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1
p. 1324-1329
REMARQUE sur l'Origine du Jubilé de Lyon de la présente année 1734.
Début :
Ne croyez pas, Monsieur, que je veuille rien contester sur le Jubilé [...]
Mots clefs :
Jubilé, Lyon, Église Saint-Jean, Église, Concours, Bulles, Jésus-Christ, Église de Lyon
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texteReconnaissance textuelle : REMARQUE sur l'Origine du Jubilé de Lyon de la présente année 1734.
REMARQUE sur ' Origine du Jubilé
de Lyon de la présente année 1734-
N
E
croyez pas , Monsieur , que je
veuille rien contester
sur le Jubilé
de Lyon de la présente année , sur lequel
il paroit un Livre nouveau
. J'ai attendu
pour répondre à votre question , que ce
Jubilé fur ouvert , afin que ni vous ni
ceux à qui vous ferez voir mes pensées ne
m'inputiez
point d'avoir voulu le combattre
ou en diminuer
le concours. J'ai
lû attentivement
le Livre imprimé sur
ce sujet chez Pierre Valfray. On y traite
la matiere dans toute l'étenduë
qu'elle
peut recevoir. Mais j'ai été surpris qu'on
II Vol. n'y
JUIN. 1734-
1325
n'y développât point ce qui peut avoir
fait naître cette dévotion . On bâtissoit
au milieu du quinziéme siécle le devant
de l'Eglise de S. Jean de Lyon . Il falloit
des sommes considérables pour achever
cet édifice. Il fut naturel de recourir
à Rome pour avoir des Indulgences en
forme de Jubilé . On put donc les obrenir
aisément l'an 1450. du Pape Nicolas
V. et si elles furent attachées à la Nativité
de S. Jean , c'est qu'alors on choisissoit
à dessein le tems des plus grands
jours de l'année , afin d'attirer des Pelerins
de plus loin . Or comme les Indulgences
Plenieres en forme de Jubilé
obtenues en 1450. pour l'Eglise de Lyon ,
eurent leur premiere exécution l'an 1451 .
auquels la S. Jean concouroit avec la
Fête- Dieu , les peuples crurent que cette
concurrence , qui est rare , étoit la cause
de l'indulgence , quoiqu'elle n'y eut in-
Alué en aucune maniere et il étoit d'autant
plus facile de se persuader cela , que
S. Jean- Baptiste est Patron de l'Eglise de
Lyon. Ce concours prodigieux arrivé en
1451. se divulgua ensuite dans leRoyaume
:les peres le racontérent à leurs enfants
sans oublier la circonstance de
Poccurrence des deux Fêtes , remarquée
par ceux qui avoient fait le voyage de
1 I. Vol. Lyon,
7326 MERCURE DE FRANCE
Lyon. C'est ce qui donna naissance à la
tradition , qu'on fit revivre en 1546..
lorsqu'il n'y restoit presque plus personne
qui eut vû la premiere solemnité
de 1451 .
Jubilé que
*
Comme ma coutume est de ne rien
aporter sans preuve , je vous ferai partde
la teneur d'une Bulle d'un semblable
le Roy Charles VIII. et sa
Soeur Anne de France obtinrent en 1485.
pour porter les Fidéles à contribuer au
rétablissement d'une Eglise Collégiale du
titre de S. Etienne. Ne vous imaginez
pas que ce fut à la S. Etienne d'Eté , encore
moins à celle d'Hyver que le concours
fut assigné par le Saint Pere , ce
fut à la S. Jean de même qu'à Lyon , et
ce concours devoit durer trois jours.
Omnibus et singulis utriusque sexus
Christi fidelibus verè pænitentibus et confessis
qui Ecclesiam predictam et quatuor altaria
in ea sita per dilectos filios Capitulum
ejusdem specificanda , annis singulis à primis
Vesperis diei Nativitatis S. Joannis
-Baptiste et inclusivè per duos sequentes
dies pro primo usque ad occasum solis devote
visitaverint , et ad præmissum pium ipsius
Ecclesia reparationis et instaurationis opus
manus porrexerint adjutrices , eamdem prorsus
et omnimodam plenariam anni Jubilei
II. Vel. IndulJUI
N. 1734 1327
Indulgentiam et peccatorum remissionem
quam consequerentur, si ad urbem intra annum
Jubilei hujusmodi cum contigerit illud
advenire , personaliter venirent , et Apostolorum
præ lictorum Basilicas ac Lateranensem
et Beata Maria Majoris ejusdem urbis
Ecclesias statutis ad id per predecessores
nostros Romanos Pontifices diebus de vote
visitarent , et alia caritatis et devotionis
opera pro ipsius anni Jubilei Indulgentia
consequenda exerceri solita exercerint , autoritate
Apostolicâ tenore præsentium concedimus
et largimur. Cela est suivi de la
clause pour le pouvoir des Confesseurs
et après le style ordinaire , est la limitation
du tems en ces termes : Presentibus
post triennium à data presentium computandis
minimè valituris.
Il ne vous sera pas difficile , Monsieur ,
de faire vos réflexions sur ce que je viens
de vous raporter , et d'en faire une application
aux Bulles qui ont dû exister pour
Lyon . Je ne sçai si l'Ecrivain de 1666.
ou celui de la présente année ont senti
qu'il pourroit y avoir eû une semblable
limitation dans les Bulles qui avoient
accordé le Jubilé de 1451. Au moins il
est visible qu'elles insistent fort sur la
nouvelle vigueur que le Pape Sixte IV.
leur a donnée en les confirmant ; et
11. Vol.
peut328
MERCURE DE FRANCE
peut- être avoient- elles besoin de cette
formalité.
que
En conséquence de cette confirmation
ou extension , il a été libre à un chacun
cette présente année 1734. d'aller profiter
de l'ouverture faite à Lyon des Trésors
de l'Eglise , et je ne doute pas que
le concours n'ait été encore plus grand
dans les années 1451. 1546. et 1666.
Ĉes sortes de cérémonies vont toujours
en augmentant . Vous en avez une preuve
toute recente dans ce qui vient d'arriver
à Orleans à l'Entrée du nouvel Evêque.
Le nombre des prisonniers délivrez n’alloit
autrefois qu'à cent ou deux cens
et maintenant il passe de beaucoup le
nombre de mille.
"
Quoique l'édifice de l'Eglise de S. Jean
de Lyon ne soit pas d'un entretien aussi
onereux que celui de Nôtre Dame de
Paris , Nôtre- Dame de Chartres , Nôtres
Dame de Reims ou de Roüen , il n'est
pas inutile
que dans chaque
siécle il y ait une année dans laquelle
les Fidéles
puissent
contribuer
comme
par honneur
, à l'entretien
du bâtiment
de cette Eglise
primatiale
des Gaules . Je dis dans chaque siécle en supposant
qu'on
ne touchera point à la réforme
du Calendrier
fite
sous Gregoire
XIII . selon laquelle
l'Au-
11 Vol. teur
JUIN 1734. 13:5
>
teur a préyû chaque année de cette concurrer.
ce jusqu'à - ce que nous ayons
atteint l'an trois mille depuis Jesus-
Christ. Car si on revenoit à l'ancien
calcul usité depuis Jesus - Christ jusqu'à
Gregoire XIII. on seroit quelquefois
247. ans sans voir cette concurrence ,
Au reste il n'y a rien à craindre de la
discussion que j'aurois souhaité qu'on
eut pû faire des Bulles primitives. Selon
le calcul usité aujourd'hui , la Fête- Dieu
n'arrivera le jour de Saint Jean , qu'en
l'an 1886. auquel tems il est sûr que
pas un de ceux qui lisent cette année ma
petite observation ne sera sur terre
très- probable qu'on ne songera guere
à examiner l'origine de la chose , dont
on sera encore plus éloigné de cent
cinquante ans , qu'on ne l'est aujour
d'hui.
A..... le 26 Juin 1734.
de Lyon de la présente année 1734-
N
E
croyez pas , Monsieur , que je
veuille rien contester
sur le Jubilé
de Lyon de la présente année , sur lequel
il paroit un Livre nouveau
. J'ai attendu
pour répondre à votre question , que ce
Jubilé fur ouvert , afin que ni vous ni
ceux à qui vous ferez voir mes pensées ne
m'inputiez
point d'avoir voulu le combattre
ou en diminuer
le concours. J'ai
lû attentivement
le Livre imprimé sur
ce sujet chez Pierre Valfray. On y traite
la matiere dans toute l'étenduë
qu'elle
peut recevoir. Mais j'ai été surpris qu'on
II Vol. n'y
JUIN. 1734-
1325
n'y développât point ce qui peut avoir
fait naître cette dévotion . On bâtissoit
au milieu du quinziéme siécle le devant
de l'Eglise de S. Jean de Lyon . Il falloit
des sommes considérables pour achever
cet édifice. Il fut naturel de recourir
à Rome pour avoir des Indulgences en
forme de Jubilé . On put donc les obrenir
aisément l'an 1450. du Pape Nicolas
V. et si elles furent attachées à la Nativité
de S. Jean , c'est qu'alors on choisissoit
à dessein le tems des plus grands
jours de l'année , afin d'attirer des Pelerins
de plus loin . Or comme les Indulgences
Plenieres en forme de Jubilé
obtenues en 1450. pour l'Eglise de Lyon ,
eurent leur premiere exécution l'an 1451 .
auquels la S. Jean concouroit avec la
Fête- Dieu , les peuples crurent que cette
concurrence , qui est rare , étoit la cause
de l'indulgence , quoiqu'elle n'y eut in-
Alué en aucune maniere et il étoit d'autant
plus facile de se persuader cela , que
S. Jean- Baptiste est Patron de l'Eglise de
Lyon. Ce concours prodigieux arrivé en
1451. se divulgua ensuite dans leRoyaume
:les peres le racontérent à leurs enfants
sans oublier la circonstance de
Poccurrence des deux Fêtes , remarquée
par ceux qui avoient fait le voyage de
1 I. Vol. Lyon,
7326 MERCURE DE FRANCE
Lyon. C'est ce qui donna naissance à la
tradition , qu'on fit revivre en 1546..
lorsqu'il n'y restoit presque plus personne
qui eut vû la premiere solemnité
de 1451 .
Jubilé que
*
Comme ma coutume est de ne rien
aporter sans preuve , je vous ferai partde
la teneur d'une Bulle d'un semblable
le Roy Charles VIII. et sa
Soeur Anne de France obtinrent en 1485.
pour porter les Fidéles à contribuer au
rétablissement d'une Eglise Collégiale du
titre de S. Etienne. Ne vous imaginez
pas que ce fut à la S. Etienne d'Eté , encore
moins à celle d'Hyver que le concours
fut assigné par le Saint Pere , ce
fut à la S. Jean de même qu'à Lyon , et
ce concours devoit durer trois jours.
Omnibus et singulis utriusque sexus
Christi fidelibus verè pænitentibus et confessis
qui Ecclesiam predictam et quatuor altaria
in ea sita per dilectos filios Capitulum
ejusdem specificanda , annis singulis à primis
Vesperis diei Nativitatis S. Joannis
-Baptiste et inclusivè per duos sequentes
dies pro primo usque ad occasum solis devote
visitaverint , et ad præmissum pium ipsius
Ecclesia reparationis et instaurationis opus
manus porrexerint adjutrices , eamdem prorsus
et omnimodam plenariam anni Jubilei
II. Vel. IndulJUI
N. 1734 1327
Indulgentiam et peccatorum remissionem
quam consequerentur, si ad urbem intra annum
Jubilei hujusmodi cum contigerit illud
advenire , personaliter venirent , et Apostolorum
præ lictorum Basilicas ac Lateranensem
et Beata Maria Majoris ejusdem urbis
Ecclesias statutis ad id per predecessores
nostros Romanos Pontifices diebus de vote
visitarent , et alia caritatis et devotionis
opera pro ipsius anni Jubilei Indulgentia
consequenda exerceri solita exercerint , autoritate
Apostolicâ tenore præsentium concedimus
et largimur. Cela est suivi de la
clause pour le pouvoir des Confesseurs
et après le style ordinaire , est la limitation
du tems en ces termes : Presentibus
post triennium à data presentium computandis
minimè valituris.
Il ne vous sera pas difficile , Monsieur ,
de faire vos réflexions sur ce que je viens
de vous raporter , et d'en faire une application
aux Bulles qui ont dû exister pour
Lyon . Je ne sçai si l'Ecrivain de 1666.
ou celui de la présente année ont senti
qu'il pourroit y avoir eû une semblable
limitation dans les Bulles qui avoient
accordé le Jubilé de 1451. Au moins il
est visible qu'elles insistent fort sur la
nouvelle vigueur que le Pape Sixte IV.
leur a donnée en les confirmant ; et
11. Vol.
peut328
MERCURE DE FRANCE
peut- être avoient- elles besoin de cette
formalité.
que
En conséquence de cette confirmation
ou extension , il a été libre à un chacun
cette présente année 1734. d'aller profiter
de l'ouverture faite à Lyon des Trésors
de l'Eglise , et je ne doute pas que
le concours n'ait été encore plus grand
dans les années 1451. 1546. et 1666.
Ĉes sortes de cérémonies vont toujours
en augmentant . Vous en avez une preuve
toute recente dans ce qui vient d'arriver
à Orleans à l'Entrée du nouvel Evêque.
Le nombre des prisonniers délivrez n’alloit
autrefois qu'à cent ou deux cens
et maintenant il passe de beaucoup le
nombre de mille.
"
Quoique l'édifice de l'Eglise de S. Jean
de Lyon ne soit pas d'un entretien aussi
onereux que celui de Nôtre Dame de
Paris , Nôtre- Dame de Chartres , Nôtres
Dame de Reims ou de Roüen , il n'est
pas inutile
que dans chaque
siécle il y ait une année dans laquelle
les Fidéles
puissent
contribuer
comme
par honneur
, à l'entretien
du bâtiment
de cette Eglise
primatiale
des Gaules . Je dis dans chaque siécle en supposant
qu'on
ne touchera point à la réforme
du Calendrier
fite
sous Gregoire
XIII . selon laquelle
l'Au-
11 Vol. teur
JUIN 1734. 13:5
>
teur a préyû chaque année de cette concurrer.
ce jusqu'à - ce que nous ayons
atteint l'an trois mille depuis Jesus-
Christ. Car si on revenoit à l'ancien
calcul usité depuis Jesus - Christ jusqu'à
Gregoire XIII. on seroit quelquefois
247. ans sans voir cette concurrence ,
Au reste il n'y a rien à craindre de la
discussion que j'aurois souhaité qu'on
eut pû faire des Bulles primitives. Selon
le calcul usité aujourd'hui , la Fête- Dieu
n'arrivera le jour de Saint Jean , qu'en
l'an 1886. auquel tems il est sûr que
pas un de ceux qui lisent cette année ma
petite observation ne sera sur terre
très- probable qu'on ne songera guere
à examiner l'origine de la chose , dont
on sera encore plus éloigné de cent
cinquante ans , qu'on ne l'est aujour
d'hui.
A..... le 26 Juin 1734.
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Résumé : REMARQUE sur l'Origine du Jubilé de Lyon de la présente année 1734.
Le texte aborde l'origine du Jubilé de Lyon en 1734. L'auteur ne remet pas en question ce Jubilé, mais déplore que le livre récemment publié sur le sujet n'explique pas l'origine de cette dévotion. Il rappelle qu'au milieu du XVe siècle, la construction de la façade de l'église Saint-Jean de Lyon nécessitait des fonds importants. En 1450, le pape Nicolas V accorda des indulgences en forme de Jubilé pour encourager les dons. Ces indulgences furent mises en œuvre pour la première fois en 1451, lors de la fête de la Nativité de Saint-Jean et de la Fête-Dieu. La coïncidence de ces deux fêtes amena les fidèles à croire que cette coïncidence était la cause de l'indulgence, renforcée par le fait que Saint-Jean-Baptiste est le patron de l'église de Lyon. Cette tradition se perpétua et fut réactivée en 1546. L'auteur mentionne également une bulle papale obtenue par le roi Charles VIII et sa sœur Anne de France en 1485, qui accordait des indulgences pour la contribution à la restauration d'une église collégiale. Il souligne l'importance de maintenir cette tradition pour l'entretien de l'église Saint-Jean de Lyon, malgré les réformes du calendrier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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