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1
p. 50-92
Erudition sur le vin.
Début :
Que le vin soit l'appas le plus doux de la vie, [...]
Mots clefs :
Vin, Chagrin, Esprit, Courage, Joie, Amour, Santé, Médecine, Compagnon, Festivités, Société, Divinité, Poésie, Guerre, Alcool, Humeur, Vieillesse, Guérison, Mélancolie, Nature
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texteReconnaissance textuelle : Erudition sur le vin.
Eruditionsur le vin.
Que le vin soit l'appas
leplusdouxdela vie,1
Qa'il^ bannisse l'ennui,
dissipe le chagrin,
2,
3 Enchante les esprits,
charme le coeur ,;
humain,
Enlevé tous les sens,rende
l'ameravie;
Qu'il fournisse au bûveur
du coeur & de
Feipric, 4
1.
1 Non ejl vivere jfed
valerevita. Martial.
2. Date vinum his qui
amarosuntanimo. Prov.
c. 31.
3 Ex bonovinoplusquam
ex alio quocumque
potu generantur e5 multiplicanturspiritus
fenues.
Avicen.
4 Ingenium acuit.Scola
Saler. '-
Qu'il épanche l'odeur du
plusfin ambre-gris, 5
6 Qu'il inspire la joye,
augmente le courage,
7.
Qu'il deride le front des
Catons de nôtre
âge, 8
Qu'il soit de tous les
5 Vinum priusquam
degustetur quintâ parte
suinectarisprocessus mamillares
jam imbuit.
Tl"uf Rem.
6 Vinum e5 musica
latificant cor hominis-
Eccl. 40.
7; Vina parant anitnos.
Ovid. Add;, cornua
pauperi. Horat.
8 Narratur e5 prisci
Catonis sæpe mero caluissevirtus.
Idem.
dons que Dieu fait
aux mortels
Leplusprecieux, leplus
digne 9
Que par une faveur in-
.,
signe
Il destine pour les autels:
C'cft une verité que la
Sagessemême.
Nous a laissée empreinte
en ses divins écrits.
Un homme de bon sens ,
de bon goût&d'esprit
9 Natura nihilquicquam
eJito penu largita
est præstantius vino.
Gunter. Hyg. p. 76.
Peut-il ia recevoir comme
un nouveau problême?
C'est nier de sens froid
un principearrêté
10
Par les graves Auteurs
de la Latinité,
Comme de la sçavante
Grece.
C'est l'aimable lien de
la societé, Il
Charmantauteurdel'allegresse
;
Il fournit les bons mots,
10 Ire contra omnes in*
sanire est.
11 Non habet amaritudinemconversatio
illius,
nec tædium cowviitus illius,
sed lætitiam (S?gaule
sel, l'urbanité;
C'est le grand sceau des
mariages,
C'efl l'ame des fefiins..
des bals, des comperages,
12
L'ennemi du divorce &
des divisions,
L'arc-boutant des reünions;
Agreable tyran, puissant
moteur de l'ame,
Qui d'un vieillard usé
, sçait ranimer la
flame. ri
dium. Sap.c.8.
12Revera voluptas
mensarum atque delitiæ
semper habitus estvini
potus , ex cujus suavitate
convivii festivitas
omnis Qf elegantiavenit
æstimanda. Gunter.
15 Vino sublato non
Voulez-vous dissiper ces
rigoureux ennuis
Qui vous obsedent jour
&nuit,
Et mettre fin à vos disgraces,
14
Bûvez du vin à pleines
tasses.
Infortuné client, qui
crains que ce procés
Ne te fasse dans peu tonv
ber en decadence,
D'un vin delicieux tâte
sans faire exees, is
fjl tpenUi. Eurip.
14 Dissipatcujuscuras
edales. Horat. FiniþJ.
re memento tristitiam
molli mero. Idem.
IS Hute calix tnul;
Et laisse agir la Providence
Sur le bon ou mauvais
succés.
Languissante beauté
J
- donc l'humeur hif-
-, terique,
indigeûe,mélancolique16
Agice un petit corps a
chaque lunaison,
Laissez poudre ,.eau ,bolus
& sel diureyrvôusprdnrets-
d^Vin
impingendus est, utplorare
desinat. Cic. Tusc.
3.
16 Vis vinipræcipua
ad crassos humores
,
ad
obstructiones,ad morbos
frigidos
, ac diuturnos
ad , quæ quovis syrupo
vel medicato liquore præftantius.
Fernel. Meentiere
guerison;
Contre les douleurs de
colique,
D'un rhumatisme affreux
ou goutte sciatiq
ue,
Il vaut mieux que les
eauxnid'Aix ni de
Bourbon:
Car pour brifer l'acide il
est seur,il est bon.
Un vin leger & vifvainc
la douleur cruelle 17
Du calcul & de la gravelle;
thod.
thod. lib. 4. c. 11.
-
17 Tenuenjinumcien*
dæ urinæ magis idoneum
capitinullaminsert noC'est
un doux vehicule
, aalf) insinuant,
18.
A qui cedent Aix,Spa-
Plombiere & saint
Amand.
Pauvre convalescent ,
veux-tu que l'on rabatte
Par un moyen facile Se
doux
Les grossieres vapeurs
du foye& de la ratte,
Qui frapant le cerveau
yfont'/e-ntir coups, kurs - :
xam. Galen. lib. 1. de
euchym.
18 Qjtmm vinum sit
naturæ jucundum acfamiliare,
per omnia JeJe
insinuansvires in ßn84
gulas 'Ell abilitissimas
corporis partes diffundit
atque impertit, estque
optimum medicinæ vin.
culum. Ferel ibid.
Congedie à presentGalien,
Hippocrate,
19Avicene& Fernel > le
bon vin mieux qu'eux
tous,
Sitôt qu'il a changé sa
nature de moût,
Sçauradesopiler
,
bannir
l'humeur ingrate.
Vous qui devenus languissans
Par l'effort imprévud'une
paralysie,
20 Ne goutez qu'à demi
lesplaisirsdelavie,
19Bacchus ab antiquis
dicebatur Medicus uuU
gi, eò quòd vinomorbos
omnes fugaret. Moreau
ad Scol. Sal.
20 Vis vinipræcipua
ad morbosfrigidos. Fernel.
Le vin ranimera tous
les nerfs im puissans.
21 Beau sexe, rejettez
ces boissons meurtrieres
Qui changean,t vôtre
teint,retranchent le
beau cours
Du printemps fleuride
vos jours;
Brifez tasses & caffetieres,
22 Et d'un vin petillant
emplissez vos aiguieres:
Vina omnia 'Vircs roborant.
Gal.
21 Centis ociosæ nugamenta.
22 Bibat t'[}inum in jUcunditate.
Judith c. 12.
Il accroîtra le feu de vos
vivespaupieres,
23 Le vin vous tiendra
lieu de parure &
d'atours.
Il purge les humeurs que
dans la solitude
24 Contractent les hommes
d'étude,
Et d'un flegme importun
sçait les débarasser:
Avecque son secours ils
sçavent retracer
Tant de traits enchassez
tj Son
23 Son jus pris par
compas redonne la con*
leur. Dubaitois.
24 Muniteadhibe vim
fàpientiæ. Hor.
Sapientium curas fu«
gat. Idem.
dans leur vaftc memoire
Et de politique & d'hiss"-'
roire.
z5 Sans le vin des arts liberaux
Verroit-on de nobles travaux?
x6 Et si nous en croyons
Horace,
Lut-on jamais sur le Parnasle
25 Nam si bono 'vino
moderatè utantur,longè
seipsis CJr ad excogitandum
acutiores
, f5 ad explicandum
orandumque
uberiores
,
FlJ ad memoriam
denique firmores
evadunt. Moreau.
2.6 Carmina vino ingeniumfaciente
canunt.
Ovid.
2.7 Des xtth faits par un
buveur d'eau
Qui valussent ceux de
Boileau?
28Nos zelezOrateurs
tonnent mieux dans
les chaires,
Lors qu'ils s'en vont munis
de quatre ou cinq
bons verres.
Ces mortels enfoncez
dans la devotion,
Qui boivent par compas
<
6C sans81ffettion)
29 Gardantles voeux les
27 Sanèmagnus equeis
lepidosunt vinaPoëtæ,
2S Foecundi cælices non
feceredisertum. Horat.
19 Severioris est virplus
austeres
A saine Thierry
,
saint
Bâle,Hautvillers&
Cumicres,
Sententcroître la voix,
la force & 30l'onction,
31 Lors qu'ils boivent les
jours de jubilation
De ce pieux nectar qui
provient sur leurs
terres.
Les Dames en beguin
de Reims & d'Avenay
tutis calcar 69 stimulus
vinum. Thes. Rem.
30 Vatasti nos rvino
compunctionis. Ps. 59.
31iVfl/z ille, quan.
quam Socraticis madet
sermonibus
j te negligit
horridus. Horat.
31, Sentent ceder d'abord
-
à la liq ueurdivine
Qui croît sur leurs côteaux
ou bienà Verzenay,
Foiblesse d'estomach, ftbriibniefeïc de poi- , I
33 Qui les tourmente si
souvent,
Et qui levur ientenrdittle. Enfin quiconque veut l
dans l'extreme vieil-
Je/Iè,
32 Stomachitædia diF
€Uttt. Thes. Rem.
33
Vinumin ventriculo
perfusum ciborum cofiionem
f5 distributionent
juvat.
Lacsenum.
Libre d'esprit & sain de
corps
54 Braver les horreurs de
la mort,
Et seconserver en liesse,
Qu'il ait en son cellier
un foudre de fin vin,
- t un recipé tout divin.
jj Avecque lui le pauvre
oublie ses disgraces
;
( Quatre rasades les effacent)
L'artïsan son travail, le
34Vinum remedium
adversùssenectutis duritiem.
Plato de kg,
35 Bibant obliviscantur
egestatis j'uæ. Eccles.
soldat tous ses
maux, 36
Le pelerin ses pas,le gasantsesrivaux,
L'homme convalescent
la douleur si cruelle
Que lui causa l'effortd'une
fievrerebelle, 37
Le prude sourcilleux les
rides de son front,38
Le vindicatifun affront.
Enfin c'est le tombeau
de toutes les miseres,
Des chagrins, des ennuis
qu'ici nous desesperent
;
36 Vinum laborum
pharmacumest. Limpid*
in Troad.
37 Etdoloris sui non
recordenturampliùs. Eccles.
38 PrAceliens est antipharmacum
; siquidem
caperatam mirèfrontem
exporrigitsuave clarumque
vinum. Rhodig.
C'est l'ame des plus doux
desirs,
Et l'innocent objet des
Colides.plaisirs.39
Sur ce pied je soûtiens,
& contre la Sorbonne,
Que le vin fut toujours
une chose trés
bonne.40
Le vin, me direz-vous,
est l'auteur des querelles.
Oui, quand il s'introduit
dansde foibles
cervelles,
39 Tristissobrietas est
remo'venda. Senec.
40 Tanturn vino crtditur
attribuisse Æfèulapius
, ut aqua id cum
numinibus,lance latHe-
,rif, Rhodig.
Qu'ilrencontre un bûveur
chagrin ou rioteux,
41
Ou quelque jeune furieux,
42, Qui boitavec excès &C
se plaît à l'yvresse,
Que le moindre mot
choque &C blesse. 43
44 Quoy? parce que
Noëenyvra saraison,
Le vin passera pour poi-
Ion?
41 Fel
41 Fel draconum wnumcorum.
Deuter.
42 Vinum multum
meracum infaniæcauft.
Hippoc.
43 Natis in usum latitiæ
Sapphis pugnare
Thracum ejl.Horat.
-
44 Vinum in jucunditatem
ereaturnejl, non inebrietatem ab initio.
hdt ce principe vain la
beauté, les attraits,
Les charmes de l'esprit,
le feu de 1éloquence,
L'érudition
,
la science
Contre l'ordre de Dieu
font reputez mauvais.
Point depresent du Ciel
dont le méchant n'abufe;
La prudence en lui de"
vient ruse
Pour surprendre les innocens
; L'éloquence mondaine
avec ses doux accens
Devient l'art dangereux
d'appuyer le mensonge
;
La politique prend la vé- ritépour songe:
Avecque les atours cette
femme au filet
Prend l'homme comme
on fait un timide
oiselet,
Et ces attraits charmans
dont chacun fait
estime.
Lui fervent d'échelons
au crime.
Faudra-t-il pour cela
proscrire ces talens
Qui font les hommes
excellens?
Que le vin soit l'appas
leplusdouxdela vie,1
Qa'il^ bannisse l'ennui,
dissipe le chagrin,
2,
3 Enchante les esprits,
charme le coeur ,;
humain,
Enlevé tous les sens,rende
l'ameravie;
Qu'il fournisse au bûveur
du coeur & de
Feipric, 4
1.
1 Non ejl vivere jfed
valerevita. Martial.
2. Date vinum his qui
amarosuntanimo. Prov.
c. 31.
3 Ex bonovinoplusquam
ex alio quocumque
potu generantur e5 multiplicanturspiritus
fenues.
Avicen.
4 Ingenium acuit.Scola
Saler. '-
Qu'il épanche l'odeur du
plusfin ambre-gris, 5
6 Qu'il inspire la joye,
augmente le courage,
7.
Qu'il deride le front des
Catons de nôtre
âge, 8
Qu'il soit de tous les
5 Vinum priusquam
degustetur quintâ parte
suinectarisprocessus mamillares
jam imbuit.
Tl"uf Rem.
6 Vinum e5 musica
latificant cor hominis-
Eccl. 40.
7; Vina parant anitnos.
Ovid. Add;, cornua
pauperi. Horat.
8 Narratur e5 prisci
Catonis sæpe mero caluissevirtus.
Idem.
dons que Dieu fait
aux mortels
Leplusprecieux, leplus
digne 9
Que par une faveur in-
.,
signe
Il destine pour les autels:
C'cft une verité que la
Sagessemême.
Nous a laissée empreinte
en ses divins écrits.
Un homme de bon sens ,
de bon goût&d'esprit
9 Natura nihilquicquam
eJito penu largita
est præstantius vino.
Gunter. Hyg. p. 76.
Peut-il ia recevoir comme
un nouveau problême?
C'est nier de sens froid
un principearrêté
10
Par les graves Auteurs
de la Latinité,
Comme de la sçavante
Grece.
C'est l'aimable lien de
la societé, Il
Charmantauteurdel'allegresse
;
Il fournit les bons mots,
10 Ire contra omnes in*
sanire est.
11 Non habet amaritudinemconversatio
illius,
nec tædium cowviitus illius,
sed lætitiam (S?gaule
sel, l'urbanité;
C'est le grand sceau des
mariages,
C'efl l'ame des fefiins..
des bals, des comperages,
12
L'ennemi du divorce &
des divisions,
L'arc-boutant des reünions;
Agreable tyran, puissant
moteur de l'ame,
Qui d'un vieillard usé
, sçait ranimer la
flame. ri
dium. Sap.c.8.
12Revera voluptas
mensarum atque delitiæ
semper habitus estvini
potus , ex cujus suavitate
convivii festivitas
omnis Qf elegantiavenit
æstimanda. Gunter.
15 Vino sublato non
Voulez-vous dissiper ces
rigoureux ennuis
Qui vous obsedent jour
&nuit,
Et mettre fin à vos disgraces,
14
Bûvez du vin à pleines
tasses.
Infortuné client, qui
crains que ce procés
Ne te fasse dans peu tonv
ber en decadence,
D'un vin delicieux tâte
sans faire exees, is
fjl tpenUi. Eurip.
14 Dissipatcujuscuras
edales. Horat. FiniþJ.
re memento tristitiam
molli mero. Idem.
IS Hute calix tnul;
Et laisse agir la Providence
Sur le bon ou mauvais
succés.
Languissante beauté
J
- donc l'humeur hif-
-, terique,
indigeûe,mélancolique16
Agice un petit corps a
chaque lunaison,
Laissez poudre ,.eau ,bolus
& sel diureyrvôusprdnrets-
d^Vin
impingendus est, utplorare
desinat. Cic. Tusc.
3.
16 Vis vinipræcipua
ad crassos humores
,
ad
obstructiones,ad morbos
frigidos
, ac diuturnos
ad , quæ quovis syrupo
vel medicato liquore præftantius.
Fernel. Meentiere
guerison;
Contre les douleurs de
colique,
D'un rhumatisme affreux
ou goutte sciatiq
ue,
Il vaut mieux que les
eauxnid'Aix ni de
Bourbon:
Car pour brifer l'acide il
est seur,il est bon.
Un vin leger & vifvainc
la douleur cruelle 17
Du calcul & de la gravelle;
thod.
thod. lib. 4. c. 11.
-
17 Tenuenjinumcien*
dæ urinæ magis idoneum
capitinullaminsert noC'est
un doux vehicule
, aalf) insinuant,
18.
A qui cedent Aix,Spa-
Plombiere & saint
Amand.
Pauvre convalescent ,
veux-tu que l'on rabatte
Par un moyen facile Se
doux
Les grossieres vapeurs
du foye& de la ratte,
Qui frapant le cerveau
yfont'/e-ntir coups, kurs - :
xam. Galen. lib. 1. de
euchym.
18 Qjtmm vinum sit
naturæ jucundum acfamiliare,
per omnia JeJe
insinuansvires in ßn84
gulas 'Ell abilitissimas
corporis partes diffundit
atque impertit, estque
optimum medicinæ vin.
culum. Ferel ibid.
Congedie à presentGalien,
Hippocrate,
19Avicene& Fernel > le
bon vin mieux qu'eux
tous,
Sitôt qu'il a changé sa
nature de moût,
Sçauradesopiler
,
bannir
l'humeur ingrate.
Vous qui devenus languissans
Par l'effort imprévud'une
paralysie,
20 Ne goutez qu'à demi
lesplaisirsdelavie,
19Bacchus ab antiquis
dicebatur Medicus uuU
gi, eò quòd vinomorbos
omnes fugaret. Moreau
ad Scol. Sal.
20 Vis vinipræcipua
ad morbosfrigidos. Fernel.
Le vin ranimera tous
les nerfs im puissans.
21 Beau sexe, rejettez
ces boissons meurtrieres
Qui changean,t vôtre
teint,retranchent le
beau cours
Du printemps fleuride
vos jours;
Brifez tasses & caffetieres,
22 Et d'un vin petillant
emplissez vos aiguieres:
Vina omnia 'Vircs roborant.
Gal.
21 Centis ociosæ nugamenta.
22 Bibat t'[}inum in jUcunditate.
Judith c. 12.
Il accroîtra le feu de vos
vivespaupieres,
23 Le vin vous tiendra
lieu de parure &
d'atours.
Il purge les humeurs que
dans la solitude
24 Contractent les hommes
d'étude,
Et d'un flegme importun
sçait les débarasser:
Avecque son secours ils
sçavent retracer
Tant de traits enchassez
tj Son
23 Son jus pris par
compas redonne la con*
leur. Dubaitois.
24 Muniteadhibe vim
fàpientiæ. Hor.
Sapientium curas fu«
gat. Idem.
dans leur vaftc memoire
Et de politique & d'hiss"-'
roire.
z5 Sans le vin des arts liberaux
Verroit-on de nobles travaux?
x6 Et si nous en croyons
Horace,
Lut-on jamais sur le Parnasle
25 Nam si bono 'vino
moderatè utantur,longè
seipsis CJr ad excogitandum
acutiores
, f5 ad explicandum
orandumque
uberiores
,
FlJ ad memoriam
denique firmores
evadunt. Moreau.
2.6 Carmina vino ingeniumfaciente
canunt.
Ovid.
2.7 Des xtth faits par un
buveur d'eau
Qui valussent ceux de
Boileau?
28Nos zelezOrateurs
tonnent mieux dans
les chaires,
Lors qu'ils s'en vont munis
de quatre ou cinq
bons verres.
Ces mortels enfoncez
dans la devotion,
Qui boivent par compas
<
6C sans81ffettion)
29 Gardantles voeux les
27 Sanèmagnus equeis
lepidosunt vinaPoëtæ,
2S Foecundi cælices non
feceredisertum. Horat.
19 Severioris est virplus
austeres
A saine Thierry
,
saint
Bâle,Hautvillers&
Cumicres,
Sententcroître la voix,
la force & 30l'onction,
31 Lors qu'ils boivent les
jours de jubilation
De ce pieux nectar qui
provient sur leurs
terres.
Les Dames en beguin
de Reims & d'Avenay
tutis calcar 69 stimulus
vinum. Thes. Rem.
30 Vatasti nos rvino
compunctionis. Ps. 59.
31iVfl/z ille, quan.
quam Socraticis madet
sermonibus
j te negligit
horridus. Horat.
31, Sentent ceder d'abord
-
à la liq ueurdivine
Qui croît sur leurs côteaux
ou bienà Verzenay,
Foiblesse d'estomach, ftbriibniefeïc de poi- , I
33 Qui les tourmente si
souvent,
Et qui levur ientenrdittle. Enfin quiconque veut l
dans l'extreme vieil-
Je/Iè,
32 Stomachitædia diF
€Uttt. Thes. Rem.
33
Vinumin ventriculo
perfusum ciborum cofiionem
f5 distributionent
juvat.
Lacsenum.
Libre d'esprit & sain de
corps
54 Braver les horreurs de
la mort,
Et seconserver en liesse,
Qu'il ait en son cellier
un foudre de fin vin,
- t un recipé tout divin.
jj Avecque lui le pauvre
oublie ses disgraces
;
( Quatre rasades les effacent)
L'artïsan son travail, le
34Vinum remedium
adversùssenectutis duritiem.
Plato de kg,
35 Bibant obliviscantur
egestatis j'uæ. Eccles.
soldat tous ses
maux, 36
Le pelerin ses pas,le gasantsesrivaux,
L'homme convalescent
la douleur si cruelle
Que lui causa l'effortd'une
fievrerebelle, 37
Le prude sourcilleux les
rides de son front,38
Le vindicatifun affront.
Enfin c'est le tombeau
de toutes les miseres,
Des chagrins, des ennuis
qu'ici nous desesperent
;
36 Vinum laborum
pharmacumest. Limpid*
in Troad.
37 Etdoloris sui non
recordenturampliùs. Eccles.
38 PrAceliens est antipharmacum
; siquidem
caperatam mirèfrontem
exporrigitsuave clarumque
vinum. Rhodig.
C'est l'ame des plus doux
desirs,
Et l'innocent objet des
Colides.plaisirs.39
Sur ce pied je soûtiens,
& contre la Sorbonne,
Que le vin fut toujours
une chose trés
bonne.40
Le vin, me direz-vous,
est l'auteur des querelles.
Oui, quand il s'introduit
dansde foibles
cervelles,
39 Tristissobrietas est
remo'venda. Senec.
40 Tanturn vino crtditur
attribuisse Æfèulapius
, ut aqua id cum
numinibus,lance latHe-
,rif, Rhodig.
Qu'ilrencontre un bûveur
chagrin ou rioteux,
41
Ou quelque jeune furieux,
42, Qui boitavec excès &C
se plaît à l'yvresse,
Que le moindre mot
choque &C blesse. 43
44 Quoy? parce que
Noëenyvra saraison,
Le vin passera pour poi-
Ion?
41 Fel
41 Fel draconum wnumcorum.
Deuter.
42 Vinum multum
meracum infaniæcauft.
Hippoc.
43 Natis in usum latitiæ
Sapphis pugnare
Thracum ejl.Horat.
-
44 Vinum in jucunditatem
ereaturnejl, non inebrietatem ab initio.
hdt ce principe vain la
beauté, les attraits,
Les charmes de l'esprit,
le feu de 1éloquence,
L'érudition
,
la science
Contre l'ordre de Dieu
font reputez mauvais.
Point depresent du Ciel
dont le méchant n'abufe;
La prudence en lui de"
vient ruse
Pour surprendre les innocens
; L'éloquence mondaine
avec ses doux accens
Devient l'art dangereux
d'appuyer le mensonge
;
La politique prend la vé- ritépour songe:
Avecque les atours cette
femme au filet
Prend l'homme comme
on fait un timide
oiselet,
Et ces attraits charmans
dont chacun fait
estime.
Lui fervent d'échelons
au crime.
Faudra-t-il pour cela
proscrire ces talens
Qui font les hommes
excellens?
Fermer
Résumé : Erudition sur le vin.
Le texte 'Eruditionsur le vin' met en avant les nombreux bienfaits du vin. Il est décrit comme un remède contre l'ennui et le chagrin, capable d'enchanter les esprits et de charmer le cœur humain. Le vin est présenté comme un moyen de fournir du courage et de la joie, et de dissiper les rigoureux ennuis. Il est également loué pour ses vertus médicinales, aidant à traiter diverses maladies telles que les douleurs de colique, les rhumatismes, et les affections du foie. Le vin est considéré comme un lien social, charmant auteur d'allégresse, et grand sceau des mariages. Il est également vu comme un ennemi du divorce et des divisions, et un moteur puissant de l'âme. Le vin est recommandé pour les convalescents, les personnes mélancoliques, et ceux souffrant de paralysie. Il est également vanté pour ses effets bénéfiques sur les arts libéraux et l'éloquence. Cependant, le texte avertit contre les dangers de l'abus du vin, notamment chez les personnes à l'esprit faible ou les jeunes furieux. Malgré ces mises en garde, le vin est globalement présenté comme une chose très bonne, capable de dissiper les misères et les chagrins.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 60-75
LETTRE écrite à M. Ziorcal au sujet de sa Réponse à M. Barrés, inserée dans le Mercure du mois d'Octobre 1730. sur l'usage interieur de l'Eau de vie.
Début :
Il n'est pas juste, Monsieur, d'établir sur les [...]
Mots clefs :
Eau-de-vie, Santé, Alcool, Digestion, Critique, Médecine
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à M. Ziorcal au sujet de sa Réponse à M. Barrés, inserée dans le Mercure du mois d'Octobre 1730. sur l'usage interieur de l'Eau de vie.
LETTRE écrite à M. Ziorcal au sujet
de sa Réponse à M. Barrés , inserée dans
le Mercure du mois d'Octobre 1730. sur
l'usage interieur de l'Eau de vie.
L n'est pas juste , Monsieur , d'éta-
I blir sur les débris que vous faites de
nos bons sentimens pour le Public , le
grand air de confiance qu'on découvre
d'abord dans votre Réponse à ma Lettre;
pardon , peut- être ne sçavez vous pas que
les gens raisonnables ne se laissent jamais
prévenir follement , & que le ton imposant
d'un Auteur insipide pour s'assurer
leurs suffrages , est moins capable de les
séduire que de les rendre plus scrupuleux
dans leurs décisions . Cela soit dit néanmoins
sans blesser en aucune maniere
l'honneur que vous avez bien voulu nous
faire , en nous proposant brievement vos
doutes , que vous auriez pû , à la verité,
épargner aux dépens d'une plus sérieuse
attenJANVIER.
1731. 61
attention , si sans doute elle n'eut été
trop penible pour vous , ce qui fait que
sans nous détourner beaucoup des devoirs
de notre profession , nous esperons de
vous ramener de votre pirrhonisme.
En premier lieu , quoiqu'on soit assuré
que tous les raisonnemens vagues ne sçauroient
convaincre les personnes raisonnables
de la verité des propositions qu'on
avance , il n'est pas moins à propos cependant
de s'en servir quelquefois , et de
les placer dès l'entrée de la question , où
on les dévelope ensuite , et qu'on ne fait
devancer uniquement que pour disposer
l'esprit du lecteur à la concevoir plus aisément.
Notre Lettre peut fort bien être
l'exemple d'un pareil cas , d'ailleurs ces
grands mots qui vous choquent si rude--
ment n'ont pourtant point blessé le goût:
ni les oreilles des plus fameux Medecins .
de ce tems qui les ont introduits dans leurs
Ouvrages qu'êtes vous , Monsieur
pour ne pas les souffrir ? et pouvez- vous
penser de bonne foi que ces grands Maîtres
de l'Art s'en rapportent à vous quicondamnez
leurs expressions sans les entendre.
Pour moi , je me tiens à l'abri .
des justes reproches qu'on seroit en droit.
de me faire, si j'osois temerairement rien
entreprendre là- dessus , et il me suffit de
trouver dans leur signification autant
D d'éner
-
62 MERCURE DE FRANCE
ト
d'énergie et de force qu'il m'en faut
dans le besoin , pour ne pas en désaprouver
le
sçavant usage ; ainsi vous nous permettrez
, sans doute , de nous en accommoder
dans toutes les occasions favorables
dont vous profiterez aussi , si vous le
pouvez , par la même licence que nous
vous donnons à notre tour . Je serois
beaucoup moins éloigné de bannir des
questions les raisonnemens dénués d'experience
; mais vous ne nous faites jamais
voir que ceux qui viennent de notre part
méritent la rigueur de cet exil. Au reste,
on n'a pas toujours besoin de raisons
fondées sur des principes mathématiques
pour convaincre , ce seroit faire tort à
bien des gens d'esprit qui ne sont point
dans ce goût , quoique pourtant trèsraisonnables
et très judicieux , que de leur
ravir le droit d'une question qui les interesse
avec tout le reste des hommes.
Maintenant sans perdre notre tems à
disputer des termes qu'on peut apprendre.
à l'Ecole , et à discuter de vains raisonnemens
, venons au fait de la question .
Nous assurons que l'Eau de vie est une
eau de mort sur ce qu'elle ne releve les forcés
que pour les abattre peu après , parceque cette
liqueurport: les puissances ou les ressorts des
solides au delà de leur tonus , ou de cettejuste
étendue que la nature leur a donnée,d'où étant
de
JANVIER. 1731. 63
>
on n'ide
retour sur eux mêmes , ils tombent dans la
langueur. Voyons si ce trait de notre Lettre
doit passer justement pour obscur.
Tout le monde sçait ce qu'on entend
par le tonus des parties solides
gnore pas même qu'il n'aille jusqu'à un
certain point , ou qu'il n'ait une, juste
étenduë ; qu'importe qu'on vous l'assigne?
Keil ( a ) et Borelli ( b ) n'ont pas sçû nous
éclaircir touchant l'étendue de la force du
coeur ; a-t'on moins de raison de se persuader
que les ressorts des solides sont
contraints bien souvent de se porter au
delà ? la vessie trop remplie d'urine se
porte au delà de son tonus , les vaisseaux
engorgés de sang souffrent aussi quelquefois
de semblables distensions , dans ces
violens tiraillemens qu'on pratique pour
remettre les os luxés à leur place les
fibres musculaires revenant ensuite sur
elles mêmes, ont-elles cette force d'un arc
bandé qui se débande ? et les membranes
dont elles composent le tissu joüissentt'elles
d'abord après leur retour de leur
premiere vigueur dans le jeu de leur contraction
? qu'en pensez vous , M. le Doc
teur ? Ainsi les ressorts des solides débridés
, pour ainsi dire , ou portés au delà
›
( a ) Jacques Keil donne au coeur une force
de cinq onces.
(b) Alphonse Borelli de trois mille livres.
Dij
de
64 MERCURE DE FRANCE
de leur juste étenduë , se trouvent dans
la langueur ou l'abattement qu'on se sent
après de violens exercices , et après même
l'usage des liqueurs ardentes. En effet , le
corps ayant souffert de trop rudes travaux
se sent fatigué , languissant , ou
pour éviter de passer chez vous pour
obscur , ses ressorts par le jeu continuel
qu'ils ont exercé pendant un assez lorg
tems , se sont comme relâchés , ensorte
que revenant sur eux-mêmes ils ont perdu
leur premiere vigueur , ce qui se fait
infailliblement par l'effort réïteré que
font les liqueurs contre les parois membraneuses
des vaisseaux qu'elles poussent
en dehors avec violence dans leurs cours
acceleré par la contraction continuelle
des muscles qui les envoye au coeur , et
que le coeur leur renvoye de même. Ce
' est donc point ici un arc qui acquiert
d'autant plus de force à se remettre, qu'on
le resserre jusqu'à un certain point , mais
c'est un arc qui en a d'autant moins , que
sa flexion est portée au delà , ou qu'on
le courbe trop , delà vient que dans les
premiers tems de son jeu il se redresse
avec beaucoup de vitesse et de force , et
que dans les derniers elle se trouve molle,
foible et languissante.
Il en est à peu près de même touchant
l'effet que les liqueurs ardentes produisent
JANVIER. 1731. 65
ร
sent dans leur usage interieur ( ce qu'on
reconnoit par le poulx ) d'abord le sang
se gonfle , les parois des vaisseaux sont
repoussées en dehors en tout sens ; les
ressorts des fibres musculaires des tuniques
portés alors au delà de leur tonus ne
pouvant rester constamment dans la même
distension , ni aller plus loin , par l'absence
de la cause qui les a mis en jeu
et qui à force de perdre de son énergie
s'est retirée ( ce qui arrive dans le second
tems de l'action de cette liqueur ) il faut
non seulement que ces puissances revien
nent sur elles- mêmes mais encore que
leur vigueur soit moindre qu'auparavant
pour deux raisons. 1º Parceque les fibres
après cette distension outrée se trouvent
lâches et incapables de repren
dre leur état naturel , si ce n'est après
un certain tems qui est celui de la lan~
gueur.. 20 Que les liqueurs épaissies
étant inhabiles au mouvement , obéïssent
moins à la pression des solides relâ
chés , et leur opposent de plus grandes
résistances à surmonter ; pour lors le sang
ralenti dans son cours passe dans le tissu
des muscles , rend leur contraction laborieuse
qui se force de les en dégager ; delà
ces lassitudes ces langueurs qui ne
manquent jamais de succeder à la force
à la fureur même qu'on observe d'abord
D iij
,
dans
66 MERCURE DE FRANCE
dans ceux qui ont usé des liqueurs ardentes
. Ajoutez à cela que le terme de
tout ce desordre étant le racornissement
des solides et l'épaississement des liquides,
ces langueurs perseverent , augmentent
même tous les jours avec l'usage des eauxde
vie , d'où suit ce nombre prodigieux
de maux qui retranchent une bonne partie
des jours de la durée de l'homme.
L'Eau de vie produit moins cette distension
dont il s'agit par sa quantité que
par sa nature , et vous devriez , Monsieur,
avoir ici plus de honte que dans tout autre
endroit de votre Réponse à ma Lettre,
de sentir mieux que personne qu'un de
mes confreres ne sçache point que ce n'est
pas le seul remede qui pris à petite dose
produit dans le corps de très sensibles
effets. Qu'est - ce qu'un grain d'opium
dans un corps de 160. livres ? Est- ce la
1600 partie de ce même corps ? soyez
surpris après cela , tant qu'il vous plaira ,
qu'on prenne 128. onces d'alimens sans
craindre cette distension qui se fait tou
jours appréhender avec juste raison dans
l'usage de l'Eau de vie qui rarefie le sang,
et qui l'épaissit dans des tems differens.
Le terme des tems que l'Eau de vie parcourt
dans sa maniere d'agir étant surve→
nu , les parties solides se trouvent dépourvues
des sucs lymphatiques qui en
humecJANVIER
. 1731. 67 humectent
le tissu , elles en deviennent
plus seches , plus compactes
, plus fortes,
mais aussi plus rebelles aux causes de leurs
mouvemens
, ou plus difficiles à se mettre
en jeu , ce qui fait voir que la langueur
est une suite de ce qui arrive dans
l'usage des liqueurs ardentes , malgré ces
prétendues
contradictions
dont vous nous
faites un crime , dans le tems que nous
si vous eussiez rapsommes
assurés que
porté plus au long ce trait de notre Lettre
, ou que vous eussiez aimé à méditer
plus attentivement
ce qui se passe dans les differens tems de l'action de l'Eau de
vie , vous auriez été moins scrupuleux
sur vos doutes.
{
Permettez
moi , Monsieur , de vous
dire ici qu'il faut ou que vous n'ayez
jamais pris par excès des liqueurs ardentes
, ou que vous n'ayez jamais vu des
gens
livrés à la débauche de l'Eau de vie
et du vin , pour nier la langueur , l'abattement
qui les ensevelit dans le sommeil,
et qui se fait sentir même quelque tems
après le repos ; sans cela il ne vous seroit
pas difficile par ces grands effets qu'une
quantité considerable
de ces liqueurs peut
produire très sensiblement
, d'inferer ma
thematiquement
par des calculs exacts
que vous faites si bien , quel doit être ce
lui d'une plus petite dose ; que si cepen-
Diiij dant
68
MERCURE DE
FRANCE.
faire
dant l'experience qu'un chacun peut
à ses propres dépens n'est pas un moyen
assuré pour vous convaincre du fait dont
il s'agit, tenez vous en à Regnier qui sçait,
sans doute , mieux que Sidenham & c.
Qu'un jeune Medecin vit moins qu'un vieil yvrogne.
C'est sur ce Vers que le Poëte n'a pas
crû , en le faisant , devoir servir de regle
dans la
Medecine , que vous croyez tout
de bon que le témoignage des buveurs
d'Eau de vie ou de vin ne nous est pas
avantageux , fondé veritablement encore
sur ce que s'ils sont exposés aux maladies
rapportées dans notre Lettre , les buveurs
d'eau n'en sont point exemts . Mais je vous
demande ( à part , s'il vous plaît , votre
grand air de confiance ) lesquels de ces
deux sortes de gens sont plus sujets à ces
mêmes maladies ? parlez sans vous émouvoir.
Quoique vous en disiez , on sçait
fort bien que dans le Pays du Nord ou
l'on se permet trop librement ces sortes
de liqueurs , les habitans se voyent tourmentés
de mille maladies , plus rares dans
tout autre climat où l'on est plus reservé
sur leur usage. Il n'est point question de
l'abus de l'eau simple ou de l'Eau de vie ,
on ne nous apprendra rien là dessus ; il
s'agit seulement de cet usage des Eaux
de
JANVIER. 1731. 69.
de vie qui a scû s'introduire parmi les
hommes , et qui fait voir bien souvent
au prix de la perte de la santé d'un très .
grand nombre , qu'il vaudroit mieux suivre
la saine pratique de Fernel de Sydenham
&c. que toutes les rêveries des
Poëtes que vous pouviez rapporter en,
grand nombre contre de si grands Medecins.
Qu'on ne nous accuse point ici cependant
de desaprouver l'Eau de vie ; nous.
sçavons aussi bien que ceux qui semblent
présomptueusement vouloir nous instruire
sur ce sujet , les bons usages que cette
liqueur spiritueuse remplit dans la Mcdecine
comme remede , soit qu'on l'employe
exterieurement ou interieurement,
nais qu'on la regarde comme necessaire
pour la santé. C'est ce que la Medecine,
ne pardonnera jamais à ceux qui font profession
de suivre sa saine doctrine ; il,
n'est pas possible de penser combien j'ai
été touché de reconnoitre dans un de mes
confreres un si fier ennemi contre un sentiment
qui ne peut qu'être salutaire à
l'homme dans le tems que le sien lui
est très dangereux ; en effet , puisque nous
voyons tous les jours des gens dans l'usage
de l'eau douce route pure joüir d'une
parfaite santé , l'homme ne pourroit-il
pas se passer de l'Eau de vie et se bien
DV porter
70 MERCURE DE FRANCE
porter ? dans les siecles plus reculés où
cette liqueur n'étoit point connue , vivoiton
moins qu'aujourd'hui ? les vieux yvrognes
du tems présent ont-ils une plus
belle vieillesse que ceux qui les ont devancés
loin de l'usage du vin où des liqueurs
ardentes ? que peut- on penser sur
cela ? Enfin doute qui voudra que
la maladie
doive plus à l'Eau de vie que la
santé parfaite dans un doute si dangereux
, il n'y aura que des témeraires et
des insensés qui se livreront au danger.
Malgré toute la sagesse de ces précautions
séduisantes que vous exigez dans l'usage
de l'Eau de vie après des grands repas , sous
le faux prétexte d'aider à la digestion
bien loin d'approuver votre pratique en
pareil cas , nous regardons cette liqueur
comme très contraire à cette fonction ;
et la méchanique que vous faites jouer
dans le secours qu'elle y apporte est toutà
fait ridicule. Cette liqueur acide et spiritueuse
, dites vous , tombant dans l'estomac
, perd son activité dans les parties
graisseuses des alimens , et ne garde qu'une
legere force pour exciter la contraction
de ce viscere affaissé sous leur poids ; comme
s'il se trouvoit dans les alimens divic
sés de petites celulles capables de retenir
ces parties spiritueuses , qu'une bouteille
bien bouchée laissé souvent échaper , et
d'en
JANVIER. 1731 7I
d'en refrener l'énergie. Les rapports vi
neux après une débauche semblent nous
montrer assez vrai semblablement qu'il
doit se passer pour lors dans l'estomac
échauffé en tout sens , farci d'alimens et
de vin , ce qui se passe à peu près dans
un alambic sur le feu , où les parties les
plus volatiles de ce qu'on distile ne sçauroient
se tenir cantonnées , intriquées
bien avant dans la texture du mixte , mais
se trouvent forcées d'obéir aux secousses.
du feu , et de donner lateralement en tout
sens contre ses parois , ou de sortir à la
faveur de la premiere issuë qui se présente.
Maintenant si notre conjecture n'est
pas trop hardie , et si on doit attendre un
semblable effet dans l'estomac après l'usage
du vin , quel sera celui des liqueurs
plus volatiles ? c'est alors que les parois.
de ce viscere continuellement agacées ,
arcelées par un nombre infini de petits
corps rigides effarouchés , qui ne peuvent
que les tourmenter considerablement dans
Feurs rudes et fréquentes atteintes , sont
obligées d'exercer des contractions vio→
lentes et extraordinaires dont la digestion
se passeroit plutôt que d'en recevoir du
secours. Vous direz , sans doute , que lesromac
affaissé sous le poids de trop d'alimens
a besoin d'être reveillé pour s'em
dégager.
D vj
Om
72 MERCURE DE FRANCE
>
On répond à cela que comme cette inhabileté
dans le jeu de ces contractions
ne vient que de trop de résistance qui
s'y oppose il ne faut pour les rendre
plus libres , plus aisées , que la diminuer .
Est- ce par le secours des Liqueurs ardentes
qu'on doit esperer d'y réussir ? Mais
au contraire , elles ne serviroient qu'à
dessecher ou durcir davantage cette masse
d'alimens , soit en interceptant le cours
de la Lymphe stomacale , soit en tarissant
la source de la salive et des autres
sucs lymphatiques qui vaquent à la dijestion
; ce qui augmenteroit la résistance
et rendroit les contractions plus laborieuses
; un bon délayant insipide , propre
à s'insinuer dans la masse des alimens
divisez , à la ramolir , à la détremper ,
à la liquefier et à la rendre ainsi docile
aux pressions de ce Viscere et des parties
voisines , suffit pour l'ouvrage de la digestion
; et comme de tous ceux que la
Nature a toujours offerts à l'homme , il
n'en est point de plus capable de s'acquiter
benignement de cet emploi , que
l'eau douce toute pure ; nous la regardons
comme très - salutaire dans cet usage;
alors les alimens en pâte plus détrempée,
plus mole , résistent moins et cedent aisément
aux contractions de ce Viscere
qui s'en dégage sans peine.
Les:
JANVIER. 1731. 73
·
que la
Les Acides de l'Eau de vie ( continuezvous
) fermentant avec les alimens , se
changent en Sels salez , aident à la division
des viandes , passent dans le sang ,
en accelerent le cours et les sécretions.
Croyez vous de bonne foi
chose se passe de même , et pouvezvous
sur votre même air de confiance
nous proposer publiquement une Méchanique
si mal établie ; de semblables.
raisonnemens ne méritent point de réponse
aux preuves que l'on apporte pour
les soutenir ; car outre qu'il se peut fort.
bien que ces Acides ne rencontrant que
des Acides dans les alimens , vous aurez
beau attendre pour lors de la fermentation
et des changemens en Sels salez
que d'ailleurs le chyle qui résulte après.
la dijestion , étant acide et non point salé,
votre changement est imaginaire , c'est
qu'on ne sçauroit convenir avec vous que
l'Eau de vie est un veritable Acide , et.
que prenant les routes du sang , s'il étoit
vrai que cela fût , loin d'en accelerer le
cours , elle ne dût plutôt le ralentir . Enfin
quand même vous auriez droit d'accuser
votre Sel salé d'augmenter le mouvement
des Liqueurs et des sécretions ,
vous avez oublié, sans doute , qu'on ap-.
prend sur les bancs que le cours des Liqueurs
augmenté , est une maladie dans
leurs
བྱ་
74 MERCURE DE FRANCE
leurs mouvemens que l'Eau de vie occasionne
dans son usage , suivant même
Votre sentiment , qui voudroit la faire
passer pour une Eau de santé.
Puisque vous avez pû vous dispenser
de citer les Auteurs de vos fameuses Experiences
, vous auriez pû aussi beaucoup
mieux vous épargner cette délicatesse affectée
qui vous rend si honteux pour ceux
qui les ignorent , et qui n'en font aucun
cas dans des faits étrangers à notre sujet.
On doit regarder l'Eau de vie dans son
usage interieur , quelque moderé qu'il
soit , comme un remede qui altere le
corps , Pharmaca sunt venena , et non
comme un aliment. Ainsi on peut , sans
craindre de perdre un secours pour
la santé
, s'en priver totalement ; et je conseille
à ceux qui se portent bien sans son usage ,
de ne point envier de se mieux porter
en la pratiquant ; Ovide n'est point une
regle pour nous dans la Medecine`, nous
consultons moins ses Ecrits dans l'Art
de guérir , que dans l'Art de plaire ; et il
faut , à la verité , ou que vous ne connoissiez
nullement vos Auteurs , dont vous
auriez pû préferer l'autorité , ou que vous
croyez que les Poëtes ont droit sur des
hypotheses comme la vôtre .
On reconnoît assez maintenant , sans
no en avertir vous -même , que tout ce
que
JANVIER. 1731.
75
que vous nous dites sur l'Eau de vie , n'est
pas si démonstratif que vous le donnez ;
mais plutôt , puisque vous avoüez ingénument
qu'il vous reste encore bien des
doutes sur ce sujet , n'a-t'on pas raison
de penser que dans cette incertitude des
choses où vous vous trouvez , les gens
raisonnables ne s'en rapportent plus à
vos belles paroles , ainsi ayant déja perdu
par un aveu si sincere de votre part , unebonne
partie de leur confiance , nos éclaircissemens
sur vos doutes , vous ayant entierement
desabusé de la votre propre ;
sera-t'il surprenant qu'il n'en reste à present
du tout point à personne ?
Au reste , Monsieur , on auroit grand
fort de ne pas vous juger digne d'excuse ,
vos doutes ne nous ont amusés que très-peu
de tems , et nous n'avons dérobé à nos
Malades que quelques momens pour les
éclaircir quelque grand que soit cet air
de confiance que vous voulez vous donner
en les proposant , ils ne nous ont
pas paru plus recommandables ; tout au
plus de semblables productions d'esprit ,
suivies d'un si grand bruit , ont sçu nous
rappeller la Fable dont parle Horace.
Quid dignum tanto feret hic promissor hiatus
Parturient montes , nascetur ridiculus mus.
A Pezenas , ce 24. Decembre 1730 .
de sa Réponse à M. Barrés , inserée dans
le Mercure du mois d'Octobre 1730. sur
l'usage interieur de l'Eau de vie.
L n'est pas juste , Monsieur , d'éta-
I blir sur les débris que vous faites de
nos bons sentimens pour le Public , le
grand air de confiance qu'on découvre
d'abord dans votre Réponse à ma Lettre;
pardon , peut- être ne sçavez vous pas que
les gens raisonnables ne se laissent jamais
prévenir follement , & que le ton imposant
d'un Auteur insipide pour s'assurer
leurs suffrages , est moins capable de les
séduire que de les rendre plus scrupuleux
dans leurs décisions . Cela soit dit néanmoins
sans blesser en aucune maniere
l'honneur que vous avez bien voulu nous
faire , en nous proposant brievement vos
doutes , que vous auriez pû , à la verité,
épargner aux dépens d'une plus sérieuse
attenJANVIER.
1731. 61
attention , si sans doute elle n'eut été
trop penible pour vous , ce qui fait que
sans nous détourner beaucoup des devoirs
de notre profession , nous esperons de
vous ramener de votre pirrhonisme.
En premier lieu , quoiqu'on soit assuré
que tous les raisonnemens vagues ne sçauroient
convaincre les personnes raisonnables
de la verité des propositions qu'on
avance , il n'est pas moins à propos cependant
de s'en servir quelquefois , et de
les placer dès l'entrée de la question , où
on les dévelope ensuite , et qu'on ne fait
devancer uniquement que pour disposer
l'esprit du lecteur à la concevoir plus aisément.
Notre Lettre peut fort bien être
l'exemple d'un pareil cas , d'ailleurs ces
grands mots qui vous choquent si rude--
ment n'ont pourtant point blessé le goût:
ni les oreilles des plus fameux Medecins .
de ce tems qui les ont introduits dans leurs
Ouvrages qu'êtes vous , Monsieur
pour ne pas les souffrir ? et pouvez- vous
penser de bonne foi que ces grands Maîtres
de l'Art s'en rapportent à vous quicondamnez
leurs expressions sans les entendre.
Pour moi , je me tiens à l'abri .
des justes reproches qu'on seroit en droit.
de me faire, si j'osois temerairement rien
entreprendre là- dessus , et il me suffit de
trouver dans leur signification autant
D d'éner
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62 MERCURE DE FRANCE
ト
d'énergie et de force qu'il m'en faut
dans le besoin , pour ne pas en désaprouver
le
sçavant usage ; ainsi vous nous permettrez
, sans doute , de nous en accommoder
dans toutes les occasions favorables
dont vous profiterez aussi , si vous le
pouvez , par la même licence que nous
vous donnons à notre tour . Je serois
beaucoup moins éloigné de bannir des
questions les raisonnemens dénués d'experience
; mais vous ne nous faites jamais
voir que ceux qui viennent de notre part
méritent la rigueur de cet exil. Au reste,
on n'a pas toujours besoin de raisons
fondées sur des principes mathématiques
pour convaincre , ce seroit faire tort à
bien des gens d'esprit qui ne sont point
dans ce goût , quoique pourtant trèsraisonnables
et très judicieux , que de leur
ravir le droit d'une question qui les interesse
avec tout le reste des hommes.
Maintenant sans perdre notre tems à
disputer des termes qu'on peut apprendre.
à l'Ecole , et à discuter de vains raisonnemens
, venons au fait de la question .
Nous assurons que l'Eau de vie est une
eau de mort sur ce qu'elle ne releve les forcés
que pour les abattre peu après , parceque cette
liqueurport: les puissances ou les ressorts des
solides au delà de leur tonus , ou de cettejuste
étendue que la nature leur a donnée,d'où étant
de
JANVIER. 1731. 63
>
on n'ide
retour sur eux mêmes , ils tombent dans la
langueur. Voyons si ce trait de notre Lettre
doit passer justement pour obscur.
Tout le monde sçait ce qu'on entend
par le tonus des parties solides
gnore pas même qu'il n'aille jusqu'à un
certain point , ou qu'il n'ait une, juste
étenduë ; qu'importe qu'on vous l'assigne?
Keil ( a ) et Borelli ( b ) n'ont pas sçû nous
éclaircir touchant l'étendue de la force du
coeur ; a-t'on moins de raison de se persuader
que les ressorts des solides sont
contraints bien souvent de se porter au
delà ? la vessie trop remplie d'urine se
porte au delà de son tonus , les vaisseaux
engorgés de sang souffrent aussi quelquefois
de semblables distensions , dans ces
violens tiraillemens qu'on pratique pour
remettre les os luxés à leur place les
fibres musculaires revenant ensuite sur
elles mêmes, ont-elles cette force d'un arc
bandé qui se débande ? et les membranes
dont elles composent le tissu joüissentt'elles
d'abord après leur retour de leur
premiere vigueur dans le jeu de leur contraction
? qu'en pensez vous , M. le Doc
teur ? Ainsi les ressorts des solides débridés
, pour ainsi dire , ou portés au delà
›
( a ) Jacques Keil donne au coeur une force
de cinq onces.
(b) Alphonse Borelli de trois mille livres.
Dij
de
64 MERCURE DE FRANCE
de leur juste étenduë , se trouvent dans
la langueur ou l'abattement qu'on se sent
après de violens exercices , et après même
l'usage des liqueurs ardentes. En effet , le
corps ayant souffert de trop rudes travaux
se sent fatigué , languissant , ou
pour éviter de passer chez vous pour
obscur , ses ressorts par le jeu continuel
qu'ils ont exercé pendant un assez lorg
tems , se sont comme relâchés , ensorte
que revenant sur eux-mêmes ils ont perdu
leur premiere vigueur , ce qui se fait
infailliblement par l'effort réïteré que
font les liqueurs contre les parois membraneuses
des vaisseaux qu'elles poussent
en dehors avec violence dans leurs cours
acceleré par la contraction continuelle
des muscles qui les envoye au coeur , et
que le coeur leur renvoye de même. Ce
' est donc point ici un arc qui acquiert
d'autant plus de force à se remettre, qu'on
le resserre jusqu'à un certain point , mais
c'est un arc qui en a d'autant moins , que
sa flexion est portée au delà , ou qu'on
le courbe trop , delà vient que dans les
premiers tems de son jeu il se redresse
avec beaucoup de vitesse et de force , et
que dans les derniers elle se trouve molle,
foible et languissante.
Il en est à peu près de même touchant
l'effet que les liqueurs ardentes produisent
JANVIER. 1731. 65
ร
sent dans leur usage interieur ( ce qu'on
reconnoit par le poulx ) d'abord le sang
se gonfle , les parois des vaisseaux sont
repoussées en dehors en tout sens ; les
ressorts des fibres musculaires des tuniques
portés alors au delà de leur tonus ne
pouvant rester constamment dans la même
distension , ni aller plus loin , par l'absence
de la cause qui les a mis en jeu
et qui à force de perdre de son énergie
s'est retirée ( ce qui arrive dans le second
tems de l'action de cette liqueur ) il faut
non seulement que ces puissances revien
nent sur elles- mêmes mais encore que
leur vigueur soit moindre qu'auparavant
pour deux raisons. 1º Parceque les fibres
après cette distension outrée se trouvent
lâches et incapables de repren
dre leur état naturel , si ce n'est après
un certain tems qui est celui de la lan~
gueur.. 20 Que les liqueurs épaissies
étant inhabiles au mouvement , obéïssent
moins à la pression des solides relâ
chés , et leur opposent de plus grandes
résistances à surmonter ; pour lors le sang
ralenti dans son cours passe dans le tissu
des muscles , rend leur contraction laborieuse
qui se force de les en dégager ; delà
ces lassitudes ces langueurs qui ne
manquent jamais de succeder à la force
à la fureur même qu'on observe d'abord
D iij
,
dans
66 MERCURE DE FRANCE
dans ceux qui ont usé des liqueurs ardentes
. Ajoutez à cela que le terme de
tout ce desordre étant le racornissement
des solides et l'épaississement des liquides,
ces langueurs perseverent , augmentent
même tous les jours avec l'usage des eauxde
vie , d'où suit ce nombre prodigieux
de maux qui retranchent une bonne partie
des jours de la durée de l'homme.
L'Eau de vie produit moins cette distension
dont il s'agit par sa quantité que
par sa nature , et vous devriez , Monsieur,
avoir ici plus de honte que dans tout autre
endroit de votre Réponse à ma Lettre,
de sentir mieux que personne qu'un de
mes confreres ne sçache point que ce n'est
pas le seul remede qui pris à petite dose
produit dans le corps de très sensibles
effets. Qu'est - ce qu'un grain d'opium
dans un corps de 160. livres ? Est- ce la
1600 partie de ce même corps ? soyez
surpris après cela , tant qu'il vous plaira ,
qu'on prenne 128. onces d'alimens sans
craindre cette distension qui se fait tou
jours appréhender avec juste raison dans
l'usage de l'Eau de vie qui rarefie le sang,
et qui l'épaissit dans des tems differens.
Le terme des tems que l'Eau de vie parcourt
dans sa maniere d'agir étant surve→
nu , les parties solides se trouvent dépourvues
des sucs lymphatiques qui en
humecJANVIER
. 1731. 67 humectent
le tissu , elles en deviennent
plus seches , plus compactes
, plus fortes,
mais aussi plus rebelles aux causes de leurs
mouvemens
, ou plus difficiles à se mettre
en jeu , ce qui fait voir que la langueur
est une suite de ce qui arrive dans
l'usage des liqueurs ardentes , malgré ces
prétendues
contradictions
dont vous nous
faites un crime , dans le tems que nous
si vous eussiez rapsommes
assurés que
porté plus au long ce trait de notre Lettre
, ou que vous eussiez aimé à méditer
plus attentivement
ce qui se passe dans les differens tems de l'action de l'Eau de
vie , vous auriez été moins scrupuleux
sur vos doutes.
{
Permettez
moi , Monsieur , de vous
dire ici qu'il faut ou que vous n'ayez
jamais pris par excès des liqueurs ardentes
, ou que vous n'ayez jamais vu des
gens
livrés à la débauche de l'Eau de vie
et du vin , pour nier la langueur , l'abattement
qui les ensevelit dans le sommeil,
et qui se fait sentir même quelque tems
après le repos ; sans cela il ne vous seroit
pas difficile par ces grands effets qu'une
quantité considerable
de ces liqueurs peut
produire très sensiblement
, d'inferer ma
thematiquement
par des calculs exacts
que vous faites si bien , quel doit être ce
lui d'une plus petite dose ; que si cepen-
Diiij dant
68
MERCURE DE
FRANCE.
faire
dant l'experience qu'un chacun peut
à ses propres dépens n'est pas un moyen
assuré pour vous convaincre du fait dont
il s'agit, tenez vous en à Regnier qui sçait,
sans doute , mieux que Sidenham & c.
Qu'un jeune Medecin vit moins qu'un vieil yvrogne.
C'est sur ce Vers que le Poëte n'a pas
crû , en le faisant , devoir servir de regle
dans la
Medecine , que vous croyez tout
de bon que le témoignage des buveurs
d'Eau de vie ou de vin ne nous est pas
avantageux , fondé veritablement encore
sur ce que s'ils sont exposés aux maladies
rapportées dans notre Lettre , les buveurs
d'eau n'en sont point exemts . Mais je vous
demande ( à part , s'il vous plaît , votre
grand air de confiance ) lesquels de ces
deux sortes de gens sont plus sujets à ces
mêmes maladies ? parlez sans vous émouvoir.
Quoique vous en disiez , on sçait
fort bien que dans le Pays du Nord ou
l'on se permet trop librement ces sortes
de liqueurs , les habitans se voyent tourmentés
de mille maladies , plus rares dans
tout autre climat où l'on est plus reservé
sur leur usage. Il n'est point question de
l'abus de l'eau simple ou de l'Eau de vie ,
on ne nous apprendra rien là dessus ; il
s'agit seulement de cet usage des Eaux
de
JANVIER. 1731. 69.
de vie qui a scû s'introduire parmi les
hommes , et qui fait voir bien souvent
au prix de la perte de la santé d'un très .
grand nombre , qu'il vaudroit mieux suivre
la saine pratique de Fernel de Sydenham
&c. que toutes les rêveries des
Poëtes que vous pouviez rapporter en,
grand nombre contre de si grands Medecins.
Qu'on ne nous accuse point ici cependant
de desaprouver l'Eau de vie ; nous.
sçavons aussi bien que ceux qui semblent
présomptueusement vouloir nous instruire
sur ce sujet , les bons usages que cette
liqueur spiritueuse remplit dans la Mcdecine
comme remede , soit qu'on l'employe
exterieurement ou interieurement,
nais qu'on la regarde comme necessaire
pour la santé. C'est ce que la Medecine,
ne pardonnera jamais à ceux qui font profession
de suivre sa saine doctrine ; il,
n'est pas possible de penser combien j'ai
été touché de reconnoitre dans un de mes
confreres un si fier ennemi contre un sentiment
qui ne peut qu'être salutaire à
l'homme dans le tems que le sien lui
est très dangereux ; en effet , puisque nous
voyons tous les jours des gens dans l'usage
de l'eau douce route pure joüir d'une
parfaite santé , l'homme ne pourroit-il
pas se passer de l'Eau de vie et se bien
DV porter
70 MERCURE DE FRANCE
porter ? dans les siecles plus reculés où
cette liqueur n'étoit point connue , vivoiton
moins qu'aujourd'hui ? les vieux yvrognes
du tems présent ont-ils une plus
belle vieillesse que ceux qui les ont devancés
loin de l'usage du vin où des liqueurs
ardentes ? que peut- on penser sur
cela ? Enfin doute qui voudra que
la maladie
doive plus à l'Eau de vie que la
santé parfaite dans un doute si dangereux
, il n'y aura que des témeraires et
des insensés qui se livreront au danger.
Malgré toute la sagesse de ces précautions
séduisantes que vous exigez dans l'usage
de l'Eau de vie après des grands repas , sous
le faux prétexte d'aider à la digestion
bien loin d'approuver votre pratique en
pareil cas , nous regardons cette liqueur
comme très contraire à cette fonction ;
et la méchanique que vous faites jouer
dans le secours qu'elle y apporte est toutà
fait ridicule. Cette liqueur acide et spiritueuse
, dites vous , tombant dans l'estomac
, perd son activité dans les parties
graisseuses des alimens , et ne garde qu'une
legere force pour exciter la contraction
de ce viscere affaissé sous leur poids ; comme
s'il se trouvoit dans les alimens divic
sés de petites celulles capables de retenir
ces parties spiritueuses , qu'une bouteille
bien bouchée laissé souvent échaper , et
d'en
JANVIER. 1731 7I
d'en refrener l'énergie. Les rapports vi
neux après une débauche semblent nous
montrer assez vrai semblablement qu'il
doit se passer pour lors dans l'estomac
échauffé en tout sens , farci d'alimens et
de vin , ce qui se passe à peu près dans
un alambic sur le feu , où les parties les
plus volatiles de ce qu'on distile ne sçauroient
se tenir cantonnées , intriquées
bien avant dans la texture du mixte , mais
se trouvent forcées d'obéir aux secousses.
du feu , et de donner lateralement en tout
sens contre ses parois , ou de sortir à la
faveur de la premiere issuë qui se présente.
Maintenant si notre conjecture n'est
pas trop hardie , et si on doit attendre un
semblable effet dans l'estomac après l'usage
du vin , quel sera celui des liqueurs
plus volatiles ? c'est alors que les parois.
de ce viscere continuellement agacées ,
arcelées par un nombre infini de petits
corps rigides effarouchés , qui ne peuvent
que les tourmenter considerablement dans
Feurs rudes et fréquentes atteintes , sont
obligées d'exercer des contractions vio→
lentes et extraordinaires dont la digestion
se passeroit plutôt que d'en recevoir du
secours. Vous direz , sans doute , que lesromac
affaissé sous le poids de trop d'alimens
a besoin d'être reveillé pour s'em
dégager.
D vj
Om
72 MERCURE DE FRANCE
>
On répond à cela que comme cette inhabileté
dans le jeu de ces contractions
ne vient que de trop de résistance qui
s'y oppose il ne faut pour les rendre
plus libres , plus aisées , que la diminuer .
Est- ce par le secours des Liqueurs ardentes
qu'on doit esperer d'y réussir ? Mais
au contraire , elles ne serviroient qu'à
dessecher ou durcir davantage cette masse
d'alimens , soit en interceptant le cours
de la Lymphe stomacale , soit en tarissant
la source de la salive et des autres
sucs lymphatiques qui vaquent à la dijestion
; ce qui augmenteroit la résistance
et rendroit les contractions plus laborieuses
; un bon délayant insipide , propre
à s'insinuer dans la masse des alimens
divisez , à la ramolir , à la détremper ,
à la liquefier et à la rendre ainsi docile
aux pressions de ce Viscere et des parties
voisines , suffit pour l'ouvrage de la digestion
; et comme de tous ceux que la
Nature a toujours offerts à l'homme , il
n'en est point de plus capable de s'acquiter
benignement de cet emploi , que
l'eau douce toute pure ; nous la regardons
comme très - salutaire dans cet usage;
alors les alimens en pâte plus détrempée,
plus mole , résistent moins et cedent aisément
aux contractions de ce Viscere
qui s'en dégage sans peine.
Les:
JANVIER. 1731. 73
·
que la
Les Acides de l'Eau de vie ( continuezvous
) fermentant avec les alimens , se
changent en Sels salez , aident à la division
des viandes , passent dans le sang ,
en accelerent le cours et les sécretions.
Croyez vous de bonne foi
chose se passe de même , et pouvezvous
sur votre même air de confiance
nous proposer publiquement une Méchanique
si mal établie ; de semblables.
raisonnemens ne méritent point de réponse
aux preuves que l'on apporte pour
les soutenir ; car outre qu'il se peut fort.
bien que ces Acides ne rencontrant que
des Acides dans les alimens , vous aurez
beau attendre pour lors de la fermentation
et des changemens en Sels salez
que d'ailleurs le chyle qui résulte après.
la dijestion , étant acide et non point salé,
votre changement est imaginaire , c'est
qu'on ne sçauroit convenir avec vous que
l'Eau de vie est un veritable Acide , et.
que prenant les routes du sang , s'il étoit
vrai que cela fût , loin d'en accelerer le
cours , elle ne dût plutôt le ralentir . Enfin
quand même vous auriez droit d'accuser
votre Sel salé d'augmenter le mouvement
des Liqueurs et des sécretions ,
vous avez oublié, sans doute , qu'on ap-.
prend sur les bancs que le cours des Liqueurs
augmenté , est une maladie dans
leurs
བྱ་
74 MERCURE DE FRANCE
leurs mouvemens que l'Eau de vie occasionne
dans son usage , suivant même
Votre sentiment , qui voudroit la faire
passer pour une Eau de santé.
Puisque vous avez pû vous dispenser
de citer les Auteurs de vos fameuses Experiences
, vous auriez pû aussi beaucoup
mieux vous épargner cette délicatesse affectée
qui vous rend si honteux pour ceux
qui les ignorent , et qui n'en font aucun
cas dans des faits étrangers à notre sujet.
On doit regarder l'Eau de vie dans son
usage interieur , quelque moderé qu'il
soit , comme un remede qui altere le
corps , Pharmaca sunt venena , et non
comme un aliment. Ainsi on peut , sans
craindre de perdre un secours pour
la santé
, s'en priver totalement ; et je conseille
à ceux qui se portent bien sans son usage ,
de ne point envier de se mieux porter
en la pratiquant ; Ovide n'est point une
regle pour nous dans la Medecine`, nous
consultons moins ses Ecrits dans l'Art
de guérir , que dans l'Art de plaire ; et il
faut , à la verité , ou que vous ne connoissiez
nullement vos Auteurs , dont vous
auriez pû préferer l'autorité , ou que vous
croyez que les Poëtes ont droit sur des
hypotheses comme la vôtre .
On reconnoît assez maintenant , sans
no en avertir vous -même , que tout ce
que
JANVIER. 1731.
75
que vous nous dites sur l'Eau de vie , n'est
pas si démonstratif que vous le donnez ;
mais plutôt , puisque vous avoüez ingénument
qu'il vous reste encore bien des
doutes sur ce sujet , n'a-t'on pas raison
de penser que dans cette incertitude des
choses où vous vous trouvez , les gens
raisonnables ne s'en rapportent plus à
vos belles paroles , ainsi ayant déja perdu
par un aveu si sincere de votre part , unebonne
partie de leur confiance , nos éclaircissemens
sur vos doutes , vous ayant entierement
desabusé de la votre propre ;
sera-t'il surprenant qu'il n'en reste à present
du tout point à personne ?
Au reste , Monsieur , on auroit grand
fort de ne pas vous juger digne d'excuse ,
vos doutes ne nous ont amusés que très-peu
de tems , et nous n'avons dérobé à nos
Malades que quelques momens pour les
éclaircir quelque grand que soit cet air
de confiance que vous voulez vous donner
en les proposant , ils ne nous ont
pas paru plus recommandables ; tout au
plus de semblables productions d'esprit ,
suivies d'un si grand bruit , ont sçu nous
rappeller la Fable dont parle Horace.
Quid dignum tanto feret hic promissor hiatus
Parturient montes , nascetur ridiculus mus.
A Pezenas , ce 24. Decembre 1730 .
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Résumé : LETTRE écrite à M. Ziorcal au sujet de sa Réponse à M. Barrés, inserée dans le Mercure du mois d'Octobre 1730. sur l'usage interieur de l'Eau de vie.
L'auteur répond à une lettre de M. Ziorcal publiée dans le Mercure d'octobre 1730, qui traitait de l'usage intérieur de l'eau-de-vie. Il critique l'attitude confiante de M. Ziorcal et souligne que les personnes raisonnables ne se laissent pas facilement convaincre par des arguments imposants mais vagues. L'auteur défend l'utilisation de termes techniques, soutenus par des médecins célèbres, et rejette les critiques de M. Ziorcal sur ces expressions. L'auteur explique que l'eau-de-vie, bien qu'elle relève temporairement les forces, les abat ensuite en poussant les ressorts des solides au-delà de leur tonus naturel, entraînant une langueur. Il illustre ce phénomène par des exemples physiologiques et compare les effets de l'eau-de-vie à ceux des exercices violents. Il souligne que même en petites quantités, l'eau-de-vie peut produire des effets significatifs, similaires à ceux d'un grain d'opium. L'auteur critique M. Ziorcal pour son manque de compréhension des effets à long terme de l'eau-de-vie, qui assèche les parties solides et épaissit les liquides, entraînant diverses maladies. L'auteur discute également des effets de l'eau-de-vie après les repas, la qualifiant d'acide et spiritueuse, et décrivant son action dans l'estomac comme ridicule. Il compare l'effet du vin et des liqueurs volatiles dans l'estomac à celui d'un alambic, où les parties volatiles sont forcées de se déplacer ou de sortir. Il soutient que les liqueurs ardentes ne font que dessécher ou durcir la masse des aliments, augmentant ainsi la résistance et rendant les contractions de l'estomac plus laborieuses. Il recommande l'eau douce comme un délayant insipide pour faciliter la digestion. L'auteur critique les arguments selon lesquels les acides de l'eau-de-vie fermentent avec les aliments pour se transformer en sels salés, accélérant ainsi la digestion. Il conclut en déconseillant l'usage de l'eau-de-vie comme remède, la considérant plutôt comme un médicament altérant le corps. Il invite ceux qui se portent bien sans elle à ne pas l'utiliser et critique les arguments présentés comme non démonstratifs et incertains. L'auteur affirme que, bien que l'eau-de-vie ait des usages médicaux, son abus est dangereux et qu'il vaut mieux suivre les pratiques de médecins comme Fernel et Sydenham. Il invite M. Ziorcal à reconnaître les dangers de l'eau-de-vie et à promouvoir une meilleure hygiène de vie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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