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1
p. 164-172
SUR LES VICTOIRES DU ROY.
Début :
Venons aux Vers que Mr de Corneille l'aisné a presentez [...]
Mots clefs :
Conquêtes, Roi, Feuille volante, Victoires, Parélie, Ennemis
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texteReconnaissance textuelle : SUR LES VICTOIRES DU ROY.
Ve- nons aux Vers que Mr deCor- neille l'aiſné a preſentez au Roy fur ces Conqueſtes. Je - pourrois me diſpenſerde vous les envoyer , parce qu'ils font imprimez ; mais comme ils ne le font qu'en feüille volante, il eſt bon devousdonner lieu de
les conſerver &d'ailleurs fi le mot de Parélie a embaraſſé
quelqu'une de vos Dames de Province , vous leur en ferez
voir l'explication dans le cha-
120 LE MERCVRE
;
gement des deux Vers où ce moteſtoit employé.
SUR LES VICTOIRES
Du ROY.
E vous l'avois bien dit , Enne- IE mis de la France ,
Quepour vous la Victoire auroit
peu de constance ,
Etque de Philisbourgàvos armes
rendu
Lepéniblefuccésvous feroit cher
vendu.
Apeine la Campagne aux Zéphirs est ouverte ,
Et trois Villes déjareparent nostre
perte ;
Trois Villes dont la moindre cust
pûfaire unEtat ,
Lors que chaque Province avoit
fon Potentat ;
Trois
GALANT. 121
Trois Villes qui pouvoient tenir
autantd'années ,
Si le Cielà Loüis ne les eust destinées Et commefi leur priſe étoit trop
peupournous,
Mont-Caffelvous apprendceque peſent nos coups.
Loürs n'aqu'àparoiſtre, &vos Murailles tombent ,
Iln'a qu'àdonner l'ordre, &vas
Hérosfu combent ;
Et tandis quefa gloire arreſte en d'autres lieux
L'honneurdeſapresence, &l'ef- fortdesesyeux ,
L'Ange de qui le brasfoûtientfon Diademe
Vous terraſſe pour luy par un au- tre luy-meſme ,
EtDieu pour luy donner unferme &digne appuy ,
Tome V. L
122 LE MERCVRE
Ne fait qu'un Conquerant de
PHILIPPE &de luy.
Ainſi quandle Soleil fur un
épais nüage ,
Poursefaire unſecond , imprime Sonimage,
Leur hauteur est égale , &leur
éclatpareil ,
Nous voyons deux Soleils qui ne font qu'un Soleil :
Sous un double dehors il est toujours unique ,
Seul maistre des rayons qu'àl'autre il communique ,
Et ce brillantportrait qu'illumi- nent ſes foins
Ne brilleroit pas tant ,
reſſembloit moins.
s'il luy
-Mais c'est aßez, Grand Roy,c'est affez de Conquestes ,
Laiſſe àd'autres ſaiſons celleson tu t'appreſtes:
GALANT. 123 Quelque jufte bonheur qui fuive
tes projets,
Nous envions ta veuë àtes nouveaux Sujets.
Ils bravent tes Drapeaux, tes Ca- nons les foudroyent,
Etpour tout chaſtiment tu les vois,
ils te voyent ;
Quelprix de leur défaite, &que
tantdebonté
Rarement accompagne un Vainqueur irrité!
Pour nous , qui nemettons noftre
bien qu'en ta veuë ,
Vange- nous du long-temps que nous l'avons perduë,
Du vol qu'ils nous en font vien nousfaire raiſon ,
Ramene nos Soleils deſſus nostre
Orifon :
Quandon vient d'entaſſervictoi refur victoire,
L 2
124 LE. MERCVRE
In moment de repos fait mieux.
gouter lagloire,
Et je te le redis , nous devenons
jaloux
Decesmeſmesbonheurs quit'éloignent de nous.
S'ilfaut combatre encor, tupeux
deton Versailles
Forcerdes Bastions, &gagnerdes
Batailles ,
Et tes Pareils, pourvaincre en ces
nobles hazards ,
N'ont pas toûjours beſoin d'y porter leurs regards.
C'est deton Cabinet qu'ilfaut que
tu contemples Quelfruit tes Ennemis tirent de
tes Exemples ,
Et par quel long tiſſu d'illustres
actions,
Ils sçauront profiter de tes inf tructions.
GALANT. 125 Egalezen six mois l'effet de fix Semaines ;
Vousferiezaffezforts pouren ve- niràbout ,
Si vous ne trouviezpas nostre grand Roy par tout.
Par tout vous trouverezSon ame,
&Son ouvrage ,
Des Chefs faits de samain , for- mezsurson courage ,
Pleins de ſa haute idée, intrépides , vaillans ,
Iamais presque afſaillis , toûjours presque affaillans ;
Par tout de vrais François , Sol- dats dés leurs enfance,
Attachezau devoir , prompts à
l'obeiſſance ;
Par tout enfin des cœurs quiſçavent aujourd'huy Lefairepartout craindre , &ne craindre que luy.
L3
126 LE MERCVRE
Sur le Zele , Grand Roy , de ces
ames guerrieres,
Tu peux te reposerduſoinde tes
Frontieres,
Attendant que leur bras vainqueurde tes Flamans,
Mefle un nouveaux triomphe à
tes délaffemens.
Qu'il réduiſſe à la Paix laHol- lande &l'Espagne,
Que par un coup de Maistre il fermeta Campagne ,
Et que l'Aigle jaloux n'enpuiſſe
remporter Que lefortdes Lions que tu viens
de dompter.
les conſerver &d'ailleurs fi le mot de Parélie a embaraſſé
quelqu'une de vos Dames de Province , vous leur en ferez
voir l'explication dans le cha-
120 LE MERCVRE
;
gement des deux Vers où ce moteſtoit employé.
SUR LES VICTOIRES
Du ROY.
E vous l'avois bien dit , Enne- IE mis de la France ,
Quepour vous la Victoire auroit
peu de constance ,
Etque de Philisbourgàvos armes
rendu
Lepéniblefuccésvous feroit cher
vendu.
Apeine la Campagne aux Zéphirs est ouverte ,
Et trois Villes déjareparent nostre
perte ;
Trois Villes dont la moindre cust
pûfaire unEtat ,
Lors que chaque Province avoit
fon Potentat ;
Trois
GALANT. 121
Trois Villes qui pouvoient tenir
autantd'années ,
Si le Cielà Loüis ne les eust destinées Et commefi leur priſe étoit trop
peupournous,
Mont-Caffelvous apprendceque peſent nos coups.
Loürs n'aqu'àparoiſtre, &vos Murailles tombent ,
Iln'a qu'àdonner l'ordre, &vas
Hérosfu combent ;
Et tandis quefa gloire arreſte en d'autres lieux
L'honneurdeſapresence, &l'ef- fortdesesyeux ,
L'Ange de qui le brasfoûtientfon Diademe
Vous terraſſe pour luy par un au- tre luy-meſme ,
EtDieu pour luy donner unferme &digne appuy ,
Tome V. L
122 LE MERCVRE
Ne fait qu'un Conquerant de
PHILIPPE &de luy.
Ainſi quandle Soleil fur un
épais nüage ,
Poursefaire unſecond , imprime Sonimage,
Leur hauteur est égale , &leur
éclatpareil ,
Nous voyons deux Soleils qui ne font qu'un Soleil :
Sous un double dehors il est toujours unique ,
Seul maistre des rayons qu'àl'autre il communique ,
Et ce brillantportrait qu'illumi- nent ſes foins
Ne brilleroit pas tant ,
reſſembloit moins.
s'il luy
-Mais c'est aßez, Grand Roy,c'est affez de Conquestes ,
Laiſſe àd'autres ſaiſons celleson tu t'appreſtes:
GALANT. 123 Quelque jufte bonheur qui fuive
tes projets,
Nous envions ta veuë àtes nouveaux Sujets.
Ils bravent tes Drapeaux, tes Ca- nons les foudroyent,
Etpour tout chaſtiment tu les vois,
ils te voyent ;
Quelprix de leur défaite, &que
tantdebonté
Rarement accompagne un Vainqueur irrité!
Pour nous , qui nemettons noftre
bien qu'en ta veuë ,
Vange- nous du long-temps que nous l'avons perduë,
Du vol qu'ils nous en font vien nousfaire raiſon ,
Ramene nos Soleils deſſus nostre
Orifon :
Quandon vient d'entaſſervictoi refur victoire,
L 2
124 LE. MERCVRE
In moment de repos fait mieux.
gouter lagloire,
Et je te le redis , nous devenons
jaloux
Decesmeſmesbonheurs quit'éloignent de nous.
S'ilfaut combatre encor, tupeux
deton Versailles
Forcerdes Bastions, &gagnerdes
Batailles ,
Et tes Pareils, pourvaincre en ces
nobles hazards ,
N'ont pas toûjours beſoin d'y porter leurs regards.
C'est deton Cabinet qu'ilfaut que
tu contemples Quelfruit tes Ennemis tirent de
tes Exemples ,
Et par quel long tiſſu d'illustres
actions,
Ils sçauront profiter de tes inf tructions.
GALANT. 125 Egalezen six mois l'effet de fix Semaines ;
Vousferiezaffezforts pouren ve- niràbout ,
Si vous ne trouviezpas nostre grand Roy par tout.
Par tout vous trouverezSon ame,
&Son ouvrage ,
Des Chefs faits de samain , for- mezsurson courage ,
Pleins de ſa haute idée, intrépides , vaillans ,
Iamais presque afſaillis , toûjours presque affaillans ;
Par tout de vrais François , Sol- dats dés leurs enfance,
Attachezau devoir , prompts à
l'obeiſſance ;
Par tout enfin des cœurs quiſçavent aujourd'huy Lefairepartout craindre , &ne craindre que luy.
L3
126 LE MERCVRE
Sur le Zele , Grand Roy , de ces
ames guerrieres,
Tu peux te reposerduſoinde tes
Frontieres,
Attendant que leur bras vainqueurde tes Flamans,
Mefle un nouveaux triomphe à
tes délaffemens.
Qu'il réduiſſe à la Paix laHol- lande &l'Espagne,
Que par un coup de Maistre il fermeta Campagne ,
Et que l'Aigle jaloux n'enpuiſſe
remporter Que lefortdes Lions que tu viens
de dompter.
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Résumé : SUR LES VICTOIRES DU ROY.
La lettre accompagne des vers dédiés aux victoires du roi, présentés par Monsieur de Corneille l'aîné. L'auteur souligne que ces vers, bien que déjà imprimés en feuilles volantes, méritent d'être conservés. Il explique le mot 'Parélie', qui pourrait avoir embarrassé certaines dames de province. Les vers célèbrent les conquêtes récentes du roi, notamment la prise de trois villes importantes, et mettent en avant la rapidité et l'efficacité des victoires royales. Le texte compare le roi à un soleil dont l'éclat est unique et incomparable. Il exprime également le désir de voir le roi revenir et de profiter de ses victoires. Enfin, il loue les soldats français, formés par le roi, qui sont courageux et dévoués, et exprime l'espoir que leurs victoires continueront de protéger les frontières du royaume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 2213-2218
« Une Feüille volante imprimée à Marseille, nous apprend que sur la fin [...] »
Début :
Une Feüille volante imprimée à Marseille, nous apprend que sur la fin [...]
Mots clefs :
Feuille volante, Tragédie, Académie de Marseille, Collège de Vernon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Une Feüille volante imprimée à Marseille, nous apprend que sur la fin [...] »
SPECTACLE S.
U fille ,nous apprend que fur la fin
Ne Feüille volante imprimée à Mar
du mois passé , on y representa avec beaucoup
de succès sur le Theatre du College
des PP. de l'Oratoire , la Tragedie de
Themistocle , dont l'Argument est exposé
au long dans la même feuille. Les Echevins
et tout le Corps de Ville assisterent à
ce Spectacle , auquel il y eût un concours
extraordinaire. Voici le Compliment qui
fut fait aux Echevins , pris du fonds du
sujet de la Piéce Tragique , et qui receut
de justes applaudissemens , sur tout dans
l'endroit qui regarde la nouvelle Academie
de Marseille.
Vous le sçavez , MESSIEURS , Mar
seille étoit sçavante & polie , lorsque le refte
desGaules n'étoit éclairé quepar le sçavoir bar
bare des Druïdes. Elle a déja repris cet ancien
éclat ; elle est devenue encore le séjour des
Lettres, une Société qui réunit tous les talens,
y met , pour ainsi dire , l'esprit en commun ,
& le travail particulier devient le profit general.
De là , nous verrons une succeffion de
génies
2214 MERCURE DE FRANCE
génies rares que la Capitale nous enviera ,
comme Rome en envia autrefois à nos Ancêtres.
De là, vos noms passeront avec les leurs,
à l'immortalité , et nos derniers Neveux admireront
tout ensemble et vos vertus et leurs
progrès.
Če Compliment fut prononcé par Louis
de Saint-Jacques, et l'Argument de la Tragédie
, récité par Pierre - Augustin Guis
Ecoliers d'élite , tous deux de Marseille.
du
Mr de Vernon , fort jolie Ville ,
Diocèse d'Evreux, ne se plaindront pas de
se trouver mal placez , si ensuite de ce
qui s'est passé à Marseille , nous rendons
aussi compte de ce qui les regarde en fait
de Spectacle. Voici l'Extrait d'une Lettre ,
écrite de cette Ville , le 25 Aoust.
Le College de Vernon est aujourd'hui
l'un des meilleurs et des plus florissans de
la Province de Normandie.
Le 22. Août on repréſenta fur le Theatre
de ce College , pour la distribution
des Prix , la Mort d'Antiochus , l'illuftre
Roy de Syrie , qui fit mourir les Maccabées
, fujet des plus tragiques , et tiré de
l'Ecriture Sainte.
Un fpectacle si touchant , et qui fut heureuſement
executé devant une nombreuſe
Affemblée , demandoit quelque chofe à
fa
SEPTEMBRE. 1731. 2215
fa fuite qui fût capable de divertir les Auditeurs
, et de les dédommager , pour ainsi
dire , des sentimens de terreur et de pitié
qui venoient de les émouvoir. On ne pouvoit
guere mieux y réussir qu'en représentant
, comme on fit , les Rufes des Ecoliers,
Comedie en trois Actes , de la compofition
de MM. Gautier et d'Orvilliers ,
dont voici un petit Extrait.
ACTE I. Tripolin , le plus espiegle des
Ecoliers , engage quatre ou cinq de ses
Compagnons à ne plus retourner au College
: il parle plaisamment des mauvais
traitemens des Regens ; les autres applaudissent
et se plaignent à leur tour . Pygron se
mocque de Filidor qu'il trouve allant porter
des liqueurs à son Regent pour en être
mieux traité, et l'engage à aller boire les liqueurs
avec deux ou trois de ses camarades.
ACTE II. Les Ecoliers se disent mutuellement
les tours qu'ils jouent à leurs Parens
pour attraper de l'argent. Tripolin
déclare à Brufcambille, que pour lui il fait
l'esprit folet pendant la nuit , et que ce
moyen lui donne lieu de voler, &c. Pigron
dit qu'ayant acheté un écu faux , et l'ayant
donné à garder à sa grand'mere , qui le
mit avec d'autres écus dans sa cassette , la
bonne femme lui avoit rendu un bon écu
au lieu du faux . Ils proposent ensuite de
joiier
2216 MERCURE DE FRANCE
jouer une partie de Lansquenet. Ils joüent
un moment , et sur un coup douteux ils
contestent , et se querellent en Ecoliers.
Un de leurs camarades vient fort essouflé
les avertir qu'on les cherche de tous
côtez , ce qui les fait tous disparoître.
ACTE III. & le plus comique. Deux
Ecoliers étant allé voler du fruit dans le
verger d'un Paysan , le disent à deux autres
qui ne manquent pas d'y aller. Guingan,
maître du Verger , les ayant surpris ,
s'empare du chapeau de Bruscambille , et
dit en jurant , qu'il ne le rendra qu'après
qu'on lui aura payé ses poires. Tripolin
s'écarte un moment pour consulter avec
Pigron sur les moyens de se tirer d'intrigue
, et d'attraper le Paysan . Voici comment
ils s'y prennent.
Ils reviennent en disputant fortement
l'un contre l'autre à qui aura un
mauvais bonnet qu'ils tiennent : Guingan
tâche de les mettre d'accord , et leur
dit qu'une pareille guenille ne vaut pas la
peine de disputer. Ils lui persuadent que
ce bonnet n'a point de prix , et qu'il rend
invisibles ceux qui le portent : ils le lui
prouvent en le mettant alternativement
sur leur tête et en s'esquivant adroitement,
ce qui fait un très plaisant jeu de Theatre.
Enfin ils prêtent le bonnet au Paysan qui
les
SEPTEMBRE. 1731 2217
les en prie , et qui rend le chapeau de Bruscambille
, se promettant de bien profiter
du temps qu'il possedera cet heureux bonnet.
Il le met sur sa tête et se croît invisi -
ble , les Ecoliers jurant qu'ils ne le voyent
pas , &c. Un Marquis paroît , auquel le
Paysan veut voler l'épée , croyant qu'il
n'en sera pas apperçû , mais il est chassé
et battu .
Tripolin rentre aussi-tôt sur la Scene
en riant du tour qu'il vient de jouer au
Paysan ; son pere qui le cherche arrive ,
le saisit et veut le conduire à St. L. Les
autres Ecoliers surviennent; ils sont si touchez
du péril où se trouve leur ami , qu'ils
jurent de rentrer dans leur devoir , de se
corriger , &c. C'est la fin de la Piéce ,
qui a fait beaucoup de plaisir.
M. de Guiry de Beaumont , Docteur de
Sorbonne , Chanoine de la Collegiale , et
Principal du College , a voulu lui -même
en faire le Prologue qui a été goûté des
Connoisseurs ; mais ce qui a été particu
lierement applaudi , c'eft un Compliment
que déclama , avec beaucoup de grace ,
en Vers de sa façon , un jeune Ecolier de
Troisiéme , et l'un des Acteurs de la Comedie.
Il est fils de M. d'Orvilliers ; c'est
à dire,fils de Maître . On ne mettra ici que
la fin de son Compliment , pour abreger
cet Extrait. H Avec
7218 MERCURE DE FRANCE
Avec quelque talent , beaucoup de hardiesse ,
Nous avons découvert tous nos tours de jeunesse,
Vous amuser étoit notre plus grand plaisir;
Des Acteurs de notre âge ont peine à réussir.
Mais si nous n'avons pû , Messieurs , vous satisfaire
,
'Applaudissez du moins au desir de vous plaire.
Le 13. de ce mois , les Comédiens
François remirent au Theatre la Tragede
Romulus de M. de la Motte , que le
Public revoit avec beaucoup de plaisir.
Les principaux Personnages de cette Piéce
sont Romulus , Tatius , Proculus , Erfilie, et
ces rôles sont remplis par les S" Du Fresne,
Sarrazin , Le Grand , la Dlle Du Fresne ,
&c. Nous renvoyons pour l'Extrait de
ce Poëme au Mercure de Janvier 1722 .
page 96.
Le Lundi 17. les mêmes Comédiens
représenterent à la Cour la Comédie du
Misantrope , qui fut suivie des Folies-
Amoureufes.
U fille ,nous apprend que fur la fin
Ne Feüille volante imprimée à Mar
du mois passé , on y representa avec beaucoup
de succès sur le Theatre du College
des PP. de l'Oratoire , la Tragedie de
Themistocle , dont l'Argument est exposé
au long dans la même feuille. Les Echevins
et tout le Corps de Ville assisterent à
ce Spectacle , auquel il y eût un concours
extraordinaire. Voici le Compliment qui
fut fait aux Echevins , pris du fonds du
sujet de la Piéce Tragique , et qui receut
de justes applaudissemens , sur tout dans
l'endroit qui regarde la nouvelle Academie
de Marseille.
Vous le sçavez , MESSIEURS , Mar
seille étoit sçavante & polie , lorsque le refte
desGaules n'étoit éclairé quepar le sçavoir bar
bare des Druïdes. Elle a déja repris cet ancien
éclat ; elle est devenue encore le séjour des
Lettres, une Société qui réunit tous les talens,
y met , pour ainsi dire , l'esprit en commun ,
& le travail particulier devient le profit general.
De là , nous verrons une succeffion de
génies
2214 MERCURE DE FRANCE
génies rares que la Capitale nous enviera ,
comme Rome en envia autrefois à nos Ancêtres.
De là, vos noms passeront avec les leurs,
à l'immortalité , et nos derniers Neveux admireront
tout ensemble et vos vertus et leurs
progrès.
Če Compliment fut prononcé par Louis
de Saint-Jacques, et l'Argument de la Tragédie
, récité par Pierre - Augustin Guis
Ecoliers d'élite , tous deux de Marseille.
du
Mr de Vernon , fort jolie Ville ,
Diocèse d'Evreux, ne se plaindront pas de
se trouver mal placez , si ensuite de ce
qui s'est passé à Marseille , nous rendons
aussi compte de ce qui les regarde en fait
de Spectacle. Voici l'Extrait d'une Lettre ,
écrite de cette Ville , le 25 Aoust.
Le College de Vernon est aujourd'hui
l'un des meilleurs et des plus florissans de
la Province de Normandie.
Le 22. Août on repréſenta fur le Theatre
de ce College , pour la distribution
des Prix , la Mort d'Antiochus , l'illuftre
Roy de Syrie , qui fit mourir les Maccabées
, fujet des plus tragiques , et tiré de
l'Ecriture Sainte.
Un fpectacle si touchant , et qui fut heureuſement
executé devant une nombreuſe
Affemblée , demandoit quelque chofe à
fa
SEPTEMBRE. 1731. 2215
fa fuite qui fût capable de divertir les Auditeurs
, et de les dédommager , pour ainsi
dire , des sentimens de terreur et de pitié
qui venoient de les émouvoir. On ne pouvoit
guere mieux y réussir qu'en représentant
, comme on fit , les Rufes des Ecoliers,
Comedie en trois Actes , de la compofition
de MM. Gautier et d'Orvilliers ,
dont voici un petit Extrait.
ACTE I. Tripolin , le plus espiegle des
Ecoliers , engage quatre ou cinq de ses
Compagnons à ne plus retourner au College
: il parle plaisamment des mauvais
traitemens des Regens ; les autres applaudissent
et se plaignent à leur tour . Pygron se
mocque de Filidor qu'il trouve allant porter
des liqueurs à son Regent pour en être
mieux traité, et l'engage à aller boire les liqueurs
avec deux ou trois de ses camarades.
ACTE II. Les Ecoliers se disent mutuellement
les tours qu'ils jouent à leurs Parens
pour attraper de l'argent. Tripolin
déclare à Brufcambille, que pour lui il fait
l'esprit folet pendant la nuit , et que ce
moyen lui donne lieu de voler, &c. Pigron
dit qu'ayant acheté un écu faux , et l'ayant
donné à garder à sa grand'mere , qui le
mit avec d'autres écus dans sa cassette , la
bonne femme lui avoit rendu un bon écu
au lieu du faux . Ils proposent ensuite de
joiier
2216 MERCURE DE FRANCE
jouer une partie de Lansquenet. Ils joüent
un moment , et sur un coup douteux ils
contestent , et se querellent en Ecoliers.
Un de leurs camarades vient fort essouflé
les avertir qu'on les cherche de tous
côtez , ce qui les fait tous disparoître.
ACTE III. & le plus comique. Deux
Ecoliers étant allé voler du fruit dans le
verger d'un Paysan , le disent à deux autres
qui ne manquent pas d'y aller. Guingan,
maître du Verger , les ayant surpris ,
s'empare du chapeau de Bruscambille , et
dit en jurant , qu'il ne le rendra qu'après
qu'on lui aura payé ses poires. Tripolin
s'écarte un moment pour consulter avec
Pigron sur les moyens de se tirer d'intrigue
, et d'attraper le Paysan . Voici comment
ils s'y prennent.
Ils reviennent en disputant fortement
l'un contre l'autre à qui aura un
mauvais bonnet qu'ils tiennent : Guingan
tâche de les mettre d'accord , et leur
dit qu'une pareille guenille ne vaut pas la
peine de disputer. Ils lui persuadent que
ce bonnet n'a point de prix , et qu'il rend
invisibles ceux qui le portent : ils le lui
prouvent en le mettant alternativement
sur leur tête et en s'esquivant adroitement,
ce qui fait un très plaisant jeu de Theatre.
Enfin ils prêtent le bonnet au Paysan qui
les
SEPTEMBRE. 1731 2217
les en prie , et qui rend le chapeau de Bruscambille
, se promettant de bien profiter
du temps qu'il possedera cet heureux bonnet.
Il le met sur sa tête et se croît invisi -
ble , les Ecoliers jurant qu'ils ne le voyent
pas , &c. Un Marquis paroît , auquel le
Paysan veut voler l'épée , croyant qu'il
n'en sera pas apperçû , mais il est chassé
et battu .
Tripolin rentre aussi-tôt sur la Scene
en riant du tour qu'il vient de jouer au
Paysan ; son pere qui le cherche arrive ,
le saisit et veut le conduire à St. L. Les
autres Ecoliers surviennent; ils sont si touchez
du péril où se trouve leur ami , qu'ils
jurent de rentrer dans leur devoir , de se
corriger , &c. C'est la fin de la Piéce ,
qui a fait beaucoup de plaisir.
M. de Guiry de Beaumont , Docteur de
Sorbonne , Chanoine de la Collegiale , et
Principal du College , a voulu lui -même
en faire le Prologue qui a été goûté des
Connoisseurs ; mais ce qui a été particu
lierement applaudi , c'eft un Compliment
que déclama , avec beaucoup de grace ,
en Vers de sa façon , un jeune Ecolier de
Troisiéme , et l'un des Acteurs de la Comedie.
Il est fils de M. d'Orvilliers ; c'est
à dire,fils de Maître . On ne mettra ici que
la fin de son Compliment , pour abreger
cet Extrait. H Avec
7218 MERCURE DE FRANCE
Avec quelque talent , beaucoup de hardiesse ,
Nous avons découvert tous nos tours de jeunesse,
Vous amuser étoit notre plus grand plaisir;
Des Acteurs de notre âge ont peine à réussir.
Mais si nous n'avons pû , Messieurs , vous satisfaire
,
'Applaudissez du moins au desir de vous plaire.
Le 13. de ce mois , les Comédiens
François remirent au Theatre la Tragede
Romulus de M. de la Motte , que le
Public revoit avec beaucoup de plaisir.
Les principaux Personnages de cette Piéce
sont Romulus , Tatius , Proculus , Erfilie, et
ces rôles sont remplis par les S" Du Fresne,
Sarrazin , Le Grand , la Dlle Du Fresne ,
&c. Nous renvoyons pour l'Extrait de
ce Poëme au Mercure de Janvier 1722 .
page 96.
Le Lundi 17. les mêmes Comédiens
représenterent à la Cour la Comédie du
Misantrope , qui fut suivie des Folies-
Amoureufes.
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Résumé : « Une Feüille volante imprimée à Marseille, nous apprend que sur la fin [...] »
En septembre 1731, la tragédie 'Themistocle' a été représentée avec succès au théâtre du Collège des Pères de l'Oratoire à Marseille. Cette représentation a attiré un public nombreux, y compris les échevins et le corps de ville. Louis de Saint-Jacques a adressé un compliment aux échevins, mettant en avant l'antique savoir de Marseille et son renouveau intellectuel grâce à une société réunissant divers talents. Pierre-Augustin Guis a récité l'argument de la tragédie. À Vernon, le Collège, l'un des meilleurs de Normandie, a organisé une représentation pour la distribution des prix. La tragédie 'La Mort d'Antiochus' a été suivie de la comédie 'Les Ruses des Écoliers'. Cette comédie, en trois actes, a été composée par MM. Gautier et d'Orvilliers et a diverti le public après la tragédie. Le spectacle a été complété par un prologue du Docteur de Sorbonne M. de Guiry de Beaumont et un compliment en vers d'un jeune écolier, fils de M. d'Orvilliers. À Paris, les comédiens français ont repris la tragédie 'Romulus' de M. de la Motte et la comédie 'Le Misantrope' suivie des 'Folies Amoureuses'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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