Résultats : 1 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 2799-2809
Nouvelles Litteraires, Sethos, &c. [titre d'après la table]
Début :
Nous avons rendu compte dans le Mercure de Septembre des six premiers [...]
Mots clefs :
Sethos, Guerre de Troie, Nouvelle Tyr, Nouvelle Phénicie, Royaume du Congo, Esclaves
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles Litteraires, Sethos, &c. [titre d'après la table]
N
DES BEAUX ARTS , &c.
Ous avons rendu compte dans le
Mercure de Septembre des six premiers
livres de Sethos : nous donnerons
icy une legere idée des quatre derniers.
Le septième livre commence par une
courte exposition des témoignages de
l'Antiquité , qui nous apprennent que
le tour entier de l'Affrique a été fait dans
le siécle qui a précedé la Guerre de Troye.
Ainsi l'Auteur n'avance rien que de
vrai - semblable , en rapportant à Sethos
ou à Cherés en particulier ce que dest
Historiens connus indiquent en general ;
lorsqu'ils disent que les Phéniciens for-
1. Vol.
E vj
mez
2800 MERCURE DE FRANCE
mez à la navigation par les Egyptiens ,
ont doublé la pointe de l'Affrique avant
tous les autres Peuples , et dès les temps .
héroïques.
Sethos est déja parti de la Taprobane ,
avec une Flotte composée de Phéniciens
et d'habitans de cette Isle ; quoique les
Rois de ces derniers n'aspirassent pas à
d'aussi grands établissemens que les Phéniciens.
Aussi Sethos ne leur a-t'il cedé
en propre , que la partie méridionale de
l'Isle de Menuthias qu'il a soumise par
voye de douceur. Il avoit des projets plus
étendus en faveur des Phéniciens . Il les
a d'abord rendu maîtres par la force des
Antropophages d'Ophir , et leur a donné
la proprieté de ces Mines si fameuses
chez les Anciens. Mais son dessein étoit
de ne leur procurer que des facilitez er
des entrepots de commerce chez les Peuples
qui se trouveroient capables de societé
et d'alliance. Sethos nommé Commandant
d'une Flotte étrangere à sa Nation
, ne pouvoit agir que pour les interêts
des Princes , à qui ces Vaisseaux
appartenoient. Mais d'ailleurs , l'Auteur
a fait remarquer en plus d'un endroit
que les Egyptiens n'entretenoient leur
commerce que par les Phéniciens et
qu'à cet égard , c'étoit les servir directe-
J.Vola ment
DECEMBRE. 1731. 280x
:
ment que de servir les Phéniciens . C'est
une réponse que la nature du sujet avoit
seule preparée à une objection qu'il étoit
difficile de prévoir. I em seroit ainsi de
quelques autres inais comme elles tombent
sur les livres précedens , ce n'est pas
icy le lieu d'en parler. La Flotte s'avançant
vers l'extremité de l'Affrique , rencontre
des Sauvages qu'on a peine de réconnoître
pour des hommes : ce sont les
Hottentots . Il fut impossible de les réduire
, par la crainte même de la mort ,
à aucun travail. C'est à leur occasion que
Sethos pensa qu'il y a des hommes comme
des animaux , dont la proprieté est
d'être inutiles , et qui ne sont capables
ni de societé , ni d'esclavage . On double:
le Cap les Phéniciens y étant abordez ,
y élevent une Forteresse , qui doit être
un monument de leur découverte , et un
hospice pour ceux qui , dans la suite , entreprendroient
le voyage des deux Mers.
Continuant désormais leur route du
Sud au Nord , le long des côtes occidentales
de l'Affrique , les Phéniciens se fixent
en un lieu situé entre le Tropique
du Capricorne et l'Equateur , pour y
former un établissement considerable. Ils
y bâtissent une Ville qu'ils appellent
Nouvelle Tyr , et ils donnent le nom de
JoVol. nouvelle
2802 MERCURE DE FRANCE
L
nouvelle Phenicie à la campagne des environs
. Cette campagne voisine du Royaume
du Congo étoit le commencement des
Pays fertiles et habitables ; mais elle n'ayoit
encore point d'habitans naturels.
Cependant un grand nombre de famil
les chassées du Congo , par la crainte d'être
sacrifiées aux Idoles , et qui comptoient
de s'établir là , voyant le Pays déja
occupé par les nombreux Etrangers , se
soumirent à eux . Cherés les reçut comme
des Compatriotes ; il leur donna même
la possession des Terres sous l'inspection
des Prêtres Egyptiens qui devoient être
leurs Juges . Il leur laissa dans la suite des
Loix , à l'observation desquelles il engagea
le Viceroy Phénicien qu'il nomma
Chef de cette Colonie , et de toutes
dépendances.
pour
ses
5
›
>
Avant que de conduire
la Flotte
dans
le Congo
, Cherés
voulut
prévenir
le Roi
de ce Pays
par une Ambassade
et se fit
lui-même
, sous un autre
nom
le premier
de ses Ambassadeurs
. Le Roi de
Congo
, bon Prince
d'ailleurs
, mais livré
aux Conseils
insensez
de son Ministre
, voulut
que les trois
Ambassadeurs
se prosternassent
devant
lui . Cherés
dont
le projet
étoit de policer
ces Peuples
sauvages
, et d'établir
chez eux le commerce
I. Vol.
PhéDECEMBRE
1731. 2803
Phenicien
>
,
:
se soûmit sans balancer à
cette condition après quoi , profitant
de la considération que le Roy avoit
pour lui , il tâcha de le désabuser des
sacrifices humains ausquels ses Prêtres le
forçoient , en quelque sorte , de consentir.
Mais ceux - ci se doutant bien les
que
Etrangers n'étoient pas favorables à leurs
pratiques firent craindre au Roy la colere
de leurs Dieux , ou de leurs Idoles.
Ce Prince timide et superstitieux , renvoya
sur le champ les Ambassadeurs et
leur suite. Cherés , que cette expulsion
ignominieuse mettoit en droit de vanger
l'honneur des Phéniciens et des Insulailaires
, revint au Congo avec toute sa
Flotte. Il réduit d'abord les Prêtres à se
brûler eux -mêmes dans leur maison : il
rend le Roy Vassal des Phéniciens , et fait
trancher la tête au Ministre. Mais d'ailleurs
, il fait tant de bien à toute la Nation
, que le Roy lui- même est pénetré
de reconnoissance envers son vainqueur.
Ce morceau du septiéme livre a été regardé
comme un des plus beaux endroits
de tout l'ouvrage.
Cherés arrive ensuite dans la Guinée.
Le Roy de ces Peuples travailloit luimême
à les polir. Ainsi Cherés n'a icy
qu'à seconder ses intentions. Il substitue
I.Vol. à
2804 MERCURE DE FRANCE
à une initiation aussi cruelle dans ses
exercices , que funeste dans ses effets
une image de l'initiation Egyptienne ,
rendue plus convenable à tout sexe et à
toute condition . Le Commerce Phénicien
est reçu là volontairement : et c'est le
dernier exemple que fournit la course
de Cherés , des differentes maniéres dont
des Etrangers puissans puissent se faire
recevoir , avec justice , chez des Peuples
nouveaux et inconnus.
Le septième livre finit par le récit
abregé de la Navigation de Cherés , depuis
la Guinée jusqu'aux jardins des Hesperides
, ou le Pays des Atlantes , situé
dans la Terre- ferme , aux environs du
Fleuve Lixus , assès près du détroit d'Hercule
, appellé aujourd'hui le détroit de
Gibraltar. La course ne laisse pas d'être
longue ; mais comme toute cette côte
étoit déja connue du temps de Cherés ,
et que les Phéniciens y avoient tous les
établissemens qui leur convenoient , let
Héros s'arrête peu en chaque endroit
et l'Historien ne dit que ce qu'il croit
nécessaire pour faire connoître ces Pays
en general et pour préparer ce qu'il
doit exposer des moeurs des Atlantes
dans le huitiéme livre qui commence let
dernier volume.
Is Volo
و
و
Le
DECEMBRE. 1731. 1805
Le premier volume de Sethos contenant
l'éducation de ce Prince , que l'ini
tiation qui y entre rend très- singuliere ,
et le second volume comprenant ses voyages
, nouveaux alors pour le monde en
tier , et qui le sont encore aujourd'hui ,
par la felicité qu'il procure à tant de
Peuples découverts , le troisiéme Volu
me presente en general au Lecteur un
spectacle très- different encore des deux
premiers. Comme il rentre encore chez
des Nations policées , la scene devient
toute autre ; mais il ne faut pas s'attendre
de trouver dans cet abregé le même spectacle
et les mêmes interêts que l'Auteur
fait trouver dans l'étenduë qu'il donne
à ses faits. Nous quittons même icy la
forme d'extrait qui seroit encore trop
longue et nous dirons seulement à l'égard
du huitiéme livre , que Cherés ayant
•
:
été averti de laisser sa Flotte dans un Port
voisin arrive avec deux compagnons
seulement et deux Esclaves chez les
Atlantes , Peuple que la Religion envers
les Dieux avoit rendu lui- même un objet
de Religion à l'égard de tous les Peuples
de la Terre. On lui fait icy , par rapport
à une Guerre sanglante qu'Antée , Roy
de la Tingitane a déclarée à l'Empire de
Cartage , une Histoire nouvelle de Sa-
1. Vol. phon
2806 MERCURE DE FRANCE
,
phon et de Giscon , deux personnages
d'autant mieux choisis , qu'ils sont déja
connus par l'Episode du quatriéme livre.
Dans cette histoire entre celle de
Giscon , second fils de Zoros , Prince de
Carthage , et de Zarite Fille du Roy
Antée. Ce recit est fait d'abord à Cherés
par un Atlante , qui ne sçait que ce qui
a paru dans le Public ; mais le vrai secret
lui en est découvert ensuite par Amedés
que Cherés rencontre dans une solitude
de ce Pays. Aucun Roman n'a fourni une
histoire de ce goût- là , parce qu'aucun
Auteur de Roman n'a cherché aussi soigneusement
que celui- ci , les exemples
ou de foiblesse ou de sagesse qui pouvolent
porter les lecteurs à la vertu .
Le neuviéme livre expose les moyens
par lesquels Cherés vient à bout de délivrer
Carthage pressée par le Roy Antée.
Il commence par enlever en passant
devant Tingi le fils de ce Roy , âgé de
douze ans , que son Pere y avoit laissé.
Il paroît par la suite de ce livre que
cet enlevement qui sembloit n'être fait
d'abord que pour déconcerter Antée ,
avoit aussi pour but de former un bon
Roy pour les Tingitans. En effet , dès
que Cherés a délivré Carthage , par la
mort du Roy Antée qu'il tuë de sa main ,
1. Vol. -non-
7
DECEMBRE. 1731. 2807
>
non- seulement il fait reconnoître le jeune
Tygée son captif , fils de ce Prince , pour
Roy de la Tingitane mais il lui fait
rendre la Ville de Siga , que Cherés luimême
avoit aidé à prendre pour le service
des Carthaginois avant que d'arriver
à Carthage et de plus il y retourne
avec lui pour achever de le former à la.
vertu par le secours des Prêtres Egyptiens
, pendant une année ou deux des
commencemens de son regne.
Enfin le dixiéme livre contient le retour
de Cherés dans sa patrie. Sa réputation
y étoit déja extraordinaire ; mais
comme un ancien Esclave de Sethos nommé
Asarés , qui s'étoit saisi de l'Anneau
de son Maître , blessé et crû mort devant
Coptos , s'étoit fait passer pour lui auprès
d'un Roy d'Arabie ; et que le vrai
Sethos ne paroissoit point s'opposer
à
cette supposition ; celui - ci ne passoit encore
que pour un homme né dans la simple
Milice de l'Egypte , et que sa vertu
seule avoit tiré de l'obscurité. Asarés
entré en Egypte avant lui à la tête d'une
Armée d'Arabes , fut bien - tôt chassé par
le vrai Sethos du Royaume de Tanis
par où l'imposteur avoit commencé son
invasion. Cette Victoire donne lieu à.
l'amour de la Princesse de Tanis pour
I. Vol. Cherés
>
2808 MERCURE DE FRANCE
Cherés . Cet amour est approuvé du Roy
son Pere , qui , par des raisons de poli
tique , ne lui vouloit donner aucun époux
qui pût être Roy par lui-même. Cherés
qui ignoroit cette circonstance , se laissa
vaincre lui-même par un amour qui servira
à donner un nouveau lustre à sa
vertu héroïque.
Le Roy de Tanis lui procure le titre
de conservateur de l'Egypte , qui lui est
déferé du commun consentement de tous
les Rois de cette nation . Cependant ce
titre même que le Roy de Fanis croyoit
être suffisant pour mettre un simple
Egyptien à portée d'épouser sa fille , devient
dans la suite un obstacle à ce' Mariage
, parce que les Rois ne l'auroient
jamais donné à un d'entre eux. C'est pour
cette raison que Sethos étant reconnu à
Memphis par l'aveu d'Asarés , pris à la
fin d'une grande bataille qu'il vint de
perdre encore en Egypte , Sethos n'accepta
la couronne que son Pere lui remit
que pour la rendre quelques jours après
à Beon , son frere , aîné des deux enfans
qu'Osoroth avoit eûs de Daluca . Cette
méchante Reine s'étoit empoisonnée dès
le jour de la réconnoissance du vrai Sethos
; mais ce Heros ne borna pas à sa
generosité l'aîné de ses deux freres ; sur-
I. Vol. mon
DECEMBRE . 1731. 2809
montant son amour même , il retourna
à Tanis , pour convaincre la Princesse
qu'elle seroit plus heureuse , et que son
regne seroit plus tranquille , en épousant
le Prince Pemphos , son second frere
qui l'avoit aimée avant lui , et qu'elle
avoit envoyé eile-même se former saus
lui aux champs de Carthage , dans toutes
les vertus morales et militaires . Sethos ne
fit que prévenir , par sa prudence en cette
occasion , la priere que les Rois de Thebes
et de This firent au Roy de Tanis
de ne pas donner sa fille au conservateur
de l'Egypte. Ainsi Sethos s'étant soûmis
d'avance aux loix de la vertu la plus héroïque
, et au désir de conserver la paix
de sa Patrie aux dépens de ses interêts les
plus chers aux autres hommes , vient se
retirer chez les Prêtres de Memphis
dans des circonstances, où sa retraite n'est
pas moins glorieuse pour lui que ses dé
Couvertes et ses exploits.
DES BEAUX ARTS , &c.
Ous avons rendu compte dans le
Mercure de Septembre des six premiers
livres de Sethos : nous donnerons
icy une legere idée des quatre derniers.
Le septième livre commence par une
courte exposition des témoignages de
l'Antiquité , qui nous apprennent que
le tour entier de l'Affrique a été fait dans
le siécle qui a précedé la Guerre de Troye.
Ainsi l'Auteur n'avance rien que de
vrai - semblable , en rapportant à Sethos
ou à Cherés en particulier ce que dest
Historiens connus indiquent en general ;
lorsqu'ils disent que les Phéniciens for-
1. Vol.
E vj
mez
2800 MERCURE DE FRANCE
mez à la navigation par les Egyptiens ,
ont doublé la pointe de l'Affrique avant
tous les autres Peuples , et dès les temps .
héroïques.
Sethos est déja parti de la Taprobane ,
avec une Flotte composée de Phéniciens
et d'habitans de cette Isle ; quoique les
Rois de ces derniers n'aspirassent pas à
d'aussi grands établissemens que les Phéniciens.
Aussi Sethos ne leur a-t'il cedé
en propre , que la partie méridionale de
l'Isle de Menuthias qu'il a soumise par
voye de douceur. Il avoit des projets plus
étendus en faveur des Phéniciens . Il les
a d'abord rendu maîtres par la force des
Antropophages d'Ophir , et leur a donné
la proprieté de ces Mines si fameuses
chez les Anciens. Mais son dessein étoit
de ne leur procurer que des facilitez er
des entrepots de commerce chez les Peuples
qui se trouveroient capables de societé
et d'alliance. Sethos nommé Commandant
d'une Flotte étrangere à sa Nation
, ne pouvoit agir que pour les interêts
des Princes , à qui ces Vaisseaux
appartenoient. Mais d'ailleurs , l'Auteur
a fait remarquer en plus d'un endroit
que les Egyptiens n'entretenoient leur
commerce que par les Phéniciens et
qu'à cet égard , c'étoit les servir directe-
J.Vola ment
DECEMBRE. 1731. 280x
:
ment que de servir les Phéniciens . C'est
une réponse que la nature du sujet avoit
seule preparée à une objection qu'il étoit
difficile de prévoir. I em seroit ainsi de
quelques autres inais comme elles tombent
sur les livres précedens , ce n'est pas
icy le lieu d'en parler. La Flotte s'avançant
vers l'extremité de l'Affrique , rencontre
des Sauvages qu'on a peine de réconnoître
pour des hommes : ce sont les
Hottentots . Il fut impossible de les réduire
, par la crainte même de la mort ,
à aucun travail. C'est à leur occasion que
Sethos pensa qu'il y a des hommes comme
des animaux , dont la proprieté est
d'être inutiles , et qui ne sont capables
ni de societé , ni d'esclavage . On double:
le Cap les Phéniciens y étant abordez ,
y élevent une Forteresse , qui doit être
un monument de leur découverte , et un
hospice pour ceux qui , dans la suite , entreprendroient
le voyage des deux Mers.
Continuant désormais leur route du
Sud au Nord , le long des côtes occidentales
de l'Affrique , les Phéniciens se fixent
en un lieu situé entre le Tropique
du Capricorne et l'Equateur , pour y
former un établissement considerable. Ils
y bâtissent une Ville qu'ils appellent
Nouvelle Tyr , et ils donnent le nom de
JoVol. nouvelle
2802 MERCURE DE FRANCE
L
nouvelle Phenicie à la campagne des environs
. Cette campagne voisine du Royaume
du Congo étoit le commencement des
Pays fertiles et habitables ; mais elle n'ayoit
encore point d'habitans naturels.
Cependant un grand nombre de famil
les chassées du Congo , par la crainte d'être
sacrifiées aux Idoles , et qui comptoient
de s'établir là , voyant le Pays déja
occupé par les nombreux Etrangers , se
soumirent à eux . Cherés les reçut comme
des Compatriotes ; il leur donna même
la possession des Terres sous l'inspection
des Prêtres Egyptiens qui devoient être
leurs Juges . Il leur laissa dans la suite des
Loix , à l'observation desquelles il engagea
le Viceroy Phénicien qu'il nomma
Chef de cette Colonie , et de toutes
dépendances.
pour
ses
5
›
>
Avant que de conduire
la Flotte
dans
le Congo
, Cherés
voulut
prévenir
le Roi
de ce Pays
par une Ambassade
et se fit
lui-même
, sous un autre
nom
le premier
de ses Ambassadeurs
. Le Roi de
Congo
, bon Prince
d'ailleurs
, mais livré
aux Conseils
insensez
de son Ministre
, voulut
que les trois
Ambassadeurs
se prosternassent
devant
lui . Cherés
dont
le projet
étoit de policer
ces Peuples
sauvages
, et d'établir
chez eux le commerce
I. Vol.
PhéDECEMBRE
1731. 2803
Phenicien
>
,
:
se soûmit sans balancer à
cette condition après quoi , profitant
de la considération que le Roy avoit
pour lui , il tâcha de le désabuser des
sacrifices humains ausquels ses Prêtres le
forçoient , en quelque sorte , de consentir.
Mais ceux - ci se doutant bien les
que
Etrangers n'étoient pas favorables à leurs
pratiques firent craindre au Roy la colere
de leurs Dieux , ou de leurs Idoles.
Ce Prince timide et superstitieux , renvoya
sur le champ les Ambassadeurs et
leur suite. Cherés , que cette expulsion
ignominieuse mettoit en droit de vanger
l'honneur des Phéniciens et des Insulailaires
, revint au Congo avec toute sa
Flotte. Il réduit d'abord les Prêtres à se
brûler eux -mêmes dans leur maison : il
rend le Roy Vassal des Phéniciens , et fait
trancher la tête au Ministre. Mais d'ailleurs
, il fait tant de bien à toute la Nation
, que le Roy lui- même est pénetré
de reconnoissance envers son vainqueur.
Ce morceau du septiéme livre a été regardé
comme un des plus beaux endroits
de tout l'ouvrage.
Cherés arrive ensuite dans la Guinée.
Le Roy de ces Peuples travailloit luimême
à les polir. Ainsi Cherés n'a icy
qu'à seconder ses intentions. Il substitue
I.Vol. à
2804 MERCURE DE FRANCE
à une initiation aussi cruelle dans ses
exercices , que funeste dans ses effets
une image de l'initiation Egyptienne ,
rendue plus convenable à tout sexe et à
toute condition . Le Commerce Phénicien
est reçu là volontairement : et c'est le
dernier exemple que fournit la course
de Cherés , des differentes maniéres dont
des Etrangers puissans puissent se faire
recevoir , avec justice , chez des Peuples
nouveaux et inconnus.
Le septième livre finit par le récit
abregé de la Navigation de Cherés , depuis
la Guinée jusqu'aux jardins des Hesperides
, ou le Pays des Atlantes , situé
dans la Terre- ferme , aux environs du
Fleuve Lixus , assès près du détroit d'Hercule
, appellé aujourd'hui le détroit de
Gibraltar. La course ne laisse pas d'être
longue ; mais comme toute cette côte
étoit déja connue du temps de Cherés ,
et que les Phéniciens y avoient tous les
établissemens qui leur convenoient , let
Héros s'arrête peu en chaque endroit
et l'Historien ne dit que ce qu'il croit
nécessaire pour faire connoître ces Pays
en general et pour préparer ce qu'il
doit exposer des moeurs des Atlantes
dans le huitiéme livre qui commence let
dernier volume.
Is Volo
و
و
Le
DECEMBRE. 1731. 1805
Le premier volume de Sethos contenant
l'éducation de ce Prince , que l'ini
tiation qui y entre rend très- singuliere ,
et le second volume comprenant ses voyages
, nouveaux alors pour le monde en
tier , et qui le sont encore aujourd'hui ,
par la felicité qu'il procure à tant de
Peuples découverts , le troisiéme Volu
me presente en general au Lecteur un
spectacle très- different encore des deux
premiers. Comme il rentre encore chez
des Nations policées , la scene devient
toute autre ; mais il ne faut pas s'attendre
de trouver dans cet abregé le même spectacle
et les mêmes interêts que l'Auteur
fait trouver dans l'étenduë qu'il donne
à ses faits. Nous quittons même icy la
forme d'extrait qui seroit encore trop
longue et nous dirons seulement à l'égard
du huitiéme livre , que Cherés ayant
•
:
été averti de laisser sa Flotte dans un Port
voisin arrive avec deux compagnons
seulement et deux Esclaves chez les
Atlantes , Peuple que la Religion envers
les Dieux avoit rendu lui- même un objet
de Religion à l'égard de tous les Peuples
de la Terre. On lui fait icy , par rapport
à une Guerre sanglante qu'Antée , Roy
de la Tingitane a déclarée à l'Empire de
Cartage , une Histoire nouvelle de Sa-
1. Vol. phon
2806 MERCURE DE FRANCE
,
phon et de Giscon , deux personnages
d'autant mieux choisis , qu'ils sont déja
connus par l'Episode du quatriéme livre.
Dans cette histoire entre celle de
Giscon , second fils de Zoros , Prince de
Carthage , et de Zarite Fille du Roy
Antée. Ce recit est fait d'abord à Cherés
par un Atlante , qui ne sçait que ce qui
a paru dans le Public ; mais le vrai secret
lui en est découvert ensuite par Amedés
que Cherés rencontre dans une solitude
de ce Pays. Aucun Roman n'a fourni une
histoire de ce goût- là , parce qu'aucun
Auteur de Roman n'a cherché aussi soigneusement
que celui- ci , les exemples
ou de foiblesse ou de sagesse qui pouvolent
porter les lecteurs à la vertu .
Le neuviéme livre expose les moyens
par lesquels Cherés vient à bout de délivrer
Carthage pressée par le Roy Antée.
Il commence par enlever en passant
devant Tingi le fils de ce Roy , âgé de
douze ans , que son Pere y avoit laissé.
Il paroît par la suite de ce livre que
cet enlevement qui sembloit n'être fait
d'abord que pour déconcerter Antée ,
avoit aussi pour but de former un bon
Roy pour les Tingitans. En effet , dès
que Cherés a délivré Carthage , par la
mort du Roy Antée qu'il tuë de sa main ,
1. Vol. -non-
7
DECEMBRE. 1731. 2807
>
non- seulement il fait reconnoître le jeune
Tygée son captif , fils de ce Prince , pour
Roy de la Tingitane mais il lui fait
rendre la Ville de Siga , que Cherés luimême
avoit aidé à prendre pour le service
des Carthaginois avant que d'arriver
à Carthage et de plus il y retourne
avec lui pour achever de le former à la.
vertu par le secours des Prêtres Egyptiens
, pendant une année ou deux des
commencemens de son regne.
Enfin le dixiéme livre contient le retour
de Cherés dans sa patrie. Sa réputation
y étoit déja extraordinaire ; mais
comme un ancien Esclave de Sethos nommé
Asarés , qui s'étoit saisi de l'Anneau
de son Maître , blessé et crû mort devant
Coptos , s'étoit fait passer pour lui auprès
d'un Roy d'Arabie ; et que le vrai
Sethos ne paroissoit point s'opposer
à
cette supposition ; celui - ci ne passoit encore
que pour un homme né dans la simple
Milice de l'Egypte , et que sa vertu
seule avoit tiré de l'obscurité. Asarés
entré en Egypte avant lui à la tête d'une
Armée d'Arabes , fut bien - tôt chassé par
le vrai Sethos du Royaume de Tanis
par où l'imposteur avoit commencé son
invasion. Cette Victoire donne lieu à.
l'amour de la Princesse de Tanis pour
I. Vol. Cherés
>
2808 MERCURE DE FRANCE
Cherés . Cet amour est approuvé du Roy
son Pere , qui , par des raisons de poli
tique , ne lui vouloit donner aucun époux
qui pût être Roy par lui-même. Cherés
qui ignoroit cette circonstance , se laissa
vaincre lui-même par un amour qui servira
à donner un nouveau lustre à sa
vertu héroïque.
Le Roy de Tanis lui procure le titre
de conservateur de l'Egypte , qui lui est
déferé du commun consentement de tous
les Rois de cette nation . Cependant ce
titre même que le Roy de Fanis croyoit
être suffisant pour mettre un simple
Egyptien à portée d'épouser sa fille , devient
dans la suite un obstacle à ce' Mariage
, parce que les Rois ne l'auroient
jamais donné à un d'entre eux. C'est pour
cette raison que Sethos étant reconnu à
Memphis par l'aveu d'Asarés , pris à la
fin d'une grande bataille qu'il vint de
perdre encore en Egypte , Sethos n'accepta
la couronne que son Pere lui remit
que pour la rendre quelques jours après
à Beon , son frere , aîné des deux enfans
qu'Osoroth avoit eûs de Daluca . Cette
méchante Reine s'étoit empoisonnée dès
le jour de la réconnoissance du vrai Sethos
; mais ce Heros ne borna pas à sa
generosité l'aîné de ses deux freres ; sur-
I. Vol. mon
DECEMBRE . 1731. 2809
montant son amour même , il retourna
à Tanis , pour convaincre la Princesse
qu'elle seroit plus heureuse , et que son
regne seroit plus tranquille , en épousant
le Prince Pemphos , son second frere
qui l'avoit aimée avant lui , et qu'elle
avoit envoyé eile-même se former saus
lui aux champs de Carthage , dans toutes
les vertus morales et militaires . Sethos ne
fit que prévenir , par sa prudence en cette
occasion , la priere que les Rois de Thebes
et de This firent au Roy de Tanis
de ne pas donner sa fille au conservateur
de l'Egypte. Ainsi Sethos s'étant soûmis
d'avance aux loix de la vertu la plus héroïque
, et au désir de conserver la paix
de sa Patrie aux dépens de ses interêts les
plus chers aux autres hommes , vient se
retirer chez les Prêtres de Memphis
dans des circonstances, où sa retraite n'est
pas moins glorieuse pour lui que ses dé
Couvertes et ses exploits.
Fermer
Résumé : Nouvelles Litteraires, Sethos, &c. [titre d'après la table]
Le texte résume les quatre derniers livres de l'œuvre 'Sethos'. Le septième livre commence par des témoignages antiques affirmant que le tour de l'Afrique a été accompli avant la Guerre de Troie. Sethos, accompagné d'une flotte phénicienne et d'habitants de la Taprobane, explore l'Afrique. Il soumet les Anthropophages d'Ophir et accorde aux Phéniciens la propriété des mines d'Ophir, tout en cherchant à établir des entrepôts commerciaux. La flotte rencontre les Hottentots, jugés inutiles et incapables de société. Les Phéniciens construisent une forteresse au Cap et fondent la ville de Nouvelle Tyr en Afrique. Cherés, un personnage clé, reçoit des familles exilées du Congo et établit des lois pour elles. Il se rend ensuite en Guinée pour promouvoir le commerce phénicien. Le livre se termine par la navigation de Cherés jusqu'aux jardins des Hespérides. Le huitième livre relate l'arrivée de Cherés chez les Atlantes, où il apprend une histoire de guerre entre Antée, roi de Tingitane, et Carthage. Le neuvième livre décrit comment Cherés délivre Carthage et forme un jeune prince pour régner sur la Tingitane. Le dixième livre narre le retour de Cherés en Égypte, où il est reconnu comme le vrai Sethos. Il refuse la couronne pour la donner à son frère aîné et convainc la princesse de Tanis d'épouser son autre frère. Sethos se retire ensuite chez les prêtres de Memphis, mettant ses intérêts personnels de côté pour préserver la paix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer