Résultats : 1 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 2440-2444
LETTRE et Discours sur les Paranymphes
Début :
Je vous envoye, Monsieur, un Discours, ou plutôt une petite Dissertation [...]
Mots clefs :
Paranymphes, Dissertation, Docteur, Discours, Pièce en latin, Université de Paris, Faculté des Arts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE et Discours sur les Paranymphes
LETTRE et Discours sur les
Paranymphes
E vous envoye , Monsieur , un Discours , ou plutôt une petite Dissertation au sujet des Paranymphes. Je l'ai obtenu d'un Docteur de mes amis , qui l'a
prononcé il y a quelques jours dans les
Ecoles de Médecine à la suite d'un Dis- ,
cours oratoire sur la difficulté & les avantages de son Art. Celui qui regarde les
Paranymphes me paroît d'autant plus
propre à être publié , qu'il pourroit donner occasion à une plus grande recherche , dont le Public profiteroit : la chose
est de quelque conséquence , car faute de
bien entendre ce que c'est que Paranymphe , ceux qui se chargent de cette action , soit dans la Faculté de Théologie
soit dans celle de Médecine , se donnent
souvent la licence , pour réjouir les Auditeurs , de débiter des traits d'histoire
satyriques , et d'une médisance outrée
ce qui ne manque guéres de s'attirer réci
proquement des veritez choquantes qui
deviennent publiques , &c.
On
NOVEMBRE. 1732. 244
On dira peut peut-être être que cet Exercice n'est
institué que pour faire rire : ce seroit là
une belle institution ! Le veritable esprit
des Paranymphes est au contraire de loüer
les Licentiez , mais de les louer d'une
maniere enjouée et agréable qui puisse exciter de ces ris de satisfaction dignes des
gens sensez , et non de ces ris effrenez ,
que causent les sotises d'autrui , ou de ces
pensées boufonnes , qui ne devroient sortir que de la bouche des Histrions et des
Farceurs.
Je vous envoye cette Piéce en Latin
comme elle a été prononcée , crainte de
la rendre mal et de la gâter. Je crois qu'au
mot Limen mariti scandere , on pourroit
trouver l'origine du Proverbe sauter le
pas. Je suis , &c.
AParis , le 1. Septembre 1732.
Cogitanti mihi, clarissimi Licentiandi, quâ po- tissimum ratione susceptas Paranymphi partes
pro dignitate exequerer, non prudentius me actu
rum esse existimavi , quam si quæ fuerint ab
origine Paranymphi munia , curiosè perquiren- do , officii mei mentem perfectius intelligerem.
Apud Græcos acaruμpos ille vocabatur qui
magno rerum usu edoctus , addicebatur à Parentibus desponsatæ comes puellæ ; usquedum mariti limen scanderet. Fidus. et oculatus assidebat virgini , stabili connubio jam jam jungendæ , ipsam
2442 MERCURE DE FRANCE
samque blandè crudiebat quanta, quamque varia
præstare deberet officia; singulare illius erat mu
nus sapientibus dictis ipsi præscribere quid viro,
deberet ut uxor amica , quid liberis ut benigna
mater , quid familiæ ut sedula domina. Nec prius
benignis hujusmodi officiis certabat quam fidei
prudentiæque suæ commissum pignus in sponsi
manus deponeret.
A Græcis ad Romanos , à Romanis ad Patres
nostros , victoriæ legibus , fluxit illa consuetudo
quam adoptare , et retinere non dedignata est
antiquissima Parens , Parisiensis Universitas.
Hinc suus est Theologis,suus est Medicis Paranyinphus , adhoc institutus ut Licentiandos inter
et almam facultatem sponsalia quædam inducat.
Ut indissolubili fædere longis repetitisque comprobatos examinibus , cum Facultate suâ conjun- gat , ut deniquè ipsos nuptia i thalamo non indignos commendet. Errat igitur qui sibi persuaserit Paranymphi partes esse dicteriis unumquemque lacessere , mordaci dente carpere , so- lutos risus captare mimicis scurrilitatibus Audi- tores recreare , uno deniquè verbo Histrianiam agere , meminerint omnes me dignissimi
Ecclesiæ Parisiensis Cancellarii , qui ab Instituto
Paranymphicam actionem ipse peragebat , vices adimplere.
T
Quamquam satyrâ plurimum delectentur ho
mines , quanquam dicacitatis famam plurimi
sectentur , gravitate et dignitate plenam me personam gerere fas non est oblivisci. Laudator
non derisor Cathedram ascendi. Impium esset
eos collegas rubore suffundere quos summo prosequor honore , quos si reprehendere vellem nul- lis contaminatos vitiis reperirem , quos deniquè
lau
NOVEMBRE. 1732 2443
laudare et commendare dum meditor , suavissi
mis et integerrimis moribus imbutos , omni doctrinæ et eruditionis genere instructos , omnibus deniquè tum ingenii , tum animæ dotibus
longè lateque fulgentes facilè deprehendo.
Ergo nullus erit nigra loliginis succus , nulla
zrugo , hoc vitium procul ab fore verbis verè
promitto, &c.
,
L'université de Paris , et la Faculté des
Arts en particulier , ont fait une perte
considérable par la mort de M. Louis Benet , ci devant Recteur et actuellement Receveur General de l'Université
Professeur de Philosophie au College de Beauvais , arrivée à Fontainebleau le 12 .
de ce mois , d'une attaque d'apoplexie.
Il étoit fort distingué par son sçavoir et
par d'autres belles qualitez qui l'avoient
tendu cher à toute l'Université. Il en
avoit soutenu la premiere charge pendant près de trois années avec toute la dignité et tout le succès possible. A la sortie de son Rectorat , la Nation de Nor
mandie , dont il étoit Membre , l'élut en
1731. pour son Procureur par voye d'acclamation , qui est la plus honorable ;
cette Charge n'empêcha pas qu'à la mort
de M. le Vasseur , Receveur General ;
l'Université ne lui conférat encore celle
de l'administration generale de ses deniers.
2444 MERCURE DE FRANCE
niers. M. Benet avoit un talent merveilleux pour parler et pour écrire noblement et élégamment en Latin. Dans le
Recueil imprimé chez Thiboust en 1730.
intitulé : SELECTA Rectorum Universitatis
Parisiensis mandata , &c. Il y a de lui
cinq Mandemens qui furent admirez dans
le tems , et qui passeront sans doute à la
Posterité. Les sujets sont 1°. l'Arrivée de
la Reine à Paris. 2°. Le Rétablissement
de la santé du Roi. 3º La Naissance du
Dauphin. 4°. L'Anniversaire de la Naissance du Roi. 5. La Naissance du Duc d'Anjou.
Paranymphes
E vous envoye , Monsieur , un Discours , ou plutôt une petite Dissertation au sujet des Paranymphes. Je l'ai obtenu d'un Docteur de mes amis , qui l'a
prononcé il y a quelques jours dans les
Ecoles de Médecine à la suite d'un Dis- ,
cours oratoire sur la difficulté & les avantages de son Art. Celui qui regarde les
Paranymphes me paroît d'autant plus
propre à être publié , qu'il pourroit donner occasion à une plus grande recherche , dont le Public profiteroit : la chose
est de quelque conséquence , car faute de
bien entendre ce que c'est que Paranymphe , ceux qui se chargent de cette action , soit dans la Faculté de Théologie
soit dans celle de Médecine , se donnent
souvent la licence , pour réjouir les Auditeurs , de débiter des traits d'histoire
satyriques , et d'une médisance outrée
ce qui ne manque guéres de s'attirer réci
proquement des veritez choquantes qui
deviennent publiques , &c.
On
NOVEMBRE. 1732. 244
On dira peut peut-être être que cet Exercice n'est
institué que pour faire rire : ce seroit là
une belle institution ! Le veritable esprit
des Paranymphes est au contraire de loüer
les Licentiez , mais de les louer d'une
maniere enjouée et agréable qui puisse exciter de ces ris de satisfaction dignes des
gens sensez , et non de ces ris effrenez ,
que causent les sotises d'autrui , ou de ces
pensées boufonnes , qui ne devroient sortir que de la bouche des Histrions et des
Farceurs.
Je vous envoye cette Piéce en Latin
comme elle a été prononcée , crainte de
la rendre mal et de la gâter. Je crois qu'au
mot Limen mariti scandere , on pourroit
trouver l'origine du Proverbe sauter le
pas. Je suis , &c.
AParis , le 1. Septembre 1732.
Cogitanti mihi, clarissimi Licentiandi, quâ po- tissimum ratione susceptas Paranymphi partes
pro dignitate exequerer, non prudentius me actu
rum esse existimavi , quam si quæ fuerint ab
origine Paranymphi munia , curiosè perquiren- do , officii mei mentem perfectius intelligerem.
Apud Græcos acaruμpos ille vocabatur qui
magno rerum usu edoctus , addicebatur à Parentibus desponsatæ comes puellæ ; usquedum mariti limen scanderet. Fidus. et oculatus assidebat virgini , stabili connubio jam jam jungendæ , ipsam
2442 MERCURE DE FRANCE
samque blandè crudiebat quanta, quamque varia
præstare deberet officia; singulare illius erat mu
nus sapientibus dictis ipsi præscribere quid viro,
deberet ut uxor amica , quid liberis ut benigna
mater , quid familiæ ut sedula domina. Nec prius
benignis hujusmodi officiis certabat quam fidei
prudentiæque suæ commissum pignus in sponsi
manus deponeret.
A Græcis ad Romanos , à Romanis ad Patres
nostros , victoriæ legibus , fluxit illa consuetudo
quam adoptare , et retinere non dedignata est
antiquissima Parens , Parisiensis Universitas.
Hinc suus est Theologis,suus est Medicis Paranyinphus , adhoc institutus ut Licentiandos inter
et almam facultatem sponsalia quædam inducat.
Ut indissolubili fædere longis repetitisque comprobatos examinibus , cum Facultate suâ conjun- gat , ut deniquè ipsos nuptia i thalamo non indignos commendet. Errat igitur qui sibi persuaserit Paranymphi partes esse dicteriis unumquemque lacessere , mordaci dente carpere , so- lutos risus captare mimicis scurrilitatibus Audi- tores recreare , uno deniquè verbo Histrianiam agere , meminerint omnes me dignissimi
Ecclesiæ Parisiensis Cancellarii , qui ab Instituto
Paranymphicam actionem ipse peragebat , vices adimplere.
T
Quamquam satyrâ plurimum delectentur ho
mines , quanquam dicacitatis famam plurimi
sectentur , gravitate et dignitate plenam me personam gerere fas non est oblivisci. Laudator
non derisor Cathedram ascendi. Impium esset
eos collegas rubore suffundere quos summo prosequor honore , quos si reprehendere vellem nul- lis contaminatos vitiis reperirem , quos deniquè
lau
NOVEMBRE. 1732 2443
laudare et commendare dum meditor , suavissi
mis et integerrimis moribus imbutos , omni doctrinæ et eruditionis genere instructos , omnibus deniquè tum ingenii , tum animæ dotibus
longè lateque fulgentes facilè deprehendo.
Ergo nullus erit nigra loliginis succus , nulla
zrugo , hoc vitium procul ab fore verbis verè
promitto, &c.
,
L'université de Paris , et la Faculté des
Arts en particulier , ont fait une perte
considérable par la mort de M. Louis Benet , ci devant Recteur et actuellement Receveur General de l'Université
Professeur de Philosophie au College de Beauvais , arrivée à Fontainebleau le 12 .
de ce mois , d'une attaque d'apoplexie.
Il étoit fort distingué par son sçavoir et
par d'autres belles qualitez qui l'avoient
tendu cher à toute l'Université. Il en
avoit soutenu la premiere charge pendant près de trois années avec toute la dignité et tout le succès possible. A la sortie de son Rectorat , la Nation de Nor
mandie , dont il étoit Membre , l'élut en
1731. pour son Procureur par voye d'acclamation , qui est la plus honorable ;
cette Charge n'empêcha pas qu'à la mort
de M. le Vasseur , Receveur General ;
l'Université ne lui conférat encore celle
de l'administration generale de ses deniers.
2444 MERCURE DE FRANCE
niers. M. Benet avoit un talent merveilleux pour parler et pour écrire noblement et élégamment en Latin. Dans le
Recueil imprimé chez Thiboust en 1730.
intitulé : SELECTA Rectorum Universitatis
Parisiensis mandata , &c. Il y a de lui
cinq Mandemens qui furent admirez dans
le tems , et qui passeront sans doute à la
Posterité. Les sujets sont 1°. l'Arrivée de
la Reine à Paris. 2°. Le Rétablissement
de la santé du Roi. 3º La Naissance du
Dauphin. 4°. L'Anniversaire de la Naissance du Roi. 5. La Naissance du Duc d'Anjou.
Fermer
Résumé : LETTRE et Discours sur les Paranymphes
L'auteur adresse une lettre et un discours sur les paranymphes à un destinataire non nommé. Il envoie une dissertation sur les paranymphes, prononcée récemment par un docteur ami lors des écoles de médecine après un discours oratoire sur la médecine. L'auteur considère ce discours digne de publication, car il pourrait encourager des recherches bénéfiques pour le public. Il souligne que le rôle des paranymphes est souvent mal compris, ce qui entraîne des comportements inappropriés tels que des traits d'histoire satiriques et des médisances, provoquant des réactions publiques négatives. Le véritable esprit des paranymphes est de louer les licenciés de manière enjouée et agréable, suscitant des rires de satisfaction plutôt que des rires effrénés ou des pensées bouffonnes. L'auteur envoie la pièce en latin pour éviter toute déformation due à la traduction. Il mentionne également la mort de M. Louis Benet, ancien recteur et receveur général de l'Université de Paris, professeur de philosophie au Collège de Beauvais, survenue à Fontainebleau le 12 novembre 1732. M. Benet était distingué par son savoir et d'autres qualités qui l'avaient rendu cher à toute l'Université. Il avait soutenu la première charge de l'Université pendant près de trois années avec dignité et succès. Après son rectorat, il fut élu procureur par la Nation de Normandie en 1731 et reçut la charge d'administration générale des deniers de l'Université à la mort de M. le Vasseur. M. Benet possédait un talent remarquable pour parler et écrire noblement et élégamment en latin. Cinq de ses mandements, imprimés en 1730, furent admirés et sont destinés à passer à la postérité. Les sujets de ces mandements incluent l'arrivée de la Reine à Paris, le rétablissement de la santé du Roi, la naissance du Dauphin, l'anniversaire de la naissance du Roi, et la naissance du Duc d'Anjou.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer