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1
p. 2257-2261
EXTRAIT des Paranymphes faits aux Ecoles de Medecine de la Faculté de Paris, le 27. Août 1730. Par M. D. A.
Début :
MR De la Riviere, Licentié de la Faculté de Medecine de Paris, fit les Paranymphes [...]
Mots clefs :
Paranymphes, Écoles de médecine, Faculté de Paris, Médecine
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT des Paranymphes faits aux Ecoles de Medecine de la Faculté de Paris, le 27. Août 1730. Par M. D. A.
EXTRAIT des Paranymphes faits aux
Ecoles de Medecine de la Faculté de
Paris , le 27. Août 1730. Par M. D. A.
MMD
R De la Riviere , Licentié de la Faculté de
Medecine de Paris , fit les Paranymphes
le 27. du mois dernier avec toute la force & la
dignité que requeroient & l'excellence de la Medecine
& la matiere qu'il avoit à traiter.
Le Paranymphe ne fe propofe ordinairement
pour but qu'un fimple éloge , qui fe termine par
une Critique ingénieufe de ceux qui font en Licence.
L'Orateur s'eft attaché à la premiere partie
de cette idée ; mais encore elle n'eft pas la
fcule , ni même la principale qui ait paru l'occuper
; elle eft amenée & foutenue par deux Chefs
qui font le corps du Difcours adreffé à fes Collegues
: Les avantages de l'union , les triftes effets
de la Difcorde. Il fournit les moyens de
cultiver l'une , & combat les caufes qui donnent
naiffance à l'autre , & laiffe échaper de tems en
tems les louanges dues à la Medecine. L'Analiſe
que voici mettra l'execution dans un plus beau
jour. Il repréfente la Medecine avec fes plus
beaux attributs , & foutient que tout cela n'eft
rien , en comparaifon de l'avantage qui lui revient
de l'union des fiens. Il la fait enfuite
paroître
avec tout ce qu'il y a de plus defavantageux
pour elle , & dit que tout cela n'eft rien ,
en comparaifon du dommage que lui cauferoit
leur défunion . C'eft là le tiflu de fon Exorde . Il
entre en matiere.
Après avoir établi la Medecine auſſi ancienne
que le monde , il la propofe comme un préfent
des Cieux : Taniumque ab alto munus alnis
G `am2818
MERCURE DE FRANCE
amplector memoribus : at , proh dolor ! continue
til , hoc purum integrumque confervandi viam
ignoratis , amici Collega . Ce chemin ignoré ,
c'est l'union qui devient le plus bel attribut de la
Medecine : cette union , dit-il , regardée comme
le premier mobile de fa confervation ; ce qu'il
prouve par une comparaifon tirée de l'existence
de notre machine , laquelle ne fubfifte que par le
concours & l'union de toutes les parties , union
abfolument requife pour feconder la puiffance
qui l'anime , & voici ce qu'il en infere : La Medecine
eft - elle donc une ame ? oui , fans doute ,
( pourfuit- il ) Medicina eft fpiritus ille à Dea
infufflatus , perque totum Medicum effufus s
huic totus Medicus fubjicitur fpiritui ; vos aurem
partes eftis , vos eftis membra &c. il donne
affez d'étendue à cette penfée , & paffe delà
aux moyens. Le premier comprend l'Obfervance
des loix ; elle confifte in quodam Medicina culiu
quo quidem neglecto fibi quifque jura folers effingere
, folers harefes effingit innumeras , blandamque
procul deturbantes unionem . Le fecond
combat l'interêt , autorife le mépris qu'on
en doit faire , par la prééminence du Medecin
fur tous les autres hommes , prife de la connoiffance
qu'il a des chofes naturelles : quò verò alfior
illa cognitio , eò magis de Creatoris effentia
mens eadem participat Medicus vir est penè
divinus. L'avide intérêt paroît enfuite comme
un Monftre qui fe dévore lui -même , Vorax
infatiabilis , deficiente victimâ , fefe proprie
deglutiret ore. Le troifiéme enfin , c'eſt l'amour
de la Paix , il en fait un Oifeau qui ne fçait où
fe repofer ; cette fiction lui fait dire Incertam
fixare fi vos ardor urit , dulcis amicâ cantet
unio voce ; fileat horrendum Vultur , fuorum
mox fatiatum jecore , longa peftifero aëra inquinat
OCTOBRE. 1730. 225 9
>
quinat habitu ; fileat mendax Scorpio , hunc
irata evomiit Medicina , bella perfidus ultrò
Aggreditur , illiufque fumma voluptas divifio
fuorum eft . La Difcorde paroît ; il fait une belle
defcription de fes cruels effets. La Medecine en
butte aux traits qui lui font lancés de toutes
parts , eft obligée de chercher une folitude : hie
ergo jacet obfcura , s'écrie- t -il , hic ergo miferis
infcia vivit mortalibus &c. C'est ainsi que
la Difcorde devient ce qu'il y a de plus delavantageux
pour la Medecine. L'Orateur paffe
fa feconde reflexion en difant : Tanta Deus
avertat mala , ipfeque meam aperiat mentem
ut veras acerrima peftis hujus caufas vobis
detegere valeam ; ces cauſes fe réduisent à trois :
la premiere , l'envie que l'on porte à ceux qui
font élevés. La feconde , le mépris que l'on a de
ceux qui font dans l'obſcurité . La troifiéme , la
raillerie qu'on employe aux Paranymphes & les
injures dont elle n'eft que trop fouvent fuivie.
Nous ne fuivrons pas l'Orateur dans fes preuves
; nous nous contenterons de rapporter ce
qu'il dit à l'occafion de la raillerie ufitée dans
les Paranymphes.
Tertia tandem favas arguit objurgationes a
has unde toties pollutus ille locus ; has unde
toties impari Conventu , purpurâ hac contaminata
fanguineis flevit lacrymis ; has unde toties
imis à fedibus tota intremuêre ſchola . Mens
meminiffe hortet , obfcurafque alto libenter finerem
filentio , ni tunc meritò mali labes in
nos poffet refundi , mali , inquam , quod radicitùs
extirpandum ufque huc fortiter fumus
infecuti. Tali vulgò fe jactat illud origine ; num
extinguatur ? ferè numquam aitarum reformidate
avernum facilis quidem defcenfus : primo
leviter congrediuntar animi : Et plus bas:
Gij 味
2260 MERCURE DE FRANCE
at fortè reponet aliquis fermonis atrocitatè
relicta aftutis , levibus licèt uti verbis , fateor
equidem , & inde micat ingenii calliditas , aftuto
redit honos : quin & quâdam voluptate
velut afficitur auditor , dùm folertibus licet obdu&
um nubibus , acumen fentit , explicat . Hoc
qui contràfuis experitur damnis , hoc &planè
diffimili fentit modò : intima penetrat acies
inimica , vulnusque excavat numquam occludendum
, manat unde perpetuò exiftiofum dif
cordia virus. Il remontre à fes Collegues le tort
que cela feroit & à la Medecine & à leur réputation
, & finit en expofant le caractere de chacun
d'eux.
L'un (a) dit- il,affis déja fur une Chaire Royale
du fein des Cadavres forme des Candidats.
L'autre (6) diftingué par desAyeux refpectables
dans la Medecine , s'empreffe à joindre aux prérogatives
de fa naiffance des talens & des vertus
qui lui foient perfonnelles . Celui- ci ( c) renonce
aux fçavantes fpeculations de la Philofophie , &
cherche avec avidité les utiles fecrets de la Medecine.
Celui-la ( d ) enfin déja Medecin par la pratique
qu'il s'eft formée dans une Ville confiderable
, veut encore en obtenir le nom de la plus
celebre Faculté du Royaume,
Ces Portraits ont été fort approuvés. On y a
remarqué une fincerité qui fe trouve rarement
entre des concurrens ; & on a fçû bon gré à
l'Auteur d'avoir le premier banni des Paranymphes
les invectives & la raillerie.
a M.Hunauld.
b M. Guenauld.
CM. Le Hoc.
1 M. Malouin,
M,
OCTOBRE . 1730. 2261
M. Lockman qui a traduit en Anglois plu
fieurs Livres François , entre autres , les Refle
xions critiques fur la Poësie & la Peinture , de
M. l'Abbé du Bas , vient de traduire les voyages
de Jean Gulliver , fils du Capitaine Lemud Gulliver
, écrit en françois par M. l'Abbé̟ D. F.
Harding , Li braire de Londres , vend cette Traduction.
Ecoles de Medecine de la Faculté de
Paris , le 27. Août 1730. Par M. D. A.
MMD
R De la Riviere , Licentié de la Faculté de
Medecine de Paris , fit les Paranymphes
le 27. du mois dernier avec toute la force & la
dignité que requeroient & l'excellence de la Medecine
& la matiere qu'il avoit à traiter.
Le Paranymphe ne fe propofe ordinairement
pour but qu'un fimple éloge , qui fe termine par
une Critique ingénieufe de ceux qui font en Licence.
L'Orateur s'eft attaché à la premiere partie
de cette idée ; mais encore elle n'eft pas la
fcule , ni même la principale qui ait paru l'occuper
; elle eft amenée & foutenue par deux Chefs
qui font le corps du Difcours adreffé à fes Collegues
: Les avantages de l'union , les triftes effets
de la Difcorde. Il fournit les moyens de
cultiver l'une , & combat les caufes qui donnent
naiffance à l'autre , & laiffe échaper de tems en
tems les louanges dues à la Medecine. L'Analiſe
que voici mettra l'execution dans un plus beau
jour. Il repréfente la Medecine avec fes plus
beaux attributs , & foutient que tout cela n'eft
rien , en comparaifon de l'avantage qui lui revient
de l'union des fiens. Il la fait enfuite
paroître
avec tout ce qu'il y a de plus defavantageux
pour elle , & dit que tout cela n'eft rien ,
en comparaifon du dommage que lui cauferoit
leur défunion . C'eft là le tiflu de fon Exorde . Il
entre en matiere.
Après avoir établi la Medecine auſſi ancienne
que le monde , il la propofe comme un préfent
des Cieux : Taniumque ab alto munus alnis
G `am2818
MERCURE DE FRANCE
amplector memoribus : at , proh dolor ! continue
til , hoc purum integrumque confervandi viam
ignoratis , amici Collega . Ce chemin ignoré ,
c'est l'union qui devient le plus bel attribut de la
Medecine : cette union , dit-il , regardée comme
le premier mobile de fa confervation ; ce qu'il
prouve par une comparaifon tirée de l'existence
de notre machine , laquelle ne fubfifte que par le
concours & l'union de toutes les parties , union
abfolument requife pour feconder la puiffance
qui l'anime , & voici ce qu'il en infere : La Medecine
eft - elle donc une ame ? oui , fans doute ,
( pourfuit- il ) Medicina eft fpiritus ille à Dea
infufflatus , perque totum Medicum effufus s
huic totus Medicus fubjicitur fpiritui ; vos aurem
partes eftis , vos eftis membra &c. il donne
affez d'étendue à cette penfée , & paffe delà
aux moyens. Le premier comprend l'Obfervance
des loix ; elle confifte in quodam Medicina culiu
quo quidem neglecto fibi quifque jura folers effingere
, folers harefes effingit innumeras , blandamque
procul deturbantes unionem . Le fecond
combat l'interêt , autorife le mépris qu'on
en doit faire , par la prééminence du Medecin
fur tous les autres hommes , prife de la connoiffance
qu'il a des chofes naturelles : quò verò alfior
illa cognitio , eò magis de Creatoris effentia
mens eadem participat Medicus vir est penè
divinus. L'avide intérêt paroît enfuite comme
un Monftre qui fe dévore lui -même , Vorax
infatiabilis , deficiente victimâ , fefe proprie
deglutiret ore. Le troifiéme enfin , c'eſt l'amour
de la Paix , il en fait un Oifeau qui ne fçait où
fe repofer ; cette fiction lui fait dire Incertam
fixare fi vos ardor urit , dulcis amicâ cantet
unio voce ; fileat horrendum Vultur , fuorum
mox fatiatum jecore , longa peftifero aëra inquinat
OCTOBRE. 1730. 225 9
>
quinat habitu ; fileat mendax Scorpio , hunc
irata evomiit Medicina , bella perfidus ultrò
Aggreditur , illiufque fumma voluptas divifio
fuorum eft . La Difcorde paroît ; il fait une belle
defcription de fes cruels effets. La Medecine en
butte aux traits qui lui font lancés de toutes
parts , eft obligée de chercher une folitude : hie
ergo jacet obfcura , s'écrie- t -il , hic ergo miferis
infcia vivit mortalibus &c. C'est ainsi que
la Difcorde devient ce qu'il y a de plus delavantageux
pour la Medecine. L'Orateur paffe
fa feconde reflexion en difant : Tanta Deus
avertat mala , ipfeque meam aperiat mentem
ut veras acerrima peftis hujus caufas vobis
detegere valeam ; ces cauſes fe réduisent à trois :
la premiere , l'envie que l'on porte à ceux qui
font élevés. La feconde , le mépris que l'on a de
ceux qui font dans l'obſcurité . La troifiéme , la
raillerie qu'on employe aux Paranymphes & les
injures dont elle n'eft que trop fouvent fuivie.
Nous ne fuivrons pas l'Orateur dans fes preuves
; nous nous contenterons de rapporter ce
qu'il dit à l'occafion de la raillerie ufitée dans
les Paranymphes.
Tertia tandem favas arguit objurgationes a
has unde toties pollutus ille locus ; has unde
toties impari Conventu , purpurâ hac contaminata
fanguineis flevit lacrymis ; has unde toties
imis à fedibus tota intremuêre ſchola . Mens
meminiffe hortet , obfcurafque alto libenter finerem
filentio , ni tunc meritò mali labes in
nos poffet refundi , mali , inquam , quod radicitùs
extirpandum ufque huc fortiter fumus
infecuti. Tali vulgò fe jactat illud origine ; num
extinguatur ? ferè numquam aitarum reformidate
avernum facilis quidem defcenfus : primo
leviter congrediuntar animi : Et plus bas:
Gij 味
2260 MERCURE DE FRANCE
at fortè reponet aliquis fermonis atrocitatè
relicta aftutis , levibus licèt uti verbis , fateor
equidem , & inde micat ingenii calliditas , aftuto
redit honos : quin & quâdam voluptate
velut afficitur auditor , dùm folertibus licet obdu&
um nubibus , acumen fentit , explicat . Hoc
qui contràfuis experitur damnis , hoc &planè
diffimili fentit modò : intima penetrat acies
inimica , vulnusque excavat numquam occludendum
, manat unde perpetuò exiftiofum dif
cordia virus. Il remontre à fes Collegues le tort
que cela feroit & à la Medecine & à leur réputation
, & finit en expofant le caractere de chacun
d'eux.
L'un (a) dit- il,affis déja fur une Chaire Royale
du fein des Cadavres forme des Candidats.
L'autre (6) diftingué par desAyeux refpectables
dans la Medecine , s'empreffe à joindre aux prérogatives
de fa naiffance des talens & des vertus
qui lui foient perfonnelles . Celui- ci ( c) renonce
aux fçavantes fpeculations de la Philofophie , &
cherche avec avidité les utiles fecrets de la Medecine.
Celui-la ( d ) enfin déja Medecin par la pratique
qu'il s'eft formée dans une Ville confiderable
, veut encore en obtenir le nom de la plus
celebre Faculté du Royaume,
Ces Portraits ont été fort approuvés. On y a
remarqué une fincerité qui fe trouve rarement
entre des concurrens ; & on a fçû bon gré à
l'Auteur d'avoir le premier banni des Paranymphes
les invectives & la raillerie.
a M.Hunauld.
b M. Guenauld.
CM. Le Hoc.
1 M. Malouin,
M,
OCTOBRE . 1730. 2261
M. Lockman qui a traduit en Anglois plu
fieurs Livres François , entre autres , les Refle
xions critiques fur la Poësie & la Peinture , de
M. l'Abbé du Bas , vient de traduire les voyages
de Jean Gulliver , fils du Capitaine Lemud Gulliver
, écrit en françois par M. l'Abbé̟ D. F.
Harding , Li braire de Londres , vend cette Traduction.
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Résumé : EXTRAIT des Paranymphes faits aux Ecoles de Medecine de la Faculté de Paris, le 27. Août 1730. Par M. D. A.
Le 27 août 1730, M. De la Rivière, licencié de la Faculté de Médecine de Paris, a prononcé un discours lors des Paranymphes des Écoles de Médecine. Ce discours visait à célébrer l'excellence de la médecine et à traiter des avantages de l'union et des tristes effets de la discorde au sein de la profession médicale. L'orateur a souligné que la médecine est aussi ancienne que le monde et l'a présentée comme un don des cieux. Il a insisté sur l'importance de l'union parmi les médecins, comparant la médecine à une âme qui anime le corps médical. L'union est nécessaire pour la conservation et l'efficacité de la médecine, tout comme l'harmonie des parties du corps humain est essentielle à sa fonction. Le discours a abordé trois moyens pour cultiver l'union : l'observance des lois, le mépris de l'intérêt personnel, et l'amour de la paix. L'intérêt personnel a été décrit comme un monstre autodestructeur, tandis que la discorde a été présentée comme un fléau dévastateur pour la médecine. L'orateur a également identifié trois causes principales de la discorde : l'envie envers ceux qui sont élevés, le mépris envers ceux qui sont dans l'obscurité, et la raillerie utilisée lors des Paranymphes. Il a critiqué l'usage de la raillerie, soulignant les dommages qu'elle peut causer à la réputation des médecins. Le discours s'est conclu par des portraits des nouveaux licenciés, mettant en avant leur sincérité et leurs qualités personnelles. Ces portraits ont été bien reçus, et l'auteur a été félicité pour avoir banni les invectives et la raillerie des Paranymphes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 2440-2444
LETTRE et Discours sur les Paranymphes
Début :
Je vous envoye, Monsieur, un Discours, ou plutôt une petite Dissertation [...]
Mots clefs :
Paranymphes, Dissertation, Docteur, Discours, Pièce en latin, Université de Paris, Faculté des Arts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE et Discours sur les Paranymphes
LETTRE et Discours sur les
Paranymphes
E vous envoye , Monsieur , un Discours , ou plutôt une petite Dissertation au sujet des Paranymphes. Je l'ai obtenu d'un Docteur de mes amis , qui l'a
prononcé il y a quelques jours dans les
Ecoles de Médecine à la suite d'un Dis- ,
cours oratoire sur la difficulté & les avantages de son Art. Celui qui regarde les
Paranymphes me paroît d'autant plus
propre à être publié , qu'il pourroit donner occasion à une plus grande recherche , dont le Public profiteroit : la chose
est de quelque conséquence , car faute de
bien entendre ce que c'est que Paranymphe , ceux qui se chargent de cette action , soit dans la Faculté de Théologie
soit dans celle de Médecine , se donnent
souvent la licence , pour réjouir les Auditeurs , de débiter des traits d'histoire
satyriques , et d'une médisance outrée
ce qui ne manque guéres de s'attirer réci
proquement des veritez choquantes qui
deviennent publiques , &c.
On
NOVEMBRE. 1732. 244
On dira peut peut-être être que cet Exercice n'est
institué que pour faire rire : ce seroit là
une belle institution ! Le veritable esprit
des Paranymphes est au contraire de loüer
les Licentiez , mais de les louer d'une
maniere enjouée et agréable qui puisse exciter de ces ris de satisfaction dignes des
gens sensez , et non de ces ris effrenez ,
que causent les sotises d'autrui , ou de ces
pensées boufonnes , qui ne devroient sortir que de la bouche des Histrions et des
Farceurs.
Je vous envoye cette Piéce en Latin
comme elle a été prononcée , crainte de
la rendre mal et de la gâter. Je crois qu'au
mot Limen mariti scandere , on pourroit
trouver l'origine du Proverbe sauter le
pas. Je suis , &c.
AParis , le 1. Septembre 1732.
Cogitanti mihi, clarissimi Licentiandi, quâ po- tissimum ratione susceptas Paranymphi partes
pro dignitate exequerer, non prudentius me actu
rum esse existimavi , quam si quæ fuerint ab
origine Paranymphi munia , curiosè perquiren- do , officii mei mentem perfectius intelligerem.
Apud Græcos acaruμpos ille vocabatur qui
magno rerum usu edoctus , addicebatur à Parentibus desponsatæ comes puellæ ; usquedum mariti limen scanderet. Fidus. et oculatus assidebat virgini , stabili connubio jam jam jungendæ , ipsam
2442 MERCURE DE FRANCE
samque blandè crudiebat quanta, quamque varia
præstare deberet officia; singulare illius erat mu
nus sapientibus dictis ipsi præscribere quid viro,
deberet ut uxor amica , quid liberis ut benigna
mater , quid familiæ ut sedula domina. Nec prius
benignis hujusmodi officiis certabat quam fidei
prudentiæque suæ commissum pignus in sponsi
manus deponeret.
A Græcis ad Romanos , à Romanis ad Patres
nostros , victoriæ legibus , fluxit illa consuetudo
quam adoptare , et retinere non dedignata est
antiquissima Parens , Parisiensis Universitas.
Hinc suus est Theologis,suus est Medicis Paranyinphus , adhoc institutus ut Licentiandos inter
et almam facultatem sponsalia quædam inducat.
Ut indissolubili fædere longis repetitisque comprobatos examinibus , cum Facultate suâ conjun- gat , ut deniquè ipsos nuptia i thalamo non indignos commendet. Errat igitur qui sibi persuaserit Paranymphi partes esse dicteriis unumquemque lacessere , mordaci dente carpere , so- lutos risus captare mimicis scurrilitatibus Audi- tores recreare , uno deniquè verbo Histrianiam agere , meminerint omnes me dignissimi
Ecclesiæ Parisiensis Cancellarii , qui ab Instituto
Paranymphicam actionem ipse peragebat , vices adimplere.
T
Quamquam satyrâ plurimum delectentur ho
mines , quanquam dicacitatis famam plurimi
sectentur , gravitate et dignitate plenam me personam gerere fas non est oblivisci. Laudator
non derisor Cathedram ascendi. Impium esset
eos collegas rubore suffundere quos summo prosequor honore , quos si reprehendere vellem nul- lis contaminatos vitiis reperirem , quos deniquè
lau
NOVEMBRE. 1732 2443
laudare et commendare dum meditor , suavissi
mis et integerrimis moribus imbutos , omni doctrinæ et eruditionis genere instructos , omnibus deniquè tum ingenii , tum animæ dotibus
longè lateque fulgentes facilè deprehendo.
Ergo nullus erit nigra loliginis succus , nulla
zrugo , hoc vitium procul ab fore verbis verè
promitto, &c.
,
L'université de Paris , et la Faculté des
Arts en particulier , ont fait une perte
considérable par la mort de M. Louis Benet , ci devant Recteur et actuellement Receveur General de l'Université
Professeur de Philosophie au College de Beauvais , arrivée à Fontainebleau le 12 .
de ce mois , d'une attaque d'apoplexie.
Il étoit fort distingué par son sçavoir et
par d'autres belles qualitez qui l'avoient
tendu cher à toute l'Université. Il en
avoit soutenu la premiere charge pendant près de trois années avec toute la dignité et tout le succès possible. A la sortie de son Rectorat , la Nation de Nor
mandie , dont il étoit Membre , l'élut en
1731. pour son Procureur par voye d'acclamation , qui est la plus honorable ;
cette Charge n'empêcha pas qu'à la mort
de M. le Vasseur , Receveur General ;
l'Université ne lui conférat encore celle
de l'administration generale de ses deniers.
2444 MERCURE DE FRANCE
niers. M. Benet avoit un talent merveilleux pour parler et pour écrire noblement et élégamment en Latin. Dans le
Recueil imprimé chez Thiboust en 1730.
intitulé : SELECTA Rectorum Universitatis
Parisiensis mandata , &c. Il y a de lui
cinq Mandemens qui furent admirez dans
le tems , et qui passeront sans doute à la
Posterité. Les sujets sont 1°. l'Arrivée de
la Reine à Paris. 2°. Le Rétablissement
de la santé du Roi. 3º La Naissance du
Dauphin. 4°. L'Anniversaire de la Naissance du Roi. 5. La Naissance du Duc d'Anjou.
Paranymphes
E vous envoye , Monsieur , un Discours , ou plutôt une petite Dissertation au sujet des Paranymphes. Je l'ai obtenu d'un Docteur de mes amis , qui l'a
prononcé il y a quelques jours dans les
Ecoles de Médecine à la suite d'un Dis- ,
cours oratoire sur la difficulté & les avantages de son Art. Celui qui regarde les
Paranymphes me paroît d'autant plus
propre à être publié , qu'il pourroit donner occasion à une plus grande recherche , dont le Public profiteroit : la chose
est de quelque conséquence , car faute de
bien entendre ce que c'est que Paranymphe , ceux qui se chargent de cette action , soit dans la Faculté de Théologie
soit dans celle de Médecine , se donnent
souvent la licence , pour réjouir les Auditeurs , de débiter des traits d'histoire
satyriques , et d'une médisance outrée
ce qui ne manque guéres de s'attirer réci
proquement des veritez choquantes qui
deviennent publiques , &c.
On
NOVEMBRE. 1732. 244
On dira peut peut-être être que cet Exercice n'est
institué que pour faire rire : ce seroit là
une belle institution ! Le veritable esprit
des Paranymphes est au contraire de loüer
les Licentiez , mais de les louer d'une
maniere enjouée et agréable qui puisse exciter de ces ris de satisfaction dignes des
gens sensez , et non de ces ris effrenez ,
que causent les sotises d'autrui , ou de ces
pensées boufonnes , qui ne devroient sortir que de la bouche des Histrions et des
Farceurs.
Je vous envoye cette Piéce en Latin
comme elle a été prononcée , crainte de
la rendre mal et de la gâter. Je crois qu'au
mot Limen mariti scandere , on pourroit
trouver l'origine du Proverbe sauter le
pas. Je suis , &c.
AParis , le 1. Septembre 1732.
Cogitanti mihi, clarissimi Licentiandi, quâ po- tissimum ratione susceptas Paranymphi partes
pro dignitate exequerer, non prudentius me actu
rum esse existimavi , quam si quæ fuerint ab
origine Paranymphi munia , curiosè perquiren- do , officii mei mentem perfectius intelligerem.
Apud Græcos acaruμpos ille vocabatur qui
magno rerum usu edoctus , addicebatur à Parentibus desponsatæ comes puellæ ; usquedum mariti limen scanderet. Fidus. et oculatus assidebat virgini , stabili connubio jam jam jungendæ , ipsam
2442 MERCURE DE FRANCE
samque blandè crudiebat quanta, quamque varia
præstare deberet officia; singulare illius erat mu
nus sapientibus dictis ipsi præscribere quid viro,
deberet ut uxor amica , quid liberis ut benigna
mater , quid familiæ ut sedula domina. Nec prius
benignis hujusmodi officiis certabat quam fidei
prudentiæque suæ commissum pignus in sponsi
manus deponeret.
A Græcis ad Romanos , à Romanis ad Patres
nostros , victoriæ legibus , fluxit illa consuetudo
quam adoptare , et retinere non dedignata est
antiquissima Parens , Parisiensis Universitas.
Hinc suus est Theologis,suus est Medicis Paranyinphus , adhoc institutus ut Licentiandos inter
et almam facultatem sponsalia quædam inducat.
Ut indissolubili fædere longis repetitisque comprobatos examinibus , cum Facultate suâ conjun- gat , ut deniquè ipsos nuptia i thalamo non indignos commendet. Errat igitur qui sibi persuaserit Paranymphi partes esse dicteriis unumquemque lacessere , mordaci dente carpere , so- lutos risus captare mimicis scurrilitatibus Audi- tores recreare , uno deniquè verbo Histrianiam agere , meminerint omnes me dignissimi
Ecclesiæ Parisiensis Cancellarii , qui ab Instituto
Paranymphicam actionem ipse peragebat , vices adimplere.
T
Quamquam satyrâ plurimum delectentur ho
mines , quanquam dicacitatis famam plurimi
sectentur , gravitate et dignitate plenam me personam gerere fas non est oblivisci. Laudator
non derisor Cathedram ascendi. Impium esset
eos collegas rubore suffundere quos summo prosequor honore , quos si reprehendere vellem nul- lis contaminatos vitiis reperirem , quos deniquè
lau
NOVEMBRE. 1732 2443
laudare et commendare dum meditor , suavissi
mis et integerrimis moribus imbutos , omni doctrinæ et eruditionis genere instructos , omnibus deniquè tum ingenii , tum animæ dotibus
longè lateque fulgentes facilè deprehendo.
Ergo nullus erit nigra loliginis succus , nulla
zrugo , hoc vitium procul ab fore verbis verè
promitto, &c.
,
L'université de Paris , et la Faculté des
Arts en particulier , ont fait une perte
considérable par la mort de M. Louis Benet , ci devant Recteur et actuellement Receveur General de l'Université
Professeur de Philosophie au College de Beauvais , arrivée à Fontainebleau le 12 .
de ce mois , d'une attaque d'apoplexie.
Il étoit fort distingué par son sçavoir et
par d'autres belles qualitez qui l'avoient
tendu cher à toute l'Université. Il en
avoit soutenu la premiere charge pendant près de trois années avec toute la dignité et tout le succès possible. A la sortie de son Rectorat , la Nation de Nor
mandie , dont il étoit Membre , l'élut en
1731. pour son Procureur par voye d'acclamation , qui est la plus honorable ;
cette Charge n'empêcha pas qu'à la mort
de M. le Vasseur , Receveur General ;
l'Université ne lui conférat encore celle
de l'administration generale de ses deniers.
2444 MERCURE DE FRANCE
niers. M. Benet avoit un talent merveilleux pour parler et pour écrire noblement et élégamment en Latin. Dans le
Recueil imprimé chez Thiboust en 1730.
intitulé : SELECTA Rectorum Universitatis
Parisiensis mandata , &c. Il y a de lui
cinq Mandemens qui furent admirez dans
le tems , et qui passeront sans doute à la
Posterité. Les sujets sont 1°. l'Arrivée de
la Reine à Paris. 2°. Le Rétablissement
de la santé du Roi. 3º La Naissance du
Dauphin. 4°. L'Anniversaire de la Naissance du Roi. 5. La Naissance du Duc d'Anjou.
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Résumé : LETTRE et Discours sur les Paranymphes
L'auteur adresse une lettre et un discours sur les paranymphes à un destinataire non nommé. Il envoie une dissertation sur les paranymphes, prononcée récemment par un docteur ami lors des écoles de médecine après un discours oratoire sur la médecine. L'auteur considère ce discours digne de publication, car il pourrait encourager des recherches bénéfiques pour le public. Il souligne que le rôle des paranymphes est souvent mal compris, ce qui entraîne des comportements inappropriés tels que des traits d'histoire satiriques et des médisances, provoquant des réactions publiques négatives. Le véritable esprit des paranymphes est de louer les licenciés de manière enjouée et agréable, suscitant des rires de satisfaction plutôt que des rires effrénés ou des pensées bouffonnes. L'auteur envoie la pièce en latin pour éviter toute déformation due à la traduction. Il mentionne également la mort de M. Louis Benet, ancien recteur et receveur général de l'Université de Paris, professeur de philosophie au Collège de Beauvais, survenue à Fontainebleau le 12 novembre 1732. M. Benet était distingué par son savoir et d'autres qualités qui l'avaient rendu cher à toute l'Université. Il avait soutenu la première charge de l'Université pendant près de trois années avec dignité et succès. Après son rectorat, il fut élu procureur par la Nation de Normandie en 1731 et reçut la charge d'administration générale des deniers de l'Université à la mort de M. le Vasseur. M. Benet possédait un talent remarquable pour parler et écrire noblement et élégamment en latin. Cinq de ses mandements, imprimés en 1730, furent admirés et sont destinés à passer à la postérité. Les sujets de ces mandements incluent l'arrivée de la Reine à Paris, le rétablissement de la santé du Roi, la naissance du Dauphin, l'anniversaire de la naissance du Roi, et la naissance du Duc d'Anjou.
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