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1
p. 228-242
DISCOURS prononcé à la Diette des Cantons Catholiques par Son Excellence Monseigneur le Comte du Luc, Marquis de la Marthe, Lieutenant de Roy en Provence, Commandeur de l'Ordre de S. Loüis, Gouverneur des Isles de Pourquerolles, Ambassadeur de Sa Majesté prés des Cantons Suisses, Ligues Grises & Republique de Valais, à Lucerne le 13. Decembre 1713.
Début :
MAGNIFIQUES SEIGNEURS, Le zele qui m'a jusqu'icy attiré [...]
Mots clefs :
Liberté, Travailler, Alliance, Cantons, Diète, Lucerne
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texteReconnaissance textuelle : DISCOURS prononcé à la Diette des Cantons Catholiques par Son Excellence Monseigneur le Comte du Luc, Marquis de la Marthe, Lieutenant de Roy en Provence, Commandeur de l'Ordre de S. Loüis, Gouverneur des Isles de Pourquerolles, Ambassadeur de Sa Majesté prés des Cantons Suisses, Ligues Grises & Republique de Valais, à Lucerne le 13. Decembre 1713.
DISCOVRS
prononcé a la Diette des
Cantons Catholiques par
Son Excellence Monfiignzur
le Comte du Luc,
Marquis de la Marthey
Lieutenant de Roy en Provence
, Commandeur de
l'Ordrede S. Louis, Gouverneur
des lflcs de Pour- cjuerolles,jirnhafjadeur de
Sa Maie/lé prés des Cantons
Suisses, Ligues Crises
& Republique de Palais,
a Lucerne le13. Decembrç
1713.
MAGNIFIQU-ES
- SEIGNEURS,
Le zele qui m'a jusqu'icy
attire à vos Assemblées
¡(a jamais eu d'objet plus
consolant pour moy que le
motif qui vousassemble
aujourd'huy Vous avez
esté témoins de ma douleur
à la veuë des maux
quiont affligé vostre Patrie.
Vous m'avezveuë appliqué
avec ardeur àchercher
avec vous desremedes
propres à les soulager;
Quelle joye ne dois je
point sentir en vous voïant
vou s-mesmes occupez,non
seu lement à les guérir, à
en prévenir les rechutes
en cimentant plus fortement
que jamais parmy
vous cette heureuse Union
qui fut tousjours le plus,
ferme rempart devostre
liberté, 8c dont la Rt'hgiotb
aussi-bien quela saine politiquefont
un devoir in-,
dispensable à tousceux
quile jinêçne.),eulcç & -Autels doi-,
vent unir dans les mêmes
veûës & dans les mêmes
interdis.
Vous concevez la necessité
d'un si pieux & si solide
ouvrage; vous allez
travailler à en retrasser !e
plan& à en restablir les
fondements esbranlez par
les secousses passées; le
Roy mon Maistretousjours
attentif à la felicité
de vos peu ples, regarde ce
bonheur comme une partic
essentielle dusien propre
;& Sa Majesté nedoute
plus de voir bientost
achever par vos mains ce
noble édifice, puisque la
bonne foy
,
la droiture &
la pieté en font les principaux
Architectes. Mais
poury travailler avec fuccez
, rappeliez sans cesse
à vostre mémoire les anciennes
maximes de vos
glorieux Predecesseurs
j
souvenez vous ,
Magnifiques
Seigneurs, des pre
miers temps de vostre liberté,&
n'oubliez jamais
les fages disposîtions que
l'équité de vos Ancestres
apporta autrefois à l'écablissement
de cette fainre
alliance,
alliance,quetant decorps
separez & de Gouvernements
differens ne. faisoit
parmi eux pourainsi dire,
qu'une lcu le alliance&
une seule Republique.
Unis dans un principe
commun ,
ilsconvinrent
que chaque Liac 11e pouvoie
subistler qu'en conservant
les principes particuliers
qui en faisoient
le fondement;ils regarderent
comme un artentat
contre la Providence de
gauchera l'ordre qu'elle
avoitestablie c hez d'anciens
voisins devenus leurs
nouveaux Alliez;ils jugerenr
sagement que ce fèroirun
mauvais moyen de
Ce de ffendre que de commencer
par s'attaquer, &
que la liberté particulière
dévoie estre la baze éternclie
de la liberté genera!
e.Ainsi les Villes demeurerent
Villes, les peuples
demeurerent peuples,
chaque pays conserva sa
forme, ses loix, son autoriré,
& rous enicmble jurèrent
de cormbattre jusqu'à
la mon pour la conservation
des droits & des
Privileges de chacun d'eux
en particuli,er.
, 1. >
1 Quelsur, le fruit d'une
Confédération si prudente
&siéquitable? vos
Annales en font pleines ;
elles n'offrent à vos yeux
que des faits éclatans &
des prodiges de fortune,
presque incroyables. Vous
y voyez par tout des Viçtoires
remportées,desVilles
conquises
,
des ennemis
terrassez
,
des amis
soustenusune Maison orgVvërtlewieforcée
à vous
demander la paix, & des
puissants voisins ravis de
concourir au maintient dc
vostre liberté, travailler
avec vous A rompre vos
chaisnes, & d'achepter
vostre amitié par l'asser,
missement de vostre bonheur
; relisez vos Histoires,
longez à la gloire & à,
la feliciré de vos peres, &
tachez en marchant fous
leurs traces, de devenir
comme eux l'entretien &
radmiration de vos ensans.
Mais permettez- moy de
le dire, MAGNIFIQUES
SEiCNEuRS Cette carrio
ère ou, vous entrez avec
de si justes esperances n'est
encore que la premiers
partie de celle qui vous
reste à remplir avant que
d'arriver au but que vous
devez vous proposer. Travaillez
à vous unir plus
fortement que par le passé
,
mais ne perdez pas
l'envie de vous réunir parfaitement
aveccette autre
moitié de vous mesme
donc une défiance mal
guene sembleaujourd'hui
vousavoir separez Vostre
seureté intérieure
, vos forces
, vostre consideration
ne resident pas seulement
dans les Erats que vous reprefemez
icy ; elle resîde
dans tout le Corps donc
vosAlliez Prott nans font
partie. S'ilsont lemalheur
d'estre né dans le sein d'une
mere différente, vous
devez songer que vous
estes tous en sans d'un même
pere ; que le nom de
Chrétien leur est com-
Bûun avec vous, & que ce
a.am sacré vousimpose
- comme à eux- la necessité
<k vous regarder les uns
& lesautres avec des yeux
defrere, A ce motif, dic
tez par la Religion met.
me , ne refusez pas de
joindre ceux que la raison:
naturel doit vous- suggerer
; vous le sçavez
5
& ils
Je fçavenr comme vous.
Voitreputilanceaussi-biefi
que la Leur n'auroit jamais
pu vous garartir du joug
de vos ennemis mortels,
,
si une union mutuelle ôc
necessaire n'en avoie fait
une digue propre à refitter
aux flots qui menaçoient
sans cesse vostre
chere liberté. Les temps
font changez ,. mais les
îmerefts font les mêmes:
,ilestinutile devous repeter
que dans le corps
politique, aussibien que
.dans le corps humain
,
la
vigueur ne dépend que de
l'étroiteliaison des parties,
& que l'assemblage n'en
peut estre que deffectueux
lorsque que lqu'un des
membres qui le com porent
se trouva malheureusenment
détaché de la place
ce où il doitestre, si les
mouvemens passez ont
latÍié parmy vous quelque
semence de jalousie qui
vous divise de vos anciens
Confederez;siez-vous à la
Providence qui n'abandonne
jamais ceux donc
- les intentions sont droites;
siez-vous enfin à la rendresse
d'un grand Roy
VOitre amy commun, qui
ne souffrira jamais que la
Puissance Helverique soit
affoibli par la desunion,
lorsqu'il ne tiendra qia
ses soins paternels d'y remedier.
1 C'est ce que Sa Majesté
m'ordonne de vous faire
entendre, & je ne fuis
icy en execution de sesordres
, que pour travailler
de concert avec vous à
l'accom plissement d'un
dessein si conforme à mes
plus vives inclinations, &
pour achever de vous convaincre,
MagnifiquesSei
gneurs, duzeleinviolable
qui m'attachera éternellement
à tous les interests
d'une Nation si cherie du
plus grand Monarque de
la terre.
prononcé a la Diette des
Cantons Catholiques par
Son Excellence Monfiignzur
le Comte du Luc,
Marquis de la Marthey
Lieutenant de Roy en Provence
, Commandeur de
l'Ordrede S. Louis, Gouverneur
des lflcs de Pour- cjuerolles,jirnhafjadeur de
Sa Maie/lé prés des Cantons
Suisses, Ligues Crises
& Republique de Palais,
a Lucerne le13. Decembrç
1713.
MAGNIFIQU-ES
- SEIGNEURS,
Le zele qui m'a jusqu'icy
attire à vos Assemblées
¡(a jamais eu d'objet plus
consolant pour moy que le
motif qui vousassemble
aujourd'huy Vous avez
esté témoins de ma douleur
à la veuë des maux
quiont affligé vostre Patrie.
Vous m'avezveuë appliqué
avec ardeur àchercher
avec vous desremedes
propres à les soulager;
Quelle joye ne dois je
point sentir en vous voïant
vou s-mesmes occupez,non
seu lement à les guérir, à
en prévenir les rechutes
en cimentant plus fortement
que jamais parmy
vous cette heureuse Union
qui fut tousjours le plus,
ferme rempart devostre
liberté, 8c dont la Rt'hgiotb
aussi-bien quela saine politiquefont
un devoir in-,
dispensable à tousceux
quile jinêçne.),eulcç & -Autels doi-,
vent unir dans les mêmes
veûës & dans les mêmes
interdis.
Vous concevez la necessité
d'un si pieux & si solide
ouvrage; vous allez
travailler à en retrasser !e
plan& à en restablir les
fondements esbranlez par
les secousses passées; le
Roy mon Maistretousjours
attentif à la felicité
de vos peu ples, regarde ce
bonheur comme une partic
essentielle dusien propre
;& Sa Majesté nedoute
plus de voir bientost
achever par vos mains ce
noble édifice, puisque la
bonne foy
,
la droiture &
la pieté en font les principaux
Architectes. Mais
poury travailler avec fuccez
, rappeliez sans cesse
à vostre mémoire les anciennes
maximes de vos
glorieux Predecesseurs
j
souvenez vous ,
Magnifiques
Seigneurs, des pre
miers temps de vostre liberté,&
n'oubliez jamais
les fages disposîtions que
l'équité de vos Ancestres
apporta autrefois à l'écablissement
de cette fainre
alliance,
alliance,quetant decorps
separez & de Gouvernements
differens ne. faisoit
parmi eux pourainsi dire,
qu'une lcu le alliance&
une seule Republique.
Unis dans un principe
commun ,
ilsconvinrent
que chaque Liac 11e pouvoie
subistler qu'en conservant
les principes particuliers
qui en faisoient
le fondement;ils regarderent
comme un artentat
contre la Providence de
gauchera l'ordre qu'elle
avoitestablie c hez d'anciens
voisins devenus leurs
nouveaux Alliez;ils jugerenr
sagement que ce fèroirun
mauvais moyen de
Ce de ffendre que de commencer
par s'attaquer, &
que la liberté particulière
dévoie estre la baze éternclie
de la liberté genera!
e.Ainsi les Villes demeurerent
Villes, les peuples
demeurerent peuples,
chaque pays conserva sa
forme, ses loix, son autoriré,
& rous enicmble jurèrent
de cormbattre jusqu'à
la mon pour la conservation
des droits & des
Privileges de chacun d'eux
en particuli,er.
, 1. >
1 Quelsur, le fruit d'une
Confédération si prudente
&siéquitable? vos
Annales en font pleines ;
elles n'offrent à vos yeux
que des faits éclatans &
des prodiges de fortune,
presque incroyables. Vous
y voyez par tout des Viçtoires
remportées,desVilles
conquises
,
des ennemis
terrassez
,
des amis
soustenusune Maison orgVvërtlewieforcée
à vous
demander la paix, & des
puissants voisins ravis de
concourir au maintient dc
vostre liberté, travailler
avec vous A rompre vos
chaisnes, & d'achepter
vostre amitié par l'asser,
missement de vostre bonheur
; relisez vos Histoires,
longez à la gloire & à,
la feliciré de vos peres, &
tachez en marchant fous
leurs traces, de devenir
comme eux l'entretien &
radmiration de vos ensans.
Mais permettez- moy de
le dire, MAGNIFIQUES
SEiCNEuRS Cette carrio
ère ou, vous entrez avec
de si justes esperances n'est
encore que la premiers
partie de celle qui vous
reste à remplir avant que
d'arriver au but que vous
devez vous proposer. Travaillez
à vous unir plus
fortement que par le passé
,
mais ne perdez pas
l'envie de vous réunir parfaitement
aveccette autre
moitié de vous mesme
donc une défiance mal
guene sembleaujourd'hui
vousavoir separez Vostre
seureté intérieure
, vos forces
, vostre consideration
ne resident pas seulement
dans les Erats que vous reprefemez
icy ; elle resîde
dans tout le Corps donc
vosAlliez Prott nans font
partie. S'ilsont lemalheur
d'estre né dans le sein d'une
mere différente, vous
devez songer que vous
estes tous en sans d'un même
pere ; que le nom de
Chrétien leur est com-
Bûun avec vous, & que ce
a.am sacré vousimpose
- comme à eux- la necessité
<k vous regarder les uns
& lesautres avec des yeux
defrere, A ce motif, dic
tez par la Religion met.
me , ne refusez pas de
joindre ceux que la raison:
naturel doit vous- suggerer
; vous le sçavez
5
& ils
Je fçavenr comme vous.
Voitreputilanceaussi-biefi
que la Leur n'auroit jamais
pu vous garartir du joug
de vos ennemis mortels,
,
si une union mutuelle ôc
necessaire n'en avoie fait
une digue propre à refitter
aux flots qui menaçoient
sans cesse vostre
chere liberté. Les temps
font changez ,. mais les
îmerefts font les mêmes:
,ilestinutile devous repeter
que dans le corps
politique, aussibien que
.dans le corps humain
,
la
vigueur ne dépend que de
l'étroiteliaison des parties,
& que l'assemblage n'en
peut estre que deffectueux
lorsque que lqu'un des
membres qui le com porent
se trouva malheureusenment
détaché de la place
ce où il doitestre, si les
mouvemens passez ont
latÍié parmy vous quelque
semence de jalousie qui
vous divise de vos anciens
Confederez;siez-vous à la
Providence qui n'abandonne
jamais ceux donc
- les intentions sont droites;
siez-vous enfin à la rendresse
d'un grand Roy
VOitre amy commun, qui
ne souffrira jamais que la
Puissance Helverique soit
affoibli par la desunion,
lorsqu'il ne tiendra qia
ses soins paternels d'y remedier.
1 C'est ce que Sa Majesté
m'ordonne de vous faire
entendre, & je ne fuis
icy en execution de sesordres
, que pour travailler
de concert avec vous à
l'accom plissement d'un
dessein si conforme à mes
plus vives inclinations, &
pour achever de vous convaincre,
MagnifiquesSei
gneurs, duzeleinviolable
qui m'attachera éternellement
à tous les interests
d'une Nation si cherie du
plus grand Monarque de
la terre.
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Résumé : DISCOURS prononcé à la Diette des Cantons Catholiques par Son Excellence Monseigneur le Comte du Luc, Marquis de la Marthe, Lieutenant de Roy en Provence, Commandeur de l'Ordre de S. Loüis, Gouverneur des Isles de Pourquerolles, Ambassadeur de Sa Majesté prés des Cantons Suisses, Ligues Grises & Republique de Valais, à Lucerne le 13. Decembre 1713.
Le 13 décembre 1713, Son Excellence Monseigneur le Comte du Luc, Marquis de la Marthey, prononce un discours à Lucerne. En tant que Lieutenant du Roi en Provence, Commandeur de l'Ordre de Saint-Louis, Gouverneur des îles de Pourcieuxrolles, et Ministre de Sa Majesté auprès des Cantons Suisses, des Ligues Grises et de la République de Valais, il exprime sa joie de voir les représentants des Cantons Catholiques s'unir pour remédier aux maux ayant affligé leur patrie. Il souligne l'importance de renforcer l'union entre les cantons, qui a toujours été le rempart de leur liberté. Le Roi, attentif au bonheur des peuples, voit dans cette union un devoir indispensable. L'orateur rappelle les anciennes maximes des prédécesseurs glorieux, qui ont établi une alliance solide et équitable, respectant les particularités de chaque canton tout en assurant la liberté générale. Il encourage les représentants à se souvenir des victoires passées et à travailler à une union encore plus forte, incluant les autres cantons et les protestants, pour garantir leur sécurité et leur liberté. Il conclut en soulignant l'importance de l'union mutuelle et nécessaire pour résister aux ennemis et en exécutant les ordres du Roi, qui souhaite renforcer la puissance helvétique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1
DISCOURS prononcé à la Diette des Cantons Catholiques par Son Excellence Monseigneur le Comte du Luc, Marquis de la Marthe, Lieutenant de Roy en Provence, Commandeur de l'Ordre de S. Loüis, Gouverneur des Isles de Pourquerolles, Ambassadeur de Sa Majesté prés des Cantons Suisses, Ligues Grises & Republique de Valais, à Lucerne le 13. Decembre 1713.
2
p. 178-181
Plainte de l'Auteur sur la disette des Memoires. [titre d'après la table]
Début :
J'employe autant qu'il m'est permis, tous les Memoires [...]
Mots clefs :
Mémoires, Travailler
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Plainte de l'Auteur sur la disette des Memoires. [titre d'après la table]
J'employe autant qu'il m'est
permis, tous les Mémoires
que je reçois;j'ay même prié
& je prie encore avec
la derniere
instance tous ceux qui
se mêlent d'écrire de m'en envoyer,
Pluficurs se sont réveillez
à ma priere
,
ils sont
sortis de la profonde létargie
où ils estoient ensevelis depuis
plusieurs années;mais ils
n'ont fait que se frotter les
yeux. Ils se font contentez de.
m'annoncer qu'ils alloient travailler
pour moy, ils m'ont
promis un grand nombre de
nouveautez & ne m'ont pas
encore tenu parole. Ceux qui
ont commencez à me faire
part de leurs veilles, se sont
imaginez, que l'cx ctitude,&
le bon goust qui doivent eftrc
dans les ouvrages d'esprit, etoient
des ornements qui ferMoient
etroprcd hounneurreau
Ils m'ont envoyé des pieces
froides, longues, & negligées,
apparemment pour
m'éprouver, je les ay supprimées,&
j'en fupprimeray autant
qu'on m'en enverra, tant
qu'elles n'auront que le merite,
d'ennuyer ceux qui les
lisent.
Il faut cependant, me dit-
-
on, que vostre volume soit
rempli à quelque prix que ce
foie;j en conviens, mais si les
gens sur qui je compte, ne
veulent pas travailler mieux
que moy ; il ne m'en coûtera
qu'un peu plus de peine que
je prendray à travailler pour
eux.
Enfin, tant qu'ils me refuferont
leur secours, je feray
entrer dans le Mercure tout
ce que j'écriray
, à commencer
par la Lettre fuivantc.
permis, tous les Mémoires
que je reçois;j'ay même prié
& je prie encore avec
la derniere
instance tous ceux qui
se mêlent d'écrire de m'en envoyer,
Pluficurs se sont réveillez
à ma priere
,
ils sont
sortis de la profonde létargie
où ils estoient ensevelis depuis
plusieurs années;mais ils
n'ont fait que se frotter les
yeux. Ils se font contentez de.
m'annoncer qu'ils alloient travailler
pour moy, ils m'ont
promis un grand nombre de
nouveautez & ne m'ont pas
encore tenu parole. Ceux qui
ont commencez à me faire
part de leurs veilles, se sont
imaginez, que l'cx ctitude,&
le bon goust qui doivent eftrc
dans les ouvrages d'esprit, etoient
des ornements qui ferMoient
etroprcd hounneurreau
Ils m'ont envoyé des pieces
froides, longues, & negligées,
apparemment pour
m'éprouver, je les ay supprimées,&
j'en fupprimeray autant
qu'on m'en enverra, tant
qu'elles n'auront que le merite,
d'ennuyer ceux qui les
lisent.
Il faut cependant, me dit-
-
on, que vostre volume soit
rempli à quelque prix que ce
foie;j en conviens, mais si les
gens sur qui je compte, ne
veulent pas travailler mieux
que moy ; il ne m'en coûtera
qu'un peu plus de peine que
je prendray à travailler pour
eux.
Enfin, tant qu'ils me refuferont
leur secours, je feray
entrer dans le Mercure tout
ce que j'écriray
, à commencer
par la Lettre fuivantc.
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Résumé : Plainte de l'Auteur sur la disette des Memoires. [titre d'après la table]
L'auteur relate ses démarches pour rassembler des mémoires et des écrits en vue d'une publication. Il a sollicité activement des contributions et reçu des réponses positives, mais certains auteurs n'ont pas tenu leurs engagements. Parmi les œuvres reçues, certaines étaient de qualité médiocre, longues et négligées, et ont été supprimées. L'auteur insiste sur la nécessité de maintenir un haut niveau d'exactitude et de bon goût dans les contributions. Bien que le volume doive être complété, il est prêt à fournir lui-même le contenu si les autres ne s'améliorent pas. En attendant, il intégrera ses propres écrits dans la publication, commençant par la lettre suivante.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 698-706
LETTRE de ..... à M. Pilleret, Maître d'Ecole à Cousance en Barrois, au sujet du Systême Typographique.
Début :
Enfin, Monsieur, le Systême Typographique paroît en son entier ; il y a des Bureaux, [...]
Mots clefs :
Système typographique, Système, Enfant, Bureau, Maître, Livre, Jouer, Travailler, Enfants, Règles, Beau, Apprendre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de ..... à M. Pilleret, Maître d'Ecole à Cousance en Barrois, au sujet du Systême Typographique.
LETTRE de ..... à M. Pilleret
Maitre d'Ecole à Cousance en Barrois ,
au sujet du Systême Typographique .
Enfin,
Nfin , Monsieur , le Systême Typographique
paroît en son entier ; il y a des Bureaux ,
et nous avons le Livre dans lequel cette matiere
est amplement traitée . Tout préambule à part ,
je vous dirai librement ce que je pense et du Systême
et du Livre.
Un Sçavant du premier ordre dit qu'une des
premieres regles de critique , pour entrer dans l'esprit
d'un Auteur est d'examiner quel caractere il
soutient dans l'Ouvrage dont il est question . Ce
n'est , sans doute , qu'en partant de ce principe
et en s'y tenant fortement attaché , qu'on peut
éviter deux écueils également dangereux , ou de
tout approuver sans discernement , ou de tout
condamner sans réserve . Telle est cependant la
disposition des Partisans et des ennemis du nouveau
Systême , que les premiers suivent aveuglement
toutes les idées de l'Auteur et que les autres
ne veulent y reconnoître rien de bon.
Qu'on se donne donc la peine d'étudier le caractere
de M.D.M.soit dans son Systême , soit dans
ce qu'il en a écrit , on y découvrira par tout cet
esprit de franchise et d'amour pour la Patrie
qui doit toujours être l'ame de ce que nous entreprenons.
On y verra sans peine que c'est uniquement
pour le bien et l'avancement de notre
Jeunesse, qui , après s'être rendu habile dans les
Sciences les plus abstraites et les plus épineuses,
M.
AVRIL. 1734. 699
M. D. ne dédaigne pas de descendre jusqu'à
l'A. B. C. il se montre peu jaloux de l'encens
après lequel nous voyons courir tant de froids
Ecrivains , et que nous prodiguons sottement à
ceux qui pour faire parade d'une vaine érudition
plutôt que pour se rendre utiles au Public , composent
des Ouvrages dont il est vrai que souvent
la lecture est agréable ; mais qui ne contribuent
en rien ni à nous rendre meilleurs , ni à nous
faciliter les moyens de le devenir. Encore si nous
nous contentions de ceux-cy ; mais n'est - il pas
honteux que tant de conteurs de nouveaux riens
et de riens dangereux , enlevent notre estime et
notre approbation , que nous ne devons qu'au
vrai que nous négligeons , que nous méprisons
et que souvent nous combattons.
Nous faisons cas du beau , nous méprisons l'utile .
Voila le mal commun ; et si quelques génies
supérieurs se sont élevez au - dessus et nous en
ont fait voir le danger et le ridicule , nous les
admirons ; mais nous en demeurons-là , nous
persuadant facilement que nous ne sommes pas
dans le cas. Ce qui nous trompe en cela , c'est
que nous prenons le faux pour le vrai , le beau
pour l'utile , le brillant pour le veritable beau ;
que nous croyons veritablement tenir pour le
bon , et que ceux qui ne pensent pas comme
nous sont dans l'erreur . C'est aussi ce qui a suscité
tant d'adversaires aux nouvelles idées de
M. D. qui fait tout revenir dans son Systême ,
au point de vue que se doit proposer tout Auteur
désinteressé, c'est - à - dire , au vrai , à l'utile , au
veritable beau . Des intentions si droites , quand
elles ne se trouveroient pas exactement remplies,
devroient , sans doute , imposer silence à l'envie
D iiij
et
700 MERCURE DE + FRANCE
et à la mauvaise humeur de quelques petits esprits
pleins d'eux- mêmes ; mais dès-lors ils ne
seroient plus ce qu'ils sont,
-
L'usage du Bureau Typographique a de grands
avantages , il en faut convenir ; mais on les trouve
mêlez avec des inconveniens très considerables
qui en ralentiront peut - être encore
long-temps le succès . Je ne parle pas de la dépense
de la machine que tout le monde ne peut
pas faire , ni de la difficulté de trouver des Maîtres
instruits du Systême , ce qu'on a déja objecté
à l'Auteur ; mais il n'est pas facile de comprendre
comment un Maître d'Ecole pourroit
s'en servir utilement . J'ai vu travailler des Enfans
au Bureau , je les ai suivis , et s'il y a un profil réel
dans l'usage de cette Machine , je crois que ce ne
peut être que dans la pratique assidue, le Maître
toujours présent et attentifà ce que fait l'Enfant.
On ne peut faire travailler qu'un Enfant à la fois ;
s'ils sont deux ou trois , ils s'embarassent, ilsjouent
et perdent leur temps. De plus l'étude , pour lui
être utile, doit être d'une heure au moins le matin
et autant le soir. Où en seroit un Maître qui
auroit , je ne dis pas cent , mais seulement quinze
ou vingt Ecoliers ? Comment exercer chacun
d'eux en particulier ? Lui donner une heure le
matin et autant le soir ? Etre présent là pendant
qu'il opere ? Le guider , l'animer , et rire ? Car
tout cela est du Systême. Que feront tous les
autres pendant ce temps-là ? Leur donner des leçons
à apprendre ? Rien n'est plus ridicule selon
le nouveau Systême , c'est même une injustice.On
doit toujours travailler avec l'Enfant , aller au devant
de toutes les difficultez , et étudier avec lui.
Qu'on les oblige d'écouter et de voir celui qui
travaille , cela est , sans doute , impraticable . Il
faudra
AVRIL. 1734 .
701
faudra donc
que tous les autres demeurent oisifs,
tandis qu'un seul sera occupé. Il est vrai que
tous ces inconveniens se trouvent aussi liez avec
la Méthode ordinaire ; mais le nouveau Systême
n'y obviant pas , et ayant même ceci de plus qu'il
coûte et qu'il est d'un grand embarras , je ne
yois pas pourquoi on le préfereroit.
Ce qui fait le fort du Systême Typographi
que , c'est que l'Enfant passant continuellement
d'un objet à un autre , peut bien apprendre avec
plus d'agrément et peut- être avec plus de profit
pour le présent ; mais il y a tout lieu de Graindre
qu'il ne s'y forme un grand fond d'inconstance
et de legereté , ce qui n'est pas un petit défaut.
Je me trouvai un jour chez un des plus zelez
Typographistes , où , après avoir caressé un
Enfant qu'il instruisoit selon le Systême , je lui
témoignai l'envie que j'avois de le voir travailler
au Bureau.La personne qui le conduisoit, s'étant
approchée , m'avertit secrettement de ne point
me servir du mot travailler , mais de jouer ; et
en même-temps prenant la parole , eh bien , mon
fils , dit- il , voulez- vous jouer à present. Comment
un Enfant élevé de cette maniere , passera- t'il à
une étude sérieuse ? Comment en supportera- t'il
la peine et le travail , lui à qui on n'aura jamais
parlé que de jeu ? Comment enfin y apporterat'il
une application qu'on ne lui aura jamais demandée.
C'est pour entretenir dans l'Enfant cet
esprit de satisfaction que lui procure cette pensée
qu'il joue ; qu'il ne faut jamais le contraindre
; que s'il ne lui plaisoir pas de jouer , il
ne faudroit pas l'y forcer. Il faut attendre ses
momens et se conformer à ses petites volontez.
Ces caprices doivent servir de regles , et ce seroit
une injustice que de vouloir que les regles res-
DY traignissent
702 MERCURE DE FRANCE
traignissent ses fantaisies. Dira - t'on que tout
cela n'est rien ; que ce ne sont que préventions ,
que préjugez.
Ce que je crois de plus fort contre le nouveau
Systême , c'est que l'amour propre y est érigé en
premier Maître des Enfans , et que ce vice dangereux
s'y trouve l'ame et le grand mobile de
tout ce qu'on leur fait faire. Leur petite imagination
se repaît agréablement des loüanges qu'il
faut leur prodiguer , ce qui les remplit insensiblement
de sentimens d'estime pour eux - mêmes
et de mépris pour les autres. En voici un trait
que je tiens de personnes non suspectes. On faisoit
jouer un Enfant au Bureau , ou plutôt on
jouoit avec lui . Le pere voulut aussi s'en mêler ;
mais par malheur ayant mis une lettre pour une
autre , un j consone , à ce qu'on m'a dit , pour
un i voyele dans le mot jgnorant au lieu -d'ignorant
; l'enfant se retourna et dit tout bas à l'oreille
de son Maître , je crois que mon cher Pere
est un peu bête ; on l'entendit , mais on jugea à
propos de faire la sourde oreille. Que n'y a t'il
pas à craindre pour des Enfans élevez dans ces
principes ! Ajoutons à cela que la conviction du
Mérite qu'ils s'imaginent avoir , les remplit
de vanité , de hauteur et d'impatience . J'en ai vû
qui écoutoient d'un air dédaigneux et moqueur
d'autres Enfans qui n'avoient pas été élevez
comme eux , et qui railloient des personnes qu'ils
devoient respecter , parce qu'ils prononçoient leslettres
autrement qu'eux . Quand une fois ils ont
fait ce qu'on appelle leurs Thêmes , on n'oseroit
y toucher, c'est -à - dire , y déranger quelque cho
se , sans les irriter. Je fus un jour témoin oculaire
d'un soufflet très - sec qu'un Enfant élevé
selon le Systême , donna à un autre Enfant qui
Dai
AVRIL 1734. 703
lui avoit brouillé un mot qu'il venoit d'imprimer.
Voilà , Monsieur , ce qui a suspendu jusqu'ici
le jugement de plusieurs ; la difficulté ou
plutot l'impossibilité de se servir du Bureau dans
les Ecoles publiques ; la nécessité de la préfence
du Maître à tout ce que fait l'Enfant , si on veut
qu'il avance plus que par la Méthode ordinaire ;
celle de jouer , de badiner et de rire avec l'Enfant,
quand il opere , le danger qu'il y a que l'Enfant
ne retire de tout ce manége , qu'un esprit d'inconstance
et de legereté , et enfin celui de prendre
l'Enfant la vanité et de faire l'amour
par
propre l'ame et le grand mobile de son étude.
Mais venons au Livre.
Tout Livre de Grammaire porte avec soi quelque
chose d'aride , le titre même rebute et ne
rappelle point le Lecteur. Il faut donc , pour
vaincre ce dégoût , présenter cette sorte de matiere
avec quelque apprêt , sans quoi un Livrede.
cette espece ne sera jamais lû que par ceux qui en
ont unbesoin extrême . Beaucoup de gens croyent
en sçavoir assez , et il y en a peu qui en fassent
une étude sérieuse. Le Systême Typographique
a cela de particulier , qu'il ett susceptible d'une
infinité d'agrémens , malgré la secheiesse apparente
des instructions qu'il renferme, et l'Auteur,
par je ne sçai quelles idées , a répandu sur tout
son Ouvrage une mélancolie , une tristesse qui
rebutera bien des Lecteurs ; et par consequent
arrêtera dès le commencement , les progrès de
cette invention . On rencontre presque à chaque
page un M. G. Professeur de l'Université , qui
semble être l'unique objet de l'Auteur , pour qui
ce Régent est une source perpetuelle de chagrin
et de déclamations qui n'éclaircissent en rien le
fond du Systême. C'eût été répondre solidement
D vj
aux
704 MERCURE DE FRANCE.
aux frivoles objections de ce Professeur , que de
garder un silence profond à cet égard ; enfin ôtez
de tout le Livre ce qui regarde cete dispute particuliere
, les redites fréquentes des mêmes choses
, les citations trop réiterées de gens favorables
au Systême et d'Enfans qu'on instruit
par le Bureau , choses qui interessent fort peu lc
Lecteur avide d'être au fait ; voici à quoi se reduit
cet Ouvrage.
i
Il faut , suivant l'Auteur , nommer un C. lé ké;
PF. fé ; le Ph. fé ; le G. gné, guéné ; le H. hê ;
le J. je -ja ; le K. ka- ku ; le L. lé ; le M. mé ; le
Q. qu - ka ; le R. rê ; le S. lé- zé; le T. te-ci ; le
V. vé ; le X. ksé , quézé ; le Y. i- ié , le Z. zé- sé ;
le &t . cté- csi ; le ft. sté ; le &. et ; le æ. é ; le oe . é;
le è. ais ; le ê. ais ; le ch. ché- ké , &c. Il faut remarquer
que ces lettres ausquelles il a donné une
double valeur , comme au C. ne seront appelées
que d'une de ces valeurs , suivant le lieu où elles
se trouveront , par exemple , dans Ciconia , on
dira sé , i , ci : ké , o , co : cico , & c ainsi des
autres.
De-là on vient aux sons , découverte des plus
importantes qu'on ait jamais faites pour faciliter
la lecture et abreger le temps qu'on y employe
ordinairement ; il appelle donc par un seul son
toutes les lettres qui , unies ensemble , n'en font
qu'un. Par exemple , Caux , on l'appelle o simplement.
Les nazales an , en , in , on , un. Ensuite
les autres sons que vous pourrez voir dans son
A. B. C. comme oient , qu'il appelle ais ou ê.
Voilà pour la lecture.
A l'égard des premiers principes de la Langue
Latine ou de la Grecque , car ce seroit la même
chose , il faut donner un thême ou une version
interlineaire à l'Enfant , qu'il imprimera sur le
Bureau
AVRIL 1734 70s
Bureau. Donnons un exemble dans lequel on
peat voit tout le Systême , tant pour apprendre
à lire , que pour apprendre les principes de la
Langue Latine, ou de telle autre qu'on voudra enseigner
à l'Enfant . On pourroit faire un Thême
ou un Exemple dans lequel se trouveroit une
chose de chaque Logette du Bureau. Mais comme
cela nous meneroit trop loin , contentonsnous
de celui - cy : Mon Dieu , je vous aime bienè
Supposons qu'un Enfant connoît déja les lettres
simplement sans les sons , on lui fait ranger sur
le Bureau : m , o , n , D , i , c , u , j , e , v , o , u , s,
a , i , m , e , b e , n. S'il connoît les sons ,
en lui fait ranger de cette sorte ; m, on, D, i , eu,
j , e , v , ou , s , ai , m , e , b , i ,en.
S'il commence à lire , on lui fait ranger par
mots de cette maniere : mon , dans le pronom
possessif. Dieu , dans les noms substantifs . je,
dans le pronom de la premiere personne . vous
dans le pronom de la seconde personne. aime ,
dans les verbes François. bien , dans les indéclinables
François. Voilà pour la Langue Françoise,'
ainsi de même pour le Latin. Car les Logettes
pour le Latin sont aussi dans le Bureau . Il faut
donner le Thême tout fait à l'Enfant ; et en lui
faisant prendre mi dans la Logette des pronoms
possessifs , on lui fait remarquer que s'est le vocatif
: Deus , dans les noms substantifs Latins
&c. on doir en même- temps lui expliquer les
regles de la Sintaxe. Voilà à peu près à quoi se
réduit tout le Systême . L'Auteur ayant une fois
posé ses principes , pouvoit , par le moyen d'un
seul exemple , mettre le Lecteur au fait , et il se
seroit épargné la dépense d'un gros Livre , qui
dans l'état où il est , ne servira qu'à rebuter
ceux qui veulent sçavoir son Systême. J'ai l'hon
neur d'être , Monsieur , &c.
>
706 MERCURE DE FRANCE
Nota. Nous donnerons dans le mois prochain la
Réponse à cette Lettre , que la longueur ne nous
permet pas d'inserer ici . comme nous l'avions déja
promis sur cette matiere.
Maitre d'Ecole à Cousance en Barrois ,
au sujet du Systême Typographique .
Enfin,
Nfin , Monsieur , le Systême Typographique
paroît en son entier ; il y a des Bureaux ,
et nous avons le Livre dans lequel cette matiere
est amplement traitée . Tout préambule à part ,
je vous dirai librement ce que je pense et du Systême
et du Livre.
Un Sçavant du premier ordre dit qu'une des
premieres regles de critique , pour entrer dans l'esprit
d'un Auteur est d'examiner quel caractere il
soutient dans l'Ouvrage dont il est question . Ce
n'est , sans doute , qu'en partant de ce principe
et en s'y tenant fortement attaché , qu'on peut
éviter deux écueils également dangereux , ou de
tout approuver sans discernement , ou de tout
condamner sans réserve . Telle est cependant la
disposition des Partisans et des ennemis du nouveau
Systême , que les premiers suivent aveuglement
toutes les idées de l'Auteur et que les autres
ne veulent y reconnoître rien de bon.
Qu'on se donne donc la peine d'étudier le caractere
de M.D.M.soit dans son Systême , soit dans
ce qu'il en a écrit , on y découvrira par tout cet
esprit de franchise et d'amour pour la Patrie
qui doit toujours être l'ame de ce que nous entreprenons.
On y verra sans peine que c'est uniquement
pour le bien et l'avancement de notre
Jeunesse, qui , après s'être rendu habile dans les
Sciences les plus abstraites et les plus épineuses,
M.
AVRIL. 1734. 699
M. D. ne dédaigne pas de descendre jusqu'à
l'A. B. C. il se montre peu jaloux de l'encens
après lequel nous voyons courir tant de froids
Ecrivains , et que nous prodiguons sottement à
ceux qui pour faire parade d'une vaine érudition
plutôt que pour se rendre utiles au Public , composent
des Ouvrages dont il est vrai que souvent
la lecture est agréable ; mais qui ne contribuent
en rien ni à nous rendre meilleurs , ni à nous
faciliter les moyens de le devenir. Encore si nous
nous contentions de ceux-cy ; mais n'est - il pas
honteux que tant de conteurs de nouveaux riens
et de riens dangereux , enlevent notre estime et
notre approbation , que nous ne devons qu'au
vrai que nous négligeons , que nous méprisons
et que souvent nous combattons.
Nous faisons cas du beau , nous méprisons l'utile .
Voila le mal commun ; et si quelques génies
supérieurs se sont élevez au - dessus et nous en
ont fait voir le danger et le ridicule , nous les
admirons ; mais nous en demeurons-là , nous
persuadant facilement que nous ne sommes pas
dans le cas. Ce qui nous trompe en cela , c'est
que nous prenons le faux pour le vrai , le beau
pour l'utile , le brillant pour le veritable beau ;
que nous croyons veritablement tenir pour le
bon , et que ceux qui ne pensent pas comme
nous sont dans l'erreur . C'est aussi ce qui a suscité
tant d'adversaires aux nouvelles idées de
M. D. qui fait tout revenir dans son Systême ,
au point de vue que se doit proposer tout Auteur
désinteressé, c'est - à - dire , au vrai , à l'utile , au
veritable beau . Des intentions si droites , quand
elles ne se trouveroient pas exactement remplies,
devroient , sans doute , imposer silence à l'envie
D iiij
et
700 MERCURE DE + FRANCE
et à la mauvaise humeur de quelques petits esprits
pleins d'eux- mêmes ; mais dès-lors ils ne
seroient plus ce qu'ils sont,
-
L'usage du Bureau Typographique a de grands
avantages , il en faut convenir ; mais on les trouve
mêlez avec des inconveniens très considerables
qui en ralentiront peut - être encore
long-temps le succès . Je ne parle pas de la dépense
de la machine que tout le monde ne peut
pas faire , ni de la difficulté de trouver des Maîtres
instruits du Systême , ce qu'on a déja objecté
à l'Auteur ; mais il n'est pas facile de comprendre
comment un Maître d'Ecole pourroit
s'en servir utilement . J'ai vu travailler des Enfans
au Bureau , je les ai suivis , et s'il y a un profil réel
dans l'usage de cette Machine , je crois que ce ne
peut être que dans la pratique assidue, le Maître
toujours présent et attentifà ce que fait l'Enfant.
On ne peut faire travailler qu'un Enfant à la fois ;
s'ils sont deux ou trois , ils s'embarassent, ilsjouent
et perdent leur temps. De plus l'étude , pour lui
être utile, doit être d'une heure au moins le matin
et autant le soir. Où en seroit un Maître qui
auroit , je ne dis pas cent , mais seulement quinze
ou vingt Ecoliers ? Comment exercer chacun
d'eux en particulier ? Lui donner une heure le
matin et autant le soir ? Etre présent là pendant
qu'il opere ? Le guider , l'animer , et rire ? Car
tout cela est du Systême. Que feront tous les
autres pendant ce temps-là ? Leur donner des leçons
à apprendre ? Rien n'est plus ridicule selon
le nouveau Systême , c'est même une injustice.On
doit toujours travailler avec l'Enfant , aller au devant
de toutes les difficultez , et étudier avec lui.
Qu'on les oblige d'écouter et de voir celui qui
travaille , cela est , sans doute , impraticable . Il
faudra
AVRIL. 1734 .
701
faudra donc
que tous les autres demeurent oisifs,
tandis qu'un seul sera occupé. Il est vrai que
tous ces inconveniens se trouvent aussi liez avec
la Méthode ordinaire ; mais le nouveau Systême
n'y obviant pas , et ayant même ceci de plus qu'il
coûte et qu'il est d'un grand embarras , je ne
yois pas pourquoi on le préfereroit.
Ce qui fait le fort du Systême Typographi
que , c'est que l'Enfant passant continuellement
d'un objet à un autre , peut bien apprendre avec
plus d'agrément et peut- être avec plus de profit
pour le présent ; mais il y a tout lieu de Graindre
qu'il ne s'y forme un grand fond d'inconstance
et de legereté , ce qui n'est pas un petit défaut.
Je me trouvai un jour chez un des plus zelez
Typographistes , où , après avoir caressé un
Enfant qu'il instruisoit selon le Systême , je lui
témoignai l'envie que j'avois de le voir travailler
au Bureau.La personne qui le conduisoit, s'étant
approchée , m'avertit secrettement de ne point
me servir du mot travailler , mais de jouer ; et
en même-temps prenant la parole , eh bien , mon
fils , dit- il , voulez- vous jouer à present. Comment
un Enfant élevé de cette maniere , passera- t'il à
une étude sérieuse ? Comment en supportera- t'il
la peine et le travail , lui à qui on n'aura jamais
parlé que de jeu ? Comment enfin y apporterat'il
une application qu'on ne lui aura jamais demandée.
C'est pour entretenir dans l'Enfant cet
esprit de satisfaction que lui procure cette pensée
qu'il joue ; qu'il ne faut jamais le contraindre
; que s'il ne lui plaisoir pas de jouer , il
ne faudroit pas l'y forcer. Il faut attendre ses
momens et se conformer à ses petites volontez.
Ces caprices doivent servir de regles , et ce seroit
une injustice que de vouloir que les regles res-
DY traignissent
702 MERCURE DE FRANCE
traignissent ses fantaisies. Dira - t'on que tout
cela n'est rien ; que ce ne sont que préventions ,
que préjugez.
Ce que je crois de plus fort contre le nouveau
Systême , c'est que l'amour propre y est érigé en
premier Maître des Enfans , et que ce vice dangereux
s'y trouve l'ame et le grand mobile de
tout ce qu'on leur fait faire. Leur petite imagination
se repaît agréablement des loüanges qu'il
faut leur prodiguer , ce qui les remplit insensiblement
de sentimens d'estime pour eux - mêmes
et de mépris pour les autres. En voici un trait
que je tiens de personnes non suspectes. On faisoit
jouer un Enfant au Bureau , ou plutôt on
jouoit avec lui . Le pere voulut aussi s'en mêler ;
mais par malheur ayant mis une lettre pour une
autre , un j consone , à ce qu'on m'a dit , pour
un i voyele dans le mot jgnorant au lieu -d'ignorant
; l'enfant se retourna et dit tout bas à l'oreille
de son Maître , je crois que mon cher Pere
est un peu bête ; on l'entendit , mais on jugea à
propos de faire la sourde oreille. Que n'y a t'il
pas à craindre pour des Enfans élevez dans ces
principes ! Ajoutons à cela que la conviction du
Mérite qu'ils s'imaginent avoir , les remplit
de vanité , de hauteur et d'impatience . J'en ai vû
qui écoutoient d'un air dédaigneux et moqueur
d'autres Enfans qui n'avoient pas été élevez
comme eux , et qui railloient des personnes qu'ils
devoient respecter , parce qu'ils prononçoient leslettres
autrement qu'eux . Quand une fois ils ont
fait ce qu'on appelle leurs Thêmes , on n'oseroit
y toucher, c'est -à - dire , y déranger quelque cho
se , sans les irriter. Je fus un jour témoin oculaire
d'un soufflet très - sec qu'un Enfant élevé
selon le Systême , donna à un autre Enfant qui
Dai
AVRIL 1734. 703
lui avoit brouillé un mot qu'il venoit d'imprimer.
Voilà , Monsieur , ce qui a suspendu jusqu'ici
le jugement de plusieurs ; la difficulté ou
plutot l'impossibilité de se servir du Bureau dans
les Ecoles publiques ; la nécessité de la préfence
du Maître à tout ce que fait l'Enfant , si on veut
qu'il avance plus que par la Méthode ordinaire ;
celle de jouer , de badiner et de rire avec l'Enfant,
quand il opere , le danger qu'il y a que l'Enfant
ne retire de tout ce manége , qu'un esprit d'inconstance
et de legereté , et enfin celui de prendre
l'Enfant la vanité et de faire l'amour
par
propre l'ame et le grand mobile de son étude.
Mais venons au Livre.
Tout Livre de Grammaire porte avec soi quelque
chose d'aride , le titre même rebute et ne
rappelle point le Lecteur. Il faut donc , pour
vaincre ce dégoût , présenter cette sorte de matiere
avec quelque apprêt , sans quoi un Livrede.
cette espece ne sera jamais lû que par ceux qui en
ont unbesoin extrême . Beaucoup de gens croyent
en sçavoir assez , et il y en a peu qui en fassent
une étude sérieuse. Le Systême Typographique
a cela de particulier , qu'il ett susceptible d'une
infinité d'agrémens , malgré la secheiesse apparente
des instructions qu'il renferme, et l'Auteur,
par je ne sçai quelles idées , a répandu sur tout
son Ouvrage une mélancolie , une tristesse qui
rebutera bien des Lecteurs ; et par consequent
arrêtera dès le commencement , les progrès de
cette invention . On rencontre presque à chaque
page un M. G. Professeur de l'Université , qui
semble être l'unique objet de l'Auteur , pour qui
ce Régent est une source perpetuelle de chagrin
et de déclamations qui n'éclaircissent en rien le
fond du Systême. C'eût été répondre solidement
D vj
aux
704 MERCURE DE FRANCE.
aux frivoles objections de ce Professeur , que de
garder un silence profond à cet égard ; enfin ôtez
de tout le Livre ce qui regarde cete dispute particuliere
, les redites fréquentes des mêmes choses
, les citations trop réiterées de gens favorables
au Systême et d'Enfans qu'on instruit
par le Bureau , choses qui interessent fort peu lc
Lecteur avide d'être au fait ; voici à quoi se reduit
cet Ouvrage.
i
Il faut , suivant l'Auteur , nommer un C. lé ké;
PF. fé ; le Ph. fé ; le G. gné, guéné ; le H. hê ;
le J. je -ja ; le K. ka- ku ; le L. lé ; le M. mé ; le
Q. qu - ka ; le R. rê ; le S. lé- zé; le T. te-ci ; le
V. vé ; le X. ksé , quézé ; le Y. i- ié , le Z. zé- sé ;
le &t . cté- csi ; le ft. sté ; le &. et ; le æ. é ; le oe . é;
le è. ais ; le ê. ais ; le ch. ché- ké , &c. Il faut remarquer
que ces lettres ausquelles il a donné une
double valeur , comme au C. ne seront appelées
que d'une de ces valeurs , suivant le lieu où elles
se trouveront , par exemple , dans Ciconia , on
dira sé , i , ci : ké , o , co : cico , & c ainsi des
autres.
De-là on vient aux sons , découverte des plus
importantes qu'on ait jamais faites pour faciliter
la lecture et abreger le temps qu'on y employe
ordinairement ; il appelle donc par un seul son
toutes les lettres qui , unies ensemble , n'en font
qu'un. Par exemple , Caux , on l'appelle o simplement.
Les nazales an , en , in , on , un. Ensuite
les autres sons que vous pourrez voir dans son
A. B. C. comme oient , qu'il appelle ais ou ê.
Voilà pour la lecture.
A l'égard des premiers principes de la Langue
Latine ou de la Grecque , car ce seroit la même
chose , il faut donner un thême ou une version
interlineaire à l'Enfant , qu'il imprimera sur le
Bureau
AVRIL 1734 70s
Bureau. Donnons un exemble dans lequel on
peat voit tout le Systême , tant pour apprendre
à lire , que pour apprendre les principes de la
Langue Latine, ou de telle autre qu'on voudra enseigner
à l'Enfant . On pourroit faire un Thême
ou un Exemple dans lequel se trouveroit une
chose de chaque Logette du Bureau. Mais comme
cela nous meneroit trop loin , contentonsnous
de celui - cy : Mon Dieu , je vous aime bienè
Supposons qu'un Enfant connoît déja les lettres
simplement sans les sons , on lui fait ranger sur
le Bureau : m , o , n , D , i , c , u , j , e , v , o , u , s,
a , i , m , e , b e , n. S'il connoît les sons ,
en lui fait ranger de cette sorte ; m, on, D, i , eu,
j , e , v , ou , s , ai , m , e , b , i ,en.
S'il commence à lire , on lui fait ranger par
mots de cette maniere : mon , dans le pronom
possessif. Dieu , dans les noms substantifs . je,
dans le pronom de la premiere personne . vous
dans le pronom de la seconde personne. aime ,
dans les verbes François. bien , dans les indéclinables
François. Voilà pour la Langue Françoise,'
ainsi de même pour le Latin. Car les Logettes
pour le Latin sont aussi dans le Bureau . Il faut
donner le Thême tout fait à l'Enfant ; et en lui
faisant prendre mi dans la Logette des pronoms
possessifs , on lui fait remarquer que s'est le vocatif
: Deus , dans les noms substantifs Latins
&c. on doir en même- temps lui expliquer les
regles de la Sintaxe. Voilà à peu près à quoi se
réduit tout le Systême . L'Auteur ayant une fois
posé ses principes , pouvoit , par le moyen d'un
seul exemple , mettre le Lecteur au fait , et il se
seroit épargné la dépense d'un gros Livre , qui
dans l'état où il est , ne servira qu'à rebuter
ceux qui veulent sçavoir son Systême. J'ai l'hon
neur d'être , Monsieur , &c.
>
706 MERCURE DE FRANCE
Nota. Nous donnerons dans le mois prochain la
Réponse à cette Lettre , que la longueur ne nous
permet pas d'inserer ici . comme nous l'avions déja
promis sur cette matiere.
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Résumé : LETTRE de ..... à M. Pilleret, Maître d'Ecole à Cousance en Barrois, au sujet du Systême Typographique.
La lettre traite du Système Typographique, récemment publié dans un livre et disponible dans divers bureaux. L'auteur examine les critiques et les partisans du système, notant que les premiers approuvent sans discernement tandis que les seconds ne reconnaissent rien de bon. Il recommande d'évaluer le caractère de l'auteur, M. D. M., qui démontre un esprit de franchise et d'amour pour la patrie, visant à l'avancement de la jeunesse. L'auteur critique les écrivains qui cherchent la reconnaissance plutôt que l'utilité. Il souligne que, bien que le système typographique présente des avantages, il comporte des inconvénients majeurs, notamment la difficulté de son utilisation dans les écoles publiques. Ce système nécessite la présence constante du maître pour chaque élève, ce qui est impraticable avec un grand nombre d'élèves. Le texte mentionne également les dangers de l'inconstance et de la légèreté chez les enfants formés par ce système, ainsi que le risque de développer de la vanité et de l'amour-propre. Les enfants élevés selon ce système peuvent devenir impatients et moqueurs envers ceux qui ne suivent pas la même méthode. Concernant le livre, l'auteur note qu'il est aride et rebutant, malgré les efforts de l'auteur pour le rendre agréable. Le livre contient des disputes inutiles et des redites fréquentes, ce qui le rend peu attrayant pour les lecteurs. Le système typographique propose de nommer les lettres et les sons de manière spécifique pour faciliter la lecture et l'apprentissage des langues. Par exemple, les lettres comme le C peuvent avoir une double valeur selon leur position dans un mot. Le texte fournit un exemple pratique avec la phrase 'Mon Dieu, je vous aime bien' pour illustrer l'application du système. Le texte discute également d'une méthode pédagogique pour enseigner la grammaire latine. L'auteur suggère de présenter directement le thème à l'élève et de lui faire comprendre l'utilisation des pronoms possessifs et du vocatif dans les noms substantifs latins. Il insiste sur l'importance d'expliquer simultanément les règles de la syntaxe. Selon l'auteur, ce système pourrait être expliqué en un seul exemple, rendant ainsi inutile la publication d'un gros livre qui pourrait décourager les lecteurs intéressés par ce système. Le Mercure de France annonce qu'il publiera la réponse à cette lettre dans le mois suivant, en raison de la longueur qui ne permet pas son insertion immédiate.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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