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Détail
Liste
1
p. 145-171
Ce qu'ils ont fait & dit à Paris depuis le jour de leur Entrée jusques à celuy qu'ils ont eu Audience du Roy, où l'on voit ce qui s'est passé à Nostre-Dame le jour qu'ils y ont esté, & quantité d'autres choses curieuses. [titre d'après la table]
Début :
Comme les Ambassadeurs n'avoient pas encore eu Audience, ils [...]
Mots clefs :
Paris, France, Chine, Maladie du roi, Roi, Audience, Procession, Abbé de La Mothe, Office, Ambassadeurs, Entrer, Manger, Église, Parlement, Monde, Lettre, Femmes, Religion, Jardins, Père de La Chaise, Hôtel des ambassadeurs, Église de Notre-Dame de Paris
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texteReconnaissance textuelle : Ce qu'ils ont fait & dit à Paris depuis le jour de leur Entrée jusques à celuy qu'ils ont eu Audience du Roy, où l'on voit ce qui s'est passé à Nostre-Dame le jour qu'ils y ont esté, & quantité d'autres choses curieuses. [titre d'après la table]
Comme les Ambaſsadeurs
n'avoient pas encore
eu Audience , ils crurent
ne devoir point pa
roiftre en public avant
que d'avoir falué Sa Majeſté
,& ainſi ils demanderent
qu'on ne laiſsaſt entrer
perſonne pour les
dvoir manger. L'ordre en
fut donné , & la connoif
fance qu'on en eur , empefcha
les curieux de fe
33 20 7653333330 27N 28
146 Voyage des Amb.
preſenter à la porte de
leur Hoſtel ; mais quoy
qu'ils euſſent reſolu de
n'en point fortir juſqu'au
jour de l'Audience , on jugea
neanmoins a propos
de leur faire voir la Proceffion
qu'on fait tous les
ans a Noftre-Dame le
jourde l'Aſsomption, parce
qu'elle édifie beaucoup
,& que ne ſe faiſant
qu'une fois l'année , ils
s'en retourneroient fans
la voir s'ils ne prenoient
pas cette occafion. On
de Siam. 147
laiſſa à M l'Abbé de la
Mothe , grand Archidiadf
cre , le ſoin de faire les
honneurs du Chapitre. Il
reſolut qu'avant que de
faire entrer les Ambaffa-
- deurs dans l'Eglife , ils
viendroient ſe repofer
| chez luy , & qu'ils y feroient
collation en atten-
0
ar
dant que l'Office fuſt preſt
■ à commencer . Il fit tout
1 preparer pour cela , mais
inutilement , car la foule
ſe trouva fi grande dans
Nij
148 Voyage des Amb.
le Cloiſtre , qu'il fut impoffible
d'approcher de
fon logis , de forte qu'il
falur aller droit à l'Eglife .
On les conduifit d'abord
devant le Grand Autel,
où voyant que M'l'Abbé
de la Mothe , & M² Stolf
s'agenouilloient , ils ſe mirent
auffi à genoux . On
monta enſuite au Jubé
que M'l'Abbé de la Mothe
avoit fait preparer
pour eux , & où l'on n'avoit
laiſſe entrer perfonne.
Ils confidererent toude
Siam. 149
tel'Eglife avec une applim
di
cation que je ne puis vous
repreſenter. Ils endemanderent
la hauteur , & la
largeur , & témoignerent
or
mefme qu'on leur feroit
-el
b
un fort grand plaifir fi on
leur en donnoit lePlan. La
ol
Muſique leur parut tres-
1 belle ,& ils firent par leur
11
b
10
r
Interprete pluſieurs quer
ſtions à M. l'Abbé de la
* Morhe , qui les éclaircit
de ce qu'ils fouhaitoient
12
UC
مح
fçavoir là- deſſus. Ils de-
Niij
150 Voyage des Amb.
manderent auſſi qu'on
leur expliquaſt quelques
Ceremonies , qui regardoient
l'Office , & l'on fatisfit
leur curiofité , auffibien
que celle qu'ils eurent
de vouloir apprendre
ce que c'eſt que l'Orgue
qu'ils écouterent avec
une grande attention,
& fur laquelle ils firent
des demandes pleines d'efprit.
Is firent mille remercimens
à M. l'Abbé de la
Mothe de la peine qu'il ſe
de Siam. ISE
1.
1-
Ia
1,
d
A
e
donnoit de leur expliquer
toutes ces chofes , & le
premier Ambaſſadeur luy
offrit du Betel , je vous
en ay déja parlé dans ma
Relation de Siam . Ils en
machent auſſi ſouvent ,
que prennent icy du Tabac
en poudre ceux qui
l'aiment davantage , &
qui ont toujours la Tabatiere
à la main . Le Be-
.tel fortifie l'estomach , ८
rend l'haleine plus douce.
L'Office eftant finy , on fir
Niiij
152 Voyage des Amb.
la Proceffion, ou fe trouvent
les Chanoines de fix
Chapitres de Paris , fans
compter ceux de Noftre-
Dame , avec le Parlement
&la Ville en Corps . Comme
cette Proceffion eft
fort celebre , & fort auguſte
, M' l'Archeveſque
de Paris y aſſiſte. Jamais
on n'a regardé plus attentivement
aucune Ceremonie
, que les Ambaſſadeurs
firent cette Proceffion
,&jamais on n'a fait
I
de Siam.
153
S
dequeſtions plus fpirituelles
que X celles qu'ils firent,
fur tout pour ſçavoir ce
e que fignifioit la difference
t
t
des habits des Prefidens
& des Confeillers , & de
ceux du Parlement & de
Meffieurs de Ville . Ils
n'en demeurerent pas là ;
car comme on leur parla
1. des differentes Chambres
e
2.
S
du Parlement , comme de
a. la grand Chambre , des
1. Enqueſtes , des Requeſtes,
it ainſi que de la Chambre
154- Voyagedes Amb.
des Comptes , & de la
Cour des Aydes , ils s'informerent
de la fonction
de tous ces Corps , ce
qui ne leur pût eſtre expliqué
qu'en peu de paroles
, à cauſe du peu de
temps que l'on avoit pour
cela ; M'le Doyen , &
pluſieurs Chanoines , les
vinrent falüer au Jubé, &
ils les receurent avec des
honneſtetez qu'il feroit
difficile d'exprimer . En
fortant ils ſe mirent à gede
Siam. 155
a
-
n
a.
汇
noux devant l'Autel de
la Vierge , & dirent qu'ils
avoient esté tellement édifiez
de ce qu'ils avoient
vû, &fur tout de l' air dont
M'l'Archevesque avoit
fait l'Office , que nonſeulement
ils estoient prefts de
demeurer pour l'entendre
encore, s'il vouloit recommencer,
maisque s'il officioit
quatre fois par jour , 5.
qu'ils puſſent y aßifter autant
de fois , ils le feroient
avec beaucoup de plaisir.
156 Voyage des Amb.
Ils s'en retournerent fi
fatisfaits , & fi remplis de
toutes les chofes qu'ils avoient
veuës , qu'ils employerent
quatre Secreraires
tout le foir , pour
écrire leurs remarques.
Je vous ay déja appris
que le ſecond Ambaffadeur
a eſté en Ambaffade
à la Chine de la part du
Roy de Siam. Comme
c'eft un homme de bon
efprit , fage& fort fincere
, on a voulu ſçavoir de
de Siam.
157
-
iluy la difference qu'il faifoit
de ces deux Erats . Il a
dit qu'il y avoit beaucoup
de monde en la Chine ; que
les bords des Rivieres y efsoient
beaucoup plus peuplez
que le reſte du Païs ,
5 que si la France estoit
à proportion außi peuplée
4 dans toutes ſes Campagnes
quelle l'estoit le long des
bords de la Loire qu'il avoit
vûs, il y avoit autant
de monde en France qu'en
S
1
la Chine , à proportion de
158 Voyage des Amb.
l'étendue de l'unes de l'autre
Etat ; que ſuivant même
ce qu'il venoit de dire ,
on devoit croire qu'ily en a
davantage en France; mais
que ce qui les égaloit , au
moins felon ce qu'il avoit
vû , estoit que la Chine luy
avoit paru peuplée , ainsi
que je viens de vous marquer,
quoy qu'il n'eust point
vû de Femmes , parce qu'-
elles ne s'y montrent point.
Il dit à l'égard de Paris ,
& de la Capitale de la
de Siam.
159
111
re
all
Chine , qu'il avoit vû autant
d'hommes à Pequin ,
qui est le nom de cette Cappiittaallee,,
que d'hommes es de
femmes ensemble à. Paris.
Il peut dire vray , mais il
peut auſſi ſe tromper,
1) n'ayant pas encore affez
vù Paris pour en juger.
Il en parle fur deux chofes
; fur ce qu'il a vû le
jour qu'il fit ſon Entrée ,
&ce qu'il vit dans Noſtre
me&aux environs le jour
nt
s
I de l'Afſomption . A l'égard
150 Voyage des Amb.
des Jardins , que ceux qui
ont fait imprimer des
Voyages de la Chine ,
vantent tant , il affcure
qu'ils font infiniment plus
beaux en France , comme
beaucoup d'autres chofes
. Il faut remarquer que
lors qu'il a parlé ainfi , il
n'avoit point eu Audience
, ny vù les Jardins
de Versailles & de Saint
Cloud;& que ce qu'il dit
à l'égarddu peuple de Paris
feulement , parce qu'il
de Siam. 161
ne l'a pas encore tout vù,
de eſt avantageux à la France
, puis que fa fincerité
ne
paroiffant par là ( au lieu
que d'autres flateroient
m
10
;
el
al
d
Pa
ceux du Pays où ils font )
fait connoiſtre qu'il dit
vray , lors qu'il nous donne
l'avantage fur d'autres
articles..
Quoy que lesAmbaffa
deurs euffent refolu de ne
manger en publicqu'aprés
avoir euAudienceduRoy,
ils ne laiſserentpas de voir
162 Voyage des Amb.
,
quelques Perſonnes diftinguées.
Ils font ſi reconnoifſans
que dés que
parmy beaucoup d'autres,
ils apercevoient quelqu'un
de ceux qui les avoient
reçeusſur leur rou
te avec plus d'affection
que
que d'autres, ils les demêloient
auſſi- toft , leur parloient
les premiers , &
leur faifoient cent careffes
. On ne peut exprimer
celles qu'ils firent à Madame
l'Intendante de
de Siam. 163
1
Je
U
a
UA
e
r
&
de
Breſt , lors qu'ils la virent
à Paris . Ils ne fe contentent
pas de trouver à leur
gouſt les Metsqu'on aprête
en France , ils veulent
ſçavoir de quoy ils font
compofez , & font aporter
devant eux tout ce
qui entre dans les Ragoufts
les plus délicats
non pour le defir d'avoir
de quoy manger délicatement,
mais pour ne s'em
pas retourner en leur Païs
fans y porter tout ce qui
O ij
164 Voyage des Amb.
regarde les Arts , & les
Coûtumes de France , &
afin de nerien oublier, ils
ont mefme greffé des Arbres
dans le Jardin de
l'Hoſtel des Ambaſſadeurs.
Ce qu'ils fouhairent
le plus d'emporter
d'icy , & qu'ils préferent
à ce qu'on leur pourroit
donner de plus précieux ,
& de plus riche , ce font
des Cartes du Royaume ,
des Plans des Places fortes
,&des Maiſons Royade
Siam. 165
les , des Tableaux ou des
3 Eſtampes , où le Roy
| foit à la teſte de ſes Armées,
d'autres qui leur redeprefentent
, les Armées
1. Navales de Sa Majefté,&
d'autres où ils puiſſent
et voir toutes fes Chaffes .Le
nt Pere de la Chaife , en leur
bit rendant une ſeconde vifite
à Paris , leur fit preſent
de liqueurs , & leur dit ,
2. Que le Roy avoit beaucoup
r. de joye , de ce qu'il entendoit
-2. dire tous les jours d'eux & a
166 Voyage des Amb.
de leur esprit. Lors qu'ils
eſtoient fur le point d'avoir
Audience , le Roy fut
attaqué d'une fiévre quarte,
& ce futalors qu'ils redoublerent
leurs inſtances
pour ne voir perfonne
; ils dirent Que voir du
monde d'eftoit se divertir,
qu'ils ne devoient prendre
aucun plaisir tant que la
Ma'adre du Roy dureroit .
S'ils en uſent de cette maniere
pour un Monarque
dont ils ne font pas nez
A
n
Dolinar Del F
de Siam.
167
Sujets , vous pouvezjuger
de ce qu'ils font pour leur
Souverain . Le profond
refpect qu'ils ont pour luy
leur en a fait rendre un
tres grand à la Lettre dont
il les avoit chargez , pour
l'apporter à Sa Majefté.
Elle estoit placée à l'Hô
tel des Ambaſſadeurs ,
dans le fond de la Ruelle
du Lit de Parade du premier
Ambaſſadeur , de la
maniere que vous la
yoyez dans la Planche
168 Voyage des Amb.
que je vous envoye , &
que j'ay fait deffiner exprés
fur le lieu. On l'avoit
enfermée dans trois
Boëtes . Celle de deffus étoit
de bois verny du Japon;
la feconde d'argent,
& la troifiéme d'or. La
Lettre qui estoit écrite
fur une Lame d'or roulée,
les Roys de Siam n'écrivant
jamais que fur l'or ,
eſtoit dans cette derniere .
Toutes cesBoëtes estoient
couvertes d'un Brocard
d'or
de Siam. 169
1
d'or , & fermées avec le
Sceau du premier Ambaffadeur
qui estoit en Cire
blanche. Les Ambaſſadeurs
mettoient tous les
jours des fleurs nouvelles
deffus ,& toutes les fois
qu'ils paffoient devant
cette Lettre , ils faifoient
de profondes inclinations .
Quoy qu'ils n'ayent point
icy de Talapoins , ils ne
laiſsent pas d'y faire des
exercices de leur Religion
. Ils se mettent à ge
0
P
170 Voyagedes Amb.
noux , élevent les mains
pluſieurs fois,& touchent
la terre de la teſte. Ils diſent
qu'on a rapporté
beaucoup de choſes de
leur Religion qui ne font
pas vrayes , qu'ils font
pluſieurs de Meditations
dont les principales font,
de faire reflexion fur ce
que le Mary doit à ſaFemme
, & la Femme à fon
Mary , le Pere à fon Fils ,
le Fils a fon Pere,& l'Amy
à fon Amy ,& que le plus
de Siam. 171
S
t
1
e
e
t
S
vertueux eft parmy eux
le plus ſaint.
n'avoient pas encore
eu Audience , ils crurent
ne devoir point pa
roiftre en public avant
que d'avoir falué Sa Majeſté
,& ainſi ils demanderent
qu'on ne laiſsaſt entrer
perſonne pour les
dvoir manger. L'ordre en
fut donné , & la connoif
fance qu'on en eur , empefcha
les curieux de fe
33 20 7653333330 27N 28
146 Voyage des Amb.
preſenter à la porte de
leur Hoſtel ; mais quoy
qu'ils euſſent reſolu de
n'en point fortir juſqu'au
jour de l'Audience , on jugea
neanmoins a propos
de leur faire voir la Proceffion
qu'on fait tous les
ans a Noftre-Dame le
jourde l'Aſsomption, parce
qu'elle édifie beaucoup
,& que ne ſe faiſant
qu'une fois l'année , ils
s'en retourneroient fans
la voir s'ils ne prenoient
pas cette occafion. On
de Siam. 147
laiſſa à M l'Abbé de la
Mothe , grand Archidiadf
cre , le ſoin de faire les
honneurs du Chapitre. Il
reſolut qu'avant que de
faire entrer les Ambaffa-
- deurs dans l'Eglife , ils
viendroient ſe repofer
| chez luy , & qu'ils y feroient
collation en atten-
0
ar
dant que l'Office fuſt preſt
■ à commencer . Il fit tout
1 preparer pour cela , mais
inutilement , car la foule
ſe trouva fi grande dans
Nij
148 Voyage des Amb.
le Cloiſtre , qu'il fut impoffible
d'approcher de
fon logis , de forte qu'il
falur aller droit à l'Eglife .
On les conduifit d'abord
devant le Grand Autel,
où voyant que M'l'Abbé
de la Mothe , & M² Stolf
s'agenouilloient , ils ſe mirent
auffi à genoux . On
monta enſuite au Jubé
que M'l'Abbé de la Mothe
avoit fait preparer
pour eux , & où l'on n'avoit
laiſſe entrer perfonne.
Ils confidererent toude
Siam. 149
tel'Eglife avec une applim
di
cation que je ne puis vous
repreſenter. Ils endemanderent
la hauteur , & la
largeur , & témoignerent
or
mefme qu'on leur feroit
-el
b
un fort grand plaifir fi on
leur en donnoit lePlan. La
ol
Muſique leur parut tres-
1 belle ,& ils firent par leur
11
b
10
r
Interprete pluſieurs quer
ſtions à M. l'Abbé de la
* Morhe , qui les éclaircit
de ce qu'ils fouhaitoient
12
UC
مح
fçavoir là- deſſus. Ils de-
Niij
150 Voyage des Amb.
manderent auſſi qu'on
leur expliquaſt quelques
Ceremonies , qui regardoient
l'Office , & l'on fatisfit
leur curiofité , auffibien
que celle qu'ils eurent
de vouloir apprendre
ce que c'eſt que l'Orgue
qu'ils écouterent avec
une grande attention,
& fur laquelle ils firent
des demandes pleines d'efprit.
Is firent mille remercimens
à M. l'Abbé de la
Mothe de la peine qu'il ſe
de Siam. ISE
1.
1-
Ia
1,
d
A
e
donnoit de leur expliquer
toutes ces chofes , & le
premier Ambaſſadeur luy
offrit du Betel , je vous
en ay déja parlé dans ma
Relation de Siam . Ils en
machent auſſi ſouvent ,
que prennent icy du Tabac
en poudre ceux qui
l'aiment davantage , &
qui ont toujours la Tabatiere
à la main . Le Be-
.tel fortifie l'estomach , ८
rend l'haleine plus douce.
L'Office eftant finy , on fir
Niiij
152 Voyage des Amb.
la Proceffion, ou fe trouvent
les Chanoines de fix
Chapitres de Paris , fans
compter ceux de Noftre-
Dame , avec le Parlement
&la Ville en Corps . Comme
cette Proceffion eft
fort celebre , & fort auguſte
, M' l'Archeveſque
de Paris y aſſiſte. Jamais
on n'a regardé plus attentivement
aucune Ceremonie
, que les Ambaſſadeurs
firent cette Proceffion
,&jamais on n'a fait
I
de Siam.
153
S
dequeſtions plus fpirituelles
que X celles qu'ils firent,
fur tout pour ſçavoir ce
e que fignifioit la difference
t
t
des habits des Prefidens
& des Confeillers , & de
ceux du Parlement & de
Meffieurs de Ville . Ils
n'en demeurerent pas là ;
car comme on leur parla
1. des differentes Chambres
e
2.
S
du Parlement , comme de
a. la grand Chambre , des
1. Enqueſtes , des Requeſtes,
it ainſi que de la Chambre
154- Voyagedes Amb.
des Comptes , & de la
Cour des Aydes , ils s'informerent
de la fonction
de tous ces Corps , ce
qui ne leur pût eſtre expliqué
qu'en peu de paroles
, à cauſe du peu de
temps que l'on avoit pour
cela ; M'le Doyen , &
pluſieurs Chanoines , les
vinrent falüer au Jubé, &
ils les receurent avec des
honneſtetez qu'il feroit
difficile d'exprimer . En
fortant ils ſe mirent à gede
Siam. 155
a
-
n
a.
汇
noux devant l'Autel de
la Vierge , & dirent qu'ils
avoient esté tellement édifiez
de ce qu'ils avoient
vû, &fur tout de l' air dont
M'l'Archevesque avoit
fait l'Office , que nonſeulement
ils estoient prefts de
demeurer pour l'entendre
encore, s'il vouloit recommencer,
maisque s'il officioit
quatre fois par jour , 5.
qu'ils puſſent y aßifter autant
de fois , ils le feroient
avec beaucoup de plaisir.
156 Voyage des Amb.
Ils s'en retournerent fi
fatisfaits , & fi remplis de
toutes les chofes qu'ils avoient
veuës , qu'ils employerent
quatre Secreraires
tout le foir , pour
écrire leurs remarques.
Je vous ay déja appris
que le ſecond Ambaffadeur
a eſté en Ambaffade
à la Chine de la part du
Roy de Siam. Comme
c'eft un homme de bon
efprit , fage& fort fincere
, on a voulu ſçavoir de
de Siam.
157
-
iluy la difference qu'il faifoit
de ces deux Erats . Il a
dit qu'il y avoit beaucoup
de monde en la Chine ; que
les bords des Rivieres y efsoient
beaucoup plus peuplez
que le reſte du Païs ,
5 que si la France estoit
à proportion außi peuplée
4 dans toutes ſes Campagnes
quelle l'estoit le long des
bords de la Loire qu'il avoit
vûs, il y avoit autant
de monde en France qu'en
S
1
la Chine , à proportion de
158 Voyage des Amb.
l'étendue de l'unes de l'autre
Etat ; que ſuivant même
ce qu'il venoit de dire ,
on devoit croire qu'ily en a
davantage en France; mais
que ce qui les égaloit , au
moins felon ce qu'il avoit
vû , estoit que la Chine luy
avoit paru peuplée , ainsi
que je viens de vous marquer,
quoy qu'il n'eust point
vû de Femmes , parce qu'-
elles ne s'y montrent point.
Il dit à l'égard de Paris ,
& de la Capitale de la
de Siam.
159
111
re
all
Chine , qu'il avoit vû autant
d'hommes à Pequin ,
qui est le nom de cette Cappiittaallee,,
que d'hommes es de
femmes ensemble à. Paris.
Il peut dire vray , mais il
peut auſſi ſe tromper,
1) n'ayant pas encore affez
vù Paris pour en juger.
Il en parle fur deux chofes
; fur ce qu'il a vû le
jour qu'il fit ſon Entrée ,
&ce qu'il vit dans Noſtre
me&aux environs le jour
nt
s
I de l'Afſomption . A l'égard
150 Voyage des Amb.
des Jardins , que ceux qui
ont fait imprimer des
Voyages de la Chine ,
vantent tant , il affcure
qu'ils font infiniment plus
beaux en France , comme
beaucoup d'autres chofes
. Il faut remarquer que
lors qu'il a parlé ainfi , il
n'avoit point eu Audience
, ny vù les Jardins
de Versailles & de Saint
Cloud;& que ce qu'il dit
à l'égarddu peuple de Paris
feulement , parce qu'il
de Siam. 161
ne l'a pas encore tout vù,
de eſt avantageux à la France
, puis que fa fincerité
ne
paroiffant par là ( au lieu
que d'autres flateroient
m
10
;
el
al
d
Pa
ceux du Pays où ils font )
fait connoiſtre qu'il dit
vray , lors qu'il nous donne
l'avantage fur d'autres
articles..
Quoy que lesAmbaffa
deurs euffent refolu de ne
manger en publicqu'aprés
avoir euAudienceduRoy,
ils ne laiſserentpas de voir
162 Voyage des Amb.
,
quelques Perſonnes diftinguées.
Ils font ſi reconnoifſans
que dés que
parmy beaucoup d'autres,
ils apercevoient quelqu'un
de ceux qui les avoient
reçeusſur leur rou
te avec plus d'affection
que
que d'autres, ils les demêloient
auſſi- toft , leur parloient
les premiers , &
leur faifoient cent careffes
. On ne peut exprimer
celles qu'ils firent à Madame
l'Intendante de
de Siam. 163
1
Je
U
a
UA
e
r
&
de
Breſt , lors qu'ils la virent
à Paris . Ils ne fe contentent
pas de trouver à leur
gouſt les Metsqu'on aprête
en France , ils veulent
ſçavoir de quoy ils font
compofez , & font aporter
devant eux tout ce
qui entre dans les Ragoufts
les plus délicats
non pour le defir d'avoir
de quoy manger délicatement,
mais pour ne s'em
pas retourner en leur Païs
fans y porter tout ce qui
O ij
164 Voyage des Amb.
regarde les Arts , & les
Coûtumes de France , &
afin de nerien oublier, ils
ont mefme greffé des Arbres
dans le Jardin de
l'Hoſtel des Ambaſſadeurs.
Ce qu'ils fouhairent
le plus d'emporter
d'icy , & qu'ils préferent
à ce qu'on leur pourroit
donner de plus précieux ,
& de plus riche , ce font
des Cartes du Royaume ,
des Plans des Places fortes
,&des Maiſons Royade
Siam. 165
les , des Tableaux ou des
3 Eſtampes , où le Roy
| foit à la teſte de ſes Armées,
d'autres qui leur redeprefentent
, les Armées
1. Navales de Sa Majefté,&
d'autres où ils puiſſent
et voir toutes fes Chaffes .Le
nt Pere de la Chaife , en leur
bit rendant une ſeconde vifite
à Paris , leur fit preſent
de liqueurs , & leur dit ,
2. Que le Roy avoit beaucoup
r. de joye , de ce qu'il entendoit
-2. dire tous les jours d'eux & a
166 Voyage des Amb.
de leur esprit. Lors qu'ils
eſtoient fur le point d'avoir
Audience , le Roy fut
attaqué d'une fiévre quarte,
& ce futalors qu'ils redoublerent
leurs inſtances
pour ne voir perfonne
; ils dirent Que voir du
monde d'eftoit se divertir,
qu'ils ne devoient prendre
aucun plaisir tant que la
Ma'adre du Roy dureroit .
S'ils en uſent de cette maniere
pour un Monarque
dont ils ne font pas nez
A
n
Dolinar Del F
de Siam.
167
Sujets , vous pouvezjuger
de ce qu'ils font pour leur
Souverain . Le profond
refpect qu'ils ont pour luy
leur en a fait rendre un
tres grand à la Lettre dont
il les avoit chargez , pour
l'apporter à Sa Majefté.
Elle estoit placée à l'Hô
tel des Ambaſſadeurs ,
dans le fond de la Ruelle
du Lit de Parade du premier
Ambaſſadeur , de la
maniere que vous la
yoyez dans la Planche
168 Voyage des Amb.
que je vous envoye , &
que j'ay fait deffiner exprés
fur le lieu. On l'avoit
enfermée dans trois
Boëtes . Celle de deffus étoit
de bois verny du Japon;
la feconde d'argent,
& la troifiéme d'or. La
Lettre qui estoit écrite
fur une Lame d'or roulée,
les Roys de Siam n'écrivant
jamais que fur l'or ,
eſtoit dans cette derniere .
Toutes cesBoëtes estoient
couvertes d'un Brocard
d'or
de Siam. 169
1
d'or , & fermées avec le
Sceau du premier Ambaffadeur
qui estoit en Cire
blanche. Les Ambaſſadeurs
mettoient tous les
jours des fleurs nouvelles
deffus ,& toutes les fois
qu'ils paffoient devant
cette Lettre , ils faifoient
de profondes inclinations .
Quoy qu'ils n'ayent point
icy de Talapoins , ils ne
laiſsent pas d'y faire des
exercices de leur Religion
. Ils se mettent à ge
0
P
170 Voyagedes Amb.
noux , élevent les mains
pluſieurs fois,& touchent
la terre de la teſte. Ils diſent
qu'on a rapporté
beaucoup de choſes de
leur Religion qui ne font
pas vrayes , qu'ils font
pluſieurs de Meditations
dont les principales font,
de faire reflexion fur ce
que le Mary doit à ſaFemme
, & la Femme à fon
Mary , le Pere à fon Fils ,
le Fils a fon Pere,& l'Amy
à fon Amy ,& que le plus
de Siam. 171
S
t
1
e
e
t
S
vertueux eft parmy eux
le plus ſaint.
Fermer
Résumé : Ce qu'ils ont fait & dit à Paris depuis le jour de leur Entrée jusques à celuy qu'ils ont eu Audience du Roy, où l'on voit ce qui s'est passé à Nostre-Dame le jour qu'ils y ont esté, & quantité d'autres choses curieuses. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam, en attente de leur audience avec le roi de France, décidèrent de ne pas apparaître en public avant cette rencontre et demandèrent que personne ne les voie manger. Ils furent invités à assister à la procession annuelle de l'Assomption à Notre-Dame, où ils furent accueillis par l'abbé de la Mothe. La foule les obligea à se rendre directement à l'église. À l'intérieur, ils montrèrent un grand intérêt pour l'architecture de l'église, posant des questions sur sa hauteur et sa largeur et exprimant le désir d'obtenir un plan. Ils furent également impressionnés par la musique et l'orgue, posant des questions détaillées à l'abbé de la Mothe. Après l'office, ils observèrent attentivement les différences dans les habits des dignitaires et reçurent plusieurs d'entre eux avec honneur. Les ambassadeurs étaient très reconnaissants et curieux, posant des questions sur divers aspects de la religion et des cérémonies. Ils offrirent du bétel à l'abbé de la Mothe, expliquant ses bienfaits. Après la procession, ils s'agenouillèrent devant l'autel de la Vierge, déclarant qu'ils auraient aimé assister à d'autres offices. Ils employèrent quatre secrétaires pour noter toutes leurs observations. Le second ambassadeur, ayant été en mission en Chine, compara les deux pays, notant que la France semblait aussi peuplée que la Chine, bien qu'il n'ait pas vu de femmes en Chine. Il trouva les jardins français plus beaux que ceux de la Chine. Les ambassadeurs rencontrèrent plusieurs personnes distinguées et leur firent des marques d'affection, malgré leur résolution de ne pas manger en public avant l'audience royale. Ils étaient également intéressés par la composition des mets français et voulurent tout apprendre sur les arts et coutumes de France. Ils plantèrent même des arbres dans le jardin de leur hôtel pour ne rien oublier. Lorsqu'ils furent sur le point d'avoir audience, le roi tomba malade, et ils redoublèrent leurs instances pour ne voir personne, montrant un profond respect pour leur souverain. La lettre qu'ils devaient remettre au roi de France était placée dans trois boîtes emboîtées, la dernière en or, et était écrite sur une lame d'or. Ils faisaient des inclinations profondes chaque fois qu'ils passaient devant cette lettre. Malgré l'absence de talapoins en France, ils pratiquaient leur religion en se mettant à genoux et en touchant le sol avec leur tête. Ils méditaient sur les devoirs familiaux et amicaux, considérant la vertu comme la sainteté suprême.
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2
p. 56-60
ANTIQUITEZ.
Début :
On a découvert au mois de Mars dernier des monumens [...]
Mots clefs :
Académie royale des inscriptions et médailles, Pierre, Église de Notre-Dame de Paris, Antiquité
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texteReconnaissance textuelle : ANTIQUITEZ.
ANTIQVÎTEZ.
Ona découvert au mois
de Mars dernier des monumens
d'Antiquité dansl'Eglisede
Notre-Dame dcP-aris
: la nouvelledécoration
duChoeur,oùl'ont ravaille,
a donné occasion de construireune
Cave pour lasépulture
des Archevêques:
aprés avoir creusé la terre
jusqu'à quinze pieds de profondeur,
on trouva dans les
fondemens d'un vieux mur,
plusieurs grandes pierres
quarrées ornées de bas-reliefs,
avec une Inscription,
qui marque que fous le Regne
de Tibere la Communauté
des Batteliers Parisiens
aconstruil un Autel à
Jupiter.
TIB.CÆSAREAUG.
JOVIOPTUMO MAXSUMO
NAUTÆ PARISIACI
PUBLICE POSIERUNT.
Sur les autres faces de cette
pierre, sont desfigures d'hommes
armez de lances & de boucliers
, entre plusieurs caracteres
,
qui sont gravez sur les
rebords de la pierre, & qui
laplupart sont effacez; on lit
d'un côté, F-uitisEsd'un
autre, SENANI.
Sur les deux faces d'une att.
tre pierre on voit en bas-relief,
la figure d'un Vulcain,
& d'un Jupiter avec ces mocs:
VOLCANUSJOVIS. Sur une autre
face estcelle d'unhomme,
qui frappe un arbre avec une
coignée:au-dessus on lit, Esus;
&sur la quatriéme face, sont
trois oiseaux posez sur le corps
d'un Taureau ; on lit au-dessus,
TARVOS TRIGARANUS.
Sur les quatre faces d'une
troisiéme pierre, on voit les
figures de Castor, de Pollux,
d'un homme qui combat contre
un Serpent, & d'un Vieillard
ayant deux grosses cornes
à la telle, au-deuus duquel
on lit, CERNUNNOS.
| Il y a de quoy exercer la
curiosité des Antiquaires:
Monsieur Baudelot, & Monsieur
Moreau de Mautour,
de l'Acacemie Royalle des
Inscriptions, ont travaillé sur
ces monumens ; quand je
sçauray ce qu'ils ont pensé &
écrit là-dessus,j'en feray part
auPublic.
Ona découvert au mois
de Mars dernier des monumens
d'Antiquité dansl'Eglisede
Notre-Dame dcP-aris
: la nouvelledécoration
duChoeur,oùl'ont ravaille,
a donné occasion de construireune
Cave pour lasépulture
des Archevêques:
aprés avoir creusé la terre
jusqu'à quinze pieds de profondeur,
on trouva dans les
fondemens d'un vieux mur,
plusieurs grandes pierres
quarrées ornées de bas-reliefs,
avec une Inscription,
qui marque que fous le Regne
de Tibere la Communauté
des Batteliers Parisiens
aconstruil un Autel à
Jupiter.
TIB.CÆSAREAUG.
JOVIOPTUMO MAXSUMO
NAUTÆ PARISIACI
PUBLICE POSIERUNT.
Sur les autres faces de cette
pierre, sont desfigures d'hommes
armez de lances & de boucliers
, entre plusieurs caracteres
,
qui sont gravez sur les
rebords de la pierre, & qui
laplupart sont effacez; on lit
d'un côté, F-uitisEsd'un
autre, SENANI.
Sur les deux faces d'une att.
tre pierre on voit en bas-relief,
la figure d'un Vulcain,
& d'un Jupiter avec ces mocs:
VOLCANUSJOVIS. Sur une autre
face estcelle d'unhomme,
qui frappe un arbre avec une
coignée:au-dessus on lit, Esus;
&sur la quatriéme face, sont
trois oiseaux posez sur le corps
d'un Taureau ; on lit au-dessus,
TARVOS TRIGARANUS.
Sur les quatre faces d'une
troisiéme pierre, on voit les
figures de Castor, de Pollux,
d'un homme qui combat contre
un Serpent, & d'un Vieillard
ayant deux grosses cornes
à la telle, au-deuus duquel
on lit, CERNUNNOS.
| Il y a de quoy exercer la
curiosité des Antiquaires:
Monsieur Baudelot, & Monsieur
Moreau de Mautour,
de l'Acacemie Royalle des
Inscriptions, ont travaillé sur
ces monumens ; quand je
sçauray ce qu'ils ont pensé &
écrit là-dessus,j'en feray part
auPublic.
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Résumé : ANTIQUITEZ.
En mars dernier, des monuments antiques ont été découverts dans l'église Notre-Dame de Paris lors de la rénovation du chœur. La construction d'une cave pour les sépultures des archevêques a révélé des pierres ornées de bas-reliefs et d'inscriptions. Une inscription indique que sous le règne de Tibère, la communauté des bateliers parisiens a érigé un autel à Jupiter. Les pierres portent des représentations de Vulcain, Jupiter, Esus, Tarvos Trigaranus, Castor, Pollux, un homme combattant un serpent, et Cernunnos. Des caractères partiellement effacés, tels que 'F-uitis' et 'SENANI', sont également présents. Les antiquaires Monsieur Baudelot et Monsieur Moreau de Mautour de l'Académie Royale des Inscriptions ont étudié ces monuments. Les résultats de leurs recherches seront partagés ultérieurement.
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3
p. 177-179
« Le 27. les Députez des Etats de Bretagne, eurent Audience publique du [...] »
Début :
Le 27. les Députez des Etats de Bretagne, eurent Audience publique du [...]
Mots clefs :
Députés des États de Bretagne, Audience publique, Église de Notre-Dame de Paris, Décoration, Chapitre, Tableaux, Neffe
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texteReconnaissance textuelle : « Le 27. les Députez des Etats de Bretagne, eurent Audience publique du [...] »
Le 27. les Députez des Etats de Breeurent Audience publique du
Roy, étant présentez par le Comte de Toulouse , Gouverneur de la Province ,
et par le Comte de S. Florentin , Secretaire d'Etat , et conduits par le Grand- Maître et le Maître des Ceremonies ; la
Députation étoit composée de l'Evêque
de S. Pol de Leon , pour le Clergé qui
porta la parole , du Comte de Kercado
pour la Noblesse , du Senechal du Quimper pour le Tiers Etat , et du Pré ident
de Bedé , Syndic de la Province. Ces Députez furent ensuite conduits à l'Audiance de la Reine, et à celles de Monseigneur
le Dauphin , de Monseigneur le Duc
d'Anjou et de Mesdames de France.
Il n'y a pas lieu d'être surpris de tous
les embellissemens qui se sont faits depuis un temps et qui se font encore dans
la celebre Eglise de Notre- Dame de Paris.
Son illustre Chapitre a toûjours eu grande attention sur ce qui regarde le culte
de Dieu , dans lequl est toujours renfermée la Décoration et la magnificence
de son Temple.
I C'est
178 MERCURE DE FRANCE
et
C'est à quoi il semble que ce Chapitre
se soit encore appliqué plus particulierement depuis un temps. Les soins et les
attentions des Abbez de la Croix , de
Fleury et de Cotte , Chanoines , et Intendans du Trésor et de la Fabrique ,
n'ont pas peu contribué à de si nobles er
de si pieuses entreprises ; et le bonheur a
voulu qu'ils ayent heureusement rencontré dans l'Abbé Colin' , Trésorier de cette
Eglise , une personne plus propre à rencherir sur leur zele , qu'à le diminuer.
Son ardeur pour tout ce qui regarde l'Eglise et sa décoration , est sans exemple
ainsi que sa vigilance et son activité.
La derniere réparation qu'on vient de
faire et qui a le plus frappé les yeux du
Public et des Curieux , est le nettoyementet la restauration de tousles Tableaux
de la Nef, qui , quoique des plus grands
Maîtres, avoient été de longue main aban.
donnez aux insultes du temps et de la
poussiere ; l'on n'y reconnoissoit plus.
rien, la plus grande partie pleins de troux
et tout écaillez. Il falloit une main legere
sçavante et habile pour les nettoyer sans
alteration et les repeindre sans qu'il y
parût, et ce fut pour cela que le sieur
Grégoire, jeune homme , Eleve de M.Reitout, neveu da celebre Jean Jouvenet
£us
JANVIER 1732. 179
1
1
fut choisi ; il s'en est acquitté si bien et
avec tant de prudence , qu'il a rendu à
tous ces Tableaux leur premier lustre et
leur ancien éclat , sans avoir rien alteré
des endroits mêmes les plus délicats. Il a
eû aussi la satisfaction de se voir applaudi , non-seulement du Public , mais même de M. Boulogne , premier Peintre du
Roy et Directeur de l'Académie , &c.
Un si, heureux succès fait esperer que
le sieur Grégoire ne se tirera pas moins
heureusement des Tableaux de la Croisée
de la même Eglise, qui sont, la plus grande partie , d'un prix infini.
Roy, étant présentez par le Comte de Toulouse , Gouverneur de la Province ,
et par le Comte de S. Florentin , Secretaire d'Etat , et conduits par le Grand- Maître et le Maître des Ceremonies ; la
Députation étoit composée de l'Evêque
de S. Pol de Leon , pour le Clergé qui
porta la parole , du Comte de Kercado
pour la Noblesse , du Senechal du Quimper pour le Tiers Etat , et du Pré ident
de Bedé , Syndic de la Province. Ces Députez furent ensuite conduits à l'Audiance de la Reine, et à celles de Monseigneur
le Dauphin , de Monseigneur le Duc
d'Anjou et de Mesdames de France.
Il n'y a pas lieu d'être surpris de tous
les embellissemens qui se sont faits depuis un temps et qui se font encore dans
la celebre Eglise de Notre- Dame de Paris.
Son illustre Chapitre a toûjours eu grande attention sur ce qui regarde le culte
de Dieu , dans lequl est toujours renfermée la Décoration et la magnificence
de son Temple.
I C'est
178 MERCURE DE FRANCE
et
C'est à quoi il semble que ce Chapitre
se soit encore appliqué plus particulierement depuis un temps. Les soins et les
attentions des Abbez de la Croix , de
Fleury et de Cotte , Chanoines , et Intendans du Trésor et de la Fabrique ,
n'ont pas peu contribué à de si nobles er
de si pieuses entreprises ; et le bonheur a
voulu qu'ils ayent heureusement rencontré dans l'Abbé Colin' , Trésorier de cette
Eglise , une personne plus propre à rencherir sur leur zele , qu'à le diminuer.
Son ardeur pour tout ce qui regarde l'Eglise et sa décoration , est sans exemple
ainsi que sa vigilance et son activité.
La derniere réparation qu'on vient de
faire et qui a le plus frappé les yeux du
Public et des Curieux , est le nettoyementet la restauration de tousles Tableaux
de la Nef, qui , quoique des plus grands
Maîtres, avoient été de longue main aban.
donnez aux insultes du temps et de la
poussiere ; l'on n'y reconnoissoit plus.
rien, la plus grande partie pleins de troux
et tout écaillez. Il falloit une main legere
sçavante et habile pour les nettoyer sans
alteration et les repeindre sans qu'il y
parût, et ce fut pour cela que le sieur
Grégoire, jeune homme , Eleve de M.Reitout, neveu da celebre Jean Jouvenet
£us
JANVIER 1732. 179
1
1
fut choisi ; il s'en est acquitté si bien et
avec tant de prudence , qu'il a rendu à
tous ces Tableaux leur premier lustre et
leur ancien éclat , sans avoir rien alteré
des endroits mêmes les plus délicats. Il a
eû aussi la satisfaction de se voir applaudi , non-seulement du Public , mais même de M. Boulogne , premier Peintre du
Roy et Directeur de l'Académie , &c.
Un si, heureux succès fait esperer que
le sieur Grégoire ne se tirera pas moins
heureusement des Tableaux de la Croisée
de la même Eglise, qui sont, la plus grande partie , d'un prix infini.
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Résumé : « Le 27. les Députez des Etats de Bretagne, eurent Audience publique du [...] »
Le 27 janvier 1732, les députés des États de Bretagne furent reçus en audience publique par le roi, en présence du comte de Toulouse et du comte de Saint-Florentin. La délégation comprenait l'évêque de Saint-Pol-de-Léon pour le clergé, le comte de Kercado pour la noblesse, le sénéchal de Quimper pour le tiers état, et le président de Bédé, syndic de la province. Ils rencontrèrent également la reine, le dauphin, le duc d'Anjou et Mesdames de France. Le texte évoque par ailleurs les travaux récents et en cours dans l'église Notre-Dame de Paris. Le chapitre de cette église a toujours accordé une grande importance au culte divin, à la décoration et à la magnificence du temple. Les abbés de la Croix, Fleury, Cotte et Colin, trésorier, ont particulièrement contribué à ces entreprises. La dernière réparation notable fut la restauration des tableaux de la nef par le sieur Grégoire, élève de M. Reitout et neveu de Jean Jouvenet. Grégoire a restauré les tableaux avec prudence, leur rendant leur lustre initial sans les altérer. Son travail a été salué par le public et par M. Boulogne, premier peintre du roi et directeur de l'Académie. Une restauration similaire est attendue pour les tableaux de la croisée de l'église.
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4
p. 1400-1404
Embellisemens faits à Notre-Dame de Paris, [titre d'après la table]
Début :
On sçait que l'Eglise de Notre-Dame de Paris [...]
Mots clefs :
Église de Notre-Dame de Paris, Chapitre, Louis XIV, Cardinal de Noailles, Voûte, Tableaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Embellisemens faits à Notre-Dame de Paris, [titre d'après la table]
On sçait que l'Eglise de Notre- Dame
de Paris est en possession d'attirer l'admitation de tous les habitans de cette
grande Ville et des Etrangers ; mais depuis que son illustre Chapitre a fait mettre , pour ainsi dire , la derniere main à
ce superbe Edifice , en achevant ce que
LOUIS XIV. et le feu Cardinal de Noailles
avoient commencé avec tant de zele et de
magnificence , on peut dire qu'elle paroît
dans tout son éclats car cette belle et vas
te Fabrique semble sortir des mains de
l'Ouvrier. Nous croyons faire plaisir au
public de lui donner icy une idée en racourci de ces travaux, en attendant qu'ils
soient achevez, et qu'on puisse entrer dans
un plus grand détail,
II. Vol.
Sans
JUI N. 1732 1401
Sans entrer dans le détail de la premiere origine et des differentes fondations .
de cette Eglise, bâtie dans un goût Gothique , mais des plus majestueux dans sa
simplicité;nous dirons que ce grand Vaisseau a été commencé par Maurice de Sully , Evêque de Paris , vers le milieu du
12 siécle. La premiere pierre fut mise avec
beaucoup de solemnité, par le Pape Alexandre III . alors refugié en France, lequel
fit ensuite consacrer le Grand Autel l'an
1182. par Henry, Legat Apostolique.
Ce ne fut que bien avant dans le 13
siecle que ce vaste bâtiment fut achevé ;
sa longueur est de 65 toises , sa largeur
de 24, et sa hauteur de 17 , sous clef :
il est soutenu par 20 gros Pilliers. Les
deux grosses Tours quarrées, qui s'élevent
sur le frontispice , ont 34 toises de hauteur.
LOUIS XIII. ayant résolu d'orner cette
Eglise , en conséquence d'un vœu solemnel qui interressoit tout le Royaume ; on
devoit construire un Maître-Autel , qui
répondit à sa beauté ; ce qui n'a été exécuté que par LOUIS XIV. Ce Prince est
allé au-delà des intentions de Louis le ™
Juste son Pere. On peut voir la description qui en a été faite dans Felibien,Ger
main Brice , et Piganiol de Laforce.
11. Vol G Le
402 MERCURE DE FRANCE
Le Cardinal de Noailles , Archevêque
de Paris , voulant seconder de si pieux
desseins , se proposa de continuer les décorations de ce Temple. Il commença
par la construction de la Chapelle de la
Vierge , dont l'Autel est tout de Marbre ,
avec des Colonnes enrichies d'ornemens
de Bronze doré ; il la benit le 6 de May
1719.11 fit ensuite construire la Chapellle
de S.Denys, autrement dite des Martyrs,
de la même maniere que celle de la Vierge , et dela même simétrie.
La Voute du milieu de la Croisée dépérissant de jour en jour, et la Fléche qui
est au dessus, menaçant ruine, il employa
de grandes sommes pour l'entiere réparation de l'une et de l'autre , aussi - bien que
pour la Couverture en-Plomb, dont il'a fait
refaire à neufla plus grande partie, sous la
conduite de l'Abbé de la Croix , Chanoi- ;
ne,qui s'est toujours fait un devoir de Religion d'être le Coopérateur de tant de
pieux travaux.Il a aussi présidé au rétablissementde la grande Roze qui est ducôté
de l'Archevêché ; on prétend que cette ·
seule partie a coûté près de 80000 liv. Ce
fut Claude Pinet , Appareilleur , qui executa cette entreprise en 1727. sous les ofdresde M.de Bosfrant, Architecte du Roy.
Le Cardinal de Noailles a fait aussi tra11.1.2.
vailler
JUIN. 1732. 1403
vailler à la construction d'une grande.
partie de la Chapelle , destinée pour la
Sépulture de sa Famille.
On fait monter toutes les dépenses que
le Cardinal de Noailles a faites, soit pour
les réparations ou embellissemens , à des
sommes très considérables ; et ceux qui
les estiment le moins,les portent à plus de
300000 liv.
• C'est que marcher sur ses traces ,
pour
le Chapitre s'est déterminé à achever les
réparations et les embellissemens de cette
Eglise. Il a fait reblanchir tout le dedans
par le moyen d'Echaffaurs volants , dont
P'invention hardie a été d'un tres-grand
secours ; il a fait mettre tous les Vitraux
dela Nef en Verres blancs , et réparé la
Rose du dessus de l'Orgue , qui est d'un
travail aussi ingénieux que délicat. C'est
aussi au même Chapitre que l'Orgue doit
sa parfaite restauration , et une augmen-.
tion de 1400 Tuyaux , ce qui va faire un
des Orgues les plus parfaits , et le plus
fort qu'il y ait en Europe. Le St François
Thierry a été choisi comme le plus habile
Facteur pour ces sortes d'Ouvrages , et le
S Calvieres pour le toucher; on sçait qu'il
est un des plus habiles Organistes de ce
temps.
C'est aussi aux soins , et au zéle du mêII. Vol. Gij me
1404 MERCURE DE FRANCE
me Chapitre ( a ) , qu'on est redevable de
la restauration et du nettoyement des Tableaux de cette Eglise, qui étoient depuis
long-temps dans un fort mauvais état.
Le St Gregoire, Peintre, Eleve de M² Res
tout , qui a été choisi pour cela , s'en est
acquitté avec un succès merveilleux les
deux Certificats cy - joints en font foy.
C'est aussi lui qui a donné un nouvel
arrangement à ces mêmes Tableaux,
dont les sujets , tirez de l'Evangile et des
Actes des Apôtres, étoient confondus ensemble.Il a rangé tous les sujets de l'Evangile à main gauche, en entrant dans la
Nef par le grand Portail, et les Actes des
Apôtres , à droite.
de Paris est en possession d'attirer l'admitation de tous les habitans de cette
grande Ville et des Etrangers ; mais depuis que son illustre Chapitre a fait mettre , pour ainsi dire , la derniere main à
ce superbe Edifice , en achevant ce que
LOUIS XIV. et le feu Cardinal de Noailles
avoient commencé avec tant de zele et de
magnificence , on peut dire qu'elle paroît
dans tout son éclats car cette belle et vas
te Fabrique semble sortir des mains de
l'Ouvrier. Nous croyons faire plaisir au
public de lui donner icy une idée en racourci de ces travaux, en attendant qu'ils
soient achevez, et qu'on puisse entrer dans
un plus grand détail,
II. Vol.
Sans
JUI N. 1732 1401
Sans entrer dans le détail de la premiere origine et des differentes fondations .
de cette Eglise, bâtie dans un goût Gothique , mais des plus majestueux dans sa
simplicité;nous dirons que ce grand Vaisseau a été commencé par Maurice de Sully , Evêque de Paris , vers le milieu du
12 siécle. La premiere pierre fut mise avec
beaucoup de solemnité, par le Pape Alexandre III . alors refugié en France, lequel
fit ensuite consacrer le Grand Autel l'an
1182. par Henry, Legat Apostolique.
Ce ne fut que bien avant dans le 13
siecle que ce vaste bâtiment fut achevé ;
sa longueur est de 65 toises , sa largeur
de 24, et sa hauteur de 17 , sous clef :
il est soutenu par 20 gros Pilliers. Les
deux grosses Tours quarrées, qui s'élevent
sur le frontispice , ont 34 toises de hauteur.
LOUIS XIII. ayant résolu d'orner cette
Eglise , en conséquence d'un vœu solemnel qui interressoit tout le Royaume ; on
devoit construire un Maître-Autel , qui
répondit à sa beauté ; ce qui n'a été exécuté que par LOUIS XIV. Ce Prince est
allé au-delà des intentions de Louis le ™
Juste son Pere. On peut voir la description qui en a été faite dans Felibien,Ger
main Brice , et Piganiol de Laforce.
11. Vol G Le
402 MERCURE DE FRANCE
Le Cardinal de Noailles , Archevêque
de Paris , voulant seconder de si pieux
desseins , se proposa de continuer les décorations de ce Temple. Il commença
par la construction de la Chapelle de la
Vierge , dont l'Autel est tout de Marbre ,
avec des Colonnes enrichies d'ornemens
de Bronze doré ; il la benit le 6 de May
1719.11 fit ensuite construire la Chapellle
de S.Denys, autrement dite des Martyrs,
de la même maniere que celle de la Vierge , et dela même simétrie.
La Voute du milieu de la Croisée dépérissant de jour en jour, et la Fléche qui
est au dessus, menaçant ruine, il employa
de grandes sommes pour l'entiere réparation de l'une et de l'autre , aussi - bien que
pour la Couverture en-Plomb, dont il'a fait
refaire à neufla plus grande partie, sous la
conduite de l'Abbé de la Croix , Chanoi- ;
ne,qui s'est toujours fait un devoir de Religion d'être le Coopérateur de tant de
pieux travaux.Il a aussi présidé au rétablissementde la grande Roze qui est ducôté
de l'Archevêché ; on prétend que cette ·
seule partie a coûté près de 80000 liv. Ce
fut Claude Pinet , Appareilleur , qui executa cette entreprise en 1727. sous les ofdresde M.de Bosfrant, Architecte du Roy.
Le Cardinal de Noailles a fait aussi tra11.1.2.
vailler
JUIN. 1732. 1403
vailler à la construction d'une grande.
partie de la Chapelle , destinée pour la
Sépulture de sa Famille.
On fait monter toutes les dépenses que
le Cardinal de Noailles a faites, soit pour
les réparations ou embellissemens , à des
sommes très considérables ; et ceux qui
les estiment le moins,les portent à plus de
300000 liv.
• C'est que marcher sur ses traces ,
pour
le Chapitre s'est déterminé à achever les
réparations et les embellissemens de cette
Eglise. Il a fait reblanchir tout le dedans
par le moyen d'Echaffaurs volants , dont
P'invention hardie a été d'un tres-grand
secours ; il a fait mettre tous les Vitraux
dela Nef en Verres blancs , et réparé la
Rose du dessus de l'Orgue , qui est d'un
travail aussi ingénieux que délicat. C'est
aussi au même Chapitre que l'Orgue doit
sa parfaite restauration , et une augmen-.
tion de 1400 Tuyaux , ce qui va faire un
des Orgues les plus parfaits , et le plus
fort qu'il y ait en Europe. Le St François
Thierry a été choisi comme le plus habile
Facteur pour ces sortes d'Ouvrages , et le
S Calvieres pour le toucher; on sçait qu'il
est un des plus habiles Organistes de ce
temps.
C'est aussi aux soins , et au zéle du mêII. Vol. Gij me
1404 MERCURE DE FRANCE
me Chapitre ( a ) , qu'on est redevable de
la restauration et du nettoyement des Tableaux de cette Eglise, qui étoient depuis
long-temps dans un fort mauvais état.
Le St Gregoire, Peintre, Eleve de M² Res
tout , qui a été choisi pour cela , s'en est
acquitté avec un succès merveilleux les
deux Certificats cy - joints en font foy.
C'est aussi lui qui a donné un nouvel
arrangement à ces mêmes Tableaux,
dont les sujets , tirez de l'Evangile et des
Actes des Apôtres, étoient confondus ensemble.Il a rangé tous les sujets de l'Evangile à main gauche, en entrant dans la
Nef par le grand Portail, et les Actes des
Apôtres , à droite.
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Résumé : Embellisemens faits à Notre-Dame de Paris, [titre d'après la table]
La cathédrale Notre-Dame de Paris est renommée pour son architecture imposante et attire tant les Parisiens que les visiteurs étrangers. Le chapitre de la cathédrale a récemment terminé des travaux de restauration et d'embellissement, initiés par Louis XIV et le cardinal de Noailles. La construction de la cathédrale a été commencée par Maurice de Sully au milieu du XIIe siècle et consacrée en 1182 par le pape Alexandre III. Elle mesure 65 toises de longueur, 24 de largeur et 17 de hauteur sous clef, et est soutenue par 20 piliers. Les deux tours du frontispice atteignent 34 toises de hauteur. Louis XIII avait prévu d'orner l'église, mais c'est Louis XIV qui a réalisé ce projet. Le cardinal de Noailles a poursuivi les décorations en construisant la chapelle de la Vierge et celle de Saint-Denis, en réparant la voûte et la flèche, et en refaisant la couverture en plomb. Il a également restauré la grande rose et construit une chapelle pour la sépulture de sa famille. Les dépenses du cardinal pour les réparations et embellissements sont estimées à plus de 300 000 livres. Le chapitre de la cathédrale a continué les travaux en reblanchissant l'intérieur, en réparant les vitraux et la rose au-dessus de l'orgue, et en restaurant l'orgue en ajoutant 1400 tuyaux. Les tableaux de l'église, restaurés par le peintre Saint Grégoire, ont été réorganisés pour séparer les sujets de l'Évangile et des Actes des Apôtres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 73-80
DISSERTATION de M. de SAINT-FOIX, au sujet de la Statue Equestre d'un de nos Rois, qui est dans l'Eglise de Nôtre-Dame de Paris.
Début :
M. le Président Heinaut dit qu'en mémoire de la victoire que Philippe [...]
Mots clefs :
Statue équestre, Nécrologe, Église de Notre-Dame de Paris, Cheval, Chroniques
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texteReconnaissance textuelle : DISSERTATION de M. de SAINT-FOIX, au sujet de la Statue Equestre d'un de nos Rois, qui est dans l'Eglise de Nôtre-Dame de Paris.
NOUVELLES LITTERAIRES.
DISSERTATION de M. de SAINTFOIX
, au fujet de la Statue Equeftre
d'un de nos Rois , qui eft dans
l'Eglife de Notre-Dame de Paris.
M. le Préfident Heinaut dit qu'en
mémoire de la victoire que Philippe
le Bel avoit remportée fur les Flamans
à Mons en Puelle , le 18 Août
1304 , on éleva à Notre- Dame une Statue
équestre de ce Prince , & qu'il fonda
une rente de cent livres à l'Eglife
de Notre- Dame de Paris. Il y a eu ,
ajoute- t-il , des méprifes fur ce monument
que quelques Auteurs , & entr'autres
Nicole Gilles , ont attribué à Philippe
de Valois ; mais pour s'aflurer
de la vérité du fait , il n'y a qu'à lire le
Nécrologe de l'Eglife de Notre-Dame
de Paris , ainfi que la fixiéme Leçon
du Breviaire de Paris , où il eft fait
commémoration de cette victoire au 18
I. Vol.
D
74 MERCURE DE FRANCE.
Août , jour auquel fe donna la bataille
de Mons en Puelle , au lieu que celle
de Caffel, fe donna le
23 Août.
M. Le Préfident Heinaut ne s'eft
pas
fans doute fouvenu qu'un Hiftorien ,
témoin oculaire & qui a écrit l'hiſtoire
de fon temps depuis 1301 jufqu'en
1340 , en parlant de Philippe le Bel &
de la bataille de Mons en Puelle , dit
fimplement que ce Prince , en actions
de grâces de cette victoire , fit des fondations
à Nôtre-Dame , à S. Denis &
dans plufieurs autres Eglifes ; au lieu
que ce même Historien , en parlant
de Philippe de Valois & de la bataille
de Caffel , dit que Philippe de Valois ,
à fon retour en France , alla à S. Denis
& enfuite à Nôtre-Dame de Paris , où
il monta fur le même cheval & fe fit
armer des mêmes armes qu'il avoit
dans le combat , & les préfenta en offrande
à la Sainte Vierge : Rex vere
(Philippus ** Valefius ) in Francia exiftens
, beatum Dionifuum primitus devote
& humiliter vifitavit , & poftea ivit Parifios
, & Ecclefiam Beatæ Mariæ ingreffus
coram imagine eifdem armis
quibus in bello armatus fuerat , fe armari
fecit & fuper equum cui exiftenti
* Continuat. Guill . de Nangis , p. 61.6.
** Continuat. Guill, de Nangis , p . 737•
JANVIER. 1763. 75
in bello infederat , afcenfus , Bear
Mariæ cui fe in hoc belli periculo facturum
dona voverat , Ecclefiæ ejufdem
arma & equum deferens , devotiffime
præfentavit , eidem de tanti evafione periculi
gratias agens.
On prétend que s'il y a dans quelques
manufcrits ivit Parifios , il y a dans
d'autres ivit Carnutum , c'est-à-dire à
Chartres , & que ce fut dans l'Eglife de
Chartres que Philippe de Valois entra à
cheval , & fit l'offrande de fon cheval
& de fes armes , comme Philippe le Bel
avoit fait vingt- quatre ans auparavant
dans l'Eglife Cathédrale de Paris . Mais
eft-il naturel que l'Hiftorien contemporain
de ces deux Princes,ayant rapporté
l'action de Philippe de Valois , n'eût pas
parlé de la même action faite par Philippe
le Bel , fur- tout lorfqu'il fait mention
des fondations que fit Philippe le
Bel en mémoire & reconnoiffance de
la victoire qu'il avoit remportée à Mons
en Puelle ?
Joignons à ce témoignage de l'hiftorien
contemporain , celui d'un manufcrit
qui paroît être de 1360 , cotté H ,
numero 22 , & faifant partie des manufcrits
que le Chapitre de Notre-Dame
a donnés au Roi : il y eft dit que Phi-
Dij
76 MERCURE DE FRANCE.
>
lippe de Valois , après la bataille de Caffel
, l'an 1328 , entra tout arméfurfon
deftrier en l'Eglife de Notre- Dame de
Paris & lui offrit ledit cheval & fes
armes en oblation , la remerciant de la
victoire qu'il avoit obtenue par fon interceffion
; & que la repréfentation dudit
Roi eft affife fur deux piliers devant l'image
de ladite Dame , en la Nef de ladite
Eglife.
On peut encore ajouter à ces autorités
, celle des grandes Chroniques de
France , manufcrit de l'an 1380 : elles
difent que Philippe de Valois monta fur
fon deftrier , & ainfi entra dans l'Eglife
de Notre-Dame de Paris , & très - dévotement
la remercia , & lui préfenta ledit
cheval fur lequel il étoit monté , & toutes
fes armures.
Á l'égard du Nécrologe de l'Eglife A
de Nôtre- Dame de Paris , il y eft fimplement
parlé d'une fondation de cent livres
de rente , faite par Philippe le Bel en
actions de graces de la victoire qu'il
avoit remportée à Mons en Puelle ; &
comme il n'y eft point dit que ce Prince
entra dans l'Eglife de Notre - Dame à
cheval , & qu'il fit l'offrande de fon
cheval & de fes armes à la Vierge
c'eft encore une preuve que ce ne fut
point lui , mais Philippe de Valois qui
JANVIER. 1763. 77
entra de la forte dans cette Eglife , &
qui fit cette offrande. L'apoftille qui eft
à la marge de ce Nécrologe , eft d'un
ftyle & d'une écriture très-moderne , &
par conféquent ne prouve rien.
Je conviens que les nouveaux Breviaires
de Paris portent : Philippus Pulcher
reverfus poftea Lutetiam , in ejufdem
Bafilicæ pronao ftatuamfuam equeftrem
, eamque armatam coram Beatæ
Virginis imagine , in perenne collati beneficii
monumentum , erigi voluit. Mais
dans les anciens Breviaires il n'y a que
ces mots , in Ecclefia Parifienfi , propter
commemorationem victoria Philippi Pulchri
, fit duplum. Non feulement on
n'y trouve pas les trois leçons qu'on a
faites & inférées pour Philippe le Bel
dans les nouveaux Breviaires , mais au
contraire on trouve les deux Leçons
fuivantes :
*
LECTIO QUINTA.
Quod intelligens gloriofa memoriæ
Rex Philippus Valefius , cum opitulante
Deo per merita Beata Virginis
Matris , infignem victoriam de rebellibus
Flandris obtinuiffet , quæ contigit
anno 1328 , acturus Deo & Sanc-
* Breviar. Ecclefia Parifienfis. Festa Augufti ,
anno 1584.
D iij
78 MERCURE DE FRANCE.
tæ Virgini gratias , triumphans & equitans
Ecclefiam Beata Maria Parifiis
ingreffus eft , non vaná oftentatione elatus
, fed Deo , per quem de ancipiti bello
evaferat , profunda humilitate fubjectus.
LECTIO SEXTA.
Itaque & æquum & arma in quibus
vicerat , gloriofiffimae Virgini devovit :
atque ut teftimonium tanti beneficii pofteritati
relinqueret , ftatuit ut infra octavam
affumptionis ejufdem genitricis
Dei , dies ifta duplo celebrior haberetur
, & propter affumptionis Beatæ Mariæ
folemnitatem , & propter tanta victoriæ
nullis abolendam temporibus memoriam.
On demandera fans doute pourquoi
ces changemens dans les nouveaux breviaires
? je répondrai que je n'en fais pas
la raifon ; mais que de mauvais efprits
pourroient s'imaginer qu'attendu la rente
de cent livres fondée par Philippe le
Bel , pour qu'on fit commémoration de
fa victoire , on a jugé que ce Prince méritoit
qu'on fe fouvînt de lui ; au lieu
qu'on a cru qu'on pouvoit enfin oublier
Philippe de Valois , qui n'avoit donné
àl'Eglife que fes armes & fon cheval .
Dans le récit de la bataille de Caffel
on voit que l'attaque des ennemis fut
affez foudaine & imprévue ; mais que
JANVIER. 1763. 79
cependant Philippe de Valois eut le
temps de s'armer à moitié & de monter
à cheval ; au lieu qu'à la bataille de
Mons en Puelle , Philippe le Bel fut
furpris dans fa tente & combattit à pied
jufqu'à ce que plufieurs Seigneurs étant
accourus a fon fecours , il eut le temps
de monter à cheval. Or , s'il avoit voulu
qu'on mit fa ftatue à Notre - Dame , il
n'eft pas douteux qu'il s'y feroit fait repréfenter
à pied , comme au moment
du plus grand danger , & par conféquent
le plus glorieux pour lui. Je fais
cette remarque * en réponſe à ce qu'a dit
Moreau de Mautour qui , pour foutenir fon
opinion , fe déguife à lui- même les faits .
Je crois que tout ce que je viens de
rapporter doit déterminer à changer
l'infcription nouvelle qu'on a mife à
Notre-Dame , & à y mettre : Rex Philippus
Valefius , &c. au lieu de Rex Philippus
Pulcher. D'ailleurs on a eu tort
de critiquer la fin de cette infcription
& de dire qu'il n'eft pas vraisemblable
qu'un Roi foit entré dans une Eglife
à cheval , parce que cela auroit été
trop indécent. Une pareille critique décéle
un homme peu verfé dans l'étude de
notre hiftoire & de nos anciennes moeurs
* Mém, de l'Acad. des Infcript. T. 3. p. 299.
Div
80 MERCURE DE FRANCE.
*
& coutumes ; il y auroit vu qu'au fervice
fait à S. Denis , en 1389, pour Ber
trand Duguefclin , par l'ordre de Charles
VI , les Chevaliers qui menoient le deuil
entrerent dans l'Eglife fur des chevaux
caparaçonnés de noir , & que l'Evêque
qui célébroit la Meffe , defcendit de l'Autel
après l'Evangile ; & que s'étant placé
à la porte du choeur , il reçut l'offrande
des chevaux , en leur mettant la main
fur la tête.
DISSERTATION de M. de SAINTFOIX
, au fujet de la Statue Equeftre
d'un de nos Rois , qui eft dans
l'Eglife de Notre-Dame de Paris.
M. le Préfident Heinaut dit qu'en
mémoire de la victoire que Philippe
le Bel avoit remportée fur les Flamans
à Mons en Puelle , le 18 Août
1304 , on éleva à Notre- Dame une Statue
équestre de ce Prince , & qu'il fonda
une rente de cent livres à l'Eglife
de Notre- Dame de Paris. Il y a eu ,
ajoute- t-il , des méprifes fur ce monument
que quelques Auteurs , & entr'autres
Nicole Gilles , ont attribué à Philippe
de Valois ; mais pour s'aflurer
de la vérité du fait , il n'y a qu'à lire le
Nécrologe de l'Eglife de Notre-Dame
de Paris , ainfi que la fixiéme Leçon
du Breviaire de Paris , où il eft fait
commémoration de cette victoire au 18
I. Vol.
D
74 MERCURE DE FRANCE.
Août , jour auquel fe donna la bataille
de Mons en Puelle , au lieu que celle
de Caffel, fe donna le
23 Août.
M. Le Préfident Heinaut ne s'eft
pas
fans doute fouvenu qu'un Hiftorien ,
témoin oculaire & qui a écrit l'hiſtoire
de fon temps depuis 1301 jufqu'en
1340 , en parlant de Philippe le Bel &
de la bataille de Mons en Puelle , dit
fimplement que ce Prince , en actions
de grâces de cette victoire , fit des fondations
à Nôtre-Dame , à S. Denis &
dans plufieurs autres Eglifes ; au lieu
que ce même Historien , en parlant
de Philippe de Valois & de la bataille
de Caffel , dit que Philippe de Valois ,
à fon retour en France , alla à S. Denis
& enfuite à Nôtre-Dame de Paris , où
il monta fur le même cheval & fe fit
armer des mêmes armes qu'il avoit
dans le combat , & les préfenta en offrande
à la Sainte Vierge : Rex vere
(Philippus ** Valefius ) in Francia exiftens
, beatum Dionifuum primitus devote
& humiliter vifitavit , & poftea ivit Parifios
, & Ecclefiam Beatæ Mariæ ingreffus
coram imagine eifdem armis
quibus in bello armatus fuerat , fe armari
fecit & fuper equum cui exiftenti
* Continuat. Guill . de Nangis , p. 61.6.
** Continuat. Guill, de Nangis , p . 737•
JANVIER. 1763. 75
in bello infederat , afcenfus , Bear
Mariæ cui fe in hoc belli periculo facturum
dona voverat , Ecclefiæ ejufdem
arma & equum deferens , devotiffime
præfentavit , eidem de tanti evafione periculi
gratias agens.
On prétend que s'il y a dans quelques
manufcrits ivit Parifios , il y a dans
d'autres ivit Carnutum , c'est-à-dire à
Chartres , & que ce fut dans l'Eglife de
Chartres que Philippe de Valois entra à
cheval , & fit l'offrande de fon cheval
& de fes armes , comme Philippe le Bel
avoit fait vingt- quatre ans auparavant
dans l'Eglife Cathédrale de Paris . Mais
eft-il naturel que l'Hiftorien contemporain
de ces deux Princes,ayant rapporté
l'action de Philippe de Valois , n'eût pas
parlé de la même action faite par Philippe
le Bel , fur- tout lorfqu'il fait mention
des fondations que fit Philippe le
Bel en mémoire & reconnoiffance de
la victoire qu'il avoit remportée à Mons
en Puelle ?
Joignons à ce témoignage de l'hiftorien
contemporain , celui d'un manufcrit
qui paroît être de 1360 , cotté H ,
numero 22 , & faifant partie des manufcrits
que le Chapitre de Notre-Dame
a donnés au Roi : il y eft dit que Phi-
Dij
76 MERCURE DE FRANCE.
>
lippe de Valois , après la bataille de Caffel
, l'an 1328 , entra tout arméfurfon
deftrier en l'Eglife de Notre- Dame de
Paris & lui offrit ledit cheval & fes
armes en oblation , la remerciant de la
victoire qu'il avoit obtenue par fon interceffion
; & que la repréfentation dudit
Roi eft affife fur deux piliers devant l'image
de ladite Dame , en la Nef de ladite
Eglife.
On peut encore ajouter à ces autorités
, celle des grandes Chroniques de
France , manufcrit de l'an 1380 : elles
difent que Philippe de Valois monta fur
fon deftrier , & ainfi entra dans l'Eglife
de Notre-Dame de Paris , & très - dévotement
la remercia , & lui préfenta ledit
cheval fur lequel il étoit monté , & toutes
fes armures.
Á l'égard du Nécrologe de l'Eglife A
de Nôtre- Dame de Paris , il y eft fimplement
parlé d'une fondation de cent livres
de rente , faite par Philippe le Bel en
actions de graces de la victoire qu'il
avoit remportée à Mons en Puelle ; &
comme il n'y eft point dit que ce Prince
entra dans l'Eglife de Notre - Dame à
cheval , & qu'il fit l'offrande de fon
cheval & de fes armes à la Vierge
c'eft encore une preuve que ce ne fut
point lui , mais Philippe de Valois qui
JANVIER. 1763. 77
entra de la forte dans cette Eglife , &
qui fit cette offrande. L'apoftille qui eft
à la marge de ce Nécrologe , eft d'un
ftyle & d'une écriture très-moderne , &
par conféquent ne prouve rien.
Je conviens que les nouveaux Breviaires
de Paris portent : Philippus Pulcher
reverfus poftea Lutetiam , in ejufdem
Bafilicæ pronao ftatuamfuam equeftrem
, eamque armatam coram Beatæ
Virginis imagine , in perenne collati beneficii
monumentum , erigi voluit. Mais
dans les anciens Breviaires il n'y a que
ces mots , in Ecclefia Parifienfi , propter
commemorationem victoria Philippi Pulchri
, fit duplum. Non feulement on
n'y trouve pas les trois leçons qu'on a
faites & inférées pour Philippe le Bel
dans les nouveaux Breviaires , mais au
contraire on trouve les deux Leçons
fuivantes :
*
LECTIO QUINTA.
Quod intelligens gloriofa memoriæ
Rex Philippus Valefius , cum opitulante
Deo per merita Beata Virginis
Matris , infignem victoriam de rebellibus
Flandris obtinuiffet , quæ contigit
anno 1328 , acturus Deo & Sanc-
* Breviar. Ecclefia Parifienfis. Festa Augufti ,
anno 1584.
D iij
78 MERCURE DE FRANCE.
tæ Virgini gratias , triumphans & equitans
Ecclefiam Beata Maria Parifiis
ingreffus eft , non vaná oftentatione elatus
, fed Deo , per quem de ancipiti bello
evaferat , profunda humilitate fubjectus.
LECTIO SEXTA.
Itaque & æquum & arma in quibus
vicerat , gloriofiffimae Virgini devovit :
atque ut teftimonium tanti beneficii pofteritati
relinqueret , ftatuit ut infra octavam
affumptionis ejufdem genitricis
Dei , dies ifta duplo celebrior haberetur
, & propter affumptionis Beatæ Mariæ
folemnitatem , & propter tanta victoriæ
nullis abolendam temporibus memoriam.
On demandera fans doute pourquoi
ces changemens dans les nouveaux breviaires
? je répondrai que je n'en fais pas
la raifon ; mais que de mauvais efprits
pourroient s'imaginer qu'attendu la rente
de cent livres fondée par Philippe le
Bel , pour qu'on fit commémoration de
fa victoire , on a jugé que ce Prince méritoit
qu'on fe fouvînt de lui ; au lieu
qu'on a cru qu'on pouvoit enfin oublier
Philippe de Valois , qui n'avoit donné
àl'Eglife que fes armes & fon cheval .
Dans le récit de la bataille de Caffel
on voit que l'attaque des ennemis fut
affez foudaine & imprévue ; mais que
JANVIER. 1763. 79
cependant Philippe de Valois eut le
temps de s'armer à moitié & de monter
à cheval ; au lieu qu'à la bataille de
Mons en Puelle , Philippe le Bel fut
furpris dans fa tente & combattit à pied
jufqu'à ce que plufieurs Seigneurs étant
accourus a fon fecours , il eut le temps
de monter à cheval. Or , s'il avoit voulu
qu'on mit fa ftatue à Notre - Dame , il
n'eft pas douteux qu'il s'y feroit fait repréfenter
à pied , comme au moment
du plus grand danger , & par conféquent
le plus glorieux pour lui. Je fais
cette remarque * en réponſe à ce qu'a dit
Moreau de Mautour qui , pour foutenir fon
opinion , fe déguife à lui- même les faits .
Je crois que tout ce que je viens de
rapporter doit déterminer à changer
l'infcription nouvelle qu'on a mife à
Notre-Dame , & à y mettre : Rex Philippus
Valefius , &c. au lieu de Rex Philippus
Pulcher. D'ailleurs on a eu tort
de critiquer la fin de cette infcription
& de dire qu'il n'eft pas vraisemblable
qu'un Roi foit entré dans une Eglife
à cheval , parce que cela auroit été
trop indécent. Une pareille critique décéle
un homme peu verfé dans l'étude de
notre hiftoire & de nos anciennes moeurs
* Mém, de l'Acad. des Infcript. T. 3. p. 299.
Div
80 MERCURE DE FRANCE.
*
& coutumes ; il y auroit vu qu'au fervice
fait à S. Denis , en 1389, pour Ber
trand Duguefclin , par l'ordre de Charles
VI , les Chevaliers qui menoient le deuil
entrerent dans l'Eglife fur des chevaux
caparaçonnés de noir , & que l'Evêque
qui célébroit la Meffe , defcendit de l'Autel
après l'Evangile ; & que s'étant placé
à la porte du choeur , il reçut l'offrande
des chevaux , en leur mettant la main
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Résumé : DISSERTATION de M. de SAINT-FOIX, au sujet de la Statue Equestre d'un de nos Rois, qui est dans l'Eglise de Nôtre-Dame de Paris.
Le texte aborde la controverse entourant la statue équestre d'un roi français située dans l'église Notre-Dame de Paris. M. le Président Heinaut affirme que cette statue commémore la victoire de Philippe le Bel à Mons-en-Pévèle le 18 août 1304, et qu'il a fondé une rente de cent livres pour cette église. Cependant, Nicole Gilles et d'autres auteurs attribuent cette statue à Philippe de Valois, vainqueur de la bataille de Cassel le 23 août 1328. Pour clarifier cette confusion, plusieurs sources historiques sont mentionnées. Le Nécrologe de l'église Notre-Dame de Paris et le Breviaire de Paris font référence à la victoire de Philippe le Bel. Guillaume de Nangis, un historien contemporain, décrit les actions de grâce de Philippe le Bel après Mons-en-Pévèle et celles de Philippe de Valois après Cassel, où ce dernier offrit son cheval et ses armes à Notre-Dame de Paris. Les Grandes Chroniques de France confirment que Philippe de Valois entra à cheval dans l'église Notre-Dame après la bataille de Cassel et y offrit son cheval et ses armes. Le Nécrologe de Notre-Dame mentionne seulement la fondation de Philippe le Bel sans parler d'une offrande équestre, ce qui renforce l'idée que cette action fut réalisée par Philippe de Valois. Le texte critique les modifications apportées aux nouveaux Breviaires de Paris, qui attribuent la statue à Philippe le Bel, et plaide pour une correction de l'inscription afin de refléter correctement l'hommage rendu à Philippe de Valois. Il conclut en soulignant l'importance de respecter les coutumes historiques et les témoignages contemporains pour éviter les erreurs d'interprétation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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