Historique du Mercure

Du Mercure galant au Mercure de France

Mercure est à la fois le messager des dieux et la planète la plus proche du soleil. Fondateur du Mercure galant en 1672, Jean Donneau de Visé conçoit un périodique qui gravite autour du Roi-Soleil, ses ministres et sa cour, mais qui contribue à leur rayonnement par une diffusion efficace dans les provinces françaises et à l’étranger. D’un côté, le mensuel relaie ou élabore des représentations positives du pouvoir royal. Le roi confère à Donneau de Visé le monopole de l’actualité littéraire et mondaine, sans l’empêcher de rendre compte d’une façon agréable – et sous le contrôle de la censure – de l’actualité politique (apanage de la Gazette) et savante (apanage du Journal des savants). De l’autre côté, le journaliste met rapidement à contribution, non seulement ses propres contacts, mais les lecteurs du Mercure qui lui fournissent des poésies, des récits et des mémoires. Aussi le Mercure accueille-t-il aussi bien des textes d’auteurs renommés comme Perrault, Houdar de La Motte ou Des Houlières, que les vers et la prose de nombreux anonymes. Tribune des modernes et fleuron de la galanterie, il développe un modèle de journalisme en étroite alliance avec le gouvernement et avec le public.

Ce modèle collaboratif est développé par Charles Dufresny et par les détenteurs successifs du privilège. Le Mercure galant change plusieurs fois de titres (Nouveau Mercure galant, Le Nouveau Mercure, Le Mercure) entre 1710 et 1724, date à laquelle il devient le Mercure de France. En prenant leur distance avec l’esthétique galante, les rédacteurs du périodique abandonnent la forme d’une lettre à une marquise de province, qui caractérisait l’approche de Donneau de Visé, et divisent les livraisons en sections. Celle des « Pièces fugitives » réunit les contributions des lecteurs : poésies, contes, énigmes, chansons, découvertes, réflexions et autres dissertations. C’est à travers elle qu’on prend désormais la température, mois après mois, de l’activité littéraire et intellectuelle française, tandis que le Mercure propose aussi des comptes rendus d’ouvrages et de spectacles, des nécrologies, un précis de l’actualité politique française et européenne, et les principaux arrêts royaux. Si des directeurs comme Antoine de La Roque, Guillaume-Thomas Raynal, Louis de Boissy ou Jean-François Marmontel marquent de leur empreinte le Mercure de France, ces journalistes se perçoivent de moins en moins souvent comme des rédacteurs que comme des éditeurs, chargés d’établir des relations avec les gens de lettres et les académies, de sélectionner avec tact les textes à publier et de composer des livraisons variées, judicieusement équilibrées, susceptibles de satisfaire les attentes d’un lectorat lui-même diversifié. La figure de Voltaire domine ce panorama et une frange modérée des Lumières recourt volontiers au Mercure de France qui accueille notamment, dans sa livraison de décembre 1750, le prospectus de l’Encyclopédie.

De l’Ancien Régime à la Restauration

Dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, le périodique est confié à des professionnels de la librairie comme Jacques Lacombe et Charles-Joseph Panckoucke. À partir de 1778, ce dernier remodèle le Mercure de France en adoptant une périodicité hebdomadaire et en fusionnant sous ce titre plusieurs autres journaux, démarches qui conduisent à une augmentation considérable du tirage (15 000 exemplaires en 1786). Le libraire supprime les pensions qu’il fallait jusqu’ici reverser à des hommes de lettres qui ne fournissaient souvent aucun contenu. Il rationalise par ailleurs l’entreprise en constituant une rédaction où les responsabilités de chaque journaliste sont clairement définies. Parmi les rédacteurs qui contribuent au rayonnement du Mercure, Jacques Mallet du Pan est longtemps chargé des nouvelles politiques, tandis que Jean-François de La Harpe joue un rôle central de coordinateur pour l’information littéraire. La Révolution bouleverse toutefois le paysage médiatique et le Mercure de France résiste mal à la concurrence des nouveaux journaux qui ne cessent d’éclore. Pour s’adapter à la conjoncture, Panckoucke et son successeur Henri Agasse augmentent plusieurs fois le prix de vente du périodique, réduisent les frais de production, testent des rythmes de parution plus serrés (le Mercure paraît quotidiennement au tournant de l’année 1793), renouvèlent l’équipe des rédacteurs, se concentrent davantage sur les nouvelles politiques et adoptent le titre de Mercure français, façon de rompre avec le Mercure de l’Ancien Régime.

Après une brève interruption, le Mercure de France, littéraire et politique renaît en 1800, sous la direction de Louis de Fontanes et sous l’égide de Lucien Bonaparte, frère du premier consul. Conservateur sur les plans littéraire et social, il passe entre les mains de Chateaubriand, avant d’être contraint par Napoléon d’absorber, en 1807, l’équipe rédactionnelle d’un journal ennemi, La Décade philosophique. Sous la Restauration, en 1817-1818, Benjamin Constant ouvre brièvement le Mercure de France à l’école politique libérale, avant d’être censuré et de lancer La Minerve française (1818-1820). Quant à lui, le Mercure est transféré à un groupe d’hommes de lettres moins polémiques qui comptent le journaliste royaliste Jean-Baptiste-Bonaventure de Roquefort-Flaméricourt, mais il s’éteint avec la livraison de février 1820. Au XIXe siècle, le périodique sera refondé plusieurs fois en tant que Mercure du dix-neuvième siècle (1823-1832) et Mercure de France (1835-1882), titre qu’un journal littéraire reprend pour la dernière fois en 1885, sous la direction d’Alfred Vallette, avant de s’éteindre en 1965.

Voir la bibliographie. (T. L.)

Chronologie

[En préparation.]

1672

Titre

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1677

Titre

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1714

Titre

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1750

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