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1
p. 265-284
Extrait d'une Lettre de M. Galiczon, Evêque d'Agathople, & Coadjuteur de Babylone, à M... A Teflis ce 3. Août 1711.
Début :
Monsieur, J'ai eu l'honneur de vous écrire vers [...]
Mots clefs :
Géorgie, Arméniens, Agathople, Babylone, Teflis, Catholique, Christianisme
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de M. Galiczon, Evêque d'Agathople, & Coadjuteur de Babylone, à M... A Teflis ce 3. Août 1711.
Extrait d'une Lettre de M.
Galiczon , Evêque d'Aga
thople , Coadjuteur de
Babylone, à M.....
A Teflis ce 3. Août 1711,
MONSIEUR,
J'ai eu l'honneur de vous
écrire vers le 15. Juin à nôtre débarquement de la
Mer noire , en un lieu où
rade appellée Arkaval, dans
le Bachalie ou GouverneMANY 7
266 MERCURE
ment de Calfikais , qui faifoit une partie de l'ancien
Royaume de Georgie , de
laquelle les Turcs ont prefque banni la Religion
Chrétienne à force d'impôts & d'avanies qu'ils ont
exercez fur les habitans.
Nous avons été obligez de
prendre cette route pour
paffer en Perfe ; & le 16. Juin
au matin nous montâmes
fur de méchans chevaux du
pays avec leurs bats , conduits par des Turcs , dont
un particulier , qui étoit
leur Mouffa , penfa , fur les
1
GALANT. 267.
deux heures aprés midi, fur
une coline entre des bois,
tuer M. Richard d'une grof
fe pierre , & nous faire affaffiner par tous ces infide
les. Il n'y a que les hommes
& les chevaux du pays qui
puiffent paffer par les montagnes affreufes , les bois
entrecoupez, les torrens , &
les routes eſcarpées par lef
quelles ces gens - là nous
menerent pendant plu
fieurs jours. Nous arrivâmes enfin à Calfikais le
Mercredi, Nos caracteres
n'étoient point connus , &
1
Zij
268 MERCURE
nous paſſions comme de
pauvres Marchands François ; ce qui nous avoit obligez de laiffer tout à Conftantinople,principalement
nos livres & breviaires.
A nôtre arrivée à Calfikais , quantité d'Armeniens
Catholiques en avoient rencontré deux de nôtre troupe , qui , quoique Schiſmatiques , nous avoient été
d'un grand fecours dans
plufieurs occafions dangereuſes. Dansune prairie un
Douannier vifita nos harJes , & nous contraignit de
GALANT. 269
lui donner dix piaftres ,
quoique nous n'euffions
rien qu'à nôtre uſage. Enfuite ces Armeniens nous
menerent à un endroit prés
les murailles , où nôtre gui-.
de nous étoit allé prendre
un logement chez une pauvre veuve , afin que nous
ne fuffions point obligez de
paroître dans la ville. Nôtre guide nous avoit fait
faire des prefens que nous
avions achetez à la femme
& au fils du Bacha , qu'il
leur étoit allé porter fur la "
route à une maiſon de camZ iij .
270 MERCURE
ई
pagne , & dont il tira une
lettre de recommandation
pour le Muffalem qui commandoit dans l'abſence du
Bacha. Cette lettre , nôtre
ferment , & nôtre bojour
dy, les prefens que nôtre
guide nous fit auffi faire au
Doüannier, au Muffalem &
au Soubachi , n'empêcherent pas tous ces gens- là de
nous avanizer étrangement, & principalement le
Muffalem , qui aprés avoir
reçû nos prefens nous prit
pour des efpions , & crut
volontiers les Armeniens.
GALANT. 271
Schifmatiques, qui ne manquerent pas d'aller lui dire
que nous voulions paffer
en Georgie pour nous rendre chez les Mofcovites ,
& que nôtre deffein étoit
d'exciter à la revolte les
Armeniens Catholiques ,
quifont à Calfikais au nombre d'environ foixante familles. Nous fûmes gardez
à vûë , on nous retint nôtre
ferment & nôtre bojourdy,
on nous voulut obliger
d'attendre le retour du Bacha ; enfin on ne nous laiffa
paffer qu'à force d'argent ,
Z iiij
272 MERCURE
& fi on eût découvert qui
nous étions , jamais nous
n'euffions paffé.
Nous partîmes la nuit du
. 28. au 29. à minuit : mais
comme nous montions à
cheval , il vint deux Janiffaires le coûteau tiré fur
nous , que nous ne pûmes
appailer qu'avec de l'ar
gent.
Le 30. fête de faint Paul ,
nous entrâmes fur les ter-.
res de Georgie , qui eſt un
pays Chrétien dépendant
du Roy de Perfe. La joye
que nous eûmes de retrou
1.
GALANT. 273
ver la Croix dans le che-.
min , des Eglifes Chrétiennes en chaque village , &
des habitans tous Chré-.
tiens , nous remit un peude
nos fatigues. Nous arrivâmes le 2. de Juillet à Teflis ,
Capitale de Georgie , où
les Peres Capucins Italiens,
qui vinrent avec beaucoup
de Catholiques au devant
de nous , nous menerent logerrchez eux. Ils étoient ra-.
vis d'y voir un Evêque Latin , n'y en ayant jamais eu
depuis foixante ans qu'ils .
font établis. Ils m'ont fait
274 MERCURE
officier le Dimanche cinq
Juillet , & le Vendredi fuivant , aufquels ils folemnifent la Nativité de faint
Jean- Baptifte & la fête de
faint Pierre & faint Paul ,
felon le vieux Calendrier
qu'ils fuivent avec les Georgiens & Armeniens.
Ils m'ont mené faluer le
Prince de Georgie , qui
commande à la place de
fon frere , qui eft Generaliffime du Roy de Perfe au
fiege de la fortereſſe de
Candahar , qu'il eſt allé reprendre vers le Mogol. J'ai
GALANT. 275
vû aufli ſon autre frere , &
plufieurs perfonnes de la
famille Royale , tous Chrétiens , & qui nous demandent des nouvelles des guerres de la Chrétienté. Ils furent affligez de la mort de
l'Empereur , dont la nouvelle vint à
Conftantinople
à nôtre départ.
Onapreffé plufieurs fois
le Prince qui commande
de fe faire Mahometan :
mais il eft toûjours demeuré ferme , offrant de quitter
plûtôt le commandement
que la Religion Chrétien
$
276 MERCURE
ne, & s'excufant auprés du
Roy de Perfe fur un vœu
particulier qu'il avoit fait
de la profeffer toûjours. Le
nom de ce Prince eft Vak--
tank..
C'eft une chofe confolante de voir qu'un pays
auffi refferré que la Geor--
gie par les Infideles , s'eft
toûjours confervé dans le
Chriftianifme depuis que
les Perfans l'ont fubjugué..
On compte à Teflis treize:
Eglifes Georgiennes , &
neufArmeniennes , & celle:
des Peres Capucins , qui eſt:
GALANT. 277
affez grande & tous lesjours
remplie de Catholiques. Il
y a dans la Citadelle , qui
eft vafte, fept Eglifes Georgiennes mais comme les
Mahometans feuls y de
meurent , ils les ont profanées. Ils y ont feulement
deux Molquées , & deux
dans la ville , mais fans minarets ou tours pour appeller à leurs prieres ; au
lieu que nous entendons de
côté & d'autre les cloches
des Chrétiens , qui ont de
grands clochers ou tours
depierres fur une partie de
278 MERCURE
leurs Eglifes. Les Georgiens le difent defcendus
des Iberiens venus d'Efpagne.
J'ai vu officier le 11. Juillet leur Catholicos , qui à
fous lui cinquante - deux
Archevêques ou Evêques.
Il y avoit trois Archevêques.
& neuf Prêtres qui celebroient la Meſſe avec lui :
le refte du Clergé y ſervoit
& les Chantres laïques
ayant un Prêtre ou Religieux à leur tête, faifoient
une fymphonie affez grave
dans la nefà côté gauche.
GALANT. 279
Le Prince ayant fçûlaveille
que je devois aller voir of
ficier le Catholicos , qui eſt
fon frere , avoit donné ordre que j'y euffe toute la
fatisfaction que je pourrois
defirer.
Maplus grande peine à
Teflis a été d'entendre à
mon arrivée les plaintes
des Miffionnaires fur le pitoyable état de leur Mif
fion : ils medirent qu'à peine M. Michel , Envoyé du
Royà la Cour de Perfe , où
il leuravoit obtenu & à toutes les Miffions plufieurs
a
280 MERCURE
commandemens favora
bles , étoit forti du Royaume,que la perfecution avoit
recommencé. Les Armeniens vinrent affieger l'Eglife & la maifon des Peres , qu'ils vouloient tuer :
ne pouvant y reuſfir , ils allerent piller dix-huit maifons des Catholiques , &en
battirent pluſieurs , qu'ils
laifferent comme morts
fans qu'on en pût avoir juſtice.
1
Les Armeniens font venus pour fermer la porte
de l'Eglife des Peres de TeAlis .
GALANT. 281
>
Alis & celle de Gori en
Georgie, qui n'attend que
le moment de l'être , comme le font déja celles de
Gangia , de Chamoké , &
de Tauris.
Celle de Gangia fouffre
depuis ce temps - là une fi
cruelle perfecution , que le
Superieur aété mis plufieurs
fois fous le bâton , & avanizé de trés- groſſe ſomme.
Enfin l'ayant été encore depuis peu , il a été obligé de
s'enfuir vers la Mofcovie ,
&fon compagnonà Teflis,
où il fe refugia en ma pre-
·May 1712.
Aa
282 MERCURE
fence chez les Peres..
La Miffion de Tauris ,
poffedée par les Reverends
Peres Capucins de la Province de Touraine , aprés
plufieurs perfecutions , fut
fermée le 11. Janvier , en
forte que les Peres font demeurez fans communica
tion &fans fecours ; & j'ap
prends que le Patriarche
veutdonnerle dernier coup
aux Miffions , & chaffer en
tierement les Miffionnaires. Ce Patriarche a tellement le deffus , que dans le
Ragan ou écrit qu'il a ob-
GALANT. 283
tenu , il eſt marqué que fi
le Patriarche ne voulant pas
qu'ils reftent dans les lieux
où ils font , & qui font fpecifiez , comme Hifpahan ,
Jutpha , Hamadan , Chiras , Tauris , Gangia, Chamaquiés, Teflis, &tous autres qui font dans le Royaume, & s'il a deffem d'acheter
leurs maiſons , il pourra les
faire vendre fuivant l'efti
mation du Juge de la ville.
Le Prince de Teflis m'a
donné mille marques d'affection ; il m'a donné un
repas à fa maiſon de plaiAa ij
284 MERCURE
fance avec , avec quantité de
Prelats & Seigneurs de ſa
Cour , & m'a fait preſent
d'un cheval , &c. V. S.
SHQIP
Cette Lettre eft trés- -
curieufe , en ce qu'elle
fait voir naïvement l'é
tat où eft à preſent le
Chriftianifme dans ces
pays- là , d'où l'on reçoit
peu de nouvelles auffi
certaines que celles- ci
Galiczon , Evêque d'Aga
thople , Coadjuteur de
Babylone, à M.....
A Teflis ce 3. Août 1711,
MONSIEUR,
J'ai eu l'honneur de vous
écrire vers le 15. Juin à nôtre débarquement de la
Mer noire , en un lieu où
rade appellée Arkaval, dans
le Bachalie ou GouverneMANY 7
266 MERCURE
ment de Calfikais , qui faifoit une partie de l'ancien
Royaume de Georgie , de
laquelle les Turcs ont prefque banni la Religion
Chrétienne à force d'impôts & d'avanies qu'ils ont
exercez fur les habitans.
Nous avons été obligez de
prendre cette route pour
paffer en Perfe ; & le 16. Juin
au matin nous montâmes
fur de méchans chevaux du
pays avec leurs bats , conduits par des Turcs , dont
un particulier , qui étoit
leur Mouffa , penfa , fur les
1
GALANT. 267.
deux heures aprés midi, fur
une coline entre des bois,
tuer M. Richard d'une grof
fe pierre , & nous faire affaffiner par tous ces infide
les. Il n'y a que les hommes
& les chevaux du pays qui
puiffent paffer par les montagnes affreufes , les bois
entrecoupez, les torrens , &
les routes eſcarpées par lef
quelles ces gens - là nous
menerent pendant plu
fieurs jours. Nous arrivâmes enfin à Calfikais le
Mercredi, Nos caracteres
n'étoient point connus , &
1
Zij
268 MERCURE
nous paſſions comme de
pauvres Marchands François ; ce qui nous avoit obligez de laiffer tout à Conftantinople,principalement
nos livres & breviaires.
A nôtre arrivée à Calfikais , quantité d'Armeniens
Catholiques en avoient rencontré deux de nôtre troupe , qui , quoique Schiſmatiques , nous avoient été
d'un grand fecours dans
plufieurs occafions dangereuſes. Dansune prairie un
Douannier vifita nos harJes , & nous contraignit de
GALANT. 269
lui donner dix piaftres ,
quoique nous n'euffions
rien qu'à nôtre uſage. Enfuite ces Armeniens nous
menerent à un endroit prés
les murailles , où nôtre gui-.
de nous étoit allé prendre
un logement chez une pauvre veuve , afin que nous
ne fuffions point obligez de
paroître dans la ville. Nôtre guide nous avoit fait
faire des prefens que nous
avions achetez à la femme
& au fils du Bacha , qu'il
leur étoit allé porter fur la "
route à une maiſon de camZ iij .
270 MERCURE
ई
pagne , & dont il tira une
lettre de recommandation
pour le Muffalem qui commandoit dans l'abſence du
Bacha. Cette lettre , nôtre
ferment , & nôtre bojour
dy, les prefens que nôtre
guide nous fit auffi faire au
Doüannier, au Muffalem &
au Soubachi , n'empêcherent pas tous ces gens- là de
nous avanizer étrangement, & principalement le
Muffalem , qui aprés avoir
reçû nos prefens nous prit
pour des efpions , & crut
volontiers les Armeniens.
GALANT. 271
Schifmatiques, qui ne manquerent pas d'aller lui dire
que nous voulions paffer
en Georgie pour nous rendre chez les Mofcovites ,
& que nôtre deffein étoit
d'exciter à la revolte les
Armeniens Catholiques ,
quifont à Calfikais au nombre d'environ foixante familles. Nous fûmes gardez
à vûë , on nous retint nôtre
ferment & nôtre bojourdy,
on nous voulut obliger
d'attendre le retour du Bacha ; enfin on ne nous laiffa
paffer qu'à force d'argent ,
Z iiij
272 MERCURE
& fi on eût découvert qui
nous étions , jamais nous
n'euffions paffé.
Nous partîmes la nuit du
. 28. au 29. à minuit : mais
comme nous montions à
cheval , il vint deux Janiffaires le coûteau tiré fur
nous , que nous ne pûmes
appailer qu'avec de l'ar
gent.
Le 30. fête de faint Paul ,
nous entrâmes fur les ter-.
res de Georgie , qui eſt un
pays Chrétien dépendant
du Roy de Perfe. La joye
que nous eûmes de retrou
1.
GALANT. 273
ver la Croix dans le che-.
min , des Eglifes Chrétiennes en chaque village , &
des habitans tous Chré-.
tiens , nous remit un peude
nos fatigues. Nous arrivâmes le 2. de Juillet à Teflis ,
Capitale de Georgie , où
les Peres Capucins Italiens,
qui vinrent avec beaucoup
de Catholiques au devant
de nous , nous menerent logerrchez eux. Ils étoient ra-.
vis d'y voir un Evêque Latin , n'y en ayant jamais eu
depuis foixante ans qu'ils .
font établis. Ils m'ont fait
274 MERCURE
officier le Dimanche cinq
Juillet , & le Vendredi fuivant , aufquels ils folemnifent la Nativité de faint
Jean- Baptifte & la fête de
faint Pierre & faint Paul ,
felon le vieux Calendrier
qu'ils fuivent avec les Georgiens & Armeniens.
Ils m'ont mené faluer le
Prince de Georgie , qui
commande à la place de
fon frere , qui eft Generaliffime du Roy de Perfe au
fiege de la fortereſſe de
Candahar , qu'il eſt allé reprendre vers le Mogol. J'ai
GALANT. 275
vû aufli ſon autre frere , &
plufieurs perfonnes de la
famille Royale , tous Chrétiens , & qui nous demandent des nouvelles des guerres de la Chrétienté. Ils furent affligez de la mort de
l'Empereur , dont la nouvelle vint à
Conftantinople
à nôtre départ.
Onapreffé plufieurs fois
le Prince qui commande
de fe faire Mahometan :
mais il eft toûjours demeuré ferme , offrant de quitter
plûtôt le commandement
que la Religion Chrétien
$
276 MERCURE
ne, & s'excufant auprés du
Roy de Perfe fur un vœu
particulier qu'il avoit fait
de la profeffer toûjours. Le
nom de ce Prince eft Vak--
tank..
C'eft une chofe confolante de voir qu'un pays
auffi refferré que la Geor--
gie par les Infideles , s'eft
toûjours confervé dans le
Chriftianifme depuis que
les Perfans l'ont fubjugué..
On compte à Teflis treize:
Eglifes Georgiennes , &
neufArmeniennes , & celle:
des Peres Capucins , qui eſt:
GALANT. 277
affez grande & tous lesjours
remplie de Catholiques. Il
y a dans la Citadelle , qui
eft vafte, fept Eglifes Georgiennes mais comme les
Mahometans feuls y de
meurent , ils les ont profanées. Ils y ont feulement
deux Molquées , & deux
dans la ville , mais fans minarets ou tours pour appeller à leurs prieres ; au
lieu que nous entendons de
côté & d'autre les cloches
des Chrétiens , qui ont de
grands clochers ou tours
depierres fur une partie de
278 MERCURE
leurs Eglifes. Les Georgiens le difent defcendus
des Iberiens venus d'Efpagne.
J'ai vu officier le 11. Juillet leur Catholicos , qui à
fous lui cinquante - deux
Archevêques ou Evêques.
Il y avoit trois Archevêques.
& neuf Prêtres qui celebroient la Meſſe avec lui :
le refte du Clergé y ſervoit
& les Chantres laïques
ayant un Prêtre ou Religieux à leur tête, faifoient
une fymphonie affez grave
dans la nefà côté gauche.
GALANT. 279
Le Prince ayant fçûlaveille
que je devois aller voir of
ficier le Catholicos , qui eſt
fon frere , avoit donné ordre que j'y euffe toute la
fatisfaction que je pourrois
defirer.
Maplus grande peine à
Teflis a été d'entendre à
mon arrivée les plaintes
des Miffionnaires fur le pitoyable état de leur Mif
fion : ils medirent qu'à peine M. Michel , Envoyé du
Royà la Cour de Perfe , où
il leuravoit obtenu & à toutes les Miffions plufieurs
a
280 MERCURE
commandemens favora
bles , étoit forti du Royaume,que la perfecution avoit
recommencé. Les Armeniens vinrent affieger l'Eglife & la maifon des Peres , qu'ils vouloient tuer :
ne pouvant y reuſfir , ils allerent piller dix-huit maifons des Catholiques , &en
battirent pluſieurs , qu'ils
laifferent comme morts
fans qu'on en pût avoir juſtice.
1
Les Armeniens font venus pour fermer la porte
de l'Eglife des Peres de TeAlis .
GALANT. 281
>
Alis & celle de Gori en
Georgie, qui n'attend que
le moment de l'être , comme le font déja celles de
Gangia , de Chamoké , &
de Tauris.
Celle de Gangia fouffre
depuis ce temps - là une fi
cruelle perfecution , que le
Superieur aété mis plufieurs
fois fous le bâton , & avanizé de trés- groſſe ſomme.
Enfin l'ayant été encore depuis peu , il a été obligé de
s'enfuir vers la Mofcovie ,
&fon compagnonà Teflis,
où il fe refugia en ma pre-
·May 1712.
Aa
282 MERCURE
fence chez les Peres..
La Miffion de Tauris ,
poffedée par les Reverends
Peres Capucins de la Province de Touraine , aprés
plufieurs perfecutions , fut
fermée le 11. Janvier , en
forte que les Peres font demeurez fans communica
tion &fans fecours ; & j'ap
prends que le Patriarche
veutdonnerle dernier coup
aux Miffions , & chaffer en
tierement les Miffionnaires. Ce Patriarche a tellement le deffus , que dans le
Ragan ou écrit qu'il a ob-
GALANT. 283
tenu , il eſt marqué que fi
le Patriarche ne voulant pas
qu'ils reftent dans les lieux
où ils font , & qui font fpecifiez , comme Hifpahan ,
Jutpha , Hamadan , Chiras , Tauris , Gangia, Chamaquiés, Teflis, &tous autres qui font dans le Royaume, & s'il a deffem d'acheter
leurs maiſons , il pourra les
faire vendre fuivant l'efti
mation du Juge de la ville.
Le Prince de Teflis m'a
donné mille marques d'affection ; il m'a donné un
repas à fa maiſon de plaiAa ij
284 MERCURE
fance avec , avec quantité de
Prelats & Seigneurs de ſa
Cour , & m'a fait preſent
d'un cheval , &c. V. S.
SHQIP
Cette Lettre eft trés- -
curieufe , en ce qu'elle
fait voir naïvement l'é
tat où eft à preſent le
Chriftianifme dans ces
pays- là , d'où l'on reçoit
peu de nouvelles auffi
certaines que celles- ci
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Résumé : Extrait d'une Lettre de M. Galiczon, Evêque d'Agathople, & Coadjuteur de Babylone, à M... A Teflis ce 3. Août 1711.
La lettre de M. Galiczon, Évêque d'Aga thople et Coadjuteur de Babylone, datée du 3 août 1711 à Teflis, relate les péripéties de son voyage depuis la Mer Noire jusqu'à Teflis. Après avoir débarqué à Arkaval dans le Bachalie, une région de l'ancien Royaume de Géorgie dominée par les Turcs, Galiczon et son groupe ont dû emprunter cette route pour atteindre la Perse. Le 16 juin, M. Richard fut tué par un Turc, obligeant le groupe à continuer son chemin à travers des montagnes et des forêts dangereuses. À Calfikais, ils se firent passer pour des marchands français pour éviter les ennuis. Des Arméniens catholiques les aidèrent à plusieurs reprises, mais ils furent contraints de payer des pots-de-vin à divers officiels, y compris un douanier et un Mouffa, qui les soupçonnaient d'être des espions. Après avoir payé des sommes importantes, ils furent autorisés à partir. Le 30 juin, ils entrèrent en Géorgie, un pays chrétien dépendant du roi de Perse. Ils furent accueillis par des Pères Capucins italiens à Teflis, où ils célébrèrent plusieurs messes. Galiczon rencontra le prince de Géorgie, Vak-tank, et d'autres membres de la famille royale, tous chrétiens. Ces derniers exprimèrent leur tristesse concernant la mort de l'empereur et leur intérêt pour les guerres de la chrétienté. La Géorgie, malgré sa domination par les infidèles, a conservé sa foi chrétienne. Teflis compte treize églises géorgiennes, neuf arméniennes et une des Pères Capucins. Les missionnaires y subissent des persécutions, notamment de la part des Arméniens. La mission de Tauris a été fermée, et le patriarche cherche à chasser les missionnaires. Le prince de Teflis montra beaucoup d'affection à Galiczon, lui offrant un repas et des présents.
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2
p. 315-317
Anecdotes Grecques, &c. [titre d'après la table]
Début :
ANECDOTES GRECQUES, ou avantures secretes d'Aridée, frere d'Alexandre le [...]
Mots clefs :
Alexandre le Grand, Athènes, Platon, Euridice, Aridée, Tyrus, Babylone, Olympias, Bagdad, Histoire grecque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Anecdotes Grecques, &c. [titre d'après la table]
ANECDOTES GRECQUES , ou avantures
secretes d'Aridée frere d'Alexandre le
Grand , traduites d'un manuscrit grec . A Paris
chez la veuve Guillaume , Quay des Augustins ,
au
g16 MERCURE DE FRANCE.
au Nom de Jesus . Se vend 24. sols broché , vol.
in 12. de 224. pages , 1731 .
Le Prince Aridée , mécontent du Roy Alexandre
son frere , prend la resolution de voyager
avec son confident , nommé Linon. Ils sont
attaquez par des voleurs qu'ils terrassent. Ils
vont à Athénes , où Aridée écoute avec plaisir .
un Discours de Platon sur l'abus de la pluralité
des Dieux , et la nécessité absolue d'un seul Etre
suprême ; il passe ensuite à Zagen , dont Tyrus
le Roy l'ayant connu , le fait General de ses
troupes , contre Jadul Roy de Cotatis.
Aridée assicge Cotatis ; pendant le siege , se
promenant avec Linon son favori , il délivre
une jeune fille , nommée Clare , de la main de
ses ravisseurs , et trouve Evandre , fils de Leomatus
, l'un des Lieutenans d'Alexandre. Claro
luy raconte son histoire , et luy apprend qu'Euridice
( fille d'Amyntas , oncle d'Aridée et sa
cousine ) est captive dans le Château de Cotatis.
Aridée en presse le siege , prend la place d'assaut
, et délivre Euridice , qu'il trouve cachée
sous un tombeau.
Euridice luy fait le recit de ses malheurs ;
Aridée revient triomphant chez le Roy Tyrus ,
où il est reçu avec tous les honneurs possibles .
Pendant son sejour , Linon son favori ayant délivré
la fille d'un Seigneur de la fureur d'un lion ,
l'épouse , et fait ainsi sa fortune. Aridée et Euridice
vont ensuite à Calyba , où ils croyoient
trouver Amintas , pere de la Princesse Euridice
lequel étant mort , Euridice consentit d'épouser
Aridée.
Peu de temps après Aridée apprend la mort
d'Alexandre le Grand , son frere ; aussi - tôt it
va à Babilone avec Euridice son épouse , ou
après beaucoup de mouvemens entre les Lieute
nans
FEVRIER.. 1731. 317
mans d'Alexandre , Aridée est enfin élu Roy sous
le nom de Philippes .
>
Olympias
mere d'Alexandre en devient
amoureuse ; elle luy fait proposer , et luy propose
elle-même de repudier Euridice , et de l'épouser
, quoy qu'elle ait été la femme dé
pere ; Aridée luy fait voir , l'horreur de sa
proposition , et par son refus devient son ennemi.
son
Pendant ce temps-là , Yolas fils d'Antipater
devient amoureux de Clare , et rival d'Evandre ,
fils de Leonatus ; mais Clare ayant été reconnue
pour fille d'Antipater , que la Reine Olympias ,
par vengeance , avoit fait enlever à l'âge de deux
ans , et par ce moyen se trouvant sa soeur , elle
épouse Evandre. Icy on trouve un Episode assez
singulier d'une fille , qui justifie son amant accusé
d'assassinat , et confond l'accusateur qu'el
le- même a désarmé comme le plus lâche de tous
les hommes.
Le Roy Aridée et la Reine Euridice se retirent
à Bagdat , où la furieuse Olympias trouve les
moyens de faire étrangler la Reine , et ensuite
assassiner le Roy avec cent Gentilhommes,
après quoi on lui fait subir le châtiment de ses
cruautez.
Ce qui est conforme aux Auteurs qui ont écrit
'Histoire Grecque , et dans un stile tres concis .
secretes d'Aridée frere d'Alexandre le
Grand , traduites d'un manuscrit grec . A Paris
chez la veuve Guillaume , Quay des Augustins ,
au
g16 MERCURE DE FRANCE.
au Nom de Jesus . Se vend 24. sols broché , vol.
in 12. de 224. pages , 1731 .
Le Prince Aridée , mécontent du Roy Alexandre
son frere , prend la resolution de voyager
avec son confident , nommé Linon. Ils sont
attaquez par des voleurs qu'ils terrassent. Ils
vont à Athénes , où Aridée écoute avec plaisir .
un Discours de Platon sur l'abus de la pluralité
des Dieux , et la nécessité absolue d'un seul Etre
suprême ; il passe ensuite à Zagen , dont Tyrus
le Roy l'ayant connu , le fait General de ses
troupes , contre Jadul Roy de Cotatis.
Aridée assicge Cotatis ; pendant le siege , se
promenant avec Linon son favori , il délivre
une jeune fille , nommée Clare , de la main de
ses ravisseurs , et trouve Evandre , fils de Leomatus
, l'un des Lieutenans d'Alexandre. Claro
luy raconte son histoire , et luy apprend qu'Euridice
( fille d'Amyntas , oncle d'Aridée et sa
cousine ) est captive dans le Château de Cotatis.
Aridée en presse le siege , prend la place d'assaut
, et délivre Euridice , qu'il trouve cachée
sous un tombeau.
Euridice luy fait le recit de ses malheurs ;
Aridée revient triomphant chez le Roy Tyrus ,
où il est reçu avec tous les honneurs possibles .
Pendant son sejour , Linon son favori ayant délivré
la fille d'un Seigneur de la fureur d'un lion ,
l'épouse , et fait ainsi sa fortune. Aridée et Euridice
vont ensuite à Calyba , où ils croyoient
trouver Amintas , pere de la Princesse Euridice
lequel étant mort , Euridice consentit d'épouser
Aridée.
Peu de temps après Aridée apprend la mort
d'Alexandre le Grand , son frere ; aussi - tôt it
va à Babilone avec Euridice son épouse , ou
après beaucoup de mouvemens entre les Lieute
nans
FEVRIER.. 1731. 317
mans d'Alexandre , Aridée est enfin élu Roy sous
le nom de Philippes .
>
Olympias
mere d'Alexandre en devient
amoureuse ; elle luy fait proposer , et luy propose
elle-même de repudier Euridice , et de l'épouser
, quoy qu'elle ait été la femme dé
pere ; Aridée luy fait voir , l'horreur de sa
proposition , et par son refus devient son ennemi.
son
Pendant ce temps-là , Yolas fils d'Antipater
devient amoureux de Clare , et rival d'Evandre ,
fils de Leonatus ; mais Clare ayant été reconnue
pour fille d'Antipater , que la Reine Olympias ,
par vengeance , avoit fait enlever à l'âge de deux
ans , et par ce moyen se trouvant sa soeur , elle
épouse Evandre. Icy on trouve un Episode assez
singulier d'une fille , qui justifie son amant accusé
d'assassinat , et confond l'accusateur qu'el
le- même a désarmé comme le plus lâche de tous
les hommes.
Le Roy Aridée et la Reine Euridice se retirent
à Bagdat , où la furieuse Olympias trouve les
moyens de faire étrangler la Reine , et ensuite
assassiner le Roy avec cent Gentilhommes,
après quoi on lui fait subir le châtiment de ses
cruautez.
Ce qui est conforme aux Auteurs qui ont écrit
'Histoire Grecque , et dans un stile tres concis .
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Résumé : Anecdotes Grecques, &c. [titre d'après la table]
Le manuscrit 'Anecdotes Grecques, ou aventures secrètes d'Aridée frère d'Alexandre le Grand', publié à Paris en 1731, relate les aventures d'Aridée, frère d'Alexandre le Grand. Aridée et son confident Linon affrontent des voleurs et se rendent à Athènes, où Aridée écoute un discours de Platon. Ils se dirigent ensuite à Zagen, où Aridée devient général des troupes du roi Tyrus contre Jadul, roi de Cotatis. Pendant le siège, Aridée délivre Clare et découvre Evandre, fils de Leomatus. Clare révèle qu'Euridice, cousine d'Aridée, est captive à Cotatis. Aridée assiège et prend la place, libérant Euridice. À Calyba, Euridice accepte d'épouser Aridée après la mort de son père Amintas. Aridée apprend la mort d'Alexandre et se rend à Babylone, où il est élu roi sous le nom de Philippe. Olympias, mère d'Alexandre, propose à Aridée de l'épouser, mais il refuse, devenant son ennemi. Yolas, fils d'Antipater, épouse Evandre. Aridée et Euridice se retirent à Bagdad, où Olympias fait assassiner le couple avant de subir elle-même un châtiment pour ses cruautés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 2700-2714
DISSERTATION sur l'état où étoit l'Euphrate à Babylone, du temps d'Alexandre le Grand, et sur l'ouvrage que ce Prince y vouloit faire construire pour servir à une nouvelle Edition de l'Histoire Ancienne, composée par un Auteur moderne.
Début :
L'Auteur moderne de l'Histoire Ancienne, a voulu en un endroit de [...]
Mots clefs :
Euphrate, Babylone, Alexandre le Grand, Lit, Livres, Arabes, Assyriens, Xénophon
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texteReconnaissance textuelle : DISSERTATION sur l'état où étoit l'Euphrate à Babylone, du temps d'Alexandre le Grand, et sur l'ouvrage que ce Prince y vouloit faire construire pour servir à une nouvelle Edition de l'Histoire Ancienne, composée par un Auteur moderne.
DISSERTATION sur l'état où étoit
l'Euphrate à Babylone , du temps d'Alexandre
le Grand, et sur l'ouvrage que ce
Prince y vouloitfaire construire pour servir
à une nouvelle Edition de l'Histoire
Ancienne , composée par un Auteur moderne.
'Auteur moderne de l'Histoire Ana
voulu en un endroit de
son Ouvrage , montrer l'accomplissement
des Prédictions des Prophctes contre la
Ville de Babylone et contre l'Euphrate ,
qui la traversoit ; mais dans son zele , qui
est très- loüable , il n'a pas cu toute l'at-
I. Vol.
L'eienne, en un
tention
DECEMBRE 1931. 2751
tention qu'il falloit avoir pour ne pas s'écarter
de la verité ; le zele trompe quelquefois
s
Decipimur specie recti.
Commençons par rapporter sur cet article
les paroles mêmes de cet Auteur ;
nous observerons d'abord ses méprises ,
et ensuite nous les réfuterons .
» Dès le temps d'Alexandre le Grand ,
>> dit- il , le Fleuve , ( c'est à dire l'Eu-
» phrate * ) étoit sorti de son lit ordinai-
» re par l'ouverture que Cyrus avoit fait
»faire au Canal dont nous avons parlé ,
» ( c'est -à- dire, à ses lignes de circonvallation,
p. 231. et 251. ) et qui depuis avoit
» éte mal fermée , et il avoit inondé tout
» le Pays.
Ces paroles contiennent trois faits également
faciles à détruire , 1 ° . Que l'Euphrate
eût alors quitté son lit. 2 ° . Que l'ouverture
faite au Fossé ou à la Tranchée de
Cyrus , eût éré mal fermée. 3 ° . Que tout le
Pays en eût été inondé. Nous avons sur
chacun de ces trois faits de quoi montrer
le contraire par de bonnes preuves ; mais
écoutons l'Auteur qui continue en ces
termes.
>> Ce Prince , dit- il , ( c'est d'Alexandre
dont il parle ) dans le dessein qu'il avoit
* Tom. 2. pag. 258.
J Vol
Av
d'éta
2702 MERCURE DE FRANCE
» d'établir le Siege de son Empire à Ba-
>> bylone , songea à rappeller l'Euphrate
» dans son lit naturel , et l'ouvrage étoit
» déja commencé ; mais Dieu qui veilloit
à l'accomplissement de sa Prophetie ,
>> et qui avoit déclaré qu'il détruiroit jus
» qu'aux restes et aux vestiges de Baby-
» lone , ( Perdam Babylonis nomen et reliquias
, ) dissipa ce projet par la mort
» d'Alexandre , qui arriva peu après .
L'Auteur persevere dans son idée, mais
par deux nouvelles erreurs.La premiere est
que l'Ouvrage que voulut faire Alexandre ,
jut de rappeller l'Euphrate dans son lit , et
il n'en étoit pas sorti . La seconde est , que
Dieu l'empêcha pour l'accomplissement de
ses Propheties , et l'entreprise d'Alexandre
ne les interressoit en aucune sorte..
Avant que de donner sur ces faits ;
comme sur les précedents , les preuves
évidentes qui les détruisent , remarquons
d'abord que l'Auteur dont il est question,
cite à la marge le huitième Livre de l'Histoire
d'Alexandre par Arrien , comme
pour donner un garant d'une partie , au
moins de ce qu'il avance ; mais c'est une
chose certaine , premierement que cette
Histoire d'Arien n'a que sept Livres
et non pas buit ; en second lieu , qu'elle
est absolument contraire au systême de
P'Auteur moderne.
DECEMBRE. 1931. 2793
"
Arrien ne dit point du tout , qu' Al:-
xandre voulût remettre l'Euphrate dans son
lit. Cette idée de l'entreprise d'Alexandre
est une pure imagination d'Isaac Vossius ,
faute de bien prendre le sens d'Arrien.
Aussi Gronovius a-t'il eu soin de le réfuter
, et il l'a fait d'une maniere qui
ne souffre point de replique. Il a aussi
réfuté M. Huet , qui dans son Ouvrage
sur le Paradis Terrestre , avoit copié Vossius.
La même réfutation tombe sur l'Auteur
moderne de l'Histoire Ancienne ,
qui a pris de M. Huet la même idée de
FOuvrage d'Alexandre .
L'Auteur moderne de l'Histoire Ancienne
ne suit pas M. Huet en toutes
choses ; mais lorsqu'il le quitte , il ne
s'égare pas moins que lui. Il croit , par
exemple , que l'entreprise d'Alexandre
ne fut jamais achevée , Dien l'ayant empêché
, à ce qu'il dit , pour l'accomplissement
de ses Propheties ; et M. Huet dit
que cet Ouvrage , qui ne fut point alors
consommé , l'a été depuis. Ce dernier ne
croit donc pas que les Propheties s'y trou
vassent interressées en cela il a raison ;
mais il se trompe , en ce qu'il croit
l'Euphrate fût rappellédans son lit, comme
s'il en fût sorti , ce qui n'étoit pas.
Secondement l'Auteur moderne de
A vj l'His
1. Vol.
que
2704 MERCURE DE FRANCE
l'Histoire Ancienne regarde le Canal ,
dont parle Arrien , * comme le Fossé ou
les tranchées de Cyrus ; et M, Huet le
regarde comme une saignée faite furtivement
à l'Euphrate par les Arabes pour
arroser leurs terres , qui en avoient grand
besoin. Ces deux Auteurs , dans leurs
diverses opinions , ne se trompent pas .
moins l'un que l'autre.
En troisiéme lieu , M. Huet ajoûte qu'en
cela les Arabes avoient à faire aux Assyriens
, qui de l'autre côté de l'Euphrate ,
avoient besoin des mêmes Eaux , et empêchoient
les Arabes de les détourner.
C'étoit , selon lui , une semence de guerre
entre eux qu'Alexandre voulut termi
ner ; et pour le faire à l'avantage des
Assyriens , il entreprit de boucher pour
toûjours cette ouverture furtive .
En cet endroit M. Huet se trompe
dans l'idée qu'il a de l'entreprise d'Alexandre
; il se trompe aussi dans le motif
qu'il lui attribuë , et il ne pense bien
qu'en ce qu'il ne croit pas , comme l'Auteur
moderne de l'Histoire Ancienne
que le Canal où ce Prince voulut faire
travailler , fût le Fossé de Cyrus.
Une démonstration de cela fort aisée :
c'est que les saignées que Cyrus fit faire
* P. 231. 251. et 2580
I. Vol.
DECEMBRE . 1731 . 2705
༡ *
à l'Euphrate , furent des Tranchées autour
de Babylone. L'Auteur moderne de
l'Histoire Ancienne le dit lui - même.
comme on l'a vû , * en quoi il est d'accord
avec Xenophon elles coupoient le
Fleuve à droite et à gauche au- dessus de
Babylone , pour dessecher son lit dans:
la Ville , ou le rendre guéable. Elles al--
loient se décharger de part et d'autre audessous
de la Ville , dans le lit naturel de
l'Euphrate. Il est évident que M. Huet
ne parle point de ces Tranchées , et on
montrera que c'étoit fort loin de- là qu'Alexandre
vouloit faire son Ouvrage.
la
Comme il n'est dit nulle part que cer
Ouvrage fût de rappeller le Fleuve dans son
Lit ; il n'est aussi dit nulle part que le Pays
autour de la Ville eût été inondé , ni
que
tête de la Tranchée eût donné lieu à l'inondation
, pour avoir été mal fermée. Bien plus il
eût fallu , pour causer une inondation ,
que la seconde ouverture au- dessous de
la Ville , eût été bien rebouchée , tandis
que la premiere ne l'étoit pas. Or c'est ce
que le Texte d'Arrien ne permet pas de
croire,non plus que le Texte de Q Curce.
Le premier dit d'abord qu'Alexandre
fit travailler à Babylone , à bâtir un Port
et à construire des Galeres ; il y avoit
* T. 2. P. 231. et 25№
To Vola
donc
2706 MERCURE DE FRANCE
donc une Riviere qui n'étoit autre que
l'Euphrate. Il ajoûte en effet , que pendant
ce travail Alexandre se mit sur l'Euphrate
pour aller , en suivant le cours de
l'eau , voir le Pallacopas.
Le Pallacopas est le Canal dont parle
Arrien, c'est celui où il dit qu'Alexandre
voulut faire travailler. On va voir sa situation
, la nature de l'Ouvrage et le
motif qui le faisoit entreprendre. Ecoutons
cet Auteur.
*
»Le Pallacopas , dit -il , en suivant le
» cours de l'eau , est environ à huit cent
» stades de Babylone , c'est- à- dire , à qua-
» rante lieües au - dessous , et plus de quarante-
six lieuës loin de la tête de la Tranchée
de Cyrus. On voit évidemment la
difference des lieux et la méprise de l'Auteur
moderne , tant en ce qu'il avance ,
qu'en ce qu'il cite Arrien pour son garant.
Arrien dit encore , que » le Pallacopas
» n'est pas une Riviere naturellement
>>> formée par des eaux de source ; mais
» un Canal qu'on avoit fait à l'Euphrate . »
Car ce Fleuve qui vient des Montagnes
d'Armenie , se contient dans son lit pendant
tout l'Hyver , parce qu'il n'y a que
très-peu d'eau ; mais au commencement
du Printemps, et plus encore vers le sols-
* L. 7.
I. Vol.
C. 21
tice
DECEMBRE. 1731. 2707
-
tice d'Eté , il s'enfle prodigieusement ;
desorte qu'au dessous de Babylone ,
surmontant particulierement son bord
Oriental , à cause qu'il est plus bas que
l'autre bord , il inonde le Pays des Assyriens
, et ce sont les neges d'Armenie
qui le grossissent , parce que c'est alors
que la chaleur les fait fondre , et par consequent
elles font déborder l'Euphrate ,
fort loin au-dessous de la Ville , à moins
qu'on ne prévienne cette inondation par
l'ouverture du Pallacopas , qui recevant
les eaux du Fleuve , les laisse aller à quatre-
vingt lieuës loin de là , sur les confins
de l'Arabie , où elles se déchargent
d'abord dans desMares ou dans desEtangs ,
et ensuite dans la Mer par un grand
nombre de souterrains.
Ce récit tout naturel d'Arrien , dissipe
les idées de M. Huet sur l'entreprise furtive
des Arabes , qui pour lors étoient à
plus de 80. lieues de l'Euphrate, et qui en
étoient même séparez par une chaîne de
Montagnes , des Lacs , des Mares , et des
Etangs , que ce Fleuve formoit sur les
confins de leur Pays.
Le même récit fait disparoître les prétendues
contestations de ces Peuples avec
les Assiriens , pour ces Eaux ainsi détournées.
Quel tort pouvoit faire aux derniers
1. Vol. une
2708 MERCURE DE FRANCE
une saignée que les premiers auroient
faite à des Marais , à 8. lieues de l'Euphrate
? On voit disparoître en mêmetemps
la prétendue décision d'Alexandre
en faveur des Assiriens ; mais il faut achever
d'entendre Arrien pour une plus
grande évidence .
» Lorsque les neiges , dit-il , se sont
» écoulées , les Eaux de l'Euphrate sont
»fort basses , et neanmoins elles s'écou
» leroient toutes par l'ouverture du Pallacopas
, si on ne la rebouchoit . On la
rebouche pour donner aux Assyriens ,
» de l'autre côté , le moyen d'arroser leurs
Terres qui ont besoin d'être arrosées .
» Ce soin regardoit les Satrapes de Baby-
>> lone. L'Ouvrage étoit difficile , il de-
" mandoit tous les ans dix milles Ou-
»vriers pendant trois mois entiers.
» Alexandre instruit de tout ce détail ,
» voulut faire plaisir aux Assyriens ; il
>>>résolut de boucher pour toûjours l'an-
» cienne ouverture de ce Canal , si dif-
» ficile à fermer , lorsqu'il en étoit be-
» soin , à cause que cet endroit n'étoit que
» de la terre et du limon ou du sable
»
que l'eau emportoit aisément. Il pour-
» suivit d'abord sa route par le Pallaco-
» pas , jusqu'aux Marais sur les confins
» de l'Arabie ; après quoi étant revenu à
J. Fol
DECEMBRE. 1731. 2709
la tête de ce Canal , et de -là , remon-
»tant vers Babylone , il trouva à la distance
de 30. Stades , c'est -à- dire , d'une
» lieuë et demie , un terrain ferme et pierreux
, et ainsi plus propre à retenir
» l'eau , si on le creusoit. Il voulut donc
» faire en cet endroit une nouvelle ou-
» verture à l'Euphrate , qui seroit très-
» aisée à fermer quand on voudroit , et
>> tirer de - là un nouveau Canal qui iroit
joindre l'ancien Canal du Pallacopas.
Voilà le dessein d'Alexandre , voilà
son motif; c'est tout ce que nous lisons
dans Arrien. Il ne faut donc pas le citer
pour nous faire croire que du temps d'Alexandre
, l'Euphrate avoit déja quitté
son lit , ni lui faire dire que cela étoit
arrivé par l'ouverture du Fossé de Cyrus
, ni qu'elle n'avoit pas été bien fermée
, ni que cette négligence avoit été
cause de l'inondation du Pays , ni enfin
que l'entreprise d'Alexandre fût de faire
rentrer le Fleuve dans son lit. Elle ne consistoit
qu'à fermer l'ancienne Ouverture
du Pallacopas , et à lui en donner une
autre , et elle n'interessoit en rien l'accomplissement
des Propheties.
Il est vrai , que selon les Propheties ,
Babylone avec son Fleuve ne devoit plus
être qu'un Marais : il ne devoit demeurer
I. Vela aucun
2710 MERCURE DE FRANCE
vestige de cette Villes son nom ne devoit
plus exister. Mais cela devoit s'accomplir
par degrez. Du temps de Pausanias , qui
est le temps de l'Empereur Adrien , on
en voyoit encore les murs , mais elle n'étoit
plus que la retraite des bêtes sauvages.
Du temps de Théodoret et de saint
Jerôme , ce Fleuve n'étoit en effet qu'un
Marais ou qu'un très- petit Ruisseau , mais
non pas encore du temps d'Alexandre .
Dês le temps de Cyrus , l'Empire des Babyloniens
fut détruit , et la Race de ses
Rois fut éteinte . Cela conduisoit à la
Ruine de Babylone , qui s'est enfin totalement
accomplie. Aujourd'hui on nomme
encore Babylone ; mais ce que ce nom
a signifié n'existe plus. Ce qu'on appelle
perdre le nom d'un Peuple , c'est détruire
le Peuple même , comme Annibal s'étoi
proposé de perdre le Nom Romain. Ces
vrayes idées des évenemens suffisent à la.
Religion , elle n'a que faire d'imaginations
fausses et mal concertées , et qui
n'ont aucun fondement.
Quint-Curce est d'accord avec Arrien ,
il nous dit formellement que lorsqu'Alexandre
vint à Babyione , l'Euphrate
couloit à l'ordinaire par le milieu de cette
Ville ( 1 ) Euphrates interfluit. Il étoit en-
( 1 ) Liv. s . ch.4. pag. 136. in 12.
1. Vol. .core
DECEMBRE. 1731. 2711.
core alors muni de hauts parapets , pour
en empêcher les débordemens. Et parce que
dans la fonte des Neges , il auroit encore
surmonté ces Parapets, Quinte - Curce observe
qu'autour de tous les grands Ouvrages
de cette Ville , on avoit creusé des
Cavernes et des Lacs fort profonds , pour
y recevoir cette surabondance d'eau , qui
sans cela ,auroit débordé dans la Ville même
, et auroit emporté les Maisons . Ces
Cavernes et ces Lacs étoient revêtus de
brique et recrépis de bitume.
Comment concevoir qu'en faisant , ou
en conservant de tels ouvrages , on eût
négligé de bien fermer la tête du fossé de
Cyrus , s'il étoit vrai qu'elle inondoit tout
le Païs ? Comment Quinte-Curce n'auroitil
pas parlé de ce fossé , comme il parle
de ces Cavernes ; puisque ce fossé , s'il
eût alors subsisté , auroit servi au même
usage ? Comment n'auroit- il pas parlé de
l'inondation de tout le Païs , qui n'eût
été qu'une Mer , puisqu'alors cette inondation
auroit duré depuis plus de deux
cens ans , c'est -à- dire depuis Cyrus ? Il ( 1 ).
avoit occasion d'en parler , lorsqu'il représente
toute la Ville de Babylone , venant
à pied , ou à cheval audevant d'Aléxandre
, comme il parle de l'inonda-
( 1 ) Liv. s . ch. 3. p. 134, in 12.
I. Vel. tion
712 MERCURE DE FRANCE
tion des confins de l'Arabie , par les Eaux
du Pallacopas , à l'occasion du voyage
qu'Alexandre y fit par Eau , parce qu'il
ne l'auroit pû faire autrement. ( r ) Il appelle
alors le Pallacopas , du nom de Riviere
, per amnem Pallacopam ; nouvelle
preuve qu'il ne le prend pas pour le fossé
de Cyrus .
Il y a des Cartes Géographiques qui placent
Babylone sur les Marais , ou au dessous
de l'ouverture du Pallacopas. Cela se
détruit tout seul, après ce que nous avons
dit , et par un trait remarquable , que
nous trouvons encore dans Arrien ; qui
est , qu'Alexandre revenant des confins
de l'Arabie par ces Marais du Pallacopas,
avoit Babylone à gauche , non à la gauche
du Fleuve , mais à sa gauche à luimême.
Or cela ne pouvoit être , si Babylone
eût été au dessous de ce Canal , il
l'auroit euë à sa droite. C'est pourquoi
la Carte de l'Empire Romain, par le Pere
Briet , Jésuite , et celles de l'Asie , selon
Prolomée , placent toutes ce Canal au dessous
, et le font aboutir vers les Montagnes
, qui bornent l'Arabie , d'où l'on
ne peut revenir , sans qu'on ait Babylone
à sa gauche. Et il faut faire cas de l'autorité
d'Arrien , parce qu'il s'est fait un
( 1 ) Liv. 1o. ch. 10. pag. 45.3 et 45˚4.
devoir
DECEMBR E. 1731. 271 3
devoir de suivre Prolomée et Aristobule
dans , les choses où ils sont tous deux
d'accord sur les actions et les entreprises
d'Alexandre.
L'Euphrate se divisoit en deux bras
assez loin au dessus de Babylone. Son bras
Oriental alloit se jetter dans le Tigre, et delà
dans la Mer. L'autre bras , qui est l'Occidental
, passoit à Babylone ; et à quarante
lieues au dessous , il se divisoit encore
en deux par le Pallacopas , qui alloit
dans la Mer , de la maniere que nous l'avons
dit.Il ne faut pas confondre ces deux
divisions de l'Euphrate.
11 ) Quinte- Curce ne donne de tour à
Babylone que 368 stades ; et Vaugelas l'a
suivi . L'Auteur moderne de l'histoire an
cienne lui en donne 480. communément
on fait le stade de 125 pas ; les huit stades
font le mille , et quatre milles font la
grande lieuë. L'Auteur moderne fait le
stade de 104 toises ; les 20 stades , selon
lui , font la lieuë ; ainsi 800 stades font
40
o lieuës.
Voilà ce que nous avions à dire sur les
deux articles proposez , qui sont l'état de
P'Euphrate à Babylone , du temps d'Aléxandre
, et la nature de l'Ouvrage que ce
Prince entreprit de faire faire sur ce Fleu
( x ) Liv. 5.ch. 4.
1.Vola
2,14 MERCURE DE FRANCE
ye. Nous croions que ces veritez que
nous avons établies , ne sont point à née
gliger.
l'Euphrate à Babylone , du temps d'Alexandre
le Grand, et sur l'ouvrage que ce
Prince y vouloitfaire construire pour servir
à une nouvelle Edition de l'Histoire
Ancienne , composée par un Auteur moderne.
'Auteur moderne de l'Histoire Ana
voulu en un endroit de
son Ouvrage , montrer l'accomplissement
des Prédictions des Prophctes contre la
Ville de Babylone et contre l'Euphrate ,
qui la traversoit ; mais dans son zele , qui
est très- loüable , il n'a pas cu toute l'at-
I. Vol.
L'eienne, en un
tention
DECEMBRE 1931. 2751
tention qu'il falloit avoir pour ne pas s'écarter
de la verité ; le zele trompe quelquefois
s
Decipimur specie recti.
Commençons par rapporter sur cet article
les paroles mêmes de cet Auteur ;
nous observerons d'abord ses méprises ,
et ensuite nous les réfuterons .
» Dès le temps d'Alexandre le Grand ,
>> dit- il , le Fleuve , ( c'est à dire l'Eu-
» phrate * ) étoit sorti de son lit ordinai-
» re par l'ouverture que Cyrus avoit fait
»faire au Canal dont nous avons parlé ,
» ( c'est -à- dire, à ses lignes de circonvallation,
p. 231. et 251. ) et qui depuis avoit
» éte mal fermée , et il avoit inondé tout
» le Pays.
Ces paroles contiennent trois faits également
faciles à détruire , 1 ° . Que l'Euphrate
eût alors quitté son lit. 2 ° . Que l'ouverture
faite au Fossé ou à la Tranchée de
Cyrus , eût éré mal fermée. 3 ° . Que tout le
Pays en eût été inondé. Nous avons sur
chacun de ces trois faits de quoi montrer
le contraire par de bonnes preuves ; mais
écoutons l'Auteur qui continue en ces
termes.
>> Ce Prince , dit- il , ( c'est d'Alexandre
dont il parle ) dans le dessein qu'il avoit
* Tom. 2. pag. 258.
J Vol
Av
d'éta
2702 MERCURE DE FRANCE
» d'établir le Siege de son Empire à Ba-
>> bylone , songea à rappeller l'Euphrate
» dans son lit naturel , et l'ouvrage étoit
» déja commencé ; mais Dieu qui veilloit
à l'accomplissement de sa Prophetie ,
>> et qui avoit déclaré qu'il détruiroit jus
» qu'aux restes et aux vestiges de Baby-
» lone , ( Perdam Babylonis nomen et reliquias
, ) dissipa ce projet par la mort
» d'Alexandre , qui arriva peu après .
L'Auteur persevere dans son idée, mais
par deux nouvelles erreurs.La premiere est
que l'Ouvrage que voulut faire Alexandre ,
jut de rappeller l'Euphrate dans son lit , et
il n'en étoit pas sorti . La seconde est , que
Dieu l'empêcha pour l'accomplissement de
ses Propheties , et l'entreprise d'Alexandre
ne les interressoit en aucune sorte..
Avant que de donner sur ces faits ;
comme sur les précedents , les preuves
évidentes qui les détruisent , remarquons
d'abord que l'Auteur dont il est question,
cite à la marge le huitième Livre de l'Histoire
d'Alexandre par Arrien , comme
pour donner un garant d'une partie , au
moins de ce qu'il avance ; mais c'est une
chose certaine , premierement que cette
Histoire d'Arien n'a que sept Livres
et non pas buit ; en second lieu , qu'elle
est absolument contraire au systême de
P'Auteur moderne.
DECEMBRE. 1931. 2793
"
Arrien ne dit point du tout , qu' Al:-
xandre voulût remettre l'Euphrate dans son
lit. Cette idée de l'entreprise d'Alexandre
est une pure imagination d'Isaac Vossius ,
faute de bien prendre le sens d'Arrien.
Aussi Gronovius a-t'il eu soin de le réfuter
, et il l'a fait d'une maniere qui
ne souffre point de replique. Il a aussi
réfuté M. Huet , qui dans son Ouvrage
sur le Paradis Terrestre , avoit copié Vossius.
La même réfutation tombe sur l'Auteur
moderne de l'Histoire Ancienne ,
qui a pris de M. Huet la même idée de
FOuvrage d'Alexandre .
L'Auteur moderne de l'Histoire Ancienne
ne suit pas M. Huet en toutes
choses ; mais lorsqu'il le quitte , il ne
s'égare pas moins que lui. Il croit , par
exemple , que l'entreprise d'Alexandre
ne fut jamais achevée , Dien l'ayant empêché
, à ce qu'il dit , pour l'accomplissement
de ses Propheties ; et M. Huet dit
que cet Ouvrage , qui ne fut point alors
consommé , l'a été depuis. Ce dernier ne
croit donc pas que les Propheties s'y trou
vassent interressées en cela il a raison ;
mais il se trompe , en ce qu'il croit
l'Euphrate fût rappellédans son lit, comme
s'il en fût sorti , ce qui n'étoit pas.
Secondement l'Auteur moderne de
A vj l'His
1. Vol.
que
2704 MERCURE DE FRANCE
l'Histoire Ancienne regarde le Canal ,
dont parle Arrien , * comme le Fossé ou
les tranchées de Cyrus ; et M, Huet le
regarde comme une saignée faite furtivement
à l'Euphrate par les Arabes pour
arroser leurs terres , qui en avoient grand
besoin. Ces deux Auteurs , dans leurs
diverses opinions , ne se trompent pas .
moins l'un que l'autre.
En troisiéme lieu , M. Huet ajoûte qu'en
cela les Arabes avoient à faire aux Assyriens
, qui de l'autre côté de l'Euphrate ,
avoient besoin des mêmes Eaux , et empêchoient
les Arabes de les détourner.
C'étoit , selon lui , une semence de guerre
entre eux qu'Alexandre voulut termi
ner ; et pour le faire à l'avantage des
Assyriens , il entreprit de boucher pour
toûjours cette ouverture furtive .
En cet endroit M. Huet se trompe
dans l'idée qu'il a de l'entreprise d'Alexandre
; il se trompe aussi dans le motif
qu'il lui attribuë , et il ne pense bien
qu'en ce qu'il ne croit pas , comme l'Auteur
moderne de l'Histoire Ancienne
que le Canal où ce Prince voulut faire
travailler , fût le Fossé de Cyrus.
Une démonstration de cela fort aisée :
c'est que les saignées que Cyrus fit faire
* P. 231. 251. et 2580
I. Vol.
DECEMBRE . 1731 . 2705
༡ *
à l'Euphrate , furent des Tranchées autour
de Babylone. L'Auteur moderne de
l'Histoire Ancienne le dit lui - même.
comme on l'a vû , * en quoi il est d'accord
avec Xenophon elles coupoient le
Fleuve à droite et à gauche au- dessus de
Babylone , pour dessecher son lit dans:
la Ville , ou le rendre guéable. Elles al--
loient se décharger de part et d'autre audessous
de la Ville , dans le lit naturel de
l'Euphrate. Il est évident que M. Huet
ne parle point de ces Tranchées , et on
montrera que c'étoit fort loin de- là qu'Alexandre
vouloit faire son Ouvrage.
la
Comme il n'est dit nulle part que cer
Ouvrage fût de rappeller le Fleuve dans son
Lit ; il n'est aussi dit nulle part que le Pays
autour de la Ville eût été inondé , ni
que
tête de la Tranchée eût donné lieu à l'inondation
, pour avoir été mal fermée. Bien plus il
eût fallu , pour causer une inondation ,
que la seconde ouverture au- dessous de
la Ville , eût été bien rebouchée , tandis
que la premiere ne l'étoit pas. Or c'est ce
que le Texte d'Arrien ne permet pas de
croire,non plus que le Texte de Q Curce.
Le premier dit d'abord qu'Alexandre
fit travailler à Babylone , à bâtir un Port
et à construire des Galeres ; il y avoit
* T. 2. P. 231. et 25№
To Vola
donc
2706 MERCURE DE FRANCE
donc une Riviere qui n'étoit autre que
l'Euphrate. Il ajoûte en effet , que pendant
ce travail Alexandre se mit sur l'Euphrate
pour aller , en suivant le cours de
l'eau , voir le Pallacopas.
Le Pallacopas est le Canal dont parle
Arrien, c'est celui où il dit qu'Alexandre
voulut faire travailler. On va voir sa situation
, la nature de l'Ouvrage et le
motif qui le faisoit entreprendre. Ecoutons
cet Auteur.
*
»Le Pallacopas , dit -il , en suivant le
» cours de l'eau , est environ à huit cent
» stades de Babylone , c'est- à- dire , à qua-
» rante lieües au - dessous , et plus de quarante-
six lieuës loin de la tête de la Tranchée
de Cyrus. On voit évidemment la
difference des lieux et la méprise de l'Auteur
moderne , tant en ce qu'il avance ,
qu'en ce qu'il cite Arrien pour son garant.
Arrien dit encore , que » le Pallacopas
» n'est pas une Riviere naturellement
>>> formée par des eaux de source ; mais
» un Canal qu'on avoit fait à l'Euphrate . »
Car ce Fleuve qui vient des Montagnes
d'Armenie , se contient dans son lit pendant
tout l'Hyver , parce qu'il n'y a que
très-peu d'eau ; mais au commencement
du Printemps, et plus encore vers le sols-
* L. 7.
I. Vol.
C. 21
tice
DECEMBRE. 1731. 2707
-
tice d'Eté , il s'enfle prodigieusement ;
desorte qu'au dessous de Babylone ,
surmontant particulierement son bord
Oriental , à cause qu'il est plus bas que
l'autre bord , il inonde le Pays des Assyriens
, et ce sont les neges d'Armenie
qui le grossissent , parce que c'est alors
que la chaleur les fait fondre , et par consequent
elles font déborder l'Euphrate ,
fort loin au-dessous de la Ville , à moins
qu'on ne prévienne cette inondation par
l'ouverture du Pallacopas , qui recevant
les eaux du Fleuve , les laisse aller à quatre-
vingt lieuës loin de là , sur les confins
de l'Arabie , où elles se déchargent
d'abord dans desMares ou dans desEtangs ,
et ensuite dans la Mer par un grand
nombre de souterrains.
Ce récit tout naturel d'Arrien , dissipe
les idées de M. Huet sur l'entreprise furtive
des Arabes , qui pour lors étoient à
plus de 80. lieues de l'Euphrate, et qui en
étoient même séparez par une chaîne de
Montagnes , des Lacs , des Mares , et des
Etangs , que ce Fleuve formoit sur les
confins de leur Pays.
Le même récit fait disparoître les prétendues
contestations de ces Peuples avec
les Assiriens , pour ces Eaux ainsi détournées.
Quel tort pouvoit faire aux derniers
1. Vol. une
2708 MERCURE DE FRANCE
une saignée que les premiers auroient
faite à des Marais , à 8. lieues de l'Euphrate
? On voit disparoître en mêmetemps
la prétendue décision d'Alexandre
en faveur des Assiriens ; mais il faut achever
d'entendre Arrien pour une plus
grande évidence .
» Lorsque les neiges , dit-il , se sont
» écoulées , les Eaux de l'Euphrate sont
»fort basses , et neanmoins elles s'écou
» leroient toutes par l'ouverture du Pallacopas
, si on ne la rebouchoit . On la
rebouche pour donner aux Assyriens ,
» de l'autre côté , le moyen d'arroser leurs
Terres qui ont besoin d'être arrosées .
» Ce soin regardoit les Satrapes de Baby-
>> lone. L'Ouvrage étoit difficile , il de-
" mandoit tous les ans dix milles Ou-
»vriers pendant trois mois entiers.
» Alexandre instruit de tout ce détail ,
» voulut faire plaisir aux Assyriens ; il
>>>résolut de boucher pour toûjours l'an-
» cienne ouverture de ce Canal , si dif-
» ficile à fermer , lorsqu'il en étoit be-
» soin , à cause que cet endroit n'étoit que
» de la terre et du limon ou du sable
»
que l'eau emportoit aisément. Il pour-
» suivit d'abord sa route par le Pallaco-
» pas , jusqu'aux Marais sur les confins
» de l'Arabie ; après quoi étant revenu à
J. Fol
DECEMBRE. 1731. 2709
la tête de ce Canal , et de -là , remon-
»tant vers Babylone , il trouva à la distance
de 30. Stades , c'est -à- dire , d'une
» lieuë et demie , un terrain ferme et pierreux
, et ainsi plus propre à retenir
» l'eau , si on le creusoit. Il voulut donc
» faire en cet endroit une nouvelle ou-
» verture à l'Euphrate , qui seroit très-
» aisée à fermer quand on voudroit , et
>> tirer de - là un nouveau Canal qui iroit
joindre l'ancien Canal du Pallacopas.
Voilà le dessein d'Alexandre , voilà
son motif; c'est tout ce que nous lisons
dans Arrien. Il ne faut donc pas le citer
pour nous faire croire que du temps d'Alexandre
, l'Euphrate avoit déja quitté
son lit , ni lui faire dire que cela étoit
arrivé par l'ouverture du Fossé de Cyrus
, ni qu'elle n'avoit pas été bien fermée
, ni que cette négligence avoit été
cause de l'inondation du Pays , ni enfin
que l'entreprise d'Alexandre fût de faire
rentrer le Fleuve dans son lit. Elle ne consistoit
qu'à fermer l'ancienne Ouverture
du Pallacopas , et à lui en donner une
autre , et elle n'interessoit en rien l'accomplissement
des Propheties.
Il est vrai , que selon les Propheties ,
Babylone avec son Fleuve ne devoit plus
être qu'un Marais : il ne devoit demeurer
I. Vela aucun
2710 MERCURE DE FRANCE
vestige de cette Villes son nom ne devoit
plus exister. Mais cela devoit s'accomplir
par degrez. Du temps de Pausanias , qui
est le temps de l'Empereur Adrien , on
en voyoit encore les murs , mais elle n'étoit
plus que la retraite des bêtes sauvages.
Du temps de Théodoret et de saint
Jerôme , ce Fleuve n'étoit en effet qu'un
Marais ou qu'un très- petit Ruisseau , mais
non pas encore du temps d'Alexandre .
Dês le temps de Cyrus , l'Empire des Babyloniens
fut détruit , et la Race de ses
Rois fut éteinte . Cela conduisoit à la
Ruine de Babylone , qui s'est enfin totalement
accomplie. Aujourd'hui on nomme
encore Babylone ; mais ce que ce nom
a signifié n'existe plus. Ce qu'on appelle
perdre le nom d'un Peuple , c'est détruire
le Peuple même , comme Annibal s'étoi
proposé de perdre le Nom Romain. Ces
vrayes idées des évenemens suffisent à la.
Religion , elle n'a que faire d'imaginations
fausses et mal concertées , et qui
n'ont aucun fondement.
Quint-Curce est d'accord avec Arrien ,
il nous dit formellement que lorsqu'Alexandre
vint à Babyione , l'Euphrate
couloit à l'ordinaire par le milieu de cette
Ville ( 1 ) Euphrates interfluit. Il étoit en-
( 1 ) Liv. s . ch.4. pag. 136. in 12.
1. Vol. .core
DECEMBRE. 1731. 2711.
core alors muni de hauts parapets , pour
en empêcher les débordemens. Et parce que
dans la fonte des Neges , il auroit encore
surmonté ces Parapets, Quinte - Curce observe
qu'autour de tous les grands Ouvrages
de cette Ville , on avoit creusé des
Cavernes et des Lacs fort profonds , pour
y recevoir cette surabondance d'eau , qui
sans cela ,auroit débordé dans la Ville même
, et auroit emporté les Maisons . Ces
Cavernes et ces Lacs étoient revêtus de
brique et recrépis de bitume.
Comment concevoir qu'en faisant , ou
en conservant de tels ouvrages , on eût
négligé de bien fermer la tête du fossé de
Cyrus , s'il étoit vrai qu'elle inondoit tout
le Païs ? Comment Quinte-Curce n'auroitil
pas parlé de ce fossé , comme il parle
de ces Cavernes ; puisque ce fossé , s'il
eût alors subsisté , auroit servi au même
usage ? Comment n'auroit- il pas parlé de
l'inondation de tout le Païs , qui n'eût
été qu'une Mer , puisqu'alors cette inondation
auroit duré depuis plus de deux
cens ans , c'est -à- dire depuis Cyrus ? Il ( 1 ).
avoit occasion d'en parler , lorsqu'il représente
toute la Ville de Babylone , venant
à pied , ou à cheval audevant d'Aléxandre
, comme il parle de l'inonda-
( 1 ) Liv. s . ch. 3. p. 134, in 12.
I. Vel. tion
712 MERCURE DE FRANCE
tion des confins de l'Arabie , par les Eaux
du Pallacopas , à l'occasion du voyage
qu'Alexandre y fit par Eau , parce qu'il
ne l'auroit pû faire autrement. ( r ) Il appelle
alors le Pallacopas , du nom de Riviere
, per amnem Pallacopam ; nouvelle
preuve qu'il ne le prend pas pour le fossé
de Cyrus .
Il y a des Cartes Géographiques qui placent
Babylone sur les Marais , ou au dessous
de l'ouverture du Pallacopas. Cela se
détruit tout seul, après ce que nous avons
dit , et par un trait remarquable , que
nous trouvons encore dans Arrien ; qui
est , qu'Alexandre revenant des confins
de l'Arabie par ces Marais du Pallacopas,
avoit Babylone à gauche , non à la gauche
du Fleuve , mais à sa gauche à luimême.
Or cela ne pouvoit être , si Babylone
eût été au dessous de ce Canal , il
l'auroit euë à sa droite. C'est pourquoi
la Carte de l'Empire Romain, par le Pere
Briet , Jésuite , et celles de l'Asie , selon
Prolomée , placent toutes ce Canal au dessous
, et le font aboutir vers les Montagnes
, qui bornent l'Arabie , d'où l'on
ne peut revenir , sans qu'on ait Babylone
à sa gauche. Et il faut faire cas de l'autorité
d'Arrien , parce qu'il s'est fait un
( 1 ) Liv. 1o. ch. 10. pag. 45.3 et 45˚4.
devoir
DECEMBR E. 1731. 271 3
devoir de suivre Prolomée et Aristobule
dans , les choses où ils sont tous deux
d'accord sur les actions et les entreprises
d'Alexandre.
L'Euphrate se divisoit en deux bras
assez loin au dessus de Babylone. Son bras
Oriental alloit se jetter dans le Tigre, et delà
dans la Mer. L'autre bras , qui est l'Occidental
, passoit à Babylone ; et à quarante
lieues au dessous , il se divisoit encore
en deux par le Pallacopas , qui alloit
dans la Mer , de la maniere que nous l'avons
dit.Il ne faut pas confondre ces deux
divisions de l'Euphrate.
11 ) Quinte- Curce ne donne de tour à
Babylone que 368 stades ; et Vaugelas l'a
suivi . L'Auteur moderne de l'histoire an
cienne lui en donne 480. communément
on fait le stade de 125 pas ; les huit stades
font le mille , et quatre milles font la
grande lieuë. L'Auteur moderne fait le
stade de 104 toises ; les 20 stades , selon
lui , font la lieuë ; ainsi 800 stades font
40
o lieuës.
Voilà ce que nous avions à dire sur les
deux articles proposez , qui sont l'état de
P'Euphrate à Babylone , du temps d'Aléxandre
, et la nature de l'Ouvrage que ce
Prince entreprit de faire faire sur ce Fleu
( x ) Liv. 5.ch. 4.
1.Vola
2,14 MERCURE DE FRANCE
ye. Nous croions que ces veritez que
nous avons établies , ne sont point à née
gliger.
Fermer
Résumé : DISSERTATION sur l'état où étoit l'Euphrate à Babylone, du temps d'Alexandre le Grand, et sur l'ouvrage que ce Prince y vouloit faire construire pour servir à une nouvelle Edition de l'Histoire Ancienne, composée par un Auteur moderne.
La dissertation examine l'état de l'Euphrate à Babylone du temps d'Alexandre le Grand et un projet de construction lié à ce fleuve. Un auteur moderne affirme que l'Euphrate avait quitté son lit à cause d'une ouverture mal fermée dans le canal de Cyrus, inondant ainsi le pays. Cet auteur soutient également qu'Alexandre avait entrepris de ramener le fleuve dans son lit, mais que ce projet fut interrompu par la mort du roi. La dissertation réfute ces affirmations en soulignant plusieurs erreurs factuelles. Premièrement, l'Euphrate n'avait pas quitté son lit. Deuxièmement, l'ouverture du canal de Cyrus n'était pas mal fermée. Troisièmement, le pays n'avait pas été inondé. De plus, l'auteur moderne se trompe en attribuant à Alexandre l'intention de ramener le fleuve dans son lit et en prétendant que Dieu avait empêché ce projet pour accomplir des prophéties. La dissertation cite Arrien, un historien contemporain d'Alexandre, pour montrer que le projet d'Alexandre concernait en réalité le canal du Pallacopas, situé à environ 80 lieues de Babylone. Alexandre voulait boucher l'ancienne ouverture de ce canal et en créer une nouvelle pour mieux contrôler les inondations. Ce projet visait à aider les Assyriens à arroser leurs terres et n'avait aucun lien avec les prophéties concernant la destruction de Babylone. Le texte mentionne également des ouvrages hydrauliques autour de Babylone, tels que des cavernes et des lacs profonds revêtus de brique et de bitume, destinés à gérer l'excès d'eau. Quinte-Curce décrit ces structures et soulève des questions sur la négligence supposée de la tête du fossé de Cyrus. Il est noté qu'Alexandre le Grand a navigué sur le Pallacopas, une rivière, et non sur le fossé de Cyrus. Des cartes géographiques et des descriptions d'Arrien et d'autres historiens sont utilisées pour situer Babylone par rapport au Pallacopas et aux marais environnants. L'Euphrate est décrit comme se divisant en deux bras, l'un oriental se jetant dans le Tigre et l'autre occidental passant par Babylone. Le texte mentionne également les dimensions de Babylone selon différentes sources, avec des variations dans la longueur des stades et des lieues. Enfin, il conclut en affirmant l'importance des vérités établies concernant l'état de l'Euphrate et les ouvrages entrepris par Alexandre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 106-109
QUINZE nouvelles Cartes de l'Atlas de M. BUY DE MORNAS.
Début :
C'EST toujours avec un nouveau plaisir, que nous revenons à cet Ouvrage [...]
Mots clefs :
Cartes, Peuples, Antiquité, Géographie, Historiens grecs, Babylone
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUINZE nouvelles Cartes de l'Atlas de M. BUY DE MORNAS.
QUINZE nouvelles Cartes de l'Atlas
de M. BUY DE MORNAS.
C'EST ' EST toujours avec un nouveau
plaifir , que nous revenons à cet Ouvrage
important , & en même temps le
mieux éxécuté & le plus parfait que nous
ayons en ce genre . Nous ne fçaurions
trop infifter fur l'exactitude de M. de
Mornas , & de fon Confrère , le fieur
Defnos , à tenir leurs engagemens .
Chaque partie de cette belle & fçavante
entrepriſe paroit régulièrement
au temps fixé dans leur Profpectus ; &
ce n'eft que par l'abbondance des matières
dont nous avons à rendre compte,
que nous avons différé de parler des
quinze Cartes nouvelles qui paroiffent
depuis quelque temps. Le plan de l'Auteur
étant connu par plufieurs de nos
extraits précédens , nous ne ferons
qu'indiquer aujourd'hui les Pays & les
faits mentionnés dans les nouvelles
Cartes. La première , qui eft la trenteuniéme
de la feconde partie , nous offre
les Ifles Britanniques , où l'on trouve
les noms des anciens Peuples , & les
retranchemens faits par les Romains
AVRIL. 1763. 107
du temps de Severe & d'Antonin. La
Germanie ancienne , divifée & fubdivifée
par les Peuples qui l'habitoient
autrefois , eft préfentée dans la trentedeuxiéme
Carte . On voit dans les
cinq fuivantes , la Rhétie , la Norique ,
& l'Illyrie en général ; la Pannonie
la Liburie , la Dalmatie & la Gréce ;
la Salmatie Européenne , la Dace &
la Moefie ; la Macedoine & la Trace ;
l'Epire & la Theffalie avec l'hiſtoire
des différens Peuples qui habiterent
ces Contrés , & des grands événemens
qui les ont rendues célébres dans l'antiquité.
L'Acarnanie , la Locride , &
la Phocide ; la Béothie , la Mégaride ,
l'Attique & le Péloponefe , avec des
obfervations fur leurs principales Villes ,
font la matière de trois Cartes qui
terminent le cours de Géographie ancienne
, que M. de Mornas a rendu
complet en vingt Cartes feulement ; &
il paroît qu'il n'a rien oublié pour rendre
cette defcription digne d'accompagner
fon cours d'hiftoire , foit par
la netteté du burin , foit par l'exactitude
des recherches.
C'eft à la Carte quarante-uniéme ,
que cet Auteur commence à nous ou
vrir le beau fpectacle de l'Univers
E vj
108 MERCURE DE FRANCE .
en nous donnant les differentes épo
ques de Phiftoire ancienne . Il nous
fait connoître combien l'étude de l'hif
toire eft difficille à ceux qui veulent
l'approfondir ou l'écrire. Les principales
caufes de ces difficultés , font la
fombre politique des Rois de l'antiquité
, les mutations , & les différentes
valeurs des mois & des années chez
les Anciens Peuples , le grand nombre
de noms & de titres que portoient les
anciens Rois , la ridicule vanité des
Peuples de vouloir paroître anciens ;
celle des Hiftoriens Grecs , qui cherchoient
plutôt à faire briller leur éloquence
dans leur narration , qu'à dé-
Couvrir la vérité dans leurs récits ;
enfin la perte que l'on a faite des
écrits les plus éxacts fur l'ancienne hiftoire.
Dans les quatre dernières Cartes,
P'Auteur recherche les objets & les
caufes de Pidolatrie ; il traite de
Empire de Babylone , & d'Affyrie ,
de la différence de ces deux Etats dans
leur origine , de la Religion , du Gouvernement
, des Coutumes, Ufages,& c.
de ces deux Nations . Il préfente une
introduction à l'hiftoire d'Egypte , où
décrit l'antiquité de fon Gouverne
mem , fes Loix , fa Religion &c. On
AVRIL. 1763. 109
y voit les lieux où étoient les fameufes
Pyramides, le Labyrinthe , le lac Moris ;
& pour l'utilité de fes Lecteurs , M.
de Mornas a eu foin de faire graver
dans un coin de la Carte , la repréfentation
d'une momie , d'une pyramide
& d'un obélifque .
Tels font les objets de quinze Cartes
que nous annonçons, & qui feront bientôt
fuivies de quinze autres pour fatisfaire
l'empreffement du Public qui
paroît tous les jours goûter de plus en
plus cet Ouvrage. L'Auteur invite les
perfonnes qui ont foufcrit , à retirer
leurs Exemplaires ; & de notre côté
nous croyons qu'on ne peut trop tôt
fe procurer un ouvrage qui préfente
à la fois la Géographie la plus exacte
& un cours complet d'histoire Univerfelle.
On foufcrit chez M. de Mornas ,
rue S. Jacq. auprès de S.Yves , & chez
le fieur Defnos , dans la même rue.
de M. BUY DE MORNAS.
C'EST ' EST toujours avec un nouveau
plaifir , que nous revenons à cet Ouvrage
important , & en même temps le
mieux éxécuté & le plus parfait que nous
ayons en ce genre . Nous ne fçaurions
trop infifter fur l'exactitude de M. de
Mornas , & de fon Confrère , le fieur
Defnos , à tenir leurs engagemens .
Chaque partie de cette belle & fçavante
entrepriſe paroit régulièrement
au temps fixé dans leur Profpectus ; &
ce n'eft que par l'abbondance des matières
dont nous avons à rendre compte,
que nous avons différé de parler des
quinze Cartes nouvelles qui paroiffent
depuis quelque temps. Le plan de l'Auteur
étant connu par plufieurs de nos
extraits précédens , nous ne ferons
qu'indiquer aujourd'hui les Pays & les
faits mentionnés dans les nouvelles
Cartes. La première , qui eft la trenteuniéme
de la feconde partie , nous offre
les Ifles Britanniques , où l'on trouve
les noms des anciens Peuples , & les
retranchemens faits par les Romains
AVRIL. 1763. 107
du temps de Severe & d'Antonin. La
Germanie ancienne , divifée & fubdivifée
par les Peuples qui l'habitoient
autrefois , eft préfentée dans la trentedeuxiéme
Carte . On voit dans les
cinq fuivantes , la Rhétie , la Norique ,
& l'Illyrie en général ; la Pannonie
la Liburie , la Dalmatie & la Gréce ;
la Salmatie Européenne , la Dace &
la Moefie ; la Macedoine & la Trace ;
l'Epire & la Theffalie avec l'hiſtoire
des différens Peuples qui habiterent
ces Contrés , & des grands événemens
qui les ont rendues célébres dans l'antiquité.
L'Acarnanie , la Locride , &
la Phocide ; la Béothie , la Mégaride ,
l'Attique & le Péloponefe , avec des
obfervations fur leurs principales Villes ,
font la matière de trois Cartes qui
terminent le cours de Géographie ancienne
, que M. de Mornas a rendu
complet en vingt Cartes feulement ; &
il paroît qu'il n'a rien oublié pour rendre
cette defcription digne d'accompagner
fon cours d'hiftoire , foit par
la netteté du burin , foit par l'exactitude
des recherches.
C'eft à la Carte quarante-uniéme ,
que cet Auteur commence à nous ou
vrir le beau fpectacle de l'Univers
E vj
108 MERCURE DE FRANCE .
en nous donnant les differentes épo
ques de Phiftoire ancienne . Il nous
fait connoître combien l'étude de l'hif
toire eft difficille à ceux qui veulent
l'approfondir ou l'écrire. Les principales
caufes de ces difficultés , font la
fombre politique des Rois de l'antiquité
, les mutations , & les différentes
valeurs des mois & des années chez
les Anciens Peuples , le grand nombre
de noms & de titres que portoient les
anciens Rois , la ridicule vanité des
Peuples de vouloir paroître anciens ;
celle des Hiftoriens Grecs , qui cherchoient
plutôt à faire briller leur éloquence
dans leur narration , qu'à dé-
Couvrir la vérité dans leurs récits ;
enfin la perte que l'on a faite des
écrits les plus éxacts fur l'ancienne hiftoire.
Dans les quatre dernières Cartes,
P'Auteur recherche les objets & les
caufes de Pidolatrie ; il traite de
Empire de Babylone , & d'Affyrie ,
de la différence de ces deux Etats dans
leur origine , de la Religion , du Gouvernement
, des Coutumes, Ufages,& c.
de ces deux Nations . Il préfente une
introduction à l'hiftoire d'Egypte , où
décrit l'antiquité de fon Gouverne
mem , fes Loix , fa Religion &c. On
AVRIL. 1763. 109
y voit les lieux où étoient les fameufes
Pyramides, le Labyrinthe , le lac Moris ;
& pour l'utilité de fes Lecteurs , M.
de Mornas a eu foin de faire graver
dans un coin de la Carte , la repréfentation
d'une momie , d'une pyramide
& d'un obélifque .
Tels font les objets de quinze Cartes
que nous annonçons, & qui feront bientôt
fuivies de quinze autres pour fatisfaire
l'empreffement du Public qui
paroît tous les jours goûter de plus en
plus cet Ouvrage. L'Auteur invite les
perfonnes qui ont foufcrit , à retirer
leurs Exemplaires ; & de notre côté
nous croyons qu'on ne peut trop tôt
fe procurer un ouvrage qui préfente
à la fois la Géographie la plus exacte
& un cours complet d'histoire Univerfelle.
On foufcrit chez M. de Mornas ,
rue S. Jacq. auprès de S.Yves , & chez
le fieur Defnos , dans la même rue.
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Résumé : QUINZE nouvelles Cartes de l'Atlas de M. BUY DE MORNAS.
Le texte présente une série de quinze nouvelles cartes de l'Atlas de M. Buy de Mornas, reconnu pour son exactitude et sa qualité d'exécution. Ces cartes couvrent divers sujets historiques et géographiques. La première carte, la trente-et-unième, montre les Îles Britanniques avec les noms des anciens peuples et les retranchements romains. La trente-deuxième carte illustre la Germanie ancienne, divisée par les peuples qui l'habitaient. Les cinq cartes suivantes détaillent des régions telles que la Rhétie, la Norique, l'Illyrie, la Pannonie, la Liburie, la Dalmatie, la Grèce, la Sarmatie Européenne, la Dace, la Moésie, la Macédoine, la Thrace, l'Épire, et la Thessalie, fournissant des informations sur les peuples et les événements historiques. Trois autres cartes couvrent l'Acarnanie, la Locride, la Phocide, la Béotie, la Mégaride, l'Attique, et le Péloponnèse, complétant ainsi un cours de géographie ancienne en vingt cartes. La quarante-et-unième carte introduit l'histoire ancienne, soulignant les difficultés de son étude, telles que la sombre politique des rois anciens, les variations des calendriers, et la vanité des peuples et des historiens grecs. Les quatre dernières cartes explorent les causes de l'idolâtrie, l'Empire de Babylone et d'Assyrie, et introduisent l'histoire de l'Égypte, incluant des descriptions des pyramides, du labyrinthe, et du lac Moeris. L'auteur invite les souscripteurs à retirer leurs exemplaires et encourage l'acquisition de cet ouvrage pour son exactitude géographique et son cours complet d'histoire universelle. Les souscriptions sont disponibles chez M. de Mornas et le sieur Defnos, rue Saint-Jacques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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