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1
p. 120-123
Le Roy choisit M. l'Evesque de Tules pour prescher au Louvre. [titre d'après la table]
Début :
Je croy, puis que nous sommes sur le Chapitre des [...]
Mots clefs :
Père Mascaron, Prédicateur, Abbé Fléchier, Sermons
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texteReconnaissance textuelle : Le Roy choisit M. l'Evesque de Tules pour prescher au Louvre. [titre d'après la table]
Je croy, puis que nous
fommes furie Chapitre des
Evefques, pouvoir parler
icy de Monheur de Tulles,
G A L A N T , n i
ce fameux Prédicateur, fi
connu fous le nom duPere
Mafcaron, a efté obligé de
venir à la Cour, &dequiter
fon Diocefe, où il a mis
un ordre fi grand , que
Leurs Majeftez ont crû
qu'ils l’en pouvoient faire
revenir pour prefcher l’Evangile devant Elles pendant ce Carefme. La délicatefle des Courtifans, &
le gouft qu’ils ont pour les
bonnes chofes, oblige le
Roy à choifir pour ces Emplois des Hommes tous
extraordinaires, comme il
L
I
iiz LE MERCURE
aveut fait pour l’A vent dernier Moniteur l’Abbé Flechicr, qui confirma par fes
Sermons à la Cour la grande opinion que fes Ouvra- i
ges & les Oraifons Funèbres qu’il a faites pour les
premières Perfonnes de
1 Etat, avoient données de
luy, & l’idée qu’on en devoir avoir dés que Moniteur
le Duc de MontauficrGou- i
verneur de Moniteur le I
,1 ' I
Dauphin, ayant connu le
mérite de cet excellent
Homme, le retira auprès
de luy pour eftre de la Cour
G A L A N T , il;
Je ce jeune Prince, dont
l’éducation luy a efté confiée par un Roy qui comme il eft le premier Prince
delà terre, eft audi l’Homme du monde qui a le plus
de difcernement, & fçait
mieux connoiftre les Gens.
fommes furie Chapitre des
Evefques, pouvoir parler
icy de Monheur de Tulles,
G A L A N T , n i
ce fameux Prédicateur, fi
connu fous le nom duPere
Mafcaron, a efté obligé de
venir à la Cour, &dequiter
fon Diocefe, où il a mis
un ordre fi grand , que
Leurs Majeftez ont crû
qu'ils l’en pouvoient faire
revenir pour prefcher l’Evangile devant Elles pendant ce Carefme. La délicatefle des Courtifans, &
le gouft qu’ils ont pour les
bonnes chofes, oblige le
Roy à choifir pour ces Emplois des Hommes tous
extraordinaires, comme il
L
I
iiz LE MERCURE
aveut fait pour l’A vent dernier Moniteur l’Abbé Flechicr, qui confirma par fes
Sermons à la Cour la grande opinion que fes Ouvra- i
ges & les Oraifons Funèbres qu’il a faites pour les
premières Perfonnes de
1 Etat, avoient données de
luy, & l’idée qu’on en devoir avoir dés que Moniteur
le Duc de MontauficrGou- i
verneur de Moniteur le I
,1 ' I
Dauphin, ayant connu le
mérite de cet excellent
Homme, le retira auprès
de luy pour eftre de la Cour
G A L A N T , il;
Je ce jeune Prince, dont
l’éducation luy a efté confiée par un Roy qui comme il eft le premier Prince
delà terre, eft audi l’Homme du monde qui a le plus
de difcernement, & fçait
mieux connoiftre les Gens.
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Résumé : Le Roy choisit M. l'Evesque de Tules pour prescher au Louvre. [titre d'après la table]
Le texte décrit la nomination de prédicateurs distingués à la cour. Le Père Mascaron, surnommé le Galant, a été convoqué pour prêcher pendant le Carême après avoir réformé son diocèse. Le roi, influencé par les goûts raffinés des courtisans, choisit des individus exceptionnels pour ces missions. Par exemple, l'abbé Flechier a été sélectionné pour ses sermons et ses oraisons funèbres, ce qui a consolidé sa réputation. Le Duc de Montausier, gouverneur du Dauphin, a également reconnu les mérites de Flechier et l'a pris sous sa protection. Le texte met en avant la sagesse du roi, qui, en tant que premier prince de la terre, possède un grand discernement et sait bien juger les personnes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 33-49
OENOPHILE CONTE.
Début :
Je vous envoye un Conte nouveau de Mr de la / Toutes les Grandeurs de la Terre [...]
Mots clefs :
Terre, Histoire, Rêve, Morale, Fortune, Gueux, Prédicateur, Conteur, Courtisans, Bonté, Duc, Enchantements, Galanterie, Catastrophe, Orgueil, Vainqueur, Opéra, Trône, Valets
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texteReconnaissance textuelle : OENOPHILE CONTE.
Je vous envoye un Conte
nouveau de M' de la Barre de
Tours. Ses Galans Ouvrages
ont tant d'agrément , & vous
avez toûjours pris tant de
plaifir à les lire , que je croy
vous en procurer un fort
grand , en vous faiſant part
de celuy- cy.
34 MERCURE
$25552555-2552 555
CNOPHILE
T
CONTE.
Outes les Grandeurs dé la
Terre
Sont auffifragiles que verre,
( De tel propos je n'auray pas les
Gants)
Etl'Hiftoirefournit mainte& mainte
Avanture
Parmy les Petits & les Grands,
Qui montre ce propos n'eftre pas imposture..
Suivons donc. Les grandeurs de l'Hu
maine Nature
N'ont rien que de prest àfinir;
Un mefme inftant les voit naiftre
& mourir;
GALANT. 35
C'est un refve qui plaist dans le moment
qu'il dure,
Etqui laiffe àfafuite un fâcheuxfou
venir;
C'est un abus, une peinture,
Une idée, unfantôme, une ombre,;
enfin un rien..
Quelque Cenfeur me defavoie,.
Et traite ma Morale en Morale de
Chien.
Quoy, ce gros Financier, dira- t- il,
&fon Bien
•
Sont des Chanfons ? Hé- oy. C'eft à
tort qu'on le loüc;
Je vais le montrer aujourd'huy;
Et le gueux Oenophile au milieu de fa
boue,
Quandil a bûdix coups , eftplus heureux
queluy.
Pafchal, un Autheur d'importance,
Dansfes Ecrits met peu de diférence
36 MERCURE
Entre le Gueux refvant la nuit
Poffederfous fon Toit tous les tréfors
de France,
Et le Riche avesfa Finance
Enpauvretéqui refve eftre réduit.
De Fortune en effet n'est - ce pas une
niche,
Que le dormir, & du Pauvre , & du
Riche?
Pourquoy ne pas dans lefommeil
Laiffer le Gueux , dont le réveil
Renouvelle les maux ? ou bien tout aw
contraire,
Pourquoy faire dormir qui doit veiller
toûjours?
Maisfans m'embarraffer àfaire .
De longs, & par ainfi defort mauvais
difcours;
Longs & mauvais , c'est affezpour
déplaire,
Quand onfait le Prédicateur.
GALANT.
37
e
Ne prefchons plus ; parlons d'une
autre Affaire,
Erplûtost devenons Conteur;
Car un Conte, fuft- il un Conte à la
Cigogne,
Vaut
toûjoursmieux qu'un
ennuyeux
Sermon.
Se
Difons done, que du temps de Philippe
le
Bon,
( Ce Philippe le Bon eftoit Duc de
Bourgogne )
Avint un certain Fait
Affez plaisant, & digne de mémoire,
Etpour moralifer un affezjoly trait,
Au
demeurant tres- vray, je l'ay lu
dans l'
Hiftoires
Quiconque ne me voudra croire,
La peut lire àfon tour. Philippé par
hazard
Dans letemps qu'on boit àla neige,
38 MERCURE
C'est à dire l'Eré) fuivy d'ungros
Cortége,
S'enrevenoitfert tard,
Apres avoirfait un tour du Rampart
DeBezançon, promenade ordinaire
Qu'avec fes Courtisans le bon Duc
fouloitfaire.
En traverfant la Rüe, il aperceut un
Gueux,
Faifant vilaine može,
Déchiré , plein defang, hideux,
Renverfe fur un tas de boue.
Cet objet émutle bon Duc,
Qui penfa que le Gueux tomboit du
malcaduci
Et comme il eftoit charitable,
Etpourtousfes Sujetsplein d'extréme
bonté,
Il voulut que ce Miſérable
Defon bourbier dés l'inſtantfuſt ôté,
Et bienplus, il voulut, pour eftre décroté
GALANT. 39
Qu'au Palais ilfust emporté.
Au premierappareil on connut Oenophile,
Fameux Beuveur, qui n'avoitpour
métier
Que defefferdu Vinde Quartieren
Quartier,
Etque de promener une foif inutile
Dans les Tavernes de la ville,
D'oùfortantfans avoir le moyen de
payer,
N'ayant pas vaillant une obole,
Tvremortildormoit dans le premier
bourbier.
Quand le Ducfceur qu'eftoit le
Drôle,
Car le nom d'Oenophile en tous lieux
faifoit bruit,
Et defes Faits en Vin chacun eftoit
inftruit )
Il luy fit préparer un aſſez plaisant
rôle,
40 MERCURE
Ilordonna qu'ilfustfrifé,
Mufqué, frotté, lavé, poudré, peigné,
razé,
Proprement
aromatizé
.
( Précaution
fort néceſſaire
Pour ce qu'on vouloitfaire )
Ilfut couchédans unfuperbe Lit,
Avecles Ornemens de nuit
Qu'on donne àGensde confequence,
Dontje tais la magnificence.
Pour la marquer en un mot, ilsuffit
Que le Duc de Bourgogne.
Ordonna qu'on traitast comme luy cet
Yvrogne.
Chacunfe retira pour predrefon repos ,
Laiffant au lendemain le refte.
La nuitfur le Palaisjetta d'heureux
Pavots ,
Tout dormit à merveille ; aucun refve
funefte,
ExcitéparBacchus &fa douce vapeur,
GALANT. 41
N'embarraffale cerveau du Beaveur.
Le Phabetor des Gens quife plaisent à
boire,
Luyparut mille fois verfant à pleines
mains
Parfa Corne d'yvoire
Tous les refves plaifans qu'il prodigue
aux Humains.
L'Aurore dont l'éclat embellit toutes
chofes,
Avoit, pourmarquer le retour
Du Dieu qui tous les jours du Monde
fait le tour,
Parfumé tous les airs de Fafmins &
de Rofes,
Cela veut dire en Profe, il eftoitjour-
Vous Seaurez que qui verfifie,
Je veux dire les Gens qu'Apollon
deifie,
Peuvent impunément s'exprimerpas
rébus,
Mars
1685,
42. MERCURE
Ouparmots qu'en François nous appellons
Phébus.
Dans mes Contes parfois je mele ce
langage,
Qui paroist tant.foit peu guindés :
Mais quoy ?jervais comejefurs guidé,
Sire Apollon pour moy n'en fait pas
davantage.
Nous avons defon Litfaitfortir le
Soleil,
Allons en Courtifan habile
Nous trouver au Levé du Seigneur
acnophile,
Et nousfaurons quelferafon réveil.
Imaginez vous lafurpriſe
D'un Gueux qui n'avoit pas vaillant
une Chemife,
Et qui (fouvent couchédehors)
Se trouve en Draps de lin bordez de
Point d'Espagne
,
Et comme un Prince de Cocagne,
GALANT. 43
Se voit environné des plus riches tréfors.
En croira- t - ilfes yeux ? Il n'oſe.
Est- ce un enchantement ? Est- ce métemplycofe,
Illufion, metamorphofe?
Par quei heureux deftin eft - il Grand
devenu;
Luy qui naguere eftoit tout nud?
Pendant qu'à débrouiller tel Cabos ili
s'applique,
Une douce Mufique.
Acheva de troubler fa petite raison;
Il ne pût s'empefcher de dire une
Oraifon
Qu'ilfçavoit contre l'Art Ma--
gigner
S'il eust crû goufter dans ces lieux
Des douceurs à la finfemblables aux
premieres,
Ilnefe pouvoit rien de mieux;
Dij
44 MERCURE
Mais il craignoit les Etrivieres,
Catastrophe où fouvent aboutit le
plaifir
De pareille galanterie.
De malle-peur ilfe fentitfaifir, ve
Eftimant, pis encor, que cefust Diablerie.
En Bourgogne en ce temps.couroient
des Farfadets,
Autrement dits Efprits Follets ,
Qui n'entendoient point raillerie,
Fougueux comme les Gens qui battent
leurs Valets.
Achevons. Ilentra quatre Pages bien
faits,
Maistre d' Hoftel, une autre Troupes
De Valets de pied , de Laquais,
Dont l'un tenoit une Soucouppe,
L'autre une Ecuelle- oreille avec un
Confommé.
Voicy, luy dit un Gentilhomme,
GALANT.
45
Voftre Bouillon accoûtumé,
Monfeigneur. Il leprit tout come
Si veritablement il eut tous les matins
Fait telmétier. Aifément l'habitude
Se feroit à tels Mets ; & quand d'heu
reux deftins
Succédent au mal le plus rude,
On s'accoutume avec facilité
Au bien que l'on n'a pointgoufté.
Bien plus , à noftre compte
Lebien qui nous vient nous eft dû;
Etfi quelque chagrin nous vient, tout
estperdu.
Mais heureux mille fois l'Homme qui
fefurmonte,
Et quifagementfe contient,
Quandle bien ou le mal luy vient!
Par tropje moralife ;
Wenons au Fait. Le Duc Philippefe
déguife ,
Et. vient accompagné de trente Cour
tifans
46 MERCURE
1
Sous autant de déguiſemens.
Chacun luy fait la révérence,
Luy vientfouhaiter le bonjour,
Et tout de mefme quà la Cour,
Luy dit autrement qu'il ne penfe ..
On l'habillefuperbement;
Tous les Bijoux du Ducfirent l'ajuste--
ment.
C'étoient Canons de Point de Géne.
( Génes lors s'amuſoit à fabriquer du
Point,
Etfon orgueil n'attiroitpoint
De Bombe à feu Grégeoisfurfafuperbe
arénej
Enfin pourtrancher court, l'Yvrogne
eftoitbrillant .
Autant
que
le Soleil levant;
Et Bacchus revenant des Climats dee
l'Aurore,
ParoiffoitmoinsVainqueur que luya.
Maispourrendre parfait ce Spectacles
inouy,
GALANT. 47
Ilmanquoit quelque chofe encores ›
C'ist que les Dames du Palais
Vinffent avec tous leurs attraits;
Ce quije fit.Ce dernier trait l'acable,.
Mais il revint dans un moment
Defon étonnement,
Quand on le fit paffer dans un Apar
tement,
Qui luy parut d'autant plus agreable:
Qu'ily vit uneTable
Qu'onfervoit magnifiquement.
Il nefoupçonna plus que cefust Dia
blerie,
Quand ilfe vitplacé dans l'endroit
leplus haut,
Oùfans fe déferrer il mangea comme
il faut,
Commençant à trouver l'invention.
jolie.
Dans cette Cour
Adiférensplaifirs onpaffa tout le jour
48 MERCURE
Comme au Bal, comme au feu, comme
à la Comédie,
On comme à l'Opéra. Mais non ; dans
ce temps - là
On ne connoifoit point ce que c'est
qu'Opera.
Bref, onfe divertit à ce qu'on eut
envie,
Fufqu'à ce que le Soleilſe coucha.
Onfervit le Souper, Oenophile foupas
Ily beut trop, ils'yfoula,
Sibien qu'il s'y couvritla vie,
Et fa Principautépar ce tropfut per
düe ;
Ce qui fit qu'à l'instant on le desha
billa,
De fes Haillons on lepouilla;
Quatre Valets de pied le portent dans
la Rüe,
Au mefme endroit d'où le Duc le
tira.
Voila
GALANT. 49
Voila comment la Fortune fe jouë,
Aujourd hayfur le Trône, & demain
dans la bouë.
Que nefçay je comment Oenophile
20 parla E
Dansle moment qu'il s'éveilla!
nouveau de M' de la Barre de
Tours. Ses Galans Ouvrages
ont tant d'agrément , & vous
avez toûjours pris tant de
plaifir à les lire , que je croy
vous en procurer un fort
grand , en vous faiſant part
de celuy- cy.
34 MERCURE
$25552555-2552 555
CNOPHILE
T
CONTE.
Outes les Grandeurs dé la
Terre
Sont auffifragiles que verre,
( De tel propos je n'auray pas les
Gants)
Etl'Hiftoirefournit mainte& mainte
Avanture
Parmy les Petits & les Grands,
Qui montre ce propos n'eftre pas imposture..
Suivons donc. Les grandeurs de l'Hu
maine Nature
N'ont rien que de prest àfinir;
Un mefme inftant les voit naiftre
& mourir;
GALANT. 35
C'est un refve qui plaist dans le moment
qu'il dure,
Etqui laiffe àfafuite un fâcheuxfou
venir;
C'est un abus, une peinture,
Une idée, unfantôme, une ombre,;
enfin un rien..
Quelque Cenfeur me defavoie,.
Et traite ma Morale en Morale de
Chien.
Quoy, ce gros Financier, dira- t- il,
&fon Bien
•
Sont des Chanfons ? Hé- oy. C'eft à
tort qu'on le loüc;
Je vais le montrer aujourd'huy;
Et le gueux Oenophile au milieu de fa
boue,
Quandil a bûdix coups , eftplus heureux
queluy.
Pafchal, un Autheur d'importance,
Dansfes Ecrits met peu de diférence
36 MERCURE
Entre le Gueux refvant la nuit
Poffederfous fon Toit tous les tréfors
de France,
Et le Riche avesfa Finance
Enpauvretéqui refve eftre réduit.
De Fortune en effet n'est - ce pas une
niche,
Que le dormir, & du Pauvre , & du
Riche?
Pourquoy ne pas dans lefommeil
Laiffer le Gueux , dont le réveil
Renouvelle les maux ? ou bien tout aw
contraire,
Pourquoy faire dormir qui doit veiller
toûjours?
Maisfans m'embarraffer àfaire .
De longs, & par ainfi defort mauvais
difcours;
Longs & mauvais , c'est affezpour
déplaire,
Quand onfait le Prédicateur.
GALANT.
37
e
Ne prefchons plus ; parlons d'une
autre Affaire,
Erplûtost devenons Conteur;
Car un Conte, fuft- il un Conte à la
Cigogne,
Vaut
toûjoursmieux qu'un
ennuyeux
Sermon.
Se
Difons done, que du temps de Philippe
le
Bon,
( Ce Philippe le Bon eftoit Duc de
Bourgogne )
Avint un certain Fait
Affez plaisant, & digne de mémoire,
Etpour moralifer un affezjoly trait,
Au
demeurant tres- vray, je l'ay lu
dans l'
Hiftoires
Quiconque ne me voudra croire,
La peut lire àfon tour. Philippé par
hazard
Dans letemps qu'on boit àla neige,
38 MERCURE
C'est à dire l'Eré) fuivy d'ungros
Cortége,
S'enrevenoitfert tard,
Apres avoirfait un tour du Rampart
DeBezançon, promenade ordinaire
Qu'avec fes Courtisans le bon Duc
fouloitfaire.
En traverfant la Rüe, il aperceut un
Gueux,
Faifant vilaine može,
Déchiré , plein defang, hideux,
Renverfe fur un tas de boue.
Cet objet émutle bon Duc,
Qui penfa que le Gueux tomboit du
malcaduci
Et comme il eftoit charitable,
Etpourtousfes Sujetsplein d'extréme
bonté,
Il voulut que ce Miſérable
Defon bourbier dés l'inſtantfuſt ôté,
Et bienplus, il voulut, pour eftre décroté
GALANT. 39
Qu'au Palais ilfust emporté.
Au premierappareil on connut Oenophile,
Fameux Beuveur, qui n'avoitpour
métier
Que defefferdu Vinde Quartieren
Quartier,
Etque de promener une foif inutile
Dans les Tavernes de la ville,
D'oùfortantfans avoir le moyen de
payer,
N'ayant pas vaillant une obole,
Tvremortildormoit dans le premier
bourbier.
Quand le Ducfceur qu'eftoit le
Drôle,
Car le nom d'Oenophile en tous lieux
faifoit bruit,
Et defes Faits en Vin chacun eftoit
inftruit )
Il luy fit préparer un aſſez plaisant
rôle,
40 MERCURE
Ilordonna qu'ilfustfrifé,
Mufqué, frotté, lavé, poudré, peigné,
razé,
Proprement
aromatizé
.
( Précaution
fort néceſſaire
Pour ce qu'on vouloitfaire )
Ilfut couchédans unfuperbe Lit,
Avecles Ornemens de nuit
Qu'on donne àGensde confequence,
Dontje tais la magnificence.
Pour la marquer en un mot, ilsuffit
Que le Duc de Bourgogne.
Ordonna qu'on traitast comme luy cet
Yvrogne.
Chacunfe retira pour predrefon repos ,
Laiffant au lendemain le refte.
La nuitfur le Palaisjetta d'heureux
Pavots ,
Tout dormit à merveille ; aucun refve
funefte,
ExcitéparBacchus &fa douce vapeur,
GALANT. 41
N'embarraffale cerveau du Beaveur.
Le Phabetor des Gens quife plaisent à
boire,
Luyparut mille fois verfant à pleines
mains
Parfa Corne d'yvoire
Tous les refves plaifans qu'il prodigue
aux Humains.
L'Aurore dont l'éclat embellit toutes
chofes,
Avoit, pourmarquer le retour
Du Dieu qui tous les jours du Monde
fait le tour,
Parfumé tous les airs de Fafmins &
de Rofes,
Cela veut dire en Profe, il eftoitjour-
Vous Seaurez que qui verfifie,
Je veux dire les Gens qu'Apollon
deifie,
Peuvent impunément s'exprimerpas
rébus,
Mars
1685,
42. MERCURE
Ouparmots qu'en François nous appellons
Phébus.
Dans mes Contes parfois je mele ce
langage,
Qui paroist tant.foit peu guindés :
Mais quoy ?jervais comejefurs guidé,
Sire Apollon pour moy n'en fait pas
davantage.
Nous avons defon Litfaitfortir le
Soleil,
Allons en Courtifan habile
Nous trouver au Levé du Seigneur
acnophile,
Et nousfaurons quelferafon réveil.
Imaginez vous lafurpriſe
D'un Gueux qui n'avoit pas vaillant
une Chemife,
Et qui (fouvent couchédehors)
Se trouve en Draps de lin bordez de
Point d'Espagne
,
Et comme un Prince de Cocagne,
GALANT. 43
Se voit environné des plus riches tréfors.
En croira- t - ilfes yeux ? Il n'oſe.
Est- ce un enchantement ? Est- ce métemplycofe,
Illufion, metamorphofe?
Par quei heureux deftin eft - il Grand
devenu;
Luy qui naguere eftoit tout nud?
Pendant qu'à débrouiller tel Cabos ili
s'applique,
Une douce Mufique.
Acheva de troubler fa petite raison;
Il ne pût s'empefcher de dire une
Oraifon
Qu'ilfçavoit contre l'Art Ma--
gigner
S'il eust crû goufter dans ces lieux
Des douceurs à la finfemblables aux
premieres,
Ilnefe pouvoit rien de mieux;
Dij
44 MERCURE
Mais il craignoit les Etrivieres,
Catastrophe où fouvent aboutit le
plaifir
De pareille galanterie.
De malle-peur ilfe fentitfaifir, ve
Eftimant, pis encor, que cefust Diablerie.
En Bourgogne en ce temps.couroient
des Farfadets,
Autrement dits Efprits Follets ,
Qui n'entendoient point raillerie,
Fougueux comme les Gens qui battent
leurs Valets.
Achevons. Ilentra quatre Pages bien
faits,
Maistre d' Hoftel, une autre Troupes
De Valets de pied , de Laquais,
Dont l'un tenoit une Soucouppe,
L'autre une Ecuelle- oreille avec un
Confommé.
Voicy, luy dit un Gentilhomme,
GALANT.
45
Voftre Bouillon accoûtumé,
Monfeigneur. Il leprit tout come
Si veritablement il eut tous les matins
Fait telmétier. Aifément l'habitude
Se feroit à tels Mets ; & quand d'heu
reux deftins
Succédent au mal le plus rude,
On s'accoutume avec facilité
Au bien que l'on n'a pointgoufté.
Bien plus , à noftre compte
Lebien qui nous vient nous eft dû;
Etfi quelque chagrin nous vient, tout
estperdu.
Mais heureux mille fois l'Homme qui
fefurmonte,
Et quifagementfe contient,
Quandle bien ou le mal luy vient!
Par tropje moralife ;
Wenons au Fait. Le Duc Philippefe
déguife ,
Et. vient accompagné de trente Cour
tifans
46 MERCURE
1
Sous autant de déguiſemens.
Chacun luy fait la révérence,
Luy vientfouhaiter le bonjour,
Et tout de mefme quà la Cour,
Luy dit autrement qu'il ne penfe ..
On l'habillefuperbement;
Tous les Bijoux du Ducfirent l'ajuste--
ment.
C'étoient Canons de Point de Géne.
( Génes lors s'amuſoit à fabriquer du
Point,
Etfon orgueil n'attiroitpoint
De Bombe à feu Grégeoisfurfafuperbe
arénej
Enfin pourtrancher court, l'Yvrogne
eftoitbrillant .
Autant
que
le Soleil levant;
Et Bacchus revenant des Climats dee
l'Aurore,
ParoiffoitmoinsVainqueur que luya.
Maispourrendre parfait ce Spectacles
inouy,
GALANT. 47
Ilmanquoit quelque chofe encores ›
C'ist que les Dames du Palais
Vinffent avec tous leurs attraits;
Ce quije fit.Ce dernier trait l'acable,.
Mais il revint dans un moment
Defon étonnement,
Quand on le fit paffer dans un Apar
tement,
Qui luy parut d'autant plus agreable:
Qu'ily vit uneTable
Qu'onfervoit magnifiquement.
Il nefoupçonna plus que cefust Dia
blerie,
Quand ilfe vitplacé dans l'endroit
leplus haut,
Oùfans fe déferrer il mangea comme
il faut,
Commençant à trouver l'invention.
jolie.
Dans cette Cour
Adiférensplaifirs onpaffa tout le jour
48 MERCURE
Comme au Bal, comme au feu, comme
à la Comédie,
On comme à l'Opéra. Mais non ; dans
ce temps - là
On ne connoifoit point ce que c'est
qu'Opera.
Bref, onfe divertit à ce qu'on eut
envie,
Fufqu'à ce que le Soleilſe coucha.
Onfervit le Souper, Oenophile foupas
Ily beut trop, ils'yfoula,
Sibien qu'il s'y couvritla vie,
Et fa Principautépar ce tropfut per
düe ;
Ce qui fit qu'à l'instant on le desha
billa,
De fes Haillons on lepouilla;
Quatre Valets de pied le portent dans
la Rüe,
Au mefme endroit d'où le Duc le
tira.
Voila
GALANT. 49
Voila comment la Fortune fe jouë,
Aujourd hayfur le Trône, & demain
dans la bouë.
Que nefçay je comment Oenophile
20 parla E
Dansle moment qu'il s'éveilla!
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Résumé : OENOPHILE CONTE.
Le texte est une lettre accompagnant un conte de M. de la Barre de Tours, connu pour ses œuvres agréables. Le conte commence par une réflexion sur la fragilité des grandeurs terrestres, illustrée par des exemples historiques. Il met en scène un dialogue entre un galant et un censeur, ce dernier critiquant la morale du conte. Le galant répond que les richesses sont éphémères et que le bonheur peut être trouvé même dans la pauvreté. L'histoire se déroule du temps de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Un soir, Philippe découvre un gueux nommé Oenophile, ivre et endormi dans la boue. Ému par sa condition, Philippe ordonne de l'amener au palais, où Oenophile est lavé, habillé et traité comme un prince. Le lendemain, Oenophile se réveille entouré de richesses et de luxe, croyant d'abord à un enchantement. Il est servi par des pages et des valets, et Philippe, déguisé, lui rend visite avec sa cour. Oenophile passe la journée à profiter des plaisirs de la cour, mais le soir, il est ramené à son état initial, habillé en haillons et déposé dans la rue. Ce conte illustre la volatilité de la fortune, qui peut élever ou abaisser les individus en un instant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 556-560
Sermons de l'Abbé Anselme, [titre d'après la table]
Début :
SERMONS DE L'AVENT, du Carême, et sur differens sujets, par [...]
Mots clefs :
Sermons de l'Avent, Religion, Prédicateur, Carême, Panégyriques , Éloquence, Édition
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texteReconnaissance textuelle : Sermons de l'Abbé Anselme, [titre d'après la table]
SERMONS DE L'AVENT , du Carême
, et sur differens sujets , par Messire
Antoine Anselme , Abbé de S. Sever , Cap
de Gascogne , Prédicateur Ordinaire du
Roi , de l'Académie Royale des Inscrip
tions et Belles- Lettres. Chez Julien Michel
Gandouin , Quai de Conti , aux trois
Vertus , et Pierre François Giffart , rue Saint
Facques , à l'Image Sainte Therefe 1731. 6.
Vol. in 12. ou 4. Vol. in 8.
L'Abbé Anselme a prêché avec tant de
succès et d'applaudissement à la Cour et
dans les principales Eglises de Paris , et
tant de personnes se souviennent de la
satisfaction qu'ils ont euë de l'entendre
qu'il est inutile de prévenir le Public en
faveur de l'Edition de ses Sermons ; on
dira seulement que ses Panegyriques et
ses Eloges funebres ayant été imprimés
dès l'année 1718. on a reconnu que l'éloquence
de ce pieux et sçavant Abbé n'avoit
pas besoin pour plaire , ni même pour
émouvoir
MARS. 1731 357
émouvoir puissamment , d'être soutenue
par les charmes de la Déclamation . C'est
qu'il joint par tout la solidité du raisonnement
à l'exposition nette des plus
grands principes de la Religion , et aux
mouvemens les plus capables de toucher
d'attendrir et de changer le coeur ; on réussira
toujours quand on réunira ces deux
choses. La beauté de l'impression répond
au mérite des Sermons.
+
LE THEATRE DES PASSIONS ET
DE LA FORTUNE , ou les Avantures
surprenantes de Rosamidor et de Theoglaphire.
Histoire Australe. Par M. de
Castera. A Paris , Quay des Augustins ,
au Palais, et ruë S. Jacques, chez Saugrain,
Brunet , et Henry 1731 .
MEMOIRES SUR LA GUERRE ,
où l'on a rassemblé les maximes les plus
necessaires dans les opérations de l'Art
Militaire. Par M. le Marquis de Fenquis
res , Lieutenant General des Armées du
Roi. Servant de Tome IV. au Code Mi
litaire de M. de Briquet. A Amsterdam ,
et se vend à Paris , Quay des Augustins
chez P. Gandoüin 1731 .
TRAITE DES PRESCRIPTIONS
de l'aliénation des Biens d'Eglise et des
G Dixmes ,
8 MERCURE DE FRANCE
Dixmes , suivant les Droits Civil et Canon
, la Jurisprudence du Royaume et
les Usages du Comté de Bourgogne . Par
M. F. J. Dunod , Ancien Avocat en Parlement
, et Professeur Royal en l'Université
de Besançon . A Dijon , chez Antoine
de Fay , 1730. in 4. pages 52. pour
la Prescription de l'aliénation des Biens
d'Eglise , pages 52. pour le Traité des
Dixmes et de la maniere dont elles se
prescrivent , pages 408. pour le Traité. -
NOUVELLES CONFERENCES ECCLESIASTIQUES
du Diocèse de Luçon
, redigées par M. d'Ortigues , Curé
de ce Diocèse. A Paris , Quai des Augustins
, chez Jacques Guerin 1731. in 12.
Tome premier.
و
DECISIONS Sur chaque Article de la
Coûtume de Normandie et Observations
sur les usages locaux de la même
Coûtume , et sur les Articles placités ou
arrêtés du Parlement de Rouen , avec une
explication des termes difficiles et inusités
qui se trouvent dans le Texte de cette
Coûtume , et aussi les anciens Reglemens
de l'Echiquier de Normandie. Par Me
Pierre de Merville Ancien Avocat au
Parlement. Chez Gabriel Valeyre , ruë de
La Vieille Bouclerie. 1731. in fol.
>
CouMARS.
1731. 559
COUTUMES du Comté et Bailliage
de Montfort-Lamaury , Gambais, Neau-
Hle -le -Chastel , Saint Liger en Yveline
Enclaves et anciens Ressorts d'iceux , avec
le
Commentaire de deffunt M. Claude
Thourette , Avocat au Parlement , et au
Bailliage et Siége Royal de Montfort ,
revû , corrigé et augmenté de nouveau
par M. Claude Thourette , Avocat du Roi
au même Siege &c. Chez Jacques Clousier,
ruë S. Jacques , 1731. in 8 .
DISCOURS à l'occasion d'un Discours
de M. D. L. M. sur les Parodies. A Paris
, rue S. Jacques , chez Briasson , 1731 .
brochure in 12. de 10. pages .
L'ELOGE de la méchante femme , dédié
à Mile Honesta. Au coin de la rue Gitle-
coeur , chez Antoine de Henqueville 1731 .
brochure de so. pages.
,
Bien loin de plaindre la destinée de ceux
qui ont de méchantes femmes , croyons-les
au contraire , trop heureux et demandons
sans cesse au Ciel qu'il nous associe à leur
bonheur. Voilà comment l'Auteur finit cet
Eloge , si on peut l'appeller de ce nom ,
en tout cas on ne l'accusera pas de flater
à l'excès , ni trop obligemment , et peu
de Lecteurs , sans doute , s'uniront avec
lui dans les voeux qu'il fait , non plus
G ij
que
60 MERCURE
DE FRANCE
-
que les femmes , sur tout quand il dit
qu'elles sont ce qu'il y a de plus aimable,
parmi les choses qui ne se sont pas bonnes.
Barthelmi Alix , Libraire , ruë S. Jaçques
, au Griffon , vend seul l'Ecole de
Mars , pour apprendre facilement la Fortification
, suivant le sistême de M. de
Vauban. Par le sieur de la Suze , Gendarme
de la Garde du Roi , gravée en deux
Planches , avec l'explication du jeu .
LES PARODIES DU NOUVEAU
THEATRE ITALIEN , Ou Recueil des
Parodies representées sur le Théatre de
l'Hôtel de Bourgogne , par les Comédiens
Italiens ordinaires du Roi , avec les Airs
gravés. A Paris , ruë S. Jacques , chez
Briasson , 1731 .
, et sur differens sujets , par Messire
Antoine Anselme , Abbé de S. Sever , Cap
de Gascogne , Prédicateur Ordinaire du
Roi , de l'Académie Royale des Inscrip
tions et Belles- Lettres. Chez Julien Michel
Gandouin , Quai de Conti , aux trois
Vertus , et Pierre François Giffart , rue Saint
Facques , à l'Image Sainte Therefe 1731. 6.
Vol. in 12. ou 4. Vol. in 8.
L'Abbé Anselme a prêché avec tant de
succès et d'applaudissement à la Cour et
dans les principales Eglises de Paris , et
tant de personnes se souviennent de la
satisfaction qu'ils ont euë de l'entendre
qu'il est inutile de prévenir le Public en
faveur de l'Edition de ses Sermons ; on
dira seulement que ses Panegyriques et
ses Eloges funebres ayant été imprimés
dès l'année 1718. on a reconnu que l'éloquence
de ce pieux et sçavant Abbé n'avoit
pas besoin pour plaire , ni même pour
émouvoir
MARS. 1731 357
émouvoir puissamment , d'être soutenue
par les charmes de la Déclamation . C'est
qu'il joint par tout la solidité du raisonnement
à l'exposition nette des plus
grands principes de la Religion , et aux
mouvemens les plus capables de toucher
d'attendrir et de changer le coeur ; on réussira
toujours quand on réunira ces deux
choses. La beauté de l'impression répond
au mérite des Sermons.
+
LE THEATRE DES PASSIONS ET
DE LA FORTUNE , ou les Avantures
surprenantes de Rosamidor et de Theoglaphire.
Histoire Australe. Par M. de
Castera. A Paris , Quay des Augustins ,
au Palais, et ruë S. Jacques, chez Saugrain,
Brunet , et Henry 1731 .
MEMOIRES SUR LA GUERRE ,
où l'on a rassemblé les maximes les plus
necessaires dans les opérations de l'Art
Militaire. Par M. le Marquis de Fenquis
res , Lieutenant General des Armées du
Roi. Servant de Tome IV. au Code Mi
litaire de M. de Briquet. A Amsterdam ,
et se vend à Paris , Quay des Augustins
chez P. Gandoüin 1731 .
TRAITE DES PRESCRIPTIONS
de l'aliénation des Biens d'Eglise et des
G Dixmes ,
8 MERCURE DE FRANCE
Dixmes , suivant les Droits Civil et Canon
, la Jurisprudence du Royaume et
les Usages du Comté de Bourgogne . Par
M. F. J. Dunod , Ancien Avocat en Parlement
, et Professeur Royal en l'Université
de Besançon . A Dijon , chez Antoine
de Fay , 1730. in 4. pages 52. pour
la Prescription de l'aliénation des Biens
d'Eglise , pages 52. pour le Traité des
Dixmes et de la maniere dont elles se
prescrivent , pages 408. pour le Traité. -
NOUVELLES CONFERENCES ECCLESIASTIQUES
du Diocèse de Luçon
, redigées par M. d'Ortigues , Curé
de ce Diocèse. A Paris , Quai des Augustins
, chez Jacques Guerin 1731. in 12.
Tome premier.
و
DECISIONS Sur chaque Article de la
Coûtume de Normandie et Observations
sur les usages locaux de la même
Coûtume , et sur les Articles placités ou
arrêtés du Parlement de Rouen , avec une
explication des termes difficiles et inusités
qui se trouvent dans le Texte de cette
Coûtume , et aussi les anciens Reglemens
de l'Echiquier de Normandie. Par Me
Pierre de Merville Ancien Avocat au
Parlement. Chez Gabriel Valeyre , ruë de
La Vieille Bouclerie. 1731. in fol.
>
CouMARS.
1731. 559
COUTUMES du Comté et Bailliage
de Montfort-Lamaury , Gambais, Neau-
Hle -le -Chastel , Saint Liger en Yveline
Enclaves et anciens Ressorts d'iceux , avec
le
Commentaire de deffunt M. Claude
Thourette , Avocat au Parlement , et au
Bailliage et Siége Royal de Montfort ,
revû , corrigé et augmenté de nouveau
par M. Claude Thourette , Avocat du Roi
au même Siege &c. Chez Jacques Clousier,
ruë S. Jacques , 1731. in 8 .
DISCOURS à l'occasion d'un Discours
de M. D. L. M. sur les Parodies. A Paris
, rue S. Jacques , chez Briasson , 1731 .
brochure in 12. de 10. pages .
L'ELOGE de la méchante femme , dédié
à Mile Honesta. Au coin de la rue Gitle-
coeur , chez Antoine de Henqueville 1731 .
brochure de so. pages.
,
Bien loin de plaindre la destinée de ceux
qui ont de méchantes femmes , croyons-les
au contraire , trop heureux et demandons
sans cesse au Ciel qu'il nous associe à leur
bonheur. Voilà comment l'Auteur finit cet
Eloge , si on peut l'appeller de ce nom ,
en tout cas on ne l'accusera pas de flater
à l'excès , ni trop obligemment , et peu
de Lecteurs , sans doute , s'uniront avec
lui dans les voeux qu'il fait , non plus
G ij
que
60 MERCURE
DE FRANCE
-
que les femmes , sur tout quand il dit
qu'elles sont ce qu'il y a de plus aimable,
parmi les choses qui ne se sont pas bonnes.
Barthelmi Alix , Libraire , ruë S. Jaçques
, au Griffon , vend seul l'Ecole de
Mars , pour apprendre facilement la Fortification
, suivant le sistême de M. de
Vauban. Par le sieur de la Suze , Gendarme
de la Garde du Roi , gravée en deux
Planches , avec l'explication du jeu .
LES PARODIES DU NOUVEAU
THEATRE ITALIEN , Ou Recueil des
Parodies representées sur le Théatre de
l'Hôtel de Bourgogne , par les Comédiens
Italiens ordinaires du Roi , avec les Airs
gravés. A Paris , ruë S. Jacques , chez
Briasson , 1731 .
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Résumé : Sermons de l'Abbé Anselme, [titre d'après la table]
En 1731, plusieurs ouvrages et publications marquants ont été publiés. Antoine Anselme, Abbé de Saint-Sever, s'est distingué par ses sermons prêchés à la Cour et dans les principales églises de Paris. Ses sermons, publiés la même année, sont appréciés pour leur éloquence et leur capacité à émouvoir sans recours à la déclamation. Ils se caractérisent par une solidité de raisonnement et une exposition claire des principes religieux. Parmi les autres publications notables, on trouve 'Le Théâtre des Passions et de la Fortune' de M. de Castera, une histoire australe, et 'Mémoires sur la Guerre' du Marquis de Fenquis, qui compile des maximes militaires. M. Dunod a publié le 'Traité des Prescriptions', traitant des droits civil et canonique relatifs aux biens d'Église et aux dîmes. Les 'Nouvelles Conférences Ecclésiastiques' du Diocèse de Luçon, rédigées par M. d'Ortigues, sont également mentionnées. Le domaine juridique est représenté par les 'Décisions sur chaque Article de la Coutume de Normandie' de Me Pierre de Merville et les 'Coutumes du Comté et Bailliage de Montfort-Lamaury'. Enfin, plusieurs brochures et recueils littéraires, tels que 'L'Éloge de la méchante femme' et 'Les Parodies du Nouveau Théâtre Italien', complètent cette liste.
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5
p. 214-220
ARCHITECTURE. Suite du Mercure du mois de Juin de l'année 2355.
Début :
M. Diver rend compte dans un second mémoire, d'une antiquité découverte auprès [...]
Mots clefs :
Architecture, Église, Décoration, Bois, Vase, Prédicateur, Statue, Tribune, Antiquité
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texteReconnaissance textuelle : ARCHITECTURE. Suite du Mercure du mois de Juin de l'année 2355.
ARCHITECTURE.
Suite du Mercure du mois de Juin de l'année
2355
M. Diver rend compte dans un fecond
un
mémoire , d'une antiquité découverte auprès
de l'églife de Sainte Génevieve de la
Montagne. C'eſt une forte de vafe de bois,
orné de bas reliefs & figures de fculpture
de même matiere , très - délicatement travaillées.
Il a été trouvé fous des monceaux
de petites pierres , qui paroiffent être les
ruines de quelque bâtiment confidérable.
Dans la defcription qu'il fait de ce vaſe,
il fe fert d'une comparaifon un peu triviale
, que cependant nous ne pouvons nous
difpenfer de rapporter , parce qu'elle donne
une idée précife de la forme de cette
forte de vaſe inconnu jufqu'ici. Il le compare
à l'égrugeoir qui nous fert à broyer
le fel en effet c'est une forte de demi
tonneau , d'un plus grand diametre qu'aucun
de ceux qui font en ufage ; il eft terminé
en cul de lampe. Les figures qui le
décorent , & qui repréfentent des vertus
AOUST. 1755. 215
chrétiennes , donnent lieu de croire qu'il
-étoit deftiné à quelque ufage religieux.
La difficulté eft de deviner cet ufage.
Quelques auteurs qui avoient été inftruits
des premiers de cette découverte , ont
prétendu que c'étoit une chaire à prêcher.
Ils avançoient fans aucune apparence que
cette machine étoit en l'air clouée contre
un pilier , & que l'on y montoit par une
échelle ; en effet on trouve une partie de
la rondeur interrompue , qu'ils prétendent
être l'ouverture par laquelle le Prédicateur
entroit. Ils ont été jufqu'à croire que
quelques reftes fculptés en bois , auffi de
forme ronde & convexe qu'on a trouvés au
même lieu , étoient une forte de couver-
-cle qu'on mettoit deffus , qui fermoit ce
vafe , lorfque le Prédicateur n'y étoit pas ,
& qui pouvoit s'élever par des machines
pour laiffer deffous l'efpace néceffaire à
Ï'Orateur ; alors , difent -ils , il fervoit comme
d'un rabat-voix pour empêcher qu'elle
.ne fe perdit dans l'immensité de l'églife.
Ils avancent encore pour comble d'abfurdité
, qu'une groffe ftatue de bois dont
on a trouvé quelques fragmens dans ce
même lieu , & qui n'a nulle proportion
-avec les figures qui entourent le vafe ,
étoit placée fur ce couvercle, & lui fervoit
comme de bouton .
216 MERCURE DE FRANCE.
"
·
M. Diver refute toutes ces extravagantes
idées , & ne laiffe aucun lieu à la replique
, nous donnerons ici en entier ſes
preuves , parce que c'eft un objet de curiofité
très important. " Remarquez que
quand on fuppoferoit qu'on ne dût faire
» remonter l'antiquité de ce vafe qu'au
» dix feptiéme fiécle. ( il prouve plus, bas
qu'il doit être beaucoup plus ancien, ) il eft
toujours vrai que les François de ces.tems
là pouvoient voir encore affez de reftes
» de l'ancienne Rome , & particulierement
» de la fameufe tribune aux harangues
» pour n'avoir pu adopter une forme auffi
» ridicule pour y placer l'Orateur chrétien :
de plus , comment fe figurer que cette
lourde machine ait été fimplement atta-
» chée à un pilier , & du reſte toute en l'air,
» de maniere à donner à l'Auditeur l'in-
» quiétude de voir tomber la chaire & le
»Prédicateur.
و د
39
و د
» La fuppofition qu'on y foit monté
par
» une échelle , eſt tout-à - fait indécente ,
3 ils devroient du moins fuppofer qu'il y
" avoit un escalier tournoyant autour du
pilier ; il eft vrai qu'un efcalier de cette
»forme paroît affez ridicule à imaginer
» dans une églife où tout doit être de for-
»mes fimples & grandes.
"
» De quelle utilité feroit un couvercle
1
qui
AOUS T. 1755 217
qui dans cette fuppofition ne couvriroit
» le vafe que lorfqu'il n'y a rien dedans .
» De plus il eft impoffible qu'on fe foit jamais
figuré que ce couvercle pût empêcher
la voix de fe perdre ou la réfléchir.
Le cône de voix qui fort de la bouche
» du Prédicateur ne pourroit jamais frap-
» per ce couvercle , qui n'avanceroit audeffus
de lui que d'un pied au plus , fi ce
n'eft lorfqu'il leveroit la tête d'une maniere
forcée , & dans les apoftrophes &
» exclamations vers le ciel , qui font fort
» rares dans un difcours. Si l'on prétend
33
qu'il arrête les ondulations de la voix
» & augmente leur force du côté où il eft
✯ beſoin d'être entendu , je réponds qu'une
» ſurface de fix ou fept pieds au plus , eft
de nulle valeur par rapport à l'efpace
vuide , & fans obftacle prochain pour
réfléchir la voix , qui refte dans l'églife ,
devant , au - deffus & aux côtés du Prédicateur.
Il est évident qu'on n'a point
» pu lui attribuer cette utilité. La fuppofi-
» tion même qu'on fait que ce vafe ait été
attaché à un pilier qui ne préfentoit
» derriere le Prédicateur qu'une furface
» étroite , feroit contradictoire à ce qu'on
fuppofe , & prouveroit qu'on ne cherchoit
pas même alors le moyen le plus
fimple pour arrêter les ondulations 'fu
"
20
K
1
218 MERCURE DE FRANCE.
"3
?
perflues de la voix , qui eft de préfenter
derriere le Prédicateur la plus grande
» furface poffible , fans gâter la décoration
de l'églife . Les habiles Architectes
» à qui l'on a montré les deffeins faits fur
» cette fuppofition , où l'on a cru fuppléer
» aux parties qu'on n'a pu retrouver , ont
» déclaré qu'il étoit impoffible que dans
» les fiécles où le bon goût a été connu ,
» on ait fuivi une conftruction auffi bizar-
» re pour une tribune aux harangues. Ils
» remarquent que tout architecte dès
qu'il y en a eus de dignes de porter ce
» nom , a infailliblement penfé aux principales
deſtinations pour lefquelles on
» conftruit des églifes. La premiere eft ,
» poury offrir le faint facrifice de la meffe,
» ainfi il a fallu compofer d'abord un au-
» tel , & le placer dans le lieu le plus ap-
» parent. La feconde eft , pour y prêcher
» la parole de Dieu , ainfi la tribune con-
» facrée à cette fonction doit être très- ap-
» parente & très - confidérable , compofée
» avec l'églife , conftruite folidement , ainſi
que le refte , & non pas une machine de
» bois , poftiche , & qui auroit l'air d'y
» avoir été ajoutée après coup ; cet objet
« a toujours dû être lié avec la décoration
générale , de maniere à en augmenter
» la majesté.
39
"
મું
ود
A O UST. 1755 219
» que
J
D'ailleurs , l'efpace eft confidérable-
» ment trop borné pour laiffer la liberté
demandent les grands mouvemens
» de l'art oratoire . Un homme ne pourroit
» ſe remuer là - dedans, qu'il ne parût à tout
inftant prêt à fe jetter dehors ; encore
» moins pourroit-on fuppofer qu'il ait pû
» contenir deux interlocuteurs , ce qui eft
»pourtant néceffaire dans les conférences.
» İls affurent donc que les chaires ont toujours
été ce qu'elles font à préfent , c'eſt-
» à- dire une grande tribune placée au mi-
» lieu de la plus grande arcade de l'églife ,
» ornée d'une baluftrade , terminée de part
» & d'autre par deux efcaliers ; le fond en
» doit préfenter une belle décoration d'ar-
" chitecture , & le couronnement , noble-
» ment élevé à une belle hauteur au- deflus
» des Orateurs chrétiens , les couvre com-
» me d'un dais , mais peu faillant , & non
» point pour réfléchir leur voix , ce qui
» feroit une idée tout -à- fait dépourvûe de
>> raifon , puifqu'ils ne fe tournent pas en
parlant vers la partie de l'églife qui eft
» directement au- deffus de leur tête. »
Pour abréger , M. Diver prouve que c'étoit
un baptiſtère , il en fait remonter l'antiquité
jufqu'au tems où le baptême par immerfion
étoit encore en ufage. Quand on
lui conteſteroit cette date par la difficulté
»
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
il
qu'il y a qu'un ouvrage en bois fe foit
confervé entier pendant tant de fiécles, en
lui fuppofant une date plus récente ,
s'enfuivroit que la forme qui y avoit été
donnée pour leur destination primitive ,
s'eft confervée long-tems après que cet
ufage a été changé. Ce qu'il y a de certain
, c'eſt que cette fuppofition répond
pleinement à tout , & que M. Diver l'appuie
d'argumens irréffiftibles.
Suite du Mercure du mois de Juin de l'année
2355
M. Diver rend compte dans un fecond
un
mémoire , d'une antiquité découverte auprès
de l'églife de Sainte Génevieve de la
Montagne. C'eſt une forte de vafe de bois,
orné de bas reliefs & figures de fculpture
de même matiere , très - délicatement travaillées.
Il a été trouvé fous des monceaux
de petites pierres , qui paroiffent être les
ruines de quelque bâtiment confidérable.
Dans la defcription qu'il fait de ce vaſe,
il fe fert d'une comparaifon un peu triviale
, que cependant nous ne pouvons nous
difpenfer de rapporter , parce qu'elle donne
une idée précife de la forme de cette
forte de vaſe inconnu jufqu'ici. Il le compare
à l'égrugeoir qui nous fert à broyer
le fel en effet c'est une forte de demi
tonneau , d'un plus grand diametre qu'aucun
de ceux qui font en ufage ; il eft terminé
en cul de lampe. Les figures qui le
décorent , & qui repréfentent des vertus
AOUST. 1755. 215
chrétiennes , donnent lieu de croire qu'il
-étoit deftiné à quelque ufage religieux.
La difficulté eft de deviner cet ufage.
Quelques auteurs qui avoient été inftruits
des premiers de cette découverte , ont
prétendu que c'étoit une chaire à prêcher.
Ils avançoient fans aucune apparence que
cette machine étoit en l'air clouée contre
un pilier , & que l'on y montoit par une
échelle ; en effet on trouve une partie de
la rondeur interrompue , qu'ils prétendent
être l'ouverture par laquelle le Prédicateur
entroit. Ils ont été jufqu'à croire que
quelques reftes fculptés en bois , auffi de
forme ronde & convexe qu'on a trouvés au
même lieu , étoient une forte de couver-
-cle qu'on mettoit deffus , qui fermoit ce
vafe , lorfque le Prédicateur n'y étoit pas ,
& qui pouvoit s'élever par des machines
pour laiffer deffous l'efpace néceffaire à
Ï'Orateur ; alors , difent -ils , il fervoit comme
d'un rabat-voix pour empêcher qu'elle
.ne fe perdit dans l'immensité de l'églife.
Ils avancent encore pour comble d'abfurdité
, qu'une groffe ftatue de bois dont
on a trouvé quelques fragmens dans ce
même lieu , & qui n'a nulle proportion
-avec les figures qui entourent le vafe ,
étoit placée fur ce couvercle, & lui fervoit
comme de bouton .
216 MERCURE DE FRANCE.
"
·
M. Diver refute toutes ces extravagantes
idées , & ne laiffe aucun lieu à la replique
, nous donnerons ici en entier ſes
preuves , parce que c'eft un objet de curiofité
très important. " Remarquez que
quand on fuppoferoit qu'on ne dût faire
» remonter l'antiquité de ce vafe qu'au
» dix feptiéme fiécle. ( il prouve plus, bas
qu'il doit être beaucoup plus ancien, ) il eft
toujours vrai que les François de ces.tems
là pouvoient voir encore affez de reftes
» de l'ancienne Rome , & particulierement
» de la fameufe tribune aux harangues
» pour n'avoir pu adopter une forme auffi
» ridicule pour y placer l'Orateur chrétien :
de plus , comment fe figurer que cette
lourde machine ait été fimplement atta-
» chée à un pilier , & du reſte toute en l'air,
» de maniere à donner à l'Auditeur l'in-
» quiétude de voir tomber la chaire & le
»Prédicateur.
و د
39
و د
» La fuppofition qu'on y foit monté
par
» une échelle , eſt tout-à - fait indécente ,
3 ils devroient du moins fuppofer qu'il y
" avoit un escalier tournoyant autour du
pilier ; il eft vrai qu'un efcalier de cette
»forme paroît affez ridicule à imaginer
» dans une églife où tout doit être de for-
»mes fimples & grandes.
"
» De quelle utilité feroit un couvercle
1
qui
AOUS T. 1755 217
qui dans cette fuppofition ne couvriroit
» le vafe que lorfqu'il n'y a rien dedans .
» De plus il eft impoffible qu'on fe foit jamais
figuré que ce couvercle pût empêcher
la voix de fe perdre ou la réfléchir.
Le cône de voix qui fort de la bouche
» du Prédicateur ne pourroit jamais frap-
» per ce couvercle , qui n'avanceroit audeffus
de lui que d'un pied au plus , fi ce
n'eft lorfqu'il leveroit la tête d'une maniere
forcée , & dans les apoftrophes &
» exclamations vers le ciel , qui font fort
» rares dans un difcours. Si l'on prétend
33
qu'il arrête les ondulations de la voix
» & augmente leur force du côté où il eft
✯ beſoin d'être entendu , je réponds qu'une
» ſurface de fix ou fept pieds au plus , eft
de nulle valeur par rapport à l'efpace
vuide , & fans obftacle prochain pour
réfléchir la voix , qui refte dans l'églife ,
devant , au - deffus & aux côtés du Prédicateur.
Il est évident qu'on n'a point
» pu lui attribuer cette utilité. La fuppofi-
» tion même qu'on fait que ce vafe ait été
attaché à un pilier qui ne préfentoit
» derriere le Prédicateur qu'une furface
» étroite , feroit contradictoire à ce qu'on
fuppofe , & prouveroit qu'on ne cherchoit
pas même alors le moyen le plus
fimple pour arrêter les ondulations 'fu
"
20
K
1
218 MERCURE DE FRANCE.
"3
?
perflues de la voix , qui eft de préfenter
derriere le Prédicateur la plus grande
» furface poffible , fans gâter la décoration
de l'églife . Les habiles Architectes
» à qui l'on a montré les deffeins faits fur
» cette fuppofition , où l'on a cru fuppléer
» aux parties qu'on n'a pu retrouver , ont
» déclaré qu'il étoit impoffible que dans
» les fiécles où le bon goût a été connu ,
» on ait fuivi une conftruction auffi bizar-
» re pour une tribune aux harangues. Ils
» remarquent que tout architecte dès
qu'il y en a eus de dignes de porter ce
» nom , a infailliblement penfé aux principales
deſtinations pour lefquelles on
» conftruit des églifes. La premiere eft ,
» poury offrir le faint facrifice de la meffe,
» ainfi il a fallu compofer d'abord un au-
» tel , & le placer dans le lieu le plus ap-
» parent. La feconde eft , pour y prêcher
» la parole de Dieu , ainfi la tribune con-
» facrée à cette fonction doit être très- ap-
» parente & très - confidérable , compofée
» avec l'églife , conftruite folidement , ainſi
que le refte , & non pas une machine de
» bois , poftiche , & qui auroit l'air d'y
» avoir été ajoutée après coup ; cet objet
« a toujours dû être lié avec la décoration
générale , de maniere à en augmenter
» la majesté.
39
"
મું
ود
A O UST. 1755 219
» que
J
D'ailleurs , l'efpace eft confidérable-
» ment trop borné pour laiffer la liberté
demandent les grands mouvemens
» de l'art oratoire . Un homme ne pourroit
» ſe remuer là - dedans, qu'il ne parût à tout
inftant prêt à fe jetter dehors ; encore
» moins pourroit-on fuppofer qu'il ait pû
» contenir deux interlocuteurs , ce qui eft
»pourtant néceffaire dans les conférences.
» İls affurent donc que les chaires ont toujours
été ce qu'elles font à préfent , c'eſt-
» à- dire une grande tribune placée au mi-
» lieu de la plus grande arcade de l'églife ,
» ornée d'une baluftrade , terminée de part
» & d'autre par deux efcaliers ; le fond en
» doit préfenter une belle décoration d'ar-
" chitecture , & le couronnement , noble-
» ment élevé à une belle hauteur au- deflus
» des Orateurs chrétiens , les couvre com-
» me d'un dais , mais peu faillant , & non
» point pour réfléchir leur voix , ce qui
» feroit une idée tout -à- fait dépourvûe de
>> raifon , puifqu'ils ne fe tournent pas en
parlant vers la partie de l'églife qui eft
» directement au- deffus de leur tête. »
Pour abréger , M. Diver prouve que c'étoit
un baptiſtère , il en fait remonter l'antiquité
jufqu'au tems où le baptême par immerfion
étoit encore en ufage. Quand on
lui conteſteroit cette date par la difficulté
»
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
il
qu'il y a qu'un ouvrage en bois fe foit
confervé entier pendant tant de fiécles, en
lui fuppofant une date plus récente ,
s'enfuivroit que la forme qui y avoit été
donnée pour leur destination primitive ,
s'eft confervée long-tems après que cet
ufage a été changé. Ce qu'il y a de certain
, c'eſt que cette fuppofition répond
pleinement à tout , & que M. Diver l'appuie
d'argumens irréffiftibles.
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Résumé : ARCHITECTURE. Suite du Mercure du mois de Juin de l'année 2355.
Le texte du Mercure de juin 2355 rapporte la découverte d'une antiquité près de l'église Sainte-Geneviève de la Montagne par M. Diver. Il s'agit d'un vase en bois de forme semi-cylindrique, orné de bas-reliefs et de sculptures délicates représentant des vertus chrétiennes. Cet objet a été trouvé sous des ruines et est comparé à un égrugeoir, suggérant un usage religieux. Plusieurs hypothèses ont été proposées concernant l'usage de ce vase. Certains auteurs ont suggéré qu'il pourrait s'agir d'une chaire à prêcher, suspendue contre un pilier et accessible par une échelle. Ils ont également avancé que des fragments de bois trouvés sur place pourraient être un couvercle servant de rabat-voix. Cependant, M. Diver réfute ces idées, estimant improbable que les Français aient adopté une telle forme pour une chaire à prêcher. M. Diver argue que la forme du vase et son décor ne correspondent pas à une chaire à prêcher. Il souligne l'inconfort et l'instabilité d'une telle structure, ainsi que l'inutilité d'un couvercle pour réfléchir la voix. Il conclut que le vase est plus probablement un baptistère, utilisé à une époque où le baptême par immersion était pratiqué. Cette hypothèse est appuyée par des arguments solides, bien que la conservation d'un tel objet en bois sur une longue période reste discutable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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