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1
p. 2071-2074
FESTE donnée au Pavillon, Maison de Plaisance près de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
Début :
Le Roi vient de faire à Mrs de Lenfant une grace considerable, en accordant à un fils [...]
Mots clefs :
Provence, Fête, Pavillon, Maison, Eaux jaillissantes, Coups de canon, Tambours, Spectacle, Dîner
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texteReconnaissance textuelle : FESTE donnée au Pavillon, Maison de Plaisance près de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
FESTE donnée an Pavillon , Maison de
Plaisance près de la Ville d'Aix. Ex--
trait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
L
E Roi vient de faire à Mrs de Lenfant une ·
grace considerable , en accordant à un fils
aîné, encore assez jeune , la survivance et l'éxercice des Charges de Commissaire Provincial des
Troupes en Provence , et d'Intendant de la
Garnison Françoise de la Principauté de Monaco que M. De Lenfant pere remplit depuis plusieurs années avec approbation.
Le Pavillon est une fort belle Maison qui leur
appartient , située dans un des plus beaux lieux
de la Provence , fréquentée presque toute l'année
par beaucoup de personnes de condition de l'un
et de l'autre sexe , qui aiment à goûter pendant
quelque tems la tranquillité d'une agréable solitude , et à respirci un air plus pur que celui des
Villes.
La Maison est assez vaste , bien distribuée , et
d'une agréable Architecture. Le plus précieux
meuble qu'on y trouve est une Bibliotheque de
Livres choisis , commencée et très- augmentée
par M. de Lenfant pere , qui ne se lasse point de
T'enrichir. Son goût particulier pour la Peinture
paroît aussi par quantité de Tableaux des meil
leurs Auteurs Italiens , François et Flamands
qui ornent les Salons , avec un grand nombre
d'Estampes des plus habiles Maîtres,
Les dehors présentent différens agrémens , sans
parler de la vue charmante des Paysages des environs , &c. On arrive au Pavillon par deux gran- >
2072 MERCURE DE FRANCE
grandes Allées des plus beaux Maroniers. Entre
ces Allées il y en a une autre , plantée de diffe
rens Arbres choisis , et propres à recevoir par
la taille toutes les formes qu'on veut leur don
ner. On y voit avec plaisir les quatre Saisons en
grandes Statues , Mercure prêt à voler , -Bellone'
avec ses Attributs et plusieurs autres Sujets de P'Histoire fabuleuse.
Les eaux jaillissantes contribuent encore à em
bellir ces dehors. La Piéce la plus confi térable
est au bout de l'Allée du milieu , en face du På→
villon: c'est une Statue colossalle d'Hercule , qui avec sa Massuë , abbat les têtes de l'Hydre , d'ou
sortent autant de jets d'eau , lesquels en tombant
forment une grande nape d'eau. On ne dit rient de plusieurs autres jets d'eau distribuez en divers
endroits , pour ne pas oublier deux belles Cascades qui forment devant le Pavillon un grand Réservoir , où l'on nourrit des Poissons.
Le Parterre est des mieux entendus pour le
dessein général , et des plus heureusement éxécu
tez par la varieté et par le goût des compartimens.
Oncroira sans peine que les plus beaux Orangers,
les Citroniers et les plus belles fleurs du Pays
abondent dans ce Parterre , et qu'on y trouve un
Printems presque continuel.
C'est dans un si agréable Lieu qu'a été célebrée
la Fête en question. Elle commença le 24. Août
au soir , veille de S. Louis, dès qu'on cut reçu
Pagréable nouvelle dont on a parlé.
M. de Lenfant , fils aîné , qui y étoit le plus
interessé , fit d'abord dresser les appareils d'un
grand Feu au bout de l'Allée de la Bibliotheque ;
on l'orna de Banderoles , de Guidons armoriez
et de plusieurs Panaches de diverses couleurs. A
Pentrée de la nuit il fut allumé par M. de Len
fant
SEPTEMBRE. 1732 2073
fant pere , et par M. l'Abbé , son frere , avec des
flambeaux qui leur furent présentez en cérémonie
par les jeunes Mrs de Lenfant. On tira en mê→
me-tems plusieurs coups de Canon , on entendir
le son des Tambours et des Fifres , et la joye
éclata encore par un grand nombre de Fusées ,
et de Serpentaux , qui furent tirez par les Domes
tiques,
* Il n'en fallut pas davantage ; ce fut un signal pour attirer au Pavillon une Assemblée nombreuse de Dames et de Cavaliers. Ce fut aussi un
signal pour attirer tout ce qu'il y avoit aux envi
Lons de Jeunesse d'élite , la plus vive et la plus experte en Danses Provençales. Il se forma en
peu de tems plusieurs Bandes de Bergeres et de Bergers , qui danserent toute la nuit en différens
endroits , et le Spectacle n'étoit pas indifférent.
Au déclin du Feu , on servit un grand Soupé ,
dont la gayete fut un des meilleurs mets ; et on
n'oublia pas de faire donner en abondance des ra- fraichissemens aux Amateurs de la Danse et à
tous les Spectateurs. Ce ne fut là que le prélude de la Fête,
Elle commença le lendemain jour de S. Louis,
par la célébration de plusieurs Messes à la Chapelle de la Maison , extraordinairement ornée et
illuminée. On chanta ensuite une grande Messe
en Musique, composée par M Pellegrin, si connų
par ses belles compositions. A l'Elevation , la pe tite Artillerie se fit entendre.
On servit là dîner , sur deux Tables , dressées
dans l'Orangerie ; la délicatesse égala la profusion. On en étoit aux Liqueurs les plus exquises
et sur la fin du repas , quand les Tambours et les
Hautbois de la Ville , envoyez pour contribuer à
la joie de cette journée,en redoublerent la gayeté,
On
2074 MERCURE DE FRANCE
On s'amusa après ledîner à plusieurs parties de
Jeu et à la Danse jusqu'à l'heure de Vespres , qui furent chantées en grande Symphonie ; et après
le Service , les mêmes Musiciens de la Ville , qui
- avoient pris la peine de venir en grand nombre,
› donnerent un- Concert , où l'on exécuta les Piéces les mieux choisies.
Après le Concert il y eut une double Danse
sçavoir , des Dames & des Messieurs au son des
violons , et des Bergeres et Bergers au son des
Tambourins , des Flutes et des Fifres.
A l'entrée de la nuit , on fit une grande décharge de Boëtes , ce qui servit de signal pour
illuminer le Vaisseau qui est dans la grande
Piece d'Eau. Il ne manque à ce Vaisseau , qu'on
peut dire un ouvrage parfait , rien de ce qui se
trouve aux plus grands Bâtimens de mer , cordages, agrets &c. où toutes les parties étant artistement éclairées , on ne pouvoit rien voir en
son genre de plus agréable et de plus frapant
C'étoit une imitation et un abrégé de ces illuminations brillantes et ingénieuses que l'on voit à Marseille sur les Galeres du Roi en certaines
grandes occafions.
On fe mit à table pour le fouper au bruit des
Boëtes qui se firent encore entendre en beuvant la santé de M. Lebret , Conseiller d'Etat , Premier Président , Intendant de la Province & du
Commerce , & Commandant en Chef en Provence. La Fête finit par des acclamations & par
les voeux les plus ardens ponr la continuation de
la santé du Roi , de la Reine et de toute la Famille Auguste.
Plaisance près de la Ville d'Aix. Ex--
trait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
L
E Roi vient de faire à Mrs de Lenfant une ·
grace considerable , en accordant à un fils
aîné, encore assez jeune , la survivance et l'éxercice des Charges de Commissaire Provincial des
Troupes en Provence , et d'Intendant de la
Garnison Françoise de la Principauté de Monaco que M. De Lenfant pere remplit depuis plusieurs années avec approbation.
Le Pavillon est une fort belle Maison qui leur
appartient , située dans un des plus beaux lieux
de la Provence , fréquentée presque toute l'année
par beaucoup de personnes de condition de l'un
et de l'autre sexe , qui aiment à goûter pendant
quelque tems la tranquillité d'une agréable solitude , et à respirci un air plus pur que celui des
Villes.
La Maison est assez vaste , bien distribuée , et
d'une agréable Architecture. Le plus précieux
meuble qu'on y trouve est une Bibliotheque de
Livres choisis , commencée et très- augmentée
par M. de Lenfant pere , qui ne se lasse point de
T'enrichir. Son goût particulier pour la Peinture
paroît aussi par quantité de Tableaux des meil
leurs Auteurs Italiens , François et Flamands
qui ornent les Salons , avec un grand nombre
d'Estampes des plus habiles Maîtres,
Les dehors présentent différens agrémens , sans
parler de la vue charmante des Paysages des environs , &c. On arrive au Pavillon par deux gran- >
2072 MERCURE DE FRANCE
grandes Allées des plus beaux Maroniers. Entre
ces Allées il y en a une autre , plantée de diffe
rens Arbres choisis , et propres à recevoir par
la taille toutes les formes qu'on veut leur don
ner. On y voit avec plaisir les quatre Saisons en
grandes Statues , Mercure prêt à voler , -Bellone'
avec ses Attributs et plusieurs autres Sujets de P'Histoire fabuleuse.
Les eaux jaillissantes contribuent encore à em
bellir ces dehors. La Piéce la plus confi térable
est au bout de l'Allée du milieu , en face du På→
villon: c'est une Statue colossalle d'Hercule , qui avec sa Massuë , abbat les têtes de l'Hydre , d'ou
sortent autant de jets d'eau , lesquels en tombant
forment une grande nape d'eau. On ne dit rient de plusieurs autres jets d'eau distribuez en divers
endroits , pour ne pas oublier deux belles Cascades qui forment devant le Pavillon un grand Réservoir , où l'on nourrit des Poissons.
Le Parterre est des mieux entendus pour le
dessein général , et des plus heureusement éxécu
tez par la varieté et par le goût des compartimens.
Oncroira sans peine que les plus beaux Orangers,
les Citroniers et les plus belles fleurs du Pays
abondent dans ce Parterre , et qu'on y trouve un
Printems presque continuel.
C'est dans un si agréable Lieu qu'a été célebrée
la Fête en question. Elle commença le 24. Août
au soir , veille de S. Louis, dès qu'on cut reçu
Pagréable nouvelle dont on a parlé.
M. de Lenfant , fils aîné , qui y étoit le plus
interessé , fit d'abord dresser les appareils d'un
grand Feu au bout de l'Allée de la Bibliotheque ;
on l'orna de Banderoles , de Guidons armoriez
et de plusieurs Panaches de diverses couleurs. A
Pentrée de la nuit il fut allumé par M. de Len
fant
SEPTEMBRE. 1732 2073
fant pere , et par M. l'Abbé , son frere , avec des
flambeaux qui leur furent présentez en cérémonie
par les jeunes Mrs de Lenfant. On tira en mê→
me-tems plusieurs coups de Canon , on entendir
le son des Tambours et des Fifres , et la joye
éclata encore par un grand nombre de Fusées ,
et de Serpentaux , qui furent tirez par les Domes
tiques,
* Il n'en fallut pas davantage ; ce fut un signal pour attirer au Pavillon une Assemblée nombreuse de Dames et de Cavaliers. Ce fut aussi un
signal pour attirer tout ce qu'il y avoit aux envi
Lons de Jeunesse d'élite , la plus vive et la plus experte en Danses Provençales. Il se forma en
peu de tems plusieurs Bandes de Bergeres et de Bergers , qui danserent toute la nuit en différens
endroits , et le Spectacle n'étoit pas indifférent.
Au déclin du Feu , on servit un grand Soupé ,
dont la gayete fut un des meilleurs mets ; et on
n'oublia pas de faire donner en abondance des ra- fraichissemens aux Amateurs de la Danse et à
tous les Spectateurs. Ce ne fut là que le prélude de la Fête,
Elle commença le lendemain jour de S. Louis,
par la célébration de plusieurs Messes à la Chapelle de la Maison , extraordinairement ornée et
illuminée. On chanta ensuite une grande Messe
en Musique, composée par M Pellegrin, si connų
par ses belles compositions. A l'Elevation , la pe tite Artillerie se fit entendre.
On servit là dîner , sur deux Tables , dressées
dans l'Orangerie ; la délicatesse égala la profusion. On en étoit aux Liqueurs les plus exquises
et sur la fin du repas , quand les Tambours et les
Hautbois de la Ville , envoyez pour contribuer à
la joie de cette journée,en redoublerent la gayeté,
On
2074 MERCURE DE FRANCE
On s'amusa après ledîner à plusieurs parties de
Jeu et à la Danse jusqu'à l'heure de Vespres , qui furent chantées en grande Symphonie ; et après
le Service , les mêmes Musiciens de la Ville , qui
- avoient pris la peine de venir en grand nombre,
› donnerent un- Concert , où l'on exécuta les Piéces les mieux choisies.
Après le Concert il y eut une double Danse
sçavoir , des Dames & des Messieurs au son des
violons , et des Bergeres et Bergers au son des
Tambourins , des Flutes et des Fifres.
A l'entrée de la nuit , on fit une grande décharge de Boëtes , ce qui servit de signal pour
illuminer le Vaisseau qui est dans la grande
Piece d'Eau. Il ne manque à ce Vaisseau , qu'on
peut dire un ouvrage parfait , rien de ce qui se
trouve aux plus grands Bâtimens de mer , cordages, agrets &c. où toutes les parties étant artistement éclairées , on ne pouvoit rien voir en
son genre de plus agréable et de plus frapant
C'étoit une imitation et un abrégé de ces illuminations brillantes et ingénieuses que l'on voit à Marseille sur les Galeres du Roi en certaines
grandes occafions.
On fe mit à table pour le fouper au bruit des
Boëtes qui se firent encore entendre en beuvant la santé de M. Lebret , Conseiller d'Etat , Premier Président , Intendant de la Province & du
Commerce , & Commandant en Chef en Provence. La Fête finit par des acclamations & par
les voeux les plus ardens ponr la continuation de
la santé du Roi , de la Reine et de toute la Famille Auguste.
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Résumé : FESTE donnée au Pavillon, Maison de Plaisance près de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
Le texte relate une fête organisée au Pavillon, une résidence de la famille de Lenfant située près d'Aix. Cette célébration marquait l'octroi d'une grâce royale à un fils aîné de la famille, qui avait reçu la survivance et l'exercice des charges de Commissaire Provincial des Troupes en Provence et d'Intendant de la Garnison Française de Monaco, fonctions exercées par son père depuis plusieurs années. Le Pavillon est décrit comme une vaste et agréable maison, renommée pour sa bibliothèque riche en livres choisis et sa collection de tableaux et d'estampes. Les jardins offrent divers agréments, avec des allées bordées de marronniers et d'autres arbres, des statues représentant les saisons et des figures mythologiques, ainsi que des jets d'eau et des cascades. Le parterre est orné d'orangers, de citronniers et de fleurs, créant un printemps presque continuel. La fête a débuté le 24 août au soir avec des feux d'artifice, des coups de canon et des danses provençales. Le lendemain, jour de la Saint-Louis, des messes ont été célébrées, suivies d'un dîner somptueux dans l'orangerie. La journée s'est poursuivie avec des jeux, des danses et un concert. La soirée s'est terminée par l'illumination d'un vaisseau dans la pièce d'eau, imitant les illuminations des galères royales à Marseille. La fête s'est conclue par des acclamations en l'honneur du Roi, de la Reine et de la famille royale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 195-198
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 8 Avril, le Navire le Robuste, armé de 24 canons, dont 6 [...]
Mots clefs :
Navires, Canada, Attaque, Equipage, Combat naval, Coups de canon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
Le 8 Avril , le Navire le Robufte , armé de 24
canons , dont 6 font de huit livres de balle , &
18 de fix , appareilla de la riviere de Bordeaux
pour le Canada. L'équipage de ce bâtiment n'étoit
que de 74 hommes , mais il y avoit à bord
150
volontaires étrangers , fous les ordres du
Chevalier de Saint-Rome. Le 13 , M. Rozier ,
commandant le Robufte , eut
connoiffance d'une
Frégate , laquelle courut au Nord , jufqu'à ce "
I
ij
196 MERCURE DE FRANCE.
quelle fût dans les eaux du Navire. Bientôt elle
revira fur lui , pour lui donner chaffe. M. Rozier
fit larguer un ris au grand Hunier , & hiffer le
grand Foc & la Voile d'étai de Hune. Cependant
la Frégate approchoit. Elle fe trouva au vent du
Navire , fans avoir arboré fon Pavillon . A deux
heures , le Robufte affura le fien par un coup de
canon , & cargua les baffes voiles. Sur le champ ,
la Frégate arbora Pavillon & Flamme d'Angleterre
, & lâcha toute fa bordée. Le feu du canon
& de la moufqueterie fut très- vif de part & d'autre
jufqu'à huit heures du foir , que la Frégate le retira,
Le Robufte dans cette attaque cut fa grande
Vergae & celle du grand Hunier coupées , toutes
fes voiles mifes hors d'état de fervir , quatorze
hommes tués , & dix-neuf bleffés , dont trois Officiers
, fçavoir , MM. Diparaguere , Capi
taine en fecond ; du Sallier , fecond Lieutenant ;
& Bierre , troifieme Lieutenant. La journée du
14 fut employée à réparer ce bâtiment. Il avoit
petit vent le 14 , lorfque l'équipage découvrit la
même Frégate , qui revenoit fur lui . Les enne
mis affurerent Pavillon blanc par un coup de canon.
Cette feinte n'empêcha pas de les reconnoître.
A huit heures du foir , ils hellerent le Navire,
& crierent d'amener. Sur le refus de M. Rozier ,
ils l'attaquerent de nouveau . Ce fecond combat ne
finit qu'à minuit , & l'on n'en vit guere de plus
furieux . La plupart des maneuvres du Robuste fus
rent criblées de coups de canon . Son Mât de Hu
ne , & fon Perroquet de fougue , furent rompus.
Il perdit quinze hommes , & eut vingt- trois bleffés.
M. Rozier fit route Cap à l'Eft , dans le deffein
de fe rendre au Port de France le plus prochain
, pour fe radouber. Ala pointe du jour , il
fut encore chaffé par la même Frégate. Un troj
JUIN..1757.
197
-
feme combat s'engagea vers les onze heures du
matin. La Frégate prit le Navire par la pouppe ,
& comme il ne pouvoit manoeuvrer à caufe de fa
mauvaiſe fituation , le fieur Rofier fut obligé de
faire hacher fes deux fabords de derriere de retrai
te. Peu à peu il reprit fon avantage . Les Anglois,
paffant, alternativement de bas-bord à ftribord ,
lâcherent coup fur coup plufieurs bordées . S'étant
enfuite replacés à la pouppe du Robufte , ils firent
une autre décharge , qui renverfa fon grand mât
& fon mât d'artimon. Le Navire François leur ti
ra fes deux canons de retraite , & eut le bonheur
de les défemparer de leur Gouvernail . Auffitôt la
Frégate ennemie largua fes perroquets , & amura
fes baffes voiles , pour s'éloigner , gouvernant
avec quatre avirons. Elle tira deux coups de canon
à mitraille ; mais elle étoit déja hors de portée.
On eftime que cette Frégate , qui eft de 36 canons
depuis neuf jufqu'à dix- huit livres de balle ,
étoit montée de 260 hommes. Dans ces trois
combats , il y a eu du côté des François cinq Officiers
de bord de bleffés , trois Sergens des vo
lontaires Etrangers de tués , trois autres bleffés
dangereufement , huit Matelots & foixante-feiz.
Soldats tués ou bleffés . M. de Gaignereau , Lieutenant
du Chevalier de Saint-Rome , a été bleffé
dans la troifieme action , ainfi que le Chevalier
de Cauffade , qui s'étoit embarqué comme paffager
pour le rendre en Canada. Après avoir foutenu
tant de différentes attaques , M. Rozier ne penfoit
qu'à relâcher au Port de la Rochelle. Le 17 ,
il fit rencontre d'un Corfaire Anglois , armé de 16
canons , 28 pierriers , & environ 200 hommes
d'équipage , qui fe préfenta à la pouppe du Navire
François , en faiſant un grand feu d'artillerie & de
moufqueterie , & en affurant fon Pavillon. Alors
I iij
198 MERCURE DE FRANCE
en .
le Robuste n'avoit plus que fon Mât de Mifaine &
de Beaupré. Cependant il ne laiffa pas d'arriver ,
& il envoya plufieurs bordées aux ennemis , tout
coup portant. Le Corfaire , confidérablement
dommagé dans fes manoeuvres , fut dans la néceſ
fité de prendre le large , fans avoir tué ni bleffe
perfonne fur le Navire François. Le même foir ,
ce dernier bâtiment mouilla à l'entrée du Pertuis
d'Antioche. M. Rozier fit venir le lendemain &
bord trois Traverfiers , pour touer le Robuste en
rade de Chef de Baye , où ce Navire arriva à midi.
Son équipage , dans les diverfes attaques qu'il
a eues à foutenir , compte avoir tiré douze à treize
cens coups de canon, & plus de quinze mille coups
de fufil. Le Chevalier de Cauffade eft mort le 20
de fes bleffures.
Le 8 Avril , le Navire le Robufte , armé de 24
canons , dont 6 font de huit livres de balle , &
18 de fix , appareilla de la riviere de Bordeaux
pour le Canada. L'équipage de ce bâtiment n'étoit
que de 74 hommes , mais il y avoit à bord
150
volontaires étrangers , fous les ordres du
Chevalier de Saint-Rome. Le 13 , M. Rozier ,
commandant le Robufte , eut
connoiffance d'une
Frégate , laquelle courut au Nord , jufqu'à ce "
I
ij
196 MERCURE DE FRANCE.
quelle fût dans les eaux du Navire. Bientôt elle
revira fur lui , pour lui donner chaffe. M. Rozier
fit larguer un ris au grand Hunier , & hiffer le
grand Foc & la Voile d'étai de Hune. Cependant
la Frégate approchoit. Elle fe trouva au vent du
Navire , fans avoir arboré fon Pavillon . A deux
heures , le Robufte affura le fien par un coup de
canon , & cargua les baffes voiles. Sur le champ ,
la Frégate arbora Pavillon & Flamme d'Angleterre
, & lâcha toute fa bordée. Le feu du canon
& de la moufqueterie fut très- vif de part & d'autre
jufqu'à huit heures du foir , que la Frégate le retira,
Le Robufte dans cette attaque cut fa grande
Vergae & celle du grand Hunier coupées , toutes
fes voiles mifes hors d'état de fervir , quatorze
hommes tués , & dix-neuf bleffés , dont trois Officiers
, fçavoir , MM. Diparaguere , Capi
taine en fecond ; du Sallier , fecond Lieutenant ;
& Bierre , troifieme Lieutenant. La journée du
14 fut employée à réparer ce bâtiment. Il avoit
petit vent le 14 , lorfque l'équipage découvrit la
même Frégate , qui revenoit fur lui . Les enne
mis affurerent Pavillon blanc par un coup de canon.
Cette feinte n'empêcha pas de les reconnoître.
A huit heures du foir , ils hellerent le Navire,
& crierent d'amener. Sur le refus de M. Rozier ,
ils l'attaquerent de nouveau . Ce fecond combat ne
finit qu'à minuit , & l'on n'en vit guere de plus
furieux . La plupart des maneuvres du Robuste fus
rent criblées de coups de canon . Son Mât de Hu
ne , & fon Perroquet de fougue , furent rompus.
Il perdit quinze hommes , & eut vingt- trois bleffés.
M. Rozier fit route Cap à l'Eft , dans le deffein
de fe rendre au Port de France le plus prochain
, pour fe radouber. Ala pointe du jour , il
fut encore chaffé par la même Frégate. Un troj
JUIN..1757.
197
-
feme combat s'engagea vers les onze heures du
matin. La Frégate prit le Navire par la pouppe ,
& comme il ne pouvoit manoeuvrer à caufe de fa
mauvaiſe fituation , le fieur Rofier fut obligé de
faire hacher fes deux fabords de derriere de retrai
te. Peu à peu il reprit fon avantage . Les Anglois,
paffant, alternativement de bas-bord à ftribord ,
lâcherent coup fur coup plufieurs bordées . S'étant
enfuite replacés à la pouppe du Robufte , ils firent
une autre décharge , qui renverfa fon grand mât
& fon mât d'artimon. Le Navire François leur ti
ra fes deux canons de retraite , & eut le bonheur
de les défemparer de leur Gouvernail . Auffitôt la
Frégate ennemie largua fes perroquets , & amura
fes baffes voiles , pour s'éloigner , gouvernant
avec quatre avirons. Elle tira deux coups de canon
à mitraille ; mais elle étoit déja hors de portée.
On eftime que cette Frégate , qui eft de 36 canons
depuis neuf jufqu'à dix- huit livres de balle ,
étoit montée de 260 hommes. Dans ces trois
combats , il y a eu du côté des François cinq Officiers
de bord de bleffés , trois Sergens des vo
lontaires Etrangers de tués , trois autres bleffés
dangereufement , huit Matelots & foixante-feiz.
Soldats tués ou bleffés . M. de Gaignereau , Lieutenant
du Chevalier de Saint-Rome , a été bleffé
dans la troifieme action , ainfi que le Chevalier
de Cauffade , qui s'étoit embarqué comme paffager
pour le rendre en Canada. Après avoir foutenu
tant de différentes attaques , M. Rozier ne penfoit
qu'à relâcher au Port de la Rochelle. Le 17 ,
il fit rencontre d'un Corfaire Anglois , armé de 16
canons , 28 pierriers , & environ 200 hommes
d'équipage , qui fe préfenta à la pouppe du Navire
François , en faiſant un grand feu d'artillerie & de
moufqueterie , & en affurant fon Pavillon. Alors
I iij
198 MERCURE DE FRANCE
en .
le Robuste n'avoit plus que fon Mât de Mifaine &
de Beaupré. Cependant il ne laiffa pas d'arriver ,
& il envoya plufieurs bordées aux ennemis , tout
coup portant. Le Corfaire , confidérablement
dommagé dans fes manoeuvres , fut dans la néceſ
fité de prendre le large , fans avoir tué ni bleffe
perfonne fur le Navire François. Le même foir ,
ce dernier bâtiment mouilla à l'entrée du Pertuis
d'Antioche. M. Rozier fit venir le lendemain &
bord trois Traverfiers , pour touer le Robuste en
rade de Chef de Baye , où ce Navire arriva à midi.
Son équipage , dans les diverfes attaques qu'il
a eues à foutenir , compte avoir tiré douze à treize
cens coups de canon, & plus de quinze mille coups
de fufil. Le Chevalier de Cauffade eft mort le 20
de fes bleffures.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 8 avril, le navire le Robuste, équipé de 24 canons et commandé par le Chevalier de Saint-Rome, quitta Bordeaux pour le Canada avec un équipage de 74 hommes et 150 volontaires étrangers. Le 13 avril, le commandant Rozier repéra une frégate anglaise qui engagea le combat. Malgré des dégâts importants, le Robuste réussit à repousser l'attaque. Le 14 avril, la frégate attaqua de nouveau, causant davantage de dommages et de pertes humaines. Le 15 avril, lors d'un troisième combat, le Robuste parvint à endommager le gouvernail de la frégate ennemie, forçant cette dernière à se retirer. Les combats firent cinq officiers blessés, trois sergents tués, et de nombreux matelots et soldats tués ou blessés. Le Robuste, gravement endommagé, se dirigea vers le port de La Rochelle. Le 17 avril, il affronta et repoussa un corsaire anglais avant de mouiller à l'entrée du Pertuis d'Antioche. Le navire arriva ensuite en rade de Chef de Baye, où il fut remorqué par des traverfiers. Le Chevalier de Cauffade, blessé lors du troisième combat, décéda le 20 avril de ses blessures.
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