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1
p. 208-212
HORLOGERIE.
Début :
Mémoire sur une nouvelle maniere de faire les Cadrans de pendules, barometres, hygrometres, &c. présenté le 12 Avril 1755, à l'Académie royale des Sciences, par M. Dupont, Horloger privilégié du Roi. [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Horloger, Cadrans, Baromètres, Pendules
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texteReconnaissance textuelle : HORLOGERIE.
HORLOGERIE .
, barometres
Memoire fur une nouvelle maniere de faire
les Cadrans de pendules
hygrometres , &c. préfenté le 12 Avril
1755 , à l'Académie royale des Sciences ,
par M. Dupont , Horloger privilégié du
I
Roi.
Left fans doute avantageux pour la
perfection des pendules que leurs cadrans
foient exactement divifés , & qu'ils
nous préfentent conftamment un aspect
agréable. Cette partie de l'horloge eft celle
fur laquelle les yeux s'arrêtent d'abord , &
la pofition exacte des divifions qui y font
marquées , eft effentielle pour nous montrer
les parties de l'heure avec préciſion .
Par ces deux confidérations , je crois les
cadrans que j'ai l'honneur de préfenter à
l'Académie fupérieurs aux autres ; ils font
compofés d'un cercle de verre blanc , fur
lequel l'on peint à rebours les heures & les
minutes * , & d'une efpece de maftic blanc
*Pour peindre ces heures , &c. il faut commencer
par mettre un cadran de papier fous le verre
ce qui dirige en quelque forte l'opération . On
fentira donc aisément que l'idée de me borner à
›
JU I N. 1755. 2091
qui s'applique exactement fur le verre
fait corps avec lui , forme un total qui:
imite l'émail , & que même plufieurs perfonnes
lui préferent , fur - tout dans les .
grands cadrans ; car ceux d'émail d'une
certaine étendue ont un ait de fayence , &,
font prefque toujours défectueux ..
7
A l'égard des divifions , elles feront toujours
plus exactes dans les nouveaux ca→
drans que dans ceux d'émail , parce qu'ils
ne paffent pas au feu comme ces derniers .
Les cadrans de cuivre gravés & recouverts
d'une couche d'argenture , ont à la vérité,
cette derniere propriété , mais on fçait :
qu'ils fe noirciffent en peu de tems. Pour
ce qui eft des cadrans à cartouche , per-.
fonne n'ignore qu'ils font très -imparfaitst
à tous égards. དྭེ ནཱ ཝཱ
ce cadran de papier dût fe préfenter d'abord à
mon imagination ; mais je m'apperçus bientôt
que fi un tel cadran étoit fupportable de loin , il
ne le feroit pas de près , les pores du papier s'appercevant
; je reconnus encore que ce papier ne
tarderoit pas à fe jaunir , fur-tout dans les endroits
où la fumée pouvoit pénétrer.
M. Gallonde s'étoit appercu avant moi de ces
inconvéniens , la dépenſe conſidérable qu'entraîne
les cadrans d'émail , avoit engagé cet habile Artifte
à faire fes cadrans de barometre en papier
mais auffi- tôt qu'il eut connoiffance de ma nouvelle
conftruction , il les abandonna entierement.
210 MERCURE DE FRANCE.
Je ne m'étendrai pas plus , Meffieurs
fur l'avantage de cette nouvelle maniere
de faire les cadrans ; il eft aifé de voir
qu'elle est également applicable à tous les
inftrumens qui ont befoin de divifions.
exactes , comme barometres , thermometres
, & c.
Telles font les différentes propriétés des
cadrans qui font le fujet de ce mémoire .
Je n'ai point cru , Meffieurs , qu'ils formaffent
un objet affez important pour mériter
l'honneur de votre attention : fi j'ofe
aujourd'hui les foumettre à votre jugement,
ce n'eft pas que j'aie changé de fentiment
à cet égards; mais j'ai été enhardi par
le fuffrage des habiles Horlogers qui en
font ufage depuis près d'un an & demi , &
encore plus par votre indulgence pour
tout ce qui peut contribuer au progrès
des arts.
Copie de l'Extrait des Registres de l'Académie
royale des Sciences .
Du 2
23 Avril 175 .
Meffieurs l'Abbé Nollet & Deparcieux .
qui avoient été nommés pour examiner
des cadrans de pendules
barometres ,
→
?
hygrometres &c. formés d'une glace
peinte & enfuite recouverte d'une espece
JUIN. 1755 . 211
de maftic blanc par fa face poftérieure ,
propofés par M. Dupont , Horloger ; en
ayant fait leur rapport , dans lequel ils
ont énoncé plufieurs certificats des meilleurs
Horlogers , qui prouvent que des
cadrans de cette efpece ont fubfifté fans
aucune altération depuis le mois de Juillet
1753 jufqu'à préfent.
L'Académie a jugé que ces cadrans qui
imitent parfaitement les cadrans d'émail ,
& qui font cependant d'un beaucoup
moindre prix, pourroient être avantageux,
& qu'on devoit fçavoir gré à M. Dupont
d'avoir imaginé cette conftruction . En foi
de quoi j'ai figné le préfent certificat' , à
Paris le 24 Avril 1755 .
Signé , GRANDJEAN DE FOUCHY ,
Secretaire perpétuel de l'Académie
royale des Sciences.
Les perfonnes qui voudront fe convaincre
par elles- mêmes de l'agrément &
de l'utilité de ces cadrans , auront la bonté
de s'adreffer à Mademoiſelle Oulfon "
niéce de l'Auteur , qui les exécute fous fes
yeux & dans fa maifon , rue de Richelieu ,
vis-vis la fontaine. Elle fe fera toujours
un devoir de fatisfaire les perfonnes qui
212 MERCURE DE FRANCE.
lui feront l'honneur de l'employer dans
ces fortes d'ouvrages.
- Le
rapport de l'Académie
royale
des
Sciences
, fur une pendule
à fecondes
, à
fonnerie
& à remontoir
du fieur le Mazu
rier , auroit
dû trouver
ici fa place ; mais
le peu qui nous en refte ; nous
force
à le
renvoyer
au Mercure
prochain
, ainfi qu'une
Lettres
fur le rétabliſſement
du Louvre
que nous avions
promis
d'inférer
.
, barometres
Memoire fur une nouvelle maniere de faire
les Cadrans de pendules
hygrometres , &c. préfenté le 12 Avril
1755 , à l'Académie royale des Sciences ,
par M. Dupont , Horloger privilégié du
I
Roi.
Left fans doute avantageux pour la
perfection des pendules que leurs cadrans
foient exactement divifés , & qu'ils
nous préfentent conftamment un aspect
agréable. Cette partie de l'horloge eft celle
fur laquelle les yeux s'arrêtent d'abord , &
la pofition exacte des divifions qui y font
marquées , eft effentielle pour nous montrer
les parties de l'heure avec préciſion .
Par ces deux confidérations , je crois les
cadrans que j'ai l'honneur de préfenter à
l'Académie fupérieurs aux autres ; ils font
compofés d'un cercle de verre blanc , fur
lequel l'on peint à rebours les heures & les
minutes * , & d'une efpece de maftic blanc
*Pour peindre ces heures , &c. il faut commencer
par mettre un cadran de papier fous le verre
ce qui dirige en quelque forte l'opération . On
fentira donc aisément que l'idée de me borner à
›
JU I N. 1755. 2091
qui s'applique exactement fur le verre
fait corps avec lui , forme un total qui:
imite l'émail , & que même plufieurs perfonnes
lui préferent , fur - tout dans les .
grands cadrans ; car ceux d'émail d'une
certaine étendue ont un ait de fayence , &,
font prefque toujours défectueux ..
7
A l'égard des divifions , elles feront toujours
plus exactes dans les nouveaux ca→
drans que dans ceux d'émail , parce qu'ils
ne paffent pas au feu comme ces derniers .
Les cadrans de cuivre gravés & recouverts
d'une couche d'argenture , ont à la vérité,
cette derniere propriété , mais on fçait :
qu'ils fe noirciffent en peu de tems. Pour
ce qui eft des cadrans à cartouche , per-.
fonne n'ignore qu'ils font très -imparfaitst
à tous égards. དྭེ ནཱ ཝཱ
ce cadran de papier dût fe préfenter d'abord à
mon imagination ; mais je m'apperçus bientôt
que fi un tel cadran étoit fupportable de loin , il
ne le feroit pas de près , les pores du papier s'appercevant
; je reconnus encore que ce papier ne
tarderoit pas à fe jaunir , fur-tout dans les endroits
où la fumée pouvoit pénétrer.
M. Gallonde s'étoit appercu avant moi de ces
inconvéniens , la dépenſe conſidérable qu'entraîne
les cadrans d'émail , avoit engagé cet habile Artifte
à faire fes cadrans de barometre en papier
mais auffi- tôt qu'il eut connoiffance de ma nouvelle
conftruction , il les abandonna entierement.
210 MERCURE DE FRANCE.
Je ne m'étendrai pas plus , Meffieurs
fur l'avantage de cette nouvelle maniere
de faire les cadrans ; il eft aifé de voir
qu'elle est également applicable à tous les
inftrumens qui ont befoin de divifions.
exactes , comme barometres , thermometres
, & c.
Telles font les différentes propriétés des
cadrans qui font le fujet de ce mémoire .
Je n'ai point cru , Meffieurs , qu'ils formaffent
un objet affez important pour mériter
l'honneur de votre attention : fi j'ofe
aujourd'hui les foumettre à votre jugement,
ce n'eft pas que j'aie changé de fentiment
à cet égards; mais j'ai été enhardi par
le fuffrage des habiles Horlogers qui en
font ufage depuis près d'un an & demi , &
encore plus par votre indulgence pour
tout ce qui peut contribuer au progrès
des arts.
Copie de l'Extrait des Registres de l'Académie
royale des Sciences .
Du 2
23 Avril 175 .
Meffieurs l'Abbé Nollet & Deparcieux .
qui avoient été nommés pour examiner
des cadrans de pendules
barometres ,
→
?
hygrometres &c. formés d'une glace
peinte & enfuite recouverte d'une espece
JUIN. 1755 . 211
de maftic blanc par fa face poftérieure ,
propofés par M. Dupont , Horloger ; en
ayant fait leur rapport , dans lequel ils
ont énoncé plufieurs certificats des meilleurs
Horlogers , qui prouvent que des
cadrans de cette efpece ont fubfifté fans
aucune altération depuis le mois de Juillet
1753 jufqu'à préfent.
L'Académie a jugé que ces cadrans qui
imitent parfaitement les cadrans d'émail ,
& qui font cependant d'un beaucoup
moindre prix, pourroient être avantageux,
& qu'on devoit fçavoir gré à M. Dupont
d'avoir imaginé cette conftruction . En foi
de quoi j'ai figné le préfent certificat' , à
Paris le 24 Avril 1755 .
Signé , GRANDJEAN DE FOUCHY ,
Secretaire perpétuel de l'Académie
royale des Sciences.
Les perfonnes qui voudront fe convaincre
par elles- mêmes de l'agrément &
de l'utilité de ces cadrans , auront la bonté
de s'adreffer à Mademoiſelle Oulfon "
niéce de l'Auteur , qui les exécute fous fes
yeux & dans fa maifon , rue de Richelieu ,
vis-vis la fontaine. Elle fe fera toujours
un devoir de fatisfaire les perfonnes qui
212 MERCURE DE FRANCE.
lui feront l'honneur de l'employer dans
ces fortes d'ouvrages.
- Le
rapport de l'Académie
royale
des
Sciences
, fur une pendule
à fecondes
, à
fonnerie
& à remontoir
du fieur le Mazu
rier , auroit
dû trouver
ici fa place ; mais
le peu qui nous en refte ; nous
force
à le
renvoyer
au Mercure
prochain
, ainfi qu'une
Lettres
fur le rétabliſſement
du Louvre
que nous avions
promis
d'inférer
.
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Résumé : HORLOGERIE.
Le document expose un mémoire de M. Dupont, horloger privilégié du Roi, présenté à l'Académie royale des Sciences le 12 avril 1755. Dupont y propose une nouvelle méthode pour fabriquer des cadrans pour pendules, hygromètres et autres instruments nécessitant des divisions précises. Ses cadrans sont constitués d'un cercle de verre blanc sur lequel les heures et les minutes sont peintes à rebours, puis recouvertes d'une substance similaire à du mastic blanc. Cette technique imite l'émail et évite les défauts des cadrans émaillés ou en cuivre argenté, qui ont tendance à noircir ou à présenter des imperfections. Les divisions sur ces nouveaux cadrans sont plus exactes car elles ne passent pas au feu, contrairement aux méthodes traditionnelles. Dupont souligne également les inconvénients des cadrans en papier, qui jaunissent et révèlent leurs pores de près. M. Gallonde, ayant observé ces problèmes, a abandonné l'utilisation des cadrans en papier après avoir découvert la méthode de Dupont. L'Académie, après examen par l'Abbé Nollet et Deparcieux, a conclu que ces cadrans imitent parfaitement les cadrans émaillés à un coût moindre et a reconnu la contribution de Dupont. Les cadrans sont fabriqués par Mademoiselle Oulfon, nièce de Dupont, rue de Richelieu à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 158-176
EXTRAIT DES REGISTRES De l'Académie royale des Sciences, du 22 Mars 1755.
Début :
Nous avons examiné par ordre de l'Académie, une pendule du sieur le Mazurier [...]
Mots clefs :
Pendule, Le Mazurier, Mouvement, Roue, Sonnerie, Vibrations, Académie royale des sciences, Horloger, Détente, Chevilles
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT DES REGISTRES De l'Académie royale des Sciences, du 22 Mars 1755.
EXTRAIT DES REGISTRES
De l'Académie royale des Sciences , du 22
Mars 1755.
Nous avons examiné par ordre de l'Académie
, une pendule du fieur le Mazurier
, Horloger , à fecondes , à fonnerie &
à remontoir , dont le mouvement n'a qu'une
feule roue , ainfi que la fonnerie
. Ces
deux parties
de la pendule
étant diftinctes
l'une de l'autre
, nous les décrirons
féparément
, afin d'en donner
une idée plus
nette , & de le faire d'une
maniere
plus
préciſe
; mais avant que d'en venir là , il eft
à propos de reprendre
les chofes
de plus
haut , & de faire quelques
réflexions
relativement
à la conftruction
des pendules
de
cette
espéce .
On fçait que les premiers régulateurs
des horloges , comme le balancier , n'agiffant
pour en régler le mouvement que
par leur inertie , n'avoient en eux , avant
l'application du reffort fpiral , aucun principe
de mouvement alternatif : pour que
le balancier fît des vibrations , il falloit
donc que la conftruction de l'échappement
fût telle que par fon moyen la roue de
rencontre ayant fait faire une excurfion à
ce régulateur , elle continuât d'agir fur lui
JUIN. 1755. 159
pour pouvoir le ramener & lui en faire
faire une autre en fens contraire : car fi
dans l'inftant où elle auroit fait faire la
premiere excurfion , elle avoit ceffé d'agir
de cette maniere fur le balancier , il n'auroit
point fait de vibration , puiſque par
fon inertie il ſe ſeroit mû , ou auroit tendu
à fe mouvoir dans la premiere direction
qui lui auroit été imprimée. Le premier
échappement qu'on employa dans les horloges
devoit donc par fa conftruction produire
l'effet dont nous venons de parler ;
auffi l'échappement à roue de rencontre &
à palettes , le plus ancien de tous , eft- il
très- bien conftruit pour cela. Mais l'application
du pendule aux horloges & du reffort
fpiral au balancier , fit bientôt connoître
que la difpofition de cet échappement ,
relativement à la production de cet effet ,
n'étoit pas abfolument néceffaire . En effet ,
le pendule & le balancier , aidés du reffort
fpiral , pouvant , lorfqu'ils font une fois
mis en mouvement , faire des vibrations
indépendamment de l'action de la force
motrice , la difpofition de l'échappement
par laquelle la roue de rencontre agiffoit
continuellement fur le régulateur pour le
faire vibrer , devenoit inutile , & pouvoit
même ne pas procurer à l'horloge toute la
juſteſſe dont elle étoit fufceptible ; car les
160 MERCURE DE FRANCE.
petites vibrations de ces deux régulateurs
étant ifochrones * , il fembloit que pour
en rendre le mouvement plus jufte , il
falloit laiffer autant qu'il étoit poffible
leurs vibrations libres ce fut vraisemblablement
cette confidération qui donna
lieu à l'invention des échappemens à repos.
On fçait que dans ces échappemens ,
lorfque la dent de la roue de rencontre a
écarté le régulateur , elle échappe , & elle ,
ou une autre de la même roue , va fe
repofer
fur une partie faifant corps avec l'axe
de ce même régulateur , conftruite de façon
que pendant que le régulateur acheve fon
excurfion , le mouvement de cette roue fe
trouve fufpendu ; qu'enfuite lorfqu'il revient
en arriere , il détend , fi cela fe peut
dire , le rouage , en laiffant paffer une dent
de la roue de rencontre qui agit de nouveau
fur lui , & ainfi de fuite. De là on
pourroit appeller encore ces échappemens ,
échappemens à détente ; mais cette dénomination
nous paroît mieux convenir à
ceux dont nous allons parler.
La fufpenfion du mouvement de la
roue de rencontre pourroit encore être
• Terme de phyfique & de mathématique , qui
fignifie qui fe fait en tems égaux : les vibrations
d'un pendule font toutes ifochrones , c'est-à - dire
qu'elles fe font toutes dans le même efpace de tems
JUIN. 1755. 161
produite d'une maniere différente de
celle que nous venons de décrire ; elle
pourroit fe faire au moyen d'une piéce
étrangere au régulateur ( comme un lévier ,
une bafcule ) , & immobile pendant toute
la vibration , dont une partie fe feroit engagée
entre les dents de cette roue & fe
feroit dégagée par le mouvement de ce
même régulateur ; & c'eft ainfi que cela
s'exécutoit dans un échappement que feu
M. du Tartre , habile Horloger , imagina
vers l'an 1730. Nous l'avons vu de même
dans un autre échappement , très différent
d'ailleurs , que l'aîné des fils de M. Julien
le Roi préfenta à cette Académie en 1748 .
Enfin la fufpenfion du mouvement de la
roue de rencontre fur le régulateur , eft
encore exécutée d'une maniere toute nouvelle
dans la pendule dont nous rendons
compte : ce font ces échappemens que nous
appellerons à l'avenir , échappemens à détente
, parce que ce nom nous paroît les
bien caractérifer , & leur convenir , comme
nous l'avons dit , beaucoup mieux qu'aux
précédens : en effet , le jeu de la piéce dont
une partie , en s'engageant dans les dents
de la roue de rencontre , ou s'en dégageant
, arrête cette roue , ou lui permet
de fe mouvoir , reffemble tout - à-fait à celui
d'une détente.
162 MERCURE DE FRANCE.
C'étoit avoir déja fait un certain chemin
que d'avoir inventé l'échappement à
repos , & il fembloit qu'avec un régulateur
tel que le pendule , il n'y avoit pas bien
loin de ce pas à un autre , par lequel on
auroit fimplifié les horloges où on l'emploie
; car ce régulateur pouvant faire les
vibrations par lui-même , & confervant
fon mouvement auffi long-tems qu'il le
conferve , il paroiffoit qu'on pouvoit conftruire
ces horloges de maniere que ce régulateur
fît non feulement une vibration
libre , mais encore dix , vingt , trente &
foixante , fans recevoir de nouveau mouvement
de la force motrice , c'est- à- dire
que la reſtitution au lieu de fe faire , par
exemple toutes les fecondes dans les
pendules à fecondes , ne fe fit que toutes
dix , vingt , trente ou foixante fecondes
; par là on pouvoit retrancher plufieurs
roues , & ainfi diminuer beaucoup les frottemens
, & en général fimplifier toute la
machine. Mais foit qu'un pareil changement
dans la conftruction de ces horloges
fût plus difficile à faire qu'il ne le paroît ,
foit par quelqu'autre caufe , ce ne fut que
long-tems après la découverte des échappemens
à repos qu'on fit des pendules fur
ce principe on les doit au fils de M. le
Roi dont nous avons déja parlé , qui les
JUIN. 2755% 163
inventa en 1751. Cependant un de nous
( M. le Camus ) ainfi que quelques Horlogers
de Paris , entr'autres M. Julien le Roi ,
ont vû chez feu M. l'Abbé d'Andeleau ,
vers l'an 1727 , non une pendule , mais
un échappement dans lequel la reftitution
ne fe faifoit qu'après plufieurs vibrations
du régulateur. Voici comment il étoit
conftruit.
Deux rochets d'inégale grandeur étoient
portés par un même arbre à quelque diftance
l'un de l'autre ; le plus grand étoit
divifé en trente dents , & l'autre en un
nombre plus petit aliquote du premier ,
comme quinze , dix , fix ou cinq : les dents
du premier fe repofoient alternativement
fur la circonférence convexe & concave
d'une efpéce de cylindre creux que portoit
l'axe du pendule ; lorfque plufieurs de ces
dents étoient paffées , une de celles du petit
rochet rencontroit une palette que portoit
le même axe du pendule , & lui reſtituoit
le mouvement qu'il avoit perdu dans
les vibrations précédentes. Mais on voit
par cette conftruction que cet échappement
étoit au plus auffi bon que les échappemens
ordinaires , où la reftitution fe fait
à toutes les vibrations , & que ce fçavant
Abbé n'avoit pas fenti les avantages que
l'on pouvoit obtenir , comme nous l'avons
164 MERCURE DE FRANCE .
dit , en ne faifant reftituer le mouvement
au pendule qu'après un certain nombre de
vibrations en effet , fon grand rochet
ayant trente dents , comme ceux des pendules
à fecondes ordinaires , & devant faire
comme eux une révolution par minute ,
il devoit néceffairement avoir la même
vîteffe , qui étoit auffi celle du petit rochet.
Il s'enfuit donc que les pendules où M.
l'Abbé d'Andeleau auroit employé cet
échappement , n'auroient pû en aucune
maniere avoir un rouage plus fimple que
celui des autres. }
Dans la pendule de M. le Mazurier , les
deux platines font réduites à deux piéces
de trois branches chacune en forme d'y ,
renverfées , très - évafées , & faites d'un
cuivre fort épais ; fur l'y ou platine de
devant on voit en dehors , ou du côté de la
cadrature , la roue qui porte l'aiguille des
fecondes ; elle a trente dents , & porte une
palette vers l'extrêmité de la tige , qui paffe
travers la platine dont nous venons de
parler , fon pivot étant porté par un pont :
cette roue ne reçoit point de mouvement
de la force motrice , mais uniquement du
pendule , de la maniere ſuivante.
Sur l'axe du pendule qui déborde un
peu la platine de devant , eft attachée perpendiculairement
& par le milieu
une
JUIN. 1755. 165
traverſe formant avec cet axe une figure
de T ; cette traverſe porte à chacune de fes
extrêmités une efpéce de béquille ; les
bouts des tiges de ces béquilles qui font
fort longues , vont s'engager du même côté
dans différens intervalles des dents de la
roue qui porte l'aiguille des fecondes ; par
cette difpofition on voit que ces béquilles
forment un lévier de La Garoufte , de forte
que deux vibrations du pendule font paffer
une dent de cette roue ; ainfi au bout
de foixante vibrations , elle a fait fon tour.
Voyons maintenant de quelle façon
Faction de la roue fur le pendule eft fufpendue
pour lui laiffer faire fes vibrations
en liberté , comment elle eft dégagée , &
comment elle agit fur le pendule pour lui
reftituer le mouvement qu'il pouvoit avoir
perdu pendant une minute .
Une piéce en forme d'équerre mobile
fur une cheville qui traverfe fa branche
horizontale , & porte fur fa branche verticale
& fupérieure un doigt , fur l'extrê
mité duquel viennent s'appuyer les chevilles
de la roue ; ce doigt eft mobile ſur
une cheville & taillé en bifeau par- deffous ,
afin qu'il ne puiffe heurter contre aucunes
chevilles , & qu'il ne manque jamais de
paffer entre deux chevilles : au haut de la
même branche verticale , eft placée une
166 MERCURE DE FRANCE.
cheville , par laquelle cette équerre peut
être prife pour être renversée par la piéce
qui fert à dégager la roue : une longue
piéce fufpendue par fon extrêmité fupérieure
par une cheville , autour de laquelle
elle peut fe mouvoir très- librement , porte
vers fon extrêmité inférieure la cheville
ou appui d'un lévier de la premiere efpéce.
L'extrêmité du petit bras de ce lévier eft
articulée avec une petite verge verticale ,
qui porte un petit talon , fur lequel la
palette de la tige de la roue qui porte l'aiguille
des fecondes vient s'appuyer à la fin
de chaque minute : au moyen de cette action
de la palette , le petit bras de ce lévier
s'abaiffe & le plus grand s'éleve , & par là
un talon qui eft à fon extrêmité , eft rencontré
par une pièce ou doigt qui tient à
la verge du pendule. Le pendule continuant
fa vibration , entraîne dans fon
mouvement le lévier & la longue piéce
pendante qui le porte.
Pendant que cette vibration ſe fait , un
fe
crochet dont le centre du mouvement eft
placé tout au bas de la piéce pendante qui
porte le lévier , accroche la cheville qui
eft tout au haut de la branche verticale de
l'équerre dont nous avons parlé , & retirant
cette branche de fa fituation verticale ,
dégage en même tems le doigt fur lequel
JUIN. 1755: 167
une cheville de la roue étoit appuyée ; alors
cette roue étant libre , une de fes chevilles
rencontre une palette d'agarhe fixée ſur la
verge du pendule , & lui reftitue pendant
une grande partie de cette vibration le
mouvement qu'il avoit perdu pendant une
minute . Comme le centre du mouvement
de l'équerre eft vers le milieu de fa branche
horizontale , la branche verticale s'abaiffe
en même tems qu'elle s'écarte de fa fituation
verticale , & la cheville placée à l'extrêmité
de cette branche , fe dégage du crochet
qui la renverfoit avant que la vibration
foit totalement firie ; enforte que
pendant que cette même vibration s'acheve
, l'équerre a la liberté de reprendre fa
premiere pofition , & le doigt qu'elle porte,
fa fituation , pour arrêter & foutenir la
cheville fuivante .
On connoît trop la conftruction ordinaire
des fonneries , pour qu'il foit néceffaire
de s'étendre fur ce fuiet. Nous ferons
remarquer feulement qu'elles font compofées
de plufieurs roues ( communément au
nombre de quatre ) & d'un volant , qui fervent
à moderer la vîteffe du rouage , pour
qu'il y ait un intervalle fuffifant entre chaque
coup de marteau : fi donc par quelque
moyen fimple on pouvoit empêcher que le
poids ou le reffort ne fe muffent avec
168 MERCURE DE FRANCE .
trop de rapidité , on trouveroit par là celui
de fe paffer de ces roues & de ce volant ;
c'eft ce que le fils de M. le Roi , déja cité , a
exécuté le premier , par le moyen du régulateur
du mouvement , dans une pendule
qu'il préfenta à l'Académie le 19 Avril
1752. Dans la defcription que l'on en
trouve dans le Mercure d'Août de la
même année , page 161 , on voit qu'il n'y
a dans cette fonnerie qu'une roue unique ,
fervant tout à la fois de roue , de cheville
& de chaperon , dont l'action eft ralentie &
reglée par le régulateur même , &c.
Dans la fonnerie du fieur le Mazurier ,
il n'y a auffi qu'une feule roue , portant le
poids & faifant la fonction de la roue de
chevilles & de chaperon , faifant fonner
les heures & tous les quarts . Le mouvement
de cette roue y eft auffi moderé
par celui
du régulateur ; mais cet effet s'y exécute ,
ainfi que les autres appartenant à la fonnerie
, d'une maniere bien fimple & bien
fûre , toute différente de ce qu'a fait M. le
Roi fils .
Pour s'en former une idée , fuppofons
qu'on regarde la pendule du côté du cadran
, on voit à droite la roue de fonnerie
,
, portant fur l'une de fes faces les chevilles
qui font fonner les quarts , & fur
l'autre celles qui font fonner les heures :
dans
JUIN. 1755.
169
dans les entailles qui font à la circonféren
ce , s'engage une détente lorfqu'elle doit
ceffer de tourner à la gauche de cette roue
& un peu au- deffus de fon diametre horizontal,
font placés fur un même axe parallele
à celui de la roue , les marteaux au
nombre de quatre ; chaque marteau à tout
près de l'axe un bec , que les chevilles de la
roue accrochent pour les lever ; & fur le
côté oppofé à ce bec , une queue de laiton.
recourbée , fort déliée & flexible. Enfin la
verge du pendule porte une efpéce de plan ,
fur lequel s'appuient ( la verge étant aux
environs de l'aplomb ) les bouts recourbés
des queues de ces marteaux , lorfqu'ils font
aux trois quarts lleevvééss ,, oouu àà peu près , &
prêts à échapper des chevilles du chaperon
pour frapper fur les timbres. Voici comment
s'exécute cette fonnerie . Sur la roue
des minutes , ou celle qui fait fon tour en
une heure , font placées quatre chevilles à
go dégrés l'une de l'autre une longué
piéce de cuivre qui part de la détente , &
qu'on en peut nommer la queue , s'étend
diagonalement en enbas de droite à gauche
, fe préfente par fon extrêmité à celle
de ces quatre chevilles qui fe trouve
perpendiculairement ou à peu près au-deffus
du centre de la roue ; cette cheville
pouffant légerement la détente , la fait
II.Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
lever , & par ce moyen dégage le chaperon.
La roue des minutes n'ayant de mouvement
qu'à la foixantieme feconde de chaque
minute , fait affez de chemin à la fin
de chaque minute pour que les chevilles
qui répondent à l'heure , au , à la ½ , &
aux , puiffent dégager la détente , & fe
dégager elles -mêmes de la queue de cette
piéce dans l'intervalle d'une feconde : ce
dégagement eft encore facilité par un petit
crochet articulé avec la queue de la détente
; le chaperon tournant , fes chevilles levent
fucceffivement les marteaux ; mais
leurs queues appuyant fur le plan porté par
la verge du pendule dont nous avons déja
parlé , le marteau ne peut achever de s'élever
que lorfque le pendule approche de
la fin de chaque vibration ; les queues recourbées
des marteaux échappant les unes
à droite , les autres à gauche du petit plan
que porte la verge du pendule , on ne doit
craindre que cette action des queues
des marteaux fur le petit plan altere le
mouvement du pendule , parce que les
queues de ces marteaux étant fort longues
& leurs levées fort courtes , la force avec
laquelle elles preffent fur le plan eft trèslégere
de plus , il eft limé en talut vers
fes bords , afin que lorfque les queues
échappent de deffus le plan , elles reftituent
pas
JUIN. 1755. 175
au pendule le peu de mouvement qu'il auroit
pû perdre par leur preffion.
Quant au remontoir de cette pendule
qui entre en action toutes les douze heures,
il est fort fimple : la corde fans fin qui
porte le poids & le contre-poids de la fonnerie
, paffe d'une part fur une poulie.
adaptée fur l'arbre de la roue de la fonnerie
, & de l'autre fur une poulie qui tient
au remontoir : à l'extrêmité de l'arbre de
cette roue , de l'autre côté de la platine de
derriere , il y a une levée ; cette levée
vient s'appuyer contre une efpéce de détente
, qui s'engageant dans une entaille
faite au remontoir , l'empêche de tourner ;
lorfque cette levée fait fon effet , elle dégage
la détente de l'entaille du remontoir ,
au moyen de quoi fon poids le faifant
tourner , celui de la fonnerie eft remonté
d'une hauteur égale à la demi- circonférence
de la poulie de ce remontoir , pendant
qu'il tourne une cheville qu'il porte , fait
baiffer une détente ou bafcule , & par là
dégage le remontoir du mouvement que
cette bafcule arrêtoit auparavant , lequel
étant libre , tourne & remonte le poids du
mouvement.
Enfin l'auteur a fçu tirer parti de ce
dernier remontoir pour faire mouvoir un
cercle annuel , fur lequel font marqués les
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
jours de chaque mois , & la quantité déquation
appartenante à chaque jour.
Après cette defcription , il eft à propos
de réfumer ce que nous avons dit fur cette
pendule. On voit que quant à l'idée générale
de faire une pendule à une feule
roue pour le mouvement , & à une feule
pour la fonnerie , elle n'eft pas nouvelle ,
puifque le fils de M. le Roi l'avoit exécutée
long - tems auparavant. Mais comme ¹en
méchanique les mêmes effets peuvent s'exé
cuter de différentes manieres , le fieur le
Mazurier a rendu fa pendule très- différente
de celle de M. le Roi ; les fecondes y font
marquées par une aiguille qui fait une
révolution entiere ( avantage qui n'eft pas
dans les premieres pendules à une roue ) ;
l'action de la roue fur le pendule eft ici
fufpendue pendant une minute entiere ,
& à la fin de chaque minute elle n'agit
que pendant une demi -feconde ou environ
, pour reftituer au pendule ce qu'il a
pû perdre de mouvement pendant la minute
; au lieu que dans celles que nous
venons de citer , l'action de la roue , out
celle d'un corps élevé par la roue , de demiminute
en demi-minute , agiffent continuellement.
Nous concluons de tout ceci que cette
pendule , qui eft d'ailleurs bien exécutée ,
JUI N. 1755. 173
eft nouvelle , quant à la maniere dont elle
eft conftruite pour produire les effets
qu'exigent des pendules del cette efpéce ,
& que ces effets s'y exécutent d'une façon
fure & capable de la faire aller avec beaecoup
de juſtelle : nous croyons donc qu'elle
mérite l'approbation de l'Académie , &
d'être inférée dans le recueil des machines.
Le fieur le Paute ayant écrit à M. de
Fouchy , le 18 Décembre 1754 , une lettre
où il dit , qu'il lui paroît que le fieur le Ma-
Kurier a employé les mêmes principes que
lui , foit pour les deux léviers , foit pour la
fonnerie fans rouage , il eft à propos de
difcuter ici fes prétentions .
Le fieur le Mazurier convient d'avoir
yû chez le fieur le Paute , par la face feulement
, une pendule où il y avoit deux
béquilles , faifant comme dans la fienne la
fonction de lávier de La Garoufte ,
fans avoir rien vû de l'intérieur de cette
pendule ; mais par les deux certificats
fuivans , fignés de perfonnes dignes de foi ,
il paroît quele feur de Mazurier avoit employé
dès le mois de Mai 1751 le même
moyen pour faire mouvoir une roue dans
une autre pendule de fon invention .
Voici comment ces certificats s'expri
ment of spillud ma nuolat
nem & .
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE .
» Vers le commencement de l'été de
»l'année 1751 , j'ai vû chez le fieur le
» Mazurier , Horloger , deux bras de lé-
>> vier attachés au deffus du coûteau d'un
pendule , & pendant à droite contre les
» dents d'une roue verticale en forme de
rochet : le bras droit pouffoit une dent
» dans une vibration du pendule , & le
bras gauche en pouffoit une autre dans
» la vibration fuivante : ce que je certifie
» véritable. A Paris , ce 15 Février 1755 .
Signé , Joly , Avocat , Confeiller au
" Confeil de M. le Duc d'Orléans , Lieu-
» nant général de la Capitainerie de Vincennes.
Je , fouffigné , Prieur du Collège de
Grammont , à Paris , attefte à tous qu'il
appartiendra avoir vû chez le fieur le
» Mazurier , Horloger , rue de la Harpe ,
»vers les fêtes de la Pentecôte de l'année
» 1751 , les mêmes léviers avec leurs
»mouvemens énoncés ci -deffus pour la
pendule de nouvelle invention , que j'ai
vû même commencer chez ledit fieur le
Mazurier dans les années antérieures. En
» foi de quoi j'ai figné le préfent certificat .
» A Paris , le 16 de Février 1755. Signé ,
» F. Vitecoq , Prieur du Collège de Grama
mont.
JUIN. 1755. 173
⚫On voit donc qu'à cet égard le fieur le
Mazurier n'a rien emprunté du fieur le
Paute.
Quant à l'idée de la fonnerie exécutée
en général par le moyen d'une feule roue ,
il eft clair par ce que nous avons rapporté ,
que le fieur le Paute n'eft nullement fondé
à la revendiquer ; car le fils de M. le Roi
avoit préfenté à l'Académie une pendule à
fonnerie conftruite fur ce principe au mois
d'Avril 1752 , c'eſt- à-dire plus de fix mois
avant qu'il eût parlé de la fienne dans le
Mercure d'Octobre de la même année , &
il en avoit donné la defcription générale
dans le Mercure d'Août , ou deux mois
avant l'annonce de celle du fieur le Paute.
Enfin en comparant la fonnerie du
fieur le Mazurier avec les deux deffeins
de fonnerie , dépofés à l'Académie le 22
Janvier 1754 , par le fieur le Paute , &
dont il a defiré que nous euffions communication
, on voit clairement que ces
deux Horlogers ne fe font pas rencontrés ,
le Geur le Paute ayant employé deux chaperons
, l'un pour faire fonner les heures ,
l'autre pour faire fonner les quarts , & le
fieur le Mazurier n'en ayant employé
qu'un pour produire les mêmes effets :
d'ailleurs on ne voit rien dans ces def
feins qui defigne de quelle maniere de
Hiiij
176 MERCURE DE FRANCE.
fieur le Paute fe propofoit d'exécuter les
autres effets appartenant à la fonnerie.
Ainfi il paroît que le fieur le Mazurier
n'a rien emprunté du fieur le Paute.
Signé , Camus , de Montigny , de Parcieux .
De l'Académie royale des Sciences , du 22
Mars 1755.
Nous avons examiné par ordre de l'Académie
, une pendule du fieur le Mazurier
, Horloger , à fecondes , à fonnerie &
à remontoir , dont le mouvement n'a qu'une
feule roue , ainfi que la fonnerie
. Ces
deux parties
de la pendule
étant diftinctes
l'une de l'autre
, nous les décrirons
féparément
, afin d'en donner
une idée plus
nette , & de le faire d'une
maniere
plus
préciſe
; mais avant que d'en venir là , il eft
à propos de reprendre
les chofes
de plus
haut , & de faire quelques
réflexions
relativement
à la conftruction
des pendules
de
cette
espéce .
On fçait que les premiers régulateurs
des horloges , comme le balancier , n'agiffant
pour en régler le mouvement que
par leur inertie , n'avoient en eux , avant
l'application du reffort fpiral , aucun principe
de mouvement alternatif : pour que
le balancier fît des vibrations , il falloit
donc que la conftruction de l'échappement
fût telle que par fon moyen la roue de
rencontre ayant fait faire une excurfion à
ce régulateur , elle continuât d'agir fur lui
JUIN. 1755. 159
pour pouvoir le ramener & lui en faire
faire une autre en fens contraire : car fi
dans l'inftant où elle auroit fait faire la
premiere excurfion , elle avoit ceffé d'agir
de cette maniere fur le balancier , il n'auroit
point fait de vibration , puiſque par
fon inertie il ſe ſeroit mû , ou auroit tendu
à fe mouvoir dans la premiere direction
qui lui auroit été imprimée. Le premier
échappement qu'on employa dans les horloges
devoit donc par fa conftruction produire
l'effet dont nous venons de parler ;
auffi l'échappement à roue de rencontre &
à palettes , le plus ancien de tous , eft- il
très- bien conftruit pour cela. Mais l'application
du pendule aux horloges & du reffort
fpiral au balancier , fit bientôt connoître
que la difpofition de cet échappement ,
relativement à la production de cet effet ,
n'étoit pas abfolument néceffaire . En effet ,
le pendule & le balancier , aidés du reffort
fpiral , pouvant , lorfqu'ils font une fois
mis en mouvement , faire des vibrations
indépendamment de l'action de la force
motrice , la difpofition de l'échappement
par laquelle la roue de rencontre agiffoit
continuellement fur le régulateur pour le
faire vibrer , devenoit inutile , & pouvoit
même ne pas procurer à l'horloge toute la
juſteſſe dont elle étoit fufceptible ; car les
160 MERCURE DE FRANCE.
petites vibrations de ces deux régulateurs
étant ifochrones * , il fembloit que pour
en rendre le mouvement plus jufte , il
falloit laiffer autant qu'il étoit poffible
leurs vibrations libres ce fut vraisemblablement
cette confidération qui donna
lieu à l'invention des échappemens à repos.
On fçait que dans ces échappemens ,
lorfque la dent de la roue de rencontre a
écarté le régulateur , elle échappe , & elle ,
ou une autre de la même roue , va fe
repofer
fur une partie faifant corps avec l'axe
de ce même régulateur , conftruite de façon
que pendant que le régulateur acheve fon
excurfion , le mouvement de cette roue fe
trouve fufpendu ; qu'enfuite lorfqu'il revient
en arriere , il détend , fi cela fe peut
dire , le rouage , en laiffant paffer une dent
de la roue de rencontre qui agit de nouveau
fur lui , & ainfi de fuite. De là on
pourroit appeller encore ces échappemens ,
échappemens à détente ; mais cette dénomination
nous paroît mieux convenir à
ceux dont nous allons parler.
La fufpenfion du mouvement de la
roue de rencontre pourroit encore être
• Terme de phyfique & de mathématique , qui
fignifie qui fe fait en tems égaux : les vibrations
d'un pendule font toutes ifochrones , c'est-à - dire
qu'elles fe font toutes dans le même efpace de tems
JUIN. 1755. 161
produite d'une maniere différente de
celle que nous venons de décrire ; elle
pourroit fe faire au moyen d'une piéce
étrangere au régulateur ( comme un lévier ,
une bafcule ) , & immobile pendant toute
la vibration , dont une partie fe feroit engagée
entre les dents de cette roue & fe
feroit dégagée par le mouvement de ce
même régulateur ; & c'eft ainfi que cela
s'exécutoit dans un échappement que feu
M. du Tartre , habile Horloger , imagina
vers l'an 1730. Nous l'avons vu de même
dans un autre échappement , très différent
d'ailleurs , que l'aîné des fils de M. Julien
le Roi préfenta à cette Académie en 1748 .
Enfin la fufpenfion du mouvement de la
roue de rencontre fur le régulateur , eft
encore exécutée d'une maniere toute nouvelle
dans la pendule dont nous rendons
compte : ce font ces échappemens que nous
appellerons à l'avenir , échappemens à détente
, parce que ce nom nous paroît les
bien caractérifer , & leur convenir , comme
nous l'avons dit , beaucoup mieux qu'aux
précédens : en effet , le jeu de la piéce dont
une partie , en s'engageant dans les dents
de la roue de rencontre , ou s'en dégageant
, arrête cette roue , ou lui permet
de fe mouvoir , reffemble tout - à-fait à celui
d'une détente.
162 MERCURE DE FRANCE.
C'étoit avoir déja fait un certain chemin
que d'avoir inventé l'échappement à
repos , & il fembloit qu'avec un régulateur
tel que le pendule , il n'y avoit pas bien
loin de ce pas à un autre , par lequel on
auroit fimplifié les horloges où on l'emploie
; car ce régulateur pouvant faire les
vibrations par lui-même , & confervant
fon mouvement auffi long-tems qu'il le
conferve , il paroiffoit qu'on pouvoit conftruire
ces horloges de maniere que ce régulateur
fît non feulement une vibration
libre , mais encore dix , vingt , trente &
foixante , fans recevoir de nouveau mouvement
de la force motrice , c'est- à- dire
que la reſtitution au lieu de fe faire , par
exemple toutes les fecondes dans les
pendules à fecondes , ne fe fit que toutes
dix , vingt , trente ou foixante fecondes
; par là on pouvoit retrancher plufieurs
roues , & ainfi diminuer beaucoup les frottemens
, & en général fimplifier toute la
machine. Mais foit qu'un pareil changement
dans la conftruction de ces horloges
fût plus difficile à faire qu'il ne le paroît ,
foit par quelqu'autre caufe , ce ne fut que
long-tems après la découverte des échappemens
à repos qu'on fit des pendules fur
ce principe on les doit au fils de M. le
Roi dont nous avons déja parlé , qui les
JUIN. 2755% 163
inventa en 1751. Cependant un de nous
( M. le Camus ) ainfi que quelques Horlogers
de Paris , entr'autres M. Julien le Roi ,
ont vû chez feu M. l'Abbé d'Andeleau ,
vers l'an 1727 , non une pendule , mais
un échappement dans lequel la reftitution
ne fe faifoit qu'après plufieurs vibrations
du régulateur. Voici comment il étoit
conftruit.
Deux rochets d'inégale grandeur étoient
portés par un même arbre à quelque diftance
l'un de l'autre ; le plus grand étoit
divifé en trente dents , & l'autre en un
nombre plus petit aliquote du premier ,
comme quinze , dix , fix ou cinq : les dents
du premier fe repofoient alternativement
fur la circonférence convexe & concave
d'une efpéce de cylindre creux que portoit
l'axe du pendule ; lorfque plufieurs de ces
dents étoient paffées , une de celles du petit
rochet rencontroit une palette que portoit
le même axe du pendule , & lui reſtituoit
le mouvement qu'il avoit perdu dans
les vibrations précédentes. Mais on voit
par cette conftruction que cet échappement
étoit au plus auffi bon que les échappemens
ordinaires , où la reftitution fe fait
à toutes les vibrations , & que ce fçavant
Abbé n'avoit pas fenti les avantages que
l'on pouvoit obtenir , comme nous l'avons
164 MERCURE DE FRANCE .
dit , en ne faifant reftituer le mouvement
au pendule qu'après un certain nombre de
vibrations en effet , fon grand rochet
ayant trente dents , comme ceux des pendules
à fecondes ordinaires , & devant faire
comme eux une révolution par minute ,
il devoit néceffairement avoir la même
vîteffe , qui étoit auffi celle du petit rochet.
Il s'enfuit donc que les pendules où M.
l'Abbé d'Andeleau auroit employé cet
échappement , n'auroient pû en aucune
maniere avoir un rouage plus fimple que
celui des autres. }
Dans la pendule de M. le Mazurier , les
deux platines font réduites à deux piéces
de trois branches chacune en forme d'y ,
renverfées , très - évafées , & faites d'un
cuivre fort épais ; fur l'y ou platine de
devant on voit en dehors , ou du côté de la
cadrature , la roue qui porte l'aiguille des
fecondes ; elle a trente dents , & porte une
palette vers l'extrêmité de la tige , qui paffe
travers la platine dont nous venons de
parler , fon pivot étant porté par un pont :
cette roue ne reçoit point de mouvement
de la force motrice , mais uniquement du
pendule , de la maniere ſuivante.
Sur l'axe du pendule qui déborde un
peu la platine de devant , eft attachée perpendiculairement
& par le milieu
une
JUIN. 1755. 165
traverſe formant avec cet axe une figure
de T ; cette traverſe porte à chacune de fes
extrêmités une efpéce de béquille ; les
bouts des tiges de ces béquilles qui font
fort longues , vont s'engager du même côté
dans différens intervalles des dents de la
roue qui porte l'aiguille des fecondes ; par
cette difpofition on voit que ces béquilles
forment un lévier de La Garoufte , de forte
que deux vibrations du pendule font paffer
une dent de cette roue ; ainfi au bout
de foixante vibrations , elle a fait fon tour.
Voyons maintenant de quelle façon
Faction de la roue fur le pendule eft fufpendue
pour lui laiffer faire fes vibrations
en liberté , comment elle eft dégagée , &
comment elle agit fur le pendule pour lui
reftituer le mouvement qu'il pouvoit avoir
perdu pendant une minute .
Une piéce en forme d'équerre mobile
fur une cheville qui traverfe fa branche
horizontale , & porte fur fa branche verticale
& fupérieure un doigt , fur l'extrê
mité duquel viennent s'appuyer les chevilles
de la roue ; ce doigt eft mobile ſur
une cheville & taillé en bifeau par- deffous ,
afin qu'il ne puiffe heurter contre aucunes
chevilles , & qu'il ne manque jamais de
paffer entre deux chevilles : au haut de la
même branche verticale , eft placée une
166 MERCURE DE FRANCE.
cheville , par laquelle cette équerre peut
être prife pour être renversée par la piéce
qui fert à dégager la roue : une longue
piéce fufpendue par fon extrêmité fupérieure
par une cheville , autour de laquelle
elle peut fe mouvoir très- librement , porte
vers fon extrêmité inférieure la cheville
ou appui d'un lévier de la premiere efpéce.
L'extrêmité du petit bras de ce lévier eft
articulée avec une petite verge verticale ,
qui porte un petit talon , fur lequel la
palette de la tige de la roue qui porte l'aiguille
des fecondes vient s'appuyer à la fin
de chaque minute : au moyen de cette action
de la palette , le petit bras de ce lévier
s'abaiffe & le plus grand s'éleve , & par là
un talon qui eft à fon extrêmité , eft rencontré
par une pièce ou doigt qui tient à
la verge du pendule. Le pendule continuant
fa vibration , entraîne dans fon
mouvement le lévier & la longue piéce
pendante qui le porte.
Pendant que cette vibration ſe fait , un
fe
crochet dont le centre du mouvement eft
placé tout au bas de la piéce pendante qui
porte le lévier , accroche la cheville qui
eft tout au haut de la branche verticale de
l'équerre dont nous avons parlé , & retirant
cette branche de fa fituation verticale ,
dégage en même tems le doigt fur lequel
JUIN. 1755: 167
une cheville de la roue étoit appuyée ; alors
cette roue étant libre , une de fes chevilles
rencontre une palette d'agarhe fixée ſur la
verge du pendule , & lui reftitue pendant
une grande partie de cette vibration le
mouvement qu'il avoit perdu pendant une
minute . Comme le centre du mouvement
de l'équerre eft vers le milieu de fa branche
horizontale , la branche verticale s'abaiffe
en même tems qu'elle s'écarte de fa fituation
verticale , & la cheville placée à l'extrêmité
de cette branche , fe dégage du crochet
qui la renverfoit avant que la vibration
foit totalement firie ; enforte que
pendant que cette même vibration s'acheve
, l'équerre a la liberté de reprendre fa
premiere pofition , & le doigt qu'elle porte,
fa fituation , pour arrêter & foutenir la
cheville fuivante .
On connoît trop la conftruction ordinaire
des fonneries , pour qu'il foit néceffaire
de s'étendre fur ce fuiet. Nous ferons
remarquer feulement qu'elles font compofées
de plufieurs roues ( communément au
nombre de quatre ) & d'un volant , qui fervent
à moderer la vîteffe du rouage , pour
qu'il y ait un intervalle fuffifant entre chaque
coup de marteau : fi donc par quelque
moyen fimple on pouvoit empêcher que le
poids ou le reffort ne fe muffent avec
168 MERCURE DE FRANCE .
trop de rapidité , on trouveroit par là celui
de fe paffer de ces roues & de ce volant ;
c'eft ce que le fils de M. le Roi , déja cité , a
exécuté le premier , par le moyen du régulateur
du mouvement , dans une pendule
qu'il préfenta à l'Académie le 19 Avril
1752. Dans la defcription que l'on en
trouve dans le Mercure d'Août de la
même année , page 161 , on voit qu'il n'y
a dans cette fonnerie qu'une roue unique ,
fervant tout à la fois de roue , de cheville
& de chaperon , dont l'action eft ralentie &
reglée par le régulateur même , &c.
Dans la fonnerie du fieur le Mazurier ,
il n'y a auffi qu'une feule roue , portant le
poids & faifant la fonction de la roue de
chevilles & de chaperon , faifant fonner
les heures & tous les quarts . Le mouvement
de cette roue y eft auffi moderé
par celui
du régulateur ; mais cet effet s'y exécute ,
ainfi que les autres appartenant à la fonnerie
, d'une maniere bien fimple & bien
fûre , toute différente de ce qu'a fait M. le
Roi fils .
Pour s'en former une idée , fuppofons
qu'on regarde la pendule du côté du cadran
, on voit à droite la roue de fonnerie
,
, portant fur l'une de fes faces les chevilles
qui font fonner les quarts , & fur
l'autre celles qui font fonner les heures :
dans
JUIN. 1755.
169
dans les entailles qui font à la circonféren
ce , s'engage une détente lorfqu'elle doit
ceffer de tourner à la gauche de cette roue
& un peu au- deffus de fon diametre horizontal,
font placés fur un même axe parallele
à celui de la roue , les marteaux au
nombre de quatre ; chaque marteau à tout
près de l'axe un bec , que les chevilles de la
roue accrochent pour les lever ; & fur le
côté oppofé à ce bec , une queue de laiton.
recourbée , fort déliée & flexible. Enfin la
verge du pendule porte une efpéce de plan ,
fur lequel s'appuient ( la verge étant aux
environs de l'aplomb ) les bouts recourbés
des queues de ces marteaux , lorfqu'ils font
aux trois quarts lleevvééss ,, oouu àà peu près , &
prêts à échapper des chevilles du chaperon
pour frapper fur les timbres. Voici comment
s'exécute cette fonnerie . Sur la roue
des minutes , ou celle qui fait fon tour en
une heure , font placées quatre chevilles à
go dégrés l'une de l'autre une longué
piéce de cuivre qui part de la détente , &
qu'on en peut nommer la queue , s'étend
diagonalement en enbas de droite à gauche
, fe préfente par fon extrêmité à celle
de ces quatre chevilles qui fe trouve
perpendiculairement ou à peu près au-deffus
du centre de la roue ; cette cheville
pouffant légerement la détente , la fait
II.Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
lever , & par ce moyen dégage le chaperon.
La roue des minutes n'ayant de mouvement
qu'à la foixantieme feconde de chaque
minute , fait affez de chemin à la fin
de chaque minute pour que les chevilles
qui répondent à l'heure , au , à la ½ , &
aux , puiffent dégager la détente , & fe
dégager elles -mêmes de la queue de cette
piéce dans l'intervalle d'une feconde : ce
dégagement eft encore facilité par un petit
crochet articulé avec la queue de la détente
; le chaperon tournant , fes chevilles levent
fucceffivement les marteaux ; mais
leurs queues appuyant fur le plan porté par
la verge du pendule dont nous avons déja
parlé , le marteau ne peut achever de s'élever
que lorfque le pendule approche de
la fin de chaque vibration ; les queues recourbées
des marteaux échappant les unes
à droite , les autres à gauche du petit plan
que porte la verge du pendule , on ne doit
craindre que cette action des queues
des marteaux fur le petit plan altere le
mouvement du pendule , parce que les
queues de ces marteaux étant fort longues
& leurs levées fort courtes , la force avec
laquelle elles preffent fur le plan eft trèslégere
de plus , il eft limé en talut vers
fes bords , afin que lorfque les queues
échappent de deffus le plan , elles reftituent
pas
JUIN. 1755. 175
au pendule le peu de mouvement qu'il auroit
pû perdre par leur preffion.
Quant au remontoir de cette pendule
qui entre en action toutes les douze heures,
il est fort fimple : la corde fans fin qui
porte le poids & le contre-poids de la fonnerie
, paffe d'une part fur une poulie.
adaptée fur l'arbre de la roue de la fonnerie
, & de l'autre fur une poulie qui tient
au remontoir : à l'extrêmité de l'arbre de
cette roue , de l'autre côté de la platine de
derriere , il y a une levée ; cette levée
vient s'appuyer contre une efpéce de détente
, qui s'engageant dans une entaille
faite au remontoir , l'empêche de tourner ;
lorfque cette levée fait fon effet , elle dégage
la détente de l'entaille du remontoir ,
au moyen de quoi fon poids le faifant
tourner , celui de la fonnerie eft remonté
d'une hauteur égale à la demi- circonférence
de la poulie de ce remontoir , pendant
qu'il tourne une cheville qu'il porte , fait
baiffer une détente ou bafcule , & par là
dégage le remontoir du mouvement que
cette bafcule arrêtoit auparavant , lequel
étant libre , tourne & remonte le poids du
mouvement.
Enfin l'auteur a fçu tirer parti de ce
dernier remontoir pour faire mouvoir un
cercle annuel , fur lequel font marqués les
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
jours de chaque mois , & la quantité déquation
appartenante à chaque jour.
Après cette defcription , il eft à propos
de réfumer ce que nous avons dit fur cette
pendule. On voit que quant à l'idée générale
de faire une pendule à une feule
roue pour le mouvement , & à une feule
pour la fonnerie , elle n'eft pas nouvelle ,
puifque le fils de M. le Roi l'avoit exécutée
long - tems auparavant. Mais comme ¹en
méchanique les mêmes effets peuvent s'exé
cuter de différentes manieres , le fieur le
Mazurier a rendu fa pendule très- différente
de celle de M. le Roi ; les fecondes y font
marquées par une aiguille qui fait une
révolution entiere ( avantage qui n'eft pas
dans les premieres pendules à une roue ) ;
l'action de la roue fur le pendule eft ici
fufpendue pendant une minute entiere ,
& à la fin de chaque minute elle n'agit
que pendant une demi -feconde ou environ
, pour reftituer au pendule ce qu'il a
pû perdre de mouvement pendant la minute
; au lieu que dans celles que nous
venons de citer , l'action de la roue , out
celle d'un corps élevé par la roue , de demiminute
en demi-minute , agiffent continuellement.
Nous concluons de tout ceci que cette
pendule , qui eft d'ailleurs bien exécutée ,
JUI N. 1755. 173
eft nouvelle , quant à la maniere dont elle
eft conftruite pour produire les effets
qu'exigent des pendules del cette efpéce ,
& que ces effets s'y exécutent d'une façon
fure & capable de la faire aller avec beaecoup
de juſtelle : nous croyons donc qu'elle
mérite l'approbation de l'Académie , &
d'être inférée dans le recueil des machines.
Le fieur le Paute ayant écrit à M. de
Fouchy , le 18 Décembre 1754 , une lettre
où il dit , qu'il lui paroît que le fieur le Ma-
Kurier a employé les mêmes principes que
lui , foit pour les deux léviers , foit pour la
fonnerie fans rouage , il eft à propos de
difcuter ici fes prétentions .
Le fieur le Mazurier convient d'avoir
yû chez le fieur le Paute , par la face feulement
, une pendule où il y avoit deux
béquilles , faifant comme dans la fienne la
fonction de lávier de La Garoufte ,
fans avoir rien vû de l'intérieur de cette
pendule ; mais par les deux certificats
fuivans , fignés de perfonnes dignes de foi ,
il paroît quele feur de Mazurier avoit employé
dès le mois de Mai 1751 le même
moyen pour faire mouvoir une roue dans
une autre pendule de fon invention .
Voici comment ces certificats s'expri
ment of spillud ma nuolat
nem & .
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE .
» Vers le commencement de l'été de
»l'année 1751 , j'ai vû chez le fieur le
» Mazurier , Horloger , deux bras de lé-
>> vier attachés au deffus du coûteau d'un
pendule , & pendant à droite contre les
» dents d'une roue verticale en forme de
rochet : le bras droit pouffoit une dent
» dans une vibration du pendule , & le
bras gauche en pouffoit une autre dans
» la vibration fuivante : ce que je certifie
» véritable. A Paris , ce 15 Février 1755 .
Signé , Joly , Avocat , Confeiller au
" Confeil de M. le Duc d'Orléans , Lieu-
» nant général de la Capitainerie de Vincennes.
Je , fouffigné , Prieur du Collège de
Grammont , à Paris , attefte à tous qu'il
appartiendra avoir vû chez le fieur le
» Mazurier , Horloger , rue de la Harpe ,
»vers les fêtes de la Pentecôte de l'année
» 1751 , les mêmes léviers avec leurs
»mouvemens énoncés ci -deffus pour la
pendule de nouvelle invention , que j'ai
vû même commencer chez ledit fieur le
Mazurier dans les années antérieures. En
» foi de quoi j'ai figné le préfent certificat .
» A Paris , le 16 de Février 1755. Signé ,
» F. Vitecoq , Prieur du Collège de Grama
mont.
JUIN. 1755. 173
⚫On voit donc qu'à cet égard le fieur le
Mazurier n'a rien emprunté du fieur le
Paute.
Quant à l'idée de la fonnerie exécutée
en général par le moyen d'une feule roue ,
il eft clair par ce que nous avons rapporté ,
que le fieur le Paute n'eft nullement fondé
à la revendiquer ; car le fils de M. le Roi
avoit préfenté à l'Académie une pendule à
fonnerie conftruite fur ce principe au mois
d'Avril 1752 , c'eſt- à-dire plus de fix mois
avant qu'il eût parlé de la fienne dans le
Mercure d'Octobre de la même année , &
il en avoit donné la defcription générale
dans le Mercure d'Août , ou deux mois
avant l'annonce de celle du fieur le Paute.
Enfin en comparant la fonnerie du
fieur le Mazurier avec les deux deffeins
de fonnerie , dépofés à l'Académie le 22
Janvier 1754 , par le fieur le Paute , &
dont il a defiré que nous euffions communication
, on voit clairement que ces
deux Horlogers ne fe font pas rencontrés ,
le Geur le Paute ayant employé deux chaperons
, l'un pour faire fonner les heures ,
l'autre pour faire fonner les quarts , & le
fieur le Mazurier n'en ayant employé
qu'un pour produire les mêmes effets :
d'ailleurs on ne voit rien dans ces def
feins qui defigne de quelle maniere de
Hiiij
176 MERCURE DE FRANCE.
fieur le Paute fe propofoit d'exécuter les
autres effets appartenant à la fonnerie.
Ainfi il paroît que le fieur le Mazurier
n'a rien emprunté du fieur le Paute.
Signé , Camus , de Montigny , de Parcieux .
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Résumé : EXTRAIT DES REGISTRES De l'Académie royale des Sciences, du 22 Mars 1755.
Le document, daté du 22 mars 1755, est un extrait des registres de l'Académie royale des Sciences décrivant une pendule innovante conçue par le horloger Le Mazurier. Cette pendule se distingue par un mécanisme unique utilisant une seule roue pour le mouvement et la sonnerie, simplifiant ainsi la structure traditionnelle des horloges. Les premiers régulateurs des horloges, comme le balancier, ne possédaient pas de mouvement alternatif avant l'introduction du ressort spiral. L'échappement à roue de rencontre et à palettes était le plus ancien et le plus efficace pour produire des vibrations. L'adoption du pendule et du ressort spiral a permis aux régulateurs de vibrer indépendamment de la force motrice, rendant certains échappements inutiles. Le texte mentionne l'invention des échappements à repos, permettant au régulateur de faire plusieurs vibrations libres avant de recevoir un nouveau mouvement. Cette innovation a conduit à la simplification des horloges en réduisant le nombre de roues et les frottements. La pendule de Le Mazurier utilise un mécanisme où deux vibrations du pendule font passer une dent de la roue des secondes, permettant ainsi à la roue de faire un tour complet en soixante vibrations. Le mouvement de la roue est suspendu pour laisser le pendule vibrer librement, puis il est restitué par une palette. Le remontoir de la pendule, actionné toutes les douze heures, est simple et efficace. Une corde sans fin porte le poids et le contre-poids, passant sur des poulies pour remonter le mécanisme. Le Mazurier a également intégré un cercle annuel pour marquer les jours de chaque mois et les équations correspondantes. Le texte souligne que, bien que l'idée d'une pendule à une seule roue ne soit pas nouvelle, la réalisation du sieur Le Mazurier diffère de celle du fils de M. le Roi. La pendule du sieur Le Mazurier est considérée comme nouvelle et bien exécutée, méritant l'approbation de l'Académie. Le sieur Le Paute avait affirmé que le sieur Le Mazurier avait emprunté ses principes, mais des certificats attestent que Le Mazurier utilisait déjà des mécanismes similaires dès 1751. De plus, le fils de M. le Roi avait présenté une pendule à sonnerie unique avant que Le Paute ne parle de la sienne. Ainsi, il est clair que Le Mazurier n'a rien emprunté à Le Paute.
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3
p. 199-200
« Le 31 du mois dernier, la Marquis de Louvois fut présentée à Leurs [...] »
Début :
Le 31 du mois dernier, la Marquis de Louvois fut présentée à Leurs [...]
Mots clefs :
Marquise , Cardinal, Famille royale, Duc, Ambassadeur, Machine, Invention , Ouvrage, Horloger, Montres
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texteReconnaissance textuelle : « Le 31 du mois dernier, la Marquis de Louvois fut présentée à Leurs [...] »
L E 31 du mois dernier , la Marquiſe de Louvois
fut préſentée à Leurs Majeſtés & à la Famille
Royale par la Marquiſe de Montmirel.
Le Cardinal de Bernis eſt arrivé ici le 9 de ce
mois & a eu l'honneur de faire , le même jour ,
ſa révérence à Leurs Majeſtés & à la Famille
Royale : il eſt reparti le lendemain pour retourner
à la même Campagne où il étoit.
Le Duc de Barwick , Grand d'Eſpagne , fut
préſenté le 10 au Roi par l'Ambaſſadeur de Naples.
Le 2 , le ſieur de Coteneuve a eu l'honneur de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
,
préſenter au Roi une machine de ſon invention,
au moyen de laquelle la même perſonne peut
écrire trois copies à la fois du même ouvrage.
L'Auteur lui donne le nomde Polygraphe , ou Copiste
habile. Il y a quelques mois qu'on annonça
dans les papiers publics une machine de ce genre
préſentée à l'Impératrice Reine & inventée :
par le Comte de Neuperg. Le ſieur de Coteneuve
avoit achevé la ſienne & l'avoit miſe en uſage
devant le Marquis de Marigny le 21 Octobre dernier.
Il la préſenta à l'Académie Royale des
Sciences le 23 Novembre ſuivant. Les Commiſ
faires nommés pour l'examiner en ont fait un
rapport avantageux , & ont jugé cette machine
très- ingénieuſe & digne de l'approbation de l'Asadémie.
Parmi ſes différens avantages , elle a
celui d'être facile à tranſporter.
Le fieur Coupſon fils , Horloger à Paris , a eu
l'honneur de préſenter au Roi , le 10 de ce mois ,
une montre nouvelle de ſon invention. Elle est
compoſée de cinq roues comme les montres ordinaires
; mais l'Auteur a ſubſtitué au barillet , au
grand reffort , à la chaîne & à la fuſée , un ſimple
reffort qui opère le même effet que ces différentes
piéces , ſans en avoir les inconvéniens. On la met
en mouvement ſans clef pour vingt-quatre heures
, en preſſant feulement ſur un pouſſoir ſemblable
à celui d'une montre à répétition.
fut préſentée à Leurs Majeſtés & à la Famille
Royale par la Marquiſe de Montmirel.
Le Cardinal de Bernis eſt arrivé ici le 9 de ce
mois & a eu l'honneur de faire , le même jour ,
ſa révérence à Leurs Majeſtés & à la Famille
Royale : il eſt reparti le lendemain pour retourner
à la même Campagne où il étoit.
Le Duc de Barwick , Grand d'Eſpagne , fut
préſenté le 10 au Roi par l'Ambaſſadeur de Naples.
Le 2 , le ſieur de Coteneuve a eu l'honneur de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
,
préſenter au Roi une machine de ſon invention,
au moyen de laquelle la même perſonne peut
écrire trois copies à la fois du même ouvrage.
L'Auteur lui donne le nomde Polygraphe , ou Copiste
habile. Il y a quelques mois qu'on annonça
dans les papiers publics une machine de ce genre
préſentée à l'Impératrice Reine & inventée :
par le Comte de Neuperg. Le ſieur de Coteneuve
avoit achevé la ſienne & l'avoit miſe en uſage
devant le Marquis de Marigny le 21 Octobre dernier.
Il la préſenta à l'Académie Royale des
Sciences le 23 Novembre ſuivant. Les Commiſ
faires nommés pour l'examiner en ont fait un
rapport avantageux , & ont jugé cette machine
très- ingénieuſe & digne de l'approbation de l'Asadémie.
Parmi ſes différens avantages , elle a
celui d'être facile à tranſporter.
Le fieur Coupſon fils , Horloger à Paris , a eu
l'honneur de préſenter au Roi , le 10 de ce mois ,
une montre nouvelle de ſon invention. Elle est
compoſée de cinq roues comme les montres ordinaires
; mais l'Auteur a ſubſtitué au barillet , au
grand reffort , à la chaîne & à la fuſée , un ſimple
reffort qui opère le même effet que ces différentes
piéces , ſans en avoir les inconvéniens. On la met
en mouvement ſans clef pour vingt-quatre heures
, en preſſant feulement ſur un pouſſoir ſemblable
à celui d'une montre à répétition.
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Résumé : « Le 31 du mois dernier, la Marquis de Louvois fut présentée à Leurs [...] »
Le 31 du mois dernier, la Marquise de Louvois fut présentée à Leurs Majestés et à la Famille Royale par la Marquise de Montmirel. Le Cardinal de Bernis arriva le 9 du mois, rendit hommage à Leurs Majestés et à la Famille Royale, puis repartit le lendemain pour sa campagne. Le Duc de Barwick, Grand d'Espagne, fut présenté au Roi le 10 par l'Ambassadeur de Naples. Le 2, le sieur de Coteneuve présenta au Roi une machine appelée Polygraphe, capable d'écrire trois copies simultanément. Cette invention avait déjà été approuvée par le Marquis de Marigny et l'Académie Royale des Sciences. Le 10 du mois, le sieur Coupson fils, horloger à Paris, présenta au Roi une montre innovante fonctionnant avec un simple ressort, sans clef, pour une durée de vingt-quatre heures.
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