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51
p. 187-189
« L'Académie royale de Musique a donné le Dimanche premier Décembre, la [...] »
Début :
L'Académie royale de Musique a donné le Dimanche premier Décembre, la [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Comédiens-Italiens, Académie royale de musique
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texteReconnaissance textuelle : « L'Académie royale de Musique a donné le Dimanche premier Décembre, la [...] »
Académie royale de Mufique a donné
le Dimanche premier Décembre , la
derniere repréſentation des Fêtes de Thalie.
M. Vallée avoit débuté dans ce ballet , le
19 Novembre , par un air qu'on avoit
ajouté dans le troifiéme acte , & il a depuis
chanté dans le prologue . Le nouvel acteur
peut , avec beaucoup de travail & le fecours
des bons maîtres , devenir une jolie haute-
contre.
Le public commençoit à trouver un peu
lents les progrès de Mlle Davaux , dont la
figure , la voix & le talent avoient d'abord
donné de fi grandes efpérances. Cette actrice
a fait de fes cenfeurs autant de partifans
, le 19 Novembre . Elle a ce jour- là , &
les repréſentations fuivantes , fi bien chanté
& joué avec tant de fineffe & d'intelligence
le rolle de Califte dans le troifieme acte
des Fêtes de Thalie , qu'elle a réuni tous les
188 MERCURE DE FRANCE.
fuffrages. Nous efperons que Mlle Davaux
ne regardera pas ce fuccès comme une
preuve qu'elle ait atteint le point de perfection
qu'on defiroit d'elle , mais comme
une certitude qu'elle y arrivera , fi elle
continue à travailler opiniâtrément , & à
fe livrer avec docilité aux foins de l'excellent
maître qui la dirige.
LES Comédiens François ont repris le
Mercredi 20 Novembre , les Troyennes, Tragédie
de M. de Châteaubrun , mife pour
la premiere fois au théatre avec un fuccès
éclatant , le Lundi 11 Mars de cette année.
On ne l'a jouée que cinq fois à cette reprife.
Le Samedi 30 , jour de la derniere
repréſentation , il s'eft préfenté an fpectacle
trois fois plus de monde que la falle
n'en pouvoit contenir. Tout eft naturel
dans cette Tragédie ; il n'y a ni de ces coups
imprévus ni de ces fituations forcées qui
éblouiffent d'abord & qui révoltent enfuite.
La vérité , qui doit être l'effence de tout
poëme dramatique , eft peinte dans tous
les actes , avec une fimplicité noble & touchante
. On s'attendrit par dégrés. Les malheurs
dont la famille de Priam eft accablée,
fe fuccédent fans effort les uns aux autres ,
& les Spectateurs croyent être transportés
devant Troye brûlée & faccagée.
. DECEMBRE . 1754. 189
Nous avons remarqué une chofe qui
doit paroître extraordinaire , & qui prouve
que les acteurs de la Comédie Françoife
font tous leurs efforts pour varier les amufemens
du public . Ils ont repréfenté vingtfept
tragédies depuis le 22 Avril , jour de
l'ouverture du théatre , jufques & compris
le 2 Décembre ; fçavoir , le Cid , les Horaces
, Rodogune , & Polieucte , de Pierre
Corneille ; Andromaque , Britannicus
Bajazet , Mithridate , Phédre , & Athalie
de Racine ; Ariane , de Thomas Corneille ;
Fénelope , de l'Abbé Geneft ; Manlius , de
la Foffe ; Médée , de Longepierre ; Inès de
Caftro , de Lamotte ; Radamiſte & Zénobie
, de M. de Crébillon ; OEdipe , Herode
& Mariamne , Brutus , Zaïre , Ālzire , Mérope,
& Mahomet , de M. de Voltaire ; Guftave
, de M. Piron ; Didon , de M. Lefranc ;
les Troyennes , de M. de Châteaubrun ; &
Amalazonte , de M. le Marquis de Ximenès.
LES Comédiens Italiens continuent avec
un fuccès toujours foutenu , la Servante
maîtreffe. Cet ouvrage eft à fa quarantieme
repréſentation .
le Dimanche premier Décembre , la
derniere repréſentation des Fêtes de Thalie.
M. Vallée avoit débuté dans ce ballet , le
19 Novembre , par un air qu'on avoit
ajouté dans le troifiéme acte , & il a depuis
chanté dans le prologue . Le nouvel acteur
peut , avec beaucoup de travail & le fecours
des bons maîtres , devenir une jolie haute-
contre.
Le public commençoit à trouver un peu
lents les progrès de Mlle Davaux , dont la
figure , la voix & le talent avoient d'abord
donné de fi grandes efpérances. Cette actrice
a fait de fes cenfeurs autant de partifans
, le 19 Novembre . Elle a ce jour- là , &
les repréſentations fuivantes , fi bien chanté
& joué avec tant de fineffe & d'intelligence
le rolle de Califte dans le troifieme acte
des Fêtes de Thalie , qu'elle a réuni tous les
188 MERCURE DE FRANCE.
fuffrages. Nous efperons que Mlle Davaux
ne regardera pas ce fuccès comme une
preuve qu'elle ait atteint le point de perfection
qu'on defiroit d'elle , mais comme
une certitude qu'elle y arrivera , fi elle
continue à travailler opiniâtrément , & à
fe livrer avec docilité aux foins de l'excellent
maître qui la dirige.
LES Comédiens François ont repris le
Mercredi 20 Novembre , les Troyennes, Tragédie
de M. de Châteaubrun , mife pour
la premiere fois au théatre avec un fuccès
éclatant , le Lundi 11 Mars de cette année.
On ne l'a jouée que cinq fois à cette reprife.
Le Samedi 30 , jour de la derniere
repréſentation , il s'eft préfenté an fpectacle
trois fois plus de monde que la falle
n'en pouvoit contenir. Tout eft naturel
dans cette Tragédie ; il n'y a ni de ces coups
imprévus ni de ces fituations forcées qui
éblouiffent d'abord & qui révoltent enfuite.
La vérité , qui doit être l'effence de tout
poëme dramatique , eft peinte dans tous
les actes , avec une fimplicité noble & touchante
. On s'attendrit par dégrés. Les malheurs
dont la famille de Priam eft accablée,
fe fuccédent fans effort les uns aux autres ,
& les Spectateurs croyent être transportés
devant Troye brûlée & faccagée.
. DECEMBRE . 1754. 189
Nous avons remarqué une chofe qui
doit paroître extraordinaire , & qui prouve
que les acteurs de la Comédie Françoife
font tous leurs efforts pour varier les amufemens
du public . Ils ont repréfenté vingtfept
tragédies depuis le 22 Avril , jour de
l'ouverture du théatre , jufques & compris
le 2 Décembre ; fçavoir , le Cid , les Horaces
, Rodogune , & Polieucte , de Pierre
Corneille ; Andromaque , Britannicus
Bajazet , Mithridate , Phédre , & Athalie
de Racine ; Ariane , de Thomas Corneille ;
Fénelope , de l'Abbé Geneft ; Manlius , de
la Foffe ; Médée , de Longepierre ; Inès de
Caftro , de Lamotte ; Radamiſte & Zénobie
, de M. de Crébillon ; OEdipe , Herode
& Mariamne , Brutus , Zaïre , Ālzire , Mérope,
& Mahomet , de M. de Voltaire ; Guftave
, de M. Piron ; Didon , de M. Lefranc ;
les Troyennes , de M. de Châteaubrun ; &
Amalazonte , de M. le Marquis de Ximenès.
LES Comédiens Italiens continuent avec
un fuccès toujours foutenu , la Servante
maîtreffe. Cet ouvrage eft à fa quarantieme
repréſentation .
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Résumé : « L'Académie royale de Musique a donné le Dimanche premier Décembre, la [...] »
L'Académie royale de Musique a présenté la dernière représentation des 'Fêtes de Thalie' le 1er décembre. M. Vallée, débutant le 19 novembre, a montré un potentiel prometteur en tant que haute-contre. Mlle Davaux, après des progrès jugés lents, a gagné des partisans en interprétant le rôle de Calife avec finesse et intelligence. Les Comédiens Français ont repris 'Les Troyennes' de M. de Châteaubrun le 20 novembre, après un succès initial le 11 mars. La dernière représentation, le 30 novembre, a attiré trois fois plus de monde que la salle ne pouvait en contenir. La tragédie se distingue par sa naturalité et sa simplicité touchante, transportant les spectateurs devant Troie en flammes. Depuis l'ouverture du théâtre le 22 avril, les Comédiens Français ont représenté vingt-sept tragédies différentes. Les Comédiens Italiens continuent de présenter 'La Servante maîtresse' avec succès, à sa quarantième représentation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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52
p. 196-197
« Le 14 du même mois d'Octobre, les Comédiens François représenterent le [...] »
Début :
Le 14 du même mois d'Octobre, les Comédiens François représenterent le [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Comédiens-Italiens
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texteReconnaissance textuelle : « Le 14 du même mois d'Octobre, les Comédiens François représenterent le [...] »
Le 14 du même mois d'Octobre , les
Comédiens François repréfenterent le
Muet , de Brueys , avec Crifpin Medecin ,
de Hauteroche.
L'Opera donna le 15 une feconde repréfentation
de la Naiſſance d'Ofiris , de
' Acte des Incas , & de Pigmalion.
Le 16 Herode & Mariamne , tragédie
de M. de Voltaire , & le Legs , petite comé
die de M. de Marivaux , un des quarante
de l'Académie Françoife , furent repréfentées
par les Comédiens François.
Le Vendredi 18 , on repréfenta Thefee,
célébre Opéra de Quinault & de Lulli
avec la plus grande magnificence , & avec
DECEMBRE . 1754. 197
toute la dignité dont cet excellent ouvrage
eft fufceptible . On avoit pris le foin de
l'embellir encore par quelques morceaux
de chant , & plufieurs fymphonies du choix
de MM. Rebel & Francoeur , dont le public
a fi fouvent applaudi le goût , l'intelligence
, & les talens. Les principaux rolles
en furent remplis avec tout le pathétique
, la nobleffe , & l'énergie qu'on eft en
droit d'attendre des talens fupérieurs ; fçavoir
, Médée , par Mlle Chevalier ; Eglé ,
par Mlle Fel ; Théfee , par M. Jeliote ;
Egée , par M. de Chaffé.
Le Lundi fuivant 21 , on exécuta le même
fpectacle avec autant de zéle & de
fuccès.
Le 23 l'Opéra repréfenta Anacréon ,
ballet héroïque nouveau en un acte , précédé
du Mari garçon , Comédie de M. de
Boiffy , de l'Académie Françoife , qui fut
repréfentée par les Comédiens Italiens.
Comédiens François repréfenterent le
Muet , de Brueys , avec Crifpin Medecin ,
de Hauteroche.
L'Opera donna le 15 une feconde repréfentation
de la Naiſſance d'Ofiris , de
' Acte des Incas , & de Pigmalion.
Le 16 Herode & Mariamne , tragédie
de M. de Voltaire , & le Legs , petite comé
die de M. de Marivaux , un des quarante
de l'Académie Françoife , furent repréfentées
par les Comédiens François.
Le Vendredi 18 , on repréfenta Thefee,
célébre Opéra de Quinault & de Lulli
avec la plus grande magnificence , & avec
DECEMBRE . 1754. 197
toute la dignité dont cet excellent ouvrage
eft fufceptible . On avoit pris le foin de
l'embellir encore par quelques morceaux
de chant , & plufieurs fymphonies du choix
de MM. Rebel & Francoeur , dont le public
a fi fouvent applaudi le goût , l'intelligence
, & les talens. Les principaux rolles
en furent remplis avec tout le pathétique
, la nobleffe , & l'énergie qu'on eft en
droit d'attendre des talens fupérieurs ; fçavoir
, Médée , par Mlle Chevalier ; Eglé ,
par Mlle Fel ; Théfee , par M. Jeliote ;
Egée , par M. de Chaffé.
Le Lundi fuivant 21 , on exécuta le même
fpectacle avec autant de zéle & de
fuccès.
Le 23 l'Opéra repréfenta Anacréon ,
ballet héroïque nouveau en un acte , précédé
du Mari garçon , Comédie de M. de
Boiffy , de l'Académie Françoife , qui fut
repréfentée par les Comédiens Italiens.
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Résumé : « Le 14 du même mois d'Octobre, les Comédiens François représenterent le [...] »
Du 14 au 23 octobre, une série de représentations théâtrales et musicales ont été organisées. Le 14 octobre, les Comédiens Français ont joué 'Le Muet' de Brueys et 'Crispin Médecin' de Hauteroche. Le 15 octobre, l'Opéra a présenté 'La Naissance d'Osiris', 'Acte des Incas' et 'Pigmalion'. Le 16 octobre, les Comédiens Français ont interprété 'Hérode et Mariamne' de Voltaire et 'Le Legs' de Marivaux, membre de l'Académie Française. Le 18 octobre, l'Opéra a donné une représentation somptueuse de 'Théée', œuvre de Quinault et Lully, enrichie de morceaux de chant et de symphonies de Rebel et Francoeur. Les rôles principaux ont été interprétés par Mlle Chevalier, Mlle Fel, M. Jéliote et M. de Chassé. Le 21 octobre, cette représentation a été répétée avec succès. Le 23 octobre, l'Opéra a présenté 'Anacréon', ballet héroïque en un acte, précédé de 'Le Mari garçon', comédie de Boissy, interprétée par les Comédiens Italiens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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53
p. 194-198
COMEDIE FRANÇOISE.
Début :
Le 11 Décembre les Comédiens François ont remis Nicomede, Tragédie du [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Comédie-Française, Nicomède, Nanine, Tragédie, Comédie
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texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE.
COMÉDIE FRANÇOISE.
Le Décembre les Comédiens François
ont remis Nicomede , Tragédie du
grand Corneille , & très digne d'en être :
elle n'avoit point été reprife depuis la mort
du célébre Baron , arrivée en 1729 le 22
Décembre . Parmi la foule des beautés fu--
périeures dont cette piece étincelle , il fe
trouve beaucoup de chofes , ou plutôt d'expreffions
familieres , qu'on doit moins attribuer
à l'Auteur qu'au tems où il a vêcu .
Les deux premieres fois le public paroiffoit
indécis & comme partagé entre les éclats
de rire & les applaudiffemens , mais à la
troifiéme repréſentation ces familiarités ne
T'ont plus frappé , il n'a été fenfible qu'au
mérite fingulier de l'ouvrage , où la politique
joue le premier rôle , & qu'on peut
appeller une Tragédie de caractere. Nitomede
y paroît un digne éleve d'Annibal .
L'ironie eft fa figure favorite , il l'employe
fur-tout dans toute fa force vis- à vis de
Flaminius. Ce ton railleur paroît un peu
bleffer la dignité du cothurne ; le fpectateur
furpris n'a fçu d'abord s'il devoit applaudir
Nicomede comme un homme d'efprit
, ou l'admirer comme un grand homme.
Quelques-uns même l'ont qualifié de
JANVIER. 1755. 195
héros perfifleur , mais on a fenti par réflexion
que ce langage ironique partoit
d'une ame fiere , & qu'il convenoit à un
Prince jaloux de fes droits , & juftement
indigné de voir qu'un Romain vint impofer
la loi à Prufias fon pere , dans les propres
Etats. Il femble que Corneille ait voulu
dans cette piece , venger les Rois de la
fupériorité qu'il avoit donnée fur eux aux
Romains dans fes autres Tragédies. L'Ambaffadeur
de Rome y eft auffi petit devant
Nicomede que le Roi d'Egypte l'eft deyant
Cefar dans la mort de Pompée. M.
Grandval eft irès-bien dans le rôle de Nicomede
, & Mlle Clairon parfaitement
dans celui de Laodice . Le Samedi 15 , on
a joué cette Tragédie avec Nanine , Comédie
remife en trois actes , de M. de Voltaire.
Le Samedi 21 , on a redonné les
deux mêmes pieces. La chambrée étoit complette
pour parler le langage des Comédiens.
Le Lundi 23 , ils ont repréfenté pour la
premiere fois le Triumvirat , de M. de
Crébillon . Toute la France y étoit : il fut
écouté & reçu avec tous les égards , &
j'ofe dire , le reſpect qu'on doit au Sopho-
* Les Comédiens ont été les premiers à s'y méprendre
; ils ont affiché la piéce fous le titre nouveau
de Tragédie héroï- comique.
Iij
196 MERCURE DE FRANCE.
:
de
cle de nos jours. Il eft beau à 81 ans de
paroître encore dans la carriere : c'eſt un
fpectacle non-feulement digne de la curiofité
publique , mais encore de l'acclamation
univerfelle . On eft forcé d'avouer que
le quatriéme acte & une partie du cinquiéme
ont paru d'abord inférieurs aux trois
premiers , qui ont reçu de grands applau
diffemens. C'est peut-être la faute des Comédiens
, dont le feu s'eft rallenti : le froid
des Acteurs eft fouvent mis fur le compte
la piéce ; quand ils manquent de concert &
de chaleur , elle paroît manquer d'enfemble
& d'intérêt. Tullie eft le perfonnage qui
a le plus frappé faut- il s'en étonner ? c'eft
Mlle Clairon qui le joue. L'éloquence de
fon jeu y a peut-être autant contribué que
la fupériorité du rôle ; ce qui a fait dire
que la fille de Ciceron étoit plus diferte
que fon pere. Sextus eft encore un beau
caractere il fe montre un digne fils de
Pompée. Les connoiffeurs les plus rigides ,
mais qui jugent fans partialité , conviennent
tous qu'il y a dans cette tragédie des
béautés du premier ordre , & des traits
marqués au coin du grand maître. On y
reconnoît l'auteur d'Electre & de Rhadamifte
: c'est un beau foleil couchant , il
darde encore des rayons qui ont toute la
force de fon midi ; ils doivent échauffer le
public en fa faveur.
:
JANVIER. 1755. 197
Ils l'ont fait à la deuxième repréfentation.
La piece a été mieux jouée , en conféquence
mieux fentie . La cataſtrophe furtout
a fait la plus grande impreffion.
L'inftant où Fullie découvre le voile qui
cache la tête de fon pere fur la tribune
aux harangues , & la précifion admirable
avec laquelle l'actrice rend toute la
force de cette pofition terrible , former t
un coup de théatre qui arrache les lar-.
mes & qui déchire l'ame de tous les
fpectateurs. J'en parlerai plus au long le
mois prochain dans l'extrait que j'en donnerai.
On a oublié dans les deux derniers volumes
de Décembre de parler de la repriſe
des Tuteurs , qui ont été joués avec les
Troyennes. Sans entrer dans aucun détail , `
je vais fuppléer à ce filence. Cette Comédie
en deux actes , ou plutôt le talent qu'elle
annonce , mérite qu'on en faffe mention .
Les trois premieres fcenes montrent que
le jeune auteur de cette petite piéce eft appellé
au Comique , fon vers eft facile , &
fon dialogue naturel ; mais le difcours
qu'il adreffe à Madame la Comteffe de la
Marck prouve encore mieux fa vocation
pour ce genre. Quand on penfe à fon âge
auffi jufte fur l'art que l'on embraffe ,
& qu'on a comme lui le talent d'écrite ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
on eft für d'y faire un progrès rapide.
Le genre moyen de la Comédie , où les
moeurs purement bourgeoifes qu'il fe propofe
de traiter , me femblent comme à lui
les plus théatrales . Il faut fur la fcene des
ridicules de perfpective , fi j'ofe m'exprimer
ainfi ; il faut que leurs traits foient
gros pour exciter un vrai rire , ou un rire
machinal ; c'eft celui de la nature : ne rire
que de l'efprit , c'eft à peine fourire. J'aime
mieux pour mon amufement , rire avec
la bonne foi d'un bourgeois ingenu , ou la
groffe franchife d'un bon payfan , qu'avec
la circonfpection d'un homme du monde
qui craint d'éclater , & qui regle tous fes
mouvemens fur les loix exactes de la froide
décènce . Ce rire compaffé , qui en naiffant
expire fur les levres , ne part jamais
de l'ame , il n'eft qu'un raffinement de
l'art , ou plutôt qu'un ennui déguisé.
Le Décembre les Comédiens François
ont remis Nicomede , Tragédie du
grand Corneille , & très digne d'en être :
elle n'avoit point été reprife depuis la mort
du célébre Baron , arrivée en 1729 le 22
Décembre . Parmi la foule des beautés fu--
périeures dont cette piece étincelle , il fe
trouve beaucoup de chofes , ou plutôt d'expreffions
familieres , qu'on doit moins attribuer
à l'Auteur qu'au tems où il a vêcu .
Les deux premieres fois le public paroiffoit
indécis & comme partagé entre les éclats
de rire & les applaudiffemens , mais à la
troifiéme repréſentation ces familiarités ne
T'ont plus frappé , il n'a été fenfible qu'au
mérite fingulier de l'ouvrage , où la politique
joue le premier rôle , & qu'on peut
appeller une Tragédie de caractere. Nitomede
y paroît un digne éleve d'Annibal .
L'ironie eft fa figure favorite , il l'employe
fur-tout dans toute fa force vis- à vis de
Flaminius. Ce ton railleur paroît un peu
bleffer la dignité du cothurne ; le fpectateur
furpris n'a fçu d'abord s'il devoit applaudir
Nicomede comme un homme d'efprit
, ou l'admirer comme un grand homme.
Quelques-uns même l'ont qualifié de
JANVIER. 1755. 195
héros perfifleur , mais on a fenti par réflexion
que ce langage ironique partoit
d'une ame fiere , & qu'il convenoit à un
Prince jaloux de fes droits , & juftement
indigné de voir qu'un Romain vint impofer
la loi à Prufias fon pere , dans les propres
Etats. Il femble que Corneille ait voulu
dans cette piece , venger les Rois de la
fupériorité qu'il avoit donnée fur eux aux
Romains dans fes autres Tragédies. L'Ambaffadeur
de Rome y eft auffi petit devant
Nicomede que le Roi d'Egypte l'eft deyant
Cefar dans la mort de Pompée. M.
Grandval eft irès-bien dans le rôle de Nicomede
, & Mlle Clairon parfaitement
dans celui de Laodice . Le Samedi 15 , on
a joué cette Tragédie avec Nanine , Comédie
remife en trois actes , de M. de Voltaire.
Le Samedi 21 , on a redonné les
deux mêmes pieces. La chambrée étoit complette
pour parler le langage des Comédiens.
Le Lundi 23 , ils ont repréfenté pour la
premiere fois le Triumvirat , de M. de
Crébillon . Toute la France y étoit : il fut
écouté & reçu avec tous les égards , &
j'ofe dire , le reſpect qu'on doit au Sopho-
* Les Comédiens ont été les premiers à s'y méprendre
; ils ont affiché la piéce fous le titre nouveau
de Tragédie héroï- comique.
Iij
196 MERCURE DE FRANCE.
:
de
cle de nos jours. Il eft beau à 81 ans de
paroître encore dans la carriere : c'eſt un
fpectacle non-feulement digne de la curiofité
publique , mais encore de l'acclamation
univerfelle . On eft forcé d'avouer que
le quatriéme acte & une partie du cinquiéme
ont paru d'abord inférieurs aux trois
premiers , qui ont reçu de grands applau
diffemens. C'est peut-être la faute des Comédiens
, dont le feu s'eft rallenti : le froid
des Acteurs eft fouvent mis fur le compte
la piéce ; quand ils manquent de concert &
de chaleur , elle paroît manquer d'enfemble
& d'intérêt. Tullie eft le perfonnage qui
a le plus frappé faut- il s'en étonner ? c'eft
Mlle Clairon qui le joue. L'éloquence de
fon jeu y a peut-être autant contribué que
la fupériorité du rôle ; ce qui a fait dire
que la fille de Ciceron étoit plus diferte
que fon pere. Sextus eft encore un beau
caractere il fe montre un digne fils de
Pompée. Les connoiffeurs les plus rigides ,
mais qui jugent fans partialité , conviennent
tous qu'il y a dans cette tragédie des
béautés du premier ordre , & des traits
marqués au coin du grand maître. On y
reconnoît l'auteur d'Electre & de Rhadamifte
: c'est un beau foleil couchant , il
darde encore des rayons qui ont toute la
force de fon midi ; ils doivent échauffer le
public en fa faveur.
:
JANVIER. 1755. 197
Ils l'ont fait à la deuxième repréfentation.
La piece a été mieux jouée , en conféquence
mieux fentie . La cataſtrophe furtout
a fait la plus grande impreffion.
L'inftant où Fullie découvre le voile qui
cache la tête de fon pere fur la tribune
aux harangues , & la précifion admirable
avec laquelle l'actrice rend toute la
force de cette pofition terrible , former t
un coup de théatre qui arrache les lar-.
mes & qui déchire l'ame de tous les
fpectateurs. J'en parlerai plus au long le
mois prochain dans l'extrait que j'en donnerai.
On a oublié dans les deux derniers volumes
de Décembre de parler de la repriſe
des Tuteurs , qui ont été joués avec les
Troyennes. Sans entrer dans aucun détail , `
je vais fuppléer à ce filence. Cette Comédie
en deux actes , ou plutôt le talent qu'elle
annonce , mérite qu'on en faffe mention .
Les trois premieres fcenes montrent que
le jeune auteur de cette petite piéce eft appellé
au Comique , fon vers eft facile , &
fon dialogue naturel ; mais le difcours
qu'il adreffe à Madame la Comteffe de la
Marck prouve encore mieux fa vocation
pour ce genre. Quand on penfe à fon âge
auffi jufte fur l'art que l'on embraffe ,
& qu'on a comme lui le talent d'écrite ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
on eft für d'y faire un progrès rapide.
Le genre moyen de la Comédie , où les
moeurs purement bourgeoifes qu'il fe propofe
de traiter , me femblent comme à lui
les plus théatrales . Il faut fur la fcene des
ridicules de perfpective , fi j'ofe m'exprimer
ainfi ; il faut que leurs traits foient
gros pour exciter un vrai rire , ou un rire
machinal ; c'eft celui de la nature : ne rire
que de l'efprit , c'eft à peine fourire. J'aime
mieux pour mon amufement , rire avec
la bonne foi d'un bourgeois ingenu , ou la
groffe franchife d'un bon payfan , qu'avec
la circonfpection d'un homme du monde
qui craint d'éclater , & qui regle tous fes
mouvemens fur les loix exactes de la froide
décènce . Ce rire compaffé , qui en naiffant
expire fur les levres , ne part jamais
de l'ame , il n'eft qu'un raffinement de
l'art , ou plutôt qu'un ennui déguisé.
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Résumé : COMEDIE FRANÇOISE.
En décembre 1754, les comédiens français ont repris la tragédie 'Nicomède' de Pierre Corneille, qui n'avait pas été jouée depuis la mort de l'auteur en 1729. La pièce, riche en beautés littéraires, contient des expressions familières attribuables à l'époque de Corneille. Lors des premières représentations, le public était partagé entre le rire et les applaudissements, mais à la troisième représentation, il a reconnu le mérite de l'œuvre, qualifiée de tragédie de caractère où la politique joue un rôle central. Nicomède y apparaît comme un digne élève d'Annibal, utilisant l'ironie, notamment envers Flaminius. Certains spectateurs ont vu en lui un héros persifleur, mais cette ironie reflète la fierté et l'indignation d'un prince défendant ses droits. Corneille semble vouloir venger les rois dans cette pièce, contrairement à ses autres tragédies. Les acteurs M. Grandval et Mlle Clairon ont été particulièrement applaudis dans leurs rôles respectifs de Nicomède et Laodice. Le 15 janvier 1755, 'Nicomède' a été jouée avec 'Nanine', une comédie de Voltaire. Le 21 janvier, les deux pièces ont été rejouées devant une salle comble. Le 23 janvier, les comédiens ont présenté pour la première fois 'Le Triumvirat' de M. de Crébillon, reçu avec respect et admiration malgré des réserves sur les quatrième et cinquième actes. Mlle Clairon a particulièrement impressionné dans le rôle de Tullie, et Sextus a été salué pour son interprétation. La pièce a été mieux jouée lors de la deuxième représentation, notamment la catastrophe où Tullie découvre la tête de son père, suscitant une grande émotion chez les spectateurs. En décembre, la reprise des 'Tuteurs' a été omise, mais cette comédie en deux actes, écrite par un jeune auteur talentueux, mérite mention pour son dialogue naturel et son potentiel comique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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54
p. 176-192
COMEDIE FRANÇOISE.
Début :
Les Comédiens François ont donné le 13 de ce mois la dixiéme représentation [...]
Mots clefs :
Cicéron, Sextus, César, Comédiens-Français, Père, Mécène, Yeux, Pompée, Fille, Mourir, Dieux, Octave
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texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE.
COMEDIE FRANÇOISE.
Lis
Es Comédiens François ont donné le
13 de ce mois la dixiéme repréfentation
du Triumvirat. On peut dire qu'il a
eu ce fuccès d'estime que l'ouvrage &
l'auteur ont fi bien mérité , & qu'on refuſe
fouvent à des pieces plus heureufes , qui
comptent plus de repréfentations que de
fuffrages. Cette Tragédie eft imprimée
fous ce double titre : Le Triumvirat , ou la
mort de Ciceron , avec une épitre dédicatoire
à Mme Bignon , & une préface . Elle
fe vend chez Hochereau , quai de Conti , au
Phénix ; le prix eft de 30 f. en voici l'extrait .
EXTRAIT DU TRIUMVIRÁT.
Tullie , fille de Ciceron , ouvre feule
la fcene qui eft au Capitole , par un début
digne d'elle & du fujet. Elle s'écrie ,
Effroyable féjour des horreurs de la guerre ,
Lieux inondés du fang des maîtres de la terre ,
Lieux , dont le feul afpect fit trembler tant de
Rois ,
Palais où Ciceron triompha tant de fois ;
Deformais trop heureux de cacher ce grand homme
,
Sauvez le feul Romain qui foit encor dans Rome.
FEVRIER. 1755. 177
A
Elle ajoûte avec effroi , en jettant les
yeux fur le tableau des profcrits :
Que vois-je , à la lueur de ce cruel flambeau !
Ah ! que de noms facrés profcrits fur ce tableau !
Rome , il ne manque plus , pour combler ta mifere
,
Que d'y tracer le nom de mon malheureux pere.
Enfuite elle apoftrophe ainfi la ftatue de
Céfar.
Toi , qui fis en naiffant honneur à la nature ,
Sans avoir , des vertus , que l'heureufe impofture ,
Trop aimable tyran , illuftre ambitieux ,
Qui triomphas du fort , de Caton & des Dieux...
Sous un joug ennobli par l'éclat de tes armes ,
Nous refpirions du moins fans honte & fans allármes
:
Loin de rougir des fers qu'illuftroit ta valeur ,
On fe croyoit paré des lauriers du vainqueur.
Mais fous le joug honteux & d'Antoine & d'Octave
>
Rome , arbitre des Rois , va gémir en eſclave.
Se tournant après vers la ftatue de Pompée
, elle lui adreffe ces triftes paroles .
Ah ! Pompée , eft -ce là ce qui refte de toi
Miférables débris de la grandeur . humaine ,
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
Douloureux monument de vengeance & de haine !
6
Pour nous venger d'Octave ,, accours , vaillant
Sextus ,,
A ce nouveau Céfar , fois un nouveau. Brutus.
Ce monologue me paroît admirable ; il
égale , à mon gré , celui d'Electre , s'il ne
le furpaffe pas , & forme la plus belle expofition
. Il eft terminé par l'arrivée de
Sextus , qui fe cache même aux yeux de
Tullie qu'il aime , fous le nom de Clodomir
, chef des Gaulois . Il lui fait un récit
affreux des horreurs du Triumvirat dont il
vient d'être le témoin , & finit un fi noir
tableau par ces beaux vers , qu'on croiroit
d'un auteur de trente ans , à la force du
coloris.
Un fils , prefque à mes yeux , vient de livrer fon
Le
pere ;
J'ai vu ce même fils égorgé par fa mere :
On ne voit que des corps mutilés & fanglans ,
Des efclaves traîner leurs maîtres expirans ;
affouvi réchauffe le carnage ;
carnage
J'ai vu des furieux dont la haine & la rage
Se difputoient des cours encor tout palpitans:
On diroit à les voir l'un l'autre s'excitans ,
Déployer à l'envi leur fureur meurtrière ,
Que c'est le derniér jour de la nature entiere. {
FEVRIER. , 1755. 179
que
Dans ce péril preffant il offre à Tullie une
retraite dans Oftie pour fon pere & pour
elle . Elle la refufe ; il frémit du danger
Ciceron va courir , fi près de Fulvie
qui a juré fa perte. Il exprime en même
tems la douleur qu'il a de la perdre & de
la voir près d'être unie aux jours d'Octave
qui l'aime , ajoutant que fon fang fcellera
cet hymen. Tullie le raffure fur cette crain--
te , en lui difant :
Un tyran à
Ne craignez rien d'Octave' :
mes yeux ne vaut pas un esclave.
Un rival plus heureux va caufer vos allarmes ...
Le fils du grand Pompée . Hélas ! que n'est- ce vous !!
Que j'euffe avec plaifir accepté mon époux !
Ces deux amans font interrompus par
Lepide qui entre : Clodomir fe retire . Le
Triumvir fait entendre à Tullie , que ne
pouvant chaffer de Rome fes collegues impies
, il prend le parti de s'en exiler luimême
, & qu'il va chercher un afyle en
Efpagne pour y fauver fa vertu. Tullie l'interrompt
par cette noble réponſe , qui a
toujours été fi juftement applaudie :
Ah ! la vertu quifuit ne vaut pas le courage
Du crime audacieux qui fçait braver l'orage .
Que peut craindre un Romain des,caprices.du fort,
Tant qu'il lui refte un bras pour fe donner la mort
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Avez-vous oublié que Rome eft votre mere
Demeurez , imitez l'exemple de mon pere ,
Et de votre vertu në nous vantez l'éclat
Qu'après une victoire , ou du moins un combat.
On n'encenfa jamais la vertu fugitive ,
Et celle d'un Romain doit être plus active.
On ne le reconnoît qu'à fon dernier foupir ;
Son honneur eft de vaincre , & vaincu de mourir.
ger
Elle fort.
Ciceron arrive. Lapide tâche de l'engaà
le fuivre pour fe dérober à la fureur
d'Antoine & de Fulvie , qui veulent le profcrire.
Ciceron rejette cette offre. Lepide le
quitte , en lui déclarant qu'il vient de rencontrer
Sextus , & qu'il l'a reconnu . Ce
Triumvir l'avertit d'en craindre la fuite ,
& de prendre garde à lui. Ciceron reſté
feul , dit qu'il eft tems qu'il apprenne
ce fecret à fa fille , que Clodomir devenu
le fils du grand Pompée , ne pourra l'en
blâmer , qu'il veut les unir & donner à Céfar
un rival , dont le nom feul pourra lui
devenir funefte.
Octave commence avec Mecene le fecond
acte. Après avoir d'abord tâché d'excufer
fes cruautés , il lui marque fon
amour pour Tullie , & fon eftime pour fon
pere , ajoûtant qu'il veut le fauver & fe
l'attacher. Mecene l'affermit dans ce defFEVRIER.
1755. 181
fein , & le laiffe avec Ciceron qui paroît ,
& qui lui témoigne ainfi fa furpriſe :
Céſar , en quel état vous offrez-vous à moi ?
Ah ! ce n'eft ni fon fils , ni Céfar que je vois.
O! Céfar , ce n'eft pas ton fang qui l'a fait naître :
Brutus qui l'a verfé , méritoit mieux d'en être.
Le meurtre des vaincus ne fouilloit point tes pas ;
Ta valeur fubjuguoit , mais ne profcrivoit pas.
Octave, pour fe juftifier , répond qu'il
pourfuit les meurtriers du grand Céfar , &
que fa vengeance eft légitime. Ciceron l'interrompt
pour lui reprocher l'abus affreux
qu'il fait de ce prétexte , & lui dit :
Rendre le glaive feul l'interprête des loix ,
Employer pour venger le meurtre de fon pere
Des flammes & du fer l'odieux miniftere ;
Donner à fes profcrits pour juges fes foldats ,
Du neveu de Céfar voilà les magiftrats.
Octave lui réplique que c'eft une néceffité
, que l'univers demande une forme
nouvelle , qu'il lui faut un Empereur , que
Ciceron doit le choifir , qu'ils doivent s'allier
pour mieux détruire Antoine ; il le
conjure enfin de l'aimer , & de devenir
fon
pere.
Abdique, je t'adopte , & ma fille eft à toi,
382 MERCURE DE FRANCE.
repart Ciceron. Des oreilles trop délicates
ont trouvé ce vers dur ; pour moi je ne le
trouve que fort ;je crois qu'un Romain ne
peut pas mieux répondre ni en moins de
mots . Tullie paroît , & fon pere fort eix
difant à Octave , qu'il la confulte ; & que
s'il l'aime , il la prenne pour modele .
Tullie traite Octave encore avec plus.
de fierté que n'a fait fon pere. Céfar , luis
dit-elle :
Regnez , fi vous l'ofez; mais croyez que Tullie
Sçaura bien ſe ſoustraire à votre tyrannie :
Si du fort des tyrans vous bravez les hazards
Il naîtra des Brutus autant que des Céfars.
Sur ce qu'il infifte , elle lui déclare fierement
qu'elle ne l'aime point , qu'elle eft
cependant prête à l'époufer , pourvû qu'il
renonce à l'Empire ; mais que s'il veut ufurper
l'autorité fuprême , il peut teindre le
diadême de fon fang. Cette hauteur romaine
oblige Octave de la quitter & de la
menacer de livrer fon pere à Fulvie. Sextus
, qu'elle reconnoît alors pour le fils de
Pompée , entre fur la fcéne , & demande à
Tullie le fujer de fa douleur. Elle l'inftruit
du danger preffant où font les jours de
fon pere , qui veut les unir avant fa mort.
Sextus finit le fecond acte , en la preffant
d'engager Ciceron à fuir fur fes vaiffeaux
FEVRIER. 1755. 183
-il eft honteux pour lui , ajoute-t- il , de fe
laiffer profcrire.
S'il veut m'accompagner je répons de fa vie,
El'amour couronné répondra de Tullie..
Il faut convenir que cet acte eft un peu
vuide d'action .
Ciceron , Tullie & Sextus ouvrent le troifieme.
Ciceron veut unir le fils de Pompée:
à fa fille ; mais elle s'y oppofe dans ce cruel
moment & le conjure de la fuivre en
Sicile avec Sextus il s'écrie ::
>-
Pour braver mes tyrans je veux mourir dáns Ro
me ;
En implorant les Dieux , c'eft moi fenl qu'elles
nomme:
Sextus lui parle alors en vrai fils de Pompée
, & lui dit :
Rome n'eft plus qu'un ſpectre , une ombre en Ita
lie ,
Dont le corps tout entier eft paffé dans l'Afie :
C'est là que noure honneur nous appelle aujour
d'hui ,
Rendons- nous à ſa voix , & marchons avec lui.
Ce n'eft pas le climat qui lui donna la vie;
C'eſt le coeur du Romain qui forme fa patrie.
184 MERCURE DE FRANCE.
2
Il vaut mieux fe flater d'un eſpoir téméraire
Que de céder au fort dès qu'il nous eft contraire.
Il faut du moins mourir les armes à la main ,
Le feul gente de mort digne d'un vrai Romain,
Mais mourir pour mourir n'eft qu'une folle
yvreffe ,
Trifte enfant de l'orgueil , que nourrit la pareffe.
où
Ciceron fort en leur difant qu'il ne
peut fe réfoudre à quitter l'Italie , mais
qu'il confent de fe rendre à Tufculum ,
il ira les joindre pour les unir enfemble ,
& qu'avant tout il veut revoir Mecene. A
peine eft- il parti qu'Octave entre ; & jaloux
de Sextus qu'il prend pour un chef
des Gaulois , il adreffe ainfi la parole à
Tullie .
Qu'il retourne en fon camp ,
C'eft parmi fes foldats qu'il trouvera fon rang,
Le faux Clodomir lui répond , avec une
fierté plus que Gauloife ,
Le fort de mes pareils ne dépend point de toi
Je ne releve ici que des Dieux & de moi.
Aux loix du grand Céfar nous rendîmes hommage
,
Mais ce ne fut jamais à titre d'efclavage.
Comme de la valeur il connoiffoit le prix ,
Il cftimoit en nous ce qui manque à ſon fils.
FEVRIER. 1755. 185
Octave à ces mots appelle les Licteurs ,
& il faut avouer que fon emportement
paroît fondé.
Tullie s'oppofe à fa rigueur , & prend
vivement la défenſe de Sextus . Le courroux
d'Octave en redouble ; il . lui répond
que ce Gaulois brave l'autorité des Triumvirs
, qu'il a fauvé plufieurs profcrits , &
qu'il mérite d'être puni comme un traître .
Sextus lui réplique :
Toi-même , applaudifſant à mes foins magnanimes
,
Tu devrois me louer de t'épargner des crimes ,
Et rougir , quand tu crois être au- deffus de moi ,
Qu'un Gaulois à tes yeux foit plus Romain que
toi,
Tullie lui demande fa vie. Octave forcé
par fon amour de la lui accorder , fe retire
en déguifant fon dépit. Sextus raffure Tullie
fur la crainte qu'elle a que fon rival
ne l'immole , & lui fait entendre qu'Octave
eft un tyran encore mal affermi, qu'il
le croit Gaulois , & qu'ayant beſoin du ſecours
de cette nation , il eft trop bon politique
pour ne la pas ménager. La frayeur
de Tullie s'accroît à l'afpect de Philippe ,
qu'elle prend pour un miniftre des vengeances
d'Octave. Philippe reconnoît Sex186
MERCURE DE FRANCE.
tus qu'il a élevé , & marque autant de
douleur que de furprife. Le fils de Pompée
reconnoît Philippe à fon tour , & lui
reproche d'avoir dégénéré de fa premiere
vertu. Cet affranchi fe jette à fes genoux ,
& lui dit qu'il ne les quittera pas qu'il n'ait
obtenu de lui la grace d'être écouté . Sextuş
le force de fe lever. Philippe lui raconte
qu'Octave inftruit de fa fidélité l'a pris
à fon fervice , mais qu'il n'a jamais trempé
dans fes forfaits. Il ajoute que ce Triumvir
ne croit plus que Sextus foit un Gaulois
, mais un ami de Brutus , & qu'il l'a
chargé du cruel emploi de l'affaffiner dans
la nuit . Il vient , continue- t-il , de paffer
chez Fulvie : je crains qu'il n'en coute la
vie à Ciceron .
Les momens nous font chers , & c'eſt fait de vos
jours ,
Și de ceux du tyran , je n'abrege le cours,
Choififfez du trépas de Célar , ou du vôtre ;-
Rien n'eft facré pour moi quand il s'agit de vous..
Sextus lui répond
L'affafinat , Philippe , eft indigne de nous
Avant que d'éclater il falloit l'entreprendre
Mais inftruit du projet je dois te le défendre .
Ce trait eft hiſtorique , & M. de Cré
FEVRIER. 1755. 187
billon s'en est heureufement fervi . Tullie
approuve Sextus , & termine l'acte en difant
:
Allons trouver mon pere , & remettons aux Dieux
Le foin de nous fauver de ces funeftes lieux.
Le quatrieme acte s'ouvre par un monologue
de Ciceron , qui jette les yeux fur
le tableau des profcriptions , & qui dit
avec tranſport , lorfqu'il y voir fon nom
Enfin je fuis profcrit , que mon ame eft ravie !
Je renais au moment qu'on m'arrache ma vie.
Mecene furvient , & le preffe de s'allier
à Céfar. Ciceron lui demande s'il lui fait
efperer que l'inftant de leur alliance fera la
fin de la profeription . Mecene lui répond
qu'Octave l'a fufpendue pour lui . Ciceron
pour réplique , lui montre fon nom écrit
fur le tableau.
Mecene fe récrie : ...
Dieux quelle trahison
S'il eft vrai que Céfar ait voulu vous proferire ,
Sur ce même tableau je vais me faire inferire.
Adieu : fi je ne puis vous fauver de fes coups ,
Vous me verrez combattre & mourir avec vous.
Octave paroît. Ciceron veut lui faire
189 MERCURE DE FRANCE.
de nouveaux reproches ; mais Octave lui
répond qu'il n'eft pas venu pour fe faire
juger , & qu'il lui demande Tullie pour
la derniere fois. Ciceron lui réplique que
c'eft moins fon amour que fa politique qui
lui fait fouhaiter la main de fa fille , &
qu'il veut par ce noeud les affocier à fes
fureurs. Octave offenfé , lui repart :
Ingrat , fi tu jouis de la clarté du jour ,
Apprens que tu ne dois ce bien qu'à mon amour .
Vois ton nom.
Ciceron lui dit avec un phlegme vraiment
Romain :
Je l'ai vû . Céfar , je t'en rends graces.
Octave alors fe dévoile tout entier , &
lui reproche qu'il protége Clodomir , &
qu'il veut l'unir à Tullie. Ciceron ne s'en
défend pas , & Céfar tranfporté de colere ,
fort en lui déclarant qu'il l'abandonne à
fon inimitié. Ciceron refté feul , dit qu'il
la préfere à une pitié qui deshonore celui
qu'elle épargne , & celui qui l'invoque. Il
eft inquiet fur le fort de fa fille & fur celui
de Sextus , mais il eft raffuré par leur
préfence ; il leur apprend qu'il eft profcrit.
Tous deux le conjurent de partir &
de profiter du moment qu'Octave lui laiſſe ;
FEVRIER. 1755.. 159
mais il s'obſtine à mourir . Philippe vient
avertir Sextus que fes amis font déja loin
des portes , & preffe Tullie de fuivre les
pas du fils de Pompée , en l'affurant qu'elle
n'a rien à craindre pour Ciceron , qu'il eft
chargé de veiller für fes jours , & qu'il va
le conduire à Tufculum. Ciceron quitte
Sextus & Tullie , en leur difant :
i
Adieu , triftes témoins de més voeux fuperflus.
Palais infortuné , je ne vous verrai plus.
Octave qui vient d'apprendre que le faux
Clodomir eft Sextus , fait éclater toute fa
colere , & jure d'immoler le fils de Pompée
, & Tullie même. Mecene entre tout
éploré. Octave effrayé , lui demande quel
eft le fujet de fa douleur. Mecene lui répond
, les yeux baignés de larmes :
Ingrat ! qu'avez-vous fait ?
Hélas ! hier encore il exiſtoit un homme
Qui fit par fes vertus les délices de Rome ;
Mémorable à jamais par fes talens divers ,
Dont le génie heureux éclairoit l'univers.
Il n'eft plus .... fon falut vous eût couvert de
gloire ,
Et de vos cruautés , effacé la mémoire.
Qu'ai -je beſoin encor de vous dire fon nom ?
Ahlaillez-moi vous fuir , & pleurer Ciceron.
190 MERCURE DE FRANCE.
Octave témoigne fa furprife , & rejette
ce crime fur Antoine. Mecene continue
ainfi :
L'intrepide Orateur a vu fans s'ébranler ,
Lever fur lui lebras qui l'alloit immoler :
C'eſt toi , Lena , dit-il ; que rien ne te retienne ;
J'ai défendu ta vie , atrache-moi la mienne.
Je ne me repens point d'avoir ſauvé tes jours ,
Puifque des miens , c'est toi qui dois trancher le
cours.
que
A ces mots , Ciceron lui préfente la tête ,
En s'écriant , Lena , frappe , la voilà prête.
Lena , tandis Pair retentiffoit de cris ,
L'abbat , court chez Fulvie en demander le prix.
Un objet fi touchant , loin d'attendrir ſon ame ,
N'a fait que redoubler le courroux qui l'enflam
me :
Les yeux étincelans de rage & de fureur ,
Elle embraffe Lena fans honte & fans pudeur ,
Saifit avec tranſport cette tête divine ,
Qui femble avec les Dieux difputer d'origine ,
En arrache . ... Epargnez à ma vive douleur
La fuite d'un récit qui vous feroit horreur.
Nous ne l'entendrons plus , du feu de fon génie ,
Répandre dans nos coeurs le charme & l'harmonie
:
Fulvie a déchiré de fes indignes mains
Cet objet précieux , l'oracle des humains.
Ce récit m'a paru trop beau pour en rien
FEVRIER. 1755. 191
retrancher. L'acteur * qui a joué le rolle de
Mecene , en a fenti tout le pathétique , &
l'a très-bien rendu. Tullie qui n'eft pas encore
inftruite de la mort de fon pere , vient
implorer pour lui la puiffance d'Octave ;
elle paroît un peu defcendre de fon caractere
, elle s'humilie même au point d'offrir ſa
main à Céfar, pourvû qu'elle foit le prix des
jours de Ciceron . Comme Octave ne peut
cacher fon embarras , & qu'il veut fortir ,
Tullie l'arrête ; & tournant fes regards
vers la tribune , elle s'écrie avec terreur :
Plus je l'ofe obferver , plus ma frayeur augmente.
Mecene ! la Tribune ... elle eſt toute fanglante.
Ce voile encor fumant cache quelque forfait.
N'importe , je veux voir. Dieux ! quel affreux
objet !
La tête de mon pere ! .. Ah! monftre impitoyable ,
A quels yeux offres- tu ce fpectacle effroyable ?
Elle fe tue , & tombe en expirant auprès
d'une tête fi chere.
Je n'ai point vû au théatre de dénoument
plus frappant ; je ne me laffe point
de le répéter . Ce tableau rendu par l'action
admirable de Mlle Clairon , infpire la terreur
la plus forte , & la pitié la plus tendre
. Ces deux fentimens réunis enfemble .
font la perfection du genre. La beauté du
M. de Bellecour
192 MERCURE DE FRANCE.
cinquiéme acte répond à celle du premier
& la catastrophe remplit tout ce que l'expofition
a promis ; elle a toute la force
Angloife , fans en avoir la licence. Pour
en convaincre le lecteur , je veux lui comparer
le dénouement de Philoclée , dont je
vais donner le programme , d'après l'extrait
inferé dans le Journal Etranger du
mois de Janvier.
Lis
Es Comédiens François ont donné le
13 de ce mois la dixiéme repréfentation
du Triumvirat. On peut dire qu'il a
eu ce fuccès d'estime que l'ouvrage &
l'auteur ont fi bien mérité , & qu'on refuſe
fouvent à des pieces plus heureufes , qui
comptent plus de repréfentations que de
fuffrages. Cette Tragédie eft imprimée
fous ce double titre : Le Triumvirat , ou la
mort de Ciceron , avec une épitre dédicatoire
à Mme Bignon , & une préface . Elle
fe vend chez Hochereau , quai de Conti , au
Phénix ; le prix eft de 30 f. en voici l'extrait .
EXTRAIT DU TRIUMVIRÁT.
Tullie , fille de Ciceron , ouvre feule
la fcene qui eft au Capitole , par un début
digne d'elle & du fujet. Elle s'écrie ,
Effroyable féjour des horreurs de la guerre ,
Lieux inondés du fang des maîtres de la terre ,
Lieux , dont le feul afpect fit trembler tant de
Rois ,
Palais où Ciceron triompha tant de fois ;
Deformais trop heureux de cacher ce grand homme
,
Sauvez le feul Romain qui foit encor dans Rome.
FEVRIER. 1755. 177
A
Elle ajoûte avec effroi , en jettant les
yeux fur le tableau des profcrits :
Que vois-je , à la lueur de ce cruel flambeau !
Ah ! que de noms facrés profcrits fur ce tableau !
Rome , il ne manque plus , pour combler ta mifere
,
Que d'y tracer le nom de mon malheureux pere.
Enfuite elle apoftrophe ainfi la ftatue de
Céfar.
Toi , qui fis en naiffant honneur à la nature ,
Sans avoir , des vertus , que l'heureufe impofture ,
Trop aimable tyran , illuftre ambitieux ,
Qui triomphas du fort , de Caton & des Dieux...
Sous un joug ennobli par l'éclat de tes armes ,
Nous refpirions du moins fans honte & fans allármes
:
Loin de rougir des fers qu'illuftroit ta valeur ,
On fe croyoit paré des lauriers du vainqueur.
Mais fous le joug honteux & d'Antoine & d'Octave
>
Rome , arbitre des Rois , va gémir en eſclave.
Se tournant après vers la ftatue de Pompée
, elle lui adreffe ces triftes paroles .
Ah ! Pompée , eft -ce là ce qui refte de toi
Miférables débris de la grandeur . humaine ,
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
Douloureux monument de vengeance & de haine !
6
Pour nous venger d'Octave ,, accours , vaillant
Sextus ,,
A ce nouveau Céfar , fois un nouveau. Brutus.
Ce monologue me paroît admirable ; il
égale , à mon gré , celui d'Electre , s'il ne
le furpaffe pas , & forme la plus belle expofition
. Il eft terminé par l'arrivée de
Sextus , qui fe cache même aux yeux de
Tullie qu'il aime , fous le nom de Clodomir
, chef des Gaulois . Il lui fait un récit
affreux des horreurs du Triumvirat dont il
vient d'être le témoin , & finit un fi noir
tableau par ces beaux vers , qu'on croiroit
d'un auteur de trente ans , à la force du
coloris.
Un fils , prefque à mes yeux , vient de livrer fon
Le
pere ;
J'ai vu ce même fils égorgé par fa mere :
On ne voit que des corps mutilés & fanglans ,
Des efclaves traîner leurs maîtres expirans ;
affouvi réchauffe le carnage ;
carnage
J'ai vu des furieux dont la haine & la rage
Se difputoient des cours encor tout palpitans:
On diroit à les voir l'un l'autre s'excitans ,
Déployer à l'envi leur fureur meurtrière ,
Que c'est le derniér jour de la nature entiere. {
FEVRIER. , 1755. 179
que
Dans ce péril preffant il offre à Tullie une
retraite dans Oftie pour fon pere & pour
elle . Elle la refufe ; il frémit du danger
Ciceron va courir , fi près de Fulvie
qui a juré fa perte. Il exprime en même
tems la douleur qu'il a de la perdre & de
la voir près d'être unie aux jours d'Octave
qui l'aime , ajoutant que fon fang fcellera
cet hymen. Tullie le raffure fur cette crain--
te , en lui difant :
Un tyran à
Ne craignez rien d'Octave' :
mes yeux ne vaut pas un esclave.
Un rival plus heureux va caufer vos allarmes ...
Le fils du grand Pompée . Hélas ! que n'est- ce vous !!
Que j'euffe avec plaifir accepté mon époux !
Ces deux amans font interrompus par
Lepide qui entre : Clodomir fe retire . Le
Triumvir fait entendre à Tullie , que ne
pouvant chaffer de Rome fes collegues impies
, il prend le parti de s'en exiler luimême
, & qu'il va chercher un afyle en
Efpagne pour y fauver fa vertu. Tullie l'interrompt
par cette noble réponſe , qui a
toujours été fi juftement applaudie :
Ah ! la vertu quifuit ne vaut pas le courage
Du crime audacieux qui fçait braver l'orage .
Que peut craindre un Romain des,caprices.du fort,
Tant qu'il lui refte un bras pour fe donner la mort
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Avez-vous oublié que Rome eft votre mere
Demeurez , imitez l'exemple de mon pere ,
Et de votre vertu në nous vantez l'éclat
Qu'après une victoire , ou du moins un combat.
On n'encenfa jamais la vertu fugitive ,
Et celle d'un Romain doit être plus active.
On ne le reconnoît qu'à fon dernier foupir ;
Son honneur eft de vaincre , & vaincu de mourir.
ger
Elle fort.
Ciceron arrive. Lapide tâche de l'engaà
le fuivre pour fe dérober à la fureur
d'Antoine & de Fulvie , qui veulent le profcrire.
Ciceron rejette cette offre. Lepide le
quitte , en lui déclarant qu'il vient de rencontrer
Sextus , & qu'il l'a reconnu . Ce
Triumvir l'avertit d'en craindre la fuite ,
& de prendre garde à lui. Ciceron reſté
feul , dit qu'il eft tems qu'il apprenne
ce fecret à fa fille , que Clodomir devenu
le fils du grand Pompée , ne pourra l'en
blâmer , qu'il veut les unir & donner à Céfar
un rival , dont le nom feul pourra lui
devenir funefte.
Octave commence avec Mecene le fecond
acte. Après avoir d'abord tâché d'excufer
fes cruautés , il lui marque fon
amour pour Tullie , & fon eftime pour fon
pere , ajoûtant qu'il veut le fauver & fe
l'attacher. Mecene l'affermit dans ce defFEVRIER.
1755. 181
fein , & le laiffe avec Ciceron qui paroît ,
& qui lui témoigne ainfi fa furpriſe :
Céſar , en quel état vous offrez-vous à moi ?
Ah ! ce n'eft ni fon fils , ni Céfar que je vois.
O! Céfar , ce n'eft pas ton fang qui l'a fait naître :
Brutus qui l'a verfé , méritoit mieux d'en être.
Le meurtre des vaincus ne fouilloit point tes pas ;
Ta valeur fubjuguoit , mais ne profcrivoit pas.
Octave, pour fe juftifier , répond qu'il
pourfuit les meurtriers du grand Céfar , &
que fa vengeance eft légitime. Ciceron l'interrompt
pour lui reprocher l'abus affreux
qu'il fait de ce prétexte , & lui dit :
Rendre le glaive feul l'interprête des loix ,
Employer pour venger le meurtre de fon pere
Des flammes & du fer l'odieux miniftere ;
Donner à fes profcrits pour juges fes foldats ,
Du neveu de Céfar voilà les magiftrats.
Octave lui réplique que c'eft une néceffité
, que l'univers demande une forme
nouvelle , qu'il lui faut un Empereur , que
Ciceron doit le choifir , qu'ils doivent s'allier
pour mieux détruire Antoine ; il le
conjure enfin de l'aimer , & de devenir
fon
pere.
Abdique, je t'adopte , & ma fille eft à toi,
382 MERCURE DE FRANCE.
repart Ciceron. Des oreilles trop délicates
ont trouvé ce vers dur ; pour moi je ne le
trouve que fort ;je crois qu'un Romain ne
peut pas mieux répondre ni en moins de
mots . Tullie paroît , & fon pere fort eix
difant à Octave , qu'il la confulte ; & que
s'il l'aime , il la prenne pour modele .
Tullie traite Octave encore avec plus.
de fierté que n'a fait fon pere. Céfar , luis
dit-elle :
Regnez , fi vous l'ofez; mais croyez que Tullie
Sçaura bien ſe ſoustraire à votre tyrannie :
Si du fort des tyrans vous bravez les hazards
Il naîtra des Brutus autant que des Céfars.
Sur ce qu'il infifte , elle lui déclare fierement
qu'elle ne l'aime point , qu'elle eft
cependant prête à l'époufer , pourvû qu'il
renonce à l'Empire ; mais que s'il veut ufurper
l'autorité fuprême , il peut teindre le
diadême de fon fang. Cette hauteur romaine
oblige Octave de la quitter & de la
menacer de livrer fon pere à Fulvie. Sextus
, qu'elle reconnoît alors pour le fils de
Pompée , entre fur la fcéne , & demande à
Tullie le fujer de fa douleur. Elle l'inftruit
du danger preffant où font les jours de
fon pere , qui veut les unir avant fa mort.
Sextus finit le fecond acte , en la preffant
d'engager Ciceron à fuir fur fes vaiffeaux
FEVRIER. 1755. 183
-il eft honteux pour lui , ajoute-t- il , de fe
laiffer profcrire.
S'il veut m'accompagner je répons de fa vie,
El'amour couronné répondra de Tullie..
Il faut convenir que cet acte eft un peu
vuide d'action .
Ciceron , Tullie & Sextus ouvrent le troifieme.
Ciceron veut unir le fils de Pompée:
à fa fille ; mais elle s'y oppofe dans ce cruel
moment & le conjure de la fuivre en
Sicile avec Sextus il s'écrie ::
>-
Pour braver mes tyrans je veux mourir dáns Ro
me ;
En implorant les Dieux , c'eft moi fenl qu'elles
nomme:
Sextus lui parle alors en vrai fils de Pompée
, & lui dit :
Rome n'eft plus qu'un ſpectre , une ombre en Ita
lie ,
Dont le corps tout entier eft paffé dans l'Afie :
C'est là que noure honneur nous appelle aujour
d'hui ,
Rendons- nous à ſa voix , & marchons avec lui.
Ce n'eft pas le climat qui lui donna la vie;
C'eſt le coeur du Romain qui forme fa patrie.
184 MERCURE DE FRANCE.
2
Il vaut mieux fe flater d'un eſpoir téméraire
Que de céder au fort dès qu'il nous eft contraire.
Il faut du moins mourir les armes à la main ,
Le feul gente de mort digne d'un vrai Romain,
Mais mourir pour mourir n'eft qu'une folle
yvreffe ,
Trifte enfant de l'orgueil , que nourrit la pareffe.
où
Ciceron fort en leur difant qu'il ne
peut fe réfoudre à quitter l'Italie , mais
qu'il confent de fe rendre à Tufculum ,
il ira les joindre pour les unir enfemble ,
& qu'avant tout il veut revoir Mecene. A
peine eft- il parti qu'Octave entre ; & jaloux
de Sextus qu'il prend pour un chef
des Gaulois , il adreffe ainfi la parole à
Tullie .
Qu'il retourne en fon camp ,
C'eft parmi fes foldats qu'il trouvera fon rang,
Le faux Clodomir lui répond , avec une
fierté plus que Gauloife ,
Le fort de mes pareils ne dépend point de toi
Je ne releve ici que des Dieux & de moi.
Aux loix du grand Céfar nous rendîmes hommage
,
Mais ce ne fut jamais à titre d'efclavage.
Comme de la valeur il connoiffoit le prix ,
Il cftimoit en nous ce qui manque à ſon fils.
FEVRIER. 1755. 185
Octave à ces mots appelle les Licteurs ,
& il faut avouer que fon emportement
paroît fondé.
Tullie s'oppofe à fa rigueur , & prend
vivement la défenſe de Sextus . Le courroux
d'Octave en redouble ; il . lui répond
que ce Gaulois brave l'autorité des Triumvirs
, qu'il a fauvé plufieurs profcrits , &
qu'il mérite d'être puni comme un traître .
Sextus lui réplique :
Toi-même , applaudifſant à mes foins magnanimes
,
Tu devrois me louer de t'épargner des crimes ,
Et rougir , quand tu crois être au- deffus de moi ,
Qu'un Gaulois à tes yeux foit plus Romain que
toi,
Tullie lui demande fa vie. Octave forcé
par fon amour de la lui accorder , fe retire
en déguifant fon dépit. Sextus raffure Tullie
fur la crainte qu'elle a que fon rival
ne l'immole , & lui fait entendre qu'Octave
eft un tyran encore mal affermi, qu'il
le croit Gaulois , & qu'ayant beſoin du ſecours
de cette nation , il eft trop bon politique
pour ne la pas ménager. La frayeur
de Tullie s'accroît à l'afpect de Philippe ,
qu'elle prend pour un miniftre des vengeances
d'Octave. Philippe reconnoît Sex186
MERCURE DE FRANCE.
tus qu'il a élevé , & marque autant de
douleur que de furprife. Le fils de Pompée
reconnoît Philippe à fon tour , & lui
reproche d'avoir dégénéré de fa premiere
vertu. Cet affranchi fe jette à fes genoux ,
& lui dit qu'il ne les quittera pas qu'il n'ait
obtenu de lui la grace d'être écouté . Sextuş
le force de fe lever. Philippe lui raconte
qu'Octave inftruit de fa fidélité l'a pris
à fon fervice , mais qu'il n'a jamais trempé
dans fes forfaits. Il ajoute que ce Triumvir
ne croit plus que Sextus foit un Gaulois
, mais un ami de Brutus , & qu'il l'a
chargé du cruel emploi de l'affaffiner dans
la nuit . Il vient , continue- t-il , de paffer
chez Fulvie : je crains qu'il n'en coute la
vie à Ciceron .
Les momens nous font chers , & c'eſt fait de vos
jours ,
Și de ceux du tyran , je n'abrege le cours,
Choififfez du trépas de Célar , ou du vôtre ;-
Rien n'eft facré pour moi quand il s'agit de vous..
Sextus lui répond
L'affafinat , Philippe , eft indigne de nous
Avant que d'éclater il falloit l'entreprendre
Mais inftruit du projet je dois te le défendre .
Ce trait eft hiſtorique , & M. de Cré
FEVRIER. 1755. 187
billon s'en est heureufement fervi . Tullie
approuve Sextus , & termine l'acte en difant
:
Allons trouver mon pere , & remettons aux Dieux
Le foin de nous fauver de ces funeftes lieux.
Le quatrieme acte s'ouvre par un monologue
de Ciceron , qui jette les yeux fur
le tableau des profcriptions , & qui dit
avec tranſport , lorfqu'il y voir fon nom
Enfin je fuis profcrit , que mon ame eft ravie !
Je renais au moment qu'on m'arrache ma vie.
Mecene furvient , & le preffe de s'allier
à Céfar. Ciceron lui demande s'il lui fait
efperer que l'inftant de leur alliance fera la
fin de la profeription . Mecene lui répond
qu'Octave l'a fufpendue pour lui . Ciceron
pour réplique , lui montre fon nom écrit
fur le tableau.
Mecene fe récrie : ...
Dieux quelle trahison
S'il eft vrai que Céfar ait voulu vous proferire ,
Sur ce même tableau je vais me faire inferire.
Adieu : fi je ne puis vous fauver de fes coups ,
Vous me verrez combattre & mourir avec vous.
Octave paroît. Ciceron veut lui faire
189 MERCURE DE FRANCE.
de nouveaux reproches ; mais Octave lui
répond qu'il n'eft pas venu pour fe faire
juger , & qu'il lui demande Tullie pour
la derniere fois. Ciceron lui réplique que
c'eft moins fon amour que fa politique qui
lui fait fouhaiter la main de fa fille , &
qu'il veut par ce noeud les affocier à fes
fureurs. Octave offenfé , lui repart :
Ingrat , fi tu jouis de la clarté du jour ,
Apprens que tu ne dois ce bien qu'à mon amour .
Vois ton nom.
Ciceron lui dit avec un phlegme vraiment
Romain :
Je l'ai vû . Céfar , je t'en rends graces.
Octave alors fe dévoile tout entier , &
lui reproche qu'il protége Clodomir , &
qu'il veut l'unir à Tullie. Ciceron ne s'en
défend pas , & Céfar tranfporté de colere ,
fort en lui déclarant qu'il l'abandonne à
fon inimitié. Ciceron refté feul , dit qu'il
la préfere à une pitié qui deshonore celui
qu'elle épargne , & celui qui l'invoque. Il
eft inquiet fur le fort de fa fille & fur celui
de Sextus , mais il eft raffuré par leur
préfence ; il leur apprend qu'il eft profcrit.
Tous deux le conjurent de partir &
de profiter du moment qu'Octave lui laiſſe ;
FEVRIER. 1755.. 159
mais il s'obſtine à mourir . Philippe vient
avertir Sextus que fes amis font déja loin
des portes , & preffe Tullie de fuivre les
pas du fils de Pompée , en l'affurant qu'elle
n'a rien à craindre pour Ciceron , qu'il eft
chargé de veiller für fes jours , & qu'il va
le conduire à Tufculum. Ciceron quitte
Sextus & Tullie , en leur difant :
i
Adieu , triftes témoins de més voeux fuperflus.
Palais infortuné , je ne vous verrai plus.
Octave qui vient d'apprendre que le faux
Clodomir eft Sextus , fait éclater toute fa
colere , & jure d'immoler le fils de Pompée
, & Tullie même. Mecene entre tout
éploré. Octave effrayé , lui demande quel
eft le fujet de fa douleur. Mecene lui répond
, les yeux baignés de larmes :
Ingrat ! qu'avez-vous fait ?
Hélas ! hier encore il exiſtoit un homme
Qui fit par fes vertus les délices de Rome ;
Mémorable à jamais par fes talens divers ,
Dont le génie heureux éclairoit l'univers.
Il n'eft plus .... fon falut vous eût couvert de
gloire ,
Et de vos cruautés , effacé la mémoire.
Qu'ai -je beſoin encor de vous dire fon nom ?
Ahlaillez-moi vous fuir , & pleurer Ciceron.
190 MERCURE DE FRANCE.
Octave témoigne fa furprife , & rejette
ce crime fur Antoine. Mecene continue
ainfi :
L'intrepide Orateur a vu fans s'ébranler ,
Lever fur lui lebras qui l'alloit immoler :
C'eſt toi , Lena , dit-il ; que rien ne te retienne ;
J'ai défendu ta vie , atrache-moi la mienne.
Je ne me repens point d'avoir ſauvé tes jours ,
Puifque des miens , c'est toi qui dois trancher le
cours.
que
A ces mots , Ciceron lui préfente la tête ,
En s'écriant , Lena , frappe , la voilà prête.
Lena , tandis Pair retentiffoit de cris ,
L'abbat , court chez Fulvie en demander le prix.
Un objet fi touchant , loin d'attendrir ſon ame ,
N'a fait que redoubler le courroux qui l'enflam
me :
Les yeux étincelans de rage & de fureur ,
Elle embraffe Lena fans honte & fans pudeur ,
Saifit avec tranſport cette tête divine ,
Qui femble avec les Dieux difputer d'origine ,
En arrache . ... Epargnez à ma vive douleur
La fuite d'un récit qui vous feroit horreur.
Nous ne l'entendrons plus , du feu de fon génie ,
Répandre dans nos coeurs le charme & l'harmonie
:
Fulvie a déchiré de fes indignes mains
Cet objet précieux , l'oracle des humains.
Ce récit m'a paru trop beau pour en rien
FEVRIER. 1755. 191
retrancher. L'acteur * qui a joué le rolle de
Mecene , en a fenti tout le pathétique , &
l'a très-bien rendu. Tullie qui n'eft pas encore
inftruite de la mort de fon pere , vient
implorer pour lui la puiffance d'Octave ;
elle paroît un peu defcendre de fon caractere
, elle s'humilie même au point d'offrir ſa
main à Céfar, pourvû qu'elle foit le prix des
jours de Ciceron . Comme Octave ne peut
cacher fon embarras , & qu'il veut fortir ,
Tullie l'arrête ; & tournant fes regards
vers la tribune , elle s'écrie avec terreur :
Plus je l'ofe obferver , plus ma frayeur augmente.
Mecene ! la Tribune ... elle eſt toute fanglante.
Ce voile encor fumant cache quelque forfait.
N'importe , je veux voir. Dieux ! quel affreux
objet !
La tête de mon pere ! .. Ah! monftre impitoyable ,
A quels yeux offres- tu ce fpectacle effroyable ?
Elle fe tue , & tombe en expirant auprès
d'une tête fi chere.
Je n'ai point vû au théatre de dénoument
plus frappant ; je ne me laffe point
de le répéter . Ce tableau rendu par l'action
admirable de Mlle Clairon , infpire la terreur
la plus forte , & la pitié la plus tendre
. Ces deux fentimens réunis enfemble .
font la perfection du genre. La beauté du
M. de Bellecour
192 MERCURE DE FRANCE.
cinquiéme acte répond à celle du premier
& la catastrophe remplit tout ce que l'expofition
a promis ; elle a toute la force
Angloife , fans en avoir la licence. Pour
en convaincre le lecteur , je veux lui comparer
le dénouement de Philoclée , dont je
vais donner le programme , d'après l'extrait
inferé dans le Journal Etranger du
mois de Janvier.
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Résumé : COMEDIE FRANÇOISE.
Le texte critique la dixième représentation de la tragédie 'Le Triumvirat, ou la mort de Cicéron' par les Comédiens Français, qui a connu un succès mérité. La pièce, disponible chez Hochereau, raconte l'histoire de Tullie, fille de Cicéron, qui cherche à protéger son père des persécutions du Triumvirat. Tullie exprime son désespoir face aux horreurs de cette période et reproche à César et Pompée leurs actions. Elle révèle également la menace que représente Octave. Sextus, déguisé en Clodomir, propose une retraite à Tullie, mais elle refuse. Lepide suggère à Cicéron de s'exiler, mais Tullie l'encourage à rester et à affronter ses ennemis. Octave, accompagné de Mécène, tente de gagner la faveur de Cicéron en lui offrant de l'adopter et de protéger Tullie, mais ils rejettent ces propositions avec fierté. Sextus, reconnu comme le fils de Pompée, presse Cicéron de fuir. La pièce se poursuit avec des confrontations entre les personnages, chacun défendant ses valeurs et loyautés. Cicéron refuse de quitter Rome et exprime son désir de mourir en héros. Octave, jaloux de Sextus, menace de le punir, mais finit par lui accorder la vie. Philippe, un affranchi, révèle un complot contre Cicéron, et Sextus décide de le protéger. Tullie et Sextus se préparent à trouver Cicéron pour le sauver des dangers qui le menacent. La pièce se poursuit avec une confrontation dramatique entre Octave, Cicéron et d'autres personnages. Octave demande la main de Tullie, mais Cicéron refuse, accusant Octave de motivations politiques. Octave, offensé, rappelle à Cicéron qu'il lui doit la vie. Cicéron, imperturbable, avoue protéger Clodomir et vouloir l'unir à Tullie. Octave, furieux, déclare abandonner Cicéron à son inimitié. Cicéron, inquiet pour ses enfants, apprend qu'il est proscrit mais refuse de partir. Philippe avertit Sextus et Tullie de partir, assurant qu'il veillera sur Cicéron. Cicéron dit adieu à ses enfants et quitte le palais. Octave, apprenant que Sextus est le faux Clodomir, jure de les immoler. Mécène révèle à Octave la mort de Cicéron, tué par Lena sur ordre de Fulvie. Tullie, découvrant la tête de son père, meurt de chagrin. La pièce se conclut par un dénouement tragique, soulignant la terreur et la pitié inspirées par la mort de Cicéron.
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55
p. 159-160
COMEDIE FRANÇOISE,
Début :
Les Comédiens François ont donné le 7 de ce mois le Tartuffe & les Folies [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE,
COMEDIE FRANÇOISE.
L
Es Comédiens François ont donné le
de ce mois le Tartuffe & les Folies
amoureufes. Mme Novere , femme de M.
Novere , fi connu par le Ballet Chinois &
par celui de la Fontaine de Jouvence , a
débuté dans ces deux pièces , où elle joue
le rôle de la Soubrette. Le public lui a
fait un accueil favorable. Elle a repréſenté
fucceffivement Cléantis dans Démocrite ,
& Finettte dans le Philoſophe marié.
Le 8 , les mêmes Comédiens ont remis.
avec fuccès, Venceslas , tragédie de Rotrou..
160 MERCURE DE FRANCE.
Elle eft poftérieure au Cid , qui a été joué
en 1636. Venceflas n'a paru qu'en 1648 .
On voit par là que Rotrou , loin d'avoir
fervi de modele à Corneille , s'eft perfectionné
d'après lui . Cette piéce a de grandes
beautés. Le premier acte , le quatriéme
& le cinquiéme ne feroient pas indignes de
l'auteur de Cinna. Ladiflas eft un caractere
vraiment théatral ; il a ce mêlange de
vertus & de vices qui intéreffe fur la
fcene. Si ce Prince commet des crimes , le
feu de l'âge , & l'impétuofité d'une paffion
contredite , l'y forcent malgré lui ; le péril
même où ils le jettent , excitent en fa faveur
d'autant plus la pitié , qu'il ne tue fon
frere que par une méprife. Dans l'obfcurité
, il l'a pris pour Fédéric qu'il croyoit
fon rival. Venceflas qui lui pardonne
après l'avoir condamné , eft tout à la fois le
modele des peres & des monarques. Obligé
par fa juftice à punir Ladiflas , comme Roi
il prend l'héroïque parti de lui céder la
couronne , & de l'abfoudre alors comme
pere. Ce noble procédé forme un dénoument
d'autant plus heureux qu'il eft inattendu
, & qu'il eft en même tems dans la
nature. François de Roxas , auteur Efpagnol
, avoit traité , avant Rotrou , le même
fujet fous un titre moral qui l'annonce :
On ne peut être ✔ Roi.
L
Es Comédiens François ont donné le
de ce mois le Tartuffe & les Folies
amoureufes. Mme Novere , femme de M.
Novere , fi connu par le Ballet Chinois &
par celui de la Fontaine de Jouvence , a
débuté dans ces deux pièces , où elle joue
le rôle de la Soubrette. Le public lui a
fait un accueil favorable. Elle a repréſenté
fucceffivement Cléantis dans Démocrite ,
& Finettte dans le Philoſophe marié.
Le 8 , les mêmes Comédiens ont remis.
avec fuccès, Venceslas , tragédie de Rotrou..
160 MERCURE DE FRANCE.
Elle eft poftérieure au Cid , qui a été joué
en 1636. Venceflas n'a paru qu'en 1648 .
On voit par là que Rotrou , loin d'avoir
fervi de modele à Corneille , s'eft perfectionné
d'après lui . Cette piéce a de grandes
beautés. Le premier acte , le quatriéme
& le cinquiéme ne feroient pas indignes de
l'auteur de Cinna. Ladiflas eft un caractere
vraiment théatral ; il a ce mêlange de
vertus & de vices qui intéreffe fur la
fcene. Si ce Prince commet des crimes , le
feu de l'âge , & l'impétuofité d'une paffion
contredite , l'y forcent malgré lui ; le péril
même où ils le jettent , excitent en fa faveur
d'autant plus la pitié , qu'il ne tue fon
frere que par une méprife. Dans l'obfcurité
, il l'a pris pour Fédéric qu'il croyoit
fon rival. Venceflas qui lui pardonne
après l'avoir condamné , eft tout à la fois le
modele des peres & des monarques. Obligé
par fa juftice à punir Ladiflas , comme Roi
il prend l'héroïque parti de lui céder la
couronne , & de l'abfoudre alors comme
pere. Ce noble procédé forme un dénoument
d'autant plus heureux qu'il eft inattendu
, & qu'il eft en même tems dans la
nature. François de Roxas , auteur Efpagnol
, avoit traité , avant Rotrou , le même
fujet fous un titre moral qui l'annonce :
On ne peut être ✔ Roi.
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Résumé : COMEDIE FRANÇOISE,
En décembre, les Comédiens Français ont présenté plusieurs pièces. Le 20 décembre, ils ont joué 'Le Tartuffe' et 'Les Folies amoureuses', avec Mme Novere dans le rôle de la soubrette, puis dans 'Démocrite' et 'Le Philosophe marié'. Le 8 décembre, ils ont repris 'Venceslas', une tragédie de Jean de Rotrou écrite en 1648, après 'Le Cid' de Corneille. Rotrou s'est inspiré de Corneille pour perfectionner sa pièce. 'Venceslas' est acclamée pour ses qualités, notamment les actes premier, quatrième et cinquième, comparables à celles de 'Cinna' de Corneille. Ladislas, personnage théâtral, mêle vertus et vices, poussé par la passion et l'erreur à commettre des crimes. Venceslas incarne le modèle des pères et des monarques en pardonnant et en abdiquant en faveur de Ladislas. Le sujet de 'Venceslas' avait déjà été traité par l'auteur espagnol François de Roxas sous le titre 'On ne peut être Roi'.
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56
p. 177-178
COMEDIE FRANÇOISE.
Début :
Le premier Mars les Comédiens François ont donné la premiere représentation [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE.
COMEDIE FRANÇOISE.
E premier Mars les Comédiens Fran
çois ont donné la premiere repréfentation
de Philoctete , tragédie de M. de
Châteaubrun , auteur des Troyennes . On
n'a point vû depuis long- tems de piéce
mieux jouée , ni de fuccès plus unanime
& mieux mérité ; il eft d'autant plus glorieux
pour l'auteur , qu'on peut appeller
fa tragédie la difficulté vaincue. Pour nous
intéreffer avec un fujet fi fimple & fi
étranger à nos moeurs , il falloit créer ; c'é-
Hy
•
178 MERCURE DE FRANCE.
toit le comble de l'art ; M. de Châteaubrun
y eft parvenu fans s'écarter de Sophacle.
Son triomphe eft celui des anciens ;
en les embellifant il ne les a point déguifés
, il les a rendus dans cette beauté
fimple qui les caractériſe , & qui ne perd
jamais fes droits fur les coeurs : elle eft intéreffante
dans tous les tems , & même
dans les lieux où la mode a le plus d'autorité
Philoctete en eft la preuve ; dès
qu'il a paru , il a réuni tous les fuffrages.
Ce qu'il y a de plus eftimable dans
M. de Châteaubrun , les maximes qu'il
met dans la bouche de fes héros font toujours
dictées par la vertu , & les fentimens
qui regnent dans fa piéce font puifés dans
l'humanité , dont on peut dire fans flaterie
qu'il eft le poëte.
Le 15 , les Comédiens ont fermé leur
fpectacle par la feptiéme repréſentation de
cette tragédie , avec un grand concours ;
nous en parlerons plus au long à fa reprife
. Nous ofons avancer , d'après le fentiment
général , qu'elle est faite pour ouvrir
non feulement le théatre avec gloire ,
mais pour y refter avec diftinction .
M. de Bellecourt a fait le compliment
au gré du public.
E premier Mars les Comédiens Fran
çois ont donné la premiere repréfentation
de Philoctete , tragédie de M. de
Châteaubrun , auteur des Troyennes . On
n'a point vû depuis long- tems de piéce
mieux jouée , ni de fuccès plus unanime
& mieux mérité ; il eft d'autant plus glorieux
pour l'auteur , qu'on peut appeller
fa tragédie la difficulté vaincue. Pour nous
intéreffer avec un fujet fi fimple & fi
étranger à nos moeurs , il falloit créer ; c'é-
Hy
•
178 MERCURE DE FRANCE.
toit le comble de l'art ; M. de Châteaubrun
y eft parvenu fans s'écarter de Sophacle.
Son triomphe eft celui des anciens ;
en les embellifant il ne les a point déguifés
, il les a rendus dans cette beauté
fimple qui les caractériſe , & qui ne perd
jamais fes droits fur les coeurs : elle eft intéreffante
dans tous les tems , & même
dans les lieux où la mode a le plus d'autorité
Philoctete en eft la preuve ; dès
qu'il a paru , il a réuni tous les fuffrages.
Ce qu'il y a de plus eftimable dans
M. de Châteaubrun , les maximes qu'il
met dans la bouche de fes héros font toujours
dictées par la vertu , & les fentimens
qui regnent dans fa piéce font puifés dans
l'humanité , dont on peut dire fans flaterie
qu'il eft le poëte.
Le 15 , les Comédiens ont fermé leur
fpectacle par la feptiéme repréſentation de
cette tragédie , avec un grand concours ;
nous en parlerons plus au long à fa reprife
. Nous ofons avancer , d'après le fentiment
général , qu'elle est faite pour ouvrir
non feulement le théatre avec gloire ,
mais pour y refter avec diftinction .
M. de Bellecourt a fait le compliment
au gré du public.
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Résumé : COMEDIE FRANÇOISE.
Le 1er mars, les Comédiens Français ont présenté la tragédie 'Philoctète' de M. de Châteaubrun, auteur des 'Troyennes'. La pièce a été acclamée pour sa qualité de jeu et son succès unanime, malgré la difficulté du sujet. 'Philoctète' traite d'un thème simple et étranger aux mœurs contemporaines, nécessitant une création artistique exceptionnelle. M. de Châteaubrun a su embellir les anciens sans les dénaturer, conservant leur beauté simple et intemporelle. La pièce a immédiatement remporté l'adhésion du public. Les maximes et sentiments exprimés par les héros sont dictés par la vertu et l'humanité, faisant de M. de Châteaubrun un poète remarquable. Le 15 mars, la tragédie a été jouée pour la septième fois avec un grand succès et est considérée comme digne d'ouvrir et de rester au répertoire. M. de Bellecourt a reçu les compliments du public pour sa performance.
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57
p. 177-178
COMEDIE FRANÇOISE.
Début :
Les Comédiens François ont ouvert leur théatre le 8 de ce mois par [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Tragédie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE.
COMEDIE FRANÇOISE.
LES
Es Comédiens François ont ouvert
leur théatre le 8 de ce mois par
Athalie . Cette Tragédie a été précédée ,
felon l'uſage , d'un compliment prononcé
par M. de Bellecourt , & applaudi par
le Parterre , fuivant la coutume,
Le 10 , ils ont donné la huitieme repréſentation
de Philoctete ; & le 19 , ils
L'ont joué pour la douzieme & derniere
fois. Le public l'a reçu avec toute la
chaleur & les applaudiffemens du premier
jour. Voici des vers de M. Tannevot
fur cette Tragédie .
Difparoiffez Romans , fléau de Melpomene ,
Qui depuis fi long- tems defigurez la ſcène ;
Le Cothurne français par vous dépayſé ,
A retrouvé la fource où Sophocle a puiſé.
Queljeu des paffions ! quelles moeurs héroïques !
Quels nobles fentimens que de traits pathétitiques
!
Hv
178 MERCURE DE FRANCE .
Quel refpect pour les Dieux ! & quelle vérité
A de fages crayons fournit l'antiquité !
Zele , force , courage , amour de la patrie ,
Celeftes alimens dont notre ame eft nourrie ,
Germent dans un fujet fimple , & toujours fé
cond ,
Plein de grands mouvemens , pour un efprit pro♣
fond.
Les incidens nombreux découvrent l'indigence
L'action ifolée indique l'abondance.
Philoctete obftiné dans fes reffentimens ,
Suffit pour enlever nos applaudiffemens.
La clémence toujours oppoſée à la haine ,
La combat conftamment , en triomphe & l'en
chaîne.
Dans le jeune Pyrrhus l'amour cede au devoirs
L'éloquente raiſon fignale fon pouvoir.
Combien aux voeux des Grecs devient - elle propice
!
Il falloit Chateaubrun pour bien nous peindre
Ulyffe.
Auteur judicieux , il te falloit far-tour
Pour guider le génie , & ramener le goû
LES
Es Comédiens François ont ouvert
leur théatre le 8 de ce mois par
Athalie . Cette Tragédie a été précédée ,
felon l'uſage , d'un compliment prononcé
par M. de Bellecourt , & applaudi par
le Parterre , fuivant la coutume,
Le 10 , ils ont donné la huitieme repréſentation
de Philoctete ; & le 19 , ils
L'ont joué pour la douzieme & derniere
fois. Le public l'a reçu avec toute la
chaleur & les applaudiffemens du premier
jour. Voici des vers de M. Tannevot
fur cette Tragédie .
Difparoiffez Romans , fléau de Melpomene ,
Qui depuis fi long- tems defigurez la ſcène ;
Le Cothurne français par vous dépayſé ,
A retrouvé la fource où Sophocle a puiſé.
Queljeu des paffions ! quelles moeurs héroïques !
Quels nobles fentimens que de traits pathétitiques
!
Hv
178 MERCURE DE FRANCE .
Quel refpect pour les Dieux ! & quelle vérité
A de fages crayons fournit l'antiquité !
Zele , force , courage , amour de la patrie ,
Celeftes alimens dont notre ame eft nourrie ,
Germent dans un fujet fimple , & toujours fé
cond ,
Plein de grands mouvemens , pour un efprit pro♣
fond.
Les incidens nombreux découvrent l'indigence
L'action ifolée indique l'abondance.
Philoctete obftiné dans fes reffentimens ,
Suffit pour enlever nos applaudiffemens.
La clémence toujours oppoſée à la haine ,
La combat conftamment , en triomphe & l'en
chaîne.
Dans le jeune Pyrrhus l'amour cede au devoirs
L'éloquente raiſon fignale fon pouvoir.
Combien aux voeux des Grecs devient - elle propice
!
Il falloit Chateaubrun pour bien nous peindre
Ulyffe.
Auteur judicieux , il te falloit far-tour
Pour guider le génie , & ramener le goû
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Résumé : COMEDIE FRANÇOISE.
Les comédiens français ont inauguré leur théâtre le 8 du mois avec la tragédie 'Athalie', précédée d'un compliment de M. de Bellecourt, acclamé par le public. Le 10, ils ont présenté la huitième représentation de 'Philoctète', et le 19, ils l'ont jouée pour la douzième et dernière fois. La pièce a été accueillie avec enthousiasme et applaudissements constants. M. Tannevot a écrit des vers élogieux sur 'Philoctète', soulignant la force et l'authenticité des passions et des mœurs héroïques présentées. Il critique les Romains pour avoir défiguré la scène et loue le retour du cothurne français à la source de Sophocle. Les personnages de la pièce, notamment Philoctète et Pyrrhus, sont loués pour leurs nobles sentiments et leur respect des dieux. L'action est décrite comme riche en incidents et en profondeur, avec une opposition constante entre clémence et haine. L'éloquence et la raison triomphent dans le personnage d'Ulysse, interprété par Chateaubrun.
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58
p. 193-194
COMEDIE FRANÇOISE.
Début :
Le 7 Juin les Comédiens François donnerent Britannicus. Le sieur Rosimont [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français
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texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE.
COMEDIE FRANÇOISE.
L
E7 Juin les Comédiens François
donnerent Britannicus . Le fieur Rofimont
, qui avoit déja débuté l'année paffée
, y joua le rôle de Burrhus. Le 14 , il
repréſenta Agamemnon dans Iphigenie , &
le 19 Dom Diegue , dans le Cid. Il a un
pathétique qui peut toucher en province
mais qui n'a pas eu le même bonheur à
Paris .
la
>
Le 23 un nouveau Roi parut fur la
ſcène : c'eſt le fieur Dumenil qui étoit de
troupe de Compiegne. Il a débuté pour
la premiere & derniere fois par le rôle de
Palamede dans Electre. Pour me renfermer
dans le bien qu'on en peut dire , il a une
très belle voix.
On annonce encore pour Samedi prochain
28 , un troifieme Acteur qui doit
jouer Mitridate. Je fouhaite pour le bien
du théâtre françois que fon regne foit plus
long.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le Jeudi 26 on donna la premiere repréfentation
de Zelide , Comédie en un
acte , en vers avec un divertiſſement . Elle
fut précédée de Manlius , Tragédie de
la Foffe . M. Renout eft l'auteur de cette
petite Féérie qui a été très- bien reçue du
public , & qui annonce du talent.
L
E7 Juin les Comédiens François
donnerent Britannicus . Le fieur Rofimont
, qui avoit déja débuté l'année paffée
, y joua le rôle de Burrhus. Le 14 , il
repréſenta Agamemnon dans Iphigenie , &
le 19 Dom Diegue , dans le Cid. Il a un
pathétique qui peut toucher en province
mais qui n'a pas eu le même bonheur à
Paris .
la
>
Le 23 un nouveau Roi parut fur la
ſcène : c'eſt le fieur Dumenil qui étoit de
troupe de Compiegne. Il a débuté pour
la premiere & derniere fois par le rôle de
Palamede dans Electre. Pour me renfermer
dans le bien qu'on en peut dire , il a une
très belle voix.
On annonce encore pour Samedi prochain
28 , un troifieme Acteur qui doit
jouer Mitridate. Je fouhaite pour le bien
du théâtre françois que fon regne foit plus
long.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le Jeudi 26 on donna la premiere repréfentation
de Zelide , Comédie en un
acte , en vers avec un divertiſſement . Elle
fut précédée de Manlius , Tragédie de
la Foffe . M. Renout eft l'auteur de cette
petite Féérie qui a été très- bien reçue du
public , & qui annonce du talent.
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Résumé : COMEDIE FRANÇOISE.
En juin, la Comédie Française a présenté plusieurs pièces. Le 7 juin, les comédiens français jouèrent 'Britannicus', avec le sieur Rofimont dans le rôle de Burrhus. Le 14 juin, il interpréta Agamemnon dans 'Iphigénie', et le 19 juin, il joua Dom Diegue dans 'Le Cid'. Son jeu, bien que touchant en province, n'eut pas le même succès à Paris. Le 23 juin, le sieur Dumenil, de la troupe de Compiègne, débuta dans le rôle de Palamède dans 'Électre' et fut salué pour sa belle voix. Un autre acteur est annoncé pour jouer 'Mithridate' le 28 juin. Le 26 juin, la première représentation de 'Zélide', une comédie en un acte et en vers avec un divertissement, fut donnée. Elle fut précédée de 'Manlius', une tragédie de La Fosse. L'auteur, M. Renout, reçut un accueil favorable du public, indiquant un certain talent.
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59
p. 223-225
COMEDIE FRANÇOISE.
Début :
Le 23 Juillet, les Comédiens François remirent pour la premiere fois Marius [...]
Mots clefs :
Comédie-Française, Comédiens-Français, Tragédie, Rôle, Actrice
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texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE.
COMEDIE FRANÇOISE.
E 23 Juillet , les Comédiens François
remirent pour la premiere fois Marius
, Tragédie de M. de Caux. Cette piece
n'avoit point été jouée depuis fa nouveauté
en 1716. Elle a de grandes beautés.
J'oferois prefque dire que le rôle du vieux
Marius eft frappé au coin du grand Corneille
. Celui d'Arisbe a été rendu fupérieurement
par Mlle Clairon , qui embellit
tout ce quelle joue.
Le Dimanche 27 du même mois , la
nouvelle Actrice , Mlle Mezieres , a repréfenté
Camille dans les Horaces , avec
l'approbation générale , qui dit plus aujourd'hui
que l'applaudiffement du Parterre.
L'applaudiffement eft fouvent acheté
, au lieu que l'approbation est toujours
libre , & ne s'accorde qu'au talent par le
public connoiffeur , qui feul l'apprécie.
Ses arrêts font moins bruians, mais ils font
les feuls qui décident . Le fuccès & le mé-
Kiiij
224 MERCURE DE FRANCE.
rite théatral de Mlle Mezieres ne font donc
plus douteux. Ce troifiéme rôle a convaincu
les plus incrédules. Elle l'a joué
avec autant d'ame que d'intelligence , &
s'eft furpaffée dans l'imprécation du quatriéme
acte. C'eft dans les grands morceaux
qu'un Acteur fe développe. Quoiqu'on
en dife , ils ne fervent que le vrai
talent , ils font toujours l'écueil de la médiocrité.
L'Actrice nouvelle n'eſt point
bornée au férieux , elle n'a pas moins réuffi
dans le comique. Elle le rend avec d'autant
plus d'efprit , qu'elle ne copie perfonne
, & qu'elle exprime également bien
les caracteres oppofés. Elle a joué l'Amoureuse
dans le Florentin , avec une fineffe
qui eft à elle ; & Lucinde dans l'Oracle
, avec une naïveté fpirituelle , qui
n'eft pas montrée ; il ne lui manque que
l'ufage & le ton du théatre de Paris.
Le fieur Raucourt qui a été reçu pour
un an à l'effai , a repréſenté le vieil Horace
d'une maniere à mériter de plus en
plus l'encouragement du public.
Le 20 Août, les mêmes Comédiens ont
donné la premiere repréſentation de l'Orphelin
de la Chine , Tragédie nouvelle de
M. de Voltaire .
Toute la France y étoit , & le plus grand
nombre l'a applaudie. Ceux qui la jugent
SEPTEMBRE . 1755. 225
avec le plus de rigueur , font forcés de convenir
que les détails en font admirables.
Si la gloire de ce Poëte célébre pouvoit
croître , elle feroit comblée par ce nouveau
triomphe. Il eft vrai que Mlle Clairon doit
le partager ; on peut dire que le talent de
l'Actrice difpute de force avec le génie dé
l'Auteur. M. de Voltaire eft né ponr faire
de beaux vers , & Mlle Clairon eft faite
pour les dire. Heureufement pour la piéce
elle y joue le meilleur rôle. Je ne crois pas
que l'onpuiffe mettre au théatre un caractere
plus intéreffant que celui d'Idamé qu'elle
repréfente. Son héroïfime eft dans la nature,
Celui de fon mari fort de l'humanité.
Il eſt le modele des fujets , mais il en remplit
les devoirs aux dépens de ceux de pere
& d'époux . Il veut facrifier fon fils dans
le berceau , malgré les cris du fang , & il
exhorte fa femme à vivre pour regner avec
le tyran dont elle eft aimée. Idamé au contraire,
mere auffi tendre qu'époufe parfaite,
défend les jours de fon fils au péril des fiens ,
& propofe à fon mari un parti plus noble
& plus convénable , c'eft de mourir tous
deux d'une mort libre par le fecours d'un
poignard qu'elle lui préfente. Nous aurons
le tems de parler plus au long de cette Tragédie
, dont vraisemblablement la réuffite
ne fera point paffagere.
E 23 Juillet , les Comédiens François
remirent pour la premiere fois Marius
, Tragédie de M. de Caux. Cette piece
n'avoit point été jouée depuis fa nouveauté
en 1716. Elle a de grandes beautés.
J'oferois prefque dire que le rôle du vieux
Marius eft frappé au coin du grand Corneille
. Celui d'Arisbe a été rendu fupérieurement
par Mlle Clairon , qui embellit
tout ce quelle joue.
Le Dimanche 27 du même mois , la
nouvelle Actrice , Mlle Mezieres , a repréfenté
Camille dans les Horaces , avec
l'approbation générale , qui dit plus aujourd'hui
que l'applaudiffement du Parterre.
L'applaudiffement eft fouvent acheté
, au lieu que l'approbation est toujours
libre , & ne s'accorde qu'au talent par le
public connoiffeur , qui feul l'apprécie.
Ses arrêts font moins bruians, mais ils font
les feuls qui décident . Le fuccès & le mé-
Kiiij
224 MERCURE DE FRANCE.
rite théatral de Mlle Mezieres ne font donc
plus douteux. Ce troifiéme rôle a convaincu
les plus incrédules. Elle l'a joué
avec autant d'ame que d'intelligence , &
s'eft furpaffée dans l'imprécation du quatriéme
acte. C'eft dans les grands morceaux
qu'un Acteur fe développe. Quoiqu'on
en dife , ils ne fervent que le vrai
talent , ils font toujours l'écueil de la médiocrité.
L'Actrice nouvelle n'eſt point
bornée au férieux , elle n'a pas moins réuffi
dans le comique. Elle le rend avec d'autant
plus d'efprit , qu'elle ne copie perfonne
, & qu'elle exprime également bien
les caracteres oppofés. Elle a joué l'Amoureuse
dans le Florentin , avec une fineffe
qui eft à elle ; & Lucinde dans l'Oracle
, avec une naïveté fpirituelle , qui
n'eft pas montrée ; il ne lui manque que
l'ufage & le ton du théatre de Paris.
Le fieur Raucourt qui a été reçu pour
un an à l'effai , a repréſenté le vieil Horace
d'une maniere à mériter de plus en
plus l'encouragement du public.
Le 20 Août, les mêmes Comédiens ont
donné la premiere repréſentation de l'Orphelin
de la Chine , Tragédie nouvelle de
M. de Voltaire .
Toute la France y étoit , & le plus grand
nombre l'a applaudie. Ceux qui la jugent
SEPTEMBRE . 1755. 225
avec le plus de rigueur , font forcés de convenir
que les détails en font admirables.
Si la gloire de ce Poëte célébre pouvoit
croître , elle feroit comblée par ce nouveau
triomphe. Il eft vrai que Mlle Clairon doit
le partager ; on peut dire que le talent de
l'Actrice difpute de force avec le génie dé
l'Auteur. M. de Voltaire eft né ponr faire
de beaux vers , & Mlle Clairon eft faite
pour les dire. Heureufement pour la piéce
elle y joue le meilleur rôle. Je ne crois pas
que l'onpuiffe mettre au théatre un caractere
plus intéreffant que celui d'Idamé qu'elle
repréfente. Son héroïfime eft dans la nature,
Celui de fon mari fort de l'humanité.
Il eſt le modele des fujets , mais il en remplit
les devoirs aux dépens de ceux de pere
& d'époux . Il veut facrifier fon fils dans
le berceau , malgré les cris du fang , & il
exhorte fa femme à vivre pour regner avec
le tyran dont elle eft aimée. Idamé au contraire,
mere auffi tendre qu'époufe parfaite,
défend les jours de fon fils au péril des fiens ,
& propofe à fon mari un parti plus noble
& plus convénable , c'eft de mourir tous
deux d'une mort libre par le fecours d'un
poignard qu'elle lui préfente. Nous aurons
le tems de parler plus au long de cette Tragédie
, dont vraisemblablement la réuffite
ne fera point paffagere.
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Résumé : COMEDIE FRANÇOISE.
En juillet 1755, les Comédiens Français reprirent la tragédie 'Marius' de M. de Caux, absente des scènes depuis 1716. Le rôle du vieux Marius fut comparé aux œuvres de Corneille. Mlle Clairon interpréta Arisbe avec maestria. Le 27 juillet, Mlle Mézières joua Camille dans 'Les Horaces' et reçut une approbation générale, démontrant ainsi son talent, tant dans les rôles tragiques que comiques, comme l'Amoureuse dans 'Le Florentin' et Lucinde dans 'L'Oracle'. Le sieur Raucourt, nouvellement engagé, interpréta le vieil Horace avec succès. Le 20 août, les Comédiens Français présentèrent 'L'Orphelin de la Chine' de Voltaire, acclamée par le public et les critiques. Mlle Clairon incarna Idamé, un personnage héroïque et touchant, et la tragédie fut saluée pour ses détails admirables et le talent de ses interprètes.
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60
p. 217
COMEDIE FRANÇOISE.
Début :
Les Comédiens François ont continué avec la même affluence & le même succès [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE.
COMEDIE FRANÇOISE.
ES Comédiens François ont continué
cès les repréſentations de l'Orphelin de la
Chine , jufqu'à la neuviéme qui a été interrompue
par la maladie du Sr. Le Kain . La
piece ne fera redonnée qu'au retour du
voyage de Fontainebleau . Loin de fouffrir
de cette éclipfe , nous fommes perfuadés
qu'elle y gagnera par l'impatience que
le public aura de la revoir , & qu'elle ne
reparoîtra qu'avec plus d'éclat.
ES Comédiens François ont continué
cès les repréſentations de l'Orphelin de la
Chine , jufqu'à la neuviéme qui a été interrompue
par la maladie du Sr. Le Kain . La
piece ne fera redonnée qu'au retour du
voyage de Fontainebleau . Loin de fouffrir
de cette éclipfe , nous fommes perfuadés
qu'elle y gagnera par l'impatience que
le public aura de la revoir , & qu'elle ne
reparoîtra qu'avec plus d'éclat.
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61
p. 217
COMEDIE FRANÇOISE.
Début :
Les Comédiens François ont repris Nanine, Comédie en trois Actes de [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Voltaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE.
COMEDIE FRANÇOISE.
Es Comédiens François ont repris
Lanine , Comédie en trois Actes de
M. de Voltaire , qui eft auffi applaudie
qu'elle eft bien jouée. Ils ont remis fucceffivement
au Théâtre la Coupe Enchantée ;
petite piece dont la premiere moitié eft des
plus faillantes , & qui n'avoit pas été jouée
depuis plus de vingt ans. Mlle Beaumenard
y eft charmante dans le rôle du jeune homme.
Les mêmes Comédiens fe préparent à
donner inceffamment Aftianax , Tragédie
nouvelle de M. de Châteaubrun . Les voyages
de la Cour ne leur ont pas permis de
reprendre les Troyennes , ni Philoctete du
même Auteur , comme nous l'avions annoncé
d'après leur premier arrangement.
Es Comédiens François ont repris
Lanine , Comédie en trois Actes de
M. de Voltaire , qui eft auffi applaudie
qu'elle eft bien jouée. Ils ont remis fucceffivement
au Théâtre la Coupe Enchantée ;
petite piece dont la premiere moitié eft des
plus faillantes , & qui n'avoit pas été jouée
depuis plus de vingt ans. Mlle Beaumenard
y eft charmante dans le rôle du jeune homme.
Les mêmes Comédiens fe préparent à
donner inceffamment Aftianax , Tragédie
nouvelle de M. de Châteaubrun . Les voyages
de la Cour ne leur ont pas permis de
reprendre les Troyennes , ni Philoctete du
même Auteur , comme nous l'avions annoncé
d'après leur premier arrangement.
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Résumé : COMEDIE FRANÇOISE.
Les Comédiens Français ont repris 'Lanine' de Voltaire et 'La Coupe Enchantée', absente des scènes depuis plus de vingt ans. Mlle Beaumenard a été remarquée dans cette dernière pièce. Ils se préparent à jouer 'Astianax' de M. de Châteaubrun. Les voyages de la Cour ont retardé la reprise des pièces 'Les Troyennes' et 'Philoctète'.
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62
p. 155-159
SPECTACLES du ROI à Choisi.
Début :
LE Lundi 13 Décembre, les Comédiens François représenterent sur le Théâtre [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Théâtre du roi, Intermède
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SPECTACLES du ROI à Choisi.
SPECTACLES du Roi à Choifi.
LEE Lundi 13 Décembre , les ComédiensFrançois
repréfenterent fur le Théâ
tre du Roi, dans fon Château de Choifi
en préfence de Leurs Majeftés & de la
Famille Royale , Irène , Tragédie du
fieur BOISTEL , Tréforier de France à
la Généralité d'Amiens. On a vu par
l'extrait de cette Piéce dans le précédent
Mercure , qu'elle contient un rôle très-
.confidérable pour la Dle CLAIRON,,
aux rares talens de laquelle la Cour eft
auffi fenfible que la Ville.
Cette Tragédie fut fuivie du Legs ,
Comédie en un Acte en profe de M.
MARIVAUX de l'Académie Françoife
(a) . La Dlle DANGEVILLE & le
fieur PREVILLE y jouoient les rôles
,
(a) Certe Piéce fut donnée à Paris pour la pre-
-miere fois en 1736 , elle eft repriſe très-fouvent
toujours avec fuccès.
(G vi
1
156 MERCURE DE FRANCE .
dans lesquels ils font toujours un nouveau
plaifir .
Le lendemain 14 les mêmes Comédiens
repréfenterent le Complaifant
Comédie en cinq Actes en proſe , Auteur
anonyme ( b ) , & l'Epouxparfipercherie
(c) , Comédie en deux Actes ,
en vers de feu M. de Boissi , de l'Académie
Françoife.
,
Le fieur GRANDVAL retiré du
Théâtre de Paris , comme Penfionnaire
du Roi & rempliffant ce fervice à la
Cour , a joué le rôle qui donne le titre à
la premiere de ces deux Piéces. On lui a
retrouvé les mêmes talens que l'on a long
temps & conftamment applaudis en lui ,
particuliérement dans ce que nous entendons
par le haut-comique. Le fieur
BELCOUR , qui a remplacé le fieur
GRANDVAL dans fon emploi à la Comédie
, a joué avec fuccès dans la feconde
Piéce le principal rôle , qui exige
beaucoup d'art , & par lequel il a contribué
avec les autres Acteurs à rendre
cette Comédie très-agréable au Public
( b) Repréſentée pour la premiere fois à Paris
en 1732 , à la Cour en 1733 , repriſe en 1734
avec autant de fuccès que dans la nouveauté.
(c)L'Epoux par fupercherie a été donnée à Pa
ris pour la premiere fois en 1744 .
JANVIER. 1763. 157
1
Toutes les fois qu'on la repréfente à
Paris . Ce Spectacle a paru faire plaifir
à la Cour , dont le fuffrage femble auffi
confirmer le goût du Public pour les tálens
du fieur MOLÊ , qui a joué dans les
deux Piéces.
Le Mercredi 15 on fit exécuter fur le
même Théâtre par les Sujets de la Mufique
du Roi & de l'Académie Royale
deux Actes détachés d'Opéra en forme
d'intermédes. Le premier étoit Alphée
& Aréthufe ( d) , Poëme du feu lieur
DANCHET , mufique du fieur d'Au-
VERGNE . La Demoifelle ARNOULD
dont on connoît la touchante expreffion
dans la voix , dans le jeu & dans
la figure , repréfentoit Aréthufe . Le fieur
L'ARRIVÉE , dont les talens n'avoient
pas encore eu occafion d'être connus fur
les théâtres de la Cour , chantoit le rôle
d'Alphée. Le fieur GELIN , celui de
Neptune. La Demoifelle DUBOIS L.
chantoit le rôle de Vénus .
Le fecond intermédt étoit un Acte
des Fêtes de l'hymen & de l'amour ,
ballet intitulé Arueris ; Poëme du feu
(a Cet Acte fait partie des fragmens que l'on
a donné cet Eté fur le théâtre de l'Opéra , & que
l'on y continue tous les Jeudis,
158 MERCURE DE FRANCE.
fieur CAHUSAC ; Mufique du fieur RAMEAU.
Le fieur GELIOTE , Ordinaire de la
Mufique du Roi , retiré du Théâtre depuis
plufieurs années , a exécuté dans
cet interméde le rôle d'Arueris avec la
même voix & les mêmes talens qui l'ont
rendu fi célébre . La Dlle LEMIERRE ,
( époufe du fieur LARRIVÉE ) y chantoit
le rôle d'ORIE : elle s'en eft acquittée
d'une maniere à réaliſer la fiction
des rôles , par laquelle ARUERIS ,
Ordonnateur & Juge des jeux , où concourent
les talens dont il eft le maître
& le modéle couronne la jeune ·
ORIE pour le prix du chant . La Demoifelle
DUBOIS L. & le fieur BÊCHE , de
-la Mufique du Roi , repréfentoient un
Berger & une Bergère , perfonnages
acceffoires dans cet Acte .
Dans le premier interméde les pas
Teuls & les principales entrécs ont été
danfés par les fieurs LANI , LAVAL,
GARDEL , DAUBERVAL & GROSSET
, & par les Demoiselles ALLARD.,
PESLIN & DUMONCEAU. Dans le fecond
, les Demoifelles LANI , ALLARD
, PESLIN & DUMONCEAU, à la
place de la Demoiselle VESTRIS , malade.
Les fieurs VESTRIS , LANI, LA
JANVIER. 1763. 159
VAL, GARDEL , DAUBERVAL &
GROSSET.
On avoit ajouté à la fin de l'Acte d'ARUERIS
l'arriette & la belle chaconne
du fieur LE BRETON dans IPHIGENIE.
Ces deux morceaux firent la même impreffion
qu'ils font journellement fur le
Théâtre de Paris , & exciterent les plus
grands éloges , tant en faveur de l'Auteur
que de la Demoifelle LEMJERRE
qui chantoit cette Arriette , & du fieur
VESTRIS fur fa danfe dans la chaconne .
On a remarqué dans ce morceau, plusfenfiblement
que jamais , le talent fpécialement
propre à ce grand Danfeur, d'adapter,
avec une forte d'enthoufiafme poëtique
, fes pas au caractère & à l'expref
fion de la Mufique.
Sa Majefté , après le Spectacle , a eu
la bonté de déclarer publiquement la
fatisfaction qu'elle avoit eue des principaux
talens qui s'étoient diftingués en
divers genres dans l'exécution de ces
Spectacles.
LEE Lundi 13 Décembre , les ComédiensFrançois
repréfenterent fur le Théâ
tre du Roi, dans fon Château de Choifi
en préfence de Leurs Majeftés & de la
Famille Royale , Irène , Tragédie du
fieur BOISTEL , Tréforier de France à
la Généralité d'Amiens. On a vu par
l'extrait de cette Piéce dans le précédent
Mercure , qu'elle contient un rôle très-
.confidérable pour la Dle CLAIRON,,
aux rares talens de laquelle la Cour eft
auffi fenfible que la Ville.
Cette Tragédie fut fuivie du Legs ,
Comédie en un Acte en profe de M.
MARIVAUX de l'Académie Françoife
(a) . La Dlle DANGEVILLE & le
fieur PREVILLE y jouoient les rôles
,
(a) Certe Piéce fut donnée à Paris pour la pre-
-miere fois en 1736 , elle eft repriſe très-fouvent
toujours avec fuccès.
(G vi
1
156 MERCURE DE FRANCE .
dans lesquels ils font toujours un nouveau
plaifir .
Le lendemain 14 les mêmes Comédiens
repréfenterent le Complaifant
Comédie en cinq Actes en proſe , Auteur
anonyme ( b ) , & l'Epouxparfipercherie
(c) , Comédie en deux Actes ,
en vers de feu M. de Boissi , de l'Académie
Françoife.
,
Le fieur GRANDVAL retiré du
Théâtre de Paris , comme Penfionnaire
du Roi & rempliffant ce fervice à la
Cour , a joué le rôle qui donne le titre à
la premiere de ces deux Piéces. On lui a
retrouvé les mêmes talens que l'on a long
temps & conftamment applaudis en lui ,
particuliérement dans ce que nous entendons
par le haut-comique. Le fieur
BELCOUR , qui a remplacé le fieur
GRANDVAL dans fon emploi à la Comédie
, a joué avec fuccès dans la feconde
Piéce le principal rôle , qui exige
beaucoup d'art , & par lequel il a contribué
avec les autres Acteurs à rendre
cette Comédie très-agréable au Public
( b) Repréſentée pour la premiere fois à Paris
en 1732 , à la Cour en 1733 , repriſe en 1734
avec autant de fuccès que dans la nouveauté.
(c)L'Epoux par fupercherie a été donnée à Pa
ris pour la premiere fois en 1744 .
JANVIER. 1763. 157
1
Toutes les fois qu'on la repréfente à
Paris . Ce Spectacle a paru faire plaifir
à la Cour , dont le fuffrage femble auffi
confirmer le goût du Public pour les tálens
du fieur MOLÊ , qui a joué dans les
deux Piéces.
Le Mercredi 15 on fit exécuter fur le
même Théâtre par les Sujets de la Mufique
du Roi & de l'Académie Royale
deux Actes détachés d'Opéra en forme
d'intermédes. Le premier étoit Alphée
& Aréthufe ( d) , Poëme du feu lieur
DANCHET , mufique du fieur d'Au-
VERGNE . La Demoifelle ARNOULD
dont on connoît la touchante expreffion
dans la voix , dans le jeu & dans
la figure , repréfentoit Aréthufe . Le fieur
L'ARRIVÉE , dont les talens n'avoient
pas encore eu occafion d'être connus fur
les théâtres de la Cour , chantoit le rôle
d'Alphée. Le fieur GELIN , celui de
Neptune. La Demoifelle DUBOIS L.
chantoit le rôle de Vénus .
Le fecond intermédt étoit un Acte
des Fêtes de l'hymen & de l'amour ,
ballet intitulé Arueris ; Poëme du feu
(a Cet Acte fait partie des fragmens que l'on
a donné cet Eté fur le théâtre de l'Opéra , & que
l'on y continue tous les Jeudis,
158 MERCURE DE FRANCE.
fieur CAHUSAC ; Mufique du fieur RAMEAU.
Le fieur GELIOTE , Ordinaire de la
Mufique du Roi , retiré du Théâtre depuis
plufieurs années , a exécuté dans
cet interméde le rôle d'Arueris avec la
même voix & les mêmes talens qui l'ont
rendu fi célébre . La Dlle LEMIERRE ,
( époufe du fieur LARRIVÉE ) y chantoit
le rôle d'ORIE : elle s'en eft acquittée
d'une maniere à réaliſer la fiction
des rôles , par laquelle ARUERIS ,
Ordonnateur & Juge des jeux , où concourent
les talens dont il eft le maître
& le modéle couronne la jeune ·
ORIE pour le prix du chant . La Demoifelle
DUBOIS L. & le fieur BÊCHE , de
-la Mufique du Roi , repréfentoient un
Berger & une Bergère , perfonnages
acceffoires dans cet Acte .
Dans le premier interméde les pas
Teuls & les principales entrécs ont été
danfés par les fieurs LANI , LAVAL,
GARDEL , DAUBERVAL & GROSSET
, & par les Demoiselles ALLARD.,
PESLIN & DUMONCEAU. Dans le fecond
, les Demoifelles LANI , ALLARD
, PESLIN & DUMONCEAU, à la
place de la Demoiselle VESTRIS , malade.
Les fieurs VESTRIS , LANI, LA
JANVIER. 1763. 159
VAL, GARDEL , DAUBERVAL &
GROSSET.
On avoit ajouté à la fin de l'Acte d'ARUERIS
l'arriette & la belle chaconne
du fieur LE BRETON dans IPHIGENIE.
Ces deux morceaux firent la même impreffion
qu'ils font journellement fur le
Théâtre de Paris , & exciterent les plus
grands éloges , tant en faveur de l'Auteur
que de la Demoifelle LEMJERRE
qui chantoit cette Arriette , & du fieur
VESTRIS fur fa danfe dans la chaconne .
On a remarqué dans ce morceau, plusfenfiblement
que jamais , le talent fpécialement
propre à ce grand Danfeur, d'adapter,
avec une forte d'enthoufiafme poëtique
, fes pas au caractère & à l'expref
fion de la Mufique.
Sa Majefté , après le Spectacle , a eu
la bonté de déclarer publiquement la
fatisfaction qu'elle avoit eue des principaux
talens qui s'étoient diftingués en
divers genres dans l'exécution de ces
Spectacles.
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Résumé : SPECTACLES du ROI à Choisi.
Du 13 au 15 décembre 1763, des spectacles ont été présentés au théâtre du Château de Choifi en présence du roi et de la famille royale. Le 13 décembre, les comédiens ont interprété 'Irène', une tragédie de Boistel, suivie de 'Le Legs', une comédie en un acte de Marivaux. Le 14 décembre, ils ont joué 'Le Complaisant', une comédie en cinq actes d'auteur anonyme, et 'L'Epoux par surprise', une comédie en deux actes de Boissy. Les acteurs Grandval et Belcour ont été particulièrement applaudis. Le 15 décembre, des intermèdes d'opéra ont été exécutés, incluant 'Alphée & Aréthuse' de Danchet et d'Auvergne, et 'Arueris' de Cahusac et Rameau. Les interprètes notables comprenaient la demoiselle Arnould, le sieur Larrivée, le sieur Gelin, et la demoiselle Lemierre. Le roi a exprimé sa satisfaction après le spectacle, soulignant les talents des artistes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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63
p. 159-160
SPECTACLES de la Cour à Versailles.
Début :
LES changemens & augmentations qu'on a faits au Théâtre du Château, [...]
Mots clefs :
Comédiens-Italiens, Comédiens-Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SPECTACLES de la Cour à Versailles.
SPECTACLES de la Cour à Versailles.
LES
ES changemens & augmentations
qu'on a faits au Théâtre du Château ,
n'ayant pû être finis plutôt , on n'a.com160
MERCURE DE FRANCE .
mencé à y repréfenter cet hyver que le
Mercredi 21 Décembre. Les Comédiens
Italiens y jouerent Arlequin Baron Suiffe
, Piéce Italienne , & le Cadi dupé ,
Opera- Comique , dans lequel le fieur
CAILLOT joue le rôle d'Omar Teinturier
, que jouoit le fieur AUDINOT
dans l'établiffement de cette Piéce.
Le lendemain 23 les Comédiens Fran
çois y repréſenterent Iphigénie en Tau
ride , Tragédie du feu fieur GU IMONT
DE LA TOUCHE , fuivie du Rendezvous
, Comédie en un Acte & en vers
du feu fieur FAGAN.
N. B. On rendra compte dans le
prochain Mercure des Spectacles de la
fin du mois de Décembre.
LES
ES changemens & augmentations
qu'on a faits au Théâtre du Château ,
n'ayant pû être finis plutôt , on n'a.com160
MERCURE DE FRANCE .
mencé à y repréfenter cet hyver que le
Mercredi 21 Décembre. Les Comédiens
Italiens y jouerent Arlequin Baron Suiffe
, Piéce Italienne , & le Cadi dupé ,
Opera- Comique , dans lequel le fieur
CAILLOT joue le rôle d'Omar Teinturier
, que jouoit le fieur AUDINOT
dans l'établiffement de cette Piéce.
Le lendemain 23 les Comédiens Fran
çois y repréſenterent Iphigénie en Tau
ride , Tragédie du feu fieur GU IMONT
DE LA TOUCHE , fuivie du Rendezvous
, Comédie en un Acte & en vers
du feu fieur FAGAN.
N. B. On rendra compte dans le
prochain Mercure des Spectacles de la
fin du mois de Décembre.
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Résumé : SPECTACLES de la Cour à Versailles.
Les spectacles de la Cour à Versailles ont débuté le 21 décembre 160. Les Comédiens Italiens ont joué 'Arlequin Baron Suiffe' et 'Le Cadi dupé'. Le 23 décembre, les Comédiens Français ont présenté 'Iphigénie en Tauride' et 'Le Rendez-vous'. Le rôle d'Omar Teinturier était interprété par le sieur Caillot. Le Mercure de France rendra compte des spectacles de fin décembre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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64
p. 149-151
COMÉDIE FRANÇOISE.
Début :
LE 30 Décembre dernier, on a remis la Tragédie du Comte d'Essex. Attentifs [...]
Mots clefs :
Illusion théâtrale, Comédiens-Français, Temple, Rotonde
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMÉDIE FRANÇOISE.
COMÉDIE
FRANÇOISE.
LE 30 Décembre dernier , on a remis
la Tragédie du Comte d'Effex. Attentifs
à tout ce qui peut contribuer à
l'illufion Théâtrale les Comédiens
François ont fait faire une Décoration ,
pour que le quatriéme Acte de cette
Tragédie fe paffàt dans une Prifon
comme l'éxige fa fituation. La compofition
de cette Décoration , qui eft
du fieur Brunetti , fait d'autant plus
d'honneur à cet Artifte , qu'elle eſt d'un
très-grand effet & montre un lieu trèsvafte
& très- profond , quoiqu'il n'y ait .
d'employé à cette repréfentation perfpective
, que les deux chaffis de devant
terminés au troifiéme par un rideau de
fond. Le Temple fépulchral , en forme
de rotonde environné d'un Périftile
cintré en colonade , que l'on a vû dans
G iij
150 MERCURE DE FRANCE.
་
les repréſentations d'Eponine , étoit du
même Artifte. Il feroit difficile de produire
rien qui méritât davantage l'admiration
des Connoiffeurs que cette
Décoration. Ils ont extrêmement regretté
l'occafion de la voir plus long-temps.
M. BOURET , dont nous avons rapporté
le début , a été reçu à l'effai.
,
Le 8 de ce mois , Mlle DORSEY débuta
par le rôle de Médée dans la Tragédie
de ce nom. Elle a continué fon
début par les rôles de Clytemnestre
dans Iphigénie en Alide & de
Phédre dans la Tragédie de ce nom .
Cette A&trice a eu des applaudiffemens
au Théâtre ; mais le peu de concours de
Spectateurs a laiffé croire que la décifion
générale du Public exigeoit qu'auparavant
de repréfenter fur le Théâtre
François , elle perdît ce qu'elle a contra
Até apparemment de contraire à notre
goût national dans les Pays étrangers
où elle a exercé fes talens.
L'indifpofition d'une Actrice ayant
jufqu'à préſent fufpendu la premiere repréfentation
de Dupuis & Defronais ,
Comédie nouvelle tirée des Illuftres
Françoifes , que nous avons déja annoncée
, on a repris fur ce Théâtre les
JANVIER. 1763. 151
Tragédies & les Comédies du Réper
toire
On attendoit la Comédie nouvelle
pour le 17 de ce mois ; nous efpérons
être en état d'en rendre compte dans le
prochain volume,
FRANÇOISE.
LE 30 Décembre dernier , on a remis
la Tragédie du Comte d'Effex. Attentifs
à tout ce qui peut contribuer à
l'illufion Théâtrale les Comédiens
François ont fait faire une Décoration ,
pour que le quatriéme Acte de cette
Tragédie fe paffàt dans une Prifon
comme l'éxige fa fituation. La compofition
de cette Décoration , qui eft
du fieur Brunetti , fait d'autant plus
d'honneur à cet Artifte , qu'elle eſt d'un
très-grand effet & montre un lieu trèsvafte
& très- profond , quoiqu'il n'y ait .
d'employé à cette repréfentation perfpective
, que les deux chaffis de devant
terminés au troifiéme par un rideau de
fond. Le Temple fépulchral , en forme
de rotonde environné d'un Périftile
cintré en colonade , que l'on a vû dans
G iij
150 MERCURE DE FRANCE.
་
les repréſentations d'Eponine , étoit du
même Artifte. Il feroit difficile de produire
rien qui méritât davantage l'admiration
des Connoiffeurs que cette
Décoration. Ils ont extrêmement regretté
l'occafion de la voir plus long-temps.
M. BOURET , dont nous avons rapporté
le début , a été reçu à l'effai.
,
Le 8 de ce mois , Mlle DORSEY débuta
par le rôle de Médée dans la Tragédie
de ce nom. Elle a continué fon
début par les rôles de Clytemnestre
dans Iphigénie en Alide & de
Phédre dans la Tragédie de ce nom .
Cette A&trice a eu des applaudiffemens
au Théâtre ; mais le peu de concours de
Spectateurs a laiffé croire que la décifion
générale du Public exigeoit qu'auparavant
de repréfenter fur le Théâtre
François , elle perdît ce qu'elle a contra
Até apparemment de contraire à notre
goût national dans les Pays étrangers
où elle a exercé fes talens.
L'indifpofition d'une Actrice ayant
jufqu'à préſent fufpendu la premiere repréfentation
de Dupuis & Defronais ,
Comédie nouvelle tirée des Illuftres
Françoifes , que nous avons déja annoncée
, on a repris fur ce Théâtre les
JANVIER. 1763. 151
Tragédies & les Comédies du Réper
toire
On attendoit la Comédie nouvelle
pour le 17 de ce mois ; nous efpérons
être en état d'en rendre compte dans le
prochain volume,
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Résumé : COMÉDIE FRANÇOISE.
Le 30 décembre, la tragédie du Comte d'Effex a été jouée au Théâtre Français. Pour le quatrième acte, se déroulant en prison, les comédiens ont commandé une décoration à l'artiste Brunetti. Cette œuvre, bien que limitée en perspectives, crée un effet visuel impressionnant d'un espace vaste et profond, avec deux châssis et un rideau de fond. Brunetti a également conçu un temple sépulcral en rotonde, entouré d'une colonnade, pour les représentations d'Eponine, regretté pour sa brève exposition. M. Bouret a été admis à l'essai. Le 8 janvier, Mlle Dorsey a débuté dans le rôle de Médée, puis a interprété Clytemnestre dans Iphigénie en Aulide et Phèdre. Malgré des applaudissements, le public a jugé certains aspects de son jeu, acquis à l'étranger, contraires au goût national. L'indisposition d'une actrice a reporté la première de la comédie 'Dupuis & Desronais'. En attendant, le théâtre a repris des œuvres du répertoire. Une nouvelle comédie était prévue pour le 17 janvier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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65
p. 148-155
SPECTACLES DE LA COUR A VERSAILLES, ORDONNÉS par M. le Duc DE DURAS, Pair de France, premier Gentilhomme de la Chambre du Roi, en exercice pendant l'année 1763, & conduits par M. PAPILLON DE LA FERTÉ, Intendant des menus, Plaisirs & Affaires de la Chambre de SA MAJESTÉ.
Début :
LE Mardi 4 Janvier, les Comédiens François représenterent l'Irrésolu, Comédie [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Comédiens-Italiens, Rôle, Tragédie
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texteReconnaissance textuelle : SPECTACLES DE LA COUR A VERSAILLES, ORDONNÉS par M. le Duc DE DURAS, Pair de France, premier Gentilhomme de la Chambre du Roi, en exercice pendant l'année 1763, & conduits par M. PAPILLON DE LA FERTÉ, Intendant des menus, Plaisirs & Affaires de la Chambre de SA MAJESTÉ.
ARTICLE V.
SPECTACLE S.
SPECTACLES DE LA COUR A VERSAILLES,
ORDONNES par M. le Duc DE DURAS,
Pair de France , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roi, en exercice
pendant l'année 1763, & conduits
parM. PAPILLON DE LA FERTÉ,
Intendant des menus , Plaifirs & Affaires
de la Chambre de SA MAJESTÉ.
LEE Mardi 4 Janvier , les Comédiens
François repréſenterent l'Irréfolu , Comédie
en cinq Actes & en vers du feu
fieur NERICAULT DESTOUCHES (a) ,
& pour petite Piéce le Charivari , Comédie
en un Acte & en profe (b) du
feu fieur DANCOURT. Le lendemain
( a) L'Irréfolu , repréfentée pour la première
fois en 1723 , avoit eu fix Repréſentations , remife
nouvellement au Théâtre avec plus de
fuccès.
(b) Première
repréſentation en 1697.
FEVRIER . 1763. 149
,
5, les Comédiens Italiens repréfenterent
Arlequin & Scapin rivaux , Comédie
Italienne , fuivie du Soldat magicien
Opera-Comique ; paroles du fieur L. B.
D. S.... Mufique du fieur PHILIDOR
(c).
Il n'y a point eu de Spectacle le
Jeudi 6 , à caufe de la Fête. Le Mardi
11 , par les Comédiens François , le
Curieux impertinent , Comédie en cinq
Actes & en vers du feu fieur NERICAULT
DESTOUCHES , fuivie du Fat
puni , Comédie en un Acte en profe :
Auteur Anonyme ( d) .
Le Mercredi 12 l'Académie Royale
de Muſique , conjointement avec la
Mufique du Roi , exécuta Hilas &
Zélis , Paftorale en un Acte , Poëme
d'un Auteur anonyme ; Mufique du
fieur de Bury , Surintendant de la Mufique
du Roi (e ) . Le rôle d'Hilas étoit
chanté par le fieur LARRIVÉE : celui
de Zélis par la Dlle LEMIERRE ( épouſe
du fieur LARRIVÉE . ) Le rôle de l'Amour
par la Dlle DUBOIS . Les principaux
Danfeurs & Danfeufes , dans le
(c) Première Repréſentation en 1760 fur le
Théâtre de l'Opera- Comique,
•
(d) Premiére Repréſentation en 1739.
(e) Premiére Repréfentation en 1762 .
Giij
150 MERCURE DE FRANCE .
Ballet , étoient les fieurs LAVAL
GARDEL , & les Dlles ALLARD &
VESTRIS .
Nous avons parlé avec de très-juftes
éloges de la mufique de cette Paftorale
à la dernière reprife des Caractères de la
Folie , Ballet du même Muficien , auquel
on l'avoit jointe. Cette Paftorale
en mufique avoit été précédée du Retour
d'Arlequin , Piéce Italienne , repréfentée
par les Comédiens Italiens.
Le 13 les Comédiens François repréfenterent
Phédre , Tragédie du feu fieur
RACINE. La Dile DUMESNIL jouant
le Rôle de Phédre , & la Dlle HUSSE
celui d'Aricie , le fieur BRISARD Thefee
; le fieur MOLE , Hippolite , & le
fieur DUBOIS Théramène.
Cette Tragédie fut fuivie du Confentement
forcé, Comédie en un Acte &
en Profe du feu ficur GUYOT DE
MERVILLE. (e )
Le 18 par les mêmes Comédiens le
Tambour nocturne , Comédie en cinq
Aces & en Profe du feu fieur Néricault
DESTOUCHES. (f) Cette Comédie
, qui a fait tant de plaifir à Paris ,
(e ) Premiere Repréſentation en 1738 .
(f)Imprimée dans les OEuvres de l'Auteur ,
jouée feulement dans les Provinces , repréſentée à
Paris la premiere fois en 1762 , par les foins &
avec des changemens du freur BELCOUR .
FEVRIER. 1763 . ISI
,
n'a pas moins amufé la Cour , par le
talent original , le naturel & l'intelligence
du bon comique des principaux
Acteurs . On fait particuliérement avec
quelle fineffe & quel art le fieur PRÉ-
VILLE varie continuellement le jeu du
rôle de PINCÉ dont la plaifanterie
feroit très-monotone fans cela. Le fieur
BELLECOUR , dans le Baron ; le fieur
MOLÉ , dans le Marquis ; la Dlle PREville
, dans la Baronne ; & la Dlle
LE KAIN , dans le rôle de Catau , ont
eu chacun le fuccès dû au talent avec
lequel ils jouent dans cette Piéce.
Pour petite Piéce on repréfenta le
Triple mariage (g) Comédie en un Acte
& en profe du même Auteur. Le Mercredi
, 19 , on éxécuta pour la feconde
fois la Paftorale d'Hilas & Zélis : les
rôles furent très bien rendus par les
mêmes Acteurs de la repréfentation
précédente , & les beautés diftinguées
de la mufique ont paru réunir les fuffrages
de toute la Cour , & ont fait à
l'Auteur ( le fieur de Bury ) tout l'honneur
que mérite fon talent.
Cette feconde repréfentation avoit
été précédée de la Comédie Italienne ,
intitulée la Joute d'Arlequin & de Scapin.
(g) Premiere repréſentation en 1724.
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
Le Jeudi 20 , les Comédiens François
repréſenterent Bajazet , Tragédie du
feu fieur RACINE . La Dlle CLAIRON
joué le rôle de Roxane , & la Demoifelle
Huss celui d'Atalide . Le fieur
MOLE le rôle de Bajazet le fieur
BRISART celui d'Acomat , & le fieur
DUBOIS Ofmin.
Après cette Tragédie , dont la repréfentation
intéreffa & toucha beaucoup
les Spectateurs , on donna le Philantrope
, Comédie en un Acte & en
profe du feu fieur LEGRAND ( h ) .
Mardi , 25 , les Comédiens François
repréfenteient la Piéce nouvelle , intitulée
Dupuis & Defronais , du fieur COLLÉ
(i ) , Comédie en vers & en trois
Actes , dont le fujet eft tiré des illuftres
Françoifes.
Un ouvrage dramatique où fe trouve
une connoiffance du monde la plus philofophique
& la plus délicate , où l'ef
prit ne femble prêter fon coloris que
pour fortifier le fentiment & orner l'inf
truction , où tout refpire les moeurs fans
trifteffe , & où tout infpire l'intérêt fans
( h) Jouée pour la première fois à Paris en
1724.
(i ) Cette Piéce avoit été repréfentée à Paris .
Voyez ci -après l'article de la Comédie Françoife.
FEVRIER. 1763. 153
affliger l'âme , ne pouvoit manquer
d'avoir un grand fuccès fur ce Théâtre .
Auffi la Cour a confirmé par fes fuffrages
la juftice que le Public avoit dérendue
à cette nouveauté. Il en a été
de même à l'égard du jeu des Acteurs
dont les trois principaux font la Dlle
GAUSSIN , pour le rôle de Mariane
: le fieur BRISART , pour celui
de Dupuis , & le fieur MOLÉ pour celui
de Desronais . Comme c'eft ce dernier
qui porte le plus de chaleur & de
mouvement dans la Piéce , nous ne
pouvons nous difpenfer de rapporter ,
fi l'on peut dire , le cri public , fur le
feu , fur le fentiment , le naturel & la
fine intelligence que met le fieur MOLÉ
jufques dans les plus petits détails de ce
rôle , qui ajoute encore à la réputation
qu'il s'étoit fi juftement acquife.
On donna pour feconde Piéce , le
même jour , les Folies amoureufes , Comédie
en vers , en trois Actes , du feu
fieur Regnard (k ). Le fieur BOURET
y joua le role de Crifpin.
Le Mercredi 26 les Comédiens Italiens
repréfenteremt Arlequin & Scapin
voleurs par amour , qui fut fuivie d'une
feconde repréfentation de Philemon &
(*) Première Repréfentation en 1704%
Gy
154. MERCURE DE FRANCE .
Baucis , Paftorale héroïque , exécutée ,
par l'Académie Royale de Mufique &
par la Mufique du Roi , telle qu'elle
l'avoit déja été ( & par les mêmes Acteurs
) le 30 Décembre dernier ( 1 ) .
L'exécution de toutes les parties de cet
Opera a été encore plus parfaite à cette
repréſentation ; & la Cour , qui l'avoit
redemandé , a paru y prendre un nouveau
plaifir. Le Poëme eft du fieur Roi ,
& la Mufique des fieurs REBEL &
FRANCEUR , Surintendans de la Mu--
fique de Sa Majesté.
Le Jeudi 27, les Comédiens François
ont repréfenté Ariane , Tragédie de
THOMAS CORNEILLE. La Dlle CLAIRON
jouoit le rôle d'Ariane , & la
Dlle Huss celui de Phédre. Les rôles
de Théfée & de Pirithoüis , par les fieurs
MOLE & BELCOUR.
On donna enfuite le Sage étourdi
Comédie en trois Actes & en vers du
feu fieur de BOISSI . ( m ) .
Les Lundi 17 & 24 Janvier il y a
eu Bal paré dans la Salle de la Comédie
du Roi , dont le parquet étoit monté au
niveau du Théâtre : elle étoit ornée de
( 1 ) Voyez le fecond Volume du Mercure de
Janvier.
(m ) Premiére repréſentation en 1748 .
FEVRIER. 1763. 155
,
beaucoup de luftres , foutenus & réunis
par des guirlandes de fleurs . Leurs
MAJESTÉS , M. le DAUPHIN Madame
la DAUPHINE & la Famille
Royale affiftent à ces Bals. Les Princes
du Sang , les jeunes Seigneurs & les
Dames de la Cour y danfent en divers
quadrilles , des entrées & ballets figurés,
dans les habits de caractères relatifs aux
fujets qu'ils ont choifis pour ces Ballets
, qui ont été extrêmement applaudis.
Le temps qu'ont duré ces Bals , depuis
11 heures & demi du foir , jufqu'à 6
ou 7 heures du matin , prouve combien
ils font agréables à ceux qui les compofent
& à ceux qui y affiftent.
SPECTACLE S.
SPECTACLES DE LA COUR A VERSAILLES,
ORDONNES par M. le Duc DE DURAS,
Pair de France , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roi, en exercice
pendant l'année 1763, & conduits
parM. PAPILLON DE LA FERTÉ,
Intendant des menus , Plaifirs & Affaires
de la Chambre de SA MAJESTÉ.
LEE Mardi 4 Janvier , les Comédiens
François repréſenterent l'Irréfolu , Comédie
en cinq Actes & en vers du feu
fieur NERICAULT DESTOUCHES (a) ,
& pour petite Piéce le Charivari , Comédie
en un Acte & en profe (b) du
feu fieur DANCOURT. Le lendemain
( a) L'Irréfolu , repréfentée pour la première
fois en 1723 , avoit eu fix Repréſentations , remife
nouvellement au Théâtre avec plus de
fuccès.
(b) Première
repréſentation en 1697.
FEVRIER . 1763. 149
,
5, les Comédiens Italiens repréfenterent
Arlequin & Scapin rivaux , Comédie
Italienne , fuivie du Soldat magicien
Opera-Comique ; paroles du fieur L. B.
D. S.... Mufique du fieur PHILIDOR
(c).
Il n'y a point eu de Spectacle le
Jeudi 6 , à caufe de la Fête. Le Mardi
11 , par les Comédiens François , le
Curieux impertinent , Comédie en cinq
Actes & en vers du feu fieur NERICAULT
DESTOUCHES , fuivie du Fat
puni , Comédie en un Acte en profe :
Auteur Anonyme ( d) .
Le Mercredi 12 l'Académie Royale
de Muſique , conjointement avec la
Mufique du Roi , exécuta Hilas &
Zélis , Paftorale en un Acte , Poëme
d'un Auteur anonyme ; Mufique du
fieur de Bury , Surintendant de la Mufique
du Roi (e ) . Le rôle d'Hilas étoit
chanté par le fieur LARRIVÉE : celui
de Zélis par la Dlle LEMIERRE ( épouſe
du fieur LARRIVÉE . ) Le rôle de l'Amour
par la Dlle DUBOIS . Les principaux
Danfeurs & Danfeufes , dans le
(c) Première Repréſentation en 1760 fur le
Théâtre de l'Opera- Comique,
•
(d) Premiére Repréſentation en 1739.
(e) Premiére Repréfentation en 1762 .
Giij
150 MERCURE DE FRANCE .
Ballet , étoient les fieurs LAVAL
GARDEL , & les Dlles ALLARD &
VESTRIS .
Nous avons parlé avec de très-juftes
éloges de la mufique de cette Paftorale
à la dernière reprife des Caractères de la
Folie , Ballet du même Muficien , auquel
on l'avoit jointe. Cette Paftorale
en mufique avoit été précédée du Retour
d'Arlequin , Piéce Italienne , repréfentée
par les Comédiens Italiens.
Le 13 les Comédiens François repréfenterent
Phédre , Tragédie du feu fieur
RACINE. La Dile DUMESNIL jouant
le Rôle de Phédre , & la Dlle HUSSE
celui d'Aricie , le fieur BRISARD Thefee
; le fieur MOLE , Hippolite , & le
fieur DUBOIS Théramène.
Cette Tragédie fut fuivie du Confentement
forcé, Comédie en un Acte &
en Profe du feu ficur GUYOT DE
MERVILLE. (e )
Le 18 par les mêmes Comédiens le
Tambour nocturne , Comédie en cinq
Aces & en Profe du feu fieur Néricault
DESTOUCHES. (f) Cette Comédie
, qui a fait tant de plaifir à Paris ,
(e ) Premiere Repréſentation en 1738 .
(f)Imprimée dans les OEuvres de l'Auteur ,
jouée feulement dans les Provinces , repréſentée à
Paris la premiere fois en 1762 , par les foins &
avec des changemens du freur BELCOUR .
FEVRIER. 1763 . ISI
,
n'a pas moins amufé la Cour , par le
talent original , le naturel & l'intelligence
du bon comique des principaux
Acteurs . On fait particuliérement avec
quelle fineffe & quel art le fieur PRÉ-
VILLE varie continuellement le jeu du
rôle de PINCÉ dont la plaifanterie
feroit très-monotone fans cela. Le fieur
BELLECOUR , dans le Baron ; le fieur
MOLÉ , dans le Marquis ; la Dlle PREville
, dans la Baronne ; & la Dlle
LE KAIN , dans le rôle de Catau , ont
eu chacun le fuccès dû au talent avec
lequel ils jouent dans cette Piéce.
Pour petite Piéce on repréfenta le
Triple mariage (g) Comédie en un Acte
& en profe du même Auteur. Le Mercredi
, 19 , on éxécuta pour la feconde
fois la Paftorale d'Hilas & Zélis : les
rôles furent très bien rendus par les
mêmes Acteurs de la repréfentation
précédente , & les beautés diftinguées
de la mufique ont paru réunir les fuffrages
de toute la Cour , & ont fait à
l'Auteur ( le fieur de Bury ) tout l'honneur
que mérite fon talent.
Cette feconde repréfentation avoit
été précédée de la Comédie Italienne ,
intitulée la Joute d'Arlequin & de Scapin.
(g) Premiere repréſentation en 1724.
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
Le Jeudi 20 , les Comédiens François
repréſenterent Bajazet , Tragédie du
feu fieur RACINE . La Dlle CLAIRON
joué le rôle de Roxane , & la Demoifelle
Huss celui d'Atalide . Le fieur
MOLE le rôle de Bajazet le fieur
BRISART celui d'Acomat , & le fieur
DUBOIS Ofmin.
Après cette Tragédie , dont la repréfentation
intéreffa & toucha beaucoup
les Spectateurs , on donna le Philantrope
, Comédie en un Acte & en
profe du feu fieur LEGRAND ( h ) .
Mardi , 25 , les Comédiens François
repréfenteient la Piéce nouvelle , intitulée
Dupuis & Defronais , du fieur COLLÉ
(i ) , Comédie en vers & en trois
Actes , dont le fujet eft tiré des illuftres
Françoifes.
Un ouvrage dramatique où fe trouve
une connoiffance du monde la plus philofophique
& la plus délicate , où l'ef
prit ne femble prêter fon coloris que
pour fortifier le fentiment & orner l'inf
truction , où tout refpire les moeurs fans
trifteffe , & où tout infpire l'intérêt fans
( h) Jouée pour la première fois à Paris en
1724.
(i ) Cette Piéce avoit été repréfentée à Paris .
Voyez ci -après l'article de la Comédie Françoife.
FEVRIER. 1763. 153
affliger l'âme , ne pouvoit manquer
d'avoir un grand fuccès fur ce Théâtre .
Auffi la Cour a confirmé par fes fuffrages
la juftice que le Public avoit dérendue
à cette nouveauté. Il en a été
de même à l'égard du jeu des Acteurs
dont les trois principaux font la Dlle
GAUSSIN , pour le rôle de Mariane
: le fieur BRISART , pour celui
de Dupuis , & le fieur MOLÉ pour celui
de Desronais . Comme c'eft ce dernier
qui porte le plus de chaleur & de
mouvement dans la Piéce , nous ne
pouvons nous difpenfer de rapporter ,
fi l'on peut dire , le cri public , fur le
feu , fur le fentiment , le naturel & la
fine intelligence que met le fieur MOLÉ
jufques dans les plus petits détails de ce
rôle , qui ajoute encore à la réputation
qu'il s'étoit fi juftement acquife.
On donna pour feconde Piéce , le
même jour , les Folies amoureufes , Comédie
en vers , en trois Actes , du feu
fieur Regnard (k ). Le fieur BOURET
y joua le role de Crifpin.
Le Mercredi 26 les Comédiens Italiens
repréfenteremt Arlequin & Scapin
voleurs par amour , qui fut fuivie d'une
feconde repréfentation de Philemon &
(*) Première Repréfentation en 1704%
Gy
154. MERCURE DE FRANCE .
Baucis , Paftorale héroïque , exécutée ,
par l'Académie Royale de Mufique &
par la Mufique du Roi , telle qu'elle
l'avoit déja été ( & par les mêmes Acteurs
) le 30 Décembre dernier ( 1 ) .
L'exécution de toutes les parties de cet
Opera a été encore plus parfaite à cette
repréſentation ; & la Cour , qui l'avoit
redemandé , a paru y prendre un nouveau
plaifir. Le Poëme eft du fieur Roi ,
& la Mufique des fieurs REBEL &
FRANCEUR , Surintendans de la Mu--
fique de Sa Majesté.
Le Jeudi 27, les Comédiens François
ont repréfenté Ariane , Tragédie de
THOMAS CORNEILLE. La Dlle CLAIRON
jouoit le rôle d'Ariane , & la
Dlle Huss celui de Phédre. Les rôles
de Théfée & de Pirithoüis , par les fieurs
MOLE & BELCOUR.
On donna enfuite le Sage étourdi
Comédie en trois Actes & en vers du
feu fieur de BOISSI . ( m ) .
Les Lundi 17 & 24 Janvier il y a
eu Bal paré dans la Salle de la Comédie
du Roi , dont le parquet étoit monté au
niveau du Théâtre : elle étoit ornée de
( 1 ) Voyez le fecond Volume du Mercure de
Janvier.
(m ) Premiére repréſentation en 1748 .
FEVRIER. 1763. 155
,
beaucoup de luftres , foutenus & réunis
par des guirlandes de fleurs . Leurs
MAJESTÉS , M. le DAUPHIN Madame
la DAUPHINE & la Famille
Royale affiftent à ces Bals. Les Princes
du Sang , les jeunes Seigneurs & les
Dames de la Cour y danfent en divers
quadrilles , des entrées & ballets figurés,
dans les habits de caractères relatifs aux
fujets qu'ils ont choifis pour ces Ballets
, qui ont été extrêmement applaudis.
Le temps qu'ont duré ces Bals , depuis
11 heures & demi du foir , jufqu'à 6
ou 7 heures du matin , prouve combien
ils font agréables à ceux qui les compofent
& à ceux qui y affiftent.
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Résumé : SPECTACLES DE LA COUR A VERSAILLES, ORDONNÉS par M. le Duc DE DURAS, Pair de France, premier Gentilhomme de la Chambre du Roi, en exercice pendant l'année 1763, & conduits par M. PAPILLON DE LA FERTÉ, Intendant des menus, Plaisirs & Affaires de la Chambre de SA MAJESTÉ.
En 1763, sous la direction du Duc de Duras et de Papillon de La Ferté, plusieurs spectacles ont été organisés à la cour de Versailles. Le 4 janvier, les Comédiens Français ont interprété 'L'Irrésolu' de Néricault-Destouches et 'Le Charivari' de Dancourt. En février, les Comédiens Italiens ont joué 'Arlequin & Scapin rivaux' et 'Le Soldat magicien'. Le 11 février, les Comédiens Français ont présenté 'Le Curieux impertinent' de Néricault-Destouches et 'Le Fat puni'. Le 12 février, l'Académie Royale de Musique a exécuté 'Hilas & Zélis', une pastorale avec des rôles interprétés par Larivière, Mlle Lemierre et Mlle Dubois. Le 13 février, les Comédiens Français ont joué 'Phèdre' de Racine et 'Le Consentement forcé' de Guyot de Merville. Le 18 février, ils ont représenté 'Le Tambour nocturne' de Néricault-Destouches et 'Le Triple mariage'. Le 20 février, ils ont joué 'Bajazet' de Racine et 'Le Philantrope' de Legrand. Le 25 février, ils ont présenté 'Dupuis & Desronais' de Collé et 'Les Folies amoureuses' de Regnard. Le 26 février, les Comédiens Italiens ont joué 'Arlequin & Scapin voleurs par amour' et 'Philemon & Baucis'. Le 27 février, les Comédiens Français ont représenté 'Ariane' de Thomas Corneille et 'Le Sage étourdi' de Boissy. Des bals parés ont également eu lieu les 17 et 24 janvier, avec la participation de la famille royale et des membres de la cour.
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