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1
p. 1402-1427
Zemine & Almansor, Pieces Comiques, Extrait, / Vaudeville, [titre d'après la table]
Début :
Le 27. Juin, l'Opera Comique fit l'ouverture de son Theatre à la Foire [...]
Mots clefs :
Opéra comique, Foire Saint-Laurent, Comédie, Vaudeville, Vizir, Sagesse, Prince, Jardin, Amants, Amour, Vertu, Fille, Sagesse, Bonheur
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texteReconnaissance textuelle : Zemine & Almansor, Pieces Comiques, Extrait, / Vaudeville, [titre d'après la table]
Le 27. Juin , P'Opera Comique fir
l'ouverture de fon Theatre à la Foire
S. Laurent par une Piéce nouvelle en Vaudeville
, intitulée Zemine & Almanfor
fuivie des Routes du Monde ; ces deux
Piéces font précedées d'un Prologue qui a
pour titre L'Induftrie. Le tout orné de
Divertiffemens , de Danfes & c.
La Scene du Prologue fe paffe devant le
Palais de l'Industrie , dont la moitié du Bâtiment
paroît moitié gothique & moitié
II. Vol
moderne
JUIN. 1730. 1403
-
à
moderne. Pierrot & Jacot defcendent
dans un char. Jacot fe plaint de la voiture
, & dit qu'il n'aime pas à fe voir dans
un char volant neuf cens piés au deffus
des ornieres ; Je vois bien , lui répond
Pierrot , que tu ne te plais pas voyager
côte à côte des nuages. Cependant , mon cher
petit frere Jacot , puifque je t'aifait recevoir
depuis peu par mon crédit à l'Opera Comique,
ilfaut bien que tu te faffes à la fatigue ; car
vois- tu , nous devons effuyer les mêmes corvées
que les Divinités de l'Opera,
Sur l'Air , Ramonez ci &c.
Attachés à des ficelles ,
Il nous faut , volant comme elles ,
Mais avec moins de fracas ,
Ramoner ci , ramoner là , la , la , la ,
La Couliffe du haut en bas.
Jacot demande à fon frere quel eft le
Palais qui fe préfente à fes yeux , & dans
quel deffein un Enchanteur de leurs amis
vient de les y tranſporter ; Pierrot lui
répond que ce Palais , quoique délabré, eft
le féjour de la Nouveauté , dont ils ont
grand befoin pour leur Théatre , & tandis
qu'il reſte à la porte , il envoye Jacot
pour découvrir s'il n'en eft point quelqu'autre
qui foit ouverte. L'Antiquité fort
du Château , & parle Gaulois à Pierrot ,
II. Vol.
qui
1404 MERCURE DE FRANCE
qui rebuté de fon langage l'appelle radoteufe
: elle le frappe avec fa béquille , &
le laiffe là . Pierrot la pourfuit ; il eſt arrêté
par la Chronologie , qui lui reproche
le crime qu'il commet en ne refpectant
pas la venerable Antiquité . Pierrot lui
demande quel eft fon emploi ; la Chronologie
lui décline fon nom & fes titres.
Pierrot la. prie de lui donner des nouvelles
de la Nouveauté ; la Chronologie , loin
de lui répondre jufte , commence toutes
fes Phrafes par des Epoques , & veut l'entretenir
des Olimpiades de l'Egire de Mahomet
& autres dates celebres ; cela impatiente
Pierrot ; il la chaffe, & dit , l'Enchanteur
m'a joué d'un tour ; il me promet
de me transporter au Palais de la Nouveauté
... j'y trouve d'abord une vieille Decrépite
, & enfuite une faifeufe d'Almanachs.
Dans ce moment l'Industrie avance ; Pierrot
la prend pour la Nouveauté ; elle le
défabule , & lui dit que la Nouveauté eſt
morte depuis plus de quatre
mille ans
qu'elle n'en eft que la copie , que le Public
tombe quelquefois dans l'erreur fur
fon compte , & prend l'induftrie pour la
Nouveauté. Je renouvelle , ajoûte l'Induftrie
, non feulement les habits & les meubles,
mais je rajeunis les vieux Ouvrages d'efprit,
& chante fur l'Air , Robin turelure & c.
II. Vol. Dans
JUIN.
1405 1730.
· Dans un moderne morceau ,
Je joins par une coûture
De Terence un fin lambeau ...
Pierrot.
Ture lure.
Chacun voit la rentraiture .
L'Induftrie , ironiquement.
Robin , turelurelure.
Alors Pierrot lui expofe les befoins de
l'Opera Comique , qui manque de Piéces
nouvelles ; l'Induftrie lui préfente un
Drame intitulé Zemine & Almanfor , Sujet
tiré de l'Hiftoire de Tartarie , dont Bourfaut
a pris fon dénouement d'Ejope à la
Cour. Le Public n'a pas approuvé cette
reffemblance , quoique fondée fur une autorité
irrécufable , & cela , fans doute, par
ce qu'il a plus vu la Comédie d'Efope à
la Cour qu'il n'a lû l'Hiftoire de Tartarie.
Pierrot marque fon inquiétude à l'Induftrie
, qui lui réplique qu'il fait le Public
plus méchant qu'il n'eft , qu'il s'eft
bien accommodé de tous les Ocdipes &
de toutes les Mariannes qu'on lui a re
tournées de cent façons.
Lefecond Drame offert par l'Induftrie,
eft intitulé les Routes du Monde. Jacot
II. Vol. G IC
1406 MERCURE DE FRANCE
revient dans cet inftant , & excuſe ſon
retardement par le plaifir qu'il a eu à voir
repeter un Balet Comique ; l'Induſtrie
leur apprend que c'eft une Fête qu'on prépare
pour elle , & qu'ils peuvent voir.
Elle eft executée fur le champ par les Chevaliers
de l'Induſtrie , figurés par des
Zanis Italiens. Voici les paroles du Vaudeville
de ce Divertiffement.
VAUDEVILLE.
Dans les Jardins de l'Induſtrie
Phoebus & la Galanterie
S'en vont cueillant foir & matin , tin tin tin tią
Mais en vain leur adreffe trie , ho ho ho !
Ce n'eft jamais du fruit nouveau.
On voudroit connoître une Belle ,
A fon Epoux toujours fidelle ,
Et voir l'Epoux auffi conftant , tan tan tan
Un ménage de ce modele , ho ho ho
Ce feroit là du fruit nouveau.
Dès la bavetté on fonge à plaire ;
La fille en fçait plus que
fa mere ,
Qui pourtant jeune a coqueté , té té té ;
Et dans les Jardins de Cithere , ho ho ho !
On trouve peu de fruit nouveau.
I I. Vol. Un
JUIN. 1730.
1407
Un Cadet de race Gaſcone ,
Qui n'emprunte pas & qui donne ,
Et qui convient qu'on l'a battu , tu tu tu
Sur les Rives de la Garone , ho ho ho,
Ce feroit là du fruit nouveau.
Un Grand du mérite idolâtre ,
Géometre vif & folâtre ,
Actrice vouée à Yeſtá , ta ta ta ,
Par ma foi fur plus d'un Théatre , ho ho he
Ce ſeroit là du fruit nouveau.
Ce Prologue eft fuivi de Zemine & Al
manfor , en un Acte. La premiere Scene
fe paffe entre Pierrot , Confident d'Almanfor
, Vizir & fils de Timurcan , Roi
'd'Aſtracan , mais crû fils de l'Emir Abe
nazar , & Lira , Suivante de Zemine , fille
de l'Emir Abenazar , & cruë fille du Roi
Timurcan. Voici le premier Couplet que
chante Pierrot , fur l'Air , Chers amis , que
mon ame eft ravie :
Oüi , Lira , fi tu tiens ta promeffe ,
Par l'Hymen j'efpere que dans peu
Tu verras couronner notre feu ; a
Du Monarque enfin touché de leur tendreffe ,
Nos Amans ont obtenu l'aveu ;
Le Vizir mon Maître époufe la Princeffe ;
II. Vol.
Gij L'a
1408 MERCURE DE FRANCE
L'amitié du bon Roi d'Aftracan
L'éleve juſqu'au premier rang.
Lira répond à Pierrot que Zemine fa
Maitreffe ne craindra donc plus la prédiction
d'une Devinereffe qui lui a depuis
peu annoncé qu'elle alloit être mariée au
fils d'un Souverain. Pierrot applaudit au
bonheur de fon Maître , qui , quoique
jeune,le furpaffe en prudence & en valeur;
il n'oublie pas dans fon Eloge qu'il n'eft
pourtant pas de meilleure maifon que lui,
& qu'ils ont gardé enfemble les moutons.
Lira lui demande par quel hazard Almanfor
eft devenu fi grand Seigneur ; je vais
te le dire , répond Pierrot Un jour que
notre grand Roi Timurcan chaffoit autour
de chez nous , il rencontra le petit Almanfor
qui lifoit l'Hiftoire de Tartarie en faisant
paître fon troupeau , il s'amusa à caufer avec
lui ; il le trouva gentil , bien avifé , & le
prit en affection. Sur ces entrefaites mourut
Kalem , pere du jeune Berger , que Timurcan'
fit auffi-tôt venir à la Cour. Il le fit
élever en Prince , & l'envoya enfuite dans
fes Armées , où il fe diftingua bientôt. IL
joignit même dans peu de temps les talens
du Miniftere au mérite guerrier , & devint
Grand-Vizir par le fecours de fa . feule
vertu. L'année derniere , comme il revenoit
de la frontiere , il paſſa par notre Village
II. Vol.
aveg
JUIN. 1730 . 1409
3
avec une troupe degens de guerre ,
il
m'apperçut
dans la foule, & me dit : Eh ! te voilà,
mon pauvre Pierrot , approche , approche ...
il chante :
Je lui tirai ma reverence 2
Enfuite je lâchai ces mots :
Ces Moutons gaillards & difpos
Que mene là Votre Excellence ,
Ne fe laifferoient pas , je penfe
Manger la laine fur le dos.
,
Il rit de ce trait de malice qui lui rappelloit
fa premiere condition , & changea
la mienne , en m'emmenant avec lui. On
} débite , interrompt Lira s qu'il eft fort
defintereffe ; Pierrot lui avoue qu'il a eu
long tems cette opinion , mais qu'il en
eft defabuſe , depuis que déjeunant avec
Jacot , Secretaire du Prince Alinguer , il
a entendu Almanfor qui enfermé dans un
cabinet , faifoit cette exclamation : Air ,
L'autre jour ma Cloris.
O précieux Tréfor !
Si jamais dans fa courfe
On arrête Almanfor ,
Tu feras fa reffource ;
O Tréfor mes amours
Je t'aimerai toujours.
-II. Vol. Lira G iij
1410 MERCURE DE FRANCE
Lira conclud que le Vizir amaffe des remedes
contre la défaveur , & que l'on
agit prudemment dans l'incertitude de
fon fort : Oui , vraiment , répond Pierrot
, & chante fur l'Air : Adieu panier.
Quand on a rempli fes pochetes ,
Si l'on eft chaffé par malheur , -
En fuyant , on dit de bon coeur
Adieu panier , vendanges font faites.-
A ces mots , Zemine arrive éplorée , &
leur dit que la prophetie de la Devinereffe
va s'accomplir , que l'inconnu fixé
depuis peu à la Cour d'Aftracan vient de
lui déclarer fon amour , & de lui apprendre
en même tems qu'il étoit fils du Monarque
de la Ruffie : Helas , s'écrie - t'elle,
Alinguer eft fils d'un Roi puiſſant , Alman--
for fimple Sujet ne tiendra pas contre lui !
fur l'Air : Pour paſſer doucement la vie.
Il a le mérite en partage ;
Mais le mérite par malheur
Ne trouve pas fon avantage
A luter contre la Grandeur.
Lira apperçoit de loin Timurcan qui
fe promene ; Zemine va le joindre pour
le toucher en fa faveur ; Pierrot refte feul
avec Lira , & lui expofe la crainte que
II. Vol. fait
JUIN. 1730. 141
fait naître dans fon efprit le haut rang du
Rival de fon Maître . Il exige un aveu
décifif pour lui ; Lira en le flattant lui déclare
pourtant qu'elle prétend fuivre le
fort de Zemine. Jacot paroît , & contefte
avec Pierrot fur les amours d'Alinguer ;
il prétend que ce Prince époufera Zemine
, & que lui , en qualité de Secretaire ,
deviendra le mari de Lira ; elle les quitte
en leur déclarant qu'elle époufera celui
des deux dont le Maitre obtiendra fa
Maitreffe. Les deux confidens rivaux reftent
enfemble , & continuent leur dif
pute ; ils y mêlent des difcours fur la fortune
& le tréfor caché du Vizir , qui
font interrompus par l'arrivée du Roi &
du Prince Alinguer. Pierrot & Jacot fe
retirent. Alinguer demande Zemine en
mariage ; le Roi lui apprend qu'elle n'eft
pas heritiere de fon Royaume , qu'il a
un fils que des raifons politiques l'ont
empêché jufqu'ici de faire paroître ;
Alinguer répond en Amant genereux ,
qu'il n'exige point d'autre dot que la
perfonne de Zemine ; le Roi lui objecte fa
parole donnée au Vizir Almanfor , & fait
le Panegyrique de fes vertus. Alinguer
piqué , ofe le contredire , & lui dit que
ce Miniftre , dont il vante fi fort le défintéreffement,
a un tréfor confiderable qu'il
dérobe à fa connoiffance , & dont , fans
II. Vol.
Giiij doute
1412 MERCURE DE FRANCE
doute , il doit faire un ufage crimine!. H
jette de violens foupçons dans l'efprit de
Timurcan , & offre de lui produire un
témoin fidele qui le conduira à l'endroit
où font enfermées les richeffes fecretes
d'Almanfor. Le Roi ébranlé confent à
cette vifite , & fort avec le Prince de
Ruffie.
Le Théatre change , & repréfente une
Salle de la Maifon du Vizir , où l'on ne
voit rien qui ne foit d'une grande fimplicité
. Almanfor y eft avec Zemine , à
qui il exalte fon bonheur & fon amour ;
Pierot vient leur annoncer gayement l'arrivée
du Roi , qui va , dit- il , unir Almanfor
& la Princeffe , ce qui lui procu
rera l'avantage d'époufer Lira. Le Roi
entre furieux , & reproche au Vizir fon
prétendu tréfor ; Jacot arrive , & montre
à Timurcan le Cabinet où l'on doit le
trouver. On l'ouvre par ordre de Timurcan
, & l'on n'y trouve que la houlete
& l'habit que portoit Almanfor quand il
étoit Berger : Je les gardois , dit - il , pour
me rappeller ma naiſſance , & pour les reprendre
, Seigneur , fi vous m'ôtiez votre
faveur & c.
La vertu d'Almanfor ayant éclaté dans
fon plus grand jour , le Roi lui apprend
qu'il eft fon fils ; cette découverte favorable
pour la gloire d'Almanſor , attriſte
II. Vol. fon
JUIN 1730. 1413
fon amour ; Zemine qui reconnoît qu'il
eft fon frere , partage fa douleur , & fe
plaint avec refpect au Roi d'Aftracan de
ce qu'il a permis qu'elle aime le Prince
Almanfor. Timurcan termine leur trou
ble , & comble leur joye , en leur appre
nant qu'ils nneeffoonntt point unis par le fang,
&
que
Zemine
eft
fille
de l'Emir
Abena
zar. Almanfor
remercie
le Roi
de ces
heu
reux
éclairciffemens
, & chante
ce Cou
plet
:
Le grand Nom que je tiens de vous
Flatte l'amour qui me domine
Il me devient d'autant plus doux
Qu'il fait plus d'honneur à Zemine
Ah ! dit Zemine à Almanfor ::
Seigneur , de vos tranfports je juge par moimême
;
Vous avez herité de mon noble défir ;
Fille de Timurcan , quel étoit mon plaifir
D'élever mon Berger à la grandeur fuprême
Pierot obtient Eira , & chaffe Jacot . La
Piéce finit par une Fête champêtre , execurée
par les Habitans du Village où a été
élevé Almanfor..
La feconde Piéce , auffi d'un Acte , compofée
de Scenes détachées , eft allegorique
& morale , tant par les idées que par quel-
II Vol. ques
1414 MERCURE DE FRANCE
د
ques- uns de fes perfonages ; elle eft inti ,
tulée les Routes du monde. Le . Théatre re
préfente dans les aîles les Jardins d'Hebé,
& dans le fond trois Portiques qui commencent
les trois chemins que prennent
les hommes en fortant de la Jeuneffe. Le
Portique du milieu eft étroit , compofé de
Rochers couverts de ronces avec cette
Infcription : Le chemin de la Vertu . Le
fecond , à droite , plus large ( ainfi que le
troifiéme qui eft à gauche ) eft orné de
tous les fimboles des honneurs & des richeffes
, & a pour titre , Le chemin de la
Fortune. Le troifiéme , intitulé Le chemin
de la Volupté , paroît chargé des attributs
des Plaiſirs , du Jeu , de l'Amour &
de Bacchus. La Scene ouvre par Leandre,
conduit par le Tems.
Leandre , Air : Amis , fans regreter Pa--
ris &c.
O Saturne , Doyen des Dieux
Des Peres le moins tendre ...
O Tems , dites -moi dans quels lieux
Vous conduifez Leandre ?
Le Tems , Air : Contre mon gré je cheriss
Peau :
Je vais vous expliquer cela ;
Voyez ces trois Portiques là ,
Du monde ils commencent les routes
11. Vol. On
JUIN. 1415 1730.
On doit ( telle eft la loi du fort )
Paffer fous l'une de ces Voutes
Quand des Jardins d'Hebé l'on fort.
Leandre.
Depuis que je vis dans ces Jardins , je
n'avois point encore apperçû ces trois
Portiques .
Le Tems.
Je le crois bien ; vous ne pouviez les
voir fans moi .
Air : Quand le péril eft agréable .
Ici dans une Paix profonde ,-
Les Jeunes Gens font jour & nuit ;
C'eſt le Tems feul qui les conduit
Près des routes du monde.
Mais je ne leur fais pas toujours comme
à vous , l'honneur de me rendre viſible.
Leandre confiderant les Portiques.
Que ces Portiques là fe reffemblent peu!
Le Tems.
Les chemins aufquels ils conduifent
font encore plus differens.-
Leandre montrant le Portique de la Fertu,
Air: Fe fuis la fleur des garçons du Village.
II. Vol. G-vis Que
1416 MERCURE DE FRANCE
Que ce chemin me paroît effroyable !
Mes yeux en font épouvantés !
Le Tems.
I eft pourtant à la plus adorable.
De toutes les Divinités.
r
Leandre , Air Philis , en cherchant for
Amant.
Eh ! quelle eft donc la Déïté
Par qui peut être fréquenté
Ce paffage étroit , peu battu ,
Paf tout de ronces revêtu ?
Le Tems.
C'eft la Vertu .
La Vertu
Leandre étonné.
Le Tems , Air : Sois complaifant , & cà
De la vertu la demeure épouvante ,
De fon chemin l'entrée eft rebutante
Mais
La fortiè en eft brillante ; -
C'eft la Gloire & fon Palais.
Le Portique, à droite, enrichi d'or & de
pierreries ,mene au Temple de la Fortune;:
II. Val par
JUIN. 1730 1417
par cette Porte on voit paffer , Air : J'ai
fait fouvent réfoner ma Mufette.
Le Peuple altier , dangereux , formidable
Des Conquerans & des Agioteurs ;
Ces derniers - ci ( le fait eft incroyable )
Ont avec eux compté quelques Auteurs.
Leandre , Air : Voyelles anciennes.
Ce chemin ne me tente pas
Le Tems.
C'eft pourtant le plus magnifique .
Leandre montrant le Portique de la Volupté
Cet autre a pour moi plus d'appas .
Quel eft donc ce galand Portique ?
Le Tems
C'eft celui de la Volupté ;
Tous les plaifirs en font l'enſeigne
Des trois c'eſt le plus fréquenté ,
Quoique très -fouvent on s'en plaigne .
Leandre.
Je ne vois là que des violons , des ver
res , des bouteilles , des cartes & des dez :
Le Tems.
C'eft ce qui fait qu'on y met la preffe..
O
ça , nous allons 繄 nous féparer ; mais
II. Vol avant
1418 MERCURE DE FRANCE
avant que je vous quitte , il faut que je
vous donne un avis falutaire ; ayez grand
foin de fuir la Débauche qui rode fans
ceffe autour de ces Portiques ...
Leandre.
Oh ! la Débauche m'a toujours fait horreur
; elle ne me féduira pas.
Le Tems , Air : Baifez moi donc , me di
foit Blaife.
Vous êtes dans l'erreur , Leandre ;
Craignez de vous laiffer furprendre ;
Fuyez cette Sirene là ;
Déguifant fon effronterie ,
Devant vous elle paroîtra
Sous le nom de Galanterie.
Leandre.
Je fuis bien aile de fçavoir cela.-
Adieu .....
Le Tems..
Leandre le retenant.
Encore un moment .... Air : Il faut
que je file file.
Sur un point qui m'embaraffe
Je voudrois vous confulter
11.-Vol.-
JUIN
1730. 1419
Le Tems voulant toujours s'en aller.
Cela ne fe peut ....
Leandre l'arrêtant encore.
De
grace ››
Daignez encor m'écouter ...
Le Tems.
C'eft trop demeurer en place 5 .
Suis-je fait pour y refter ?
Le Tems toujours paffe paffe ,
Rien ne fçauroit l'arrêter.
On a donné cette Scene - ci entiere , patce
qu'on ne pouvoit gueres expofer plus
fuccinctement le fujet de la Piéce.Leandre
refté feul , delibere fur le chemin qu'il doit
choifir ; mais , dit- il , Air : Les filles de
Nanterre.
Suis- je donc à moi-même ,
Et Maître de mes voeux ?
On eft à ce qu'on aime
Quand on eft amoureux.
Oui , c'est à l'aimable Angelique à difpo
fer de mon fort ; allons la chercher , & prenons
enfemble des mefures pour fléchir fon
Tuteur qui s'oppose à notre hymen.
Dans le moment qu'il veut partir , il eſt
arrêté par la Débauche , qui fous le nom
1.1. Volg
det
1420 MERCURE DE FRANCE
de Galanterie s'efforce de l'attirer à elle ;
Leandre refifte à fes difcours fuborneurs,
& la quitte. Elle le fuit , voyant paroître
une mere coquette avec ſa fille , en diſant
qu'elle n'a que faire là . Araminte , mere
de Lolotte , eft fort parée : elle a du rouge,
des mouches , des fleurs & des diamans- :
fa fille eft en fimple grifette & en linge
uni. Araminte prêche Lolotte , & veut la
faire entrer dans le chemin de la Vertu ;
Lolotte y repugne , & fe deffend avec opi
niâtreté.
Araminte , Air Je ne fuis né ni Roi ni
Prince.
Votre coeur en fecret murmure
De n'avoir point une parure ,
A faire briller vos appas ;
Vous n'avez point de modeſtie .
Lolotte.
Eh ! pourquoi n'en aurois -je pas ?
Sans ceffe je vous étudie ?
Araminte , Air : Ma raifon s'en va beau
train .
1
Vous me repondez , je crois ...
Lolotte.
Je répons ce que je dois ;
N'ai - je pas raifon
II. Vol.
De
JUI N. 1730. 1421
De trouver fort bon
Ce qu'en vous je contemple
Araminte.
Oh ! ne fuivez que ma leçon ...
Lolotte..
Je fuivrai votre exemple , lon la
Je fuivrai votre exemple,
La conteftation d'Araminte & de Lolotte
finit par le parti que prend la mere d'être
la conductrice de fa fille dans la route des
plaifirs où elles entrent enſemble. La Debauche
reparoît , & dit : Je fçavois bien le
chemin que cette petite fille là prendroit.
Mais j'apperçois mes deux voifines. C'est
la Sageffe & la Richeffe qui fortent l'une
du Portique de la Vertu & l'autre de celui
de la Fortune , & s'efforcent de s'attirer des
Chalans. La bonne Marchandife que vous
criez là toutes deux , leur dit ironiquement.
la Sageffe, Air : Vous qui vous macquez par
vos ris.
Elle eft d'un fort bon acabit.
La Richeffe
Nous fçavons l'une & l'autre
Tout le bien que le monde dit
Déeffe , de la vôtre ...
II. Vol. ·LA
1422 MERCURE DE FRANCELa
Débauche.
Mais elle n'eft point de débit ,
Et nous vendons la nôtre.
Therefe , jeune perfonne bien élevée ,
refufe les offres de la Richeffe , refifte aux
attraits de la Débauche , & fuit la Sageffe
qui la conduit dans le chemin de la Vertu.
La voilà bien charmée de nous avoir enlevé
une petite fille , dit la Richeffe Bon , répond
la Débauche , nous lui en fouflons
bien d'autres. Un jeune heritier en grand
deuil & en pleureufes furvient : Dépensez,
lui crie la Débauche , amaffez , lui dit la
Richeffe , Air : Le Cotillon de Thalie.
A préfent Phomme në fçait plus
Compter les vertus
Que par les écus
Comme votre pere
Il faut faire ,
Toujours courir fus ,
Aux Jacobus ,
Aux Carolus.
A préfent l'homme ne fçait plus &c.
›
L'Heritier , tout bien confideré , fe livre
à la Débauche , fuivant la loüable
coûtume de bien des Mineurs. Guillot
Payfan , remplace l'Heritier ; mais comme
II. Vol.
il
JUIN. 1730 1423
il n'a rien , il dit qu'il veut commencer
fa carriere par le chemin de la Fortune.
Mais , lui dit la Débauche , Air : Attendez
moi fous l'Orme.
Mais la Richeffe exige"
Un travail dur & long ;
A cent foins elle oblige ..
La Richeffe.
Dans le Commerce , bon ,
La finance moins fouche
Procure un gain plus promt ;:
Un Créfus , fur fa couche ,
Croît comme un champignon .
La Débauche détermine la Richeffe à
favorifer promtement Guillot , & à le luf
remettre opulent ; Guillot toujours avide
de nouveaux dons , demande qu'on ajoûte
s'il fe peut , une promte nobleffe à fa
promte richeffe : on lui accorde fa Requête.
Ho ! ho ! dit-il , Air : Nos plaifirs
feront peu
durables.
Quan plaifi ! quan bone avanturé ,
Au mitan de ma parenté ,
Qu'eft jufqu'au cou dans la roture !!
Je frai tou feul de qualité..
Guillot , après une promeffe de vivre
très noblement dès qu'il feroit riche , &
II. Vol.
le
1424 MERCURE DE FRANCE
le feul Gentilhomme de fa famille , entre
vîte dans le Portique de la Fortune , guidé
par la Richeffe. La Débauche le fuit
un moment pour l'encourager encore
dans fes bons deffeins.
Angelique arrive avec fon Tuteur , qui
lui propofe trois maris contre fon inclination
. L'amour interrompt ce fâcheux
entretien , chaffe le Tuteur & confeille à
Angelique d'époufer Léandre qu'elle
aime. Mais vous n'y pensez pas , dit- elle
au petit Dieu ; ce mariage fait fans l'aven
de mon Tuteur, m'écarteroit du chemin de
la vertu. Vous n'y pense pas vous même
lui répond le fils de Venus , ce font les
triftes Mariages faits fans l'aveu de l'amour
qui écartent du chemin de la vertu. L'irré
folution d'Angelique eft vaincuë par
Léandre qui lui apporte le confentement
de fa famille pour leur Hymen. La Débauche
revient à la charge & s'oppose à
l'union légitime des deux Amans ; ils la
rebutent elle appelle à fon fecours les
Plaifirs libertins qui fortent par Troupesdes
Portiques de la Fortune & de la Vo
lupté. Ils danfent & font briller leurs
charmes dangereux aux yeux de Léandre
& d'Angelique. La Sageffe & les Plaifirs
innocens fortent par le Portique de la
Vertu. Les Plaifirs libertins étonnez , leur
;
II. Vol. cedent
JUIN. 1730. 1425
cedent le paffage qu'ils prétendoient leur
fermer.
La Sageffe , aux deux Amans.
N'écoutez que l'innocence ,
Ne fuivez que fes plaifirs ;
Défiez- vous de vos défirs ;
Que devant la Raiſon ils gardent le filence.
N'écoutez que l'innocence ,
Ne fuivez que fes plaifirs.
La Débauche , aux mêmes.
Ne fongez qu'à rire & qu'à boire ,
Folâtrez , mocquez- vous dans le fein du repos ,
Des fecours de l'honneur , des Faveurs de la
gloire ,
Et de l'Exemple des Héros ;
Ne fongez qu'à rire & qu'à boire,
L'Amour , aux mêmes .
Air : du Roy de Cocagne.
Gardez-vous d'écouter la Débauche
Qui porte un Mafque trompeur ;
Sur fes pas on prend toujours à gauche
Et l'on fuit le vrai bonheur.
Non , non , jamais il ne fut fon partage ;
Et lon , lan , la ,
Ce n'eft pas là ,
11. Vol. Qu'on
426 MERCURE DE FRANCE
Qu'on trouve cela ,
Craignez la fin du voyage.
La Sageffe.
Heureux qui fuit dès fa jeuneffe,
Du vice le Sentier battu
Et qui formé par la vertu ,
Se fait mener par la Sageffe !
Elle fçait le payer enfin
De la fatigué du chemin.
La Débauche.
;
N'écoutez pas la voix févere ;
Qui condamne l'amufement
Voulez- vous voiager gaiment ?
Que le plaifir feul vous éclaire.
Si vous fuivez ce Pelerin ,
Vous irez droit au bon chemin.
Lolotte.
Autrefois , dit -on , l'art de, plaire ,
Coutoit bien des foins & du temps ,
Et l'on mettoit douze ou quinze ans ,
Pour fe rendre au Port de Cithere ;
Mais à prefent on eft plus fin
On fcait accourcir le chemin .
La Sageffe.
Vous qui du Dieu de la Bouteille ,
II. Vel.
Suivez
JUI N. 1739. 1427
Suivez affidument les pas ,
Que vous vous plaindrez des appas
Qui vous amufent fous la Treille !
Lorfqu'on cherche toujours le vin
On trouve la Goutte en chemin.
La Débauche.
Maris , fi vous trouvez vos femmes
Tête à tête avec leurs Galans ,
N'allez pas faire les méchans ,
Et manquer de refpect aux Dames ;
Sans dire mot , d'un air benin ,
Paffez , paffez votre chemin.
La Sageffe , aux Spectateurs.
Meffieurs , nous avons pour vous plaire ‚ ·
Employé nos petits talens ,
Et
;
pour vous rendre plus conten's
Nous allons tâcher de mieux faire
De nos Jeux , puiffions nous demain ,
Vous voir reprendre le chemin.
Léandre & Angélique conduits par
'Amour & la Sageffe , entrent dans le
chemin de la Vertu ; la Débauche accompagnée
des plaifirs libertins , fe retire
fous les Portiques de la Fortune & de la
Volupté.
l'ouverture de fon Theatre à la Foire
S. Laurent par une Piéce nouvelle en Vaudeville
, intitulée Zemine & Almanfor
fuivie des Routes du Monde ; ces deux
Piéces font précedées d'un Prologue qui a
pour titre L'Induftrie. Le tout orné de
Divertiffemens , de Danfes & c.
La Scene du Prologue fe paffe devant le
Palais de l'Industrie , dont la moitié du Bâtiment
paroît moitié gothique & moitié
II. Vol
moderne
JUIN. 1730. 1403
-
à
moderne. Pierrot & Jacot defcendent
dans un char. Jacot fe plaint de la voiture
, & dit qu'il n'aime pas à fe voir dans
un char volant neuf cens piés au deffus
des ornieres ; Je vois bien , lui répond
Pierrot , que tu ne te plais pas voyager
côte à côte des nuages. Cependant , mon cher
petit frere Jacot , puifque je t'aifait recevoir
depuis peu par mon crédit à l'Opera Comique,
ilfaut bien que tu te faffes à la fatigue ; car
vois- tu , nous devons effuyer les mêmes corvées
que les Divinités de l'Opera,
Sur l'Air , Ramonez ci &c.
Attachés à des ficelles ,
Il nous faut , volant comme elles ,
Mais avec moins de fracas ,
Ramoner ci , ramoner là , la , la , la ,
La Couliffe du haut en bas.
Jacot demande à fon frere quel eft le
Palais qui fe préfente à fes yeux , & dans
quel deffein un Enchanteur de leurs amis
vient de les y tranſporter ; Pierrot lui
répond que ce Palais , quoique délabré, eft
le féjour de la Nouveauté , dont ils ont
grand befoin pour leur Théatre , & tandis
qu'il reſte à la porte , il envoye Jacot
pour découvrir s'il n'en eft point quelqu'autre
qui foit ouverte. L'Antiquité fort
du Château , & parle Gaulois à Pierrot ,
II. Vol.
qui
1404 MERCURE DE FRANCE
qui rebuté de fon langage l'appelle radoteufe
: elle le frappe avec fa béquille , &
le laiffe là . Pierrot la pourfuit ; il eſt arrêté
par la Chronologie , qui lui reproche
le crime qu'il commet en ne refpectant
pas la venerable Antiquité . Pierrot lui
demande quel eft fon emploi ; la Chronologie
lui décline fon nom & fes titres.
Pierrot la. prie de lui donner des nouvelles
de la Nouveauté ; la Chronologie , loin
de lui répondre jufte , commence toutes
fes Phrafes par des Epoques , & veut l'entretenir
des Olimpiades de l'Egire de Mahomet
& autres dates celebres ; cela impatiente
Pierrot ; il la chaffe, & dit , l'Enchanteur
m'a joué d'un tour ; il me promet
de me transporter au Palais de la Nouveauté
... j'y trouve d'abord une vieille Decrépite
, & enfuite une faifeufe d'Almanachs.
Dans ce moment l'Industrie avance ; Pierrot
la prend pour la Nouveauté ; elle le
défabule , & lui dit que la Nouveauté eſt
morte depuis plus de quatre
mille ans
qu'elle n'en eft que la copie , que le Public
tombe quelquefois dans l'erreur fur
fon compte , & prend l'induftrie pour la
Nouveauté. Je renouvelle , ajoûte l'Induftrie
, non feulement les habits & les meubles,
mais je rajeunis les vieux Ouvrages d'efprit,
& chante fur l'Air , Robin turelure & c.
II. Vol. Dans
JUIN.
1405 1730.
· Dans un moderne morceau ,
Je joins par une coûture
De Terence un fin lambeau ...
Pierrot.
Ture lure.
Chacun voit la rentraiture .
L'Induftrie , ironiquement.
Robin , turelurelure.
Alors Pierrot lui expofe les befoins de
l'Opera Comique , qui manque de Piéces
nouvelles ; l'Induftrie lui préfente un
Drame intitulé Zemine & Almanfor , Sujet
tiré de l'Hiftoire de Tartarie , dont Bourfaut
a pris fon dénouement d'Ejope à la
Cour. Le Public n'a pas approuvé cette
reffemblance , quoique fondée fur une autorité
irrécufable , & cela , fans doute, par
ce qu'il a plus vu la Comédie d'Efope à
la Cour qu'il n'a lû l'Hiftoire de Tartarie.
Pierrot marque fon inquiétude à l'Induftrie
, qui lui réplique qu'il fait le Public
plus méchant qu'il n'eft , qu'il s'eft
bien accommodé de tous les Ocdipes &
de toutes les Mariannes qu'on lui a re
tournées de cent façons.
Lefecond Drame offert par l'Induftrie,
eft intitulé les Routes du Monde. Jacot
II. Vol. G IC
1406 MERCURE DE FRANCE
revient dans cet inftant , & excuſe ſon
retardement par le plaifir qu'il a eu à voir
repeter un Balet Comique ; l'Induſtrie
leur apprend que c'eft une Fête qu'on prépare
pour elle , & qu'ils peuvent voir.
Elle eft executée fur le champ par les Chevaliers
de l'Induſtrie , figurés par des
Zanis Italiens. Voici les paroles du Vaudeville
de ce Divertiffement.
VAUDEVILLE.
Dans les Jardins de l'Induſtrie
Phoebus & la Galanterie
S'en vont cueillant foir & matin , tin tin tin tią
Mais en vain leur adreffe trie , ho ho ho !
Ce n'eft jamais du fruit nouveau.
On voudroit connoître une Belle ,
A fon Epoux toujours fidelle ,
Et voir l'Epoux auffi conftant , tan tan tan
Un ménage de ce modele , ho ho ho
Ce feroit là du fruit nouveau.
Dès la bavetté on fonge à plaire ;
La fille en fçait plus que
fa mere ,
Qui pourtant jeune a coqueté , té té té ;
Et dans les Jardins de Cithere , ho ho ho !
On trouve peu de fruit nouveau.
I I. Vol. Un
JUIN. 1730.
1407
Un Cadet de race Gaſcone ,
Qui n'emprunte pas & qui donne ,
Et qui convient qu'on l'a battu , tu tu tu
Sur les Rives de la Garone , ho ho ho,
Ce feroit là du fruit nouveau.
Un Grand du mérite idolâtre ,
Géometre vif & folâtre ,
Actrice vouée à Yeſtá , ta ta ta ,
Par ma foi fur plus d'un Théatre , ho ho he
Ce ſeroit là du fruit nouveau.
Ce Prologue eft fuivi de Zemine & Al
manfor , en un Acte. La premiere Scene
fe paffe entre Pierrot , Confident d'Almanfor
, Vizir & fils de Timurcan , Roi
'd'Aſtracan , mais crû fils de l'Emir Abe
nazar , & Lira , Suivante de Zemine , fille
de l'Emir Abenazar , & cruë fille du Roi
Timurcan. Voici le premier Couplet que
chante Pierrot , fur l'Air , Chers amis , que
mon ame eft ravie :
Oüi , Lira , fi tu tiens ta promeffe ,
Par l'Hymen j'efpere que dans peu
Tu verras couronner notre feu ; a
Du Monarque enfin touché de leur tendreffe ,
Nos Amans ont obtenu l'aveu ;
Le Vizir mon Maître époufe la Princeffe ;
II. Vol.
Gij L'a
1408 MERCURE DE FRANCE
L'amitié du bon Roi d'Aftracan
L'éleve juſqu'au premier rang.
Lira répond à Pierrot que Zemine fa
Maitreffe ne craindra donc plus la prédiction
d'une Devinereffe qui lui a depuis
peu annoncé qu'elle alloit être mariée au
fils d'un Souverain. Pierrot applaudit au
bonheur de fon Maître , qui , quoique
jeune,le furpaffe en prudence & en valeur;
il n'oublie pas dans fon Eloge qu'il n'eft
pourtant pas de meilleure maifon que lui,
& qu'ils ont gardé enfemble les moutons.
Lira lui demande par quel hazard Almanfor
eft devenu fi grand Seigneur ; je vais
te le dire , répond Pierrot Un jour que
notre grand Roi Timurcan chaffoit autour
de chez nous , il rencontra le petit Almanfor
qui lifoit l'Hiftoire de Tartarie en faisant
paître fon troupeau , il s'amusa à caufer avec
lui ; il le trouva gentil , bien avifé , & le
prit en affection. Sur ces entrefaites mourut
Kalem , pere du jeune Berger , que Timurcan'
fit auffi-tôt venir à la Cour. Il le fit
élever en Prince , & l'envoya enfuite dans
fes Armées , où il fe diftingua bientôt. IL
joignit même dans peu de temps les talens
du Miniftere au mérite guerrier , & devint
Grand-Vizir par le fecours de fa . feule
vertu. L'année derniere , comme il revenoit
de la frontiere , il paſſa par notre Village
II. Vol.
aveg
JUIN. 1730 . 1409
3
avec une troupe degens de guerre ,
il
m'apperçut
dans la foule, & me dit : Eh ! te voilà,
mon pauvre Pierrot , approche , approche ...
il chante :
Je lui tirai ma reverence 2
Enfuite je lâchai ces mots :
Ces Moutons gaillards & difpos
Que mene là Votre Excellence ,
Ne fe laifferoient pas , je penfe
Manger la laine fur le dos.
,
Il rit de ce trait de malice qui lui rappelloit
fa premiere condition , & changea
la mienne , en m'emmenant avec lui. On
} débite , interrompt Lira s qu'il eft fort
defintereffe ; Pierrot lui avoue qu'il a eu
long tems cette opinion , mais qu'il en
eft defabuſe , depuis que déjeunant avec
Jacot , Secretaire du Prince Alinguer , il
a entendu Almanfor qui enfermé dans un
cabinet , faifoit cette exclamation : Air ,
L'autre jour ma Cloris.
O précieux Tréfor !
Si jamais dans fa courfe
On arrête Almanfor ,
Tu feras fa reffource ;
O Tréfor mes amours
Je t'aimerai toujours.
-II. Vol. Lira G iij
1410 MERCURE DE FRANCE
Lira conclud que le Vizir amaffe des remedes
contre la défaveur , & que l'on
agit prudemment dans l'incertitude de
fon fort : Oui , vraiment , répond Pierrot
, & chante fur l'Air : Adieu panier.
Quand on a rempli fes pochetes ,
Si l'on eft chaffé par malheur , -
En fuyant , on dit de bon coeur
Adieu panier , vendanges font faites.-
A ces mots , Zemine arrive éplorée , &
leur dit que la prophetie de la Devinereffe
va s'accomplir , que l'inconnu fixé
depuis peu à la Cour d'Aftracan vient de
lui déclarer fon amour , & de lui apprendre
en même tems qu'il étoit fils du Monarque
de la Ruffie : Helas , s'écrie - t'elle,
Alinguer eft fils d'un Roi puiſſant , Alman--
for fimple Sujet ne tiendra pas contre lui !
fur l'Air : Pour paſſer doucement la vie.
Il a le mérite en partage ;
Mais le mérite par malheur
Ne trouve pas fon avantage
A luter contre la Grandeur.
Lira apperçoit de loin Timurcan qui
fe promene ; Zemine va le joindre pour
le toucher en fa faveur ; Pierrot refte feul
avec Lira , & lui expofe la crainte que
II. Vol. fait
JUIN. 1730. 141
fait naître dans fon efprit le haut rang du
Rival de fon Maître . Il exige un aveu
décifif pour lui ; Lira en le flattant lui déclare
pourtant qu'elle prétend fuivre le
fort de Zemine. Jacot paroît , & contefte
avec Pierrot fur les amours d'Alinguer ;
il prétend que ce Prince époufera Zemine
, & que lui , en qualité de Secretaire ,
deviendra le mari de Lira ; elle les quitte
en leur déclarant qu'elle époufera celui
des deux dont le Maitre obtiendra fa
Maitreffe. Les deux confidens rivaux reftent
enfemble , & continuent leur dif
pute ; ils y mêlent des difcours fur la fortune
& le tréfor caché du Vizir , qui
font interrompus par l'arrivée du Roi &
du Prince Alinguer. Pierrot & Jacot fe
retirent. Alinguer demande Zemine en
mariage ; le Roi lui apprend qu'elle n'eft
pas heritiere de fon Royaume , qu'il a
un fils que des raifons politiques l'ont
empêché jufqu'ici de faire paroître ;
Alinguer répond en Amant genereux ,
qu'il n'exige point d'autre dot que la
perfonne de Zemine ; le Roi lui objecte fa
parole donnée au Vizir Almanfor , & fait
le Panegyrique de fes vertus. Alinguer
piqué , ofe le contredire , & lui dit que
ce Miniftre , dont il vante fi fort le défintéreffement,
a un tréfor confiderable qu'il
dérobe à fa connoiffance , & dont , fans
II. Vol.
Giiij doute
1412 MERCURE DE FRANCE
doute , il doit faire un ufage crimine!. H
jette de violens foupçons dans l'efprit de
Timurcan , & offre de lui produire un
témoin fidele qui le conduira à l'endroit
où font enfermées les richeffes fecretes
d'Almanfor. Le Roi ébranlé confent à
cette vifite , & fort avec le Prince de
Ruffie.
Le Théatre change , & repréfente une
Salle de la Maifon du Vizir , où l'on ne
voit rien qui ne foit d'une grande fimplicité
. Almanfor y eft avec Zemine , à
qui il exalte fon bonheur & fon amour ;
Pierot vient leur annoncer gayement l'arrivée
du Roi , qui va , dit- il , unir Almanfor
& la Princeffe , ce qui lui procu
rera l'avantage d'époufer Lira. Le Roi
entre furieux , & reproche au Vizir fon
prétendu tréfor ; Jacot arrive , & montre
à Timurcan le Cabinet où l'on doit le
trouver. On l'ouvre par ordre de Timurcan
, & l'on n'y trouve que la houlete
& l'habit que portoit Almanfor quand il
étoit Berger : Je les gardois , dit - il , pour
me rappeller ma naiſſance , & pour les reprendre
, Seigneur , fi vous m'ôtiez votre
faveur & c.
La vertu d'Almanfor ayant éclaté dans
fon plus grand jour , le Roi lui apprend
qu'il eft fon fils ; cette découverte favorable
pour la gloire d'Almanſor , attriſte
II. Vol. fon
JUIN 1730. 1413
fon amour ; Zemine qui reconnoît qu'il
eft fon frere , partage fa douleur , & fe
plaint avec refpect au Roi d'Aftracan de
ce qu'il a permis qu'elle aime le Prince
Almanfor. Timurcan termine leur trou
ble , & comble leur joye , en leur appre
nant qu'ils nneeffoonntt point unis par le fang,
&
que
Zemine
eft
fille
de l'Emir
Abena
zar. Almanfor
remercie
le Roi
de ces
heu
reux
éclairciffemens
, & chante
ce Cou
plet
:
Le grand Nom que je tiens de vous
Flatte l'amour qui me domine
Il me devient d'autant plus doux
Qu'il fait plus d'honneur à Zemine
Ah ! dit Zemine à Almanfor ::
Seigneur , de vos tranfports je juge par moimême
;
Vous avez herité de mon noble défir ;
Fille de Timurcan , quel étoit mon plaifir
D'élever mon Berger à la grandeur fuprême
Pierot obtient Eira , & chaffe Jacot . La
Piéce finit par une Fête champêtre , execurée
par les Habitans du Village où a été
élevé Almanfor..
La feconde Piéce , auffi d'un Acte , compofée
de Scenes détachées , eft allegorique
& morale , tant par les idées que par quel-
II Vol. ques
1414 MERCURE DE FRANCE
د
ques- uns de fes perfonages ; elle eft inti ,
tulée les Routes du monde. Le . Théatre re
préfente dans les aîles les Jardins d'Hebé,
& dans le fond trois Portiques qui commencent
les trois chemins que prennent
les hommes en fortant de la Jeuneffe. Le
Portique du milieu eft étroit , compofé de
Rochers couverts de ronces avec cette
Infcription : Le chemin de la Vertu . Le
fecond , à droite , plus large ( ainfi que le
troifiéme qui eft à gauche ) eft orné de
tous les fimboles des honneurs & des richeffes
, & a pour titre , Le chemin de la
Fortune. Le troifiéme , intitulé Le chemin
de la Volupté , paroît chargé des attributs
des Plaiſirs , du Jeu , de l'Amour &
de Bacchus. La Scene ouvre par Leandre,
conduit par le Tems.
Leandre , Air : Amis , fans regreter Pa--
ris &c.
O Saturne , Doyen des Dieux
Des Peres le moins tendre ...
O Tems , dites -moi dans quels lieux
Vous conduifez Leandre ?
Le Tems , Air : Contre mon gré je cheriss
Peau :
Je vais vous expliquer cela ;
Voyez ces trois Portiques là ,
Du monde ils commencent les routes
11. Vol. On
JUIN. 1415 1730.
On doit ( telle eft la loi du fort )
Paffer fous l'une de ces Voutes
Quand des Jardins d'Hebé l'on fort.
Leandre.
Depuis que je vis dans ces Jardins , je
n'avois point encore apperçû ces trois
Portiques .
Le Tems.
Je le crois bien ; vous ne pouviez les
voir fans moi .
Air : Quand le péril eft agréable .
Ici dans une Paix profonde ,-
Les Jeunes Gens font jour & nuit ;
C'eſt le Tems feul qui les conduit
Près des routes du monde.
Mais je ne leur fais pas toujours comme
à vous , l'honneur de me rendre viſible.
Leandre confiderant les Portiques.
Que ces Portiques là fe reffemblent peu!
Le Tems.
Les chemins aufquels ils conduifent
font encore plus differens.-
Leandre montrant le Portique de la Fertu,
Air: Fe fuis la fleur des garçons du Village.
II. Vol. G-vis Que
1416 MERCURE DE FRANCE
Que ce chemin me paroît effroyable !
Mes yeux en font épouvantés !
Le Tems.
I eft pourtant à la plus adorable.
De toutes les Divinités.
r
Leandre , Air Philis , en cherchant for
Amant.
Eh ! quelle eft donc la Déïté
Par qui peut être fréquenté
Ce paffage étroit , peu battu ,
Paf tout de ronces revêtu ?
Le Tems.
C'eft la Vertu .
La Vertu
Leandre étonné.
Le Tems , Air : Sois complaifant , & cà
De la vertu la demeure épouvante ,
De fon chemin l'entrée eft rebutante
Mais
La fortiè en eft brillante ; -
C'eft la Gloire & fon Palais.
Le Portique, à droite, enrichi d'or & de
pierreries ,mene au Temple de la Fortune;:
II. Val par
JUIN. 1730 1417
par cette Porte on voit paffer , Air : J'ai
fait fouvent réfoner ma Mufette.
Le Peuple altier , dangereux , formidable
Des Conquerans & des Agioteurs ;
Ces derniers - ci ( le fait eft incroyable )
Ont avec eux compté quelques Auteurs.
Leandre , Air : Voyelles anciennes.
Ce chemin ne me tente pas
Le Tems.
C'eft pourtant le plus magnifique .
Leandre montrant le Portique de la Volupté
Cet autre a pour moi plus d'appas .
Quel eft donc ce galand Portique ?
Le Tems
C'eft celui de la Volupté ;
Tous les plaifirs en font l'enſeigne
Des trois c'eſt le plus fréquenté ,
Quoique très -fouvent on s'en plaigne .
Leandre.
Je ne vois là que des violons , des ver
res , des bouteilles , des cartes & des dez :
Le Tems.
C'eft ce qui fait qu'on y met la preffe..
O
ça , nous allons 繄 nous féparer ; mais
II. Vol avant
1418 MERCURE DE FRANCE
avant que je vous quitte , il faut que je
vous donne un avis falutaire ; ayez grand
foin de fuir la Débauche qui rode fans
ceffe autour de ces Portiques ...
Leandre.
Oh ! la Débauche m'a toujours fait horreur
; elle ne me féduira pas.
Le Tems , Air : Baifez moi donc , me di
foit Blaife.
Vous êtes dans l'erreur , Leandre ;
Craignez de vous laiffer furprendre ;
Fuyez cette Sirene là ;
Déguifant fon effronterie ,
Devant vous elle paroîtra
Sous le nom de Galanterie.
Leandre.
Je fuis bien aile de fçavoir cela.-
Adieu .....
Le Tems..
Leandre le retenant.
Encore un moment .... Air : Il faut
que je file file.
Sur un point qui m'embaraffe
Je voudrois vous confulter
11.-Vol.-
JUIN
1730. 1419
Le Tems voulant toujours s'en aller.
Cela ne fe peut ....
Leandre l'arrêtant encore.
De
grace ››
Daignez encor m'écouter ...
Le Tems.
C'eft trop demeurer en place 5 .
Suis-je fait pour y refter ?
Le Tems toujours paffe paffe ,
Rien ne fçauroit l'arrêter.
On a donné cette Scene - ci entiere , patce
qu'on ne pouvoit gueres expofer plus
fuccinctement le fujet de la Piéce.Leandre
refté feul , delibere fur le chemin qu'il doit
choifir ; mais , dit- il , Air : Les filles de
Nanterre.
Suis- je donc à moi-même ,
Et Maître de mes voeux ?
On eft à ce qu'on aime
Quand on eft amoureux.
Oui , c'est à l'aimable Angelique à difpo
fer de mon fort ; allons la chercher , & prenons
enfemble des mefures pour fléchir fon
Tuteur qui s'oppose à notre hymen.
Dans le moment qu'il veut partir , il eſt
arrêté par la Débauche , qui fous le nom
1.1. Volg
det
1420 MERCURE DE FRANCE
de Galanterie s'efforce de l'attirer à elle ;
Leandre refifte à fes difcours fuborneurs,
& la quitte. Elle le fuit , voyant paroître
une mere coquette avec ſa fille , en diſant
qu'elle n'a que faire là . Araminte , mere
de Lolotte , eft fort parée : elle a du rouge,
des mouches , des fleurs & des diamans- :
fa fille eft en fimple grifette & en linge
uni. Araminte prêche Lolotte , & veut la
faire entrer dans le chemin de la Vertu ;
Lolotte y repugne , & fe deffend avec opi
niâtreté.
Araminte , Air Je ne fuis né ni Roi ni
Prince.
Votre coeur en fecret murmure
De n'avoir point une parure ,
A faire briller vos appas ;
Vous n'avez point de modeſtie .
Lolotte.
Eh ! pourquoi n'en aurois -je pas ?
Sans ceffe je vous étudie ?
Araminte , Air : Ma raifon s'en va beau
train .
1
Vous me repondez , je crois ...
Lolotte.
Je répons ce que je dois ;
N'ai - je pas raifon
II. Vol.
De
JUI N. 1730. 1421
De trouver fort bon
Ce qu'en vous je contemple
Araminte.
Oh ! ne fuivez que ma leçon ...
Lolotte..
Je fuivrai votre exemple , lon la
Je fuivrai votre exemple,
La conteftation d'Araminte & de Lolotte
finit par le parti que prend la mere d'être
la conductrice de fa fille dans la route des
plaifirs où elles entrent enſemble. La Debauche
reparoît , & dit : Je fçavois bien le
chemin que cette petite fille là prendroit.
Mais j'apperçois mes deux voifines. C'est
la Sageffe & la Richeffe qui fortent l'une
du Portique de la Vertu & l'autre de celui
de la Fortune , & s'efforcent de s'attirer des
Chalans. La bonne Marchandife que vous
criez là toutes deux , leur dit ironiquement.
la Sageffe, Air : Vous qui vous macquez par
vos ris.
Elle eft d'un fort bon acabit.
La Richeffe
Nous fçavons l'une & l'autre
Tout le bien que le monde dit
Déeffe , de la vôtre ...
II. Vol. ·LA
1422 MERCURE DE FRANCELa
Débauche.
Mais elle n'eft point de débit ,
Et nous vendons la nôtre.
Therefe , jeune perfonne bien élevée ,
refufe les offres de la Richeffe , refifte aux
attraits de la Débauche , & fuit la Sageffe
qui la conduit dans le chemin de la Vertu.
La voilà bien charmée de nous avoir enlevé
une petite fille , dit la Richeffe Bon , répond
la Débauche , nous lui en fouflons
bien d'autres. Un jeune heritier en grand
deuil & en pleureufes furvient : Dépensez,
lui crie la Débauche , amaffez , lui dit la
Richeffe , Air : Le Cotillon de Thalie.
A préfent Phomme në fçait plus
Compter les vertus
Que par les écus
Comme votre pere
Il faut faire ,
Toujours courir fus ,
Aux Jacobus ,
Aux Carolus.
A préfent l'homme ne fçait plus &c.
›
L'Heritier , tout bien confideré , fe livre
à la Débauche , fuivant la loüable
coûtume de bien des Mineurs. Guillot
Payfan , remplace l'Heritier ; mais comme
II. Vol.
il
JUIN. 1730 1423
il n'a rien , il dit qu'il veut commencer
fa carriere par le chemin de la Fortune.
Mais , lui dit la Débauche , Air : Attendez
moi fous l'Orme.
Mais la Richeffe exige"
Un travail dur & long ;
A cent foins elle oblige ..
La Richeffe.
Dans le Commerce , bon ,
La finance moins fouche
Procure un gain plus promt ;:
Un Créfus , fur fa couche ,
Croît comme un champignon .
La Débauche détermine la Richeffe à
favorifer promtement Guillot , & à le luf
remettre opulent ; Guillot toujours avide
de nouveaux dons , demande qu'on ajoûte
s'il fe peut , une promte nobleffe à fa
promte richeffe : on lui accorde fa Requête.
Ho ! ho ! dit-il , Air : Nos plaifirs
feront peu
durables.
Quan plaifi ! quan bone avanturé ,
Au mitan de ma parenté ,
Qu'eft jufqu'au cou dans la roture !!
Je frai tou feul de qualité..
Guillot , après une promeffe de vivre
très noblement dès qu'il feroit riche , &
II. Vol.
le
1424 MERCURE DE FRANCE
le feul Gentilhomme de fa famille , entre
vîte dans le Portique de la Fortune , guidé
par la Richeffe. La Débauche le fuit
un moment pour l'encourager encore
dans fes bons deffeins.
Angelique arrive avec fon Tuteur , qui
lui propofe trois maris contre fon inclination
. L'amour interrompt ce fâcheux
entretien , chaffe le Tuteur & confeille à
Angelique d'époufer Léandre qu'elle
aime. Mais vous n'y pensez pas , dit- elle
au petit Dieu ; ce mariage fait fans l'aven
de mon Tuteur, m'écarteroit du chemin de
la vertu. Vous n'y pense pas vous même
lui répond le fils de Venus , ce font les
triftes Mariages faits fans l'aveu de l'amour
qui écartent du chemin de la vertu. L'irré
folution d'Angelique eft vaincuë par
Léandre qui lui apporte le confentement
de fa famille pour leur Hymen. La Débauche
revient à la charge & s'oppose à
l'union légitime des deux Amans ; ils la
rebutent elle appelle à fon fecours les
Plaifirs libertins qui fortent par Troupesdes
Portiques de la Fortune & de la Vo
lupté. Ils danfent & font briller leurs
charmes dangereux aux yeux de Léandre
& d'Angelique. La Sageffe & les Plaifirs
innocens fortent par le Portique de la
Vertu. Les Plaifirs libertins étonnez , leur
;
II. Vol. cedent
JUIN. 1730. 1425
cedent le paffage qu'ils prétendoient leur
fermer.
La Sageffe , aux deux Amans.
N'écoutez que l'innocence ,
Ne fuivez que fes plaifirs ;
Défiez- vous de vos défirs ;
Que devant la Raiſon ils gardent le filence.
N'écoutez que l'innocence ,
Ne fuivez que fes plaifirs.
La Débauche , aux mêmes.
Ne fongez qu'à rire & qu'à boire ,
Folâtrez , mocquez- vous dans le fein du repos ,
Des fecours de l'honneur , des Faveurs de la
gloire ,
Et de l'Exemple des Héros ;
Ne fongez qu'à rire & qu'à boire,
L'Amour , aux mêmes .
Air : du Roy de Cocagne.
Gardez-vous d'écouter la Débauche
Qui porte un Mafque trompeur ;
Sur fes pas on prend toujours à gauche
Et l'on fuit le vrai bonheur.
Non , non , jamais il ne fut fon partage ;
Et lon , lan , la ,
Ce n'eft pas là ,
11. Vol. Qu'on
426 MERCURE DE FRANCE
Qu'on trouve cela ,
Craignez la fin du voyage.
La Sageffe.
Heureux qui fuit dès fa jeuneffe,
Du vice le Sentier battu
Et qui formé par la vertu ,
Se fait mener par la Sageffe !
Elle fçait le payer enfin
De la fatigué du chemin.
La Débauche.
;
N'écoutez pas la voix févere ;
Qui condamne l'amufement
Voulez- vous voiager gaiment ?
Que le plaifir feul vous éclaire.
Si vous fuivez ce Pelerin ,
Vous irez droit au bon chemin.
Lolotte.
Autrefois , dit -on , l'art de, plaire ,
Coutoit bien des foins & du temps ,
Et l'on mettoit douze ou quinze ans ,
Pour fe rendre au Port de Cithere ;
Mais à prefent on eft plus fin
On fcait accourcir le chemin .
La Sageffe.
Vous qui du Dieu de la Bouteille ,
II. Vel.
Suivez
JUI N. 1739. 1427
Suivez affidument les pas ,
Que vous vous plaindrez des appas
Qui vous amufent fous la Treille !
Lorfqu'on cherche toujours le vin
On trouve la Goutte en chemin.
La Débauche.
Maris , fi vous trouvez vos femmes
Tête à tête avec leurs Galans ,
N'allez pas faire les méchans ,
Et manquer de refpect aux Dames ;
Sans dire mot , d'un air benin ,
Paffez , paffez votre chemin.
La Sageffe , aux Spectateurs.
Meffieurs , nous avons pour vous plaire ‚ ·
Employé nos petits talens ,
Et
;
pour vous rendre plus conten's
Nous allons tâcher de mieux faire
De nos Jeux , puiffions nous demain ,
Vous voir reprendre le chemin.
Léandre & Angélique conduits par
'Amour & la Sageffe , entrent dans le
chemin de la Vertu ; la Débauche accompagnée
des plaifirs libertins , fe retire
fous les Portiques de la Fortune & de la
Volupté.
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Résumé : Zemine & Almansor, Pieces Comiques, Extrait, / Vaudeville, [titre d'après la table]
Le 27 juin, l'Opéra Comique ouvre son théâtre à la Foire Saint-Laurent avec deux pièces en vaudeville : 'Zemine & Almanfor' et 'Les Routes du Monde'. Ces pièces sont précédées d'un prologue intitulé 'L'Industrie', orné de divertissements et de danses. La scène du prologue se déroule devant le Palais de l'Industrie, dont la moitié du bâtiment est gothique et l'autre moitié moderne. Pierrot et Jacot descendent dans un char, et Jacot exprime son inconfort face à la hauteur. Pierrot lui rappelle qu'ils doivent endurer les mêmes corvées que les divinités de l'Opéra. Pierrot et Jacot discutent ensuite du Palais de la Nouveauté, que Pierrot décrit comme le refuge de la nouveauté nécessaire à leur théâtre. Ils rencontrent l'Antiquité, qui parle gaulois et frappe Pierrot avec sa béquille. La Chronologie apparaît ensuite, reprochant à Pierrot de ne pas respecter l'Antiquité. Pierrot, impatient, la chasse et rencontre l'Industrie, qu'il prend d'abord pour la Nouveauté. L'Industrie explique qu'elle est la copie de la Nouveauté et présente deux drames : 'Zemine & Almanfor' et 'Les Routes du Monde'. Dans 'Zemine & Almanfor', Pierrot, confident d'Almanfor, et Lira, suivante de Zemine, discutent de leur bonheur imminent. Zemine arrive, inquiète de la prophétie d'une devineresse. Timurcan, le roi d'Astracan, révèle qu'Almanfor est son fils et que Zemine est la fille de l'Emir Abenazar. La pièce se termine par une fête champêtre. 'Les Routes du Monde' est une pièce allégorique et morale, composée de scènes détachées. Elle représente les jardins d'Hébé et trois portiques symbolisant les chemins que prennent les hommes en sortant de la jeunesse. Le premier portique, étroit et couvert de ronces, est dédié à la Vertu. Le second, orné de symboles de richesse et d'honneurs, est appelé 'Le chemin de la Fortune'. Le troisième, intitulé 'Le chemin de la Volupté', est associé aux plaisirs, au jeu, à l'amour et à Bacchus. Leandre, guidé par le Temps, exprime son aversion pour le chemin de la Vertu et son attirance pour celui de la Volupté. Le Temps lui explique les dangers de la Débauche, qui peut se déguiser en Galanterie. Leandre décide de chercher Angélique, qu'il aime, malgré l'opposition de son tuteur. La Débauche, déguisée en Galanterie, tente de séduire Leandre. Araminte, une mère coquette, essaie de convaincre sa fille Lolotte de suivre le chemin de la Vertu, mais échoue et finit par la conduire vers les plaisirs. La Sageffe et la Richeffe, représentant la vertu et la fortune, tentent d'attirer des followers. Thérèse, une jeune fille, refuse les offres de la Richeffe et suit la Sageffe. La Débauche et la Richeffe tentent ensuite de corrompre un jeune héritier et Guillot Payfan, ce dernier étant finalement conduit vers la fortune. Angélique, aimée de Leandre, est confrontée à un choix de mariage par son tuteur. L'Amour intervient pour les réunir, malgré l'opposition de la Débauche et des plaisirs libertins. La Sageffe et les plaisirs innocents finissent par chasser les plaisirs libertins, permettant à Leandre et Angélique de suivre le chemin de la Vertu. La pièce se termine par un appel à suivre l'innocence et à se méfier des désirs et des plaisirs trompeurs, soulignant l'importance de la vertu et de la sagesse.
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2
p. 1864-1868
Les deux Suivantes, Comédie, [titre d'après la table]
Début :
Le 20. Juillet, l'Opera Comique de la Foire S. Laurent, donna la premiere Représentation de [...]
Mots clefs :
Opéra comique, Foire Saint-Laurent, Vaudeville, Coeur, Cavalier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les deux Suivantes, Comédie, [titre d'après la table]
Le 20. Juillet , l'Opera Comique de la Foire
S. Laurent , donna la premiere Repréſentation de
la Piece nouvelle , Les deux Suivantes , dont voici
en peu de mots le Sujet.
Lucinde a une fille fort aimable , qu'elle doit
marier à M. Orgon , Gentilhomme de Province
lequel doit arriver inceffamment chez fa future
Belle- mere pour finir ce Mariage. Ce Gentilhomme
n'a qu'un fils nommé Leandre , qui a quitté
la Maifon de fon pere pour voyager , & dont
ce pere eft fort en peine , n'ayant eu aucune de fes
nouvelles depuis qu'il eft parti ; c'eft ce qui lui
fait prendre la réfolution de fe remarier , croyant
d'avoir perdu le feul fils qu'il avoit. Le hazard
fait que Leandre fe trouve dans un Bal avec la
fille de Lucinde , nommée Flavie , accompagnée
de fa Suivante Lifette ; ils ne font pas long- tems
A O UST. 1730. 1865
à faire connoiffance , & ne fe féparent qu'à regret
à la fin du Bal. Léandre , qui eft fort en peine de
revoir Flavie , trouve le moyen de parler à Liſette
pour l'engager de le fervir auprès de fa Maîtreffe;
cette Suivante promet à Leandre de le fervir dans
fes amours , & l'expedient qu'elle trouve eft de
feindre de vouloir quitter fa Maîtreffe fous prétexte
qu'elle va fe marier , & de donner une autre
Suivante de fa main à Flavie . C'est justement
Léandre qu'elle fait traveftir en Suivante , & la
préfente à Lucinde & à fa fille. La fauffe Suivante
fous le nom de Clarice , eſt reçûë avec toute forte
d'agrémens dans la maiſon , comme venant
de la main de Lifette , qu'on eft bien fâché de
perdre , Flavie , fur tout , trouve cette nouvelle
Suivante fort à fon gré , ayant , dit-elle , beaucoup
de l'air & des manieres d'un Cavalier qu'elle
a vû depuis peu au Bal. Cependant Léandre a
tout le temps d'entretenir fa belle Maîtreffe , quoique
celle-ci ne le connoiffe pas encore pour
´P'homme du Bal ; mais Lifette qui furvient , &
qui craint à tous momens que cette fauffe Suivante
ne foit découverte , déclare à Flavie le traveſtiſſement
, & lui apprend que c'eſt Léandte.
Lucinde n'est détrompée de la fourberie qu'à
l'arrivée d'Orgon , qui ayant defcendu chez Lucinde
, a trouvé dans le jardin Flavie, tête- à- tête
avec un Cavalier , c'est justement Clarice qui
avoit quitté l'habit de Suivante pour reprendre
le fien on fait entendre à la mere que Clarice s'eft
déguifée en Cavalier pour réjouir fa jeune Maîtreffe
; on dit la même chofe à Orgon , qui eft
fort irrité d'avoir trouvé Flavie avec un Cavalier ;
on lui prefente enfin la fauffe Suivante, mais il eſt
bien étonné de trouver en elle Léandre fon fils ,
qu'il croyoit perdu. Lifette vient découvrir la
fourberie dont elle s'eft mêlée , & on n'eſt pas
Hv long1866
MERCURE
DE FRANCE
Jong -temps à conclure le Mariage de ces deux
Amans , qui font enfin parvenus à s'époufer par
cette Métamorphofe amoureufe . La Piece finit
par un Divertiffement qui eft terminé par un
Vaudeville de la compofition de M. Gilliers. En
yoici quelques Couplets .
VAUDEVILLE
.
Quar
Uand de fes feux unjeune coeur ,
D'un ton flateur
Nous affure ,
Croyez-moi , répondons toujours ,
A fes difcours ,
Turelure .
Mettez -vous bien cela ,
La ;
Jeunes Fillettes ,
Songez que tout Amant ;
Ment ,
Dans fes fleuretes.
Ton petit minois fans deffaut ,
M'a rendu chaud
Comme braife ;
Toujours brulant pour tes appas
Guillot n'eft pas
A fon aife.
Je mourrai de fouci ,
Si
Ta
A O UST . 1730. 1767
Ta rigueur dure ,
De ton coeur fais-moi donc
Don ,
Je t'en conjure.
Pour moi ton coeur n'eft point ingrat
Mais fans Contrat ,
Point d'affaire ;
C'est un trompeur que Cupidon ,
Et la Raifon ,
Me függere
Qu'on n'a de ce vaurien
Rien ,
Quand la Bérgere ,
Donne à quelque garçon ,
Son
Coeur fans Notaire.
Maître d'un joli Jardinet,
f
Lucas y fait
Peu d'ouvrage ,
7
Et quand quelqu'un veut ſe mêler
D'y travailler ,
Il fait rage ,
N'a-t-il pas , ce Butord
Tort ,
Quand il nous prive
D'un bien que ce Balourd ,
H vj
Lourd
1
1868 MERCURE DE FRANCE
C
Lourt
Très-mal cultive.
Pour nous aimer , trinquons fouvent }
L'amour ſe prend
Dans le verre ;
Les coeurs forment des noeuds en vain
Si le bon vin
Ne les ferre ,
Cela ne tient jamais
Mais ,
La fimpatie ,
Quand Bacchus l'entretient ;
Tient
Toute la vie.
Maris , voulez-vous fuir l'affront ;
Qu'à votre front ,
On peut faire ;
Au logis ne léfinez point ,
C'eft - là le point
Neceffaire ;
On eft pour vous conſtant
Tant ,
Que rien ne chomme ;
Qui ménage l'argent ,
Jean
Bien- tôt fe nomme.
S. Laurent , donna la premiere Repréſentation de
la Piece nouvelle , Les deux Suivantes , dont voici
en peu de mots le Sujet.
Lucinde a une fille fort aimable , qu'elle doit
marier à M. Orgon , Gentilhomme de Province
lequel doit arriver inceffamment chez fa future
Belle- mere pour finir ce Mariage. Ce Gentilhomme
n'a qu'un fils nommé Leandre , qui a quitté
la Maifon de fon pere pour voyager , & dont
ce pere eft fort en peine , n'ayant eu aucune de fes
nouvelles depuis qu'il eft parti ; c'eft ce qui lui
fait prendre la réfolution de fe remarier , croyant
d'avoir perdu le feul fils qu'il avoit. Le hazard
fait que Leandre fe trouve dans un Bal avec la
fille de Lucinde , nommée Flavie , accompagnée
de fa Suivante Lifette ; ils ne font pas long- tems
A O UST. 1730. 1865
à faire connoiffance , & ne fe féparent qu'à regret
à la fin du Bal. Léandre , qui eft fort en peine de
revoir Flavie , trouve le moyen de parler à Liſette
pour l'engager de le fervir auprès de fa Maîtreffe;
cette Suivante promet à Leandre de le fervir dans
fes amours , & l'expedient qu'elle trouve eft de
feindre de vouloir quitter fa Maîtreffe fous prétexte
qu'elle va fe marier , & de donner une autre
Suivante de fa main à Flavie . C'est justement
Léandre qu'elle fait traveftir en Suivante , & la
préfente à Lucinde & à fa fille. La fauffe Suivante
fous le nom de Clarice , eſt reçûë avec toute forte
d'agrémens dans la maiſon , comme venant
de la main de Lifette , qu'on eft bien fâché de
perdre , Flavie , fur tout , trouve cette nouvelle
Suivante fort à fon gré , ayant , dit-elle , beaucoup
de l'air & des manieres d'un Cavalier qu'elle
a vû depuis peu au Bal. Cependant Léandre a
tout le temps d'entretenir fa belle Maîtreffe , quoique
celle-ci ne le connoiffe pas encore pour
´P'homme du Bal ; mais Lifette qui furvient , &
qui craint à tous momens que cette fauffe Suivante
ne foit découverte , déclare à Flavie le traveſtiſſement
, & lui apprend que c'eſt Léandte.
Lucinde n'est détrompée de la fourberie qu'à
l'arrivée d'Orgon , qui ayant defcendu chez Lucinde
, a trouvé dans le jardin Flavie, tête- à- tête
avec un Cavalier , c'est justement Clarice qui
avoit quitté l'habit de Suivante pour reprendre
le fien on fait entendre à la mere que Clarice s'eft
déguifée en Cavalier pour réjouir fa jeune Maîtreffe
; on dit la même chofe à Orgon , qui eft
fort irrité d'avoir trouvé Flavie avec un Cavalier ;
on lui prefente enfin la fauffe Suivante, mais il eſt
bien étonné de trouver en elle Léandre fon fils ,
qu'il croyoit perdu. Lifette vient découvrir la
fourberie dont elle s'eft mêlée , & on n'eſt pas
Hv long1866
MERCURE
DE FRANCE
Jong -temps à conclure le Mariage de ces deux
Amans , qui font enfin parvenus à s'époufer par
cette Métamorphofe amoureufe . La Piece finit
par un Divertiffement qui eft terminé par un
Vaudeville de la compofition de M. Gilliers. En
yoici quelques Couplets .
VAUDEVILLE
.
Quar
Uand de fes feux unjeune coeur ,
D'un ton flateur
Nous affure ,
Croyez-moi , répondons toujours ,
A fes difcours ,
Turelure .
Mettez -vous bien cela ,
La ;
Jeunes Fillettes ,
Songez que tout Amant ;
Ment ,
Dans fes fleuretes.
Ton petit minois fans deffaut ,
M'a rendu chaud
Comme braife ;
Toujours brulant pour tes appas
Guillot n'eft pas
A fon aife.
Je mourrai de fouci ,
Si
Ta
A O UST . 1730. 1767
Ta rigueur dure ,
De ton coeur fais-moi donc
Don ,
Je t'en conjure.
Pour moi ton coeur n'eft point ingrat
Mais fans Contrat ,
Point d'affaire ;
C'est un trompeur que Cupidon ,
Et la Raifon ,
Me függere
Qu'on n'a de ce vaurien
Rien ,
Quand la Bérgere ,
Donne à quelque garçon ,
Son
Coeur fans Notaire.
Maître d'un joli Jardinet,
f
Lucas y fait
Peu d'ouvrage ,
7
Et quand quelqu'un veut ſe mêler
D'y travailler ,
Il fait rage ,
N'a-t-il pas , ce Butord
Tort ,
Quand il nous prive
D'un bien que ce Balourd ,
H vj
Lourd
1
1868 MERCURE DE FRANCE
C
Lourt
Très-mal cultive.
Pour nous aimer , trinquons fouvent }
L'amour ſe prend
Dans le verre ;
Les coeurs forment des noeuds en vain
Si le bon vin
Ne les ferre ,
Cela ne tient jamais
Mais ,
La fimpatie ,
Quand Bacchus l'entretient ;
Tient
Toute la vie.
Maris , voulez-vous fuir l'affront ;
Qu'à votre front ,
On peut faire ;
Au logis ne léfinez point ,
C'eft - là le point
Neceffaire ;
On eft pour vous conſtant
Tant ,
Que rien ne chomme ;
Qui ménage l'argent ,
Jean
Bien- tôt fe nomme.
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Résumé : Les deux Suivantes, Comédie, [titre d'après la table]
Le 20 juillet 1730, l'Opéra Comique de la Foire Saint-Laurent a présenté pour la première fois la pièce 'Les deux Suivantes'. L'intrigue se concentre sur Lucinde, qui organise le mariage de sa fille Flavie avec M. Orgon, un gentilhomme de province. Orgon a un fils, Léandre, parti en voyage, dont il est sans nouvelles, ce qui le pousse à envisager de se remarier. Par hasard, Léandre rencontre Flavie lors d'un bal et en tombe amoureux. Pour la revoir, il convainc Lisette, la suivante de Flavie, de l'aider en se déguisant en suivante. Lisette présente Léandre, déguisé en Clarice, à Lucinde et Flavie. Flavie trouve Clarice charmante et remarque qu'elle ressemble à un cavalier rencontré au bal. Lisette révèle finalement à Flavie la véritable identité de Clarice. Lorsque Orgon arrive, il découvre Flavie en compagnie de Léandre, déguisé en cavalier. Lisette avoue alors son rôle dans la supercherie. Orgon, irrité, reconnaît finalement Léandre comme son fils. La pièce se conclut par le mariage de Léandre et Flavie, suivi d'un divertissement et d'un vaudeville composé par M. Gilliers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 1634-1638
L'Opéra Comique, la Fausse Egyptienne, et Hali et Zemire, &c. en Vaudevilles, [titre d'après la table]
Début :
Le 30 Juin, l'Opéra Comique fit l'ouverture de son Théatre de la Foire Saint [...]
Mots clefs :
La Fausse Égyptienne, Opéra comique, Foire Saint-Laurent, Air, Rime, Prologue, Comique, Vaudevilles, Hali et Zémire, Charles-François Panard
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'Opéra Comique, la Fausse Egyptienne, et Hali et Zemire, &c. en Vaudevilles, [titre d'après la table]
Le 30 Juin , l'Opéra Comique fit l'ouverture
de son Théatre de la Foire Saint
Laurent , par deux Piéces nouvelles d'un
Acte chacune , en Vaudevilles , avec des
Divertissemens , intitulée : la Fausse Egypsienne
, et Hali et Zemire , précedées d'un
Prologue qui a été applaudi du Public.
La soeur de la Dlle Rolland , qui est si
fort goûtée au Théatre Italien , y danse
une Entrée avec beaucoup d'applaudissement.
Le sujet de ce Prologue , de la composition
de M. Panard , aussi bien que les
paroles des Vaudevilles , est un Poëte qui
vient
JUILLET. 1733. 1635
vient offrir à l'Opera Comique personifié
, grand nombre de Vaudevilles qu'il
a composez avec soin sur toute sorte de
Sujets ; il en a , dit-il , pour exprimer la
la Fureur , le Desespoir , la Douleur , le
Tendre , l'Enjoüé , &c. il lui en chante
plusieurs que l'Opera Comique goûte
fort , et qu'il placera , dit - il , dans les
Pieces qu'il va donner. Le Poete vantè
entr'autres , ceux qu'il a composez pour
vanter les Talens et chapte les trois
Couplets suivans.
2
UNe Eleve de
Melpomene ,
Rentrée en la Troupe Romaine ,
Par son Art s'y fait remarquer.
Dès qu'elle paroît sur la Scene ,
Tous les suffrages elle entraîne ;
La Rime peut vous l'indiquer.
粥
Une Suivante fort habile ,
Dans un âge à peine nuble ,
Chez les François a du renom ;
Son air naturel et facile ,
Enchante la Cour et la Ville ,
La Rime vous dira son nom.
Une Actrice que l'on adore ,
Hij Telle
1636 MERCURE DE FRANCE
.
Telle qu'il n'en fût point encore ,
Fait le succès de l'Opera.
Des charmes de sa voix sonore
Nous voyons mille Amours éclore ;
Par la Rime on la connoîtra. ·
On trouvera l'Air noté avec la Chanson ;
page 1628.
Ce Prologue est suivi d'un Divertissement
très- bien composé par le sieur
Boudet , dans lequel son fils , âgé de cinq
ou six ans , danse avec un autre garçon
du même âge , une Entrée en Pierrots ,
qui fait beaucoup de plaisir , le tout est
terminé par ce Vaudeville.
Tant qu'un jeune Galant desire ;
A la Beauté qui le ravit ,
Il a mille choses à dire ,
Son discours jamais ne finit ;
Mais dès qu'il a signé certaine clause
De jolis mots la source se tarit
La bouche est close ,
Tout est dit.
M
Tant qu'un Client a des especes ,
Et qu'il fournit à tous les frais ;
On entasse pieces sur pieces ,
Pour
JUILLET. IL
1733. 1637
Pour éterniser le procès ;
Mais quand l'argent ne vient pas à mesure;
Adieu Factums , Requête et contredit;
Plus d'écriture ;
Tout est dit.
雜
Vous vous trompez dans votre attente ;
Vous , qui pour gouter le plaisir , f
D'avoir une femme ignorante ,
Au Village allez la choisir ;
Là , comme icy , maint ,objet est précoce ,
Et Cupidon si jeunes les instruit ,
Qu'avant la noce ,
Tout est dit.
Quand votre fille devient grande ;
Mere , ne la quittés jamais .
C'est un soin que je recommande ;
Contre mès propres interêts :
Craignez qu'Amour , près d'elle ne s'arrête ,
Jamais ce Dieu n'est long dans son récit ,
Tournez la tête ,
Tout est dit.
On dit que dá temps de nos Peres ,
Les jeunes Gens sçavoient parler ?
Ceux d'à-present n'en tiennent guéres ;
H iij
Leur
1638 MERCURE DE FRANCE
Leur langage nous fait bâiller.
Quand ils ont dit deux couplets sur l'allure ,
Qu'ils ont parlé de spectacles , d'habit ,
Et de frisure ,
Tout est dit.
粥
•
Quand les Spectateurs font silence
Et qu'ils écoutent jusqu'au bout
Auteurs ayez de l'esperance ,
Votre ouvrage flate leur gout ;
Mais quand on voit arriver la secousse ,
Qu'avant la fin , le Parterre à grand bruit ,
Se mouche , tousse
Tout est dit.
On trouvera l'Air noté avec la Chanson.
de son Théatre de la Foire Saint
Laurent , par deux Piéces nouvelles d'un
Acte chacune , en Vaudevilles , avec des
Divertissemens , intitulée : la Fausse Egypsienne
, et Hali et Zemire , précedées d'un
Prologue qui a été applaudi du Public.
La soeur de la Dlle Rolland , qui est si
fort goûtée au Théatre Italien , y danse
une Entrée avec beaucoup d'applaudissement.
Le sujet de ce Prologue , de la composition
de M. Panard , aussi bien que les
paroles des Vaudevilles , est un Poëte qui
vient
JUILLET. 1733. 1635
vient offrir à l'Opera Comique personifié
, grand nombre de Vaudevilles qu'il
a composez avec soin sur toute sorte de
Sujets ; il en a , dit-il , pour exprimer la
la Fureur , le Desespoir , la Douleur , le
Tendre , l'Enjoüé , &c. il lui en chante
plusieurs que l'Opera Comique goûte
fort , et qu'il placera , dit - il , dans les
Pieces qu'il va donner. Le Poete vantè
entr'autres , ceux qu'il a composez pour
vanter les Talens et chapte les trois
Couplets suivans.
2
UNe Eleve de
Melpomene ,
Rentrée en la Troupe Romaine ,
Par son Art s'y fait remarquer.
Dès qu'elle paroît sur la Scene ,
Tous les suffrages elle entraîne ;
La Rime peut vous l'indiquer.
粥
Une Suivante fort habile ,
Dans un âge à peine nuble ,
Chez les François a du renom ;
Son air naturel et facile ,
Enchante la Cour et la Ville ,
La Rime vous dira son nom.
Une Actrice que l'on adore ,
Hij Telle
1636 MERCURE DE FRANCE
.
Telle qu'il n'en fût point encore ,
Fait le succès de l'Opera.
Des charmes de sa voix sonore
Nous voyons mille Amours éclore ;
Par la Rime on la connoîtra. ·
On trouvera l'Air noté avec la Chanson ;
page 1628.
Ce Prologue est suivi d'un Divertissement
très- bien composé par le sieur
Boudet , dans lequel son fils , âgé de cinq
ou six ans , danse avec un autre garçon
du même âge , une Entrée en Pierrots ,
qui fait beaucoup de plaisir , le tout est
terminé par ce Vaudeville.
Tant qu'un jeune Galant desire ;
A la Beauté qui le ravit ,
Il a mille choses à dire ,
Son discours jamais ne finit ;
Mais dès qu'il a signé certaine clause
De jolis mots la source se tarit
La bouche est close ,
Tout est dit.
M
Tant qu'un Client a des especes ,
Et qu'il fournit à tous les frais ;
On entasse pieces sur pieces ,
Pour
JUILLET. IL
1733. 1637
Pour éterniser le procès ;
Mais quand l'argent ne vient pas à mesure;
Adieu Factums , Requête et contredit;
Plus d'écriture ;
Tout est dit.
雜
Vous vous trompez dans votre attente ;
Vous , qui pour gouter le plaisir , f
D'avoir une femme ignorante ,
Au Village allez la choisir ;
Là , comme icy , maint ,objet est précoce ,
Et Cupidon si jeunes les instruit ,
Qu'avant la noce ,
Tout est dit.
Quand votre fille devient grande ;
Mere , ne la quittés jamais .
C'est un soin que je recommande ;
Contre mès propres interêts :
Craignez qu'Amour , près d'elle ne s'arrête ,
Jamais ce Dieu n'est long dans son récit ,
Tournez la tête ,
Tout est dit.
On dit que dá temps de nos Peres ,
Les jeunes Gens sçavoient parler ?
Ceux d'à-present n'en tiennent guéres ;
H iij
Leur
1638 MERCURE DE FRANCE
Leur langage nous fait bâiller.
Quand ils ont dit deux couplets sur l'allure ,
Qu'ils ont parlé de spectacles , d'habit ,
Et de frisure ,
Tout est dit.
粥
•
Quand les Spectateurs font silence
Et qu'ils écoutent jusqu'au bout
Auteurs ayez de l'esperance ,
Votre ouvrage flate leur gout ;
Mais quand on voit arriver la secousse ,
Qu'avant la fin , le Parterre à grand bruit ,
Se mouche , tousse
Tout est dit.
On trouvera l'Air noté avec la Chanson.
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Résumé : L'Opéra Comique, la Fausse Egyptienne, et Hali et Zemire, &c. en Vaudevilles, [titre d'après la table]
Le 30 juin, l'Opéra Comique a inauguré son Théâtre de la Foire Saint-Laurent avec deux nouvelles pièces en vaudevilles intitulées 'La Fausse Égyptienne' et 'Hali et Zemire'. Ces pièces étaient précédées d'un prologue acclamé par le public. La sœur de Mlle Rolland, connue au Théâtre Italien, a dansé avec succès. Le prologue, écrit par M. Panard, présentait un poète offrant à l'Opéra Comique des vaudevilles sur divers sujets tels que la fureur, le désespoir, la douleur, le tendre et l'enjoué. Un divertissement composé par le sieur Boudet a suivi, dans lequel son fils, âgé de cinq ou six ans, a dansé avec un autre garçon. Le spectacle s'est terminé par un vaudeville. Les paroles des vaudevilles incluaient des couplets vantant les talents de certaines actrices et des réflexions sur divers aspects de la vie quotidienne et sociale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 1683-1686
ARRESTS NOTABLES.
Début :
ORDONNANCE DE POLICE, du 5. Juin, portant défenses aux Prop[r]ietaires [...]
Mots clefs :
Châtelet, Roi, Procureur général du roi, Foire Saint-Laurent, Procédures criminelles, Congrégation de Saint-Maur
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texteReconnaissance textuelle : ARRESTS NOTABLES.
ARRESTS NOTABLE S.
RDONNANCE DE POLICE , du
5. Juin , portant défenses aux Proptietaires
et Locataires des Maisons voisines de la Foire
S. Laurent , d'en louer aucunes parties pendant
ladite Foire , sans la participation de Maître Aubert
, Commissaire préposé à cet effet.
ORDONNANCE DE de
AUTRE du 19. Juin , portant Reglement
de ce qui doit être observé pendant la tenue de
de la Foite S. Laurent , par les Marchands de Paris
et Forains , qui y sont établis pour la vente de
leurs Marchandises , Denrées , & c.
›
ARREST du Parlement, du 2 . Juillet 1733
sur les Procedures criminelles du Châtelet de Paris
, &c.
Ce jour , le Procureur General du Roy entre
en la Chambre de la Tournelle , à l'occasion de
la plainte rendue au Commissaire Charles , le 20 .
Juin dernier par Anne-Catherine Miotte , femme
de René Hatte , Fermier General , et Marie Viart,
femme Boiron , sa Domestique ; le Substitut du
Procureur General du Roy au Châtelet , le Gref,
fiet dépositaire des Registres ctiminels dudit Châ.
telet , et Charles Charles , Commissaire audit Châ.
relet , mandez rendre
pour
de leur conduite
, ouis en présence du Procureur General du
Roy. Eux retirez , et oùy le Procureur General
du Roy :
compte
La matiere mise en déliberation.
La Cour a ordonné et ordonne que l'Art . 18.
du Tit. VI. de POrdonnance de 1670. Arrêts et
Reglemens de la Cour seront executez selon leur
Kij for1684
MERCURE DE FRANCE
forme et teneur , et en conséquence , qu'à comp
ter de ce jour , il sera fait au Châtelet un nouveau
Registre relié et chiffré , lequel contiendra au premier
feuillet le nombre de ceux dont il sera composé
, cotté et pataphé en tous ses feuillets par
le Lieutenant Criminel , pour être au Greffe Criminel
du Châtelet , enregistré toutes les Procedures
qui seront faites ou apportées audit Greffe
et leur datte ; ensemble le nom et la qualité du
Juge et de la Partie de suite et sans aucun blanc ,
sur lequel le Substitut du Procureur General du
Roy et autres Officiers du Châtelet qui doivent
prendre communication desdites pieces , seront
tenus de se charger en marge de l'enregistrement
d'icelles , et lesquels seront déchargez sur ledit
Registre lors du rapport desdites Pieces ; donné
Acte au Procureur General du Roy , de la plainte
qu'il rend de la soustraction de la premiere expedition
de la plainte du 20. Juin dernier , lui permet
de faire informer dudit fait , circonstances et
dépendances pardevant Me Louis -François Symonet
, Conseiller en la Cour , pour l'information
faite , communiquée au Procureur General du
Roy , et vu par la Cour , être ordonné ce que de
raison , à l'effet de quoi ordonne que le Registre,
des dépôts du Châtelet , apporté par le Greffier
Criminel du Châtelet , et laissé sur le Bureau , sera
déposé au Greffe criminel de la Cour ; et faisant
droit sur les Conclusions du Procureur General
du Roy , ordonne
que le Procès
encommencé
au
Châtelet
sur les faits résultans
de la plainte
rendue
par Anne-Catherine
Miotte
, femme
René
Hatte
, Fermier
General
, et Marie
Viard
, femme
Boiron
, sa Domestique
, au Commissaire
Charles
, le 20. Juin dernier
, sera continué
, fait et
parfait
en la Cour , aux Auteurs
, Complices
et.
Adherans
, des faits mentionnez
en ladite
plainte
,
er à cet effet que ladite
plainte
et autres
procedu
res
JUILLET. 1733. 1685
res qui peuvent avoir été faites , seront apportées ›
au Greffe Criminel de la Cour : Et que le présent
Arrêt sera lû et publié , l'Audiance du Parc Civil
du Châtelet tenante , registré ès Registres dudit
Châtelet , imprimé , publié et affiché par tout où
besoin sera. Fait en Parlement le 2. Juillet 1733- >
Collationné , DRQUET. Signé , PINTEREL.
ARREST du Conseil , du 26. Juillet 1733-
dont voici la teneur.
Le Roy s'étant fait représnter une feülle imprimée
sans nom d'Auteur ou d'Imprimeur , sans
Privilege ni Permission , sous le titre de Formulaire
proposé par M. l'Archevêque de Tours , au
Chapitre general des Benedictins de la Congrégation
de S. Maur , le 3. Juillet 1733. au bas de laquelle
est un autre Ecrit intitulé , Déclaration
proposée pour être mise au bas des signatures du
Formulaire précedent : Sa Majesté auroit été en
même temps , informée , que des esprits inquiets
et mal intentionnez font tous leurs efforts pour
obtenir ou surprendre des signatures de plusieurs
Religioux de la Congregation de Saint Maur , et
former entre eux une espece d'associacion , dant
la vûë de s'opposer à ce qui s'est fait auditChapitre
general ; à quoy étant necessaire de pourvoir , non
seulement pour empécher tout ce qui pourroit
troubler la paix dans l'interieur de cette Congregation
, mais pour affermir de plus en plus la tran
quillité publique , Sa Majesté étant en son Conseil
, a ordonné et ordonne que ladite feuille im→
primée sous le titre de Formulaire proposé par M.
l'Archevêque de Tours , au Chapitre general des
Benedictins de la Congregation de Saint Maur , le
3. Juillet 1733. au bas de laquelle est un autre
écrit intitulé , Declaration propofée pour être miſe au
bas des fignatures du Formulaire precedent , sera et
demeurera supprimée : Enjoint Sa Majesté à tous
ceux
166 MERCURE DE FRANCE
ceux qui en ont des exemplaires , de les remettret
incessamment au Greffe du Sieur Herault,Conseillier
d'Estat , Lieutenant general de Police de la
Ville de Paris , pour y être supprimez : Fait def
fenses à tous Imprimeurs , Libraires , Colporteurs.
et autres , de quelque état et condition qu'ils
soient , den vendre , débiter , ou autrement dis
tribuer , à peine de punition exemplaire. Ordonne
en outre Sa Majesté, que par le Sieur de Lesseville
Interdans et Commissaire départi dans la Genera
Fré de Tours , il sera informé contre ceux qui sollicitent
des signatures , ou associations , pour s'opposer
aux decrets dudit Chapitre general de la
Congregation de Saint Maur ; lui permettant de
subdeleguer tel Officier , ou Gradué , avec tel
Greffer qu'il jugera à propos , pour proceder à
ladite information, à la requête de celui qu'il comfaire
la fonction de Procureur du Roy.
Veut et ordonne Sa Majesté , qu'il soit pareillement
informé des faits cy-dessus marquez , par Iddit
Sieur Herault, Conseiller d'Etat , Lieutenant general
de Poice , à la requête du Sieur Moreau Procureur
du Roy au Châtelet , à l'égard de ce qui
peut s'être passé dans l'étendue de la Ville ,Prevôté
et Vicomté de Paris , pour les informations faites
et rapportées , y être pourvû ainsi qu'il appar-.
tiendra par Sa Majesté ; laquelle se reserve la connoissance
de toutes les difficultez ou contestations
qui pourroit avoir été formées , ou l'être dans la
suite , au sujet dudit Chapitre , et de ce qui s'y
seroit passé , Sa Majesté interdisant ladite Con
noissance à toutes ses Cours et autres Juges &c.
RDONNANCE DE POLICE , du
5. Juin , portant défenses aux Proptietaires
et Locataires des Maisons voisines de la Foire
S. Laurent , d'en louer aucunes parties pendant
ladite Foire , sans la participation de Maître Aubert
, Commissaire préposé à cet effet.
ORDONNANCE DE de
AUTRE du 19. Juin , portant Reglement
de ce qui doit être observé pendant la tenue de
de la Foite S. Laurent , par les Marchands de Paris
et Forains , qui y sont établis pour la vente de
leurs Marchandises , Denrées , & c.
›
ARREST du Parlement, du 2 . Juillet 1733
sur les Procedures criminelles du Châtelet de Paris
, &c.
Ce jour , le Procureur General du Roy entre
en la Chambre de la Tournelle , à l'occasion de
la plainte rendue au Commissaire Charles , le 20 .
Juin dernier par Anne-Catherine Miotte , femme
de René Hatte , Fermier General , et Marie Viart,
femme Boiron , sa Domestique ; le Substitut du
Procureur General du Roy au Châtelet , le Gref,
fiet dépositaire des Registres ctiminels dudit Châ.
telet , et Charles Charles , Commissaire audit Châ.
relet , mandez rendre
pour
de leur conduite
, ouis en présence du Procureur General du
Roy. Eux retirez , et oùy le Procureur General
du Roy :
compte
La matiere mise en déliberation.
La Cour a ordonné et ordonne que l'Art . 18.
du Tit. VI. de POrdonnance de 1670. Arrêts et
Reglemens de la Cour seront executez selon leur
Kij for1684
MERCURE DE FRANCE
forme et teneur , et en conséquence , qu'à comp
ter de ce jour , il sera fait au Châtelet un nouveau
Registre relié et chiffré , lequel contiendra au premier
feuillet le nombre de ceux dont il sera composé
, cotté et pataphé en tous ses feuillets par
le Lieutenant Criminel , pour être au Greffe Criminel
du Châtelet , enregistré toutes les Procedures
qui seront faites ou apportées audit Greffe
et leur datte ; ensemble le nom et la qualité du
Juge et de la Partie de suite et sans aucun blanc ,
sur lequel le Substitut du Procureur General du
Roy et autres Officiers du Châtelet qui doivent
prendre communication desdites pieces , seront
tenus de se charger en marge de l'enregistrement
d'icelles , et lesquels seront déchargez sur ledit
Registre lors du rapport desdites Pieces ; donné
Acte au Procureur General du Roy , de la plainte
qu'il rend de la soustraction de la premiere expedition
de la plainte du 20. Juin dernier , lui permet
de faire informer dudit fait , circonstances et
dépendances pardevant Me Louis -François Symonet
, Conseiller en la Cour , pour l'information
faite , communiquée au Procureur General du
Roy , et vu par la Cour , être ordonné ce que de
raison , à l'effet de quoi ordonne que le Registre,
des dépôts du Châtelet , apporté par le Greffier
Criminel du Châtelet , et laissé sur le Bureau , sera
déposé au Greffe criminel de la Cour ; et faisant
droit sur les Conclusions du Procureur General
du Roy , ordonne
que le Procès
encommencé
au
Châtelet
sur les faits résultans
de la plainte
rendue
par Anne-Catherine
Miotte
, femme
René
Hatte
, Fermier
General
, et Marie
Viard
, femme
Boiron
, sa Domestique
, au Commissaire
Charles
, le 20. Juin dernier
, sera continué
, fait et
parfait
en la Cour , aux Auteurs
, Complices
et.
Adherans
, des faits mentionnez
en ladite
plainte
,
er à cet effet que ladite
plainte
et autres
procedu
res
JUILLET. 1733. 1685
res qui peuvent avoir été faites , seront apportées ›
au Greffe Criminel de la Cour : Et que le présent
Arrêt sera lû et publié , l'Audiance du Parc Civil
du Châtelet tenante , registré ès Registres dudit
Châtelet , imprimé , publié et affiché par tout où
besoin sera. Fait en Parlement le 2. Juillet 1733- >
Collationné , DRQUET. Signé , PINTEREL.
ARREST du Conseil , du 26. Juillet 1733-
dont voici la teneur.
Le Roy s'étant fait représnter une feülle imprimée
sans nom d'Auteur ou d'Imprimeur , sans
Privilege ni Permission , sous le titre de Formulaire
proposé par M. l'Archevêque de Tours , au
Chapitre general des Benedictins de la Congrégation
de S. Maur , le 3. Juillet 1733. au bas de laquelle
est un autre Ecrit intitulé , Déclaration
proposée pour être mise au bas des signatures du
Formulaire précedent : Sa Majesté auroit été en
même temps , informée , que des esprits inquiets
et mal intentionnez font tous leurs efforts pour
obtenir ou surprendre des signatures de plusieurs
Religioux de la Congregation de Saint Maur , et
former entre eux une espece d'associacion , dant
la vûë de s'opposer à ce qui s'est fait auditChapitre
general ; à quoy étant necessaire de pourvoir , non
seulement pour empécher tout ce qui pourroit
troubler la paix dans l'interieur de cette Congregation
, mais pour affermir de plus en plus la tran
quillité publique , Sa Majesté étant en son Conseil
, a ordonné et ordonne que ladite feuille im→
primée sous le titre de Formulaire proposé par M.
l'Archevêque de Tours , au Chapitre general des
Benedictins de la Congregation de Saint Maur , le
3. Juillet 1733. au bas de laquelle est un autre
écrit intitulé , Declaration propofée pour être miſe au
bas des fignatures du Formulaire precedent , sera et
demeurera supprimée : Enjoint Sa Majesté à tous
ceux
166 MERCURE DE FRANCE
ceux qui en ont des exemplaires , de les remettret
incessamment au Greffe du Sieur Herault,Conseillier
d'Estat , Lieutenant general de Police de la
Ville de Paris , pour y être supprimez : Fait def
fenses à tous Imprimeurs , Libraires , Colporteurs.
et autres , de quelque état et condition qu'ils
soient , den vendre , débiter , ou autrement dis
tribuer , à peine de punition exemplaire. Ordonne
en outre Sa Majesté, que par le Sieur de Lesseville
Interdans et Commissaire départi dans la Genera
Fré de Tours , il sera informé contre ceux qui sollicitent
des signatures , ou associations , pour s'opposer
aux decrets dudit Chapitre general de la
Congregation de Saint Maur ; lui permettant de
subdeleguer tel Officier , ou Gradué , avec tel
Greffer qu'il jugera à propos , pour proceder à
ladite information, à la requête de celui qu'il comfaire
la fonction de Procureur du Roy.
Veut et ordonne Sa Majesté , qu'il soit pareillement
informé des faits cy-dessus marquez , par Iddit
Sieur Herault, Conseiller d'Etat , Lieutenant general
de Poice , à la requête du Sieur Moreau Procureur
du Roy au Châtelet , à l'égard de ce qui
peut s'être passé dans l'étendue de la Ville ,Prevôté
et Vicomté de Paris , pour les informations faites
et rapportées , y être pourvû ainsi qu'il appar-.
tiendra par Sa Majesté ; laquelle se reserve la connoissance
de toutes les difficultez ou contestations
qui pourroit avoir été formées , ou l'être dans la
suite , au sujet dudit Chapitre , et de ce qui s'y
seroit passé , Sa Majesté interdisant ladite Con
noissance à toutes ses Cours et autres Juges &c.
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Résumé : ARRESTS NOTABLES.
Le document expose diverses ordonnances et arrêts relatifs à des affaires administratives et judiciaires en France au XVIIIe siècle. Le 5 juin, une ordonnance de police interdit aux propriétaires et locataires des maisons voisines de la Foire Saint-Laurent de louer des parties de leurs biens sans la participation de Maître Aubert, commissaire désigné. Une autre ordonnance, datée du 19 juin, régule les activités des marchands et forains pendant la foire. Le 2 juillet 1733, un arrêt du Parlement traite des procédures criminelles du Châtelet de Paris. Cet arrêt fait suite à une plainte déposée par Anne-Catherine Miotte, femme de René Hatte, Fermier Général, et Marie Viart, sa domestique, le 20 juin. La Cour ordonne la création d'un nouveau registre pour les procédures criminelles et décide que le procès en cours au Châtelet sera poursuivi en Parlement. Le 26 juillet 1733, un arrêt du Conseil supprime une feuille imprimée sans autorisation, intitulée 'Formulaire proposé par M. l'Archevêque de Tours', et interdit toute distribution ou vente de cette feuille. Le Conseil ordonne également des enquêtes sur les personnes sollicitant des signatures pour s'opposer aux décisions du Chapitre général des Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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