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Liste
1
p. 26-46
A MADAME la Marquise de **
Début :
Le Vendredy premier jour de l'An, les Comédiens de l'Hôtel / Puis que vous souhaitez, Madame, que je vous mande des [...]
Mots clefs :
Hôtel de Bourgogone, Phèdre, Théâtre français et italien, Opéra, Corneille, Racine, Lully, Banboches, Quinault, Habits
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texteReconnaissance textuelle : A MADAME la Marquise de **
Le Vendredy premier
jour def An, les Comédiens
de l Hôtel de Bourgogne
donnèrent la première Reprefentation de la Phedre
deMonfieur Racine; &le
Dimanche fuivanr, ceux de
la Troupe du Roy luy oppoferent la Phedre de
Monfieur Pradon. Je croy
ne pouvoir mieux entretenir le Public, qu’en luy fai-
G A L A N T . i?
fant part d’une Lettre qui
m ’eft tombée entre les
mains, adreïfée à une Perfonne de qualité, par laquelle onluy rend compte
non feulement de ces deux
Pièces, mais de tout ce qui
a paru fur le. Theatre François & Italien, depuis ce
commencement de l’Année jufques à la fin du Carnaval.
*■ •
Cii
lP |U is que vous fouhai-
| tez, Madame, que je
vous mande des nouvelles
de tout ce qui a paru de
nouveau au Theatre depuis le premier de Janvier,
je vous parleray d ’abord
des deux Phedres : Elles
ont fait icy beaucoup de
bruit, & j’ay peine à concevoir d ’où vient qu’on
G A L A N T . 19
i s eft'avifé d’en vouloir juger par comparaifon de
l’une à l’autre, puis quelles
n’ont rien de commun que
le nom des Perfonnages
■ qu’on y fait encrer j car je
tiens qu’il y a une fore
grande dife'rence à faire, O
de Phedre amoureule du
Fils de fon Mary, & de
Phedre qui aime feulement
le Fils de celuy quelle n’a
pas encor époufë. Il eft fi
naturel de préférer un jeune Prince à un Roy qui en
eft le Pere, que pour peindre la paflian de l’une, on
, C iij .
*
jo LE MERCURE
n’a befoin que de fuivre le
train ordinaire des chofes;
c’elt un Tableau dont les
couleurs font faciles à trouver, & on n’eft point embarafle fur le choix des ombres qui le doivent adoucir:
mais quand il faut reprefenter une Femme qui n’envifageant fon amour qu’avec horreur, oppofe fans
celTe le nom de Belle-mere • * •
à celuy d’Amante, qui dételle fa paflîon, & ne lailfe
pas de s’y abandonner par
la force de la deftinée, qui
vou droit fe cacher à elle-
GALANT. 31
mefme ce qu’elle fcnt, &
ne foufre qu’on luy en arrache le fecret que dans le
temps où elle fe voit prefte
d’expirer-, c’eft ce qui demande l’adrefle d’un grand
Maiftre ; & ces chofesfont
tellement eflentielles au
Sujet d’Hippoly te,que c’eft
ne l’avoir pas traité, que
d’avoir éloigné l’image de
l ’amour inceftucux qu’il
faloit neceflairement faire
paroiftre. Ainfi, Madame,
je ne voy point qu’on ait
eu aucune raifon d’exami-
. ner laquelle des deux Pie-
3
i LE MERCURE
ces intérefte plus agréablement l’Auditeur, puis qu’
elles n ’ont aucun raport
cnfemble du cofté de la
principale matière. 11 eft
vray qu’il n’y a pas la mefme horreur dans le Sujet de
la Phèdre du Fauxbourg
S.Germain; mais, comme
je vous ay déjà dir, ce n’eft
pas le véritable Sujet que
1Autheur de cette derniere
a traité; & puis qu’il s’eft
permis d’y changer ce qu’il
y avoit de plus eflentiel, il
eft d’autant plus refponfàble de tout ce qui a pii
G A L A N T . 55.
blefTer les délicats. Vous
jugerez vous-mefme du
relie par la leélure de ces
deux Pièces qu’on achevé
d’imprimer, &que je vous
envoîray la Semaine prochaine. Je ne doy pas oublier de vous dire qu’on a
fait revivre une Piece dont
vous n’oliez dire il y a cinq
ou Cix ans tout le bien que
vous en pendez, à caufe de
certaines chofes qui bleffoient la délicatefle des
Scrupuleux : Elle en eft à
prefent tout-à-fait purgée,
& au lieu quelle eftoic en
j4 LE MERCURE
Proie, elle a efté mife eh
Vers d’une maniéré qui a
fait dire qu’elle n’a rien
perdu des beautez de fon
Original, qui mefmes y en
a fait trouver denouvelles.
Vous voyez bien que c’cft
du Fcftin de Pierre du fameux Moliere donc je vous
parle. Il a efté extraordinairement fuivy pendant
lesfix Reprefentations qui
en ont efté données -, & il
auroit efté fans-doute fort
loin, fi les Comédiens qui
font plus religieux qu’on ne
les veut faire croire, n’cufi
G A L A N T . 35
fentpas pris d’eux-mefmes
la Publication du Jubilé
pour un Ordre de feïmer
le Theatre. Le grand fuccés de cette Piece eft un
effet de la prudence de
Monfîéur de Corneille le
jeune, qui en a fait les Vers,
& qui n’y a mis que des
Scenes agréables en la
place de celles qu’il en a
retranchées. Il me fouvient, Madame, que vous
m’avez autrefois demandé
pourquoy cette Piece s’appelloit le Feftin de Pierre,
n’y trouvant rien qui con-
5
6 LE MERCURE
vinft parfaitement à ce titre. Vous aviez fujet de
foûtenir qu’il n’y avoir pas
d ’apparence que ce fut
parce que le Commandeur
tué par D. Juan fe nommoit D.Pedre,ou D.Pierre.
Un Cavalier qui a fait le
Voyage d’Efpagne, m’en
apprit il y a quelques jours
la véritable raifon. C’eft là
qu’il prétend que cette
Avanture foit arrivée, <5c
on y voit encor (dit-il) les
relies de la Statue du Commandeur ; mais cela ne
conclud pas qu’il foit vray. .
V
G A L A N T .
que cette Statue ait remué
la telle, & quelle ait efté
fe mettre à table chez le
D. Juan de la Comédie,
comme on l’aifure en Efpagne. Ce qu’il y a de certain, c’eft que les Elpagnols font les premiers qui
ont mis ce Sujet fur le
Theatre, & que Tirfo de
Molinaqui l’a traité, l’a intitulé , El Combidado de
Picdra,, ce qui a efté malrendu en noftre Langue par
Le Pefiin de Pierre ; ces paroles ne lignifiant rien autre chofe que le Convié de
9
$8 LE MERCURE
Pierre, c’eft à dire la Statué
de marbre convie'e à un
Repas. Apres vous avoir
parlé des Efpagnols, jedoy
vous dire deux mots des
Italiens: Ils nous ont donné cet Hyver trente Reprefentations d ’une fort
agréable Comédie, qui a
pour titre, Scaramouche
& Arlequin , Juifs errans
de Babylone : Elle eft de
l ’invention de Monfieur
de S... Autheur desTrompeurs trompez. Elle a
non feulement ,fait rire le
Peuple, mais elle a attiré
G A L A N T . 39
en foule toute la Cour, qui
fembloit ne fe pouvoir laffer de s’y venir divertir. Je
croy qu’on ne peut rien
dire de plus avantageux
pour cette Piece: Elle finit
par un Récit qu’Arlequin
fait d’une manière fi a^rea-.
ble & fi divertiflante, que
tous ceux qui l ’ont oüy
font demeurez d ’accord,
que ce n’eft pas fans raifon
que ce merveilleux Auteur
attire tous les jours tant de
monde au Theatre Italien.
11 ne me refte plus qu’à
vous parler de celuy qu’on
4
■4
o LE MERCURE
a nouvellement ouvert au
'M arais, dont les Aéteurs
font appeliez Banboches.
Ce mot eft dans la bouche
de bien des Gens qui n’en
Fçavent pas l’origine. Banboche eft le nom d’un fameux Peintre qui ne faifoit que de petites Figures
quelesCuricux appelloient
des Banboches-, & il fut
donné depuis indifércmment à toutes les petites
Figures de quelque Peintre
qu’elles fuffent. Je n’ay
encor rien à vous dire de<
celles du Marais-, mais
- G A L A N T . 4
i
peut-eftre que fi on les laiC
foie croiftre, elles feroient
parler d’elles : elles fe fonc
déjà perfectionnées, elles
ne dançent pas mal, mais
elles chantent trop haut
pour pouvoir chanter bien
longtemps .; & fi on devient confidérable quand
on commence à fe faire
craindre, il faut quelles
ayent plus de mérité que
le Peuple de Paris ne leur
-en a crû : mais tout fait
ombrage à qui veut regner
feul ; cependant il-eft trescertain que lors qu’on^raI D
41 LE MERCURE
vaille trop ouvertement à
détruire de méchantes chofes, on les fait toujours
réüftir.
( L’Opéra eftant en France fur le pied de la Comédie , & les fuccés de tous
ceux qu’on nous donne de
nouveaux, n’eftans grands
que félon qu’ils ont plus ou
moins de beautez, je ne
doy pas oublier de vousdire
quliïs Opéra nouveau a
efté reprefenréà S.Germain
pendant unèpartie duCarnaval. Si cet Ouvrage meritelfeuelaue sloire, elle eft uelque gloire, elle eft
•*
*• •
G A L A N T . 45
deuë à Monfieur Quinaut.
Le Sujet & les Vers de cette
Tragédie font dignesde cet
illuftre Autheur, & ne luy
ont point fait perdre la réputation qu’il s’eft acquife.
Monfieur de Lully en afaic
laMufique; il ne peut être
comparé à perfonne, puis
qu’il eft le feul dont on en
voitaujourd’huy en France,
Je ne parle point de la
beauté de ce dernier Ouvrage de là compofition-,
Ion génie eft fi connu, qu’il
a fait oublier celuy de tous
les autresj je m’arrefte à
44 LE mercure
ce que la Cour en a die.
Elle eft fi éclairée, que je
fuis perfuadé que perfonne
ne doit appeller de fon jugement. Le grand nombre
d ’Inftrumens touchez par
les meilleurs Maiftres de
France, a fait trouver des
beautez dans la fymphonie
de cet Opéra, & il eft impoffible que tant d’Inftrumens entre les mains de
tant d’excellens Hommes
ne produifenr pas toujours
cet effet. Les Habits ont
efté trouvez admirables,
ioit pour ce qui regarde la
G A L A N T . 4 ;
richeïfe, foie pour ce qui
regarde l’invention, & ils
ont fait un des plus beaux
ornemens de ce Spéétacle.
Monfieur Berain qui poffede prefentement la Charge de feu Monfieur Je fia y
Deflig nateur du Roy, en
avoit donné les deïTeins,
ainfi que des Coeffures.
Les Habits des Opéra de
Thefée & d’Atis font auffi
de fon invention. Meilleurs
Beauchamps& Dolivet,qui
qui depuis plufieurs années
font toutes les Entrées des
Baie ts du Roy, ont travaillé
46 LE MERCURE
à leur ordinaire pour ce
dernier, ceft à dire tresbien. Les beautez de cet
Opéra n’ont point fait perdre au Roy & à toute la
Cour le fouvenir des iniimitables Tragédies de M.
de Corneille l’aîné, qui fu>
rent reprefentées à Verfailles pendant l’Automne
dernier. Je vous envoyé la
Copie que vous m’avez demandée des Vers que fit
cet illuftre Authcur pour
en remercier Sa Majefté.
Je fuis, Madame, &c
jour def An, les Comédiens
de l Hôtel de Bourgogne
donnèrent la première Reprefentation de la Phedre
deMonfieur Racine; &le
Dimanche fuivanr, ceux de
la Troupe du Roy luy oppoferent la Phedre de
Monfieur Pradon. Je croy
ne pouvoir mieux entretenir le Public, qu’en luy fai-
G A L A N T . i?
fant part d’une Lettre qui
m ’eft tombée entre les
mains, adreïfée à une Perfonne de qualité, par laquelle onluy rend compte
non feulement de ces deux
Pièces, mais de tout ce qui
a paru fur le. Theatre François & Italien, depuis ce
commencement de l’Année jufques à la fin du Carnaval.
*■ •
Cii
lP |U is que vous fouhai-
| tez, Madame, que je
vous mande des nouvelles
de tout ce qui a paru de
nouveau au Theatre depuis le premier de Janvier,
je vous parleray d ’abord
des deux Phedres : Elles
ont fait icy beaucoup de
bruit, & j’ay peine à concevoir d ’où vient qu’on
G A L A N T . 19
i s eft'avifé d’en vouloir juger par comparaifon de
l’une à l’autre, puis quelles
n’ont rien de commun que
le nom des Perfonnages
■ qu’on y fait encrer j car je
tiens qu’il y a une fore
grande dife'rence à faire, O
de Phedre amoureule du
Fils de fon Mary, & de
Phedre qui aime feulement
le Fils de celuy quelle n’a
pas encor époufë. Il eft fi
naturel de préférer un jeune Prince à un Roy qui en
eft le Pere, que pour peindre la paflian de l’une, on
, C iij .
*
jo LE MERCURE
n’a befoin que de fuivre le
train ordinaire des chofes;
c’elt un Tableau dont les
couleurs font faciles à trouver, & on n’eft point embarafle fur le choix des ombres qui le doivent adoucir:
mais quand il faut reprefenter une Femme qui n’envifageant fon amour qu’avec horreur, oppofe fans
celTe le nom de Belle-mere • * •
à celuy d’Amante, qui dételle fa paflîon, & ne lailfe
pas de s’y abandonner par
la force de la deftinée, qui
vou droit fe cacher à elle-
GALANT. 31
mefme ce qu’elle fcnt, &
ne foufre qu’on luy en arrache le fecret que dans le
temps où elle fe voit prefte
d’expirer-, c’eft ce qui demande l’adrefle d’un grand
Maiftre ; & ces chofesfont
tellement eflentielles au
Sujet d’Hippoly te,que c’eft
ne l’avoir pas traité, que
d’avoir éloigné l’image de
l ’amour inceftucux qu’il
faloit neceflairement faire
paroiftre. Ainfi, Madame,
je ne voy point qu’on ait
eu aucune raifon d’exami-
. ner laquelle des deux Pie-
3
i LE MERCURE
ces intérefte plus agréablement l’Auditeur, puis qu’
elles n ’ont aucun raport
cnfemble du cofté de la
principale matière. 11 eft
vray qu’il n’y a pas la mefme horreur dans le Sujet de
la Phèdre du Fauxbourg
S.Germain; mais, comme
je vous ay déjà dir, ce n’eft
pas le véritable Sujet que
1Autheur de cette derniere
a traité; & puis qu’il s’eft
permis d’y changer ce qu’il
y avoit de plus eflentiel, il
eft d’autant plus refponfàble de tout ce qui a pii
G A L A N T . 55.
blefTer les délicats. Vous
jugerez vous-mefme du
relie par la leélure de ces
deux Pièces qu’on achevé
d’imprimer, &que je vous
envoîray la Semaine prochaine. Je ne doy pas oublier de vous dire qu’on a
fait revivre une Piece dont
vous n’oliez dire il y a cinq
ou Cix ans tout le bien que
vous en pendez, à caufe de
certaines chofes qui bleffoient la délicatefle des
Scrupuleux : Elle en eft à
prefent tout-à-fait purgée,
& au lieu quelle eftoic en
j4 LE MERCURE
Proie, elle a efté mife eh
Vers d’une maniéré qui a
fait dire qu’elle n’a rien
perdu des beautez de fon
Original, qui mefmes y en
a fait trouver denouvelles.
Vous voyez bien que c’cft
du Fcftin de Pierre du fameux Moliere donc je vous
parle. Il a efté extraordinairement fuivy pendant
lesfix Reprefentations qui
en ont efté données -, & il
auroit efté fans-doute fort
loin, fi les Comédiens qui
font plus religieux qu’on ne
les veut faire croire, n’cufi
G A L A N T . 35
fentpas pris d’eux-mefmes
la Publication du Jubilé
pour un Ordre de feïmer
le Theatre. Le grand fuccés de cette Piece eft un
effet de la prudence de
Monfîéur de Corneille le
jeune, qui en a fait les Vers,
& qui n’y a mis que des
Scenes agréables en la
place de celles qu’il en a
retranchées. Il me fouvient, Madame, que vous
m’avez autrefois demandé
pourquoy cette Piece s’appelloit le Feftin de Pierre,
n’y trouvant rien qui con-
5
6 LE MERCURE
vinft parfaitement à ce titre. Vous aviez fujet de
foûtenir qu’il n’y avoir pas
d ’apparence que ce fut
parce que le Commandeur
tué par D. Juan fe nommoit D.Pedre,ou D.Pierre.
Un Cavalier qui a fait le
Voyage d’Efpagne, m’en
apprit il y a quelques jours
la véritable raifon. C’eft là
qu’il prétend que cette
Avanture foit arrivée, <5c
on y voit encor (dit-il) les
relies de la Statue du Commandeur ; mais cela ne
conclud pas qu’il foit vray. .
V
G A L A N T .
que cette Statue ait remué
la telle, & quelle ait efté
fe mettre à table chez le
D. Juan de la Comédie,
comme on l’aifure en Efpagne. Ce qu’il y a de certain, c’eft que les Elpagnols font les premiers qui
ont mis ce Sujet fur le
Theatre, & que Tirfo de
Molinaqui l’a traité, l’a intitulé , El Combidado de
Picdra,, ce qui a efté malrendu en noftre Langue par
Le Pefiin de Pierre ; ces paroles ne lignifiant rien autre chofe que le Convié de
9
$8 LE MERCURE
Pierre, c’eft à dire la Statué
de marbre convie'e à un
Repas. Apres vous avoir
parlé des Efpagnols, jedoy
vous dire deux mots des
Italiens: Ils nous ont donné cet Hyver trente Reprefentations d ’une fort
agréable Comédie, qui a
pour titre, Scaramouche
& Arlequin , Juifs errans
de Babylone : Elle eft de
l ’invention de Monfieur
de S... Autheur desTrompeurs trompez. Elle a
non feulement ,fait rire le
Peuple, mais elle a attiré
G A L A N T . 39
en foule toute la Cour, qui
fembloit ne fe pouvoir laffer de s’y venir divertir. Je
croy qu’on ne peut rien
dire de plus avantageux
pour cette Piece: Elle finit
par un Récit qu’Arlequin
fait d’une manière fi a^rea-.
ble & fi divertiflante, que
tous ceux qui l ’ont oüy
font demeurez d ’accord,
que ce n’eft pas fans raifon
que ce merveilleux Auteur
attire tous les jours tant de
monde au Theatre Italien.
11 ne me refte plus qu’à
vous parler de celuy qu’on
4
■4
o LE MERCURE
a nouvellement ouvert au
'M arais, dont les Aéteurs
font appeliez Banboches.
Ce mot eft dans la bouche
de bien des Gens qui n’en
Fçavent pas l’origine. Banboche eft le nom d’un fameux Peintre qui ne faifoit que de petites Figures
quelesCuricux appelloient
des Banboches-, & il fut
donné depuis indifércmment à toutes les petites
Figures de quelque Peintre
qu’elles fuffent. Je n’ay
encor rien à vous dire de<
celles du Marais-, mais
- G A L A N T . 4
i
peut-eftre que fi on les laiC
foie croiftre, elles feroient
parler d’elles : elles fe fonc
déjà perfectionnées, elles
ne dançent pas mal, mais
elles chantent trop haut
pour pouvoir chanter bien
longtemps .; & fi on devient confidérable quand
on commence à fe faire
craindre, il faut quelles
ayent plus de mérité que
le Peuple de Paris ne leur
-en a crû : mais tout fait
ombrage à qui veut regner
feul ; cependant il-eft trescertain que lors qu’on^raI D
41 LE MERCURE
vaille trop ouvertement à
détruire de méchantes chofes, on les fait toujours
réüftir.
( L’Opéra eftant en France fur le pied de la Comédie , & les fuccés de tous
ceux qu’on nous donne de
nouveaux, n’eftans grands
que félon qu’ils ont plus ou
moins de beautez, je ne
doy pas oublier de vousdire
quliïs Opéra nouveau a
efté reprefenréà S.Germain
pendant unèpartie duCarnaval. Si cet Ouvrage meritelfeuelaue sloire, elle eft uelque gloire, elle eft
•*
*• •
G A L A N T . 45
deuë à Monfieur Quinaut.
Le Sujet & les Vers de cette
Tragédie font dignesde cet
illuftre Autheur, & ne luy
ont point fait perdre la réputation qu’il s’eft acquife.
Monfieur de Lully en afaic
laMufique; il ne peut être
comparé à perfonne, puis
qu’il eft le feul dont on en
voitaujourd’huy en France,
Je ne parle point de la
beauté de ce dernier Ouvrage de là compofition-,
Ion génie eft fi connu, qu’il
a fait oublier celuy de tous
les autresj je m’arrefte à
44 LE mercure
ce que la Cour en a die.
Elle eft fi éclairée, que je
fuis perfuadé que perfonne
ne doit appeller de fon jugement. Le grand nombre
d ’Inftrumens touchez par
les meilleurs Maiftres de
France, a fait trouver des
beautez dans la fymphonie
de cet Opéra, & il eft impoffible que tant d’Inftrumens entre les mains de
tant d’excellens Hommes
ne produifenr pas toujours
cet effet. Les Habits ont
efté trouvez admirables,
ioit pour ce qui regarde la
G A L A N T . 4 ;
richeïfe, foie pour ce qui
regarde l’invention, & ils
ont fait un des plus beaux
ornemens de ce Spéétacle.
Monfieur Berain qui poffede prefentement la Charge de feu Monfieur Je fia y
Deflig nateur du Roy, en
avoit donné les deïTeins,
ainfi que des Coeffures.
Les Habits des Opéra de
Thefée & d’Atis font auffi
de fon invention. Meilleurs
Beauchamps& Dolivet,qui
qui depuis plufieurs années
font toutes les Entrées des
Baie ts du Roy, ont travaillé
46 LE MERCURE
à leur ordinaire pour ce
dernier, ceft à dire tresbien. Les beautez de cet
Opéra n’ont point fait perdre au Roy & à toute la
Cour le fouvenir des iniimitables Tragédies de M.
de Corneille l’aîné, qui fu>
rent reprefentées à Verfailles pendant l’Automne
dernier. Je vous envoyé la
Copie que vous m’avez demandée des Vers que fit
cet illuftre Authcur pour
en remercier Sa Majefté.
Je fuis, Madame, &c
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Résumé : A MADAME la Marquise de **
Le 1er janvier, les Comédiens de l'Hôtel de Bourgogne présentèrent la première représentation de 'Phèdre' de Jean Racine. La Troupe du Roi opposa, le dimanche suivant, sa propre version de 'Phèdre', écrite par Pradon. Une lettre adressée à une personne de qualité rend compte de ces deux pièces et des spectacles sur les théâtres français et italien depuis le début de l'année jusqu'à la fin du carnaval. La lettre souligne les différences entre les deux 'Phèdre'. La pièce de Racine met en scène une Phèdre amoureuse du fils de son mari, tandis que celle de Pradon présente une Phèdre aimant le fils d'un homme qu'elle n'a pas encore épousé. L'auteur de la lettre estime que traiter le sujet d'une femme qui lutte contre ses sentiments incestueux nécessite un grand maître, critiquant Pradon pour n'avoir pas abordé ce thème de manière adéquate. La lettre mentionne également la réapparition du 'Festin de Pierre' de Molière, réécrit en vers par Corneille le jeune. Cette version a supprimé certaines scènes délicates. La pièce a été très bien accueillie, mais sa représentation a été interrompue à cause du Jubilé. L'auteur explique l'origine du titre 'Festin de Pierre' et mentionne des représentations à Versailles pendant l'automne précédent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 169-214
De la Necessité de la Critique, ou le Grand Prevost du Parnasse.
Début :
On gronde contre la Satire, [...]
Mots clefs :
Parnasse, Auteur, Critique, Muses, Ombre, Auteurs, Censeurs, Virgile, Malherbe, Quinault, Prévôt, Bigarrure, Prévôt du Parnasse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De la Necessité de la Critique, ou le Grand Prevost du Parnasse.
De la Neceffité de la
Critique , ou le Grand
• Prevoſt du Parnaſſe.
On gronde contre la
Satire,
Et Cotin dit qu'on a rai-
F
fon;
Mais quoique Cotin puis ,
Sedire
Juin 1714. P
170 MERCURE
Dans l'étrangedemanделі-
fon ६
Qu'en noſtre Siecle on a
d'écrire
Il nous faut ce contre-poifon.
Ecrire en Vers' berire
Den Pr
Au temps passé, c'estoit un
fa
Art,
e
Au temps preſent , c'est
autre chose , RRR
Tant bien que mal à tout
hazard,
GALANT. 171
Rime qui veut , qui veut
compose
Se dit habile, ou le fuppose
,
Entre au Chorus , ou chan
te àpart
Eft pour un tiers ou pour
un quart
Fournit le texte en fait la
glofe,
Et tout le monde en veut
Sa part.
Dites - nous , Muses,
d'où peut naistre
Pij
172 MERCURE
Cette heureuse fecondité,
Eft- on sçavant quand on
veut l'estre ,
Cela n'a pas toûjours esté.
Il en coûtoit à nos Ancestres
,
Ce ne fut pas pour eux un
jeu,
Ce qui coûtoit à ces grands
Maistres
D'où vient nous coûte-tilfi
ة ي ح
peu.
Vanitéfotte, qui preſume
GALANT. 173
Par un aveugle &fol orgüeil
Defon esprit &desa plu
me:
Voilà d'abord le grand écuril.
Itcm, leTempledeMe
moire ,
C'est un tres- dangereux appas;
Mais en grifonnant pour
L'encre toûjours ne coule
la gloire ,
pas;
Piij
174 MERCURE
Et quelquefois avient le
cas ,
Que l'on caſſeſon écritoire.
1
:
Item ,foit à bon titre ,
ou non ,
On dit mes oeuvres , mon
Libraire ,
Et l'on voit en gros caractere
Afficher son Livre&fon
Nom:
Item , chacun asa folie
;
GALANT. 175
Item , aujourd'huy tout est
bon
Et tout oworage se publie
Ce qu'un hommea rêvé la
Ce qu'il a dit àſaſervan-
Cequ'ilfait entre ſept
buit ,
Qu'on l'imprime & melte
en vente ,
L'ouvrage trouve du debit;
Et quelquefois ,ſans qu'il
s'en vente ,
Piiij
176 MERCURE
L'Auteury gagne un bon
habit.
Item , quand on ne sçait
mieux faire ,
Onforge , on ment dans un
écrit.
Item, on nesçauroitſe taire,
Et nous avons tous trop
d'esprit.
Autre grand Item , ilfaut
vivre
Voilà comment fefait un
Livre.
De-lànous viennent à
foifon
GALANT. 177
Maigres livrets de toute
forte ; 1
Ils n'ont ny rime ny rai-
Son ,
Cela se vend toûjours ,
qu'importe
Tous lesſujetsfontpresque
ufez
Et tous les titres épuiſez ,
Fuſques à des contes de
Fée,
Dont on afait long- temps
Trophée ;
Le desordre croit tous les
jours
178 MERCURE
Je crie & j'appelle au fecours,
Quand viendra- t'il quelque
Critique
Pourreformer untel abus ,
Et purger noftre Republique
De tant d'Ecrivains de bibus?
A l'esprit d'un Cenfeur
farouche,
Qui fçait faire valoir fes
droits ,
Un pauvre Auteur craindra
la touche,
GALANT. 179
Et devant que d'ouvrir la
bouche
I penſera plus de deux
fois.
Je touche une facheuse
corde,
Et crois déja de tous cof
tez
Entendré à ce funeste exorde
,
Nombre d'Auteurs épouvantez
Crier tout baut , mifericorde!
180 MERCURE
Soit fait , Meffieurs , j'en
fuis d'accord;
Mais quand le Public en
furie
Contre vous &vos oeuvres
crie
Mifericorde encore plus
fort ,
Que luy répondre ,je vous
prie?
C'est un mal je ne dis
pas non ,
Qu'un Cenfeur rigide &
fevere
GALANT. 181
Qui le prend fur le plus
haut ton ,
Qu'on hait , & pourtant
qu'on revere :
Mais si c'est un mal, c'est
Souvent
Un mal pour nous bien neceffaire
;
Un Critique au Paysscavant
Fait le métier de Commif-
Saire.
Bornonsnousfans aller
plus loin
1
182 MERCURE
T
A la feule gent Poëtique
Plus que tout autre elle a
besoin
Pour Commiſſaire d'un
Critique.
Les Poëtesfont infolents
Etſouvent les plus miferables
Se trouvent les plus intraitables
Fiers de leurs prétenduës
talents
Ils prendront le pas au
Parnaffe
GALANT. 183
Et fur Virgile &(ur Horace
S'il n'est des Cenfeurs vigilants
Pour chaßer ces paffe-vollants,
Et marquer à chacun fa
place.
D'abordces petits avortons
Viennent se couler à tâtons;
Ils sont soumis , humbles ,
dociles.
184 MERCURE
Souples a prenare les lecons
Des Horaces & des Virgiles,
Etdevantdes Auteurs habiles
Sontmuetscomme des poif
fons ;
Mais quand enfin cette
vermine
Sur le Parnaße a pris racine
,
Elle s'amente&forme un
corps
Quiserevolte&semutine;
Dés
GALANT. 185
Dès qu'une fois elle domine
Adieu Virgile نب fes
conforts
Dans quelque coin on les
confine ,
Et fi Phoebus faisoit la
mine
Luy-même on le mettroit
dehars.
Comment Ronsard &
Sa Pleyade, ??
Dont un temps le regne a
Juin 1714 .
186 MERCURE
Nous l'avoient - ils defiguré
Dans leur grotesque mafcarade?
Plus bigarre qu'un Arlequin
,
Affublé d'un vieux cafaquin
Fait àpeu prés à la Françoise
is d'étoffe antique
autoife;
as goust, fans air , le
tout enfin
Brodé de grec &delatin
GALANT.187
C'estoit dans ce bel équipa
ge
Qu Apollon noir comme
un lutin
Se faisoit par tout rendre
hommage;
Mais après un long efclavage
Enfin Malherbe en eut pities
Et l'ayant pris en amitié
Lui débarboüilla le vifage
Et le remit ſur un bon
pied
Qij
188 MERCURE
Renvoyant à lafriperie
Ses haillons &fa broderie.
Alors dans le facré
Vallon
On décria la vieille moda
Et Malherbe fous Apollon
Fit publier un nouveau
Code,
Deffendant ces vieux paf-
Sements ,
Qu'avec de grands empref-
Sements
GALAN 189
On alloit chercher piece à
piece
Au Latium & dans la
Grece
Ronfard en fut triste &
marri ,
Perdant beaucoup àce déori
Cependant tout changea
deface
Sur l'Helicon & le Par
naße
C'estoit un air de propreté
:
199 MERCURE
Plein de grandeur de
nobleffe ;
Rien defade ni d'affecté
N'en alteroit la dignité
Le bon goût & la politeffe
Brilloient dans lafimplicite
Laiſſant la frivole parure
Aux fades Heros de Romans
On emprunte de la natu
re
Ses plus fuperbes ornemens:
GALANT.191
Vous cuffiez vù les jours
de festes
Phæbus &les neufDoctes
Soeurs
N'employerpourorner leur
testes
Que des lauriers meſlezde
fleurs
Mais cette mode trop unie
Ennuya bien-toſtnosFran-
Au mépris des nouvelles
Ils revinrent à leurgenie
192 MERCURE
Et reclamerent tous leurs
droits
Nous aimons trop la bigarure
;
Je ne puis le dire aßez
baut,
Voilà nostre premier deffaut
Et c'est depuis long-temps
qu'il dure :
Ildureraj'ensuis garant,
Quoique le bon goût en
murmure;
Si l'on le quitte , on le reprends
&
Même
GALANT. 193
Même en dépit de la
Cenfure :
On veut du rare, du nou
veau,
27197
Letoutfans regle ,&fans
mesure ,
On outre , on caffe le pin
ceau;
Mais à charger trop le
tableau,
On vient àgâter la peina
gater la pein
ture malind
Et voulant le portrait trop
bears ८
Juin 1714. RS
194 MERCURE
On fait grimacer la figure.
:
Spit Poëtes foit Orateurs
,
C'est là qu'en font bien des
Auteurs.
Nous nous mettons à la
torture
Pour alambiquer un écrit;
Nous voulons par tout de
Kefprit
Du brillant de l'enlumi-
стике сто
C'est un abus , ne forçons
rien,
GALANT. 195
Laifſſons travailler la nature
Etfans effort nous ferons
bien:
Il en coûte pour l'ordinaire
Par cet enteſtement fatal
Plus à certains pourfaire
mal
Qu'il n'en coûteroit pour
bienfaire.
Me voila dans unfort
beau champ
Rij
196 MERCURE
Mais je préche & peut
estre ennui-je
Comme bien d'autres en
consid
prêchant ,
Jefinis donc & je m'of
Suye.
១
Bel exemplefans meflatter
Si l'on vouloit en profiter.
Or durant cette mala-
છ???????????? die
Dont l'Helicon , fut infec
djtás zamb aliors :
On bannit lafimplicité
GALANT 197
Sous Malherbe tant ap
plaudies 20
Pointe's, équivoques dans
Et jeux de mots vinrent
On vit l'affemblage grotes-
Da ferieux & du burles
-
Le Phoebus , le:Galima-
--sanciovint amoy 20
Parurent avec aßurance ,
Et comme fi l'on n'estoit
pas
R iij
198. MERCURE
Affezfol , quand on veut
en France
Onfut avec avidité
Chercherjusques dans l'Italic
Desfecours dont par cha-
Elle aſſiſta noſtrefolies
Apollonfe tuoit en vain
De faire mainte remon-
Nos gens fuivoient toujours
leur train
Et tout alloit en décadence.
:
L
NOUSTHEQUE DE
199
Mais quand ce Dien
plein de prudence
*
1893*
Eut pris Boileau pourfon
Preap
Combien d'Auteurs firent
lepaut
On voyoit détaler en bande
Tous ces Meffieurs de
contrebande :
Chapelain couvertde lau
riers
Sauta luy-même des pre
miers ,
Et perdit , dit-on , dans la
crotte
Riiij
200 MERCURE
Etfa perruque &sa calottes
Il crioit prestà trébucher
Sauvez l'honneur de la
Pucelle
Mais Boileau plus dur
qu'un rocher
Neust pitié ni de luy ni
d'elle.
Pradon voulant parlementer
Fit d'abord de la resistan
ce
Et parut quelque temps
luter,
CALANT. 2010
Même en Poëte d'importance;
It appella de la Sentence
Mais ilfallut toûjoursfau
ters
Et l'on n'apoint jugé l'inf
tance:
Sous le manteau de Regulus
On eut épargnésa perfonne
Mais le pauore homme
n'avoit plus 1
Que lejuſte-au-corpsd'Antigone.
202 MERCURE
Quinaut par la foule
emporté,
Quinaut même fit la culbute
Mais un appel interjetté
Le vangea bien-toft defa
chute :
On vit les Muses en rumeur
A l'envi prendre en main
Sa cause,
Quelques gens de mauvaiſe
humeur
Vouloient pouffer plas loin
la chofe
GALANT.203.
Infiftant qu'on fit au plum
toft
Le procés au pauore Prevost.
Mais Pæbus d'une
oeiltade fiere
Les rejettant avec mépris
Leurdit d'un tonferme&
favere
Paix canailles de beaux
-
Qui n'avez fait icy que
braires Aoim C
204 MERCURE
Sifur Quinaut on s'estmé
pris
Fy veilleray, c'est mon
affaire:
Quant à vous perdez tout
Et ne me rompez plus la
teste
Mon Prevost afaitfon de-
Ainsi se calma la tem-
1
Et Quinaut s'estant pre-
Dansses griefsfut écouté;
GALANT. 205
On declara vu la requeſte ,
Bien appellé comme d'a-
છછછછ????????????
Dont le Prevost resta
camus
Il fut mêmeſur le Parnaf-
-ind
Regléfans contestation
Qu'auprès d'Orphée &
250 Pd Amphion 2.200 25
Il iroit reprendresa place ;
Et puis Phoebus d'un air
humain
Lui mit fa propre Lyre en
main
206 MERCURE
Non que la fienne fut u-
See
Maispar un noble&fier
dedain
De la voir à tort méprifee
En tombant il l'avoit brifée
On enfit recueillir foudain
Tous les morceaux juſques
au moindre
Mais on les recücillit en
vain
い
Et l'on ne pût bien les
rejoindre
GALANT. 207
Tel fut le destin de Quinaut
,
Seuldetous, oùle Commis
faire,
Ason égard un peu corfaire
Sefoit trouvé pris en défaut
Sur tout le refte irreprochable
Faifantfachargeavechauteur
A tout mauvais & fot
Auteur
:
Ilfut Prevoſtinexorable ,
208 MERCURE
Il est bien vray qu'en fa
vieilleße
Illaißa tout àl'abandon ,
Etfitfa charge avec molleffe
Quand on eft vieux on dewient
bon,
Un reste de terreur empreinte
Retenoit pourtant les efprits
Et l'on ne penſoit qu'avec
crainte
Aufort de tant d' Auteurs
profcrits
Dans
GALANT 209
Dans cette violteßaine.s
puiſſante
Son ombre encore queña
Arrestoit les plus reso
33Ram? AO[
Mais cette ombre fiere&
Gette ombre même , helas!
Cependant dans cet in-
Tout degenere & deperit
Et faute dhura Prevost
qu'on craigne
Juin 1714.
S
210 MERCURE
Chacun fur pied de bel ef
stealing
prit
Arbore déja fon enseigne.
Les Cotins bravant les
- Vardards 201 offer
De tous cotez semble re-
Et comme en un temps de
! 2.pardons is
On voit hardiment repa-
Les Pelletiers, les Pra-
Le mal plus loin va fe
répandre NO
GALANT
Si l'on n'y met ordre au
Muses,ſongez à vous deffendreout
it
Au ſpecifique un bon Pre-
Un bon Prevost ; mais où
le prendre
Je pourrois, s'il m'étoitpermis
,
En nommer un digne de
Par fes foins en honneur
Et plus grand qu'il n'é-
Sij
212 MERCURE
toit peut- estre
Homere affezle fait connoistre
Il a tous les talents qu'il
Pour un employ fi neceffaire
Je ne luy vois qu'un feul
défaut
C'est que ce métier falutaires
De blâmer ce qui doit dẻ
plaire sio srio) 25 I
De reprendre & n'épar
Agner riemiang anly 11
GALANT 213
Cemétier qu'ilferoitfi-bien
Il ne voudra jamais le
faire
Attaqué par maint trait
si falon
Jamais contre le noir frelon
Iln'employaſes nobles veilles
Et comme le Roy des a
beilles
Il fut toûjours fans aiguillon.
Ason défaut cherchez
sinquelqu'autre
១៧-០៣
214 MERCURE
Qui plus bardy , qui moins
humain,
Pour vostre gloire , &pour
la nostre
Ofe à l'oeuvre mettre la
Du Parnaße arbitre fuprême;
Si vous prifez mon Zele
extrême , 29
Faites le voir en mexauçant
polling
Helas! peut estre en vous
Fais-je des veux contre
may-même.
Critique , ou le Grand
• Prevoſt du Parnaſſe.
On gronde contre la
Satire,
Et Cotin dit qu'on a rai-
F
fon;
Mais quoique Cotin puis ,
Sedire
Juin 1714. P
170 MERCURE
Dans l'étrangedemanделі-
fon ६
Qu'en noſtre Siecle on a
d'écrire
Il nous faut ce contre-poifon.
Ecrire en Vers' berire
Den Pr
Au temps passé, c'estoit un
fa
Art,
e
Au temps preſent , c'est
autre chose , RRR
Tant bien que mal à tout
hazard,
GALANT. 171
Rime qui veut , qui veut
compose
Se dit habile, ou le fuppose
,
Entre au Chorus , ou chan
te àpart
Eft pour un tiers ou pour
un quart
Fournit le texte en fait la
glofe,
Et tout le monde en veut
Sa part.
Dites - nous , Muses,
d'où peut naistre
Pij
172 MERCURE
Cette heureuse fecondité,
Eft- on sçavant quand on
veut l'estre ,
Cela n'a pas toûjours esté.
Il en coûtoit à nos Ancestres
,
Ce ne fut pas pour eux un
jeu,
Ce qui coûtoit à ces grands
Maistres
D'où vient nous coûte-tilfi
ة ي ح
peu.
Vanitéfotte, qui preſume
GALANT. 173
Par un aveugle &fol orgüeil
Defon esprit &desa plu
me:
Voilà d'abord le grand écuril.
Itcm, leTempledeMe
moire ,
C'est un tres- dangereux appas;
Mais en grifonnant pour
L'encre toûjours ne coule
la gloire ,
pas;
Piij
174 MERCURE
Et quelquefois avient le
cas ,
Que l'on caſſeſon écritoire.
1
:
Item ,foit à bon titre ,
ou non ,
On dit mes oeuvres , mon
Libraire ,
Et l'on voit en gros caractere
Afficher son Livre&fon
Nom:
Item , chacun asa folie
;
GALANT. 175
Item , aujourd'huy tout est
bon
Et tout oworage se publie
Ce qu'un hommea rêvé la
Ce qu'il a dit àſaſervan-
Cequ'ilfait entre ſept
buit ,
Qu'on l'imprime & melte
en vente ,
L'ouvrage trouve du debit;
Et quelquefois ,ſans qu'il
s'en vente ,
Piiij
176 MERCURE
L'Auteury gagne un bon
habit.
Item , quand on ne sçait
mieux faire ,
Onforge , on ment dans un
écrit.
Item, on nesçauroitſe taire,
Et nous avons tous trop
d'esprit.
Autre grand Item , ilfaut
vivre
Voilà comment fefait un
Livre.
De-lànous viennent à
foifon
GALANT. 177
Maigres livrets de toute
forte ; 1
Ils n'ont ny rime ny rai-
Son ,
Cela se vend toûjours ,
qu'importe
Tous lesſujetsfontpresque
ufez
Et tous les titres épuiſez ,
Fuſques à des contes de
Fée,
Dont on afait long- temps
Trophée ;
Le desordre croit tous les
jours
178 MERCURE
Je crie & j'appelle au fecours,
Quand viendra- t'il quelque
Critique
Pourreformer untel abus ,
Et purger noftre Republique
De tant d'Ecrivains de bibus?
A l'esprit d'un Cenfeur
farouche,
Qui fçait faire valoir fes
droits ,
Un pauvre Auteur craindra
la touche,
GALANT. 179
Et devant que d'ouvrir la
bouche
I penſera plus de deux
fois.
Je touche une facheuse
corde,
Et crois déja de tous cof
tez
Entendré à ce funeste exorde
,
Nombre d'Auteurs épouvantez
Crier tout baut , mifericorde!
180 MERCURE
Soit fait , Meffieurs , j'en
fuis d'accord;
Mais quand le Public en
furie
Contre vous &vos oeuvres
crie
Mifericorde encore plus
fort ,
Que luy répondre ,je vous
prie?
C'est un mal je ne dis
pas non ,
Qu'un Cenfeur rigide &
fevere
GALANT. 181
Qui le prend fur le plus
haut ton ,
Qu'on hait , & pourtant
qu'on revere :
Mais si c'est un mal, c'est
Souvent
Un mal pour nous bien neceffaire
;
Un Critique au Paysscavant
Fait le métier de Commif-
Saire.
Bornonsnousfans aller
plus loin
1
182 MERCURE
T
A la feule gent Poëtique
Plus que tout autre elle a
besoin
Pour Commiſſaire d'un
Critique.
Les Poëtesfont infolents
Etſouvent les plus miferables
Se trouvent les plus intraitables
Fiers de leurs prétenduës
talents
Ils prendront le pas au
Parnaffe
GALANT. 183
Et fur Virgile &(ur Horace
S'il n'est des Cenfeurs vigilants
Pour chaßer ces paffe-vollants,
Et marquer à chacun fa
place.
D'abordces petits avortons
Viennent se couler à tâtons;
Ils sont soumis , humbles ,
dociles.
184 MERCURE
Souples a prenare les lecons
Des Horaces & des Virgiles,
Etdevantdes Auteurs habiles
Sontmuetscomme des poif
fons ;
Mais quand enfin cette
vermine
Sur le Parnaße a pris racine
,
Elle s'amente&forme un
corps
Quiserevolte&semutine;
Dés
GALANT. 185
Dès qu'une fois elle domine
Adieu Virgile نب fes
conforts
Dans quelque coin on les
confine ,
Et fi Phoebus faisoit la
mine
Luy-même on le mettroit
dehars.
Comment Ronsard &
Sa Pleyade, ??
Dont un temps le regne a
Juin 1714 .
186 MERCURE
Nous l'avoient - ils defiguré
Dans leur grotesque mafcarade?
Plus bigarre qu'un Arlequin
,
Affublé d'un vieux cafaquin
Fait àpeu prés à la Françoise
is d'étoffe antique
autoife;
as goust, fans air , le
tout enfin
Brodé de grec &delatin
GALANT.187
C'estoit dans ce bel équipa
ge
Qu Apollon noir comme
un lutin
Se faisoit par tout rendre
hommage;
Mais après un long efclavage
Enfin Malherbe en eut pities
Et l'ayant pris en amitié
Lui débarboüilla le vifage
Et le remit ſur un bon
pied
Qij
188 MERCURE
Renvoyant à lafriperie
Ses haillons &fa broderie.
Alors dans le facré
Vallon
On décria la vieille moda
Et Malherbe fous Apollon
Fit publier un nouveau
Code,
Deffendant ces vieux paf-
Sements ,
Qu'avec de grands empref-
Sements
GALAN 189
On alloit chercher piece à
piece
Au Latium & dans la
Grece
Ronfard en fut triste &
marri ,
Perdant beaucoup àce déori
Cependant tout changea
deface
Sur l'Helicon & le Par
naße
C'estoit un air de propreté
:
199 MERCURE
Plein de grandeur de
nobleffe ;
Rien defade ni d'affecté
N'en alteroit la dignité
Le bon goût & la politeffe
Brilloient dans lafimplicite
Laiſſant la frivole parure
Aux fades Heros de Romans
On emprunte de la natu
re
Ses plus fuperbes ornemens:
GALANT.191
Vous cuffiez vù les jours
de festes
Phæbus &les neufDoctes
Soeurs
N'employerpourorner leur
testes
Que des lauriers meſlezde
fleurs
Mais cette mode trop unie
Ennuya bien-toſtnosFran-
Au mépris des nouvelles
Ils revinrent à leurgenie
192 MERCURE
Et reclamerent tous leurs
droits
Nous aimons trop la bigarure
;
Je ne puis le dire aßez
baut,
Voilà nostre premier deffaut
Et c'est depuis long-temps
qu'il dure :
Ildureraj'ensuis garant,
Quoique le bon goût en
murmure;
Si l'on le quitte , on le reprends
&
Même
GALANT. 193
Même en dépit de la
Cenfure :
On veut du rare, du nou
veau,
27197
Letoutfans regle ,&fans
mesure ,
On outre , on caffe le pin
ceau;
Mais à charger trop le
tableau,
On vient àgâter la peina
gater la pein
ture malind
Et voulant le portrait trop
bears ८
Juin 1714. RS
194 MERCURE
On fait grimacer la figure.
:
Spit Poëtes foit Orateurs
,
C'est là qu'en font bien des
Auteurs.
Nous nous mettons à la
torture
Pour alambiquer un écrit;
Nous voulons par tout de
Kefprit
Du brillant de l'enlumi-
стике сто
C'est un abus , ne forçons
rien,
GALANT. 195
Laifſſons travailler la nature
Etfans effort nous ferons
bien:
Il en coûte pour l'ordinaire
Par cet enteſtement fatal
Plus à certains pourfaire
mal
Qu'il n'en coûteroit pour
bienfaire.
Me voila dans unfort
beau champ
Rij
196 MERCURE
Mais je préche & peut
estre ennui-je
Comme bien d'autres en
consid
prêchant ,
Jefinis donc & je m'of
Suye.
១
Bel exemplefans meflatter
Si l'on vouloit en profiter.
Or durant cette mala-
છ???????????? die
Dont l'Helicon , fut infec
djtás zamb aliors :
On bannit lafimplicité
GALANT 197
Sous Malherbe tant ap
plaudies 20
Pointe's, équivoques dans
Et jeux de mots vinrent
On vit l'affemblage grotes-
Da ferieux & du burles
-
Le Phoebus , le:Galima-
--sanciovint amoy 20
Parurent avec aßurance ,
Et comme fi l'on n'estoit
pas
R iij
198. MERCURE
Affezfol , quand on veut
en France
Onfut avec avidité
Chercherjusques dans l'Italic
Desfecours dont par cha-
Elle aſſiſta noſtrefolies
Apollonfe tuoit en vain
De faire mainte remon-
Nos gens fuivoient toujours
leur train
Et tout alloit en décadence.
:
L
NOUSTHEQUE DE
199
Mais quand ce Dien
plein de prudence
*
1893*
Eut pris Boileau pourfon
Preap
Combien d'Auteurs firent
lepaut
On voyoit détaler en bande
Tous ces Meffieurs de
contrebande :
Chapelain couvertde lau
riers
Sauta luy-même des pre
miers ,
Et perdit , dit-on , dans la
crotte
Riiij
200 MERCURE
Etfa perruque &sa calottes
Il crioit prestà trébucher
Sauvez l'honneur de la
Pucelle
Mais Boileau plus dur
qu'un rocher
Neust pitié ni de luy ni
d'elle.
Pradon voulant parlementer
Fit d'abord de la resistan
ce
Et parut quelque temps
luter,
CALANT. 2010
Même en Poëte d'importance;
It appella de la Sentence
Mais ilfallut toûjoursfau
ters
Et l'on n'apoint jugé l'inf
tance:
Sous le manteau de Regulus
On eut épargnésa perfonne
Mais le pauore homme
n'avoit plus 1
Que lejuſte-au-corpsd'Antigone.
202 MERCURE
Quinaut par la foule
emporté,
Quinaut même fit la culbute
Mais un appel interjetté
Le vangea bien-toft defa
chute :
On vit les Muses en rumeur
A l'envi prendre en main
Sa cause,
Quelques gens de mauvaiſe
humeur
Vouloient pouffer plas loin
la chofe
GALANT.203.
Infiftant qu'on fit au plum
toft
Le procés au pauore Prevost.
Mais Pæbus d'une
oeiltade fiere
Les rejettant avec mépris
Leurdit d'un tonferme&
favere
Paix canailles de beaux
-
Qui n'avez fait icy que
braires Aoim C
204 MERCURE
Sifur Quinaut on s'estmé
pris
Fy veilleray, c'est mon
affaire:
Quant à vous perdez tout
Et ne me rompez plus la
teste
Mon Prevost afaitfon de-
Ainsi se calma la tem-
1
Et Quinaut s'estant pre-
Dansses griefsfut écouté;
GALANT. 205
On declara vu la requeſte ,
Bien appellé comme d'a-
છછછછ????????????
Dont le Prevost resta
camus
Il fut mêmeſur le Parnaf-
-ind
Regléfans contestation
Qu'auprès d'Orphée &
250 Pd Amphion 2.200 25
Il iroit reprendresa place ;
Et puis Phoebus d'un air
humain
Lui mit fa propre Lyre en
main
206 MERCURE
Non que la fienne fut u-
See
Maispar un noble&fier
dedain
De la voir à tort méprifee
En tombant il l'avoit brifée
On enfit recueillir foudain
Tous les morceaux juſques
au moindre
Mais on les recücillit en
vain
い
Et l'on ne pût bien les
rejoindre
GALANT. 207
Tel fut le destin de Quinaut
,
Seuldetous, oùle Commis
faire,
Ason égard un peu corfaire
Sefoit trouvé pris en défaut
Sur tout le refte irreprochable
Faifantfachargeavechauteur
A tout mauvais & fot
Auteur
:
Ilfut Prevoſtinexorable ,
208 MERCURE
Il est bien vray qu'en fa
vieilleße
Illaißa tout àl'abandon ,
Etfitfa charge avec molleffe
Quand on eft vieux on dewient
bon,
Un reste de terreur empreinte
Retenoit pourtant les efprits
Et l'on ne penſoit qu'avec
crainte
Aufort de tant d' Auteurs
profcrits
Dans
GALANT 209
Dans cette violteßaine.s
puiſſante
Son ombre encore queña
Arrestoit les plus reso
33Ram? AO[
Mais cette ombre fiere&
Gette ombre même , helas!
Cependant dans cet in-
Tout degenere & deperit
Et faute dhura Prevost
qu'on craigne
Juin 1714.
S
210 MERCURE
Chacun fur pied de bel ef
stealing
prit
Arbore déja fon enseigne.
Les Cotins bravant les
- Vardards 201 offer
De tous cotez semble re-
Et comme en un temps de
! 2.pardons is
On voit hardiment repa-
Les Pelletiers, les Pra-
Le mal plus loin va fe
répandre NO
GALANT
Si l'on n'y met ordre au
Muses,ſongez à vous deffendreout
it
Au ſpecifique un bon Pre-
Un bon Prevost ; mais où
le prendre
Je pourrois, s'il m'étoitpermis
,
En nommer un digne de
Par fes foins en honneur
Et plus grand qu'il n'é-
Sij
212 MERCURE
toit peut- estre
Homere affezle fait connoistre
Il a tous les talents qu'il
Pour un employ fi neceffaire
Je ne luy vois qu'un feul
défaut
C'est que ce métier falutaires
De blâmer ce qui doit dẻ
plaire sio srio) 25 I
De reprendre & n'épar
Agner riemiang anly 11
GALANT 213
Cemétier qu'ilferoitfi-bien
Il ne voudra jamais le
faire
Attaqué par maint trait
si falon
Jamais contre le noir frelon
Iln'employaſes nobles veilles
Et comme le Roy des a
beilles
Il fut toûjours fans aiguillon.
Ason défaut cherchez
sinquelqu'autre
១៧-០៣
214 MERCURE
Qui plus bardy , qui moins
humain,
Pour vostre gloire , &pour
la nostre
Ofe à l'oeuvre mettre la
Du Parnaße arbitre fuprême;
Si vous prifez mon Zele
extrême , 29
Faites le voir en mexauçant
polling
Helas! peut estre en vous
Fais-je des veux contre
may-même.
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Résumé : De la Necessité de la Critique, ou le Grand Prevost du Parnasse.
Le texte 'De la Nécessité de la Critique, ou le Grand Prevost du Parnasse', publié en juin 1714 dans le Mercure, traite de l'importance de la critique littéraire. Il souligne la nécessité de la satire et de la critique dans un contexte où l'écriture poétique est accessible à tous, souvent sans respect des règles de l'art. Le texte déplore la publication et la vente d'œuvres de qualité médiocre et appelle à une réforme par l'intervention d'un critique sévère. Il rappelle l'évolution de la poésie française, marquée par des périodes de décadence et de renouveau. Des figures littéraires comme Malherbe et Boileau sont mentionnées pour leur rôle dans la réforme de la poésie. Le texte évoque également des auteurs tels que Ronsard, Chapelain, Pradon, et Quinaut, illustrant les conflits et les jugements critiques qui ont façonné la littérature. Le texte se conclut par un appel à trouver un nouveau 'Prevost' capable de purger la littérature des mauvais auteurs et de rétablir des standards de qualité. Il exprime le souhait de voir un critique sévère et juste, capable de blâmer ce qui doit l'être, mais aussi de reconnaître les véritables talents.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 2683-2685
Isis, Opera remis, [titre d'après la table]
Début :
Le Dimanche 14. de ce mois, l'Academie Royale de Musique remit au Théatre [...]
Mots clefs :
Isis, Théâtre, Académie royale de musique, Tragédie, Lully, Quinault, Opéra
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texteReconnaissance textuelle : Isis, Opera remis, [titre d'après la table]
e Dimanche 14. de ce mois , l'Academie Royale de Musique remit au Théatre Isis , Tragédie , dont les paroles sont
de Quinault , et la Musique de Lully. C'est
le septième Opera de ces illustres Auteurs.
Ils avoient déja fait ensemble Psiché , les
Fêtes de l'Amour et de Bacchus , Cadmus et
Hermione, Alceste, Thesée, et Atys . Isis n'avoit point été repris depuis 1720. Feu Mile
Fournet y chantoit alors le principal Rôle et le sieur Thévenard celui d'Hierax.
Dans la nouveauté de cet Opera , les deux
Rôles étoient joüez par la Dlle Aubry et
par le sieur Gayes et celui de Junon par
1. Vel.
la
2684 MERCURE DE FRANCE
la Diles. Christophle. Aujourd'hui ces Rôles
sont remplis par la Dlle le Maure , par
le sieur Chassé et par la Dle Antier. On représenta Isis sur le Théatre du Château
de S. Germain en Laye , devant le Roy,
en 1677. il servit de divertissement à la
Cour pendant une partie du Carnaval.
Il parut ensuite sur le Théatre de Paris ,
au mois d'Août de la même année.
L'admirable Trio des Parques. Le fil de
la vie , &c. que M. de Lully estimoit tant.
lui-même , passe pour le plus beau qu'il
ait jamais fait en ce genre.
Isis , selon M. de Freneuse , dans sa
comparaison de la Musique Françoise à la
Musique Italienne , est le plus sçavant
Opera de la composition de M. de Lully,
et qui cependant eut le moins de succès
dans sa nouveauté.
La plainte de Pan , à la sixiéme Scene
du troisiéme Acte : Hélas ! quel bruit
entend-je? &c. est regardée comme un
chef- d'œuvre , par la maniere dont il l'a
rendue après l'avoir copiée d'après nature,
à ce qu'on prétend ; car on croit entendre le même bruit et le même siflement
fait le vent en hyver à la campagne , que dans une grande maison , lorsqu'il s'engouffre dans les portes , dans les coridors ou dans les cheminées ; ce bruit ap- ذر IVol.
proche
DECEMBRE. 1732. 2685
proche fort du sifflement plaintif que font les Roseaux et d'autres Plantes de
cette espece agitées par le vent. C'est une
imitation naïve et parfaite de la Nature.
M. le Brun , dans son Théatre Lyrique,
a raison de dire qu'il faut éviter de mettre sur le Théatre un Dieu favorisé d'une
Mortelle , comme dans cette Piece , parce
qu'on ne s'interesse guere pour un Amant
dont le bonheur égale le pouvoir , કે
moins que l'incertitude de la Divinité ne
fasse subsister l'interêt.
On reproche à l'Auteur sur ce Poëme
que la Furie Erinnis , qu'il a introduite
est trop tranquille , &c. Nous parlerons
plus amplement de cet Opera, en rendant
compte à nos Lecteurs de son exécution ,
de son succès et des observations du Public en general , et des Critiques en particulier.
de Quinault , et la Musique de Lully. C'est
le septième Opera de ces illustres Auteurs.
Ils avoient déja fait ensemble Psiché , les
Fêtes de l'Amour et de Bacchus , Cadmus et
Hermione, Alceste, Thesée, et Atys . Isis n'avoit point été repris depuis 1720. Feu Mile
Fournet y chantoit alors le principal Rôle et le sieur Thévenard celui d'Hierax.
Dans la nouveauté de cet Opera , les deux
Rôles étoient joüez par la Dlle Aubry et
par le sieur Gayes et celui de Junon par
1. Vel.
la
2684 MERCURE DE FRANCE
la Diles. Christophle. Aujourd'hui ces Rôles
sont remplis par la Dlle le Maure , par
le sieur Chassé et par la Dle Antier. On représenta Isis sur le Théatre du Château
de S. Germain en Laye , devant le Roy,
en 1677. il servit de divertissement à la
Cour pendant une partie du Carnaval.
Il parut ensuite sur le Théatre de Paris ,
au mois d'Août de la même année.
L'admirable Trio des Parques. Le fil de
la vie , &c. que M. de Lully estimoit tant.
lui-même , passe pour le plus beau qu'il
ait jamais fait en ce genre.
Isis , selon M. de Freneuse , dans sa
comparaison de la Musique Françoise à la
Musique Italienne , est le plus sçavant
Opera de la composition de M. de Lully,
et qui cependant eut le moins de succès
dans sa nouveauté.
La plainte de Pan , à la sixiéme Scene
du troisiéme Acte : Hélas ! quel bruit
entend-je? &c. est regardée comme un
chef- d'œuvre , par la maniere dont il l'a
rendue après l'avoir copiée d'après nature,
à ce qu'on prétend ; car on croit entendre le même bruit et le même siflement
fait le vent en hyver à la campagne , que dans une grande maison , lorsqu'il s'engouffre dans les portes , dans les coridors ou dans les cheminées ; ce bruit ap- ذر IVol.
proche
DECEMBRE. 1732. 2685
proche fort du sifflement plaintif que font les Roseaux et d'autres Plantes de
cette espece agitées par le vent. C'est une
imitation naïve et parfaite de la Nature.
M. le Brun , dans son Théatre Lyrique,
a raison de dire qu'il faut éviter de mettre sur le Théatre un Dieu favorisé d'une
Mortelle , comme dans cette Piece , parce
qu'on ne s'interesse guere pour un Amant
dont le bonheur égale le pouvoir , કે
moins que l'incertitude de la Divinité ne
fasse subsister l'interêt.
On reproche à l'Auteur sur ce Poëme
que la Furie Erinnis , qu'il a introduite
est trop tranquille , &c. Nous parlerons
plus amplement de cet Opera, en rendant
compte à nos Lecteurs de son exécution ,
de son succès et des observations du Public en general , et des Critiques en particulier.
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Résumé : Isis, Opera remis, [titre d'après la table]
Le 14 du mois, l'Académie Royale de Musique a présenté l'opéra 'Isis' au Théâtre Isis, avec des paroles de Quinault et la musique de Lully. Cet opéra est le septième de leur collaboration, après 'Psiché', 'Les Fêtes de l'Amour et de Bacchus', 'Cadmus et Hermione', 'Alceste', 'Thésée' et 'Atys'. 'Isis' n'avait pas été repris depuis 1720, où Mlle Fournet et le sieur Thévenard interprétaient les rôles principaux. Lors de la nouvelle représentation, les rôles étaient tenus par la Dlle Aubry, le sieur Gayes et la Dlle Christophle. Actuellement, les rôles sont interprétés par la Dlle le Maure, le sieur Chassé et la Dlle Antier. 'Isis' a été joué pour la première fois au Théâtre du Château de Saint-Germain-en-Laye devant le roi en 1677, puis à Paris en août de la même année. L'opéra est célèbre pour son admirable trio des Parques, que Lully considérait comme l'un de ses plus beaux morceaux. Selon M. de Freneuse, 'Isis' est l'opéra le plus savant de Lully, bien qu'il ait eu peu de succès lors de sa première représentation. La plainte de Pan dans la sixième scène du troisième acte est particulièrement remarquée pour son imitation parfaite des bruits naturels. M. le Brun critique l'introduction d'un dieu favorisé par une mortelle, estimant que cela réduit l'intérêt dramatique. On reproche également à l'auteur d'avoir introduit une Furie Erinnis trop tranquille.
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