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1
p. 83-85
« JOURNAL ÉTRANGER, ouvrage périodique, Janvier 1755, qui a pour épigraphe, [...] »
Début :
JOURNAL ÉTRANGER, ouvrage périodique, Janvier 1755, qui a pour épigraphe, [...]
Mots clefs :
Journal, Abbé Prévost, Journal étranger
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texteReconnaissance textuelle : « JOURNAL ÉTRANGER, ouvrage périodique, Janvier 1755, qui a pour épigraphe, [...] »
OURNAL ÉTRANGER , ouvrage périodique
, Janvier 1755 , qui a pour épigraphe
, Externo robore crefcit , Claud . &
qui fe vend à Paris , au Bureau du Journal
Étranger , rue Saint Louis au Marais ,
vis-à - vis le Bureau de la Régie des cartes ;
chez Piffot , quai de Conti ; Sangrain le
fils , & Duchefne , rue Saint Jacques.
M. l'Abbé Prévôt eft à préſent à la tête
de ce Journal , qui ne peut être rédigé
par une plume plus élégante ; elle embellit
tout ce qu'elle traite . Son Avertiffement
eft une pièce d'éloquence , les promeffes
qu'il y fait au public font magnifiques , &
perfonne n'eft plus en état de les remplir
que lui. Cet éloge de ma part eft d'autant,
moins fufpect , que je le loue à mon préjudice.
C'eft un nouveau Journal qui s'éleve
, pour ainfi dire , à mes frais & dépens
; il prend la même forme , il embraffe
, comme moi , tous les genres : il ne
fe borne pas à la littérature fçavante , il
étend fes courfes fur toute la partie agréable
, & même fur celle des fpectacles , qui
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
font mon domaine particulier. Comme il
ufurpe ainfi tous mes droits , il ne doit
pas trouver mauvais que je m'enrichie
quelquefois de fon butin , & que je falſe
ufage des extraits qu'il donnera des piéces
de Théatre , ou des Romans étrangers
pour les oppofer aux nôtres. Mon but eft
de mettre par là le lecteur françois à portée
de connoître l'efprit des autres nations ,
& de comparer leur goût avec le fien pour
en mieux fentir la différence ; c'eſt le plus
fûr moyen
de guérir les préventions trop
fortes pour ou contre les étrangers . Les
uns trouvent les feuls ouvrages anglois
admirables , ils font le fruit du génie :
les autres n'approuvent que les écrits françois
; ils font le modele du goût. Je crois
que ce goût pur & vrai reffemble à la
vertu , qu'il fuit les extrêmités , qu'il
n'eft ni en-deça ni au- delà , & qu'il refide
, comme elle , dans un milieu raifonnable.
N'en ayons jamais d'exclufif ; eftimons
les étrangers par où ils font eftimables
; fans nous déprimer , louons encore
moins notre efprit aux dépens du
leur ; ne les étudions que pour nous perfectionner
enrichiffons notre littérature
de leurs tréfors , & profitons de leurs beautés
fans imiter leurs défauts. Je com -
mence par le précis ou le programme de
FEVRIER. 1755. 85
Philoclée , tragédie angloife , dont M.
l'Abbé Prévôt a fait un extrait détaillé :
mais je le porte à l'article des Spectacles ,
il fera là mieux à fa place. Les piéces de
comparaifon y feront plus voifines ; j'y
renvoye le lecteur , il y trouvera Philoclée
après le Triumvirat .
, Janvier 1755 , qui a pour épigraphe
, Externo robore crefcit , Claud . &
qui fe vend à Paris , au Bureau du Journal
Étranger , rue Saint Louis au Marais ,
vis-à - vis le Bureau de la Régie des cartes ;
chez Piffot , quai de Conti ; Sangrain le
fils , & Duchefne , rue Saint Jacques.
M. l'Abbé Prévôt eft à préſent à la tête
de ce Journal , qui ne peut être rédigé
par une plume plus élégante ; elle embellit
tout ce qu'elle traite . Son Avertiffement
eft une pièce d'éloquence , les promeffes
qu'il y fait au public font magnifiques , &
perfonne n'eft plus en état de les remplir
que lui. Cet éloge de ma part eft d'autant,
moins fufpect , que je le loue à mon préjudice.
C'eft un nouveau Journal qui s'éleve
, pour ainfi dire , à mes frais & dépens
; il prend la même forme , il embraffe
, comme moi , tous les genres : il ne
fe borne pas à la littérature fçavante , il
étend fes courfes fur toute la partie agréable
, & même fur celle des fpectacles , qui
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
font mon domaine particulier. Comme il
ufurpe ainfi tous mes droits , il ne doit
pas trouver mauvais que je m'enrichie
quelquefois de fon butin , & que je falſe
ufage des extraits qu'il donnera des piéces
de Théatre , ou des Romans étrangers
pour les oppofer aux nôtres. Mon but eft
de mettre par là le lecteur françois à portée
de connoître l'efprit des autres nations ,
& de comparer leur goût avec le fien pour
en mieux fentir la différence ; c'eſt le plus
fûr moyen
de guérir les préventions trop
fortes pour ou contre les étrangers . Les
uns trouvent les feuls ouvrages anglois
admirables , ils font le fruit du génie :
les autres n'approuvent que les écrits françois
; ils font le modele du goût. Je crois
que ce goût pur & vrai reffemble à la
vertu , qu'il fuit les extrêmités , qu'il
n'eft ni en-deça ni au- delà , & qu'il refide
, comme elle , dans un milieu raifonnable.
N'en ayons jamais d'exclufif ; eftimons
les étrangers par où ils font eftimables
; fans nous déprimer , louons encore
moins notre efprit aux dépens du
leur ; ne les étudions que pour nous perfectionner
enrichiffons notre littérature
de leurs tréfors , & profitons de leurs beautés
fans imiter leurs défauts. Je com -
mence par le précis ou le programme de
FEVRIER. 1755. 85
Philoclée , tragédie angloife , dont M.
l'Abbé Prévôt a fait un extrait détaillé :
mais je le porte à l'article des Spectacles ,
il fera là mieux à fa place. Les piéces de
comparaifon y feront plus voifines ; j'y
renvoye le lecteur , il y trouvera Philoclée
après le Triumvirat .
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Résumé : « JOURNAL ÉTRANGER, ouvrage périodique, Janvier 1755, qui a pour épigraphe, [...] »
Le texte présente le 'Journal Étranger', une publication périodique de janvier 1755 dirigée par l'Abbé Prévôt. Ce journal est disponible à Paris dans plusieurs lieux, notamment au Bureau du Journal Étranger, chez Piffot, et chez Sangrain le fils et Duchefne. L'Abbé Prévôt est reconnu pour son élégance et son éloquence. Le texte mentionne un nouveau journal concurrent qui couvre divers genres, y compris la littérature savante, les sujets agréables et les spectacles. L'auteur du texte, tout en admettant la qualité de ce nouveau journal, souhaite enrichir son propre journal avec des extraits de pièces de théâtre ou de romans étrangers pour les comparer avec les œuvres françaises. Son objectif est de permettre aux lecteurs français de connaître l'esprit des autres nations et de comparer leurs goûts. Il prône un goût équilibré, ni exclusif ni dépréciatif, et encourage l'enrichissement de la littérature française par les trésors étrangers tout en évitant d'imiter leurs défauts. Le texte se conclut par une référence à un extrait détaillé de la tragédie anglaise 'Philoclée', renvoyé à la section des spectacles.
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2
p. 98-100
AVERTISSEMENT.
Début :
Le catalogue des Oeuvres de M. le Chevalier de Mouhy, demeurant à l'entrée de [...]
Mots clefs :
Académie des belles-lettres de Dijon, Catalogue, Chevalier de Mouhy
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texteReconnaissance textuelle : AVERTISSEMENT.
AVERTISSEMENT.
Le catalogue des OEuvres de M. le Chevalier
de Mouhy , demeurant à l'entrée de
la rue des Cordeliers , près de la Comédie
Françoife , placé dans l'Almanach des
Beaux Arts , & à la fuite des derniers ouvrages
de cet Auteur , ayant perfuadé qu'on
les trouveroit chez lui , y ont fait envoyer
fi fouvent qu'il eft obligé d'annoncer ici ,
que les éditions de la plus grande partie de
fes anciennes productions font confommées
, & que celles qui ne le font pas encore
fe vendent chez les Libraires défignés
à la fuite des titres . Mais voulant éviter
la peine à l'avenir à une infinité de perfonnes
de venir inutilement chez lui , il
met ici les noms des nouveaux ouvrages
qu'il a fait imprimer depuis deux ans chez
Jorry , quai des Auguftins , que l'on vend
aufli chez Duchefne , rue S. Jacques ; &
FEVRIER. 1755. ୨୭
chez lui , rue des Cordeliers , afin qu'ils
fçachent où les trouver.
Nouveaux ouvrages de M. le Chevalier de
Mouby , de l'Académie des Belles- Lettres
de Dijon.
Les Tablettes dramatiques , contenant
le Dictionnaire du Théatre François , avec
l'abrégé de l'hiftoire de ce Théatre ; les vies
des Auteurs & des Acteurs , &c , in - 8 ° ,
avec les fupplémens qui fe donnent gratis
chaque année , broché 6 livres , relié 6 1 ,
12 f.
Les Délices du fentiment , 6 vol . in- 12 .
broché 10 l . 16 f. relié 15 liv .
Les Mémoires du Marquis de Benavidès
, Roman moral , 7 vol. in - 12 . broché.
huit livres huit fols , relié dix livres douze,
fols.
Les Lettres du Commandeur , avec les
réponſes , fe vendront à l'avenir 6liv. brochées
les trois vol. & 8 liv . s L. reliées ,
parce qu'il n'y en a plus que fort peu qu'on
a fait revenir de Hollande , qui ont coûté
18 liv. de
port.
Le Répertoire des pieces reftées au théatre
françois , ou le petit Dictionnaire du
théatre françois , broché 15 f. relié 1 liv.
4. f.
Les Supplémens aux tablettes dramati-
Eij
100 MERCURE DE FRANCE.
ques pour les années 1752 , 1753 , 1754
& 1755 , diftribués gratis à ceux qui ont
acheté l'ouvrage , fe vendent 12 f. chacun ,
lorfqu'on le prend à part , c'eſt- à -dire fans
les Tablettes .
Le Financier , fous preffe , en quatre volumes.
Le catalogue des OEuvres de M. le Chevalier
de Mouhy , demeurant à l'entrée de
la rue des Cordeliers , près de la Comédie
Françoife , placé dans l'Almanach des
Beaux Arts , & à la fuite des derniers ouvrages
de cet Auteur , ayant perfuadé qu'on
les trouveroit chez lui , y ont fait envoyer
fi fouvent qu'il eft obligé d'annoncer ici ,
que les éditions de la plus grande partie de
fes anciennes productions font confommées
, & que celles qui ne le font pas encore
fe vendent chez les Libraires défignés
à la fuite des titres . Mais voulant éviter
la peine à l'avenir à une infinité de perfonnes
de venir inutilement chez lui , il
met ici les noms des nouveaux ouvrages
qu'il a fait imprimer depuis deux ans chez
Jorry , quai des Auguftins , que l'on vend
aufli chez Duchefne , rue S. Jacques ; &
FEVRIER. 1755. ୨୭
chez lui , rue des Cordeliers , afin qu'ils
fçachent où les trouver.
Nouveaux ouvrages de M. le Chevalier de
Mouby , de l'Académie des Belles- Lettres
de Dijon.
Les Tablettes dramatiques , contenant
le Dictionnaire du Théatre François , avec
l'abrégé de l'hiftoire de ce Théatre ; les vies
des Auteurs & des Acteurs , &c , in - 8 ° ,
avec les fupplémens qui fe donnent gratis
chaque année , broché 6 livres , relié 6 1 ,
12 f.
Les Délices du fentiment , 6 vol . in- 12 .
broché 10 l . 16 f. relié 15 liv .
Les Mémoires du Marquis de Benavidès
, Roman moral , 7 vol. in - 12 . broché.
huit livres huit fols , relié dix livres douze,
fols.
Les Lettres du Commandeur , avec les
réponſes , fe vendront à l'avenir 6liv. brochées
les trois vol. & 8 liv . s L. reliées ,
parce qu'il n'y en a plus que fort peu qu'on
a fait revenir de Hollande , qui ont coûté
18 liv. de
port.
Le Répertoire des pieces reftées au théatre
françois , ou le petit Dictionnaire du
théatre françois , broché 15 f. relié 1 liv.
4. f.
Les Supplémens aux tablettes dramati-
Eij
100 MERCURE DE FRANCE.
ques pour les années 1752 , 1753 , 1754
& 1755 , diftribués gratis à ceux qui ont
acheté l'ouvrage , fe vendent 12 f. chacun ,
lorfqu'on le prend à part , c'eſt- à -dire fans
les Tablettes .
Le Financier , fous preffe , en quatre volumes.
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Résumé : AVERTISSEMENT.
Le Chevalier de Mouhy, résidant à l'entrée de la rue des Cordeliers, près de la Comédie Française, informe que les éditions de la plupart de ses anciennes œuvres sont épuisées. Les exemplaires disponibles se trouvent chez des libraires spécifiques mentionnés à la suite des titres. Pour éviter des déplacements inutiles, il liste ses nouveaux ouvrages imprimés chez Jorry, quai des Augustins, également vendus chez Duchefne, rue Saint-Jacques, et chez lui. Les nouveaux ouvrages incluent 'Les Tablettes dramatiques', un dictionnaire du théâtre français avec des suppléments annuels gratuits, au prix de 6 livres broché ou 6 livres 12 sous relié. 'Les Délices du sentiment', en 6 volumes in-12, au prix de 10 livres 16 sous broché ou 15 livres relié. 'Les Mémoires du Marquis de Benavidès', un roman moral en 7 volumes in-12, au prix de 8 livres 8 sous broché ou 10 livres 12 sous relié. 'Les Lettres du Commandeur', avec les réponses, au prix de 6 livres broché ou 8 livres relié. 'Le Répertoire des pièces refusées au théâtre français', au prix de 15 sous broché ou 1 livre 4 sous relié. 'Les Suppléments aux tablettes dramatiques' pour les années 1752 à 1755, distribués gratuitement aux acheteurs de l'ouvrage principal, ou vendus 12 sous chacun s'ils sont achetés séparément. Enfin, 'Le Financier', en cours d'impression, en quatre volumes.
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3
p. 100-104
« HISTOIRE UNIVERSELLE SACRÉE ET PROFANE, composée par ordre de Mesdames [...] »
Début :
HISTOIRE UNIVERSELLE SACRÉE ET PROFANE, composée par ordre de Mesdames [...]
Mots clefs :
Histoire universelle, Histoire sacrée et profane, Histoire, Époque, Empire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « HISTOIRE UNIVERSELLE SACRÉE ET PROFANE, composée par ordre de Mesdames [...] »
HISTOIRE UNIVERSELLE SACRÉE ET
PROFANE , compofée par ordre de Mefdames
de France. A Paris , chez Guillaume
Defprez , Imprimeur ordinaire du Roi &
de Mefdames de France , rue Saint Jacques
, à S. Profper & aux trois Vertus ,
1754 , cinq vol . in- 12 .
Ón ne donne aujourd'hui que la
premiere
partie de cet ouvrage . M. Hardion
de l'Académie Françoiſe , en eft l'auteur.
Il nous apprend dans une courte Préface ,
que le plan lui en a été tracé par Madame
Adélaïde , & que le zéle qui l'anime pour
le ſervice de Mefdames , l'a dirigé dans
cette entrepriſe. Voici comme il s'exprime
à ce fujet. Leur intention a été de fe rap-
» peller leurs lectures , fuivant l'ordre des
» tems , dans une hiftoire univerfelle , qui
» n'eût ni la féchereffe ordinaire des abrégés
, ni l'étendue des hiftoires particu-
» lieres ; il falloit raffembler en un corps
»ce que l'hiftoire offre de plus mémoraFEVRIER.
1755. 101
13
» ble , de plus utile , & de plus intéref-
» fant ; faire connoître les caracteres des
perfonnages qui ont joué fur les diffé-
" rens théatres les rôles principaux ; met-
» tre les lecteurs en état de fe faire à eux-
» mêmes des leçons de morale & de politique
d'après les tableaux qu'ils auroient
» fous leurs yeux ; enfin compofer un tout
dont les parties fuffent liées entr'elles ,
»fans embarras & fans confufion . Tel
» eft l'objet du travail qui m'a été im-
33
pofé , & je fuis bien éloigné de penſer
» que je l'aye rempli auffi parfaitement que
» je l'aurois fouhaité. « C'eſt ainfi que M.
Hardion a pris foin de nous expofer les
vûes qu'il s'eft propofées dans le plan de
l'ouvrage qu'il publie. Il ne s'agit à préfent
que de dire un mot de la méthode que
l'auteur a employée dans l'exécution . Pour
mettre l'ordre & la clarté qu'exige la diverfité
des faits qui entrent dans fa narration
, il s'eft attaché à la divifion commune
qui établit les fept principales époques
que fournit l'hiftoire fainte ; conféquemment
il a cru devoir placer fous chacupe
de ces époques , les événemens qui
s'y rapportent. Cependant comme il a obfervé
de donner féparément l'hiftoire de
chaque nation , il avoue que cela l'a quelquefois
obligé de répéter les mêmes faits
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
avec plus ou moins d'étendue , felon qu'its
appartiennent plus ou moins directement
à l'hiftoire de chaque Empire & de chaque
République : il n'a pourtant point ba
lancé à vaincre le fcrupule que pouvoit lui
faire naître le défaut apparent qui femble
réfulter de cette répétition , fur- tout lorfqu'il
l'a comparé aux inconvéniens réels
qu'entraîneroit après foi tout autre arrangement
fujet à embrouiller l'ordre des événemens.
Afin de mettre le lecteur à portée
de connoître la marche que M. Hardion
fuit dans le cours de cette hiftoire ,
nous allons expofer fous fes yeux les fept
différentes époques qui concourent à former
la diftribution des parties de cet ouvrage.
Premiere époque.
1
Depuis la création du monde jufqu'au
déluge univerfel , 2348 ans avant J. C.
elle comprend 1656 ans..
Seconde époque.
Depuis le déluge univerfel jufqu'à la
vocation d'Abraham ; elle renferme 427
ans. On y voit la difperfion des peuples ,
& l'origine des premiers empires .
FEVRIER. 1755. 103
Troifiéme époque.
Depuis la vocation d'Abraham jufqu'à
la délivrance des Ifraëlites de la fervitude
des Egyptiens , fous la conduite de Moyfe :
elle comprend 430 ans , & embraffe , outre
T'hiftoire des Affyriens & des Egyptiens ,
les premiers états qui fe formerent dans la
Grece , & ce qu'on appelle dans l'hiſtoire
Grecque les tems inconnus.
Quatrième époque.
Depuis la délivrance des Ifraëlites jufqu'à
la conftruction du Temple de Jerufalem
, dans la quatrième année du regne
de Salomon . Cette époque comprend environ
476 ans , & on y voit ce que dans
l'hiſtoire Grecque on appelle les tems héroïques
ou fabuleux , c'est- à-dire , où la
fable eft mêlée avec l'hiftoire .
Cinquième époque.
Depuis la conftruction du Temple de
Jerufalem , jufqu'à la premiere année de
l'empire de Cyrus : elle comprend 480 ans.
Sixième époque.
Depuis la premiere année de l'empire
de Cyrus , jufqu'à l'ere des Seleucides
Eiv
104 MERCURE DE FRANCE .
ou autrement des Grecs , quelques années
après la mort d'Alexandre le Grand : elle
comprend 224 ans .
Septième époque.
Depuis l'ere des Grecs jufqu'à la premiere
année de l'ere vulgaire de J. C. elle
comprend 312 ans.
M. Hardion fe flatte avec raiſon , qu'un
travail entrepris en faveur de Meſdames ,
& deftiné à leur ufage , méritera l'attention
du public. Il a eu principalement en
vûe d'écrire pour les perfonnes du monde ,
qui fans avoir le loifir ni la volonté de ſe
livrer à des études épineufes , aiment à
trouver leur inftruction dans leur amufement.
En conféquence , il a fagement écarté
les moindres difcuffions , qui engagent toujours
dans un étalage d'érudition , dont
l'effet eft d'effrayer le commun des lecteurs
, plutôt que d'exciter en eux le defir
de s'inftruire. Son hiftoire a la qualité la
plus effentielle pour fe faire lire ; elle eſt
parfaitement bien écrite ; fon ftyle eft fimple
, clair , noble , élégant & précis. L'Aureur
s'eft préfervé de la contagion , & la
maniere dont il a traité cette premiere
partie de fon ouvrage , doit en faire defi
rer la fuite.
PROFANE , compofée par ordre de Mefdames
de France. A Paris , chez Guillaume
Defprez , Imprimeur ordinaire du Roi &
de Mefdames de France , rue Saint Jacques
, à S. Profper & aux trois Vertus ,
1754 , cinq vol . in- 12 .
Ón ne donne aujourd'hui que la
premiere
partie de cet ouvrage . M. Hardion
de l'Académie Françoiſe , en eft l'auteur.
Il nous apprend dans une courte Préface ,
que le plan lui en a été tracé par Madame
Adélaïde , & que le zéle qui l'anime pour
le ſervice de Mefdames , l'a dirigé dans
cette entrepriſe. Voici comme il s'exprime
à ce fujet. Leur intention a été de fe rap-
» peller leurs lectures , fuivant l'ordre des
» tems , dans une hiftoire univerfelle , qui
» n'eût ni la féchereffe ordinaire des abrégés
, ni l'étendue des hiftoires particu-
» lieres ; il falloit raffembler en un corps
»ce que l'hiftoire offre de plus mémoraFEVRIER.
1755. 101
13
» ble , de plus utile , & de plus intéref-
» fant ; faire connoître les caracteres des
perfonnages qui ont joué fur les diffé-
" rens théatres les rôles principaux ; met-
» tre les lecteurs en état de fe faire à eux-
» mêmes des leçons de morale & de politique
d'après les tableaux qu'ils auroient
» fous leurs yeux ; enfin compofer un tout
dont les parties fuffent liées entr'elles ,
»fans embarras & fans confufion . Tel
» eft l'objet du travail qui m'a été im-
33
pofé , & je fuis bien éloigné de penſer
» que je l'aye rempli auffi parfaitement que
» je l'aurois fouhaité. « C'eſt ainfi que M.
Hardion a pris foin de nous expofer les
vûes qu'il s'eft propofées dans le plan de
l'ouvrage qu'il publie. Il ne s'agit à préfent
que de dire un mot de la méthode que
l'auteur a employée dans l'exécution . Pour
mettre l'ordre & la clarté qu'exige la diverfité
des faits qui entrent dans fa narration
, il s'eft attaché à la divifion commune
qui établit les fept principales époques
que fournit l'hiftoire fainte ; conféquemment
il a cru devoir placer fous chacupe
de ces époques , les événemens qui
s'y rapportent. Cependant comme il a obfervé
de donner féparément l'hiftoire de
chaque nation , il avoue que cela l'a quelquefois
obligé de répéter les mêmes faits
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
avec plus ou moins d'étendue , felon qu'its
appartiennent plus ou moins directement
à l'hiftoire de chaque Empire & de chaque
République : il n'a pourtant point ba
lancé à vaincre le fcrupule que pouvoit lui
faire naître le défaut apparent qui femble
réfulter de cette répétition , fur- tout lorfqu'il
l'a comparé aux inconvéniens réels
qu'entraîneroit après foi tout autre arrangement
fujet à embrouiller l'ordre des événemens.
Afin de mettre le lecteur à portée
de connoître la marche que M. Hardion
fuit dans le cours de cette hiftoire ,
nous allons expofer fous fes yeux les fept
différentes époques qui concourent à former
la diftribution des parties de cet ouvrage.
Premiere époque.
1
Depuis la création du monde jufqu'au
déluge univerfel , 2348 ans avant J. C.
elle comprend 1656 ans..
Seconde époque.
Depuis le déluge univerfel jufqu'à la
vocation d'Abraham ; elle renferme 427
ans. On y voit la difperfion des peuples ,
& l'origine des premiers empires .
FEVRIER. 1755. 103
Troifiéme époque.
Depuis la vocation d'Abraham jufqu'à
la délivrance des Ifraëlites de la fervitude
des Egyptiens , fous la conduite de Moyfe :
elle comprend 430 ans , & embraffe , outre
T'hiftoire des Affyriens & des Egyptiens ,
les premiers états qui fe formerent dans la
Grece , & ce qu'on appelle dans l'hiſtoire
Grecque les tems inconnus.
Quatrième époque.
Depuis la délivrance des Ifraëlites jufqu'à
la conftruction du Temple de Jerufalem
, dans la quatrième année du regne
de Salomon . Cette époque comprend environ
476 ans , & on y voit ce que dans
l'hiſtoire Grecque on appelle les tems héroïques
ou fabuleux , c'est- à-dire , où la
fable eft mêlée avec l'hiftoire .
Cinquième époque.
Depuis la conftruction du Temple de
Jerufalem , jufqu'à la premiere année de
l'empire de Cyrus : elle comprend 480 ans.
Sixième époque.
Depuis la premiere année de l'empire
de Cyrus , jufqu'à l'ere des Seleucides
Eiv
104 MERCURE DE FRANCE .
ou autrement des Grecs , quelques années
après la mort d'Alexandre le Grand : elle
comprend 224 ans .
Septième époque.
Depuis l'ere des Grecs jufqu'à la premiere
année de l'ere vulgaire de J. C. elle
comprend 312 ans.
M. Hardion fe flatte avec raiſon , qu'un
travail entrepris en faveur de Meſdames ,
& deftiné à leur ufage , méritera l'attention
du public. Il a eu principalement en
vûe d'écrire pour les perfonnes du monde ,
qui fans avoir le loifir ni la volonté de ſe
livrer à des études épineufes , aiment à
trouver leur inftruction dans leur amufement.
En conféquence , il a fagement écarté
les moindres difcuffions , qui engagent toujours
dans un étalage d'érudition , dont
l'effet eft d'effrayer le commun des lecteurs
, plutôt que d'exciter en eux le defir
de s'inftruire. Son hiftoire a la qualité la
plus effentielle pour fe faire lire ; elle eſt
parfaitement bien écrite ; fon ftyle eft fimple
, clair , noble , élégant & précis. L'Aureur
s'eft préfervé de la contagion , & la
maniere dont il a traité cette premiere
partie de fon ouvrage , doit en faire defi
rer la fuite.
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Résumé : « HISTOIRE UNIVERSELLE SACRÉE ET PROFANE, composée par ordre de Mesdames [...] »
L'ouvrage 'Histoire Universelle Sacrée et Profane' a été composé par ordre de Mesdames de France et publié en 1754 à Paris par Guillaume Defprez. La première partie de cet ouvrage, rédigée par M. Hardion de l'Académie Française, a été dirigée par Madame Adélaïde. L'objectif de cet ouvrage est de fournir une histoire universelle qui combine les éléments les plus mémorables, utiles et intéressants de l'histoire, tout en évitant la sécheresse des abrégés et l'étendue des histoires particulières. L'auteur vise à présenter les caractères des personnages principaux et à offrir des leçons de morale et de politique à travers les événements historiques. L'ouvrage est structuré en sept époques historiques principales : 1. Depuis la création du monde jusqu'au déluge universel (2348 ans avant J.-C.), couvrant 1656 ans. 2. Depuis le déluge universel jusqu'à la vocation d'Abraham, couvrant 427 ans. 3. Depuis la vocation d'Abraham jusqu'à la délivrance des Israélites de l'esclavage en Égypte, couvrant 430 ans. 4. Depuis la délivrance des Israélites jusqu'à la construction du Temple de Jérusalem, couvrant environ 476 ans. 5. Depuis la construction du Temple de Jérusalem jusqu'à la première année de l'empire de Cyrus, couvrant 480 ans. 6. Depuis la première année de l'empire de Cyrus jusqu'à l'ère des Séleucides, couvrant 224 ans. 7. Depuis l'ère des Séleucides jusqu'à la première année de l'ère vulgaire de J.-C., couvrant 312 ans. M. Hardion a adopté une méthode claire et élégante pour éviter les répétitions inutiles et maintenir l'ordre chronologique des événements. L'ouvrage est destiné à un public mondain qui cherche à s'instruire tout en se divertissant, avec un style simple, clair, noble, élégant et précis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 105-108
« NOUVEAUX SUJETS DE PEINTURE ET DE SCULPTURE, avec cette épigraphe : Dives [...] »
Début :
NOUVEAUX SUJETS DE PEINTURE ET DE SCULPTURE, avec cette épigraphe : Dives [...]
Mots clefs :
Peinture, Sculpture, Peintre, Vertu, Honneur, Athlètes
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texteReconnaissance textuelle : « NOUVEAUX SUJETS DE PEINTURE ET DE SCULPTURE, avec cette épigraphe : Dives [...] »
NOUVEAUX SUJETS DE PEINTURE ET DE
SCULPTURE , avec cette épigraphe : Dives
& ampla, manet piores atque poëtas materies
. De Pict. Car. Dufrefn. A Paris , chez
Duchefne , Libraire , rue Saint Jacques , au
Temple du goût.
Cette brochure eft dédiée à Mrs de l'Académie
de Peinture & de Sculpture de
Paris. Elle paroît être l'ouvrage d'un amateur
éclairé les graces du ftyle répondent
à la nouveauté des recherches. L'Auteur
écrit avec tant de précifion , d'élégance &
d'agrément , qu'en le lifant on devient
Peintre , ou plutôt qu'on voudroit l'être ,
pour rendre fur la toile les fujets qu'il
expoſe fi heureuſement fur le papier. Deux
exemples que je vais citer perfuaderont
mieux que tout ce que j'en pourrois dire
» Si l'on veut des images fimplement
» riantes , les tableaux des filles de l'Ifle
» facrée & des filles de Sparte , fourniront
des grouppes auffi délicieux qu'inté
» reffans ; l'habillement fimple des filles
» Grecques , la nobleffe de leurs attitudes ,
» l'élégance de leurs tailles , la beauté de
» leurs traits , tout cela joint aux recher-
» ches néceffaires du coftume , fera va-
» loir infiniment l'efprit & le méritë du
>> Peintre dans l'un & l'autre fujet . Les
» filles de l'Ile faciée confacroient leur
Ev
106 MERCURE DE FRANCE.
:
ceinture à Minerve ; cette fête fe célé
»broit dans l'intérieur du temple .
Quant aux filles de Sparte , elles formoient
tous les ans des danfes religieu-
» fes autour d'une ftatue de Diane placée
» dans la campagne. Quel payfage le Peintre
a-t-il occafion de repréfenter ? Le plus
» riche de l'univers , & celui dont la feule
» idée doit le plus fatisfaire un artifte.
C'eft une campagne ornée de temples ,
» couverte de trophées & de monumens
» élevés en l'honneur de la Vertu , embellie
de ftatues de Dieux champêtres , remplie
enfin des plus grandes richeffes de
» l'art. Cette compofition , qu'on peut terminer
à fon gré par l'horizon de la mer
ou des montagnes , eft d'une beauté où
l'imagination , livrée à tout fon effor ,
» n'atteindroit peut-être pas par elle-même.
33
» Paufanias , en décrivant la fituation
» de deux Athletes vainqueurs , réunit par-
» faitement le brillant d'une image , & la
douceur d'une action . Les deux Athle-
» tes étoient freres , ils fortoient du combat
dont ils avoient remporté tout
» l'honneur : ils apperçoivent leur pere ,
» volent au- devant de lui , l'embraffent
L»l'enlevent fur leurs épaules. Le peuple
redouble fes applaudiffemens , jette des
» fleurs fur leur paffage , bénit la tendreffe
FEVRIER. 1755. 107
»
"
filiale , forme le fpectacle le plus touchant
, & ajoute à la gloire du triomphe.
» La récompenfe de la vertu , & le fuc-
» cès des talens font les fources de la joie
»
la plus pure. Il faut fe repréfenter tout
» l'honneur que les Grecs attachoient à la
» victoire remportée dans leurs jeux ; nos
» moeurs ne nous permettent pas d'en avoir
» une idée parfaite . Mais fuppofons deux
hontmes, tels que deux Athletes de la Gre-
» ce , c'est-à-dire les plus beaux à definer
» qu'il foit poffible de concevoir ; peignons-
» les remplis & pénétrés de cette joie que le
» fentiment de la vertu , & fur-tout de la
vertu récompenfée , eft feul capable d'inf
pirer. La premiere perfonne qui s'offre
aux yeux des Athletes couronés , c'eſt leur
» pere , c'eſt l'auteur de leurs jours & de
» leur gloire. Le vieillard fortuné témoi-
» gne fes tranfports avec les différences
dépendantes de fon âge & de fa fitua-
» tion . Le peuple , dont l'artifte ne pren-
>> dra que le nombre néceffaire pour expri-
» mér la variété des applaudiffemens , les
» accompagne , & feme leur paffage de
fleurs , que le peintre difpofera à fa volonté.
Que de grandeurs ! que de magni-
» ficence ! quel intérêt ! quelles expreffions
dans le tableau ! il eft difficile de
"
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
>> concevoir rien de plus flatteur.
Qu'on juge du coloris & du ton du refte
de l'ouvrage par ces deux morceaux . L'auteur
offre un nouveau champ au pinceau
des artistes. Depuis long- tems , comme il
l'infinue lui- même , leurs compofitions font
trop répétées. C'eft enrichir leurs talens
que de leur préfenter dans un fi beau jour
plufieurs fujets heureux qu'on n'a pas encore
traités . La fable a dans cet écrivain
inftruit , un zélé partiſan , qui doit lui em
faire un plus grand nombre.
LE peu d'efpace que nous laiffe l'abondance
des matieres , nous met dans la néceffité
de renvoyer au mois fuivant l'indication
des autres livres nouvellement
-imprimés
SCULPTURE , avec cette épigraphe : Dives
& ampla, manet piores atque poëtas materies
. De Pict. Car. Dufrefn. A Paris , chez
Duchefne , Libraire , rue Saint Jacques , au
Temple du goût.
Cette brochure eft dédiée à Mrs de l'Académie
de Peinture & de Sculpture de
Paris. Elle paroît être l'ouvrage d'un amateur
éclairé les graces du ftyle répondent
à la nouveauté des recherches. L'Auteur
écrit avec tant de précifion , d'élégance &
d'agrément , qu'en le lifant on devient
Peintre , ou plutôt qu'on voudroit l'être ,
pour rendre fur la toile les fujets qu'il
expoſe fi heureuſement fur le papier. Deux
exemples que je vais citer perfuaderont
mieux que tout ce que j'en pourrois dire
» Si l'on veut des images fimplement
» riantes , les tableaux des filles de l'Ifle
» facrée & des filles de Sparte , fourniront
des grouppes auffi délicieux qu'inté
» reffans ; l'habillement fimple des filles
» Grecques , la nobleffe de leurs attitudes ,
» l'élégance de leurs tailles , la beauté de
» leurs traits , tout cela joint aux recher-
» ches néceffaires du coftume , fera va-
» loir infiniment l'efprit & le méritë du
>> Peintre dans l'un & l'autre fujet . Les
» filles de l'Ile faciée confacroient leur
Ev
106 MERCURE DE FRANCE.
:
ceinture à Minerve ; cette fête fe célé
»broit dans l'intérieur du temple .
Quant aux filles de Sparte , elles formoient
tous les ans des danfes religieu-
» fes autour d'une ftatue de Diane placée
» dans la campagne. Quel payfage le Peintre
a-t-il occafion de repréfenter ? Le plus
» riche de l'univers , & celui dont la feule
» idée doit le plus fatisfaire un artifte.
C'eft une campagne ornée de temples ,
» couverte de trophées & de monumens
» élevés en l'honneur de la Vertu , embellie
de ftatues de Dieux champêtres , remplie
enfin des plus grandes richeffes de
» l'art. Cette compofition , qu'on peut terminer
à fon gré par l'horizon de la mer
ou des montagnes , eft d'une beauté où
l'imagination , livrée à tout fon effor ,
» n'atteindroit peut-être pas par elle-même.
33
» Paufanias , en décrivant la fituation
» de deux Athletes vainqueurs , réunit par-
» faitement le brillant d'une image , & la
douceur d'une action . Les deux Athle-
» tes étoient freres , ils fortoient du combat
dont ils avoient remporté tout
» l'honneur : ils apperçoivent leur pere ,
» volent au- devant de lui , l'embraffent
L»l'enlevent fur leurs épaules. Le peuple
redouble fes applaudiffemens , jette des
» fleurs fur leur paffage , bénit la tendreffe
FEVRIER. 1755. 107
»
"
filiale , forme le fpectacle le plus touchant
, & ajoute à la gloire du triomphe.
» La récompenfe de la vertu , & le fuc-
» cès des talens font les fources de la joie
»
la plus pure. Il faut fe repréfenter tout
» l'honneur que les Grecs attachoient à la
» victoire remportée dans leurs jeux ; nos
» moeurs ne nous permettent pas d'en avoir
» une idée parfaite . Mais fuppofons deux
hontmes, tels que deux Athletes de la Gre-
» ce , c'est-à-dire les plus beaux à definer
» qu'il foit poffible de concevoir ; peignons-
» les remplis & pénétrés de cette joie que le
» fentiment de la vertu , & fur-tout de la
vertu récompenfée , eft feul capable d'inf
pirer. La premiere perfonne qui s'offre
aux yeux des Athletes couronés , c'eſt leur
» pere , c'eſt l'auteur de leurs jours & de
» leur gloire. Le vieillard fortuné témoi-
» gne fes tranfports avec les différences
dépendantes de fon âge & de fa fitua-
» tion . Le peuple , dont l'artifte ne pren-
>> dra que le nombre néceffaire pour expri-
» mér la variété des applaudiffemens , les
» accompagne , & feme leur paffage de
fleurs , que le peintre difpofera à fa volonté.
Que de grandeurs ! que de magni-
» ficence ! quel intérêt ! quelles expreffions
dans le tableau ! il eft difficile de
"
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
>> concevoir rien de plus flatteur.
Qu'on juge du coloris & du ton du refte
de l'ouvrage par ces deux morceaux . L'auteur
offre un nouveau champ au pinceau
des artistes. Depuis long- tems , comme il
l'infinue lui- même , leurs compofitions font
trop répétées. C'eft enrichir leurs talens
que de leur préfenter dans un fi beau jour
plufieurs fujets heureux qu'on n'a pas encore
traités . La fable a dans cet écrivain
inftruit , un zélé partiſan , qui doit lui em
faire un plus grand nombre.
LE peu d'efpace que nous laiffe l'abondance
des matieres , nous met dans la néceffité
de renvoyer au mois fuivant l'indication
des autres livres nouvellement
-imprimés
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Résumé : « NOUVEAUX SUJETS DE PEINTURE ET DE SCULPTURE, avec cette épigraphe : Dives [...] »
La brochure 'NOUVEAUX SUJETS DE PEINTURE ET DE SCULPTURE' est destinée aux membres de l'Académie de Peinture et de Sculpture de Paris. Rédigée par un amateur éclairé, elle se distingue par sa précision, son élégance et son agrément, visant à inspirer les lecteurs à se lancer dans la peinture. La brochure propose des sujets novateurs et enrichissants pour les artistes, tels que les tableaux des filles de l'île sacrée et des filles de Sparte. Les filles de l'île sacrée consacraient leur ceinture à Minerve dans le temple, tandis que les filles de Sparte dansaient autour d'une statue de Diane dans la campagne. Ces scènes permettent de représenter des paysages riches et nobles, ornés de temples, trophées, monuments et statues de dieux champêtres. Le texte mentionne également une description de Pausanias sur deux athlètes vainqueurs, illustrant la joie et l'honneur des victoires grecques. L'auteur suggère que ces nouveaux sujets enrichissent les talents des artistes en leur offrant des thèmes inédits et inspirants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 109-115
SEANCE PUBLIQUE De l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Dijon.
Début :
Le 18 du mois d'Août 1754 , l'Académie tint à l'ordinaire fon affemblée [...]
Mots clefs :
Séance publique, Académie des sciences et belles-lettres de Dijon, Société, Discours, Inégalités des conditions, Homme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SEANCE PUBLIQUE De l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Dijon.
SEANCE PUBLIQUE
De l'Académie des Sciences & Belles- Lettres
de Dijon.
E 18 du mois d'Août 1754 , l'Académie
tint à l'ordinaire fon affemblée LE
publique pour la diftribution du prix.
>
La féance fut ouverte par M. Lantin
de Damerci , Académicien honoraire .
qui fit l'éloge de M. Hector - Bernard Pouffier
, Doyen du Parlement de Bourgogne
& fondateur de l'Académie. Ce difcours
fait autant d'honneur au coeur qu'à l'efprit
de M. de Damerci , qui s'y montre partout
auffi bon citoyen qu'Académicien zélé.
En louant fon héros de ce qu'il a fait
pour la patrie , par deux établiſſemens auffi
nobles qu'ils font avantageux ( la donation
faite au Doyenné du Parlement , & la
fondation de l'Académie ) , il rend un tribut
légitime de louanges aux Bourguignons
célebres qui ont tenu un rang diftingué
dans la république des Lettres , & aux citoyens
illuftres , qui plus encore par leurs
vertus que par les places éminentes qu'ils
occupent, font l'honneur & la gloire de leur
pays . Parmi ces noms refpectables on voit
110 MERCURE DE FRANCE.
avec plaifir ceux de M. de Berbifey , ancien
premier Préſident du Parlement , qui
après avoir été trente ans à la tête de cette
compagnie , plein de jours & comblé de
gloire , réfolut de paffer fes jours dans une
heureufe tranquillité , en défignant pour
le remplacer , le grand Magiftrat qui eft
aujourd'hui le chef du Parlement ; de M.
Vitte , Doyen du Parlement , & premier
Directeur de l'Académie , & de M. Joly
de Fleury , Intendant de Bourgogne , dont
les ancêtres ont rempli avec éclat les places
les plus diftinguées du Parlement de
Dijon. L'Orateur le loue avec autant de
difcernement que de délicateffe , & le peint
d'un feul trait en lui appliquant ce vers de:
Boileau ...
Soutient tout par lui-même , & voit tout par fes
yeux.
Ce difcours imprimé à Dijon in-4° . chez
J. Cofte , Imprimeur de l'Académie , eft
digne de la curiofité des Lettres & des
Arts. Outre l'érudition diftinguée qui y
regne , on y trouve plufieurs anecdotes
intéreffantes , & des réflexions fages fur les
établiffemens publics.
M. Gelot , Procureur du Roi du Domaine
, Académicien penfionnaire de la claſſe
de morale , chargé de la diftribution du
FEVRIER. 1755 111
prix , lut enfuite un difcours fur le fujer
propofé ; fçavoir quelle eft la fource de
Pinégalité parmi les hommes , & fi elle eft approuvée
par la loi naturelle.
Il y fait la critique de la méthode qu'ont
fuivie le grand nombre d'Auteurs qui ont
concouru , & dont les piéces ont été rejettées.
7
» Les Auteurs , dit M. G. qui ont traité
» de l'inégalité des conditions , plus ingé-
» nieux qu'exacts , ont orné leurs fujets ,
» mais ils ont manqué la reffemblance.
» Leurs écrits forment , fi l'on veut , une
» fuite d'idées brillantes ; mais on ne peut
» fe diffimuler que l'expérience de tous les
» fiécles & l'hiftoire de toutes les nations
» les démentent : .... La liberté qu'ils ac-
» cordent à l'homme , dégénere en licence
» effrénée ; il n'eft aucune fubordination
qu'ils ne traitent d'efclavage intoléra-
»ble... Aucun d'eux n'a daigné recourir
à l'Hiftoire : quel guide plus éclairé pouvoit
mieux leur indiquer la route qu'ils
» devoient fuivre pour parvenir à la vérité ?
Ainfi la cenfure de M. G. tombe fur
tous les difcours qui ont concouru ș fans
cependant avoir pour objet celui qui a été
couronné , & celui qui l'a approché de
plus près , dont il fera parlé plus bas .
Il dit enfuite qu'il a exifté & qu'il
"
112 MERCURE DE FRANCE.
exifte encore des fociétés où la nature fe
montre fans nuages , que fes reffources &
fes foibleffes s'y laiffent aifément faifir par
l'obfervateur impartial. Les Scythes & les
Germains , dans des fiécles plus reculés ; de
nos jours , les peuples de l'Amérique of
frent une multitude de preuves , de faits ,
de circonstances , qui apprennent à connoître
l'état primitif de la fociété ja les
défauts vifibles & groffiers où le manque
de fubordination précipita autrefois , & retient
encore les nations barbares citées en
exemple , forment autant de principes ,
defquels il eſt naturel de conclure avec
M. G. » que dans toute fociété perfection-
» née , je veux dire celle où les loix , les
" fciences & les arts fleutiffent , l'inégali-
» té des conditions eft néceffaire , qu'elle
» eft liée à la conftitution de cette fociété ,
» qu'elle en eft la bafe & le foutien ; &
par une feconde conféquence de ce prin-
» cipe fondée fur l'expérience de toutes
» les nations , que cette inégalité de condition
eft conforme à la loi naturelle.
Il va plus loin ; il expofe les dangers
continuels de cet état de barbarie , où l'on
ne peut efperer ni fûreté ni agrémens ,
d'où les talens & les arts fort bannis , &
où l'efprit & l'intelligence, qui font la meil
leure portion de notre exiſtence , éprouveFEVRIER.
1755. II}
و د
roient bientôt le même fort. » Ceux donc
qui ont regardé l'inégalité des conditions
comme contraire à la loi naturel-
» le , ne font tombés dans cette erreur que
» faute d'avoir connu la loi naturelle , &
» de lui avoir donné toute l'étendue qu'elle
>> doit avoir.
» L'homme eft né pour la fociété ; la
négative de cette propofition feroit une
» abfurdité ... S'il eft un cas où un hom-
"
"
me exifte fans faire partie d'aucune fo
» ciété , il eft fingulier , & ne peut être ici
» d'aucune confidération ... Mais donnez
» à cet homme un compagnon de folitude ,
≫ vous verrez bientôt les préceptes & les
obligations de la loi naturelle s'accroître
» à leurs égards. Multipliez ce nombre
» d'hommes , cette même loi naturelle reçoit
de nouvelles explications , prefcrit
» de nouveaux devoirs , qui fe combinent
» & fe multiplient conformément à tous
» les cas & à toutes les fituations où les
» membres de la fociété peuvent fe trou
» ver ... De là fe forment les rangs & les
» diſtinctions , en un mot l'inégalité des
» conditions .
و ر
"
·
» La fociété n'eft peut-être pas auffi par
» faite qu'elle pourroit l'être ; mais il feroit
injufte de la juger fur les abus qu'elle
» tolere , plutôt que fur les biens qu'elle
*
114 MERCURE DE FRANCE.
procure... Ce font des hommes qui la
»compofent & qui la régiffent ; ils ne peu-
» vent toujours le dépouiller de leurs paf-
» fions , de leurs foibleffes & de leurs erreurs
; les loix de cette fociété font leurs
» ouvrages , quelquefois ils portent le ſceau
» de l'humanité.
La différence des caracteres eft une des
preuves naturelles dont M. G. fe fert pour
établir l'inégalité des conditions ; il fait
fentir aux Philofophes orgueilleux , qui
ont déclamé contre ce principe fondamental
de toute fociété , combien eux-mêmes
ils feroient à plaindre fi leurs fophifmes
acqueroient affez de crédit pour changer
l'état des chofes. Il termine fon difcours
par cette fage conclufion : » Que chaque
membre de la fociété jouiffe avec modé-
» ration des avantages qu'elle lui procure ,
qu'il évite avec prudence l'effet de quel-
» ques abus qu'elle eft forcée de tolérer ,
» mais que dans tous les cas il refpecte
l'ordre établi.
Le problème intéreffant de l'inégalité
des conditions l'eft devenu davantage , par
la maniere ingénieufe & fage avec laquelle
M. Talbert , Chanoine de l'Eglife de Befançon,
& membre de l'Académie de la même
ville , l'a développé dans le difcours
que l'Académie couronne aujourd'hui. Son
FEVRIER. 1755. IIS
ftyle , fes preuves & fes réflexions annoncent
par-tout un philofophe éclairé , un auteur
chrétien , & un orateur élégant.
Sa religion a aidé fa raifon dans fes
»recherches , & leurs lumieres réunies lui
» ont fait trouver dans le coeur de l'hom-
» me même la folution du problême.
Pour ne rien ôter aux beautés de ce difcours
, il faudroit le rapporter en entier;
mais comme M. Talbert eft difpofé à le
faire imprimer , le public jugera par luimême
des talens de l'auteur & des motifs
qui ont déterminé l'Académie à le cou-
Fonner:
M. Etaffe , étudiant en Droit à Rennes ,
eft le feul concurrent que l'Académie ait
jugé digne d'entrer en lice avec M. Talbert.
Son difcours a pour devife , Urget
amor patria laudumque immenfa cupido.Pour
faire fon éloge , il fuffit d'annoncer qu'iba
fuivi le même plan , & faifi les mêmes
idées que fon rival ; mais il a été moins
heureux dans l'expofition , & n'a pas feu
répandre fur fon fujet autant de beautés
réelles que M. l'Abbé Talbert.
De l'Académie des Sciences & Belles- Lettres
de Dijon.
E 18 du mois d'Août 1754 , l'Académie
tint à l'ordinaire fon affemblée LE
publique pour la diftribution du prix.
>
La féance fut ouverte par M. Lantin
de Damerci , Académicien honoraire .
qui fit l'éloge de M. Hector - Bernard Pouffier
, Doyen du Parlement de Bourgogne
& fondateur de l'Académie. Ce difcours
fait autant d'honneur au coeur qu'à l'efprit
de M. de Damerci , qui s'y montre partout
auffi bon citoyen qu'Académicien zélé.
En louant fon héros de ce qu'il a fait
pour la patrie , par deux établiſſemens auffi
nobles qu'ils font avantageux ( la donation
faite au Doyenné du Parlement , & la
fondation de l'Académie ) , il rend un tribut
légitime de louanges aux Bourguignons
célebres qui ont tenu un rang diftingué
dans la république des Lettres , & aux citoyens
illuftres , qui plus encore par leurs
vertus que par les places éminentes qu'ils
occupent, font l'honneur & la gloire de leur
pays . Parmi ces noms refpectables on voit
110 MERCURE DE FRANCE.
avec plaifir ceux de M. de Berbifey , ancien
premier Préſident du Parlement , qui
après avoir été trente ans à la tête de cette
compagnie , plein de jours & comblé de
gloire , réfolut de paffer fes jours dans une
heureufe tranquillité , en défignant pour
le remplacer , le grand Magiftrat qui eft
aujourd'hui le chef du Parlement ; de M.
Vitte , Doyen du Parlement , & premier
Directeur de l'Académie , & de M. Joly
de Fleury , Intendant de Bourgogne , dont
les ancêtres ont rempli avec éclat les places
les plus diftinguées du Parlement de
Dijon. L'Orateur le loue avec autant de
difcernement que de délicateffe , & le peint
d'un feul trait en lui appliquant ce vers de:
Boileau ...
Soutient tout par lui-même , & voit tout par fes
yeux.
Ce difcours imprimé à Dijon in-4° . chez
J. Cofte , Imprimeur de l'Académie , eft
digne de la curiofité des Lettres & des
Arts. Outre l'érudition diftinguée qui y
regne , on y trouve plufieurs anecdotes
intéreffantes , & des réflexions fages fur les
établiffemens publics.
M. Gelot , Procureur du Roi du Domaine
, Académicien penfionnaire de la claſſe
de morale , chargé de la diftribution du
FEVRIER. 1755 111
prix , lut enfuite un difcours fur le fujer
propofé ; fçavoir quelle eft la fource de
Pinégalité parmi les hommes , & fi elle eft approuvée
par la loi naturelle.
Il y fait la critique de la méthode qu'ont
fuivie le grand nombre d'Auteurs qui ont
concouru , & dont les piéces ont été rejettées.
7
» Les Auteurs , dit M. G. qui ont traité
» de l'inégalité des conditions , plus ingé-
» nieux qu'exacts , ont orné leurs fujets ,
» mais ils ont manqué la reffemblance.
» Leurs écrits forment , fi l'on veut , une
» fuite d'idées brillantes ; mais on ne peut
» fe diffimuler que l'expérience de tous les
» fiécles & l'hiftoire de toutes les nations
» les démentent : .... La liberté qu'ils ac-
» cordent à l'homme , dégénere en licence
» effrénée ; il n'eft aucune fubordination
qu'ils ne traitent d'efclavage intoléra-
»ble... Aucun d'eux n'a daigné recourir
à l'Hiftoire : quel guide plus éclairé pouvoit
mieux leur indiquer la route qu'ils
» devoient fuivre pour parvenir à la vérité ?
Ainfi la cenfure de M. G. tombe fur
tous les difcours qui ont concouru ș fans
cependant avoir pour objet celui qui a été
couronné , & celui qui l'a approché de
plus près , dont il fera parlé plus bas .
Il dit enfuite qu'il a exifté & qu'il
"
112 MERCURE DE FRANCE.
exifte encore des fociétés où la nature fe
montre fans nuages , que fes reffources &
fes foibleffes s'y laiffent aifément faifir par
l'obfervateur impartial. Les Scythes & les
Germains , dans des fiécles plus reculés ; de
nos jours , les peuples de l'Amérique of
frent une multitude de preuves , de faits ,
de circonstances , qui apprennent à connoître
l'état primitif de la fociété ja les
défauts vifibles & groffiers où le manque
de fubordination précipita autrefois , & retient
encore les nations barbares citées en
exemple , forment autant de principes ,
defquels il eſt naturel de conclure avec
M. G. » que dans toute fociété perfection-
» née , je veux dire celle où les loix , les
" fciences & les arts fleutiffent , l'inégali-
» té des conditions eft néceffaire , qu'elle
» eft liée à la conftitution de cette fociété ,
» qu'elle en eft la bafe & le foutien ; &
par une feconde conféquence de ce prin-
» cipe fondée fur l'expérience de toutes
» les nations , que cette inégalité de condition
eft conforme à la loi naturelle.
Il va plus loin ; il expofe les dangers
continuels de cet état de barbarie , où l'on
ne peut efperer ni fûreté ni agrémens ,
d'où les talens & les arts fort bannis , &
où l'efprit & l'intelligence, qui font la meil
leure portion de notre exiſtence , éprouveFEVRIER.
1755. II}
و د
roient bientôt le même fort. » Ceux donc
qui ont regardé l'inégalité des conditions
comme contraire à la loi naturel-
» le , ne font tombés dans cette erreur que
» faute d'avoir connu la loi naturelle , &
» de lui avoir donné toute l'étendue qu'elle
>> doit avoir.
» L'homme eft né pour la fociété ; la
négative de cette propofition feroit une
» abfurdité ... S'il eft un cas où un hom-
"
"
me exifte fans faire partie d'aucune fo
» ciété , il eft fingulier , & ne peut être ici
» d'aucune confidération ... Mais donnez
» à cet homme un compagnon de folitude ,
≫ vous verrez bientôt les préceptes & les
obligations de la loi naturelle s'accroître
» à leurs égards. Multipliez ce nombre
» d'hommes , cette même loi naturelle reçoit
de nouvelles explications , prefcrit
» de nouveaux devoirs , qui fe combinent
» & fe multiplient conformément à tous
» les cas & à toutes les fituations où les
» membres de la fociété peuvent fe trou
» ver ... De là fe forment les rangs & les
» diſtinctions , en un mot l'inégalité des
» conditions .
و ر
"
·
» La fociété n'eft peut-être pas auffi par
» faite qu'elle pourroit l'être ; mais il feroit
injufte de la juger fur les abus qu'elle
» tolere , plutôt que fur les biens qu'elle
*
114 MERCURE DE FRANCE.
procure... Ce font des hommes qui la
»compofent & qui la régiffent ; ils ne peu-
» vent toujours le dépouiller de leurs paf-
» fions , de leurs foibleffes & de leurs erreurs
; les loix de cette fociété font leurs
» ouvrages , quelquefois ils portent le ſceau
» de l'humanité.
La différence des caracteres eft une des
preuves naturelles dont M. G. fe fert pour
établir l'inégalité des conditions ; il fait
fentir aux Philofophes orgueilleux , qui
ont déclamé contre ce principe fondamental
de toute fociété , combien eux-mêmes
ils feroient à plaindre fi leurs fophifmes
acqueroient affez de crédit pour changer
l'état des chofes. Il termine fon difcours
par cette fage conclufion : » Que chaque
membre de la fociété jouiffe avec modé-
» ration des avantages qu'elle lui procure ,
qu'il évite avec prudence l'effet de quel-
» ques abus qu'elle eft forcée de tolérer ,
» mais que dans tous les cas il refpecte
l'ordre établi.
Le problème intéreffant de l'inégalité
des conditions l'eft devenu davantage , par
la maniere ingénieufe & fage avec laquelle
M. Talbert , Chanoine de l'Eglife de Befançon,
& membre de l'Académie de la même
ville , l'a développé dans le difcours
que l'Académie couronne aujourd'hui. Son
FEVRIER. 1755. IIS
ftyle , fes preuves & fes réflexions annoncent
par-tout un philofophe éclairé , un auteur
chrétien , & un orateur élégant.
Sa religion a aidé fa raifon dans fes
»recherches , & leurs lumieres réunies lui
» ont fait trouver dans le coeur de l'hom-
» me même la folution du problême.
Pour ne rien ôter aux beautés de ce difcours
, il faudroit le rapporter en entier;
mais comme M. Talbert eft difpofé à le
faire imprimer , le public jugera par luimême
des talens de l'auteur & des motifs
qui ont déterminé l'Académie à le cou-
Fonner:
M. Etaffe , étudiant en Droit à Rennes ,
eft le feul concurrent que l'Académie ait
jugé digne d'entrer en lice avec M. Talbert.
Son difcours a pour devife , Urget
amor patria laudumque immenfa cupido.Pour
faire fon éloge , il fuffit d'annoncer qu'iba
fuivi le même plan , & faifi les mêmes
idées que fon rival ; mais il a été moins
heureux dans l'expofition , & n'a pas feu
répandre fur fon fujet autant de beautés
réelles que M. l'Abbé Talbert.
Fermer
6
p. 109-115
SEANCE PUBLIQUE De l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Dijon.
Début :
Le 18 du mois d'Août 1754 , l'Académie tint à l'ordinaire fon affemblée [...]
Mots clefs :
Séance publique, Académie des sciences et belles-lettres de Dijon, Société, Discours, Inégalités des conditions, Homme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SEANCE PUBLIQUE De l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Dijon.
SEANCE PUBLIQUE
De l'Académie des Sciences & Belles- Lettres
de Dijon.
E 18 du mois d'Août 1754 , l'Académie
tint à l'ordinaire fon affemblée LE
publique pour la diftribution du prix.
>
La féance fut ouverte par M. Lantin
de Damerci , Académicien honoraire .
qui fit l'éloge de M. Hector - Bernard Pouffier
, Doyen du Parlement de Bourgogne
& fondateur de l'Académie. Ce difcours
fait autant d'honneur au coeur qu'à l'efprit
de M. de Damerci , qui s'y montre partout
auffi bon citoyen qu'Académicien zélé.
En louant fon héros de ce qu'il a fait
pour la patrie , par deux établiſſemens auffi
nobles qu'ils font avantageux ( la donation
faite au Doyenné du Parlement , & la
fondation de l'Académie ) , il rend un tribut
légitime de louanges aux Bourguignons
célebres qui ont tenu un rang diftingué
dans la république des Lettres , & aux citoyens
illuftres , qui plus encore par leurs
vertus que par les places éminentes qu'ils
occupent, font l'honneur & la gloire de leur
pays . Parmi ces noms refpectables on voit
110 MERCURE DE FRANCE.
avec plaifir ceux de M. de Berbifey , ancien
premier Préſident du Parlement , qui
après avoir été trente ans à la tête de cette
compagnie , plein de jours & comblé de
gloire , réfolut de paffer fes jours dans une
heureufe tranquillité , en défignant pour
le remplacer , le grand Magiftrat qui eft
aujourd'hui le chef du Parlement ; de M.
Vitte , Doyen du Parlement , & premier
Directeur de l'Académie , & de M. Joly
de Fleury , Intendant de Bourgogne , dont
les ancêtres ont rempli avec éclat les places
les plus diftinguées du Parlement de
Dijon. L'Orateur le loue avec autant de
difcernement que de délicateffe , & le peint
d'un feul trait en lui appliquant ce vers de:
Boileau ...
Soutient tout par lui-même , & voit tout par fes
yeux.
Ce difcours imprimé à Dijon in-4° . chez
J. Cofte , Imprimeur de l'Académie , eft
digne de la curiofité des Lettres & des
Arts. Outre l'érudition diftinguée qui y
regne , on y trouve plufieurs anecdotes
intéreffantes , & des réflexions fages fur les
établiffemens publics.
M. Gelot , Procureur du Roi du Domaine
, Académicien penfionnaire de la claſſe
de morale , chargé de la diftribution du
FEVRIER. 1755 111
prix , lut enfuite un difcours fur le fujer
propofé ; fçavoir quelle eft la fource de
Pinégalité parmi les hommes , & fi elle eft approuvée
par la loi naturelle.
Il y fait la critique de la méthode qu'ont
fuivie le grand nombre d'Auteurs qui ont
concouru , & dont les piéces ont été rejettées.
7
» Les Auteurs , dit M. G. qui ont traité
» de l'inégalité des conditions , plus ingé-
» nieux qu'exacts , ont orné leurs fujets ,
» mais ils ont manqué la reffemblance.
» Leurs écrits forment , fi l'on veut , une
» fuite d'idées brillantes ; mais on ne peut
» fe diffimuler que l'expérience de tous les
» fiécles & l'hiftoire de toutes les nations
» les démentent : .... La liberté qu'ils ac-
» cordent à l'homme , dégénere en licence
» effrénée ; il n'eft aucune fubordination
qu'ils ne traitent d'efclavage intoléra-
»ble... Aucun d'eux n'a daigné recourir
à l'Hiftoire : quel guide plus éclairé pouvoit
mieux leur indiquer la route qu'ils
» devoient fuivre pour parvenir à la vérité ?
Ainfi la cenfure de M. G. tombe fur
tous les difcours qui ont concouru ș fans
cependant avoir pour objet celui qui a été
couronné , & celui qui l'a approché de
plus près , dont il fera parlé plus bas .
Il dit enfuite qu'il a exifté & qu'il
"
112 MERCURE DE FRANCE.
exifte encore des fociétés où la nature fe
montre fans nuages , que fes reffources &
fes foibleffes s'y laiffent aifément faifir par
l'obfervateur impartial. Les Scythes & les
Germains , dans des fiécles plus reculés ; de
nos jours , les peuples de l'Amérique of
frent une multitude de preuves , de faits ,
de circonstances , qui apprennent à connoître
l'état primitif de la fociété ja les
défauts vifibles & groffiers où le manque
de fubordination précipita autrefois , & retient
encore les nations barbares citées en
exemple , forment autant de principes ,
defquels il eſt naturel de conclure avec
M. G. » que dans toute fociété perfection-
» née , je veux dire celle où les loix , les
" fciences & les arts fleutiffent , l'inégali-
» té des conditions eft néceffaire , qu'elle
» eft liée à la conftitution de cette fociété ,
» qu'elle en eft la bafe & le foutien ; &
par une feconde conféquence de ce prin-
» cipe fondée fur l'expérience de toutes
» les nations , que cette inégalité de condition
eft conforme à la loi naturelle.
Il va plus loin ; il expofe les dangers
continuels de cet état de barbarie , où l'on
ne peut efperer ni fûreté ni agrémens ,
d'où les talens & les arts fort bannis , &
où l'efprit & l'intelligence, qui font la meil
leure portion de notre exiſtence , éprouveFEVRIER.
1755. II}
و د
roient bientôt le même fort. » Ceux donc
qui ont regardé l'inégalité des conditions
comme contraire à la loi naturel-
» le , ne font tombés dans cette erreur que
» faute d'avoir connu la loi naturelle , &
» de lui avoir donné toute l'étendue qu'elle
>> doit avoir.
» L'homme eft né pour la fociété ; la
négative de cette propofition feroit une
» abfurdité ... S'il eft un cas où un hom-
"
"
me exifte fans faire partie d'aucune fo
» ciété , il eft fingulier , & ne peut être ici
» d'aucune confidération ... Mais donnez
» à cet homme un compagnon de folitude ,
≫ vous verrez bientôt les préceptes & les
obligations de la loi naturelle s'accroître
» à leurs égards. Multipliez ce nombre
» d'hommes , cette même loi naturelle reçoit
de nouvelles explications , prefcrit
» de nouveaux devoirs , qui fe combinent
» & fe multiplient conformément à tous
» les cas & à toutes les fituations où les
» membres de la fociété peuvent fe trou
» ver ... De là fe forment les rangs & les
» diſtinctions , en un mot l'inégalité des
» conditions .
و ر
"
·
» La fociété n'eft peut-être pas auffi par
» faite qu'elle pourroit l'être ; mais il feroit
injufte de la juger fur les abus qu'elle
» tolere , plutôt que fur les biens qu'elle
*
114 MERCURE DE FRANCE.
procure... Ce font des hommes qui la
»compofent & qui la régiffent ; ils ne peu-
» vent toujours le dépouiller de leurs paf-
» fions , de leurs foibleffes & de leurs erreurs
; les loix de cette fociété font leurs
» ouvrages , quelquefois ils portent le ſceau
» de l'humanité.
La différence des caracteres eft une des
preuves naturelles dont M. G. fe fert pour
établir l'inégalité des conditions ; il fait
fentir aux Philofophes orgueilleux , qui
ont déclamé contre ce principe fondamental
de toute fociété , combien eux-mêmes
ils feroient à plaindre fi leurs fophifmes
acqueroient affez de crédit pour changer
l'état des chofes. Il termine fon difcours
par cette fage conclufion : » Que chaque
membre de la fociété jouiffe avec modé-
» ration des avantages qu'elle lui procure ,
qu'il évite avec prudence l'effet de quel-
» ques abus qu'elle eft forcée de tolérer ,
» mais que dans tous les cas il refpecte
l'ordre établi.
Le problème intéreffant de l'inégalité
des conditions l'eft devenu davantage , par
la maniere ingénieufe & fage avec laquelle
M. Talbert , Chanoine de l'Eglife de Befançon,
& membre de l'Académie de la même
ville , l'a développé dans le difcours
que l'Académie couronne aujourd'hui. Son
FEVRIER. 1755. IIS
ftyle , fes preuves & fes réflexions annoncent
par-tout un philofophe éclairé , un auteur
chrétien , & un orateur élégant.
Sa religion a aidé fa raifon dans fes
»recherches , & leurs lumieres réunies lui
» ont fait trouver dans le coeur de l'hom-
» me même la folution du problême.
Pour ne rien ôter aux beautés de ce difcours
, il faudroit le rapporter en entier;
mais comme M. Talbert eft difpofé à le
faire imprimer , le public jugera par luimême
des talens de l'auteur & des motifs
qui ont déterminé l'Académie à le cou-
Fonner:
M. Etaffe , étudiant en Droit à Rennes ,
eft le feul concurrent que l'Académie ait
jugé digne d'entrer en lice avec M. Talbert.
Son difcours a pour devife , Urget
amor patria laudumque immenfa cupido.Pour
faire fon éloge , il fuffit d'annoncer qu'iba
fuivi le même plan , & faifi les mêmes
idées que fon rival ; mais il a été moins
heureux dans l'expofition , & n'a pas feu
répandre fur fon fujet autant de beautés
réelles que M. l'Abbé Talbert.
De l'Académie des Sciences & Belles- Lettres
de Dijon.
E 18 du mois d'Août 1754 , l'Académie
tint à l'ordinaire fon affemblée LE
publique pour la diftribution du prix.
>
La féance fut ouverte par M. Lantin
de Damerci , Académicien honoraire .
qui fit l'éloge de M. Hector - Bernard Pouffier
, Doyen du Parlement de Bourgogne
& fondateur de l'Académie. Ce difcours
fait autant d'honneur au coeur qu'à l'efprit
de M. de Damerci , qui s'y montre partout
auffi bon citoyen qu'Académicien zélé.
En louant fon héros de ce qu'il a fait
pour la patrie , par deux établiſſemens auffi
nobles qu'ils font avantageux ( la donation
faite au Doyenné du Parlement , & la
fondation de l'Académie ) , il rend un tribut
légitime de louanges aux Bourguignons
célebres qui ont tenu un rang diftingué
dans la république des Lettres , & aux citoyens
illuftres , qui plus encore par leurs
vertus que par les places éminentes qu'ils
occupent, font l'honneur & la gloire de leur
pays . Parmi ces noms refpectables on voit
110 MERCURE DE FRANCE.
avec plaifir ceux de M. de Berbifey , ancien
premier Préſident du Parlement , qui
après avoir été trente ans à la tête de cette
compagnie , plein de jours & comblé de
gloire , réfolut de paffer fes jours dans une
heureufe tranquillité , en défignant pour
le remplacer , le grand Magiftrat qui eft
aujourd'hui le chef du Parlement ; de M.
Vitte , Doyen du Parlement , & premier
Directeur de l'Académie , & de M. Joly
de Fleury , Intendant de Bourgogne , dont
les ancêtres ont rempli avec éclat les places
les plus diftinguées du Parlement de
Dijon. L'Orateur le loue avec autant de
difcernement que de délicateffe , & le peint
d'un feul trait en lui appliquant ce vers de:
Boileau ...
Soutient tout par lui-même , & voit tout par fes
yeux.
Ce difcours imprimé à Dijon in-4° . chez
J. Cofte , Imprimeur de l'Académie , eft
digne de la curiofité des Lettres & des
Arts. Outre l'érudition diftinguée qui y
regne , on y trouve plufieurs anecdotes
intéreffantes , & des réflexions fages fur les
établiffemens publics.
M. Gelot , Procureur du Roi du Domaine
, Académicien penfionnaire de la claſſe
de morale , chargé de la diftribution du
FEVRIER. 1755 111
prix , lut enfuite un difcours fur le fujer
propofé ; fçavoir quelle eft la fource de
Pinégalité parmi les hommes , & fi elle eft approuvée
par la loi naturelle.
Il y fait la critique de la méthode qu'ont
fuivie le grand nombre d'Auteurs qui ont
concouru , & dont les piéces ont été rejettées.
7
» Les Auteurs , dit M. G. qui ont traité
» de l'inégalité des conditions , plus ingé-
» nieux qu'exacts , ont orné leurs fujets ,
» mais ils ont manqué la reffemblance.
» Leurs écrits forment , fi l'on veut , une
» fuite d'idées brillantes ; mais on ne peut
» fe diffimuler que l'expérience de tous les
» fiécles & l'hiftoire de toutes les nations
» les démentent : .... La liberté qu'ils ac-
» cordent à l'homme , dégénere en licence
» effrénée ; il n'eft aucune fubordination
qu'ils ne traitent d'efclavage intoléra-
»ble... Aucun d'eux n'a daigné recourir
à l'Hiftoire : quel guide plus éclairé pouvoit
mieux leur indiquer la route qu'ils
» devoient fuivre pour parvenir à la vérité ?
Ainfi la cenfure de M. G. tombe fur
tous les difcours qui ont concouru ș fans
cependant avoir pour objet celui qui a été
couronné , & celui qui l'a approché de
plus près , dont il fera parlé plus bas .
Il dit enfuite qu'il a exifté & qu'il
"
112 MERCURE DE FRANCE.
exifte encore des fociétés où la nature fe
montre fans nuages , que fes reffources &
fes foibleffes s'y laiffent aifément faifir par
l'obfervateur impartial. Les Scythes & les
Germains , dans des fiécles plus reculés ; de
nos jours , les peuples de l'Amérique of
frent une multitude de preuves , de faits ,
de circonstances , qui apprennent à connoître
l'état primitif de la fociété ja les
défauts vifibles & groffiers où le manque
de fubordination précipita autrefois , & retient
encore les nations barbares citées en
exemple , forment autant de principes ,
defquels il eſt naturel de conclure avec
M. G. » que dans toute fociété perfection-
» née , je veux dire celle où les loix , les
" fciences & les arts fleutiffent , l'inégali-
» té des conditions eft néceffaire , qu'elle
» eft liée à la conftitution de cette fociété ,
» qu'elle en eft la bafe & le foutien ; &
par une feconde conféquence de ce prin-
» cipe fondée fur l'expérience de toutes
» les nations , que cette inégalité de condition
eft conforme à la loi naturelle.
Il va plus loin ; il expofe les dangers
continuels de cet état de barbarie , où l'on
ne peut efperer ni fûreté ni agrémens ,
d'où les talens & les arts fort bannis , &
où l'efprit & l'intelligence, qui font la meil
leure portion de notre exiſtence , éprouveFEVRIER.
1755. II}
و د
roient bientôt le même fort. » Ceux donc
qui ont regardé l'inégalité des conditions
comme contraire à la loi naturel-
» le , ne font tombés dans cette erreur que
» faute d'avoir connu la loi naturelle , &
» de lui avoir donné toute l'étendue qu'elle
>> doit avoir.
» L'homme eft né pour la fociété ; la
négative de cette propofition feroit une
» abfurdité ... S'il eft un cas où un hom-
"
"
me exifte fans faire partie d'aucune fo
» ciété , il eft fingulier , & ne peut être ici
» d'aucune confidération ... Mais donnez
» à cet homme un compagnon de folitude ,
≫ vous verrez bientôt les préceptes & les
obligations de la loi naturelle s'accroître
» à leurs égards. Multipliez ce nombre
» d'hommes , cette même loi naturelle reçoit
de nouvelles explications , prefcrit
» de nouveaux devoirs , qui fe combinent
» & fe multiplient conformément à tous
» les cas & à toutes les fituations où les
» membres de la fociété peuvent fe trou
» ver ... De là fe forment les rangs & les
» diſtinctions , en un mot l'inégalité des
» conditions .
و ر
"
·
» La fociété n'eft peut-être pas auffi par
» faite qu'elle pourroit l'être ; mais il feroit
injufte de la juger fur les abus qu'elle
» tolere , plutôt que fur les biens qu'elle
*
114 MERCURE DE FRANCE.
procure... Ce font des hommes qui la
»compofent & qui la régiffent ; ils ne peu-
» vent toujours le dépouiller de leurs paf-
» fions , de leurs foibleffes & de leurs erreurs
; les loix de cette fociété font leurs
» ouvrages , quelquefois ils portent le ſceau
» de l'humanité.
La différence des caracteres eft une des
preuves naturelles dont M. G. fe fert pour
établir l'inégalité des conditions ; il fait
fentir aux Philofophes orgueilleux , qui
ont déclamé contre ce principe fondamental
de toute fociété , combien eux-mêmes
ils feroient à plaindre fi leurs fophifmes
acqueroient affez de crédit pour changer
l'état des chofes. Il termine fon difcours
par cette fage conclufion : » Que chaque
membre de la fociété jouiffe avec modé-
» ration des avantages qu'elle lui procure ,
qu'il évite avec prudence l'effet de quel-
» ques abus qu'elle eft forcée de tolérer ,
» mais que dans tous les cas il refpecte
l'ordre établi.
Le problème intéreffant de l'inégalité
des conditions l'eft devenu davantage , par
la maniere ingénieufe & fage avec laquelle
M. Talbert , Chanoine de l'Eglife de Befançon,
& membre de l'Académie de la même
ville , l'a développé dans le difcours
que l'Académie couronne aujourd'hui. Son
FEVRIER. 1755. IIS
ftyle , fes preuves & fes réflexions annoncent
par-tout un philofophe éclairé , un auteur
chrétien , & un orateur élégant.
Sa religion a aidé fa raifon dans fes
»recherches , & leurs lumieres réunies lui
» ont fait trouver dans le coeur de l'hom-
» me même la folution du problême.
Pour ne rien ôter aux beautés de ce difcours
, il faudroit le rapporter en entier;
mais comme M. Talbert eft difpofé à le
faire imprimer , le public jugera par luimême
des talens de l'auteur & des motifs
qui ont déterminé l'Académie à le cou-
Fonner:
M. Etaffe , étudiant en Droit à Rennes ,
eft le feul concurrent que l'Académie ait
jugé digne d'entrer en lice avec M. Talbert.
Son difcours a pour devife , Urget
amor patria laudumque immenfa cupido.Pour
faire fon éloge , il fuffit d'annoncer qu'iba
fuivi le même plan , & faifi les mêmes
idées que fon rival ; mais il a été moins
heureux dans l'expofition , & n'a pas feu
répandre fur fon fujet autant de beautés
réelles que M. l'Abbé Talbert.
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Résumé : SEANCE PUBLIQUE De l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Dijon.
Le 18 août 1754, l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Dijon organisa une séance publique pour la distribution du prix. La séance débuta par un discours de M. Lantin de Damerci, académicien honoraire, qui rendit hommage à M. Hector-Bernard Pouffier, doyen du Parlement de Bourgogne et fondateur de l'Académie. De Damerci souligna les contributions de Pouffier à la patrie, notamment par la donation au Doyenné du Parlement et la fondation de l'Académie. Il loua également des figures illustres de Bourgogne, telles que M. de Berbisey, ancien premier Président du Parlement, M. Vitte, doyen du Parlement et premier directeur de l'Académie, et M. Joly de Fleury, intendant de Bourgogne. Ensuite, M. Gelot, procureur du Roi du Domaine et académicien pensionnaire, lut un discours sur l'inégalité parmi les hommes et sa conformité avec la loi naturelle. Il critiqua les auteurs ayant traité de l'inégalité des conditions, les jugeant plus ingénieux qu'exacts, et souligna que leurs écrits étaient démentis par l'expérience des siècles et l'histoire des nations. Gelot affirma que l'inégalité des conditions est nécessaire dans une société perfectionnée, où les lois, les sciences et les arts fleurissent. Il conclut en exhortant chaque membre de la société à respecter l'ordre établi. Le problème de l'inégalité des conditions fut également développé par M. Talbert, chanoine de l'Église de Besançon et membre de l'Académie de la même ville, dont le discours fut couronné par l'Académie. Son style, ses preuves et ses réflexions témoignèrent d'un philosophe éclairé, d'un auteur chrétien et d'un orateur élégant. M. Etaffe, étudiant en droit à Rennes, fut le seul concurrent jugé digne d'entrer en lice avec M. Talbert, mais son discours fut moins réussi dans l'exposition.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 116-117
SEANCE PUBLIQUE De l'Académie des Belles-Lettres de Marseille, 1754.
Début :
L'Académie des Belles-Lettres de Marseille tint fon assemblée publique , selon [...]
Mots clefs :
Académie des Belles-Lettres de Marseille, Prix
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texteReconnaissance textuelle : SEANCE PUBLIQUE De l'Académie des Belles-Lettres de Marseille, 1754.
SEANCE PUBLIQUE
De l'Académie des Belles - Lettres de
Marſeille , 1754.
'Académie des Belles-Lettres de Marfeille
tint fon affemblée publique , felon
l'ufage , le 25 Août , fête de S. Louis ,
dans la falle que le Roi lui a accordée dans
l'Arfenal. { :
M. le Marquis de Pennes , Chancelier
faifant fonction de Directeur en abſence ,
ouvrit la féance par un difcours relatif au
fujet de l'affemblée, or ind
a
M. de Sinety lut un chant dun Poeme
de M. le Marquis de Mirabeau , affocié de
P'Académie , abfent , intitulé L'Art de la
Guerre. M. Guys lur une differtation fur
les danfes des Grecs nfodernes , comparées
à celles des anciens , qui fait partie d'un
plus long ouvrage. M. Guteu lut un ouvrage
en vers , intitulé : La guérison obtenue
par l'amour & Remerciment à la famé.
M. Guys lut un ouvrage en vers , intitulé
: Le Philofophe irréfolu
L'Académie ayant cette année réſervé
le prix , en aura deux à diftribuer l'anmée
prochaine. Elle avertit donc le public
FEVRIER. 1755. 117
>
que le 25 Août , jour & fête de S. Louis
de l'année prochaine 1755 , elle adjugera
un de ces prix à un poëme à rimes plates ,
de cent cinquante vers au plus , & de cent
au moins , à l'exclufion de toute Ode , dont
le fujet fera , la réunion de la Provence à
la Couronne ; & l'autre de ces prix à un difcours
d'un quart-d'heure , ou tout au plus
d'une demi -heure de lecture , dont le fujet
fera , l'homme eft plus grand par l'usage des
talens que par les talens même .
Le prix qu'elle décerne eft une médaille
d'or , de la valeur de trois cens livres , portant
d'un côté le bufte de M. le Maréchal
Duc de Villars , fondateur & premier protecteur
de l'Académie ; & fur le revers ces
mots , Premium Academia Maffilienfis , entourés
d'une couronne de laurier.
On adreffera les ouvrages à M. de Chalamont
de la Vifcleve , Secrétaire perpétuel
de l'Académie des Belles - Lettres, de
Marſeille , rue de l'Evêché. On affranchira
les paquets à la pofte , fans quoi ils ne feront
point retirés. Ils ne feront reçus que
jufqu'au premier Mai inclufivement.
De l'Académie des Belles - Lettres de
Marſeille , 1754.
'Académie des Belles-Lettres de Marfeille
tint fon affemblée publique , felon
l'ufage , le 25 Août , fête de S. Louis ,
dans la falle que le Roi lui a accordée dans
l'Arfenal. { :
M. le Marquis de Pennes , Chancelier
faifant fonction de Directeur en abſence ,
ouvrit la féance par un difcours relatif au
fujet de l'affemblée, or ind
a
M. de Sinety lut un chant dun Poeme
de M. le Marquis de Mirabeau , affocié de
P'Académie , abfent , intitulé L'Art de la
Guerre. M. Guys lur une differtation fur
les danfes des Grecs nfodernes , comparées
à celles des anciens , qui fait partie d'un
plus long ouvrage. M. Guteu lut un ouvrage
en vers , intitulé : La guérison obtenue
par l'amour & Remerciment à la famé.
M. Guys lut un ouvrage en vers , intitulé
: Le Philofophe irréfolu
L'Académie ayant cette année réſervé
le prix , en aura deux à diftribuer l'anmée
prochaine. Elle avertit donc le public
FEVRIER. 1755. 117
>
que le 25 Août , jour & fête de S. Louis
de l'année prochaine 1755 , elle adjugera
un de ces prix à un poëme à rimes plates ,
de cent cinquante vers au plus , & de cent
au moins , à l'exclufion de toute Ode , dont
le fujet fera , la réunion de la Provence à
la Couronne ; & l'autre de ces prix à un difcours
d'un quart-d'heure , ou tout au plus
d'une demi -heure de lecture , dont le fujet
fera , l'homme eft plus grand par l'usage des
talens que par les talens même .
Le prix qu'elle décerne eft une médaille
d'or , de la valeur de trois cens livres , portant
d'un côté le bufte de M. le Maréchal
Duc de Villars , fondateur & premier protecteur
de l'Académie ; & fur le revers ces
mots , Premium Academia Maffilienfis , entourés
d'une couronne de laurier.
On adreffera les ouvrages à M. de Chalamont
de la Vifcleve , Secrétaire perpétuel
de l'Académie des Belles - Lettres, de
Marſeille , rue de l'Evêché. On affranchira
les paquets à la pofte , fans quoi ils ne feront
point retirés. Ils ne feront reçus que
jufqu'au premier Mai inclufivement.
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Résumé : SEANCE PUBLIQUE De l'Académie des Belles-Lettres de Marseille, 1754.
La séance publique de l'Académie des Belles-Lettres de Marseille s'est déroulée le 25 août 1754, à l'occasion de la fête de Saint-Louis, dans la salle de l'Arsenal. M. le Marquis de Pennes, Directeur par intérim, a ouvert la séance. M. de Sinety a lu un extrait du poème 'L'Art de la Guerre' de M. le Marquis de Mirabeau. M. Guys a présenté une dissertation sur les danses des Grecs modernes comparées à celles des anciens. M. Guteu a lu deux œuvres en vers : 'La guérison obtenue par l'amour & Remerciment à la fame' et 'Le Philosophe irréfléchi'. Pour 1755, l'Académie a annoncé deux prix : un pour un poème de 100 à 150 vers sur la réunion de la Provence à la Couronne, et un autre pour un discours de 15 à 30 minutes sur le thème 'l'homme est plus grand par l'usage des talents que par les talents eux-mêmes'. Chaque prix consiste en une médaille d'or valant 300 livres. Les œuvres doivent être envoyées à M. de Chalamont de la Vifcleve avant le 1er mai 1755.
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p. 118
LETTRE DE M. DE CHEVRIER à l'Auteur du Mercure.
Début :
Je viens de parcourir , Monsieur , un ouvrage périodique , imprimé en Hollande [...]
Mots clefs :
Ouvrage périodique, Anti-feuilles
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE M. DE CHEVRIER à l'Auteur du Mercure.
LETTRE DE M. DE CHEVRIER
à l'Auteur du Mercure.
E viens de parcourir , Monfieur , un
ouvrage périodique , imprimé en Hollande
, dans lequel on lit ces mots : Les
Anti-feuilles publiées depuis trois ſemaines à
Paris , font de M. de Chevrier.
J'ignore qui a pu donner lieu à cette
apoftille ; mais je puis vous protefter que
je n'ai aucune part à cette production . Je
n'ai que trop de mes propres écrits , fans
qu'on m'en attribue que je ne connois
point.
J'ofe vous prier de rendre ma lettre publique
dans votre premier Mercure.
J'ai l'honneur d'être , &c.
A Paris , ce 16 Janvier 1755 .
à l'Auteur du Mercure.
E viens de parcourir , Monfieur , un
ouvrage périodique , imprimé en Hollande
, dans lequel on lit ces mots : Les
Anti-feuilles publiées depuis trois ſemaines à
Paris , font de M. de Chevrier.
J'ignore qui a pu donner lieu à cette
apoftille ; mais je puis vous protefter que
je n'ai aucune part à cette production . Je
n'ai que trop de mes propres écrits , fans
qu'on m'en attribue que je ne connois
point.
J'ofe vous prier de rendre ma lettre publique
dans votre premier Mercure.
J'ai l'honneur d'être , &c.
A Paris , ce 16 Janvier 1755 .
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Résumé : LETTRE DE M. DE CHEVRIER à l'Auteur du Mercure.
M. de Chevrier conteste dans une lettre du 16 janvier 1755 une information du Mercure, qui l'associe aux 'Anti-feuilles' publiées à Paris. Il nie toute implication et demande la publication de sa lettre pour clarifier sa position.
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