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1
p. 1269-1286
ELOGE de M. Baron, Consul de France en Syrie, puis Directeur General du Commerce aux Indes Orientales, adressé à M. de ....
Début :
Rendre à la mémoire des hommes vertueux ce qui lui est dû, proposer [...]
Mots clefs :
Consul de France, Commerce, Indes orientales, Syrie, Marchands, Constantinople, Égypte, Voyage, Roi, Consulat
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texteReconnaissance textuelle : ELOGE de M. Baron, Consul de France en Syrie, puis Directeur General du Commerce aux Indes Orientales, adressé à M. de ....
ELOG E de M. Baron , Conful de France
en Syrie , puis Direcleur General du
Commerce aux Indes Orientales , adreſſe
à M. de
R
....
Endre à la mémoire des hommes
vertueux ce qui lui eft dû , propo--
fer leur exemple à la Pofterité , en donnant
un abregé de leur vie , c'eft , Monfieur
, une action de Juftice , un hommage
rendu au vrai mérite , & un foin qui
tourne à l'utilité publique . Ainfi , quʊique
M. Baron foit mort depuis plufieurs
années , & qu'après le decès de M. J. Bap
tifte Baron fon neveu , Chevalier de l'Or
dre de S. Jean de Jerufalem , Comman--
deur d'Efpagnac , arrivé le 20. Novembre
il ne reste plus perfonne en France
1724.
II. Vol.
A y de
1270 MERCURE DE FRANCE
de cette vertueufe famille , je ne fais point
difficulté d'entreprendre de vous marquer
ici les principales circonftances de fa vie..
François Baron nâquit à Marſeille le 4 ..
Novembre 16 20. d'une ancienne famille
de la même Ville qui étoit originaire de
Cofme dans le Duché de Milan . Après
avoir fait fes Etudes & fes Exercices , il
entra dans le monde , & fe fit confiderer
par fes manieres polies & par le carac
tere d'une exacte probité.
Quelque tems après , il forma le deffein
de voyager ; après avoir vû une partie de
l'Italie , & féjourné particulierement à la
Cour de Turin , il paffa en Egypte ; c'étoit
dans le tems de la rupture des Turcs avec
la République de Venife , & durant le
Siege de Candie. Cependant il y avoit
encore au Caire un Conful & plufieurs
Marchands Venitiens , aufquels le Pacha
de cette Ville fit plus qu'une avanie Turque
car après leur avoir fuppofé des intelligences
criminelles avec les Affiegés
de Candie , il les fit mettre aux fers , &
enfuite d'une courte procedure , il les
condamna tous à la mort , ce qui empor-.
toit la confifcation de leurs effets dont il
s'empara d'abord.
Dans cette extremité , les Venitiens eurent
recours à M. Baron qu'ils fçavoient
être fort confideré du Pacha . Il s'employa
II. Vol. effiJUIN.
1730. 1271'
efficacement pour eux , & il obtint enfin
leur délivrance , moyennant une fomme
dont on convint en argent comptant . Les
Venitiens n'en pouvoient pas trouver à
caufe de la faifie de leurs effets , & ils
reftoient toûjours dans les fers , lorfque
M. Baron , par un excès de cette generofité
qui lui a toûjours été naturelle , prêta
lui- même la fomme en queftion , qui étoit
d'environ cinq mille Piaftres , dont il emprunta
une bonne partie de divers Marchands
, au moyen de quoi les Venitiens
furent tous élargis , & déchargés de l'accufation
.
Il eſt preſque inutile d'ajoûter que pour
la fûreté des deniers prêtés , le Sieur
Marco Zen , Conful de Veniſe au Caire ,
paffa en cette qualité , & au nom de fa
Nation le 3. May 1657. une obligation
en bonne forme en faveur de M. Baron
de la fomme prêtée , payable dans une
année , avec ftipulation d'interêts faute
de rembourſement paffé ledit terme
; l'Obligation fut enregistrée en la
Chancellerie du Confulat de France le 10 .
Novembre 1657. fuivant l'Expedition
autentique qui eft dans mes Mémoires .
Mais ce que la Pofterité aura de la peine
à croire , & ce qui eft cependant bien
certain , c'eft qu'un fervice fi fignalé fut
payé d'une ingratitude qui dure encore,
II. Vol. A vj
car
1272 MERCURE DE FRANCE
car jamais M. Baron ni fes heritiers n'ont
pû être payés de cette Obligation .
le
Il prêta auffi de les deniers, deux années :
après ,deux mille fix cent Piaftres pour une
moindre avanie faite aux * Harbis
par
même Pacha , dont il ne put être remboursé
avant fon départ d'Egypte , ce
qui eft encore tourné en pure perte. Peu
de tems après , & dans la même année
1659. M. Baron fut député à la Cour par
M. de Bermond Conful , & par le Corps
de la Nation Françoife établie au Caire ,
pour des affaires importantes , concernant
le commerce de cette Echelle ; ce qu'il
accepta au préjudice de fes propres affai--
res & du recouvrement de fes deniers.
Nos Marchands d'Egypte eurent toutlieu
de fe louer de cette députation , après
laquelle M. Baron revint à Marſeille , où
il fe lia d'une étroite amitié avec Gafpar
de Glandevez , Seigneur de Niozelles ;
ce Gentilhomme des plus qualifiés de la
Province , fut accufé d'être le principal
Auteur des troubles qui agitoient alors
la Ville de Marfeille , & le Roi étant venu
en Provence pour y remedier , fon Procès
Harbis , nom Arabe , qui fignifie , en un cer--
tainfens , Etranger , par lequel on entend tous
les:Marchands Européens qui réfident en Egyp
te, & qui n'y ont aucun Conful de leur Na-
11. Vol. lui
JUIN. 1730. 1273
›
fui fut fait avec la derniere rigueur , en--
forte qu'après la condamnation & fa retraite
tous les amis fe trouverent embaraffés
. M. Baron, quoique perfuadé de l'in--
nocence de M. de Niozelles , & encore
plus de la fienne , crut fe devoir quelque
précaution , & quitta cette Ville pour
un tems .
Cependant tout le monde lui rendit juk
tice , & en l'année 1661. le Roi informé
de fon mérite & de fa capacité lui fit
l'honneur de le nommer au Confulat d'Alep
, l'un des plus importans de tout le
Levant, & qui comprenoit alors , outre la
plus grande partie de la Syrie , la Caramanie
& les Echelles de Tripoly & de Chipre
, dont les Vice-Confuls lui étoient
fubordonnés. Le Conful d'Alep étoit auffi
Conful , avec l'agrément du Roi , des
Hollandois établis en cette Echelle . Le
Commerce des François à Alep avoit be--
foin d'un Conful de ce caractere ; il étoit
prefque ruiné par les abus qui s'y étoient
introduits & par l'avidité des Gouver
neurs, qui, contre la difpofition des Traités
, exigeoient des droits injuftes , opprimoient
, au lieu de proteger les Mar--
chands .
M. Picquet , qui depuis a été Evêque
de Babilone , étoit alors Conful dAlep ,
& devoit ceder fa place à M. Baron .
II. Vol. Après
#274 MERCURE DE FRANCE
Après avoir conferé enſemble fur l'Etat
du Commerce & fur les moyens de le rétablir
, on n'en trouva pas de plus affuré
que celui de prier le nouveau Conful de
faire avant toutes chofes , fous le bon plaifir
du Roi , un voyage à Conftantinople,
pour obtenir du Grand - Seigneur les commandemens
& les ordres neceffaires pour
ce rétabliffement.
M. Baron toûjours prêt à faire le bien
au préjudice même de fes interêts , entreprit
ce long voyage à fes dépens . Il confera
utilement avec M. de la Haye , Ambaffadeur
de France , de qui il fe fit confiderer
, & négocia fi heureuſement avec
le fameux Vizir Cupruli , qui ne put lui
-refufer fon eftime , qu'il obtint tout ce
qu'il demanda. Il revint à Alep , chargé
d'un Catacherif ou Commandement Imperial
qui fit bientôt changer de face au
Commerce de Syrie , qui fert encore de
regle , & qui met un frein à l'avarice infatiable
des Gouverneurs. L'un des Arti--
cles les plus importans , étoit la fupreffion
des interêts anciens des dettes de la Na--
-tion Françoise de Seyde , qui montoient™
à plus de dix huit mille Piaftres par an ,
& qui furent éteint pour toûjours.
Une année s'étoit à peine écoulée , que
M. Colbert , parvenu au Miniftere après
la mort du Cardinal Mazarin , & ayant
II. Vol
de
JUIN. 1730. 1275
›
de grandes vûës pour l'augmentation du
Commerce du Levant , fut bien aife de
confulter M. Baron fur ce fujet ; il lui
envoya pour cela , fur la fin de l'année
1662. un ordre du Roi conçû en ces termes.
» Cher & bien amé. Defirant être in-
» formé par votre bouche de l'Etat dus
» Commerce qui s'exerce par nos Sujets
» en l'étendue de votre Confulat , pour
» y pourvoir felon les befoins & l'amélio-
» rer par les voyes qui feront jugées les
»plus convenables nous vous faifons
>> cette Lettre pour vous dire qu'auffi tôt
» que vous l'aurez reçûë vous ayez à vous
» rendre auprès de nous , après toutefois
» avoir établi le Sieur Pierre Baron votre
» frere pour exercer votre Charge pen--
>> dant votre abfence , & mis fi bon ordre
» aux affaires dudit Confulat qu'elle ne
» leur puiffe être d'aucun préjudice ; &
» comme il ne feroit pas jufte que vous
faifant venir pour l'interêt general du
» Commerce , les frais de votre voyage
tombaffent fur vous , nous entendons
» que toute la Nation les fupporte , puifnous
ne vous le faifons entreprenque
» dre que pour le bien & l'avantage de
fon négoce ; n'y faites donc faute. Car
tel eft notre plaifir , Donné à Paris le
2-13 . d'Octobre 1662. figné Louis &c. &
30
>>
"
II Vol.
av
1276 MERCURE DE FRANCE
>
» au dos eft écrit : A notre cher & bien
» amé , le Sieur Baron , Conful de la Nation
Françoife à Alep.
Mes Mémoires ne portent aucune cirtance
particuliere fur l'execution de
cet ordre du Roi ; mais ils marquent indirectement
que; Sa Majefté en fut fatisfaite
, & que le Miniftre fut confirmé dans
l'opinion avantageufe qu'il avoit déja de
M. Baron , lequel exerça pendant neuf
années confécutives le Confulat d'Alep ,
avec beaucoup de dignité & d'utilité pour
le Commerce de la Nation ; ce Commerce
fut fi floriffant que les Droits de Confulat
pour ces neuf années fe monterent à la
fomme de quatre vingt dix mille Piaftres.
Comme il avoit un grand fond de Religion
& de pieté , il ſe déclara d'abord le
protecteur & le pere de tous les Miffionnaires
de l'Orient , qui trouverent nonfeulement
un azile dans fa maiſon , mais
fouvent des reffources folides dans les
conjonctures fâcheufes qui n'arrivent que
trop fouvent dans le Pays des Infideles .
Il avoit la même attention pour les Prélats
, les Ecclefiaftiques & tous les Chré--
tiens du Pays qui n'étoient point féparés
de l'Eglife Romaine par le Schifme ou par
des erreurs . condamnées ; & il n'oublioit
rien pour attirer ceux qui avoient le
malheur d'être nés dans cette féparation.
- II. Vol.
Sa
JUIN. 1730. 1277
>
Sa charité fans bornes & fans diftinction
des Sujets n'étoit jamais épuifée , quoique
fes facultés le fuffent quelquefois en donnant
comme il faifoit de toutes mains
;
alors , en attendant d'autres reffources, il
donnoit jufqu'à fes meubles & fes propres
habits. Le P. Jofeph Beffon , Miffionnaire
de la Compagnie de Jefus en Syrie , étant
allé un jour lui repréfenter le danger évident
où fe trouvoit une jeune fille Maronite
auffi belle qquuee ppaauuvvrree ,, recherchée
par un Turc de confideration , faute de
quelque argent pour la mettre en fûreté
en l'envoyant chez fes parens du Mont
Liban ; le pieux Conful ſe trouvant alors
dépourvû d'argent , dépouilla fa Robe
Confulaire , qui étoit d'une belle écarlate,
doublée d'une fourrure de prix , & la
donna au Miffionnaire , qui touché d'une
telle action la déclara hautement , & fit
enforte avec un neveu de M. Baron que
l'argent en queftion fur trouvé ſur le cré-
' dit du Conful , & la fille Maronite fauvée.
Je me contente de ce trait entre plufieurs
autres qui font venus à ma connoiffance ,
& dont on parle encore dans là Ville d'Alep.
Je tiens celui ci de M. Feau que j'ai
vû deux fois dans l'Ile de Chypre , où il
eft mort Conful , lequel étoit fils d'une
foeur de M. Baron , & ne l'avoit prefque
jamais quitté durant fon Confulat d'Alep.
IL Vol.. C'eft:
7278 MERCURE DE FRANCE
>
C'eſt de ce même M. Feau que je tiens le
beau Portrait de notre illuftre Conful
que vous avez vû dans mon Cabinet , &
qu'il me remit à Chypre en l'année 1688 .
Il fut peint à Alep par un habile Flamand
que M. Baron avoit logé chez lui par eftime
& par courtoisie.
A l'égard de ce que j'ai dit , Monfieur,
de fon attention à proteger la Religion ,
& à bien traiter les Prélats & tous les
Ouvriers Evangeliques , je le trouve
confirmé par des Actes de la Congrégation
de la Propagande qui honorent fa
mémoire , & ces Actes font eux mêmes.
confirmés par un Bref du Pape Clement
IX. écrit au Roi en faveur de M. Baron;
vous ferez , fans doute , bien aife de le
trouver ici.
CHARISSIMO IN CHRISTO FILIO
NOSTRO ,
LUDOVICO , FRANCORUM REGI
CHRISTIANISSIMO.
CLEMENS PAPA IX.
CHARISSIME IN CHRISTO FILI NOSTER :
SALUTEM : Inclita pietati ac benefi
centia Majeftatis tuæ , non minus quàmgloria
per gratas accidere palam eft occafiones
omnes , fefe longè latèque per univerfum or-
II. Vol bem
JUIN. 1730. 1279
bem extendendi ; ubi præfertim non folum de
privatis hominum utilitatibus augendis , verum
etiam de publici boni , & vel maximè
fidei Chriftiane rationibus juvandis, ac provehendis
agatur. Quapropter accuratè, acfidenter
ei commendamus Francifcum Baronium
, eo die Nationis Francorum in Civitate
Aleppi Confulem , qui profecto , ut omni
fide digni viri, ac potiffimum Apoftolici Miffionarii
teftantur , quaftudio , folertia , Confiliis
, quà propriis etiam impenfis , cunctis
in Afia fanita Religionis vel confervanda ,
vel propaganda rebus per plures jam annos
efficaciter incumbit ; adeò ut fedulitas ejus
domus omnium in vineâ domini laborantium
neceffitatibus , commodis in Partibus
illis communiter pateant , hac Majef
tati tuæ non ignota effe , fufficere arbitramur
, ut eum dignum exiftimet , quem opportunè
regio beneficio aliquo donet : Cum prafertim
premium tam infigni virtuti tributum,
aliorum complurium charitatem acuere & inflammare
poffit ad eum imitandum , ingenti
multis in Regionibus fidei Chriftiana bono.
Ceterum officia Pontificia Ven. Fr. Archiepifcopus
Thebarum Nuncius nofter explicabit.
Nos Majeftati tuæ ex intimis animi paterni
fenfibus amantiffime benedicimus . ĎATUM
ROME, apud S. Mariam Majorem
fub annulo Pifcatoris . Die xxiv .
Augufti 1669. Pontificatûs noftri anno
III. M.
#280 MERCURE DE FRANCE
•
C.
M. Baron a encore fervi l'Eglife dans
une conjoncture ' importante & particuliere.
Vous fçavez ; Monfieur , qu'environ
dans ce tems - là Antoine Arnauld
Docteur de Sorbone , entreprit dans fon
grand Ouvrage ( a ) de la Perpetuité de la
Foy, & c. de prouver aux Novateurs, que
I'Eglife Orientale avoit toujours cru &
croit encore aujourd'hui , ce que croit
l'Eglife Latine fur la Tranfubftantiation
dans le Sacrement de l'Euchariftie , & c.
Ce qui ne fe pouvoit faire avec plus de
folidité & plus defuccès qu'en rapportant
les témoignages juridiques des principales
Eglifes fur ce point important. M. de
Nointel , alors Ambaffadeur à la Porte , fet
chargea de ce qui concernoit l'Eglife Patriarchale
de Conftantinople ; & M. Baron
, travailla de fon côté à fe rendre bien
certain de la Doctrine de toutes les Eglifes
Syriennes , fur le même point , ce qui
demandoit beaucoup de foin , d'applica
tion & de difcernement.
C'est par ce moyen qu'on voit dans le
premier volume de la Perpetuité de la
Foy , Liv. XII . page 82. deux Atteftations
autentiques ; fçavoir , l'une du Patriar-
( a ) La Perpetuité de la Foy de l'Eglife Catholique
, touchant l'Euchariftie, deffendue contre
le fieur Claude, Miniftre de Charenton.3.vol
in 4. Paris 1669. dédié au Pape Clement 1X.
II. Vol. che
JUIN. 1730. 1281
che , des Evêques & de plufieurs Prêtres
Arméniens , réfidens à Alep , de la créance
de cette Eglife fur l'Euchariſtie ; elle
eft dattée du premier Mars r117 . felon
L'Epoque des Arméniens , qui répond à'
l'année 1668. des Latins, traduite de l'Arménien
en Latin , ſouſcrite par les Prélats
y dénommez , & légalifée le même jour'
par M. Baron , qui affirme & attefte que
les Sceaux & les Seings qu'on y voit ont
été mis en fa préfence par les mêmes perfonnes.
L'autre Atteftation eft du Patriarche
des Syriens fur la créance de fon Egli
fe . Elle eft pareillement foufcrite de ce
Patriarche & de plufieurs Evêques , Prêtres
& Moines Syriens , & enfin renduë
autentique par la légaliſation du même
Conful.
Les Originaux de ces deux atteftations
qui font autant de Profeffions de Foy ,
écrits dans la Langue & dans les propres
caracteres de chaque Nation , fe trouvent
parmi les autres Originaux de cette efpece
dans le dépôt general qui en fut
fait à la Biblioteque de l'Abbaye S. Germain
des Prez , le 29 Septembre 1668 , &
le 7 Aouft 1670. fuivant le Procès verbal
latin qui eft à la tête de ce Recueil . Lex
Procès verbal eft foufcrit par M. (a) Jan-
(a ) M. Jannon étoit un Ecclefiaftique fort
zélé pour la Religion , & particulierement lié
II. Vol.
non
1282 MERCURE DE FRANCE.
non , Prêtre & Chanoine de S. Juft de
Lyon , par le R. P. General des Benedictins
de S. Maur , & fes Affiftans , par le
P. Prieur de S. Germain , par le Bibliotequaire
en chef, par Dom Luc d'Achery .
& par d'autresSçavans de la mêmeMaifon;
il eft enfin figné par deux Notaires Apoftoliques.
>-
Il y a dans le même Dépôt la Profef
fion de Foy originale , auffi légalifée par
M. Baron , le 4 Juin 1668. du Čuré Néophile
, Vicaire General de Macaire , Patriarche
Grec d'Antioche,foufcrite par lui
& par les principaux Curez & Prêtres du
Patriarchat.
M.Arnauld n'a point employé cette piéce
dans fon Livre de la Perpetuité de la
Foy. Peut-être lui arriva- t - elle trop tard.
Je ne dis rien des Profeffions de Foy
envoyées par M. de Nointel ; concernant
le Patriarchat de Conftantinople , qui
font partie du même Dépôt. Le tout enfemble
fait un des plus curieux Monumens
qu'on puiffe trouver en ce genre ;
j'ay eu le ppllaaiiffiirr ddee vvooiirr toutes
piéces à cette occafion.
ces
Entre celles qui m'ont parû mériter le
plus d'attention , j'ai diftingué les Actes,
avec M. Picquet & M. Arnauld, Il avoit recen
ces Originaux du Levant , & les depofa de la
maniere qu'il eft dit dans le Procès Verbal.
II. Vol. Origi
JUIN. 1730. 1288
Originaux, en grand nombre , du Métropolitain
Elie , Chef de l'Eglife Neftorienne
de ( a ) Diarbek , énoncez en Langue
Arabe , & écrits en caracteres Syriaques..
Ce précieux Recueil enfin contenu dans
deux gros volumes in-folio , prefente par
ta diverfité des Langues & des Caracte
res une refpectable variété , & mérite l'at
tention particuliere que les Sçavans Dépofitaires
ont pour fa confervation .
Sur la fin de l'année 1670. M. Colbert
qui honoroit M. Baron d'une eftime particuliere
& qui étoit tres- fatisfait des changemens
favorables arrivez au Commerce
de Syrie pendant fon Confulat , le propofa
au Roy comme un fujet propre à rétablir
& à faire fleurir celui de la Compagnie
des Indes Orientales ; & en conféquence
des Ordres de S. M. Mr Baron:
toujours prêt à obéir & à fe livrer au
bien public , partit d'Alep dans le courant
de l'année 1671. pour fe rendre à
Surate, lieu de la réfidence du Directeur
General du Commerce de France , & de
l'établiffement du principal Comptoir de
la Compagnie.
On ne fçauroit exprimer le regret
qu'on eut de le perdre à Alep. Le Procès
verbal de l'Affemblée de la Nation , tenuë
(a) Ville & Pays fituex dans l'ancienne
Mésopotamie
II. Vol. fur
1284 MERCURE DE FRANCE
fur ce fujet le 11. Janvier 1671 , dont
j'ai une Expédition en forme , apprend
là deffus quelques circonftances qu'il eft
bon de ne pas omettre .
M. du Pont , qui préfidoit à l'Affemblée
, en qualité de nouveau Conful d'Alep
, y fait l'éloge de M. Baron , puis il
propofe de déliberer fur deux Chefs. Le
premier , fur le prefent ou la gratification
ordinaire qui eſt dûë aux Confuls à
la fin de leur Charge , alléguant pour
exemple le plus recent celui de Mr.
Piquet , qui avoit reçû mille Piaftres de
gratification , quoique fon Confulat eût
été beaucoup moins long.
Le fecond Chef rouloit fur un rembourſement
de 519 Piaftres , données par
M. Baron de fes propres deniers , pour
terminer la malheureuſe affaire de deux
jeunes François , nommez dans l'Acte ,
que leur libertinage fit tomber entre les
mains du Sous- Bachi ou Officier du Guet,
dans un lieu de débauche , lequel les traita
avec la derniere rigueur , & prétendit
qu'il ne pouvoit les délivrer qu'en fe
faifant Mahometans , & c.
Sur quoi , dit l'Acte que je viens de
citer , lefdits Sieurs Affemblez , ont dit &
déliberé ;
ود
que
Que quelque reconnoiffance la
»Nation puiffe accorder àmondit fieur
II. Vol.
le
JUIN. 1730. 1285
» le Conful Baron , étant au deffous de ce
» qu'elle lui doit , pour le grand zele &
» le grand amour avec lequel il a agi
» pendant tout le tems de fon exercice ,
» & pour les fommes qu'il peut avoir
» fournies pour ladite Nation , dont il n'a
» pas été remboursé , qu'ils fe fentent
>> obligez de manifefter cette verité, & de
» prier M" les Echevins & Députez du-
>> Commerce de la Ville de Marfeille , de
» la lui donner auffi avantageuſe, qu'il l'a
» méritée fa bonne adminiftration &
par
» conduites ou fupplier tres-humblement
» Sa Majefté de lui accorder icelle.En foy
dequoi , &c. Signé Dupont Conful , Truillard
& Vitalis , Deputez de la Nation.
S. Jacques , Cheillan , Gardane , Gleize ,
Foreft , Bazan , Etienne , Marchands
François & Feris , Chancelier , Secretaire
du Confulat d'Alep. A côté eft le grand
Sceau du Conful ou l'Ecu des armes de
France , & c.
Ce font là , Monfieur , les belles difpofitions
, enfuite defquelles M.Baron partit
d'Alep pour les Indes , & qui lui ont tenu
lieu de réalité ; car il n'a jamais rien reçû
en confequence de cette déliberation ; fon
éloignement , fon efprit défintereffé , les
difficultez ou le peu de difpofition de la
part de ceux qui devoient effectuer ,
II. Vol. B ont
1236 MERCURE DE FRANCE
ont toujours été des obftacles plus que
fuffifans.
La fuite paroîtra dans le Mercure prochain.
en Syrie , puis Direcleur General du
Commerce aux Indes Orientales , adreſſe
à M. de
R
....
Endre à la mémoire des hommes
vertueux ce qui lui eft dû , propo--
fer leur exemple à la Pofterité , en donnant
un abregé de leur vie , c'eft , Monfieur
, une action de Juftice , un hommage
rendu au vrai mérite , & un foin qui
tourne à l'utilité publique . Ainfi , quʊique
M. Baron foit mort depuis plufieurs
années , & qu'après le decès de M. J. Bap
tifte Baron fon neveu , Chevalier de l'Or
dre de S. Jean de Jerufalem , Comman--
deur d'Efpagnac , arrivé le 20. Novembre
il ne reste plus perfonne en France
1724.
II. Vol.
A y de
1270 MERCURE DE FRANCE
de cette vertueufe famille , je ne fais point
difficulté d'entreprendre de vous marquer
ici les principales circonftances de fa vie..
François Baron nâquit à Marſeille le 4 ..
Novembre 16 20. d'une ancienne famille
de la même Ville qui étoit originaire de
Cofme dans le Duché de Milan . Après
avoir fait fes Etudes & fes Exercices , il
entra dans le monde , & fe fit confiderer
par fes manieres polies & par le carac
tere d'une exacte probité.
Quelque tems après , il forma le deffein
de voyager ; après avoir vû une partie de
l'Italie , & féjourné particulierement à la
Cour de Turin , il paffa en Egypte ; c'étoit
dans le tems de la rupture des Turcs avec
la République de Venife , & durant le
Siege de Candie. Cependant il y avoit
encore au Caire un Conful & plufieurs
Marchands Venitiens , aufquels le Pacha
de cette Ville fit plus qu'une avanie Turque
car après leur avoir fuppofé des intelligences
criminelles avec les Affiegés
de Candie , il les fit mettre aux fers , &
enfuite d'une courte procedure , il les
condamna tous à la mort , ce qui empor-.
toit la confifcation de leurs effets dont il
s'empara d'abord.
Dans cette extremité , les Venitiens eurent
recours à M. Baron qu'ils fçavoient
être fort confideré du Pacha . Il s'employa
II. Vol. effiJUIN.
1730. 1271'
efficacement pour eux , & il obtint enfin
leur délivrance , moyennant une fomme
dont on convint en argent comptant . Les
Venitiens n'en pouvoient pas trouver à
caufe de la faifie de leurs effets , & ils
reftoient toûjours dans les fers , lorfque
M. Baron , par un excès de cette generofité
qui lui a toûjours été naturelle , prêta
lui- même la fomme en queftion , qui étoit
d'environ cinq mille Piaftres , dont il emprunta
une bonne partie de divers Marchands
, au moyen de quoi les Venitiens
furent tous élargis , & déchargés de l'accufation
.
Il eſt preſque inutile d'ajoûter que pour
la fûreté des deniers prêtés , le Sieur
Marco Zen , Conful de Veniſe au Caire ,
paffa en cette qualité , & au nom de fa
Nation le 3. May 1657. une obligation
en bonne forme en faveur de M. Baron
de la fomme prêtée , payable dans une
année , avec ftipulation d'interêts faute
de rembourſement paffé ledit terme
; l'Obligation fut enregistrée en la
Chancellerie du Confulat de France le 10 .
Novembre 1657. fuivant l'Expedition
autentique qui eft dans mes Mémoires .
Mais ce que la Pofterité aura de la peine
à croire , & ce qui eft cependant bien
certain , c'eft qu'un fervice fi fignalé fut
payé d'une ingratitude qui dure encore,
II. Vol. A vj
car
1272 MERCURE DE FRANCE
car jamais M. Baron ni fes heritiers n'ont
pû être payés de cette Obligation .
le
Il prêta auffi de les deniers, deux années :
après ,deux mille fix cent Piaftres pour une
moindre avanie faite aux * Harbis
par
même Pacha , dont il ne put être remboursé
avant fon départ d'Egypte , ce
qui eft encore tourné en pure perte. Peu
de tems après , & dans la même année
1659. M. Baron fut député à la Cour par
M. de Bermond Conful , & par le Corps
de la Nation Françoife établie au Caire ,
pour des affaires importantes , concernant
le commerce de cette Echelle ; ce qu'il
accepta au préjudice de fes propres affai--
res & du recouvrement de fes deniers.
Nos Marchands d'Egypte eurent toutlieu
de fe louer de cette députation , après
laquelle M. Baron revint à Marſeille , où
il fe lia d'une étroite amitié avec Gafpar
de Glandevez , Seigneur de Niozelles ;
ce Gentilhomme des plus qualifiés de la
Province , fut accufé d'être le principal
Auteur des troubles qui agitoient alors
la Ville de Marfeille , & le Roi étant venu
en Provence pour y remedier , fon Procès
Harbis , nom Arabe , qui fignifie , en un cer--
tainfens , Etranger , par lequel on entend tous
les:Marchands Européens qui réfident en Egyp
te, & qui n'y ont aucun Conful de leur Na-
11. Vol. lui
JUIN. 1730. 1273
›
fui fut fait avec la derniere rigueur , en--
forte qu'après la condamnation & fa retraite
tous les amis fe trouverent embaraffés
. M. Baron, quoique perfuadé de l'in--
nocence de M. de Niozelles , & encore
plus de la fienne , crut fe devoir quelque
précaution , & quitta cette Ville pour
un tems .
Cependant tout le monde lui rendit juk
tice , & en l'année 1661. le Roi informé
de fon mérite & de fa capacité lui fit
l'honneur de le nommer au Confulat d'Alep
, l'un des plus importans de tout le
Levant, & qui comprenoit alors , outre la
plus grande partie de la Syrie , la Caramanie
& les Echelles de Tripoly & de Chipre
, dont les Vice-Confuls lui étoient
fubordonnés. Le Conful d'Alep étoit auffi
Conful , avec l'agrément du Roi , des
Hollandois établis en cette Echelle . Le
Commerce des François à Alep avoit be--
foin d'un Conful de ce caractere ; il étoit
prefque ruiné par les abus qui s'y étoient
introduits & par l'avidité des Gouver
neurs, qui, contre la difpofition des Traités
, exigeoient des droits injuftes , opprimoient
, au lieu de proteger les Mar--
chands .
M. Picquet , qui depuis a été Evêque
de Babilone , étoit alors Conful dAlep ,
& devoit ceder fa place à M. Baron .
II. Vol. Après
#274 MERCURE DE FRANCE
Après avoir conferé enſemble fur l'Etat
du Commerce & fur les moyens de le rétablir
, on n'en trouva pas de plus affuré
que celui de prier le nouveau Conful de
faire avant toutes chofes , fous le bon plaifir
du Roi , un voyage à Conftantinople,
pour obtenir du Grand - Seigneur les commandemens
& les ordres neceffaires pour
ce rétabliffement.
M. Baron toûjours prêt à faire le bien
au préjudice même de fes interêts , entreprit
ce long voyage à fes dépens . Il confera
utilement avec M. de la Haye , Ambaffadeur
de France , de qui il fe fit confiderer
, & négocia fi heureuſement avec
le fameux Vizir Cupruli , qui ne put lui
-refufer fon eftime , qu'il obtint tout ce
qu'il demanda. Il revint à Alep , chargé
d'un Catacherif ou Commandement Imperial
qui fit bientôt changer de face au
Commerce de Syrie , qui fert encore de
regle , & qui met un frein à l'avarice infatiable
des Gouverneurs. L'un des Arti--
cles les plus importans , étoit la fupreffion
des interêts anciens des dettes de la Na--
-tion Françoise de Seyde , qui montoient™
à plus de dix huit mille Piaftres par an ,
& qui furent éteint pour toûjours.
Une année s'étoit à peine écoulée , que
M. Colbert , parvenu au Miniftere après
la mort du Cardinal Mazarin , & ayant
II. Vol
de
JUIN. 1730. 1275
›
de grandes vûës pour l'augmentation du
Commerce du Levant , fut bien aife de
confulter M. Baron fur ce fujet ; il lui
envoya pour cela , fur la fin de l'année
1662. un ordre du Roi conçû en ces termes.
» Cher & bien amé. Defirant être in-
» formé par votre bouche de l'Etat dus
» Commerce qui s'exerce par nos Sujets
» en l'étendue de votre Confulat , pour
» y pourvoir felon les befoins & l'amélio-
» rer par les voyes qui feront jugées les
»plus convenables nous vous faifons
>> cette Lettre pour vous dire qu'auffi tôt
» que vous l'aurez reçûë vous ayez à vous
» rendre auprès de nous , après toutefois
» avoir établi le Sieur Pierre Baron votre
» frere pour exercer votre Charge pen--
>> dant votre abfence , & mis fi bon ordre
» aux affaires dudit Confulat qu'elle ne
» leur puiffe être d'aucun préjudice ; &
» comme il ne feroit pas jufte que vous
faifant venir pour l'interêt general du
» Commerce , les frais de votre voyage
tombaffent fur vous , nous entendons
» que toute la Nation les fupporte , puifnous
ne vous le faifons entreprenque
» dre que pour le bien & l'avantage de
fon négoce ; n'y faites donc faute. Car
tel eft notre plaifir , Donné à Paris le
2-13 . d'Octobre 1662. figné Louis &c. &
30
>>
"
II Vol.
av
1276 MERCURE DE FRANCE
>
» au dos eft écrit : A notre cher & bien
» amé , le Sieur Baron , Conful de la Nation
Françoife à Alep.
Mes Mémoires ne portent aucune cirtance
particuliere fur l'execution de
cet ordre du Roi ; mais ils marquent indirectement
que; Sa Majefté en fut fatisfaite
, & que le Miniftre fut confirmé dans
l'opinion avantageufe qu'il avoit déja de
M. Baron , lequel exerça pendant neuf
années confécutives le Confulat d'Alep ,
avec beaucoup de dignité & d'utilité pour
le Commerce de la Nation ; ce Commerce
fut fi floriffant que les Droits de Confulat
pour ces neuf années fe monterent à la
fomme de quatre vingt dix mille Piaftres.
Comme il avoit un grand fond de Religion
& de pieté , il ſe déclara d'abord le
protecteur & le pere de tous les Miffionnaires
de l'Orient , qui trouverent nonfeulement
un azile dans fa maiſon , mais
fouvent des reffources folides dans les
conjonctures fâcheufes qui n'arrivent que
trop fouvent dans le Pays des Infideles .
Il avoit la même attention pour les Prélats
, les Ecclefiaftiques & tous les Chré--
tiens du Pays qui n'étoient point féparés
de l'Eglife Romaine par le Schifme ou par
des erreurs . condamnées ; & il n'oublioit
rien pour attirer ceux qui avoient le
malheur d'être nés dans cette féparation.
- II. Vol.
Sa
JUIN. 1730. 1277
>
Sa charité fans bornes & fans diftinction
des Sujets n'étoit jamais épuifée , quoique
fes facultés le fuffent quelquefois en donnant
comme il faifoit de toutes mains
;
alors , en attendant d'autres reffources, il
donnoit jufqu'à fes meubles & fes propres
habits. Le P. Jofeph Beffon , Miffionnaire
de la Compagnie de Jefus en Syrie , étant
allé un jour lui repréfenter le danger évident
où fe trouvoit une jeune fille Maronite
auffi belle qquuee ppaauuvvrree ,, recherchée
par un Turc de confideration , faute de
quelque argent pour la mettre en fûreté
en l'envoyant chez fes parens du Mont
Liban ; le pieux Conful ſe trouvant alors
dépourvû d'argent , dépouilla fa Robe
Confulaire , qui étoit d'une belle écarlate,
doublée d'une fourrure de prix , & la
donna au Miffionnaire , qui touché d'une
telle action la déclara hautement , & fit
enforte avec un neveu de M. Baron que
l'argent en queftion fur trouvé ſur le cré-
' dit du Conful , & la fille Maronite fauvée.
Je me contente de ce trait entre plufieurs
autres qui font venus à ma connoiffance ,
& dont on parle encore dans là Ville d'Alep.
Je tiens celui ci de M. Feau que j'ai
vû deux fois dans l'Ile de Chypre , où il
eft mort Conful , lequel étoit fils d'une
foeur de M. Baron , & ne l'avoit prefque
jamais quitté durant fon Confulat d'Alep.
IL Vol.. C'eft:
7278 MERCURE DE FRANCE
>
C'eſt de ce même M. Feau que je tiens le
beau Portrait de notre illuftre Conful
que vous avez vû dans mon Cabinet , &
qu'il me remit à Chypre en l'année 1688 .
Il fut peint à Alep par un habile Flamand
que M. Baron avoit logé chez lui par eftime
& par courtoisie.
A l'égard de ce que j'ai dit , Monfieur,
de fon attention à proteger la Religion ,
& à bien traiter les Prélats & tous les
Ouvriers Evangeliques , je le trouve
confirmé par des Actes de la Congrégation
de la Propagande qui honorent fa
mémoire , & ces Actes font eux mêmes.
confirmés par un Bref du Pape Clement
IX. écrit au Roi en faveur de M. Baron;
vous ferez , fans doute , bien aife de le
trouver ici.
CHARISSIMO IN CHRISTO FILIO
NOSTRO ,
LUDOVICO , FRANCORUM REGI
CHRISTIANISSIMO.
CLEMENS PAPA IX.
CHARISSIME IN CHRISTO FILI NOSTER :
SALUTEM : Inclita pietati ac benefi
centia Majeftatis tuæ , non minus quàmgloria
per gratas accidere palam eft occafiones
omnes , fefe longè latèque per univerfum or-
II. Vol bem
JUIN. 1730. 1279
bem extendendi ; ubi præfertim non folum de
privatis hominum utilitatibus augendis , verum
etiam de publici boni , & vel maximè
fidei Chriftiane rationibus juvandis, ac provehendis
agatur. Quapropter accuratè, acfidenter
ei commendamus Francifcum Baronium
, eo die Nationis Francorum in Civitate
Aleppi Confulem , qui profecto , ut omni
fide digni viri, ac potiffimum Apoftolici Miffionarii
teftantur , quaftudio , folertia , Confiliis
, quà propriis etiam impenfis , cunctis
in Afia fanita Religionis vel confervanda ,
vel propaganda rebus per plures jam annos
efficaciter incumbit ; adeò ut fedulitas ejus
domus omnium in vineâ domini laborantium
neceffitatibus , commodis in Partibus
illis communiter pateant , hac Majef
tati tuæ non ignota effe , fufficere arbitramur
, ut eum dignum exiftimet , quem opportunè
regio beneficio aliquo donet : Cum prafertim
premium tam infigni virtuti tributum,
aliorum complurium charitatem acuere & inflammare
poffit ad eum imitandum , ingenti
multis in Regionibus fidei Chriftiana bono.
Ceterum officia Pontificia Ven. Fr. Archiepifcopus
Thebarum Nuncius nofter explicabit.
Nos Majeftati tuæ ex intimis animi paterni
fenfibus amantiffime benedicimus . ĎATUM
ROME, apud S. Mariam Majorem
fub annulo Pifcatoris . Die xxiv .
Augufti 1669. Pontificatûs noftri anno
III. M.
#280 MERCURE DE FRANCE
•
C.
M. Baron a encore fervi l'Eglife dans
une conjoncture ' importante & particuliere.
Vous fçavez ; Monfieur , qu'environ
dans ce tems - là Antoine Arnauld
Docteur de Sorbone , entreprit dans fon
grand Ouvrage ( a ) de la Perpetuité de la
Foy, & c. de prouver aux Novateurs, que
I'Eglife Orientale avoit toujours cru &
croit encore aujourd'hui , ce que croit
l'Eglife Latine fur la Tranfubftantiation
dans le Sacrement de l'Euchariftie , & c.
Ce qui ne fe pouvoit faire avec plus de
folidité & plus defuccès qu'en rapportant
les témoignages juridiques des principales
Eglifes fur ce point important. M. de
Nointel , alors Ambaffadeur à la Porte , fet
chargea de ce qui concernoit l'Eglife Patriarchale
de Conftantinople ; & M. Baron
, travailla de fon côté à fe rendre bien
certain de la Doctrine de toutes les Eglifes
Syriennes , fur le même point , ce qui
demandoit beaucoup de foin , d'applica
tion & de difcernement.
C'est par ce moyen qu'on voit dans le
premier volume de la Perpetuité de la
Foy , Liv. XII . page 82. deux Atteftations
autentiques ; fçavoir , l'une du Patriar-
( a ) La Perpetuité de la Foy de l'Eglife Catholique
, touchant l'Euchariftie, deffendue contre
le fieur Claude, Miniftre de Charenton.3.vol
in 4. Paris 1669. dédié au Pape Clement 1X.
II. Vol. che
JUIN. 1730. 1281
che , des Evêques & de plufieurs Prêtres
Arméniens , réfidens à Alep , de la créance
de cette Eglife fur l'Euchariſtie ; elle
eft dattée du premier Mars r117 . felon
L'Epoque des Arméniens , qui répond à'
l'année 1668. des Latins, traduite de l'Arménien
en Latin , ſouſcrite par les Prélats
y dénommez , & légalifée le même jour'
par M. Baron , qui affirme & attefte que
les Sceaux & les Seings qu'on y voit ont
été mis en fa préfence par les mêmes perfonnes.
L'autre Atteftation eft du Patriarche
des Syriens fur la créance de fon Egli
fe . Elle eft pareillement foufcrite de ce
Patriarche & de plufieurs Evêques , Prêtres
& Moines Syriens , & enfin renduë
autentique par la légaliſation du même
Conful.
Les Originaux de ces deux atteftations
qui font autant de Profeffions de Foy ,
écrits dans la Langue & dans les propres
caracteres de chaque Nation , fe trouvent
parmi les autres Originaux de cette efpece
dans le dépôt general qui en fut
fait à la Biblioteque de l'Abbaye S. Germain
des Prez , le 29 Septembre 1668 , &
le 7 Aouft 1670. fuivant le Procès verbal
latin qui eft à la tête de ce Recueil . Lex
Procès verbal eft foufcrit par M. (a) Jan-
(a ) M. Jannon étoit un Ecclefiaftique fort
zélé pour la Religion , & particulierement lié
II. Vol.
non
1282 MERCURE DE FRANCE.
non , Prêtre & Chanoine de S. Juft de
Lyon , par le R. P. General des Benedictins
de S. Maur , & fes Affiftans , par le
P. Prieur de S. Germain , par le Bibliotequaire
en chef, par Dom Luc d'Achery .
& par d'autresSçavans de la mêmeMaifon;
il eft enfin figné par deux Notaires Apoftoliques.
>-
Il y a dans le même Dépôt la Profef
fion de Foy originale , auffi légalifée par
M. Baron , le 4 Juin 1668. du Čuré Néophile
, Vicaire General de Macaire , Patriarche
Grec d'Antioche,foufcrite par lui
& par les principaux Curez & Prêtres du
Patriarchat.
M.Arnauld n'a point employé cette piéce
dans fon Livre de la Perpetuité de la
Foy. Peut-être lui arriva- t - elle trop tard.
Je ne dis rien des Profeffions de Foy
envoyées par M. de Nointel ; concernant
le Patriarchat de Conftantinople , qui
font partie du même Dépôt. Le tout enfemble
fait un des plus curieux Monumens
qu'on puiffe trouver en ce genre ;
j'ay eu le ppllaaiiffiirr ddee vvooiirr toutes
piéces à cette occafion.
ces
Entre celles qui m'ont parû mériter le
plus d'attention , j'ai diftingué les Actes,
avec M. Picquet & M. Arnauld, Il avoit recen
ces Originaux du Levant , & les depofa de la
maniere qu'il eft dit dans le Procès Verbal.
II. Vol. Origi
JUIN. 1730. 1288
Originaux, en grand nombre , du Métropolitain
Elie , Chef de l'Eglife Neftorienne
de ( a ) Diarbek , énoncez en Langue
Arabe , & écrits en caracteres Syriaques..
Ce précieux Recueil enfin contenu dans
deux gros volumes in-folio , prefente par
ta diverfité des Langues & des Caracte
res une refpectable variété , & mérite l'at
tention particuliere que les Sçavans Dépofitaires
ont pour fa confervation .
Sur la fin de l'année 1670. M. Colbert
qui honoroit M. Baron d'une eftime particuliere
& qui étoit tres- fatisfait des changemens
favorables arrivez au Commerce
de Syrie pendant fon Confulat , le propofa
au Roy comme un fujet propre à rétablir
& à faire fleurir celui de la Compagnie
des Indes Orientales ; & en conféquence
des Ordres de S. M. Mr Baron:
toujours prêt à obéir & à fe livrer au
bien public , partit d'Alep dans le courant
de l'année 1671. pour fe rendre à
Surate, lieu de la réfidence du Directeur
General du Commerce de France , & de
l'établiffement du principal Comptoir de
la Compagnie.
On ne fçauroit exprimer le regret
qu'on eut de le perdre à Alep. Le Procès
verbal de l'Affemblée de la Nation , tenuë
(a) Ville & Pays fituex dans l'ancienne
Mésopotamie
II. Vol. fur
1284 MERCURE DE FRANCE
fur ce fujet le 11. Janvier 1671 , dont
j'ai une Expédition en forme , apprend
là deffus quelques circonftances qu'il eft
bon de ne pas omettre .
M. du Pont , qui préfidoit à l'Affemblée
, en qualité de nouveau Conful d'Alep
, y fait l'éloge de M. Baron , puis il
propofe de déliberer fur deux Chefs. Le
premier , fur le prefent ou la gratification
ordinaire qui eſt dûë aux Confuls à
la fin de leur Charge , alléguant pour
exemple le plus recent celui de Mr.
Piquet , qui avoit reçû mille Piaftres de
gratification , quoique fon Confulat eût
été beaucoup moins long.
Le fecond Chef rouloit fur un rembourſement
de 519 Piaftres , données par
M. Baron de fes propres deniers , pour
terminer la malheureuſe affaire de deux
jeunes François , nommez dans l'Acte ,
que leur libertinage fit tomber entre les
mains du Sous- Bachi ou Officier du Guet,
dans un lieu de débauche , lequel les traita
avec la derniere rigueur , & prétendit
qu'il ne pouvoit les délivrer qu'en fe
faifant Mahometans , & c.
Sur quoi , dit l'Acte que je viens de
citer , lefdits Sieurs Affemblez , ont dit &
déliberé ;
ود
que
Que quelque reconnoiffance la
»Nation puiffe accorder àmondit fieur
II. Vol.
le
JUIN. 1730. 1285
» le Conful Baron , étant au deffous de ce
» qu'elle lui doit , pour le grand zele &
» le grand amour avec lequel il a agi
» pendant tout le tems de fon exercice ,
» & pour les fommes qu'il peut avoir
» fournies pour ladite Nation , dont il n'a
» pas été remboursé , qu'ils fe fentent
>> obligez de manifefter cette verité, & de
» prier M" les Echevins & Députez du-
>> Commerce de la Ville de Marfeille , de
» la lui donner auffi avantageuſe, qu'il l'a
» méritée fa bonne adminiftration &
par
» conduites ou fupplier tres-humblement
» Sa Majefté de lui accorder icelle.En foy
dequoi , &c. Signé Dupont Conful , Truillard
& Vitalis , Deputez de la Nation.
S. Jacques , Cheillan , Gardane , Gleize ,
Foreft , Bazan , Etienne , Marchands
François & Feris , Chancelier , Secretaire
du Confulat d'Alep. A côté eft le grand
Sceau du Conful ou l'Ecu des armes de
France , & c.
Ce font là , Monfieur , les belles difpofitions
, enfuite defquelles M.Baron partit
d'Alep pour les Indes , & qui lui ont tenu
lieu de réalité ; car il n'a jamais rien reçû
en confequence de cette déliberation ; fon
éloignement , fon efprit défintereffé , les
difficultez ou le peu de difpofition de la
part de ceux qui devoient effectuer ,
II. Vol. B ont
1236 MERCURE DE FRANCE
ont toujours été des obftacles plus que
fuffifans.
La fuite paroîtra dans le Mercure prochain.
Fermer
Résumé : ELOGE de M. Baron, Consul de France en Syrie, puis Directeur General du Commerce aux Indes Orientales, adressé à M. de ....
François Baron, né à Marseille le 4 novembre 1620, est un diplomate français distingué par ses manières polies et sa probité. Après des voyages en Italie et en Égypte, il se rend utile en obtenant la libération de marchands vénitiens emprisonnés au Caire, sans jamais recevoir de remboursement malgré une obligation signée. En 1659, Baron est envoyé à la cour pour des affaires commerciales. En 1661, il est nommé consul à Alep, un poste stratégique pour le commerce français. Il voyage à Constantinople pour obtenir des ordres impériaux afin de rétablir le commerce, ce qui conduit à la suppression des intérêts anciens des dettes françaises à Seyde. Colbert, ministre du commerce, le consulte sur l'état du commerce du Levant. Baron exerce le consulat d'Alep pendant neuf ans, améliorant considérablement le commerce français et montrant une grande charité envers les missionnaires et les chrétiens de l'Orient. Son dévouement est confirmé par des actes de la Congrégation de la Propagande et un bref du pape Clément IX. En 1669, Baron est chargé de recueillir des témoignages sur la doctrine de la transsubstantiation dans le sacrement de l'Eucharistie. Il obtient deux attestations authentiques : l'une des Arméniens résidant à Alep et l'autre du Patriarche des Syriens. Ces documents, rédigés dans les langues et caractères originaux, sont légalisés par Baron et déposés à la bibliothèque de l'Abbaye Saint-Germain-des-Prés. En 1670, Colbert propose à Louis XIV de nommer Baron pour revitaliser le commerce de la Compagnie des Indes Orientales. Baron quitte Alep en 1671 pour Surate, laissant derrière lui des regrets et des reconnaissances pour son zèle et son dévouement. Une assemblée de la Nation française à Alep délibère pour lui accorder une gratification et un remboursement pour des dépenses personnelles, mais ces décisions ne sont jamais mises en œuvre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 2785-2797
LETTRE de M.... écrite à M. de ... Commandeur de l'Ordre de S. Jean de Jerusalem, au sujet d'un Livre nouveau intitulé: La Vie de Messire François Picquet, &c.
Début :
Le Livre dont vous me parlez, Monsieur, est également curieux et édifiant, [...]
Mots clefs :
Ordre de saint Jean de Jerusalem, Livre, Journal de Verdun, Doutes, François Picquet, Consulat, Alep, Pacha , Historien, Mosquée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M.... écrite à M. de ... Commandeur de l'Ordre de S. Jean de Jerusalem, au sujet d'un Livre nouveau intitulé: La Vie de Messire François Picquet, &c.
LETTRE de M.... écrite à M. de...
Commandeur de l'Ordre de S. Jean de
Jerusalem , au sujet d'un Livre nouveau
intitulé : La Vie de Messire François Pic
quet , &c.
E Livre dont vous me parlez , Mon
Li ,
→
fiant , il mérite que vous le lisiez avec
attention dès que vous serez de retour de votre Campagne. Le peu que
vous en avez vû dans le petit Journal de Verdun , n'est pas , comme vous
dites , suffisant pour vous instruire ; il l'a
été seulement pour exciter votre curiosité et pour former quelques doutes , que
vous me chargez d'éclaircir , les Journaux Litteraires n'en ayant point encore
parlé.
Le premier de ces doutes roule sur ces
paroles du Journaliste , page 175. du
mois de Septembre. En 1662. M. Pičquet revint en Europe, sans renoncer au Consulat d'Alep , qu'ilfit exercerparM. Baron.
II. Vol. C
Ces iiij
2786 MERCURE DE FRANCE
Ces paroles font , sans doute , entendre
que M. Baron ne fut que le Substitut de
M. Picquet , et que celui- cy étant toûjours le maître du Consulat d'Alep , il y
commit une personne à sa dévotion, &c.
Votre interprétation est juste , Monsieur,
mais le fondement en est peu solide. Les
termes que je viens de rapporter sont
entierement du Journaliste;l'Historien de
M. Picquet ne parle point ainsi , et vous
avez eû grande raison de douter que
M. Baron , dont vous avez connu la famille , fort superieure à celle de M. Picquet , dont vous avez , dis- je , vû les Neveux se distinguer dans votre Ordre , ait
jamais été le Substitut d'un Consul d'Alep.
Mais comme je ne sçaurois bien remplir tout ce que vous exigez de moi au
sujet de ce nouveau Livre , sans le lire
attentivement d'un bout à l'autre , je ne
vous dis rien de plus ici sur cet article. L'occasion d'en parler reviendra à
la suite de mes Observations , que je soumets d'avance toutes à vos lumieres , ne
les ayant entreprises que pour vous obéïr,
et pour perfectionner un Ouvrage qui mérite l'attention de tous les gens de bien.
En voici d'abord le Titre. LA VIE de
Messire François Picquet , Consul de Franse et de Hollande à Alep ; ensuite Evêque
II. Vol. de
DECEMBRE 1732. 2787
de Cesarople,puis de Babylone, Vicaire Apos
tolique en Perse ; avec titre d'Ambassadeur
du Roy auprès du Roy de Perse , contenant
plusieurs évenemens curieux , arrivez dans
le temps de son Consulat et de son Episcopat, dans les Etats de Turquie et de Perse ,
et dans les Eglises des deux Empires.Divisée
en trois Livres , 1. vol. in 8. de 543. pages
sans la Préface et la Table. A Paris,
chez la Veuve Mergé , ruë S. Jacques ,
M. DCC. XXXII.
Une assez longue Préface contient d'abord l'Eloge de M. Picquet, lequel ne présente rien que de vrai, et de fort touchant.
Elle indique ensuite les sources où l'on a
puisé les Memoires qui ont servi à écrire
I'Histoire de sa vie. On distingue particulierement ici François Malaval , ce sçavant Aveugle de Marseille , qui avoit autrefois projetté de composer lui - même
cette Histoire , et qui a fourni des lumieres et des secours considerables pour l'exc
cution de celle dont il est question . Les
autres personnes qui ont concouru au
même dessein , sont aussi nommées avec
distinction dans la même Préface. X
LIVRE I. qui comprend les commencemens
de la vie de M. Picquet , l'Histoire de son
Consulat et divers evenemens concernant les
Eglises du Levant et de Turquie
II. Vol. Cv François
2738 MERCURE DE FRANCE
· François Piquet nâquit à Lyon le jour
de Pâques 12. Avfil 1626 ; il étoit fils de
Geofroy Picquet et d'Anne de Monery
l'un et l'autre d'une honnête et ancienne
Famille , que l'on mettoit au nombre des
Nobles de la ville de Lyon. L'Autheur
ajoute que Geofroy Picquet avoit été fort
riche , et qu'il passoit pour l'un des plus
considerables Banquiers de Lyon , qui
avoit le plus de crédit et de correspondances dans toutes les Places de l'Europe.
Je passe , Monsieur , les prémices de la
piété et les premieres études de ce serviteur de Dieu , qui avançoit à grands pas
dans la carriere de la vertu à mesure qu'il
croissoit en âge ; je passe aussi ses voyages
en divers endroits de l'Italie dont il vit les
principales Villes , et dont il ne revint à
Lyon que vers la fin de l'année 1650.
En 1652 le Consulat d'Alep , dont on
décrit ici l'importance et les avantages ,
étant venu à vacquer par la mort de M.
Bonin de Marseille , M. Picquet fut nommé par la Chambre du Commerce pour
remplir cette Charge , et la Cour approuva ce choix ,
Il s'embarqua à Marseille au mois de
Septembre de la même année , et après
avoir débarqué à Alexandrete il se rendit
à Alep au commencement de Decembre.
` II. Vol. On
DECEMBRE. 1732. 2789
On lui fit une Réception magnifique ;
tous les Consuls à la tête de leur Nation
vinrent le recevoir à l'entrée de la Ville ,
et le conduisirent jusqu'à son Palais &c.
Il faut passer ce terme , souvent employé
dans cette Histoire pour signifier la Mai son du Consul.
Il donna dabord toute son application
au rétablissement des affaires du Commerce, que la mauvaise foi des Marchands
et l'avarice insatiable des Gouverneurs
avoient fortdérangées. LePacha d'alors s'ap
pelloit Bichir , et non pas Bicier , comme
le nomme notre Autheur ; ses violences
et ses injustices l'avoient rendu fameux
dans l'Orient , et on parloit encore de lui
quand j'étois dans la Syrie. M. Picquet
vintcependantà bout de réprimer ses véxations ; il obtint des ordres précis de la
Porte , par lesquels il lui fut deffendu de
les continuer , et enjoint de donner une
entiere satisfaction au Consul de France ,
et de vivre desormais en bonne intelligence avec lui.
Divers incidens troublerent depuis cette
intelligence ; mais ils ne servirent qu'à
faire paroître la fermeté et la sagesse de
notre Consul qui eut toujours l'avantage
sur le Pacha , et maintint hautement les
droits et la gloire de la Nation.
II. Vol. C vj Je
2750 MERCURE DE FRANCE
Je ne puis m'empêcher , Monsieur, de
vous dire ici que le narré de l'un de ces
incidens est une espece d'énigme pour
moi , je ne sçai si vous en comprendrez
mieux le sens ? Voici de quoi il s'agit.
» Le courage de ce brave Consul parut
>> encore , dit notre Historien , lorsque son
>> Vice- Consul étant investi dans sa Maison , qui étoit à l'extrêmité d'un fau-
»bourg, par 500 Mores , il alla lui- même
»à son secours à la tête de 200 François ,
» et les chargea si vigoureusement , qu'ils
furent obligez de prendre la fuite , et de
»lui laisser la gloire d'avoir purgé la cam-
» pagne de tous ces brigands , à la grande
»confusion du Pacha , qui negligeoit un
»devoir si essentiel à sa charge &c.
Tout le monde sçait que le Consul d'Alep n'a point de Vice-Consul dans cette
même Ville ; il y seroit fort inutile. Il
n'est pas moins certain que la Syrie n'est
pas le pays des Mores : d'où seroient donc
venus ceux qui investirent la Maison en
question ? M. le Chevalier Monier , originaire d'Alep, que vous avez fort connu
à Paris chez le Cardinal de Noailles , qui
a lu tous des premiers cette vie de M. Picquet, m'a avoué qu'il n'avoit pas mieux
compris que moi l'endroit dont je viens
de parler.
II. Vol. Cependant
DECEMBRE. 1732. 2791
Cependant les affaires du Commerce set
rétablissant de jour en jour , les Droits du
Consulat grossirent à proportion , et M.
Picquet se fit en peu de tems un gros re- venu. Rien n'est plus édifiant que de voir
dans le Livre même le saint usage qu'il
sçut en faire , et le détail de ses grandes
aumônes , particulierement envers les Ecclésiastiques et les pauvres Eglises du pays.
Ce détail est suivi du recit de la révolte du Pacha d'Alep , contre lequel le Grand Vizir envoya Mortasa et non pas Mourthesar , son Lieutenant , avec un corps de
troupes pour les opposer à ce Rebelle , et
pour commander en sa place dans Alep ,
ce qui ayant été heureusement executé , le
nouveau Pacha donna plusieurs témoignages d'estime et de considération à M.
Picquet , jusqu'à faire pendre le Grand
Douannier devant la porte du Palais
de France , pour vanger les injures qu'il
avoit faites à la Nation dans l'exercice de sa Charge , du tems du Pacha rebelle.
Les Gouverneurs Turcs ne visitent jamais personne , et ils affectent surtout de
ne pas se mesurer avec les Consuls : c'est
beaucoup quand ils s'acquittent à leur
égard des bienseances reglées. Cependant
le nouveau Pacha prévenu d'estime et
II. Vol. d'une
2792 MERCURE DE FRANCE
d'une amitié particuliere pour M. Picquet
lui rendit une visite. Le Consulde son côté
répondit tout de son mieux à cet honneur
extraordinaire, il regala le Pacha, et quand
celui-cy montoit à cheval pour s'en retourner , étant survenu une grosse pluye , M.
Picquet lui fit présenter un très- beau Manteau d'écarlate de Venise , doublé de bro
card d'or.
Le Pacha revint encore quelques jours
aprés chez le Consul pour demander
ses conseils au sujet de l'Armée des Rebelles , qui étoit encore assemblée , et
suivoit la fortune de Bichir Pacha.
La bienfeance et les suites de cette affaire
engagerent M. Picquet de visiter à son
tour le Pacha , qui lui rendit de grands
honneurs accompagnez de quelques présens , sçavoir une veste de drap verd , couleur cherie des Mahometans , et interdite
aux Chrétiens dans le Levant , une Pelisse , ou Fourure de Chameau , et le plus
beau Cheval de son Ecurie richement harnaché. La Pelisse de Chameau vous fera
sans doute rire , c'est apparemment une
méprise que je voudrois bien rejetter sur
'Imprimeur, s'il étoit possible , quoiqu'elle ne soit pas marquée dans l'Errata. Vous
sçavez ce que c'est que le poil et le cuir
d'un Chrmeau dont on fait seulement des
II. Vol.
cribles
DECEMBRE. 1732. 2793
cribles et d'autres usages les plus grossiers
Cette visite fut suivie de quelqu'autres
où toute ceremónie étoit bannie ; elles se
passoient dans la nuit pour conferer des
moyens de reduire les Chefs des Rebelles
et de dissiper leur Armée. Le Pacha et le
Consul convinrent enfin d'un moyen qui
fut éxecuté de la maniere qui suit.
Un jour de vendredi , destiné chez les
Mahometans à l'Assemblée generale et
aux Prieres publiques dans la principale
Mosquée , dans le tems de la plus grande
application des Assistans , 12 Imans ou
Ministres de la Religion , pratiquez par
le Pacha , tomberent brusquement sur les
Chefs des Rebelles et leur couperent la
tête. Le Pacha sortit en même tems de la
Ville avec l'Etendart de la Loi , qui fut
incontinent suivi par les troupes rebelles ,
et la tranquillité se rétablit aussi- tôt. C'est
ainsi , dit notre Historien , que Mortasa
assisté des lumieres et du conseil de M.
Picquet , remporta sur Bichir et les compagnons de sa revolte une victoire &c.
Il se trompe au reste dans ce narré, lorsqu'en expliquant le terme d'Iman , il dit
que ce sont chez les Turcs une espece de
Prêtres qui exercent leurs fonctions hors
la ville. Les Imans sont employez dans les
grandes villes , comme dans les petites
II. Vol. -Mosquées
2794 MERCURE DE FRANCE
Mosquées , il y en a à sainte Sophie et
dans les autres Mosquées Royales de Cons
tantinople , et par tout où les Mahométans ont des Temples.
Cette sanglante Tragedie , qui augmenta la bonne intelligence entre le Pacha d'Alep et le Consul François , fut suivie peu de tems après d'un spectacle plus
agréable ; c'est la fameuse Comedie de Pastor
Fido , dont M. le Consul voulut régaler le
Pacha. On dressa un Théatre dans la Maison Consulaire : la décoration en étoit
magnifique et bien entendue , et la Piece
fut executée avec tant de succès par de
jeunes Marchands François , que le Pacha
leur fit offrir un présent de deux mille
Piastres , lequel ne fut point accepté. Le
Gouverneur fut charmé de cette Piece
surtout de la belle Symphonie dont chaque Scene étoit suivie. Il y a beaucoup
d'apparence que c'est tout ce que les Turcs
purent admirer.
>
Le Pacha voulut regaler à son tour le
Consul et laNationFrançoise d'uneComédie Turque , laquelle fut representée dans
son Serrail par les meilleurs Acteurs du
Pays , et qui parut , dit notre Autheur ,
avoir son agrément dans l'esprit de nos
François. Ceux- ci ne manquerent pas ,
sans doute , de complaisance ; car vous
II. Vol. n'ignorez
DECEMBR E. 1732 2795
n'ignorez pas , Monsieur , que les Turcs
n'ont ni regles, ni genie pour ces sortes de
spectacles ; témoin celui dont je crois de
vous avoir parlé , et où je me suis trouvé
un jour chez le Pacha de Damas , qui n'étoit rempli que de boufonneries , quelquefois assez grossieres , et dont la derniere Scene fut un bizarre travestissement
des Acteurs,qui parurent habillez à la Françoise avec des Perruques &c. ce qui augmenta les éclats de rire et combla le plaisir des Spectateurs.
C'est à cette occasion que le Pacha d'Alep offrit au vertueux Consul deux des
plus belles filles et des principales Familles Turques de la Ville , qui avoient assisté à cette Comédie , offre qui fut bien
loin rejettée , et sur laquelle le Consul
s'excusa , en faisant confidence au Pacha
du Vou qu'il avoit fait de quitter le
monde pour embrasser l'Etat Ecclesiastique , comme il l'éxecuta quelques années
après.
M. Picquet n'avoit alors que trente ans ,
ce qui acheva de lui gagner l'estime et
l'amitié du Gouverneur. C'est à peu près
dans ce même tems que la République
de Hollande le choisit pour son Consul à
Alep et dans ses dépendances : l'agrément
du Roi est ici sous-entendu.
II. Vol. J.
2796 MERCURE DE FRANCE
Je ne suivrai point notre Historien
dans tout ce qu'il ajoûte des differens
effets du zele de ce Consul , pour affermir
les Catholiques Orientaux dans la Foi , et
pour soumettre les Schismatiques à l'Eglise Romaine. Il eut une tendresse particuliere pour l'Eglise Maronite , toute
Catholique , du Mont Liban ; il faut voir
dans le Livre même tout ce qu'il a fait
pour cette Eglise , qui fut de son tems
extrêmement persecutée ; on ne peut rien
lire de plus édifiant ni de mieux touché.
L'article des Esclaves Chrétiens que le
pieux Consul soulageoit par ses aumônes , et dont il rompoit les fers quand il
le pouvoit , est encore de ce même caractere , on ne sçauroit le lire sans être
émû.
Je ne m'arrêterai point aussi à extraire
le détail de la disgrace qui survint au Pacha d'Alep , disgrace que l'Auteur attri
bue à l'étroite union qu'il avoit avec le
Consul François , laquelle donna de l'ombrage au G. S. et au G. Viz. M. Picquet
déplora le malheureux sort de son ami
qui fût conduit comme un criminel à
Constantinople ; » craignant que la gran-
» de liaison qu'il avoit eue avec ce Pacha
» ne lui fut¯nuisible ; parce que dans ce
» pays là on ne manque pas de se défaire
II. Vol.
D d'u-
DECEMBRE. 1732 2797
» d'une personne sans bruit ; it résolut de
» se retirer , mais le Seigneur , qui vou-
>> loit encore se servir de son ministere
» pour le bien des Pauvres et de la Reli-
» gion , lui fit differer de deux ans l'exe-
»cution de son dessein.
Je m'arrête ici , Monsieur , pour ne
point trop fatiguer votre attention , et
pour préparer dans une seconde Lettre
la suite de cet Extrait et de mes petites
Remarques. Je suis , &c.
Commandeur de l'Ordre de S. Jean de
Jerusalem , au sujet d'un Livre nouveau
intitulé : La Vie de Messire François Pic
quet , &c.
E Livre dont vous me parlez , Mon
Li ,
→
fiant , il mérite que vous le lisiez avec
attention dès que vous serez de retour de votre Campagne. Le peu que
vous en avez vû dans le petit Journal de Verdun , n'est pas , comme vous
dites , suffisant pour vous instruire ; il l'a
été seulement pour exciter votre curiosité et pour former quelques doutes , que
vous me chargez d'éclaircir , les Journaux Litteraires n'en ayant point encore
parlé.
Le premier de ces doutes roule sur ces
paroles du Journaliste , page 175. du
mois de Septembre. En 1662. M. Pičquet revint en Europe, sans renoncer au Consulat d'Alep , qu'ilfit exercerparM. Baron.
II. Vol. C
Ces iiij
2786 MERCURE DE FRANCE
Ces paroles font , sans doute , entendre
que M. Baron ne fut que le Substitut de
M. Picquet , et que celui- cy étant toûjours le maître du Consulat d'Alep , il y
commit une personne à sa dévotion, &c.
Votre interprétation est juste , Monsieur,
mais le fondement en est peu solide. Les
termes que je viens de rapporter sont
entierement du Journaliste;l'Historien de
M. Picquet ne parle point ainsi , et vous
avez eû grande raison de douter que
M. Baron , dont vous avez connu la famille , fort superieure à celle de M. Picquet , dont vous avez , dis- je , vû les Neveux se distinguer dans votre Ordre , ait
jamais été le Substitut d'un Consul d'Alep.
Mais comme je ne sçaurois bien remplir tout ce que vous exigez de moi au
sujet de ce nouveau Livre , sans le lire
attentivement d'un bout à l'autre , je ne
vous dis rien de plus ici sur cet article. L'occasion d'en parler reviendra à
la suite de mes Observations , que je soumets d'avance toutes à vos lumieres , ne
les ayant entreprises que pour vous obéïr,
et pour perfectionner un Ouvrage qui mérite l'attention de tous les gens de bien.
En voici d'abord le Titre. LA VIE de
Messire François Picquet , Consul de Franse et de Hollande à Alep ; ensuite Evêque
II. Vol. de
DECEMBRE 1732. 2787
de Cesarople,puis de Babylone, Vicaire Apos
tolique en Perse ; avec titre d'Ambassadeur
du Roy auprès du Roy de Perse , contenant
plusieurs évenemens curieux , arrivez dans
le temps de son Consulat et de son Episcopat, dans les Etats de Turquie et de Perse ,
et dans les Eglises des deux Empires.Divisée
en trois Livres , 1. vol. in 8. de 543. pages
sans la Préface et la Table. A Paris,
chez la Veuve Mergé , ruë S. Jacques ,
M. DCC. XXXII.
Une assez longue Préface contient d'abord l'Eloge de M. Picquet, lequel ne présente rien que de vrai, et de fort touchant.
Elle indique ensuite les sources où l'on a
puisé les Memoires qui ont servi à écrire
I'Histoire de sa vie. On distingue particulierement ici François Malaval , ce sçavant Aveugle de Marseille , qui avoit autrefois projetté de composer lui - même
cette Histoire , et qui a fourni des lumieres et des secours considerables pour l'exc
cution de celle dont il est question . Les
autres personnes qui ont concouru au
même dessein , sont aussi nommées avec
distinction dans la même Préface. X
LIVRE I. qui comprend les commencemens
de la vie de M. Picquet , l'Histoire de son
Consulat et divers evenemens concernant les
Eglises du Levant et de Turquie
II. Vol. Cv François
2738 MERCURE DE FRANCE
· François Piquet nâquit à Lyon le jour
de Pâques 12. Avfil 1626 ; il étoit fils de
Geofroy Picquet et d'Anne de Monery
l'un et l'autre d'une honnête et ancienne
Famille , que l'on mettoit au nombre des
Nobles de la ville de Lyon. L'Autheur
ajoute que Geofroy Picquet avoit été fort
riche , et qu'il passoit pour l'un des plus
considerables Banquiers de Lyon , qui
avoit le plus de crédit et de correspondances dans toutes les Places de l'Europe.
Je passe , Monsieur , les prémices de la
piété et les premieres études de ce serviteur de Dieu , qui avançoit à grands pas
dans la carriere de la vertu à mesure qu'il
croissoit en âge ; je passe aussi ses voyages
en divers endroits de l'Italie dont il vit les
principales Villes , et dont il ne revint à
Lyon que vers la fin de l'année 1650.
En 1652 le Consulat d'Alep , dont on
décrit ici l'importance et les avantages ,
étant venu à vacquer par la mort de M.
Bonin de Marseille , M. Picquet fut nommé par la Chambre du Commerce pour
remplir cette Charge , et la Cour approuva ce choix ,
Il s'embarqua à Marseille au mois de
Septembre de la même année , et après
avoir débarqué à Alexandrete il se rendit
à Alep au commencement de Decembre.
` II. Vol. On
DECEMBRE. 1732. 2789
On lui fit une Réception magnifique ;
tous les Consuls à la tête de leur Nation
vinrent le recevoir à l'entrée de la Ville ,
et le conduisirent jusqu'à son Palais &c.
Il faut passer ce terme , souvent employé
dans cette Histoire pour signifier la Mai son du Consul.
Il donna dabord toute son application
au rétablissement des affaires du Commerce, que la mauvaise foi des Marchands
et l'avarice insatiable des Gouverneurs
avoient fortdérangées. LePacha d'alors s'ap
pelloit Bichir , et non pas Bicier , comme
le nomme notre Autheur ; ses violences
et ses injustices l'avoient rendu fameux
dans l'Orient , et on parloit encore de lui
quand j'étois dans la Syrie. M. Picquet
vintcependantà bout de réprimer ses véxations ; il obtint des ordres précis de la
Porte , par lesquels il lui fut deffendu de
les continuer , et enjoint de donner une
entiere satisfaction au Consul de France ,
et de vivre desormais en bonne intelligence avec lui.
Divers incidens troublerent depuis cette
intelligence ; mais ils ne servirent qu'à
faire paroître la fermeté et la sagesse de
notre Consul qui eut toujours l'avantage
sur le Pacha , et maintint hautement les
droits et la gloire de la Nation.
II. Vol. C vj Je
2750 MERCURE DE FRANCE
Je ne puis m'empêcher , Monsieur, de
vous dire ici que le narré de l'un de ces
incidens est une espece d'énigme pour
moi , je ne sçai si vous en comprendrez
mieux le sens ? Voici de quoi il s'agit.
» Le courage de ce brave Consul parut
>> encore , dit notre Historien , lorsque son
>> Vice- Consul étant investi dans sa Maison , qui étoit à l'extrêmité d'un fau-
»bourg, par 500 Mores , il alla lui- même
»à son secours à la tête de 200 François ,
» et les chargea si vigoureusement , qu'ils
furent obligez de prendre la fuite , et de
»lui laisser la gloire d'avoir purgé la cam-
» pagne de tous ces brigands , à la grande
»confusion du Pacha , qui negligeoit un
»devoir si essentiel à sa charge &c.
Tout le monde sçait que le Consul d'Alep n'a point de Vice-Consul dans cette
même Ville ; il y seroit fort inutile. Il
n'est pas moins certain que la Syrie n'est
pas le pays des Mores : d'où seroient donc
venus ceux qui investirent la Maison en
question ? M. le Chevalier Monier , originaire d'Alep, que vous avez fort connu
à Paris chez le Cardinal de Noailles , qui
a lu tous des premiers cette vie de M. Picquet, m'a avoué qu'il n'avoit pas mieux
compris que moi l'endroit dont je viens
de parler.
II. Vol. Cependant
DECEMBRE. 1732. 2791
Cependant les affaires du Commerce set
rétablissant de jour en jour , les Droits du
Consulat grossirent à proportion , et M.
Picquet se fit en peu de tems un gros re- venu. Rien n'est plus édifiant que de voir
dans le Livre même le saint usage qu'il
sçut en faire , et le détail de ses grandes
aumônes , particulierement envers les Ecclésiastiques et les pauvres Eglises du pays.
Ce détail est suivi du recit de la révolte du Pacha d'Alep , contre lequel le Grand Vizir envoya Mortasa et non pas Mourthesar , son Lieutenant , avec un corps de
troupes pour les opposer à ce Rebelle , et
pour commander en sa place dans Alep ,
ce qui ayant été heureusement executé , le
nouveau Pacha donna plusieurs témoignages d'estime et de considération à M.
Picquet , jusqu'à faire pendre le Grand
Douannier devant la porte du Palais
de France , pour vanger les injures qu'il
avoit faites à la Nation dans l'exercice de sa Charge , du tems du Pacha rebelle.
Les Gouverneurs Turcs ne visitent jamais personne , et ils affectent surtout de
ne pas se mesurer avec les Consuls : c'est
beaucoup quand ils s'acquittent à leur
égard des bienseances reglées. Cependant
le nouveau Pacha prévenu d'estime et
II. Vol. d'une
2792 MERCURE DE FRANCE
d'une amitié particuliere pour M. Picquet
lui rendit une visite. Le Consulde son côté
répondit tout de son mieux à cet honneur
extraordinaire, il regala le Pacha, et quand
celui-cy montoit à cheval pour s'en retourner , étant survenu une grosse pluye , M.
Picquet lui fit présenter un très- beau Manteau d'écarlate de Venise , doublé de bro
card d'or.
Le Pacha revint encore quelques jours
aprés chez le Consul pour demander
ses conseils au sujet de l'Armée des Rebelles , qui étoit encore assemblée , et
suivoit la fortune de Bichir Pacha.
La bienfeance et les suites de cette affaire
engagerent M. Picquet de visiter à son
tour le Pacha , qui lui rendit de grands
honneurs accompagnez de quelques présens , sçavoir une veste de drap verd , couleur cherie des Mahometans , et interdite
aux Chrétiens dans le Levant , une Pelisse , ou Fourure de Chameau , et le plus
beau Cheval de son Ecurie richement harnaché. La Pelisse de Chameau vous fera
sans doute rire , c'est apparemment une
méprise que je voudrois bien rejetter sur
'Imprimeur, s'il étoit possible , quoiqu'elle ne soit pas marquée dans l'Errata. Vous
sçavez ce que c'est que le poil et le cuir
d'un Chrmeau dont on fait seulement des
II. Vol.
cribles
DECEMBRE. 1732. 2793
cribles et d'autres usages les plus grossiers
Cette visite fut suivie de quelqu'autres
où toute ceremónie étoit bannie ; elles se
passoient dans la nuit pour conferer des
moyens de reduire les Chefs des Rebelles
et de dissiper leur Armée. Le Pacha et le
Consul convinrent enfin d'un moyen qui
fut éxecuté de la maniere qui suit.
Un jour de vendredi , destiné chez les
Mahometans à l'Assemblée generale et
aux Prieres publiques dans la principale
Mosquée , dans le tems de la plus grande
application des Assistans , 12 Imans ou
Ministres de la Religion , pratiquez par
le Pacha , tomberent brusquement sur les
Chefs des Rebelles et leur couperent la
tête. Le Pacha sortit en même tems de la
Ville avec l'Etendart de la Loi , qui fut
incontinent suivi par les troupes rebelles ,
et la tranquillité se rétablit aussi- tôt. C'est
ainsi , dit notre Historien , que Mortasa
assisté des lumieres et du conseil de M.
Picquet , remporta sur Bichir et les compagnons de sa revolte une victoire &c.
Il se trompe au reste dans ce narré, lorsqu'en expliquant le terme d'Iman , il dit
que ce sont chez les Turcs une espece de
Prêtres qui exercent leurs fonctions hors
la ville. Les Imans sont employez dans les
grandes villes , comme dans les petites
II. Vol. -Mosquées
2794 MERCURE DE FRANCE
Mosquées , il y en a à sainte Sophie et
dans les autres Mosquées Royales de Cons
tantinople , et par tout où les Mahométans ont des Temples.
Cette sanglante Tragedie , qui augmenta la bonne intelligence entre le Pacha d'Alep et le Consul François , fut suivie peu de tems après d'un spectacle plus
agréable ; c'est la fameuse Comedie de Pastor
Fido , dont M. le Consul voulut régaler le
Pacha. On dressa un Théatre dans la Maison Consulaire : la décoration en étoit
magnifique et bien entendue , et la Piece
fut executée avec tant de succès par de
jeunes Marchands François , que le Pacha
leur fit offrir un présent de deux mille
Piastres , lequel ne fut point accepté. Le
Gouverneur fut charmé de cette Piece
surtout de la belle Symphonie dont chaque Scene étoit suivie. Il y a beaucoup
d'apparence que c'est tout ce que les Turcs
purent admirer.
>
Le Pacha voulut regaler à son tour le
Consul et laNationFrançoise d'uneComédie Turque , laquelle fut representée dans
son Serrail par les meilleurs Acteurs du
Pays , et qui parut , dit notre Autheur ,
avoir son agrément dans l'esprit de nos
François. Ceux- ci ne manquerent pas ,
sans doute , de complaisance ; car vous
II. Vol. n'ignorez
DECEMBR E. 1732 2795
n'ignorez pas , Monsieur , que les Turcs
n'ont ni regles, ni genie pour ces sortes de
spectacles ; témoin celui dont je crois de
vous avoir parlé , et où je me suis trouvé
un jour chez le Pacha de Damas , qui n'étoit rempli que de boufonneries , quelquefois assez grossieres , et dont la derniere Scene fut un bizarre travestissement
des Acteurs,qui parurent habillez à la Françoise avec des Perruques &c. ce qui augmenta les éclats de rire et combla le plaisir des Spectateurs.
C'est à cette occasion que le Pacha d'Alep offrit au vertueux Consul deux des
plus belles filles et des principales Familles Turques de la Ville , qui avoient assisté à cette Comédie , offre qui fut bien
loin rejettée , et sur laquelle le Consul
s'excusa , en faisant confidence au Pacha
du Vou qu'il avoit fait de quitter le
monde pour embrasser l'Etat Ecclesiastique , comme il l'éxecuta quelques années
après.
M. Picquet n'avoit alors que trente ans ,
ce qui acheva de lui gagner l'estime et
l'amitié du Gouverneur. C'est à peu près
dans ce même tems que la République
de Hollande le choisit pour son Consul à
Alep et dans ses dépendances : l'agrément
du Roi est ici sous-entendu.
II. Vol. J.
2796 MERCURE DE FRANCE
Je ne suivrai point notre Historien
dans tout ce qu'il ajoûte des differens
effets du zele de ce Consul , pour affermir
les Catholiques Orientaux dans la Foi , et
pour soumettre les Schismatiques à l'Eglise Romaine. Il eut une tendresse particuliere pour l'Eglise Maronite , toute
Catholique , du Mont Liban ; il faut voir
dans le Livre même tout ce qu'il a fait
pour cette Eglise , qui fut de son tems
extrêmement persecutée ; on ne peut rien
lire de plus édifiant ni de mieux touché.
L'article des Esclaves Chrétiens que le
pieux Consul soulageoit par ses aumônes , et dont il rompoit les fers quand il
le pouvoit , est encore de ce même caractere , on ne sçauroit le lire sans être
émû.
Je ne m'arrêterai point aussi à extraire
le détail de la disgrace qui survint au Pacha d'Alep , disgrace que l'Auteur attri
bue à l'étroite union qu'il avoit avec le
Consul François , laquelle donna de l'ombrage au G. S. et au G. Viz. M. Picquet
déplora le malheureux sort de son ami
qui fût conduit comme un criminel à
Constantinople ; » craignant que la gran-
» de liaison qu'il avoit eue avec ce Pacha
» ne lui fut¯nuisible ; parce que dans ce
» pays là on ne manque pas de se défaire
II. Vol.
D d'u-
DECEMBRE. 1732 2797
» d'une personne sans bruit ; it résolut de
» se retirer , mais le Seigneur , qui vou-
>> loit encore se servir de son ministere
» pour le bien des Pauvres et de la Reli-
» gion , lui fit differer de deux ans l'exe-
»cution de son dessein.
Je m'arrête ici , Monsieur , pour ne
point trop fatiguer votre attention , et
pour préparer dans une seconde Lettre
la suite de cet Extrait et de mes petites
Remarques. Je suis , &c.
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Résumé : LETTRE de M.... écrite à M. de ... Commandeur de l'Ordre de S. Jean de Jerusalem, au sujet d'un Livre nouveau intitulé: La Vie de Messire François Picquet, &c.
La lettre traite d'un livre intitulé 'La Vie de Messire François Picquet', qui mérite une lecture attentive. Elle répond à des doutes soulevés par un journal littéraire concernant le consulat d'Alep exercé par François Picquet et son substitut, M. Baron. La lettre précise que les termes du journal ne sont pas ceux de l'historien de Picquet et que la famille de M. Baron est plus distinguée que celle de Picquet. François Picquet, né à Lyon en 1626, fils de Geofroy Picquet, un banquier influent, fut nommé consul d'Alep en 1652 et arriva à Alep en décembre de la même année. Il rétablit les affaires commerciales perturbées par la mauvaise foi des marchands et l'avarice des gouverneurs. Picquet obtint des ordres de la Porte pour réprimer les vexations du Pacha Bichir et rétablir une bonne intelligence. Le livre relate divers événements, dont un incident où Picquet secourut son vice-consul attaqué par des brigands, bien que l'existence de ce vice-consul soit mise en doute. Les affaires commerciales se rétablirent, permettant à Picquet de faire des aumônes significatives. Le livre décrit également la répression d'une révolte du Pacha d'Alep, avec l'aide du lieutenant Mortasa, et les relations diplomatiques entre Picquet et le nouveau Pacha. Picquet organisa une représentation de la comédie 'Pastor Fido' pour le Pacha, suivie d'une comédie turque offerte par le Pacha. Picquet refusa l'offre du Pacha de lui donner deux jeunes filles turques, invoquant son vœu de se consacrer à l'état ecclésiastique. À l'époque des faits relatés, Picquet avait trente ans. Le texte mentionne également les actions et les honneurs reçus par Picquet, qui a gagné l'estime et l'amitié du gouverneur local. Il fut choisi par la République de Hollande comme consul à Alep et ses dépendances, avec l'agrément implicite du roi. Picquet montra un zèle particulier pour affermir les catholiques orientaux dans la foi et soumettre les schismatiques à l'Église romaine. Il manifesta une tendresse spéciale pour l'Église maronite du Mont Liban, qu'il soutint malgré les persécutions. Il aida également les esclaves chrétiens en leur offrant des aumônes et en les libérant quand cela était possible. La disgrâce du pacha d'Alep, attribuée à son étroite union avec Picquet, causa de l'ombre au Grand Seigneur et au Grand Vizir. Picquet craignit pour sa sécurité et envisagea de se retirer, mais il différa son départ de deux ans à la demande de Dieu, qui souhaitait encore se servir de son ministère pour le bien des pauvres et de la religion.
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3
p. 547-548
ETABLISSEMENT d'une Bibliotheque publique à Lyon.
Début :
Mr Aubert, Avocat, ancien Echevin de Lyon, et Procureur du Roy en la Jurisdiction [...]
Mots clefs :
Bibliothèque publique, Lyon, Pierre Aubert, Avocat, Consulat, Établissement, Échevin, Prévôt des marchands
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texteReconnaissance textuelle : ETABLISSEMENT d'une Bibliotheque publique à Lyon.
ETABLISSEMENT d'une
Bibliotheque publique à Lyon.
Mi
R Aubert , Avocat , ancien Echevin de
Lyon , et Procureur du Roy en la Jurisdiction
de la Police , ayant pris soin de former
une Bibliotheque considerable , tant par le nom.
bre que par le choix des Livres , en a fait une
donation à Mrs les Prévôt des Marchands et
Echevins de la même Ville , à condition qu'elle
sera rendue publique après sa mort , suivant les
clauses inserées dans l'Acte du 22 May 1731.
M. Aubert étant mort au mois de Fevrier
1733. Mrs du Consulat ont laissé la Bibliotheque
dans la Maison qu'il occupoit , à la Place
de S. Jean , l'ont appropriée et l'ont décoréed'une
maniere convenable , en attendant qu'ils
fassent construire un Logement digne d'un établissement
si utile et si honorable à la Ville de
Lyon , et qui est dû aux soins et à la vigilance
de M. Perrichon , Prévôt des Marchands.
Le Consulat a aussi destiné un fond annuel à
perpétuité pour l'entretien et l'augmentation de
cette Bibliotheque , qui sera ouverte au Public
deux jours de chaque Semaine ; sçavoir , les Lundis
et Vendredis non feriez , depuis neuf heures
jusqu'à onze , et depuis trois heures après midi
jusqu'à cinq en Hyver , et jusqu'à six en Eté. La
premiere ouverture en fut faite le premier jour
de Decembre 1733 .
Le Consulat a nommé pour Bibliothecaire ,
M. Brossette , Avocat , et ancien Echevin ; et
pour Sous- Bibliothecaire M. Deschamps , Avocat.
On a placé dans une des Salles de la Bibliotheque:
le Portrait de M. Aubert , avec cette Inscription.
Petrus
548 MERCURE DE FRANCE
PETRUS AUBERT ,
In Foro Lugdunensi Patronus
Ingenio , doctrinâ , eloquentiâ
Insignis ;
Academia Litteraria Socius ;
Vir Consularis :
Patriam , Civis optimus , hac Bibliotheca
Donavit.
Anno 1731
Obiit Die 184 Februarii 1733. atatis 92 .
Bibliotheque publique à Lyon.
Mi
R Aubert , Avocat , ancien Echevin de
Lyon , et Procureur du Roy en la Jurisdiction
de la Police , ayant pris soin de former
une Bibliotheque considerable , tant par le nom.
bre que par le choix des Livres , en a fait une
donation à Mrs les Prévôt des Marchands et
Echevins de la même Ville , à condition qu'elle
sera rendue publique après sa mort , suivant les
clauses inserées dans l'Acte du 22 May 1731.
M. Aubert étant mort au mois de Fevrier
1733. Mrs du Consulat ont laissé la Bibliotheque
dans la Maison qu'il occupoit , à la Place
de S. Jean , l'ont appropriée et l'ont décoréed'une
maniere convenable , en attendant qu'ils
fassent construire un Logement digne d'un établissement
si utile et si honorable à la Ville de
Lyon , et qui est dû aux soins et à la vigilance
de M. Perrichon , Prévôt des Marchands.
Le Consulat a aussi destiné un fond annuel à
perpétuité pour l'entretien et l'augmentation de
cette Bibliotheque , qui sera ouverte au Public
deux jours de chaque Semaine ; sçavoir , les Lundis
et Vendredis non feriez , depuis neuf heures
jusqu'à onze , et depuis trois heures après midi
jusqu'à cinq en Hyver , et jusqu'à six en Eté. La
premiere ouverture en fut faite le premier jour
de Decembre 1733 .
Le Consulat a nommé pour Bibliothecaire ,
M. Brossette , Avocat , et ancien Echevin ; et
pour Sous- Bibliothecaire M. Deschamps , Avocat.
On a placé dans une des Salles de la Bibliotheque:
le Portrait de M. Aubert , avec cette Inscription.
Petrus
548 MERCURE DE FRANCE
PETRUS AUBERT ,
In Foro Lugdunensi Patronus
Ingenio , doctrinâ , eloquentiâ
Insignis ;
Academia Litteraria Socius ;
Vir Consularis :
Patriam , Civis optimus , hac Bibliotheca
Donavit.
Anno 1731
Obiit Die 184 Februarii 1733. atatis 92 .
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Résumé : ETABLISSEMENT d'une Bibliotheque publique à Lyon.
Le texte décrit la création d'une bibliothèque publique à Lyon. R. Aubert, avocat et ancien échevin, a légué sa bibliothèque à la ville de Lyon, à condition qu'elle soit ouverte au public après sa mort, selon un acte du 22 mai 1731. Aubert est décédé en février 1733. Les membres du consulat lyonnais ont conservé la bibliothèque dans la maison d'Aubert, place de S. Jean, en attendant la construction d'un bâtiment approprié. M. Perrichon, prévôt des marchands, a supervisé ce projet. Un fonds annuel a été alloué pour l'entretien et l'augmentation de la bibliothèque, qui a ouvert au public les lundis et vendredis, de 9 heures à 11 heures et de 15 heures à 17 heures en hiver, et jusqu'à 18 heures en été. La première ouverture a eu lieu le 1er décembre 1733. M. Brossette a été nommé bibliothécaire et M. Deschamps sous-bibliothécaire. Un portrait d'Aubert avec une inscription latine a été placé dans la bibliothèque.
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4
p. 903-910
DISSERTATION dans laquelle on expose les differences et les raisons des differences des trois Systêmes Chronologiques de Caton, de Verrius-Flaccus, ou des Fastes ou Marbres Capitolins, et de Varron, tant par rapport aux années de la Fondation de Rome, que par rapport à celles d'avant J. C. et où l'on démontre la verité du Systême de Caton.
Début :
PREMIERE PARTIE. Exposition des trois Systêmes. La véritable cause des [...]
Mots clefs :
Caton, Verrius Flaccus, Varron, Systèmes chronologiques, Années, Fastes, Rome, Fondation de Rome, Compte, Systèmes, Consulat
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texteReconnaissance textuelle : DISSERTATION dans laquelle on expose les differences et les raisons des differences des trois Systêmes Chronologiques de Caton, de Verrius-Flaccus, ou des Fastes ou Marbres Capitolins, et de Varron, tant par rapport aux années de la Fondation de Rome, que par rapport à celles d'avant J. C. et où l'on démontre la verité du Systême de Caton.
DISSERTATION dans laquelle
on expose les differences et les raisons des
differences des trois Systêmes Chronolo➡
giques de Calon , de Verrius-Flaccus , on
des Fastes on Marbres Capitolins , et de
Varron , tant par rapport aux années de
la Fondation de Rome , que par rapport
à celles d'avant J. G. et où l'on démontre
La verité du Systême de Caton,
L
PREMIERE PARTIE .
Exposition des trois Systêmes.
A véritable cause des differences qui
se trouvent entre Caton , Verrius
et Varron , tant par rapport aux années
de la Fondation de Rome , que par rap
port à celles de la Période Julienne
des
904 MERCURE DE FRANCE
des Olympiades , ou d'avant J. C. vient
1º. de ce que les Fastes ne donnent aux
sept Rois de Rome que 243. ans de durée
jusqu'au premier Consulat , qu'ils
mettent l'an de Rome 244. au lieu que
Caton et Varron , faisant durer ces Rois
244. ans pleins , placent par conséquent
le Consulat de Brutus et de Collatinus
l'an 245-
2º. Varron et les Fastes confondent
la troisième année du Decemvirat 305.
de Rome avec le Consulat de Valerius
et d'Horatius , que Caton distingue et
sépare de cette troisiéme année , et qu'il
met l'année suivante 306. R.
3°. Le même Varron et lesdits Fastes
inserent use premiere dictature de Papirius-
Cursor entre le Consulat de Camillus
et de Brutus Scéva 430. R. et celui
de Sulpicius Longus , et d'Æmilius-
Céretanus; une seconde dictature du même
Papirius , entre les Consulats de Mareius-
Rutilus et de Fabius - Rullianus. 2 ° .
444. R. et de Fabius Rullianus , 3 ° . et
Decius-Mus 445. enfin encore une dictature
de Valerius , entre les Consuls Livius-
Denter ou Dento et Æmilius -Paulus
451. et les Consuls Valerius- Corvus
ou Corvinus et Apuleius - Pansa 452.
De-là plusieurs contrarietez entre Var
ron
MA Y. 1734 . 909
ton , les Fastes et Caton , par rapport à
la supputation des années , quand on les
compte , soit depuis la Fondation de Rome
, soit dans la Période Julienne ou
avant J. C.
Et d'abord jusqu'à 243. de Rome inclusivement
, les trois Systêmes s'accordent ,
ou plutôt ne sont qu'un seul et même
Systême pour les années depuis la Fondation
de Rome ; mais les Fastes ont un
an et Varon deux ans plus que Caton
pour les années avant J. C. de sorte , par
exemple , que la premiere année de cette
Fondation étant , selon Caton , la 751.
elle est , selon les Fastes , la 752. et selon
Varron , le 753. La 243. étant la 509.
selon le même Caton , elle est la 510. ou
511. selon les deux autres Auteurs .
Mais en second lieu , la 2 44. derniere
de ces Rois ou de Tarquin le Superbe ,
selon Caton et Varron , est supprimée
par les Fastes ; ce qui est cause que jusqu'à
la 305. derniere année des Decemvirs
les Fastes comptent une année
de la Ville de Rome moins que Caton et
Varron , et des années avant J. C. deux
plus que Caton et tout autant que Varron
. Ainsi la 245. qui est celle de l'établissement
du Consulat , étant la 507.
avant J. C. selon Caton , est aussi la 245 .
D selon
306 MERCURE DE FRANCE
selon Varron ; la 244. seulement selon les
Fastes , mais elle est la 509. avant J. C.
tant selon les Fastes que selon Varron. La
même diversité entre les trois calculs subsiste
jusqu'à l'an 305. de Rome , ou la
suppression du Consulat de Valerius et
d'Horatius ( que les Fastes et Varron mettent
dans la même année 305. avec la
3. année du Decemvirat ) fait naître une
nouvelle difference .
Troisiémement donc , Varron à cette
année 305. perd uncannée de la Ville de
Rome , et les Fastes en perdent une seconde
année , mais ils gagnent chacun
une année avant J. C. je veux dire que
Varron compte un an moins que Caton
de la Fondation de Rome et trois ans
avant J. C. plus que lui , les Fastes
comptent des années depuis la Fondation,
deux moins que Caton et une moins
que Varrons et des années avant J. C.
trois toutes entieres comme Varron .
de plus que Caton . Par consequent voici
comme on doit arranger et calculer les
125. années suivantes jusqu'à la 430 .
,
Caton. Varron. Fastes.
R. A.C. R. A.C. R. A.C.
306. 446.
3.07. 445.
305. 449.
306. 448 .
304. 449.
305. 448;
Les
MAY. 1734 907
7
}
Les trois dictatures de 430. 444.´
451. supprimées par Caton , ou identifiées
avec les Consulats précedens , font
d'un côté croître les années de Rome >
et de l'autre diminuer les années avant
J. C. de trois années entieres dans la
Chronologie de Varron , et dans celle des
Fastes , ensorte qu'après cette augmentation
et cette diminution , tous les trois
Systêmes ont les mêmes années avant J.C.
et ne different que d'une ou deux années
pour celles de la Fondation de Rome depuis
cette année 451. au lieu qu'avan
l'année 244. ils étoient les mêmes quant
aux années de Rome et differoient sculemena
d'un ou deux ans , quant à celles
d'avant J. C.
En un mot , pour reprendre en abregé
tout ce que nous venons de dire , les trois
calculs de Varron , des Fastes et de Caton ,
sont, pour ainsi parler, accordants, quant
aux années de Rome , et discordants d'un
ou deux ans quant aux années d'avant
J. C. et cela depuis la premiere année de
Rome jusqu'à la 243. inclusivement ; ils
sont au contraire discordants d'un ou
deux ans , quant aux années de Rome
et accordants quant aux années d'avant
J. C. et cela depuis la 451. de Rome , selon
Caton , 452. années selon les Fastes ,
Dij es
908 MERCURE DE FRANCE
er 453. selon Varron , 301. avant J. C.
selon tous les trois , jusqu'à Auguste et
jusqu'à la fin des Consulats.
Depuis l'année 244. jusqu'à la 305.
inclusivement , Caton continuë à s'accorder
avec Varron pour le calcul des années
de Rome , et à differer de lui de
deux ans pour les années d'avant J. C.
mais il commence à compter un an de
plus que les Fastes , quant aux premieres ,
et deux ans de moins , quant aux dernic.
res. Les Fastes s'accordent aussi avec Varron
, quant à celles - cy , et ont un an de
inoins lui que quant à celle- là.
Depuis l'an 306. jusqu'à la 430. inclusivement
, Caton compte un an de plus
que Varron et deux plus que les Fastes
pour les années de Rome , mais il compte
trois ans moins que l'un et l'autre par
années d'avant J. C.
les
Depuis l'an 430. inclusivement jusqu'à
l'an 444. aussi inclusivement , Caton
compte autant d'années que Varron , et
une seulement plus que les Fastes pour
les années de Rome , et deux de moins
que l'un et l'autre pour les années d'a
vant J. C.
Depuis l'an 444. jusqu'à l'an 451. il
compte une année de moins que Varron
et autant que les Fastes , par rapport aux
années
MAY. 1734 909
années de Rome , et il compte aussi une
année de moins qu'eux deux par rapport.
aux années d'avant J. C.
Enfin depuis l'an 45 I. on voit regner
la même difference pour toute la suite ,
c'est- à- dire que , selon les trois Systêmes,
on compte toujours les mêmes années
avant J. C. et que Caton compte toujours
d'une maniere uniforme un an de Rome
moins que les Fastes et deux moins que
Varron.
Je n'ai si fort insisté sur cette explication
longue et détaillée des trois Systêmes
Chronologiques des années de la
Fondation deRome , que parce que les plus
Cavans, commeLenglet etDodwel même,
(qui nous a donné si au long et année par
année , une Table de Chronologie Romaine
dans le Denis d'Halicarnasse de Londres)
se sont trompez très -lourdement en
appliquant aux 45o. premieres années de
Rome la même difference qui se trouve
entre les 300. dernieres. Dans une matiere
aussi épineuse et aussi nécessaire pour
ceux qui se mêlent de Chronologie et
d'Histoire Komaine , j'ai pensé que la
longueur et la répétition étoient une vertu
plutôt qu'un deffaut , quand elles servoient
, comme ici , à éviter l'obscurité ,
la confusion et l'erreur .
Diij Afin
910 MERCURE DE FRANCE
Afin donc qu'on n'y retombe plus , je
ne ferai point difficulté de mettre sous les
yeux du dans la Table suivante , ce
que dans les Refléxions précedentes j'ai
exposé aux yeux de l'esprit.
corps
TABLE des Années de Rome ( R ) es
d'avant Jesus- Christ ( J. C. ) selon les
trois differentes supputations , de Caton ;
des Fastes et de Varron.
Caton .
R. J.C.
Fastes .
R. J. C.
Varron .
R. J.C.
I.
751 .
I.
752.
I. 753.
101. 651 .
ΙΟΙ IOI. 652. 101. 653.
201.
SSI .
201. 552. 201. 553.
243. 509. 243. Sio. 243. SII.
244. 508. 243 * SIO. 244. SIO.
305. 447. 304. 449. 305. 449.
306. 446.
406. 346.
304 449. 305 * 449:
404. 349. 405. 349.
430. 322. 428. 325. 429. 325.
430 * 322 . 429. 324. 430. 324.
444. 308. 443 . 310. 444 310.
444 * 308.
444. 309 . 445. 309.
451. 301. 45 !. 302. 452. 302.
451
*
301. 452 . 301. 453. 301.
551.
201 .
552.
201 . $53. 201 .
651 . ICI . 652. ΙΟΙ . 653. 101.
751 . I.
752.
I. 753. I.
752. 1.
753. I. 754.
La suite pout le prochain Mercure.
on expose les differences et les raisons des
differences des trois Systêmes Chronolo➡
giques de Calon , de Verrius-Flaccus , on
des Fastes on Marbres Capitolins , et de
Varron , tant par rapport aux années de
la Fondation de Rome , que par rapport
à celles d'avant J. G. et où l'on démontre
La verité du Systême de Caton,
L
PREMIERE PARTIE .
Exposition des trois Systêmes.
A véritable cause des differences qui
se trouvent entre Caton , Verrius
et Varron , tant par rapport aux années
de la Fondation de Rome , que par rap
port à celles de la Période Julienne
des
904 MERCURE DE FRANCE
des Olympiades , ou d'avant J. C. vient
1º. de ce que les Fastes ne donnent aux
sept Rois de Rome que 243. ans de durée
jusqu'au premier Consulat , qu'ils
mettent l'an de Rome 244. au lieu que
Caton et Varron , faisant durer ces Rois
244. ans pleins , placent par conséquent
le Consulat de Brutus et de Collatinus
l'an 245-
2º. Varron et les Fastes confondent
la troisième année du Decemvirat 305.
de Rome avec le Consulat de Valerius
et d'Horatius , que Caton distingue et
sépare de cette troisiéme année , et qu'il
met l'année suivante 306. R.
3°. Le même Varron et lesdits Fastes
inserent use premiere dictature de Papirius-
Cursor entre le Consulat de Camillus
et de Brutus Scéva 430. R. et celui
de Sulpicius Longus , et d'Æmilius-
Céretanus; une seconde dictature du même
Papirius , entre les Consulats de Mareius-
Rutilus et de Fabius - Rullianus. 2 ° .
444. R. et de Fabius Rullianus , 3 ° . et
Decius-Mus 445. enfin encore une dictature
de Valerius , entre les Consuls Livius-
Denter ou Dento et Æmilius -Paulus
451. et les Consuls Valerius- Corvus
ou Corvinus et Apuleius - Pansa 452.
De-là plusieurs contrarietez entre Var
ron
MA Y. 1734 . 909
ton , les Fastes et Caton , par rapport à
la supputation des années , quand on les
compte , soit depuis la Fondation de Rome
, soit dans la Période Julienne ou
avant J. C.
Et d'abord jusqu'à 243. de Rome inclusivement
, les trois Systêmes s'accordent ,
ou plutôt ne sont qu'un seul et même
Systême pour les années depuis la Fondation
de Rome ; mais les Fastes ont un
an et Varon deux ans plus que Caton
pour les années avant J. C. de sorte , par
exemple , que la premiere année de cette
Fondation étant , selon Caton , la 751.
elle est , selon les Fastes , la 752. et selon
Varron , le 753. La 243. étant la 509.
selon le même Caton , elle est la 510. ou
511. selon les deux autres Auteurs .
Mais en second lieu , la 2 44. derniere
de ces Rois ou de Tarquin le Superbe ,
selon Caton et Varron , est supprimée
par les Fastes ; ce qui est cause que jusqu'à
la 305. derniere année des Decemvirs
les Fastes comptent une année
de la Ville de Rome moins que Caton et
Varron , et des années avant J. C. deux
plus que Caton et tout autant que Varron
. Ainsi la 245. qui est celle de l'établissement
du Consulat , étant la 507.
avant J. C. selon Caton , est aussi la 245 .
D selon
306 MERCURE DE FRANCE
selon Varron ; la 244. seulement selon les
Fastes , mais elle est la 509. avant J. C.
tant selon les Fastes que selon Varron. La
même diversité entre les trois calculs subsiste
jusqu'à l'an 305. de Rome , ou la
suppression du Consulat de Valerius et
d'Horatius ( que les Fastes et Varron mettent
dans la même année 305. avec la
3. année du Decemvirat ) fait naître une
nouvelle difference .
Troisiémement donc , Varron à cette
année 305. perd uncannée de la Ville de
Rome , et les Fastes en perdent une seconde
année , mais ils gagnent chacun
une année avant J. C. je veux dire que
Varron compte un an moins que Caton
de la Fondation de Rome et trois ans
avant J. C. plus que lui , les Fastes
comptent des années depuis la Fondation,
deux moins que Caton et une moins
que Varrons et des années avant J. C.
trois toutes entieres comme Varron .
de plus que Caton . Par consequent voici
comme on doit arranger et calculer les
125. années suivantes jusqu'à la 430 .
,
Caton. Varron. Fastes.
R. A.C. R. A.C. R. A.C.
306. 446.
3.07. 445.
305. 449.
306. 448 .
304. 449.
305. 448;
Les
MAY. 1734 907
7
}
Les trois dictatures de 430. 444.´
451. supprimées par Caton , ou identifiées
avec les Consulats précedens , font
d'un côté croître les années de Rome >
et de l'autre diminuer les années avant
J. C. de trois années entieres dans la
Chronologie de Varron , et dans celle des
Fastes , ensorte qu'après cette augmentation
et cette diminution , tous les trois
Systêmes ont les mêmes années avant J.C.
et ne different que d'une ou deux années
pour celles de la Fondation de Rome depuis
cette année 451. au lieu qu'avan
l'année 244. ils étoient les mêmes quant
aux années de Rome et differoient sculemena
d'un ou deux ans , quant à celles
d'avant J. C.
En un mot , pour reprendre en abregé
tout ce que nous venons de dire , les trois
calculs de Varron , des Fastes et de Caton ,
sont, pour ainsi parler, accordants, quant
aux années de Rome , et discordants d'un
ou deux ans quant aux années d'avant
J. C. et cela depuis la premiere année de
Rome jusqu'à la 243. inclusivement ; ils
sont au contraire discordants d'un ou
deux ans , quant aux années de Rome
et accordants quant aux années d'avant
J. C. et cela depuis la 451. de Rome , selon
Caton , 452. années selon les Fastes ,
Dij es
908 MERCURE DE FRANCE
er 453. selon Varron , 301. avant J. C.
selon tous les trois , jusqu'à Auguste et
jusqu'à la fin des Consulats.
Depuis l'année 244. jusqu'à la 305.
inclusivement , Caton continuë à s'accorder
avec Varron pour le calcul des années
de Rome , et à differer de lui de
deux ans pour les années d'avant J. C.
mais il commence à compter un an de
plus que les Fastes , quant aux premieres ,
et deux ans de moins , quant aux dernic.
res. Les Fastes s'accordent aussi avec Varron
, quant à celles - cy , et ont un an de
inoins lui que quant à celle- là.
Depuis l'an 306. jusqu'à la 430. inclusivement
, Caton compte un an de plus
que Varron et deux plus que les Fastes
pour les années de Rome , mais il compte
trois ans moins que l'un et l'autre par
années d'avant J. C.
les
Depuis l'an 430. inclusivement jusqu'à
l'an 444. aussi inclusivement , Caton
compte autant d'années que Varron , et
une seulement plus que les Fastes pour
les années de Rome , et deux de moins
que l'un et l'autre pour les années d'a
vant J. C.
Depuis l'an 444. jusqu'à l'an 451. il
compte une année de moins que Varron
et autant que les Fastes , par rapport aux
années
MAY. 1734 909
années de Rome , et il compte aussi une
année de moins qu'eux deux par rapport.
aux années d'avant J. C.
Enfin depuis l'an 45 I. on voit regner
la même difference pour toute la suite ,
c'est- à- dire que , selon les trois Systêmes,
on compte toujours les mêmes années
avant J. C. et que Caton compte toujours
d'une maniere uniforme un an de Rome
moins que les Fastes et deux moins que
Varron.
Je n'ai si fort insisté sur cette explication
longue et détaillée des trois Systêmes
Chronologiques des années de la
Fondation deRome , que parce que les plus
Cavans, commeLenglet etDodwel même,
(qui nous a donné si au long et année par
année , une Table de Chronologie Romaine
dans le Denis d'Halicarnasse de Londres)
se sont trompez très -lourdement en
appliquant aux 45o. premieres années de
Rome la même difference qui se trouve
entre les 300. dernieres. Dans une matiere
aussi épineuse et aussi nécessaire pour
ceux qui se mêlent de Chronologie et
d'Histoire Komaine , j'ai pensé que la
longueur et la répétition étoient une vertu
plutôt qu'un deffaut , quand elles servoient
, comme ici , à éviter l'obscurité ,
la confusion et l'erreur .
Diij Afin
910 MERCURE DE FRANCE
Afin donc qu'on n'y retombe plus , je
ne ferai point difficulté de mettre sous les
yeux du dans la Table suivante , ce
que dans les Refléxions précedentes j'ai
exposé aux yeux de l'esprit.
corps
TABLE des Années de Rome ( R ) es
d'avant Jesus- Christ ( J. C. ) selon les
trois differentes supputations , de Caton ;
des Fastes et de Varron.
Caton .
R. J.C.
Fastes .
R. J. C.
Varron .
R. J.C.
I.
751 .
I.
752.
I. 753.
101. 651 .
ΙΟΙ IOI. 652. 101. 653.
201.
SSI .
201. 552. 201. 553.
243. 509. 243. Sio. 243. SII.
244. 508. 243 * SIO. 244. SIO.
305. 447. 304. 449. 305. 449.
306. 446.
406. 346.
304 449. 305 * 449:
404. 349. 405. 349.
430. 322. 428. 325. 429. 325.
430 * 322 . 429. 324. 430. 324.
444. 308. 443 . 310. 444 310.
444 * 308.
444. 309 . 445. 309.
451. 301. 45 !. 302. 452. 302.
451
*
301. 452 . 301. 453. 301.
551.
201 .
552.
201 . $53. 201 .
651 . ICI . 652. ΙΟΙ . 653. 101.
751 . I.
752.
I. 753. I.
752. 1.
753. I. 754.
La suite pout le prochain Mercure.
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Résumé : DISSERTATION dans laquelle on expose les differences et les raisons des differences des trois Systêmes Chronologiques de Caton, de Verrius-Flaccus, ou des Fastes ou Marbres Capitolins, et de Varron, tant par rapport aux années de la Fondation de Rome, que par rapport à celles d'avant J. C. et où l'on démontre la verité du Systême de Caton.
La dissertation compare les systèmes chronologiques de Caton, Verrius-Flaccus (les Fastes des Marbres Capitolins) et Varron, en se concentrant sur les différences concernant les années de la Fondation de Rome et celles avant J.-C. Les divergences principales sont les suivantes : Les Fastes attribuent 243 ans aux sept rois de Rome jusqu'au premier consulat, tandis que Caton et Varron leur attribuent 244 ans, plaçant ainsi le consulat de Brutus et Collatinus à l'année 245 de Rome. Varron et les Fastes confondent la troisième année du décemvirat avec le consulat de Valerius et Horatius, alors que Caton les distingue. Varron et les Fastes insèrent des dictatures supplémentaires entre certains consulats, ce qui crée des contradictions avec Caton. Jusqu'à l'année 243 de Rome, les trois systèmes s'accordent sur les années depuis la Fondation de Rome mais diffèrent d'un ou deux ans pour les années avant J.-C. Par exemple, la première année de la Fondation est 751 selon Caton, 752 selon les Fastes, et 753 selon Varron. Après l'année 244, les Fastes suppriment une année, ce qui modifie les calculs pour les années suivantes. Varron et les Fastes insèrent des dictatures supplémentaires, ce qui augmente les années de Rome et diminue les années avant J.-C. Après l'année 451, les trois systèmes s'accordent sur les années avant J.-C. mais diffèrent d'une ou deux années pour celles de la Fondation de Rome.
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DISSERTATION dans laquelle on expose les differences et les raisons des differences des trois Systêmes Chronologiques de Caton, de Verrius-Flaccus, ou des Fastes ou Marbres Capitolins, et de Varron, tant par rapport aux années de la Fondation de Rome, que par rapport à celles d'avant J. C. et où l'on démontre la verité du Systême de Caton.