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1
p. 1467-1471
CODRUS. Poëme qui a remporté le Prix de l'Académie des Jeux Floraux.
Début :
Je chante ce Héros, qui cher à sa Patrie, [...]
Mots clefs :
Codros, Sort, Sujets, Doriens, Victoire, Roi, Yeux, Oracle, Académie des jeux floraux, Gloire, Guide, Prix
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texteReconnaissance textuelle : CODRUS. Poëme qui a remporté le Prix de l'Académie des Jeux Floraux.
CODRU S.
Poëme qui a
remporté le Prix de
l'Académic
des Feux
Floraux.
J
chante ce
ce Héros , qui cher à sa
Patrie , dev1 ...
Conserva ses
es Sujets een
immolant sa
vie; ová 19.9 3 :
Si la seule vertu
mérites votre
encens ,
Muses, vous me devez vos plus
nobles accens.
La
discorde
féconde en
implacables haines ,
A ij Guide
1468 MERCURE DE FRANCE
Guide les Doriens jusques aux murs d'Athénes ;
Incertains du succès qu'ils brûlent d'obtenir ,
Leur inquiete ardeur cherche à le prévenir .
Ils veulent que le Ciel à leurs désirs révele ,
Ce secret important que l'avenir recele.
L'Oracle leur répond , pour flater leurs souhaits,
Vous vaincrez , si Codrus échappe à tous vos
traits ;
Mais si vous immolez ce Roi rempli de gloire ,
Aussitôt loin de vous s'enfuirà la victoire ;
Perdez vos ennemis , el respectez leur Roy.
Les Doriens charmez , acceptent cette Loy',
Satisfaits à ce prix de contenter leur rage ,
Ils s'avancent , l'espoir augmente leur courage ;
A leurs cris menaçants , tout s'allarme et to
fuit.
et tout
Cet Oracle est semé , Codrus en est instruit ;
Roi des Athéniens et plus encor leur Pere ,
Il veut hâter sa mort pour finir leur misere ;
Chers Sujets , que le sort à mes loix a soumis ,
>> Leur dit- il , vous voyez vos nombreux ennemis;
Suivis de la terreur , conduits par l'esperance ,
Il viennent contre vous assouvir leur vengeance,
Mais n'appréhendez rien , je sçaurai dissiper ,
»Cet orage tout prêt à vous envelopper ,
» Si l'Arrêt du Destin les flatte et les rassure •
» Vous avezdu triomphe un plus heureux augure;
» C'est mon amour pour vous , qui prompt à
yous servir
D
JUILLET. . 1733.
1469
» A leur joug odieux va bien-tôt vous ravir ;
» Esperez tout , dans moi votre bonheur réside ,
» En vain vers la victoire un Oracle les guide ,
» Je ne veux que moi seul pour les détruire tous,
J'irai pour vous sauver m'exposer à leurs coups,
par un noble effort , irritant leur farie ,
33
» Ét
Les forcer en tremblant de m'arracher la vie.
» Vous frémissez , ô Ciel ! vous répandez des
pleurs ;
»Ah ! plus vous me montrez l'excès de vos dou-
· leurs ,
» Plus vous plaignez mon sort , et plus je dois
encore ,
» Justifiek ces pleurs dont votre amour m'honore.
Suspendez vos regrets et calmez votre effroy ,
» Si vous m'attendrissez , c'est pour vous , non
pour moi;
B
Mais c'est trop m'arrêter à ce tendre spectacle ,
» Vous méritez ma mort , je vois remplir l'O
racle ,
» Je goûte tous les biens que vous en cueillerez ,
"
Je perirai pour vous , mais vous me vengerez,
Codrus cede à ces mots , au transport qui Pa- i
nime , N
Il vole , impatient de servir de victime
Ses Peuples effrayez d'un si hardi déssein ,
Le suivent dans sa course et l'arrêtent soudain
Et
pour mieux s'assurer de sa tête sacrée ,
De Soldats vigilans sa Tente est entourée ;
A iij Ses
1470 MERCURE DE FRANCE
Ses Sujets genereux , tranquilles sur son sort ,
Accourent au combat pour y trouver la mort.
Sous les yeux de Codrus , déja les deux Armées ,
Par des motifs divers au carnage animées ,
Se mêlent en tumulte , et répandant l'horreur ,
Ne paroissent avoir qu'une même fureur ;
Quel spectacle pour lui ! que son ame est émuë !
Sur mille objets affreux il promene sa vûë
Il voit perir de loin ses Sujets malheureux ,
Il reçoit tous les coups qu'on porte à chacun
2
d'eux ;
Allarmé de leurs maux , il use d'artifice
Pour aller consommer son triste sacrifice ;
Sous de vils vétemens éclipsant sa splendeur ,
Au - dedans de lui - même il cache sa grandeur .
Bien tôt par le secours de cette noble ruse ,
Il se dérobe aux yeux des Gardes qu'il abuse,
Il s'éloigne , il arrive au milieu des hazards ,
Sous ces dehors obscurs qui trompent les regards
,
·
Il court de tous côtez où le danger l'appelle ;
Le sort en l'épargnant , aime à trahir son zele
Il cherche , furieux , le trépas qui l'a fui ;
Chaque instant qu'il respire est un crime pour
lui ,
Trop heureux , si sans nuire au projet qui l'enflamme
,
Lui-même de ses jours pouvoit couper la trame.
Ses voeux sont satisfaits , un trait mortel Patteint
,
JUILLET. 1733 . 1471
De ses yeux affoiblis la lumiere s'éteint
Il expire , aussi -tôt la victoire fidelle ,
Pour payer tout le sang qu'il a versé pour elle ,
Rappelle ses Sujets qui fuyoient éperdus ;
A leur premiere ardeur ils sont soudain rendus ;
Leur crainte se dissipe et leurs efforts redoublent ;
Les Doriens surpris, se dispersent , se troublent
L'épouvanté et l'effroi s'emparent de leur coeur;
Ils tombent sous les traits dé l'ennemi vainqueur,
Mais ce vainqueur , hélas ! dans la gloire qu'il
goûte ,
Ignore encor quel prix son triomphe lui coûte ,
Et tandis qu'abusez par ce prompt changement ,
Tous les Athéniens suivent aveuglement
Les mouvemens divers que l'allegresse enfante ,
Qu'ils courent empressez vers la fatale Tente ,
Dans la foule des morts ils decouvrent leur Roi;
A cet horrible aspect tremblants , saisis d'effroi ,
Ils détestent leur gloire , et le sort de leurs armes,
Ils embrassent son corps , qu'il baignent de leurs
- larmes ,
Et
pour éterniser son regne et ses vertus ,
Choisissent Jupiter pour remplacer Codrus.
Codrus pro Patria non timidus mori. Hor. Ode.
M. l'Abbé P *** d'Avignon.
Poëme qui a
remporté le Prix de
l'Académic
des Feux
Floraux.
J
chante ce
ce Héros , qui cher à sa
Patrie , dev1 ...
Conserva ses
es Sujets een
immolant sa
vie; ová 19.9 3 :
Si la seule vertu
mérites votre
encens ,
Muses, vous me devez vos plus
nobles accens.
La
discorde
féconde en
implacables haines ,
A ij Guide
1468 MERCURE DE FRANCE
Guide les Doriens jusques aux murs d'Athénes ;
Incertains du succès qu'ils brûlent d'obtenir ,
Leur inquiete ardeur cherche à le prévenir .
Ils veulent que le Ciel à leurs désirs révele ,
Ce secret important que l'avenir recele.
L'Oracle leur répond , pour flater leurs souhaits,
Vous vaincrez , si Codrus échappe à tous vos
traits ;
Mais si vous immolez ce Roi rempli de gloire ,
Aussitôt loin de vous s'enfuirà la victoire ;
Perdez vos ennemis , el respectez leur Roy.
Les Doriens charmez , acceptent cette Loy',
Satisfaits à ce prix de contenter leur rage ,
Ils s'avancent , l'espoir augmente leur courage ;
A leurs cris menaçants , tout s'allarme et to
fuit.
et tout
Cet Oracle est semé , Codrus en est instruit ;
Roi des Athéniens et plus encor leur Pere ,
Il veut hâter sa mort pour finir leur misere ;
Chers Sujets , que le sort à mes loix a soumis ,
>> Leur dit- il , vous voyez vos nombreux ennemis;
Suivis de la terreur , conduits par l'esperance ,
Il viennent contre vous assouvir leur vengeance,
Mais n'appréhendez rien , je sçaurai dissiper ,
»Cet orage tout prêt à vous envelopper ,
» Si l'Arrêt du Destin les flatte et les rassure •
» Vous avezdu triomphe un plus heureux augure;
» C'est mon amour pour vous , qui prompt à
yous servir
D
JUILLET. . 1733.
1469
» A leur joug odieux va bien-tôt vous ravir ;
» Esperez tout , dans moi votre bonheur réside ,
» En vain vers la victoire un Oracle les guide ,
» Je ne veux que moi seul pour les détruire tous,
J'irai pour vous sauver m'exposer à leurs coups,
par un noble effort , irritant leur farie ,
33
» Ét
Les forcer en tremblant de m'arracher la vie.
» Vous frémissez , ô Ciel ! vous répandez des
pleurs ;
»Ah ! plus vous me montrez l'excès de vos dou-
· leurs ,
» Plus vous plaignez mon sort , et plus je dois
encore ,
» Justifiek ces pleurs dont votre amour m'honore.
Suspendez vos regrets et calmez votre effroy ,
» Si vous m'attendrissez , c'est pour vous , non
pour moi;
B
Mais c'est trop m'arrêter à ce tendre spectacle ,
» Vous méritez ma mort , je vois remplir l'O
racle ,
» Je goûte tous les biens que vous en cueillerez ,
"
Je perirai pour vous , mais vous me vengerez,
Codrus cede à ces mots , au transport qui Pa- i
nime , N
Il vole , impatient de servir de victime
Ses Peuples effrayez d'un si hardi déssein ,
Le suivent dans sa course et l'arrêtent soudain
Et
pour mieux s'assurer de sa tête sacrée ,
De Soldats vigilans sa Tente est entourée ;
A iij Ses
1470 MERCURE DE FRANCE
Ses Sujets genereux , tranquilles sur son sort ,
Accourent au combat pour y trouver la mort.
Sous les yeux de Codrus , déja les deux Armées ,
Par des motifs divers au carnage animées ,
Se mêlent en tumulte , et répandant l'horreur ,
Ne paroissent avoir qu'une même fureur ;
Quel spectacle pour lui ! que son ame est émuë !
Sur mille objets affreux il promene sa vûë
Il voit perir de loin ses Sujets malheureux ,
Il reçoit tous les coups qu'on porte à chacun
2
d'eux ;
Allarmé de leurs maux , il use d'artifice
Pour aller consommer son triste sacrifice ;
Sous de vils vétemens éclipsant sa splendeur ,
Au - dedans de lui - même il cache sa grandeur .
Bien tôt par le secours de cette noble ruse ,
Il se dérobe aux yeux des Gardes qu'il abuse,
Il s'éloigne , il arrive au milieu des hazards ,
Sous ces dehors obscurs qui trompent les regards
,
·
Il court de tous côtez où le danger l'appelle ;
Le sort en l'épargnant , aime à trahir son zele
Il cherche , furieux , le trépas qui l'a fui ;
Chaque instant qu'il respire est un crime pour
lui ,
Trop heureux , si sans nuire au projet qui l'enflamme
,
Lui-même de ses jours pouvoit couper la trame.
Ses voeux sont satisfaits , un trait mortel Patteint
,
JUILLET. 1733 . 1471
De ses yeux affoiblis la lumiere s'éteint
Il expire , aussi -tôt la victoire fidelle ,
Pour payer tout le sang qu'il a versé pour elle ,
Rappelle ses Sujets qui fuyoient éperdus ;
A leur premiere ardeur ils sont soudain rendus ;
Leur crainte se dissipe et leurs efforts redoublent ;
Les Doriens surpris, se dispersent , se troublent
L'épouvanté et l'effroi s'emparent de leur coeur;
Ils tombent sous les traits dé l'ennemi vainqueur,
Mais ce vainqueur , hélas ! dans la gloire qu'il
goûte ,
Ignore encor quel prix son triomphe lui coûte ,
Et tandis qu'abusez par ce prompt changement ,
Tous les Athéniens suivent aveuglement
Les mouvemens divers que l'allegresse enfante ,
Qu'ils courent empressez vers la fatale Tente ,
Dans la foule des morts ils decouvrent leur Roi;
A cet horrible aspect tremblants , saisis d'effroi ,
Ils détestent leur gloire , et le sort de leurs armes,
Ils embrassent son corps , qu'il baignent de leurs
- larmes ,
Et
pour éterniser son regne et ses vertus ,
Choisissent Jupiter pour remplacer Codrus.
Codrus pro Patria non timidus mori. Hor. Ode.
M. l'Abbé P *** d'Avignon.
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Résumé : CODRUS. Poëme qui a remporté le Prix de l'Académie des Jeux Floraux.
Le poème 'Codrus' a remporté le Prix de l'Académie des Jeux Floraux. Il relate l'histoire de Codrus, roi athénien, prêt à sacrifier sa vie pour sauver sa patrie des Doriens. Un oracle prédit que les Doriens vaincront si Codrus échappe à leurs attaques, mais seront vaincus s'ils le tuent. Connaissant son rôle crucial, Codrus décide de se sacrifier pour assurer la victoire de son peuple. Il se déguise et se jette dans la bataille, où il trouve la mort. Sa mort inspire ses sujets, qui repoussent les Doriens et remportent la victoire. Cependant, en découvrant le corps de Codrus, les Athéniens pleurent leur roi et choisissent Jupiter pour le remplacer. Le poème met en lumière le dévouement et le sacrifice de Codrus pour sa patrie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1979-1982
CODRUS, POEME.
Début :
Par de lugubres cris, pourquoi frapper les Cieux ? [...]
Mots clefs :
Dieux, Sparte, Athènes, Codros, Vertu, Soldats, Liberté
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texteReconnaissance textuelle : CODRUS, POEME.
CODRUS ,
POEME.
Ar de lugubres cris , pourquoi frapper les
Cieux ? PA
Athénes , est-ce ainsi que tu rends grace aux
Dieux ?
Oses-tu , Peuple ingrat , déplorant ta victoire
,
Faire au destin propice , un crime de ta
Gloire ?
Öses - tu .....
erreur !
mais hélas ! quelle étoit mon
Je cesse d'insulter à ta juste douleur.
Poursui , par des regrets , par des pleurs légi
times ,
Honore d'un Héros les cendres magnanimes.
Moi-même retraçant sa vertu dans mes Vers ,
Je vais lui rendre hommage aux yeux de l'Univers.
Les Armes à la main , l'impérieuse Athénes ,
S'avançoit contre Sparte et lui portoit des
chaînes .
Sparte armoit à son tour , pour défendre ses
droits ,
Et forcer sa Rivale à fléchir sous ses Loix.
D iiij
Mais
1980 MERCURE DE FRANCE
Mais Delphes , vain obstacle à leur jalouse
rage ,
N'annonçoit au vainqueur qu'un barbare avantage.
Qu'un Triomphe odieux , chérement acheté ,
Triste arbitre du joug , ou de la liberté ,
Un des Rois immolez , victime infortunée ,
De ses Grecs triomphans , fixoit la destinée.
Il devoit arroser de son sang précieux
Les funestes Lauriers d'un peuple ambitieux.
Instruit des Loix du Sort , mais bravant sa disgrace
,
Codrus offre sa tête au coup qui la menace.
Contre la vie , armé du plus noble mépris ,
11 va remettre aux Dieux des jours qu'ils ont
proscrits.
Cher aux siens , son grand coeur surptend leu
vigilance ,
Cher à ses ennemis , il trompe leur prudence.'
Pour voiler ses desseins d'un sûr déguisement ,
Il revêt d'un Berger , l'obscur habillement.
Dépouilles à ses yeux cent fois plus glo
rieuses ,
Que de l'autorité les marques fastueuses.
Orné par la vertu , riche de ses Trésors ,
Que Codrus étoit grand , sous ces humbles de
hors !
Ah ! Prince, peu touché d'un honneur chiméri
que ,
De Sparte laisse agir la sage politique.
Ton
SEPTEMBRE . 1733. 1981
Ton ennemi lui-même aide à ta sûreté
Avide des honneurs et de la liberté .
Quénes à son gré les défende elle même ;
Absous , absous les Dieux d'une injustice extrê
me.
Leurs Oracles souvent , par des sens imposteurs、
Des Crédules humains , ont guidé les erreurs.
'Arrête ... c'en est fait , ce Guerrier intrépide ,
Suit hardiment la voïe où son honneur le guide.
'Athénes, Dieux , Destin , dit- il, sans s'ébranler
Récompensez le sang. que vous faites couler.
Assûre tes succès , florissante Patrie ,
J'acquitte tes faveurs aux dépens de ma vie.
Heureux de te servir , par un trépas certain ,
Oui , Codrus , méritoit de naître dans ton sein.
Il dit , de quelle ardeur son ame est enflammée !
Il vole impatient de l'une à l'autre armée.
Il parvient jusqu'aux lieux où Sparte a ses regards
Fait au loin dans les Airs , flotter ses Etendarts,
Utile à ses projets , une feinte insolence ,
Contre lui des Soldats aigrit la violence ,
D'un monde d'ennemis , justement irrité ,
Il méprise la rage et craint l'humanité.
Il brave leur couroux. Il défie , il menace ,
Il étale en tous lieux une impuissante audace.
Trois fois de sa grandeur , un secret sentiment ,
L'avoit déja soustrait à leur ressentiment.
Ses efforts, étoient vains , son insulte impunie
3.
Dv Et
1982 MERCURE DE FRANCE
Et les Dieux , malgré lui , le rendoient à la vie. “
Mais dédaignant du sort l'importune faveur ,
Des Soldats outragez îl arme la fureur.
Athénes va regner. Levez pour la vengeance ,
Mille bras vont punir sa téméraire offense.
Je vois le coup mortel , qui va trancher ses
jours ,
Cruels , que faites- vous ? ménages - en le cours
Connoissez , .... respectez ,
Monarque , ...
.... conservez us
Il doit vous être cher , ... mais c'en est fait
la Parque ;
8
Finit le Sacrifice , en fermant son Ciseau ,
Sparte aux Fers , va bien- tôt honorer son Tombeau.
Il meurt , et l'avenir chérissant sa mémoire ,
Couronne sa vertu d'une immortelle gloire.
Venez , Tyrans , venez admirer à la fois ,
Un Citoyen , un Roy , le modele des Rois.
Imitez -le , sachez dans les Grandeurs suprêmes.
Au bien de vos Etats , vous immoler vous- mêmes.
M. DE ROYAUCOURT ,
de Soissons.
POEME.
Ar de lugubres cris , pourquoi frapper les
Cieux ? PA
Athénes , est-ce ainsi que tu rends grace aux
Dieux ?
Oses-tu , Peuple ingrat , déplorant ta victoire
,
Faire au destin propice , un crime de ta
Gloire ?
Öses - tu .....
erreur !
mais hélas ! quelle étoit mon
Je cesse d'insulter à ta juste douleur.
Poursui , par des regrets , par des pleurs légi
times ,
Honore d'un Héros les cendres magnanimes.
Moi-même retraçant sa vertu dans mes Vers ,
Je vais lui rendre hommage aux yeux de l'Univers.
Les Armes à la main , l'impérieuse Athénes ,
S'avançoit contre Sparte et lui portoit des
chaînes .
Sparte armoit à son tour , pour défendre ses
droits ,
Et forcer sa Rivale à fléchir sous ses Loix.
D iiij
Mais
1980 MERCURE DE FRANCE
Mais Delphes , vain obstacle à leur jalouse
rage ,
N'annonçoit au vainqueur qu'un barbare avantage.
Qu'un Triomphe odieux , chérement acheté ,
Triste arbitre du joug , ou de la liberté ,
Un des Rois immolez , victime infortunée ,
De ses Grecs triomphans , fixoit la destinée.
Il devoit arroser de son sang précieux
Les funestes Lauriers d'un peuple ambitieux.
Instruit des Loix du Sort , mais bravant sa disgrace
,
Codrus offre sa tête au coup qui la menace.
Contre la vie , armé du plus noble mépris ,
11 va remettre aux Dieux des jours qu'ils ont
proscrits.
Cher aux siens , son grand coeur surptend leu
vigilance ,
Cher à ses ennemis , il trompe leur prudence.'
Pour voiler ses desseins d'un sûr déguisement ,
Il revêt d'un Berger , l'obscur habillement.
Dépouilles à ses yeux cent fois plus glo
rieuses ,
Que de l'autorité les marques fastueuses.
Orné par la vertu , riche de ses Trésors ,
Que Codrus étoit grand , sous ces humbles de
hors !
Ah ! Prince, peu touché d'un honneur chiméri
que ,
De Sparte laisse agir la sage politique.
Ton
SEPTEMBRE . 1733. 1981
Ton ennemi lui-même aide à ta sûreté
Avide des honneurs et de la liberté .
Quénes à son gré les défende elle même ;
Absous , absous les Dieux d'une injustice extrê
me.
Leurs Oracles souvent , par des sens imposteurs、
Des Crédules humains , ont guidé les erreurs.
'Arrête ... c'en est fait , ce Guerrier intrépide ,
Suit hardiment la voïe où son honneur le guide.
'Athénes, Dieux , Destin , dit- il, sans s'ébranler
Récompensez le sang. que vous faites couler.
Assûre tes succès , florissante Patrie ,
J'acquitte tes faveurs aux dépens de ma vie.
Heureux de te servir , par un trépas certain ,
Oui , Codrus , méritoit de naître dans ton sein.
Il dit , de quelle ardeur son ame est enflammée !
Il vole impatient de l'une à l'autre armée.
Il parvient jusqu'aux lieux où Sparte a ses regards
Fait au loin dans les Airs , flotter ses Etendarts,
Utile à ses projets , une feinte insolence ,
Contre lui des Soldats aigrit la violence ,
D'un monde d'ennemis , justement irrité ,
Il méprise la rage et craint l'humanité.
Il brave leur couroux. Il défie , il menace ,
Il étale en tous lieux une impuissante audace.
Trois fois de sa grandeur , un secret sentiment ,
L'avoit déja soustrait à leur ressentiment.
Ses efforts, étoient vains , son insulte impunie
3.
Dv Et
1982 MERCURE DE FRANCE
Et les Dieux , malgré lui , le rendoient à la vie. “
Mais dédaignant du sort l'importune faveur ,
Des Soldats outragez îl arme la fureur.
Athénes va regner. Levez pour la vengeance ,
Mille bras vont punir sa téméraire offense.
Je vois le coup mortel , qui va trancher ses
jours ,
Cruels , que faites- vous ? ménages - en le cours
Connoissez , .... respectez ,
Monarque , ...
.... conservez us
Il doit vous être cher , ... mais c'en est fait
la Parque ;
8
Finit le Sacrifice , en fermant son Ciseau ,
Sparte aux Fers , va bien- tôt honorer son Tombeau.
Il meurt , et l'avenir chérissant sa mémoire ,
Couronne sa vertu d'une immortelle gloire.
Venez , Tyrans , venez admirer à la fois ,
Un Citoyen , un Roy , le modele des Rois.
Imitez -le , sachez dans les Grandeurs suprêmes.
Au bien de vos Etats , vous immoler vous- mêmes.
M. DE ROYAUCOURT ,
de Soissons.
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Résumé : CODRUS, POEME.
Le poème 'Codrus' narre le conflit entre Athènes et Sparte, avec Delphes prédisant un triomphe odieux nécessitant un sacrifice. Codrus, roi d'Athènes, se sacrifie pour sauver sa patrie. Déguisé en berger, il provoque les soldats spartiates jusqu'à ce qu'ils le tuent. Son geste assure la victoire d'Athènes et lui confère l'immortalité. Le texte souligne le dévouement de Codrus pour sa patrie et son mépris pour la mort, mettant en avant son héroïsme et son sacrifice pour la liberté et la gloire d'Athènes. Le poème se conclut par une exhortation aux tyrans de s'inspirer de l'exemple de Codrus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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