A MADAME LA COMTESSE D'ALEGRE.

Texte

Périodique :

Mercure galant 1

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janvier 1694

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Page(s) :

244-251

Reconnaissance textuelle :

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Vous avezraison,Madame, d'estre inquiète de la santé d'une des plus illustres personnes de vostresexe.Madame
des Houlieres, donton a publié la mort dans vostre Province, est encore pleine de
vie;mais elle est toujours actaquée d'un mal facheux qui
alarme ses amis, quoy qu'il y
ait tout lieu d'esperer que les
remedes & les foins que prennent d'elle des Medecins très-
habiles la rétabliront danssa
premiere fanté. Comme vous
recherchez curieusement tous
ses ouvrages, je vous envoye
l'Epitre que vous m'avez demandée. C'est une réponse à
une Lettre quo Madame la
Comtessed'Alegreluy avoit
écrite sur l'Epitre à Mr Arnaut, Fermier General, où elle
la loüoit de ce quelle yavoit
mis tous les Tresors des Indes. -
-
A MADAME
LA COMTESSE
D'ALEGRE.
Non
,
chômante Iris, dans
ma Lettre, je.nay point employé lesprecieux
tresors
J>)ue l'Inde étalesurses bordi.
JVand on veut parler jujlt, on ne
sçauroit les mettre
JOue dans l'cxprtffioll des brillantes
couleurs,
.tuifontqueleç plus vivesfleuis
Avec vostre beau teint n'oferoientfi
commettre.
S'il arrivequ'un jourjechante dans
mes Vers
Ce teint «toujours * vainqueur des plus
affreux hivers, ne poufrdy-jepointlà-deas me
promettre?
Des rofis dont à fin reveil
La jeune Amante deCepkale
Seme la route du Soleil,
Des pleurs dont J'enrichit la Mer 0-
rientale,
hors que fin tendre cceur ditefie le
fimmeil
D'un vieux Epouxcontraint de devenir Cigii,-', leprendraylafraifcheur, le blanc,
& le vermeil,
Pour composer un teint àvofire teint
pariil,
Etje ne fcray rien cependant qui ïégale.
Ces precieufcs gouttes d'eau,
Jgue la brûlante ardeur du celefie
lfambeau rein Durcitdansle(tinde 14la terrerre,
Les Diamans
,
ces beaux caidoux
Du feu de VII regards, ce feu brillant& doux.
Plus à craindrepartout que lesftux
du T9nnerre,
Serviront à peindre l'éclat,
Et dans la dureté qui leur ejl nllfNrelie,
Ptut-ejlre trouverois-je à faire un
parallèle
D'un cœur que mille Amans accufçnt
defireingrat.
Pourfeindre la beautéde cette tresse
blonde„
J>)ue les jeunesZephirs, ces petits
imprudens
,
Rendent quelquefois vagabondey
Jeprendrayle Soleillorsqu'ausortis
de l'onde
Le bain IIUTa rendu ses rayons plus
ardens.
Iris, quandje je voudray pdrler de
voflre bouche,
Le rougedu Rubis fera d'ungrand
fccours»
Ce beau rougesivif, qu'on craint
presque toujours
Dese brûlerquand onytouche.
Voilà pour vous, aimable Iris,
Ce qu'on peutempruntersurleRivA" geMore9
Maisaceriche amas de rayons,de
Rubis,
De Diamans
,
de fleurs, qu'on vient
de voir éclore,
Et de Pertes que font les larmes de
VAurore
,
Lors qu'elle les répand dans le fein
de Thetis, Ilmanquequelquechose encore.
CeJÎun ejpritfoltde>agreable, Ilcvl,
J>)ui ne cherche point a
paroistre
>
Et qui par un excellent Maïflre
Futdés leberceau cultivé.
C'ejf uncœurgenereux,(incereadroit
dr tendre,
Toujours parla vertu conduit r7 préfeivé
D'un dangereuxpoifonpour les cœurs rejervt,
,,,ai d'abord les réduit en cendre,
09 tout celapeut-ilseprendre ?
Iris, quandje l'auray IrQuvé,
Le portrait que pour vous je brIlle
d'entreprendre,
Sera si ressemblant &Jibienachevée
J^u'on ne pourralas syméprendre

Titre et contenu

Titre:

A MADAME LA COMTESSE D'ALEGRE.

Titre d'après la table:

Lettre en Vers de Madame des Houlieres.

Premiers mots: Vous avez raison, Madame, d'estre inquiete de la santé / Non, charmante Iris, dans ma Lettre, [...] Mots clefs: Iris, Inde, Teint, Éclat, Beauté, Portrait

Forme et genre

Langue: FrançaisForme: Vers

Type d'écrit journalistique: Poésie

Genre littéraire: Épître, Lettre en vers

Auteur et provenance du texte

Est rédigé par: Madame des Houlieres (Antoinette Deshoulières) Genre de l'auteur: Femme

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