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1
p. 137-151
Discours prononcé sur ce sujet, [titre d'après la table]
Début :
A l'ouverture de cette These, Mr de Rouviere fit le / MESSIEURS, J'enreprens aujourd'huy une Composition, qui depuis plus de [...]
Mots clefs :
Thèse, Thériaque, Remède, Docteurs, Composition, Réputation, Galien, Peste, Guérison, Mérite, Efficacité, Empereurs, Baume, Louis le Grand, Honneur, Applaudissements, Approbation, Médecins, Doyens, Apothicaires
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texteReconnaissance textuelle : Discours prononcé sur ce sujet, [titre d'après la table]
A l'ouverture de cette The .
fe , M' de Rouviere fit le Dif
cours que vous allez lire , en :
prefence de M les Doyen
& Profeffeurs de la Faculté,,
Mars 1685 M
138 MERCURE
tous en Robes & en Chape--
rons , qui font les marques .
qui les diftinguent des autres
Docteurs Regens . M' de la .
Reynie , & M le Procureur
du Roy y affifterent auffi .
MESS
ESSIEURS,
F'entreprens aujourd'huy une
Compofition , qui depuis plus defeize
fiecles tient un rang honorable
dans la Medecine. Onpeut
Mithridate * en a eftéle
dire
que
premier Inventeur , puifque les
augmentations qu'on y a faites
* Roy de Pont .
GALANT. 139
fous le Regne de Neron n'empéchent
pas qu'on n'y remarque
beaucoup de conformité ; Andromachus
le Pere ajoûtant les Viperes
à cette Compofition , luy a
donné le nom qu'elle porte : Les
Romains en admiroient les proprietez.
Jamais Remede n'eut une
fi belle deftinée ; il trouva des 5
Partifans parmy les Vainquents•
de la Terre , malgré les red
volutions qui font arrivées dans
l'Univers fa reputation s'eft
confervée, entiere ,pure , inalterée,
jufques au Regne de notre Invincible
Monarque. Marc Au- .
7
Il eftoit premier Medecin de Neron , -
Meij
140 MERCURE
rele Antonin , furnommé le Philofophe
, qui eftoit affis fur le
Trône des Cefars , avec Lucius
Verus fonfrere , charmé des Ecrits
de Galien * , qui apres plufeurs
Voyages s'eftoit retiré à
Pergame , lieu de fa naiſſance,
le fit folliciter de paffer en Italie,
crût qu'il ne pouvoit mieux
témoigner l'eftime qu'il avoit pour
luy , qu'en luy confiant la prépa
ration de la Theriaque . Sa prévoyance
ne fut pas "inutile. La
prefence de Galien luy fut neceffairepourfe
garantir de la Pefte* ,
* Galien fe rendit à Rome l'An de Noftre
Seigneur 164. âgé de 34. ans .
* Cette Pefte arriva en 166, & dura- prés
de quatre années .
GALANT: 140
que Capitolinus & d'autres Hiftoriens
décrivent dans la Vie de
Lucius. La Theriaque fut for
antidote; poffedant deux grands.
biens enfemble , un Remede excellent
pour la confervation de fa
Perfonne Augufte , & un Medecin
tres-babile pour en ordonner
l'ufage , il connut que l'eftime
qu'ilfaifoit de tous les deux;
eftoit infiniment au deffous de leur
merite. Apresfa mort la Theria .
que fut negligée fous trois de fes
Succeffeurs , dont l'un * fut auffi
méprisé pour ses débauches , que
* Commode Succeffeur d'Antonin mourut
1831. jour de Decembre l'An 182..
142 MERCURE
fon Pere avoit efté recommanda_ -
ble pourfes vertus. Et les autres
regnerent fi peu de temps * , qu'ils
n'eurent pas le loifir de fuivre les
traces de l'incomparable Antonins
mais enfin aprés tant de changemens
de difgraces , l'Empereur
Severe rendit à Rome fon
premier éclat. Il fit des honneurs
extraordinaires à Galien ; &
pour le retenir à la Cour , il rétablit
les Laboratoires ,
Theriaque devint en ufage plus
qu'elle n'avoit jamais efté. Galien
rentra dans fon employ ; & quoy
la
* Helvius Pertinax ne regna qu'environ trois -
mois aprés Commode . Et Didie Julien deux
mois & cinq jours aprés Pertinax..
GALANT. 143
quefon genie l'appellat à des chofes
plus difficiles , il continua de
préparer la Theriaque jusques à
L'an de Notre Seigneur 200, qui
fut le dernier de fa vie. Veritablement
ceux qui aprés luy en
eurent la commiffion , luy cederent
en reputation & en merite;
mais le deftin de la Theriaque ne
dépendoit
pas d'un feul homme.
Dans tous les Temps , dans tous
les Regnes , chez toutes les Nations
qui ont eu du difcernement
,
la Theriaque a efté célébrée . Il
feroir aife de le prouver , fi quelqu'un
en pouvoit douter ; mais
laiffant à ceux qui fçavent mieux
..
144 MERCURE
faire valoir les chofes , à repre
fenter l'empreffement qu'ont tou
jours eu les Princes & les Re
publiques pour l'exate compofi
tion de ce Remede . Je me contente
de n'avoir rien oublié pour mon
deffein , d'avoir affemblé avec·
desfoins particuliers tous les Medicamens
neceffaires pour y réuf
fir , & d'eftre en estat de renou
veller l'ancienne Préparation
d'Andromachus , fans eftre affer
vy aux Remedes que l'on fubfti
tuë ordinairement en la place des
originaux. F'efpere de les avoir,
je les foumets à toutes les
épreuves ; j'ay difpenfè les uns é
less
GALANT. 145
les autres pour les employer felon
que la Faculté en voudra déterminer.
On a vûdes Empereurs*
enfermer dans leurs Trefors un
peu de Cinnamome , par la difficulté
qu'ils avoient d'en recouvrer.
On a crú le Baume de Judée
perdu ; le Chalcitis a fait de
L'embaras à des perfonnes d'ailleurs
fort éclairées. Nousfommes
délivrez de toutes ces peines : il
femble que les Regions les plus
éloignées rendent hommage à la
France de ce qu'elles ont de meilleure
de plus rare, Nylefroyable
* Cela eft rapporté par Galien au Livre I.
das Contrepoifons.
Mars 1685.
N
146 MERCURE
étendue des Mers , ny les folitus
des affreufes , ny les deferts inha
bitez , ny les perils où l'on s'expoſe
pour les traverſer , ne font
capables de nous arrêter. Louis
LE GRAND étend fes rayons
jufques aux Climats les plus barbares
, plus brillant encore parfes
vertus , qu'il n'eft redoutable par
fa puiffance. Il fe fait voir an
prés des autres Souverains ce que
le Soleil paroît au milieu des Etoiles
; & de méme que rien dans
le Monde n'approche de la gloire
qu'il s'eft acquiſe , rien n'approche
auffi du bonheur qu'il procure à
ceux qui font foumis àfa DomiGALANT.
147
د
nation. Les Sujets dont il fait
choix pour maintenir l'autorité
des Loix & de la Justice , font
autant de Vaiffeaux précieux qui
partent d'une fource toute pure
qui répandent l'ordre & l'abondance
parmy les Peuples.
L'Illuftre Magiftrat qui préfide à
la Police dans la premiere Ville
du Royaume , balance les mouve
mens de ce grand Corps , & entre
dans tous fes befoins. Il dirige par
fon exemple , auffi bien que par
fes Ordonnances. Il punit fans
paſſion , & recompenfe fans prévention.
Il adoucit la rigueur des
Saifons; il repare lafterilité des
Nij
148 MERCURE
Campagnes ; & fe donnant tout
entier aufervice du Roy, an
bien du Public , il trouve Dien
dans tout ce qu'il fait , & n'en
peur eftre détourné par aucune
confidération. Il nefaut pas s'étonner
aprés cela , Meffieur Meffieurs , que
Paris foit le centre où toutes les
merveilles fe réuniffent. Mais
comme je nefuis pas icypour vous
fatiguer par mes difcours , j'abuferois
de l'honneur que je reçois
de votre préfence , fi je differois
davantage d'entrer en matiere.
Quoy que je n'aye rien à craindre
fur l'élection , préparation , &
mixtion des Medicamens, en me
GALANT. 149
conformant aux décifions de la
Faculté , je ne laiſſe pas d'avoir
befoin de vos complaisancesfur la
maniere de m'expliquer : & je
vous les demande avec d'autant
plus de confiance , que m'attachant
uniquement à ce qui regarde
ma Profeffion , j'efpere que mes
operations meriteront vos attentions,
fi mesparoles n'ont pas affez
de force pour vous engager.
M ' de Rouviere a eu tous
les applaudiffemens qu'il
pouvoit fouhaiter de fon travail
, & l'on voit plufieurs-
Approbations au bas de la
N iij ,
150 MERCURE
Thefe , dont je vous ay donné
lá Figure Emblematique.
La premiere eft fignée de M
Dieuxivoye , Doyen de la Faculté
de Paris ; de M' Pouret ,
ancien Profeffeur , & Medecin
Ordinaire de Monfieur ;
de M' Bonnet , Profeffeur &
Medecin Ordinaire de la Reyne
, de M de Sainction , Medecin
Ordinaire de Sa Majefté,
& de M ' Boudin , Docteur
en Medecine . M' Boudin,l'un
des premiers Apoticaires du
Roy , & premier Apoticaire
de la Reyne , ayant eu ordre
d'affifter à la compoſition de
GALANT. 151
ce Remede , y a auffi donné
fon Approbation , auſſi - bien
que M's Maillard , & de Colmes
, Apoticaires de la Maifon
Royale
.
fe , M' de Rouviere fit le Dif
cours que vous allez lire , en :
prefence de M les Doyen
& Profeffeurs de la Faculté,,
Mars 1685 M
138 MERCURE
tous en Robes & en Chape--
rons , qui font les marques .
qui les diftinguent des autres
Docteurs Regens . M' de la .
Reynie , & M le Procureur
du Roy y affifterent auffi .
MESS
ESSIEURS,
F'entreprens aujourd'huy une
Compofition , qui depuis plus defeize
fiecles tient un rang honorable
dans la Medecine. Onpeut
Mithridate * en a eftéle
dire
que
premier Inventeur , puifque les
augmentations qu'on y a faites
* Roy de Pont .
GALANT. 139
fous le Regne de Neron n'empéchent
pas qu'on n'y remarque
beaucoup de conformité ; Andromachus
le Pere ajoûtant les Viperes
à cette Compofition , luy a
donné le nom qu'elle porte : Les
Romains en admiroient les proprietez.
Jamais Remede n'eut une
fi belle deftinée ; il trouva des 5
Partifans parmy les Vainquents•
de la Terre , malgré les red
volutions qui font arrivées dans
l'Univers fa reputation s'eft
confervée, entiere ,pure , inalterée,
jufques au Regne de notre Invincible
Monarque. Marc Au- .
7
Il eftoit premier Medecin de Neron , -
Meij
140 MERCURE
rele Antonin , furnommé le Philofophe
, qui eftoit affis fur le
Trône des Cefars , avec Lucius
Verus fonfrere , charmé des Ecrits
de Galien * , qui apres plufeurs
Voyages s'eftoit retiré à
Pergame , lieu de fa naiſſance,
le fit folliciter de paffer en Italie,
crût qu'il ne pouvoit mieux
témoigner l'eftime qu'il avoit pour
luy , qu'en luy confiant la prépa
ration de la Theriaque . Sa prévoyance
ne fut pas "inutile. La
prefence de Galien luy fut neceffairepourfe
garantir de la Pefte* ,
* Galien fe rendit à Rome l'An de Noftre
Seigneur 164. âgé de 34. ans .
* Cette Pefte arriva en 166, & dura- prés
de quatre années .
GALANT: 140
que Capitolinus & d'autres Hiftoriens
décrivent dans la Vie de
Lucius. La Theriaque fut for
antidote; poffedant deux grands.
biens enfemble , un Remede excellent
pour la confervation de fa
Perfonne Augufte , & un Medecin
tres-babile pour en ordonner
l'ufage , il connut que l'eftime
qu'ilfaifoit de tous les deux;
eftoit infiniment au deffous de leur
merite. Apresfa mort la Theria .
que fut negligée fous trois de fes
Succeffeurs , dont l'un * fut auffi
méprisé pour ses débauches , que
* Commode Succeffeur d'Antonin mourut
1831. jour de Decembre l'An 182..
142 MERCURE
fon Pere avoit efté recommanda_ -
ble pourfes vertus. Et les autres
regnerent fi peu de temps * , qu'ils
n'eurent pas le loifir de fuivre les
traces de l'incomparable Antonins
mais enfin aprés tant de changemens
de difgraces , l'Empereur
Severe rendit à Rome fon
premier éclat. Il fit des honneurs
extraordinaires à Galien ; &
pour le retenir à la Cour , il rétablit
les Laboratoires ,
Theriaque devint en ufage plus
qu'elle n'avoit jamais efté. Galien
rentra dans fon employ ; & quoy
la
* Helvius Pertinax ne regna qu'environ trois -
mois aprés Commode . Et Didie Julien deux
mois & cinq jours aprés Pertinax..
GALANT. 143
quefon genie l'appellat à des chofes
plus difficiles , il continua de
préparer la Theriaque jusques à
L'an de Notre Seigneur 200, qui
fut le dernier de fa vie. Veritablement
ceux qui aprés luy en
eurent la commiffion , luy cederent
en reputation & en merite;
mais le deftin de la Theriaque ne
dépendoit
pas d'un feul homme.
Dans tous les Temps , dans tous
les Regnes , chez toutes les Nations
qui ont eu du difcernement
,
la Theriaque a efté célébrée . Il
feroir aife de le prouver , fi quelqu'un
en pouvoit douter ; mais
laiffant à ceux qui fçavent mieux
..
144 MERCURE
faire valoir les chofes , à repre
fenter l'empreffement qu'ont tou
jours eu les Princes & les Re
publiques pour l'exate compofi
tion de ce Remede . Je me contente
de n'avoir rien oublié pour mon
deffein , d'avoir affemblé avec·
desfoins particuliers tous les Medicamens
neceffaires pour y réuf
fir , & d'eftre en estat de renou
veller l'ancienne Préparation
d'Andromachus , fans eftre affer
vy aux Remedes que l'on fubfti
tuë ordinairement en la place des
originaux. F'efpere de les avoir,
je les foumets à toutes les
épreuves ; j'ay difpenfè les uns é
less
GALANT. 145
les autres pour les employer felon
que la Faculté en voudra déterminer.
On a vûdes Empereurs*
enfermer dans leurs Trefors un
peu de Cinnamome , par la difficulté
qu'ils avoient d'en recouvrer.
On a crú le Baume de Judée
perdu ; le Chalcitis a fait de
L'embaras à des perfonnes d'ailleurs
fort éclairées. Nousfommes
délivrez de toutes ces peines : il
femble que les Regions les plus
éloignées rendent hommage à la
France de ce qu'elles ont de meilleure
de plus rare, Nylefroyable
* Cela eft rapporté par Galien au Livre I.
das Contrepoifons.
Mars 1685.
N
146 MERCURE
étendue des Mers , ny les folitus
des affreufes , ny les deferts inha
bitez , ny les perils où l'on s'expoſe
pour les traverſer , ne font
capables de nous arrêter. Louis
LE GRAND étend fes rayons
jufques aux Climats les plus barbares
, plus brillant encore parfes
vertus , qu'il n'eft redoutable par
fa puiffance. Il fe fait voir an
prés des autres Souverains ce que
le Soleil paroît au milieu des Etoiles
; & de méme que rien dans
le Monde n'approche de la gloire
qu'il s'eft acquiſe , rien n'approche
auffi du bonheur qu'il procure à
ceux qui font foumis àfa DomiGALANT.
147
د
nation. Les Sujets dont il fait
choix pour maintenir l'autorité
des Loix & de la Justice , font
autant de Vaiffeaux précieux qui
partent d'une fource toute pure
qui répandent l'ordre & l'abondance
parmy les Peuples.
L'Illuftre Magiftrat qui préfide à
la Police dans la premiere Ville
du Royaume , balance les mouve
mens de ce grand Corps , & entre
dans tous fes befoins. Il dirige par
fon exemple , auffi bien que par
fes Ordonnances. Il punit fans
paſſion , & recompenfe fans prévention.
Il adoucit la rigueur des
Saifons; il repare lafterilité des
Nij
148 MERCURE
Campagnes ; & fe donnant tout
entier aufervice du Roy, an
bien du Public , il trouve Dien
dans tout ce qu'il fait , & n'en
peur eftre détourné par aucune
confidération. Il nefaut pas s'étonner
aprés cela , Meffieur Meffieurs , que
Paris foit le centre où toutes les
merveilles fe réuniffent. Mais
comme je nefuis pas icypour vous
fatiguer par mes difcours , j'abuferois
de l'honneur que je reçois
de votre préfence , fi je differois
davantage d'entrer en matiere.
Quoy que je n'aye rien à craindre
fur l'élection , préparation , &
mixtion des Medicamens, en me
GALANT. 149
conformant aux décifions de la
Faculté , je ne laiſſe pas d'avoir
befoin de vos complaisancesfur la
maniere de m'expliquer : & je
vous les demande avec d'autant
plus de confiance , que m'attachant
uniquement à ce qui regarde
ma Profeffion , j'efpere que mes
operations meriteront vos attentions,
fi mesparoles n'ont pas affez
de force pour vous engager.
M ' de Rouviere a eu tous
les applaudiffemens qu'il
pouvoit fouhaiter de fon travail
, & l'on voit plufieurs-
Approbations au bas de la
N iij ,
150 MERCURE
Thefe , dont je vous ay donné
lá Figure Emblematique.
La premiere eft fignée de M
Dieuxivoye , Doyen de la Faculté
de Paris ; de M' Pouret ,
ancien Profeffeur , & Medecin
Ordinaire de Monfieur ;
de M' Bonnet , Profeffeur &
Medecin Ordinaire de la Reyne
, de M de Sainction , Medecin
Ordinaire de Sa Majefté,
& de M ' Boudin , Docteur
en Medecine . M' Boudin,l'un
des premiers Apoticaires du
Roy , & premier Apoticaire
de la Reyne , ayant eu ordre
d'affifter à la compoſition de
GALANT. 151
ce Remede , y a auffi donné
fon Approbation , auſſi - bien
que M's Maillard , & de Colmes
, Apoticaires de la Maifon
Royale
.
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Résumé : Discours prononcé sur ce sujet, [titre d'après la table]
En mars 1685, M. de Rouvière a prononcé un discours devant les docteurs régents, le doyen, les professeurs de la Faculté de Médecine, ainsi que M. de La Reynie et le procureur du roi. Ce discours portait sur la composition de la thériaque, un remède célèbre en médecine depuis des siècles. La thériaque, initialement attribuée à Mithridate, roi du Pont, a été améliorée par Andromachus, qui y a ajouté des vipères. Les Romains admiraient ses propriétés, et elle a conservé sa réputation jusqu'au règne de Louis XIV. Sous les empereurs Néron, Marc Aurèle et Lucius Verus, Galien, un médecin célèbre, a été chargé de préparer la thériaque. Sa préparation a été cruciale pour lutter contre une peste qui a frappé Rome en 166. Après la mort de Marc Aurèle, la thériaque a été négligée, mais l'empereur Septime Sévère l'a rétablie, rendant à Galien les honneurs et les responsabilités qu'il méritait. Galien a continué à préparer la thériaque jusqu'à sa mort en l'an 200. Le discours met en avant l'importance de la thériaque à travers les époques et les nations. L'orateur exprime son désir de renouveler la préparation ancienne d'Andromachus en utilisant des médicaments authentiques. Il mentionne les efforts de Louis XIV pour obtenir des ingrédients rares et précieux, soulignant la grandeur et la générosité du roi. Le discours se conclut par des remerciements aux autorités médicales et royales pour leur approbation et leur soutien.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 146-164
Détail curieux, contenant tout ce qui s'est passé en Sorbonne lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles a esté receu Proviseur de cette Societé. [titre d'après la table]
Début :
Je passe à un Article bien digne de la curiosité publique, [...]
Mots clefs :
Sorbonne, Cardinal de Noailles, Doyens, Faculté, Recteur, Église, Maison, Université, Docteurs, Société
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texteReconnaissance textuelle : Détail curieux, contenant tout ce qui s'est passé en Sorbonne lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles a esté receu Proviseur de cette Societé. [titre d'après la table]
Je paffe à un Article bien
digne de la curiofité publique ,
& de l'attention de ceux qui le
liront. Il eft de la nature de
ceux dont on ne parle pas fouvent , parce qu'il ſe paſſe preſque toûjours un grand nom-
GALANT 147
bre d'années d'un de ces Articles à l'autre. Vous y trouverez quantité de faits hiftoriques
tres- curieux , & fept Difcours
differens prononcez dans la
même Affemblée , dans lef
quels vous trouverez un tour
finguliet , & beaucoup de finéffe d'efprit. Enfin ce font de
ces fortes de Difcours qui réveillent l'attention , qui inſtruifent les Lecteurs de beaucoup
de chofes qui regardent le Ceremonial , & dont on parle fi
rarement qu'on doit avoir toû
jours beaucoup d'empreffement pour les lire.
Nij
148 MERCURE
Vous avez fçû que les Docteurs de la Maifon & Societé
de Sorbonne avoient au mois
de Mars nommé d'un confentement unanime Monfieur le
Cardinal de Noailles Archevêque de Paris pour leur Provifeur , à la place de feu Mr
F'Archevêque de Reims . Le
neuvième du mois paffé cette
nomination fut folemnellement confirmée dans la grande Salle des Actes de la même Maifon. Le Recteur de
l'Univerfité , invité quelques
jours auparavant par des Députez de ladite Societé , s'y
*
GALANT 149
rendit fur les quatre heures
aprés midy , accompagné des
trois Doyens des Facultez , des
quatreProcureurs des Nations,
du Syndic , du Greffier de l'Univerfité & de fes autres Offciers. L'Archidiacre &le Chan--
celier de l'Eglife de Paris s'y
trouverent pareillement felon
l'ancien ufage. L'Affemblée fut
des plus nombreuſes. Outre
les Docteurs de la Maifon dont
il ne manqua que les malades
& ceux qui font abfens , un
tres grand nombre de Mrs de
Noftre-Dame & de l'Univerfité fe firent un plaifir d'y avoir
N iij
150 MERCURE
place. Au fond de la Salle , devant un grand Bureau eftoient
rangez onze fieges de front.
Le Recteur de Univerfité
eftoit au milieu , ayant à fa
droite l'Archidiacre, le Chancelier de l'Eglife de Paris , le
Doyen de la Faculté de Medecine , & les Procureurs des Nations de Picardie & d'Allema→
gne. Sur les cinq autres Sieges.
a fa gauche cftoient les Doyens
de Theologie , & des Droits ;
les Procureurs des Nations de
France & de Normandie &
le Syndic de l'Univerfité. Le
Greffer avoit unBureau fepa-
GALANT 151
ré vis - à- vis le Recteur.
37 Mr Vivant l'aîné, Chanoine
de Nôtre Dame & Docteur de
la Maifon de Sorbonne , fit
l'ouverture. Il adreffa la parole au Recteur , fur quoy l'Archidiacre fit fes proteftations
à l'ordinaire , ce qui n'empêcha point l'Orateur de continuër. Il fit un éloge achevé de
Monfieur le Cardinal. La pieté,
la vigilance , la ſcience , la fermeté, & la fuperiorité d'efprit
de cé Prelat furent mifes dans
leur jour , par les traits de la
plus vive éloquence. La netteté de la compofition fut foûteN iiij
152 MERCURE
nuë par une prononciation naturelle & diftincte. Les loüanges de feu Mr de Reims , ne
furent pas oubliées. Enfin les
Auditeurs eurent lieu d'être
pleinement fatisfaits , puifqu'il
leur fut aifé d'entendre , defuivre & de retenir tout le Dif
cours.
Aprés qu'il eut fini , le Recteur propofa le fujet de l'Af
femblée. L'Archidiacre l'interrompit pour réiterer encore
fes proteftations , & le Syndic
de l'Univerfité proteſta reciproquementcontre l'interrup
tion de l'Archidiacre. Tout ce
GALANT 153
fes
Ceremonial eft de l'ancien ufage. Le Difcours du Recteur
fut tel qu'on le devoit attendre d'un homme confommé
dans l'éloquence qu'il a profeffée long- temps avec éclar.
Ses expreffions furent de la
Latinité le plus pure
penfées les plus délicates , l'ordre & le tour qu'il donna à
tout ce qu'il dit parut plein
d'efprit & de jufteffe. Il commença par les louanges de la
Maifon de Sorbonne. Il s'étendit fur l'efprit de fimplicité
& de defintereffement qui
yregne aujourd'huy comme
154 MERCURE
dans les temps de fon Inftitu
tion. Il fit voir que les Docteurs de cette Societé fe confacroient tous felon leurs talens differens , au fervice de
l'Eglife & du Public. Les uns
à compofer des Livres , les au
tres à refoudre les Cas , les autres à diriger les confciences ,
ceux-là à élever une infinité de
pauvres Ecoliers pour lesquels
ils prodiguent tous leurs biens
& tous leurs foins , & tous à
veiller continuellement à la
confervation de l'ancienne &
pure Doctrine. Il dit qu'il eftoit
important dedonner à de fidi-
GALANT 155
gnes Ouvriers un Provifeur
fous la protection duquel ils
continuaffent leurs travaux en
fûreté. Il paffa enfuite à l'éloge
de Mr de Reims dernier Provifeur. Ille reprefenta comme
une des plus vives lumieres de
l'Eglife , le Deffenfeur des Loix
Canoniques, &l'ennemi de la
fourberie & des flatteurs. Il
parla de tous fes beaux Reglemens pour fon Dioceſe , & de
fes fçavantes Ordonnances. Il
dit que ce Prelat avoit efté dans
l'Eglife , ce que fon illuftre pere Mr le Chancelier le Tellier
& Mr de Louvois fon frere ,
156 MERCURE
que
avoient efté dans les premiers
Emplois de l'Etat. Il s'étendit
enfuite fur les louanges de
Monfieur le Cardinal. Il dit
la Sorbonne n'avoit pas eu
longtemps à delibererfur le choix
qu'elle avoit àfe faire d'un nouveau Provifeur. Que l'affabilité
de ce Prelat , fes manieres aimablese bienfaifantes avoient attiré
furluy lesfuffrages de tant d'bommes de Lettres , bien plus fortement que la confideration de fa
haute naiffance &defes éminentes dignitez. Quefon éducation
prife dans le fein de l'Univerfué
avoit eftéfortifiée par la pratique
GALANT 157
affiduë de toutes les vertus convenables àfonétat; & quefes mœurs
irreprochables ,fon zele ardent
éclairé l'avoientélevéfurle Siege
le plus important de l'Eglife de
France. Comme Mrle Recteur
eft du Dioceſe de Chalons, il ne
pût s'empêcher de parler de ce
que la charité de Monfieur le
Cardinal , luy fit faire eſtant Evêque de cette Ville. La maladie fe mit entre les prifonniers
de la Bataille de Fleurus , qui
eftoient en fort grand nombre
à Chalons. Monfieur le Cardinal ne ceffoit de les voir &
de les affifter en perfonne , il
158 MERCURE
en tomba malade fa dangereufement qu'on le crut mort. Ce
fic eft à prefent ancien , mais
Mr le Recteur luy donna un
tour nouveau qui plut extrêmement.
Mt Pirot le Chancelier parla
enfuite avec la facilité qui luy
eft fi connue.Il nommatous les
Provifeurs que la Sorbonne a
cus ; fçavoir quinze Cardinaux,
autant d'Archevêques ou Evêques, &il fit voir que Monfieur
le Cardinal étoit le feul qui cuft
efté en même temps Proviſeur
de Sorbonne, Cardinal, Archevêque, &Archevêque de Paris.
GALANT 159
Les uns eftoient Cardinaux ,
mais ils n'eftoient pas Archevêd'autres eftoient Archevêques ,
mais ils n'eftoient pas Car
dinaux & d'autres n'estoient
qu'Evêques & Cardinaux. Il raporta fort à propos l'exemple
de l'Eglife de Sarragoffe en Efpagne , & cita avec la Doctrine
ordinaire , un Concile tenu à
Troyes. Il s'étendit ſur la naiffance illuftre de Monfieur le
Cardinal , & fic efperer aux
Docteurs de Sorbonne qu'ils
feroient protegez en tout à
caufe du credit que Son Eminence a l'honneur d'avoir au-
160 MERCURE
prés du Roy. Il finit par quelques proteftations contre le
premier falut fait au Recteur,
de méme qu'avoit fait l'Archidiacre.
Les trois Doyens des Facultez & les quatre Procureurs des
Nations en donnant leurs fuf.
frages , ajoûtérent chacun un
éloge de Monfieur le Cardinal.
Celuy de Theologie témoigna
la reconnoiffance de la Faculté ·
envers S, E. à cauſe de la protection dont elle l'honore >
& qu'elle employe les Docteurs
lors qu'elle a beſoin de fecours pour le gouvernement
GALANT 161
A
d'un fi grand Dioceſe. Celuy
des Droits à caufe que Monfieur le Cardinal a bien voulu
eftre Docteur honoraire de fa
Faculté. Celuy de Medecine
promit que la Faculté épuiferoit les fecrets de fon Art, afin
que Son Eminence joüît long .
temps du Titre de Provifeur
de Sorbonne.
le
Le Procureur de la Nation
de France felicita la Sorbonne
fur fon nouveau choix par
concours & les fuffrages unanimes de tous les Docteurs qui
avoient pû fe rendre à l'Affemblée , où s'eftoient trouvez
Avril 1710.
O
162 MERCURE
deux Archevêques & fix Eveques , & par la fatisfaction que
que Son Eminence en avoir
témoignée ; celuy de Picardie
affura la Sorbonne que fon
nouveau Proviſeur luy donneroit fon attention. Que fa vie
laborieuſe & ennemie des plaifirs luy ménagoit du temps
pour fournir à tous fes Emplois ; celuy de Normandie dit
qu'il venoit moins pour don
donner fon fuffrage que pour
applaudir à la fageffe de la Sorbonne.Que cette Societé ne fe
trompoit jamais , &que le Public eftoit d'autant plus con-
GALANT 103
tent de fon choix , qu'il avoit
prévû qu'elle le feroit , & qu'il
aimoit generalementMonfieur
le Cardinal ; celuy d'Allema
gne témoigna la reconnoiffance de fa Nation pour les feCours que Monfieur le Cardinal accorde charitablement à
une partie de ceux qui la compofent. Ces fept diſcours furent les uns plus longs les autres plus courts , mais tous d'u
ne Latinité exquife & d'une
grande fineffe d'efprit. Le
Recteur aprés avoir recueilli
les voix conclut felon la coû
tume , fans qu'il y euft de proOij
164 MERCURE
teftation & d'interruption
digne de la curiofité publique ,
& de l'attention de ceux qui le
liront. Il eft de la nature de
ceux dont on ne parle pas fouvent , parce qu'il ſe paſſe preſque toûjours un grand nom-
GALANT 147
bre d'années d'un de ces Articles à l'autre. Vous y trouverez quantité de faits hiftoriques
tres- curieux , & fept Difcours
differens prononcez dans la
même Affemblée , dans lef
quels vous trouverez un tour
finguliet , & beaucoup de finéffe d'efprit. Enfin ce font de
ces fortes de Difcours qui réveillent l'attention , qui inſtruifent les Lecteurs de beaucoup
de chofes qui regardent le Ceremonial , & dont on parle fi
rarement qu'on doit avoir toû
jours beaucoup d'empreffement pour les lire.
Nij
148 MERCURE
Vous avez fçû que les Docteurs de la Maifon & Societé
de Sorbonne avoient au mois
de Mars nommé d'un confentement unanime Monfieur le
Cardinal de Noailles Archevêque de Paris pour leur Provifeur , à la place de feu Mr
F'Archevêque de Reims . Le
neuvième du mois paffé cette
nomination fut folemnellement confirmée dans la grande Salle des Actes de la même Maifon. Le Recteur de
l'Univerfité , invité quelques
jours auparavant par des Députez de ladite Societé , s'y
*
GALANT 149
rendit fur les quatre heures
aprés midy , accompagné des
trois Doyens des Facultez , des
quatreProcureurs des Nations,
du Syndic , du Greffier de l'Univerfité & de fes autres Offciers. L'Archidiacre &le Chan--
celier de l'Eglife de Paris s'y
trouverent pareillement felon
l'ancien ufage. L'Affemblée fut
des plus nombreuſes. Outre
les Docteurs de la Maifon dont
il ne manqua que les malades
& ceux qui font abfens , un
tres grand nombre de Mrs de
Noftre-Dame & de l'Univerfité fe firent un plaifir d'y avoir
N iij
150 MERCURE
place. Au fond de la Salle , devant un grand Bureau eftoient
rangez onze fieges de front.
Le Recteur de Univerfité
eftoit au milieu , ayant à fa
droite l'Archidiacre, le Chancelier de l'Eglife de Paris , le
Doyen de la Faculté de Medecine , & les Procureurs des Nations de Picardie & d'Allema→
gne. Sur les cinq autres Sieges.
a fa gauche cftoient les Doyens
de Theologie , & des Droits ;
les Procureurs des Nations de
France & de Normandie &
le Syndic de l'Univerfité. Le
Greffer avoit unBureau fepa-
GALANT 151
ré vis - à- vis le Recteur.
37 Mr Vivant l'aîné, Chanoine
de Nôtre Dame & Docteur de
la Maifon de Sorbonne , fit
l'ouverture. Il adreffa la parole au Recteur , fur quoy l'Archidiacre fit fes proteftations
à l'ordinaire , ce qui n'empêcha point l'Orateur de continuër. Il fit un éloge achevé de
Monfieur le Cardinal. La pieté,
la vigilance , la ſcience , la fermeté, & la fuperiorité d'efprit
de cé Prelat furent mifes dans
leur jour , par les traits de la
plus vive éloquence. La netteté de la compofition fut foûteN iiij
152 MERCURE
nuë par une prononciation naturelle & diftincte. Les loüanges de feu Mr de Reims , ne
furent pas oubliées. Enfin les
Auditeurs eurent lieu d'être
pleinement fatisfaits , puifqu'il
leur fut aifé d'entendre , defuivre & de retenir tout le Dif
cours.
Aprés qu'il eut fini , le Recteur propofa le fujet de l'Af
femblée. L'Archidiacre l'interrompit pour réiterer encore
fes proteftations , & le Syndic
de l'Univerfité proteſta reciproquementcontre l'interrup
tion de l'Archidiacre. Tout ce
GALANT 153
fes
Ceremonial eft de l'ancien ufage. Le Difcours du Recteur
fut tel qu'on le devoit attendre d'un homme confommé
dans l'éloquence qu'il a profeffée long- temps avec éclar.
Ses expreffions furent de la
Latinité le plus pure
penfées les plus délicates , l'ordre & le tour qu'il donna à
tout ce qu'il dit parut plein
d'efprit & de jufteffe. Il commença par les louanges de la
Maifon de Sorbonne. Il s'étendit fur l'efprit de fimplicité
& de defintereffement qui
yregne aujourd'huy comme
154 MERCURE
dans les temps de fon Inftitu
tion. Il fit voir que les Docteurs de cette Societé fe confacroient tous felon leurs talens differens , au fervice de
l'Eglife & du Public. Les uns
à compofer des Livres , les au
tres à refoudre les Cas , les autres à diriger les confciences ,
ceux-là à élever une infinité de
pauvres Ecoliers pour lesquels
ils prodiguent tous leurs biens
& tous leurs foins , & tous à
veiller continuellement à la
confervation de l'ancienne &
pure Doctrine. Il dit qu'il eftoit
important dedonner à de fidi-
GALANT 155
gnes Ouvriers un Provifeur
fous la protection duquel ils
continuaffent leurs travaux en
fûreté. Il paffa enfuite à l'éloge
de Mr de Reims dernier Provifeur. Ille reprefenta comme
une des plus vives lumieres de
l'Eglife , le Deffenfeur des Loix
Canoniques, &l'ennemi de la
fourberie & des flatteurs. Il
parla de tous fes beaux Reglemens pour fon Dioceſe , & de
fes fçavantes Ordonnances. Il
dit que ce Prelat avoit efté dans
l'Eglife , ce que fon illuftre pere Mr le Chancelier le Tellier
& Mr de Louvois fon frere ,
156 MERCURE
que
avoient efté dans les premiers
Emplois de l'Etat. Il s'étendit
enfuite fur les louanges de
Monfieur le Cardinal. Il dit
la Sorbonne n'avoit pas eu
longtemps à delibererfur le choix
qu'elle avoit àfe faire d'un nouveau Provifeur. Que l'affabilité
de ce Prelat , fes manieres aimablese bienfaifantes avoient attiré
furluy lesfuffrages de tant d'bommes de Lettres , bien plus fortement que la confideration de fa
haute naiffance &defes éminentes dignitez. Quefon éducation
prife dans le fein de l'Univerfué
avoit eftéfortifiée par la pratique
GALANT 157
affiduë de toutes les vertus convenables àfonétat; & quefes mœurs
irreprochables ,fon zele ardent
éclairé l'avoientélevéfurle Siege
le plus important de l'Eglife de
France. Comme Mrle Recteur
eft du Dioceſe de Chalons, il ne
pût s'empêcher de parler de ce
que la charité de Monfieur le
Cardinal , luy fit faire eſtant Evêque de cette Ville. La maladie fe mit entre les prifonniers
de la Bataille de Fleurus , qui
eftoient en fort grand nombre
à Chalons. Monfieur le Cardinal ne ceffoit de les voir &
de les affifter en perfonne , il
158 MERCURE
en tomba malade fa dangereufement qu'on le crut mort. Ce
fic eft à prefent ancien , mais
Mr le Recteur luy donna un
tour nouveau qui plut extrêmement.
Mt Pirot le Chancelier parla
enfuite avec la facilité qui luy
eft fi connue.Il nommatous les
Provifeurs que la Sorbonne a
cus ; fçavoir quinze Cardinaux,
autant d'Archevêques ou Evêques, &il fit voir que Monfieur
le Cardinal étoit le feul qui cuft
efté en même temps Proviſeur
de Sorbonne, Cardinal, Archevêque, &Archevêque de Paris.
GALANT 159
Les uns eftoient Cardinaux ,
mais ils n'eftoient pas Archevêd'autres eftoient Archevêques ,
mais ils n'eftoient pas Car
dinaux & d'autres n'estoient
qu'Evêques & Cardinaux. Il raporta fort à propos l'exemple
de l'Eglife de Sarragoffe en Efpagne , & cita avec la Doctrine
ordinaire , un Concile tenu à
Troyes. Il s'étendit ſur la naiffance illuftre de Monfieur le
Cardinal , & fic efperer aux
Docteurs de Sorbonne qu'ils
feroient protegez en tout à
caufe du credit que Son Eminence a l'honneur d'avoir au-
160 MERCURE
prés du Roy. Il finit par quelques proteftations contre le
premier falut fait au Recteur,
de méme qu'avoit fait l'Archidiacre.
Les trois Doyens des Facultez & les quatre Procureurs des
Nations en donnant leurs fuf.
frages , ajoûtérent chacun un
éloge de Monfieur le Cardinal.
Celuy de Theologie témoigna
la reconnoiffance de la Faculté ·
envers S, E. à cauſe de la protection dont elle l'honore >
& qu'elle employe les Docteurs
lors qu'elle a beſoin de fecours pour le gouvernement
GALANT 161
A
d'un fi grand Dioceſe. Celuy
des Droits à caufe que Monfieur le Cardinal a bien voulu
eftre Docteur honoraire de fa
Faculté. Celuy de Medecine
promit que la Faculté épuiferoit les fecrets de fon Art, afin
que Son Eminence joüît long .
temps du Titre de Provifeur
de Sorbonne.
le
Le Procureur de la Nation
de France felicita la Sorbonne
fur fon nouveau choix par
concours & les fuffrages unanimes de tous les Docteurs qui
avoient pû fe rendre à l'Affemblée , où s'eftoient trouvez
Avril 1710.
O
162 MERCURE
deux Archevêques & fix Eveques , & par la fatisfaction que
que Son Eminence en avoir
témoignée ; celuy de Picardie
affura la Sorbonne que fon
nouveau Proviſeur luy donneroit fon attention. Que fa vie
laborieuſe & ennemie des plaifirs luy ménagoit du temps
pour fournir à tous fes Emplois ; celuy de Normandie dit
qu'il venoit moins pour don
donner fon fuffrage que pour
applaudir à la fageffe de la Sorbonne.Que cette Societé ne fe
trompoit jamais , &que le Public eftoit d'autant plus con-
GALANT 103
tent de fon choix , qu'il avoit
prévû qu'elle le feroit , & qu'il
aimoit generalementMonfieur
le Cardinal ; celuy d'Allema
gne témoigna la reconnoiffance de fa Nation pour les feCours que Monfieur le Cardinal accorde charitablement à
une partie de ceux qui la compofent. Ces fept diſcours furent les uns plus longs les autres plus courts , mais tous d'u
ne Latinité exquife & d'une
grande fineffe d'efprit. Le
Recteur aprés avoir recueilli
les voix conclut felon la coû
tume , fans qu'il y euft de proOij
164 MERCURE
teftation & d'interruption
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Résumé : Détail curieux, contenant tout ce qui s'est passé en Sorbonne lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles a esté receu Proviseur de cette Societé. [titre d'après la table]
Le texte relate la nomination du Cardinal de Noailles au poste de Proviseur de la Maison et Société de Sorbonne. En mars 1710, les Docteurs de la Sorbonne ont unanimement choisi le Cardinal de Noailles pour succéder à l'Archevêque de Reims. Cette nomination a été confirmée solennellement le 9 avril 1710 dans la grande Salle des Actes de la Sorbonne. L'assemblée, présidée par le Recteur de l'Université, a réuni de nombreux Docteurs, ainsi que des représentants de Notre-Dame et de l'Université. L'Archidiacre et le Chancelier de l'Église de Paris étaient présents, conformément à l'ancien usage. Monsieur Vivant l'aîné, Chanoine de Notre-Dame, a ouvert la séance en élogeant le Cardinal de Noailles, mettant en avant sa piété, sa vigilance, sa science et sa supériorité d'esprit. Le Recteur a ensuite pris la parole pour louer la Sorbonne pour son esprit de simplicité et de désintéressement, et pour souligner l'importance de la nomination d'un Proviseur pour protéger les travaux des Docteurs. Le Chancelier Pirot a ensuite parlé, mentionnant les précédents Proviseurs de la Sorbonne et soulignant l'unicité du Cardinal de Noailles, qui cumule les titres de Cardinal, Archevêque et Proviseur. Les Doyens des Facultés et les Procureurs des Nations ont également exprimé leur soutien et leur reconnaissance envers le Cardinal, promettant leur dévouement et leur protection. Les discours, tous prononcés en latin, ont été marqués par une grande finesse d'esprit et une élégance rhétorique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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