PORTRAITS
DE CINQ FAMEUX PEINTRES
D'ITALIE.
Le Parmesan.
CEft fans doute des mains des graces
Que cet artiſte a reçu les pinceaux ,
A 11)
6 MERCURE DE FRANCE.
L'élégance , l'efprit , ſuivent par - tout ſes traces,
A cette riche empreinte on connoît ſes tableaux.
Le vent femble jouer avec fes draperies ,
La belle touche : Ah ! Dieux , quel contour immortel!
Peut-on trop admirer ces figures cheries? -
Tout y fent le Correge & le grand Raphaël .
Philippe Lauri.
Ce Peintre fait l'hiftoire avec goût & fineffe ,
Mais ce n'eft qu'en petit ; il dégénere en grand.
Ses fonds payfagés font frais , pleins de vagueffe ,
Leur fite eft embelli du fard qu'il y répand .
Quel aimable crayon ! que d'efprit il diftille !
A créer de l'efpace il fe montre fçavant ,
Si Lauri des Romains n'eft pas le plus habile ,
11 eft l'honneur du fecond fang.
Le Primatice.
>
Les charmes du pinceau remain
Furent chez les François tranfplantés par ce Maîtré.
L'on vit Fontainebleau décoré de fa main.
Le Roffo le craignit dès qu'il put le connoître.
Quelle gloire il parut au-deffus des bienfaits , !
Dont quatre de nos Rois à l'envi le comblerent.
On crut du Parmeſan revoir en lui les traits :
Du mauvais goût enfin fes talens triompherent.
}
AOUST. 17551 7
Polidore.
De vil manoeuvre il devint Peintre habile ,
En voyant les beautés qu'enfantoit Raphaël.
Que de correction ! que de goût dans fon ftyle !
La nature y confacre à l'antique un autel.
S'il peint de clair-obfcur des frifes ou des armes ;
L'oeil par le feul toucher peut être détrompé .
Son payfage auffi féduit par mille charmes ,
Le connoiffeur s'oublie en étant occupé.
Louis Garzi.
Dans ces grouppes d'enfans , quels ragoût de cou
leur.
Quel tendre dans leur chair ! oui , le fang y circule.
Cet ange me ravit par fa douce fplendeur ;
Mon oeil d'un jour divin croit voir le crépuscule .
Je reconnois Garzi , frais , correct , & fçavant ,
Traitant bien payſage , hiftoire , architecture.
L'âge fur fa vigueur lance un trait impuiſſant.
Frêt à payer tribut à la nature *
Un chef-d'oeuvre nouveau couronna fon talent.
* Il s'engagea à l'âge de quatre-vingt ans , par
ordre de Clement XI , à peindre la voûte de l'Eglife
desftigmates , qu'il termina beureufement. Rien n'y
fent la vieilleffe , & l'on regarde ce morceau comme
le triomphe de ce grand maître.
A inj
6 MERCURE DE FRANCE.
L'élégance , l'efprit , fuivent par -tout ſes traces.
A cette riche empreinte on connoît ſes tableaux.
Le vent femble jouer avec fes draperies ,
La belle touche : Ah ! Dieux , quel contour immortel!
Peut-on trop admirer ces figures cheries?
Tout y fent le Correge & le grand Raphaël.
Philippe Lauri.
Ce Peintre fait l'hiftoire avec goût & fineffe ,
Mais ce n'eft qu'en petit ; il dégénere en grand.
Ses fonds payfagés font frais , pleins de vagueffe ,
Leur fite eft embelli du fard qu'il y répand .
Quel aimable crayon ! que d'efprit il diftille !
A créer de l'efpace il fe montre fçavant ,
Si Lauri des Romains n'eft pas le plus habile ,
11 eft l'honneur du fecond fang.
Le Primatice.
Les charmes du pinceau remain
Furent chez les François tranfplantés par ce Maftre
.
L'on vit Fontainebleau décoré de fa main.
Le Roffo le craignit dès qu'il put le connoître.
Quelle gloire il parut au - deffus des bienfaits ,
Dont quatre
de nos Rois à l'envi le comblerent .
On crut du Parmeſan revoir en lui les traits :
Du mauvais goût enfin fes talens triompherent.
AOUST. 7 1755
Polidore.
De vil manoeuvre il devint Peintre habile ,
En voyant les beautés qu'enfantoit Raphaël .
Que de correction ! que de goût dans ſon ſtyle !
La nature Y confacre à l'antique un autel .
S'il peint de clair-obfcur des frifes ou des armes ;
L'oeil par le feul toucher peut être détrompé.
Son payſage auffi féduit par mille charmes ,
Le connoiffeur s'oublie en étant occupé.
Louis Garzi.
Dans ces grouppes d'enfans , quels ragoût de cou
leur.
Quel tendre dans leur chair ! oui , le fang y circule.
Cet ange me ravit par fa douce fplendeur ;
Mon oeil d'un jour divin croit voir le crépuscule .
Je reconnois Garzi , frais , correct , & fçavant ,
Traitant bien payſage , hiftoire , architecture.
L'age fur fa vigueur lance un trait impuiſſant.
Frêt à payer tribut à la nature *
Un chef- d'oeuvre nouveau couronna fon talent.
* Il s'engagea à l'âge de quatre-vingt ans , par
ordre de Clement XI , à peindre la voûte de l'Eglife
desftigmates , qu'il termina heureusement . Rien n'y
fent la vieilleffe , & l'on regarde ce morceau comme
le triomphe de ce grand maître.