Résultats : 3 texte(s)
Détail
Liste
1
p. 148-155
AVERTISSEMENT.
Début :
LES Spectacles font, sans contredit, l'objet le plus intéressant des amusemens [...]
Mots clefs :
Amusements, Affiches, Théâtres, Public, Louer, Journalistes, Talents
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVERTISSEMENT.
LES Spectacles font, fans contredit,
» l'objet le plus intéreffant des amufe-
» mens du Public , & la partie la plus,
» agréable de notre Littérature : rendre
» compte féchement de ce qui les con-
» cerne , n'en faire pour ainfi dire que.
» copier les affiches , feroit un travail
» ftérile à l'égard de ceux même qui fré-
» quentent habituellement nos Théâtres ;
» bien plus encore à l'égard de ceux®
» que l'abfence de la Capitale ou d'au-
» tres caufes privent de cet amuſement.
» On a donc cru devoir entrer dans cer-
» tains détails fur les ouvrages nou-
» veaux , fur la remife des anciens
» ainfi que fur les talens de ceux qui les
» repréfentent. Ces détails peuvent &
» doivent fatisfaire les Lecteurs qui ont
» affez d'efprit pour douter de leur ju-
» gement , & vouloir le conférer avec
"
?
JANVIER. 1763 . 149
"
» celui de la plus faine portion du Pu-
» blic , que nous confultons toujours
» avec foin , & qui dicte ordinairement
" tout ce que nous avançons . Combien
» ces mêmes détails deviennent-ils plus
» inftructifs pour les Lecteurs éloignés
» des Théâtres , defquels cependant
» ils ont quelques connoiffances , par
» la célébrité de plufieurs ouvrages &
» des talens diftingués dans nos jeux
dramatiques. Le foin d'être utile
» pour l'avenir aux recherches des
» Curieux , amateurs du Théâtre , feroit
» feul un motiffuffifant pour nous en-
» gager à en conferver , comme un dé-
»pôt , toutes les particularités , celles
» même qui paroiffent minutieufes dans
» le temps où elles font fous nos yeux .
» C'eft d'abord dans notre Journal
» qu'on va les chercher ; & nous remar-
» quons tous les jours que lorsqu'on ne
les y trouve pas auffi détaillées qu'elles
» pourroient être , on fait mauvais gré
» à ceux de nos Prédéceffeurs qui les ont
·» négligées. Nous connoiffons tous , par
» exemple , & l'on n'oubliera de long-
» temps encore la réputation de quel-
>> ques anciens Acteurs du Théâtre Fran-
» çois & de celui de l'Opéra ; mais une
tradition , déja fort incertaine , & qui
G iij
150 MERCURE DE FRANCE .
" s'obfcurcit de plus en plus en s'éloi-
» gnant , nous laiffe à peine diftinguer
» en quoi confiftoit fpécialement l'ex-
» cellence de chacun de ces grands ta-
»lens , & ce qu'ils pouvoient avoir de
» commun ou de diftinctif par rapport
» à ceux que nous admirons aujour-
» d'hui circonftances indifférentes au
» Lecteur indifférent lui-même fur cette
» matière , mais circonftances précieu-
» fes pour l'amateur éclairé , & qui de-
» vroient l'être encore davantage pour
» quiconque defire férieufement faire
» des progrès dans les mêmes talens.
» Nous avons reçu fréquemment tant
» de la Province que de la Capitale , des
» témoignages affurés de fatisfaction fur
» cette maniere de traiter l'Article du
» Théâtre . Mais elle nous engage dans
» une critique difcutée de bien des par-
»ties qui n'en paroiffent pas fufceptibles
» à tous les Lecteurs ; & par une autre
» néceffité , qu'indique l'honnêteté pu-
» blique à quiconque eft fait pour la
» connoître , cette critique nous a en-
" gagé dans des éloges étendus & réï-
» térés. La raiſon en eft facile à fentir .
» A l'égard des talens fupérieurs , ils
» font fouvent dans le cas de varier les
» motifs & les occafions de l'admiraJANVIER.
1763. 151
tion publique. Il nous avoit paru jufte
>>alors moins encore d'yjoindre la nôtre,
» que de conftater les différentes épo-
» ques de leur gloire. A l'égard des ta-
» lens inférieurs , même des talens mé-
» diocres ; nous avons penfé qu'il feroit
» fouvent cruel & toujours décourageant
» pour eux , de ne pas envelopper les
»juftes cenfures qu'exige leur propre
» intérêt , dans l'éloge de quelques par-
» ties où ils font des progrès & quelque-
»fois de difpofitions ou de facultés na-
» turelles , dont on les avertit par-là de
"
faire un meilleur ufage. C'eft une fem-
» me que l'on trouve laide ordinaire-
» ment , parce qu'elle fe néglige , que
l'on peindroit dans un moment heu-
» reux , où fes foins auroient embelli fa
» phyfionomie. Il eft à préfumer que ce
» Portrait l'engageroit à redoubler de
» pareils foins , à en prendre de nou-
» veaux , pour juftifier & furpaffer , s'il
» étoit poffible , l'art officieux du Pein-
» tre. Nous fommes & nous devons
» être fouvent ce Peintre à l'égard des
» gens de talens . Voilà ce que nos Lec-
» teurs ne veulent pas toujours affez con-
»fidérer. Ce ne font pas nos Portraits
» qu'il faut accufer d'être infidéles , lors
» même qu'ils font flattés , c'eſt aux
"
Giv
152 MERCURE DE FRANCE .
objets de nos peintures à qui il faut
» s'en prendre , s'ils ne font pas toujours
» conformes , & quelquefois fupérieurs
» au moment favorable que nous avons
étudié , & que fouvent nous avons eu
» tant de peine à faifir.
»
» Malgré des raifons qui nous fem-
» blent fi bien fondées, nous ne pouvons
» nous diffimuler ( & nous l'avons trop
» éprouvé ) qu'en général la louange
» entre Concurrens , ou qui prétendent
» l'être , eft l'écueil où fe brife toute
» prudence humaine.L'amour- propre de
» chaque particulier eft , fur cela , dans
» une oppofition perpétuelle au fenti-
» ment des autres , & prèfque jamais
» dans un rapport exact avec la vérité ;
»il n'en faut pas excepter les talens les
» plus modeftes . Il arrive donc que cha-
>> cun de ceux à qui nous diftribuons
» des éloges , ne trouve de trop reffer-
» rés que les fiens & tous les autres d'une
» prolixité injufte & fuperflue . Les amis
» de chaque Complaignant leur prêtent
"
obligeament leurs voix ; car il eft pro-
>> digieux combien on trouve d'amis pour
déprimer les autres , & fur-tout pour
» condamner un Journaliſte !
» Nous connoiffions tousles inconvé-
» niens de notre conduite ; nous les
JANVIER. 1763 . 153
» avons bravés. Ce n'eft ni par une or-
»gueilleufe indifférence fur le fentiment
» de ceux que nous avons toujours chefché
à obliger & que malheureufe-
» ment nous avons pu mécontenter , ni
» par la coupable négligence du premier
de nos devoirs , qui eft de fatisfaire
» le Public ; mais parce que nous avons
» regardé cette conduite comme la plus
» utile au progrès de l'Art dramatique :
» partie éffentielle de la gloire littéraire
» de notre Nation .
» Si les motifs que nous venons d'expofer
dans cet avertiffement , ne nous
» juftifient pas fur les moyens,aux yeux
» de l'amour-propre bleffé & encouragé
" par l'Envie ; nous nous flatons au moins
» qu'ils nous juftifieront fur l'intention,
auprès de tous les Juges défintéreffés .
» Cependant comme on doit éviter
les reproches les plus mal fondés ; confme
d'ailleurs la puérile jaloufie de quel-
» ques Ecrivains pourroit leur faire croire
» & peut- être faire dire par leurs amis ,
» qu'ils poffédent exclufivement à nous ,
» ce talent de l'efprit , dont nous ne
connoiffons point encore d'exemple
fur la terre , par lequel on puiffe fe concilier
un fuffrage unanime dans une
» inégale diſtribution d'éloges ; nous fe
Gv
154 MERCURE DE FRANCE .
» rons déformais plus moderés dans cette
» diſtribution, même à l'égard desTalens
» les plus fupérieurs , qui , peut- être en
» fecret , fe trouvent humiliés de n'être
» pas les objets uniques de toute efpéce
» d'attention .
» Nous donnons cet avis afin que. dans
les Provinces , on n'infére pas de no-
» tre filence fur ceux dont nous avons
» parlé fouvent avec éloge , que leurs ta-
» lens foient dégénérés , & qu'ils ayent
» ceffé d'en mériter journellement de
> nouveaux .
» Nous prévenons encore , que nous
>> ne nous reſtraindrons pas dans une fervile
contrainte fur ce que nous nous
» propofons ; relativement fur- tout aux
» Spectacles de la Cour. Aucune confi-
» dération perſonnelle ne nous détermi-
» nera à priver des Sujets affez heureux
» pour plaire à leur Souverain , du prix
de leur zéle & de leurs foins , en ne
» publiant pas cet ineftimable avantage.
» Nous ne nous difpenferons pas
» non plus , de continuer à donner fur
les Ouvrages nouveaux , des extraits
& des remarques affez étendues pour
»développer tout le mérite qui peut s'y
» trouver quelque fuperflu & quelque
» déplaifant que cela puiffe paroître à
JANVIER. 1763 . 155
» ceux de nos Auteurs dramatiques que
» le Public n'a pas accoutumés à fes ap-
-» plaudiffemens , & qui par conféquent
» ont eu peu à fe louer des Journalistes.
» l'objet le plus intéreffant des amufe-
» mens du Public , & la partie la plus,
» agréable de notre Littérature : rendre
» compte féchement de ce qui les con-
» cerne , n'en faire pour ainfi dire que.
» copier les affiches , feroit un travail
» ftérile à l'égard de ceux même qui fré-
» quentent habituellement nos Théâtres ;
» bien plus encore à l'égard de ceux®
» que l'abfence de la Capitale ou d'au-
» tres caufes privent de cet amuſement.
» On a donc cru devoir entrer dans cer-
» tains détails fur les ouvrages nou-
» veaux , fur la remife des anciens
» ainfi que fur les talens de ceux qui les
» repréfentent. Ces détails peuvent &
» doivent fatisfaire les Lecteurs qui ont
» affez d'efprit pour douter de leur ju-
» gement , & vouloir le conférer avec
"
?
JANVIER. 1763 . 149
"
» celui de la plus faine portion du Pu-
» blic , que nous confultons toujours
» avec foin , & qui dicte ordinairement
" tout ce que nous avançons . Combien
» ces mêmes détails deviennent-ils plus
» inftructifs pour les Lecteurs éloignés
» des Théâtres , defquels cependant
» ils ont quelques connoiffances , par
» la célébrité de plufieurs ouvrages &
» des talens diftingués dans nos jeux
dramatiques. Le foin d'être utile
» pour l'avenir aux recherches des
» Curieux , amateurs du Théâtre , feroit
» feul un motiffuffifant pour nous en-
» gager à en conferver , comme un dé-
»pôt , toutes les particularités , celles
» même qui paroiffent minutieufes dans
» le temps où elles font fous nos yeux .
» C'eft d'abord dans notre Journal
» qu'on va les chercher ; & nous remar-
» quons tous les jours que lorsqu'on ne
les y trouve pas auffi détaillées qu'elles
» pourroient être , on fait mauvais gré
» à ceux de nos Prédéceffeurs qui les ont
·» négligées. Nous connoiffons tous , par
» exemple , & l'on n'oubliera de long-
» temps encore la réputation de quel-
>> ques anciens Acteurs du Théâtre Fran-
» çois & de celui de l'Opéra ; mais une
tradition , déja fort incertaine , & qui
G iij
150 MERCURE DE FRANCE .
" s'obfcurcit de plus en plus en s'éloi-
» gnant , nous laiffe à peine diftinguer
» en quoi confiftoit fpécialement l'ex-
» cellence de chacun de ces grands ta-
»lens , & ce qu'ils pouvoient avoir de
» commun ou de diftinctif par rapport
» à ceux que nous admirons aujour-
» d'hui circonftances indifférentes au
» Lecteur indifférent lui-même fur cette
» matière , mais circonftances précieu-
» fes pour l'amateur éclairé , & qui de-
» vroient l'être encore davantage pour
» quiconque defire férieufement faire
» des progrès dans les mêmes talens.
» Nous avons reçu fréquemment tant
» de la Province que de la Capitale , des
» témoignages affurés de fatisfaction fur
» cette maniere de traiter l'Article du
» Théâtre . Mais elle nous engage dans
» une critique difcutée de bien des par-
»ties qui n'en paroiffent pas fufceptibles
» à tous les Lecteurs ; & par une autre
» néceffité , qu'indique l'honnêteté pu-
» blique à quiconque eft fait pour la
» connoître , cette critique nous a en-
" gagé dans des éloges étendus & réï-
» térés. La raiſon en eft facile à fentir .
» A l'égard des talens fupérieurs , ils
» font fouvent dans le cas de varier les
» motifs & les occafions de l'admiraJANVIER.
1763. 151
tion publique. Il nous avoit paru jufte
>>alors moins encore d'yjoindre la nôtre,
» que de conftater les différentes épo-
» ques de leur gloire. A l'égard des ta-
» lens inférieurs , même des talens mé-
» diocres ; nous avons penfé qu'il feroit
» fouvent cruel & toujours décourageant
» pour eux , de ne pas envelopper les
»juftes cenfures qu'exige leur propre
» intérêt , dans l'éloge de quelques par-
» ties où ils font des progrès & quelque-
»fois de difpofitions ou de facultés na-
» turelles , dont on les avertit par-là de
"
faire un meilleur ufage. C'eft une fem-
» me que l'on trouve laide ordinaire-
» ment , parce qu'elle fe néglige , que
l'on peindroit dans un moment heu-
» reux , où fes foins auroient embelli fa
» phyfionomie. Il eft à préfumer que ce
» Portrait l'engageroit à redoubler de
» pareils foins , à en prendre de nou-
» veaux , pour juftifier & furpaffer , s'il
» étoit poffible , l'art officieux du Pein-
» tre. Nous fommes & nous devons
» être fouvent ce Peintre à l'égard des
» gens de talens . Voilà ce que nos Lec-
» teurs ne veulent pas toujours affez con-
»fidérer. Ce ne font pas nos Portraits
» qu'il faut accufer d'être infidéles , lors
» même qu'ils font flattés , c'eſt aux
"
Giv
152 MERCURE DE FRANCE .
objets de nos peintures à qui il faut
» s'en prendre , s'ils ne font pas toujours
» conformes , & quelquefois fupérieurs
» au moment favorable que nous avons
étudié , & que fouvent nous avons eu
» tant de peine à faifir.
»
» Malgré des raifons qui nous fem-
» blent fi bien fondées, nous ne pouvons
» nous diffimuler ( & nous l'avons trop
» éprouvé ) qu'en général la louange
» entre Concurrens , ou qui prétendent
» l'être , eft l'écueil où fe brife toute
» prudence humaine.L'amour- propre de
» chaque particulier eft , fur cela , dans
» une oppofition perpétuelle au fenti-
» ment des autres , & prèfque jamais
» dans un rapport exact avec la vérité ;
»il n'en faut pas excepter les talens les
» plus modeftes . Il arrive donc que cha-
>> cun de ceux à qui nous diftribuons
» des éloges , ne trouve de trop reffer-
» rés que les fiens & tous les autres d'une
» prolixité injufte & fuperflue . Les amis
» de chaque Complaignant leur prêtent
"
obligeament leurs voix ; car il eft pro-
>> digieux combien on trouve d'amis pour
déprimer les autres , & fur-tout pour
» condamner un Journaliſte !
» Nous connoiffions tousles inconvé-
» niens de notre conduite ; nous les
JANVIER. 1763 . 153
» avons bravés. Ce n'eft ni par une or-
»gueilleufe indifférence fur le fentiment
» de ceux que nous avons toujours chefché
à obliger & que malheureufe-
» ment nous avons pu mécontenter , ni
» par la coupable négligence du premier
de nos devoirs , qui eft de fatisfaire
» le Public ; mais parce que nous avons
» regardé cette conduite comme la plus
» utile au progrès de l'Art dramatique :
» partie éffentielle de la gloire littéraire
» de notre Nation .
» Si les motifs que nous venons d'expofer
dans cet avertiffement , ne nous
» juftifient pas fur les moyens,aux yeux
» de l'amour-propre bleffé & encouragé
" par l'Envie ; nous nous flatons au moins
» qu'ils nous juftifieront fur l'intention,
auprès de tous les Juges défintéreffés .
» Cependant comme on doit éviter
les reproches les plus mal fondés ; confme
d'ailleurs la puérile jaloufie de quel-
» ques Ecrivains pourroit leur faire croire
» & peut- être faire dire par leurs amis ,
» qu'ils poffédent exclufivement à nous ,
» ce talent de l'efprit , dont nous ne
connoiffons point encore d'exemple
fur la terre , par lequel on puiffe fe concilier
un fuffrage unanime dans une
» inégale diſtribution d'éloges ; nous fe
Gv
154 MERCURE DE FRANCE .
» rons déformais plus moderés dans cette
» diſtribution, même à l'égard desTalens
» les plus fupérieurs , qui , peut- être en
» fecret , fe trouvent humiliés de n'être
» pas les objets uniques de toute efpéce
» d'attention .
» Nous donnons cet avis afin que. dans
les Provinces , on n'infére pas de no-
» tre filence fur ceux dont nous avons
» parlé fouvent avec éloge , que leurs ta-
» lens foient dégénérés , & qu'ils ayent
» ceffé d'en mériter journellement de
> nouveaux .
» Nous prévenons encore , que nous
>> ne nous reſtraindrons pas dans une fervile
contrainte fur ce que nous nous
» propofons ; relativement fur- tout aux
» Spectacles de la Cour. Aucune confi-
» dération perſonnelle ne nous détermi-
» nera à priver des Sujets affez heureux
» pour plaire à leur Souverain , du prix
de leur zéle & de leurs foins , en ne
» publiant pas cet ineftimable avantage.
» Nous ne nous difpenferons pas
» non plus , de continuer à donner fur
les Ouvrages nouveaux , des extraits
& des remarques affez étendues pour
»développer tout le mérite qui peut s'y
» trouver quelque fuperflu & quelque
» déplaifant que cela puiffe paroître à
JANVIER. 1763 . 155
» ceux de nos Auteurs dramatiques que
» le Public n'a pas accoutumés à fes ap-
-» plaudiffemens , & qui par conféquent
» ont eu peu à fe louer des Journalistes.
Fermer
Résumé : AVERTISSEMENT.
Le texte traite de l'importance des spectacles dans les divertissements du public et la littérature. L'auteur estime que se contenter de reproduire les affiches des spectacles est insuffisant, surtout pour ceux éloignés des théâtres. Il décide donc de fournir des détails sur les nouvelles œuvres, les reprises d'anciennes pièces et les talents des acteurs, informations précieuses pour les lecteurs éloignés mais connaisseurs des œuvres et des talents dramatiques. L'auteur souligne la nécessité de conserver des particularités, même mineures, pour les recherches futures des amateurs de théâtre. Il mentionne la réputation des anciens acteurs et la difficulté de transmettre leur excellence à travers les générations. Il reçoit des témoignages de satisfaction pour cette manière de traiter l'article du théâtre, mais cela l'engage dans une critique délicate et des éloges répétés. Les éloges étendus visent à varier les motifs d'admiration pour les talents supérieurs et à encourager les progrès pour les talents inférieurs. L'auteur compare son rôle à celui d'un peintre qui met en valeur les qualités des personnes, même si celles-ci ne sont pas toujours conformes au moment étudié. Malgré les raisons bien fondées, l'auteur reconnaît les inconvénients de sa conduite, notamment les reproches des concurrents. Il justifie sa méthode par l'utilité pour le progrès de l'art dramatique, essentiel à la gloire littéraire de la nation. Pour éviter les reproches, il promet de modérer ses éloges, même envers les talents supérieurs. Enfin, le texte prévient que le silence sur certains acteurs ne signifie pas une dégénérescence de leurs talents. L'auteur ne se restreindra pas dans ses critiques, notamment pour les spectacles de la cour, et continuera à fournir des extraits et des remarques sur les nouvelles œuvres, même si cela peut déplaire à certains auteurs dramatiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 155-159
SPECTACLES du ROI à Choisi.
Début :
LE Lundi 13 Décembre, les Comédiens François représenterent sur le Théâtre [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Théâtre du roi, Intermède
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SPECTACLES du ROI à Choisi.
SPECTACLES du Roi à Choifi.
LEE Lundi 13 Décembre , les ComédiensFrançois
repréfenterent fur le Théâ
tre du Roi, dans fon Château de Choifi
en préfence de Leurs Majeftés & de la
Famille Royale , Irène , Tragédie du
fieur BOISTEL , Tréforier de France à
la Généralité d'Amiens. On a vu par
l'extrait de cette Piéce dans le précédent
Mercure , qu'elle contient un rôle très-
.confidérable pour la Dle CLAIRON,,
aux rares talens de laquelle la Cour eft
auffi fenfible que la Ville.
Cette Tragédie fut fuivie du Legs ,
Comédie en un Acte en profe de M.
MARIVAUX de l'Académie Françoife
(a) . La Dlle DANGEVILLE & le
fieur PREVILLE y jouoient les rôles
,
(a) Certe Piéce fut donnée à Paris pour la pre-
-miere fois en 1736 , elle eft repriſe très-fouvent
toujours avec fuccès.
(G vi
1
156 MERCURE DE FRANCE .
dans lesquels ils font toujours un nouveau
plaifir .
Le lendemain 14 les mêmes Comédiens
repréfenterent le Complaifant
Comédie en cinq Actes en proſe , Auteur
anonyme ( b ) , & l'Epouxparfipercherie
(c) , Comédie en deux Actes ,
en vers de feu M. de Boissi , de l'Académie
Françoife.
,
Le fieur GRANDVAL retiré du
Théâtre de Paris , comme Penfionnaire
du Roi & rempliffant ce fervice à la
Cour , a joué le rôle qui donne le titre à
la premiere de ces deux Piéces. On lui a
retrouvé les mêmes talens que l'on a long
temps & conftamment applaudis en lui ,
particuliérement dans ce que nous entendons
par le haut-comique. Le fieur
BELCOUR , qui a remplacé le fieur
GRANDVAL dans fon emploi à la Comédie
, a joué avec fuccès dans la feconde
Piéce le principal rôle , qui exige
beaucoup d'art , & par lequel il a contribué
avec les autres Acteurs à rendre
cette Comédie très-agréable au Public
( b) Repréſentée pour la premiere fois à Paris
en 1732 , à la Cour en 1733 , repriſe en 1734
avec autant de fuccès que dans la nouveauté.
(c)L'Epoux par fupercherie a été donnée à Pa
ris pour la premiere fois en 1744 .
JANVIER. 1763. 157
1
Toutes les fois qu'on la repréfente à
Paris . Ce Spectacle a paru faire plaifir
à la Cour , dont le fuffrage femble auffi
confirmer le goût du Public pour les tálens
du fieur MOLÊ , qui a joué dans les
deux Piéces.
Le Mercredi 15 on fit exécuter fur le
même Théâtre par les Sujets de la Mufique
du Roi & de l'Académie Royale
deux Actes détachés d'Opéra en forme
d'intermédes. Le premier étoit Alphée
& Aréthufe ( d) , Poëme du feu lieur
DANCHET , mufique du fieur d'Au-
VERGNE . La Demoifelle ARNOULD
dont on connoît la touchante expreffion
dans la voix , dans le jeu & dans
la figure , repréfentoit Aréthufe . Le fieur
L'ARRIVÉE , dont les talens n'avoient
pas encore eu occafion d'être connus fur
les théâtres de la Cour , chantoit le rôle
d'Alphée. Le fieur GELIN , celui de
Neptune. La Demoifelle DUBOIS L.
chantoit le rôle de Vénus .
Le fecond intermédt étoit un Acte
des Fêtes de l'hymen & de l'amour ,
ballet intitulé Arueris ; Poëme du feu
(a Cet Acte fait partie des fragmens que l'on
a donné cet Eté fur le théâtre de l'Opéra , & que
l'on y continue tous les Jeudis,
158 MERCURE DE FRANCE.
fieur CAHUSAC ; Mufique du fieur RAMEAU.
Le fieur GELIOTE , Ordinaire de la
Mufique du Roi , retiré du Théâtre depuis
plufieurs années , a exécuté dans
cet interméde le rôle d'Arueris avec la
même voix & les mêmes talens qui l'ont
rendu fi célébre . La Dlle LEMIERRE ,
( époufe du fieur LARRIVÉE ) y chantoit
le rôle d'ORIE : elle s'en eft acquittée
d'une maniere à réaliſer la fiction
des rôles , par laquelle ARUERIS ,
Ordonnateur & Juge des jeux , où concourent
les talens dont il eft le maître
& le modéle couronne la jeune ·
ORIE pour le prix du chant . La Demoifelle
DUBOIS L. & le fieur BÊCHE , de
-la Mufique du Roi , repréfentoient un
Berger & une Bergère , perfonnages
acceffoires dans cet Acte .
Dans le premier interméde les pas
Teuls & les principales entrécs ont été
danfés par les fieurs LANI , LAVAL,
GARDEL , DAUBERVAL & GROSSET
, & par les Demoiselles ALLARD.,
PESLIN & DUMONCEAU. Dans le fecond
, les Demoifelles LANI , ALLARD
, PESLIN & DUMONCEAU, à la
place de la Demoiselle VESTRIS , malade.
Les fieurs VESTRIS , LANI, LA
JANVIER. 1763. 159
VAL, GARDEL , DAUBERVAL &
GROSSET.
On avoit ajouté à la fin de l'Acte d'ARUERIS
l'arriette & la belle chaconne
du fieur LE BRETON dans IPHIGENIE.
Ces deux morceaux firent la même impreffion
qu'ils font journellement fur le
Théâtre de Paris , & exciterent les plus
grands éloges , tant en faveur de l'Auteur
que de la Demoifelle LEMJERRE
qui chantoit cette Arriette , & du fieur
VESTRIS fur fa danfe dans la chaconne .
On a remarqué dans ce morceau, plusfenfiblement
que jamais , le talent fpécialement
propre à ce grand Danfeur, d'adapter,
avec une forte d'enthoufiafme poëtique
, fes pas au caractère & à l'expref
fion de la Mufique.
Sa Majefté , après le Spectacle , a eu
la bonté de déclarer publiquement la
fatisfaction qu'elle avoit eue des principaux
talens qui s'étoient diftingués en
divers genres dans l'exécution de ces
Spectacles.
LEE Lundi 13 Décembre , les ComédiensFrançois
repréfenterent fur le Théâ
tre du Roi, dans fon Château de Choifi
en préfence de Leurs Majeftés & de la
Famille Royale , Irène , Tragédie du
fieur BOISTEL , Tréforier de France à
la Généralité d'Amiens. On a vu par
l'extrait de cette Piéce dans le précédent
Mercure , qu'elle contient un rôle très-
.confidérable pour la Dle CLAIRON,,
aux rares talens de laquelle la Cour eft
auffi fenfible que la Ville.
Cette Tragédie fut fuivie du Legs ,
Comédie en un Acte en profe de M.
MARIVAUX de l'Académie Françoife
(a) . La Dlle DANGEVILLE & le
fieur PREVILLE y jouoient les rôles
,
(a) Certe Piéce fut donnée à Paris pour la pre-
-miere fois en 1736 , elle eft repriſe très-fouvent
toujours avec fuccès.
(G vi
1
156 MERCURE DE FRANCE .
dans lesquels ils font toujours un nouveau
plaifir .
Le lendemain 14 les mêmes Comédiens
repréfenterent le Complaifant
Comédie en cinq Actes en proſe , Auteur
anonyme ( b ) , & l'Epouxparfipercherie
(c) , Comédie en deux Actes ,
en vers de feu M. de Boissi , de l'Académie
Françoife.
,
Le fieur GRANDVAL retiré du
Théâtre de Paris , comme Penfionnaire
du Roi & rempliffant ce fervice à la
Cour , a joué le rôle qui donne le titre à
la premiere de ces deux Piéces. On lui a
retrouvé les mêmes talens que l'on a long
temps & conftamment applaudis en lui ,
particuliérement dans ce que nous entendons
par le haut-comique. Le fieur
BELCOUR , qui a remplacé le fieur
GRANDVAL dans fon emploi à la Comédie
, a joué avec fuccès dans la feconde
Piéce le principal rôle , qui exige
beaucoup d'art , & par lequel il a contribué
avec les autres Acteurs à rendre
cette Comédie très-agréable au Public
( b) Repréſentée pour la premiere fois à Paris
en 1732 , à la Cour en 1733 , repriſe en 1734
avec autant de fuccès que dans la nouveauté.
(c)L'Epoux par fupercherie a été donnée à Pa
ris pour la premiere fois en 1744 .
JANVIER. 1763. 157
1
Toutes les fois qu'on la repréfente à
Paris . Ce Spectacle a paru faire plaifir
à la Cour , dont le fuffrage femble auffi
confirmer le goût du Public pour les tálens
du fieur MOLÊ , qui a joué dans les
deux Piéces.
Le Mercredi 15 on fit exécuter fur le
même Théâtre par les Sujets de la Mufique
du Roi & de l'Académie Royale
deux Actes détachés d'Opéra en forme
d'intermédes. Le premier étoit Alphée
& Aréthufe ( d) , Poëme du feu lieur
DANCHET , mufique du fieur d'Au-
VERGNE . La Demoifelle ARNOULD
dont on connoît la touchante expreffion
dans la voix , dans le jeu & dans
la figure , repréfentoit Aréthufe . Le fieur
L'ARRIVÉE , dont les talens n'avoient
pas encore eu occafion d'être connus fur
les théâtres de la Cour , chantoit le rôle
d'Alphée. Le fieur GELIN , celui de
Neptune. La Demoifelle DUBOIS L.
chantoit le rôle de Vénus .
Le fecond intermédt étoit un Acte
des Fêtes de l'hymen & de l'amour ,
ballet intitulé Arueris ; Poëme du feu
(a Cet Acte fait partie des fragmens que l'on
a donné cet Eté fur le théâtre de l'Opéra , & que
l'on y continue tous les Jeudis,
158 MERCURE DE FRANCE.
fieur CAHUSAC ; Mufique du fieur RAMEAU.
Le fieur GELIOTE , Ordinaire de la
Mufique du Roi , retiré du Théâtre depuis
plufieurs années , a exécuté dans
cet interméde le rôle d'Arueris avec la
même voix & les mêmes talens qui l'ont
rendu fi célébre . La Dlle LEMIERRE ,
( époufe du fieur LARRIVÉE ) y chantoit
le rôle d'ORIE : elle s'en eft acquittée
d'une maniere à réaliſer la fiction
des rôles , par laquelle ARUERIS ,
Ordonnateur & Juge des jeux , où concourent
les talens dont il eft le maître
& le modéle couronne la jeune ·
ORIE pour le prix du chant . La Demoifelle
DUBOIS L. & le fieur BÊCHE , de
-la Mufique du Roi , repréfentoient un
Berger & une Bergère , perfonnages
acceffoires dans cet Acte .
Dans le premier interméde les pas
Teuls & les principales entrécs ont été
danfés par les fieurs LANI , LAVAL,
GARDEL , DAUBERVAL & GROSSET
, & par les Demoiselles ALLARD.,
PESLIN & DUMONCEAU. Dans le fecond
, les Demoifelles LANI , ALLARD
, PESLIN & DUMONCEAU, à la
place de la Demoiselle VESTRIS , malade.
Les fieurs VESTRIS , LANI, LA
JANVIER. 1763. 159
VAL, GARDEL , DAUBERVAL &
GROSSET.
On avoit ajouté à la fin de l'Acte d'ARUERIS
l'arriette & la belle chaconne
du fieur LE BRETON dans IPHIGENIE.
Ces deux morceaux firent la même impreffion
qu'ils font journellement fur le
Théâtre de Paris , & exciterent les plus
grands éloges , tant en faveur de l'Auteur
que de la Demoifelle LEMJERRE
qui chantoit cette Arriette , & du fieur
VESTRIS fur fa danfe dans la chaconne .
On a remarqué dans ce morceau, plusfenfiblement
que jamais , le talent fpécialement
propre à ce grand Danfeur, d'adapter,
avec une forte d'enthoufiafme poëtique
, fes pas au caractère & à l'expref
fion de la Mufique.
Sa Majefté , après le Spectacle , a eu
la bonté de déclarer publiquement la
fatisfaction qu'elle avoit eue des principaux
talens qui s'étoient diftingués en
divers genres dans l'exécution de ces
Spectacles.
Fermer
Résumé : SPECTACLES du ROI à Choisi.
Du 13 au 15 décembre 1763, des spectacles ont été présentés au théâtre du Château de Choifi en présence du roi et de la famille royale. Le 13 décembre, les comédiens ont interprété 'Irène', une tragédie de Boistel, suivie de 'Le Legs', une comédie en un acte de Marivaux. Le 14 décembre, ils ont joué 'Le Complaisant', une comédie en cinq actes d'auteur anonyme, et 'L'Epoux par surprise', une comédie en deux actes de Boissy. Les acteurs Grandval et Belcour ont été particulièrement applaudis. Le 15 décembre, des intermèdes d'opéra ont été exécutés, incluant 'Alphée & Aréthuse' de Danchet et d'Auvergne, et 'Arueris' de Cahusac et Rameau. Les interprètes notables comprenaient la demoiselle Arnould, le sieur Larrivée, le sieur Gelin, et la demoiselle Lemierre. Le roi a exprimé sa satisfaction après le spectacle, soulignant les talents des artistes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 159-160
SPECTACLES de la Cour à Versailles.
Début :
LES changemens & augmentations qu'on a faits au Théâtre du Château, [...]
Mots clefs :
Comédiens-Italiens, Comédiens-Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SPECTACLES de la Cour à Versailles.
SPECTACLES de la Cour à Versailles.
LES
ES changemens & augmentations
qu'on a faits au Théâtre du Château ,
n'ayant pû être finis plutôt , on n'a.com160
MERCURE DE FRANCE .
mencé à y repréfenter cet hyver que le
Mercredi 21 Décembre. Les Comédiens
Italiens y jouerent Arlequin Baron Suiffe
, Piéce Italienne , & le Cadi dupé ,
Opera- Comique , dans lequel le fieur
CAILLOT joue le rôle d'Omar Teinturier
, que jouoit le fieur AUDINOT
dans l'établiffement de cette Piéce.
Le lendemain 23 les Comédiens Fran
çois y repréſenterent Iphigénie en Tau
ride , Tragédie du feu fieur GU IMONT
DE LA TOUCHE , fuivie du Rendezvous
, Comédie en un Acte & en vers
du feu fieur FAGAN.
N. B. On rendra compte dans le
prochain Mercure des Spectacles de la
fin du mois de Décembre.
LES
ES changemens & augmentations
qu'on a faits au Théâtre du Château ,
n'ayant pû être finis plutôt , on n'a.com160
MERCURE DE FRANCE .
mencé à y repréfenter cet hyver que le
Mercredi 21 Décembre. Les Comédiens
Italiens y jouerent Arlequin Baron Suiffe
, Piéce Italienne , & le Cadi dupé ,
Opera- Comique , dans lequel le fieur
CAILLOT joue le rôle d'Omar Teinturier
, que jouoit le fieur AUDINOT
dans l'établiffement de cette Piéce.
Le lendemain 23 les Comédiens Fran
çois y repréſenterent Iphigénie en Tau
ride , Tragédie du feu fieur GU IMONT
DE LA TOUCHE , fuivie du Rendezvous
, Comédie en un Acte & en vers
du feu fieur FAGAN.
N. B. On rendra compte dans le
prochain Mercure des Spectacles de la
fin du mois de Décembre.
Fermer
Résumé : SPECTACLES de la Cour à Versailles.
Les spectacles de la Cour à Versailles ont débuté le 21 décembre 160. Les Comédiens Italiens ont joué 'Arlequin Baron Suiffe' et 'Le Cadi dupé'. Le 23 décembre, les Comédiens Français ont présenté 'Iphigénie en Tauride' et 'Le Rendez-vous'. Le rôle d'Omar Teinturier était interprété par le sieur Caillot. Le Mercure de France rendra compte des spectacles de fin décembre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer