équiper dans le Port de Naples , sont sorties de
ce Port, et se sont sauvés à la faveur d'un grand
calme qui a empêché l'Escadre Espagnole des'opposer
à leur fuite.
Les Lettres de la fin d'Avril marquent , que
l'Infant Don Carlos avoit continué le Juge de la
Cour de la Vicairerie à Naples , et l'Elû du Peuple
dans l'exercice de leurs Emplois, et qu'il avoit
laissé aux Habitans le soin de garder la Ville.
Ces mêmes Lettres portent que ce Prince a fait
signifier aux Troupes qui sont dans les Châteaux,
et aux Garnisons de Gaette , et de Capouë, qu'on
ne leur donnoit pour se rendre qu'un petit nom →
bre de jours , après lesquels il ne leur sera accordé
aucune Capitulation.
Ces Lettres ajoutent que le nouveau Vaisseau
de Guerre que le Comte Visconti, ci - devant Vi
ceroi du Royaume , avoit fait construire par or
dre de l'Empereur , étant sorti du Port le 19. du
mois passé pour faire voile vers la Sicile , avoit
été attaqué par quelques vaisseaux de l'Escadre
Espagnole qui l'avoient coulé à fond.
L'Infans
MAY. 1734. 985
et
L'Infant Don Carlos a déclaré le Comte de
Charny , Lieutenant General du Royaume ; il a
nommé en même- tems VicairesGeneraux le Prince
de la Rochella ,pour la Calabre Ulterieure , le
Marquis de Forcardi, pour la Calabre Citerieure;
le Duc d'Andria,pour la Principauté de Bari ,
pour la Capitanate et le Comté de Melfi , le
Marquis Doria , pour la Principauté de Lezze ;
le Duc de Sentiti , pour la Bazilicate ; le Frince
de Monte-Mileto , pour la Principauté Ulterieure
; le Duc Lorenzano , pour la Citerieure , le
Duc de Sora , pour l'Abruzze Ulterieure , et le
Prince d'Isciscane pour l'autre partie de l'Abruze.
Le 24. du mois passé la Garnison du Châreau
S. Elme demanda à capîtuler , mais comme
elle ne s'est point rendue dans le tems qui
lui avoit été prescrit , les Officiers et les Soldats
qui la composoient ont été faits prisonniers de
Guerre ; celle du Château Neuf , qui ne peut tenir
encore long-tems , subira le même sort.
On a reçû avis de Baye que le Comte Marsil
lae , aprés un Siege qui n'avoit duré que quelques
jours s'en étoit emparé , et que la Garnison
et les Habitans s'étoient rendus à discretion
Les Troupes qu'on avoit envoyées pour suivre
le Comte Visconti l'ont joint dans les environs
d'Otrante , et elles n'ont pu encore l'attaquer
parce qu'il s'est retiré dans des bois où il est dif
ficile de le forcer ; mais on croit qu'il ne pourra
pas y demeurer long-tems , et qu'il sera obligé
de sortir du Royaume.
On a appris par des Lettres de Messine , qu'on
voit vû passer à la hauteur de Salerne à les
quatre Galeres Imperiales qui sortirent ily
quelque temps du Port de Naples , dont on viene
Gy
D
986 MERCURE DE FRANCE
de parler , et on conjecture qu'elles sont allées
à Messine.
On écrit de Sicile , que les Habitans ont refusé
de payer un subside de 13c0000. ducats
que le Comte de Sastago , Viceroy de cette Isle ,
leur a demandé de la part de l'Empereur , et que
les menaces qu'il leur a faites de les contraindre à
payer cette somme , y ont excité un soulevement
presque general.
L'ouverture de la breche faite par une batterie
de 8. Canons et de 2. Mortiers , qu'on avoit
dressée contre le Château de l'Euf , se trouva le
premier de ce mois , au matin , assez grande pour
que 30 hommes pussent y passer de front , et
le Commandant de ce Château , voyant qu'on se
disposoit à l'emporter d'assaut , fit battre la chamade
, mais on n'a voulu lui accorder aucune caputulation
, et il a été fait prisonnier de guerre ,
ainsi que la Garnison , qui étoit composée de
300. hommes.
Les Villes de Gaëtte et de Capoüe sont tou
jours bloquées , et l'on n'attend que l'arrivée de
la grosse Artillerie pour ouvrir la Tranchée
devant ces deux Places. Cinq Vaisseaux de
l'Escadre Epagnole , qui croisent sur les Côtes de
Naples , sont allez dans la Mer Adriatique, pour
empêcher le transport des Troupes que l'Empereur
pourroit envoyer ici de Trieste.
Le Comte Visconti ayant été joint par quel
ques Troupes que le Viceroy de Sicile lui a envoyées
, s'est jetté dans Otrante , et le Duc de
Castro Pignano a demandé un renfort d'Infanterie
pour l'y assieger.
5oo . des Soldats Imperiaux , qui ont été faits
prisonniers de guerre , ont pris parti dans les
Troupes de S. M. Catholique , et l'Infant Don
Carl
MAY. 1734. 987
"
Carlos leur a fait distribuer de l'argent.
Les derniers avis de Naples , portent qu'une
partie du Détachement des Troupes Espagnoles
qui avoit suivi le Comte Visconti dans la Pouille,
avoit enveloppé 300. Soldats Imperiaux , qui
n'avoient pu faire assez de diligence pour entrer
avec lui dans Otrante , et qu'ils avoient été faits
prisonniers de guerre.
Selon les mêmes avis , le Prince Della Torella
a fait lever dans ses Terres 800. hommes de Milice
pour le Service de S. M. Catholique .
'Infant Don Carlos a fait publier et afficher
sur les frontieres du Royaume de Naples le
Decret suivant.
DON CARLOS , Par la grace de Dieu , Infant
d'Espagne , Duc de Parme , de Plaisance et
de Castro , &c. Grand Prince de Toscane et Generalissime
des Armées de Sa Majesté Catholi
que en Italie.
Le Roi , mon très- cher et honoré Pere , par
sa Lettre du 27. Fevrier dernier , écrite dans le
Palais Royal du Pardo , me mande ce qui suit,
ΜΟΝ
MAY.
981 1734.
MON CHER ET BIEN AIME' FILS.
•
>
Vos interêts inséparables de la dignité de ma
Couronne , et ceux de mes fideles Alliez , m'ont déterminez
à envoyer des Troupes dans la Lombardie
afin d'executer de concert avec leurs Armées
les justes Entreprises ausquelles on les a destinées
; mais dautant qu'à l'occasion de la presente
Guerre , les clameurs des Peuplet de Naples et de Sicile
, excessivement violentés , opprimés et tirannisés
depuis tant d'années par
le gouvernement Allemand
, ont pénetré mon coeur Royal , et que j'ai
toujours eu pour ces Peuples un amour Paternel
me ressouvenant fort bien de leurs démonstration's
de joye et de leurs acclamattons unanimées lorsqu'is
me reçûrent autrefois à Naples , et qu'ils consenti
rent à admettre mes Troupes en Sicile. Excité par
une compassion si naturelle , j'ai préferé à toute autre
expedition celle de délivrer de leurs maux insupportables
ces Peuples opprimés , en employant
avecgenerosité , pour leur prompt soulagement , les
forces qu'il a plu à Dieu de me confier , d'autant
plus que je considere qu'avant que leurs volontés
fussent en quelque façon captivées , leur zele répondoit
parfaitement à mes desirs et que ce n'a été
qu'après avoir été séduits ou par des insinuations
trompeuses , ou par des esperances chimeriques , ou
par la crainie des menaces violentes , qu'ils ont tous
été contraints de dissimuler leur propre inclination
en adoptant des operations très - contraires
leur fidelité. Dans cette persuasion j'ai toujours regardé
avec mépris , et comme des actes involontaires
ou forcés , tout ce qu'ils ont fait , soit en general
, soit en particulier , puisqu'ils y ont été excités
par mes ennemis , et je l'ai mis en oubli comme
s'il ne s'étoitjamais rien passé à ce sujet , ne dou-
Giij tant
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>
982 MERCURE DE FRANCE
tant point qu'aussi- tôt qu'ils se verront en état Pagir
librement selon leurs desirs , ils ne me donnent
les mêmes preuves de leur parfait devoüement , da
leur loyauté , et de leur zele qu'ils m'ont donné cidevant.
Incité par de si justes motifs , j'ai pris là
resolution de vous y envoyer en personne , et en
qualité de Generalissime de mes Armées , pour recouvrer
ces Royaumes , malgré le risque où pourroit
être votre précieuse santé dans un si long voyage
, afin que par votre Royale et aimable présence,
vous puissiez confirmer en mon nom l'Amnistie et le
Pardon general ou particulier , que mon amour Paternel
m'engage à accorder à un chacun , de quelque
Nation qui soit , et donner à tous en mêmetems
les sûretés les plus authentiques . Vous confirmerez
en outre, vous étendre et augmenterêz , nonseulement
les Privileges dont ces Peuples jouissent a
present , mais encore vous les déchargere de toutes
sortes d'Impôts , et particulierement de ceux qui ne
doivent leur invention et leur établissement qu'à l'avidité
insatialle du Gouvernement Allemand ; et
tout cela afin que le monde soit convaincu que mon
juste et unique but est de rétablir deux Illustres
Royaumes, qui ont si bien merité de la Monarchie,
et de les faire encore jouir de leur ancienne felicité ,
réputation et dignité , et qu'on ne croye pas que ce
soit pas aucun autre interêt que j'ai entrepris de recouvrer
ces Royaumes . Et afin que le contenu de la
Presente soit notoire à tous je vous ordonne de le
rendre Public et Manifeste , dans la forme que vous
jugerez la plus convenable Dieu vous conserve
mon cher et bien aimé Fils , aussi long- tems que je
le desire. Moi le Roi , DON JOSEPH PATINO .
En vertu du pouvoir qu'il a plu à Sa Majesté,
par un effet de son amour Paternel de me donner,
ct
MAY. 1734. 983
et afin que les Sujets ci- dessus mentionnés des
deux Royaumes de Naples et de Sicile ,ces Peuples
si cheris du Roi mon Pere , et dont Sa Majesté
s'est toujours les souvenue avec tant d'estime et
d'affection , en soient dûëment et amplement informés
, je leur déclare ,et je les assûre tous et un
chacun , que l'Indult et le Pardon general et particulier
que Sa Majesté m'a ordonné d'accorder ,
et que j'accorde sur l'assûrance de son sacré et
souverain Nom , comprend toutes sortes de délits
, motifs ou démonstrations sans aucune restriction
, le tout restant enseveli dans un éternel
oubli, que la confirmation de leurs Privileges
comprend et s'étend aux Loix et aux Coutumes
tant Civiles que Criminelles , et même aux
Ecclesiastiques , sans qu'il soit permis d'y établir
aucun nouveau Tribunal , ou Procedures.
Que la louable et juste pratique de conferer les
Benefices et les Pensions sera continuée dans la
forme qui s'y observe ,actuellement ; et que toutes
les impositions et Charges établies par le
Gouvernement tyrannique des Allemands seront
abolis dès à present , lesquelles graces seront
conformes au clement et benin coeur de Sa Majesté
Et afin que ceci soit notoire , j'ai ordonné
qu'on expedie en Langue Espagnole et Italienne
la Présente signée de notre main , scellée
de notre sceau Royal , et contresignée par notre
Secretaire d'Etat , et qu'on l'affiche aux lieux ordinaires.
Fait à Civita Castellana le 14. Mars
1734. CHARLES , Don Joseph-Joachin de Montealegre.
:
Les divers avis du Royaume de Naples portent,
que l'infant Don Carlos , qui est toujours
Aversa , avoit détaché le Marquis de Las - Minas
G iiij
er
1984 MERCURE DE FRANCE
et le Duc de Castro Pignano , avec 34. Compa
gnies de Grenadiers et 2300. hommes de Cavalerie
, du nombre desquels sont les Carabiniers,
pour suivre le Viceroi , lequel accompagné du
Prince Caraffe , Grand Maréchal du Royaume ,
et du Prince de Belmonte Pignatelli , General de
la Cavalerie, s'est retiré dans la Poüille avec près
de sooo . hommes . Ces avis ajoûtent que le Com
te de Charni avoit le Commandement des Troupes
qui assiegent les Châteaux de Naples ; que
le Comte de Marsillac avoit marché pour s'emparer
de celui de Baya , et qu'on formoit en même-
tems le Siege de Gaëtte et de Capouë .
Les quatre Galeres que l'Empereur avoit fait .
équiper dans le Port de Naples , sont sorties de
ce Port, et se sont sauvés à la faveur d'un grand
calme qui a empêché l'Escadre Espagnole des'opposer
à leur fuite.
Les Lettres de la fin d'Avril marquent , que
l'Infant Don Carlos avoit continué le Juge de la
Cour de la Vicairerie à Naples , et l'Elû du Peuple
dans l'exercice de leurs Emplois, et qu'il avoit
laissé aux Habitans le soin de garder la Ville.
Ces mêmes Lettres portent que ce Prince a fait
signifier aux Troupes qui sont dans les Châteaux,
et aux Garnisons de Gaette , et de Capouë, qu'on
ne leur donnoit pour se rendre qu'un petit nom →
bre de jours , après lesquels il ne leur sera accordé
aucune Capitulation.
Ces Lettres ajoutent que le nouveau Vaisseau
de Guerre que le Comte Visconti, ci - devant Vi
ceroi du Royaume , avoit fait construire par or
dre de l'Empereur , étant sorti du Port le 19. du
mois passé pour faire voile vers la Sicile , avoit
été attaqué par quelques vaisseaux de l'Escadre
Espagnole qui l'avoient coulé à fond.
L'Infans
MAY. 1734. 985
et
L'Infant Don Carlos a déclaré le Comte de
Charny , Lieutenant General du Royaume ; il a
nommé en même- tems VicairesGeneraux le Prince
de la Rochella ,pour la Calabre Ulterieure , le
Marquis de Forcardi, pour la Calabre Citerieure;
le Duc d'Andria,pour la Principauté de Bari ,
pour la Capitanate et le Comté de Melfi , le
Marquis Doria , pour la Principauté de Lezze ;
le Duc de Sentiti , pour la Bazilicate ; le Frince
de Monte-Mileto , pour la Principauté Ulterieure
; le Duc Lorenzano , pour la Citerieure , le
Duc de Sora , pour l'Abruzze Ulterieure , et le
Prince d'Isciscane pour l'autre partie de l'Abruze.
Le 24. du mois passé la Garnison du Châreau
S. Elme demanda à capîtuler , mais comme
elle ne s'est point rendue dans le tems qui
lui avoit été prescrit , les Officiers et les Soldats
qui la composoient ont été faits prisonniers de
Guerre ; celle du Château Neuf , qui ne peut tenir
encore long-tems , subira le même sort.
On a reçû avis de Baye que le Comte Marsil
lae , aprés un Siege qui n'avoit duré que quelques
jours s'en étoit emparé , et que la Garnison
et les Habitans s'étoient rendus à discretion
Les Troupes qu'on avoit envoyées pour suivre
le Comte Visconti l'ont joint dans les environs
d'Otrante , et elles n'ont pu encore l'attaquer
parce qu'il s'est retiré dans des bois où il est dif
ficile de le forcer ; mais on croit qu'il ne pourra
pas y demeurer long-tems , et qu'il sera obligé
de sortir du Royaume.
On a appris par des Lettres de Messine , qu'on
voit vû passer à la hauteur de Salerne à les
quatre Galeres Imperiales qui sortirent ily
quelque temps du Port de Naples , dont on viene
Gy
D
986 MERCURE DE FRANCE
de parler , et on conjecture qu'elles sont allées
à Messine.
On écrit de Sicile , que les Habitans ont refusé
de payer un subside de 13c0000. ducats
que le Comte de Sastago , Viceroy de cette Isle ,
leur a demandé de la part de l'Empereur , et que
les menaces qu'il leur a faites de les contraindre à
payer cette somme , y ont excité un soulevement
presque general.
L'ouverture de la breche faite par une batterie
de 8. Canons et de 2. Mortiers , qu'on avoit
dressée contre le Château de l'Euf , se trouva le
premier de ce mois , au matin , assez grande pour
que 30 hommes pussent y passer de front , et
le Commandant de ce Château , voyant qu'on se
disposoit à l'emporter d'assaut , fit battre la chamade
, mais on n'a voulu lui accorder aucune caputulation
, et il a été fait prisonnier de guerre ,
ainsi que la Garnison , qui étoit composée de
300. hommes.
Les Villes de Gaëtte et de Capoüe sont tou
jours bloquées , et l'on n'attend que l'arrivée de
la grosse Artillerie pour ouvrir la Tranchée
devant ces deux Places. Cinq Vaisseaux de
l'Escadre Epagnole , qui croisent sur les Côtes de
Naples , sont allez dans la Mer Adriatique, pour
empêcher le transport des Troupes que l'Empereur
pourroit envoyer ici de Trieste.
Le Comte Visconti ayant été joint par quel
ques Troupes que le Viceroy de Sicile lui a envoyées
, s'est jetté dans Otrante , et le Duc de
Castro Pignano a demandé un renfort d'Infanterie
pour l'y assieger.
5oo . des Soldats Imperiaux , qui ont été faits
prisonniers de guerre , ont pris parti dans les
Troupes de S. M. Catholique , et l'Infant Don
Carl
MAY. 1734. 987
"
Carlos leur a fait distribuer de l'argent.
Les derniers avis de Naples , portent qu'une
partie du Détachement des Troupes Espagnoles
qui avoit suivi le Comte Visconti dans la Pouille,
avoit enveloppé 300. Soldats Imperiaux , qui
n'avoient pu faire assez de diligence pour entrer
avec lui dans Otrante , et qu'ils avoient été faits
prisonniers de guerre.
Selon les mêmes avis , le Prince Della Torella
a fait lever dans ses Terres 800. hommes de Milice
pour le Service de S. M. Catholique .
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Résumé : Nouvelles de Naples et de Sicile.
Le texte décrit les actions et déclarations de l'Infant Don Carlos, fils du roi d'Espagne, concernant les royaumes de Naples et de Sicile. Le roi d'Espagne, motivé par les souffrances des peuples napolitains et siciliens sous le gouvernement allemand, a décidé d'envoyer des troupes pour les libérer. Don Carlos, en tant que généralissime des armées, est chargé de récupérer ces royaumes, de confirmer une amnistie générale, de restaurer les privilèges des peuples et d'abolir les impôts imposés par le gouvernement allemand. Les nouvelles de Naples indiquent que Don Carlos a détaché plusieurs officiers et troupes pour suivre le vice-roi, qui s'est retiré en Pouille. Les galères impériales ont pu s'échapper grâce à un calme marin. Don Carlos a maintenu les juges et élus du peuple dans leurs fonctions et a donné un délai limité aux troupes dans les châteaux pour se rendre. Il a également nommé plusieurs lieutenants généraux et vicaires pour différentes régions des royaumes. Les garnisons des châteaux de Naples et de Baïa se sont rendues. Les troupes impériales, dirigées par le Comte Visconti, sont en difficulté et cherchent à quitter le royaume. Les habitants de Sicile ont refusé de payer un subside demandé par le vice-roi, provoquant un soulèvement. Les villes de Gaëtte et de Capoue sont bloquées en attendant l'arrivée de l'artillerie. Les vaisseaux espagnols patrouillent pour empêcher l'arrivée de renforts impériaux. Plusieurs soldats impériaux ont été faits prisonniers et ont rejoint les troupes espagnoles.
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