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1
p. 1826-1829
LETTRE de M. Morand, Chirurgien, à M. Falconet le fils, Docteur en Medecine, de l'Académie des Belles-Lettres, &c.
Début :
MONSIEUR, Démontrer par le raisonnement qu'une découverte peut être bonne, c'est une façon de mettre [...]
Mots clefs :
Pierre, Opération, Malade, Guérison, Opération de la taille
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Morand, Chirurgien, à M. Falconet le fils, Docteur en Medecine, de l'Académie des Belles-Lettres, &c.
LETTRE de M. Morand , Chirurgien , à
M. Falconet le fils , Docteur en Medecine
, de l'Académie des Belles - Lettres
, &c.
MONSIEUR ;
Démontrer par le raifonnement qu'une décou
verte peut être bonne , c'eſt une façon de mettre
les connoiffeurs en état de juger du merite de
la choſe , mais elle ne perfuade pas tout le monde.
Prouver par des Experiences que la pratique
en eft utile , c'eſt une façon sûre de convaincre
les incrédules , & de ruiner les préjugés:appuyer
enfin cette découverte fur le raifonnement &
Pexperience en même- tems , n'est- ce pas remplir
tout ce que l'on peut exiger de celui qui la
propofe
>
Je n'examine point ici , Monfieur,fi la Méthode
de tailler de la Pierre par l'appareil lateral
que quelques - uns ont nommé à l'Angloife , eft
une opération nouvelle ou non , cela fera difcuzé
ailleurs ; il me fuffit de la propofer comme
une opération excellente , à laquelle on peut appliquer
A O UST . 1730. 1827
pliquer ce que je viens de dire fur une découverte
en general.
>
Tout ce qui regarde la théorie de cette opération
a été parfaitement traité , Monfieur , dans
votre fçavante Thefe : An , educendo calculo ,
cateris anteferendus Apparatus lateralis . Une
érudition recherchée , une Logique judicieufe ,
un parallele exact de cette Méthode avec les
autres en établiffent le mérite , mais il falloit
des faits , & les plus pénetrés de la verité de la
Thefe fe difoient mutuellement , il ne manque
plus que de mettre l'opération en pratique. Permettez
donc , Monfieur , que je vous adreffe
l'Argument victorieux de votre Theſe , c'eft ainfi
que je nomme la Lifte vraye de ceux qui ont
été taillés à Paris par l'Appareil latéral. /
1. Claude Mony , âgé de 8 ans , taillé chez,
une garde , dans la rue Jacob , le 7 Septembre
1729. par M. Perchet , guéri.
2. M. l'Abbé Lambert ; Curé de Sercey , Diocèfe
de Langres , âgé de 61 ans , je l'ai taillé le 9
mai 1730. je lui ai tiré cinq pierres groffes comme
des maffepains , guéri.
3. Pierre la Chapelle , âgé de 9 ans , je l'ai
taillé le 9. Mai : je lui ai tiré deux petites pierres
, guéri.
4. Louis - Martin Caillau , âgé de 8 aus ; je
l'ai taillé le 9 May : je lui ai tiré une pierre
groffe comme un gros Abricot , guéri.
f . Louis Durié , âgé de 7 ans : je l'ai taillé le
13 May , je lui ai tiré une petite pierre , guéri.
6 Louis - Jofeph Coquo , âgé de 9 ans : je l'ai
taillé le 13 May , jè lui ai tiré une groffe pierre ,
guéri.
7. Nicolas Desjardins , âgé de 26 ans , je l'ai
taillé le 23 May : je lui ai tiré une pierre murale
, pleine d'afperités , mort.
8.
1828 MERCURE DE FRANCE
8. Claude Barbereau , âgé de 22 ans : Je l'ai
taillé le 23 May ; je lui ai tiré une très- groffe
pierre , chargée de trois pointes , guéri.
9. Pierre Goupy , âgé de cinq ans , taillé par
M. Perchet le 9 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
10. Jean- Noël Sellier , âgé de 5 ans , taillé
par M. Perchet , le 9 May : il avoit deux petites
pierres , mort.
11. Edme Fievet , âgé de 6 ans , taillé pár
M. Perchet le 13 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
12. Jacques Defroſiers , âgé de 7 ans , taillé
par M. Perchet le 13 May : il avoit deux petites
pierres , guéri.
13. Louis Moutier , âgé de 12 ans
taillé pár
M. Perchet le 24 May , la pierre étoit groffe
comme un petit oeuf, guéri.
14. M. l'Abbé Turcan , âgé de 40 ans , taillé
le 16 May par M. Perchet ; la pierre étoit petite ,
guéri.
15. M. Le Muet , Marchand de Troyes , âgé de
55 ans ; je l'ai taillé le 30 Juillet dernier , malgré
la chaleur , attendu qu'il étoit en danger par
les grandes douleurs qu'il fouffroit de la pierre ,
je lui en ai tiré une affez groffe.
Voilà , Monfieur , quinze Malades taillés par
l'Appareil latéral , dont deux font morts , douze
font gueris & le dernier le fera inceffamment
>
Vous imagineriez
des gens
-
>
vous bien , Monfieur
affez déraisonnables pour nier ces faits
dans desAffemblées refpectables , & vouloir affoiblir
des témoignages vivans que Mr de l'Académie
Royale des Sciences ont vus avec plaifir, & que
les Curieux & les bons Citoyens , ont épluchés
eux-mêmes,pour rendre hommage à la verité, Oui,
Monfieur, il y a de ces gens déraisonnables; mais
ce
A O UST . 1730. 1329
ce qu'il y a de monftrueux , c'eft qu'il s'en trouve
parmi mes Confreres . En verité , tel qui jouit
de la réputation de bon Chirurgien , devroit
bien fe menager celle de veridique . C'est au Public.
équitable à juger d'un procedé pareil ; pour
moi je ne fouhaite rien tant que l'examen
des faits que j'avance , les Regiftres de l'Hôpital
de la Charité en prouveront douze , & rien n'eſt
plus facile à verifier que les trois autres. J'ay
T'honneur d'être , & c.
7
A Paris , ce 24 Août 1730.
M. Falconet le fils , Docteur en Medecine
, de l'Académie des Belles - Lettres
, &c.
MONSIEUR ;
Démontrer par le raifonnement qu'une décou
verte peut être bonne , c'eſt une façon de mettre
les connoiffeurs en état de juger du merite de
la choſe , mais elle ne perfuade pas tout le monde.
Prouver par des Experiences que la pratique
en eft utile , c'eſt une façon sûre de convaincre
les incrédules , & de ruiner les préjugés:appuyer
enfin cette découverte fur le raifonnement &
Pexperience en même- tems , n'est- ce pas remplir
tout ce que l'on peut exiger de celui qui la
propofe
>
Je n'examine point ici , Monfieur,fi la Méthode
de tailler de la Pierre par l'appareil lateral
que quelques - uns ont nommé à l'Angloife , eft
une opération nouvelle ou non , cela fera difcuzé
ailleurs ; il me fuffit de la propofer comme
une opération excellente , à laquelle on peut appliquer
A O UST . 1730. 1827
pliquer ce que je viens de dire fur une découverte
en general.
>
Tout ce qui regarde la théorie de cette opération
a été parfaitement traité , Monfieur , dans
votre fçavante Thefe : An , educendo calculo ,
cateris anteferendus Apparatus lateralis . Une
érudition recherchée , une Logique judicieufe ,
un parallele exact de cette Méthode avec les
autres en établiffent le mérite , mais il falloit
des faits , & les plus pénetrés de la verité de la
Thefe fe difoient mutuellement , il ne manque
plus que de mettre l'opération en pratique. Permettez
donc , Monfieur , que je vous adreffe
l'Argument victorieux de votre Theſe , c'eft ainfi
que je nomme la Lifte vraye de ceux qui ont
été taillés à Paris par l'Appareil latéral. /
1. Claude Mony , âgé de 8 ans , taillé chez,
une garde , dans la rue Jacob , le 7 Septembre
1729. par M. Perchet , guéri.
2. M. l'Abbé Lambert ; Curé de Sercey , Diocèfe
de Langres , âgé de 61 ans , je l'ai taillé le 9
mai 1730. je lui ai tiré cinq pierres groffes comme
des maffepains , guéri.
3. Pierre la Chapelle , âgé de 9 ans , je l'ai
taillé le 9. Mai : je lui ai tiré deux petites pierres
, guéri.
4. Louis - Martin Caillau , âgé de 8 aus ; je
l'ai taillé le 9 May : je lui ai tiré une pierre
groffe comme un gros Abricot , guéri.
f . Louis Durié , âgé de 7 ans : je l'ai taillé le
13 May , je lui ai tiré une petite pierre , guéri.
6 Louis - Jofeph Coquo , âgé de 9 ans : je l'ai
taillé le 13 May , jè lui ai tiré une groffe pierre ,
guéri.
7. Nicolas Desjardins , âgé de 26 ans , je l'ai
taillé le 23 May : je lui ai tiré une pierre murale
, pleine d'afperités , mort.
8.
1828 MERCURE DE FRANCE
8. Claude Barbereau , âgé de 22 ans : Je l'ai
taillé le 23 May ; je lui ai tiré une très- groffe
pierre , chargée de trois pointes , guéri.
9. Pierre Goupy , âgé de cinq ans , taillé par
M. Perchet le 9 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
10. Jean- Noël Sellier , âgé de 5 ans , taillé
par M. Perchet , le 9 May : il avoit deux petites
pierres , mort.
11. Edme Fievet , âgé de 6 ans , taillé pár
M. Perchet le 13 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
12. Jacques Defroſiers , âgé de 7 ans , taillé
par M. Perchet le 13 May : il avoit deux petites
pierres , guéri.
13. Louis Moutier , âgé de 12 ans
taillé pár
M. Perchet le 24 May , la pierre étoit groffe
comme un petit oeuf, guéri.
14. M. l'Abbé Turcan , âgé de 40 ans , taillé
le 16 May par M. Perchet ; la pierre étoit petite ,
guéri.
15. M. Le Muet , Marchand de Troyes , âgé de
55 ans ; je l'ai taillé le 30 Juillet dernier , malgré
la chaleur , attendu qu'il étoit en danger par
les grandes douleurs qu'il fouffroit de la pierre ,
je lui en ai tiré une affez groffe.
Voilà , Monfieur , quinze Malades taillés par
l'Appareil latéral , dont deux font morts , douze
font gueris & le dernier le fera inceffamment
>
Vous imagineriez
des gens
-
>
vous bien , Monfieur
affez déraisonnables pour nier ces faits
dans desAffemblées refpectables , & vouloir affoiblir
des témoignages vivans que Mr de l'Académie
Royale des Sciences ont vus avec plaifir, & que
les Curieux & les bons Citoyens , ont épluchés
eux-mêmes,pour rendre hommage à la verité, Oui,
Monfieur, il y a de ces gens déraisonnables; mais
ce
A O UST . 1730. 1329
ce qu'il y a de monftrueux , c'eft qu'il s'en trouve
parmi mes Confreres . En verité , tel qui jouit
de la réputation de bon Chirurgien , devroit
bien fe menager celle de veridique . C'est au Public.
équitable à juger d'un procedé pareil ; pour
moi je ne fouhaite rien tant que l'examen
des faits que j'avance , les Regiftres de l'Hôpital
de la Charité en prouveront douze , & rien n'eſt
plus facile à verifier que les trois autres. J'ay
T'honneur d'être , & c.
7
A Paris , ce 24 Août 1730.
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Résumé : LETTRE de M. Morand, Chirurgien, à M. Falconet le fils, Docteur en Medecine, de l'Académie des Belles-Lettres, &c.
La lettre de M. Morand, Chirurgien, adressée à M. Falconet, Docteur en Médecine, traite de la méthode de taille de la pierre par l'appareil latéral, une technique chirurgicale. Morand insiste sur l'importance de démontrer la valeur d'une découverte par le raisonnement et l'expérience pour convaincre les sceptiques et ruiner les préjugés. Il présente cette méthode comme excellente, sans se prononcer sur son caractère novateur. La théorie de cette opération a été abordée dans la thèse de Falconet, mais des faits concrets sont nécessaires pour prouver son efficacité. Morand fournit une liste de quinze patients opérés avec succès par l'appareil latéral, dont douze guéris et deux décédés. Les cas incluent des personnes de différents âges et conditions, opérées par Morand ou M. Perchet. Morand défie ceux qui nient ces faits, notamment certains de ses confrères, et invite à examiner les registres de l'Hôpital de la Charité pour vérifier les résultats. Il exprime son souhait que les faits soient examinés et jugés équitablement par le public. La lettre se conclut par l'expression de son honneur et de sa disponibilité à fournir des preuves supplémentaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1453-1469
EXTRAIT de la Dissertation sur la Taille par l'appareil Lateral, luë par M. Morand à la rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences d'aprés Pâques.
Début :
Nous avons donné dans le Mercure du mois de Decembre 1729. une [...]
Mots clefs :
Londres, Cadavres, Chirurgiens, Guérison, Opérations, Méthodes, Incision, Observation, Vessie, Gangrène
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la Dissertation sur la Taille par l'appareil Lateral, luë par M. Morand à la rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences d'aprés Pâques.
EXTRAIT de la Dissertation sur la
Taille
par l'appareil Lateral, luë par M.
Morand à la rentrée publique de l'Aca
démie Royale des Sciences d'aprés Pâques .
hhhhhhhh
N
Ous avons donné dans le Mercure
du mois de Decembre 1729. une
Lettre de M. Morand , dans laquelle il
expose les motifs de son Voyage à Lon
dres , et se déclare Partisan de la Taille
Laterale qu'il a vû pratiquer par M. Che
selden , cèlebre Chirurgien Anglois. M.
Morand ayant fait sur les Cadavres tou
tes les expériences nécessaires , pour exa
miner à fond cette Operation sur les
notions que les Conferences qu'il avoit
eûes avec M. Cheselden , et que ses
lettres lui avoient données ; il la pro
que
posa à M. Maréchal premier Chirurgien
du Roy. Sous ses yeux et en présence
de plusieurs Académiciens , Medecins ,
et Chirurgiens , cette Operation se fit
l'année derniere à Paris avec grand suc
cès , et nous en avons rendus compte
dans le Mercure du mois d'Aoust 1730.
de quinze Malades taillées à l'appareil La
teral par M. Morand et Perchet , douze
II. Vol. étoient
1454 MER CURE DE FRANCE
étoient gueris , M. le Muet étoit en voye
de guérison , et a été parfaitement guéri .
Depuis ce temps là M. Perchet en a taillé
un à Louviers , et l'a bien guéri ; de sorte
que voilà seize Operations bien avérées
dont quatorze ont réussies tout au mieux ,
il n'est mort que deux personnes , et des
quatorze guéris , il y avoit quatre sujets
en trés mauvais état , lorsqu'ils furent
taillés. M. Maréchal fut si content de
ces Operations qu'il écrivit à M. Morand
de venir à Marly , afin de le présenter à
son Eminence M. le Cardinal de Fleury ,
2
qui les pierres furent montrées , et qui
exorta M. Morand à continuer.
En 1729. M. Morand avoit lû à l'Aca
démie les lettres de M. Cheselden
dans lesquelles il détailloit sa Methode
et répondoit à toutes les difficultés qu'ont
lui avoit faites . En 1730. M. Cheselden
a publié lui même sa Methode dans une
petite Dissertation en Anglois , dans la
quelle il nous apprend qu'aprés avoir
essayé toutes les Methodes de la Taille,
et les avoir comparées , il s'est dévoué
toujours à celle- cy, qu'il a reconnu la meil
feure. La voici rapportée par lui - même .
pour
Je lie le Malade comme au grand appa
reil , aprés l'avoir couché sur une Table ho
risontale de la hauteur de trois pieds , ayant
ر ا
IL. Vol. seulement:
JUIN. 1731. 455
seulement laTête un peu élevée,jefais d'abord
une incision aux tegumens , aussi longue qu'il
est possible , en commençant prés l'endroit
où elle finit au grand appareil , je continue
de couper de haut en bas , inter musculos.
acceleratorem urinæ et erectorem penis ,
et à côté de l'intestin Rectum , je tâte ensuite
pour trouver la sonde sur laquelle je coupe.
le long de laglande Prostate , en continuant
jusqu'à la véssie et assuje tissant le Rectum en
bas pendant tout le temps de l'Operation, avec
un ou deux doigts de la main gauche le
reste comme dans l'ancienne Méthode &c.
Dans la Dissertation lüe par M. Mo
rand à l'Académie , il ajoute à cette Des
cription donnée par M. Cheselden quel
ques particularités qui sont dans ses let
tres écrites pour l'Académie , il cite la
sçavante These de M. Falconet , au sujet
des raisons de préferer l'appareil Lateral.
au grand , il ajoute à ces motifs de pré
ference
, que le manuel de cette. Opera
tion lui a paru plus facile et plus sur ,
que dans l'appareil Lateral on coupe
certaines parties qu'on déchire dans le
grand ; qu'enfin ceux qui en ont été
guéris , n'ont eu de reste , ni fistule , ni
incontinence d'urine , et s'engage de faire.
voir les avantages de cette Operation dans
un Traité qu'il donnera exprés sur cette
matiere, Ensuite
1456 MERCURE DE FRANCE
Ensuite il donne à l'Académie quel
ques observations qui regardent la partie
Historique de cette Opération . Dans la
premiere est contenue presque toute la
vie de Frere Jacques , que M. Morand
a suivi par tout par ses Récherches ; ce
sont ces mêmes Récherches qui lui ont
fait voir , pour ainsi dire , deux Freres
Jacques ; à ne le connoître que sur le rap
port de M. Mery , son Operation est in
certaine , et il faut la répudier , ce sont
les mots de M. Morand même dans sa
lettre du Mercure de Decembre 1629 .
mais M. Morand a eu le bonheur de dé
couvrir deux Pieces fugitives sur l'Ope
ration de Frere Jacques que deux de
ses Confreres se sont fait un plaisir de
lui communiquer. L'une est un Ma
nuscrit de M. Hunaud , celebre Me
decin d'Angers , qui avoit vû tailler le
Frere Jacques à Angers , et qui avoit
pris la plume pour le déffendre contre
M. Mery ; l'autre est un Ouvrage de Fre
re Jacques même imprimé en 7. à 8. pag.
et dont les exemplaires sont devenus fort
rares. Dans ces deux ouvrages , l'incision
de Frere Jacques est nettement détermi
née il y est bien positivement énoncé
que Frere Jacques avoit rectifié son Opé
ration , substitué une sonde crénelée à
II. Vol. La
JUIN.
1457 1731 .
la sonde informe qu'il employoit d'abord ,
et trouvé le moyen de couper toujours le
col de laVessie. Voilà dans l'Histoire de F.
Jacques 2. Epoques bien differentes pour
son Operation , de laquelle nous serions de
meurés en possession sans nôtre vivacité.
La seconde Observation de M. Mo
rand' roule sur l'Operation de M. Rau ;
M. Morand pense que celle-cy est celle
de Frere Jacques rectifiée. 1 °. On ne
peut pas prouver le contraire , parceque
M. Rau ne donnoit point d'éclaircisse
ment de sa Méthode , que M. Rau est
mort en 1719. sans la publier luy-même ,
et qu'elle a été donnée par un autre Pro
fesseur , enfin qu'on ne voit nulle part ;
suivant la rémarque du Docteur Douglas ,
des Observations tirées de l'ouverture
des Cadavres. 2 °. On peut prouver que
cela est ainsi , parceque selon M. Albi
nus même , M. Rau et le Frere Jacques
faisoient tous deux l'incision dans le mê
me endroit, et que M.Rau ,pressé par ceux
qui l'interrogeoient sur son Operation ,
leur disoit , lisés Celse. Or il est facile
de prouver que Frere Jacques tailloit
par la Méthode de Celse.
La troisiéme Observation de M. Mo
rand est employée à expliquer cette es
pece
de Paradoxe sur la Méthode de Cel
II. Vol
se
4458 MERCURE DE FRANCE
se. M. Morand ne demande autre chose
pour cela , sinon qu'on lise avec atten
tion , et sans préjugé , le septiéme Livre
de cet Atiteur , Chap. 26. Sect. 2. on ver
ra que l'incision exterieure de Celse est
oblique et prés de l'Anus , et que l'inte
rieure interesse le col de la Vessie. Voilà
ce que fait l'appareil Lateral , et ce que ne
fait point le grand appareil. M. Morand
convient que cette Analogie a été apper
çue par M. Mery , M. Freind , M. Dou
glas , M. Falconet. Il résulteroit de-là
que l'appareil Lateral qui paroît une nou
velle Méthode seroit la plus ancienne.
M. Morand finit sa Dissertation en ré
capitulant les Opérations pratiquées par
cette Méthode depuis le mois de Mars
1727. jusqu'à la fin de 1730. Dans l'Ap
pendix de M. Cheselden , on lit les noms
de 46. Malades qu'il avoit taillés dans
l'Hôpital de S. Thomas , et dont il n'avoit
perdu que deux , M. Morand venoit de
récevoir la Liste posterieure à celle- cy ,
dans laquelle il y en a vingt de taillés ,
dont il n'est mort que deux : en la joignant
à la premiere Liste de M. Cheselden , et
à celle de M. Morand , il se trouve de
compte fait en Mars 173 1. quatre- vingt
deux personnes taillées par l'appareil La
teral , depuis Mars 1727. dont il n'est
II. Vol
mort
JUIN. 1731
1459
mort que fix , et soixante et seize ont été
parfaitement gueries , dont dix de diffe
rens âges , depuis 40. jusqu'à 67. ans.
Tels étoient les progrès de l'appareil
Lateral à Paris , lorsque M. Morand lût
sa Dissertation à l'Académie Royale des
Sciences. Depuis ce temps là , il a fair
cette Operation à M. de Janson et Du
blaisel qui sont morts six jours aprés
l'Operation. L'Ouverture de leur corps
a été faite , l'Académie Royale des Scien
ces a examiné les choses , Mrs. Chirac et
Maréchal ont vû ce qui concernoit M,
de Janson . Voici le rapport de ces deux
Ouvertures .
DETAIL de ce qui s'est trouvé à l'ou
verture de Mrs de Janson et du Blaisel.
Le 24. Avril 1731. Nous Docteurs en
Medecine , et Chirurgiens de Paris , nous
sommes transportés à neuf heures du soir
à l'Archevêché pour l'ouverture du corps
de Feu M. le Commandeur de Janson ,
mort ledit jour à neuf heures du matin
aprés avoir été taillé le Jeudi précedent
dix- neuf dudit mois et nous déclarons
avoir réconnu ce qui est détaillé à nôtre
present rapport par l'ouverture faite en
nôtre presence par M. Verdier , Chirur
ر
.
11. Vol.
gien
1460 MERCURE DE FRANCE
juré et DémonstrateurRoyal enAnatomie.
Le corps exposé sur une Table nous
n'avons vû aux parties voisines de la
playe , ni lividité , ni tension , en aucune
region du bas -ventre ni élevation ni gon
Alement , la région de la vessie étant au
contraire plate , enfoncée , et molete.
A l'ouverture du ventre il nous'a paru
à la premiere inspection qu'il n'y avoit ,
ni aux entrailles , ni à la vessie vers le
peritoine , ni au tissu cellulaire qui l'en
vironne , aucune Phlogose , inflammation,
ou marque de gangréne .
Les intestins étant ôtés du ventre , les
Reins ont été examinés , et on a trouvé
le droit diminué de la moitié de son vo
lume naturel , et sa substance glan
duleuse fondue , de sorte que l'on ne
distinguoit plus interieurement que les
sacs des entonnoirs qui étoient fort dila
tés aussi bien que les bassinets , et rem
plis d'une liqueur noire , puante , et mê
lée de quelques matieres glaireuses et
purulentes. L'uretere du même côté
dilaté depuis sa sortie du Rein jusqu'à
son insertion à la vessie , et étranglé en
quelques endroits par plusieurs infléxions
contre nature ; enfin sa trace le long du
muscle Psoas , marquée par une tache
livide et assés profonde dans la substance
II. Vol
de
JUIN. 1731. 1461
de ce muscle , dont le reste étoit de la
couleur et rougeur naturelle.
Le Rein gauche avoit les mêmes sin
gularités que le droit , mais il étoit plus
maigre et plus fondu , plein d'un pus trés
fætide , et d'un blanc sale. L'uretere de
ce côté étoit un peu moins malade que
l'autre.
La vessie nous parut s'élever assés haut
au dessus du Pubis , et sa consistence
étoit bien plus dure que dans l'état natu
rel , mais pour l'ouvrir dans toute son
étendue , et examiner plus scrupuleuse
ment toutes les parties du voisinage , et
de la dépendance de l'Operation , on a
ôté la vessie entiere avec le canal de l'ure
tre , le rectum , et la partie incisée par
la Taille.
Ensuite la vessie a été ouverte dans.
toute son étendue , depuis son fond jus
ques et au de-là de l'incision faite par la
Taille ; alors tout le corps de la vessie
nous ' a paru considerablement épaissi
on n'a trouvé dans sa cavité , ni pierre
ni fragment de celle qui avoit été tirée ,
il y avoit à la surface de sa tunique inter
ne plusieurs points blanchâtres et durs ,
quelques rugosités , mais aucun vestige
de contusion . Vers sa partie inferieure et
un peu plus du côté droit que
du gauche
,
II. Vol C IL
462 MERCURE DE FRANCE
3 il y avoit une tumeur carcinomateuse
fort dure , grosse comme un gros oeuf,
faisant corps avec la vessie même ,
aussi large par sa baze que par sa partie
saillante , et d'une étenduë assés grande
faire la vessie eut comme deux pour que
capacités , dont la plus grande étoit au
dessus du carcinôme. Prés de cette tu
meur , étoit une excroissance fongueuse
applatic , grosse et longue comme le petit
doigt , de la consistence du fongus qui
avoit été tiré avec la pierre , attaché par
un pedicule membraneux à la tunique
interne de la vessie , et flottante dans la
vessie , de façon qu'elle pouvoit tomber
dans l'incision .'
L'incision faite par la Taille étoit à la
fin de l'uretre et au cou de la vessie.
Mettant un doigt dans l'anus et un autre
dans l'incision ; on a vû que le rectum
n'avoit point été interessé, y ayant entre
deux une cloison fort épaisse : enfin en
examinant le trajet de l'incision-, nous
avons vû qu'il n'y avoit d'autre route
que celle qui conduisoit directement de
l'incision à la vessie , et qu'il n'y en avoit
point de fausse autour du rectum , ni
dans le tissu cellulaire des parties voisi
nes.
Comme nous reconnoissons dans le
II. Vel désordre
JUIN. 1731 . 146
désordre des parties dénommées au pre
sent rapport des causes de mort évidentes
et indépendentes de l'opération de la
Taille faite à M. le Commandeur de Jan
son , on n'a point fait l'ouverture de la
Poitrine ni de la Tête , et aucun de nous
ne l'a demandée. A Paris çe .27 . Avril
1731. et ont signés. Mrs. Winslow et Silva
Medecins , Guerin , Le Dran , Boudou ',
Pibrac , Morand , Verdier , Guerin fils
et Perchet , Chirurgiens .
L'Original a été remis à M. le Mar
quis de Janson , avec le dessein des parties
malades , qui ont été examinées dans une
sceance par l'Académie Royale des Scien
aussi bien celles dont est ques
tion dans le rapport suivant .
ces , que
Le Samedi 28. Avril 1731. nous Doc
teur en Medecine , et Chirurgiens de
Paris soussignés , nous sommes transpor
tés à l'Hôteld'Espagne, rue duColombier,
l'ouverture du corps de M.du Blai
sel , mort la nuit précedente, aprés avoir
été taillé le Lundi 23. dudit mois.
pour
A l'ouverture du bas- ventre , l'estomach
et les intestins ont paru dans leur état na
turel, les ayant écartés pour éxaminer la ré
gion de la vessie nous avons trouvé un
abscès considerable dans le tissu cellulaire
du peritoine entre l'endroit où l'uretere
>
I La Kol Cij gauche
3454 MERCURE DE FRANCE
gauche se jette dans la vessie et le lieu de
f'incision. La vessie ouverte depuis son
fond jusqu'au de - là de l'incision , elle
nous a paru saine ; mais à sa partie pos
terieure , et entre ses tuniques étoit un
sac plein d'un grand nombre de petites
pierres , et de ce sac il suintoit quelques
goutes de pus dans la vessie.
La supression totale des urines arrivée
la veille de sa mort ayant fait tourner
nos vûës vers les reins , nous avons trou
vé le rein droit en inflammation , et par
là augmenté considerablement du volu
me naturel ; de ce rein partoient deux
ureteres , dont les vaisseaux sanguins
étoient gonflés et en inflammation , ces
ureteres s'unissant ensemble à quelques
pouces de la vessie , n'avoient qu'une et
même insertion .
Au lieu du rein gauche qui étoit obli
teré, il y avoit une capsule membraneuse
avec deux ureteres, qui sans se confondre
alloient séparément à la vessie , l'un s'ou
vroit dans la vessie à l'ordinaire , l'autre
étoit bouché en haut par deux petites
pierres , et prés de la vessie par plusieurs
autres ; enfin au lieu de s'ouvrir dans la
vessie , il se terminoit dans le sac pierreux
qui étoit en suppuration .
Cette organisation particuliere nous
11. Val.
fair
JUIN.
1731. 1469
que
fait croire le rein droit étant attaqué
d'une inflammation qui a produit la ne
phretique , le gauche n'avoit pû supléer
à ses fonctions , puis qu'il n'y en avoit
point , de là la supression des urines , et
que
la même cause qui a formé dù pus
dans le sac pierreux , a pû donner lieu à
l'abscès du tissu cellulaire . A Paris ce 6 .
May 1731. et ont signés Sylva , Boudon ,
Verdier , Morand , Perchet.
LETTRE de M. Morand à M. de la R
' Ay l'honneur de vous envoyer,Mon
sieur, le rapport de l'ouverture de M.
de Janson, et j'execute les ordres positifs
que j'en ay reçû : ces Ordres sont si pré
cieux pour moi que je n'en puis retran
cher un mot , et je vous envoye en mê
me temps la Lettre de M. Mareschal qui
me les a signifiés .
· Je viens de rendre un compte exact de
votre Operation à son Eminence M. le Car
dinal , et des obstacles invincibles de
рои
voir guerir M. de Janson ; je lui ai ajouté
que vous aviés en raison de ne point tirer
la pierre , et que cet examen avoit étéfait en
presence de M. Chirac, cela lui a faitplaisir.
Son Eminence m'a dit qu'il falloit le dire
au Roy, ce que je feray ; la seconde chose
II. Vol.. Ciij que
1466 MERCURE DE FRANCE
que vous deviés en faire une Relation pré
cise et de tous les temoins , et en faire un
article dans les Nouvelles pour détromper
le Public. Voila ce que son Eminence m'a
dit, et je crois qu'elle pense juste . Je vous sa
lue & c. Mareschal. A Rambouillet le 25.
Avril 1731 .
Je vous envoye en même temps ,
Monsieur , la Rélation de l'ouverture de
M. du Blaisel , et je crois qu'avec ces deux.
Pieces il m'est permis de demander à
l'Auteur anonyme de la Lettre inserée
dans le Mercure de May , pag. 1135 .
raison des Réflexions qu'il a ajoutées au
détail des Operations de la Taille faites
à l'Hôpital de la Charité le 14. du mois.
passé.
Je n'avois pas plus promis cette année
cy que l'autre de faire la Taille par l'Ope
ration Laterale . L'Année derniere M ..
Mareschal trouva bon qu'on la fit , je l'ai
faite devant lui , et elle a reussi . Cette
année M. Mareschal a trouvé bon qu'on
ne fit
que le grand Appareil , j'en ai fait
deux , et j'ai gueri mes deux malades.
Ainsi cette année cy comme la précedente,,
j'ay obéi.
➤
Mais l'Anonyme avance que M. Ma
reschal qui connoit les inconveniens de l'ap
pareil Lateral , en disposa autrement , en
II. Vol. execu
JUIN. 1731. 1467
1
executant lui même,et faisant executer l'Opé
ration à la maniere ordinaire. Je demande
si l'Anonyme a ordre d'expliquer les mo
tifs de M. Mareschal , et pourquoy it
abuse gratuitement d'un nom si respec
table ; car personne ne peut connoître
les inconveniens de cette Opération .
que sur des éclaircissemens fournis par
la Theorie ou sur les faits de Pratique .
Sera-ce sur les éclaircissemens de Théorie?
M. Mareschal n'est pas encore determi
né , et M. le Comte de Broglio m'a fait
l'honneur de me dire que M. Mareschal
venoit de proposer plusieurs questions à
M. Cheselden , et qu'il a demandé qu'on
envoyât icy , s'il étoit possible , les Parties
de quelqu'un , mort aprés cette Opération .
Sera-ce sur les Faits de Pratique jusqu'à
l'Epoque deM . deJanson et du Blaisel De
Londres , M. Cheselden fournira le Mé
moire de soixante six Opérations dont
soixante -deux ont réussi à Paris il y en
a eu seize l'année passée , faites par M.
Perchet et moi , et quatorze malades ont
été gueris. Sera - ce sur l'Opération de
M. de Janson ? M. Mareschal m'or
donne lui-même de faire une Rélation
exacte de l'ouverture pour détromper
le Public. Sera-ce sur la Taille de M. du
Blaisel les singularitez qu'on voit dans
II. Vol.
C iiij l'ou
1468 MERCURE DE FRANCE
P'ouverture , pourroient seules justifier
l'Operation , qui d'ailleurs fut faite très
heureusement ; mais quand on suppo
seroit le contraire , il resteroit toujours
pour vrai , que nous en avons gueri
l'année passée quatorze de seize ; qui
sçait si quatorze taillés cette année à l'ap
pareil Lateral , immediatement aprés Mrs.
deJanson et du Blaisel , n'auroient pas été
gueris ? cela étoit aussi possible cette an
née-ci que l'autre. Sera-ce enfin sur les
réprésentations de quelques Chirurgiens
qui verroient avec peine les progrès de
cette Operation ? ceux qui sont à la tête
de la Chirurgie ne préfereront jamais l'in
terêt de quelques particuliers au bien
blic. Je conclus donc que l'Anonyme
a trés imprudemment compromis le nom
de M. Mareschal .
pu
C'est avec la même licence que l'Anony
me arrange la Chirurgie de l'Hôpital . Si
M. Mareschal avoit confié le soin de l'Hô
pital à M.Guerin le Pere , comme il le dit, je
ne jouirois point de la place de Chirurgien
en Chef, dont j'ai été pourvu sur la présen
tation de M.Mareschal , mais j'enjoüis com
me auparavant, et si je ne puis assurer que
j'aye merité les faveurs de M. Mares
chal , au moins puis- je assurer qu'il ne me
les a pas retiré.
II. Vol. L'Anonyme
JUIN. 1731 1469
L'Anonyme finit ses Reflexions en
'disant , que les Pauvres serviront d'instruc
tion aux éleves sans être leurs victimes. Si
cela roule sur la Taille Laterale , comme
il n'y a pas lieu d'en douter, c'est à vous ,
M. à me vanger de cette noirceur , en rap
pellant les Faits que vous avés imprimés
l'année derniere..
L'Anonyme auroit pû terminer sa nar
ration, en disant que M. Mareschal veut de
plus amples éclaircissemens sur l'Opera
tion Laterale. C'est faire l'Eloge de sa pru
dence ; mais nous ajoutons que quand l'ex
cellence de cette Opération sera bien prou
vée ,M. Mareschal toujours plein de zéle et
daffection pour les Pauvres , voudra non ṣeu
lementy être présent, mais la fera peut être lui
même. Je suis , Monsieur , Vôtre &c.
A Paris ce 10. Fuin . 1731.
Taille
par l'appareil Lateral, luë par M.
Morand à la rentrée publique de l'Aca
démie Royale des Sciences d'aprés Pâques .
hhhhhhhh
N
Ous avons donné dans le Mercure
du mois de Decembre 1729. une
Lettre de M. Morand , dans laquelle il
expose les motifs de son Voyage à Lon
dres , et se déclare Partisan de la Taille
Laterale qu'il a vû pratiquer par M. Che
selden , cèlebre Chirurgien Anglois. M.
Morand ayant fait sur les Cadavres tou
tes les expériences nécessaires , pour exa
miner à fond cette Operation sur les
notions que les Conferences qu'il avoit
eûes avec M. Cheselden , et que ses
lettres lui avoient données ; il la pro
que
posa à M. Maréchal premier Chirurgien
du Roy. Sous ses yeux et en présence
de plusieurs Académiciens , Medecins ,
et Chirurgiens , cette Operation se fit
l'année derniere à Paris avec grand suc
cès , et nous en avons rendus compte
dans le Mercure du mois d'Aoust 1730.
de quinze Malades taillées à l'appareil La
teral par M. Morand et Perchet , douze
II. Vol. étoient
1454 MER CURE DE FRANCE
étoient gueris , M. le Muet étoit en voye
de guérison , et a été parfaitement guéri .
Depuis ce temps là M. Perchet en a taillé
un à Louviers , et l'a bien guéri ; de sorte
que voilà seize Operations bien avérées
dont quatorze ont réussies tout au mieux ,
il n'est mort que deux personnes , et des
quatorze guéris , il y avoit quatre sujets
en trés mauvais état , lorsqu'ils furent
taillés. M. Maréchal fut si content de
ces Operations qu'il écrivit à M. Morand
de venir à Marly , afin de le présenter à
son Eminence M. le Cardinal de Fleury ,
2
qui les pierres furent montrées , et qui
exorta M. Morand à continuer.
En 1729. M. Morand avoit lû à l'Aca
démie les lettres de M. Cheselden
dans lesquelles il détailloit sa Methode
et répondoit à toutes les difficultés qu'ont
lui avoit faites . En 1730. M. Cheselden
a publié lui même sa Methode dans une
petite Dissertation en Anglois , dans la
quelle il nous apprend qu'aprés avoir
essayé toutes les Methodes de la Taille,
et les avoir comparées , il s'est dévoué
toujours à celle- cy, qu'il a reconnu la meil
feure. La voici rapportée par lui - même .
pour
Je lie le Malade comme au grand appa
reil , aprés l'avoir couché sur une Table ho
risontale de la hauteur de trois pieds , ayant
ر ا
IL. Vol. seulement:
JUIN. 1731. 455
seulement laTête un peu élevée,jefais d'abord
une incision aux tegumens , aussi longue qu'il
est possible , en commençant prés l'endroit
où elle finit au grand appareil , je continue
de couper de haut en bas , inter musculos.
acceleratorem urinæ et erectorem penis ,
et à côté de l'intestin Rectum , je tâte ensuite
pour trouver la sonde sur laquelle je coupe.
le long de laglande Prostate , en continuant
jusqu'à la véssie et assuje tissant le Rectum en
bas pendant tout le temps de l'Operation, avec
un ou deux doigts de la main gauche le
reste comme dans l'ancienne Méthode &c.
Dans la Dissertation lüe par M. Mo
rand à l'Académie , il ajoute à cette Des
cription donnée par M. Cheselden quel
ques particularités qui sont dans ses let
tres écrites pour l'Académie , il cite la
sçavante These de M. Falconet , au sujet
des raisons de préferer l'appareil Lateral.
au grand , il ajoute à ces motifs de pré
ference
, que le manuel de cette. Opera
tion lui a paru plus facile et plus sur ,
que dans l'appareil Lateral on coupe
certaines parties qu'on déchire dans le
grand ; qu'enfin ceux qui en ont été
guéris , n'ont eu de reste , ni fistule , ni
incontinence d'urine , et s'engage de faire.
voir les avantages de cette Operation dans
un Traité qu'il donnera exprés sur cette
matiere, Ensuite
1456 MERCURE DE FRANCE
Ensuite il donne à l'Académie quel
ques observations qui regardent la partie
Historique de cette Opération . Dans la
premiere est contenue presque toute la
vie de Frere Jacques , que M. Morand
a suivi par tout par ses Récherches ; ce
sont ces mêmes Récherches qui lui ont
fait voir , pour ainsi dire , deux Freres
Jacques ; à ne le connoître que sur le rap
port de M. Mery , son Operation est in
certaine , et il faut la répudier , ce sont
les mots de M. Morand même dans sa
lettre du Mercure de Decembre 1629 .
mais M. Morand a eu le bonheur de dé
couvrir deux Pieces fugitives sur l'Ope
ration de Frere Jacques que deux de
ses Confreres se sont fait un plaisir de
lui communiquer. L'une est un Ma
nuscrit de M. Hunaud , celebre Me
decin d'Angers , qui avoit vû tailler le
Frere Jacques à Angers , et qui avoit
pris la plume pour le déffendre contre
M. Mery ; l'autre est un Ouvrage de Fre
re Jacques même imprimé en 7. à 8. pag.
et dont les exemplaires sont devenus fort
rares. Dans ces deux ouvrages , l'incision
de Frere Jacques est nettement détermi
née il y est bien positivement énoncé
que Frere Jacques avoit rectifié son Opé
ration , substitué une sonde crénelée à
II. Vol. La
JUIN.
1457 1731 .
la sonde informe qu'il employoit d'abord ,
et trouvé le moyen de couper toujours le
col de laVessie. Voilà dans l'Histoire de F.
Jacques 2. Epoques bien differentes pour
son Operation , de laquelle nous serions de
meurés en possession sans nôtre vivacité.
La seconde Observation de M. Mo
rand' roule sur l'Operation de M. Rau ;
M. Morand pense que celle-cy est celle
de Frere Jacques rectifiée. 1 °. On ne
peut pas prouver le contraire , parceque
M. Rau ne donnoit point d'éclaircisse
ment de sa Méthode , que M. Rau est
mort en 1719. sans la publier luy-même ,
et qu'elle a été donnée par un autre Pro
fesseur , enfin qu'on ne voit nulle part ;
suivant la rémarque du Docteur Douglas ,
des Observations tirées de l'ouverture
des Cadavres. 2 °. On peut prouver que
cela est ainsi , parceque selon M. Albi
nus même , M. Rau et le Frere Jacques
faisoient tous deux l'incision dans le mê
me endroit, et que M.Rau ,pressé par ceux
qui l'interrogeoient sur son Operation ,
leur disoit , lisés Celse. Or il est facile
de prouver que Frere Jacques tailloit
par la Méthode de Celse.
La troisiéme Observation de M. Mo
rand est employée à expliquer cette es
pece
de Paradoxe sur la Méthode de Cel
II. Vol
se
4458 MERCURE DE FRANCE
se. M. Morand ne demande autre chose
pour cela , sinon qu'on lise avec atten
tion , et sans préjugé , le septiéme Livre
de cet Atiteur , Chap. 26. Sect. 2. on ver
ra que l'incision exterieure de Celse est
oblique et prés de l'Anus , et que l'inte
rieure interesse le col de la Vessie. Voilà
ce que fait l'appareil Lateral , et ce que ne
fait point le grand appareil. M. Morand
convient que cette Analogie a été apper
çue par M. Mery , M. Freind , M. Dou
glas , M. Falconet. Il résulteroit de-là
que l'appareil Lateral qui paroît une nou
velle Méthode seroit la plus ancienne.
M. Morand finit sa Dissertation en ré
capitulant les Opérations pratiquées par
cette Méthode depuis le mois de Mars
1727. jusqu'à la fin de 1730. Dans l'Ap
pendix de M. Cheselden , on lit les noms
de 46. Malades qu'il avoit taillés dans
l'Hôpital de S. Thomas , et dont il n'avoit
perdu que deux , M. Morand venoit de
récevoir la Liste posterieure à celle- cy ,
dans laquelle il y en a vingt de taillés ,
dont il n'est mort que deux : en la joignant
à la premiere Liste de M. Cheselden , et
à celle de M. Morand , il se trouve de
compte fait en Mars 173 1. quatre- vingt
deux personnes taillées par l'appareil La
teral , depuis Mars 1727. dont il n'est
II. Vol
mort
JUIN. 1731
1459
mort que fix , et soixante et seize ont été
parfaitement gueries , dont dix de diffe
rens âges , depuis 40. jusqu'à 67. ans.
Tels étoient les progrès de l'appareil
Lateral à Paris , lorsque M. Morand lût
sa Dissertation à l'Académie Royale des
Sciences. Depuis ce temps là , il a fair
cette Operation à M. de Janson et Du
blaisel qui sont morts six jours aprés
l'Operation. L'Ouverture de leur corps
a été faite , l'Académie Royale des Scien
ces a examiné les choses , Mrs. Chirac et
Maréchal ont vû ce qui concernoit M,
de Janson . Voici le rapport de ces deux
Ouvertures .
DETAIL de ce qui s'est trouvé à l'ou
verture de Mrs de Janson et du Blaisel.
Le 24. Avril 1731. Nous Docteurs en
Medecine , et Chirurgiens de Paris , nous
sommes transportés à neuf heures du soir
à l'Archevêché pour l'ouverture du corps
de Feu M. le Commandeur de Janson ,
mort ledit jour à neuf heures du matin
aprés avoir été taillé le Jeudi précedent
dix- neuf dudit mois et nous déclarons
avoir réconnu ce qui est détaillé à nôtre
present rapport par l'ouverture faite en
nôtre presence par M. Verdier , Chirur
ر
.
11. Vol.
gien
1460 MERCURE DE FRANCE
juré et DémonstrateurRoyal enAnatomie.
Le corps exposé sur une Table nous
n'avons vû aux parties voisines de la
playe , ni lividité , ni tension , en aucune
region du bas -ventre ni élevation ni gon
Alement , la région de la vessie étant au
contraire plate , enfoncée , et molete.
A l'ouverture du ventre il nous'a paru
à la premiere inspection qu'il n'y avoit ,
ni aux entrailles , ni à la vessie vers le
peritoine , ni au tissu cellulaire qui l'en
vironne , aucune Phlogose , inflammation,
ou marque de gangréne .
Les intestins étant ôtés du ventre , les
Reins ont été examinés , et on a trouvé
le droit diminué de la moitié de son vo
lume naturel , et sa substance glan
duleuse fondue , de sorte que l'on ne
distinguoit plus interieurement que les
sacs des entonnoirs qui étoient fort dila
tés aussi bien que les bassinets , et rem
plis d'une liqueur noire , puante , et mê
lée de quelques matieres glaireuses et
purulentes. L'uretere du même côté
dilaté depuis sa sortie du Rein jusqu'à
son insertion à la vessie , et étranglé en
quelques endroits par plusieurs infléxions
contre nature ; enfin sa trace le long du
muscle Psoas , marquée par une tache
livide et assés profonde dans la substance
II. Vol
de
JUIN. 1731. 1461
de ce muscle , dont le reste étoit de la
couleur et rougeur naturelle.
Le Rein gauche avoit les mêmes sin
gularités que le droit , mais il étoit plus
maigre et plus fondu , plein d'un pus trés
fætide , et d'un blanc sale. L'uretere de
ce côté étoit un peu moins malade que
l'autre.
La vessie nous parut s'élever assés haut
au dessus du Pubis , et sa consistence
étoit bien plus dure que dans l'état natu
rel , mais pour l'ouvrir dans toute son
étendue , et examiner plus scrupuleuse
ment toutes les parties du voisinage , et
de la dépendance de l'Operation , on a
ôté la vessie entiere avec le canal de l'ure
tre , le rectum , et la partie incisée par
la Taille.
Ensuite la vessie a été ouverte dans.
toute son étendue , depuis son fond jus
ques et au de-là de l'incision faite par la
Taille ; alors tout le corps de la vessie
nous ' a paru considerablement épaissi
on n'a trouvé dans sa cavité , ni pierre
ni fragment de celle qui avoit été tirée ,
il y avoit à la surface de sa tunique inter
ne plusieurs points blanchâtres et durs ,
quelques rugosités , mais aucun vestige
de contusion . Vers sa partie inferieure et
un peu plus du côté droit que
du gauche
,
II. Vol C IL
462 MERCURE DE FRANCE
3 il y avoit une tumeur carcinomateuse
fort dure , grosse comme un gros oeuf,
faisant corps avec la vessie même ,
aussi large par sa baze que par sa partie
saillante , et d'une étenduë assés grande
faire la vessie eut comme deux pour que
capacités , dont la plus grande étoit au
dessus du carcinôme. Prés de cette tu
meur , étoit une excroissance fongueuse
applatic , grosse et longue comme le petit
doigt , de la consistence du fongus qui
avoit été tiré avec la pierre , attaché par
un pedicule membraneux à la tunique
interne de la vessie , et flottante dans la
vessie , de façon qu'elle pouvoit tomber
dans l'incision .'
L'incision faite par la Taille étoit à la
fin de l'uretre et au cou de la vessie.
Mettant un doigt dans l'anus et un autre
dans l'incision ; on a vû que le rectum
n'avoit point été interessé, y ayant entre
deux une cloison fort épaisse : enfin en
examinant le trajet de l'incision-, nous
avons vû qu'il n'y avoit d'autre route
que celle qui conduisoit directement de
l'incision à la vessie , et qu'il n'y en avoit
point de fausse autour du rectum , ni
dans le tissu cellulaire des parties voisi
nes.
Comme nous reconnoissons dans le
II. Vel désordre
JUIN. 1731 . 146
désordre des parties dénommées au pre
sent rapport des causes de mort évidentes
et indépendentes de l'opération de la
Taille faite à M. le Commandeur de Jan
son , on n'a point fait l'ouverture de la
Poitrine ni de la Tête , et aucun de nous
ne l'a demandée. A Paris çe .27 . Avril
1731. et ont signés. Mrs. Winslow et Silva
Medecins , Guerin , Le Dran , Boudou ',
Pibrac , Morand , Verdier , Guerin fils
et Perchet , Chirurgiens .
L'Original a été remis à M. le Mar
quis de Janson , avec le dessein des parties
malades , qui ont été examinées dans une
sceance par l'Académie Royale des Scien
aussi bien celles dont est ques
tion dans le rapport suivant .
ces , que
Le Samedi 28. Avril 1731. nous Doc
teur en Medecine , et Chirurgiens de
Paris soussignés , nous sommes transpor
tés à l'Hôteld'Espagne, rue duColombier,
l'ouverture du corps de M.du Blai
sel , mort la nuit précedente, aprés avoir
été taillé le Lundi 23. dudit mois.
pour
A l'ouverture du bas- ventre , l'estomach
et les intestins ont paru dans leur état na
turel, les ayant écartés pour éxaminer la ré
gion de la vessie nous avons trouvé un
abscès considerable dans le tissu cellulaire
du peritoine entre l'endroit où l'uretere
>
I La Kol Cij gauche
3454 MERCURE DE FRANCE
gauche se jette dans la vessie et le lieu de
f'incision. La vessie ouverte depuis son
fond jusqu'au de - là de l'incision , elle
nous a paru saine ; mais à sa partie pos
terieure , et entre ses tuniques étoit un
sac plein d'un grand nombre de petites
pierres , et de ce sac il suintoit quelques
goutes de pus dans la vessie.
La supression totale des urines arrivée
la veille de sa mort ayant fait tourner
nos vûës vers les reins , nous avons trou
vé le rein droit en inflammation , et par
là augmenté considerablement du volu
me naturel ; de ce rein partoient deux
ureteres , dont les vaisseaux sanguins
étoient gonflés et en inflammation , ces
ureteres s'unissant ensemble à quelques
pouces de la vessie , n'avoient qu'une et
même insertion .
Au lieu du rein gauche qui étoit obli
teré, il y avoit une capsule membraneuse
avec deux ureteres, qui sans se confondre
alloient séparément à la vessie , l'un s'ou
vroit dans la vessie à l'ordinaire , l'autre
étoit bouché en haut par deux petites
pierres , et prés de la vessie par plusieurs
autres ; enfin au lieu de s'ouvrir dans la
vessie , il se terminoit dans le sac pierreux
qui étoit en suppuration .
Cette organisation particuliere nous
11. Val.
fair
JUIN.
1731. 1469
que
fait croire le rein droit étant attaqué
d'une inflammation qui a produit la ne
phretique , le gauche n'avoit pû supléer
à ses fonctions , puis qu'il n'y en avoit
point , de là la supression des urines , et
que
la même cause qui a formé dù pus
dans le sac pierreux , a pû donner lieu à
l'abscès du tissu cellulaire . A Paris ce 6 .
May 1731. et ont signés Sylva , Boudon ,
Verdier , Morand , Perchet.
LETTRE de M. Morand à M. de la R
' Ay l'honneur de vous envoyer,Mon
sieur, le rapport de l'ouverture de M.
de Janson, et j'execute les ordres positifs
que j'en ay reçû : ces Ordres sont si pré
cieux pour moi que je n'en puis retran
cher un mot , et je vous envoye en mê
me temps la Lettre de M. Mareschal qui
me les a signifiés .
· Je viens de rendre un compte exact de
votre Operation à son Eminence M. le Car
dinal , et des obstacles invincibles de
рои
voir guerir M. de Janson ; je lui ai ajouté
que vous aviés en raison de ne point tirer
la pierre , et que cet examen avoit étéfait en
presence de M. Chirac, cela lui a faitplaisir.
Son Eminence m'a dit qu'il falloit le dire
au Roy, ce que je feray ; la seconde chose
II. Vol.. Ciij que
1466 MERCURE DE FRANCE
que vous deviés en faire une Relation pré
cise et de tous les temoins , et en faire un
article dans les Nouvelles pour détromper
le Public. Voila ce que son Eminence m'a
dit, et je crois qu'elle pense juste . Je vous sa
lue & c. Mareschal. A Rambouillet le 25.
Avril 1731 .
Je vous envoye en même temps ,
Monsieur , la Rélation de l'ouverture de
M. du Blaisel , et je crois qu'avec ces deux.
Pieces il m'est permis de demander à
l'Auteur anonyme de la Lettre inserée
dans le Mercure de May , pag. 1135 .
raison des Réflexions qu'il a ajoutées au
détail des Operations de la Taille faites
à l'Hôpital de la Charité le 14. du mois.
passé.
Je n'avois pas plus promis cette année
cy que l'autre de faire la Taille par l'Ope
ration Laterale . L'Année derniere M ..
Mareschal trouva bon qu'on la fit , je l'ai
faite devant lui , et elle a reussi . Cette
année M. Mareschal a trouvé bon qu'on
ne fit
que le grand Appareil , j'en ai fait
deux , et j'ai gueri mes deux malades.
Ainsi cette année cy comme la précedente,,
j'ay obéi.
➤
Mais l'Anonyme avance que M. Ma
reschal qui connoit les inconveniens de l'ap
pareil Lateral , en disposa autrement , en
II. Vol. execu
JUIN. 1731. 1467
1
executant lui même,et faisant executer l'Opé
ration à la maniere ordinaire. Je demande
si l'Anonyme a ordre d'expliquer les mo
tifs de M. Mareschal , et pourquoy it
abuse gratuitement d'un nom si respec
table ; car personne ne peut connoître
les inconveniens de cette Opération .
que sur des éclaircissemens fournis par
la Theorie ou sur les faits de Pratique .
Sera-ce sur les éclaircissemens de Théorie?
M. Mareschal n'est pas encore determi
né , et M. le Comte de Broglio m'a fait
l'honneur de me dire que M. Mareschal
venoit de proposer plusieurs questions à
M. Cheselden , et qu'il a demandé qu'on
envoyât icy , s'il étoit possible , les Parties
de quelqu'un , mort aprés cette Opération .
Sera-ce sur les Faits de Pratique jusqu'à
l'Epoque deM . deJanson et du Blaisel De
Londres , M. Cheselden fournira le Mé
moire de soixante six Opérations dont
soixante -deux ont réussi à Paris il y en
a eu seize l'année passée , faites par M.
Perchet et moi , et quatorze malades ont
été gueris. Sera - ce sur l'Opération de
M. de Janson ? M. Mareschal m'or
donne lui-même de faire une Rélation
exacte de l'ouverture pour détromper
le Public. Sera-ce sur la Taille de M. du
Blaisel les singularitez qu'on voit dans
II. Vol.
C iiij l'ou
1468 MERCURE DE FRANCE
P'ouverture , pourroient seules justifier
l'Operation , qui d'ailleurs fut faite très
heureusement ; mais quand on suppo
seroit le contraire , il resteroit toujours
pour vrai , que nous en avons gueri
l'année passée quatorze de seize ; qui
sçait si quatorze taillés cette année à l'ap
pareil Lateral , immediatement aprés Mrs.
deJanson et du Blaisel , n'auroient pas été
gueris ? cela étoit aussi possible cette an
née-ci que l'autre. Sera-ce enfin sur les
réprésentations de quelques Chirurgiens
qui verroient avec peine les progrès de
cette Operation ? ceux qui sont à la tête
de la Chirurgie ne préfereront jamais l'in
terêt de quelques particuliers au bien
blic. Je conclus donc que l'Anonyme
a trés imprudemment compromis le nom
de M. Mareschal .
pu
C'est avec la même licence que l'Anony
me arrange la Chirurgie de l'Hôpital . Si
M. Mareschal avoit confié le soin de l'Hô
pital à M.Guerin le Pere , comme il le dit, je
ne jouirois point de la place de Chirurgien
en Chef, dont j'ai été pourvu sur la présen
tation de M.Mareschal , mais j'enjoüis com
me auparavant, et si je ne puis assurer que
j'aye merité les faveurs de M. Mares
chal , au moins puis- je assurer qu'il ne me
les a pas retiré.
II. Vol. L'Anonyme
JUIN. 1731 1469
L'Anonyme finit ses Reflexions en
'disant , que les Pauvres serviront d'instruc
tion aux éleves sans être leurs victimes. Si
cela roule sur la Taille Laterale , comme
il n'y a pas lieu d'en douter, c'est à vous ,
M. à me vanger de cette noirceur , en rap
pellant les Faits que vous avés imprimés
l'année derniere..
L'Anonyme auroit pû terminer sa nar
ration, en disant que M. Mareschal veut de
plus amples éclaircissemens sur l'Opera
tion Laterale. C'est faire l'Eloge de sa pru
dence ; mais nous ajoutons que quand l'ex
cellence de cette Opération sera bien prou
vée ,M. Mareschal toujours plein de zéle et
daffection pour les Pauvres , voudra non ṣeu
lementy être présent, mais la fera peut être lui
même. Je suis , Monsieur , Vôtre &c.
A Paris ce 10. Fuin . 1731.
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Résumé : EXTRAIT de la Dissertation sur la Taille par l'appareil Lateral, luë par M. Morand à la rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences d'aprés Pâques.
En 1729, M. Morand a présenté à l'Académie Royale des Sciences une méthode de taille latérale inspirée par les travaux du chirurgien anglais M. Cheselden. Après des expériences sur des cadavres, M. Morand a réalisé cette opération à Paris avec succès, sous la supervision de M. Maréchal, premier chirurgien du roi, et en présence de plusieurs académiciens, médecins et chirurgiens. En 1730, sur quinze malades opérés par M. Morand et Perchet, douze ont été guéris et deux autres étaient en voie de guérison. M. Cheselden a publié sa méthode en 1730, détaillant une incision latérale qu'il jugeait la plus efficace. M. Morand a ajouté des particularités à cette description, soulignant les avantages de la taille latérale, comme l'absence de fistule ou d'incontinence urinaire chez les guéris. M. Morand a exploré l'histoire de cette opération, découvrant des documents sur Frère Jacques et M. Rau, confirmant l'efficacité de la méthode latérale. Il a recapitulé les opérations réussies, totalisant 82 personnes taillées par cette méthode entre mars 1727 et mars 1731, avec seulement six décès. En avril 1731, M. Morand a opéré M. de Janson et Du Blaisel, qui sont décédés six jours après l'opération. Les autopsies ont révélé des causes de mort indépendantes de l'opération, confirmant l'absence de complications liées à la taille latérale. Les rapports d'autopsie ont été examinés par l'Académie Royale des Sciences. L'autopsie de M. de Janson, réalisée le 23 mai 1731, a révélé plusieurs anomalies. Un abcès considérable a été trouvé dans le tissu cellulaire du péritoine entre l'uretère gauche et le lieu de l'incision. La vessie, ouverte depuis son fond jusqu'au-delà de l'incision, semblait saine mais contenait un sac rempli de petites pierres et de pus. L'absence d'urines la veille du décès a orienté l'examen vers les reins. Le rein droit était enflammé et augmenté de volume, avec deux uretères s'unissant avant de se connecter à la vessie. Le rein gauche était oblitéré, remplacé par une capsule membraneuse avec deux uretères, l'un bouché par des pierres. Ces anomalies ont conduit à la suppression des urines et à la formation de pus dans le sac pierreux. L'autopsie a été signée par plusieurs médecins, dont Sylva, Boudon, Verdier, Morand et Perchet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 206
Lettre de M. Delaplaine, Chirurgien de M. de Thomond, écrite de Bordeaux, en date du 22 Octobre, à M. Keyser,
Début :
J'ai eu l'honneur de vous informer par mes précédentes, Monsieur, que j'avois entrepris [...]
Mots clefs :
Maladie, Soins, Dragées, Traitements, Succès, Guérison
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texteReconnaissance textuelle : Lettre de M. Delaplaine, Chirurgien de M. de Thomond, écrite de Bordeaux, en date du 22 Octobre, à M. Keyser,
Lettre de M. Delaplaine , Chirurgien de M.
de Thomond , écrite de Bordeaux , en date du
22 Octobre , à M. Keyfer,
>
J'ai eu l'honneur de vous informer par mes
précédentes , Monfieur , que j'avois entrepris de
traiter avec vos dragées, deux filles , dont l'état extrêmement
fâcheux étoit connu , & au fçu de
toute la Ville de Bordeaux ; qu'avant de les comcommencer
, je les avois préfentées à MM. de la
Montagne & Betbeder , Docteur en médecine
qui avoient eu la bonté de conftater avec moi l'état
cruel où ces deux malheureuſes fe trouvoient.
Sans rentrer dans les détails que je vous en ai fait ,
ni vous importuner de ceux des traitemens que j'aî
conduits , je crois n'avoir rien de mieux à faire
que de vous envoyer les certificats de Meffieurs
les Médecins ci - deffus nommés , par lefquels
Vous verrez la guérifon de ces deux filles , & le
fuccès de vos dragées entre mes mains . Ces traite
mens ont été comme publics : les filles font
trop connues dans la ville & à la Comédie , pour
que l'on puiffe révoquer leur guérifon en
doute les fuffrages n'ont point été mandiés , &
je crois pouvoir vous affurer que leur état & leur
curé n'ont pas laiffé que de faire du bruit dans
cette Ville.
de Thomond , écrite de Bordeaux , en date du
22 Octobre , à M. Keyfer,
>
J'ai eu l'honneur de vous informer par mes
précédentes , Monfieur , que j'avois entrepris de
traiter avec vos dragées, deux filles , dont l'état extrêmement
fâcheux étoit connu , & au fçu de
toute la Ville de Bordeaux ; qu'avant de les comcommencer
, je les avois préfentées à MM. de la
Montagne & Betbeder , Docteur en médecine
qui avoient eu la bonté de conftater avec moi l'état
cruel où ces deux malheureuſes fe trouvoient.
Sans rentrer dans les détails que je vous en ai fait ,
ni vous importuner de ceux des traitemens que j'aî
conduits , je crois n'avoir rien de mieux à faire
que de vous envoyer les certificats de Meffieurs
les Médecins ci - deffus nommés , par lefquels
Vous verrez la guérifon de ces deux filles , & le
fuccès de vos dragées entre mes mains . Ces traite
mens ont été comme publics : les filles font
trop connues dans la ville & à la Comédie , pour
que l'on puiffe révoquer leur guérifon en
doute les fuffrages n'ont point été mandiés , &
je crois pouvoir vous affurer que leur état & leur
curé n'ont pas laiffé que de faire du bruit dans
cette Ville.
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Résumé : Lettre de M. Delaplaine, Chirurgien de M. de Thomond, écrite de Bordeaux, en date du 22 Octobre, à M. Keyser,
M. Delaplaine, chirurgien de M. de Thomond, adresse une lettre à M. Keyfer depuis Bordeaux le 22 octobre. Il y relate le traitement de deux jeunes filles dont l'état de santé préoccupant était connu dans toute la ville. Avant de commencer le traitement, Delaplaine a présenté les patientes à MM. de la Montagne et Betbeder, docteur en médecine, qui ont confirmé leur état critique. Il ne détaille pas les traitements mais envoie les certificats médicaux attestant la guérison des deux filles grâce aux dragées de M. Keyfer. Les traitements ayant été publics, la guérison des patientes, bien connues à Bordeaux et à la Comédie, est incontestable. Leur état et leur rétablissement ont suscité une grande attention dans la ville.
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4
p. 69-70
LOGOGRYPHE.
Début :
Lecteur, tu me connois ; je suis dans ta maison [...]
Mots clefs :
Escalier