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1
p. 270-275
Prise de Sarbruc. [titre d'après la table]
Début :
Si j'avois parlé toûjours aussi juste que celle qui a fait ces [...]
Mots clefs :
Fribourg, Suisse, Ennemis, Sarrebruck, Conquêtes
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texteReconnaissance textuelle : Prise de Sarbruc. [titre d'après la table]
Si j'avois parlé toûjours auffi juſte que celle qui a fait ces Vers, je ne ſerois pas obligé de me dédire aujourd'huy fur la Situation de Fribourg. Je l'ay mis en Suiſſe dans ma derniere
Lettre, &il eſt en Briſgau , fur la petite Riviere de Treiſeim.
Cette faute m'eſt d'autant plus pardonnable , qu'il y a deux Villes de ce meſme nom qui ne font pas fort éloignées l'une de l'autre , & que deux des plus
184 LE MERCVRE
en
confiderables Chapitres de Suiffe s'y font retirez , à ſçavoir celuy de l'Egliſe Cathedrale de Lozanne à Fribourg en Suiffe , & celuy de Bafle à Fri- bourg en Briſgau. Apres la priſe de celuy qui eft preſente- ment à nous, on ne ſe contenta
pas de s'appliquer à y faire de nouvelles Fortifications ,
attendant M. de Choiſy Inge- nieur de grande réputation, qui fut auffi - toft nommé pour les conduire , on fit démolir celles
de pluſieurs petites Villes , avec quelques Chaſteaux voiſins , &
on travailla à l'établiſſement
des Contributions , dont les
grandes ſommes rendent cette
Conqueſte tres - confiderable.
M. le Marquis de Bouflairs &
M.le Chevalier d'Eſtrades , qui doivent commander l'un dans
GALANT. 185 la Place , & l'autre la Cavalerie
des environs , ne manqueront pas de ſoin à conſerver tous les avantages qu'un Poſte ſi im- portant nous donne. Sa prife a
produit de grands effets. La plupart des Places que les En- nemis ont de ce coſté-là , font dans une alarme continuelle.
L'une ſe fortifie , les Habitans
de l'autre l'abandonnent ; celle
cy traite des Contributions ; &
Straſbourg que rien n'avoit en- cor étonné dépuis le commen- cement de laGuerre , fait fortifier ſes Forts, & fonge meſme à
en faire conſtruire de nouveaux.
C'eſt un coup de tonnerre dont les Ennemis ne reviennent pas.
Ils ſe ſont fatiguez en retour- nant à grands pas au delà du Rhin,&ont trouvé toutes leurs
meſures rompuës pour leurs
186 LE MERCVRE
Quartiers d'Hyver. Il leur en a falu chercher d'autres que
ceux qui leur avoient eſté aſſignez ; & cependant nos Trou- pes apres avoir confumé tous les Fourrages de la Vallée de S.Pierre , ont repaffé le Rhin,
&joüiffent en repos de leurs Quartiers , les Ennemis ayant abandonné tous les Poſtes qu'ils
tenoient ſur la Sarre. Ils s'étoient propoſez de prendre la Petite-Pierre pour achever leur
Campagne ; mais loin de venir
àbout de leurs deſſeins , ils ont
perdu toutes leurs petite Con- queſtes , comme Sarbruk qui
eſtoit la plus importante. Le Chaſteau en a eſté pris par M le Marquis de Ranes apres neuf volées de Canon. Vous
fçavez quelles cruautez les Ennemis exercerent contre leur
GALAN T. 187 parole quand nous le perdîmes.
Ceux que M'de Ranes trouva
dedans ne doutoient point qu'ils ne dûſſent recevoir le meſme
traitement qui avoit eſté fait aux Noftres ; mais ayant eſté envoyez à Monfieur le Maref- chal de Créquy , cet illuſtre General leur fit connoiſtre que les François avoient plus d'hu- manité, qu'ils estoient genereux de toutes manieres , & amoureux de cette belle gloire qui fait aimer les Conquérans ,mef- me de leurs Ennemis. Pendant
que nos Troupes ſe ſignalent partout, la valeur de laGarni- fon de Maftric ne demeure pas oiſive; elle fait des courſes qui luy ſont glorieuſes & profita- bles , s'aſſure de pluſieurs Châ- teaux, &fans eſtre deſtinée aux
travaux de la Campagne , en
188 LE MERCVRE
fait une plus glorieuſe que celle d'un monde d'Ennemis , s'il eſt
permis de parler ainſy.
Lettre, &il eſt en Briſgau , fur la petite Riviere de Treiſeim.
Cette faute m'eſt d'autant plus pardonnable , qu'il y a deux Villes de ce meſme nom qui ne font pas fort éloignées l'une de l'autre , & que deux des plus
184 LE MERCVRE
en
confiderables Chapitres de Suiffe s'y font retirez , à ſçavoir celuy de l'Egliſe Cathedrale de Lozanne à Fribourg en Suiffe , & celuy de Bafle à Fri- bourg en Briſgau. Apres la priſe de celuy qui eft preſente- ment à nous, on ne ſe contenta
pas de s'appliquer à y faire de nouvelles Fortifications ,
attendant M. de Choiſy Inge- nieur de grande réputation, qui fut auffi - toft nommé pour les conduire , on fit démolir celles
de pluſieurs petites Villes , avec quelques Chaſteaux voiſins , &
on travailla à l'établiſſement
des Contributions , dont les
grandes ſommes rendent cette
Conqueſte tres - confiderable.
M. le Marquis de Bouflairs &
M.le Chevalier d'Eſtrades , qui doivent commander l'un dans
GALANT. 185 la Place , & l'autre la Cavalerie
des environs , ne manqueront pas de ſoin à conſerver tous les avantages qu'un Poſte ſi im- portant nous donne. Sa prife a
produit de grands effets. La plupart des Places que les En- nemis ont de ce coſté-là , font dans une alarme continuelle.
L'une ſe fortifie , les Habitans
de l'autre l'abandonnent ; celle
cy traite des Contributions ; &
Straſbourg que rien n'avoit en- cor étonné dépuis le commen- cement de laGuerre , fait fortifier ſes Forts, & fonge meſme à
en faire conſtruire de nouveaux.
C'eſt un coup de tonnerre dont les Ennemis ne reviennent pas.
Ils ſe ſont fatiguez en retour- nant à grands pas au delà du Rhin,&ont trouvé toutes leurs
meſures rompuës pour leurs
186 LE MERCVRE
Quartiers d'Hyver. Il leur en a falu chercher d'autres que
ceux qui leur avoient eſté aſſignez ; & cependant nos Trou- pes apres avoir confumé tous les Fourrages de la Vallée de S.Pierre , ont repaffé le Rhin,
&joüiffent en repos de leurs Quartiers , les Ennemis ayant abandonné tous les Poſtes qu'ils
tenoient ſur la Sarre. Ils s'étoient propoſez de prendre la Petite-Pierre pour achever leur
Campagne ; mais loin de venir
àbout de leurs deſſeins , ils ont
perdu toutes leurs petite Con- queſtes , comme Sarbruk qui
eſtoit la plus importante. Le Chaſteau en a eſté pris par M le Marquis de Ranes apres neuf volées de Canon. Vous
fçavez quelles cruautez les Ennemis exercerent contre leur
GALAN T. 187 parole quand nous le perdîmes.
Ceux que M'de Ranes trouva
dedans ne doutoient point qu'ils ne dûſſent recevoir le meſme
traitement qui avoit eſté fait aux Noftres ; mais ayant eſté envoyez à Monfieur le Maref- chal de Créquy , cet illuſtre General leur fit connoiſtre que les François avoient plus d'hu- manité, qu'ils estoient genereux de toutes manieres , & amoureux de cette belle gloire qui fait aimer les Conquérans ,mef- me de leurs Ennemis. Pendant
que nos Troupes ſe ſignalent partout, la valeur de laGarni- fon de Maftric ne demeure pas oiſive; elle fait des courſes qui luy ſont glorieuſes & profita- bles , s'aſſure de pluſieurs Châ- teaux, &fans eſtre deſtinée aux
travaux de la Campagne , en
188 LE MERCVRE
fait une plus glorieuſe que celle d'un monde d'Ennemis , s'il eſt
permis de parler ainſy.
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Résumé : Prise de Sarbruc. [titre d'après la table]
Le texte aborde une erreur géographique concernant la localisation de Fribourg, située en Brisgau près de la rivière Dreisam, et non en Suisse. Cette confusion est compréhensible en raison de l'existence de deux villes portant le même nom. Après la prise de Fribourg, des fortifications ont été démolies et reconstruites, et des contributions ont été établies, rendant la conquête très profitable. Les commandants, le Marquis de Bouflairs et le Chevalier d'Estrades, assureront la défense stratégique de cette position. La prise de Fribourg a alarmé les places ennemies, certaines se fortifiant, d'autres étant abandonnées, et Strasbourg renforçant ses défenses. Les ennemis, surpris, ont dû chercher de nouveaux quartiers d'hiver après que les troupes françaises aient brûlé les fourrages et repris leurs positions. Les ennemis ont perdu des conquêtes, comme Sarbruck, repris par le Marquis de Ranes, qui a traité les prisonniers avec humanité. La garnison de Maestricht a également mené des actions glorieuses et profitables.
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2
p. 117-120
NOUVELLES des Cantons Suisses.
Début :
Il s'est élevé des troubles en Suisse il y [...]
Mots clefs :
Cantons suisses, Suisse, Zurich, Berne, Protestants, Catholiques, Ambassadeur de France, Bremgarten
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES des Cantons Suisses.
NOUVELLES
des Cantons Suiffes.
IL s'eft élevé des troubles en Suiffe il y a environ cinq ans pour le Com.
té de Tockembourg , dont
les habitans font partie Catholiques , & partie Proteftans. On prétend que
l'Abbé de faint Gal qui en
eſt ſeigneur , troubloit les
Proteftants dans l'exercice
de leur Religion. Les Cantons de Zurich & de Berne,
dont les peuples de cette
118 MERCURE
Comté font alliez , voulurent s'y oppoſer , & quelques Cantons Catholiques
entreprirent de fouftenir
les droits de l'Abbé de faint
Gal. Il s'eft tenu plufieurs
conferences à la follicitation des Cantons neutres
de Bafle & de Schafhouſe ,
& de l'Ambaffadeur de
France, pour terminer ces
differentsàl'amiable , mais
tres - inutilement , depuis
quelque temps on eſt venu à une rupture ouverte.
Les Cantons de Zurich &
de Berne ont affemblé de
GALANT. 119
groffes armées avec lef
quelles ils ontforcé les paffages qui les feparent , ont
donné un combat près de
Bremgarten , où ils perdirent trois ou quatre cens
hommes , & les Catholiques cinq cens & deux picces de canon , & enfuite
ils s'emparerent de Brem
garten & du Comté de
Bade.
Depuis ce temps - la le
Comte du Luc Ambaffadeur de France & les
Cantons neutres ont obtenuunefufpenfion d'armes,
120 MERCURE
ils font convenus que les
Députez des deux parties.
s'affembleroient à Arran ,
où l'on efpere trouver des
moyens pour reftablir la
tranquillité dans tout le
corps Helvetique.
des Cantons Suiffes.
IL s'eft élevé des troubles en Suiffe il y a environ cinq ans pour le Com.
té de Tockembourg , dont
les habitans font partie Catholiques , & partie Proteftans. On prétend que
l'Abbé de faint Gal qui en
eſt ſeigneur , troubloit les
Proteftants dans l'exercice
de leur Religion. Les Cantons de Zurich & de Berne,
dont les peuples de cette
118 MERCURE
Comté font alliez , voulurent s'y oppoſer , & quelques Cantons Catholiques
entreprirent de fouftenir
les droits de l'Abbé de faint
Gal. Il s'eft tenu plufieurs
conferences à la follicitation des Cantons neutres
de Bafle & de Schafhouſe ,
& de l'Ambaffadeur de
France, pour terminer ces
differentsàl'amiable , mais
tres - inutilement , depuis
quelque temps on eſt venu à une rupture ouverte.
Les Cantons de Zurich &
de Berne ont affemblé de
GALANT. 119
groffes armées avec lef
quelles ils ontforcé les paffages qui les feparent , ont
donné un combat près de
Bremgarten , où ils perdirent trois ou quatre cens
hommes , & les Catholiques cinq cens & deux picces de canon , & enfuite
ils s'emparerent de Brem
garten & du Comté de
Bade.
Depuis ce temps - la le
Comte du Luc Ambaffadeur de France & les
Cantons neutres ont obtenuunefufpenfion d'armes,
120 MERCURE
ils font convenus que les
Députez des deux parties.
s'affembleroient à Arran ,
où l'on efpere trouver des
moyens pour reftablir la
tranquillité dans tout le
corps Helvetique.
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Résumé : NOUVELLES des Cantons Suisses.
Il y a environ cinq ans, des troubles ont éclaté dans le comté de Tockembourg, en Suisse, peuplé de Catholiques et de Protestants. L'Abbé de Saint-Gall, seigneur du comté, était accusé de perturber les Protestants dans l'exercice de leur religion. Les cantons de Zurich et de Berne, alliés des Protestants, tentèrent de s'opposer à ces troubles, tandis que certains cantons catholiques soutenaient les droits de l'Abbé. Plusieurs conférences, organisées à la demande des cantons neutres de Bâle et de Schaffhouse, ainsi que de l'ambassadeur de France, échouèrent à résoudre le conflit à l'amiable. La situation dégénéra en rupture ouverte, menant à un combat près de Bremgarten où les cantons de Zurich et de Berne subirent des pertes humaines et matérielles. Ils prirent ensuite le contrôle de Bremgarten et du comté de Bade. Depuis, le comte du Luc, ambassadeur de France, et les cantons neutres ont obtenu une suspension des hostilités et ont convenu de réunir des députés des deux parties à Aarau pour restaurer la tranquillité dans le corps helvétique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 184-211
AVANTURE Tragi-comique, écrite par un Suisse de Soleure.
Début :
Ces jours-cy dans notre Ville Capitale, est mort de [...]
Mots clefs :
Mort de chagrin, Veuve, Amour, Suisse, Brutal, Vieillard, Épouser, Venger, Goutte, Billet, Pistolet, Disputer, Rage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVANTURE Tragi-comique, écrite par un Suisse de Soleure.
A VA NT U R E
Tragi-comique, écrite
par un Suisede SoImre.
CEsjours-cy dans nostreVille Capitale,est mort
de chagrin un homme de
quatre-vingt huit ans,
voicy l'avanture qui lui
causa l'an passé un fond
de melancolie, où il n'a
pû resister, quoy qu'avec
l'âge on doiveavoir acquis la force de l'esprit,
par
par habitude de surmonter les chagrins, & sur
tout ceux de l'amour;
cest pourtant un chagrin
d'amour, qui joint à quatre-vingt huit années, a
fait perdre patience
,,
Be
vie, àundes plus braves
Suisses de nos Cantons.
Voicyl'origine de ce
malheur.
Une Veuve François
estimée de tous nous autres pour sa rare, bonne
conduite & vertu, avoit
chez elle quantité de gens
d'esprit
,
de l'un & de
l'autre sexe
,comme il en
est beaucoup chez nous.
quoi qu'en dire les sots
cette Veuve approchoit
vers les trente ans,c'est
jeunesse encore en nos
pays, non comme en
France; en effet cette Veuvebrilloit tellement, que personne ne
pouvoit s'empescher de.
l'aimer, & elle menageoit tous ces
amours là
pour faire revivre la fortune
,
morte pour elle
avec feu son mary; entre
tous ceux qui l'aimoient
il n'en estoit que trois qui
eussent pour but le mariage, & tous les autres
qui avoient des veuës je
ne sçay quelles, furent
congediez
,
par cette
vertueuse Veuve.
Voici donc les trois restants. Le premier c'estoit
un jeune homme fait à
peindre, &C d'un esprit
aimable plein de raison,
maisn'ayant point de
bien, non plus que la
Veuve; ilsavoient resolu
tous deux de ne se plus,
voir, tous les jours ilsse
disoient adieu pour jamais
,
& le lendemain,
c'estoit à
recommencer~
maisle second amant qui,
estoit nostre homme de.
quatre-vingt tant d'années voulut un jour que.
leur adieu ne recomençast.
plus;& cela fut resolu.
fermement en sa presence, car il estoit revesche.
& brutal, ce vieil amant
resta seul à la Veuve pendant quelque temps, il
ne tenoitquasià rien qu'il
n'épousast, il n'attendoit
pourfaire la nopce que
quelqu'un de ses bons
jours où la goute & la
gravelle lui donnoient du
relasche, &. il lui venoit
presque tous les mois,
quelqu'un de ces bons.
jours où il souffoit;
moins
,
c'est ce qu'il attendoit pour Ce donner la
consolation du mariage.
Un autre Vieillard, à
peu prés du mesme âge,4
mais qui ne pouvoit plus
marcher, & qui se faisoit
porter tous les jours dans
l'Egliseen chaise à gouteux
,
y
avoit veu cette
belle personne
,
& en devint encore plus amoureux que n'estoitl'autre,
celuy-cy voyoit quelquefois le jeune hOlnlne, il
s'adressa à lui, le priant,
comme il connoissoit cete Veuve,d'obtenird'elle
qu'ill'allât visiter en chaise, & qu'elle permit que
sa chaise entrait jusques
danssachambre,pourl'inconvenient de ce qu'il
souffroit, & des cris qu'il
faisoit quand il l'enfalloit
tirer; cette proposition
fut accompagnée d'un
offre deviiilyt mille écus
d'abord à la Veuve, pour
souffrir l'incommodité de
cette visite, &C condition
offerte de luy livrer les
vingt mille écus francs,
si l'ayant veuë, il ne jugeoit par convenable de
l'épouser, mais que sielle
luy convenoit., ilvouloit
au lieu des vingt mille
écus, lui donner tout Ton
bien par un contrat de
mariage.
Cette proposition rendit attentif ce jeune
Amant,d'abord le desir
de se vanger du vieux
DON-
brutal qui l'avoitcbaftè
d'auprès de sa Maistresse
,
luy fit escouter ce rivalcy, & deplus, il vit un
avantage seur, pour celle
qu'il aimoit
)
il alla d'abord luy faire la proposition
,
à quoy elle respondit aprèsavoir un peu rêvé : mon Dieu que de
Vieillards; à quoy repartit lejeune,béc'est tant
mieux, jesouhaite que
celuy-cy vive long-temps
avec vous, maisenfin de
compte, vousJèreZj ricke:
la Veuve ne répondit
qu'en soupirant,elleregarda le jeune hoxnnjc^
& après un silence fort
tendre elle dit seulement,
hé bien faites venir le
Gouteuxenchaise.
Le jeune Amant fut
trouver le Gouteuxqu'il
réjouir fort par la bonne
nouvelle, laVeuve avoit
"- dit à sa servante unique,
de faire monter une chaise qui viendroit lavoir
cette aprèsmidy. Notez
que l'autre vieux Amant
n'estoit point venu depuis quelques jours,retenu au lit par gotfte&C
gravelle; maiss'enennuyant
,
il se fit, empaqueter chaudement dans
une chaise
,
& porter
chez samaistresse qui le
sçavoit au lit, &voulant
la surprendre agréablement parcettevisite inopinée fitouvrirla porté
d'en bas. dont il avoit le
passe-par-tout
,
& sans
estre veu dela servante
qui estoit dans sa chambre en haut, il entra tout
brandi jusqu'auprés du
feu de la Veuve où elle
revassoit aux vingt mille
écus de l'autre gouteux.
- Dans sa surprise la
Veuve (e levé en sursaut
de son fauteuil, & fait
des compliments à celuicy tels qu'elle les croyoit
faire à l'autre, jusqu'à ce
que s'appercevant de sa
mpric, elle se troubla.
Le bonhomme brutal aurait pris ce compliment
pour resverie, ayant veu
en entrant la Veuve comme endormie prés de son
feu. Mais le second gouteux dans la féconde chaise suivoit de prés, ayant
trouvé la porte ouverte,
ses porteurs en quatre enjambéesl'eurenttransporté dans la chambre. Enfin les deux chaises se
trouverent placées aux.
costez dela cheminée, &c
---.k Veuve
au milieu, les
porteurs évadez elle resta
entre ces deux vieillards.
Lorsaussi embarasséeque
le fut jadisSusanne, le premierprétendant brutal Se
emporté commença la
querelle, comme il n'avoit que la langue de libre aussi s'en servit
-
il de
merveilles, Se conclut
par des reproches, accusant la Veuve d'inconstance & d'ingratitude,
envers un amant premier
en date, dont elle trahiffoit l'amour. Il n'est point
tquçftion
,
reprit l'autre,
qui estoitpluscensé,ny
d'amour, ny de primauté
en date,ny d'inconstance,
avec de vieux gouteux
comme nous, & vous
,
avez tort de mettre vostre amour en ligne de
comptesiln'y a qu'une
chose à sçavoir, & qu'un
mot qui serve
3
j'apporte
vingt mille escus pour
ma premiere visite ,en
avez vous là trente? elle
vous preferera, & je ne
m'en plaindray point,
qu'elle me
-
congedie.
L'autre ne répondit à cela
qu'en appellant ses porteurs )
ôc menaçant furieusementsonrival, &l
jurant qu'il auroit de ses
nouvelles avant le soir.
On le remporta, Se l'autre après une visite trés
longue, promit d'époufer le lcpdenlain, mais
en arrivant chez luy le
[air, il trouva un billet
du brutal, qui luy escrivoit que la rage l'avoit
gueri de la goute, &C
qu'il avoit des pieds pour
aller hors les portes de la
Ville, &C une main pour
se battre,& qu'il ne manquait pas de sy trouver
dés la pointe du jour:
celuy-cy luy manda qu'il
n'avoir qu'une main, &
point de jambes
,
mais
qu'il vint le voir, ou qu'il
l'attendist chez luy, &C
qu'ils conviendraient de.
la forme du combat, l'autre y
vint une heure aprés.
Le plus raisonnable des
deux dit au brutal que
n'étant point en estat de
tirer l'espée ,ilne doutoit point qu'il ne consentist à se battre au pistolet.
Ils convinrent pour cela
que sous prétexte d'aller
prendre l'air,ils se feroient porter l'un & l'autre dans une maison de
campagne fort proche de
la Ville, & qu'ils emprunterent à un de leurs
amis sans luy dire pourquoy;ils se firent dresser
deux lits dans la mesme
chambre,& après y
avoir
couché la premiere nuit
fort tranquilles, ils foupercnt le soir ensemble
,
se
firent coucher par leurs
valets qui se retirerent ensuite, &C le lendemain htost que le jour fut assez
grand pour ce qu'ils
avoient à faire, ils s'accommoderent & se cantonnerent chacun sur son
lit ,& tinrent chacun
deux pistolets en évidence, à condition de les tirer alternativement. Ce
fut une cérémonie un peu
longue à qui tireroit le
premier, le brutal commença& manqua le premier coup, l'autre tira cC
manqua aussi le lien,
maisle brutal recommença & perça la poitrine à
l'autre; alors voyant celuy cy qui estoit fort mal,
illuy dit:tu ne feras plus
en estat de me disputer
ma belle Veuve. Ce dernier mot redoublant la jalousie du blessé,iltire (on
second coup, qui blessa
l'autreau bras, pendant
ce combat les valets accoururent aux coups, &
le brutal bravant tousjours l'autre sur ce qu'il
auroit la Veuve; celuycy demanda une plume
& de l'ancre; & pendant
qu'on alloitquérir du secoursil écrivit quelques
lignes & fit cacheter le
billetpar un valet affidé,
à qui il recommanda de
le donnerà la Veuve. Le
brutal cependant continuoit ses bravades, vous
faites bien luy dit-il, de
luy escrire un tendre
adieu, car je la possederay bien-tost. Une heure
aprés
,
le blessé à mort
mourut, les valets cache-
rent ce duel, ils estoient
seuls dans la maison, on
emporta le brutal chez
luy, & on fit croire que
l'autre s'estoit tué luymesme.
Quelques jours après
la Veuveayant receu le
billet, & le jeune homme
l'estantallé trouver pour
se plaindre avec elle de ce
que le riche vieillard la
devant espouser le lendemain
,
estoit mort trop
tost de quelques jours, le
brutal victorieux se fit
porter chez elle, estant
beaucoup mieux & se
voyant en estat de jouïr
du fruit de sa victoire ; en
arrivant il fulmina d'abord contre la Veuve &c
contre le jeune homme
à qui la jalousie luy fit
dire mille injures, mais
la Veuveluirépondit
tranquillementqu'ilavoit
eu tort d'insulter celuy
qu'il avoit tué, &quele
mourant justement irrité
avoit
avoit voulu du moins en
expirant luy oster les
moyens de triompher de
lui après sa mort en possedant sa maistresse, &C
qu'illui avoit envoyé un
billet qui estoit un testament par lequel il lui laissoit tout son bien, à elle
Se au jeune homme,à
condition qu'ils s'espouferoient, & qu'ainsi il
n'avoir qu'à se faire reporter chez lui. Jugez
qu'elle fut la rage de nos-
tre brutal, elle finit par
un appel à coup de pistolet qu'il fit au jeune hom- -
me,quiluidit qu'il lui
prefteroit volontiers le
colet l'espée à la main.
Levieuxappellants'écria
qu'iln'estoit pas en estat
de mettre l'espée à la
main, ne pouvant se tenir
sur les jambes, Se que la
partie n'estoit pas esgale;
puisque - vous voulez de
l'égalité répliqua la jeune
homme, attendez donc
que j'aye quatre-vingt
ans, & les goutes
,
car de
risquer à présent ma vie
contre la vostre
3
ce seroit
joiier trente contre un.
Tragi-comique, écrite
par un Suisede SoImre.
CEsjours-cy dans nostreVille Capitale,est mort
de chagrin un homme de
quatre-vingt huit ans,
voicy l'avanture qui lui
causa l'an passé un fond
de melancolie, où il n'a
pû resister, quoy qu'avec
l'âge on doiveavoir acquis la force de l'esprit,
par
par habitude de surmonter les chagrins, & sur
tout ceux de l'amour;
cest pourtant un chagrin
d'amour, qui joint à quatre-vingt huit années, a
fait perdre patience
,,
Be
vie, àundes plus braves
Suisses de nos Cantons.
Voicyl'origine de ce
malheur.
Une Veuve François
estimée de tous nous autres pour sa rare, bonne
conduite & vertu, avoit
chez elle quantité de gens
d'esprit
,
de l'un & de
l'autre sexe
,comme il en
est beaucoup chez nous.
quoi qu'en dire les sots
cette Veuve approchoit
vers les trente ans,c'est
jeunesse encore en nos
pays, non comme en
France; en effet cette Veuvebrilloit tellement, que personne ne
pouvoit s'empescher de.
l'aimer, & elle menageoit tous ces
amours là
pour faire revivre la fortune
,
morte pour elle
avec feu son mary; entre
tous ceux qui l'aimoient
il n'en estoit que trois qui
eussent pour but le mariage, & tous les autres
qui avoient des veuës je
ne sçay quelles, furent
congediez
,
par cette
vertueuse Veuve.
Voici donc les trois restants. Le premier c'estoit
un jeune homme fait à
peindre, &C d'un esprit
aimable plein de raison,
maisn'ayant point de
bien, non plus que la
Veuve; ilsavoient resolu
tous deux de ne se plus,
voir, tous les jours ilsse
disoient adieu pour jamais
,
& le lendemain,
c'estoit à
recommencer~
maisle second amant qui,
estoit nostre homme de.
quatre-vingt tant d'années voulut un jour que.
leur adieu ne recomençast.
plus;& cela fut resolu.
fermement en sa presence, car il estoit revesche.
& brutal, ce vieil amant
resta seul à la Veuve pendant quelque temps, il
ne tenoitquasià rien qu'il
n'épousast, il n'attendoit
pourfaire la nopce que
quelqu'un de ses bons
jours où la goute & la
gravelle lui donnoient du
relasche, &. il lui venoit
presque tous les mois,
quelqu'un de ces bons.
jours où il souffoit;
moins
,
c'est ce qu'il attendoit pour Ce donner la
consolation du mariage.
Un autre Vieillard, à
peu prés du mesme âge,4
mais qui ne pouvoit plus
marcher, & qui se faisoit
porter tous les jours dans
l'Egliseen chaise à gouteux
,
y
avoit veu cette
belle personne
,
& en devint encore plus amoureux que n'estoitl'autre,
celuy-cy voyoit quelquefois le jeune hOlnlne, il
s'adressa à lui, le priant,
comme il connoissoit cete Veuve,d'obtenird'elle
qu'ill'allât visiter en chaise, & qu'elle permit que
sa chaise entrait jusques
danssachambre,pourl'inconvenient de ce qu'il
souffroit, & des cris qu'il
faisoit quand il l'enfalloit
tirer; cette proposition
fut accompagnée d'un
offre deviiilyt mille écus
d'abord à la Veuve, pour
souffrir l'incommodité de
cette visite, &C condition
offerte de luy livrer les
vingt mille écus francs,
si l'ayant veuë, il ne jugeoit par convenable de
l'épouser, mais que sielle
luy convenoit., ilvouloit
au lieu des vingt mille
écus, lui donner tout Ton
bien par un contrat de
mariage.
Cette proposition rendit attentif ce jeune
Amant,d'abord le desir
de se vanger du vieux
DON-
brutal qui l'avoitcbaftè
d'auprès de sa Maistresse
,
luy fit escouter ce rivalcy, & deplus, il vit un
avantage seur, pour celle
qu'il aimoit
)
il alla d'abord luy faire la proposition
,
à quoy elle respondit aprèsavoir un peu rêvé : mon Dieu que de
Vieillards; à quoy repartit lejeune,béc'est tant
mieux, jesouhaite que
celuy-cy vive long-temps
avec vous, maisenfin de
compte, vousJèreZj ricke:
la Veuve ne répondit
qu'en soupirant,elleregarda le jeune hoxnnjc^
& après un silence fort
tendre elle dit seulement,
hé bien faites venir le
Gouteuxenchaise.
Le jeune Amant fut
trouver le Gouteuxqu'il
réjouir fort par la bonne
nouvelle, laVeuve avoit
"- dit à sa servante unique,
de faire monter une chaise qui viendroit lavoir
cette aprèsmidy. Notez
que l'autre vieux Amant
n'estoit point venu depuis quelques jours,retenu au lit par gotfte&C
gravelle; maiss'enennuyant
,
il se fit, empaqueter chaudement dans
une chaise
,
& porter
chez samaistresse qui le
sçavoit au lit, &voulant
la surprendre agréablement parcettevisite inopinée fitouvrirla porté
d'en bas. dont il avoit le
passe-par-tout
,
& sans
estre veu dela servante
qui estoit dans sa chambre en haut, il entra tout
brandi jusqu'auprés du
feu de la Veuve où elle
revassoit aux vingt mille
écus de l'autre gouteux.
- Dans sa surprise la
Veuve (e levé en sursaut
de son fauteuil, & fait
des compliments à celuicy tels qu'elle les croyoit
faire à l'autre, jusqu'à ce
que s'appercevant de sa
mpric, elle se troubla.
Le bonhomme brutal aurait pris ce compliment
pour resverie, ayant veu
en entrant la Veuve comme endormie prés de son
feu. Mais le second gouteux dans la féconde chaise suivoit de prés, ayant
trouvé la porte ouverte,
ses porteurs en quatre enjambéesl'eurenttransporté dans la chambre. Enfin les deux chaises se
trouverent placées aux.
costez dela cheminée, &c
---.k Veuve
au milieu, les
porteurs évadez elle resta
entre ces deux vieillards.
Lorsaussi embarasséeque
le fut jadisSusanne, le premierprétendant brutal Se
emporté commença la
querelle, comme il n'avoit que la langue de libre aussi s'en servit
-
il de
merveilles, Se conclut
par des reproches, accusant la Veuve d'inconstance & d'ingratitude,
envers un amant premier
en date, dont elle trahiffoit l'amour. Il n'est point
tquçftion
,
reprit l'autre,
qui estoitpluscensé,ny
d'amour, ny de primauté
en date,ny d'inconstance,
avec de vieux gouteux
comme nous, & vous
,
avez tort de mettre vostre amour en ligne de
comptesiln'y a qu'une
chose à sçavoir, & qu'un
mot qui serve
3
j'apporte
vingt mille escus pour
ma premiere visite ,en
avez vous là trente? elle
vous preferera, & je ne
m'en plaindray point,
qu'elle me
-
congedie.
L'autre ne répondit à cela
qu'en appellant ses porteurs )
ôc menaçant furieusementsonrival, &l
jurant qu'il auroit de ses
nouvelles avant le soir.
On le remporta, Se l'autre après une visite trés
longue, promit d'époufer le lcpdenlain, mais
en arrivant chez luy le
[air, il trouva un billet
du brutal, qui luy escrivoit que la rage l'avoit
gueri de la goute, &C
qu'il avoit des pieds pour
aller hors les portes de la
Ville, &C une main pour
se battre,& qu'il ne manquait pas de sy trouver
dés la pointe du jour:
celuy-cy luy manda qu'il
n'avoir qu'une main, &
point de jambes
,
mais
qu'il vint le voir, ou qu'il
l'attendist chez luy, &C
qu'ils conviendraient de.
la forme du combat, l'autre y
vint une heure aprés.
Le plus raisonnable des
deux dit au brutal que
n'étant point en estat de
tirer l'espée ,ilne doutoit point qu'il ne consentist à se battre au pistolet.
Ils convinrent pour cela
que sous prétexte d'aller
prendre l'air,ils se feroient porter l'un & l'autre dans une maison de
campagne fort proche de
la Ville, & qu'ils emprunterent à un de leurs
amis sans luy dire pourquoy;ils se firent dresser
deux lits dans la mesme
chambre,& après y
avoir
couché la premiere nuit
fort tranquilles, ils foupercnt le soir ensemble
,
se
firent coucher par leurs
valets qui se retirerent ensuite, &C le lendemain htost que le jour fut assez
grand pour ce qu'ils
avoient à faire, ils s'accommoderent & se cantonnerent chacun sur son
lit ,& tinrent chacun
deux pistolets en évidence, à condition de les tirer alternativement. Ce
fut une cérémonie un peu
longue à qui tireroit le
premier, le brutal commença& manqua le premier coup, l'autre tira cC
manqua aussi le lien,
maisle brutal recommença & perça la poitrine à
l'autre; alors voyant celuy cy qui estoit fort mal,
illuy dit:tu ne feras plus
en estat de me disputer
ma belle Veuve. Ce dernier mot redoublant la jalousie du blessé,iltire (on
second coup, qui blessa
l'autreau bras, pendant
ce combat les valets accoururent aux coups, &
le brutal bravant tousjours l'autre sur ce qu'il
auroit la Veuve; celuycy demanda une plume
& de l'ancre; & pendant
qu'on alloitquérir du secoursil écrivit quelques
lignes & fit cacheter le
billetpar un valet affidé,
à qui il recommanda de
le donnerà la Veuve. Le
brutal cependant continuoit ses bravades, vous
faites bien luy dit-il, de
luy escrire un tendre
adieu, car je la possederay bien-tost. Une heure
aprés
,
le blessé à mort
mourut, les valets cache-
rent ce duel, ils estoient
seuls dans la maison, on
emporta le brutal chez
luy, & on fit croire que
l'autre s'estoit tué luymesme.
Quelques jours après
la Veuveayant receu le
billet, & le jeune homme
l'estantallé trouver pour
se plaindre avec elle de ce
que le riche vieillard la
devant espouser le lendemain
,
estoit mort trop
tost de quelques jours, le
brutal victorieux se fit
porter chez elle, estant
beaucoup mieux & se
voyant en estat de jouïr
du fruit de sa victoire ; en
arrivant il fulmina d'abord contre la Veuve &c
contre le jeune homme
à qui la jalousie luy fit
dire mille injures, mais
la Veuveluirépondit
tranquillementqu'ilavoit
eu tort d'insulter celuy
qu'il avoit tué, &quele
mourant justement irrité
avoit
avoit voulu du moins en
expirant luy oster les
moyens de triompher de
lui après sa mort en possedant sa maistresse, &C
qu'illui avoit envoyé un
billet qui estoit un testament par lequel il lui laissoit tout son bien, à elle
Se au jeune homme,à
condition qu'ils s'espouferoient, & qu'ainsi il
n'avoir qu'à se faire reporter chez lui. Jugez
qu'elle fut la rage de nos-
tre brutal, elle finit par
un appel à coup de pistolet qu'il fit au jeune hom- -
me,quiluidit qu'il lui
prefteroit volontiers le
colet l'espée à la main.
Levieuxappellants'écria
qu'iln'estoit pas en estat
de mettre l'espée à la
main, ne pouvant se tenir
sur les jambes, Se que la
partie n'estoit pas esgale;
puisque - vous voulez de
l'égalité répliqua la jeune
homme, attendez donc
que j'aye quatre-vingt
ans, & les goutes
,
car de
risquer à présent ma vie
contre la vostre
3
ce seroit
joiier trente contre un.
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Résumé : AVANTURE Tragi-comique, écrite par un Suisse de Soleure.
Le texte décrit une tragi-comédie écrite par un Suisse nommé SoImre. L'intrigue commence avec la mort d'un homme suisse de 88 ans, victime d'un chagrin d'amour. Cet homme était épris d'une veuve française, âgée d'environ 30 ans, respectée pour sa vertu et sa bonne conduite. Plusieurs hommes souhaitaient l'épouser, notamment un jeune homme sans fortune, l'homme de 88 ans, et un autre vieillard impotent. Le vieillard impotent proposa à la veuve de lui rendre visite en chaise à porteurs et offrit une somme d'argent pour obtenir sa main. Le jeune homme, jaloux du vieillard brutal qui l'avait chassé, accepta la proposition du vieillard impotent. Ce dernier se fit porter chez la veuve, mais le vieillard brutal, se croyant invité, arriva également. Une querelle éclata entre les deux vieillards, chacun accusant la veuve d'inconstance. Le vieillard impotent proposa un duel au pistolet, auquel le vieillard brutal accepta. Lors du duel, le vieillard brutal blessa mortellement son rival. Avant de mourir, le vieillard impotent écrivit un testament laissant toute sa fortune à la veuve et au jeune homme, à condition qu'ils se marient. Le vieillard brutal, furieux, défia le jeune homme en duel, mais ce dernier refusa, arguant que la partie n'était pas égale.
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4
p. 126-128
RESPONSE de l'Officier Suisse.
Début :
Point ne le puis de mon chef helvetique [...]
Mots clefs :
Suisse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RESPONSE de l'Officier Suisse.
RESPONSE
de l'Officier Suiffe .
Point ne le puis de mon
chef helvetique
Tirer un metre en langue
marotique ,
Je , qui ne fcai profer tant
feulement ,
GALANT. 127
Que tu rirois avec maif
tre Clement
De voir un Suiffe ourdir
telle fabrique.
Partant fera ton ordre
defpotique
Loin éconduit de fon vouloir
comique ¿
En ce metier fuis lourd
tres lourdement.
Point ne le puis.
Ainfi tu n'es , car ton
chant
harmonique ,
Liiij
128 MERCURE
Note affez clair , que
Source kipocrenique
Ta de fon eau difpenfe
largement.
Or grand mercy de ton
rondeau charmant
Los t'en foit fait par la
lyre delphique
Point ne le puis.
de l'Officier Suiffe .
Point ne le puis de mon
chef helvetique
Tirer un metre en langue
marotique ,
Je , qui ne fcai profer tant
feulement ,
GALANT. 127
Que tu rirois avec maif
tre Clement
De voir un Suiffe ourdir
telle fabrique.
Partant fera ton ordre
defpotique
Loin éconduit de fon vouloir
comique ¿
En ce metier fuis lourd
tres lourdement.
Point ne le puis.
Ainfi tu n'es , car ton
chant
harmonique ,
Liiij
128 MERCURE
Note affez clair , que
Source kipocrenique
Ta de fon eau difpenfe
largement.
Or grand mercy de ton
rondeau charmant
Los t'en foit fait par la
lyre delphique
Point ne le puis.
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Résumé : RESPONSE de l'Officier Suisse.
Un officier suisse refuse d'accomplir une tâche en langue helvétique, qu'il ne maîtrise pas. Il qualifie l'ordre de despotique et se déclare inapte. Il exprime sa gratitude pour un rondeau charmant mais répète son incapacité à l'exécuter. Il décrit le destinataire comme ayant une source abondante.
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5
p. 217-227
HARANGUE prononcée par M. le Marquis de Barety Laudy, Ambassadeur d'Espagne au Canton de Lucerne en Suisse, le 13. Decembre 1713.
Début :
ILLUSTRES ET PUISSANTS SEIGNEURS, J'ay expressement attendu le temps [...]
Mots clefs :
Diète, Canton de Lucerne, Suisse, Harangue, Roi, Paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HARANGUE prononcée par M. le Marquis de Barety Laudy, Ambassadeur d'Espagne au Canton de Lucerne en Suisse, le 13. Decembre 1713.
HAKANGVE
prononcée par M. le Mar-
-quisde BaretyLaudy,
jimbajfadeurd'EJpagne
au Canton de Lucerne en
Suiffe, le 13. Decembre
1713.
ILLUSTRES ET PUISSANTS
SEIGNEURS,
J'Ayexpressementattendu
le temps de cette
loüable Diette pour vous
donner part au nom du
Roy mon Maistre de la
naissanced'untroisieme
Prince appelle sur les fonds
de Baptesme l'InfantDom
Ferdinand; j'ay voulu que
chacune desillustres Republiques
qui font icydignement
respectées par
vous, su st instruite au retour
de ses Deputez des
expressionsdetendresse
avec lesquelles Sa Majesté
m'ordonne de vous annoncer
cette nouvelle benediction
de Dieu sur sa
Royale famille; & verita
blement, sil'allegresseest
plus sensible quand elle le
communique & se partage
pour ainsi dire avec
ceux qui nous ont donné.
de longues&fidelles preuves
de cette amitié, vous
devez croire llluftres &
Puissants Seigneurs que ce
témoignage que vous recevez
par 11109 canal de
SaMajesté, est non seulement
uneffet de son esti-
I1peq. wiluisdeil^fperance encore d; voir-
ZiUgmenmb joye par la vojjre.
La naissance de ce Prince
arrive dans une conjoncture,
où nul accident
contraire ne peut corrompre
le plaisir desa solemnisation:
la Paix cil desja
faire avec plusieursPuissances,&
preste à conclure
avec toutes les autres,
suivant les favorables apparencesque
nous fnJ
voyons éclater. L'Espagne
delivrée de ses ennemis
voit enfin son Roy assis
tranquillement fuf;fort*
Throfne ; tous les
-
braver
& genereux Espagnols luy
obéïssentavecliberté,
après que leur fidélité heroïque
luy a obéi avec péril
dans les rems des violences
; une feule Ville
abandonnée de Dieu a près
l'avoir esté de toutes les
Nations, soustient encore
les restes de sa perfidie; &
(ce qui en incompréhensible
) n'a point de honte
de faire paroistre son desespoir
;c'est par ses portes
-qJe la guerre sest introduite
dans la Monarchie,
mais si elle differe plus
longtems de s'en repentir
& de profiter de la clemence
du Roy, le théa\O"
tre de son crime pourra
devenir celuy de son supplice.
Barcelone reduite,
on n'invoquera plus dans
touteslesEspagnes d'autre
Souverain que le legitimé.
C'estpourquoy je me
flatte,Illustres & Puissants
Seigneurs, que Sa Majesté
avec laquellevous vous estes
alliez, se met en estat
de peser encore mieux le
zele avec lequel vous luy
avez con servé vostre foy
jusquau dernier pcriode
decette guerre. Une conduite
si franche & si loyale
cft bien digne de la mémoire
d. ce grand Prince,
son coeur estant éCJJ! à sa
dignité & à sa puiffj/ice,
il est juste de penser qu'il
fera gloire de vous estre
redevable d'uneaction
glorieuse: expliquons- nous
clairement;ceux qui, (ok
par des raisonsd'estat imâiginaires,
soit par crainte,
soit par conseils seducteurs
>
se sont ingerez de
donner àd'autres qu'à Phi.
lippes V. lenom de Roy
d'Espagne, n'ont peut estrejamais
pensé que vostre
exem ple seroit contre
eux, & non pas poureux;
vous seuls vous avezesté
à faireretentir à haute
voix un Souverain si honorable;)
vousn'avez point
estéesbloüis d'un meteore
passagersvous n'avez point
eu les yeux assez troubles
pour croire qu'il pust y
avoir deux Soleils dans le
Ciel.
C'est un compliment
réciproque qui ne doit
pointestre separé aujourd'huy
vous devez féliciter
,
dans vos coeurs leRoy mon
Maistre surlanaissance de
rln fant, Sa Majesté & le
monde entier quinemanque
jamais de rendre justice
au mérite, doit vous
feliciteràson tour devous
estre signa lez siglorieusement
dans sa juste cause,
entre tant deNationsdifferentes;
je vousassure, Ulustres
&: PuissantsSeigneurs,
que dans tous le
ordres que je reçois duRoy
rien ne m'est plus partieulièrement
recommande
que les assurances de la
tendresse de Sa Majesté
qu'c lle desirevostre bonne
union;&: qu'elle nenégligerarJcn
detour cequi
peut dépendred'elle pour
procurer vos avantages,
ceux de la Religion qui
sont les plus touchans, les
plus saints
,
& sans lesquels
tout secours humain devient
inutile, ceux devostre
liberté, ceux de vostre
honneur; c'est en mesme
tems une grande gloire &
un grand bonheur pour
monministere d'avoir toujours
eu pendant le cours
de 10.annéesle mesme
langageàvous tenir, &de
vous avoir tousjours veu
agir avec le mesme courage
& lamesmevertu.
prononcée par M. le Mar-
-quisde BaretyLaudy,
jimbajfadeurd'EJpagne
au Canton de Lucerne en
Suiffe, le 13. Decembre
1713.
ILLUSTRES ET PUISSANTS
SEIGNEURS,
J'Ayexpressementattendu
le temps de cette
loüable Diette pour vous
donner part au nom du
Roy mon Maistre de la
naissanced'untroisieme
Prince appelle sur les fonds
de Baptesme l'InfantDom
Ferdinand; j'ay voulu que
chacune desillustres Republiques
qui font icydignement
respectées par
vous, su st instruite au retour
de ses Deputez des
expressionsdetendresse
avec lesquelles Sa Majesté
m'ordonne de vous annoncer
cette nouvelle benediction
de Dieu sur sa
Royale famille; & verita
blement, sil'allegresseest
plus sensible quand elle le
communique & se partage
pour ainsi dire avec
ceux qui nous ont donné.
de longues&fidelles preuves
de cette amitié, vous
devez croire llluftres &
Puissants Seigneurs que ce
témoignage que vous recevez
par 11109 canal de
SaMajesté, est non seulement
uneffet de son esti-
I1peq. wiluisdeil^fperance encore d; voir-
ZiUgmenmb joye par la vojjre.
La naissance de ce Prince
arrive dans une conjoncture,
où nul accident
contraire ne peut corrompre
le plaisir desa solemnisation:
la Paix cil desja
faire avec plusieursPuissances,&
preste à conclure
avec toutes les autres,
suivant les favorables apparencesque
nous fnJ
voyons éclater. L'Espagne
delivrée de ses ennemis
voit enfin son Roy assis
tranquillement fuf;fort*
Throfne ; tous les
-
braver
& genereux Espagnols luy
obéïssentavecliberté,
après que leur fidélité heroïque
luy a obéi avec péril
dans les rems des violences
; une feule Ville
abandonnée de Dieu a près
l'avoir esté de toutes les
Nations, soustient encore
les restes de sa perfidie; &
(ce qui en incompréhensible
) n'a point de honte
de faire paroistre son desespoir
;c'est par ses portes
-qJe la guerre sest introduite
dans la Monarchie,
mais si elle differe plus
longtems de s'en repentir
& de profiter de la clemence
du Roy, le théa\O"
tre de son crime pourra
devenir celuy de son supplice.
Barcelone reduite,
on n'invoquera plus dans
touteslesEspagnes d'autre
Souverain que le legitimé.
C'estpourquoy je me
flatte,Illustres & Puissants
Seigneurs, que Sa Majesté
avec laquellevous vous estes
alliez, se met en estat
de peser encore mieux le
zele avec lequel vous luy
avez con servé vostre foy
jusquau dernier pcriode
decette guerre. Une conduite
si franche & si loyale
cft bien digne de la mémoire
d. ce grand Prince,
son coeur estant éCJJ! à sa
dignité & à sa puiffj/ice,
il est juste de penser qu'il
fera gloire de vous estre
redevable d'uneaction
glorieuse: expliquons- nous
clairement;ceux qui, (ok
par des raisonsd'estat imâiginaires,
soit par crainte,
soit par conseils seducteurs
>
se sont ingerez de
donner àd'autres qu'à Phi.
lippes V. lenom de Roy
d'Espagne, n'ont peut estrejamais
pensé que vostre
exem ple seroit contre
eux, & non pas poureux;
vous seuls vous avezesté
à faireretentir à haute
voix un Souverain si honorable;)
vousn'avez point
estéesbloüis d'un meteore
passagersvous n'avez point
eu les yeux assez troubles
pour croire qu'il pust y
avoir deux Soleils dans le
Ciel.
C'est un compliment
réciproque qui ne doit
pointestre separé aujourd'huy
vous devez féliciter
,
dans vos coeurs leRoy mon
Maistre surlanaissance de
rln fant, Sa Majesté & le
monde entier quinemanque
jamais de rendre justice
au mérite, doit vous
feliciteràson tour devous
estre signa lez siglorieusement
dans sa juste cause,
entre tant deNationsdifferentes;
je vousassure, Ulustres
&: PuissantsSeigneurs,
que dans tous le
ordres que je reçois duRoy
rien ne m'est plus partieulièrement
recommande
que les assurances de la
tendresse de Sa Majesté
qu'c lle desirevostre bonne
union;&: qu'elle nenégligerarJcn
detour cequi
peut dépendred'elle pour
procurer vos avantages,
ceux de la Religion qui
sont les plus touchans, les
plus saints
,
& sans lesquels
tout secours humain devient
inutile, ceux devostre
liberté, ceux de vostre
honneur; c'est en mesme
tems une grande gloire &
un grand bonheur pour
monministere d'avoir toujours
eu pendant le cours
de 10.annéesle mesme
langageàvous tenir, &de
vous avoir tousjours veu
agir avec le mesme courage
& lamesmevertu.
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Résumé : HARANGUE prononcée par M. le Marquis de Barety Laudy, Ambassadeur d'Espagne au Canton de Lucerne en Suisse, le 13. Decembre 1713.
Le 13 décembre 1713, le Marquis de Baretly Laudy, ambassadeur d'Espagne, prononça un discours au Canton de Lucerne en Suisse. Il y annonça la naissance du prince Ferdinand, troisième enfant du roi d'Espagne Philippe V. Le marquis exprima la joie du roi et invita les seigneurs suisses à partager cette allégresse, soulignant leur amitié fidèle. Cette naissance survint dans un contexte de paix, l'Espagne étant délivrée de ses ennemis et le roi Philippe V étant reconnu par tous les Espagnols. Barcelone, seule ville rebelle, fut appelée à se repentir. Le marquis félicita les seigneurs suisses pour leur loyauté envers le roi d'Espagne et leur fidélité durant la guerre. Il assura que le roi reconnaîtrait leur zèle et leur loyauté. Le discours se conclut par des assurances de la tendresse du roi et son désir de promouvoir les intérêts des Suisses, notamment leur liberté, leur honneur et la religion.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 2015
MORTS, NAISSANCES, des Pays Etrangers.
Début :
Mr. Emanuel Steiguer, Avoyer du Canton de de Berne, mourut le 15. Aoust à cinq heures [...]
Mots clefs :
Attaque de colique, Suisse, Berne, Marquise de Bonac, Ambassadrice de France en Suisse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES, des Pays Etrangers.
MORTS , NAISSANCES ;
des Pays Etrangers.
R. Emanuel Steiguer , Avoyer du Canton
Mde
de Berne , mourut le 15. Aoust à cinq heures
du matin presque subitement , d'un attaque
de Colique , à l'âge de 84 ans ; il étoit depuis
long-temps regardé comme l'Oracle du Conseil
de Berne ; et pour ainsi dire de toute la Suisse
ayant été continuellement employé aux - affaires
publiques,et s'y étant acquis une réputation d'integrité
, d'impartialité et de prudence où peu de
personnages sont parvenus dans ces Républiques.
Son grand âge n'avoit rien diminué de son
activité dans les affaires qu'il a toujours soutenies
par un travail assidu et par une éloquence
douce et sensée qui faisoient prévaloir presque
toujours l'opinion qu'il soutenoit . Il n'y a pas
encore longtemps qu'il avoit parlé trois à quatre
heures de suite dans le Grand Conseil de son
Canton , et peu de jours avant sa mort , il Y
avoit soutenu fortement l'affaire de l'Alliance à
renouveller avec la France , et donné par là une
derniere preuve de son attachement aux veritables
interêts de sa patrie.
La Marquise de Bonac , Ambassadrice de
France en Suisse , accoucha à Soleure le 21 .
Aoust , entre deux et trois heures aprés midi ,
d'un Garçon.
des Pays Etrangers.
R. Emanuel Steiguer , Avoyer du Canton
Mde
de Berne , mourut le 15. Aoust à cinq heures
du matin presque subitement , d'un attaque
de Colique , à l'âge de 84 ans ; il étoit depuis
long-temps regardé comme l'Oracle du Conseil
de Berne ; et pour ainsi dire de toute la Suisse
ayant été continuellement employé aux - affaires
publiques,et s'y étant acquis une réputation d'integrité
, d'impartialité et de prudence où peu de
personnages sont parvenus dans ces Républiques.
Son grand âge n'avoit rien diminué de son
activité dans les affaires qu'il a toujours soutenies
par un travail assidu et par une éloquence
douce et sensée qui faisoient prévaloir presque
toujours l'opinion qu'il soutenoit . Il n'y a pas
encore longtemps qu'il avoit parlé trois à quatre
heures de suite dans le Grand Conseil de son
Canton , et peu de jours avant sa mort , il Y
avoit soutenu fortement l'affaire de l'Alliance à
renouveller avec la France , et donné par là une
derniere preuve de son attachement aux veritables
interêts de sa patrie.
La Marquise de Bonac , Ambassadrice de
France en Suisse , accoucha à Soleure le 21 .
Aoust , entre deux et trois heures aprés midi ,
d'un Garçon.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES, des Pays Etrangers.
Le texte mentionne deux événements notables. Le premier est la mort de Rudolf Emanuel Steiger, Avoyer du Canton de Berne, survenue le 15 août à cinq heures du matin. Âgé de 84 ans, Steiger était reconnu pour son intégrité, son impartialité et sa prudence. Il avait dédié sa vie aux affaires publiques, utilisant son activité et son éloquence pour défendre ses opinions. Peu avant son décès, il avait appuyé l'alliance avec la France, montrant son attachement aux intérêts de sa patrie. Le second événement est la naissance du fils de la Marquise de Bonac, Ambassadrice de France en Suisse, à Soleure le 21 août entre deux et trois heures de l'après-midi.
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7
p. 2479-2480
ALLEMAGNE,
Début :
On apprend de Vienne que le 17 Octobre on y mit au Carcan, dans la grande Place [...]
Mots clefs :
Allemagne, Carcan, Suisse, Traité
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE,
ALLEM A G N E.
N apprend de Vienne que le
17 Octobre
on y mit au Carcan , dans la grande Place
du Marché aux Poissons , 45 Mandians et autres gens sans aveu , qui ont été bannis des Païs héréditaires dê la Maison d'Autriche.
Le Comte de Reichenstein , l'un des Ministres de l'Empereur auprés du Corps Helvétique ,
Hij ន
2480 MERCURE DE FRANCE
se prépare à retourner en Suisse , avec de nouelles Instructions. On croit qu'il aura ordre de
se joindre au Comte de Wolckenstein , autre
Ministre de S. M. Imp. en Suisse , pour presser
le renouvellement du Capitulat de Milan ; convention qui subsiste depuis près de 12 ans , entre
l'Empereur et les Grisons. Elle a pour objet , le
Commerce entre ces Ligues et les Peuples du Milanez; le passage des Troupes de S. M. Imp.sans
payer de contributions ; la Traite des Bestiaux et
fele passage des Marchandises étrangeres. Ce
Traité sera signé à Milan , où on a préparé des
appartemens, pour les Députez des Ligues Grise
N apprend de Vienne que le
17 Octobre
on y mit au Carcan , dans la grande Place
du Marché aux Poissons , 45 Mandians et autres gens sans aveu , qui ont été bannis des Païs héréditaires dê la Maison d'Autriche.
Le Comte de Reichenstein , l'un des Ministres de l'Empereur auprés du Corps Helvétique ,
Hij ន
2480 MERCURE DE FRANCE
se prépare à retourner en Suisse , avec de nouelles Instructions. On croit qu'il aura ordre de
se joindre au Comte de Wolckenstein , autre
Ministre de S. M. Imp. en Suisse , pour presser
le renouvellement du Capitulat de Milan ; convention qui subsiste depuis près de 12 ans , entre
l'Empereur et les Grisons. Elle a pour objet , le
Commerce entre ces Ligues et les Peuples du Milanez; le passage des Troupes de S. M. Imp.sans
payer de contributions ; la Traite des Bestiaux et
fele passage des Marchandises étrangeres. Ce
Traité sera signé à Milan , où on a préparé des
appartemens, pour les Députez des Ligues Grise
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Résumé : ALLEMAGNE,
Le 17 octobre à Vienne, 45 Mandians et individus sans aveu furent mis au carcan. Le Comte de Reichenstein se prépare à retourner en Suisse pour renouveler le Capitulat de Milan, traité régissant le commerce entre les Ligues grisonnes et les Milanais, le passage des troupes impériales et la traite des bestiaux. La signature doit avoir lieu à Milan.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 711-713
EPITRE d'un Suisse à Mlle Malcrais de la Vigne.
Début :
Pon chour, Mameselle la Figne, [...]
Mots clefs :
Mlle de Malcrais de la Vigne, Suisse
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE d'un Suisse à Mlle Malcrais de la Vigne.
EPITRE d'un Suisse à Mile Malcrais
Pon
de la Vigne.
On chour, Mameselle la Figne ;
Sti nom me paroître plus tigne ,
Que sti l'autre nom de Malcrais ;
Pour infenter un choli frase ,
Moi chafre foulu tout exprès ,
Monter sur sti chefal Pégase ;
Mais par mon foi sti tiable t'animal,
Il être un peu peaucoup prutal ;
Pour lui faire un petit caresse ,
Moi l'y fouloir padinement ,
Approcher mon main sur son fesse ,
Mais charniplé tout incifilement ,
Il m'afre fait un petarrade ,
Et fouloir lui par un ruade ,
Sans tonner afertissement ,
Casser tout - à- fait mon cerfelle.
Moy poufoir pas comprendre , Mameselle
Comme tiable peut faire fous ,
Pour aprifoiser sti farouche ;
Chamais pour fous lui ne prendre la mouche,
Quand fous lui parle , on dit qu'il être toux ,
Comme un mouton , chafre tans mon pensée ,
Que sti grand aprifoisement ,
Estre
712 MERCURE DE FRANCE
Estre fait par sorcellement ,
Et gager moi , que fous l'y être un Fée ;
Car quelqu'un hafre téja tit ,
Et Monsir Mercure te France ,
L'hafre par tout fort pien écrit ,
Que toute fotre corporance ,
N'être par mon foi qu'en l'esprit ;
Sti houfelle être fort étranche ,
Et tire moi tans mon refléxion ,
Que si n'être pas fous Sorciere , fous être Anche
Mais chafre un étonnation ,
1
C'est que sti Chanteurs te loüanche ,
Quant eux chanter fotre renom
Hafrent tous fait un faute insigne
T'afoir tit rien sur fotre choli nom :
La Figne , charniplé , la Figne ,
Etre un nom d'admiration ,
Et sti nom tout seul être tigne ,
T'un pelle déclaration ;
Moi fenir tonc tout exprès , Mameseile ,
Sur sti peau nom faire à fous compliment ;
Chafre toujours aimé le trinquement ,
Et pour témoignement t'un tendresse noufelle ;
Puisque fous la Figne s'apelle ,
Moi poire encor pour fous plus crantement ,
Car par mon foi la Figne être un pon Element ,
Sti raison être un assurance ,
Te mon fidelité , comme t'un crand constance ,
Et
AVRIL. 1733 .
713
Et chafre encore un folonté ,
T'être moi Suisse à fotre porte.
chens d'un crande sorte, On m'afre dit que
A foir un curiosité
Te foir fotre étranche personne :
Parblé tans mon Loche planté ,
Plus fier moi , qu'un Roi sur son Trône ;
Un proc te fin en main , à chêfal sur un Tonne ,
Moi tire à sti Calands,, en crand cifilité ,
T'afalir un rasade à fotre pon santé.
Si l'être un incifil pas conten de sti prône ,
Moi tire,alle;fa t'en, il n'être point personnes,
Et si fouloir sti tonneur te Cartel ,
Sti Chefalier te * Leucotece ,
Fenir encor charconner son tendresse ;
Tans mon Loche à Croisic, moi l'y faire un tuel;
Lui faire un peu peaucou le tiable à quatre ,
Et parler touchours lui contre cheants combatre,
Te cerfelle et te bras cassement , brisement.
Moi l'y craindre point sti tapache ,
Et tans un brafe trinquement ,
Moi fouloir noyer son courache
Puis tire à lui , malgré son rache ,
T'entrer tehors sans fâchement.
Serfiteur , ponchour , Mameselle ,
Moi conserfer pour fous un soif touchours fidelle.
* Voyez la Missive du Chevalier de Leucotece à
P'Infante de Malcrais , dans le premier Volume du
Mercure de Decembre dernier.
Pon
de la Vigne.
On chour, Mameselle la Figne ;
Sti nom me paroître plus tigne ,
Que sti l'autre nom de Malcrais ;
Pour infenter un choli frase ,
Moi chafre foulu tout exprès ,
Monter sur sti chefal Pégase ;
Mais par mon foi sti tiable t'animal,
Il être un peu peaucoup prutal ;
Pour lui faire un petit caresse ,
Moi l'y fouloir padinement ,
Approcher mon main sur son fesse ,
Mais charniplé tout incifilement ,
Il m'afre fait un petarrade ,
Et fouloir lui par un ruade ,
Sans tonner afertissement ,
Casser tout - à- fait mon cerfelle.
Moy poufoir pas comprendre , Mameselle
Comme tiable peut faire fous ,
Pour aprifoiser sti farouche ;
Chamais pour fous lui ne prendre la mouche,
Quand fous lui parle , on dit qu'il être toux ,
Comme un mouton , chafre tans mon pensée ,
Que sti grand aprifoisement ,
Estre
712 MERCURE DE FRANCE
Estre fait par sorcellement ,
Et gager moi , que fous l'y être un Fée ;
Car quelqu'un hafre téja tit ,
Et Monsir Mercure te France ,
L'hafre par tout fort pien écrit ,
Que toute fotre corporance ,
N'être par mon foi qu'en l'esprit ;
Sti houfelle être fort étranche ,
Et tire moi tans mon refléxion ,
Que si n'être pas fous Sorciere , fous être Anche
Mais chafre un étonnation ,
1
C'est que sti Chanteurs te loüanche ,
Quant eux chanter fotre renom
Hafrent tous fait un faute insigne
T'afoir tit rien sur fotre choli nom :
La Figne , charniplé , la Figne ,
Etre un nom d'admiration ,
Et sti nom tout seul être tigne ,
T'un pelle déclaration ;
Moi fenir tonc tout exprès , Mameseile ,
Sur sti peau nom faire à fous compliment ;
Chafre toujours aimé le trinquement ,
Et pour témoignement t'un tendresse noufelle ;
Puisque fous la Figne s'apelle ,
Moi poire encor pour fous plus crantement ,
Car par mon foi la Figne être un pon Element ,
Sti raison être un assurance ,
Te mon fidelité , comme t'un crand constance ,
Et
AVRIL. 1733 .
713
Et chafre encore un folonté ,
T'être moi Suisse à fotre porte.
chens d'un crande sorte, On m'afre dit que
A foir un curiosité
Te foir fotre étranche personne :
Parblé tans mon Loche planté ,
Plus fier moi , qu'un Roi sur son Trône ;
Un proc te fin en main , à chêfal sur un Tonne ,
Moi tire à sti Calands,, en crand cifilité ,
T'afalir un rasade à fotre pon santé.
Si l'être un incifil pas conten de sti prône ,
Moi tire,alle;fa t'en, il n'être point personnes,
Et si fouloir sti tonneur te Cartel ,
Sti Chefalier te * Leucotece ,
Fenir encor charconner son tendresse ;
Tans mon Loche à Croisic, moi l'y faire un tuel;
Lui faire un peu peaucou le tiable à quatre ,
Et parler touchours lui contre cheants combatre,
Te cerfelle et te bras cassement , brisement.
Moi l'y craindre point sti tapache ,
Et tans un brafe trinquement ,
Moi fouloir noyer son courache
Puis tire à lui , malgré son rache ,
T'entrer tehors sans fâchement.
Serfiteur , ponchour , Mameselle ,
Moi conserfer pour fous un soif touchours fidelle.
* Voyez la Missive du Chevalier de Leucotece à
P'Infante de Malcrais , dans le premier Volume du
Mercure de Decembre dernier.
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Résumé : EPITRE d'un Suisse à Mlle Malcrais de la Vigne.
L'épître est une lettre humoristique écrite par un Suisse à Mademoiselle la Figne, également appelée Malcrais. L'auteur utilise un langage mal orthographié pour créer un effet comique et exprime son admiration pour elle. Il raconte une anecdote où il a tenté de caresser Pégase, le cheval d'un ami, mais a été désarçonné. Il compare ensuite Pégase à Mademoiselle la Figne, suggérant qu'elle pourrait être une fée ou une sorcière en raison de son caractère imprévisible. L'auteur critique les chanteurs qui louent Mademoiselle la Figne sans mentionner son nom, estimant que 'la Figne' est un nom d'admiration. Il exprime son affection et son désir de lui rendre hommage, ainsi que sa curiosité de la rencontrer. Il mentionne également son intention de lui offrir un toast et se montre prêt à affronter le Chevalier de Leucotece, un rival potentiel, dans un duel. La lettre se termine par une expression de fidélité et de dévouement envers Mademoiselle la Figne.
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9
p. 1232-1237
RELATION de ce qui s'est passé dans l'Arsenal de Paris, le premier jour de Juillet 1732. au sujet de la figure d'ozier, que le peuple nomme, mal à propos : Le Suisse de la ruë aux Ours.
Début :
Pierre Claus, du Bailliage de Schwartzembourg, Canton de Berne, cy-devant Soldat aux [...]
Mots clefs :
Figure, Nation, Suisse, Gardes suisses, Arsenal, Pierre Claus
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texteReconnaissance textuelle : RELATION de ce qui s'est passé dans l'Arsenal de Paris, le premier jour de Juillet 1732. au sujet de la figure d'ozier, que le peuple nomme, mal à propos : Le Suisse de la ruë aux Ours.
RELATION de ce qui s'est passé
dans l'Arsenal de Paris , le premier jour
de fuillet 1732. au sujet de la figure
d'ozier , que le peuple nomme , mal à
propos :
Le Suisse de la ruë aux Ours .
Pierre Claus , du Bailliage de Schwartzembourg
, Canton de Berne , cy- devant Soldat aux
Gardes Suisses , Compagnie d'Affry , à present
Suisse de S. A. S. Monseigneur le Duc du Maiwe
, sous , la Porte de l'Horloge , préposé pour
Garde de l'Arsenal , apperçut ledit jour 1 Juiller
1732. sur les trois heures après midi , une foule
de monde , qui étant entrée dans l'Arsenal , du
côté de la Bastille , se mettoit en devoir de traverser
la Cour du Manége , portant la Figure
d'osier, qu'on nomme, mal à propos : Le Suisse
de la rue aux Ours , et auquel on attribue une
impiété commise contre PImage de la Vierge ,
en 1418 .
Comme cette Figure se trouvoit habillée de
rouge , avec des agrémens , ainsi que les Gardes
Suisses du Roy ; ledit sieur Claus ferma la
Porte dudit Arsenal , poursuivit la populace et
I. Vol. saisit
JUIN.
1733. 1233.
isit la Figure représentant un Suisse , d'autant
lieux que cette entrée dans une Maison Royale
toit un manque de respect , et que l'habit dont
a Figure étoit revêtuë , faisoit insulte â une Nation
depuis long- temps alliée à la France.
Les Chefs de la Société de la ruë aux Ours
informez que ladite Figure étoit saisie , se rendient
à l'instant chez ledit sieur Claus , pour lui
fare excuse de l'insulte du passage à travers de
P'Arsenal , en lui protestant qu'ils n'avoient jamais
prétendu représenter un Suisse par cette Figure
, et pour le lui prouver , ils le lui envoyeent
le même jour un ancien Tableau , qui fait
simplement mention d'un malheureux Soldat ,
ans spécifier de quelle Nation il fût . Ledit sieur
Claus rempli de satisfaction en son particulier
le découvrir la vérité d'un fait qui lui faisoit
le la peine depuis long- temps , comme à toute sa
Nation en general , et cela par les personnes les
fus interessées dans cette cérémonie, après avoir
endu la Figure , crut ne pouvoir mieux faire
que d'envoyer sur le champ ledit Tableau à S. A.
. Monseigneur le Duc du Maine , tant pour sa
justification personnelle sur ce qui s'étoit passé
à l'Arsenal , que pour l'interêt que ce Prince
prend à ce qui regarde la Nation Suisse.
•
S. A. S. ayant jugé à propos de faire éclaireir
la chose , on trouva , tant par des Pieces authentiques
, que par le récit des Historiens, même
contemporains , que cet impie n'étoit connu
que sous le nom d'un Goujat ou Soldat en
general , sans qu'il y ait aucune apparence que ce
ce fut un Suisse ; que d'ailleurs par les. Epoques
les plus constantes , il n'étoit pas possible que ce
malheureux Soldat fut de cette Nation , puisque
la premiere alliance entre la France et les Suisses AI, Vol.
ne
1234 MERCURE DE FRANCE
ne s'étoit faite qu'en 1444. et qu'avant ce tempslà
aucun Militaire de cette Nation n'avoit par
dans le Royaume, et que par conséquent l'opinion
du peuple , peu instruit , ne pouvoit avoir
aucun fondement à croire que ce malheureux
fut un Suisse , si ce n'est par l'habillement qu
la Société lui donne depuis long- temps , san:
fondement.
Ceux qui par une association de piété sont
chargez de faire cette cérémonie annuelle , ont
été eux- mêmes si persuadez de toutes ces véri
tez , qu'ils ont volontairement donné un acte de
déclaration en bonne forme à ce sujet , dont
ledit sieur Claus a cru qu'il étoit de son devoir
de faire part au Public , pour la satisfaction de
ses compatriotes , qui verront par là tomber a
abus populaire dont ils n'ont pas eu lieu d'être
édifiez jusqu'à présent..
Cet Acte a été dressé de la maniere qu
suit :
Aujourd'hui sont comparus pardevant les Con
seillers du Roy , Notaires à Paris soussignez ,Claudi
Piccard Rolland, Maître Layetier , ancien Juré d
sa Communauté , Rox en charge de la Sociéé
de la Sainte Vierge , rue aux Ours , de cette Ville,
Leon-François Terreau , ancien Garde des Grands
Gardes du Corps des Marchands de Vins , ancien
Consul de la Ville de Paris , Roy deux fois de la
Société ; Siméon Jacob , Marchand de Vins , ancien
Roy de ladite Société ; Jean Vallée , Maitro
Rotisseur , ancien Roy de ladite Société ; Paul Chevillot
, Maitre Boulanger , Associé, et Edme Langlois
, Maître Rotisseur , Cuisinier Privilegié du
Roy , ancien Roy de ladite Société , tous demeurans
an ladite rue aux Qurs , et stipulans , tant pour
I.Vol.
JUI N. 1732- 1235
eux que pour tous leurs Associez , tant présens que
futurs , et leurs Successeurs à perpetuité. Lesquels ,
sur la demande et réquisition du sieurPierre Claus,
Suisse de S. A. S. Monseigneur le Duc du Maine,
à l'Arsenal de Paris , à ce present , ont dit et déclaré
qu'ils désavoüoient, comme par ces Présentes ils le
désavoüent , en la meilleure forme qu'il leur est
possible , le particulier qui a été chargé les premiers
jours du present mois , de porter par les rues de Paris
, la Figure d'ozier , qui représente un soldat
qui en 1418. commit une impiété sur une Image
de la très-Sainte Vierge ; qu'ils désavoüoient pas
reillement ledit particulier , Porteur de ladite Figure
, de l'avoir fait entrer dans l'Arsenal , ce qui
est contre le respect dû à une Maison Royale.
?
Déclarant en outre , que ni eux ni personne de
leur Société n'ont jamais prétendu représenter par
ladite Figure , aucun Soldat Suisse , ni autre de
leur Nation , étant certain que l'Histoire ne fait
mention que d'un Soldat impie en general , sans
marquer de quelle Nation il étoit ; et cela d'autant
plus que ceux de la Nation Suisse n'ont commencé
d'être au service de la France qu'après l'année
1444 .
De plus , ils auront une attention particuliere à
ce que
ladite Figure ne soit plus à l'avenir habillée
d'une maniere qui puisse dénoter l'uniforme
d'aucun Soldat Suisse , ni autre de cette Nation, ni
portée dans l'Arsenal ; c'est ce qui a donné sujet
audit sieur Pierre Claus d'être scandalisé , et
porté à s'opposer au passage de ladite Figure au
travers de l'Arsenal , et à demander en conséquence
la présente déclaration , tant pour lui-même ,
que pour la satisfaction de tous ceux de sa Nation ,
Militaires et autres,; laquelle déclaration les soussignez
accordent volontairement , sur la demande
I. Vol. I qui
1236 MERCURE DE FRANCE
qui leur en est faite , et pour marquer de leurpart
la considération et estime qu'ils ont pour tous ceux
de la Nation Suisse en general , et en particulier
pour ledit sieur Claus. Fait et passé à Paris ès demeures
des soussignez , le 19 Ïuillet 1732. et ont
signé la minute des Présentes, demeurée à lagar¬
de et possession de Veillard , Notaire.
Signé , Melin et Veillard , Notaires ,
arca paraphes.
* Ces mêmes Associez , pour donner plus de
poids à leur déclaration se rendirent le jour
même chez M. le Baron de Bézenval , Lieutenant
General des Armées du Roy , et Colonel du Régiment
des Gardes Suisses, pour la lui présenter;
Tequel après l'avoir lûe,approuva leurs sentimens
sinceres et équitables à réformer cet abus; les assurant
qu'il en feroit part à Messieurs les Officiers
Suisses , et autres de cette Nation ; ce qui
continueroit à maintenir la tranquilité dans la
Cérémonie annuelle qu'ils avoient coutume de
faire. Ce qui fut annéxé à la déclaration cy - dessus.
A Bale , chez, Pierre Bicler , Imprimeur- Libraire,
La Relation qu'on vient de lire , nous a été
envoyée par Messieurs les Maire et Bourgeois de
la Ville de Bâle, accompagnée d'une Leute, dont
voici la teneur :
Nous vous prions , Monsieur , de faire usa
ge dans votre prochain Mercure , de la Relation
que nous avons l'honneur de vous addresser
; vous verrez , en la lisant , de quoi i
s'agit ; nous ne pûmes vous l'envoyer l'année
passée assez à temps pour être mise dans celui
de 1732. mais comme cette Cérémonie se ré-
I. Val
pere
JUIN. 1733. 1237
pete tous les ans , à pareil jour , nous esperons
qu'elle pourra trouver place cette année dans
votre Mercure, d'autant plus qu'elle ne contient
rien que de trés- vrai . Nous sommes tres- parfai
tement , Monsieur , vos tres - humbles et tresobéissans
serviteurs , les Maire et Bourgeois de
Bâle.
Ce 1 Juin 1733.
dans l'Arsenal de Paris , le premier jour
de fuillet 1732. au sujet de la figure
d'ozier , que le peuple nomme , mal à
propos :
Le Suisse de la ruë aux Ours .
Pierre Claus , du Bailliage de Schwartzembourg
, Canton de Berne , cy- devant Soldat aux
Gardes Suisses , Compagnie d'Affry , à present
Suisse de S. A. S. Monseigneur le Duc du Maiwe
, sous , la Porte de l'Horloge , préposé pour
Garde de l'Arsenal , apperçut ledit jour 1 Juiller
1732. sur les trois heures après midi , une foule
de monde , qui étant entrée dans l'Arsenal , du
côté de la Bastille , se mettoit en devoir de traverser
la Cour du Manége , portant la Figure
d'osier, qu'on nomme, mal à propos : Le Suisse
de la rue aux Ours , et auquel on attribue une
impiété commise contre PImage de la Vierge ,
en 1418 .
Comme cette Figure se trouvoit habillée de
rouge , avec des agrémens , ainsi que les Gardes
Suisses du Roy ; ledit sieur Claus ferma la
Porte dudit Arsenal , poursuivit la populace et
I. Vol. saisit
JUIN.
1733. 1233.
isit la Figure représentant un Suisse , d'autant
lieux que cette entrée dans une Maison Royale
toit un manque de respect , et que l'habit dont
a Figure étoit revêtuë , faisoit insulte â une Nation
depuis long- temps alliée à la France.
Les Chefs de la Société de la ruë aux Ours
informez que ladite Figure étoit saisie , se rendient
à l'instant chez ledit sieur Claus , pour lui
fare excuse de l'insulte du passage à travers de
P'Arsenal , en lui protestant qu'ils n'avoient jamais
prétendu représenter un Suisse par cette Figure
, et pour le lui prouver , ils le lui envoyeent
le même jour un ancien Tableau , qui fait
simplement mention d'un malheureux Soldat ,
ans spécifier de quelle Nation il fût . Ledit sieur
Claus rempli de satisfaction en son particulier
le découvrir la vérité d'un fait qui lui faisoit
le la peine depuis long- temps , comme à toute sa
Nation en general , et cela par les personnes les
fus interessées dans cette cérémonie, après avoir
endu la Figure , crut ne pouvoir mieux faire
que d'envoyer sur le champ ledit Tableau à S. A.
. Monseigneur le Duc du Maine , tant pour sa
justification personnelle sur ce qui s'étoit passé
à l'Arsenal , que pour l'interêt que ce Prince
prend à ce qui regarde la Nation Suisse.
•
S. A. S. ayant jugé à propos de faire éclaireir
la chose , on trouva , tant par des Pieces authentiques
, que par le récit des Historiens, même
contemporains , que cet impie n'étoit connu
que sous le nom d'un Goujat ou Soldat en
general , sans qu'il y ait aucune apparence que ce
ce fut un Suisse ; que d'ailleurs par les. Epoques
les plus constantes , il n'étoit pas possible que ce
malheureux Soldat fut de cette Nation , puisque
la premiere alliance entre la France et les Suisses AI, Vol.
ne
1234 MERCURE DE FRANCE
ne s'étoit faite qu'en 1444. et qu'avant ce tempslà
aucun Militaire de cette Nation n'avoit par
dans le Royaume, et que par conséquent l'opinion
du peuple , peu instruit , ne pouvoit avoir
aucun fondement à croire que ce malheureux
fut un Suisse , si ce n'est par l'habillement qu
la Société lui donne depuis long- temps , san:
fondement.
Ceux qui par une association de piété sont
chargez de faire cette cérémonie annuelle , ont
été eux- mêmes si persuadez de toutes ces véri
tez , qu'ils ont volontairement donné un acte de
déclaration en bonne forme à ce sujet , dont
ledit sieur Claus a cru qu'il étoit de son devoir
de faire part au Public , pour la satisfaction de
ses compatriotes , qui verront par là tomber a
abus populaire dont ils n'ont pas eu lieu d'être
édifiez jusqu'à présent..
Cet Acte a été dressé de la maniere qu
suit :
Aujourd'hui sont comparus pardevant les Con
seillers du Roy , Notaires à Paris soussignez ,Claudi
Piccard Rolland, Maître Layetier , ancien Juré d
sa Communauté , Rox en charge de la Sociéé
de la Sainte Vierge , rue aux Ours , de cette Ville,
Leon-François Terreau , ancien Garde des Grands
Gardes du Corps des Marchands de Vins , ancien
Consul de la Ville de Paris , Roy deux fois de la
Société ; Siméon Jacob , Marchand de Vins , ancien
Roy de ladite Société ; Jean Vallée , Maitro
Rotisseur , ancien Roy de ladite Société ; Paul Chevillot
, Maitre Boulanger , Associé, et Edme Langlois
, Maître Rotisseur , Cuisinier Privilegié du
Roy , ancien Roy de ladite Société , tous demeurans
an ladite rue aux Qurs , et stipulans , tant pour
I.Vol.
JUI N. 1732- 1235
eux que pour tous leurs Associez , tant présens que
futurs , et leurs Successeurs à perpetuité. Lesquels ,
sur la demande et réquisition du sieurPierre Claus,
Suisse de S. A. S. Monseigneur le Duc du Maine,
à l'Arsenal de Paris , à ce present , ont dit et déclaré
qu'ils désavoüoient, comme par ces Présentes ils le
désavoüent , en la meilleure forme qu'il leur est
possible , le particulier qui a été chargé les premiers
jours du present mois , de porter par les rues de Paris
, la Figure d'ozier , qui représente un soldat
qui en 1418. commit une impiété sur une Image
de la très-Sainte Vierge ; qu'ils désavoüoient pas
reillement ledit particulier , Porteur de ladite Figure
, de l'avoir fait entrer dans l'Arsenal , ce qui
est contre le respect dû à une Maison Royale.
?
Déclarant en outre , que ni eux ni personne de
leur Société n'ont jamais prétendu représenter par
ladite Figure , aucun Soldat Suisse , ni autre de
leur Nation , étant certain que l'Histoire ne fait
mention que d'un Soldat impie en general , sans
marquer de quelle Nation il étoit ; et cela d'autant
plus que ceux de la Nation Suisse n'ont commencé
d'être au service de la France qu'après l'année
1444 .
De plus , ils auront une attention particuliere à
ce que
ladite Figure ne soit plus à l'avenir habillée
d'une maniere qui puisse dénoter l'uniforme
d'aucun Soldat Suisse , ni autre de cette Nation, ni
portée dans l'Arsenal ; c'est ce qui a donné sujet
audit sieur Pierre Claus d'être scandalisé , et
porté à s'opposer au passage de ladite Figure au
travers de l'Arsenal , et à demander en conséquence
la présente déclaration , tant pour lui-même ,
que pour la satisfaction de tous ceux de sa Nation ,
Militaires et autres,; laquelle déclaration les soussignez
accordent volontairement , sur la demande
I. Vol. I qui
1236 MERCURE DE FRANCE
qui leur en est faite , et pour marquer de leurpart
la considération et estime qu'ils ont pour tous ceux
de la Nation Suisse en general , et en particulier
pour ledit sieur Claus. Fait et passé à Paris ès demeures
des soussignez , le 19 Ïuillet 1732. et ont
signé la minute des Présentes, demeurée à lagar¬
de et possession de Veillard , Notaire.
Signé , Melin et Veillard , Notaires ,
arca paraphes.
* Ces mêmes Associez , pour donner plus de
poids à leur déclaration se rendirent le jour
même chez M. le Baron de Bézenval , Lieutenant
General des Armées du Roy , et Colonel du Régiment
des Gardes Suisses, pour la lui présenter;
Tequel après l'avoir lûe,approuva leurs sentimens
sinceres et équitables à réformer cet abus; les assurant
qu'il en feroit part à Messieurs les Officiers
Suisses , et autres de cette Nation ; ce qui
continueroit à maintenir la tranquilité dans la
Cérémonie annuelle qu'ils avoient coutume de
faire. Ce qui fut annéxé à la déclaration cy - dessus.
A Bale , chez, Pierre Bicler , Imprimeur- Libraire,
La Relation qu'on vient de lire , nous a été
envoyée par Messieurs les Maire et Bourgeois de
la Ville de Bâle, accompagnée d'une Leute, dont
voici la teneur :
Nous vous prions , Monsieur , de faire usa
ge dans votre prochain Mercure , de la Relation
que nous avons l'honneur de vous addresser
; vous verrez , en la lisant , de quoi i
s'agit ; nous ne pûmes vous l'envoyer l'année
passée assez à temps pour être mise dans celui
de 1732. mais comme cette Cérémonie se ré-
I. Val
pere
JUIN. 1733. 1237
pete tous les ans , à pareil jour , nous esperons
qu'elle pourra trouver place cette année dans
votre Mercure, d'autant plus qu'elle ne contient
rien que de trés- vrai . Nous sommes tres- parfai
tement , Monsieur , vos tres - humbles et tresobéissans
serviteurs , les Maire et Bourgeois de
Bâle.
Ce 1 Juin 1733.
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Résumé : RELATION de ce qui s'est passé dans l'Arsenal de Paris, le premier jour de Juillet 1732. au sujet de la figure d'ozier, que le peuple nomme, mal à propos : Le Suisse de la ruë aux Ours.
Le 1er juillet 1732, Pierre Claus, un Suisse au service du Duc du Maine, observa une foule pénétrer dans l'Arsenal de Paris avec une figure d'osier appelée 'Le Suisse de la rue aux Ours'. Cette figure, vêtue comme les Gardes Suisses, était liée à un acte d'impiété commis en 1418 contre une image de la Vierge. Claus estima cette entrée irrespectueuse et insultante pour la nation suisse, alliée à la France. Il ferma la porte de l'Arsenal et saisit la figure. Les responsables de la Société de la rue aux Ours affirmèrent que la figure ne représentait pas un Suisse et présentèrent à Claus un ancien tableau montrant un soldat sans spécifier sa nation. Satisfait de cette explication, Claus envoya le tableau au Duc du Maine. Une enquête confirma que l'individu impie n'était pas connu comme un Suisse et que la première alliance franco-suisse datait de 1444, rendant improbable que le soldat fût suisse. Les organisateurs de la cérémonie annuelle désavouèrent l'incident et déclarèrent que la figure ne représenterait plus un soldat suisse ni ne serait portée dans l'Arsenal. Ils signèrent une déclaration à ce sujet, approuvée par le Baron de Bézenval, Lieutenant Général des Armées du Roi et Colonel des Gardes Suisses. La relation de cet événement fut envoyée par les Maire et Bourgeois de Bâle pour publication dans le Mercure de France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 1413-1415
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Neufchâtel le 4. May 1733. au sujet d'un nouveau Journal, &c.
Début :
Vous voulez absolument que je vous donne des nouvelles de ce Pays-cy, [...]
Mots clefs :
Français, Suisse, Abbé, Mercure suisse, Muralt, Lettres sur les Anglais et les Français, France, Nouvelles littéraires, Bon sens
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Neufchâtel le 4. May 1733. au sujet d'un nouveau Journal, &c.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de
Neufchâtel le 4. May 1733. au sujet
d'un nouveau Journal , & c.
V
Ous voulez absolument que je vous
donne des nouvelles de ce Pays- cy,
et sur tout des Nouvelles Litteraires ;
vous ne pensez donc pas comme beaucoup
de gens de votre Pays , qui s'imaginent
qu'en Suisse la Litterature est toutà
- fait négligée ; d'autres en outrant les
choses , nous disputent encore la poli- .
tesse , le bon sens et presque la raison.
On a eu le même préjugé à l'égard des
Orientaux en general , et à l'égard des
Turcs en particulier ; mais ceux- cy se
trouvent pleinement justifiez sur leur
ignorance prétendue , dans une Piece
nous avons lûe avec plaisir dans le Mercure
de France du mois dernier . Nous.
ne serons pas surpris que quelque Apologiste
prenne aussi un jour notre deffense
en main et désabuse du moins un
certain Public , de la mauvaise prévention
dont le vulgaire est rempli contre
la Nation Suisse.
que
En attendant , et pour commencer en
quelque façon cette Apologie , je vous
dirai qu'on imprime ici depuis le mois de
II. Vol.
Dé1414
MERCURE DE FRANCE
Décembre 1732. un Mercure Suisse , ou
Recueil de Nouvelles Historiques , Politi
ques , Litteraires et Curieuses , dont on paroît
assez content. Voici un petit Extrait
de celui du mois de Mars dernier ,
que
j'ai estimé digne de votre curiosité.
» En l'année 1726. l'Abbé D ... publia
» une Critique des Lettres de M. de Mu-
» ralt , sur les Moeurs des François et des
»
Anglois , sous ce titre : Apologie du ca-
» ractere des Anglois et des François , ou
Observations sur le Livre intitulé , Lettre
» sur les Anglois et les François , et sur les
»Voyages ; avec la deffense de la sixième
» Satyre de M. Despreaux , et la justificantion
du bel esprit François .
» Cet Abbé commence peu poliment
son Livre par ces mots : Dès que les
» Lettres sur les Anglois et les François
» et sur les Voyages , parurent , je les lûs
» avec une attention curieuse , et je fus bien
» aise de voir un Suisse penser. C'étoit loüer
le judicieux Auteur de ces Lettres , ( qui
» est Suisse ) d'une maniere peu convena-
» ble , et faire en même-temps insulte à
» toute sa Nation . Pour venger les Suis-
» ses , un d'entre eux , aussi peu poli que
» cet Abbé , et ami de M. de Muralt ,
»composa les Vers suivans. On nous prie
» de les inserer ici , parce qu'on ne les
II. Vol. >> a.
JUIN. 1733. 1415
a point encore vûs dans aucun Recueil,
mais on avertit que l'on n'y a nullement
en vûë tous les Auteurs François
en general. On sçait distinguer en Suisse
, tout comme ailleurs , le petit nombre
de bons Ecrivains , de la foule immense
des mauvais.Cette Epigramme ne
regarde donc aucun autre François que
les Auteurs de la classe de l'Abbé D ...
etit Abbé , le sçavoir vivre ,
'est point chez vous en lieu natal
t votre orgueil n'enfante un Livre ,
Que pour lancer un trait brutal .
ous pensiez donc , froid Satirique ,
Qu'avant Muralt , tout Helvetique ,
Ne pensoit point , ou pensoit mal ;
Et vous pensiez comme un cheval .
François , quittez vos fiers caprices ,
Connoissez mieux vos bons voisins .
Si vous pensiez , esprits trop vains ,
Autant , aussi bien que maints Suisses ;
Au lieu de vos tas d'Ecrivains ,
Pour la plupart fades Narcisses ,
La France auroit plus d'Esprits sains
Et qui pourvûs en hommes sages ,
Du bon sens des Treize Cantons ,
Ne produiroient que peu d'Ouvrages ;
Mais ces Ouvrages seroient bons.
Neufchâtel le 4. May 1733. au sujet
d'un nouveau Journal , & c.
V
Ous voulez absolument que je vous
donne des nouvelles de ce Pays- cy,
et sur tout des Nouvelles Litteraires ;
vous ne pensez donc pas comme beaucoup
de gens de votre Pays , qui s'imaginent
qu'en Suisse la Litterature est toutà
- fait négligée ; d'autres en outrant les
choses , nous disputent encore la poli- .
tesse , le bon sens et presque la raison.
On a eu le même préjugé à l'égard des
Orientaux en general , et à l'égard des
Turcs en particulier ; mais ceux- cy se
trouvent pleinement justifiez sur leur
ignorance prétendue , dans une Piece
nous avons lûe avec plaisir dans le Mercure
de France du mois dernier . Nous.
ne serons pas surpris que quelque Apologiste
prenne aussi un jour notre deffense
en main et désabuse du moins un
certain Public , de la mauvaise prévention
dont le vulgaire est rempli contre
la Nation Suisse.
que
En attendant , et pour commencer en
quelque façon cette Apologie , je vous
dirai qu'on imprime ici depuis le mois de
II. Vol.
Dé1414
MERCURE DE FRANCE
Décembre 1732. un Mercure Suisse , ou
Recueil de Nouvelles Historiques , Politi
ques , Litteraires et Curieuses , dont on paroît
assez content. Voici un petit Extrait
de celui du mois de Mars dernier ,
que
j'ai estimé digne de votre curiosité.
» En l'année 1726. l'Abbé D ... publia
» une Critique des Lettres de M. de Mu-
» ralt , sur les Moeurs des François et des
»
Anglois , sous ce titre : Apologie du ca-
» ractere des Anglois et des François , ou
Observations sur le Livre intitulé , Lettre
» sur les Anglois et les François , et sur les
»Voyages ; avec la deffense de la sixième
» Satyre de M. Despreaux , et la justificantion
du bel esprit François .
» Cet Abbé commence peu poliment
son Livre par ces mots : Dès que les
» Lettres sur les Anglois et les François
» et sur les Voyages , parurent , je les lûs
» avec une attention curieuse , et je fus bien
» aise de voir un Suisse penser. C'étoit loüer
le judicieux Auteur de ces Lettres , ( qui
» est Suisse ) d'une maniere peu convena-
» ble , et faire en même-temps insulte à
» toute sa Nation . Pour venger les Suis-
» ses , un d'entre eux , aussi peu poli que
» cet Abbé , et ami de M. de Muralt ,
»composa les Vers suivans. On nous prie
» de les inserer ici , parce qu'on ne les
II. Vol. >> a.
JUIN. 1733. 1415
a point encore vûs dans aucun Recueil,
mais on avertit que l'on n'y a nullement
en vûë tous les Auteurs François
en general. On sçait distinguer en Suisse
, tout comme ailleurs , le petit nombre
de bons Ecrivains , de la foule immense
des mauvais.Cette Epigramme ne
regarde donc aucun autre François que
les Auteurs de la classe de l'Abbé D ...
etit Abbé , le sçavoir vivre ,
'est point chez vous en lieu natal
t votre orgueil n'enfante un Livre ,
Que pour lancer un trait brutal .
ous pensiez donc , froid Satirique ,
Qu'avant Muralt , tout Helvetique ,
Ne pensoit point , ou pensoit mal ;
Et vous pensiez comme un cheval .
François , quittez vos fiers caprices ,
Connoissez mieux vos bons voisins .
Si vous pensiez , esprits trop vains ,
Autant , aussi bien que maints Suisses ;
Au lieu de vos tas d'Ecrivains ,
Pour la plupart fades Narcisses ,
La France auroit plus d'Esprits sains
Et qui pourvûs en hommes sages ,
Du bon sens des Treize Cantons ,
Ne produiroient que peu d'Ouvrages ;
Mais ces Ouvrages seroient bons.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Neufchâtel le 4. May 1733. au sujet d'un nouveau Journal, &c.
En mai 1733, un correspondant de Neufchâtel réfute les préjugés selon lesquels la littérature suisse serait négligée ou inférieure. Il compare ces préjugés à ceux existant envers les Orientaux et les Turcs, justifiés par une œuvre publiée dans le Mercure de France. Il espère qu'un jour, un apologiste défendra la Suisse contre ces mauvaises préventions. L'auteur mentionne la publication, depuis décembre 1732, du journal 'Mercure Suisse', contenant des nouvelles historiques, politiques, littéraires et curieuses. Il partage un extrait du Mercure Suisse de mars 1733, relatant une controverse littéraire de 1726. L'Abbé D... avait critiqué les 'Lettres de M. de Muralt' sur les mœurs des Français et des Anglais de manière impolie. Un Suisse, ami de M. de Muralt, avait répondu par une épigramme. L'auteur précise que cette épigramme ne vise pas tous les auteurs français, mais seulement ceux de la classe de l'Abbé D..., et que les Suisses savent distinguer les bons écrivains des mauvais.
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11
p. 176
De HUNINGUE, le 11 Octobre 1763.
Début :
Le Chevalier de Beauteville, Commandeur de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis [...]
Mots clefs :
Chevalier, Commandeur, Armées du roi, Suisse
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texteReconnaissance textuelle : De HUNINGUE, le 11 Octobre 1763.
De HUNINGUE , le 11 Octobre 1763.
Le Chevalier de Beauteville , Commandeur de
'Ordre Royal & Militaire de S. Louis Lieutenant-
Général des Armées du Roi & Ambaſſadeur
de Sa Majesté en Suiffe , arriva le 8 en cette
Ville , où il reçut les honneurs dûs à ſon carac-
¿ère .
Le Chevalier de Beauteville , Commandeur de
'Ordre Royal & Militaire de S. Louis Lieutenant-
Général des Armées du Roi & Ambaſſadeur
de Sa Majesté en Suiffe , arriva le 8 en cette
Ville , où il reçut les honneurs dûs à ſon carac-
¿ère .
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12
p. 176-177
De ZURICH, le 20 Octobre 1763.
Début :
Le sieur de Fontaine, Gentilhomme de l'Ambassade de France, a remis aujourd'hui aux Bourgue mestres [...]
Mots clefs :
Gentilhomme, Ambassade de France, Suisse, Accréditation, Chevalier, Corps helvétique, Trois ligues grises, Marquis
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texteReconnaissance textuelle : De ZURICH, le 20 Octobre 1763.
De ZURICH , le 20 Octobre 1763.
Le fieur de Fontaine , Gentilhomme de l'Ambaffade
de France , a remis aujourd'hui aux
Bourgue mestres de ce canton la Lettre par laquelle
Sa Majesté Très-Chrétienne accrédite le
JANVIER. 1764. 177
Chevalier de Beauteville auprès du Corps Helvétique
. Le fieur de Fontaine doit fe rendre demain
a Coire pour remplir la même miſſion auprès
des Chefs des trois Ligues Grifes. Le Marquis
d'Entraigues , qui étoit chargé des Affaires de
France , a pris congé du Corps Helvétique.
Le fieur de Fontaine , Gentilhomme de l'Ambaffade
de France , a remis aujourd'hui aux
Bourgue mestres de ce canton la Lettre par laquelle
Sa Majesté Très-Chrétienne accrédite le
JANVIER. 1764. 177
Chevalier de Beauteville auprès du Corps Helvétique
. Le fieur de Fontaine doit fe rendre demain
a Coire pour remplir la même miſſion auprès
des Chefs des trois Ligues Grifes. Le Marquis
d'Entraigues , qui étoit chargé des Affaires de
France , a pris congé du Corps Helvétique.
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Résumé : De ZURICH, le 20 Octobre 1763.
Le 20 octobre 1763, le sieur de Fontaine a remis une lettre aux bourgmestres de Zurich accréditant le chevalier de Beauteville auprès du Corps Helvétique. Il doit ensuite se rendre à Coire pour une mission similaire auprès des Ligues Grises. Le marquis d'Entraigues a quitté ses fonctions.
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