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p. 144-155
ARCHITECTURE. Lettre de M.... à M. le Comte de Ch. sur le Louvre. (a)
Début :
Je veux vous faire part, Monsieur, d'une critique du péristile du Louvre que je [...]
Mots clefs :
Architecture, Façade, Louvre, Monument, Édifices, Péristyle, Palais
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texteReconnaissance textuelle : ARCHITECTURE. Lettre de M.... à M. le Comte de Ch. sur le Louvre. (a)
ARCHITECTURE.
Lettre de M.... à M. le Comte de Ch.
fur le Louvre. (a )
E veux vous faire part, Monfieur , d'une
queje
viens de voir dans le Mercure d'Avril . Je
connois la chaleur de votre intérêt pour ce
célebre monument , & je crois vous donner
une preuve finguliere de mon amitié ,
en vous expofant les prétendus défauts
qu'attaque ce cenfeur anonyme.
Il m'a paru un homme de l'art , mais on
découvre aifément à travers les éloges qu'il
donne à ce beau monument , que fon admiration
eft plus contrainte que fincere. Il
demande d'abord qu'on lui permette quelques
réflexions hazardées fur un de ces chefsd'oeuvres
des arts ( b ) faits pour être adorés
aveuglément dans un fiecle d'enthousiasme
& de préjugés ( reconnoît- on à ces traits
le fiécle de Louis XIV ? ) ( c) maisfaits pour
( a ) Les notes qui accompagnent cette lettre
Tont d'un Artiſte auffi éclairé qu'impartial.
(6) Le périftile.
(c) Non fans doute , le Cenfeur a pu le dire
être
JUIN. 1755. 145
être difcutés dans un fiècle fage , éclairé
enfin dans un fiécle philofophe comme le nôtre.
Ce fiécle , tout philofophe qu'il eft ,
pourra-t-il nous indiquer quelques- uns de
Les chefs - d'oeuvres qui ayent furpaffé ou
même approché de ceux du fiécle dernier
dans tous les genres ? ›
Une nouvelle du
preuve peu d'équité ,
& j'oſe dire du peu de goût de ce nouveau
cenfeur , c'eft qu'au lieu de faire élever
cette admirable façade , il eût fouhaité de
faire achever le Louvre fur les mêmes deffeins
de l'ancien ; & nous aurions , dit - il ,
fous les yeux le plus fuperbe palais de l'Europe.
L'on ne fçauroit marquer un mépris
plus injurieux pour l'architecture de Perrault
qu'en lui préférant un édifice où l'on
ne trouve ni compofition , ni proportions ,
en général de tout fiécle où l'on n'auroit pas les
lumieres néceflaires pour diftinguer ce qui eft digne
d'admiration de ce qui eft repréhensible ; il
n'y a nulle apparence que dans le fiécle paffé ce
grand ouvrage ait échappé à la critique de tant
d'habiles Artiftes qui fe diftinguerent alors ; mais
il eft arrivé ce qui arrivera toujours : quelques
défauts qu'on puiffe démontrer dans un bel ou
vrage , ce qu'il a de beau lui attirera l'admiration
, & payera avec ufure pour les défauts qui
peuvent s'y rencontrer : de là l'inutilité des critiques
, fi ce n'eft pour l'inftruction de ceux qui
étudient , de peur qu'ils n'imitent ces défauts
comme confacrés.
II. Vol. G
146 MERCURE DE FRANCE.
ni régles. Trois frontons enclavés les
uns dans les autres , des Caryatides placées
à un fecond étage , des ornemens à la
vérité d'un bon deffein & d'une belle exécution
, mais prefque tous déplacés , fuperflus
& prodigués fans choix. ( d )
Sur quel fondement attribuer enfuite à
l'injuftice de l'amour propre des Architectes
de Louis XIV , le refus de fuivre cet
ancien plan qu'il eftime fi fort , pour y
fubftituer par vanité leurs propres idées ?
Ne fe préfentoit- il pas un motif plus naturel
& plus équitable ? celui de mettre à
profit dans une occafion fi heureuſe & fi
rare les progrès de l'efprit humain , celui
des connoiffances & des talens , la fcience
des vraies proportions , l'eftime & la pré-
( d ) L'Auteur tombe ici dans le même défaut
qu'il reproche à fon adverſaire , en faiſant la cririque
d'un morceau qui eft rempli d'affez de
beautés pour mériter fon refpect ; d'ailleurs, quand
fon antagoniſte a dit ce qu'il lui reproche , ce
n'eft point à cette partie du Louvre qu'il faifoit
allufion , mais à celle qui du côté de la riviere ſe
trouve maſquée par ce que M. Perrault a bâti devant
, & on a en effet lieu d'en regretter la perte ,
cette partie étant , au fentiment de plufieurs , plus
belle que ce qui la cache : il eft vrai qu'elle ne
pouvoit s'allier avec le périftile du Louvre ; mais
e - il ridicule de defirer que Perrault eût trouvé
le moyen
de faire une belle chofe fans en facri
fier une autre déja faite ?
JUIN. · 1755. 147
férence de ce beau fimple à l'abondance &
à la profufion des ornemens , reffource ordinaire
de l'ignorance & du défaut de goût ?
Que réfulte - t - il du fentiment de notre
Ariftarque ? une façade de palais fans
croifées , dont on n'a pu deviner jusqu'à
préfent l'ufage & la deftination , & dont les
inconvéniens font fans nombre , & les beautés
déplacées ? Il fe donne bien de garde de
nous détailler aucune de ces beautés , ni
d'en louer les perfections. Il commence par
chercher des défauts à cette façade , pour
affoiblir l'impreffion d'admiration dont
elle frappe tous les regards , en s'efforçant
de rendre cette admiration injufte & pref
que ridicule ; mais il n'eſt aifé de combattre
avec fuccès une approbation univerfelle
, & foutenue pendant le cours de
près d'un fiécle.
pas
Il dir que l'on n'a pu deviner jufqu'à
préfent la deftination de cette façade ; mais
n'auroit-il pas dû s'en informer avant de la
condamner ? Je crois pouvoir l'en inftruire
après avoir répondu à un reproche qu'il
fait à M. Perrault , & que ce grand architecte
n'a point mérité.
Il l'accufe de n'avoir interrompu la
communication de ce périftile que pour
faire une mauvaiſe arcade & une petite
porte . Quelle apparence qu'une porte auffi
Gij
148 MERCURE DE FRANCE,
fimple ait été chez un auffi grand compofiteur
l'objet de cette interruption ! le bon
fens peut-il adopter une idée fifinguliere ?
Ces deux périftiles ont chacun deux portes
à leurs deux extrêmités , qui leur font
fuffifantes. Etoit - il fenfé que l'architecte .
fupprimât ou gâtât ce beau pavillon du
milieu pour donner plus d'étendue à deux
périftiles qui ont chacun plus de trentecinq
toifes : d'ailleurs quelle raiſon a- t- il
d'appeller une mauvaife arcade une porte
dont les proportions font excellentes , & à
laquelle on ne pouvoit donner qu'une forme
ceintrée fans la rendre défectueufe ?
Eft-il mieux fondé de blâmer la petite.
porte placée dans un renfoncement de
douze pieds de profondeur , & fans laquelle
il eût été impoffible de fermer le
Louvre ? Eût-on pû mettre des venteaux à
une ouverture de quarante-deux pieds de
hauteur ? Il étoit donc indifpenfable d'en
menager avec art une plus petite , que l'on
pûr ouvrir & fermer(e). Je reviens à l'ufage
f. 1
-L'Auteur.veut ici excufer un défaut inexcu→
fable , & qui eft reconnu univerfellement pour tel.
Je parle de cette porte ceintrée qui interrompt le
périftile en dedans & en dehors , ce n'eft pas là
deffus qu'il faut défendre Perrault : d'ailleurs it
eft inutile qu'une porte foit dans une autre , la
porte quarrée fufifoite, qus der
A
JUIN. 1755 . 149
& à la deſtination de cette façade , qui eft
pour notre critique un problême , & dont
je lui ai promis la folution .
Il est très- certain , & je l'ai fçu par Mrs
Defgot & Boffrand qui avoient connu M.
Perrault dans leur jeuneffe , que lorfque
Louis XIV déclara qu'il vouloit le frontifpice
de fon Louvre enrichi de tout ce
que l'architecture avoit acquis de perfection
fous fon regne , & de tout ce qu'elle
pouvoit produire de plus régulier en même-
tems , & de plus conforme aux belles
proportions & à la majeftueufe fimplicité
de l'architecture antique , il n'eut aucune
intention d'habiter jamais ce Palais , mais
feulement d'élever à fon entrée un édifice
dont la magnificence égalât & la grandeur
de fes idées , & la dignité d'une maifon que
la nation regardoit comme celle de fon
Roi , par les honneurs qu'il avoit attachés
à fes entrées. Il vouloit encore qu'elle pût
fervir aux fiécles à venir de monument &
de témoin évident & inconteſtable des
merveilles de fon regne dans tous les genres
, mais fur-tout dans celui de la perfection
des beaux Arts . Il y eut encore un autre
motif qui détermina à employer dans
cette façade tout ce que l'architecture avoit
de plus majestueux & de plus frappant . Le
deffein de M. Colbert étoit d'ouvrir une
Giij
150 MERCURE DE FRANCE .
large & belle rue vis- à-vis le Louvre , qui
auroit été continuée jufques à l'arc de
triomphe du fauxbourg S. Antoine , & qui
auroit fervi d'avenue au plus vafte palais
par fon enceinte qu'il y eût eu en Europe ,
puifqu'il étoit décidé qu'on éleveroit du
côté de la rue S. Honoré une galerie parallele
à l'ancienne qui eft fur la riviere ,
& qu'il n'y auroit aucun bâtiment entre le
Louvre & le palais des Tuileries. Quelle
décoration n'exigeoit pas l'objet d'un point
de vue d'une fi prodigieufe étendue ( ƒ) !
Louis XIV , en qui l'excellence d'un
goût naturel égaloit fon amour pour le
grand en tout , ne fut point fatisfait de
plufieurs deffeins qui lui furent préfentés ,
où les croifées n'avoient point été oubliées,
& fur-tout dans celui du Cavalier Bernin
(g ) : mais Perrault fçut faifir en ha-
(f)Toutes les raifons que l'Auteur apporte ici
autorifent Perrault à faire un monument de la
plus grande magnificence & d'une grandeur coloffale
, mais nullement à interrompre par une
arcade fon architecture , & à faire le milieu plein
& maffif comme il eft . A l'égard du défaut de croifées
, il est très-bien juftifié , parce qu'en effet les
niches préfenteront toujours un plus riche fpectacle
que des fenêtres.
(g ) Le projet du Bernin n'étoit pas à rejetter
parce qu'il y avoit des croifées , mais parce
qu'il ne valoit rien d'ailleurs.
JUIN. 1755- 151
bile homme l'avantage unique de la deftination
de cet édifice , & compofer cet admirable
frontifpice , où il n'étoit affervi
ni à la ftructure des palais ordinaires ni à
leurs façades percées à jour ; c'eft ce qui
lui fit concevoir & enfanter ce fublime
deffein , qui fut dans le même inſtant préfenté
, admiré & agréé par Louis XIV.
Voilà ce qui a échappé aux connoiffan
ces de l'auteur de la critique , & qui détruit
tous fes efforts pour dégrader ce bel
édifice . L'ignorance à la vérité de ce que
je viens de lui expofer , peut excufer &
même autorifer les erreurs qu'on trouve
dans la fuite de l'examen de cette façade
au fujet de fa deftination . Telle est l'impoffibilité
où l'on eût été d'y placer des
fpectateurs dans le milieu , à l'occafion des
fêtes qui auroient été données dans l'efpace
en face de ce Château ( b ) . Il n'eft cependant
pas vraisemblable qu'il n'ait jamais
oui parler du fuperbe carroufel donné
par Louis XIV dans la cour du palais
(b ) Il ne s'enfuit pas de ce que les fêtes publiques
pouvoient fe donner dans la cour des Tuileries
, qu'il fût néceffaire de remplir le milieu
du périftile , de telle maniere que perfonne ne pût
s'y placer pour voir le beau coup d'oeil de cette
grande rue , projettée jufqu'à l'arc de triomphe da
fauxbourg S, Antoine.
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
·
des Tuileries qui en a gardé le nom , &
que cette cour étant beaucoup plus fpacieufe
que celle du Louvre , elle eût par
conféquent toujours été choifie pour des
fêtes . Notre Cenfeur auroit encore pû deviner
la deſtination de ce palais par une
réflexion bien fimple : c'eft que le palais
le plus fuperbe ne fçauroit être digne d'un
Roi , s'il n'a fous fes yeux & à fa bienſéance
les agrémens & la promenade d'un magnifique
jardin. Ces réflexions euffent peutêtre
moderé la vivacité de fa critique , &
l'euffent obligé de donner à Perrault les éloges
qu'il mérite , quoique l'on apperçoive
dans fes remarques une confpiration déclarée
contre notre admiration. Ce Cenfeur
peu équitable n'ayant pû fe faire illufion fur
la foibleffe des coups qu'il a portés à cette
façade admirable , qui fe bornent à fon
inutilité apparente & à l'interruption des
deux périftiles , a cherché des défauts
dans l'architecture de la façade de ce palais
du côté de la riviere , mais avec auffi
peu de fuccès. Il prétend que c'eft dans
cette partie du Louvre que Perrault avoit
eu intention de placer l'appartement du
Roi dans cette fuppofition il s'éleve vivement
contre la fimplicité indécente de
fa décoration extérieure ; il la blâme d'être
fans avant corps qui interrompent par -
UIN. 1755.
153
des repos & des maffes l'ennuyeufe monotonie
qui y regne. Cette premiere critique
tombe d'elle- même , puifque l'on
voit dans cette façade trois avant-corps ,
l'un dans le milieu qui devoit être couronné
d'un grand fronton orné de fculptures
, tel qu'il eft gravé dans les plans du
Louvre , d'après le deffein original de
Perrault , & qui font entre les mains de
tout le monde ; les deux autres font placés
aux pavillons des deux extrêmités. ( ż)
En fecond lieu , ce bâtiment dont la fimplicité
l'offenfe fi fort & le rend froid à
Les yeux , ne l'auroit point été fi les pilaftres
qui en décorent la face étoient cannelés
comme ils le doivent être , les chapitaux
corinthiens fculptés & les trois
corps décorés de médaillons couronnés de
mafques & de guirlandes , & de tous les
ornemens dont ils devoient être enrichis.
Lorfqu'il defire dans ce palais un progrès
A
(i ) L'Auteur défend mieux la façade du côté
de la riviere , qui feroit en effet plus riche fi les
pilaftres étoient cannelés & les ornemens finis ;
mais on ne peut nier que cette fuite de pilaftres
n'ait quelque chofe de nonotone , & que fi les
avant- corps étoient ornés de colonnes il en réfulteroit
plus d'agrément & de variété , fans qu'el-
Tes ôtaffent le jour, comme il le croit , puifqu'il y
en a à la façade de Verfailles qui n'obfcurciffent
point la grande galerie .
Gv
154 MERCURE DE FRANCE.
de magnificence fupérieure , ou au moins
égale à celle de la façade de l'entrée , il
auroit voulu fans doute le même périftile ,
mais percé par des croifées , ce qui eût
été impoffible. Ces croifées placées dans
un renfoncement de dix-fept pieds , auroient-
elles éclairé fuffifamment les
appartemens
, & n'y auroient- elles pas plutôt
jetté le fombre & la trifteffe d'un faux jour
plus infupportable que l'entiere obfcurité ?
Un autre inconvénient que l'on n'auroit
jamais pû fauver dans la continuation du
périftile , c'étoit de ne pouvoir rendre les
appartemens de cette partie doubles , &
par conféquent habitables par Sa Majefté
dans des jours de fêtes .
Je paffe fous filence ce qu'il dit de l'intérieur
de la cour : il convient avec raifon
de l'embarras prefque invincible où
furent alors les Architectes , ou de continuer
l'attique , ou en le fupprimant , de
raccorder la nouvelle architecture avec
l'ancienne. Les plus habiles de nos jours
ont tenté d'imaginer pour cet accord un
meilleur deffein que celui qu'on a exécuté
en partie , & ils ont tous avoué que leurs
efforts ont été fans fuccès.
L'Auteur finit fa critique par une affertion
dont on pourra lui difputer la vérité ;
c'eft que tout changement dans un ouvra
JUIN. 1755. 155
ge
confacré à la vénération publique , paroîtra
toujours un crime. Je puis lui répondre
que s'il eût propofé quelque chofe
de nouveau & d'un meilleur accord que
ce que l'on a exécuté dans les façades intérieures
, le public fenfé & éclairé en eût
été très - reconnoiffant , & auroit penſé
comme luis qu'une critique fondée concourt
à l'avantage des arts qu'elle éclaire , & que
les murmures ne doivent jamais empêcher
de publier ce que le goût , d'accord avec la
raison , ont approuvé. ( k )
(k ) Le réſultat de ces deux écrits eft que l'Auteur
de la lettre eft fondé dans le reproche qu'il
fait au Cenfeur du Louvre d'avoir parlé avec trop
peu de ménagement d'un édifice qui fait & qui
fera toujours , malgré fes défauts , l'admiration
de tous les gens de goût ; cependant on ne peut
pas dire que la cenfure de ce Critique manque
de jufteffe , mais qu'elle eft déplacée , dans un
tems où tous les vrais citoyens voyent avec un
plaifir qui tient du transport les préparatifs qu'on
fait pour achever ce ſuperbe monument, Elle paroit
d'autant plus repréhenfible que la multitude
non inftruite peut en conclure , que ce n'eft pas
la peine de finir un ouvrage dont on releve les
défauts avec tant d'amertume , & que d'ailleurs
il y a quelque ingratitude à reconnoître fi mal
le zéle de ceux qui s'occupent du foin de le faire
porter à fon entiere perfection.
Lettre de M.... à M. le Comte de Ch.
fur le Louvre. (a )
E veux vous faire part, Monfieur , d'une
queje
viens de voir dans le Mercure d'Avril . Je
connois la chaleur de votre intérêt pour ce
célebre monument , & je crois vous donner
une preuve finguliere de mon amitié ,
en vous expofant les prétendus défauts
qu'attaque ce cenfeur anonyme.
Il m'a paru un homme de l'art , mais on
découvre aifément à travers les éloges qu'il
donne à ce beau monument , que fon admiration
eft plus contrainte que fincere. Il
demande d'abord qu'on lui permette quelques
réflexions hazardées fur un de ces chefsd'oeuvres
des arts ( b ) faits pour être adorés
aveuglément dans un fiecle d'enthousiasme
& de préjugés ( reconnoît- on à ces traits
le fiécle de Louis XIV ? ) ( c) maisfaits pour
( a ) Les notes qui accompagnent cette lettre
Tont d'un Artiſte auffi éclairé qu'impartial.
(6) Le périftile.
(c) Non fans doute , le Cenfeur a pu le dire
être
JUIN. 1755. 145
être difcutés dans un fiècle fage , éclairé
enfin dans un fiécle philofophe comme le nôtre.
Ce fiécle , tout philofophe qu'il eft ,
pourra-t-il nous indiquer quelques- uns de
Les chefs - d'oeuvres qui ayent furpaffé ou
même approché de ceux du fiécle dernier
dans tous les genres ? ›
Une nouvelle du
preuve peu d'équité ,
& j'oſe dire du peu de goût de ce nouveau
cenfeur , c'eft qu'au lieu de faire élever
cette admirable façade , il eût fouhaité de
faire achever le Louvre fur les mêmes deffeins
de l'ancien ; & nous aurions , dit - il ,
fous les yeux le plus fuperbe palais de l'Europe.
L'on ne fçauroit marquer un mépris
plus injurieux pour l'architecture de Perrault
qu'en lui préférant un édifice où l'on
ne trouve ni compofition , ni proportions ,
en général de tout fiécle où l'on n'auroit pas les
lumieres néceflaires pour diftinguer ce qui eft digne
d'admiration de ce qui eft repréhensible ; il
n'y a nulle apparence que dans le fiécle paffé ce
grand ouvrage ait échappé à la critique de tant
d'habiles Artiftes qui fe diftinguerent alors ; mais
il eft arrivé ce qui arrivera toujours : quelques
défauts qu'on puiffe démontrer dans un bel ou
vrage , ce qu'il a de beau lui attirera l'admiration
, & payera avec ufure pour les défauts qui
peuvent s'y rencontrer : de là l'inutilité des critiques
, fi ce n'eft pour l'inftruction de ceux qui
étudient , de peur qu'ils n'imitent ces défauts
comme confacrés.
II. Vol. G
146 MERCURE DE FRANCE.
ni régles. Trois frontons enclavés les
uns dans les autres , des Caryatides placées
à un fecond étage , des ornemens à la
vérité d'un bon deffein & d'une belle exécution
, mais prefque tous déplacés , fuperflus
& prodigués fans choix. ( d )
Sur quel fondement attribuer enfuite à
l'injuftice de l'amour propre des Architectes
de Louis XIV , le refus de fuivre cet
ancien plan qu'il eftime fi fort , pour y
fubftituer par vanité leurs propres idées ?
Ne fe préfentoit- il pas un motif plus naturel
& plus équitable ? celui de mettre à
profit dans une occafion fi heureuſe & fi
rare les progrès de l'efprit humain , celui
des connoiffances & des talens , la fcience
des vraies proportions , l'eftime & la pré-
( d ) L'Auteur tombe ici dans le même défaut
qu'il reproche à fon adverſaire , en faiſant la cririque
d'un morceau qui eft rempli d'affez de
beautés pour mériter fon refpect ; d'ailleurs, quand
fon antagoniſte a dit ce qu'il lui reproche , ce
n'eft point à cette partie du Louvre qu'il faifoit
allufion , mais à celle qui du côté de la riviere ſe
trouve maſquée par ce que M. Perrault a bâti devant
, & on a en effet lieu d'en regretter la perte ,
cette partie étant , au fentiment de plufieurs , plus
belle que ce qui la cache : il eft vrai qu'elle ne
pouvoit s'allier avec le périftile du Louvre ; mais
e - il ridicule de defirer que Perrault eût trouvé
le moyen
de faire une belle chofe fans en facri
fier une autre déja faite ?
JUIN. · 1755. 147
férence de ce beau fimple à l'abondance &
à la profufion des ornemens , reffource ordinaire
de l'ignorance & du défaut de goût ?
Que réfulte - t - il du fentiment de notre
Ariftarque ? une façade de palais fans
croifées , dont on n'a pu deviner jusqu'à
préfent l'ufage & la deftination , & dont les
inconvéniens font fans nombre , & les beautés
déplacées ? Il fe donne bien de garde de
nous détailler aucune de ces beautés , ni
d'en louer les perfections. Il commence par
chercher des défauts à cette façade , pour
affoiblir l'impreffion d'admiration dont
elle frappe tous les regards , en s'efforçant
de rendre cette admiration injufte & pref
que ridicule ; mais il n'eſt aifé de combattre
avec fuccès une approbation univerfelle
, & foutenue pendant le cours de
près d'un fiécle.
pas
Il dir que l'on n'a pu deviner jufqu'à
préfent la deftination de cette façade ; mais
n'auroit-il pas dû s'en informer avant de la
condamner ? Je crois pouvoir l'en inftruire
après avoir répondu à un reproche qu'il
fait à M. Perrault , & que ce grand architecte
n'a point mérité.
Il l'accufe de n'avoir interrompu la
communication de ce périftile que pour
faire une mauvaiſe arcade & une petite
porte . Quelle apparence qu'une porte auffi
Gij
148 MERCURE DE FRANCE,
fimple ait été chez un auffi grand compofiteur
l'objet de cette interruption ! le bon
fens peut-il adopter une idée fifinguliere ?
Ces deux périftiles ont chacun deux portes
à leurs deux extrêmités , qui leur font
fuffifantes. Etoit - il fenfé que l'architecte .
fupprimât ou gâtât ce beau pavillon du
milieu pour donner plus d'étendue à deux
périftiles qui ont chacun plus de trentecinq
toifes : d'ailleurs quelle raiſon a- t- il
d'appeller une mauvaife arcade une porte
dont les proportions font excellentes , & à
laquelle on ne pouvoit donner qu'une forme
ceintrée fans la rendre défectueufe ?
Eft-il mieux fondé de blâmer la petite.
porte placée dans un renfoncement de
douze pieds de profondeur , & fans laquelle
il eût été impoffible de fermer le
Louvre ? Eût-on pû mettre des venteaux à
une ouverture de quarante-deux pieds de
hauteur ? Il étoit donc indifpenfable d'en
menager avec art une plus petite , que l'on
pûr ouvrir & fermer(e). Je reviens à l'ufage
f. 1
-L'Auteur.veut ici excufer un défaut inexcu→
fable , & qui eft reconnu univerfellement pour tel.
Je parle de cette porte ceintrée qui interrompt le
périftile en dedans & en dehors , ce n'eft pas là
deffus qu'il faut défendre Perrault : d'ailleurs it
eft inutile qu'une porte foit dans une autre , la
porte quarrée fufifoite, qus der
A
JUIN. 1755 . 149
& à la deſtination de cette façade , qui eft
pour notre critique un problême , & dont
je lui ai promis la folution .
Il est très- certain , & je l'ai fçu par Mrs
Defgot & Boffrand qui avoient connu M.
Perrault dans leur jeuneffe , que lorfque
Louis XIV déclara qu'il vouloit le frontifpice
de fon Louvre enrichi de tout ce
que l'architecture avoit acquis de perfection
fous fon regne , & de tout ce qu'elle
pouvoit produire de plus régulier en même-
tems , & de plus conforme aux belles
proportions & à la majeftueufe fimplicité
de l'architecture antique , il n'eut aucune
intention d'habiter jamais ce Palais , mais
feulement d'élever à fon entrée un édifice
dont la magnificence égalât & la grandeur
de fes idées , & la dignité d'une maifon que
la nation regardoit comme celle de fon
Roi , par les honneurs qu'il avoit attachés
à fes entrées. Il vouloit encore qu'elle pût
fervir aux fiécles à venir de monument &
de témoin évident & inconteſtable des
merveilles de fon regne dans tous les genres
, mais fur-tout dans celui de la perfection
des beaux Arts . Il y eut encore un autre
motif qui détermina à employer dans
cette façade tout ce que l'architecture avoit
de plus majestueux & de plus frappant . Le
deffein de M. Colbert étoit d'ouvrir une
Giij
150 MERCURE DE FRANCE .
large & belle rue vis- à-vis le Louvre , qui
auroit été continuée jufques à l'arc de
triomphe du fauxbourg S. Antoine , & qui
auroit fervi d'avenue au plus vafte palais
par fon enceinte qu'il y eût eu en Europe ,
puifqu'il étoit décidé qu'on éleveroit du
côté de la rue S. Honoré une galerie parallele
à l'ancienne qui eft fur la riviere ,
& qu'il n'y auroit aucun bâtiment entre le
Louvre & le palais des Tuileries. Quelle
décoration n'exigeoit pas l'objet d'un point
de vue d'une fi prodigieufe étendue ( ƒ) !
Louis XIV , en qui l'excellence d'un
goût naturel égaloit fon amour pour le
grand en tout , ne fut point fatisfait de
plufieurs deffeins qui lui furent préfentés ,
où les croifées n'avoient point été oubliées,
& fur-tout dans celui du Cavalier Bernin
(g ) : mais Perrault fçut faifir en ha-
(f)Toutes les raifons que l'Auteur apporte ici
autorifent Perrault à faire un monument de la
plus grande magnificence & d'une grandeur coloffale
, mais nullement à interrompre par une
arcade fon architecture , & à faire le milieu plein
& maffif comme il eft . A l'égard du défaut de croifées
, il est très-bien juftifié , parce qu'en effet les
niches préfenteront toujours un plus riche fpectacle
que des fenêtres.
(g ) Le projet du Bernin n'étoit pas à rejetter
parce qu'il y avoit des croifées , mais parce
qu'il ne valoit rien d'ailleurs.
JUIN. 1755- 151
bile homme l'avantage unique de la deftination
de cet édifice , & compofer cet admirable
frontifpice , où il n'étoit affervi
ni à la ftructure des palais ordinaires ni à
leurs façades percées à jour ; c'eft ce qui
lui fit concevoir & enfanter ce fublime
deffein , qui fut dans le même inſtant préfenté
, admiré & agréé par Louis XIV.
Voilà ce qui a échappé aux connoiffan
ces de l'auteur de la critique , & qui détruit
tous fes efforts pour dégrader ce bel
édifice . L'ignorance à la vérité de ce que
je viens de lui expofer , peut excufer &
même autorifer les erreurs qu'on trouve
dans la fuite de l'examen de cette façade
au fujet de fa deftination . Telle est l'impoffibilité
où l'on eût été d'y placer des
fpectateurs dans le milieu , à l'occafion des
fêtes qui auroient été données dans l'efpace
en face de ce Château ( b ) . Il n'eft cependant
pas vraisemblable qu'il n'ait jamais
oui parler du fuperbe carroufel donné
par Louis XIV dans la cour du palais
(b ) Il ne s'enfuit pas de ce que les fêtes publiques
pouvoient fe donner dans la cour des Tuileries
, qu'il fût néceffaire de remplir le milieu
du périftile , de telle maniere que perfonne ne pût
s'y placer pour voir le beau coup d'oeil de cette
grande rue , projettée jufqu'à l'arc de triomphe da
fauxbourg S, Antoine.
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
·
des Tuileries qui en a gardé le nom , &
que cette cour étant beaucoup plus fpacieufe
que celle du Louvre , elle eût par
conféquent toujours été choifie pour des
fêtes . Notre Cenfeur auroit encore pû deviner
la deſtination de ce palais par une
réflexion bien fimple : c'eft que le palais
le plus fuperbe ne fçauroit être digne d'un
Roi , s'il n'a fous fes yeux & à fa bienſéance
les agrémens & la promenade d'un magnifique
jardin. Ces réflexions euffent peutêtre
moderé la vivacité de fa critique , &
l'euffent obligé de donner à Perrault les éloges
qu'il mérite , quoique l'on apperçoive
dans fes remarques une confpiration déclarée
contre notre admiration. Ce Cenfeur
peu équitable n'ayant pû fe faire illufion fur
la foibleffe des coups qu'il a portés à cette
façade admirable , qui fe bornent à fon
inutilité apparente & à l'interruption des
deux périftiles , a cherché des défauts
dans l'architecture de la façade de ce palais
du côté de la riviere , mais avec auffi
peu de fuccès. Il prétend que c'eft dans
cette partie du Louvre que Perrault avoit
eu intention de placer l'appartement du
Roi dans cette fuppofition il s'éleve vivement
contre la fimplicité indécente de
fa décoration extérieure ; il la blâme d'être
fans avant corps qui interrompent par -
UIN. 1755.
153
des repos & des maffes l'ennuyeufe monotonie
qui y regne. Cette premiere critique
tombe d'elle- même , puifque l'on
voit dans cette façade trois avant-corps ,
l'un dans le milieu qui devoit être couronné
d'un grand fronton orné de fculptures
, tel qu'il eft gravé dans les plans du
Louvre , d'après le deffein original de
Perrault , & qui font entre les mains de
tout le monde ; les deux autres font placés
aux pavillons des deux extrêmités. ( ż)
En fecond lieu , ce bâtiment dont la fimplicité
l'offenfe fi fort & le rend froid à
Les yeux , ne l'auroit point été fi les pilaftres
qui en décorent la face étoient cannelés
comme ils le doivent être , les chapitaux
corinthiens fculptés & les trois
corps décorés de médaillons couronnés de
mafques & de guirlandes , & de tous les
ornemens dont ils devoient être enrichis.
Lorfqu'il defire dans ce palais un progrès
A
(i ) L'Auteur défend mieux la façade du côté
de la riviere , qui feroit en effet plus riche fi les
pilaftres étoient cannelés & les ornemens finis ;
mais on ne peut nier que cette fuite de pilaftres
n'ait quelque chofe de nonotone , & que fi les
avant- corps étoient ornés de colonnes il en réfulteroit
plus d'agrément & de variété , fans qu'el-
Tes ôtaffent le jour, comme il le croit , puifqu'il y
en a à la façade de Verfailles qui n'obfcurciffent
point la grande galerie .
Gv
154 MERCURE DE FRANCE.
de magnificence fupérieure , ou au moins
égale à celle de la façade de l'entrée , il
auroit voulu fans doute le même périftile ,
mais percé par des croifées , ce qui eût
été impoffible. Ces croifées placées dans
un renfoncement de dix-fept pieds , auroient-
elles éclairé fuffifamment les
appartemens
, & n'y auroient- elles pas plutôt
jetté le fombre & la trifteffe d'un faux jour
plus infupportable que l'entiere obfcurité ?
Un autre inconvénient que l'on n'auroit
jamais pû fauver dans la continuation du
périftile , c'étoit de ne pouvoir rendre les
appartemens de cette partie doubles , &
par conféquent habitables par Sa Majefté
dans des jours de fêtes .
Je paffe fous filence ce qu'il dit de l'intérieur
de la cour : il convient avec raifon
de l'embarras prefque invincible où
furent alors les Architectes , ou de continuer
l'attique , ou en le fupprimant , de
raccorder la nouvelle architecture avec
l'ancienne. Les plus habiles de nos jours
ont tenté d'imaginer pour cet accord un
meilleur deffein que celui qu'on a exécuté
en partie , & ils ont tous avoué que leurs
efforts ont été fans fuccès.
L'Auteur finit fa critique par une affertion
dont on pourra lui difputer la vérité ;
c'eft que tout changement dans un ouvra
JUIN. 1755. 155
ge
confacré à la vénération publique , paroîtra
toujours un crime. Je puis lui répondre
que s'il eût propofé quelque chofe
de nouveau & d'un meilleur accord que
ce que l'on a exécuté dans les façades intérieures
, le public fenfé & éclairé en eût
été très - reconnoiffant , & auroit penſé
comme luis qu'une critique fondée concourt
à l'avantage des arts qu'elle éclaire , & que
les murmures ne doivent jamais empêcher
de publier ce que le goût , d'accord avec la
raison , ont approuvé. ( k )
(k ) Le réſultat de ces deux écrits eft que l'Auteur
de la lettre eft fondé dans le reproche qu'il
fait au Cenfeur du Louvre d'avoir parlé avec trop
peu de ménagement d'un édifice qui fait & qui
fera toujours , malgré fes défauts , l'admiration
de tous les gens de goût ; cependant on ne peut
pas dire que la cenfure de ce Critique manque
de jufteffe , mais qu'elle eft déplacée , dans un
tems où tous les vrais citoyens voyent avec un
plaifir qui tient du transport les préparatifs qu'on
fait pour achever ce ſuperbe monument, Elle paroit
d'autant plus repréhenfible que la multitude
non inftruite peut en conclure , que ce n'eft pas
la peine de finir un ouvrage dont on releve les
défauts avec tant d'amertume , & que d'ailleurs
il y a quelque ingratitude à reconnoître fi mal
le zéle de ceux qui s'occupent du foin de le faire
porter à fon entiere perfection.
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Résumé : ARCHITECTURE. Lettre de M.... à M. le Comte de Ch. sur le Louvre. (a)
La lettre de M.... à M. le Comte de Ch. aborde une critique anonyme publiée dans le Mercure d'avril concernant l'architecture du Louvre. L'auteur de la lettre reconnaît l'intérêt du comte pour ce monument et partage les critiques formulées par le censeur anonyme, qualifié d'homme de l'art. Ce dernier propose des réflexions sur le Louvre, affirmant que les œuvres du siècle de Louis XIV doivent être adorées aveuglément, tandis que le siècle actuel, plus sage et éclairé, peut les discuter. Le censeur critique la façade actuelle, préférant l'achèvement du Louvre selon les anciens plans, qu'il juge plus superbe. Il reproche à l'architecture de Perrault son manque de composition et de proportions, et déplore l'absence de croisées. La lettre défend Perrault en expliquant que Louis XIV n'avait pas l'intention d'habiter le Louvre, mais de créer un monument magnifiquement décoré pour témoigner de la grandeur de son règne. Elle souligne également que la façade actuelle répondait à un projet urbanistique ambitieux, incluant une large rue et une galerie parallèle. La critique du censeur est jugée inéquitable et manquant de goût, notamment en ce qui concerne l'interruption des péristyles et l'absence de croisées. Le texte discute également des défis architecturaux rencontrés lors de la construction de la façade du château de Versailles. L'auteur souligne que, bien que la grande galerie soit bien éclairée, il aurait été impossible de percer des croisées dans la façade pour éclairer les appartements sans créer une lumière insupportable. De plus, la continuité du péristyle aurait empêché de rendre les appartements doubles et habitables lors des jours de fête. L'auteur reconnaît les difficultés rencontrées par les architectes pour concilier l'ancienne et la nouvelle architecture, et mentionne que même les experts actuels n'ont pas trouvé de meilleure solution. La critique se termine par une réflexion sur les changements apportés aux ouvrages consacrés à la vénération publique, qualifiés de 'crime'. L'auteur répond que des critiques constructives peuvent contribuer à l'amélioration des arts. La censure du critique est jugée mal placée, surtout en période de préparatifs pour achever le monument, et pourrait décourager le public non instruit et sembler ingrate envers ceux qui travaillent à la perfection de l'ouvrage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 156-157
HORLOGERIE. Avertissement du sieur le Mazurier.
Début :
La simplicité fut toujours le caractere distinctif des bonnes machines ; c'est [...]
Mots clefs :
Horlogerie
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texteReconnaissance textuelle : HORLOGERIE. Avertissement du sieur le Mazurier.
HORLOGERIE.
Avertiſſement du fieur le Mazurier .
Ldiftinctif des bonnes machines ; c'eſt
un principe dont conviennent tous ceux
qui ont quelques connoiffances des méchaniques.
On fçait que bien des chofes
égales en foi , ont fouvent le même effet ;
mais que cet effet eft d'autant plus fûrement
produit , qu'il faut moins d'agens
pour le produire ; c'eft pour cette raifon
que le public s'eft intéreffé au travail de
M. le Roi fils , & qu'on a applaudi aux
moyens qu'il a propofés pour fupprimer
dans nos pendules ce grand nombre de
rouesqui ne peuvent qu'altérer leur jufteffe
en y multipliant l'ouvrage & la dépenfe.
En rendant à M. le Roi la juftice qui lui
eft dûe en qualité de premier inventeur
de ces fortes de conftructions le fieur
le Mazurier a cru qu'on ne lui fçauroit
pas mauvais gré d'entrer dans la même
carriere , & que ce feroit une entreprife
utile que de chercher quelqu'autre moyen
encore plus fimple de parvenir au but que
M. le Roi fe propofoit : c'est ce qui la
A fimplicité fut toujours le caractere
>
JUIN. 1755- I 57
porté à exécuter la conftruction de pendule
qu'il publie aujourd'hui ; non content de
la grande fimplicité où il l'a amenée , il lui
a donné une forme extrêmement gracieufe
, ce qui lui a donné lieu d'y ajufter un
cadran de glace , au travers duquel on voit
l'opération de tous ces effets : cette pendule
marque l'heure , la minute , la feconde ;
elle fonne l'heure & le quart à la feconde
précisément , ce qu'on n'avoit pû exécuter
jufqu'à ce jour , & elle n'a qu'une roue
pour fon mouvement & une pour fa fonnerie
; elle donne en outre l'équation du
foleil par un moyen fimple , ce que l'on
verra plus en détail dans le rapport fuivant
, & ce dont on pourra s'inftruire par
fes yeux fi l'on veut fe donner la peine de
la venir voir , rue de la Harpe , où il demeure
, tous les jours de travail , depuis
trois heures d'après- midi jufqu'à cinq , où
il fe fera un devoir de recevoir les avis des
gens de l'art , & des amateurs qui voudront
l'en honorer.
Avertiſſement du fieur le Mazurier .
Ldiftinctif des bonnes machines ; c'eſt
un principe dont conviennent tous ceux
qui ont quelques connoiffances des méchaniques.
On fçait que bien des chofes
égales en foi , ont fouvent le même effet ;
mais que cet effet eft d'autant plus fûrement
produit , qu'il faut moins d'agens
pour le produire ; c'eft pour cette raifon
que le public s'eft intéreffé au travail de
M. le Roi fils , & qu'on a applaudi aux
moyens qu'il a propofés pour fupprimer
dans nos pendules ce grand nombre de
rouesqui ne peuvent qu'altérer leur jufteffe
en y multipliant l'ouvrage & la dépenfe.
En rendant à M. le Roi la juftice qui lui
eft dûe en qualité de premier inventeur
de ces fortes de conftructions le fieur
le Mazurier a cru qu'on ne lui fçauroit
pas mauvais gré d'entrer dans la même
carriere , & que ce feroit une entreprife
utile que de chercher quelqu'autre moyen
encore plus fimple de parvenir au but que
M. le Roi fe propofoit : c'est ce qui la
A fimplicité fut toujours le caractere
>
JUIN. 1755- I 57
porté à exécuter la conftruction de pendule
qu'il publie aujourd'hui ; non content de
la grande fimplicité où il l'a amenée , il lui
a donné une forme extrêmement gracieufe
, ce qui lui a donné lieu d'y ajufter un
cadran de glace , au travers duquel on voit
l'opération de tous ces effets : cette pendule
marque l'heure , la minute , la feconde ;
elle fonne l'heure & le quart à la feconde
précisément , ce qu'on n'avoit pû exécuter
jufqu'à ce jour , & elle n'a qu'une roue
pour fon mouvement & une pour fa fonnerie
; elle donne en outre l'équation du
foleil par un moyen fimple , ce que l'on
verra plus en détail dans le rapport fuivant
, & ce dont on pourra s'inftruire par
fes yeux fi l'on veut fe donner la peine de
la venir voir , rue de la Harpe , où il demeure
, tous les jours de travail , depuis
trois heures d'après- midi jufqu'à cinq , où
il fe fera un devoir de recevoir les avis des
gens de l'art , & des amateurs qui voudront
l'en honorer.
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Résumé : HORLOGERIE. Avertissement du sieur le Mazurier.
Le texte aborde les innovations en horlogerie, notamment celles du sieur le Mazurier et de M. le Roi. Le Mazurier insiste sur la simplicité et l'efficacité dans la construction des machines, particulièrement des pendules. M. le Roi a proposé des méthodes pour réduire le nombre de roues dans les pendules, augmentant ainsi leur précision et diminuant les coûts. Inspiré par ces idées, le Mazurier crée une pendule plus simple et élégante. Cette pendule indique l'heure, la minute et la seconde avec précision, et sonne l'heure et le quart à la seconde près, une fonction inédite à l'époque. Elle utilise seulement deux roues pour son mouvement et sa sonnerie, et affiche l'équation du soleil par un moyen simple. Le Mazurier invite les experts et les amateurs à visiter sa pendule rue de la Harpe, où il est disponible pour des consultations les jours de travail de 15h à 17h.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 158-176
EXTRAIT DES REGISTRES De l'Académie royale des Sciences, du 22 Mars 1755.
Début :
Nous avons examiné par ordre de l'Académie, une pendule du sieur le Mazurier [...]
Mots clefs :
Pendule, Le Mazurier, Mouvement, Roue, Sonnerie, Vibrations, Académie royale des sciences, Horloger, Détente, Chevilles
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT DES REGISTRES De l'Académie royale des Sciences, du 22 Mars 1755.
EXTRAIT DES REGISTRES
De l'Académie royale des Sciences , du 22
Mars 1755.
Nous avons examiné par ordre de l'Académie
, une pendule du fieur le Mazurier
, Horloger , à fecondes , à fonnerie &
à remontoir , dont le mouvement n'a qu'une
feule roue , ainfi que la fonnerie
. Ces
deux parties
de la pendule
étant diftinctes
l'une de l'autre
, nous les décrirons
féparément
, afin d'en donner
une idée plus
nette , & de le faire d'une
maniere
plus
préciſe
; mais avant que d'en venir là , il eft
à propos de reprendre
les chofes
de plus
haut , & de faire quelques
réflexions
relativement
à la conftruction
des pendules
de
cette
espéce .
On fçait que les premiers régulateurs
des horloges , comme le balancier , n'agiffant
pour en régler le mouvement que
par leur inertie , n'avoient en eux , avant
l'application du reffort fpiral , aucun principe
de mouvement alternatif : pour que
le balancier fît des vibrations , il falloit
donc que la conftruction de l'échappement
fût telle que par fon moyen la roue de
rencontre ayant fait faire une excurfion à
ce régulateur , elle continuât d'agir fur lui
JUIN. 1755. 159
pour pouvoir le ramener & lui en faire
faire une autre en fens contraire : car fi
dans l'inftant où elle auroit fait faire la
premiere excurfion , elle avoit ceffé d'agir
de cette maniere fur le balancier , il n'auroit
point fait de vibration , puiſque par
fon inertie il ſe ſeroit mû , ou auroit tendu
à fe mouvoir dans la premiere direction
qui lui auroit été imprimée. Le premier
échappement qu'on employa dans les horloges
devoit donc par fa conftruction produire
l'effet dont nous venons de parler ;
auffi l'échappement à roue de rencontre &
à palettes , le plus ancien de tous , eft- il
très- bien conftruit pour cela. Mais l'application
du pendule aux horloges & du reffort
fpiral au balancier , fit bientôt connoître
que la difpofition de cet échappement ,
relativement à la production de cet effet ,
n'étoit pas abfolument néceffaire . En effet ,
le pendule & le balancier , aidés du reffort
fpiral , pouvant , lorfqu'ils font une fois
mis en mouvement , faire des vibrations
indépendamment de l'action de la force
motrice , la difpofition de l'échappement
par laquelle la roue de rencontre agiffoit
continuellement fur le régulateur pour le
faire vibrer , devenoit inutile , & pouvoit
même ne pas procurer à l'horloge toute la
juſteſſe dont elle étoit fufceptible ; car les
160 MERCURE DE FRANCE.
petites vibrations de ces deux régulateurs
étant ifochrones * , il fembloit que pour
en rendre le mouvement plus jufte , il
falloit laiffer autant qu'il étoit poffible
leurs vibrations libres ce fut vraisemblablement
cette confidération qui donna
lieu à l'invention des échappemens à repos.
On fçait que dans ces échappemens ,
lorfque la dent de la roue de rencontre a
écarté le régulateur , elle échappe , & elle ,
ou une autre de la même roue , va fe
repofer
fur une partie faifant corps avec l'axe
de ce même régulateur , conftruite de façon
que pendant que le régulateur acheve fon
excurfion , le mouvement de cette roue fe
trouve fufpendu ; qu'enfuite lorfqu'il revient
en arriere , il détend , fi cela fe peut
dire , le rouage , en laiffant paffer une dent
de la roue de rencontre qui agit de nouveau
fur lui , & ainfi de fuite. De là on
pourroit appeller encore ces échappemens ,
échappemens à détente ; mais cette dénomination
nous paroît mieux convenir à
ceux dont nous allons parler.
La fufpenfion du mouvement de la
roue de rencontre pourroit encore être
• Terme de phyfique & de mathématique , qui
fignifie qui fe fait en tems égaux : les vibrations
d'un pendule font toutes ifochrones , c'est-à - dire
qu'elles fe font toutes dans le même efpace de tems
JUIN. 1755. 161
produite d'une maniere différente de
celle que nous venons de décrire ; elle
pourroit fe faire au moyen d'une piéce
étrangere au régulateur ( comme un lévier ,
une bafcule ) , & immobile pendant toute
la vibration , dont une partie fe feroit engagée
entre les dents de cette roue & fe
feroit dégagée par le mouvement de ce
même régulateur ; & c'eft ainfi que cela
s'exécutoit dans un échappement que feu
M. du Tartre , habile Horloger , imagina
vers l'an 1730. Nous l'avons vu de même
dans un autre échappement , très différent
d'ailleurs , que l'aîné des fils de M. Julien
le Roi préfenta à cette Académie en 1748 .
Enfin la fufpenfion du mouvement de la
roue de rencontre fur le régulateur , eft
encore exécutée d'une maniere toute nouvelle
dans la pendule dont nous rendons
compte : ce font ces échappemens que nous
appellerons à l'avenir , échappemens à détente
, parce que ce nom nous paroît les
bien caractérifer , & leur convenir , comme
nous l'avons dit , beaucoup mieux qu'aux
précédens : en effet , le jeu de la piéce dont
une partie , en s'engageant dans les dents
de la roue de rencontre , ou s'en dégageant
, arrête cette roue , ou lui permet
de fe mouvoir , reffemble tout - à-fait à celui
d'une détente.
162 MERCURE DE FRANCE.
C'étoit avoir déja fait un certain chemin
que d'avoir inventé l'échappement à
repos , & il fembloit qu'avec un régulateur
tel que le pendule , il n'y avoit pas bien
loin de ce pas à un autre , par lequel on
auroit fimplifié les horloges où on l'emploie
; car ce régulateur pouvant faire les
vibrations par lui-même , & confervant
fon mouvement auffi long-tems qu'il le
conferve , il paroiffoit qu'on pouvoit conftruire
ces horloges de maniere que ce régulateur
fît non feulement une vibration
libre , mais encore dix , vingt , trente &
foixante , fans recevoir de nouveau mouvement
de la force motrice , c'est- à- dire
que la reſtitution au lieu de fe faire , par
exemple toutes les fecondes dans les
pendules à fecondes , ne fe fit que toutes
dix , vingt , trente ou foixante fecondes
; par là on pouvoit retrancher plufieurs
roues , & ainfi diminuer beaucoup les frottemens
, & en général fimplifier toute la
machine. Mais foit qu'un pareil changement
dans la conftruction de ces horloges
fût plus difficile à faire qu'il ne le paroît ,
foit par quelqu'autre caufe , ce ne fut que
long-tems après la découverte des échappemens
à repos qu'on fit des pendules fur
ce principe on les doit au fils de M. le
Roi dont nous avons déja parlé , qui les
JUIN. 2755% 163
inventa en 1751. Cependant un de nous
( M. le Camus ) ainfi que quelques Horlogers
de Paris , entr'autres M. Julien le Roi ,
ont vû chez feu M. l'Abbé d'Andeleau ,
vers l'an 1727 , non une pendule , mais
un échappement dans lequel la reftitution
ne fe faifoit qu'après plufieurs vibrations
du régulateur. Voici comment il étoit
conftruit.
Deux rochets d'inégale grandeur étoient
portés par un même arbre à quelque diftance
l'un de l'autre ; le plus grand étoit
divifé en trente dents , & l'autre en un
nombre plus petit aliquote du premier ,
comme quinze , dix , fix ou cinq : les dents
du premier fe repofoient alternativement
fur la circonférence convexe & concave
d'une efpéce de cylindre creux que portoit
l'axe du pendule ; lorfque plufieurs de ces
dents étoient paffées , une de celles du petit
rochet rencontroit une palette que portoit
le même axe du pendule , & lui reſtituoit
le mouvement qu'il avoit perdu dans
les vibrations précédentes. Mais on voit
par cette conftruction que cet échappement
étoit au plus auffi bon que les échappemens
ordinaires , où la reftitution fe fait
à toutes les vibrations , & que ce fçavant
Abbé n'avoit pas fenti les avantages que
l'on pouvoit obtenir , comme nous l'avons
164 MERCURE DE FRANCE .
dit , en ne faifant reftituer le mouvement
au pendule qu'après un certain nombre de
vibrations en effet , fon grand rochet
ayant trente dents , comme ceux des pendules
à fecondes ordinaires , & devant faire
comme eux une révolution par minute ,
il devoit néceffairement avoir la même
vîteffe , qui étoit auffi celle du petit rochet.
Il s'enfuit donc que les pendules où M.
l'Abbé d'Andeleau auroit employé cet
échappement , n'auroient pû en aucune
maniere avoir un rouage plus fimple que
celui des autres. }
Dans la pendule de M. le Mazurier , les
deux platines font réduites à deux piéces
de trois branches chacune en forme d'y ,
renverfées , très - évafées , & faites d'un
cuivre fort épais ; fur l'y ou platine de
devant on voit en dehors , ou du côté de la
cadrature , la roue qui porte l'aiguille des
fecondes ; elle a trente dents , & porte une
palette vers l'extrêmité de la tige , qui paffe
travers la platine dont nous venons de
parler , fon pivot étant porté par un pont :
cette roue ne reçoit point de mouvement
de la force motrice , mais uniquement du
pendule , de la maniere ſuivante.
Sur l'axe du pendule qui déborde un
peu la platine de devant , eft attachée perpendiculairement
& par le milieu
une
JUIN. 1755. 165
traverſe formant avec cet axe une figure
de T ; cette traverſe porte à chacune de fes
extrêmités une efpéce de béquille ; les
bouts des tiges de ces béquilles qui font
fort longues , vont s'engager du même côté
dans différens intervalles des dents de la
roue qui porte l'aiguille des fecondes ; par
cette difpofition on voit que ces béquilles
forment un lévier de La Garoufte , de forte
que deux vibrations du pendule font paffer
une dent de cette roue ; ainfi au bout
de foixante vibrations , elle a fait fon tour.
Voyons maintenant de quelle façon
Faction de la roue fur le pendule eft fufpendue
pour lui laiffer faire fes vibrations
en liberté , comment elle eft dégagée , &
comment elle agit fur le pendule pour lui
reftituer le mouvement qu'il pouvoit avoir
perdu pendant une minute .
Une piéce en forme d'équerre mobile
fur une cheville qui traverfe fa branche
horizontale , & porte fur fa branche verticale
& fupérieure un doigt , fur l'extrê
mité duquel viennent s'appuyer les chevilles
de la roue ; ce doigt eft mobile ſur
une cheville & taillé en bifeau par- deffous ,
afin qu'il ne puiffe heurter contre aucunes
chevilles , & qu'il ne manque jamais de
paffer entre deux chevilles : au haut de la
même branche verticale , eft placée une
166 MERCURE DE FRANCE.
cheville , par laquelle cette équerre peut
être prife pour être renversée par la piéce
qui fert à dégager la roue : une longue
piéce fufpendue par fon extrêmité fupérieure
par une cheville , autour de laquelle
elle peut fe mouvoir très- librement , porte
vers fon extrêmité inférieure la cheville
ou appui d'un lévier de la premiere efpéce.
L'extrêmité du petit bras de ce lévier eft
articulée avec une petite verge verticale ,
qui porte un petit talon , fur lequel la
palette de la tige de la roue qui porte l'aiguille
des fecondes vient s'appuyer à la fin
de chaque minute : au moyen de cette action
de la palette , le petit bras de ce lévier
s'abaiffe & le plus grand s'éleve , & par là
un talon qui eft à fon extrêmité , eft rencontré
par une pièce ou doigt qui tient à
la verge du pendule. Le pendule continuant
fa vibration , entraîne dans fon
mouvement le lévier & la longue piéce
pendante qui le porte.
Pendant que cette vibration ſe fait , un
fe
crochet dont le centre du mouvement eft
placé tout au bas de la piéce pendante qui
porte le lévier , accroche la cheville qui
eft tout au haut de la branche verticale de
l'équerre dont nous avons parlé , & retirant
cette branche de fa fituation verticale ,
dégage en même tems le doigt fur lequel
JUIN. 1755: 167
une cheville de la roue étoit appuyée ; alors
cette roue étant libre , une de fes chevilles
rencontre une palette d'agarhe fixée ſur la
verge du pendule , & lui reftitue pendant
une grande partie de cette vibration le
mouvement qu'il avoit perdu pendant une
minute . Comme le centre du mouvement
de l'équerre eft vers le milieu de fa branche
horizontale , la branche verticale s'abaiffe
en même tems qu'elle s'écarte de fa fituation
verticale , & la cheville placée à l'extrêmité
de cette branche , fe dégage du crochet
qui la renverfoit avant que la vibration
foit totalement firie ; enforte que
pendant que cette même vibration s'acheve
, l'équerre a la liberté de reprendre fa
premiere pofition , & le doigt qu'elle porte,
fa fituation , pour arrêter & foutenir la
cheville fuivante .
On connoît trop la conftruction ordinaire
des fonneries , pour qu'il foit néceffaire
de s'étendre fur ce fuiet. Nous ferons
remarquer feulement qu'elles font compofées
de plufieurs roues ( communément au
nombre de quatre ) & d'un volant , qui fervent
à moderer la vîteffe du rouage , pour
qu'il y ait un intervalle fuffifant entre chaque
coup de marteau : fi donc par quelque
moyen fimple on pouvoit empêcher que le
poids ou le reffort ne fe muffent avec
168 MERCURE DE FRANCE .
trop de rapidité , on trouveroit par là celui
de fe paffer de ces roues & de ce volant ;
c'eft ce que le fils de M. le Roi , déja cité , a
exécuté le premier , par le moyen du régulateur
du mouvement , dans une pendule
qu'il préfenta à l'Académie le 19 Avril
1752. Dans la defcription que l'on en
trouve dans le Mercure d'Août de la
même année , page 161 , on voit qu'il n'y
a dans cette fonnerie qu'une roue unique ,
fervant tout à la fois de roue , de cheville
& de chaperon , dont l'action eft ralentie &
reglée par le régulateur même , &c.
Dans la fonnerie du fieur le Mazurier ,
il n'y a auffi qu'une feule roue , portant le
poids & faifant la fonction de la roue de
chevilles & de chaperon , faifant fonner
les heures & tous les quarts . Le mouvement
de cette roue y eft auffi moderé
par celui
du régulateur ; mais cet effet s'y exécute ,
ainfi que les autres appartenant à la fonnerie
, d'une maniere bien fimple & bien
fûre , toute différente de ce qu'a fait M. le
Roi fils .
Pour s'en former une idée , fuppofons
qu'on regarde la pendule du côté du cadran
, on voit à droite la roue de fonnerie
,
, portant fur l'une de fes faces les chevilles
qui font fonner les quarts , & fur
l'autre celles qui font fonner les heures :
dans
JUIN. 1755.
169
dans les entailles qui font à la circonféren
ce , s'engage une détente lorfqu'elle doit
ceffer de tourner à la gauche de cette roue
& un peu au- deffus de fon diametre horizontal,
font placés fur un même axe parallele
à celui de la roue , les marteaux au
nombre de quatre ; chaque marteau à tout
près de l'axe un bec , que les chevilles de la
roue accrochent pour les lever ; & fur le
côté oppofé à ce bec , une queue de laiton.
recourbée , fort déliée & flexible. Enfin la
verge du pendule porte une efpéce de plan ,
fur lequel s'appuient ( la verge étant aux
environs de l'aplomb ) les bouts recourbés
des queues de ces marteaux , lorfqu'ils font
aux trois quarts lleevvééss ,, oouu àà peu près , &
prêts à échapper des chevilles du chaperon
pour frapper fur les timbres. Voici comment
s'exécute cette fonnerie . Sur la roue
des minutes , ou celle qui fait fon tour en
une heure , font placées quatre chevilles à
go dégrés l'une de l'autre une longué
piéce de cuivre qui part de la détente , &
qu'on en peut nommer la queue , s'étend
diagonalement en enbas de droite à gauche
, fe préfente par fon extrêmité à celle
de ces quatre chevilles qui fe trouve
perpendiculairement ou à peu près au-deffus
du centre de la roue ; cette cheville
pouffant légerement la détente , la fait
II.Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
lever , & par ce moyen dégage le chaperon.
La roue des minutes n'ayant de mouvement
qu'à la foixantieme feconde de chaque
minute , fait affez de chemin à la fin
de chaque minute pour que les chevilles
qui répondent à l'heure , au , à la ½ , &
aux , puiffent dégager la détente , & fe
dégager elles -mêmes de la queue de cette
piéce dans l'intervalle d'une feconde : ce
dégagement eft encore facilité par un petit
crochet articulé avec la queue de la détente
; le chaperon tournant , fes chevilles levent
fucceffivement les marteaux ; mais
leurs queues appuyant fur le plan porté par
la verge du pendule dont nous avons déja
parlé , le marteau ne peut achever de s'élever
que lorfque le pendule approche de
la fin de chaque vibration ; les queues recourbées
des marteaux échappant les unes
à droite , les autres à gauche du petit plan
que porte la verge du pendule , on ne doit
craindre que cette action des queues
des marteaux fur le petit plan altere le
mouvement du pendule , parce que les
queues de ces marteaux étant fort longues
& leurs levées fort courtes , la force avec
laquelle elles preffent fur le plan eft trèslégere
de plus , il eft limé en talut vers
fes bords , afin que lorfque les queues
échappent de deffus le plan , elles reftituent
pas
JUIN. 1755. 175
au pendule le peu de mouvement qu'il auroit
pû perdre par leur preffion.
Quant au remontoir de cette pendule
qui entre en action toutes les douze heures,
il est fort fimple : la corde fans fin qui
porte le poids & le contre-poids de la fonnerie
, paffe d'une part fur une poulie.
adaptée fur l'arbre de la roue de la fonnerie
, & de l'autre fur une poulie qui tient
au remontoir : à l'extrêmité de l'arbre de
cette roue , de l'autre côté de la platine de
derriere , il y a une levée ; cette levée
vient s'appuyer contre une efpéce de détente
, qui s'engageant dans une entaille
faite au remontoir , l'empêche de tourner ;
lorfque cette levée fait fon effet , elle dégage
la détente de l'entaille du remontoir ,
au moyen de quoi fon poids le faifant
tourner , celui de la fonnerie eft remonté
d'une hauteur égale à la demi- circonférence
de la poulie de ce remontoir , pendant
qu'il tourne une cheville qu'il porte , fait
baiffer une détente ou bafcule , & par là
dégage le remontoir du mouvement que
cette bafcule arrêtoit auparavant , lequel
étant libre , tourne & remonte le poids du
mouvement.
Enfin l'auteur a fçu tirer parti de ce
dernier remontoir pour faire mouvoir un
cercle annuel , fur lequel font marqués les
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
jours de chaque mois , & la quantité déquation
appartenante à chaque jour.
Après cette defcription , il eft à propos
de réfumer ce que nous avons dit fur cette
pendule. On voit que quant à l'idée générale
de faire une pendule à une feule
roue pour le mouvement , & à une feule
pour la fonnerie , elle n'eft pas nouvelle ,
puifque le fils de M. le Roi l'avoit exécutée
long - tems auparavant. Mais comme ¹en
méchanique les mêmes effets peuvent s'exé
cuter de différentes manieres , le fieur le
Mazurier a rendu fa pendule très- différente
de celle de M. le Roi ; les fecondes y font
marquées par une aiguille qui fait une
révolution entiere ( avantage qui n'eft pas
dans les premieres pendules à une roue ) ;
l'action de la roue fur le pendule eft ici
fufpendue pendant une minute entiere ,
& à la fin de chaque minute elle n'agit
que pendant une demi -feconde ou environ
, pour reftituer au pendule ce qu'il a
pû perdre de mouvement pendant la minute
; au lieu que dans celles que nous
venons de citer , l'action de la roue , out
celle d'un corps élevé par la roue , de demiminute
en demi-minute , agiffent continuellement.
Nous concluons de tout ceci que cette
pendule , qui eft d'ailleurs bien exécutée ,
JUI N. 1755. 173
eft nouvelle , quant à la maniere dont elle
eft conftruite pour produire les effets
qu'exigent des pendules del cette efpéce ,
& que ces effets s'y exécutent d'une façon
fure & capable de la faire aller avec beaecoup
de juſtelle : nous croyons donc qu'elle
mérite l'approbation de l'Académie , &
d'être inférée dans le recueil des machines.
Le fieur le Paute ayant écrit à M. de
Fouchy , le 18 Décembre 1754 , une lettre
où il dit , qu'il lui paroît que le fieur le Ma-
Kurier a employé les mêmes principes que
lui , foit pour les deux léviers , foit pour la
fonnerie fans rouage , il eft à propos de
difcuter ici fes prétentions .
Le fieur le Mazurier convient d'avoir
yû chez le fieur le Paute , par la face feulement
, une pendule où il y avoit deux
béquilles , faifant comme dans la fienne la
fonction de lávier de La Garoufte ,
fans avoir rien vû de l'intérieur de cette
pendule ; mais par les deux certificats
fuivans , fignés de perfonnes dignes de foi ,
il paroît quele feur de Mazurier avoit employé
dès le mois de Mai 1751 le même
moyen pour faire mouvoir une roue dans
une autre pendule de fon invention .
Voici comment ces certificats s'expri
ment of spillud ma nuolat
nem & .
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE .
» Vers le commencement de l'été de
»l'année 1751 , j'ai vû chez le fieur le
» Mazurier , Horloger , deux bras de lé-
>> vier attachés au deffus du coûteau d'un
pendule , & pendant à droite contre les
» dents d'une roue verticale en forme de
rochet : le bras droit pouffoit une dent
» dans une vibration du pendule , & le
bras gauche en pouffoit une autre dans
» la vibration fuivante : ce que je certifie
» véritable. A Paris , ce 15 Février 1755 .
Signé , Joly , Avocat , Confeiller au
" Confeil de M. le Duc d'Orléans , Lieu-
» nant général de la Capitainerie de Vincennes.
Je , fouffigné , Prieur du Collège de
Grammont , à Paris , attefte à tous qu'il
appartiendra avoir vû chez le fieur le
» Mazurier , Horloger , rue de la Harpe ,
»vers les fêtes de la Pentecôte de l'année
» 1751 , les mêmes léviers avec leurs
»mouvemens énoncés ci -deffus pour la
pendule de nouvelle invention , que j'ai
vû même commencer chez ledit fieur le
Mazurier dans les années antérieures. En
» foi de quoi j'ai figné le préfent certificat .
» A Paris , le 16 de Février 1755. Signé ,
» F. Vitecoq , Prieur du Collège de Grama
mont.
JUIN. 1755. 173
⚫On voit donc qu'à cet égard le fieur le
Mazurier n'a rien emprunté du fieur le
Paute.
Quant à l'idée de la fonnerie exécutée
en général par le moyen d'une feule roue ,
il eft clair par ce que nous avons rapporté ,
que le fieur le Paute n'eft nullement fondé
à la revendiquer ; car le fils de M. le Roi
avoit préfenté à l'Académie une pendule à
fonnerie conftruite fur ce principe au mois
d'Avril 1752 , c'eſt- à-dire plus de fix mois
avant qu'il eût parlé de la fienne dans le
Mercure d'Octobre de la même année , &
il en avoit donné la defcription générale
dans le Mercure d'Août , ou deux mois
avant l'annonce de celle du fieur le Paute.
Enfin en comparant la fonnerie du
fieur le Mazurier avec les deux deffeins
de fonnerie , dépofés à l'Académie le 22
Janvier 1754 , par le fieur le Paute , &
dont il a defiré que nous euffions communication
, on voit clairement que ces
deux Horlogers ne fe font pas rencontrés ,
le Geur le Paute ayant employé deux chaperons
, l'un pour faire fonner les heures ,
l'autre pour faire fonner les quarts , & le
fieur le Mazurier n'en ayant employé
qu'un pour produire les mêmes effets :
d'ailleurs on ne voit rien dans ces def
feins qui defigne de quelle maniere de
Hiiij
176 MERCURE DE FRANCE.
fieur le Paute fe propofoit d'exécuter les
autres effets appartenant à la fonnerie.
Ainfi il paroît que le fieur le Mazurier
n'a rien emprunté du fieur le Paute.
Signé , Camus , de Montigny , de Parcieux .
De l'Académie royale des Sciences , du 22
Mars 1755.
Nous avons examiné par ordre de l'Académie
, une pendule du fieur le Mazurier
, Horloger , à fecondes , à fonnerie &
à remontoir , dont le mouvement n'a qu'une
feule roue , ainfi que la fonnerie
. Ces
deux parties
de la pendule
étant diftinctes
l'une de l'autre
, nous les décrirons
féparément
, afin d'en donner
une idée plus
nette , & de le faire d'une
maniere
plus
préciſe
; mais avant que d'en venir là , il eft
à propos de reprendre
les chofes
de plus
haut , & de faire quelques
réflexions
relativement
à la conftruction
des pendules
de
cette
espéce .
On fçait que les premiers régulateurs
des horloges , comme le balancier , n'agiffant
pour en régler le mouvement que
par leur inertie , n'avoient en eux , avant
l'application du reffort fpiral , aucun principe
de mouvement alternatif : pour que
le balancier fît des vibrations , il falloit
donc que la conftruction de l'échappement
fût telle que par fon moyen la roue de
rencontre ayant fait faire une excurfion à
ce régulateur , elle continuât d'agir fur lui
JUIN. 1755. 159
pour pouvoir le ramener & lui en faire
faire une autre en fens contraire : car fi
dans l'inftant où elle auroit fait faire la
premiere excurfion , elle avoit ceffé d'agir
de cette maniere fur le balancier , il n'auroit
point fait de vibration , puiſque par
fon inertie il ſe ſeroit mû , ou auroit tendu
à fe mouvoir dans la premiere direction
qui lui auroit été imprimée. Le premier
échappement qu'on employa dans les horloges
devoit donc par fa conftruction produire
l'effet dont nous venons de parler ;
auffi l'échappement à roue de rencontre &
à palettes , le plus ancien de tous , eft- il
très- bien conftruit pour cela. Mais l'application
du pendule aux horloges & du reffort
fpiral au balancier , fit bientôt connoître
que la difpofition de cet échappement ,
relativement à la production de cet effet ,
n'étoit pas abfolument néceffaire . En effet ,
le pendule & le balancier , aidés du reffort
fpiral , pouvant , lorfqu'ils font une fois
mis en mouvement , faire des vibrations
indépendamment de l'action de la force
motrice , la difpofition de l'échappement
par laquelle la roue de rencontre agiffoit
continuellement fur le régulateur pour le
faire vibrer , devenoit inutile , & pouvoit
même ne pas procurer à l'horloge toute la
juſteſſe dont elle étoit fufceptible ; car les
160 MERCURE DE FRANCE.
petites vibrations de ces deux régulateurs
étant ifochrones * , il fembloit que pour
en rendre le mouvement plus jufte , il
falloit laiffer autant qu'il étoit poffible
leurs vibrations libres ce fut vraisemblablement
cette confidération qui donna
lieu à l'invention des échappemens à repos.
On fçait que dans ces échappemens ,
lorfque la dent de la roue de rencontre a
écarté le régulateur , elle échappe , & elle ,
ou une autre de la même roue , va fe
repofer
fur une partie faifant corps avec l'axe
de ce même régulateur , conftruite de façon
que pendant que le régulateur acheve fon
excurfion , le mouvement de cette roue fe
trouve fufpendu ; qu'enfuite lorfqu'il revient
en arriere , il détend , fi cela fe peut
dire , le rouage , en laiffant paffer une dent
de la roue de rencontre qui agit de nouveau
fur lui , & ainfi de fuite. De là on
pourroit appeller encore ces échappemens ,
échappemens à détente ; mais cette dénomination
nous paroît mieux convenir à
ceux dont nous allons parler.
La fufpenfion du mouvement de la
roue de rencontre pourroit encore être
• Terme de phyfique & de mathématique , qui
fignifie qui fe fait en tems égaux : les vibrations
d'un pendule font toutes ifochrones , c'est-à - dire
qu'elles fe font toutes dans le même efpace de tems
JUIN. 1755. 161
produite d'une maniere différente de
celle que nous venons de décrire ; elle
pourroit fe faire au moyen d'une piéce
étrangere au régulateur ( comme un lévier ,
une bafcule ) , & immobile pendant toute
la vibration , dont une partie fe feroit engagée
entre les dents de cette roue & fe
feroit dégagée par le mouvement de ce
même régulateur ; & c'eft ainfi que cela
s'exécutoit dans un échappement que feu
M. du Tartre , habile Horloger , imagina
vers l'an 1730. Nous l'avons vu de même
dans un autre échappement , très différent
d'ailleurs , que l'aîné des fils de M. Julien
le Roi préfenta à cette Académie en 1748 .
Enfin la fufpenfion du mouvement de la
roue de rencontre fur le régulateur , eft
encore exécutée d'une maniere toute nouvelle
dans la pendule dont nous rendons
compte : ce font ces échappemens que nous
appellerons à l'avenir , échappemens à détente
, parce que ce nom nous paroît les
bien caractérifer , & leur convenir , comme
nous l'avons dit , beaucoup mieux qu'aux
précédens : en effet , le jeu de la piéce dont
une partie , en s'engageant dans les dents
de la roue de rencontre , ou s'en dégageant
, arrête cette roue , ou lui permet
de fe mouvoir , reffemble tout - à-fait à celui
d'une détente.
162 MERCURE DE FRANCE.
C'étoit avoir déja fait un certain chemin
que d'avoir inventé l'échappement à
repos , & il fembloit qu'avec un régulateur
tel que le pendule , il n'y avoit pas bien
loin de ce pas à un autre , par lequel on
auroit fimplifié les horloges où on l'emploie
; car ce régulateur pouvant faire les
vibrations par lui-même , & confervant
fon mouvement auffi long-tems qu'il le
conferve , il paroiffoit qu'on pouvoit conftruire
ces horloges de maniere que ce régulateur
fît non feulement une vibration
libre , mais encore dix , vingt , trente &
foixante , fans recevoir de nouveau mouvement
de la force motrice , c'est- à- dire
que la reſtitution au lieu de fe faire , par
exemple toutes les fecondes dans les
pendules à fecondes , ne fe fit que toutes
dix , vingt , trente ou foixante fecondes
; par là on pouvoit retrancher plufieurs
roues , & ainfi diminuer beaucoup les frottemens
, & en général fimplifier toute la
machine. Mais foit qu'un pareil changement
dans la conftruction de ces horloges
fût plus difficile à faire qu'il ne le paroît ,
foit par quelqu'autre caufe , ce ne fut que
long-tems après la découverte des échappemens
à repos qu'on fit des pendules fur
ce principe on les doit au fils de M. le
Roi dont nous avons déja parlé , qui les
JUIN. 2755% 163
inventa en 1751. Cependant un de nous
( M. le Camus ) ainfi que quelques Horlogers
de Paris , entr'autres M. Julien le Roi ,
ont vû chez feu M. l'Abbé d'Andeleau ,
vers l'an 1727 , non une pendule , mais
un échappement dans lequel la reftitution
ne fe faifoit qu'après plufieurs vibrations
du régulateur. Voici comment il étoit
conftruit.
Deux rochets d'inégale grandeur étoient
portés par un même arbre à quelque diftance
l'un de l'autre ; le plus grand étoit
divifé en trente dents , & l'autre en un
nombre plus petit aliquote du premier ,
comme quinze , dix , fix ou cinq : les dents
du premier fe repofoient alternativement
fur la circonférence convexe & concave
d'une efpéce de cylindre creux que portoit
l'axe du pendule ; lorfque plufieurs de ces
dents étoient paffées , une de celles du petit
rochet rencontroit une palette que portoit
le même axe du pendule , & lui reſtituoit
le mouvement qu'il avoit perdu dans
les vibrations précédentes. Mais on voit
par cette conftruction que cet échappement
étoit au plus auffi bon que les échappemens
ordinaires , où la reftitution fe fait
à toutes les vibrations , & que ce fçavant
Abbé n'avoit pas fenti les avantages que
l'on pouvoit obtenir , comme nous l'avons
164 MERCURE DE FRANCE .
dit , en ne faifant reftituer le mouvement
au pendule qu'après un certain nombre de
vibrations en effet , fon grand rochet
ayant trente dents , comme ceux des pendules
à fecondes ordinaires , & devant faire
comme eux une révolution par minute ,
il devoit néceffairement avoir la même
vîteffe , qui étoit auffi celle du petit rochet.
Il s'enfuit donc que les pendules où M.
l'Abbé d'Andeleau auroit employé cet
échappement , n'auroient pû en aucune
maniere avoir un rouage plus fimple que
celui des autres. }
Dans la pendule de M. le Mazurier , les
deux platines font réduites à deux piéces
de trois branches chacune en forme d'y ,
renverfées , très - évafées , & faites d'un
cuivre fort épais ; fur l'y ou platine de
devant on voit en dehors , ou du côté de la
cadrature , la roue qui porte l'aiguille des
fecondes ; elle a trente dents , & porte une
palette vers l'extrêmité de la tige , qui paffe
travers la platine dont nous venons de
parler , fon pivot étant porté par un pont :
cette roue ne reçoit point de mouvement
de la force motrice , mais uniquement du
pendule , de la maniere ſuivante.
Sur l'axe du pendule qui déborde un
peu la platine de devant , eft attachée perpendiculairement
& par le milieu
une
JUIN. 1755. 165
traverſe formant avec cet axe une figure
de T ; cette traverſe porte à chacune de fes
extrêmités une efpéce de béquille ; les
bouts des tiges de ces béquilles qui font
fort longues , vont s'engager du même côté
dans différens intervalles des dents de la
roue qui porte l'aiguille des fecondes ; par
cette difpofition on voit que ces béquilles
forment un lévier de La Garoufte , de forte
que deux vibrations du pendule font paffer
une dent de cette roue ; ainfi au bout
de foixante vibrations , elle a fait fon tour.
Voyons maintenant de quelle façon
Faction de la roue fur le pendule eft fufpendue
pour lui laiffer faire fes vibrations
en liberté , comment elle eft dégagée , &
comment elle agit fur le pendule pour lui
reftituer le mouvement qu'il pouvoit avoir
perdu pendant une minute .
Une piéce en forme d'équerre mobile
fur une cheville qui traverfe fa branche
horizontale , & porte fur fa branche verticale
& fupérieure un doigt , fur l'extrê
mité duquel viennent s'appuyer les chevilles
de la roue ; ce doigt eft mobile ſur
une cheville & taillé en bifeau par- deffous ,
afin qu'il ne puiffe heurter contre aucunes
chevilles , & qu'il ne manque jamais de
paffer entre deux chevilles : au haut de la
même branche verticale , eft placée une
166 MERCURE DE FRANCE.
cheville , par laquelle cette équerre peut
être prife pour être renversée par la piéce
qui fert à dégager la roue : une longue
piéce fufpendue par fon extrêmité fupérieure
par une cheville , autour de laquelle
elle peut fe mouvoir très- librement , porte
vers fon extrêmité inférieure la cheville
ou appui d'un lévier de la premiere efpéce.
L'extrêmité du petit bras de ce lévier eft
articulée avec une petite verge verticale ,
qui porte un petit talon , fur lequel la
palette de la tige de la roue qui porte l'aiguille
des fecondes vient s'appuyer à la fin
de chaque minute : au moyen de cette action
de la palette , le petit bras de ce lévier
s'abaiffe & le plus grand s'éleve , & par là
un talon qui eft à fon extrêmité , eft rencontré
par une pièce ou doigt qui tient à
la verge du pendule. Le pendule continuant
fa vibration , entraîne dans fon
mouvement le lévier & la longue piéce
pendante qui le porte.
Pendant que cette vibration ſe fait , un
fe
crochet dont le centre du mouvement eft
placé tout au bas de la piéce pendante qui
porte le lévier , accroche la cheville qui
eft tout au haut de la branche verticale de
l'équerre dont nous avons parlé , & retirant
cette branche de fa fituation verticale ,
dégage en même tems le doigt fur lequel
JUIN. 1755: 167
une cheville de la roue étoit appuyée ; alors
cette roue étant libre , une de fes chevilles
rencontre une palette d'agarhe fixée ſur la
verge du pendule , & lui reftitue pendant
une grande partie de cette vibration le
mouvement qu'il avoit perdu pendant une
minute . Comme le centre du mouvement
de l'équerre eft vers le milieu de fa branche
horizontale , la branche verticale s'abaiffe
en même tems qu'elle s'écarte de fa fituation
verticale , & la cheville placée à l'extrêmité
de cette branche , fe dégage du crochet
qui la renverfoit avant que la vibration
foit totalement firie ; enforte que
pendant que cette même vibration s'acheve
, l'équerre a la liberté de reprendre fa
premiere pofition , & le doigt qu'elle porte,
fa fituation , pour arrêter & foutenir la
cheville fuivante .
On connoît trop la conftruction ordinaire
des fonneries , pour qu'il foit néceffaire
de s'étendre fur ce fuiet. Nous ferons
remarquer feulement qu'elles font compofées
de plufieurs roues ( communément au
nombre de quatre ) & d'un volant , qui fervent
à moderer la vîteffe du rouage , pour
qu'il y ait un intervalle fuffifant entre chaque
coup de marteau : fi donc par quelque
moyen fimple on pouvoit empêcher que le
poids ou le reffort ne fe muffent avec
168 MERCURE DE FRANCE .
trop de rapidité , on trouveroit par là celui
de fe paffer de ces roues & de ce volant ;
c'eft ce que le fils de M. le Roi , déja cité , a
exécuté le premier , par le moyen du régulateur
du mouvement , dans une pendule
qu'il préfenta à l'Académie le 19 Avril
1752. Dans la defcription que l'on en
trouve dans le Mercure d'Août de la
même année , page 161 , on voit qu'il n'y
a dans cette fonnerie qu'une roue unique ,
fervant tout à la fois de roue , de cheville
& de chaperon , dont l'action eft ralentie &
reglée par le régulateur même , &c.
Dans la fonnerie du fieur le Mazurier ,
il n'y a auffi qu'une feule roue , portant le
poids & faifant la fonction de la roue de
chevilles & de chaperon , faifant fonner
les heures & tous les quarts . Le mouvement
de cette roue y eft auffi moderé
par celui
du régulateur ; mais cet effet s'y exécute ,
ainfi que les autres appartenant à la fonnerie
, d'une maniere bien fimple & bien
fûre , toute différente de ce qu'a fait M. le
Roi fils .
Pour s'en former une idée , fuppofons
qu'on regarde la pendule du côté du cadran
, on voit à droite la roue de fonnerie
,
, portant fur l'une de fes faces les chevilles
qui font fonner les quarts , & fur
l'autre celles qui font fonner les heures :
dans
JUIN. 1755.
169
dans les entailles qui font à la circonféren
ce , s'engage une détente lorfqu'elle doit
ceffer de tourner à la gauche de cette roue
& un peu au- deffus de fon diametre horizontal,
font placés fur un même axe parallele
à celui de la roue , les marteaux au
nombre de quatre ; chaque marteau à tout
près de l'axe un bec , que les chevilles de la
roue accrochent pour les lever ; & fur le
côté oppofé à ce bec , une queue de laiton.
recourbée , fort déliée & flexible. Enfin la
verge du pendule porte une efpéce de plan ,
fur lequel s'appuient ( la verge étant aux
environs de l'aplomb ) les bouts recourbés
des queues de ces marteaux , lorfqu'ils font
aux trois quarts lleevvééss ,, oouu àà peu près , &
prêts à échapper des chevilles du chaperon
pour frapper fur les timbres. Voici comment
s'exécute cette fonnerie . Sur la roue
des minutes , ou celle qui fait fon tour en
une heure , font placées quatre chevilles à
go dégrés l'une de l'autre une longué
piéce de cuivre qui part de la détente , &
qu'on en peut nommer la queue , s'étend
diagonalement en enbas de droite à gauche
, fe préfente par fon extrêmité à celle
de ces quatre chevilles qui fe trouve
perpendiculairement ou à peu près au-deffus
du centre de la roue ; cette cheville
pouffant légerement la détente , la fait
II.Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
lever , & par ce moyen dégage le chaperon.
La roue des minutes n'ayant de mouvement
qu'à la foixantieme feconde de chaque
minute , fait affez de chemin à la fin
de chaque minute pour que les chevilles
qui répondent à l'heure , au , à la ½ , &
aux , puiffent dégager la détente , & fe
dégager elles -mêmes de la queue de cette
piéce dans l'intervalle d'une feconde : ce
dégagement eft encore facilité par un petit
crochet articulé avec la queue de la détente
; le chaperon tournant , fes chevilles levent
fucceffivement les marteaux ; mais
leurs queues appuyant fur le plan porté par
la verge du pendule dont nous avons déja
parlé , le marteau ne peut achever de s'élever
que lorfque le pendule approche de
la fin de chaque vibration ; les queues recourbées
des marteaux échappant les unes
à droite , les autres à gauche du petit plan
que porte la verge du pendule , on ne doit
craindre que cette action des queues
des marteaux fur le petit plan altere le
mouvement du pendule , parce que les
queues de ces marteaux étant fort longues
& leurs levées fort courtes , la force avec
laquelle elles preffent fur le plan eft trèslégere
de plus , il eft limé en talut vers
fes bords , afin que lorfque les queues
échappent de deffus le plan , elles reftituent
pas
JUIN. 1755. 175
au pendule le peu de mouvement qu'il auroit
pû perdre par leur preffion.
Quant au remontoir de cette pendule
qui entre en action toutes les douze heures,
il est fort fimple : la corde fans fin qui
porte le poids & le contre-poids de la fonnerie
, paffe d'une part fur une poulie.
adaptée fur l'arbre de la roue de la fonnerie
, & de l'autre fur une poulie qui tient
au remontoir : à l'extrêmité de l'arbre de
cette roue , de l'autre côté de la platine de
derriere , il y a une levée ; cette levée
vient s'appuyer contre une efpéce de détente
, qui s'engageant dans une entaille
faite au remontoir , l'empêche de tourner ;
lorfque cette levée fait fon effet , elle dégage
la détente de l'entaille du remontoir ,
au moyen de quoi fon poids le faifant
tourner , celui de la fonnerie eft remonté
d'une hauteur égale à la demi- circonférence
de la poulie de ce remontoir , pendant
qu'il tourne une cheville qu'il porte , fait
baiffer une détente ou bafcule , & par là
dégage le remontoir du mouvement que
cette bafcule arrêtoit auparavant , lequel
étant libre , tourne & remonte le poids du
mouvement.
Enfin l'auteur a fçu tirer parti de ce
dernier remontoir pour faire mouvoir un
cercle annuel , fur lequel font marqués les
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
jours de chaque mois , & la quantité déquation
appartenante à chaque jour.
Après cette defcription , il eft à propos
de réfumer ce que nous avons dit fur cette
pendule. On voit que quant à l'idée générale
de faire une pendule à une feule
roue pour le mouvement , & à une feule
pour la fonnerie , elle n'eft pas nouvelle ,
puifque le fils de M. le Roi l'avoit exécutée
long - tems auparavant. Mais comme ¹en
méchanique les mêmes effets peuvent s'exé
cuter de différentes manieres , le fieur le
Mazurier a rendu fa pendule très- différente
de celle de M. le Roi ; les fecondes y font
marquées par une aiguille qui fait une
révolution entiere ( avantage qui n'eft pas
dans les premieres pendules à une roue ) ;
l'action de la roue fur le pendule eft ici
fufpendue pendant une minute entiere ,
& à la fin de chaque minute elle n'agit
que pendant une demi -feconde ou environ
, pour reftituer au pendule ce qu'il a
pû perdre de mouvement pendant la minute
; au lieu que dans celles que nous
venons de citer , l'action de la roue , out
celle d'un corps élevé par la roue , de demiminute
en demi-minute , agiffent continuellement.
Nous concluons de tout ceci que cette
pendule , qui eft d'ailleurs bien exécutée ,
JUI N. 1755. 173
eft nouvelle , quant à la maniere dont elle
eft conftruite pour produire les effets
qu'exigent des pendules del cette efpéce ,
& que ces effets s'y exécutent d'une façon
fure & capable de la faire aller avec beaecoup
de juſtelle : nous croyons donc qu'elle
mérite l'approbation de l'Académie , &
d'être inférée dans le recueil des machines.
Le fieur le Paute ayant écrit à M. de
Fouchy , le 18 Décembre 1754 , une lettre
où il dit , qu'il lui paroît que le fieur le Ma-
Kurier a employé les mêmes principes que
lui , foit pour les deux léviers , foit pour la
fonnerie fans rouage , il eft à propos de
difcuter ici fes prétentions .
Le fieur le Mazurier convient d'avoir
yû chez le fieur le Paute , par la face feulement
, une pendule où il y avoit deux
béquilles , faifant comme dans la fienne la
fonction de lávier de La Garoufte ,
fans avoir rien vû de l'intérieur de cette
pendule ; mais par les deux certificats
fuivans , fignés de perfonnes dignes de foi ,
il paroît quele feur de Mazurier avoit employé
dès le mois de Mai 1751 le même
moyen pour faire mouvoir une roue dans
une autre pendule de fon invention .
Voici comment ces certificats s'expri
ment of spillud ma nuolat
nem & .
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE .
» Vers le commencement de l'été de
»l'année 1751 , j'ai vû chez le fieur le
» Mazurier , Horloger , deux bras de lé-
>> vier attachés au deffus du coûteau d'un
pendule , & pendant à droite contre les
» dents d'une roue verticale en forme de
rochet : le bras droit pouffoit une dent
» dans une vibration du pendule , & le
bras gauche en pouffoit une autre dans
» la vibration fuivante : ce que je certifie
» véritable. A Paris , ce 15 Février 1755 .
Signé , Joly , Avocat , Confeiller au
" Confeil de M. le Duc d'Orléans , Lieu-
» nant général de la Capitainerie de Vincennes.
Je , fouffigné , Prieur du Collège de
Grammont , à Paris , attefte à tous qu'il
appartiendra avoir vû chez le fieur le
» Mazurier , Horloger , rue de la Harpe ,
»vers les fêtes de la Pentecôte de l'année
» 1751 , les mêmes léviers avec leurs
»mouvemens énoncés ci -deffus pour la
pendule de nouvelle invention , que j'ai
vû même commencer chez ledit fieur le
Mazurier dans les années antérieures. En
» foi de quoi j'ai figné le préfent certificat .
» A Paris , le 16 de Février 1755. Signé ,
» F. Vitecoq , Prieur du Collège de Grama
mont.
JUIN. 1755. 173
⚫On voit donc qu'à cet égard le fieur le
Mazurier n'a rien emprunté du fieur le
Paute.
Quant à l'idée de la fonnerie exécutée
en général par le moyen d'une feule roue ,
il eft clair par ce que nous avons rapporté ,
que le fieur le Paute n'eft nullement fondé
à la revendiquer ; car le fils de M. le Roi
avoit préfenté à l'Académie une pendule à
fonnerie conftruite fur ce principe au mois
d'Avril 1752 , c'eſt- à-dire plus de fix mois
avant qu'il eût parlé de la fienne dans le
Mercure d'Octobre de la même année , &
il en avoit donné la defcription générale
dans le Mercure d'Août , ou deux mois
avant l'annonce de celle du fieur le Paute.
Enfin en comparant la fonnerie du
fieur le Mazurier avec les deux deffeins
de fonnerie , dépofés à l'Académie le 22
Janvier 1754 , par le fieur le Paute , &
dont il a defiré que nous euffions communication
, on voit clairement que ces
deux Horlogers ne fe font pas rencontrés ,
le Geur le Paute ayant employé deux chaperons
, l'un pour faire fonner les heures ,
l'autre pour faire fonner les quarts , & le
fieur le Mazurier n'en ayant employé
qu'un pour produire les mêmes effets :
d'ailleurs on ne voit rien dans ces def
feins qui defigne de quelle maniere de
Hiiij
176 MERCURE DE FRANCE.
fieur le Paute fe propofoit d'exécuter les
autres effets appartenant à la fonnerie.
Ainfi il paroît que le fieur le Mazurier
n'a rien emprunté du fieur le Paute.
Signé , Camus , de Montigny , de Parcieux .
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Résumé : EXTRAIT DES REGISTRES De l'Académie royale des Sciences, du 22 Mars 1755.
Le document, daté du 22 mars 1755, est un extrait des registres de l'Académie royale des Sciences décrivant une pendule innovante conçue par le horloger Le Mazurier. Cette pendule se distingue par un mécanisme unique utilisant une seule roue pour le mouvement et la sonnerie, simplifiant ainsi la structure traditionnelle des horloges. Les premiers régulateurs des horloges, comme le balancier, ne possédaient pas de mouvement alternatif avant l'introduction du ressort spiral. L'échappement à roue de rencontre et à palettes était le plus ancien et le plus efficace pour produire des vibrations. L'adoption du pendule et du ressort spiral a permis aux régulateurs de vibrer indépendamment de la force motrice, rendant certains échappements inutiles. Le texte mentionne l'invention des échappements à repos, permettant au régulateur de faire plusieurs vibrations libres avant de recevoir un nouveau mouvement. Cette innovation a conduit à la simplification des horloges en réduisant le nombre de roues et les frottements. La pendule de Le Mazurier utilise un mécanisme où deux vibrations du pendule font passer une dent de la roue des secondes, permettant ainsi à la roue de faire un tour complet en soixante vibrations. Le mouvement de la roue est suspendu pour laisser le pendule vibrer librement, puis il est restitué par une palette. Le remontoir de la pendule, actionné toutes les douze heures, est simple et efficace. Une corde sans fin porte le poids et le contre-poids, passant sur des poulies pour remonter le mécanisme. Le Mazurier a également intégré un cercle annuel pour marquer les jours de chaque mois et les équations correspondantes. Le texte souligne que, bien que l'idée d'une pendule à une seule roue ne soit pas nouvelle, la réalisation du sieur Le Mazurier diffère de celle du fils de M. le Roi. La pendule du sieur Le Mazurier est considérée comme nouvelle et bien exécutée, méritant l'approbation de l'Académie. Le sieur Le Paute avait affirmé que le sieur Le Mazurier avait emprunté ses principes, mais des certificats attestent que Le Mazurier utilisait déjà des mécanismes similaires dès 1751. De plus, le fils de M. le Roi avait présenté une pendule à sonnerie unique avant que Le Paute ne parle de la sienne. Ainsi, il est clair que Le Mazurier n'a rien emprunté à Le Paute.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 176-178
Autre Extrait des mêmes Registres de l'Académie royale des Sciences, du 12 Avril suivant.
Début :
Depuis la lecture de ce rapport à l'Académie, le sieur le Mazurier a fait un [...]
Mots clefs :
Le Mazurier, Académie royale des sciences, Pendule
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texteReconnaissance textuelle : Autre Extrait des mêmes Registres de l'Académie royale des Sciences, du 12 Avril suivant.
Autre Extrait des mêmes Regiftres de l'Acas
démie royale des Sciences , du 12 Avril
Juivant.
Depuis la lecture de ce rapport à l'Académie
, le fieur le Mazurier a fait un
changement affez confidérable à l'échappement
de fa pendule pour le fimplifier.
Dans fa nouvelle conftruction , la branche
verticale de l'équerre qui porte le doigt
fur lequel s'appuient fucceffivement les
chevilles de la roue motrice , porte à fon
extrêmité fupérieure un lévier de la premiere
efpéce à bras fort inégaux : le petit
bras de ce lévier eft rencontré & abaiffé
par la palette de la tige de la roue des
fecondes pendant la derniere vibration de
chaque minute ; l'autre bras étant alors
élevé , le mantonnet qu'il porte à fon
extrêmité , eft rencontré par le doigt qui
tient à la verge du pendule : le pendule
continuant fa vibration , entraîne ce lévier
& la branche verticale de l'équerre qui le
porte ; alors le doigt ou verrou qui fufSHAJUINUM
677
pendoit l'action de la roue motrice , eft
retiré en partie dê deffous la cheville qu'il
-foutenoit & cette cheville arrivant vets
l'extrêmité du verrou taillé en biſeau ,
nacheve de chaffer ce verrous comme
-elle lui donne un mouvement plus prompt
que celui du pendule qui le retiroit , te
mantonnet du lévier fe dégage du doigt
du pendule , & la branche horizontale de
l'équerre agiffant par fa pefanteur , ramene
toutes ces piéces à leur premier état avant
que la vibration foit achevée. Cette nouvelle
conftruction d'échappement , plus
fimple que la premiere , nous paroît avan
tageufe , & nous croyons qu'elle mérite
l'approbation de l'Académie . Signé , le
Camus , de Montigny de Parcieux.
Au bas eft écrit : » Je certifie les pré-
» fens Extraits conformes à leurs originaux
» & au jugement de la Compagnie. A
Paris , ce 14 Avril 1755. Signé , Grand-
Jean de Fouchy , Secrétaire perpétuel de
» l'Académie royale des Sciences.
Hy
378 MERCURE DE FRANCE.
abrem eres el ob poll
Les perfonnes qui defireront fe procurer
la Médaille de feu M. Charles de Secondat
, Baron de Montefquieu , gravée par
le célebre M. Daffier , pourront s'adreffer
à M. Balleaferd , Négociant , Place Dauphine.
démie royale des Sciences , du 12 Avril
Juivant.
Depuis la lecture de ce rapport à l'Académie
, le fieur le Mazurier a fait un
changement affez confidérable à l'échappement
de fa pendule pour le fimplifier.
Dans fa nouvelle conftruction , la branche
verticale de l'équerre qui porte le doigt
fur lequel s'appuient fucceffivement les
chevilles de la roue motrice , porte à fon
extrêmité fupérieure un lévier de la premiere
efpéce à bras fort inégaux : le petit
bras de ce lévier eft rencontré & abaiffé
par la palette de la tige de la roue des
fecondes pendant la derniere vibration de
chaque minute ; l'autre bras étant alors
élevé , le mantonnet qu'il porte à fon
extrêmité , eft rencontré par le doigt qui
tient à la verge du pendule : le pendule
continuant fa vibration , entraîne ce lévier
& la branche verticale de l'équerre qui le
porte ; alors le doigt ou verrou qui fufSHAJUINUM
677
pendoit l'action de la roue motrice , eft
retiré en partie dê deffous la cheville qu'il
-foutenoit & cette cheville arrivant vets
l'extrêmité du verrou taillé en biſeau ,
nacheve de chaffer ce verrous comme
-elle lui donne un mouvement plus prompt
que celui du pendule qui le retiroit , te
mantonnet du lévier fe dégage du doigt
du pendule , & la branche horizontale de
l'équerre agiffant par fa pefanteur , ramene
toutes ces piéces à leur premier état avant
que la vibration foit achevée. Cette nouvelle
conftruction d'échappement , plus
fimple que la premiere , nous paroît avan
tageufe , & nous croyons qu'elle mérite
l'approbation de l'Académie . Signé , le
Camus , de Montigny de Parcieux.
Au bas eft écrit : » Je certifie les pré-
» fens Extraits conformes à leurs originaux
» & au jugement de la Compagnie. A
Paris , ce 14 Avril 1755. Signé , Grand-
Jean de Fouchy , Secrétaire perpétuel de
» l'Académie royale des Sciences.
Hy
378 MERCURE DE FRANCE.
abrem eres el ob poll
Les perfonnes qui defireront fe procurer
la Médaille de feu M. Charles de Secondat
, Baron de Montefquieu , gravée par
le célebre M. Daffier , pourront s'adreffer
à M. Balleaferd , Négociant , Place Dauphine.
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Résumé : Autre Extrait des mêmes Registres de l'Académie royale des Sciences, du 12 Avril suivant.
Le document décrit une amélioration de l'échappement d'une pendule réalisée par le sieur Le Mazurier. Cette innovation simplifie le mécanisme en utilisant une branche verticale d'une équerre qui porte un levier à bras inégaux. Le petit bras du levier est abaissé par la palette de la tige de la roue des secondes pendant la dernière vibration de chaque minute. L'autre bras, élevé, porte un mantonnet libéré par le doigt attaché à la verge du pendule. Le pendule, continuant sa vibration, entraîne le levier et la branche verticale, retirant partiellement le verrou qui retenait la cheville de la roue motrice. Cette cheville, arrivant à l'extrémité du verrou taillé en biseau, achève de chasser le verrou plus rapidement que le pendule ne le retirait. Le mantonnet se dégage alors du doigt du pendule, et la branche horizontale de l'équerre, par sa pesanteur, ramène toutes les pièces à leur état initial avant la fin de la vibration. Cette nouvelle construction, jugée plus simple et avantageuse, a reçu l'approbation de l'Académie. Le document est signé par le Camus, de Montigny et de Parcieux, et certifié conforme par Grandjean de Fouchy, Secrétaire perpétuel de l'Académie royale des Sciences, le 14 avril 1755. De plus, le texte mentionne la disponibilité d'une médaille gravée par Daffier en mémoire de Charles de Secondat, Baron de Montesquieu, auprès de M. Balleaferd, négociant à la Place Dauphine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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