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1
p. 1045-1053
LETTRE DE M. le B. Chanoine et Sous-Chantre d'Auxerre, à M. de la Roque ; au sujet d'une Inscription Romaine, découverte le 10. May 1731. proche de cette Ville.
Début :
J'ai déjà fait remarquer dans un petit livre imprimé, il y a huit ans, que nôtre [...]
Mots clefs :
Lettre, Inscription romaine, Basilique, Sépultures, Chanoine régulier, Inscription païenne, Tombeau, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE M. le B. Chanoine et Sous-Chantre d'Auxerre, à M. de la Roque ; au sujet d'une Inscription Romaine, découverte le 10. May 1731. proche de cette Ville.
LETTRE de M. le B. Chanoine et Sous-
Chantre d'Auxerre , à M. de la Roque ;
au sujet d'une Inscription Romaine , découverte
le 10. May 1731. proche de
cette Ville.
J'Ay déja fait remarquer dans un petit
livre imprimé , il y a huit ans , que nôtre
Ville étoit originairement fort petite ,
et qu'elle n'est devenuë grande, et du circuit
d'environ une lieue ; que par l'accroissement
des Bourgs , qui se sont formés
autour des Monastéres et des Eglises
que la pieté des Evéques fonda autour des
anciens murs. Entre- autres Eglises , nous
avons au Septentrion de nôtre Ville , la
Basilique de S. Germain , dont le contour
souterrain est rempli de tous côtés de sépultures
de Chrétiens , qui se faisoient inhumer
au déhors de cette Eglise par devotion
envers ce grand Evêque , le second de
toute la France qui ait été le plus fameux
en miracles aprés le celebre S. Martin , et
dont aucunDiocese de France ne peut ignorer
les vertus et les merveilles , à moins
qu'il ne soit tout -à - coup privé des connoissances
les plus communes. Nous avons
C iiij ensuite
1046 MERCURE DE FRANCE
•
ensuite au midi , un Bourg surnommé de
Saint-Amatre , que son éloignement du
quartier de la Cité, n'a fait renfermer encore
que dans nos murs construits au douziéme
siècle. Quiconque connoît S. Germain
Gouverneur pour les Romains dans
la Gaule Celtique , ne peut manquer de
connoître celui qui lui confera la tonsure.
C'est S. Amateur. Il fût inhumé dans le
lieu où il avoit livré la guerre au reste
des Payens , et où quelques- uns de ses
prédecesseurs avoient été pareillement
inhumés , poury attirer le concours des
fideles à la place des dévotions précédentes
de l'Idolâtric. On trouve que ce lieu fût
appellé Autricum , ou bien Mons Autricus.
Il y a une prairie au bas : ce qui sert à appuyer
la pensée sur l'origine des noms locaux
, où la syilabe au est contenuë , que
M. Huet , ancien Evêque d'Avranches , a
avancée , et qui a été suivie depuis par
M. l'Abbé des Thuilleries : et c'est , selon
que je le prouve ailleurs , vers cette prairie
qu'ont existé les commencemens des
Villes Payennes , dont a été depuis formé
Auxerre Chrétien . Le côteau qui fait face
à cette prairie vers l'Occident , n'est pas
moins rempli de tombeaux de pierre , que
celui du Bourg Septentrional de Saint Germain.
Mais il est arrivé à presque tous ces
tombeaux
MAY. 173 P. 1047
tombeaux, tant à ceux de Saint - Germain'
qu'à ceux de Saint Amatre , la même chose
qu'à ceux que de nos jours l'on a trouvés
à Paris autour de l'Eglise de Saint- Germain
des Prez , et que l'on a vû rompre
pour faire place à des fondations de bâtimens.
L'éloignement des temps ayant fait
perdre la mémoire des personnes inhumées
dans ces lieux , la necessité de bâtir
ou de cultiver , a été cause que dépuis
plusieurs siecles , ce qui servoit de cimetière
est devenu un lieu profane ; c'està-
dire, qu'il a été changé ou en jardin , ou
en vigne , ou bien en place publique ; desorte
qu'on n'a plus fait aucun cas des
morts qui pouvoient y réposer. Il en est
arrivé de même en plusieurs Villes. Le
besoin où Monsieur Carouge , Chanoine
régulier , Prieur et Seigneur de Saint- Amatre
lez- Auxerre , a été de se fermer de
murs , parceque toutes les anciennes murailles
et bâtimens de son Monastere furent
démolis dans le temps fâcheux de la Ligue ,
qui causa des maux extrêmes en ce payscy
, l'a obligé de faire curer toutes les anciennes
fondations d'édifices , de ramasser
toutes les démolitions , et de lever tous
les obstacles au plan de bâtir qu'il s'est
formé. Entre le grand nombre de tombeaux
qui se présenterent l'an passé sous
C v
la
1048 MERCURE DE FRANCE
la main des ouvriers , on n'en a trouvé
qu'un seul , où il y eût une inscription.
Elle me parût être du moyen âge , et un
peu frivole , parcequ'elle n'est que commencée
: cependant je n'ai pas laissé d'en
dire un mot à un sçavant Antiquaire Ecclesiastique
, dans une lettre que je lui ai
adressée surdifferentes matieres , le dixième
jour du mois dernier. Mais hier matin nous
nous sommes trouvés plus riches , et nous
avons éprouvé la verité de ce qui arrive
souvent à Rome , qu'en levant un tombeau
de Chrétien , on rencontre en dedans
ou en déhors une Inscription Payenne .
Celle que nous avons trouvée , est au déhors
d'un tombeau : mais il n'est pas difficile
de juger par ce qu'elle contient , que
l'inscription n'a pas été faite pour le tombeau
, et qu'elle est beauconp plus ancienne
que le tombeau même. Cette pierre
étoit un gros bloc de la hauteur d'un pied
dix pouces , large de quatre pieds et demi
sur deux pieds six pouces de travers. Il
ya apparence qu'il y avoit un sacrifice representé
à l'une des deux faces , qui n'ont
que deux pieds et demi ; on y voit encore
sur les bords de la rainure qui y régnoit
une moitié de tête de Belier d'un côté , et
de l'autre comme une moitié de roue avec
des restes de rayons . Si l'on n'y apperçoit
pas
MAY. 1731. 1049
pas davantage de sculpture , c'est que la
pierre fût creusée dépuis , et vuidée pour
servir à former les deux tiers d'un sépulchre
à commencer par le côté de la tête ,
ensorte que ce reste de sepulture dont je
viens de parler , est du côté qui devoit
être réuni à un autre bloc creusé, et destiné
pour contenir les pieds du défunt . Mais
comme toute l'inscription ne s'est pas trouvée
dans le superflu que l'ouvrier du sépulchre
a cru devoir ôter , on y lit heureusement
sur le haut d'une des deux fácès
les plus larges , ces deux lignes trés bien
gravées, et en caractéres romains trés beaux
et de la hauteur d'un pouce et demi .
PRO SALUTE DOMINORUM. V. S. L. M.
DEDICAVIT MODESTO ET PROBO CÓS.
Il n'y a pas à hésiter dans la date de cette
inscription : elle est sûrement de l'année
228. de Jesus- Christ , puisque c'est à
cette année que se rapporte selon les Fastes
le Consulat de Modeste et de Probus . C'étoit
en partie la sixième et septième année
de l'Empire d'Alexandre Severe , et la
trentiéme avant que nôtre premier Evêque
S. Pelerin fût envoyé dans les Gaules ;
mais ne pouvoit-on pas en tirer quelque
avantage pour l'éclaircissement de l'his-
C vj toire
1050 MERCURE DE FRANCE
toire de cet empereur ? On paroît embarrassé
à assurer positivement que ce fût l'an
228.qu'Alexandre Sevére s'associa Ovindus
Camillus. On croit que la médaille rapportée
par
Occon
, n'est pas suffisante pour
prouver le temps du départ de ces deux
Princes contre les Barbares , et l'on dit
qu'il faudroit qu'il y eut clairement sur
cette médaille Profectio Augg. au plurier ,
et non simplement Profectio Aug. qui ne
veut dire que Profectio Augusti. Vôtre inscription
s'exprime nettement au Plurier ,
ainsi que vous le voyez : et l'on ne peut
guére entendre Dominorum , d'autres que
d'Alexandre , et de Camillus qui étoit regardé
comme un nouveau César depuis
l'honneur qu'Alexandre lui avoit fait de
l'associer à l'Empire. J'ai donc dans la
sée , que cette Pierre vient d'un Autel
érigé en mémoire de quelque Taurobole ,
ou de quelque Criobole , cerémonie qui
avoit marqué le zéle des habitans de nos
cantons , pour la prosperité de ces deux
Princes. Les Tailleurs de pierre réconnoissent
dans ce bloc le grain de la pierre du
pays , c'est à dire d'une carriere qui est à
quatre ou cinq lieües d'icy , et y auroit- il
apparence qu'une pierre qui pesoit bien
trois ou quatre muids de vin avant qu'elle
fût cavée , eût été apportée icy d'une aupentre
MAY . 1731. 1051
>
tre Ville trés éloignée ? Quoiqu'il en soit
le reste d'inscription qu'elle contient
peut servir non seulement à confirmer ce
que l'on apprend par la Médaille d'Occo ,
mais il appuye encore le raisonnement ,
par lequel Lampride , auteur de la vie
d'Alexandre , réfute l'opinion populaire ,
qui attribuoit à Trajan l'association de ce
Camillus. Lampride après avoir rappor
té le fait , ajoûte que ni Fabius Marcellinus
, ni Aurelius Verus , ni Statius Valens
dont il avoit les écrits sous les yeux , n'attribuoient
l'élevation de Camillus à Trajan
; et qu'au contraire Septimius, Acholius
et Encolpius , écrivains de la vie d'Alexandre
Severe , disoient de lui le fait singulier
de cette association subite , et im.
prevue , et de cette expedition militaire
qu'ils firent en commun contre les Barba
res. Je ne vous retracerai pas icy ce que
Lampride rapporte de cette guerre. On a
des preuves que ce fût contre les Allemans
qu'Alexandre et Camillus partirent l'an
228. ce qui est curieux à lire , et qu'-
Alexandre partit à pied, invitant son nouvel
associé d'en faire de même , Camillus
qui n'étoit point accoutumé , comme
Alexandre , à cette voiture , se trouva trés
fatigué au bout de cinq mille pas , c'est-àdire
, aprés avoir fait deux lieues ou envi .
ron.
A
1052 MERCURE DE FRANCE
ron. Alexandre lui fit donner un cheval ,
qu'il ne pût supportet que pendant deux
journées , parcequ'il étoit d'un temperament
trés delicat ; enfin le chariot ne lui
convint pas davantage , et il fût obligé de
renoncer au métier de la guerre , sans cependant
abandonner sesprétentions à l'Empire.
On voit par là que la santé de cet associé
avoit un peu plus besoin des voeux du
peuple envers les Dieux , que celle d'Alexandre
, qui étoit robuste et vigoureuse:
mais on ne les separa point dans la ceremonie
qui fût faite à Auxerre à leur intention
, et les voeux furent portés également
pour la santé de ces deux Maîtres
pro falute Dominorum .
Si vous, ou vos amis, avez une autre explication
à donner à nôtre inscription , qui
ne fait que commencer à voir le jour , je
ne m'y oppose aucunement ; je l'attendrai
avec plaisir , principalement celle qui sera
donnée des quatre lettres initiales de la
premiere ligne , sur lesquelles je laisse à
d'autres à deviner ce qu'elles signifient.
Je ne vous parle point d'une autre inscription
aussi trouvée avant hier au même
lieu , parcequ'elle est encore plus mutilée
que la précedente . Elle est egalement
d'un trés-beau'caractére Romain, et on y lit
lecommencement du mot de LUPERC alia
PeutMAY.
1731. 1053
Peut-être trouvera- t- on dans la suite les
autres morceaux de ces inscriptions ; en
ce cas je ne manquerai pas de vous en donner
avis , étant &c.
A Auxerre ce 11. May 1731.
Chantre d'Auxerre , à M. de la Roque ;
au sujet d'une Inscription Romaine , découverte
le 10. May 1731. proche de
cette Ville.
J'Ay déja fait remarquer dans un petit
livre imprimé , il y a huit ans , que nôtre
Ville étoit originairement fort petite ,
et qu'elle n'est devenuë grande, et du circuit
d'environ une lieue ; que par l'accroissement
des Bourgs , qui se sont formés
autour des Monastéres et des Eglises
que la pieté des Evéques fonda autour des
anciens murs. Entre- autres Eglises , nous
avons au Septentrion de nôtre Ville , la
Basilique de S. Germain , dont le contour
souterrain est rempli de tous côtés de sépultures
de Chrétiens , qui se faisoient inhumer
au déhors de cette Eglise par devotion
envers ce grand Evêque , le second de
toute la France qui ait été le plus fameux
en miracles aprés le celebre S. Martin , et
dont aucunDiocese de France ne peut ignorer
les vertus et les merveilles , à moins
qu'il ne soit tout -à - coup privé des connoissances
les plus communes. Nous avons
C iiij ensuite
1046 MERCURE DE FRANCE
•
ensuite au midi , un Bourg surnommé de
Saint-Amatre , que son éloignement du
quartier de la Cité, n'a fait renfermer encore
que dans nos murs construits au douziéme
siècle. Quiconque connoît S. Germain
Gouverneur pour les Romains dans
la Gaule Celtique , ne peut manquer de
connoître celui qui lui confera la tonsure.
C'est S. Amateur. Il fût inhumé dans le
lieu où il avoit livré la guerre au reste
des Payens , et où quelques- uns de ses
prédecesseurs avoient été pareillement
inhumés , poury attirer le concours des
fideles à la place des dévotions précédentes
de l'Idolâtric. On trouve que ce lieu fût
appellé Autricum , ou bien Mons Autricus.
Il y a une prairie au bas : ce qui sert à appuyer
la pensée sur l'origine des noms locaux
, où la syilabe au est contenuë , que
M. Huet , ancien Evêque d'Avranches , a
avancée , et qui a été suivie depuis par
M. l'Abbé des Thuilleries : et c'est , selon
que je le prouve ailleurs , vers cette prairie
qu'ont existé les commencemens des
Villes Payennes , dont a été depuis formé
Auxerre Chrétien . Le côteau qui fait face
à cette prairie vers l'Occident , n'est pas
moins rempli de tombeaux de pierre , que
celui du Bourg Septentrional de Saint Germain.
Mais il est arrivé à presque tous ces
tombeaux
MAY. 173 P. 1047
tombeaux, tant à ceux de Saint - Germain'
qu'à ceux de Saint Amatre , la même chose
qu'à ceux que de nos jours l'on a trouvés
à Paris autour de l'Eglise de Saint- Germain
des Prez , et que l'on a vû rompre
pour faire place à des fondations de bâtimens.
L'éloignement des temps ayant fait
perdre la mémoire des personnes inhumées
dans ces lieux , la necessité de bâtir
ou de cultiver , a été cause que dépuis
plusieurs siecles , ce qui servoit de cimetière
est devenu un lieu profane ; c'està-
dire, qu'il a été changé ou en jardin , ou
en vigne , ou bien en place publique ; desorte
qu'on n'a plus fait aucun cas des
morts qui pouvoient y réposer. Il en est
arrivé de même en plusieurs Villes. Le
besoin où Monsieur Carouge , Chanoine
régulier , Prieur et Seigneur de Saint- Amatre
lez- Auxerre , a été de se fermer de
murs , parceque toutes les anciennes murailles
et bâtimens de son Monastere furent
démolis dans le temps fâcheux de la Ligue ,
qui causa des maux extrêmes en ce payscy
, l'a obligé de faire curer toutes les anciennes
fondations d'édifices , de ramasser
toutes les démolitions , et de lever tous
les obstacles au plan de bâtir qu'il s'est
formé. Entre le grand nombre de tombeaux
qui se présenterent l'an passé sous
C v
la
1048 MERCURE DE FRANCE
la main des ouvriers , on n'en a trouvé
qu'un seul , où il y eût une inscription.
Elle me parût être du moyen âge , et un
peu frivole , parcequ'elle n'est que commencée
: cependant je n'ai pas laissé d'en
dire un mot à un sçavant Antiquaire Ecclesiastique
, dans une lettre que je lui ai
adressée surdifferentes matieres , le dixième
jour du mois dernier. Mais hier matin nous
nous sommes trouvés plus riches , et nous
avons éprouvé la verité de ce qui arrive
souvent à Rome , qu'en levant un tombeau
de Chrétien , on rencontre en dedans
ou en déhors une Inscription Payenne .
Celle que nous avons trouvée , est au déhors
d'un tombeau : mais il n'est pas difficile
de juger par ce qu'elle contient , que
l'inscription n'a pas été faite pour le tombeau
, et qu'elle est beauconp plus ancienne
que le tombeau même. Cette pierre
étoit un gros bloc de la hauteur d'un pied
dix pouces , large de quatre pieds et demi
sur deux pieds six pouces de travers. Il
ya apparence qu'il y avoit un sacrifice representé
à l'une des deux faces , qui n'ont
que deux pieds et demi ; on y voit encore
sur les bords de la rainure qui y régnoit
une moitié de tête de Belier d'un côté , et
de l'autre comme une moitié de roue avec
des restes de rayons . Si l'on n'y apperçoit
pas
MAY. 1731. 1049
pas davantage de sculpture , c'est que la
pierre fût creusée dépuis , et vuidée pour
servir à former les deux tiers d'un sépulchre
à commencer par le côté de la tête ,
ensorte que ce reste de sepulture dont je
viens de parler , est du côté qui devoit
être réuni à un autre bloc creusé, et destiné
pour contenir les pieds du défunt . Mais
comme toute l'inscription ne s'est pas trouvée
dans le superflu que l'ouvrier du sépulchre
a cru devoir ôter , on y lit heureusement
sur le haut d'une des deux fácès
les plus larges , ces deux lignes trés bien
gravées, et en caractéres romains trés beaux
et de la hauteur d'un pouce et demi .
PRO SALUTE DOMINORUM. V. S. L. M.
DEDICAVIT MODESTO ET PROBO CÓS.
Il n'y a pas à hésiter dans la date de cette
inscription : elle est sûrement de l'année
228. de Jesus- Christ , puisque c'est à
cette année que se rapporte selon les Fastes
le Consulat de Modeste et de Probus . C'étoit
en partie la sixième et septième année
de l'Empire d'Alexandre Severe , et la
trentiéme avant que nôtre premier Evêque
S. Pelerin fût envoyé dans les Gaules ;
mais ne pouvoit-on pas en tirer quelque
avantage pour l'éclaircissement de l'his-
C vj toire
1050 MERCURE DE FRANCE
toire de cet empereur ? On paroît embarrassé
à assurer positivement que ce fût l'an
228.qu'Alexandre Sevére s'associa Ovindus
Camillus. On croit que la médaille rapportée
par
Occon
, n'est pas suffisante pour
prouver le temps du départ de ces deux
Princes contre les Barbares , et l'on dit
qu'il faudroit qu'il y eut clairement sur
cette médaille Profectio Augg. au plurier ,
et non simplement Profectio Aug. qui ne
veut dire que Profectio Augusti. Vôtre inscription
s'exprime nettement au Plurier ,
ainsi que vous le voyez : et l'on ne peut
guére entendre Dominorum , d'autres que
d'Alexandre , et de Camillus qui étoit regardé
comme un nouveau César depuis
l'honneur qu'Alexandre lui avoit fait de
l'associer à l'Empire. J'ai donc dans la
sée , que cette Pierre vient d'un Autel
érigé en mémoire de quelque Taurobole ,
ou de quelque Criobole , cerémonie qui
avoit marqué le zéle des habitans de nos
cantons , pour la prosperité de ces deux
Princes. Les Tailleurs de pierre réconnoissent
dans ce bloc le grain de la pierre du
pays , c'est à dire d'une carriere qui est à
quatre ou cinq lieües d'icy , et y auroit- il
apparence qu'une pierre qui pesoit bien
trois ou quatre muids de vin avant qu'elle
fût cavée , eût été apportée icy d'une aupentre
MAY . 1731. 1051
>
tre Ville trés éloignée ? Quoiqu'il en soit
le reste d'inscription qu'elle contient
peut servir non seulement à confirmer ce
que l'on apprend par la Médaille d'Occo ,
mais il appuye encore le raisonnement ,
par lequel Lampride , auteur de la vie
d'Alexandre , réfute l'opinion populaire ,
qui attribuoit à Trajan l'association de ce
Camillus. Lampride après avoir rappor
té le fait , ajoûte que ni Fabius Marcellinus
, ni Aurelius Verus , ni Statius Valens
dont il avoit les écrits sous les yeux , n'attribuoient
l'élevation de Camillus à Trajan
; et qu'au contraire Septimius, Acholius
et Encolpius , écrivains de la vie d'Alexandre
Severe , disoient de lui le fait singulier
de cette association subite , et im.
prevue , et de cette expedition militaire
qu'ils firent en commun contre les Barba
res. Je ne vous retracerai pas icy ce que
Lampride rapporte de cette guerre. On a
des preuves que ce fût contre les Allemans
qu'Alexandre et Camillus partirent l'an
228. ce qui est curieux à lire , et qu'-
Alexandre partit à pied, invitant son nouvel
associé d'en faire de même , Camillus
qui n'étoit point accoutumé , comme
Alexandre , à cette voiture , se trouva trés
fatigué au bout de cinq mille pas , c'est-àdire
, aprés avoir fait deux lieues ou envi .
ron.
A
1052 MERCURE DE FRANCE
ron. Alexandre lui fit donner un cheval ,
qu'il ne pût supportet que pendant deux
journées , parcequ'il étoit d'un temperament
trés delicat ; enfin le chariot ne lui
convint pas davantage , et il fût obligé de
renoncer au métier de la guerre , sans cependant
abandonner sesprétentions à l'Empire.
On voit par là que la santé de cet associé
avoit un peu plus besoin des voeux du
peuple envers les Dieux , que celle d'Alexandre
, qui étoit robuste et vigoureuse:
mais on ne les separa point dans la ceremonie
qui fût faite à Auxerre à leur intention
, et les voeux furent portés également
pour la santé de ces deux Maîtres
pro falute Dominorum .
Si vous, ou vos amis, avez une autre explication
à donner à nôtre inscription , qui
ne fait que commencer à voir le jour , je
ne m'y oppose aucunement ; je l'attendrai
avec plaisir , principalement celle qui sera
donnée des quatre lettres initiales de la
premiere ligne , sur lesquelles je laisse à
d'autres à deviner ce qu'elles signifient.
Je ne vous parle point d'une autre inscription
aussi trouvée avant hier au même
lieu , parcequ'elle est encore plus mutilée
que la précedente . Elle est egalement
d'un trés-beau'caractére Romain, et on y lit
lecommencement du mot de LUPERC alia
PeutMAY.
1731. 1053
Peut-être trouvera- t- on dans la suite les
autres morceaux de ces inscriptions ; en
ce cas je ne manquerai pas de vous en donner
avis , étant &c.
A Auxerre ce 11. May 1731.
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Résumé : LETTRE DE M. le B. Chanoine et Sous-Chantre d'Auxerre, à M. de la Roque ; au sujet d'une Inscription Romaine, découverte le 10. May 1731. proche de cette Ville.
Le 11 mai 1731, un chanoine et sous-chantre d'Auxerre adresse une lettre à M. de la Roque pour relater la découverte d'une inscription romaine près d'Auxerre, le 10 mai 1731. L'auteur décrit la croissance de la ville d'Auxerre, initialement petite, qui s'est agrandie grâce à l'expansion des bourgs autour des monastères et des églises fondées par les évêques. Parmi ces églises, la basilique de Saint-Germain au nord et le bourg de Saint-Amatre au sud sont particulièrement notables. Saint-Germain et Saint-Amatre étaient des figures importantes dans l'histoire chrétienne de la région. L'inscription découverte est gravée sur un bloc de pierre utilisé pour un sépulcre. Elle contient les lignes 'PRO SALUTE DOMINORUM. V. S. L. M. DEDICAVIT MODESTO ET PROBO CÓS.' et date de l'année 228 après J.-C., correspondant au consulat de Modeste et Probus. Cette inscription est liée à une cérémonie en l'honneur des empereurs Alexandre Sévère et Ovindus Camillus, associés à l'Empire. La pierre provient probablement d'une carrière locale et pourrait confirmer des événements historiques relatifs à Alexandre Sévère et Camillus. L'auteur invite M. de la Roque à partager d'autres interprétations de l'inscription et mentionne une autre inscription mutilée trouvée au même endroit.
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