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1
p. 2148-2152
LA NECESSITÉ DE MOURIR. ODE.
Début :
D'une aîle rapide et légere, [...]
Mots clefs :
Mourir, Mort, Jours, Terre
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texteReconnaissance textuelle : LA NECESSITÉ DE MOURIR. ODE.
LA NECESSITE' DE MOURIR .
ODE.
D'Une aîle rapide et légere ,
Vers son penchant le temps s'enfuit ;
Et dans sa course passagere ,
Consume ce qu'il a produit.
Semblables à l'eau fugitive,
Qui suit la pente de sa rive ,
Et ne connoît point de retour ,
Nos jours avancent vers leur terme;
Et le cercle qui les enferme ,
Les angloutit dans son contour.
Comme l'impétueuse rage
Des vents déchaînez dans les Airs
Impitoyablement ravage
Le tranquille Empire des Mers ;
Ainsi mille affreuses tempêtes
Grondent sans cesse sur nos têtes ;
Sans nous donner aucun repos;
Et toujours à la crainte en proye ,
Nous ne goûtons jamais de joye ,
Que ne suivent les plus grands maux?
Après
OCTOBR E. 1733. 2149
Après de fâcheuses disgraces.
Et de dures fatalitez ,
Qui marchent toujours sur nos traces ;
Dans ce séjour d'infirmitez ,
La Mort cruelle , inéxorable ,
Et de butin insatiable ,
Tranchera le fil de nos jours ;
Et dans de ténebreux abîmes ,
"Foibles et tremblantes victimes ,
Nous engloutira pour toujours.
谈
Nos voeux , nos larmes , nos promesses ;
Ne peuvent fléchir ses rigueurs
Elle se rit de nos foiblesses ,
Comme elle fait de nos grandeurs.
Quelqu'élevez que soient les hommes ,
Il nous faut tous tant que nous sommes ,
Lui payer le fatal tribut;
Marchant par des routes diverses ,
Après plusieurs longues traverses ,
Nous parviendrons au même but.
La plus aimable des journées ,
A le sort du plus triste jour ;
Les plus agréables années ,
S'en vont sans espoir de retour.
Les vastes et puissants Royaumes ,
S'é
2150 MERCURE DE FRANCE
S'éclipsent comme des fantômes ,
Qui trompent nos yeux éblouis *
Les Monumens les plus celebres ,
Ensevelis dans les tenebres ,
Se sont enfin évanoüis..
Héros dans la
guerre invincibles ,
Vous , qui de la gloire amoureux ,
Tâchez par des exploits terribles ,
De rendre votre nom fameux ;;
Monstres avides de carnage ,
Cessez de vanter votre rage ,
Et vos Lauriers baignez de pleurs ;.
Votre gloire est imaginaire ,
Votre valeur trop sanguinaire ,
Ne se plaît que dans les horreurs,
Couverts de foudroyantes Armes ,
Vous paroissez au Champ de Mars ;
Parmi les feux et les allarmes ,
Vous allez braver les hazards.
Par tout vous lancez le Tonnerre
Vos ennemis mordent la terre ; -
Rien ne résiste à votre bras ;
Les plus vaillans prennent la fuite ;
Ils évitent votre poursuite ,
Et vous laissent seuls aux combats.
Mais
OCTOBRE . 1733. 2151
Mais quel effroyable spectacle ,
Frappe mes yeux épouvantez ?
Qui vient d'operer ce Miracle ,
Qui surprend mes sens enchantez
Que deviennent ces coeurs sublimes ?
Où sont ces Héros magnanimes ,
Qui devant eux faisoient tout fair ?
Quoi donc ces Guerriers indomptables ;
Qui paroissoient si redoutables ,
Au sort sont contraints d'obéïr !
粥
Ils tombent frappez de la foudre
Qui brise leur chef orgueilleux ;
Leurs Lauriers sont réduits en poudre ;
Leurs noms périssent avec eux .
Où sont ces brillantes fortunes ?
Non , les ames les moins communes ,
Ne sçauroient braver les Destins .
Des Cieux la suprême vengeance ,
Confondant leur vaine arrogance , »
Les égale aux plus vils humains.
M
Les souverains Mâîtres du Monde ,,
Par des efforts imperieux ,
Asservissent la Terre et l'Onde ,
Aleurs desirs ambitieux.
Leurs richesses sont innombrables
Leur
2152 MERCURE DE FRANCE
Leurs trésors sont inépuisables ;
Des Peuples ils sont adorez ;
Leurs flateurs , soigneux de leur plaire ,
N'osent parler , n'osent se taire ,
Que selon leurs decrets sacréz.
Suivis d'une Cour éclatante ,
Dont on les voit environnez ,
Dans le sein d'une paix charmante ,
Ils coulent des jours fortunez ;
Chacun compose son visage ,
Sa voix , son geste , son langage
Sur ces Arbitres tout-puissants ;
Des ris la Troupe enchanteresse ,
Eloigne d'eux toute tristesse ,
Par ses mélodieux accens .
浴
Mais les Parques impitoyables ,
Qui tiennent nos jours dans leurs mains
Se montreront inexorables ,
Envers ces Maîtres des Humains ;
De leur faux bonheur, le mensonge ,
Disparoîtra comme un vain songe ,
Dont le charme dure un moment.
Dans ce jour à jamais funeste ,
Tout l'avantage qui leur reste ,
C'estde mourir superbement.
Aubry de Trungy.
ODE.
D'Une aîle rapide et légere ,
Vers son penchant le temps s'enfuit ;
Et dans sa course passagere ,
Consume ce qu'il a produit.
Semblables à l'eau fugitive,
Qui suit la pente de sa rive ,
Et ne connoît point de retour ,
Nos jours avancent vers leur terme;
Et le cercle qui les enferme ,
Les angloutit dans son contour.
Comme l'impétueuse rage
Des vents déchaînez dans les Airs
Impitoyablement ravage
Le tranquille Empire des Mers ;
Ainsi mille affreuses tempêtes
Grondent sans cesse sur nos têtes ;
Sans nous donner aucun repos;
Et toujours à la crainte en proye ,
Nous ne goûtons jamais de joye ,
Que ne suivent les plus grands maux?
Après
OCTOBR E. 1733. 2149
Après de fâcheuses disgraces.
Et de dures fatalitez ,
Qui marchent toujours sur nos traces ;
Dans ce séjour d'infirmitez ,
La Mort cruelle , inéxorable ,
Et de butin insatiable ,
Tranchera le fil de nos jours ;
Et dans de ténebreux abîmes ,
"Foibles et tremblantes victimes ,
Nous engloutira pour toujours.
谈
Nos voeux , nos larmes , nos promesses ;
Ne peuvent fléchir ses rigueurs
Elle se rit de nos foiblesses ,
Comme elle fait de nos grandeurs.
Quelqu'élevez que soient les hommes ,
Il nous faut tous tant que nous sommes ,
Lui payer le fatal tribut;
Marchant par des routes diverses ,
Après plusieurs longues traverses ,
Nous parviendrons au même but.
La plus aimable des journées ,
A le sort du plus triste jour ;
Les plus agréables années ,
S'en vont sans espoir de retour.
Les vastes et puissants Royaumes ,
S'é
2150 MERCURE DE FRANCE
S'éclipsent comme des fantômes ,
Qui trompent nos yeux éblouis *
Les Monumens les plus celebres ,
Ensevelis dans les tenebres ,
Se sont enfin évanoüis..
Héros dans la
guerre invincibles ,
Vous , qui de la gloire amoureux ,
Tâchez par des exploits terribles ,
De rendre votre nom fameux ;;
Monstres avides de carnage ,
Cessez de vanter votre rage ,
Et vos Lauriers baignez de pleurs ;.
Votre gloire est imaginaire ,
Votre valeur trop sanguinaire ,
Ne se plaît que dans les horreurs,
Couverts de foudroyantes Armes ,
Vous paroissez au Champ de Mars ;
Parmi les feux et les allarmes ,
Vous allez braver les hazards.
Par tout vous lancez le Tonnerre
Vos ennemis mordent la terre ; -
Rien ne résiste à votre bras ;
Les plus vaillans prennent la fuite ;
Ils évitent votre poursuite ,
Et vous laissent seuls aux combats.
Mais
OCTOBRE . 1733. 2151
Mais quel effroyable spectacle ,
Frappe mes yeux épouvantez ?
Qui vient d'operer ce Miracle ,
Qui surprend mes sens enchantez
Que deviennent ces coeurs sublimes ?
Où sont ces Héros magnanimes ,
Qui devant eux faisoient tout fair ?
Quoi donc ces Guerriers indomptables ;
Qui paroissoient si redoutables ,
Au sort sont contraints d'obéïr !
粥
Ils tombent frappez de la foudre
Qui brise leur chef orgueilleux ;
Leurs Lauriers sont réduits en poudre ;
Leurs noms périssent avec eux .
Où sont ces brillantes fortunes ?
Non , les ames les moins communes ,
Ne sçauroient braver les Destins .
Des Cieux la suprême vengeance ,
Confondant leur vaine arrogance , »
Les égale aux plus vils humains.
M
Les souverains Mâîtres du Monde ,,
Par des efforts imperieux ,
Asservissent la Terre et l'Onde ,
Aleurs desirs ambitieux.
Leurs richesses sont innombrables
Leur
2152 MERCURE DE FRANCE
Leurs trésors sont inépuisables ;
Des Peuples ils sont adorez ;
Leurs flateurs , soigneux de leur plaire ,
N'osent parler , n'osent se taire ,
Que selon leurs decrets sacréz.
Suivis d'une Cour éclatante ,
Dont on les voit environnez ,
Dans le sein d'une paix charmante ,
Ils coulent des jours fortunez ;
Chacun compose son visage ,
Sa voix , son geste , son langage
Sur ces Arbitres tout-puissants ;
Des ris la Troupe enchanteresse ,
Eloigne d'eux toute tristesse ,
Par ses mélodieux accens .
浴
Mais les Parques impitoyables ,
Qui tiennent nos jours dans leurs mains
Se montreront inexorables ,
Envers ces Maîtres des Humains ;
De leur faux bonheur, le mensonge ,
Disparoîtra comme un vain songe ,
Dont le charme dure un moment.
Dans ce jour à jamais funeste ,
Tout l'avantage qui leur reste ,
C'estde mourir superbement.
Aubry de Trungy.
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Résumé : LA NECESSITÉ DE MOURIR. ODE.
Le texte 'La Nécessité de mourir' explore l'inévitabilité de la mort et l'impuissance humaine face à cette fatalité. Le temps, comparé à une aile rapide, consume tout ce qu'il produit, tout comme l'eau fugitive suit sa pente sans retour. Les jours des hommes avancent inexorablement vers leur terme, entraînés par un cercle implacable. Les tempêtes et les afflictions constantes empêchent les hommes de connaître la joie véritable. La mort est décrite comme cruelle et inéxorable, tranchant le fil des jours des hommes et les engloutissant dans des abîmes ténébreux. Les vœux, larmes et promesses humaines ne peuvent fléchir ses rigueurs. Tous les hommes, quels que soient leur statut ou leurs exploits, doivent lui payer un tribut fatal. Les journées les plus agréables et les royaumes les plus puissants s'évanouissent comme des fantômes. Les héros de guerre, malgré leur gloire et leur valeur, sont contraints d'obéir au sort. Leur fin est spectaculaire mais inéluctable, leurs noms périssant avec eux. Les souverains, malgré leurs richesses et leur pouvoir, ne peuvent échapper à la vengeance céleste. Les Parques impitoyables montrent leur inexorabilité envers tous les hommes, y compris les maîtres du monde, qui ne peuvent que mourir superbement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 2353-2360
ODE Sur l'Ouvrage des six jours.
Début :
Que vois-je ? quel pompeux Spectacle [...]
Mots clefs :
Lumière, Auteur, Univers, Dieu, Plaines, Ouvrage, Astre, Oiseaux, Terre, Puissance
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texteReconnaissance textuelle : ODE Sur l'Ouvrage des six jours.
ODE
Sur l'Ouvrage des six jours .
Ue vois-je ? quel pompeux Spectacle
Enchante mes regards surpris ?
Qui produit ce nouveau Miracle ,
Qui vient de charmer mes esprits ?
D'une masse informe et grossiere
Sort un Océan de lumiere ,
Qui doit éclairer l'Univers,
Le néant enfante la Terre ,
* Que la lumiere soit faite: et elle futfaite.Geni
Chap . premier.
B Et
2354 MERCURE DE FRANCE
Et tout ce que son sein enserre ?
Se soutient au milieu des Airs,
2
De quelle admirable structure ,
Paroît ce Pavillon ( 4) voûté ?
Il enveloppe la Nature ,
Dans sa sublime immensité.
Des Eaux séparant la matiere
Il lui sert de forte barriere
Contre leurs rapides efforts ;
Tel l'écueil en Mer orageuse
Arrête la vague orgueilleuse ,
Qui viendroit inonder nos bords,
Quelle brillante broderie , (")
Par son azur resplendissant ,
De cette liquide Prairie , (c)
Décore le pourpris naissant ?
Dans la nuit la plus effroyable ,
J'apperçois un nombre innombrable
D'Astres féconds et radieux ,
Dont les influences fertiles ,
(a ) Le Firmament.
(b ) Les Etoiles .
(c ) Le Firmament,
TomNOVEMBRE.
1733. 2358.
Tombant sur les terres stériles ,
Font germer des dons précieux .
1
Dès
que le sommet des Montagnes ,
Des feux de l'Aurore est doré ,
Je vois luire dans les Campagnes
Un Globe de flamme entouré. (a)
Ce superbe et grand Luminaire ,
Prétant sa chaleur salutaire ,
Annonce le jour aux Mortels.
Et dans sa carriere féconde ,
Décrit le vaste tour du Monde ,
Par ses mouvemens éternels.
Mais la nuit de ses voiles sombres ;
A peine couvre l'Univers ,
Qu'un Astre (6) dissipant les ombres .
Va prendre l'Empire des Airs.
Toujours fixe en son inconstance ,
Il doit ses rayons , sa puissance ,
Aux feux d'un Astre (c) plus brillant ;
Et sa lumiere bienfaisante ,
Guidant ma démarche tremblanté ,
Assure mon corps chancelant.
(a ) Le Soleil.
( b ) La Lune .
(c ) La Lune emprimio salumiere du Soleil,
Bij J'ad2356
MERCURE DE FRANCE
J'admire ces Plaines (a) profondes ,
Qui dans leurs immenses Bassins ,
Roulent de mugissantes Ondes ,
Jusques au bord de leur confins ;
Leur orgueil se brise au Rivage ;
Elles ne portent point leur rage ,
Au-delà des termes reglez ;
De cet humide et large espace ,
Les vens agitent la surface
Par des sifflements redoublez .
諾
Mais quelle Nation barbare ;
Habitera cet Element ?
A qui donner cette Eau bizarre
Et ce Monde si véhément ?
Un Peuple (6 ) muet et sauvage ;
Qui ne vit que de brigandage ,
Remplira ces affreux climats.
Dans ce grand et profond abyme ;
Du fort le foible est la victime ,
Après de funestes combats. (c)
Qu'à son gré ces Races féroces
S'abandonnent à leur fureur ;
( a ) La Mer ,
( b ) Les Poissons.
(c) Leurs guerres
Loin
NOVEMBRE . 1733 2357
Loin d'ici ces Monstres atroces ;
Evitons ce lieu plein d'horreur.
Entrons dans ces Plaines (a ) fleuries
Parcourons ces vertes Prairies ,
Qui tiennent nos yeux enchantez.
Cueillons ces Fruits que nous présente ;
Leur fécondité complaisante ,
Et jouissons de leurs bontez.
M
Je découvre d'autres merveilles
Et j'entens .... mais quel bruit ? quels sons &
Les Oiseaux frappent mes oreilles
Par leurs admirables Chansons.
Quelle charmante Symphonie ;
Quelle douce et tendre harmonie ,
Sort de ce foible et petit Corps ? (6)
A cette charmante Musique ,
Qui surpasse le son lyrique ,
Mille voix joignent leurs accords.
潞
Lorsque , ramenant la froidure
Tous les Aquilons frémissans , `
Vont dépouiller de leur verdure ;
Nos Bois tristes et languissans ;
Ceux-cy ( c) s'assemblant sua la Rive }
(a ) La Terrejonchée de fleurs.
(b ) Le Rossignol.
(c) Les Oiseaux de passage.
Bij D'une
1
2338 MERCURE DE FRANCE
D'une aîle prompte et fugitive ,
Vont sur des bords plus gracieux ;
Telle on voit la fleche empennée,
Sans être en chemin détournée ,
Traverser la Plaine des Cieux.
Enfin je poursuis et j'avance ,
Jusques dans le sein des Forêts
J'y vois une rustique engeance,
Que je perce d'un de mes traits.
Sa peau me sert de couverture ,
Je prens sa chair pour nourriture ,
Bien-tôt se présente un Ruisseau ;
11 tombe du haut des Montagnes ,
Et serpentanr dans les Campagnes
M'invite à boire de son cau.
Grand Dieu , que tes Oeuvres sont hellesà
Vous qui jouissez du bonheur
Des félicitez immortelles ,
Louez à jamais le Seigneur ;
Ce Seigneur , qui d'une parole
A créé l'un et l'autre Pole ,
Et le vaste Empire des Mers.
Par une éternelle priere ,
Louez l'Auteur de la Lumiere ,
Loüez l'Auteur de l'Univers.
Mais
NOVEMBR E. 1733 2355
Mais qui de toutes ces richesses ,
Doit être le dispensateur ?
Qui sera comblé des largesses
D'un si prodigue Bienfaicteur
De ces biens quel sera le Maître
C'est Adam , je le vois paroître ,
Il naît (a) de la terre formé.
Vers le Ciel il leve la tête.
Pour le distinguer de la bête ,
Dieu l'a de son souffle animé,
a
Pour partager le cours durable ,
De ses jours calmes et sereins ,
S'offre une Compagne ( 6) agréable ;
Qui doit seconder ses desseins:
Dieu rend communes leurs années,
En unissant leurs destinées ,
Par de mutuelles amours ;
Ah ! dans ce beau lieu ( c) de Plaisance ,
Une vive reconnoissance ,
Dans leurs coeurs doit vivre toujours
諾
Dans cette source de délices ,
Heureux Couple , vivez en paix.
>
T
(a ) Création de l'homme.
(b ) La femme.
(C) Le Paradis Terrestre.
Biiij
Offrez
1366 MERCURE DE FRANCE
Offrez vos coeurs en sacrifices ,
A l'Auteur de tant de bienfaits.
Respectez ses Loix adorables ,
Ne portez point des mains coupables,
Sur les Fruits d'un Arbre fatal .
Fuyez la voix enchanteresse ,
Qui surprenant votre foiblesse ,
yous feroit commertre le mal.
M
L'Eternel , après ces Miracles ,
Que d'un seul mot il a produits ,
Approuve en ses divins Oracles ,
Des Ouvrages si bien construits.
Il contemple leur excellence ,
Laissant reposer sa puissance ,
Pour benir ces Etres parfaits.
Et voulant que l'Homme et les Anges,
A l'envy chantent ses loüanges ,
Consacre ce jour à jamais .
Aubry de Trungy
Sur l'Ouvrage des six jours .
Ue vois-je ? quel pompeux Spectacle
Enchante mes regards surpris ?
Qui produit ce nouveau Miracle ,
Qui vient de charmer mes esprits ?
D'une masse informe et grossiere
Sort un Océan de lumiere ,
Qui doit éclairer l'Univers,
Le néant enfante la Terre ,
* Que la lumiere soit faite: et elle futfaite.Geni
Chap . premier.
B Et
2354 MERCURE DE FRANCE
Et tout ce que son sein enserre ?
Se soutient au milieu des Airs,
2
De quelle admirable structure ,
Paroît ce Pavillon ( 4) voûté ?
Il enveloppe la Nature ,
Dans sa sublime immensité.
Des Eaux séparant la matiere
Il lui sert de forte barriere
Contre leurs rapides efforts ;
Tel l'écueil en Mer orageuse
Arrête la vague orgueilleuse ,
Qui viendroit inonder nos bords,
Quelle brillante broderie , (")
Par son azur resplendissant ,
De cette liquide Prairie , (c)
Décore le pourpris naissant ?
Dans la nuit la plus effroyable ,
J'apperçois un nombre innombrable
D'Astres féconds et radieux ,
Dont les influences fertiles ,
(a ) Le Firmament.
(b ) Les Etoiles .
(c ) Le Firmament,
TomNOVEMBRE.
1733. 2358.
Tombant sur les terres stériles ,
Font germer des dons précieux .
1
Dès
que le sommet des Montagnes ,
Des feux de l'Aurore est doré ,
Je vois luire dans les Campagnes
Un Globe de flamme entouré. (a)
Ce superbe et grand Luminaire ,
Prétant sa chaleur salutaire ,
Annonce le jour aux Mortels.
Et dans sa carriere féconde ,
Décrit le vaste tour du Monde ,
Par ses mouvemens éternels.
Mais la nuit de ses voiles sombres ;
A peine couvre l'Univers ,
Qu'un Astre (6) dissipant les ombres .
Va prendre l'Empire des Airs.
Toujours fixe en son inconstance ,
Il doit ses rayons , sa puissance ,
Aux feux d'un Astre (c) plus brillant ;
Et sa lumiere bienfaisante ,
Guidant ma démarche tremblanté ,
Assure mon corps chancelant.
(a ) Le Soleil.
( b ) La Lune .
(c ) La Lune emprimio salumiere du Soleil,
Bij J'ad2356
MERCURE DE FRANCE
J'admire ces Plaines (a) profondes ,
Qui dans leurs immenses Bassins ,
Roulent de mugissantes Ondes ,
Jusques au bord de leur confins ;
Leur orgueil se brise au Rivage ;
Elles ne portent point leur rage ,
Au-delà des termes reglez ;
De cet humide et large espace ,
Les vens agitent la surface
Par des sifflements redoublez .
諾
Mais quelle Nation barbare ;
Habitera cet Element ?
A qui donner cette Eau bizarre
Et ce Monde si véhément ?
Un Peuple (6 ) muet et sauvage ;
Qui ne vit que de brigandage ,
Remplira ces affreux climats.
Dans ce grand et profond abyme ;
Du fort le foible est la victime ,
Après de funestes combats. (c)
Qu'à son gré ces Races féroces
S'abandonnent à leur fureur ;
( a ) La Mer ,
( b ) Les Poissons.
(c) Leurs guerres
Loin
NOVEMBRE . 1733 2357
Loin d'ici ces Monstres atroces ;
Evitons ce lieu plein d'horreur.
Entrons dans ces Plaines (a ) fleuries
Parcourons ces vertes Prairies ,
Qui tiennent nos yeux enchantez.
Cueillons ces Fruits que nous présente ;
Leur fécondité complaisante ,
Et jouissons de leurs bontez.
M
Je découvre d'autres merveilles
Et j'entens .... mais quel bruit ? quels sons &
Les Oiseaux frappent mes oreilles
Par leurs admirables Chansons.
Quelle charmante Symphonie ;
Quelle douce et tendre harmonie ,
Sort de ce foible et petit Corps ? (6)
A cette charmante Musique ,
Qui surpasse le son lyrique ,
Mille voix joignent leurs accords.
潞
Lorsque , ramenant la froidure
Tous les Aquilons frémissans , `
Vont dépouiller de leur verdure ;
Nos Bois tristes et languissans ;
Ceux-cy ( c) s'assemblant sua la Rive }
(a ) La Terrejonchée de fleurs.
(b ) Le Rossignol.
(c) Les Oiseaux de passage.
Bij D'une
1
2338 MERCURE DE FRANCE
D'une aîle prompte et fugitive ,
Vont sur des bords plus gracieux ;
Telle on voit la fleche empennée,
Sans être en chemin détournée ,
Traverser la Plaine des Cieux.
Enfin je poursuis et j'avance ,
Jusques dans le sein des Forêts
J'y vois une rustique engeance,
Que je perce d'un de mes traits.
Sa peau me sert de couverture ,
Je prens sa chair pour nourriture ,
Bien-tôt se présente un Ruisseau ;
11 tombe du haut des Montagnes ,
Et serpentanr dans les Campagnes
M'invite à boire de son cau.
Grand Dieu , que tes Oeuvres sont hellesà
Vous qui jouissez du bonheur
Des félicitez immortelles ,
Louez à jamais le Seigneur ;
Ce Seigneur , qui d'une parole
A créé l'un et l'autre Pole ,
Et le vaste Empire des Mers.
Par une éternelle priere ,
Louez l'Auteur de la Lumiere ,
Loüez l'Auteur de l'Univers.
Mais
NOVEMBR E. 1733 2355
Mais qui de toutes ces richesses ,
Doit être le dispensateur ?
Qui sera comblé des largesses
D'un si prodigue Bienfaicteur
De ces biens quel sera le Maître
C'est Adam , je le vois paroître ,
Il naît (a) de la terre formé.
Vers le Ciel il leve la tête.
Pour le distinguer de la bête ,
Dieu l'a de son souffle animé,
a
Pour partager le cours durable ,
De ses jours calmes et sereins ,
S'offre une Compagne ( 6) agréable ;
Qui doit seconder ses desseins:
Dieu rend communes leurs années,
En unissant leurs destinées ,
Par de mutuelles amours ;
Ah ! dans ce beau lieu ( c) de Plaisance ,
Une vive reconnoissance ,
Dans leurs coeurs doit vivre toujours
諾
Dans cette source de délices ,
Heureux Couple , vivez en paix.
>
T
(a ) Création de l'homme.
(b ) La femme.
(C) Le Paradis Terrestre.
Biiij
Offrez
1366 MERCURE DE FRANCE
Offrez vos coeurs en sacrifices ,
A l'Auteur de tant de bienfaits.
Respectez ses Loix adorables ,
Ne portez point des mains coupables,
Sur les Fruits d'un Arbre fatal .
Fuyez la voix enchanteresse ,
Qui surprenant votre foiblesse ,
yous feroit commertre le mal.
M
L'Eternel , après ces Miracles ,
Que d'un seul mot il a produits ,
Approuve en ses divins Oracles ,
Des Ouvrages si bien construits.
Il contemple leur excellence ,
Laissant reposer sa puissance ,
Pour benir ces Etres parfaits.
Et voulant que l'Homme et les Anges,
A l'envy chantent ses loüanges ,
Consacre ce jour à jamais .
Aubry de Trungy
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Résumé : ODE Sur l'Ouvrage des six jours.
Le poème 'ODE' relate la création du monde en six jours, selon la Genèse. Le premier jour, la lumière est créée, distinguant le jour de la nuit. Le deuxième jour, les cieux sont formés, séparant les eaux supérieures des eaux inférieures. Le troisième jour, les terres émergent et se couvrent de végétation. Le quatrième jour, le Soleil, la Lune et les étoiles sont placés dans le ciel pour réguler le temps. Le cinquième jour, les poissons et les oiseaux sont créés. Le sixième jour, les animaux terrestres et l'homme apparaissent. Adam, le premier homme, est façonné à partir de la terre et animé par le souffle divin. Ève, sa compagne, lui est donnée pour partager sa vie. Le poème se conclut par une exhortation à louer Dieu pour ses œuvres et à respecter ses lois, en évitant la tentation du mal. Dieu contemple ses créations avec satisfaction et consacre ce jour de création à jamais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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