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1
s. p.
EPITRE d'un Curé du N.. à Madame la Marquise de S. R. à Paris.
Début :
DE votre voix l'attrait persuasif [...]
Mots clefs :
Église, Cœur, Gloire, Amour, Voix
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE d'un Curé du N.. à Madame la Marquise de S. R. à Paris.
EPITRE d'un Curé du N.. à Madame
la Marquife de S. R. à Paris.
D.E votre voix l'attrait perſuaſif
Sçut m'arracher jadis , fage Marquife ,
D'un lieu de peine * , où les loix de l'Eglife
Depuis un an me retenoient captif.
Avec encor plus de force & d'empire ,
*Le Séminaire.
A iij
6 MERCURE DE FRANCE .
La même voix me réveille & me tire
D'un froid repos dont , loin de l'hélicon
Le défeſpoir de grimper à fa cime ,
Et de cueillir le laurier de la rime ,
Avoit fajfi mon timide Apollon."
Oui , dans la douce & charmante carrière ,
Où , dès l'abord , mes premières chanfons
Avoient eu l'art ou le bonheur de plaire ,
Je fommeillois couché fous la barrière.
Avois-je tort ? Ecoutez mes raiſons .
Un bon Poëte , ainſi que tout grand-homme ,
Tout bien compté , Madame, n'eft en lomme,
Que l'effet feul de quelque paffion ,
Rapide , ardente , & pleine d'action ,
Dont le feu vif faifit , pénétre , enflamme ,
Brule fon coeur des plus hardis tranſports :
Ainfi que l'âme eſt le reffort du corps ,
Les Paffions font le reffort de l'âme.
La gloire , l'or , l'amour , l'ambition ;
Tel eft l'inftinct des actions fublimes ,
Des grands talens , des vertus & des crimes.
Qui n'eft piqué de ce vif aiguillon ,
Foible jouet d'efforts pufillanimes ,
Au champ de Mars n'eft jamais qu'un poltron ,
Au double- mont qu'un Raccolleur de rimes .
Les Paffions font la divinité
Que , fous le nom de Démon , de Génie ,
De Muſe , enfin de Dieux de l'harmonie ,
Chanta jadis la docte antiquité.
M A I. 1763. 7
Or appliquons cette maxime fûre.
D'un pauvre hère , à qui , pour fon malheur ,
L'ordre du Sort confia la pâture
Et le falut du troupeau du Seigneur ;
D'un Preſtolet , vrai Pâtre évangélique ,
Fait pour trotter , fans repos & fans fin ,
Sur tous les pas d'un animal ruſtique ,
A mille écarts par fa malice enclin :
Si quelquefois , las de courir en vain ,
Affis le foir au bord d'une prairie ,
Au lieu d'aller irriter fon chagrin ,
Par quelque trifte & fotte rêverie ,
Sur des pipeaux affemblés de fa main ,
Pour le diftraire , il lui prend fantaiſie
De frédonner quelqu'air vif & badin ,
Quelle fera fa-muſe , ſon génie !
L'ambition ? Mais la fienne eft remplie
Quand les amis , ou fon heureux deftin
.8.30 °
1
Ont pu le mettre à l'abri de la * faim.( a )
1001
La foif de l'or ? Eh ! comment pourroit naître
Če fol defir au coeur étroit d'un être ,
F
Qui quelquefois n'a pas fon faoul de pain ? ( b )
L'amour O ciel , d'une telle foibleffe
201 I
Daigne à jamais fauver fon chafte coeur :
D'un triple acier défends- en la froideur
t
Voyez la fin de la Piéce , où l'on a renvoyé
les Notes pour la commodité de ceux qui ne voú,
dront pas les lire,
A iv .
8 MERCURE DE FRANCE.
Contre les feux d'une oeillade traîtreffe ;
Tour , jufqu'à l'air du Dieu de la tendreffe
Doir pour un Prêtre être un objet d'horreur.
La gloire Hélas ! des Pafteurs de l'Eglife ,
Depuis longtemps le mondain orgireilletix.c
Borne la gloire au foin religieux.
De bien remplir des devoirs qu'il mépriſe.
Etrange état que l'état clérical !
Aux yeur d'un fiècle où la licence regne ,
Un Prêtre eft-il modefte ? on le délaigne :
Dail
C'est un cagot , un Sage machinal il
Eft-il doué d'un efprit vif, aimable ;
Par fois au jeu , dans les cercles , à table ,
Léger ,badin , fémillant , jovial ?
Tout eft perdu : fa gaîté fcandalife
Tout à la fois & le monde , & l'Eglife.
Eft-if néé doux ? C'eſt un bon animal ,
en fr for permettre .
Devant lequel on fçait tout le
Entit zélé , fermé ? C'est un brutal
Un orgueilleux qui voudroit tout foumettre
Aujoug facré du bâton Paftoral.
As Rock the rodette
Enfin , qui fcait , fur cette mer
stileb ich 90
obliqué ,
Guider la nef , d'un cours toujours égal
Entre l'amour & l'eftime publique
Sans donner onc en nul écueil fatal ,
N'eft pas un Sot ; & , dans ce temps critique,
-Malgré les flors , les vents , & les Anglois
Des bords Bretons jufqu'à la Märtinique.,
M.A 1. 1763.
Pourroit paller vingt Régimens François.
Mais rev enons. Du Lyrique rivage
Mainte raiſons m'interdifant l'accès ,
J'avois fait vou, clos dans mon hermitage,
D'en oublier pour toujours le langage,
Et rachetant par un filence fage
Le temps perdu de mes foibles éſſais ,
De confacrer tous mes foins déformais
Aux feuls devoirs où mon état m'engage.
De ce deffein qu'encore affermiffoir
Certain penchant à la fainéantiſe ,
Vice qu'on fçait fi cher aux gens d'Eglife ,
Et que mon coeur idolâtre en fecret ,
Par vos diſcours, éloquente Marquise ,
Vous m'excitez à rompre le projet.
Vos volontés font des loix que j'adore.
Sans oppofer nulle vaine raifon
A des defirs dont le motif m'honore ,
Je céde , & vais , pour quelques jours encore
Porter mes pas dans le facré vallon .
Si pour monter juſqu'aux lieux deſirables ,
Où les neuf Soeurs , loin des vulgaires yeux ,
Ont établi leur ſéjour radieux ,
Et révélé tant de fecrets aimables
Aux Arrquets , aux Rouffeaus , aux Chaulieux ,
J'avois befoin des aîles fecourables
De quelqu'inting plein de nerf & d'ardeur ,
Le fouvenir profond qu'en traits de flamme
Ont imprimé vos bienfaits en mon âme ,
A v
10 MERCURE DE FRANCE . ,
Sera mon guide & mon introducteur.
"
A. D. d. P. le .... 1762 .
la Marquife de S. R. à Paris.
D.E votre voix l'attrait perſuaſif
Sçut m'arracher jadis , fage Marquife ,
D'un lieu de peine * , où les loix de l'Eglife
Depuis un an me retenoient captif.
Avec encor plus de force & d'empire ,
*Le Séminaire.
A iij
6 MERCURE DE FRANCE .
La même voix me réveille & me tire
D'un froid repos dont , loin de l'hélicon
Le défeſpoir de grimper à fa cime ,
Et de cueillir le laurier de la rime ,
Avoit fajfi mon timide Apollon."
Oui , dans la douce & charmante carrière ,
Où , dès l'abord , mes premières chanfons
Avoient eu l'art ou le bonheur de plaire ,
Je fommeillois couché fous la barrière.
Avois-je tort ? Ecoutez mes raiſons .
Un bon Poëte , ainſi que tout grand-homme ,
Tout bien compté , Madame, n'eft en lomme,
Que l'effet feul de quelque paffion ,
Rapide , ardente , & pleine d'action ,
Dont le feu vif faifit , pénétre , enflamme ,
Brule fon coeur des plus hardis tranſports :
Ainfi que l'âme eſt le reffort du corps ,
Les Paffions font le reffort de l'âme.
La gloire , l'or , l'amour , l'ambition ;
Tel eft l'inftinct des actions fublimes ,
Des grands talens , des vertus & des crimes.
Qui n'eft piqué de ce vif aiguillon ,
Foible jouet d'efforts pufillanimes ,
Au champ de Mars n'eft jamais qu'un poltron ,
Au double- mont qu'un Raccolleur de rimes .
Les Paffions font la divinité
Que , fous le nom de Démon , de Génie ,
De Muſe , enfin de Dieux de l'harmonie ,
Chanta jadis la docte antiquité.
M A I. 1763. 7
Or appliquons cette maxime fûre.
D'un pauvre hère , à qui , pour fon malheur ,
L'ordre du Sort confia la pâture
Et le falut du troupeau du Seigneur ;
D'un Preſtolet , vrai Pâtre évangélique ,
Fait pour trotter , fans repos & fans fin ,
Sur tous les pas d'un animal ruſtique ,
A mille écarts par fa malice enclin :
Si quelquefois , las de courir en vain ,
Affis le foir au bord d'une prairie ,
Au lieu d'aller irriter fon chagrin ,
Par quelque trifte & fotte rêverie ,
Sur des pipeaux affemblés de fa main ,
Pour le diftraire , il lui prend fantaiſie
De frédonner quelqu'air vif & badin ,
Quelle fera fa-muſe , ſon génie !
L'ambition ? Mais la fienne eft remplie
Quand les amis , ou fon heureux deftin
.8.30 °
1
Ont pu le mettre à l'abri de la * faim.( a )
1001
La foif de l'or ? Eh ! comment pourroit naître
Če fol defir au coeur étroit d'un être ,
F
Qui quelquefois n'a pas fon faoul de pain ? ( b )
L'amour O ciel , d'une telle foibleffe
201 I
Daigne à jamais fauver fon chafte coeur :
D'un triple acier défends- en la froideur
t
Voyez la fin de la Piéce , où l'on a renvoyé
les Notes pour la commodité de ceux qui ne voú,
dront pas les lire,
A iv .
8 MERCURE DE FRANCE.
Contre les feux d'une oeillade traîtreffe ;
Tour , jufqu'à l'air du Dieu de la tendreffe
Doir pour un Prêtre être un objet d'horreur.
La gloire Hélas ! des Pafteurs de l'Eglife ,
Depuis longtemps le mondain orgireilletix.c
Borne la gloire au foin religieux.
De bien remplir des devoirs qu'il mépriſe.
Etrange état que l'état clérical !
Aux yeur d'un fiècle où la licence regne ,
Un Prêtre eft-il modefte ? on le délaigne :
Dail
C'est un cagot , un Sage machinal il
Eft-il doué d'un efprit vif, aimable ;
Par fois au jeu , dans les cercles , à table ,
Léger ,badin , fémillant , jovial ?
Tout eft perdu : fa gaîté fcandalife
Tout à la fois & le monde , & l'Eglife.
Eft-if néé doux ? C'eſt un bon animal ,
en fr for permettre .
Devant lequel on fçait tout le
Entit zélé , fermé ? C'est un brutal
Un orgueilleux qui voudroit tout foumettre
Aujoug facré du bâton Paftoral.
As Rock the rodette
Enfin , qui fcait , fur cette mer
stileb ich 90
obliqué ,
Guider la nef , d'un cours toujours égal
Entre l'amour & l'eftime publique
Sans donner onc en nul écueil fatal ,
N'eft pas un Sot ; & , dans ce temps critique,
-Malgré les flors , les vents , & les Anglois
Des bords Bretons jufqu'à la Märtinique.,
M.A 1. 1763.
Pourroit paller vingt Régimens François.
Mais rev enons. Du Lyrique rivage
Mainte raiſons m'interdifant l'accès ,
J'avois fait vou, clos dans mon hermitage,
D'en oublier pour toujours le langage,
Et rachetant par un filence fage
Le temps perdu de mes foibles éſſais ,
De confacrer tous mes foins déformais
Aux feuls devoirs où mon état m'engage.
De ce deffein qu'encore affermiffoir
Certain penchant à la fainéantiſe ,
Vice qu'on fçait fi cher aux gens d'Eglife ,
Et que mon coeur idolâtre en fecret ,
Par vos diſcours, éloquente Marquise ,
Vous m'excitez à rompre le projet.
Vos volontés font des loix que j'adore.
Sans oppofer nulle vaine raifon
A des defirs dont le motif m'honore ,
Je céde , & vais , pour quelques jours encore
Porter mes pas dans le facré vallon .
Si pour monter juſqu'aux lieux deſirables ,
Où les neuf Soeurs , loin des vulgaires yeux ,
Ont établi leur ſéjour radieux ,
Et révélé tant de fecrets aimables
Aux Arrquets , aux Rouffeaus , aux Chaulieux ,
J'avois befoin des aîles fecourables
De quelqu'inting plein de nerf & d'ardeur ,
Le fouvenir profond qu'en traits de flamme
Ont imprimé vos bienfaits en mon âme ,
A v
10 MERCURE DE FRANCE . ,
Sera mon guide & mon introducteur.
"
A. D. d. P. le .... 1762 .
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Résumé : EPITRE d'un Curé du N.. à Madame la Marquise de S. R. à Paris.
Dans une épître, un curé adresse un message à la marquise de S. R. à Paris. Il exprime sa gratitude envers la marquise, dont la voix persuasive l'a incité à quitter un lieu de peine, probablement le séminaire, et à sortir d'un état de désespoir littéraire. Le curé justifie son abandon temporaire de la poésie en affirmant que les passions sont essentielles pour créer des œuvres sublimes. Il décrit les passions comme le moteur des actions humaines, qu'elles soient nobles ou criminelles. Le curé se compare à un pasteur évangélique, chargé de la pâture et du salut du troupeau du Seigneur. Il se trouve confronté à des contraintes qui limitent ses aspirations poétiques. Il évoque l'ambition, la soif de l'or et l'amour comme des passions inaccessibles à un prêtre. Il déplore l'état clérical, où la modestie est délaissée et la gaieté devient scandaleuse. Il exprime la difficulté de naviguer entre les attentes du monde et celles de l'Église. Le curé révèle qu'il avait fait vœu d'oublier la poésie, mais les discours de la marquise l'incitent à revenir à cette passion. Il accepte de se rendre de nouveau dans le 'sacré vallon' pour quelques jours, guidé par le souvenir des bienfaits de la marquise.
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2
p. 10-11
NOTES.
Début :
( a ) Quand un Ecclésiastique est assez heureux, après vingt ans de travaux, de miséres, [...]
Mots clefs :
Ecclésiastique, Fortune, Somme, Curé, Curés
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texteReconnaissance textuelle : NOTES.
NO TE S.
་
( a ) Quand un Eccléfiaftique eft affez heureux
, après vingt ans de travaux , de miſéres ,
pour obtenir une petite Cure de quatre à cinq
cens livres , il peut regarder la fortune comme
faite , & , tout en prenant poffeffion de fon Eglife ,
marquer dans le Cimetiere , en qualité de premier
pauvre de la Paroiffe , la place de fa fépul
eft celui de tous les fubalternes
ture. Ce partage
dans les divers états de la vie .
Le Vigneron , dont l'art heureux
Fair mûrir ce fruit délectable ,
Qui mit , dans les temps fabuleux ,
Son inventeur au rang des Dieux ,
S'abreuve d'un cidre impotable..
Le Laboureur infatigable ,
Qui fur de raboteux guerèts
Séme & cueille avec tant de peine
Les dons utiles de Cérès
Ne le paît que d'orge & d'avoine.
Le Soldat , fier enfant de Mars ,
Qu'on vit vingt fois fur des murailles ,
A la tranchée , en des batailles ,
Braver les plus affreux hafards ;
Si , furvivant à fon audace ,
Il ne tombe pas fur la place
Atteint d'un perfide métal ,
!
MAL. 1763.
II
S'en va , lorfque l'âge décline ,
Couvert de gloire & de vermine ,
Pourrir au fond d'un Hôpital.
(b ) De 250 Cures environ , dont eft compofé
le Diocèle de N .... ( je crois qu'il en eft
de même de tous les autres ) ,il y en a pour le
moins un tiers franc , où les Titulaires n'ont que la
portion congrue ,
dont la manfe eft fixée à la
fomme de 300 liv. Sur cette fomme prenez
so liv. pour les décimes , taux auquel on peut les
impofer ; autant pour l'entretien de la Chaumiere
Paftorale , toujours prête à tomber ; le double
pour la nourriture & le falaire d'un domestique ;
car enfin il faut quelqu'un qui fafle bouillir la
marmite du Curé pendant qu'il dit la Meffe ;
refte pour la table , fon ameublement & fon
veftiaire , la fomme de 100 liv . c'eft - à dire , `s fo
ƒ den. par jour . Je ne fais point mention du
cafuel ; un Curé n'a garde d'attendre le plus
léger honoraire d'une troupe de milérables qui
n'ont pas fouvent un mauvais linceul pour les
enfevelir : il eft trop heureux ,
Lorfque , d'un défunt qu'on lui porte
Pour le gîter au monument ,
La veuve , après l'enterrement ,
Ne vient pas , traînant une eſcorte
De marmots qui crévent de faim ,
Affiéger le feuil de fa porte ,
Et reclamer pour eux du pain.
་
( a ) Quand un Eccléfiaftique eft affez heureux
, après vingt ans de travaux , de miſéres ,
pour obtenir une petite Cure de quatre à cinq
cens livres , il peut regarder la fortune comme
faite , & , tout en prenant poffeffion de fon Eglife ,
marquer dans le Cimetiere , en qualité de premier
pauvre de la Paroiffe , la place de fa fépul
eft celui de tous les fubalternes
ture. Ce partage
dans les divers états de la vie .
Le Vigneron , dont l'art heureux
Fair mûrir ce fruit délectable ,
Qui mit , dans les temps fabuleux ,
Son inventeur au rang des Dieux ,
S'abreuve d'un cidre impotable..
Le Laboureur infatigable ,
Qui fur de raboteux guerèts
Séme & cueille avec tant de peine
Les dons utiles de Cérès
Ne le paît que d'orge & d'avoine.
Le Soldat , fier enfant de Mars ,
Qu'on vit vingt fois fur des murailles ,
A la tranchée , en des batailles ,
Braver les plus affreux hafards ;
Si , furvivant à fon audace ,
Il ne tombe pas fur la place
Atteint d'un perfide métal ,
!
MAL. 1763.
II
S'en va , lorfque l'âge décline ,
Couvert de gloire & de vermine ,
Pourrir au fond d'un Hôpital.
(b ) De 250 Cures environ , dont eft compofé
le Diocèle de N .... ( je crois qu'il en eft
de même de tous les autres ) ,il y en a pour le
moins un tiers franc , où les Titulaires n'ont que la
portion congrue ,
dont la manfe eft fixée à la
fomme de 300 liv. Sur cette fomme prenez
so liv. pour les décimes , taux auquel on peut les
impofer ; autant pour l'entretien de la Chaumiere
Paftorale , toujours prête à tomber ; le double
pour la nourriture & le falaire d'un domestique ;
car enfin il faut quelqu'un qui fafle bouillir la
marmite du Curé pendant qu'il dit la Meffe ;
refte pour la table , fon ameublement & fon
veftiaire , la fomme de 100 liv . c'eft - à dire , `s fo
ƒ den. par jour . Je ne fais point mention du
cafuel ; un Curé n'a garde d'attendre le plus
léger honoraire d'une troupe de milérables qui
n'ont pas fouvent un mauvais linceul pour les
enfevelir : il eft trop heureux ,
Lorfque , d'un défunt qu'on lui porte
Pour le gîter au monument ,
La veuve , après l'enterrement ,
Ne vient pas , traînant une eſcorte
De marmots qui crévent de faim ,
Affiéger le feuil de fa porte ,
Et reclamer pour eux du pain.
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Résumé : NOTES.
Au XVIIIe siècle en France, les ecclésiastiques et d'autres professions connaissaient une situation économique difficile. Un ecclésiastique pouvait obtenir une petite cure de quatre à cinq cents livres après vingt ans de travail, le plaçant parmi les plus pauvres de la paroisse. Le texte compare cette situation à celle d'autres métiers : le vigneron buvait un cidre imbuvable, le laboureur se nourrissait d'orge et d'avoine, et le soldat, après avoir bravé les dangers de la guerre, finissait souvent dans un hôpital, couvert de gloire mais aussi de vermine. Dans le diocèse de N..., sur environ 250 cures, un tiers étaient franches, où les titulaires ne recevaient que la portion congrue, fixée à 300 livres par an. Après déduction des décimes, de l'entretien de la chaumière pastorale et du salaire d'un domestique, il restait seulement 100 livres par an pour la table, l'ameublement et le vêtement du curé, soit environ 5 sous par jour. Le curé ne pouvait pas compter sur des honoraires pour les enterrements et devait souvent faire face à des veuves et des enfants affamés réclamant du pain.
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