Le bureau du Mercure

Les directeurs successifs du Mercure de France emploient à partir des années 1720 des commis dont nous ne connaissons souvent que les noms de famille : Moreau, Clèves d’Arnicourt, Merien, Lutton, Guth, etc. Ces commis sont responsables de l’administration du Mercure, qui prend le nom de « bureau du Mercure » à partir des années 1740. Ils gèrent les souscriptions, préparent les envois d’exemplaires et reçoivent les textes à publier dans le périodique. Le bureau du Mercure apparaît donc comme une interface entre les journalistes, les lecteurs, les libraires et les postes. La base de données en ligne « Bureau du Mercure » assume des fonctions similaires : elle procure au lecteur un accès au Mercure galant et au Mercure de France, recense les textes et les auteurs, permet d’étudier les contenus du périodique et sa diffusion. Elle s’appuie sur une collection quasi complète de copies PDF des volumes du Mercure, issues d’une dizaine de bibliothèques numériques dont les principales sont Google Books et Gallica, réunies avec l’aide du Gazetier universel et du Gazetier révolutionnaire. Les livraisons sont progressivement indexées par l’équipe du projet qui utilise le système de gestion de contenus Drupal.

Contenu et données

Pour décrire le périodique dans un environnement informatique, nous distinguons cinq types de contenus principaux :

  • Le « périodique » est une entité abstraite qui correspond à une période d’existence du Mercure, définie par une relative homogénéité en matière de ligne éditoriale. Elle permet aussi de distinguer les titres principaux et leurs suppléments. Ainsi, le Mercure galant de Donneau de Visé et l’Extraordinaire qui lui sert de supplément forment deux « périodiques ».
  • La « livraison » correspond à l’unité matérielle que forme un volume ou un numéro : c’est un ensemble de textes qui paraît à un moment donné.
  • La « section » représente une division structurelle de la livraison : elle regroupe sous un titre englobant un ensemble de textes qui se suivent. Les « Pièces fugitives en vers et en prose » et les « Nouvelles des pays étrangers » constituent deux exemples de sections.
  • Le « texte » possède un titre ou se distingue des autres contenus textuels de la livraison par la mise en page ou par un autre dispositif visuel. Chaque article et chaque poésie forme un texte. C’est le cœur de la base de données.
  • Au même niveau que le texte, l’« illustration » désigne soit une gravure insérée dans une livraison (et distincte d’un simple ornement typographique) soit une partition de musique (qu’elle soit gravée ou composée avec des caractères mobiles).

Chaque contenu correspond à un ensemble de données saisies par les collaborateurs. Ces données visent à décrire les contenus et à les mettre en relation. Les relations peuvent être verticales (un « texte » fait partie d’une « livraison » qui fait partie d’un « périodique ») ou horizontales (un « texte » constitue la suite d’un autre « texte » ou la réponse à un autre « texte », par exemple). Les contenus internes sont par ailleurs reliés à des contenus externes, procurés par d’autres projets numériques et importés dans notre base de données. Ainsi, lorsque qu’un texte du Mercure porte sur un livre imprimé, nous établissons une relation entre ce texte et la fiche de l’œuvre fournie par le Catalogue général de la Bibliothèque nationale de France. S’il est attribuable à une personne ou adressé à une personne, nous le lions à la « notice d’autorité » de la personne concernée, produite par cette même bibliothèque. S’il provient d’un lieu identifiable, nous l’associons à une fiche de lieu issue de la base GeoNames qui permet de géolocaliser cet emplacement. Les champs associés à chaque type de contenu sont décrits en détail dans des ontologies et des référentiels. Le traitement des contenus fournis par des tiers est exposé dans les procédures d’importation des données externes.

Utilisation

Hautement relationnelle, cette base de données permet de circuler facilement, par exemple, d’une illustration au texte qui lui est associé, du texte à l’auteur, et de l’auteur à l’ensemble des textes qu’il publie dans le Mercure. L’utilisateur peut choisir de parcourir les textes d’après le genre de l’auteur, sa profession, son titre de noblesse ou son lieu de provenance. Il peut réunir des textes et des illustrations en fonction de plusieurs critères comme un domaine de l’activité intellectuelle, un mot clef, un type d’écrit journalistique ou un genre littéraire. Cet outil permet de naviguer dans les sommaires des livraisons ou d’effectuer des recherches en texte intégral : si nous ne transcrivons que partiellement les articles et les poésies (titres, premiers mots et signatures), nous copions les calques de reconnaissance textuelle proposés par les bibliothèques numériques pour chaque fichier PDF. Un tel instrument fournit en outre des matériaux pour étudier la réception d’une œuvre ou d’un auteur en isolant tous les comptes rendus pertinents dans le Mercure.

La préparation de la base de données « Bureau du Mercure » constitue un travail collectif de longue haleine et sa publication n’est pas encore planifiée. Toutefois, à titre exploratoire, le présent site offre un accès à quelques-unes de ses fonctionnalités. À l’heure actuelle, il permet de naviguer dans l’ensemble des livraisons, d’effectuer des recherches plein texte dans les copies numériques et de consulter les données complètes de périodes déterminées : les années Dufresny (1710-1714) et les années 1730-1734, marquées par la supercherie de l’affaire « Malcrais de La Vigne ». (T. L.)