Résultats : 1 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 249-258
EXPLICATION D'une Médaille de l'Empereur Hadrien.
Début :
On trouve communément dans Hadrien une Médaille de grand Bronze, [...]
Mots clefs :
Hadrien, Médaille, Hilaritas, Enfants, Femme, Aelius, Empire, Prince, Joie, Adoption
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION D'une Médaille de l'Empereur Hadrien.
EXPLICATION
D'une Médaille de l'Empereur Hadrien.
N trouve communément dans Ha
drien une Médaille de grand Bronze
, où d'un côté est la tête de ce Prince ;
sans Couronne, avec HADRIANUS AUGUS
TUS pour Légende ; et dont le Revers est
chargé d'une femme debout , tenant de
la main droite une longue Palme , apd
Ciij puyés
250 MERCURE DE FRANCE
puyée contre terre , et de la main gauche
une Corne d'abondance ; à ses pieds sont
deux petites figures d'enfans ; la Légende
HILARITAS. P. R.Dans l'Exergue . cos. III .
et dans le Champ de la Médaille , s . c.
Tristan i et Angelloni 2 qui nous ont
donné cette Médaille , l'ont expliquée
diversement,
Le premier , fondé sur un Passage d'Artemidore
, où il est dit que les Palmes
veuës en songe sont des Pronostics
d'une heureuse fécondité , a cru que le
Senat en faisant frapper une Médaille à
Hadrien, avec la Déesse HILARITAS , dont
le Symbole ordinaire est une Palme, avoit
voulu marquer la joie du Peuple Romain
, dans l'esperance où tout l'Empire
étoit que Sabine , femme de ce Prince ,
lui donneroit des Heritiers. Les deux enfans
qu'on voit dans la Médaille , appuyent
ce sentiment ; mais comme cette
Médaille n'est pas du commencement
du Regne d'Hadrien , ce qui se reconnoit
par le titre uni d'HADRIANUS
AUGUSTUS , qu'on y lit , et par la Note
de son troisiéme Consulat pour peu
qu'on fasse d'attention à la maniere dont
1 Comment. Histor. pag. 480. du Tom. 1
La Historia Augusta , pag. 140. de l'Edit. de
Rome, 1631 .
Hadrien
FEVRIER. 1733. 257
Hadrien et Sabine vivoient ensemble , il
n'y a pas beaucoup d'apparence qu'on le
flatat sur ce sujet . Hadrien regardoit Sabine,
comme une femme fâcheuse 1 , dont
l'humeur lui étoit insupportable, et qu'îl
eut répudiée s'il n'eut été que simple particulier.
On prétend même que cette
Princesse ne mourut que du 2 Poison que
son mari lui fit donner. Elle de son côté
lui rendoit bien le change ; on en peut
juger par ce qu'elle disoit elle-même pu
bliquement : 3 Qu'elle avoit toujours fait
tous ses efforts pour n'avoir aucuns, enfans
de son mari , le fruit de pareils embrassemens
ne pouvant être que funeste à
l'Empire. Dans de pareilles conjoncttires
il n'y a pas lieu de croire que le Senat
ait voulu faire frapper une Médaille, qui ,
à l'expliquer comme fait Tristan , auroit
pu passer pour une Satire véritable , ou ,
qui du moins , n'auroit pas manqué d'ap
prêter à rire aux Courtisans assez enclins
déja à la raillerie.
Angelloni n'a gueres mieux réussi . Selon
lui , la Médaille est un monument
dia
I Uxorem etiam ut morosam et asperam
missurus , ut ipse dicebat , si privatusfuisset.Ælius
Spartian. in vita Hadriani .
2 Spartien.
3 Aurel. Victor,
Ciiij de
252 MERCURE DE FRANCE.
de la joie que tout Rome ressentit lorsqu'Hadrien
revint dans cette Ville , après
avoir parcouru toutes les Provinces de
l'Empire. Mais , 1 °.ce retour d'Hadrien est
marqué d'une maniere assez distincte sur
d'autres Médailles . ADVENTUS . AUG . ADVENTUI
AUG. ITALIA , pour ne pas en
chercher des monumens ailleurs . 2 °.Il est
difficile de trouver quelque rapport entre
ces Enfans , gravez sur la Médaille , et
l'arrivée d'un Prince. Angelloni a beau
dire que la joie étant plus particuliere
aux Enfans , on a pu par ce motif les representericy
: Come pure stanno i fanciulli
sempre allegri. Son explication est trop
generale ; et comme elle peut convenir à
tous les succès favorables , elle ne convient
à aucun en particulier.
Pour dire donc quelque chose de plus
précis , je ferai observer qu'HILARITAS ,
avec l'adjonction de P. R. Populi Romani,
ne se trouve que sur les Médailles d'Hadrien
, et sur celles d'Elius - César son
fils adoptif , avec néanmoins quelque
difference dans le Type . La Déesse HILARITAS
, sur les Médailles de ce dernier ,
portant une branche de quelque arbre
au lieu d'une Palme , et n'ayant point
d'Enfans à ses côtez . Cette différence, que
je tâcherai néanmoins d'expliquer , n'a
rapFEVRIER.
1733. 253
rapport qu'à quelques circonstances qui
ne font rien au motif qui a fait frapper
ces Médailles , que je crois toutes les
deux,avoir été pour l'adoption d'Ælius ; er
pour le prouver,je commence par la Médaille
de ce Prince , dont la connoissance
entraînera aisément celle de la Médaille
d'Hadrien.
Les fatigues qu'Hadrien avoit essuiées
dans ses longs voyages , sur tout mar
chant toujours la tête nue dans les saisons
même les plus rigoureuses de l'année
, affoiblirent extrêmement sa santé ;
il tomba dans une maladie , qui diminuant
tous les jours ses forces , le fit
. penser à se choisir un Successeur . Après
avoir jetté les yeux sur plusieurs , que sa
politique lui fit immoler ensuite , lorsque
sa maladie paroissoit moins dangeil
s'arrêta enfin sur Ceionius Com-
´modus , qu'il adoptat , le fit César et lui
changea son nom en celui d'Alius. Ce
dernier ne jouit pas long- temps de ces
écoulé une ne s'étant pas
année depuis son adoption jusqu'à sa
mort ; encore dans ce peu de temps futil
toujours si incommodé , qu'il ne put
pas même remercier Hadrien en plein
Sénat , de l'honneur qu'il lui avoit fait.
Dans un si court espace , ce Prince ma-
Cv Ladif
reuse ,
avantages ,
A
254 MERCURE DE FRANCE
ladif ne put gueres fournir de sujets qui
méritassent d'être consacrez sur les Monnoies.
Aussi toutes celles de ce Prince
ont - elles rapport à son adoption. Qu'y
voit-on en effet , sinon la bonne intelligence
du nouveau César , avec l'Empereur
? CONCORDIA. Son soin à rendre graces
aux Dieux de son élevation ? PIETAS.
TR. L'esperance que les Peuples avoient
conçue de lui , et le bonheur qu'ils attendoient
de son Regne , dans la Médaille
où ces deux Divinitez sont représentées ?
Enfin le Symbole de la Pannonie , Province
dont il avoit eu le Gouvernement,
et qui semble le féliciter sur son avenement
à l'Empire ? PANNONIA . Parmi toutes
ces Médailles , y en a- t-il quelqu'une
qui convienne mieux à son adoption , que
celle où la joie du Peuple Romain est
marquée : HILARITAS. P. R. Les largesses
qu'Hadrien fit à cette occasion au Peuple
et aux Soldats ; les Fêtes qu'il donna dans
le Cirque , en font foy. Dans ces Fêtes ,
dit Spartien , rien ne fut oublié de tout
ce qui pouvoit contribuer à la joie puplique
: Neque quicquam prætermissum quod
posset letitiam publicam frequentare.Ce Passage
semble fait pour la Médaille et fait
connoître , à n'en point douter , que le
motif qui la fit frappér , fut la joie de
tout
FEVRIER. 1733. 255
tout le Peuple Romain pour l'adoption
d'Elius, qui en assurant un Successeur à
l'Empire , assuroit en même temps la
Paix et la tranquillité de ce vaste Corps.
· La Médaille d'Ælius expliquée , celle
d'Hadrien se la trouve aussi; la même occasion
les a fait naître toutes deux , il ne s'a
git que de la difference qui se trouve dans
le Type dont je vais rendre raison .
Hadrien , à son avenement à l'Empire
après la mort de Trajan , fut obligé
avant même de se rendre à Rome,de
que
faire mourir quelques Personnages Consulaires.
Ces éxécutions , quoique justes et
necessaires , indisposerent extrêmement
cette Capitale contre lui. Aussi son premier
soin après s'être rendu au plutôt
dans cette Ville , fut de tâcher par toute
sorte de moyens de dissiper les mauvaises
impressions qu'on avoit conçûës. Pour cet
effet il fit de grandes liberalitez , et entr'autres
Spartien remarque , qu'il augmenta
les sommes que Trajan avoit assi
gnées aux Enfans. Pueris ac puellis quibus
etiam Trajanus alimenta detulerat incrementa
liberalitatis adjecit, Il y a beaucoup d'apparence
, que dans l'adoption d'Elius , où
l'on voit les mêmes Fêtes et les mêmes liberalitez
, Hadrien songea pareillement
aux Enfans , ces largesses étoient nous
Cvj velles
256 MERCURE DE FRANCE
velles , Trajan étoit le premier qui les eut
faites , et elles étoient trop agréables aut
peuple pour les negliger.
Quoi donc de plus naturel , que de fai
re paroître ces Enfans dans une Médaille
frappée pour conserver la mémoire de ces
largesses ? et s'ils ne paroissent point dans
la Médaille d'Ælius , c'est que les largesses
étant faites par Hadrien en vue de ce
Prince , c'étoit à Hadrien que toute la reconnoissance
devoit s'en rapporter ; mais
la joye du Peuple Romain pour l'adoption
d'Ælius éclatoit également en faveur
de ces deux Princes , et devoit par consé
quent paroître également sur les Monnoyes
de l'un et de l'autre , HILARItas.
P. R.
La difference d'un Rameau à une lon
gue palme on branche de quelque arbre ,
ne peut arrêter en aucune maniere ; l'un
et l'autre conviennent parfaitement à la
joye , ainsi qu'on le peut voir par ces
deux Vers , l'un de Rutilius et l'autre de
Juvenal :
Exornent virides communia gaudia Rami į
Ornentur postes , et grandi janua Lauro.
On peut me faire deux Objections aus
quelles je vais répondre.
La
FEVRIER. 1733. 257
La premiere est , qu'il se trouve une
Médaille de Lucille , femme d'Ælius , avec
HILARITAS au revers , qu'on ne peut expliquer
autrement qu'en la rapportant à
la fécondité de cette Princesse , ainsi qu'on
fait de toutes les Médailles des autres impératrices
où cette Legendè se rencontre.
Que l'explication de la Médaille de la
femme emporte l'explication de celle du
mari , et par une conséquence celle d'Hadrien
. Pour répondre à ce raisonnement ,
Outre le que PR qui donne aux Médailles
d'Hadrien et d'Elius quelque chose de
particulier et de relatif entr'elles , ne se
rencontre point sur celles de Lucille , les
Médailles qu'on nous donne pour être
de la femme d'Ælius , sont toutes de Lucille
, femme de L. Vere , ainsi qu'il est
aisé de s'en convaincre si l'on veut se
donner la peine de lire ce que j'ai écrit
sur ce sujet dans le Mercure du mois
d'Août dernier , ainsi l'Objection tombe
d'elle- même.
La seconde Objection est par rapport
à une Médaille d'Hadrien qu'on trouve
gravée dans Oiselius et dans Ant. Augustin
, où l'on voit sous la Legende HILARITAS
. P. R. une femme debout te
nant avec ses deux mains un voile qu'elle
a sur la tête. Ce Type ne peut avoir aus
cune
258 MERCURE DE FRÂNCE
cune convenance avec l'explication que
je donne. Il est vrai que ce revers est extraordinaire
, et que la figure qui y est
représentée , a beaucoup plus de rapport
avec la Pudeur ou la Pieté qu'avec la
Déesse de la Joye ; mais au lieu que cet
emblême peut avoir rapport à quelque
usage , quelque cerémonie qui se pratiquoit
dans les Fêtes publiques , et que
nous ignorons. Il me suffit que la Legende
HILARITAS. P. R. s'y rencontre, puisque
c'est cette joye universelle du Peuple
Romain que j'explique , et non pas toutes
les differentes manieres dont il se servoit
pour la représenter sur ses Monnoyes.
D. P.
A Orleans , ce & Novembre 1732.
D'une Médaille de l'Empereur Hadrien.
N trouve communément dans Ha
drien une Médaille de grand Bronze
, où d'un côté est la tête de ce Prince ;
sans Couronne, avec HADRIANUS AUGUS
TUS pour Légende ; et dont le Revers est
chargé d'une femme debout , tenant de
la main droite une longue Palme , apd
Ciij puyés
250 MERCURE DE FRANCE
puyée contre terre , et de la main gauche
une Corne d'abondance ; à ses pieds sont
deux petites figures d'enfans ; la Légende
HILARITAS. P. R.Dans l'Exergue . cos. III .
et dans le Champ de la Médaille , s . c.
Tristan i et Angelloni 2 qui nous ont
donné cette Médaille , l'ont expliquée
diversement,
Le premier , fondé sur un Passage d'Artemidore
, où il est dit que les Palmes
veuës en songe sont des Pronostics
d'une heureuse fécondité , a cru que le
Senat en faisant frapper une Médaille à
Hadrien, avec la Déesse HILARITAS , dont
le Symbole ordinaire est une Palme, avoit
voulu marquer la joie du Peuple Romain
, dans l'esperance où tout l'Empire
étoit que Sabine , femme de ce Prince ,
lui donneroit des Heritiers. Les deux enfans
qu'on voit dans la Médaille , appuyent
ce sentiment ; mais comme cette
Médaille n'est pas du commencement
du Regne d'Hadrien , ce qui se reconnoit
par le titre uni d'HADRIANUS
AUGUSTUS , qu'on y lit , et par la Note
de son troisiéme Consulat pour peu
qu'on fasse d'attention à la maniere dont
1 Comment. Histor. pag. 480. du Tom. 1
La Historia Augusta , pag. 140. de l'Edit. de
Rome, 1631 .
Hadrien
FEVRIER. 1733. 257
Hadrien et Sabine vivoient ensemble , il
n'y a pas beaucoup d'apparence qu'on le
flatat sur ce sujet . Hadrien regardoit Sabine,
comme une femme fâcheuse 1 , dont
l'humeur lui étoit insupportable, et qu'îl
eut répudiée s'il n'eut été que simple particulier.
On prétend même que cette
Princesse ne mourut que du 2 Poison que
son mari lui fit donner. Elle de son côté
lui rendoit bien le change ; on en peut
juger par ce qu'elle disoit elle-même pu
bliquement : 3 Qu'elle avoit toujours fait
tous ses efforts pour n'avoir aucuns, enfans
de son mari , le fruit de pareils embrassemens
ne pouvant être que funeste à
l'Empire. Dans de pareilles conjoncttires
il n'y a pas lieu de croire que le Senat
ait voulu faire frapper une Médaille, qui ,
à l'expliquer comme fait Tristan , auroit
pu passer pour une Satire véritable , ou ,
qui du moins , n'auroit pas manqué d'ap
prêter à rire aux Courtisans assez enclins
déja à la raillerie.
Angelloni n'a gueres mieux réussi . Selon
lui , la Médaille est un monument
dia
I Uxorem etiam ut morosam et asperam
missurus , ut ipse dicebat , si privatusfuisset.Ælius
Spartian. in vita Hadriani .
2 Spartien.
3 Aurel. Victor,
Ciiij de
252 MERCURE DE FRANCE.
de la joie que tout Rome ressentit lorsqu'Hadrien
revint dans cette Ville , après
avoir parcouru toutes les Provinces de
l'Empire. Mais , 1 °.ce retour d'Hadrien est
marqué d'une maniere assez distincte sur
d'autres Médailles . ADVENTUS . AUG . ADVENTUI
AUG. ITALIA , pour ne pas en
chercher des monumens ailleurs . 2 °.Il est
difficile de trouver quelque rapport entre
ces Enfans , gravez sur la Médaille , et
l'arrivée d'un Prince. Angelloni a beau
dire que la joie étant plus particuliere
aux Enfans , on a pu par ce motif les representericy
: Come pure stanno i fanciulli
sempre allegri. Son explication est trop
generale ; et comme elle peut convenir à
tous les succès favorables , elle ne convient
à aucun en particulier.
Pour dire donc quelque chose de plus
précis , je ferai observer qu'HILARITAS ,
avec l'adjonction de P. R. Populi Romani,
ne se trouve que sur les Médailles d'Hadrien
, et sur celles d'Elius - César son
fils adoptif , avec néanmoins quelque
difference dans le Type . La Déesse HILARITAS
, sur les Médailles de ce dernier ,
portant une branche de quelque arbre
au lieu d'une Palme , et n'ayant point
d'Enfans à ses côtez . Cette différence, que
je tâcherai néanmoins d'expliquer , n'a
rapFEVRIER.
1733. 253
rapport qu'à quelques circonstances qui
ne font rien au motif qui a fait frapper
ces Médailles , que je crois toutes les
deux,avoir été pour l'adoption d'Ælius ; er
pour le prouver,je commence par la Médaille
de ce Prince , dont la connoissance
entraînera aisément celle de la Médaille
d'Hadrien.
Les fatigues qu'Hadrien avoit essuiées
dans ses longs voyages , sur tout mar
chant toujours la tête nue dans les saisons
même les plus rigoureuses de l'année
, affoiblirent extrêmement sa santé ;
il tomba dans une maladie , qui diminuant
tous les jours ses forces , le fit
. penser à se choisir un Successeur . Après
avoir jetté les yeux sur plusieurs , que sa
politique lui fit immoler ensuite , lorsque
sa maladie paroissoit moins dangeil
s'arrêta enfin sur Ceionius Com-
´modus , qu'il adoptat , le fit César et lui
changea son nom en celui d'Alius. Ce
dernier ne jouit pas long- temps de ces
écoulé une ne s'étant pas
année depuis son adoption jusqu'à sa
mort ; encore dans ce peu de temps futil
toujours si incommodé , qu'il ne put
pas même remercier Hadrien en plein
Sénat , de l'honneur qu'il lui avoit fait.
Dans un si court espace , ce Prince ma-
Cv Ladif
reuse ,
avantages ,
A
254 MERCURE DE FRANCE
ladif ne put gueres fournir de sujets qui
méritassent d'être consacrez sur les Monnoies.
Aussi toutes celles de ce Prince
ont - elles rapport à son adoption. Qu'y
voit-on en effet , sinon la bonne intelligence
du nouveau César , avec l'Empereur
? CONCORDIA. Son soin à rendre graces
aux Dieux de son élevation ? PIETAS.
TR. L'esperance que les Peuples avoient
conçue de lui , et le bonheur qu'ils attendoient
de son Regne , dans la Médaille
où ces deux Divinitez sont représentées ?
Enfin le Symbole de la Pannonie , Province
dont il avoit eu le Gouvernement,
et qui semble le féliciter sur son avenement
à l'Empire ? PANNONIA . Parmi toutes
ces Médailles , y en a- t-il quelqu'une
qui convienne mieux à son adoption , que
celle où la joie du Peuple Romain est
marquée : HILARITAS. P. R. Les largesses
qu'Hadrien fit à cette occasion au Peuple
et aux Soldats ; les Fêtes qu'il donna dans
le Cirque , en font foy. Dans ces Fêtes ,
dit Spartien , rien ne fut oublié de tout
ce qui pouvoit contribuer à la joie puplique
: Neque quicquam prætermissum quod
posset letitiam publicam frequentare.Ce Passage
semble fait pour la Médaille et fait
connoître , à n'en point douter , que le
motif qui la fit frappér , fut la joie de
tout
FEVRIER. 1733. 255
tout le Peuple Romain pour l'adoption
d'Elius, qui en assurant un Successeur à
l'Empire , assuroit en même temps la
Paix et la tranquillité de ce vaste Corps.
· La Médaille d'Ælius expliquée , celle
d'Hadrien se la trouve aussi; la même occasion
les a fait naître toutes deux , il ne s'a
git que de la difference qui se trouve dans
le Type dont je vais rendre raison .
Hadrien , à son avenement à l'Empire
après la mort de Trajan , fut obligé
avant même de se rendre à Rome,de
que
faire mourir quelques Personnages Consulaires.
Ces éxécutions , quoique justes et
necessaires , indisposerent extrêmement
cette Capitale contre lui. Aussi son premier
soin après s'être rendu au plutôt
dans cette Ville , fut de tâcher par toute
sorte de moyens de dissiper les mauvaises
impressions qu'on avoit conçûës. Pour cet
effet il fit de grandes liberalitez , et entr'autres
Spartien remarque , qu'il augmenta
les sommes que Trajan avoit assi
gnées aux Enfans. Pueris ac puellis quibus
etiam Trajanus alimenta detulerat incrementa
liberalitatis adjecit, Il y a beaucoup d'apparence
, que dans l'adoption d'Elius , où
l'on voit les mêmes Fêtes et les mêmes liberalitez
, Hadrien songea pareillement
aux Enfans , ces largesses étoient nous
Cvj velles
256 MERCURE DE FRANCE
velles , Trajan étoit le premier qui les eut
faites , et elles étoient trop agréables aut
peuple pour les negliger.
Quoi donc de plus naturel , que de fai
re paroître ces Enfans dans une Médaille
frappée pour conserver la mémoire de ces
largesses ? et s'ils ne paroissent point dans
la Médaille d'Ælius , c'est que les largesses
étant faites par Hadrien en vue de ce
Prince , c'étoit à Hadrien que toute la reconnoissance
devoit s'en rapporter ; mais
la joye du Peuple Romain pour l'adoption
d'Ælius éclatoit également en faveur
de ces deux Princes , et devoit par consé
quent paroître également sur les Monnoyes
de l'un et de l'autre , HILARItas.
P. R.
La difference d'un Rameau à une lon
gue palme on branche de quelque arbre ,
ne peut arrêter en aucune maniere ; l'un
et l'autre conviennent parfaitement à la
joye , ainsi qu'on le peut voir par ces
deux Vers , l'un de Rutilius et l'autre de
Juvenal :
Exornent virides communia gaudia Rami į
Ornentur postes , et grandi janua Lauro.
On peut me faire deux Objections aus
quelles je vais répondre.
La
FEVRIER. 1733. 257
La premiere est , qu'il se trouve une
Médaille de Lucille , femme d'Ælius , avec
HILARITAS au revers , qu'on ne peut expliquer
autrement qu'en la rapportant à
la fécondité de cette Princesse , ainsi qu'on
fait de toutes les Médailles des autres impératrices
où cette Legendè se rencontre.
Que l'explication de la Médaille de la
femme emporte l'explication de celle du
mari , et par une conséquence celle d'Hadrien
. Pour répondre à ce raisonnement ,
Outre le que PR qui donne aux Médailles
d'Hadrien et d'Elius quelque chose de
particulier et de relatif entr'elles , ne se
rencontre point sur celles de Lucille , les
Médailles qu'on nous donne pour être
de la femme d'Ælius , sont toutes de Lucille
, femme de L. Vere , ainsi qu'il est
aisé de s'en convaincre si l'on veut se
donner la peine de lire ce que j'ai écrit
sur ce sujet dans le Mercure du mois
d'Août dernier , ainsi l'Objection tombe
d'elle- même.
La seconde Objection est par rapport
à une Médaille d'Hadrien qu'on trouve
gravée dans Oiselius et dans Ant. Augustin
, où l'on voit sous la Legende HILARITAS
. P. R. une femme debout te
nant avec ses deux mains un voile qu'elle
a sur la tête. Ce Type ne peut avoir aus
cune
258 MERCURE DE FRÂNCE
cune convenance avec l'explication que
je donne. Il est vrai que ce revers est extraordinaire
, et que la figure qui y est
représentée , a beaucoup plus de rapport
avec la Pudeur ou la Pieté qu'avec la
Déesse de la Joye ; mais au lieu que cet
emblême peut avoir rapport à quelque
usage , quelque cerémonie qui se pratiquoit
dans les Fêtes publiques , et que
nous ignorons. Il me suffit que la Legende
HILARITAS. P. R. s'y rencontre, puisque
c'est cette joye universelle du Peuple
Romain que j'explique , et non pas toutes
les differentes manieres dont il se servoit
pour la représenter sur ses Monnoyes.
D. P.
A Orleans , ce & Novembre 1732.
Fermer
Résumé : EXPLICATION D'une Médaille de l'Empereur Hadrien.
Le texte décrit une médaille de bronze de l'empereur Hadrien. Sur une face, la tête d'Hadrien est représentée sans couronne, accompagnée de la légende 'HADRIANUS AUGUSTUS'. Sur l'autre face, une femme debout tient une palme et une corne d'abondance, avec deux enfants à ses pieds. La légende indique 'HILARITAS P. R.' et 'cos. III' dans l'exergue, ainsi que 's. c.' dans le champ. Deux historiens, Tristan et Angelloni, ont proposé des interprétations différentes de cette médaille. Tristan suggère que la médaille célèbre la joie du peuple romain à l'idée que Sabine, femme d'Hadrien, pourrait donner des héritiers à l'empereur. Cependant, cette hypothèse est remise en question par les relations conflictuelles entre Hadrien et Sabine. Angelloni propose que la médaille commémore le retour d'Hadrien à Rome après ses voyages dans les provinces de l'Empire. Toutefois, cette interprétation est également contestée, notamment en raison de la présence des enfants sur la médaille, qui ne semble pas directement liée à un retour triomphal. L'auteur du texte avance une autre explication : la médaille célèbre l'adoption d'Ælius César, fils adoptif d'Hadrien. Cette adoption a suscité une grande joie parmi le peuple romain, car elle assurait la continuité de l'Empire et la paix. Les largesses et les fêtes organisées par Hadrien à cette occasion sont mentionnées comme des éléments de cette célébration. La présence des enfants sur la médaille est justifiée par les libéralités accordées aux enfants par Hadrien, une pratique initiée par Trajan et poursuivie par Hadrien pour renforcer la popularité de son fils adoptif.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer