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1
p. 259-260
I.
Début :
Voicy les Explications de la seconde, / Quand le Soleil couché dans le sein d'Amphitritte, [...]
Mots clefs :
Soleil, Éclat, Aveuglement, Lanterne
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texteReconnaissance textuelle : I.
Voicy les Explications de la feconde,
dont le vray Mot eftoit la Lanterne
.
Q
I.
Vand le Soleilcouché dans le fein
d'Amphitritte,
Dérobe aux yeux mortels l'éclat de fon
Flambeau,
On ne difcerne plus un Louvre d'unTomebeau,
Un Aigle d'un Hibou, la Loire du Cocyte;
Onfe trouvefrappé d'un triſte aveugle
ment,
On marche en tapinois, & toujours len .
tement,
Soit qu'on entre en l'Eglife , ou dans une
Caverne;
Mais commentfe régler en cette obfcurité,
Pour marcherfans errer, & dans la fen
reté?
Imitez Diogene, ayez une Lanterne.
Y ij
'260
Extraordinaire
La fuftice permet ne s'oppose pas
Qu'afin de vous munir contre une chente
lourde,
Une bonne Lanterne accompagne vos pasz
Mais la Police veut qu'elle nefoit pas
Sourde.
L. BOUCHET, Ancien Curé
de Nogent-le- Roy.
dont le vray Mot eftoit la Lanterne
.
Q
I.
Vand le Soleilcouché dans le fein
d'Amphitritte,
Dérobe aux yeux mortels l'éclat de fon
Flambeau,
On ne difcerne plus un Louvre d'unTomebeau,
Un Aigle d'un Hibou, la Loire du Cocyte;
Onfe trouvefrappé d'un triſte aveugle
ment,
On marche en tapinois, & toujours len .
tement,
Soit qu'on entre en l'Eglife , ou dans une
Caverne;
Mais commentfe régler en cette obfcurité,
Pour marcherfans errer, & dans la fen
reté?
Imitez Diogene, ayez une Lanterne.
Y ij
'260
Extraordinaire
La fuftice permet ne s'oppose pas
Qu'afin de vous munir contre une chente
lourde,
Une bonne Lanterne accompagne vos pasz
Mais la Police veut qu'elle nefoit pas
Sourde.
L. BOUCHET, Ancien Curé
de Nogent-le- Roy.
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Résumé : I.
Le texte utilise l'allégorie de la lanterne pour symboliser la connaissance et la vigilance. Après le coucher du soleil, il devient difficile de distinguer les choses, obligeant les gens à marcher prudemment. La lanterne, comparée à la suffisance, doit être fonctionnelle pour éclairer correctement. L'auteur est L. Bouchet, ancien curé de Nogent-le-Roy.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 280-290
POEME Qui a remporté le Prix, par le Jugement de l'Academie des Jeux Floraux, sur la Verité.
Début :
En vous parlant de ceux qui ont remporté cette année les / L'Homme est il insensible à l'éclat de tes traits, [...]
Mots clefs :
Jeux floraux, Prix, Vérité, Sagesse, Astres, Aveuglement, Chercher
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texteReconnaissance textuelle : POEME Qui a remporté le Prix, par le Jugement de l'Academie des Jeux Floraux, sur la Verité.
En vous parlant deceuxqui
ont remporté cette année les
Prix des Jeux Floraux de T-oulouse, je vous ay parlé iccc-'
luy qui regarde la Vérité, composé par Mr l'Abbé Asselin.
On assure generalement guti
tousceuxqui ont travatiHcccc-1
te année pour ces Prix ont fait
de si beaux Ouvrages, qu'il a'
esté difficile d'adjuger les Prix,
ce qui doit augmenter lajlwre
Mr l'Abbé AtfcliIL
1
POEME
Qui a
remporté le Prix, par Le
Jugement de l'Academie des
Jeux Floraux, sur la Vérité.
L'Homme est-il insensible à l'éclat de tes traits,
Ou bien, loin de ses yeux tU-tu
fuipour jamais,
Verité,qu'à mes vœux dérobent
mille obstacles?
Toûjours avec lefaux je confonds
tes Oracles.
Pour fuir en te cherchant les
écueils que je crains,
Sers deguide toi-mêmeàmespas
incertains.
May 1 7 10. Aa
rar nos préjuge.-< seuls gouver.
nez dans l'enfance
, , L'erreuren nos
espritsprévient
la connoissance.
Que fert de réfléchir dans une autresaison t
Le joug de l'habitude asservit la
raifort,
Toujours loin du droitsens entraine:t par les AHtres,
Sur leurs fauxjugemens s'assermissent les nôtres;
Et de l'opinionesclaves malheureux
,
Nous vivons, nouspartons, &
nous pensons comme eux.
Loin du peupleséduitpar devaines images,
Chercherons-nous levraisuries
traces des Sages t
Jouets d'un faux éclatqui nous
éblouit tous,
Par des sentiers divers ils errent
comme nous.
Philosophes
en proyeàvotre incertitude
y Quel estpour votre espritlefruit
de votre étude ?
De quelqueconnoissance ose-t-il
Toujours
seflatter
plus
?
incertain,il riapprend qu'à douter.
Maisquoi?son impuissance irrite
son audace:
Dansses vastesprojets ilrieflrien
qu'il riembrajjc. ,
Aa.ij
Prétendant tout connoître, en sa
témérité
Par les bornes du monde il n'est
point arrêté.
Il veut d'un premier Etre appro.
fondir l'EjJence,
Il sondesesDecrets, mesure sa
Puielaance.
Aveugle!aquel excès porte-t-il
son orgueil!
Desa foible raison un atome efi
l'écueil.
Lassé sans s'arrêter & vaincu
sans se rendre,
C'estenvain qu'ils'obstine à voit"
loir le comprendre ;
Rencontrant l'infini dans un corps
limité.
Il conçoit d-autant moins qu'il 4
plusmédité.
Grand Dieu, dans Fembarrdf
qui confondsa foiblesse
, Quel est de tes desseins la profonde
fag,,ff! -
Les objetsqu'àsesjeux tu fçtts
envelope,
Rempliroientunesprit que tu dois
occuper.
Lorsqu'il jouit des biens que ta
main lui dispense,
Que luisert d'en chercher l'originâ
& l'essence ?
Pardessoins assidus qui confumeni
ses jours
Que luisert d'observer les Aftril
dans leurcours;
D'examiner si l'air, lefeu, la
terre Cm l'onde
Sont autant d'élemens qui composent lemonde:
Ousi, sans l'achon de leur concours divers,
Un principe plus simple a
forme
l'Univers !
Ilsçait à l'infini diviser des espaces,
Comparer des côtez, mesurer des
surfaces :
Des angles differens que forment
tous les corps,
Ilsçait approfondir les dijfrens
rapports.
Inutilestravaux! frivole connoissance!
Quel avantage a-t-il sur une
humble ignorance?
Pour s'occuper ainsi trop avaredu
temps,
Le vrai Sage ensçait mieux menager les instans.
Pourquoi j'embarrasserd'unevaine chimere?
Il est icipour l'homme un point,
seul necessaire.
Il doit, peu curieux etun sterile
sçavoir,
Chercher les vérité% quifondent
son devoir.
Les chercher.! ah! bien loin que
ce foin l'interesse,
C'est a les eviter qu'il s'applique
sans cesse.
La Nature enson cœur avoitfiû
les tracer;
Que ne tente.t-il pointpourles
en effacer!
Il a
fallu pour lui fous l'attrait
d'un vain songe
Couvrir
ces vérité^ du voile du
mensonge:
Et par des fictionsoccupant son
loisiir,
Cacher l'utilité fous l'appas dtt
plaisir.
Allais ennemi du vraidont il
craint de s'instruire,
Jusquesàl'ignorer a-t-il pû si
seduïre ?
Envain, pour s'endormir ausi;"
despassions, Son
Son esprit se dérobe à
ses reflexions:
Dans quelque Aveuglement qu'il
s'efforce de vivre,
La lumiere qu'il fuit vient par
tout lepoursuivre :
Eclairé malgré lui par un instinct
divin,
Il connoît un principe, il redoute
une fin.
Dans les remords pressans que le
crime fait naître,
Il tremble fous la main dont il a
reçu*l'être /> 1 :
Et contraint en secret d'adorerson
pouvoir,
Il sent la écrite qu'il n'a pas
voulu voir.
ont remporté cette année les
Prix des Jeux Floraux de T-oulouse, je vous ay parlé iccc-'
luy qui regarde la Vérité, composé par Mr l'Abbé Asselin.
On assure generalement guti
tousceuxqui ont travatiHcccc-1
te année pour ces Prix ont fait
de si beaux Ouvrages, qu'il a'
esté difficile d'adjuger les Prix,
ce qui doit augmenter lajlwre
Mr l'Abbé AtfcliIL
1
POEME
Qui a
remporté le Prix, par Le
Jugement de l'Academie des
Jeux Floraux, sur la Vérité.
L'Homme est-il insensible à l'éclat de tes traits,
Ou bien, loin de ses yeux tU-tu
fuipour jamais,
Verité,qu'à mes vœux dérobent
mille obstacles?
Toûjours avec lefaux je confonds
tes Oracles.
Pour fuir en te cherchant les
écueils que je crains,
Sers deguide toi-mêmeàmespas
incertains.
May 1 7 10. Aa
rar nos préjuge.-< seuls gouver.
nez dans l'enfance
, , L'erreuren nos
espritsprévient
la connoissance.
Que fert de réfléchir dans une autresaison t
Le joug de l'habitude asservit la
raifort,
Toujours loin du droitsens entraine:t par les AHtres,
Sur leurs fauxjugemens s'assermissent les nôtres;
Et de l'opinionesclaves malheureux
,
Nous vivons, nouspartons, &
nous pensons comme eux.
Loin du peupleséduitpar devaines images,
Chercherons-nous levraisuries
traces des Sages t
Jouets d'un faux éclatqui nous
éblouit tous,
Par des sentiers divers ils errent
comme nous.
Philosophes
en proyeàvotre incertitude
y Quel estpour votre espritlefruit
de votre étude ?
De quelqueconnoissance ose-t-il
Toujours
seflatter
plus
?
incertain,il riapprend qu'à douter.
Maisquoi?son impuissance irrite
son audace:
Dansses vastesprojets ilrieflrien
qu'il riembrajjc. ,
Aa.ij
Prétendant tout connoître, en sa
témérité
Par les bornes du monde il n'est
point arrêté.
Il veut d'un premier Etre appro.
fondir l'EjJence,
Il sondesesDecrets, mesure sa
Puielaance.
Aveugle!aquel excès porte-t-il
son orgueil!
Desa foible raison un atome efi
l'écueil.
Lassé sans s'arrêter & vaincu
sans se rendre,
C'estenvain qu'ils'obstine à voit"
loir le comprendre ;
Rencontrant l'infini dans un corps
limité.
Il conçoit d-autant moins qu'il 4
plusmédité.
Grand Dieu, dans Fembarrdf
qui confondsa foiblesse
, Quel est de tes desseins la profonde
fag,,ff! -
Les objetsqu'àsesjeux tu fçtts
envelope,
Rempliroientunesprit que tu dois
occuper.
Lorsqu'il jouit des biens que ta
main lui dispense,
Que luisert d'en chercher l'originâ
& l'essence ?
Pardessoins assidus qui confumeni
ses jours
Que luisert d'observer les Aftril
dans leurcours;
D'examiner si l'air, lefeu, la
terre Cm l'onde
Sont autant d'élemens qui composent lemonde:
Ousi, sans l'achon de leur concours divers,
Un principe plus simple a
forme
l'Univers !
Ilsçait à l'infini diviser des espaces,
Comparer des côtez, mesurer des
surfaces :
Des angles differens que forment
tous les corps,
Ilsçait approfondir les dijfrens
rapports.
Inutilestravaux! frivole connoissance!
Quel avantage a-t-il sur une
humble ignorance?
Pour s'occuper ainsi trop avaredu
temps,
Le vrai Sage ensçait mieux menager les instans.
Pourquoi j'embarrasserd'unevaine chimere?
Il est icipour l'homme un point,
seul necessaire.
Il doit, peu curieux etun sterile
sçavoir,
Chercher les vérité% quifondent
son devoir.
Les chercher.! ah! bien loin que
ce foin l'interesse,
C'est a les eviter qu'il s'applique
sans cesse.
La Nature enson cœur avoitfiû
les tracer;
Que ne tente.t-il pointpourles
en effacer!
Il a
fallu pour lui fous l'attrait
d'un vain songe
Couvrir
ces vérité^ du voile du
mensonge:
Et par des fictionsoccupant son
loisiir,
Cacher l'utilité fous l'appas dtt
plaisir.
Allais ennemi du vraidont il
craint de s'instruire,
Jusquesàl'ignorer a-t-il pû si
seduïre ?
Envain, pour s'endormir ausi;"
despassions, Son
Son esprit se dérobe à
ses reflexions:
Dans quelque Aveuglement qu'il
s'efforce de vivre,
La lumiere qu'il fuit vient par
tout lepoursuivre :
Eclairé malgré lui par un instinct
divin,
Il connoît un principe, il redoute
une fin.
Dans les remords pressans que le
crime fait naître,
Il tremble fous la main dont il a
reçu*l'être /> 1 :
Et contraint en secret d'adorerson
pouvoir,
Il sent la écrite qu'il n'a pas
voulu voir.
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Résumé : POEME Qui a remporté le Prix, par le Jugement de l'Academie des Jeux Floraux, sur la Verité.
Le poème 'Qui a remporté le Prix, par Le Jugement de l'Académie des Jeux Floraux, sur la Vérité' est l'œuvre de l'Abbé Asselin. Il traite de la quête de la vérité et des obstacles que l'homme rencontre dans cette recherche. L'auteur met en évidence que les préjugés et les habitudes empêchent souvent les individus de percevoir la vérité, les incitant à suivre les opinions des autres plutôt que de chercher la sagesse par eux-mêmes. Le poème critique également les philosophes, qui, malgré leurs études approfondies, restent incertains et incapables de connaître pleinement la vérité. Ils tentent de comprendre l'infini et les desseins de Dieu, mais leur raison limitée les en empêche. L'auteur suggère que l'homme devrait se concentrer sur les vérités nécessaires à son devoir plutôt que de s'engager dans des recherches vaines et frivoles. Le texte conclut en soulignant que, malgré ses efforts pour éviter la vérité, l'homme est toujours éclairé par un instinct divin qui lui fait connaître et redouter un principe supérieur et une fin ultime. Même dans ses remords, il sent la présence d'un pouvoir supérieur qu'il ne peut ignorer.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 2772-2781
REFLEXIONS Sur l'Amour.
Début :
Le desir d'être aimé est un des plus grands effets de l'aveuglement des [...]
Mots clefs :
Amour, Réflexions, Désir d'être aimé, Aveuglement, Craintes, Confiance, Mérite, Dangereux, Crédulité, Dire
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texteReconnaissance textuelle : REFLEXIONS Sur l'Amour.
REFLEXIONS
Sur l'Amour.
E desir d'être aimé est un des plus
Lrands effets de l'aveuglement des
hommes. C'est la ruine des esprits , la
corruption des mœurs , la perte de la liberté , l'obsession des hommes et le plus
grand de tous les maux ; cependant la
misere humaine nous persuade que c'est le comble de la felicité.
Tout ce qui a rapport à l'objet aimé
est beau, parfait , admirable : Allucinatur
quisquis amat in eo quod amat. Plutarque.
Ceux qui sont aimez , adoptent les erreurs et les prennent pour des témoigna
ges des veritez les plus constantes ; ils
II. Vol. croyent
DECEMBRE. 1732. 2773
croyent ne pouvoir errer. Cela n'est pas
surprenant , car ceux qui nous aiment ne
sçauroient nous faire ouvrir les yeux , et
c'est une grande pitié de ne pouvoir être
repris ni corrigez que par ceux qui ne
sçauroient ni nous reprendre ni nous corriger. Hoc impedit quod nimis nobis pla
cemus. Seneque.
C'est le propre de l'Amour malheureux:
de s'abandonner à des soupçons et à des
craintes indignes qu'il condamne lui - même, et qui, en le persecutant , ne laissent
pas de l'engager dans des démarches souvent suivies d'un long repentir.
Les craintes de l'amour , disposent toujours à une confiance flateuse , qui fait
croire avec plaisir ce qui justifie la
sonne qu'on aime.
perQuand on mérite d'être aimé , on se
flate toûjours de l'être , et presque toujours plus qu'on ne l'est en effet.
Plus on aime tard et plus fortement
on aime.
Urit amorgravius , quò seriùs urimur intus. Ovide,
Sape venit magnofœnore tardus amor.
On II. Vol.
2774 MERCURE DE FRANCE
On ne doit jamais se picquer d'être
le martyr de la vanité ou du caprice
d'une Belle. On doit cesser d'aimer
aussi-tôt qu'on cesse d'être bien traité ;
car pourquoi vouloir malgré la Loi na
turelle , se faire un tourment de ce qu'elle a donné à l'homme comme un plaisir ?
nous devons cependant plaindre ceux
que l'erreur commune engage dans d'autres sentimens et qui sont les victimes
de leur propre aveuglement.
Amore si finge fanciullo per significar che per placarsi pretende doni : si
finge però anco cieco , per lasciarsi rapire quanto possiede.
Il n'est point de forme sous laquelle
l'Amour ne se déguise pour s'insinuer
dans un cœur , jusqu'à prendre celle de
la raison et de la vertu .
Un amour extrême est capable de faire
'dire tout ce qu'on ne pense pas , quand on
croit se pouvoir procurer ce qu'on desire.
L'amour est une contagion qui se communique presque toûjours par la fréquentation de ceux qui sont susceptibles de
cette passion.
II Vol. Ceux
DECEMBRE. 1732. 2775
Ceux qui n'aiment pas , ont rarement
de grandes joyes ; ceux qui aiment , ont
souvent de grandes tristesses.
Parmi les Amans la haine n'est bien
souvent qu'un amour déguisé ; mais
l'indifference est une veritable preuve
d'un amour éteint.
Amantes amoris nebulis obcacati falsa
pro veris accipiunt.
Plus l'amour est contraint , plus il est
ardent. Per vincula cresco.
On s'estimeroit heureux en amour , si
ce qui manque à notre félicité ne faisoit
celle de personne,
L'amour devient un plaisir bien froid,
s'il n'est attisé par la difficulté.
Quand un cœur tendre est assez irrité
pour devenir cruel , il passe d'un extrémité à l'autre , et la mesure de sa tendresse naturelle , devient celle de sa cruauté.
L'amour est plus dangereux et plus
outré aux vieillards qu'aux jeunes gens.
L'autunno del' età fassi ad un core ,
Tutt'amor . tutt'angoscia, è tutto ardore. Sperauza.
II. Vol. La
2776 MERCURE DE FRANCE
La vertu est une perfection de l'ame ;
l'amour est une imperfection , en ce qu'il
fait aimer en autrui ce qui nous manque
en nous-mêmes.
La crédulité, naturelle à l'amour, laisse
rarement la raison agir avec toutes ses
lumieres dans l'esprit d'un Amant ; elle
fait trouver possible les choses les plus
étranges , lorsqu'elles s'accordent avec ce
qu'on souhaite.
Laura dell'amore e un'esalatione pes
tifera , che ci offusca la ragione.
L'amour vous attaque inutilement , si
vous vous occupez par le travail et l'application : Otia si tollas , perere cupidinis arcus.
Il n'est pas sûr que l'amour fondé sur
la beauté , dure autant qu'elle ; mais il
est indubitable qu'il meurt avec elle.
Le bon homme Brantome , dit agréa
blement que qui veut être aimé sans aimer, ressemble à celui qui veut allumer
son flambeau avec une torche éteinte.
Qui aime est plus heureux que qui
II. Vol. est
DECEMBRE. 1732. 2777
est aimé. Cependant il est plus noble et
il devroit nous être plus agréable d'être
servis , que de servir.
Celui qui a de la haine est plus blamable que celui qui est haï. Or celui qui
aimedoit l'emporter sur celui qui est aimé;
car celui qui oblige, est plus genereux que
celui qui est obligé. L'amour de l'Amant fait la reconnoissance de la personne aimée , comme plus parfait et plus
digne. Les choses inanimées peuvent être
aimées , mais elles ne sçauroient jamais
aimer. Cognosci enim et amari etiam in carentibus anima existit at cognoscere et
amore rebus animatis. Arist. Melius est
amare quam amari. id. Divinior est amator,
quam amatus , est enim numinis afflatu per- citus. Plat.
Les Italiens disent proverbialement :
Amore , subito nato morire , se non e nodrito
dalla speranza.
C'est une grande question de sçavoir
si on a plus de mérite auprès d'une Maîtresse , en lui marquant beaucoup d'empressement , qu'en ne lui en témoignant
que peu,
Chi e amato perde la liberta , perche
II. Vol.
2778 MERCURE DE FRANCE
e obligato a suo dispetto ad amare chi
l'ama.
Quand on a veritablement donné son
cœur , on n'a plus rien qui ne soit au
pouvoir de celle qui le possede,
En guerre et en amour , les yeux sont
les premiers vaincus. Gli occhi , disent
les Italiens , sone sempre principio e fine
d'amore.
Quand on est bien amoureux on est
très- retenu par la crainte de déplaire à
l'objet aimé. Les médiocres passions inspitent toutes sortes de téméritez.
L'amour est le Roy des jeunes gens et
le Tyran des vieillards.
Le relâchement et le dégoût suivent
ordinairement les amours où il n'entre
que de la volupté.
Une infidelité qu'on prend soin de
cacher , promet plutôt un retour qu'un
engagement où l'on ne garde point de
mesures.
Comme les petits feux s'éteignent par
II. Vol les .
DECEMBRE. 1732. 2779
les grands orages, et les grands s'augmentent ; de même l'amour médiocre se refroidit par les difficultez , mais le grand
s'accroît.
Le Char de l'Amour est tiré par des
Lions , pour montrer que ce Dieu sçait
soumettre les animaux les plus féroces.
On ne se croit jamais miserable quand
on aime bien ; mais on croit l'avoir été
quand on n'aime plus.
L'amour est de telle nature , qu'il ne
peut jamais causer de plaisirs tranquilles ;
et soit qu'il donne de la joye où de la
douleur , c'est presque toûjours en desordre et avec tumulte et agitation..
Les premieres passions sont si bien les
plus fortes , qu'on pourroit dire que Souvent plus on aime , moins on sçait aimer.
L'amour qui s'établit par vanité , n'est
que vanité , et ne peut subsister. L'amour
fondé sur la beauté , meurt avec elle ;
l'amour qui vient par des interêts de famille , n'est qu'avarice ; l'amour que la
jeunesse inspire , n'est que legereté ; l'amour qui naît du tempéramment , est
11. Vol.
C aveugle
2780 MERCURE DE FRANCE
aveugle et grossier ; il n'y a que l'amour
que l'estime et la vertu font naître qui
soit solide et qu'on doive loüer.
Un homme bien amoureux , fait de
soi- même un spectacle très- agréable pour
la personne qu'il aime.
La perte des personnes dont nous som❤
mes aimez , est bien plus irréparable que
celle des personnes que nous aimons.
Une belle femme , d'un esprit médio.
cre , fait aisément beaucoup de conquêtes , mais elle ne les garde pas longtemps ; une femme d'esprit sans beauté
en fait peu et difficilement , mais elles
sont infiniment plus durables.
L'amour et la haine marchent souvent ensemble. Les Italiens disent , l'odio
non e contratrie d'Amore , ma sequaci d'amore.
Les larmes des femmes et les soupirs
des Amans , sont deux choses inépuisables , l'une ne coûte guere plus que l'autre , car la source en est intarissable ; c'est
comme un Bassin qui se remplit à me
sure qu'on y puise.
II. Vol. Selon
DECEMBRE. 1732 2781
Selon le Proverbe Espagnol : Mucho
sabe la zarra , pero sabe mas la Dona enamorada.
On a beau dire , une femme est bien
à plaindre quand elle a tout ensemble
de l'amour et de la vertu.
La prudence et l'amour ne sont pas
faits l'un pour l'autre. Tandis que l'amour croît , la prudence diminuë.
Vouloir qu'on soit amoureux avec mesure , c'est vouloir qu'on soit fou avec
raison.
Dans les commencemens d'une tendre
passion , on est trop crédule ; on l'est
trop peu dans la suite . De- là les inquietudes , les soupçons , les reproches , les -
ruptures.
Sur l'Amour.
E desir d'être aimé est un des plus
Lrands effets de l'aveuglement des
hommes. C'est la ruine des esprits , la
corruption des mœurs , la perte de la liberté , l'obsession des hommes et le plus
grand de tous les maux ; cependant la
misere humaine nous persuade que c'est le comble de la felicité.
Tout ce qui a rapport à l'objet aimé
est beau, parfait , admirable : Allucinatur
quisquis amat in eo quod amat. Plutarque.
Ceux qui sont aimez , adoptent les erreurs et les prennent pour des témoigna
ges des veritez les plus constantes ; ils
II. Vol. croyent
DECEMBRE. 1732. 2773
croyent ne pouvoir errer. Cela n'est pas
surprenant , car ceux qui nous aiment ne
sçauroient nous faire ouvrir les yeux , et
c'est une grande pitié de ne pouvoir être
repris ni corrigez que par ceux qui ne
sçauroient ni nous reprendre ni nous corriger. Hoc impedit quod nimis nobis pla
cemus. Seneque.
C'est le propre de l'Amour malheureux:
de s'abandonner à des soupçons et à des
craintes indignes qu'il condamne lui - même, et qui, en le persecutant , ne laissent
pas de l'engager dans des démarches souvent suivies d'un long repentir.
Les craintes de l'amour , disposent toujours à une confiance flateuse , qui fait
croire avec plaisir ce qui justifie la
sonne qu'on aime.
perQuand on mérite d'être aimé , on se
flate toûjours de l'être , et presque toujours plus qu'on ne l'est en effet.
Plus on aime tard et plus fortement
on aime.
Urit amorgravius , quò seriùs urimur intus. Ovide,
Sape venit magnofœnore tardus amor.
On II. Vol.
2774 MERCURE DE FRANCE
On ne doit jamais se picquer d'être
le martyr de la vanité ou du caprice
d'une Belle. On doit cesser d'aimer
aussi-tôt qu'on cesse d'être bien traité ;
car pourquoi vouloir malgré la Loi na
turelle , se faire un tourment de ce qu'elle a donné à l'homme comme un plaisir ?
nous devons cependant plaindre ceux
que l'erreur commune engage dans d'autres sentimens et qui sont les victimes
de leur propre aveuglement.
Amore si finge fanciullo per significar che per placarsi pretende doni : si
finge però anco cieco , per lasciarsi rapire quanto possiede.
Il n'est point de forme sous laquelle
l'Amour ne se déguise pour s'insinuer
dans un cœur , jusqu'à prendre celle de
la raison et de la vertu .
Un amour extrême est capable de faire
'dire tout ce qu'on ne pense pas , quand on
croit se pouvoir procurer ce qu'on desire.
L'amour est une contagion qui se communique presque toûjours par la fréquentation de ceux qui sont susceptibles de
cette passion.
II Vol. Ceux
DECEMBRE. 1732. 2775
Ceux qui n'aiment pas , ont rarement
de grandes joyes ; ceux qui aiment , ont
souvent de grandes tristesses.
Parmi les Amans la haine n'est bien
souvent qu'un amour déguisé ; mais
l'indifference est une veritable preuve
d'un amour éteint.
Amantes amoris nebulis obcacati falsa
pro veris accipiunt.
Plus l'amour est contraint , plus il est
ardent. Per vincula cresco.
On s'estimeroit heureux en amour , si
ce qui manque à notre félicité ne faisoit
celle de personne,
L'amour devient un plaisir bien froid,
s'il n'est attisé par la difficulté.
Quand un cœur tendre est assez irrité
pour devenir cruel , il passe d'un extrémité à l'autre , et la mesure de sa tendresse naturelle , devient celle de sa cruauté.
L'amour est plus dangereux et plus
outré aux vieillards qu'aux jeunes gens.
L'autunno del' età fassi ad un core ,
Tutt'amor . tutt'angoscia, è tutto ardore. Sperauza.
II. Vol. La
2776 MERCURE DE FRANCE
La vertu est une perfection de l'ame ;
l'amour est une imperfection , en ce qu'il
fait aimer en autrui ce qui nous manque
en nous-mêmes.
La crédulité, naturelle à l'amour, laisse
rarement la raison agir avec toutes ses
lumieres dans l'esprit d'un Amant ; elle
fait trouver possible les choses les plus
étranges , lorsqu'elles s'accordent avec ce
qu'on souhaite.
Laura dell'amore e un'esalatione pes
tifera , che ci offusca la ragione.
L'amour vous attaque inutilement , si
vous vous occupez par le travail et l'application : Otia si tollas , perere cupidinis arcus.
Il n'est pas sûr que l'amour fondé sur
la beauté , dure autant qu'elle ; mais il
est indubitable qu'il meurt avec elle.
Le bon homme Brantome , dit agréa
blement que qui veut être aimé sans aimer, ressemble à celui qui veut allumer
son flambeau avec une torche éteinte.
Qui aime est plus heureux que qui
II. Vol. est
DECEMBRE. 1732. 2777
est aimé. Cependant il est plus noble et
il devroit nous être plus agréable d'être
servis , que de servir.
Celui qui a de la haine est plus blamable que celui qui est haï. Or celui qui
aimedoit l'emporter sur celui qui est aimé;
car celui qui oblige, est plus genereux que
celui qui est obligé. L'amour de l'Amant fait la reconnoissance de la personne aimée , comme plus parfait et plus
digne. Les choses inanimées peuvent être
aimées , mais elles ne sçauroient jamais
aimer. Cognosci enim et amari etiam in carentibus anima existit at cognoscere et
amore rebus animatis. Arist. Melius est
amare quam amari. id. Divinior est amator,
quam amatus , est enim numinis afflatu per- citus. Plat.
Les Italiens disent proverbialement :
Amore , subito nato morire , se non e nodrito
dalla speranza.
C'est une grande question de sçavoir
si on a plus de mérite auprès d'une Maîtresse , en lui marquant beaucoup d'empressement , qu'en ne lui en témoignant
que peu,
Chi e amato perde la liberta , perche
II. Vol.
2778 MERCURE DE FRANCE
e obligato a suo dispetto ad amare chi
l'ama.
Quand on a veritablement donné son
cœur , on n'a plus rien qui ne soit au
pouvoir de celle qui le possede,
En guerre et en amour , les yeux sont
les premiers vaincus. Gli occhi , disent
les Italiens , sone sempre principio e fine
d'amore.
Quand on est bien amoureux on est
très- retenu par la crainte de déplaire à
l'objet aimé. Les médiocres passions inspitent toutes sortes de téméritez.
L'amour est le Roy des jeunes gens et
le Tyran des vieillards.
Le relâchement et le dégoût suivent
ordinairement les amours où il n'entre
que de la volupté.
Une infidelité qu'on prend soin de
cacher , promet plutôt un retour qu'un
engagement où l'on ne garde point de
mesures.
Comme les petits feux s'éteignent par
II. Vol les .
DECEMBRE. 1732. 2779
les grands orages, et les grands s'augmentent ; de même l'amour médiocre se refroidit par les difficultez , mais le grand
s'accroît.
Le Char de l'Amour est tiré par des
Lions , pour montrer que ce Dieu sçait
soumettre les animaux les plus féroces.
On ne se croit jamais miserable quand
on aime bien ; mais on croit l'avoir été
quand on n'aime plus.
L'amour est de telle nature , qu'il ne
peut jamais causer de plaisirs tranquilles ;
et soit qu'il donne de la joye où de la
douleur , c'est presque toûjours en desordre et avec tumulte et agitation..
Les premieres passions sont si bien les
plus fortes , qu'on pourroit dire que Souvent plus on aime , moins on sçait aimer.
L'amour qui s'établit par vanité , n'est
que vanité , et ne peut subsister. L'amour
fondé sur la beauté , meurt avec elle ;
l'amour qui vient par des interêts de famille , n'est qu'avarice ; l'amour que la
jeunesse inspire , n'est que legereté ; l'amour qui naît du tempéramment , est
11. Vol.
C aveugle
2780 MERCURE DE FRANCE
aveugle et grossier ; il n'y a que l'amour
que l'estime et la vertu font naître qui
soit solide et qu'on doive loüer.
Un homme bien amoureux , fait de
soi- même un spectacle très- agréable pour
la personne qu'il aime.
La perte des personnes dont nous som❤
mes aimez , est bien plus irréparable que
celle des personnes que nous aimons.
Une belle femme , d'un esprit médio.
cre , fait aisément beaucoup de conquêtes , mais elle ne les garde pas longtemps ; une femme d'esprit sans beauté
en fait peu et difficilement , mais elles
sont infiniment plus durables.
L'amour et la haine marchent souvent ensemble. Les Italiens disent , l'odio
non e contratrie d'Amore , ma sequaci d'amore.
Les larmes des femmes et les soupirs
des Amans , sont deux choses inépuisables , l'une ne coûte guere plus que l'autre , car la source en est intarissable ; c'est
comme un Bassin qui se remplit à me
sure qu'on y puise.
II. Vol. Selon
DECEMBRE. 1732 2781
Selon le Proverbe Espagnol : Mucho
sabe la zarra , pero sabe mas la Dona enamorada.
On a beau dire , une femme est bien
à plaindre quand elle a tout ensemble
de l'amour et de la vertu.
La prudence et l'amour ne sont pas
faits l'un pour l'autre. Tandis que l'amour croît , la prudence diminuë.
Vouloir qu'on soit amoureux avec mesure , c'est vouloir qu'on soit fou avec
raison.
Dans les commencemens d'une tendre
passion , on est trop crédule ; on l'est
trop peu dans la suite . De- là les inquietudes , les soupçons , les reproches , les -
ruptures.
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Résumé : REFLEXIONS Sur l'Amour.
Le texte 'Réflexions sur l'Amour' examine les multiples facettes de l'amour et ses impacts sur les individus. L'amour est présenté comme un puissant facteur d'aveuglement, entraînant la ruine des esprits, la corruption des mœurs et la perte de la liberté. Contrairement à la croyance populaire, il est considéré comme le plus grand des maux plutôt qu'une source de bonheur. Les personnes amoureuses tendent à idéaliser l'objet de leur affection, trouvant en lui des qualités parfaites et adoptant ses erreurs comme des vérités. L'amour malheureux est marqué par des soupçons et des craintes, menant souvent à des actions regrettables. L'amour est décrit comme une contagion qui se transmet par la fréquentation. Ceux qui n'aiment pas connaissent rarement de grandes joies, tandis que ceux qui aiment éprouvent souvent de grandes tristesses. La haine entre amants est souvent un amour déguisé, mais l'indifférence signale un amour éteint. L'amour contraint est plus ardent et plus dangereux chez les vieillards que chez les jeunes. La vertu est vue comme une perfection de l'âme, tandis que l'amour est une imperfection, car il fait aimer en autrui ce qui manque en soi. L'amour est influencé par la crédulité, qui empêche la raison d'agir pleinement dans l'esprit de l'amant. L'amour fondé sur la beauté ne dure pas autant qu'elle. Celui qui aime est plus heureux que celui qui est aimé, bien que servir soit plus noble. L'amour est comparé à un roi pour les jeunes et à un tyran pour les vieillards. Les premières passions sont les plus fortes, mais l'amour véritable naît de l'estime et de la vertu. Enfin, le texte note que l'amour et la haine marchent souvent ensemble, et que les larmes des femmes et les soupirs des amants sont inépuisables.
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p. 700
AUTRE.
Début :
Dans un seul mot François quarante-deux Latins ; [...]
Mots clefs :
Aveuglement