Résultats : 2 texte(s)
Accéder à la liste des genres littéraires.
Détail
Liste
1
p. 54-75
PALINODIE.
Début :
L'ouvrage que vous allez lire est la traduction d'un / Raisonnemens trompeurs, Eloquence funeste, [...]
Mots clefs :
Langue latine, Langue française, Patrie, Rome, France, Entendre, Auteurs, Muse, Parnasse, Langage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PALINODIE.
L'ouvrage que vous allez
lire est la traduction d'un
Poëme Latin composé par un
Jesuite,ensuite d'un discours
fort éloquent
,
qu'il avoit
prononcé en faveur de la langue Latine contre la Françoijfe. Celafait voir que quand
on a
de l'esprit, on peut soûtenir également le pour & le
contre.
PALINODIE.
R Aisonnemens trompeurs, Eloquencefuneste
,
Vains discours,queje vous detefie!
J'ay voulu lâchement trahirvostre
party,
France, mon aimable. Patrie:
J'ay voulu signaler mon aveugle fu*.
rie,
Et moyseulje mesuis trahy.
Ah, Mere des beauxArts, pardonne
à l'insolence
D'un Orateur trop vehement.
riens) langue des Latins, rens à
celle de France
L'honneur que tu luy doissi légitimement.
X)ou vient que malgré,tavieillesse
Tu veux tepiquer de beauté?
Scais-tu que ton éclat qui surprend
lajeunesse.
N'a rien qui nesoit emprunté ?
C'est vainement que l'on s'enteste
Desfoibles ornemens que ton adresse
aprefie,
Tous ces airsconcentrez,cettefausse
candeur,
Cefardqu'on voitsurton visage,
- Cestermes affectezquiforment lOti:
langage
,
Tefont Sibille en
âge aussi-bienqu'en,
laideur.
Voilà ce qui tefit silong-temps
Souveraine [tesloix,
Des Romainsprévenus en fAveur d,
Mais aujourd'huy tu tiens àpeine
Un petit coin de terre où tu maintiens tes droits.
Rarement on t'entend dansla bouche
des Rais
,
Le beau monde te fuit;tesplusbeaux
privilèges,
Sont renfermezdans les colleges,
Déterrons des Latins les plus vieux
monumens,
Foüillons dans leurssombres Archives.
:en verrons-nous un seul exempt des invectives
Etdes censures des Sçavans ?
Ciceron ,le premieren butte à la Critique
Laisse un peu trop voir etart,diuen,
quand il s'explique,
Il est diffus en trop d'endroits.
Live qu'on metaurangdes Auteurs
les plus rares,
Garde de son pays certains termes
barbares
Donton le raille quelquefois.
Plaute, cet illustre Comique,
A-t-ilaujourd'huy rien quipique?
Voit-on un Peupleassez badaut
A qui plustsabouffonnerie,
Etsasadeplaisanterie
Neseroit-ellepassiflée à Guenegaut ?
9
Terence , , a
toutpilléMénandre :
Seneque estempouâe>
pour ne le pas
entendre
L'Auditeur effrayése retire à
l'écart.
Enfin la Scene antique estsans regle
&sans art.
Laissons le Cothurne tragique,
Pour parler du PoëmeEpique :
Virgile a-t-il rien destbeaae?
Enparlant deses Dieux,desTroyens,
deson Pere,
Queses vers ont-ils de nouveau 'fJn ennuyeuxtissu des dépoüilles
d'Hornere!
Est-ce
d,Ovidsel'Amoureux
Dont on vaudra vanterla plume ?
-que n'a-t-ilestéplussoigneux
De remettre ses vers mal polis fils fenclume?
Scaligernous apprend qu'ils en vaudroient bien mieux.
Jï^uand au dessus du vent je vois
volerHorace
,
Iltombe, dit un autre,&sa chute me
glace.
Lucain esttropguindé;Juvenal efi
trop duri [obscur.
Evitantd'estre long,Perse devient.
Le badinage de Tibulle
Ne me charme pas plus que celuy de
Catulle,
Dont le verssautillant
>
siflant, &
mal-formé
,
Ressemble hfin Moineaudansla cage
enfermé.
Mais,France, Pepiniere agreable&
secondé
Des plus fameux auteurs du
monde,
Nous voyons aujourd'hui que tes
heureux Dessins
Te mettent au dessus des Grecs & des
Latins.
Aristote efi vaincu ,son traducteur
Cassandre
Estpluspoly, plus doux, &se fait
mieux entendre. [ voix,
Philipe qui craignit Demostene J&si
Trembleroit aux Sermons du tonnant
Bourdaloüe;
Et quand le Divin Flechierloüse,
C'est bien mieux que Pline autresiss. &
Jamais Rome au Barreauvit-elle une
éloquence
Egale au grand Patru plaidant pour
l'innocence,
Et du vainqueur d'Asie en lisant les
combats,
N'estime t-on pas moins Curse que
VaugeLu ?
Malgré les vers pompeux que Lucain
nous étaley
Cesar eust de Brebeuf adoré la Pharsale;
Toutsçavantqu'ilestoit il auroitfait
saCour,
Pour avoir un cahier chez,liUtfîre
Ablanceur.
Mais Rome enfinse glorifie
D'avoir eu dans son sein la doli
Sulpicie: [jou
Ellese vante encor d'avoirdonnél
A lasçavante Cornelie :
NostreFrance bien plus polie,
A de charmansobjets à vanter à fioti
tour.
Elle n'a pas pour une Muse;
Bregy, Des-Houlieres, la Suze,
Et mille autres Saphos que je ne nomme pas,
Font de nostre Parnasse un lieu rempli -d'dpas.
Qu'on ne nous vanteplus le theatre
d'Athene,
Dont les Acteurscruels ensanglantoient la Scene ;
Sidans Sophocle,Ajax meurtdesa
propre main
,
Etsi dans Euripide une mere cruelle
Plonge àses deux enfans unpoignard
dans lefein
, Avoüons que che.z-noUi la methode
estplusbelle.
Le Cid, Pompée, Horace en seront
les témoins;
C'estlà que le divin Corneille
Touchant le cœur,charmel'oreille.
Dans Cinna que croiroit-on moins £)uun ingrataccabléparlesfaveurs
d'Auguste,
Conspirant contre luypar un retour injuste?(sanglant
Il eustfallu dans Rome unfpeffade
Pourpunir cette audaceextrême
Maisle pardon tient lieu desang,
Auguste oublie
,
Emilie aime,
Cinna devient reconnoissant,
Et les vers du Poëte ont un toursi
puiffint
Qu'on croit entendre August
méme.
a
Represente-t-on Phedre&toutesse
On y
fureurs
plaint le
?
chaste Hyppolite.
Si la veuve d'Hectorpleure, Dieux
quelle excite
De tendressentimens dans lefond d
nos cœurs!
Raciney ce charmant Genie,
Tire des soûpirs & des pleurs
Des Peuples attendris au récit de.
malheurs,
D'une mourante Iphigenie.
Chacuns'Agamemnpn abhorre le dejsein, (victime
Voyant le couteau prest d'égorger la
Chacunsoupire de ce crime,
Etcroitsentir le coup qui luyperce U
sein.
Las de pleurersil'on- veut rire
Et dans le mêrne-inlfantî"I'nstruire,
Qu'on aille de Moliere écouter les
leçons.
En voyant le Tartusse drson misque
On apprendra
hypocrite,,comme on éviteDe tant defaux Devots les trompeurs
hameçons.
LesMarquisyles Facheax
,
l'A
vare
Et le Misantrope hitttrrt,
LesmauvaisMedecins, lesFemmes,
les Maris
verront de leurs mœurs la. critique
subtile
, -
Comme ontfait la Cour & Paris.
Heureux, quijoint ainsi leplaisant
à l'utile!
Veutprodiguerses Versendéfitde
Minerve,
Et pour peu que ify-mefine on si
connoisse bien
,
Lisant le nom d'un autre on peut
lire le sien.
Heureuxenfin, heureux
,
qui pour
devenirsage,
En voyant ces Portraits peuty voir
son image!
Naissi le Lesteuraime mieuxUn Ouvrage qui soit comique &-
serieux ;
Voiture efi inventeur de ce genre
décrire
,
admire,
J%u'on ne peut imiter & que chacun
La Langue Françoisia tente
Toutcequafait l'Antiquité;
Le Bossu Phrygien d'line facile
veine -
A fait parler les Animaux,
Sesdiscours fabuleuxsont beaux;
Mais on donne la Palme à ceux dè
la Fontaine..
cf<!!oy quejelife tous lèsjours
Les entretiens& etArifte & d'EII.
gene». Je
voy je nefcty.quoy- dans leurs
charmas discours,
Dontle tour m'enchantetoujours ;
Ll-s Grâcess'unissant aux Filles
d'Hypacrene
,
Y font l'éloge de Bouhours
En cela nostreLangueétalefin (mpire.
Far longueperiphraje un Latinfiait
écrire;
£'Espagnoltrop enflé, l'Italien• trtp
doux.
Sans lesecours de l'Art ne
pourront
jamais dire
Ce que le naturel exprimera eheZ
-
nous..
Noussçavons bien que le langage
Dont nous..nous servonsaujourd'huy [ malpoly,
Futpendant certainstemps un marbre
Et brut, on ne peut davantage.
Nostre France eut besoin alors
De cesHommes fameux & de tous
leurs efforts
a
Pour polir unsigrand Ouvrage.
Malherbe d'abord l'ébaucha,
L'inutileilen retranchai.
.Sdlzac la lime en main vint & fifit connoistre,
Il radoucit, il retoucha,
Sescoups surent des coups de
Hdijlre
3/
Deces deuxOuvrierscharmans
Nojlre Langue recent ses premiers
ornemens.
La politesse alorsparlaFêurpre
affermie
Du grand Armandsuivit les loix.
Ce. futluy qftifille beau choix
Dont ilforma l'Acadtmie.
Cette Academie au Berceau,
Semblable au valeureux Alcide,
Etoussoit tous les jours quelque
Monstre nouveau
Dont l'ignoranceestoitleguide.
Arbitre déja des écrits,
Lessentimens des beaux Esprits
Estoientfournis àsapuissance.
Sa force accruë avec le temps
Sans peineproduisît dans son adolescence
Vn nombreinfny de Sçavans,
Nous la voyons enfin au comble dfr
sonâge,
Et dans ce comblefortune
c!i!.!!,'adora sous Platon l'Univers
étonné,
Dans ces fameux Jardins & danJ<
l'Areopage,
L'Eloquence, les Vers, les Languess.
les b.tltux Arts,
Les travaux de Minerve & les exploitsde Mars,
Sont les heureux emplois que les
Muses luy donnent:
LOVISson Apollon
,
l'illuminetoujours,
Son augustepresenceanime ses discours,
Son exemplel'instruit tsesbien-faits
la couronnent.
Animezvos cœurs & vos voix,
Vous
,
Homeres nouveaux,& voufi.
Cursessublimes
:
Employé£ l'Eloquence
,
& les plus
douces rimes,
Pourparlerduplusgranddes Rois.
Annoncez, par toutsesVictoires
,
Eternisez, son nom dans vos doctes
memoires.
La , que sur l'airain dureront
ses exploits.
OU), grandRoy, cessçavans Oracles
Aux siecles à venir apprendront tes
miracles.
Ils tepeindront tonnantsurle Rhin,
forClfch
Vainqueursurl'Escaut,surla Meuse;
Et triomphant tout seul d'une hgut
fameuse
.!f!.!!,i t'acquit àjamais un honneur
immortel.
On
On verra par ton bras les placesfoudroyées,
Faire voler bien loin les Aigles esfrayées:
•
On verra les Lions soûmis
Implorer à tes pieds ton auguste
clemence;
Enfin l'on te verradans le cœur de
la France,
Renverser par ta foy de plusfiers
Ennemis.
L'Indien étonné dubruit de ces
merveilles,
En croit à peine ses oreilles:
Ilpart ensuperbeappareil,
Quitteses Dieux brillans, le Soleil,
& laurare;
Il vient, il te voit,il t'adore,
Surpris en toy de voir encore Un éclat plus brillant que celuydit
Soleil.
Mais, GRAND Roi, ma
Mufe s'égare,
Et pensant ay ~destini d'Icare,
Son aiste foible encor pourtraverser
les Mers,
Vêle à fleurd'eau, tremblante,& refuse des vers.
Tant d'exploits à chanter sont de
douces amorces;
Mais c'est une entreprise au dessus de
sesforces;
Et quoy qu'elle ait long-tempssuivi
tesétendards,
Ses chants les plus hardissont peu
dignes de Mars.
Retirée, à l'écart, au coin d'une
Province
,
[Prince,
Elle adore ensecret les vertus deson
Fait mille vœux pour luy ,veut chanterses vertus
Tfend La Plume, Li quitte
,
(£•
lU
peut rien de plus.
lire est la traduction d'un
Poëme Latin composé par un
Jesuite,ensuite d'un discours
fort éloquent
,
qu'il avoit
prononcé en faveur de la langue Latine contre la Françoijfe. Celafait voir que quand
on a
de l'esprit, on peut soûtenir également le pour & le
contre.
PALINODIE.
R Aisonnemens trompeurs, Eloquencefuneste
,
Vains discours,queje vous detefie!
J'ay voulu lâchement trahirvostre
party,
France, mon aimable. Patrie:
J'ay voulu signaler mon aveugle fu*.
rie,
Et moyseulje mesuis trahy.
Ah, Mere des beauxArts, pardonne
à l'insolence
D'un Orateur trop vehement.
riens) langue des Latins, rens à
celle de France
L'honneur que tu luy doissi légitimement.
X)ou vient que malgré,tavieillesse
Tu veux tepiquer de beauté?
Scais-tu que ton éclat qui surprend
lajeunesse.
N'a rien qui nesoit emprunté ?
C'est vainement que l'on s'enteste
Desfoibles ornemens que ton adresse
aprefie,
Tous ces airsconcentrez,cettefausse
candeur,
Cefardqu'on voitsurton visage,
- Cestermes affectezquiforment lOti:
langage
,
Tefont Sibille en
âge aussi-bienqu'en,
laideur.
Voilà ce qui tefit silong-temps
Souveraine [tesloix,
Des Romainsprévenus en fAveur d,
Mais aujourd'huy tu tiens àpeine
Un petit coin de terre où tu maintiens tes droits.
Rarement on t'entend dansla bouche
des Rais
,
Le beau monde te fuit;tesplusbeaux
privilèges,
Sont renfermezdans les colleges,
Déterrons des Latins les plus vieux
monumens,
Foüillons dans leurssombres Archives.
:en verrons-nous un seul exempt des invectives
Etdes censures des Sçavans ?
Ciceron ,le premieren butte à la Critique
Laisse un peu trop voir etart,diuen,
quand il s'explique,
Il est diffus en trop d'endroits.
Live qu'on metaurangdes Auteurs
les plus rares,
Garde de son pays certains termes
barbares
Donton le raille quelquefois.
Plaute, cet illustre Comique,
A-t-ilaujourd'huy rien quipique?
Voit-on un Peupleassez badaut
A qui plustsabouffonnerie,
Etsasadeplaisanterie
Neseroit-ellepassiflée à Guenegaut ?
9
Terence , , a
toutpilléMénandre :
Seneque estempouâe>
pour ne le pas
entendre
L'Auditeur effrayése retire à
l'écart.
Enfin la Scene antique estsans regle
&sans art.
Laissons le Cothurne tragique,
Pour parler du PoëmeEpique :
Virgile a-t-il rien destbeaae?
Enparlant deses Dieux,desTroyens,
deson Pere,
Queses vers ont-ils de nouveau 'fJn ennuyeuxtissu des dépoüilles
d'Hornere!
Est-ce
d,Ovidsel'Amoureux
Dont on vaudra vanterla plume ?
-que n'a-t-ilestéplussoigneux
De remettre ses vers mal polis fils fenclume?
Scaligernous apprend qu'ils en vaudroient bien mieux.
Jï^uand au dessus du vent je vois
volerHorace
,
Iltombe, dit un autre,&sa chute me
glace.
Lucain esttropguindé;Juvenal efi
trop duri [obscur.
Evitantd'estre long,Perse devient.
Le badinage de Tibulle
Ne me charme pas plus que celuy de
Catulle,
Dont le verssautillant
>
siflant, &
mal-formé
,
Ressemble hfin Moineaudansla cage
enfermé.
Mais,France, Pepiniere agreable&
secondé
Des plus fameux auteurs du
monde,
Nous voyons aujourd'hui que tes
heureux Dessins
Te mettent au dessus des Grecs & des
Latins.
Aristote efi vaincu ,son traducteur
Cassandre
Estpluspoly, plus doux, &se fait
mieux entendre. [ voix,
Philipe qui craignit Demostene J&si
Trembleroit aux Sermons du tonnant
Bourdaloüe;
Et quand le Divin Flechierloüse,
C'est bien mieux que Pline autresiss. &
Jamais Rome au Barreauvit-elle une
éloquence
Egale au grand Patru plaidant pour
l'innocence,
Et du vainqueur d'Asie en lisant les
combats,
N'estime t-on pas moins Curse que
VaugeLu ?
Malgré les vers pompeux que Lucain
nous étaley
Cesar eust de Brebeuf adoré la Pharsale;
Toutsçavantqu'ilestoit il auroitfait
saCour,
Pour avoir un cahier chez,liUtfîre
Ablanceur.
Mais Rome enfinse glorifie
D'avoir eu dans son sein la doli
Sulpicie: [jou
Ellese vante encor d'avoirdonnél
A lasçavante Cornelie :
NostreFrance bien plus polie,
A de charmansobjets à vanter à fioti
tour.
Elle n'a pas pour une Muse;
Bregy, Des-Houlieres, la Suze,
Et mille autres Saphos que je ne nomme pas,
Font de nostre Parnasse un lieu rempli -d'dpas.
Qu'on ne nous vanteplus le theatre
d'Athene,
Dont les Acteurscruels ensanglantoient la Scene ;
Sidans Sophocle,Ajax meurtdesa
propre main
,
Etsi dans Euripide une mere cruelle
Plonge àses deux enfans unpoignard
dans lefein
, Avoüons que che.z-noUi la methode
estplusbelle.
Le Cid, Pompée, Horace en seront
les témoins;
C'estlà que le divin Corneille
Touchant le cœur,charmel'oreille.
Dans Cinna que croiroit-on moins £)uun ingrataccabléparlesfaveurs
d'Auguste,
Conspirant contre luypar un retour injuste?(sanglant
Il eustfallu dans Rome unfpeffade
Pourpunir cette audaceextrême
Maisle pardon tient lieu desang,
Auguste oublie
,
Emilie aime,
Cinna devient reconnoissant,
Et les vers du Poëte ont un toursi
puiffint
Qu'on croit entendre August
méme.
a
Represente-t-on Phedre&toutesse
On y
fureurs
plaint le
?
chaste Hyppolite.
Si la veuve d'Hectorpleure, Dieux
quelle excite
De tendressentimens dans lefond d
nos cœurs!
Raciney ce charmant Genie,
Tire des soûpirs & des pleurs
Des Peuples attendris au récit de.
malheurs,
D'une mourante Iphigenie.
Chacuns'Agamemnpn abhorre le dejsein, (victime
Voyant le couteau prest d'égorger la
Chacunsoupire de ce crime,
Etcroitsentir le coup qui luyperce U
sein.
Las de pleurersil'on- veut rire
Et dans le mêrne-inlfantî"I'nstruire,
Qu'on aille de Moliere écouter les
leçons.
En voyant le Tartusse drson misque
On apprendra
hypocrite,,comme on éviteDe tant defaux Devots les trompeurs
hameçons.
LesMarquisyles Facheax
,
l'A
vare
Et le Misantrope hitttrrt,
LesmauvaisMedecins, lesFemmes,
les Maris
verront de leurs mœurs la. critique
subtile
, -
Comme ontfait la Cour & Paris.
Heureux, quijoint ainsi leplaisant
à l'utile!
Veutprodiguerses Versendéfitde
Minerve,
Et pour peu que ify-mefine on si
connoisse bien
,
Lisant le nom d'un autre on peut
lire le sien.
Heureuxenfin, heureux
,
qui pour
devenirsage,
En voyant ces Portraits peuty voir
son image!
Naissi le Lesteuraime mieuxUn Ouvrage qui soit comique &-
serieux ;
Voiture efi inventeur de ce genre
décrire
,
admire,
J%u'on ne peut imiter & que chacun
La Langue Françoisia tente
Toutcequafait l'Antiquité;
Le Bossu Phrygien d'line facile
veine -
A fait parler les Animaux,
Sesdiscours fabuleuxsont beaux;
Mais on donne la Palme à ceux dè
la Fontaine..
cf<!!oy quejelife tous lèsjours
Les entretiens& etArifte & d'EII.
gene». Je
voy je nefcty.quoy- dans leurs
charmas discours,
Dontle tour m'enchantetoujours ;
Ll-s Grâcess'unissant aux Filles
d'Hypacrene
,
Y font l'éloge de Bouhours
En cela nostreLangueétalefin (mpire.
Far longueperiphraje un Latinfiait
écrire;
£'Espagnoltrop enflé, l'Italien• trtp
doux.
Sans lesecours de l'Art ne
pourront
jamais dire
Ce que le naturel exprimera eheZ
-
nous..
Noussçavons bien que le langage
Dont nous..nous servonsaujourd'huy [ malpoly,
Futpendant certainstemps un marbre
Et brut, on ne peut davantage.
Nostre France eut besoin alors
De cesHommes fameux & de tous
leurs efforts
a
Pour polir unsigrand Ouvrage.
Malherbe d'abord l'ébaucha,
L'inutileilen retranchai.
.Sdlzac la lime en main vint & fifit connoistre,
Il radoucit, il retoucha,
Sescoups surent des coups de
Hdijlre
3/
Deces deuxOuvrierscharmans
Nojlre Langue recent ses premiers
ornemens.
La politesse alorsparlaFêurpre
affermie
Du grand Armandsuivit les loix.
Ce. futluy qftifille beau choix
Dont ilforma l'Acadtmie.
Cette Academie au Berceau,
Semblable au valeureux Alcide,
Etoussoit tous les jours quelque
Monstre nouveau
Dont l'ignoranceestoitleguide.
Arbitre déja des écrits,
Lessentimens des beaux Esprits
Estoientfournis àsapuissance.
Sa force accruë avec le temps
Sans peineproduisît dans son adolescence
Vn nombreinfny de Sçavans,
Nous la voyons enfin au comble dfr
sonâge,
Et dans ce comblefortune
c!i!.!!,'adora sous Platon l'Univers
étonné,
Dans ces fameux Jardins & danJ<
l'Areopage,
L'Eloquence, les Vers, les Languess.
les b.tltux Arts,
Les travaux de Minerve & les exploitsde Mars,
Sont les heureux emplois que les
Muses luy donnent:
LOVISson Apollon
,
l'illuminetoujours,
Son augustepresenceanime ses discours,
Son exemplel'instruit tsesbien-faits
la couronnent.
Animezvos cœurs & vos voix,
Vous
,
Homeres nouveaux,& voufi.
Cursessublimes
:
Employé£ l'Eloquence
,
& les plus
douces rimes,
Pourparlerduplusgranddes Rois.
Annoncez, par toutsesVictoires
,
Eternisez, son nom dans vos doctes
memoires.
La , que sur l'airain dureront
ses exploits.
OU), grandRoy, cessçavans Oracles
Aux siecles à venir apprendront tes
miracles.
Ils tepeindront tonnantsurle Rhin,
forClfch
Vainqueursurl'Escaut,surla Meuse;
Et triomphant tout seul d'une hgut
fameuse
.!f!.!!,i t'acquit àjamais un honneur
immortel.
On
On verra par ton bras les placesfoudroyées,
Faire voler bien loin les Aigles esfrayées:
•
On verra les Lions soûmis
Implorer à tes pieds ton auguste
clemence;
Enfin l'on te verradans le cœur de
la France,
Renverser par ta foy de plusfiers
Ennemis.
L'Indien étonné dubruit de ces
merveilles,
En croit à peine ses oreilles:
Ilpart ensuperbeappareil,
Quitteses Dieux brillans, le Soleil,
& laurare;
Il vient, il te voit,il t'adore,
Surpris en toy de voir encore Un éclat plus brillant que celuydit
Soleil.
Mais, GRAND Roi, ma
Mufe s'égare,
Et pensant ay ~destini d'Icare,
Son aiste foible encor pourtraverser
les Mers,
Vêle à fleurd'eau, tremblante,& refuse des vers.
Tant d'exploits à chanter sont de
douces amorces;
Mais c'est une entreprise au dessus de
sesforces;
Et quoy qu'elle ait long-tempssuivi
tesétendards,
Ses chants les plus hardissont peu
dignes de Mars.
Retirée, à l'écart, au coin d'une
Province
,
[Prince,
Elle adore ensecret les vertus deson
Fait mille vœux pour luy ,veut chanterses vertus
Tfend La Plume, Li quitte
,
(£•
lU
peut rien de plus.
Fermer
Résumé : PALINODIE.
L'ouvrage est la traduction d'un poème latin intitulé 'Palinodie', composé par un jésuite. Ce poème est une rétractation où l'auteur reconnaît avoir trahi la France en défendant la langue latine. Il exprime désormais son admiration pour la langue française et critique la langue latine, soulignant que cette dernière, malgré son ancienneté, a perdu de son importance et est rarement utilisée par les rois et le beau monde. L'auteur critique les auteurs latins classiques tels que Cicéron, Live, Plaute, et Virgile pour leurs défauts stylistiques et leurs erreurs. En revanche, il présente la France comme une terre de grands auteurs et de beaux-arts. Des écrivains comme Corneille, Racine, et Molière sont loués pour leurs œuvres qui touchent le cœur et instruisent. La langue française est décrite comme ayant évolué grâce à des figures comme Malherbe, Vaugelas, et l'Académie française, qui ont polie et affiné la langue. Le poème se termine par une admiration pour le roi de France, dont les exploits militaires et la grandeur sont célébrés. L'auteur exprime également son humilité en reconnaissant l'immensité de la tâche de chanter les louanges du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 2140-2142
PALINODIE. Jamjam efficaci do manus scientia.
Début :
Oui, je crois à la Médecine, [...]
Mots clefs :
Médecine, Efficacité, Chimie, Infirmité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PALINODIE. Jamjam efficaci do manus scientia.
PALINO DIE.
Jamjam efficaci do manus scientia.
OUi , je crois à la Médecine ,
Et j'en sens l'efficacité ,
Depuis que la malignité
D'une humeur traîtresse ,
Une exhalaison du Lethé ,
assassine
Chez moi , glissée à la sourdine ,
Ayant tout d'un coup affecté ,
Tout un côté de ma Machine ;
Par Arrest de la Faculté.
Là cruelle enfin m'a quitté.
Contre ingrédiens de Chimie ,
Je chante la Palinodie ;
Et chez lui s'il fut ironie
Qu'il soit icy sincerité ,
Pour l'ami que je remercie.
Une affreuse Paralysic ,
Avoit subitement gâté ,
Le Siége de ma Poësie;
Mon œil de sa place écarté ,
Ma
OCTOBRE.
1732. 2148
Majoue horriblement bouffie;
Tournant ma bouche de côté,
D'une étrange difformité ,
Couvroient ma Phisionomie.
Un Rhumatisme aux reins planté ,
Et la Goutte , sa bonne amie ,
Travailloient en société ,
A borner le cours de ma vie.
Si près de ma caducité ,
Leur tâche étoit presque finic.
Par ce Livre bien inventé ,
Pour la publique utilité ,
Je veux que tout le monde sçache ,
Que de ces trois maux tourmenté ,
Je dois au celebre Vinache ,
Le doux retour de ma santé.
Qu'à ce fait plein de vérité ,
Ces petits Vers servent d'attache ,
C'est tout ce qui m'en a couté ;
Pour si peu , m'étant acquitté
A Dieu ne plaise que je cache
Ce trait de générosité,
Ni cet effet d'habileté.
Bien , est-il vrai qu'il m'est resté,
Quelque obstruction dans la veine ;
2142 MERCURE DE FRANCE
Ces Vers-cy ne sortent qu'à peine;
D'un Chef encor débilité ,
Mais à qui faut-il qu'on s'en prenne ?
Guérir de toute infirmité ,
Un Buveur des Eaux d'Hyppocrene
Lui rendre la tête bien saine ,
Quine l'a jamais trop été ,
Surpasse la science humaine;
C'est une impossibilité ;
Et c'est ce qu'il n'a pas tenté ,
Son entreprise eut été vaine.
6.
AUTREAU.
Jamjam efficaci do manus scientia.
OUi , je crois à la Médecine ,
Et j'en sens l'efficacité ,
Depuis que la malignité
D'une humeur traîtresse ,
Une exhalaison du Lethé ,
assassine
Chez moi , glissée à la sourdine ,
Ayant tout d'un coup affecté ,
Tout un côté de ma Machine ;
Par Arrest de la Faculté.
Là cruelle enfin m'a quitté.
Contre ingrédiens de Chimie ,
Je chante la Palinodie ;
Et chez lui s'il fut ironie
Qu'il soit icy sincerité ,
Pour l'ami que je remercie.
Une affreuse Paralysic ,
Avoit subitement gâté ,
Le Siége de ma Poësie;
Mon œil de sa place écarté ,
Ma
OCTOBRE.
1732. 2148
Majoue horriblement bouffie;
Tournant ma bouche de côté,
D'une étrange difformité ,
Couvroient ma Phisionomie.
Un Rhumatisme aux reins planté ,
Et la Goutte , sa bonne amie ,
Travailloient en société ,
A borner le cours de ma vie.
Si près de ma caducité ,
Leur tâche étoit presque finic.
Par ce Livre bien inventé ,
Pour la publique utilité ,
Je veux que tout le monde sçache ,
Que de ces trois maux tourmenté ,
Je dois au celebre Vinache ,
Le doux retour de ma santé.
Qu'à ce fait plein de vérité ,
Ces petits Vers servent d'attache ,
C'est tout ce qui m'en a couté ;
Pour si peu , m'étant acquitté
A Dieu ne plaise que je cache
Ce trait de générosité,
Ni cet effet d'habileté.
Bien , est-il vrai qu'il m'est resté,
Quelque obstruction dans la veine ;
2142 MERCURE DE FRANCE
Ces Vers-cy ne sortent qu'à peine;
D'un Chef encor débilité ,
Mais à qui faut-il qu'on s'en prenne ?
Guérir de toute infirmité ,
Un Buveur des Eaux d'Hyppocrene
Lui rendre la tête bien saine ,
Quine l'a jamais trop été ,
Surpasse la science humaine;
C'est une impossibilité ;
Et c'est ce qu'il n'a pas tenté ,
Son entreprise eut été vaine.
6.
AUTREAU.
Fermer
Résumé : PALINODIE. Jamjam efficaci do manus scientia.
Le texte décrit la guérison de l'auteur après avoir souffert de divers maux. Une humeur maligne avait paralysé un côté de son corps, affectant sa capacité à écrire de la poésie. En octobre 1732, il était également atteint d'une mâchoire bouffie, d'un rhumatisme aux reins et de la goutte, maladies qui semblaient le conduire vers la mort. Grâce à un livre inventé par le célèbre Vinache, l'auteur a recouvré la santé. Il exprime sa gratitude envers Vinache, bien qu'il lui reste quelques obstructions dans la veine. Il reconnaît que guérir complètement de toutes infirmités est une tâche impossible, même pour un buveur des eaux d'Hippocrate. Le texte se conclut par une reconnaissance de la générosité et de l'habileté de Vinache.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer