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1
p. 1122-1132
PROCÈS ECCLESIASTIQUE à juger entre les Normans & les Bourguignons. Extrait d'une Lettre de Province du 1. May 1730.
Début :
Je ne sçai à quoi pensent Messieurs les Bourguignons dont vous m'avez communiqué [...]
Mots clefs :
Normands, Bourguignons, Procès, Actes, Reliques, Manuscrits, Église
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texteReconnaissance textuelle : PROCÈS ECCLESIASTIQUE à juger entre les Normans & les Bourguignons. Extrait d'une Lettre de Province du 1. May 1730.
PROCE'S ECCLESIASTIQUE
à juger entre les Normans les Bourguignons.
Extrait d'une Lettre de Pravince
du 1. May 1730.
JBourguignons dont vous avez cons
E ne fçai à quoi penfent Meffieurs les
muniqué les prétentions , de s'approprier
commeils font,le bien desNormans.
Ils devroient , ce femble, fe contenter d'en
joüir aujourd'hui , fans dire publiquement
qu'il leur a toûjours appartenu. Ont- ils
bien prévu à quelle Nation ils fe jouënt ?
& qu'il eft très- fâcheux d'avoir affaire aux
Peuples Normans , & fur tout à ceux de
la Baffe Normandie Si les Regiftres des ?
I. Vol. Cours
JUIN. 1730. 1123
Cours de Parlement étoient à leur portée,
ils y trouveroient dequoi concevoir de la
terreur à la feule prononciation du nom
d'une Nation fi formidable , & ils ne s'aviſeroient
pas de vouloir enlever à cette
Province la gloire d'avoir produit tel ou
tel Saint , au moins avant le tems auquel
elle fut abandonnée aux Danois.
Reprenons ce que je vous en ai autrefois
touché dans une autre Lettre , afin
que vous foyez plutôt en état d'avoir làdeffus
le jugement de nos amis communs.
Heft queftion d'un S. Flocel honoré le 17.
Septembre tant en Bourgogne qu'en Normandie.
Les Normans conviennent qu'ils
ne font pas les feuls qui l'honorent ; ceux
de Coutances font fi francs qu'ils debutent
ainfi dès la premiere Leçon de leur
Breviaire, Partie d'Eté , ancienne Edition ,
page 486. Flocellum Martyrem Conftantien-
Jes & Aduifuum vindicant , &ficut Auguftoduni
Aduorum , fic in agro Conftantine
celebris eft hodie illius memoria. Les Bourguignons
paroiffent,au contraire, couverts
& diffimulés ; ils font ſemblant de ne pas
être informés des traditions de la Normandie
, & ils n'en difent pas le petit
mot. Ceux de Beaune qui poffedent le
corps de ce Saint fe contentent de dire
en general qu'avant qu'ils le poffedaffent,
il étoit confervé dans un endroit des Gau
I. Vol
les
1124 MERCURE DE FRANCE
les qu'ils defignent par ces mots : Divitrix
Gallia ; & ceux d'Autun croyant qu'il
ne faut point entendre d'autres qu'eux
par ce Divitrix Gallia , fe font imaginés
depuis peu que c'eft chez eux qu'il a fouffert
le martyre , & voudroient le faire
accroire aux autres Nations.
Examinons les Piéces du Procès . Le fac
des Autunois fera bientôt vû , il n'eft. pas
des plus enflés ; ils n'ont pour toute production
que le Martyrologe de Baronius ,
qui marque au 17. Septembre Auguftoduni
S. Flocelli pueri , qui fub Antonino Imperatore
& Valeriano Prafide multa paffus
demùm à feris difcerptus , martyrii coronam
adeptus eft , & ce Cardinal renvoye pour
la connoiffance des Actes de ce Saint à
Mombritius & à Pierre de Natalibus. Ils
ajoûtent encore qu'ils en ont le corps dans
la Ville de Beaune qui eft de leur territoire
, & qu'il y a fi long- tems qu'on l'y
conferve , qu'en 1265. le Legat Simon de
Brie , Cardinal, Prêtre du titre de Sainte
Cecile, le tira du tombeau le 9.de Novembre
, pour l'enfermer dans une Châffe.
Les Normans font plus diffus dans leurs
Ecritures. On trouve dans leur fac, qui eft
d'une groffeur raiſonnable , dequoi faire
les remarques fuivantes. Il eft vrai que
les Cotentins, réimprimant leur Breviaire
en dernier lieu , ne parlent plus des Autu-
I. Vol. nois ;
JUIN. 1730. 1125
nois. Il femble qu'ils ont profité de l'exemple
que les Bourguignons leur ont
donné d'une reticence affectée ; mais leurs
prétentions n'en font pas moins les mêmes.
Ils avoüent que les Bourguignons
n'ont nullement falfifié Baronius , & que.
Pierre , Evêque d'Equile en Italie , autre
ment dit de Natalibus , s'exprime de la
maniere que Baronius le cite. Mais quelles
autorités ! difent-ils . Un Auteur de trois
cens ans qui a ramaffé tout ce qui lui tomboit
fous les mains , à l'exemple de Jacques
de Voragine , & qui dans ce qu'on
lui aura envoyé fur S. Flocel , a fupprimé
ce qui pouvoit conduire à connoître le
premier lieu du culte de ce Saint , de quel
poids doit- il être reputé ? Outre que les
productions de Meffieurs de Coutances
font en plus grand nombre que celles de
Meffieurs d'Autun , elles font encore
beaucoup mieux raifonnées , n'en déplaiſe
à ces derniers . Ils citent des Actes de Saint
Flocel qu'ils ont découverts dans plufieurs
Bibliotheques du Royaume , & il eft remarquable
qu'aucun de ces Exemplaires
qui font d'une Ecriture du X.du XI. & du
XII. fiecle , & par conféquent beaucoup
anterieurs à Pierre de Natalibus , ne dit pas
que ce foit à Autun que S. Flocel ait
fouffert , mais feulement dans le voifinage
du Pays de Coutances . Il eft vrai , ajou-
1. Vol, tent
1126 MERCURE DE FRANCE
tent les Cotentins , que ces Actes font endurer
tant de differentes fortes de fupplices
à ce Saint , que fi on pouvoit compter
fur leur fincerité , il auroit dû paffer pour
un des plus celebres Martyrs de l'Occident
, comparable aux Laurents , aux Vincents
&c. Mais c'eft par cela même que
tout étendus qu'ils font , ils paffent cependant
fous filence le lieu du Martyre
du Saint ; il faut le chercher dans un Pays
où l'on trouve que fon culte eft plus ancien
, plus fuivi , plus continué , & plus
autorifé qu'il ne l'eft dans le Pays Autynois.
Quant à Autun , difent encore les
Cotentins , ce Saint y eft fi peu connu.
qu'il n'a jamais été dans aucun Calendrier
du Diocèfe jufqu'à l'an 1728. &
qu'on n'y en a jamais fait aucune mémoire.
Il y a même cela de fingulier , quant à
ce point , qu'aucun des anciens Martyrologes
où les Saints d'Autun furnumeraires
à ceux du Calendrier Diocéfain font exactement
infcrits , n'en a pas fait mention.
Ainfi , concluent- ils , Saint Flocel n'eſt
pas Autunois par fon martyre.
Nous avouons bien , ajoûtent les Cotentins
, que fon corps peut avoir été
transporté dans l'Autunois ; mais c'eſt de
chez nous qu'il a été enlevé. Il avoit vêcu
dans notre Pays , ou fort peu loin de nos
cantons , & il y eft mort , au moins il a
I. Vol. été
JUIN. 1730. 1127
été inhumé dans notre territoire felon les
Manufcrits de fept ou huit cens ans , &
nous poffederions fes faintes dépouilles
fans les guerres du IX. fiecle qui nous en
ont privés , comme de celles de quantité
d'autres Saints du Cotentin , du Beffin
lefquelles ont été refugiées dans l'interieur
du Royaume pour être mifes à l'abri des
incurfions que les Danois faifoient fur les
Côtes. Une partie des Eglifes de Bourgo.
• gne n'eft - elle pas enrichie de ces Reliques
ainfi refugiées ? nous ne refufons point
de croire qu'on n'y ait porté le corps de
S. Flocel comme d'autres , & qu'il n'ait
été mis dans un tombeau , en attendant
que des fiecles plus tranquilles permiffent
de l'élever de terre : mais pour ce qui eft
du lieu du martyre ou au moins de la
premiere fepulture de ce Saint , c'eft un
honneur que nous ne pouvons déferer à
la Bourgogne , & il ne nous convient pas
de nous en deffaifir.
Il me paroît que ce raiſonnement des
Bas-Normans n'eft pas tout-à- fait fi mauvais
, & j'y reconnois un caractere de fincerité
qui me fait pancher d'inclination
pour leur fentiment. Ce n'eft point içi
clameur de Haro , ni allegation de Charte
Normande. Ils avouent ingenument que
les Actes de S. Flocel , tant ceux qui font
diffus , & qu'on trouve dans de Manuf
་ I. Vol , crits
1128 MERCURE DE FRANCE
crits de fept cens ans , ou environ , que
ceux qui n'en font qu'un leger extrait &
qui font pofterieurs ,ne valent rien du tour.
C'eft pour cela qu'ils accordent qu'on ne
doit avoir aucun égard à ce que Pierre
de Natalibus en a tranfcrit , & que des
Actes ainfi fuppofés ne peuvent conftater
un fait prétendu du fecond fiecle à
l'égard d'un Martyr dont aucun des anciens
Martyrologes n'a fait mention , ni
S. Jerôme , ni Bede , ni Florus , ni Buard ,
ni Adon , ni Raban , ni pas un feul des
autres jufqu'au feiziéme fiecle , & qu'ils
font fi mauvais , que Dom Ruinart a eu
raifon de les regarder avec un fouverain
mépris. Il n'y a , felon eux , que l'article
du culte qui , étant attefté par un Ecrivain
affez ancien & par des Manufcrits
d'environ huit cent ans , doit être regardé
comme non falfifié. Je préfume
donc fans craindre de me tromper , que fi
cette caufe étoit portée devant un Tribunal
Agiologique, où l'on entreprit de difcuter
avec attention les raifons de part &
d'autre , les Autunois feroient condamnés
de reftituer aux Normans ce qui leur appartient,
non pas le corps du Saint à l'égard
duquel il y a prefcription , mais la gloire
de lui avoir donné la fepulture, & d'avoir
été les premiers poffeffeurs de fes Reliques.
I. Vol. J'ai
JUIN. 1730. 1129
J'ai voulu me convaincre par moi-même
touchant les faits allegués dans la
procedure des Normans ; j'ai déja découvert
en differentes Provinces du Royaume
quatre ou cinq Manufcrits du XI &
du XII. fiecle où toute la Fable eft trèsfenfible
, puifqu'on y fait débiter par
le
Préfident Valerien , en préſence de Dacien ,
des actions de S. Georges ; & que cependant
on fait vivre ce Préfident fous l'Empire
d'Antonin le Pieux . Mais auffi ce qui
s'y lit à la fin prouve que du tems qu'ils
ont été compofés, le corps de S.Flocel repofoit
au Pays de Cotentin : Ad provin
ciam pagi qui vocatur Conftantinus , & qu'il
étoit inhumé au territoire appellé Chriftonnum
ou Cruftonum dans un Village du
nom de Duurix. Je diftingue fort ce qui
regarde le culte de ce Saint d'avec ce
qu'on rapporte fur fon âge , fur les differens
genres de fupplices par lefquels on
le fit paffer , & fur l'Epoque de l'Empereur
qui regnoit alors. L'un peut être
conforme à la verité , tandis que l'autre
n'eft qu'un tiffu de fictions . Mais à travers
tout cela il est toujours facile d'entrevoir
qquuee l'Eglife Collegiale de Beaune
avoit été informée du contenu des periodes
qui finiffent les Actes de S. Flocel,
& que le Divitrix de la Legende moderne
du Propre de cette Eglife Autunoife ,
I, Vol,
n'eft D
1132. MERCURE DE FRANCE
Ces fortes de mauvais compilateurs étant
mal informés & éloignés des lieux , concluoient
volontiers qu'un tel Saint étoit
mort dans un tel territoire, parcequ'il étoit
de leur connoiffance qu'on y poffedoit fes
Reliques. Mais on peut joindre à cela que
la Ville de Coutances ayant été appellée
par quelques anciens du nom d'Augufta,
felon Polydore Vergile. L'abbreviation
de ce nom local aura pû tromper quelques
Lecteurs , & leur faire mettre Auguftoduni
dans un texte où il y aura cu
fimplement Augufta ou bien Augufta ad
mare , de même que les Manufcrits cideffus
cités fur le culte de S. Flocel mettent
Chriftonnum, au lieu du Crociatonum
de Ptolomée , qui étoit la Ville Capitale
des Peuples qu'il appelle Venelli , & que
les Commentaires de Cefar appellent
Vnelli.
à juger entre les Normans les Bourguignons.
Extrait d'une Lettre de Pravince
du 1. May 1730.
JBourguignons dont vous avez cons
E ne fçai à quoi penfent Meffieurs les
muniqué les prétentions , de s'approprier
commeils font,le bien desNormans.
Ils devroient , ce femble, fe contenter d'en
joüir aujourd'hui , fans dire publiquement
qu'il leur a toûjours appartenu. Ont- ils
bien prévu à quelle Nation ils fe jouënt ?
& qu'il eft très- fâcheux d'avoir affaire aux
Peuples Normans , & fur tout à ceux de
la Baffe Normandie Si les Regiftres des ?
I. Vol. Cours
JUIN. 1730. 1123
Cours de Parlement étoient à leur portée,
ils y trouveroient dequoi concevoir de la
terreur à la feule prononciation du nom
d'une Nation fi formidable , & ils ne s'aviſeroient
pas de vouloir enlever à cette
Province la gloire d'avoir produit tel ou
tel Saint , au moins avant le tems auquel
elle fut abandonnée aux Danois.
Reprenons ce que je vous en ai autrefois
touché dans une autre Lettre , afin
que vous foyez plutôt en état d'avoir làdeffus
le jugement de nos amis communs.
Heft queftion d'un S. Flocel honoré le 17.
Septembre tant en Bourgogne qu'en Normandie.
Les Normans conviennent qu'ils
ne font pas les feuls qui l'honorent ; ceux
de Coutances font fi francs qu'ils debutent
ainfi dès la premiere Leçon de leur
Breviaire, Partie d'Eté , ancienne Edition ,
page 486. Flocellum Martyrem Conftantien-
Jes & Aduifuum vindicant , &ficut Auguftoduni
Aduorum , fic in agro Conftantine
celebris eft hodie illius memoria. Les Bourguignons
paroiffent,au contraire, couverts
& diffimulés ; ils font ſemblant de ne pas
être informés des traditions de la Normandie
, & ils n'en difent pas le petit
mot. Ceux de Beaune qui poffedent le
corps de ce Saint fe contentent de dire
en general qu'avant qu'ils le poffedaffent,
il étoit confervé dans un endroit des Gau
I. Vol
les
1124 MERCURE DE FRANCE
les qu'ils defignent par ces mots : Divitrix
Gallia ; & ceux d'Autun croyant qu'il
ne faut point entendre d'autres qu'eux
par ce Divitrix Gallia , fe font imaginés
depuis peu que c'eft chez eux qu'il a fouffert
le martyre , & voudroient le faire
accroire aux autres Nations.
Examinons les Piéces du Procès . Le fac
des Autunois fera bientôt vû , il n'eft. pas
des plus enflés ; ils n'ont pour toute production
que le Martyrologe de Baronius ,
qui marque au 17. Septembre Auguftoduni
S. Flocelli pueri , qui fub Antonino Imperatore
& Valeriano Prafide multa paffus
demùm à feris difcerptus , martyrii coronam
adeptus eft , & ce Cardinal renvoye pour
la connoiffance des Actes de ce Saint à
Mombritius & à Pierre de Natalibus. Ils
ajoûtent encore qu'ils en ont le corps dans
la Ville de Beaune qui eft de leur territoire
, & qu'il y a fi long- tems qu'on l'y
conferve , qu'en 1265. le Legat Simon de
Brie , Cardinal, Prêtre du titre de Sainte
Cecile, le tira du tombeau le 9.de Novembre
, pour l'enfermer dans une Châffe.
Les Normans font plus diffus dans leurs
Ecritures. On trouve dans leur fac, qui eft
d'une groffeur raiſonnable , dequoi faire
les remarques fuivantes. Il eft vrai que
les Cotentins, réimprimant leur Breviaire
en dernier lieu , ne parlent plus des Autu-
I. Vol. nois ;
JUIN. 1730. 1125
nois. Il femble qu'ils ont profité de l'exemple
que les Bourguignons leur ont
donné d'une reticence affectée ; mais leurs
prétentions n'en font pas moins les mêmes.
Ils avoüent que les Bourguignons
n'ont nullement falfifié Baronius , & que.
Pierre , Evêque d'Equile en Italie , autre
ment dit de Natalibus , s'exprime de la
maniere que Baronius le cite. Mais quelles
autorités ! difent-ils . Un Auteur de trois
cens ans qui a ramaffé tout ce qui lui tomboit
fous les mains , à l'exemple de Jacques
de Voragine , & qui dans ce qu'on
lui aura envoyé fur S. Flocel , a fupprimé
ce qui pouvoit conduire à connoître le
premier lieu du culte de ce Saint , de quel
poids doit- il être reputé ? Outre que les
productions de Meffieurs de Coutances
font en plus grand nombre que celles de
Meffieurs d'Autun , elles font encore
beaucoup mieux raifonnées , n'en déplaiſe
à ces derniers . Ils citent des Actes de Saint
Flocel qu'ils ont découverts dans plufieurs
Bibliotheques du Royaume , & il eft remarquable
qu'aucun de ces Exemplaires
qui font d'une Ecriture du X.du XI. & du
XII. fiecle , & par conféquent beaucoup
anterieurs à Pierre de Natalibus , ne dit pas
que ce foit à Autun que S. Flocel ait
fouffert , mais feulement dans le voifinage
du Pays de Coutances . Il eft vrai , ajou-
1. Vol, tent
1126 MERCURE DE FRANCE
tent les Cotentins , que ces Actes font endurer
tant de differentes fortes de fupplices
à ce Saint , que fi on pouvoit compter
fur leur fincerité , il auroit dû paffer pour
un des plus celebres Martyrs de l'Occident
, comparable aux Laurents , aux Vincents
&c. Mais c'eft par cela même que
tout étendus qu'ils font , ils paffent cependant
fous filence le lieu du Martyre
du Saint ; il faut le chercher dans un Pays
où l'on trouve que fon culte eft plus ancien
, plus fuivi , plus continué , & plus
autorifé qu'il ne l'eft dans le Pays Autynois.
Quant à Autun , difent encore les
Cotentins , ce Saint y eft fi peu connu.
qu'il n'a jamais été dans aucun Calendrier
du Diocèfe jufqu'à l'an 1728. &
qu'on n'y en a jamais fait aucune mémoire.
Il y a même cela de fingulier , quant à
ce point , qu'aucun des anciens Martyrologes
où les Saints d'Autun furnumeraires
à ceux du Calendrier Diocéfain font exactement
infcrits , n'en a pas fait mention.
Ainfi , concluent- ils , Saint Flocel n'eſt
pas Autunois par fon martyre.
Nous avouons bien , ajoûtent les Cotentins
, que fon corps peut avoir été
transporté dans l'Autunois ; mais c'eſt de
chez nous qu'il a été enlevé. Il avoit vêcu
dans notre Pays , ou fort peu loin de nos
cantons , & il y eft mort , au moins il a
I. Vol. été
JUIN. 1730. 1127
été inhumé dans notre territoire felon les
Manufcrits de fept ou huit cens ans , &
nous poffederions fes faintes dépouilles
fans les guerres du IX. fiecle qui nous en
ont privés , comme de celles de quantité
d'autres Saints du Cotentin , du Beffin
lefquelles ont été refugiées dans l'interieur
du Royaume pour être mifes à l'abri des
incurfions que les Danois faifoient fur les
Côtes. Une partie des Eglifes de Bourgo.
• gne n'eft - elle pas enrichie de ces Reliques
ainfi refugiées ? nous ne refufons point
de croire qu'on n'y ait porté le corps de
S. Flocel comme d'autres , & qu'il n'ait
été mis dans un tombeau , en attendant
que des fiecles plus tranquilles permiffent
de l'élever de terre : mais pour ce qui eft
du lieu du martyre ou au moins de la
premiere fepulture de ce Saint , c'eft un
honneur que nous ne pouvons déferer à
la Bourgogne , & il ne nous convient pas
de nous en deffaifir.
Il me paroît que ce raiſonnement des
Bas-Normans n'eft pas tout-à- fait fi mauvais
, & j'y reconnois un caractere de fincerité
qui me fait pancher d'inclination
pour leur fentiment. Ce n'eft point içi
clameur de Haro , ni allegation de Charte
Normande. Ils avouent ingenument que
les Actes de S. Flocel , tant ceux qui font
diffus , & qu'on trouve dans de Manuf
་ I. Vol , crits
1128 MERCURE DE FRANCE
crits de fept cens ans , ou environ , que
ceux qui n'en font qu'un leger extrait &
qui font pofterieurs ,ne valent rien du tour.
C'eft pour cela qu'ils accordent qu'on ne
doit avoir aucun égard à ce que Pierre
de Natalibus en a tranfcrit , & que des
Actes ainfi fuppofés ne peuvent conftater
un fait prétendu du fecond fiecle à
l'égard d'un Martyr dont aucun des anciens
Martyrologes n'a fait mention , ni
S. Jerôme , ni Bede , ni Florus , ni Buard ,
ni Adon , ni Raban , ni pas un feul des
autres jufqu'au feiziéme fiecle , & qu'ils
font fi mauvais , que Dom Ruinart a eu
raifon de les regarder avec un fouverain
mépris. Il n'y a , felon eux , que l'article
du culte qui , étant attefté par un Ecrivain
affez ancien & par des Manufcrits
d'environ huit cent ans , doit être regardé
comme non falfifié. Je préfume
donc fans craindre de me tromper , que fi
cette caufe étoit portée devant un Tribunal
Agiologique, où l'on entreprit de difcuter
avec attention les raifons de part &
d'autre , les Autunois feroient condamnés
de reftituer aux Normans ce qui leur appartient,
non pas le corps du Saint à l'égard
duquel il y a prefcription , mais la gloire
de lui avoir donné la fepulture, & d'avoir
été les premiers poffeffeurs de fes Reliques.
I. Vol. J'ai
JUIN. 1730. 1129
J'ai voulu me convaincre par moi-même
touchant les faits allegués dans la
procedure des Normans ; j'ai déja découvert
en differentes Provinces du Royaume
quatre ou cinq Manufcrits du XI &
du XII. fiecle où toute la Fable eft trèsfenfible
, puifqu'on y fait débiter par
le
Préfident Valerien , en préſence de Dacien ,
des actions de S. Georges ; & que cependant
on fait vivre ce Préfident fous l'Empire
d'Antonin le Pieux . Mais auffi ce qui
s'y lit à la fin prouve que du tems qu'ils
ont été compofés, le corps de S.Flocel repofoit
au Pays de Cotentin : Ad provin
ciam pagi qui vocatur Conftantinus , & qu'il
étoit inhumé au territoire appellé Chriftonnum
ou Cruftonum dans un Village du
nom de Duurix. Je diftingue fort ce qui
regarde le culte de ce Saint d'avec ce
qu'on rapporte fur fon âge , fur les differens
genres de fupplices par lefquels on
le fit paffer , & fur l'Epoque de l'Empereur
qui regnoit alors. L'un peut être
conforme à la verité , tandis que l'autre
n'eft qu'un tiffu de fictions . Mais à travers
tout cela il est toujours facile d'entrevoir
qquuee l'Eglife Collegiale de Beaune
avoit été informée du contenu des periodes
qui finiffent les Actes de S. Flocel,
& que le Divitrix de la Legende moderne
du Propre de cette Eglife Autunoife ,
I, Vol,
n'eft D
1132. MERCURE DE FRANCE
Ces fortes de mauvais compilateurs étant
mal informés & éloignés des lieux , concluoient
volontiers qu'un tel Saint étoit
mort dans un tel territoire, parcequ'il étoit
de leur connoiffance qu'on y poffedoit fes
Reliques. Mais on peut joindre à cela que
la Ville de Coutances ayant été appellée
par quelques anciens du nom d'Augufta,
felon Polydore Vergile. L'abbreviation
de ce nom local aura pû tromper quelques
Lecteurs , & leur faire mettre Auguftoduni
dans un texte où il y aura cu
fimplement Augufta ou bien Augufta ad
mare , de même que les Manufcrits cideffus
cités fur le culte de S. Flocel mettent
Chriftonnum, au lieu du Crociatonum
de Ptolomée , qui étoit la Ville Capitale
des Peuples qu'il appelle Venelli , & que
les Commentaires de Cefar appellent
Vnelli.
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Résumé : PROCÈS ECCLESIASTIQUE à juger entre les Normans & les Bourguignons. Extrait d'une Lettre de Province du 1. May 1730.
Le document est une lettre datée du 1er mai 1730, relatant un procès ecclésiastique entre les Normands et les Bourguignons concernant la propriété des biens et la gloire d'avoir produit certains saints. Les Bourguignons revendiquent la propriété des biens normands, affirmant qu'ils leur ont toujours appartenu. Les Normands mettent en garde contre les conséquences de s'opposer à une nation aussi puissante que la leur, notamment celle de la Basse-Normandie. La dispute porte spécifiquement sur Saint Flocel, honoré le 17 septembre en Bourgogne et en Normandie. Les Normands reconnaissent que d'autres régions honorent ce saint, mais ils accusent les Bourguignons de dissimuler leurs traditions et de chercher à s'approprier la gloire de Saint Flocel. Les Normands possèdent des écrits anciens attestant du culte de Saint Flocel dans leur région, bien avant que les Bourguignons ne revendiquent ce saint. Les Normands présentent des documents historiques et des manuscrits des XIe et XIIe siècles montrant que Saint Flocel a souffert le martyre dans leur région et y a été inhumé. Ils soulignent que les Bourguignons n'ont aucune preuve solide avant le XVIIIe siècle et que les anciens martyrologes ne mentionnent pas Saint Flocel à Autun. Les Normands concluent que, bien que le corps de Saint Flocel puisse avoir été déplacé en Bourgogne, la gloire de l'avoir inhumé en premier revient à la Normandie. Ils estiment que, si la cause était portée devant un tribunal agiologique, les Bourguignons seraient condamnés à restituer cette gloire aux Normands.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 133-163
Suite de l'abrégé historique de la ville de Paris ; par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
Début :
SOUVERAINS. Interregne. 593-4-5 & 6 Childebert II, Roi d'Austrasie, se [...]
Mots clefs :
Paris, Histoire de la ville de Paris, Histoire, Roi, Childebert II, Normands, Parisiens, Évêque de Paris, Clotaire II, Clovis II, Clovis III, Empereur, Charles Martel, Troupes, Tombeau, Abbaye, Royaume, Charlemagne, Dagobert II, Clovis III, Thierry Ier, Clotaire IV, Louis Ier, Louis II le Bègue, Louis III, Carloman II, Charles III le Gros
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de l'abrégé historique de la ville de Paris ; par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
HISTOIRE.
Suite de l'abrégé hiftorique de la ville de
Paris ; par M. Poncet de la Grave , Avo- .
cat au Parlement .
CH
SOUVERAIN S.
Interregne.
593-4-5
& 6.
Hildebert II , Roi d'Auftrafie , fe
rend maître de Paris , & des autres
villes qui avoient appartenues au ( a ) Roi
Sigebert fon pere ; mais il ne jouit pas
long - tems de fes conquêtes. Une mort
précipitée l'enleve à la fleur de fon âge.
Frédégonde fe rend à ſon tour maîtreffe
de Paris , (b ) brûle & faccage tout ce qui
fe trouve fur fon paffage ; fait marcher
des troupes contre Théodebert , Roi d'Auftrafie
, & Thieri Roi de Bourgogne , en-
16.
( a ) Frédegon. chronol. c. 14. ( b ) Idem , c.
134 MERCURE DE FRANCE.
core jeunes. La bataille s'engage en préfence
des trois Rois. (c ) Clothaire demeure
victorieux , & s'affermit fur le thrône de
Paris.
Ordonnance de Childebert concernant
le Guet à pied , qui rend refponfables les.
foldats des vols ou affaffinats faits dans le
quartier où ils font de garde , & qui fait
un réglement à ce fujet. 11 feroit à fou--
haiter que cette ( d ) Ordonnance fut actuellement
en vigueur.
Respectivement à Paris.
597 & 8:
La Reine Frédegonde au plus haut point
de fes profpérités , meurt à Paris , & fon:
corps eft inhumé dans l'Eglife de S. Vincent
à côté de celui du Roi Chilperic font
mari on voit encore fon tombeau dans
S. Germain des Prez , monument de la reconnoiffance
de Clothaire II fon fils .
Interregne.
5.99 & 603.
Les affaires de Clothaire changent de
face. Il eft attaqué par Théodebert , &
Thieri unis enfemble près d'un village ,
nommé Ormeille en Gatinois. Il perd la
bataille ( e ) , fe réfugie dans Paris , en eſt
(c ) Idem. c. 17. ( d ) Capit. Reg. Fr. to . 1. p.
20. Hift. de l'Apolog, to , 1. pag . 236. ( e ) Geſt
Reg. Fr. c. 37.
OCTOBRE. 1755 133
chaffe par les vainqueurs , & forcé de demander
la paix , qui ne lui fut accordée
qu'en perdant une partie de fes Etats.
604 & 612.
Clothaire (f) voulant réparer fes pertes,
met deux armées fur pied , donne le commandement
de l'une à Landri , Maire du
Palais , & marche à la tête de l'autre..
Landri eft battu près d'Etampes par Thieri
, qui rentre victorieux dans Paris ; &
Clothaire obligé de prendre la fuite , de
mande la paix pour la feconde fois.
Clothaire II.
613 & 14.
Clothaire réunit dans fa perfonne toute
la Monarchie Françoife..
615-16 & 17
Sixiéme ( g ) Concile de Paris , compo
fé d'Evêques & de Seigneurs. Il s'en eft
tenu fouvent de pareils depuis Charlelemagne
& les Rois fuivans , où l'on fit
des Ordonnances pour tout le royaume ,
qui portent le nom de Capitulaires , comme
ayant été faites dans les affemblées de.
la nation.
618 & 21 .
(b ) La Reine Gertrude meurt' , & eft
enterrée dans l'Abbaye S. Vincent , aujourd'hui
S. Germain des Prez..
(f)Fredeg. c. 26. ( g ) Conc. to . 5. p. 1649″
( b) Fredeg. c. 46.
136 MERCURE DE FRANCE.
622 & 27.
Clothaire fait fa réfidence ordinaire à
Paris.
628 & 29.
Il meurt âgé de 45 ans , & eft enterré à
Paris dans l'Eglife S. Germain des Prez.
Dagobert I.
Dagobert , Roi d'Auftrafie, lui fuccede,
fixe fon féjour à Paris , s'abandonne à toutes
fortes d'excès , pille le bien de fes fujets,
& ne refpecte même pas les chofes faintes.
Pour racheter en quelque façon fes pechés
, il fonde de nouveau , & dote la célébre
Abbaye de S. Denis.
630 & 37.
S. Eloi , depuis Evêque de Paris , Garde
des Sceaux , engage Judicaël , Prince des
Bretons , à faire au ( i ) Roi fatisfaction
des courfes qu'il avoit faites fur les frontieres
, & à le reconnoître pour fon Seigneur.
638-39-40 & 5o.
Fondation d'un couvent de Filles par S.
Eloi , dont St Aure eft la premiere Abbeffe.
( k) Le circuit de cet ancien monaftere ,
autrefois entouré de murailles , s'appelle
(i ) Préf. Henault , pag. 25. ( k ) Curiof. & antiq.
fr. 35.
OCTOBRE. 1755. 137
encore aujourd'hui la ceinture de S. Elci ,
& comprend les rues de la Cité , où font à
préfent Ste Croix , S. Pierre des Arcis &
S. Martial.
S. Eloi ( 1 ) fonde l'Eglife de S. Paul ,
autrefois appellée des Champs , & S. Martial
dans la Cité fait chaffer de Paris un
Apoftat qui féduifoit le peuple , & bannir
de France un autre fourbe , qui fe difoit
Evêque.
Paris fouffre un incendie confidérable ,
qui confume la plupart des maifons.
Dagobert malade à Epinai -fur- Seine ,
fe fait tranfporter à S. Denis , pour implo
rer la protection de ce faint martyr ; ( m ) il
y meurt quelques jours après , âgé de 36
ans , & y eft enterré. On célébre tous les
ans l'anniverfaire de fa mort à S. Denis ,
le 19 Janvier.
Clovis II.
Clovis II. monte fur le thrône , & fait
fa réfidence ordinaire à Paris.
Les Maires du Palais abforbent l'autorité
royale.
651 & 59.
La famine qui défoloit tout le Royaume
, fe fait fentir dans la capitale. Il pa-
( 1) Vita Sancti Eligii , 1. 1. c. 13. ( m ) Free
deg. chron. c . 79.
738 MERCURE DE FRANCE.
roit qu'elle fut extrême , puifque pour fub
venir aux befoins des pauvres , le Roi fut
obligé de dépouiller le tombeau de S. Denis
des richeſſes dont ( n ) Dagobert l'avoit
enrichi S. Landri , alors Evêque de Paris
, vendit fa vaiffelle & fes meubles pour
foulager la mifere publique. Les vaſes facrés
ne furent même pas épargnés.
Fondation ( o ) de l'Hôtel-Dieu par S.
Landri. Erchinoald , Maire & Comte de
Paris , donna le terrein fur lequel il eft
bâti , & contribua à ſon établiſſement par
d'autres largeffes.
S. Landri meurt , (p) & eft enterré dans
l'Eglife S. Germain- l'Auxerrois .
Clothaire III.
660 & 65.
Clovis II . meurt la dix- neuvième année
de fon regne , & la vingt- troifiéme de fon
âge. Il eft inhumé à S. Denis.
Clothaire III . commence à regner fous
la Régence de Baltilde fa mere. Le Confeil
eft compofé de S. Ouen , de S. Eloi ,
& de quelques autres Evêques.
Abolition d'un tribut par tête , qui réduifoit
fouvent les chefs d'une nombreuſe
famille au défefpoir.
( n ) Dubois , Hift . Eccl . Par. tom. 1. p . 179.
(o ) Le Maire , Par. anc. & nouv. to . 3. pag. 127.
(p ) Malingue..
OCTOBRE. 1755. 139
Baltilde fe retire dans le Monaftere de
Chelles qu'elle avoit fondé , & laiffe le
royaume , & le Roi âgé de quatorze ans ,
à la merci d'Ebroin , Maire du Palais , dont
elle avoit jufques- là réprimé les violences.
665-6-7 & 8.'\
Sigobrand , Evêque de Paris , maffacré
par les Grands , malgré les défenfes de la
Reine.
Elle meurt à Chelles vers l'an 680 , Le
30 Janvier.
La peſte ( q ) dépeuple une partie de
la ville de Paris , & la contagion fe fair
fentir jufques dans les maifons religieufes.
Clothaire III. meurt , & Thieri fon
frere lui fuccéde par les foins d'Ebroin
Maire du Palais ; mais la haine qu'on
avoit pour ce Miniftre , réjaillit fur le
Roi même , & Thieri eft enfermé dans
l'Abbaye de S. Denis ..
Childeric II.
669 & 680 .
Childeric II. fe voit maître de toute la
France par la mort de Clothaire III , &
par la retraite forcée de Thieri.
Il eſt maffacré avec la Reine Blichilde
& Dagobert fon fils , dans la forêt de Li-
( 2 ) Vita S. Eligiil. z .
140 MERCURE DE FRANCE.
vri par Bodille. Il eft enterré dans l'églife
de S. Germain des Prez , où l'on voit encore
fon tombeau .
Thieri I.
Thieri fort de l'Abbaye S. Denis , &
commence à regner. Ebroin , le même qui
avoit été Maire du Palais fous Clothaire
III , contraint par les armes Thieri à le
recevoir de nouveau pour fon Maire du
Palais.
681 & 90.
Ebrouin eft tué d'un coup d'épée un
Dimanche matin avant le jour , lorſqu'il
alloit à Matines , felon l'ufage de ce temslà.
A Ebrouin fuccede Warathon , qui eft
Maire du Palais , de Neuftrie & de Bourgogne.
Pepin le fut de l'Auftrafie , s'en fit
nommer Duc & Gouverneur.
La difcorde s'allume entre les deux Maires
, & les François mécontens ſe retirent
en Auftrafie Berthier fuccede à Warathon,
& époufe fa haine contre Pepin. Ce dernier
leve des troupes , & s'avance vers
Péronne. Berthier va au- devant de lui avec
le Roi Thieri . On en vient aux mains , &
Thieri vaincu fe retire à la hâte dans Paris
. Pepin s'avance vers cette capitale , rue
Berthier échappé au carnage , fait le frége
i
OCTOBRE. 1755 . 141
de Paris , s'en rend le maître , s'empare
de la perfonne de Thieri & de tous fes
thréfors ; il lui laiffe le nom de Roi , &
fous celui de Maire du Palais, a toute l'autorité
, rend la paix à la France , & fait
fleurir le commerce.
691 & 710.
Thieri meurt , âgé de trente- neuf ans ,
après en avoir regné dix - fept. ( r ) Sa mort
ne fait pas plus de bruit que celle d'un particulier.
Un Seigneur , nommé Vandemir , fait
de grandes largeffes à plufieurs églifes de
Paris , de concert avec fa femme Ercamberte.
Clovis 111.
Clovis III fuccede à Thieri , & Pepin
continue de regner fous le nom de ce Roi .
S. Meri où Mederic vient à Paris , fe
loge dans un Monaftere contigu à la Chapelle
de S. Pierre. (f) Il y meurt le 29
Août. Deux ans & neuf mois après il eft
enterré dans la Chapelle voifine , connue
aujourd'hui fous le nom de S. Meri , égliſe
paroiffiale & collégiale foumise à la Jurifdiction
du chapitre de Notre Dame.
Son corps eft levé de terre pour la
pre-
(r ) Pref. Henault. (S) Inventaire du thréfor.
Hift. eccl. par. to. 1. p. 579.
142 MERCURE DE FRANCE.
miere fois en 884 , par Gozlin , Evêque de
Paris. Il eft confervé dans une magnifique
châffe , élevée fur le maître autel' , par les
foins de M. l'Abbé Artaud , Curé actuel ,
dont la piété & le zéle pour la maifon du
Seigneur font connus de tout le monde.
L'églife qui fubfifte , fut fondée fous
François I. On voit au milieu du choeur
cette infcription.
Hic jacet bone memoria Odo Falconarius ,
fundator bujus Ecclefia . ( t )
On conferve dans la même églife le
corps de S. Frou , difciple de S. Meri .
Clovis III meurt , après cinq ans de
regne.
Childebert 11.
711-12-13 & 14.
Childebert II , frere de Clovis III ,
monte fur le thrône. Pepin continue de
regner , & fait fon fils aîné , Duc de Bourgogne
, & fon cadet Maire du Palais.
Dagobert II.
Childebert meurt. Dagobert II lui fuc-
'cede. Pepin qui a toujours toute l'autorité
, fait fon petit- fils Théodebalde Maire
du Palais.
(6) Du Breuil , antiq. 1. 3.
OCTOBRE . 1755 143
714.
Pepin meurt après avoir joui de toute
l'autorité fous quatre Rois , qui n'eurent
qu'un vain nom. ( ) Ces Princes au reſte
ne demeurerent guere à Paris. Les maiſons
de plaifance qu'ils avoient aux environs ,
furent leur féjour ordinaire .
La mere de Théodebalde , Maire du Pa
lais , ambitionne le commandement , &
fait arrêter Charles Martel , fils naturel de
Pepin. Le peuple fe révolte contre le gouvernement
injufte de cette femme ; Théodebalde
ſe ſauve , & Rainfroi le remplace.
Charles Martel s'évade de la prifon dans
laquelle il étoit retenu , va en Neuftrie ,
& en eft reconnu Duc.
Chilperic II.
715 & 20.
Dagobert II meurt . Daniel fils de Childeric
II lui fuccede fous le nom de Chilperic
II.
Il
Clothaire IV.
porte la guerre en Auftrafie , eft dé-'
fait par Charles Martel , & fe réfugie dans
Paris. Il tente une feconde fois de s'oppofer
aux entrepriſes de ce Duc , lui livre
une bataille près de Soiffons , & la perd ; il
(# ) Geft. Reg. Fr. cap. 49.
144 MERCURE DE FRANCE.
rentre dans Paris, enleve tous les thréfors
& fe réfugie en Aquitaine. Charles Martel
arrive à Paris avec un Roi poftiche , qu'il
fait nommer ( x ) Clothaire , & qui mourut
la même année . On rappelle Chilperic
, qui mourut deux ans après.
Thieri 11.
721 & 36.
Thieri II , dit de Chelles , monte fur le
thrône , & Charles Martel , Maire du Palais
, a toute l'autorité . ( y ) Ce dernier fejourne
peu à Paris , toujours en courfe
contre les ennemis de l'Etat ; il n'y revient
qu'en 732 , chargé de riches dépouilles
prifes fur les Sarrafins. Thieri meurt , & fa
mort eft fuivie d'un interregne de dix-fept
ans.
Interregne.
737 & 41.
Charles Martel va à l'Abbaye S. Denis,
revient enfuite à Paris , & partage le royaume
de France entre fes deux fils Carloman
& Pepin , fe fait enfuite tranfporter à
Quierci-fur-Oife où il meurt le 22 Octobre
741. Il fut enterré à S. Denis , dans le
tombeau des Rois , quoiqu'il n'en eût jamais
porté le titre.
(x ) Geft. Reg. Fr. ( y ) Geft. Reg. Fr. cap. ult.
annal Fuld. &c.
742.
OCTOBRE. 1755. 145
742 .
Carloman & Pepin unis gouvernent le
Toyaume , pacifient les défordres , affemblent
des Conciles ( z ) , & font plufieurs
réglemens pour la réformation des moeurs.
Childeric III.
743.4 & 5.
Pepin croit qu'il eft plus avantageux de
faire ceffer l'interregne ; il fait proclamer
Roi Childeric III dans la Neuftrie , la
Bourgogne , & la Provence. Carloman
gouverne l'Auftrafie .
746-7-8 & 9 .
Carloman quitte le gouvernement de
l'Auftrafie , & fe retire à Rome , où il embraffe
la vie religieufe. Pepin devient feul
maître en France.
750.
Childeric III eſt détrôné , rafé & enfermé
dans un monaftere .
Pepin le Bref. Seconde race.
751-2 & 3.
Pepin fils de Charles Martel , eſt proclamé
Roi de France. Ce changement ne
cauſe aucun trouble à Paris , parce que le
peuple accoutumé à fon gouvernement
( z ) Concil . to. 1. p . 1534-37 & 52.
G
146 MERCURE DE FRANCE.
fon Prin- n'avoit aucun attachement pource
légitime .
754-5-6 & 7.
Tranflation du corps de S. Germain , le
25 Juillet 754 , par Lanfroi , Abbé de S.
Vincent. Pepin affifte à la cérémonie avec
fes deux fils , un grand nombre d'Evêques
& Seigneurs. On peut fixer à cette époque
le changement du nom de cette Abbaye
dite de S. Vincent en celui de S. Ger-
'main des Prez.
758 & 769 .
( a ) Taffilon , Duc de Baviere , après
avoir fait ferment de fidelité au Roi à
Compiegne , vient le renouveller à Paris
fur le tombeau de S. Germain .
fe
( b ) Pepin tombe malade à Poitiers ,
fait tranfporter à Paris , & enfuite au tombeau
de S. Denis ; il partage la France entre
fes deux fils Charles & Carloman , &
meurt le 24 Septembre 768 , âgé de cinquante-
quatre ans.
Charlemagne.
Charles , dit Charlemagne , & Carloman
fon frere , partagent le Royaume.
Paris demeure à Charles.
,
770 , & inclufivement 778 .
La mort de Carloman rend Charlema-
( a ) Annal. not. ( b ) Hift. de S. Denis , p . 54
OCTOBRE . 1755 . 147
gne maître de toute la Monarchie Françoife.
Il vient rarement à Paris.
(c ) En 775 il affifte à la dédicace de
l'églife de l'Abbaye S. Denis .
779.
Charlemagne établit une école publique
à Paris dans fon propre Palais. Établiffement
qui lui mérita le furnom de reftaurateur
des Lettres en France .
800 .
Il vient à Paris au mois de Juillet , &
en part peu de jours après pour Aix- la-
Chapelle.
802 & inclufivement 812 .
Ordonnances ajoutées à la loi falique ,
publiées à Paris.
813.
( d) Ordonnance de l'an 813 , inférée
dans les capitulaires pour la fûreté des
Bourgeois de Paris pendant la nuit.
814 & inclufivement 823 .
Charlemagne meurt d'une pleuréfic le
28 Janvier 814 dans la foixante - onzieme
année de fon âge . Le Palais & le Châtelet
vaquent tous les ans ce jour- là.
(e ) Hift. de S. Denis , 1, 2. n. 10. ( d ) Capit
40. 2. pag. $ 14
Gij
148 MERCURE DE FRANCE:
Louis I.
Louis I lui fuccede , & confirme la Jurifdiction
de l'Evêque de Paris fur la terre
de Ste Marie dans l'Iffe , fur la rue S. Germain-
l'Auxerrois & autres , avec défenſe à
tous autres Officiers qu'à ceux de l'Evêque
, de lever ni cens ni droits dans l'étende
fa juriſdiction .
824-5-6-7 & 8 .
(e ) Septieme Concile de Paris , convoqué
par Louis I , pour délibérer concernant
le culte des images.
les
Il fut décidé qu'il ne falloit pas
brifer ni les adorer , mais les conferver
l'inftruction des fideles , fur - tout des pour
ignorans.
829.
(f) Le huitieme Concile de Paris fut
ouvert le 6 de Juin de l'an 829 dans l'églife
de S. Etienne le vieux , qui étoit à
côté de la cathédrale, auquel affifterent 25
Evêques. Les actes de ce Concile font divifés
en trois livres : Le premier contient
cinquante- quatre articles fur la dignité &
le devoir des Evêques & Paſteurs,
Le fecond en treize articles , traite des
principaux devoirs . des Rois. Le troifiéme
( e ) Concil. to. 7. p. 1648. (f ) Conc.to: 731
p. 1598.
OCTOBRE . 1755. 149
compofé de vingt- fept articles , traite des
conciles & des écoles publiques . On y fit
auffi un réglement pour le partage des
biens eccléfiaftiques
.
(g ) Inftitution d'un chapitre de Chanoines
de l'églife de Paris. On fait pour eux
une régle par ordre du Roi .
Partage des biens de l'Abbaye S. Germain
des Prez , entre l'Abbé & les Moines
, par Hilduin Archichapelain du
palais de l'Empereur , & Abbé de Saint
Germain .
830 & inclufivement 839. •
L'Empereur fe fentant infirme , fait un
nouveau partage entre fes enfans . Paris
avec toute la France occidentale , tombe
à Charles.
840.
Louis I , dit le Débonnaire , meurt dans
une ifle du Rhin , près de Mayence, le 23
Juin 840 , après quarante jours de mala-
-die. Charles II , dit le Chauve , lui fuc-
- cede.
Charles II.
La ville de Paris devient le centre des
guerres civiles. Lothaire frere du Roi ,
paroît fur la Seine avec une puiffante armée.
Gerard , Comte de Paris , va au-de-
(g) Hift. eccl Par . to . 2. p. 561.
C iij
150 MERCURE DE FRANCE.
vant de lui au mépris de l'autorité royale .
Charles ayant appris cette nouvelle , remonte
la Seine , de Rouen à Paris , avec
trente -huit barques chargées de troupes ,
& défait Gerard , Comte de Paris , qui
vouloit s'opposer à fon paffage.
841-2-3 & 4
Charles- le - Chauve va faire fa priere à
S. Germain des Prez , d'où il part incon
tinent pour aller à Troyes , delà à Châlonsfur-
Saone , où ayant reçu un renfort de
troupes il gagne avec Louis de Baviere
für Lothaire & Pepin fon neveu , la
fameufe bataille de Fontenai , un famedi
25 Juin 841 .
(b ) La nouvelle en parvient jufqu'à
Paris , & le peuple croit le Roi Charles.
mort. Pour détromper les Parifiens & foumettre
le Comte Gerard , il vient lui-même
à Paris , & delà fe rend à l'affemblée
de Langres. Il revient à Paris joindre Louis
de Baviere fon frere avec fes troupes. Lothaire
en eft inftruit , & arrive à S. Denis
avec une puiffante armée. D'un autre
côté Charles-le - Chauve campe à S. Cloud .
Les pluies furviennent ; on parle d'accomdement
fans rien conclure . L'hyver fépare
les deux armées . Lothaire fe retire à Sens,
(b ) Nit. to. 3,
OCTOBRE. 1755 . 151
.
& défole tous les environs. Charles quitte
Paris , & va à Châlons fur- Saône.
845-6 & 7.
Les Normans entrés en France ( i ) depuis
environ quatre ans à la faveur des
guerres civiles , remontent la Seine avec
fix vingts bâtimens , s'approchent de Paris
& y entrent fans réfiftance . Les Parifiens à
leur arrivée abandonnent la ville , & les
Religieux leurs monafteres ; chargés des
reliques qu'ils poffedoient , ils vont chercher
un afyle dans les villes voifines.
Charles accourt pour fecourir Paris. Il
arrive à S. Denis , où les chefs des Normans
vont le trouver. La paix y eft conclue
au moyen d'une fomme de 7000 livres
qu'on leur donne. Ils quittent Paris , &
emportent avec eux un riche butin. Les
Religieux de Saint Germain rapportent le
corps de ce Saint , & le dépofent fur l'autel
de l'Abbaye S. Vincent.
Nouveau Concile ( k ) tenu à Paris le
14 Février 846.
Ebbon , Archevêque de Reims , déposé
depuis quelques années , y eft cité , ne
comparoît pas , & fa dépofition eft confirmée.
(i ) Chron. Fontenel , apud Duch. tom. 2. p .
388. ( k ) Concil . to . 7. p . 1812 .
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
848 & inclufivement 860.
Autre Concile ( 1 ) tenu à Paris au mois
de Novembre 848 , compofé de vingtdeux
Evêques.
Les Normans entrent dans Paris pour
la feconde fois , & y mettent le feu . L'incendie
fut fi général , que toute la ville
fut réduite en cendres , les églifes même
ne furent pas épargnées ; il n'y eut que
S. Etienne (m ) , aujourd'hui Notre Dame ,
& S. Germain des Prez qui furent confervées
, parce que les Moines les racheterent
à force d'argent.
Un de leurs partis revient à la charge ,
& pille l'Abbaye S. Germain des Prez . Les
Religieux effrayés fe fauvent, quelques- uns
font tués avec plufieurs domeftiques. Les
Normans mettent le feu au monaftere.
Les Normans (n) continuent leurs courfes
, & enlevent le Chancelier , Louis , Abbé
de S. Denis , & Gozlin fon frere Abbé
de S. Germain des Prez. Il en coute des
fommes confidérables pour les racheter.
861-2-3 & 4
Nouvelle irruption des Normans dans
Paris. Ils brûlent l'églife S. Germain des
( 1 ) Duch. to . 2. pag . 388. ( m ) Geſta Normand.
Duch . to. 2. pag. 525. ( n ) Mabill , ann,
Bened. 1. 25. n°. 33•
OCTOBRE.
1755. 153
Prez qu'ils avoient jufqu'alors refpectée .
Charles les pourfuit , & les défait enfin
près de Meaux . Cette victoire rend la tranquillité
à Paris .
Pour ( o ) arrêter les incurfions des Normans
, Charles le Chauve fait conftruire
-un grand pont , & le foumet à la jurifdiction
de l'Evêque de Paris ; c'eft aujour
d'hui le pont au Change.
Le corps de S. Germain eft rapporté à
Paris , & dépofé dans la chapelle S. Sym-
-phorien , lieu de fa premiere fépulture.
865-6-7 & 8.
Par une chartre du Roi Charles ( p ) , du
22 Avril 867 , il donne à l'églife de Notre
Dame l'ifle de Notre Dame , aujourd'hui
appellée de S. Louis , qui lui avoit été
ufurpée par les Comtes de Paris .
869 & 70.
L'églife de S. Germain des Prez ruinée
par les Normans eft entierement réparée ,
& le corps de ce Saint y eft tranfporté avec
beaucoup de pompe. Charles le Chauve ,
la Reine Richilde & S. Ingelrin affiftent à
cette cérémonie .
(e ) Baluz. opp, ad capitul. p. 1491 , ex parvo
cartul. ecclefiæ Parif. ( P ) Hift . ecclef. Parif.
to. 1. p. 46.1 . 1. 2, n. 34.
Gv
154 MERCURE DE FRANCE.
C
871 & inclufivement 877 .
Le Roi donne l'Abbaye de S. Eloi ( q )
en propriété à l'Evêque de Paris & à fon
églife , aux conditions portées dans la donation.
Nouveau partage des biens ( r ) de l'abbaye
S. Germain des Prez , entre l'Abbé
& les Religieux .
Les Normans reparoiffent aux environs
de Paris , entrent dans S. Denis , dont les
Religieux étoient fortis ; mais ils n'y font
aucun mal , parce que le Roi traita avec
eux , & les renvoya en leur donnant une
fomme d'argent.
Le Pape envoie des Légats à Charles le
Chauve , pour le folliciter de fecourir
Rome contre les Sarrafins. Charles part
pour l'Italie , & laiffe l'adminiftration du
royaume à fon fils Louis , déja âgé de plus
de trente- trois ans . Il lui recommande de
faire continuer les fortifications ( ſ) de
Paris , de S. Denis , & autres néceffaires
pour arrêter les incurfions des Normans.
Inftitution de la foire du Landi . Charles
le Chauve ( 1 ) meurt ; & Louis II , dit le
Begue , lui fuccede .
( q ) Baluz. opp. ad capit . p. 149 .
(7 ) Debouil. hift . de l'Abb . S. Germ. des Prez,
P. 46. n°. 22. (S) Ann. Bened. (1) Chron. Nang.
OCTOBRE. 1755- 755
Louis II , dit le Begue.
878 & inclufivement 884 .
Louis ( u ) confirme la donation de
l'abbaye de S. Eloi faite par
fon l'Evêque
de Paris
& à fon
églife
.
pere
a
Mort de Louis II ; Louis III & Carloman
lui fuccedent.
Tranflation du corps de S. Meri ( x)
dans l'églife de fon nom , le 29 Août
$ 84 . Tout le Clergé de Paris affifta à cette
cérémonie.
Louis 111 , & Carloman .
Hildebrand , Evêque de Séez , fe réfugie
à Paris avec partie de fon Clergé. Le
Roi (y ) lui donne l'hermitage de Notre-
Dame des Bois , fitué dans une forêt près
Paris . Il y fait tranfporter les Reliques de
Sainte Opportune , Abbeffe d'Almenefche.
Elles font d'abord dépofées dans la
maifon d'un particulier ; mais la dévotion
des fideles la convertit bientôt en une églife
collégiale , où partie de fes reliques
font confervées .
Fondation de l'Hôpital Sainte Catheri
ne , rue St Denis .
(u) Baluz. opp . ad cap. p. 1501. ( x ) Hift . eccl.
Par. to. 1. p. 502. ( y ) Goffet , vie de Sainte Opportune
, fec. 3. Benedict . part. 2. pag. 220, hift.
ecel. to. 1. p. 514. ·
G vj
156 MERCURE DE FRANCE.
Louis III meurt fans enfans. Carloman
le fuit de près.
Charles le Gras.
Charles le Gras Empereur leur fuccede ,
& donne le Gouvernement de Paris à Eudes
Comte de Paris , & à Gozlin Evêque
de la même ville .
$ 85.
Sigefroi , l'un des Rois Normans , fe
montre devant Paris avec une armée de
quarante mille hommes (z ) , & une flotte
compofée de fept cens voiles , fans y comprendre
les petites barques . Il entre dans
Paris avec une eſcorte , va trouver l'Evêque
Gozlin , & lui demande le paffage à travers
la ville , lui promettant de ne rien
entreprendre contre les habitans. L'Evêque
le refufe. Sigefroi infifte , & irrité
de fa réfiftance menace de faccager Paris.
En effet il vient l'attaquer le lendemain .
Eudes & Robert qui furent depuis Rois
de France , défendoient la ville . L'attaque
commença au Pont- an- Change , appellé
alors le grand Pont. Les alliégés firent une
fortie , & reponfferent les ennemis. La nuit
furvint , & fervit à réparer les pertes du
jour. Les Parifiens rehaufferent la tour du
pont de plufieurs étages en bois , pour y
( z Abb, de bello Par. 1. 1 .
OCTOBRE . 1755. 157
placer plus de foldats pour la défendre .
Le lendemain l'attaque recommença.Les
Normans parvinrent même, malgré l'huile
bouillante qu'on leur jettoit du haut de la
tour , à faire une bréche , mais ils furent
répouffés pour la feconde fois , avec perte
de trois cens hommes.
Sigefroi furpris de tant de réfiftance ,
emploie deux mois à fortifier fon camp
placé autour de St Germain - l'Auxerrois.
Il fait ravager avec des cruautés inouies
pendant tout ce tems -là les environs de
Paris.
886.
Pendant que tout cédoit à l'impétuofité
des Normans ( a ) , la feule ville de Paris
leur réfiftoit. Expofés à une nouvelle attaque
mieux conçue & foutenue avec plus
de force que les autres , les Parifiens fe
défendirent avec une valeur extraordinaire.
Les Normans irrités forment un nouveau
fiége ; ils partagent leurs forces , &
attaquent le pont & la tour en même
tems.
Toutes les machines de guerre font mifes
en ufage . Ils font pleuvoir une grêle
de pierres & de fléches , mais rien ne ralentit
l'ardeur des Parifiens .
( a ) Frod. 1. 4.
35S MERCURE DE FRANCE.
1
Le Comte Eudes & Robert fon frere fe
multiplient pour fa défenfe. En vain trois
mille Normans attaquent- ils la tour , leurs
efforts font inutiles , ils font contraints de
fe retirer avec perte.
Ils reviennent le lendemain à la charge
, battent la tour avec des beliers , ont
la cruauté d'égorger les prifonniers pour
combler les foffés ; mais voyant leurs tentatives
inutiles , ils rempliffent trois bateaux
de matieres combuſtibles , & les approchent
de la tour & du pont qui n'étoit
que de bois. Les Parifiens effrayés ont
recours aux reliques de St Germain , &.
par l'interceffion de ce Saint , les barques
déja enflammées donnent contre une pile
du pont , & font coulées à fond.
Les Normans rébutés fe retirent le 1
3.1
Janvier 886 , & fe contentent de tenir la
place bloquée. Quelques uns entrent dans
St Germain , en profanent l'églife , & font
punis de Dieu par une mort fubite .
Le 6 Février la Seine déborde , & l'impétuofité
( b ) des eaux renverfe le petit
pont. Les normans tentent de profiter de
cette occafion pour fe faifir de la tour défendue
par douze hommes feulement. Ces
derniers font une vigoureufe réfiftance :
(b ) Chron. S. Vedaſti.
OCTOBRE . 1755. 159
en vain les Normans leur crient- ils de fe
rendre , une défenſe opiniâtre eft leur réponfe.
On les preffe de nouveau , & on
leur promet la vie. Réduits à l'extrêmité
ils fe foumettent fur la parole des Normans
; mais ces Barbares fans refpect pour
d'auffi braves foldats , fauffent leur parole
, & les égorgent tous à l'exception d'un
feul nommé Ervé , qu'ils conferverent à
caufe de fa bonne mine.
La ville demeure bloquée , & les Normans
donnent de nouveaux affauts . L'Empereur
envoie Henri , Duc de Saxe , (c) au
fecours des Parifiens , les Normans reçoivent
un échec dans leur camp.
Eudes , Comte de Paris , fait une fortie
qui manque à lui coûter la vie , mais fa valeur
& celle de fes gens le fauvent. Il ren
tre dans Paris , & Sigefroi admire fon courage
, vent perfuader aux Normans de
lever le fiége , ils le refufent , donnent un
nouvel affaut à la ville , & font repouffés
avec perte de deux de leurs Rois . Sigefroi
fe mocque d'eux , accepte une fomme de
foixante livres d'argent que Gozlin , évêque
de Paris , lui donne , & fe retire . Gozlin
meurt quelques jours après.
Les Normans qui ne fuivirent pas Sigefroid
, continuent le fiege , la ville fe trou-
(c) Abb. 1. 2. Chron. S. Vedafti.
160 MERCURE DE FRANCE.
ve réduite à l'extrêmité : affiégée au-dehors
, la pefte ravageoit le dedans . Les Parifiens
ont recours aux prieres publiques ;
on fait des proceffions , & la châffe de
S. Germain eft portée dans les rues .
D'un autre côté , le Comte Eudes va
demander du fecours au Roi Charles , Empereur.
L'Abbé Eblé commande en fon
abfence ( d ) , & fait des forties glorieufes.
Le Comte Eudes revient avec trois
corps de cavalerie ; il paroît fur la montagne
de Mars ou Montmartre. Les ennemis
veulent s'opposer à fon paffage , ils font
-repouffés , & le Comte entre dans Paris .
la
( e ) Henti , Duc de Saxe , vient pour
feconde fois au fecours des Parifiens , eft
attiré au combat par les Normans , & périt
miférablement dans un piége qu'ils lui
avoient tendu ; après la mort , fes troupes
ne fongerent plus qu'à la retraite.
Les Normans fiers de cet avantage ,
donnent un affauit général à la ville , les
Parifiens effrayés , courent à la défenſe , on
porte le corps de fainte Génevieve à la
pointe de l'Ile derriere Notre - Dame , &
la victoire fe déclare pour les affiégés ; il
n'en eft pas de même des autres attaques ,
les Normans ont partout l'avantage ; la
terreur commence à fe répandre dans la
(d) Chron. S. Tedafti. ( ) Abb. Ann. met,
OCTOBR E. 1755. 161
ville , la confternation devient générale ,
le clergé & le peuple reclament la protection
de S. Germain . On apporte fon corps ,
& fa feule préfence ranime les Parifiens ,
donne de la terreur aux ennemis , & la
victoire n'eft plus douteufe , les affiégeans
font partout repouffés , ils mettent le feu à
la tour & fe retirent .
L'Empereur vient au fecours de Paris
& fait un traité honteux avec les Normans
auxquels il accorde le paffage de la
Seine , & fept cens livres d'argent : il fe
retire enfuite en Allemagne.
887 & $ 3 .
Les Normans reparoiffent devant Paris,
l'Abbé Eblé les attaque vigoureufement ,
leur tue cinq cens hommes , & les force
de fe retirer.
Charles le Begue , Roi de France & Empereur
, meurt , & Eudes , Comte de Paris
, eft proclamé Roi dans l'affemblée de
Compiegne.
Endes
Les Normans honteux- d'avoir levé le
fiége de Paris , après avoir été deux ans
devant cette place , reparoiffent aux environs.
Le Roi Eudes , fecondé de l'Evêque
Anſchrie , fucceffeur du brave Gozlin , bat
162 MERCURE DE FRANCE.
N
les Normans , en fait plufieurs prifonniers,
& les renvoie enfuite fur leur parole .
Anfchrie défait fix cens Normans &
rentre triomphant dans Paris.
Le Roi Eudes gagne une victoire fignalée
fur les Normans le jour de la faint Jean
de l'an 888 , près du Montfaucon , petite
butte à préfent à un quart de lieue de
Paris .
889 inclufivement 891 .
La ville de Paris eft encore affiégée
deux fois en 889. Les Parifiens fe défendent
avec valeur & les Normans fe retirent .
(f)Les Parifiens qui avoient eu feuls l'avantage
de réfifter aux Normans , en attribuent
toute la gloire à fainte Génevieve &
à faint Germain : ils rapportent leurs reliques
dans leurs églifes à l'exception d'un
bras de faint Germain qui fut laiffé à faint
Germain le vieux au Marché- neuf , en reconnoiffance
de l'hofpitalité accordée à ſes
reliques pendant le fiége.
892 & inclufiv. 897.
L'Abbé Eblé , grand Chancelier du Roi ,
qui avoit défendu la ville de Paris avec
tant de valeur , meurt le 10 Octobre 886 .
(f) Chron. S. Vedaftis
OCTOBRE. 1755. 163
898.
Le Roi Eudes quitte la Neuftrie , revient
à Paris où il fait fon féjour ordinaire , fait
un voyage à la Fere fur Oife , & y meurt
le 13 Janvier 898. âgé de quarante ans .
Charles le fimple , déja proclamé Roi en
893 , lui fuccede.
La fuite de cette Hiftoire pour le mois prochain.
Suite de l'abrégé hiftorique de la ville de
Paris ; par M. Poncet de la Grave , Avo- .
cat au Parlement .
CH
SOUVERAIN S.
Interregne.
593-4-5
& 6.
Hildebert II , Roi d'Auftrafie , fe
rend maître de Paris , & des autres
villes qui avoient appartenues au ( a ) Roi
Sigebert fon pere ; mais il ne jouit pas
long - tems de fes conquêtes. Une mort
précipitée l'enleve à la fleur de fon âge.
Frédégonde fe rend à ſon tour maîtreffe
de Paris , (b ) brûle & faccage tout ce qui
fe trouve fur fon paffage ; fait marcher
des troupes contre Théodebert , Roi d'Auftrafie
, & Thieri Roi de Bourgogne , en-
16.
( a ) Frédegon. chronol. c. 14. ( b ) Idem , c.
134 MERCURE DE FRANCE.
core jeunes. La bataille s'engage en préfence
des trois Rois. (c ) Clothaire demeure
victorieux , & s'affermit fur le thrône de
Paris.
Ordonnance de Childebert concernant
le Guet à pied , qui rend refponfables les.
foldats des vols ou affaffinats faits dans le
quartier où ils font de garde , & qui fait
un réglement à ce fujet. 11 feroit à fou--
haiter que cette ( d ) Ordonnance fut actuellement
en vigueur.
Respectivement à Paris.
597 & 8:
La Reine Frédegonde au plus haut point
de fes profpérités , meurt à Paris , & fon:
corps eft inhumé dans l'Eglife de S. Vincent
à côté de celui du Roi Chilperic font
mari on voit encore fon tombeau dans
S. Germain des Prez , monument de la reconnoiffance
de Clothaire II fon fils .
Interregne.
5.99 & 603.
Les affaires de Clothaire changent de
face. Il eft attaqué par Théodebert , &
Thieri unis enfemble près d'un village ,
nommé Ormeille en Gatinois. Il perd la
bataille ( e ) , fe réfugie dans Paris , en eſt
(c ) Idem. c. 17. ( d ) Capit. Reg. Fr. to . 1. p.
20. Hift. de l'Apolog, to , 1. pag . 236. ( e ) Geſt
Reg. Fr. c. 37.
OCTOBRE. 1755 133
chaffe par les vainqueurs , & forcé de demander
la paix , qui ne lui fut accordée
qu'en perdant une partie de fes Etats.
604 & 612.
Clothaire (f) voulant réparer fes pertes,
met deux armées fur pied , donne le commandement
de l'une à Landri , Maire du
Palais , & marche à la tête de l'autre..
Landri eft battu près d'Etampes par Thieri
, qui rentre victorieux dans Paris ; &
Clothaire obligé de prendre la fuite , de
mande la paix pour la feconde fois.
Clothaire II.
613 & 14.
Clothaire réunit dans fa perfonne toute
la Monarchie Françoife..
615-16 & 17
Sixiéme ( g ) Concile de Paris , compo
fé d'Evêques & de Seigneurs. Il s'en eft
tenu fouvent de pareils depuis Charlelemagne
& les Rois fuivans , où l'on fit
des Ordonnances pour tout le royaume ,
qui portent le nom de Capitulaires , comme
ayant été faites dans les affemblées de.
la nation.
618 & 21 .
(b ) La Reine Gertrude meurt' , & eft
enterrée dans l'Abbaye S. Vincent , aujourd'hui
S. Germain des Prez..
(f)Fredeg. c. 26. ( g ) Conc. to . 5. p. 1649″
( b) Fredeg. c. 46.
136 MERCURE DE FRANCE.
622 & 27.
Clothaire fait fa réfidence ordinaire à
Paris.
628 & 29.
Il meurt âgé de 45 ans , & eft enterré à
Paris dans l'Eglife S. Germain des Prez.
Dagobert I.
Dagobert , Roi d'Auftrafie, lui fuccede,
fixe fon féjour à Paris , s'abandonne à toutes
fortes d'excès , pille le bien de fes fujets,
& ne refpecte même pas les chofes faintes.
Pour racheter en quelque façon fes pechés
, il fonde de nouveau , & dote la célébre
Abbaye de S. Denis.
630 & 37.
S. Eloi , depuis Evêque de Paris , Garde
des Sceaux , engage Judicaël , Prince des
Bretons , à faire au ( i ) Roi fatisfaction
des courfes qu'il avoit faites fur les frontieres
, & à le reconnoître pour fon Seigneur.
638-39-40 & 5o.
Fondation d'un couvent de Filles par S.
Eloi , dont St Aure eft la premiere Abbeffe.
( k) Le circuit de cet ancien monaftere ,
autrefois entouré de murailles , s'appelle
(i ) Préf. Henault , pag. 25. ( k ) Curiof. & antiq.
fr. 35.
OCTOBRE. 1755. 137
encore aujourd'hui la ceinture de S. Elci ,
& comprend les rues de la Cité , où font à
préfent Ste Croix , S. Pierre des Arcis &
S. Martial.
S. Eloi ( 1 ) fonde l'Eglife de S. Paul ,
autrefois appellée des Champs , & S. Martial
dans la Cité fait chaffer de Paris un
Apoftat qui féduifoit le peuple , & bannir
de France un autre fourbe , qui fe difoit
Evêque.
Paris fouffre un incendie confidérable ,
qui confume la plupart des maifons.
Dagobert malade à Epinai -fur- Seine ,
fe fait tranfporter à S. Denis , pour implo
rer la protection de ce faint martyr ; ( m ) il
y meurt quelques jours après , âgé de 36
ans , & y eft enterré. On célébre tous les
ans l'anniverfaire de fa mort à S. Denis ,
le 19 Janvier.
Clovis II.
Clovis II. monte fur le thrône , & fait
fa réfidence ordinaire à Paris.
Les Maires du Palais abforbent l'autorité
royale.
651 & 59.
La famine qui défoloit tout le Royaume
, fe fait fentir dans la capitale. Il pa-
( 1) Vita Sancti Eligii , 1. 1. c. 13. ( m ) Free
deg. chron. c . 79.
738 MERCURE DE FRANCE.
roit qu'elle fut extrême , puifque pour fub
venir aux befoins des pauvres , le Roi fut
obligé de dépouiller le tombeau de S. Denis
des richeſſes dont ( n ) Dagobert l'avoit
enrichi S. Landri , alors Evêque de Paris
, vendit fa vaiffelle & fes meubles pour
foulager la mifere publique. Les vaſes facrés
ne furent même pas épargnés.
Fondation ( o ) de l'Hôtel-Dieu par S.
Landri. Erchinoald , Maire & Comte de
Paris , donna le terrein fur lequel il eft
bâti , & contribua à ſon établiſſement par
d'autres largeffes.
S. Landri meurt , (p) & eft enterré dans
l'Eglife S. Germain- l'Auxerrois .
Clothaire III.
660 & 65.
Clovis II . meurt la dix- neuvième année
de fon regne , & la vingt- troifiéme de fon
âge. Il eft inhumé à S. Denis.
Clothaire III . commence à regner fous
la Régence de Baltilde fa mere. Le Confeil
eft compofé de S. Ouen , de S. Eloi ,
& de quelques autres Evêques.
Abolition d'un tribut par tête , qui réduifoit
fouvent les chefs d'une nombreuſe
famille au défefpoir.
( n ) Dubois , Hift . Eccl . Par. tom. 1. p . 179.
(o ) Le Maire , Par. anc. & nouv. to . 3. pag. 127.
(p ) Malingue..
OCTOBRE. 1755. 139
Baltilde fe retire dans le Monaftere de
Chelles qu'elle avoit fondé , & laiffe le
royaume , & le Roi âgé de quatorze ans ,
à la merci d'Ebroin , Maire du Palais , dont
elle avoit jufques- là réprimé les violences.
665-6-7 & 8.'\
Sigobrand , Evêque de Paris , maffacré
par les Grands , malgré les défenfes de la
Reine.
Elle meurt à Chelles vers l'an 680 , Le
30 Janvier.
La peſte ( q ) dépeuple une partie de
la ville de Paris , & la contagion fe fair
fentir jufques dans les maifons religieufes.
Clothaire III. meurt , & Thieri fon
frere lui fuccéde par les foins d'Ebroin
Maire du Palais ; mais la haine qu'on
avoit pour ce Miniftre , réjaillit fur le
Roi même , & Thieri eft enfermé dans
l'Abbaye de S. Denis ..
Childeric II.
669 & 680 .
Childeric II. fe voit maître de toute la
France par la mort de Clothaire III , &
par la retraite forcée de Thieri.
Il eſt maffacré avec la Reine Blichilde
& Dagobert fon fils , dans la forêt de Li-
( 2 ) Vita S. Eligiil. z .
140 MERCURE DE FRANCE.
vri par Bodille. Il eft enterré dans l'églife
de S. Germain des Prez , où l'on voit encore
fon tombeau .
Thieri I.
Thieri fort de l'Abbaye S. Denis , &
commence à regner. Ebroin , le même qui
avoit été Maire du Palais fous Clothaire
III , contraint par les armes Thieri à le
recevoir de nouveau pour fon Maire du
Palais.
681 & 90.
Ebrouin eft tué d'un coup d'épée un
Dimanche matin avant le jour , lorſqu'il
alloit à Matines , felon l'ufage de ce temslà.
A Ebrouin fuccede Warathon , qui eft
Maire du Palais , de Neuftrie & de Bourgogne.
Pepin le fut de l'Auftrafie , s'en fit
nommer Duc & Gouverneur.
La difcorde s'allume entre les deux Maires
, & les François mécontens ſe retirent
en Auftrafie Berthier fuccede à Warathon,
& époufe fa haine contre Pepin. Ce dernier
leve des troupes , & s'avance vers
Péronne. Berthier va au- devant de lui avec
le Roi Thieri . On en vient aux mains , &
Thieri vaincu fe retire à la hâte dans Paris
. Pepin s'avance vers cette capitale , rue
Berthier échappé au carnage , fait le frége
i
OCTOBRE. 1755 . 141
de Paris , s'en rend le maître , s'empare
de la perfonne de Thieri & de tous fes
thréfors ; il lui laiffe le nom de Roi , &
fous celui de Maire du Palais, a toute l'autorité
, rend la paix à la France , & fait
fleurir le commerce.
691 & 710.
Thieri meurt , âgé de trente- neuf ans ,
après en avoir regné dix - fept. ( r ) Sa mort
ne fait pas plus de bruit que celle d'un particulier.
Un Seigneur , nommé Vandemir , fait
de grandes largeffes à plufieurs églifes de
Paris , de concert avec fa femme Ercamberte.
Clovis 111.
Clovis III fuccede à Thieri , & Pepin
continue de regner fous le nom de ce Roi .
S. Meri où Mederic vient à Paris , fe
loge dans un Monaftere contigu à la Chapelle
de S. Pierre. (f) Il y meurt le 29
Août. Deux ans & neuf mois après il eft
enterré dans la Chapelle voifine , connue
aujourd'hui fous le nom de S. Meri , égliſe
paroiffiale & collégiale foumise à la Jurifdiction
du chapitre de Notre Dame.
Son corps eft levé de terre pour la
pre-
(r ) Pref. Henault. (S) Inventaire du thréfor.
Hift. eccl. par. to. 1. p. 579.
142 MERCURE DE FRANCE.
miere fois en 884 , par Gozlin , Evêque de
Paris. Il eft confervé dans une magnifique
châffe , élevée fur le maître autel' , par les
foins de M. l'Abbé Artaud , Curé actuel ,
dont la piété & le zéle pour la maifon du
Seigneur font connus de tout le monde.
L'églife qui fubfifte , fut fondée fous
François I. On voit au milieu du choeur
cette infcription.
Hic jacet bone memoria Odo Falconarius ,
fundator bujus Ecclefia . ( t )
On conferve dans la même églife le
corps de S. Frou , difciple de S. Meri .
Clovis III meurt , après cinq ans de
regne.
Childebert 11.
711-12-13 & 14.
Childebert II , frere de Clovis III ,
monte fur le thrône. Pepin continue de
regner , & fait fon fils aîné , Duc de Bourgogne
, & fon cadet Maire du Palais.
Dagobert II.
Childebert meurt. Dagobert II lui fuc-
'cede. Pepin qui a toujours toute l'autorité
, fait fon petit- fils Théodebalde Maire
du Palais.
(6) Du Breuil , antiq. 1. 3.
OCTOBRE . 1755 143
714.
Pepin meurt après avoir joui de toute
l'autorité fous quatre Rois , qui n'eurent
qu'un vain nom. ( ) Ces Princes au reſte
ne demeurerent guere à Paris. Les maiſons
de plaifance qu'ils avoient aux environs ,
furent leur féjour ordinaire .
La mere de Théodebalde , Maire du Pa
lais , ambitionne le commandement , &
fait arrêter Charles Martel , fils naturel de
Pepin. Le peuple fe révolte contre le gouvernement
injufte de cette femme ; Théodebalde
ſe ſauve , & Rainfroi le remplace.
Charles Martel s'évade de la prifon dans
laquelle il étoit retenu , va en Neuftrie ,
& en eft reconnu Duc.
Chilperic II.
715 & 20.
Dagobert II meurt . Daniel fils de Childeric
II lui fuccede fous le nom de Chilperic
II.
Il
Clothaire IV.
porte la guerre en Auftrafie , eft dé-'
fait par Charles Martel , & fe réfugie dans
Paris. Il tente une feconde fois de s'oppofer
aux entrepriſes de ce Duc , lui livre
une bataille près de Soiffons , & la perd ; il
(# ) Geft. Reg. Fr. cap. 49.
144 MERCURE DE FRANCE.
rentre dans Paris, enleve tous les thréfors
& fe réfugie en Aquitaine. Charles Martel
arrive à Paris avec un Roi poftiche , qu'il
fait nommer ( x ) Clothaire , & qui mourut
la même année . On rappelle Chilperic
, qui mourut deux ans après.
Thieri 11.
721 & 36.
Thieri II , dit de Chelles , monte fur le
thrône , & Charles Martel , Maire du Palais
, a toute l'autorité . ( y ) Ce dernier fejourne
peu à Paris , toujours en courfe
contre les ennemis de l'Etat ; il n'y revient
qu'en 732 , chargé de riches dépouilles
prifes fur les Sarrafins. Thieri meurt , & fa
mort eft fuivie d'un interregne de dix-fept
ans.
Interregne.
737 & 41.
Charles Martel va à l'Abbaye S. Denis,
revient enfuite à Paris , & partage le royaume
de France entre fes deux fils Carloman
& Pepin , fe fait enfuite tranfporter à
Quierci-fur-Oife où il meurt le 22 Octobre
741. Il fut enterré à S. Denis , dans le
tombeau des Rois , quoiqu'il n'en eût jamais
porté le titre.
(x ) Geft. Reg. Fr. ( y ) Geft. Reg. Fr. cap. ult.
annal Fuld. &c.
742.
OCTOBRE. 1755. 145
742 .
Carloman & Pepin unis gouvernent le
Toyaume , pacifient les défordres , affemblent
des Conciles ( z ) , & font plufieurs
réglemens pour la réformation des moeurs.
Childeric III.
743.4 & 5.
Pepin croit qu'il eft plus avantageux de
faire ceffer l'interregne ; il fait proclamer
Roi Childeric III dans la Neuftrie , la
Bourgogne , & la Provence. Carloman
gouverne l'Auftrafie .
746-7-8 & 9 .
Carloman quitte le gouvernement de
l'Auftrafie , & fe retire à Rome , où il embraffe
la vie religieufe. Pepin devient feul
maître en France.
750.
Childeric III eſt détrôné , rafé & enfermé
dans un monaftere .
Pepin le Bref. Seconde race.
751-2 & 3.
Pepin fils de Charles Martel , eſt proclamé
Roi de France. Ce changement ne
cauſe aucun trouble à Paris , parce que le
peuple accoutumé à fon gouvernement
( z ) Concil . to. 1. p . 1534-37 & 52.
G
146 MERCURE DE FRANCE.
fon Prin- n'avoit aucun attachement pource
légitime .
754-5-6 & 7.
Tranflation du corps de S. Germain , le
25 Juillet 754 , par Lanfroi , Abbé de S.
Vincent. Pepin affifte à la cérémonie avec
fes deux fils , un grand nombre d'Evêques
& Seigneurs. On peut fixer à cette époque
le changement du nom de cette Abbaye
dite de S. Vincent en celui de S. Ger-
'main des Prez.
758 & 769 .
( a ) Taffilon , Duc de Baviere , après
avoir fait ferment de fidelité au Roi à
Compiegne , vient le renouveller à Paris
fur le tombeau de S. Germain .
fe
( b ) Pepin tombe malade à Poitiers ,
fait tranfporter à Paris , & enfuite au tombeau
de S. Denis ; il partage la France entre
fes deux fils Charles & Carloman , &
meurt le 24 Septembre 768 , âgé de cinquante-
quatre ans.
Charlemagne.
Charles , dit Charlemagne , & Carloman
fon frere , partagent le Royaume.
Paris demeure à Charles.
,
770 , & inclufivement 778 .
La mort de Carloman rend Charlema-
( a ) Annal. not. ( b ) Hift. de S. Denis , p . 54
OCTOBRE . 1755 . 147
gne maître de toute la Monarchie Françoife.
Il vient rarement à Paris.
(c ) En 775 il affifte à la dédicace de
l'églife de l'Abbaye S. Denis .
779.
Charlemagne établit une école publique
à Paris dans fon propre Palais. Établiffement
qui lui mérita le furnom de reftaurateur
des Lettres en France .
800 .
Il vient à Paris au mois de Juillet , &
en part peu de jours après pour Aix- la-
Chapelle.
802 & inclufivement 812 .
Ordonnances ajoutées à la loi falique ,
publiées à Paris.
813.
( d) Ordonnance de l'an 813 , inférée
dans les capitulaires pour la fûreté des
Bourgeois de Paris pendant la nuit.
814 & inclufivement 823 .
Charlemagne meurt d'une pleuréfic le
28 Janvier 814 dans la foixante - onzieme
année de fon âge . Le Palais & le Châtelet
vaquent tous les ans ce jour- là.
(e ) Hift. de S. Denis , 1, 2. n. 10. ( d ) Capit
40. 2. pag. $ 14
Gij
148 MERCURE DE FRANCE:
Louis I.
Louis I lui fuccede , & confirme la Jurifdiction
de l'Evêque de Paris fur la terre
de Ste Marie dans l'Iffe , fur la rue S. Germain-
l'Auxerrois & autres , avec défenſe à
tous autres Officiers qu'à ceux de l'Evêque
, de lever ni cens ni droits dans l'étende
fa juriſdiction .
824-5-6-7 & 8 .
(e ) Septieme Concile de Paris , convoqué
par Louis I , pour délibérer concernant
le culte des images.
les
Il fut décidé qu'il ne falloit pas
brifer ni les adorer , mais les conferver
l'inftruction des fideles , fur - tout des pour
ignorans.
829.
(f) Le huitieme Concile de Paris fut
ouvert le 6 de Juin de l'an 829 dans l'églife
de S. Etienne le vieux , qui étoit à
côté de la cathédrale, auquel affifterent 25
Evêques. Les actes de ce Concile font divifés
en trois livres : Le premier contient
cinquante- quatre articles fur la dignité &
le devoir des Evêques & Paſteurs,
Le fecond en treize articles , traite des
principaux devoirs . des Rois. Le troifiéme
( e ) Concil. to. 7. p. 1648. (f ) Conc.to: 731
p. 1598.
OCTOBRE . 1755. 149
compofé de vingt- fept articles , traite des
conciles & des écoles publiques . On y fit
auffi un réglement pour le partage des
biens eccléfiaftiques
.
(g ) Inftitution d'un chapitre de Chanoines
de l'églife de Paris. On fait pour eux
une régle par ordre du Roi .
Partage des biens de l'Abbaye S. Germain
des Prez , entre l'Abbé & les Moines
, par Hilduin Archichapelain du
palais de l'Empereur , & Abbé de Saint
Germain .
830 & inclufivement 839. •
L'Empereur fe fentant infirme , fait un
nouveau partage entre fes enfans . Paris
avec toute la France occidentale , tombe
à Charles.
840.
Louis I , dit le Débonnaire , meurt dans
une ifle du Rhin , près de Mayence, le 23
Juin 840 , après quarante jours de mala-
-die. Charles II , dit le Chauve , lui fuc-
- cede.
Charles II.
La ville de Paris devient le centre des
guerres civiles. Lothaire frere du Roi ,
paroît fur la Seine avec une puiffante armée.
Gerard , Comte de Paris , va au-de-
(g) Hift. eccl Par . to . 2. p. 561.
C iij
150 MERCURE DE FRANCE.
vant de lui au mépris de l'autorité royale .
Charles ayant appris cette nouvelle , remonte
la Seine , de Rouen à Paris , avec
trente -huit barques chargées de troupes ,
& défait Gerard , Comte de Paris , qui
vouloit s'opposer à fon paffage.
841-2-3 & 4
Charles- le - Chauve va faire fa priere à
S. Germain des Prez , d'où il part incon
tinent pour aller à Troyes , delà à Châlonsfur-
Saone , où ayant reçu un renfort de
troupes il gagne avec Louis de Baviere
für Lothaire & Pepin fon neveu , la
fameufe bataille de Fontenai , un famedi
25 Juin 841 .
(b ) La nouvelle en parvient jufqu'à
Paris , & le peuple croit le Roi Charles.
mort. Pour détromper les Parifiens & foumettre
le Comte Gerard , il vient lui-même
à Paris , & delà fe rend à l'affemblée
de Langres. Il revient à Paris joindre Louis
de Baviere fon frere avec fes troupes. Lothaire
en eft inftruit , & arrive à S. Denis
avec une puiffante armée. D'un autre
côté Charles-le - Chauve campe à S. Cloud .
Les pluies furviennent ; on parle d'accomdement
fans rien conclure . L'hyver fépare
les deux armées . Lothaire fe retire à Sens,
(b ) Nit. to. 3,
OCTOBRE. 1755 . 151
.
& défole tous les environs. Charles quitte
Paris , & va à Châlons fur- Saône.
845-6 & 7.
Les Normans entrés en France ( i ) depuis
environ quatre ans à la faveur des
guerres civiles , remontent la Seine avec
fix vingts bâtimens , s'approchent de Paris
& y entrent fans réfiftance . Les Parifiens à
leur arrivée abandonnent la ville , & les
Religieux leurs monafteres ; chargés des
reliques qu'ils poffedoient , ils vont chercher
un afyle dans les villes voifines.
Charles accourt pour fecourir Paris. Il
arrive à S. Denis , où les chefs des Normans
vont le trouver. La paix y eft conclue
au moyen d'une fomme de 7000 livres
qu'on leur donne. Ils quittent Paris , &
emportent avec eux un riche butin. Les
Religieux de Saint Germain rapportent le
corps de ce Saint , & le dépofent fur l'autel
de l'Abbaye S. Vincent.
Nouveau Concile ( k ) tenu à Paris le
14 Février 846.
Ebbon , Archevêque de Reims , déposé
depuis quelques années , y eft cité , ne
comparoît pas , & fa dépofition eft confirmée.
(i ) Chron. Fontenel , apud Duch. tom. 2. p .
388. ( k ) Concil . to . 7. p . 1812 .
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
848 & inclufivement 860.
Autre Concile ( 1 ) tenu à Paris au mois
de Novembre 848 , compofé de vingtdeux
Evêques.
Les Normans entrent dans Paris pour
la feconde fois , & y mettent le feu . L'incendie
fut fi général , que toute la ville
fut réduite en cendres , les églifes même
ne furent pas épargnées ; il n'y eut que
S. Etienne (m ) , aujourd'hui Notre Dame ,
& S. Germain des Prez qui furent confervées
, parce que les Moines les racheterent
à force d'argent.
Un de leurs partis revient à la charge ,
& pille l'Abbaye S. Germain des Prez . Les
Religieux effrayés fe fauvent, quelques- uns
font tués avec plufieurs domeftiques. Les
Normans mettent le feu au monaftere.
Les Normans (n) continuent leurs courfes
, & enlevent le Chancelier , Louis , Abbé
de S. Denis , & Gozlin fon frere Abbé
de S. Germain des Prez. Il en coute des
fommes confidérables pour les racheter.
861-2-3 & 4
Nouvelle irruption des Normans dans
Paris. Ils brûlent l'églife S. Germain des
( 1 ) Duch. to . 2. pag . 388. ( m ) Geſta Normand.
Duch . to. 2. pag. 525. ( n ) Mabill , ann,
Bened. 1. 25. n°. 33•
OCTOBRE.
1755. 153
Prez qu'ils avoient jufqu'alors refpectée .
Charles les pourfuit , & les défait enfin
près de Meaux . Cette victoire rend la tranquillité
à Paris .
Pour ( o ) arrêter les incurfions des Normans
, Charles le Chauve fait conftruire
-un grand pont , & le foumet à la jurifdiction
de l'Evêque de Paris ; c'eft aujour
d'hui le pont au Change.
Le corps de S. Germain eft rapporté à
Paris , & dépofé dans la chapelle S. Sym-
-phorien , lieu de fa premiere fépulture.
865-6-7 & 8.
Par une chartre du Roi Charles ( p ) , du
22 Avril 867 , il donne à l'églife de Notre
Dame l'ifle de Notre Dame , aujourd'hui
appellée de S. Louis , qui lui avoit été
ufurpée par les Comtes de Paris .
869 & 70.
L'églife de S. Germain des Prez ruinée
par les Normans eft entierement réparée ,
& le corps de ce Saint y eft tranfporté avec
beaucoup de pompe. Charles le Chauve ,
la Reine Richilde & S. Ingelrin affiftent à
cette cérémonie .
(e ) Baluz. opp, ad capitul. p. 1491 , ex parvo
cartul. ecclefiæ Parif. ( P ) Hift . ecclef. Parif.
to. 1. p. 46.1 . 1. 2, n. 34.
Gv
154 MERCURE DE FRANCE.
C
871 & inclufivement 877 .
Le Roi donne l'Abbaye de S. Eloi ( q )
en propriété à l'Evêque de Paris & à fon
églife , aux conditions portées dans la donation.
Nouveau partage des biens ( r ) de l'abbaye
S. Germain des Prez , entre l'Abbé
& les Religieux .
Les Normans reparoiffent aux environs
de Paris , entrent dans S. Denis , dont les
Religieux étoient fortis ; mais ils n'y font
aucun mal , parce que le Roi traita avec
eux , & les renvoya en leur donnant une
fomme d'argent.
Le Pape envoie des Légats à Charles le
Chauve , pour le folliciter de fecourir
Rome contre les Sarrafins. Charles part
pour l'Italie , & laiffe l'adminiftration du
royaume à fon fils Louis , déja âgé de plus
de trente- trois ans . Il lui recommande de
faire continuer les fortifications ( ſ) de
Paris , de S. Denis , & autres néceffaires
pour arrêter les incurfions des Normans.
Inftitution de la foire du Landi . Charles
le Chauve ( 1 ) meurt ; & Louis II , dit le
Begue , lui fuccede .
( q ) Baluz. opp. ad capit . p. 149 .
(7 ) Debouil. hift . de l'Abb . S. Germ. des Prez,
P. 46. n°. 22. (S) Ann. Bened. (1) Chron. Nang.
OCTOBRE. 1755- 755
Louis II , dit le Begue.
878 & inclufivement 884 .
Louis ( u ) confirme la donation de
l'abbaye de S. Eloi faite par
fon l'Evêque
de Paris
& à fon
églife
.
pere
a
Mort de Louis II ; Louis III & Carloman
lui fuccedent.
Tranflation du corps de S. Meri ( x)
dans l'églife de fon nom , le 29 Août
$ 84 . Tout le Clergé de Paris affifta à cette
cérémonie.
Louis 111 , & Carloman .
Hildebrand , Evêque de Séez , fe réfugie
à Paris avec partie de fon Clergé. Le
Roi (y ) lui donne l'hermitage de Notre-
Dame des Bois , fitué dans une forêt près
Paris . Il y fait tranfporter les Reliques de
Sainte Opportune , Abbeffe d'Almenefche.
Elles font d'abord dépofées dans la
maifon d'un particulier ; mais la dévotion
des fideles la convertit bientôt en une églife
collégiale , où partie de fes reliques
font confervées .
Fondation de l'Hôpital Sainte Catheri
ne , rue St Denis .
(u) Baluz. opp . ad cap. p. 1501. ( x ) Hift . eccl.
Par. to. 1. p. 502. ( y ) Goffet , vie de Sainte Opportune
, fec. 3. Benedict . part. 2. pag. 220, hift.
ecel. to. 1. p. 514. ·
G vj
156 MERCURE DE FRANCE.
Louis III meurt fans enfans. Carloman
le fuit de près.
Charles le Gras.
Charles le Gras Empereur leur fuccede ,
& donne le Gouvernement de Paris à Eudes
Comte de Paris , & à Gozlin Evêque
de la même ville .
$ 85.
Sigefroi , l'un des Rois Normans , fe
montre devant Paris avec une armée de
quarante mille hommes (z ) , & une flotte
compofée de fept cens voiles , fans y comprendre
les petites barques . Il entre dans
Paris avec une eſcorte , va trouver l'Evêque
Gozlin , & lui demande le paffage à travers
la ville , lui promettant de ne rien
entreprendre contre les habitans. L'Evêque
le refufe. Sigefroi infifte , & irrité
de fa réfiftance menace de faccager Paris.
En effet il vient l'attaquer le lendemain .
Eudes & Robert qui furent depuis Rois
de France , défendoient la ville . L'attaque
commença au Pont- an- Change , appellé
alors le grand Pont. Les alliégés firent une
fortie , & reponfferent les ennemis. La nuit
furvint , & fervit à réparer les pertes du
jour. Les Parifiens rehaufferent la tour du
pont de plufieurs étages en bois , pour y
( z Abb, de bello Par. 1. 1 .
OCTOBRE . 1755. 157
placer plus de foldats pour la défendre .
Le lendemain l'attaque recommença.Les
Normans parvinrent même, malgré l'huile
bouillante qu'on leur jettoit du haut de la
tour , à faire une bréche , mais ils furent
répouffés pour la feconde fois , avec perte
de trois cens hommes.
Sigefroi furpris de tant de réfiftance ,
emploie deux mois à fortifier fon camp
placé autour de St Germain - l'Auxerrois.
Il fait ravager avec des cruautés inouies
pendant tout ce tems -là les environs de
Paris.
886.
Pendant que tout cédoit à l'impétuofité
des Normans ( a ) , la feule ville de Paris
leur réfiftoit. Expofés à une nouvelle attaque
mieux conçue & foutenue avec plus
de force que les autres , les Parifiens fe
défendirent avec une valeur extraordinaire.
Les Normans irrités forment un nouveau
fiége ; ils partagent leurs forces , &
attaquent le pont & la tour en même
tems.
Toutes les machines de guerre font mifes
en ufage . Ils font pleuvoir une grêle
de pierres & de fléches , mais rien ne ralentit
l'ardeur des Parifiens .
( a ) Frod. 1. 4.
35S MERCURE DE FRANCE.
1
Le Comte Eudes & Robert fon frere fe
multiplient pour fa défenfe. En vain trois
mille Normans attaquent- ils la tour , leurs
efforts font inutiles , ils font contraints de
fe retirer avec perte.
Ils reviennent le lendemain à la charge
, battent la tour avec des beliers , ont
la cruauté d'égorger les prifonniers pour
combler les foffés ; mais voyant leurs tentatives
inutiles , ils rempliffent trois bateaux
de matieres combuſtibles , & les approchent
de la tour & du pont qui n'étoit
que de bois. Les Parifiens effrayés ont
recours aux reliques de St Germain , &.
par l'interceffion de ce Saint , les barques
déja enflammées donnent contre une pile
du pont , & font coulées à fond.
Les Normans rébutés fe retirent le 1
3.1
Janvier 886 , & fe contentent de tenir la
place bloquée. Quelques uns entrent dans
St Germain , en profanent l'églife , & font
punis de Dieu par une mort fubite .
Le 6 Février la Seine déborde , & l'impétuofité
( b ) des eaux renverfe le petit
pont. Les normans tentent de profiter de
cette occafion pour fe faifir de la tour défendue
par douze hommes feulement. Ces
derniers font une vigoureufe réfiftance :
(b ) Chron. S. Vedaſti.
OCTOBRE . 1755. 159
en vain les Normans leur crient- ils de fe
rendre , une défenſe opiniâtre eft leur réponfe.
On les preffe de nouveau , & on
leur promet la vie. Réduits à l'extrêmité
ils fe foumettent fur la parole des Normans
; mais ces Barbares fans refpect pour
d'auffi braves foldats , fauffent leur parole
, & les égorgent tous à l'exception d'un
feul nommé Ervé , qu'ils conferverent à
caufe de fa bonne mine.
La ville demeure bloquée , & les Normans
donnent de nouveaux affauts . L'Empereur
envoie Henri , Duc de Saxe , (c) au
fecours des Parifiens , les Normans reçoivent
un échec dans leur camp.
Eudes , Comte de Paris , fait une fortie
qui manque à lui coûter la vie , mais fa valeur
& celle de fes gens le fauvent. Il ren
tre dans Paris , & Sigefroi admire fon courage
, vent perfuader aux Normans de
lever le fiége , ils le refufent , donnent un
nouvel affaut à la ville , & font repouffés
avec perte de deux de leurs Rois . Sigefroi
fe mocque d'eux , accepte une fomme de
foixante livres d'argent que Gozlin , évêque
de Paris , lui donne , & fe retire . Gozlin
meurt quelques jours après.
Les Normans qui ne fuivirent pas Sigefroid
, continuent le fiege , la ville fe trou-
(c) Abb. 1. 2. Chron. S. Vedafti.
160 MERCURE DE FRANCE.
ve réduite à l'extrêmité : affiégée au-dehors
, la pefte ravageoit le dedans . Les Parifiens
ont recours aux prieres publiques ;
on fait des proceffions , & la châffe de
S. Germain eft portée dans les rues .
D'un autre côté , le Comte Eudes va
demander du fecours au Roi Charles , Empereur.
L'Abbé Eblé commande en fon
abfence ( d ) , & fait des forties glorieufes.
Le Comte Eudes revient avec trois
corps de cavalerie ; il paroît fur la montagne
de Mars ou Montmartre. Les ennemis
veulent s'opposer à fon paffage , ils font
-repouffés , & le Comte entre dans Paris .
la
( e ) Henti , Duc de Saxe , vient pour
feconde fois au fecours des Parifiens , eft
attiré au combat par les Normans , & périt
miférablement dans un piége qu'ils lui
avoient tendu ; après la mort , fes troupes
ne fongerent plus qu'à la retraite.
Les Normans fiers de cet avantage ,
donnent un affauit général à la ville , les
Parifiens effrayés , courent à la défenſe , on
porte le corps de fainte Génevieve à la
pointe de l'Ile derriere Notre - Dame , &
la victoire fe déclare pour les affiégés ; il
n'en eft pas de même des autres attaques ,
les Normans ont partout l'avantage ; la
terreur commence à fe répandre dans la
(d) Chron. S. Tedafti. ( ) Abb. Ann. met,
OCTOBR E. 1755. 161
ville , la confternation devient générale ,
le clergé & le peuple reclament la protection
de S. Germain . On apporte fon corps ,
& fa feule préfence ranime les Parifiens ,
donne de la terreur aux ennemis , & la
victoire n'eft plus douteufe , les affiégeans
font partout repouffés , ils mettent le feu à
la tour & fe retirent .
L'Empereur vient au fecours de Paris
& fait un traité honteux avec les Normans
auxquels il accorde le paffage de la
Seine , & fept cens livres d'argent : il fe
retire enfuite en Allemagne.
887 & $ 3 .
Les Normans reparoiffent devant Paris,
l'Abbé Eblé les attaque vigoureufement ,
leur tue cinq cens hommes , & les force
de fe retirer.
Charles le Begue , Roi de France & Empereur
, meurt , & Eudes , Comte de Paris
, eft proclamé Roi dans l'affemblée de
Compiegne.
Endes
Les Normans honteux- d'avoir levé le
fiége de Paris , après avoir été deux ans
devant cette place , reparoiffent aux environs.
Le Roi Eudes , fecondé de l'Evêque
Anſchrie , fucceffeur du brave Gozlin , bat
162 MERCURE DE FRANCE.
N
les Normans , en fait plufieurs prifonniers,
& les renvoie enfuite fur leur parole .
Anfchrie défait fix cens Normans &
rentre triomphant dans Paris.
Le Roi Eudes gagne une victoire fignalée
fur les Normans le jour de la faint Jean
de l'an 888 , près du Montfaucon , petite
butte à préfent à un quart de lieue de
Paris .
889 inclufivement 891 .
La ville de Paris eft encore affiégée
deux fois en 889. Les Parifiens fe défendent
avec valeur & les Normans fe retirent .
(f)Les Parifiens qui avoient eu feuls l'avantage
de réfifter aux Normans , en attribuent
toute la gloire à fainte Génevieve &
à faint Germain : ils rapportent leurs reliques
dans leurs églifes à l'exception d'un
bras de faint Germain qui fut laiffé à faint
Germain le vieux au Marché- neuf , en reconnoiffance
de l'hofpitalité accordée à ſes
reliques pendant le fiége.
892 & inclufiv. 897.
L'Abbé Eblé , grand Chancelier du Roi ,
qui avoit défendu la ville de Paris avec
tant de valeur , meurt le 10 Octobre 886 .
(f) Chron. S. Vedaftis
OCTOBRE. 1755. 163
898.
Le Roi Eudes quitte la Neuftrie , revient
à Paris où il fait fon féjour ordinaire , fait
un voyage à la Fere fur Oife , & y meurt
le 13 Janvier 898. âgé de quarante ans .
Charles le fimple , déja proclamé Roi en
893 , lui fuccede.
La fuite de cette Hiftoire pour le mois prochain.
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Résumé : Suite de l'abrégé historique de la ville de Paris ; par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
Le texte présente un abrégé historique de la ville de Paris entre les années 593 et 900, couvrant plusieurs règnes et événements marquants. Hildebert II, roi d'Austrasie, prend le contrôle de Paris mais meurt prématurément. Frédégonde incendie et saccage la ville avant d'être vaincue par Clothaire II, qui s'affirme sur le trône de Paris. Clothaire II doit faire face à plusieurs batailles et pertes territoriales, notamment contre Théodebert et Thieri. Il meurt en 628 et est enterré à Paris. Son fils Dagobert I lui succède, mais son règne est marqué par des excès et des pillages. Dagobert fonde l'abbaye de Saint-Denis et meurt en 639. Clovis II lui succède et doit affronter une famine sévère à Paris. Saint Landri, évêque de Paris, vend ses biens pour soulager la misère publique. Clothaire III succède à Clovis II sous la régence de sa mère, Baltilde. La peste dépeuple une partie de Paris, et Clothaire III meurt en 673. Thieri III lui succède mais est rapidement renversé par Childeric II, qui est assassiné en 675. Thieri III revient au pouvoir mais est tué en 691. Clovis III et Childebert III se succèdent brièvement avant que Dagobert II ne monte sur le trône. Charles Martel, maire du palais, exerce une autorité significative, notamment en battant Chilperic II et en installant Clothaire IV comme roi fantoche. Thieri III succède à Clothaire IV mais meurt en 737. Charles Martel partage le royaume entre ses fils Carloman et Pepin, qui gouvernent conjointement. Childeric III est proclamé roi mais est rapidement détrôné par Pepin le Bref, fils de Charles Martel, en 751. En 754, l'abbaye de Saint-Vincent change de nom pour devenir Saint-Germain-des-Prés. En 768, Pépin le Bref meurt et laisse le royaume à ses fils Charles et Carloman. Charles, dit Charlemagne, devient seul maître après la mort de Carloman en 771. Il établit une école publique à Paris en 779 et promulgue plusieurs ordonnances entre 802 et 812. Charlemagne meurt en 814 et est remplacé par son fils Louis I, qui confirme les juridictions de l'évêque de Paris. En 829, un concile à Paris décide de conserver les images pour l'instruction des fidèles. Louis I meurt en 840 et Charles II, dit le Chauve, lui succède. Paris devient le centre de guerres civiles, notamment contre Lothaire. En 845, les Normands pillent Paris, mais sont repoussés. Charles le Chauve fait construire un pont pour défendre la ville. En 869, l'église Saint-Germain-des-Prés est réparée. Charles le Chauve meurt en 877 et Louis II lui succède. Les Normands continuent leurs incursions, et Paris est souvent assiégée. En 885, Sigefroi, roi des Normands, attaque Paris mais est repoussé par Eudes et Robert. Les Parisiens montrent une grande résistance face aux attaques normandes. En 885-886, les Normands assiègent Paris. Ils tentent de brûler la tour et le pont en utilisant des bateaux remplis de matières combustibles, mais les Parisiens, aidés par l'intervention de Saint Germain, réussissent à couler les barques enflammées. Les Normands se retirent le 13 janvier 886 mais continuent de bloquer la ville. Ils profanent l'église de Saint Germain, et ceux qui commettent ce sacrilège sont frappés par une mort subite. Le 6 février, la Seine déborde et renverse le petit pont, permettant aux Normands de tenter une attaque sur la tour défendue par douze hommes. Malgré leur résistance, les défenseurs se rendent sur la promesse des Normands, qui les égorgent ensuite, à l'exception d'un nommé Ervé. La ville reste bloquée, et les Normands lancent de nouveaux assauts. L'empereur envoie Henri, Duc de Saxe, pour secourir les Parisiens, mais il est tué par les Normands. Eudes, Comte de Paris, mène une sortie et est sauvé par sa bravoure. Sigefroi, un chef normand, refuse de lever le siège malgré une somme d'argent offerte par Gozlin, évêque de Paris.
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