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1
p. 31-59
LE DON DE LA NAYADE, PIECE NOUVELLE.
Début :
Bradamante, fille d'Aimon [...]
Mots clefs :
Amour, Histoire, Galant, Belle, Château, Lieu, Roi, Chevalier, Dame, Fille, Infante, Auteur, Conte, Soeur, Guerrière
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texteReconnaissance textuelle : LE DON DE LA NAYADE, PIECE NOUVELLE.
LEDON
DE LA NAYADE,
r,
- - PIECE NOUVELLE. BRadamante, fille
d'Aimon
Fut vaillante & pleine, de
* charmes;
Sa beauté
,
son adresse aux armes,
Lui donnerent un grand
renom.
L'histoire fit jadis recit de
ses proüesses:
Elle occit des Géans, conquit
desFotreresses;
Défit rOfr des payensfit
mille autresexploits.
- L'Auteur debite toutefois
Une Avanture dont la
belle,
Maigre son extreme valeur.
Ne put sortir à son honneur;
Le moindreChevalier s'en
fut mieux tMé- qu'elle.
Il falloit; & j'eusse voulu
Que le cas eut été conté
par la Fontaine
S'il s'en étoit donné la,
-
peine, -
Le conte en auroit mieux
valu.
Mais sans userd'un plus
ample prélude,
Venons à notre histoire.
Au fond d'un bois épais
Bradamante un beau jour
vintpour prendre le frais,
Ou pour chercher la soli-
« tude.
L'obscurité du lieu l'invi-
< tant au repos,
Elle ôta son armet, s'assit
sur l'herbe tendre,
Et ne put long-temps se
défendre
Des charmes de Morphée.-
Qr il est à propos
Qu'on sache que le Roy
Marcile,
Dans un château non loin
de cet endroit,
Avoir une fille nubile,
Qui Fleur-d'espine se nommoit.
Enchassantce jour. là, de
hazardelle paire
Auprés du sauvage réQl.Iir,
Où la Guerriere se délasse.
L'Infante sans fuite & sans
bruit
Aproche,& voit la riche
-
armure.
N'agucres cerraine blesÍÙre)
Que sur le chef Bradamante
reçut,
L'obligea de couper [a
longue chevelure.
C'est justement ce qui
déçut
Nôtre imprudente chasseresse.
Elle admire ses traits, sa
grace, sa jeunesse,
Sa taille
y
son air fier, même
au sein du repos:
Ah! que mon fort seroit
digne d'envie,
Si je plaifois, dit-elle, àce
jeune Heros.
Mais sans vouloir ici faire
la renchérie,
Ni la prude mal-à-propos,
Eveillons -le; voyons ce
que le fortm'apprête.
Elle l'éveille:en un instant
Les yeux de Bradamante
achevcnt sa conquête.
Je ne puis resisterau juste
empressement
De vous entretenir: c'est
trop de hardiesse;
, Mais ,Seigneur,excusez
une jeune Princesse
Dont l'Amour vous rend
le Vainqueur.
Oui,monbeau Chevalier,
maigremoy je vous aime,
Etje ne sçiquelleforce
suprême
Vous a fL tôt rendu le
maîtredemoncoeur.
C'ell l'effet de la sympa- .thie.:',:
Fille qui resiste trop eu
Ou qui serend sans qu'on
;., la priev,
Met ordinairement lafympathie
en jeu.
L'Amour lne..fait passer les
bornes ordinaires :
Maisquoy?! c'estledestin
de celles 4emon rang,
De se déclarer les premieresLV;.-.
D'ailleurs vous êtes trop charmant,
Pour qu'un coeur avec
vous s'amuse aux bienséances:
Les plus severes d'entre
nous
Ne balanceroienc pointà
fairepus avances,
Si tous lesCavaliers étoient
faits comme vous.
AcediscoursBradamante » ,Bradamante
réplique: r
Les Daines, je crois, ra-
Leur donneraient de la
pratique
,
S'ilsnetoient pas faitsautrement.
Treve demodestie,interrompit
l'Infante:
Ne perdonspointenvains
discours
Un temps qui nous est
cher, & qu'on n'a pas
toujours.
La Scene étoit assez plaisante
Pour la faire dater: Bradamante
pourtant ';
Ne voulut pas pouffer la
feinte plus avant;
Soit crainte denourrirde
folles esperances,
Qui ne pouvoient finir
trop tôt;
Ou de passer pour un nigaut,
Négligeant de telles avances.
Elle declara donc .& son
sexe&sonnom (.-,.
Pourarrester l'effet delamoureuxpoison.
Quelle surprise pour l'In-
< fante,
Quelle douleur! Elle fai-
: soit pitié.
Enfin ne pouvant être amante,
Elleprend le parti d'une
tentendre
amifiéy
Venez vous reposer, dit.
elle à la guerriere,
Dans un Château voisin
-
que tient le Roy mon
pere;
Onfera de son mieux pour
vous y regaler,
Aussibienest-il tard, où
pourriez-vous aller?
Vousne rencontrerez aiu
- cune hôtellerie.
-
Aux offres qu'elle fait Bradamante
se rend
Par complaisance seulement;
Et toutes deux de compagnie,
Aprésavoir rejoint les
chiens & les chasseurs,
S'en vont droit au Château.
Là près des con- noisseurs,
Bradamante parut une
beauté divine. *--
Laprévoyante Fleur-despine
Avoit eu foin de mettre
en arrivânt
Sa compagneen habit
- - décent:
Précautionassez utile,
Les gens étant là,comme
•-* * * - j
ailleurs,
Fort médisans &c grands
glofeurs.
Quand on est sage au
fonds, c'est le plus difsicile,
Il ne faut à crédit donner
prise aux censeurs.
Que sur ce point chacun à
sa mode raisonne;
Le scandale à mon sens est
le plus grand péché:
l'aimerois mieux encor un
vice bien caché
Qu'une vertu que l'on
soupçonne.
L'auteur ne conte point G
la chere fut bonne,
Cela se présuppose; ainsi
je n'en dis rien.
-
Le souper fait,aprés quelque
entretien,
On se coucha. La belle
Hôtesse
Donna belle chambre &
bon lit
A Bradamante, qui dormit
Jusqu'au matin tout d'une
piece.
L'autre reposa peu; l'Amour
l'en empêcha:
Elle le plaignit,soûpira.
*
~.r. Lanuits'étantainsipalier
Aprés mille tendres adieux,
Bradamante partit, non
sansêtre pressée
De s'arrêter encor que
que temps dans ces
lieux.
Elle [e rend en diligence
A Montauban,où le bon
-' Duc Aymon
L'attendoit plein d'impatience.
Nôtrevieillard en sa maison
Soupoit en l'attendant;
il se lève
,
brailsl'semè-
It
A ses côtez galamment
vous la place:
Mais après le repas il lui
fait un Sermon.
Pour s'excu ser, l'adroite
Paladine
De ses exploits guerriers
ayant
fait
le récit,
La rencontre de Fleurd'espine
Vint à son tour:Dieu sçait
comme on en rit !
L'histoire en parut excellente;
fit tant qu'elle dura pas
un ne s'endormit.
Certain cadet de BradaResolut
à part-foy d'en
faire ion profit.
Les cadets de ces lieux
ont toujours de l'esprit.
Celui
- ci connoissoit l'Infante
, A Saragosse ill'avoit vue
un Jour,
Et- pour elle déslors il eût
parlé d'amour, -, S'il eût crûreunir en si
haute entreprise
:
Mais ilsurmonta forr
- pent hant,
N'étant pas homme à
faire la sottise,
D'aimer pour aimer feu^
lement.
Je laisse àpenser sile Sire,
De l'humeur que je viens
de dire,: N'ayant encore barbe au
menton,
Rioit fous cape: en voicy
la raison:
Richardet, c'etf le nom
qu'avoir le bon Apôtre,
Ressembloit à sa soeur:mais
si parfaitement,
Que le bon-homme Aymon
souvent
Luy-même sf trompoit,
& prenoit l'un pour
l'autre,
^ur ce pied-la le drôlecrut
Qu'il
Qu'il viendroit ians peine
à son but,
Au moyen de lareffem- blance.
Plein de cette douce es-
- perance i
Le Galant des la même
nuit,
Pendant que sa soeur dort,
que tout est en silence,
Lui vole armes, cheval,
& tout ce qui s'enfuit.
Equipé de la forte il s'en
va sans trompette: Il se rend chez l'Infante
avant la fin du jour.
- C'eut été pour tout autre
une trop longuetraioeO
Mais que ne fait-on point
animé par l'amour?
Les parens à l'aspect dela
seinte pucelle
Donnent dans le paneau
sans se douter dutour*;
Heureux qui peut de Ion.
retour
Porter la premiere nouvelle!
Tant on est sur par làde
bien faire sa Cour.
Je ne dirai point les tendresses
Il
1. Embrassades, baisers,£a*
jrefïes
Qtie, l'Infante lui fit dans sareception;
Sitffic qu'on ne sçauroit en
< faire davantage.
Mais quoique le Galant
danscetteoccasion
S'écartât de ion personnage,
L'Infante jusqu'au bout sur
dans la bonne foy.
Puis quand elleeût [çû
tout; étoit-ce là dequoy
Lui faire plus mauvais vifage?
On desarma le Pelerin;
Point d'Ecuyers, l'Infante
cn fit roffice,
N'ayant voulu que ce
service
Lui fut rendu d'uneautre
main;
On lui mit juppes &: cor- nettes, Mouchoirs, rubans, enfin
tout l'attirail galant
Dvnt aùjourd'huy Ce fervent,
nos Coquettes;
Il n'y manquoit que du
rouge& du blanc;
On le laissoit en ce temps
aux Grisettes.
Le souper fut servi;mais
=._
durant le repas
Richarder, dont l'habit
-
relevoit les appas,
Fit plus d'une jalouse, &
- plus d'une infidelle.
Cependant la fausse Donzelle
Affecte certain air honteux
,0
Certaine pudeur virginale,
Vous eussiez dit une Vef-
-
tale
Si bien sçait gouverner &
son geste & ses yeux.
Enfin l'heure tant desirée
Arriva pour nôtre galant :
Tête à tête avec luy Finfante
étoit restée
y,
La voyant confuse, affligé>
Il luy parla:Voicycomment
: Plus que vous je fus desolée,
Luy dit-elle, le jour qu'en
m'éloignant devous 1
Je meritay vôtre courroux
:
Mais loin de soulager nôtre
commun martire,
Un plus long séjour en
ces lieux
Eut rendu le mal encor
- pire
Ainsi je vous quittay, ne
., pouvant faire mieux.
Je apLiiçjnoisr> la rigueur de
nôtre destinée,
Lors qu'un peu loin de 1mon chemin,
J'entens comme la voix
d'une Femme effrayée.
J'y cours; au bord diin
Lac j'apperçois un
Silvain,
Qui perdant tout fefpeél
poursuivoit une Dame:
Je vole, l'épée à la main,
Et d'unrevers que je donne
à
l'infame
Je le mets hors d'étatd'ac
complir son dessein;
La Dame échappa donc:
Chevalier, me dit-elle,
Il ne sera pas dit que vous
m aurez en vain
Donné secours
: Sçachez
que je suis immortelle.
J'habite fous ces eaux, &
j'ay plus de pouvoir
Que toutes les Nymphes
ensemble
;
Vous pouvez demander
tout ce que bon vous
semble -
Sans crainte de refus. Parlez;
vous allez voir,
Si- ma juste reconnoissance
Pour mon liberateur fera
bien son devoir;
Je n'exigeay de sa puiCtance
Ni Sceptre , ni Tresors,
voulant un plus grand
bien;
Je ne luydemanday pour
toute recompense,
Que de vouloir changervôtre
sexe ou le
mien.
A peine avois-je exposé
ma Requête,
Que laDeesse l'accorda,
Dans le Lac elle me plongea.
1
Depuis les pieds ju[qu'?i'
la tête.
Admirez de ces eaux Fe£Z
set prodigieux;
Enhomme au même in-
Aanc je me vois transformée,
Jugez combien je fus
charmée,
Disons charmé pour parler
mieux.
- A, ce mot d'abord l'In-
(Inre fut sac hee.
Croyant que d'elle on se
mocquoit,
Et plus Bradamante affirmoic;,
Et moins l'autre la vouloir
croire,
Celle-ci protestoit, juroit.
Jurer n'est pas prouver,
finissons làl'histoire,
Mais je pourrois pourtant
la compter jusqu'au
bout
Oüi, tout peut être écrit
par une plume sage,
Tout avoit en cecy , pour
but le mariage:
Et mariage couvre tout.
DE LA NAYADE,
r,
- - PIECE NOUVELLE. BRadamante, fille
d'Aimon
Fut vaillante & pleine, de
* charmes;
Sa beauté
,
son adresse aux armes,
Lui donnerent un grand
renom.
L'histoire fit jadis recit de
ses proüesses:
Elle occit des Géans, conquit
desFotreresses;
Défit rOfr des payensfit
mille autresexploits.
- L'Auteur debite toutefois
Une Avanture dont la
belle,
Maigre son extreme valeur.
Ne put sortir à son honneur;
Le moindreChevalier s'en
fut mieux tMé- qu'elle.
Il falloit; & j'eusse voulu
Que le cas eut été conté
par la Fontaine
S'il s'en étoit donné la,
-
peine, -
Le conte en auroit mieux
valu.
Mais sans userd'un plus
ample prélude,
Venons à notre histoire.
Au fond d'un bois épais
Bradamante un beau jour
vintpour prendre le frais,
Ou pour chercher la soli-
« tude.
L'obscurité du lieu l'invi-
< tant au repos,
Elle ôta son armet, s'assit
sur l'herbe tendre,
Et ne put long-temps se
défendre
Des charmes de Morphée.-
Qr il est à propos
Qu'on sache que le Roy
Marcile,
Dans un château non loin
de cet endroit,
Avoir une fille nubile,
Qui Fleur-d'espine se nommoit.
Enchassantce jour. là, de
hazardelle paire
Auprés du sauvage réQl.Iir,
Où la Guerriere se délasse.
L'Infante sans fuite & sans
bruit
Aproche,& voit la riche
-
armure.
N'agucres cerraine blesÍÙre)
Que sur le chef Bradamante
reçut,
L'obligea de couper [a
longue chevelure.
C'est justement ce qui
déçut
Nôtre imprudente chasseresse.
Elle admire ses traits, sa
grace, sa jeunesse,
Sa taille
y
son air fier, même
au sein du repos:
Ah! que mon fort seroit
digne d'envie,
Si je plaifois, dit-elle, àce
jeune Heros.
Mais sans vouloir ici faire
la renchérie,
Ni la prude mal-à-propos,
Eveillons -le; voyons ce
que le fortm'apprête.
Elle l'éveille:en un instant
Les yeux de Bradamante
achevcnt sa conquête.
Je ne puis resisterau juste
empressement
De vous entretenir: c'est
trop de hardiesse;
, Mais ,Seigneur,excusez
une jeune Princesse
Dont l'Amour vous rend
le Vainqueur.
Oui,monbeau Chevalier,
maigremoy je vous aime,
Etje ne sçiquelleforce
suprême
Vous a fL tôt rendu le
maîtredemoncoeur.
C'ell l'effet de la sympa- .thie.:',:
Fille qui resiste trop eu
Ou qui serend sans qu'on
;., la priev,
Met ordinairement lafympathie
en jeu.
L'Amour lne..fait passer les
bornes ordinaires :
Maisquoy?! c'estledestin
de celles 4emon rang,
De se déclarer les premieresLV;.-.
D'ailleurs vous êtes trop charmant,
Pour qu'un coeur avec
vous s'amuse aux bienséances:
Les plus severes d'entre
nous
Ne balanceroienc pointà
fairepus avances,
Si tous lesCavaliers étoient
faits comme vous.
AcediscoursBradamante » ,Bradamante
réplique: r
Les Daines, je crois, ra-
Leur donneraient de la
pratique
,
S'ilsnetoient pas faitsautrement.
Treve demodestie,interrompit
l'Infante:
Ne perdonspointenvains
discours
Un temps qui nous est
cher, & qu'on n'a pas
toujours.
La Scene étoit assez plaisante
Pour la faire dater: Bradamante
pourtant ';
Ne voulut pas pouffer la
feinte plus avant;
Soit crainte denourrirde
folles esperances,
Qui ne pouvoient finir
trop tôt;
Ou de passer pour un nigaut,
Négligeant de telles avances.
Elle declara donc .& son
sexe&sonnom (.-,.
Pourarrester l'effet delamoureuxpoison.
Quelle surprise pour l'In-
< fante,
Quelle douleur! Elle fai-
: soit pitié.
Enfin ne pouvant être amante,
Elleprend le parti d'une
tentendre
amifiéy
Venez vous reposer, dit.
elle à la guerriere,
Dans un Château voisin
-
que tient le Roy mon
pere;
Onfera de son mieux pour
vous y regaler,
Aussibienest-il tard, où
pourriez-vous aller?
Vousne rencontrerez aiu
- cune hôtellerie.
-
Aux offres qu'elle fait Bradamante
se rend
Par complaisance seulement;
Et toutes deux de compagnie,
Aprésavoir rejoint les
chiens & les chasseurs,
S'en vont droit au Château.
Là près des con- noisseurs,
Bradamante parut une
beauté divine. *--
Laprévoyante Fleur-despine
Avoit eu foin de mettre
en arrivânt
Sa compagneen habit
- - décent:
Précautionassez utile,
Les gens étant là,comme
•-* * * - j
ailleurs,
Fort médisans &c grands
glofeurs.
Quand on est sage au
fonds, c'est le plus difsicile,
Il ne faut à crédit donner
prise aux censeurs.
Que sur ce point chacun à
sa mode raisonne;
Le scandale à mon sens est
le plus grand péché:
l'aimerois mieux encor un
vice bien caché
Qu'une vertu que l'on
soupçonne.
L'auteur ne conte point G
la chere fut bonne,
Cela se présuppose; ainsi
je n'en dis rien.
-
Le souper fait,aprés quelque
entretien,
On se coucha. La belle
Hôtesse
Donna belle chambre &
bon lit
A Bradamante, qui dormit
Jusqu'au matin tout d'une
piece.
L'autre reposa peu; l'Amour
l'en empêcha:
Elle le plaignit,soûpira.
*
~.r. Lanuits'étantainsipalier
Aprés mille tendres adieux,
Bradamante partit, non
sansêtre pressée
De s'arrêter encor que
que temps dans ces
lieux.
Elle [e rend en diligence
A Montauban,où le bon
-' Duc Aymon
L'attendoit plein d'impatience.
Nôtrevieillard en sa maison
Soupoit en l'attendant;
il se lève
,
brailsl'semè-
It
A ses côtez galamment
vous la place:
Mais après le repas il lui
fait un Sermon.
Pour s'excu ser, l'adroite
Paladine
De ses exploits guerriers
ayant
fait
le récit,
La rencontre de Fleurd'espine
Vint à son tour:Dieu sçait
comme on en rit !
L'histoire en parut excellente;
fit tant qu'elle dura pas
un ne s'endormit.
Certain cadet de BradaResolut
à part-foy d'en
faire ion profit.
Les cadets de ces lieux
ont toujours de l'esprit.
Celui
- ci connoissoit l'Infante
, A Saragosse ill'avoit vue
un Jour,
Et- pour elle déslors il eût
parlé d'amour, -, S'il eût crûreunir en si
haute entreprise
:
Mais ilsurmonta forr
- pent hant,
N'étant pas homme à
faire la sottise,
D'aimer pour aimer feu^
lement.
Je laisse àpenser sile Sire,
De l'humeur que je viens
de dire,: N'ayant encore barbe au
menton,
Rioit fous cape: en voicy
la raison:
Richardet, c'etf le nom
qu'avoir le bon Apôtre,
Ressembloit à sa soeur:mais
si parfaitement,
Que le bon-homme Aymon
souvent
Luy-même sf trompoit,
& prenoit l'un pour
l'autre,
^ur ce pied-la le drôlecrut
Qu'il
Qu'il viendroit ians peine
à son but,
Au moyen de lareffem- blance.
Plein de cette douce es-
- perance i
Le Galant des la même
nuit,
Pendant que sa soeur dort,
que tout est en silence,
Lui vole armes, cheval,
& tout ce qui s'enfuit.
Equipé de la forte il s'en
va sans trompette: Il se rend chez l'Infante
avant la fin du jour.
- C'eut été pour tout autre
une trop longuetraioeO
Mais que ne fait-on point
animé par l'amour?
Les parens à l'aspect dela
seinte pucelle
Donnent dans le paneau
sans se douter dutour*;
Heureux qui peut de Ion.
retour
Porter la premiere nouvelle!
Tant on est sur par làde
bien faire sa Cour.
Je ne dirai point les tendresses
Il
1. Embrassades, baisers,£a*
jrefïes
Qtie, l'Infante lui fit dans sareception;
Sitffic qu'on ne sçauroit en
< faire davantage.
Mais quoique le Galant
danscetteoccasion
S'écartât de ion personnage,
L'Infante jusqu'au bout sur
dans la bonne foy.
Puis quand elleeût [çû
tout; étoit-ce là dequoy
Lui faire plus mauvais vifage?
On desarma le Pelerin;
Point d'Ecuyers, l'Infante
cn fit roffice,
N'ayant voulu que ce
service
Lui fut rendu d'uneautre
main;
On lui mit juppes &: cor- nettes, Mouchoirs, rubans, enfin
tout l'attirail galant
Dvnt aùjourd'huy Ce fervent,
nos Coquettes;
Il n'y manquoit que du
rouge& du blanc;
On le laissoit en ce temps
aux Grisettes.
Le souper fut servi;mais
=._
durant le repas
Richarder, dont l'habit
-
relevoit les appas,
Fit plus d'une jalouse, &
- plus d'une infidelle.
Cependant la fausse Donzelle
Affecte certain air honteux
,0
Certaine pudeur virginale,
Vous eussiez dit une Vef-
-
tale
Si bien sçait gouverner &
son geste & ses yeux.
Enfin l'heure tant desirée
Arriva pour nôtre galant :
Tête à tête avec luy Finfante
étoit restée
y,
La voyant confuse, affligé>
Il luy parla:Voicycomment
: Plus que vous je fus desolée,
Luy dit-elle, le jour qu'en
m'éloignant devous 1
Je meritay vôtre courroux
:
Mais loin de soulager nôtre
commun martire,
Un plus long séjour en
ces lieux
Eut rendu le mal encor
- pire
Ainsi je vous quittay, ne
., pouvant faire mieux.
Je apLiiçjnoisr> la rigueur de
nôtre destinée,
Lors qu'un peu loin de 1mon chemin,
J'entens comme la voix
d'une Femme effrayée.
J'y cours; au bord diin
Lac j'apperçois un
Silvain,
Qui perdant tout fefpeél
poursuivoit une Dame:
Je vole, l'épée à la main,
Et d'unrevers que je donne
à
l'infame
Je le mets hors d'étatd'ac
complir son dessein;
La Dame échappa donc:
Chevalier, me dit-elle,
Il ne sera pas dit que vous
m aurez en vain
Donné secours
: Sçachez
que je suis immortelle.
J'habite fous ces eaux, &
j'ay plus de pouvoir
Que toutes les Nymphes
ensemble
;
Vous pouvez demander
tout ce que bon vous
semble -
Sans crainte de refus. Parlez;
vous allez voir,
Si- ma juste reconnoissance
Pour mon liberateur fera
bien son devoir;
Je n'exigeay de sa puiCtance
Ni Sceptre , ni Tresors,
voulant un plus grand
bien;
Je ne luydemanday pour
toute recompense,
Que de vouloir changervôtre
sexe ou le
mien.
A peine avois-je exposé
ma Requête,
Que laDeesse l'accorda,
Dans le Lac elle me plongea.
1
Depuis les pieds ju[qu'?i'
la tête.
Admirez de ces eaux Fe£Z
set prodigieux;
Enhomme au même in-
Aanc je me vois transformée,
Jugez combien je fus
charmée,
Disons charmé pour parler
mieux.
- A, ce mot d'abord l'In-
(Inre fut sac hee.
Croyant que d'elle on se
mocquoit,
Et plus Bradamante affirmoic;,
Et moins l'autre la vouloir
croire,
Celle-ci protestoit, juroit.
Jurer n'est pas prouver,
finissons làl'histoire,
Mais je pourrois pourtant
la compter jusqu'au
bout
Oüi, tout peut être écrit
par une plume sage,
Tout avoit en cecy , pour
but le mariage:
Et mariage couvre tout.
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Résumé : LE DON DE LA NAYADE, PIECE NOUVELLE.
Le texte narre les aventures de Bradamante, fille d'Aimon, célèbre pour sa vaillance et sa beauté. Ses exploits incluent des combats contre des géants et la conquête de forteresses. Une aventure particulière est mise en avant : Bradamante, reposant dans un bois, est découverte par Fleur-d'Épine, fille du roi Marcile. Séduite par la beauté de Bradamante, Fleur-d'Épine lui déclare son amour. Bradamante, après avoir révélé son identité et son sexe, accepte l'hospitalité de Fleur-d'Épine au château royal. Simultanément, Richardet, le frère cadet de Bradamante, profite de leur ressemblance pour se faire passer pour elle et séduire Fleur-d'Épine. Il se rend au château et est bien accueilli. Fleur-d'Épine, croyant avoir affaire à Bradamante, lui raconte une histoire impliquant une nymphe qui a changé son sexe pour celui de Richardet. L'histoire se termine sans révéler la vérité, mais il est suggéré que le but final est le mariage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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