A M. L'ARCHEVÊQUE
DE SENS ,
STAN- CE S.
"
Rélat , dont les vertus et le sçavoir sublime ,
Méritent nos respects , notre plus pur encens ,
Je ne viens point ici dans l'ardeur qui m'anime ,
Celebrer tes vertus par mes foibles accents ;
Je ne veux dans ces Vers que te montrer ma joye;
Souffre donc qu'elle éclatte, et qu'elle se déploye
Devant toi toute entiere en ce jour fortuné ,
Où , portant avec toi le zele et la lumiere ,
Tu viens d'un bon Pasteur commencer la car
riere ,
Pour le nouveau Troupeau que le Ciel t'a donné.
>
Si le choix inspiré , qui dans ces lieux t'amenè ,
Excita les regrets et les pleurs de Soissons
Riches de ce qu'il perd et qui cause sa peine ,
Nous bénissons LOUIS , et nous réjouissons.
D'un Prélat gracieux , affable et pacifique ,
La mort ici causoit une douleur publique ,
Tout le Troupeau saisi , gémissoit , s'allarmoit ,
Quel successeur plus digne eût banni la tristesse ?
11. Vol.
Dissipé
1480 MERCURE DE FRANCE
Dissipé la terreur et rendu l'allegresse ?
Qu'un Pontife zelé pour la paix qu'il aimoit ›
C'est l'amour de la paix , qui dans ces lieux t'ap
1
pelle ,
Tu la trouves ici , tu viens l'y maintenir.
Si de la verité tu soutiens la querelle ,
Sans alterer la paix , tu sçais la soûtenir.
De cette verité qui t'inspiré et t'éclaire ,
Défenseur génereux , tu la suis sans mystere ,
Et la fais triompher de la superbe erreur.
Mais tes armes , tes traits pour sa juste défense,
Sont les brillans éclairs d'une haute éloquence;
C'est une charité prudente et sans aigreur
De cette verité que ta plume sçavante
Orne des plus beaux traits et met dans tout son
jour,
En vain les ennemis d'une ardeur pétulente ,
Se déclarent les tiens , t'attaquent tour à tour.
Tu ne sçais opposer à toute l'amertume ,
Que répand contre toi leur outrageante plume ,
Qu'une douceur extrême et que la verité.
C'est ainsi qu'autrefois le Docteur de la grace ,
De ceux qui l'outrageoient , sçut confondre l'au
dace ,
Toujours doux, toujours humble et plein de
charité.
IL. Vol Que
JUIN.
1481
1731 .
Que Dieu jette sur nous un regard favorable ,
De te donner à nous , de nous donner à toi !
Et qu'il fait éclatter sa sagesse adorable ,
Qui veut par tés travaux affermir notre foi !
Cette Eglise commise à tes soins , à ton zele ,'
En toi trouve un Epoux attentif et fidele ,
Les Brebis un Pasteur , courageux , vigilant ,
Qui ne les conduira qu'en de sûrs Pâturages ,
Et sçaura les sauver des terribles ravages ,
Que fait le Loup qui voit le Pasteur indolent,
Si quelqu'une , pourtant , du troupeau se sépare
Prompt à courir après , tu la retrouveras ;
Sçavant à la tirer du chemin qui l'égare ,
Dans le sacré Bercail , tu la rameneras.
En toi l'ignorant trouve un Docteur charitable ,
Celui qui dans la foi chancelle et n'est pas stable ,
Pourra -t'il , s'il t'écoute , encore chanceler ?
On verra , j'en suis sûr , les Rochers et les Chê
nes ,
Accourir à ta voix , te suivre dans les Plaines ,
Suspendus et ravis de t'entendre parler.
Sans en être étonné je verrai ces miracles ,
Comment se pourroit-il que j'en fusse surpris ?
Par moi-même je sçai que les plus grands ob
stacles ,
II. Vo!. cedent
1482 MERCURE DE FRANCE
Cedent tous à ta voix , à tes doctes écrits.
Enfoncé dans l'erreur couverte de tenebres ,
Je marchois au hazard dans ses ombres funebres,
Insensé , je croyois suivre la verité.
Tes Ecrits éclattans d'une clarté celeste ,
1
D'abord m'ont découvert l'illusion funeste ,
Le fantôme imposteur dont j'étois entêté.
Bouchet , Chanoine de Sens.