Résultats : 3 texte(s)
Détail
Liste
1
p. 125-129
SUITE des Observations sur l'Histoire de la Médecine.
Début :
J'AI promis des réfléxions sur l'origine de la maladie qui est le fruit de la débauche [...]
Mots clefs :
Médecine, Maladie, Découverte, Égypte, Amérique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE des Observations sur l'Histoire de la Médecine.
SUITE des Obfervations fur l'Hiftoire
de la Médecine.
JAI promis des réfléxions fur l'origine
de la maladie qui eft le fruit de la débauche
, & qu'on prétend avoir été in- .
connue des Européens avant la découverte
du Nouveau-Monde. Cette matière
devoit-elle être l'objet de l'attention de
l'Auteur de l'Effai Hiſtorique fur la Médecine
en France ? Pour faire venir la
question , il nous donne , d'après la
traduction latine d'un Auteur Grec , la
defcription de la Lépre. Aretée , de Capadoce
, qui vivoit , à ce qu'on préfume ,
fous l'Empire de Néron , devoit bien
fe promettre que fes écrits feroient recommandables
à la poftérité la plus
reculée & leur
, ppaarr leur vérité
élégante, précifion ; mais que fon
Traité de la Lépre foit employé
comme pièce conftitutive dans l'hiſtoire
de la Médecine Françoife , c'eft à quoi
nous ne pouvions nous attendre . L'Auteur
s'eft permis cette expofition pour
établir les différences qu'il trouve entre
la lépre , maladie fi publique du temps
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE .
de Saint Louis , & la maladie fecrette
de nos jours. De-là une longue énumération
des foins que ce Saint Roi
prenoit des malades ; il les vifitoit dans
les Hôpitaux & panfoit leurs plaies. II
fe fanctifioit par la Chirurgie qu'il honoroit
, en employant fes mains facrées
à foulager fes Sujets par l'exercice de
cet art.
La lépre venoit d'Egypte , dit l'Auteur
, & le mal vénérien nous vient de
l'Amérique : on en eft redevable , ajoutet-
il, à la découverte de Chriftophe Colomb.
Voilà une vieille erreur qui ne fait
honte à perfonne , parce que c'eft àpeu-
près celle de tout le monde . Un
Hiftorien ne doit pas adopter légérement
les idées communes , fur- tout
lorfqu'il éxifte des faits certains qui
ôtent à ces idées bannales tout le crédit
qu'on leur donne mal-à-propos . Dom
Sanchez , fçavant Médecin Portugais
qui vit actuellement à Paris , après avoir
été premier Médecin de l'avant derniere
Impératrice des Ruffies , a publié un
Ouvrage il y a quelques années dans lequel
il prouve d'après des écrits authentiques
, que la maladie dont il s'agit étoit
connue en Europe avant le voyage de
Criftophe Colomb en Amérique . A la
AVRIL.
127 .
1763.
bonne heure qu'on y ait été plus attentif
depuis le fiége de Naples , parce
qu'elle a fait alors des ravages affreux
parmi les François , par le commerce
qu'ils ont eu avec des femmes gâtées
par les Efpagnols : mais cette maladie
date de plus loin ; & la Chirurgie de
Lanfranc de Milan , écrite à Paris en
1296 en fait foi. L'Auteur de l'Effai
Hiftorique connoît cet ouvrage ; il y
verra au Chapitre onzième de la troifiéme
doctrine du troifiéme Traité , que
le fic , le chancre & l'ulcére qui arrivent
en certain endroit du ccorps , viennent
d'un commerce impur ; ex commixtione
cum fedá muliere , quæ cum
agro talem habente morbum de novo
coierat. Peut- on exprimer plus correctement
la caufe du principe contagieux
qui fe communique d'un homme à un
autre par l'entremise d'une tierce perfonne
? Lanfranc va plus loin , & il indique
un préfervatif à celui qui recedit
à muliere quam habet fufpectam de immundicia.
Rien n'eft prouvé , fi ces
paffages ne font pas des argumens démonftratifs
de l'éxiftence du mal vénérien
avant la découverte de l'Amérique
.
Quand on veut écrire l'hiſtoire d'un
Eiv
128 MERCURE DE FRANCE.
Art , on ne peut puifer dans trop de four
ces , pourvu qu'on y apporte l'efprit de
difcernement convenable , pour faire un
bon ufage des chofes. Je ne crois pas ,
par exemple , que les circonftances particuliéres
de la vie privée d'un Médecin
puiffent être employées dans l'hiftoire
de la Médecine. Cependant quand
elles font finguliéres & fort honorables
on ne feroit pas blâmé d'en conferver
la mémoire. L'on n'eft pas fâché de
fçavoir que le fçavant Duret , Médecin
ordinaire de Charles IX & de Henri III,
étoit fi confidéré de fes maîtres , que
Henri III voulut conduire fa fille à
l'Eglife le jour de fon mariage. Sa Majefté
étoit à droite & le pere à gauche .
Le Roi ne fe contenta pas d'honorer
la noce de fa préfence , il fit don à la
mariée de toute la vaiffelle d'or & d'argent
qui avoit fervi au repas & qui
pouvoit monter , dit - on , à la fomme
de 40000 liv. Mais l'anecdote eſt-elle
fure ? L'Auteur ne nomme pas fon
garant. Elle eft rapportée à la tête des
OEuvres de Duret , dans la Préface
d'Adrien Peleryn Chrouet , Docteur en
Médecine . D'où celui - ci l'a - t-il tirée ?
L'Auteur de l'Effai Hiftorique pouvoit
la copier , mais il ne falloit pas obmettre
AVRIL. 1763. 129
la notice des ouvrages qui ont fait paffer
le nom de Duret à la poftérité . Cela
étoit effentiel à l'hiftoire de la Médecine
en France & l'on n'en dit mot ,
pour nous parler de la vaiffelle que le
Roi a donnée à la fille de ce Médecin
le jour de fes noces. Pourquoi encore
altérer le prix de ce préfent : il fe montoit
à 40000 florins & non point à
40000 livres , comme on l'avance .
Les Commentaires de Louis Duret
fur les prénotions coaques d'Hyppocrate
, n'ont été imprimés qu'après fa
mort par les foins de Jean Duret fon
fils , & font dédiés par celui – ci à
Henri III. Jean Duret eut fort jeune
la furvivance de fon pere à la Cour.
Il avoit deux freres , l'un Subſtitut du
Procureur Général au Parlement de
Paris dont il exerça les fonctions pendant
les
guerres civiles lorfque le Parlement
étoit à Tours ; & l'autre Préfident
de la Chambre des Comptes de Paris.
Tout cela eft dit pour faire honneur à
la Médecine en la perfonne de Duret
pere .
de la Médecine.
JAI promis des réfléxions fur l'origine
de la maladie qui eft le fruit de la débauche
, & qu'on prétend avoir été in- .
connue des Européens avant la découverte
du Nouveau-Monde. Cette matière
devoit-elle être l'objet de l'attention de
l'Auteur de l'Effai Hiſtorique fur la Médecine
en France ? Pour faire venir la
question , il nous donne , d'après la
traduction latine d'un Auteur Grec , la
defcription de la Lépre. Aretée , de Capadoce
, qui vivoit , à ce qu'on préfume ,
fous l'Empire de Néron , devoit bien
fe promettre que fes écrits feroient recommandables
à la poftérité la plus
reculée & leur
, ppaarr leur vérité
élégante, précifion ; mais que fon
Traité de la Lépre foit employé
comme pièce conftitutive dans l'hiſtoire
de la Médecine Françoife , c'eft à quoi
nous ne pouvions nous attendre . L'Auteur
s'eft permis cette expofition pour
établir les différences qu'il trouve entre
la lépre , maladie fi publique du temps
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE .
de Saint Louis , & la maladie fecrette
de nos jours. De-là une longue énumération
des foins que ce Saint Roi
prenoit des malades ; il les vifitoit dans
les Hôpitaux & panfoit leurs plaies. II
fe fanctifioit par la Chirurgie qu'il honoroit
, en employant fes mains facrées
à foulager fes Sujets par l'exercice de
cet art.
La lépre venoit d'Egypte , dit l'Auteur
, & le mal vénérien nous vient de
l'Amérique : on en eft redevable , ajoutet-
il, à la découverte de Chriftophe Colomb.
Voilà une vieille erreur qui ne fait
honte à perfonne , parce que c'eft àpeu-
près celle de tout le monde . Un
Hiftorien ne doit pas adopter légérement
les idées communes , fur- tout
lorfqu'il éxifte des faits certains qui
ôtent à ces idées bannales tout le crédit
qu'on leur donne mal-à-propos . Dom
Sanchez , fçavant Médecin Portugais
qui vit actuellement à Paris , après avoir
été premier Médecin de l'avant derniere
Impératrice des Ruffies , a publié un
Ouvrage il y a quelques années dans lequel
il prouve d'après des écrits authentiques
, que la maladie dont il s'agit étoit
connue en Europe avant le voyage de
Criftophe Colomb en Amérique . A la
AVRIL.
127 .
1763.
bonne heure qu'on y ait été plus attentif
depuis le fiége de Naples , parce
qu'elle a fait alors des ravages affreux
parmi les François , par le commerce
qu'ils ont eu avec des femmes gâtées
par les Efpagnols : mais cette maladie
date de plus loin ; & la Chirurgie de
Lanfranc de Milan , écrite à Paris en
1296 en fait foi. L'Auteur de l'Effai
Hiftorique connoît cet ouvrage ; il y
verra au Chapitre onzième de la troifiéme
doctrine du troifiéme Traité , que
le fic , le chancre & l'ulcére qui arrivent
en certain endroit du ccorps , viennent
d'un commerce impur ; ex commixtione
cum fedá muliere , quæ cum
agro talem habente morbum de novo
coierat. Peut- on exprimer plus correctement
la caufe du principe contagieux
qui fe communique d'un homme à un
autre par l'entremise d'une tierce perfonne
? Lanfranc va plus loin , & il indique
un préfervatif à celui qui recedit
à muliere quam habet fufpectam de immundicia.
Rien n'eft prouvé , fi ces
paffages ne font pas des argumens démonftratifs
de l'éxiftence du mal vénérien
avant la découverte de l'Amérique
.
Quand on veut écrire l'hiſtoire d'un
Eiv
128 MERCURE DE FRANCE.
Art , on ne peut puifer dans trop de four
ces , pourvu qu'on y apporte l'efprit de
difcernement convenable , pour faire un
bon ufage des chofes. Je ne crois pas ,
par exemple , que les circonftances particuliéres
de la vie privée d'un Médecin
puiffent être employées dans l'hiftoire
de la Médecine. Cependant quand
elles font finguliéres & fort honorables
on ne feroit pas blâmé d'en conferver
la mémoire. L'on n'eft pas fâché de
fçavoir que le fçavant Duret , Médecin
ordinaire de Charles IX & de Henri III,
étoit fi confidéré de fes maîtres , que
Henri III voulut conduire fa fille à
l'Eglife le jour de fon mariage. Sa Majefté
étoit à droite & le pere à gauche .
Le Roi ne fe contenta pas d'honorer
la noce de fa préfence , il fit don à la
mariée de toute la vaiffelle d'or & d'argent
qui avoit fervi au repas & qui
pouvoit monter , dit - on , à la fomme
de 40000 liv. Mais l'anecdote eſt-elle
fure ? L'Auteur ne nomme pas fon
garant. Elle eft rapportée à la tête des
OEuvres de Duret , dans la Préface
d'Adrien Peleryn Chrouet , Docteur en
Médecine . D'où celui - ci l'a - t-il tirée ?
L'Auteur de l'Effai Hiftorique pouvoit
la copier , mais il ne falloit pas obmettre
AVRIL. 1763. 129
la notice des ouvrages qui ont fait paffer
le nom de Duret à la poftérité . Cela
étoit effentiel à l'hiftoire de la Médecine
en France & l'on n'en dit mot ,
pour nous parler de la vaiffelle que le
Roi a donnée à la fille de ce Médecin
le jour de fes noces. Pourquoi encore
altérer le prix de ce préfent : il fe montoit
à 40000 florins & non point à
40000 livres , comme on l'avance .
Les Commentaires de Louis Duret
fur les prénotions coaques d'Hyppocrate
, n'ont été imprimés qu'après fa
mort par les foins de Jean Duret fon
fils , & font dédiés par celui – ci à
Henri III. Jean Duret eut fort jeune
la furvivance de fon pere à la Cour.
Il avoit deux freres , l'un Subſtitut du
Procureur Général au Parlement de
Paris dont il exerça les fonctions pendant
les
guerres civiles lorfque le Parlement
étoit à Tours ; & l'autre Préfident
de la Chambre des Comptes de Paris.
Tout cela eft dit pour faire honneur à
la Médecine en la perfonne de Duret
pere .
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Résumé : SUITE des Observations sur l'Histoire de la Médecine.
Le texte traite de l'origine et de l'apparition de la maladie vénérienne en Europe. L'auteur examine les affirmations selon lesquelles cette maladie était inconnue des Européens avant la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb. Pour illustrer cette question, il présente une description de la lèpre par Arétée de Cappadoce, vivant sous l'Empire de Néron, et compare cette maladie à la maladie vénérienne. Il mentionne également les soins apportés par Saint Louis aux lépreux et les différences entre la lèpre et la maladie vénérienne. L'auteur critique l'erreur commune selon laquelle la maladie vénérienne aurait été introduite en Europe par Colomb. Il cite Dom Sanchez, un médecin portugais, qui a prouvé que cette maladie était connue en Europe avant le voyage de Colomb. Des écrits authentiques, comme ceux de Lanfranc de Milan en 1296, attestent de l'existence de la maladie avant cette date. Le texte aborde également l'importance de l'esprit de discernement dans l'écriture de l'histoire de la médecine. Il mentionne des anecdotes sur Louis Duret, médecin de Charles IX et Henri III, et critique l'omission de détails essentiels dans l'histoire de la médecine en France. L'auteur souligne l'importance de conserver la mémoire des œuvres qui ont fait la renommée de certains médecins, comme les commentaires de Louis Duret sur les prénotions coques d'Hippocrate.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 130-133
LETTRE à M. DE LA PLACE, ou Réponse aux Observations sur l'Histoire de la Médecine.
Début :
VOUS ignoriez sans doute, Monsieur, que l'Essai Historique sur la Médecine [...]
Mots clefs :
Médecine, Faculté de médecine de Paris, Police, Édition
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à M. DE LA PLACE, ou Réponse aux Observations sur l'Histoire de la Médecine.
LETTRE à M. DE LA PLACE , ou
Réponse aux Obfervations fur l'Hiftoire
de la Médecine.
V OUS ignoriez fans doute , Monfieur ,
que l'Effai Hiftorique fur la Médecine
en France , tant critiqué par un Anonyme
dans votre premier Volume du
Mercure d'Avril à l'article Médecine
eft l'ouvrage de M. Chomel , ancien
Doyen de la Faculté de Médecine de
Paris , Médecin Vétéran du Roi , & qui
depuis plus de trente ans jouit de la
réputation la plus diftinguée .
*
Mais fi l'indifférence de M. Chomel
pour cette critique peu mefurée l'em-
Fêche d'y répondre , ma qualité de novice
& de fon élève me donne le
zèle néceffaire pour le faire pour lui..
* La preuve que je l'ignorois en effet , fe trouve
dans l'Annonce même que j'ai faite de cet Ouvrage
, dans le Mercure du mois de Décembre
1762. Les Auteurs qui croyent pour un temps:
devoir garder l'anonyme , devroient du moins..
fe faire connoître aux Journaliſtes auxquels ils
envoyent leurs ouvrages ; ce feroit le moyen de
prévenir fouvent les critiques qui peuvent leur
déplaire,
AVRIL 1763. 131 '
94
Je ne reléverai pas ce qu'il y a d'offenfant,
ce ne font pas des raifons. M. Chomel
n'a attaqué perfonne & il ne s'eft élevé
que contre des abus pernicieux au bien
public , contre les Empiriques , les Moi- ..
nes , les Eccléfiaftiques qui font la Mé
decine les Moines défroqués . S'il av
défigné M. Tronchin , c'eft parce qu'il
lui croit des torts réels dans une Préface
qu'il a miſe à la tête d'une Édition qu'il
a donnée des avres de Baillon. Il n'y
a rien d'ailleurs contre fa perfonne .
Quant à ce qui regarde Saint Come , je
renvoye aux recherches de Pafquier ,
qui prouvent que c'étoit une Confrairie
& nullement un Collége. Au fujet de
Lanfranc , il fuffit de citer fes propres
termes & ceux de Guy de Chauliac par
lefquels on voit inconteftablement , ainfi
que parles Lettres de Philippe le Bel,
quel étoit alors l'état de la Chirurgie
en France . A l'égard de Jean Pitard ,
il n'y a que les Lettres de 1311 qui en
parlent & il étoit Chirurgien -Juré du
Châtelet , ce qui lui donnoit droit &
autorité de former une Communauté
dont il étoit le chef; ce qui non -feulement
ne fait rien au foi- difant Collége ,
mais prouve contre lui & démontre
que la police qu'on vouloit établir dans
F vj
132 MERCURE
DE FRANCE
.
les arts & métiers, étoit une police nouvelle
& légale fous la feule autorité du
Prévôt de Paris . Je ne vous parlèrai
point des mots Cyrurgicus & Phyficus
prendre
qu'on veut abfolument
fair
pour des adjectifs : ces prétentions font
un peu trop romanefques
. On trouve
dans tous les anciens titres Phyficus
Domini Regis pour défigner le Médecin
du Roi . Un reproche plus étonnant
encore , eft celui qu'on fait à
M. Chomel de n'avoir pas parlé de Fernel
, de Baillon , & de Riolan. Comment
pouvoit-il en parler ? Il en eft reſté
au règne de Saint Louis. Devoit - il
bouleverfer toute la Chronologie
pour
parler de ces Médecins ? Je ne fuis pas
moins furpris de voir appeller le Livre
de la Metrie une invective raifonnée.
Ignore-t- on , ou a-t-on oublié que
cette fatyre indécente a été brûlée par
la main du Bourreau ? J'en refterai là ,
Monfieur , & c'en eft affez pour répondre
à la premiére partie de la critique
qui fe trouve dans le premier Mercure
de ce mois. Si la difpute s'étoit annoncée
purement littéraire , peut- être M. Chomel,
auroit-il répondu par la même voie ,
qui , fans doute , ne lui auroit pas été
refufée. Une nouvelle édition détaillera
AVRIL. 1763. 133
tous ces faits , qui ne font qu'énoncés
dans l'Effai Hiftorique.
J'ai l'honneur d'être , & c.
PHILIPPE , Médecin de la Faculté de Paris.
Réponse aux Obfervations fur l'Hiftoire
de la Médecine.
V OUS ignoriez fans doute , Monfieur ,
que l'Effai Hiftorique fur la Médecine
en France , tant critiqué par un Anonyme
dans votre premier Volume du
Mercure d'Avril à l'article Médecine
eft l'ouvrage de M. Chomel , ancien
Doyen de la Faculté de Médecine de
Paris , Médecin Vétéran du Roi , & qui
depuis plus de trente ans jouit de la
réputation la plus diftinguée .
*
Mais fi l'indifférence de M. Chomel
pour cette critique peu mefurée l'em-
Fêche d'y répondre , ma qualité de novice
& de fon élève me donne le
zèle néceffaire pour le faire pour lui..
* La preuve que je l'ignorois en effet , fe trouve
dans l'Annonce même que j'ai faite de cet Ouvrage
, dans le Mercure du mois de Décembre
1762. Les Auteurs qui croyent pour un temps:
devoir garder l'anonyme , devroient du moins..
fe faire connoître aux Journaliſtes auxquels ils
envoyent leurs ouvrages ; ce feroit le moyen de
prévenir fouvent les critiques qui peuvent leur
déplaire,
AVRIL 1763. 131 '
94
Je ne reléverai pas ce qu'il y a d'offenfant,
ce ne font pas des raifons. M. Chomel
n'a attaqué perfonne & il ne s'eft élevé
que contre des abus pernicieux au bien
public , contre les Empiriques , les Moi- ..
nes , les Eccléfiaftiques qui font la Mé
decine les Moines défroqués . S'il av
défigné M. Tronchin , c'eft parce qu'il
lui croit des torts réels dans une Préface
qu'il a miſe à la tête d'une Édition qu'il
a donnée des avres de Baillon. Il n'y
a rien d'ailleurs contre fa perfonne .
Quant à ce qui regarde Saint Come , je
renvoye aux recherches de Pafquier ,
qui prouvent que c'étoit une Confrairie
& nullement un Collége. Au fujet de
Lanfranc , il fuffit de citer fes propres
termes & ceux de Guy de Chauliac par
lefquels on voit inconteftablement , ainfi
que parles Lettres de Philippe le Bel,
quel étoit alors l'état de la Chirurgie
en France . A l'égard de Jean Pitard ,
il n'y a que les Lettres de 1311 qui en
parlent & il étoit Chirurgien -Juré du
Châtelet , ce qui lui donnoit droit &
autorité de former une Communauté
dont il étoit le chef; ce qui non -feulement
ne fait rien au foi- difant Collége ,
mais prouve contre lui & démontre
que la police qu'on vouloit établir dans
F vj
132 MERCURE
DE FRANCE
.
les arts & métiers, étoit une police nouvelle
& légale fous la feule autorité du
Prévôt de Paris . Je ne vous parlèrai
point des mots Cyrurgicus & Phyficus
prendre
qu'on veut abfolument
fair
pour des adjectifs : ces prétentions font
un peu trop romanefques
. On trouve
dans tous les anciens titres Phyficus
Domini Regis pour défigner le Médecin
du Roi . Un reproche plus étonnant
encore , eft celui qu'on fait à
M. Chomel de n'avoir pas parlé de Fernel
, de Baillon , & de Riolan. Comment
pouvoit-il en parler ? Il en eft reſté
au règne de Saint Louis. Devoit - il
bouleverfer toute la Chronologie
pour
parler de ces Médecins ? Je ne fuis pas
moins furpris de voir appeller le Livre
de la Metrie une invective raifonnée.
Ignore-t- on , ou a-t-on oublié que
cette fatyre indécente a été brûlée par
la main du Bourreau ? J'en refterai là ,
Monfieur , & c'en eft affez pour répondre
à la premiére partie de la critique
qui fe trouve dans le premier Mercure
de ce mois. Si la difpute s'étoit annoncée
purement littéraire , peut- être M. Chomel,
auroit-il répondu par la même voie ,
qui , fans doute , ne lui auroit pas été
refufée. Une nouvelle édition détaillera
AVRIL. 1763. 133
tous ces faits , qui ne font qu'énoncés
dans l'Effai Hiftorique.
J'ai l'honneur d'être , & c.
PHILIPPE , Médecin de la Faculté de Paris.
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Résumé : LETTRE à M. DE LA PLACE, ou Réponse aux Observations sur l'Histoire de la Médecine.
La lettre adressée à M. de La Place répond aux critiques anonymes publiées dans le Mercure d'avril concernant l'ouvrage historique sur la médecine en France de M. Chomel, ancien doyen de la Faculté de Médecine de Paris. Philippe, élève de M. Chomel, explique que ce dernier n'a pas répondu par indifférence. Philippe souligne que M. Chomel n'a attaqué personne mais a critiqué des abus publics, notamment les empiriques, les moines et les ecclésiastiques pratiquant la médecine. Il défend également les choix éditoriaux de M. Chomel concernant les périodes historiques couvertes dans son ouvrage. Philippe mentionne que les critiques sur l'absence de certains médecins comme Fernel, Baillon et Riolan sont infondées, car l'ouvrage se concentre sur la période du règne de Saint Louis. Il conclut en affirmant que M. Chomel pourrait répondre plus en détail dans une nouvelle édition de son ouvrage.
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3
p. 133-135
LETTRE A L'AUTEUR DU MERCURE. REMEDE CONTRE L'HYDROPISIE.
Début :
Je crois devoir, Monsieur, vous faire part, par principe de Religion, & par [...]
Mots clefs :
Remède, Cendre, Malade, Hydropisie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE A L'AUTEUR DU MERCURE. REMEDE CONTRE L'HYDROPISIE.
LETTRE A L'AUTEUR DU
MERCURE.
REMEDE CONTRE L'HYDROPISIE .
E Je crois devoir , Monfieur , vous faire
part , par principe de Religion , & par
fenfibilité aux différentes maladies qui
attaquent le corps humain , d'un reméde
que j'ai contre l'hydropifie , efpéce
de maladie à laquelle nos Payfans
de cette Province font extrêmement
fujets. L'expérience heureufe que je
fais de ce reméde m'engage à vous
prier de l'inférer dans votre Mercure ;
rien n'eft plus fimple que ce reméde :
le voici.
On fait faire trois fagots de trois différens
bois , fçavoir de houx , de fureau
& de frefne , tous les trois de poids
égal ; on les brule enſemble , après quoi
on en paffe la cendre par un tamis
bien fin ; on , la met enfuite dans un
134 MERCURE DE FRANCE.
pot ou autre vafe bien couvert. Il faut
obferver qu'il faut couper ces différens
bois dans les deux temps de la féve ,
comme au mois de Mai ou au mois
d'Août , & les bruler auffitôt qu'ils font
coupés. Comme on a beaucoup de peine
à allumer ces bois verts je me fers
d'un réchaud rempli de braife que je
mets fous ces bois pour les allumer. Dès
que le feu eft bien pris , on retire le
réchaud avec la braize qui y étoit , afin
qu'il n'entre rien d'étranger dans la cen
dre . Il faut obferver que pour bien faire
confommer cette cendre , on a foin ,
après que tous les bois font brulés , de
la raffembler dans un tas ; on la couvre
enfuite , & on la laiffè dans la cheminée
l'efpace de trente- fix heures au
moins , enfuite on la paffe par le tamis
le plus fin. On donne au malade le poids
d'un liard de cette cendre dans une demie
chopine de vin blanc , que l'on répand
dans un vafe de terre ou autre ,
pourvu qu'il ne foit point de bois, parce
que cette cendre s'y attacheroit ; on la
mêle de même avec un inftrument qui
ne foit point de bois , après quoi on
donne le tout à boire au malade que
l'on a foin de bien couvrir , afin de le
faire fuer ; & trois ou quatre heures
AVRIL. 1763. 135
après on lui donne un potage. Il fautrecommander
au malade de n'ufer ni
de lait , ni de galette , ou autre nourriture
groffière, pendant cinq ou fix mois.
Ce reméde peut fe répéter jufqu'à trois
fois , pourvu que l'on laiffe huit jours
d'intervalle entre chaque prife. Voilà ,
Monfieur , le reméde dont j'ai cru devoir
vous inftruire ; il feroit inutile pour
une hydropifie de poitrine formée, mais
pour toute autre efpéce d'hydropific il
eft excellent , & je l'éprouve tous les
jours avec le plus grand fuccès.
J'ai l'honneur d'être , & c.
DULAS , Gentilhomme de Rennes en Bretagne..
MERCURE.
REMEDE CONTRE L'HYDROPISIE .
E Je crois devoir , Monfieur , vous faire
part , par principe de Religion , & par
fenfibilité aux différentes maladies qui
attaquent le corps humain , d'un reméde
que j'ai contre l'hydropifie , efpéce
de maladie à laquelle nos Payfans
de cette Province font extrêmement
fujets. L'expérience heureufe que je
fais de ce reméde m'engage à vous
prier de l'inférer dans votre Mercure ;
rien n'eft plus fimple que ce reméde :
le voici.
On fait faire trois fagots de trois différens
bois , fçavoir de houx , de fureau
& de frefne , tous les trois de poids
égal ; on les brule enſemble , après quoi
on en paffe la cendre par un tamis
bien fin ; on , la met enfuite dans un
134 MERCURE DE FRANCE.
pot ou autre vafe bien couvert. Il faut
obferver qu'il faut couper ces différens
bois dans les deux temps de la féve ,
comme au mois de Mai ou au mois
d'Août , & les bruler auffitôt qu'ils font
coupés. Comme on a beaucoup de peine
à allumer ces bois verts je me fers
d'un réchaud rempli de braife que je
mets fous ces bois pour les allumer. Dès
que le feu eft bien pris , on retire le
réchaud avec la braize qui y étoit , afin
qu'il n'entre rien d'étranger dans la cen
dre . Il faut obferver que pour bien faire
confommer cette cendre , on a foin ,
après que tous les bois font brulés , de
la raffembler dans un tas ; on la couvre
enfuite , & on la laiffè dans la cheminée
l'efpace de trente- fix heures au
moins , enfuite on la paffe par le tamis
le plus fin. On donne au malade le poids
d'un liard de cette cendre dans une demie
chopine de vin blanc , que l'on répand
dans un vafe de terre ou autre ,
pourvu qu'il ne foit point de bois, parce
que cette cendre s'y attacheroit ; on la
mêle de même avec un inftrument qui
ne foit point de bois , après quoi on
donne le tout à boire au malade que
l'on a foin de bien couvrir , afin de le
faire fuer ; & trois ou quatre heures
AVRIL. 1763. 135
après on lui donne un potage. Il fautrecommander
au malade de n'ufer ni
de lait , ni de galette , ou autre nourriture
groffière, pendant cinq ou fix mois.
Ce reméde peut fe répéter jufqu'à trois
fois , pourvu que l'on laiffe huit jours
d'intervalle entre chaque prife. Voilà ,
Monfieur , le reméde dont j'ai cru devoir
vous inftruire ; il feroit inutile pour
une hydropifie de poitrine formée, mais
pour toute autre efpéce d'hydropific il
eft excellent , & je l'éprouve tous les
jours avec le plus grand fuccès.
J'ai l'honneur d'être , & c.
DULAS , Gentilhomme de Rennes en Bretagne..
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Résumé : LETTRE A L'AUTEUR DU MERCURE. REMEDE CONTRE L'HYDROPISIE.
Dans une lettre adressée à l'éditeur du Mercure, un auteur partage un remède contre l'hydropisie, une maladie courante dans sa province. Le traitement consiste à brûler trois fagots de bois de houx, de sureau et de frêne, coupés en mai ou en août, puis à tamiser la cendre obtenue. Cette cendre est mélangée à du vin blanc et administrée au malade, qui doit être bien couvert pour transpirer. Après quelques heures, un potage est donné au patient, qui doit éviter le lait et les aliments grossiers pendant cinq à six mois. Le traitement peut être répété jusqu'à trois fois, avec un intervalle de huit jours entre chaque prise. L'auteur précise que ce remède est efficace pour toutes les formes d'hydropisie sauf celle de la poitrine. Il se présente comme Dulas, gentilhomme de Rennes en Bretagne.
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