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1
p. [2483]-2487
EPITRE A M. LE MARECHAL DUC DE VILLARS.
Début :
A des Grands sans vertus, un Auteur qui veut plaire, [...]
Mots clefs :
Maréchal, Vertu, Aïeux , Trône de Louis, Vœux
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE A M. LE MARECHAL DUC DE VILLARS.
Des Grands sans vertus,un Auteur
qui veut plaire ,
Les comble en les louant , d'une
gloire étrangere ,
Mais ce n'est point ainsi , puis qu'il faut l'avouer,
VILLARS , que l'on s'y prend lorsqu'on veut te
loüer ;
A ij Ta
2484 MERCURE DE FRANCE.
Ta vie offre à notre Art une riche matiere .
Je te vois tout brillant de ta propre lumiere ,
$
Tu nous suffis toi seul , et pour être vanté ,
Ton nom n'a pas besoin d'un éclat emprunté ;
Ce noble amas de faits , cette vertu suprême ,
Sans les chercher ailleurs , on les trouve en toimême.
Laissons-là tes emplois , ton rang et tes Ayeux ;
C'est par d'autres endroits que tu plaîs à nos yeux .
Depuis que le ciseau de la Parque inhumaine
Nous cut ravi Condé, Luxembourg et Turenne ,
On vit bien dans l'effroi qui courut nous glacer ,
Qu'il n'étoit que toi seul qui pût les remplacer.
Qüi , c'est toi dont l'effort repoussa ce grand
Homme , (*)
Plus outré contre nous , qu'Annibal contre Rome.
Par ta rare prudence et ton activité ,
Vingt fois dans ses desseins il fut déconcerté ;
Et chassant lesGuerriers qui couvroient nos Fromtieres
,
Tu sçus de cet Etar reculer les Barrières ; (6)
Aussi par mille Exploits non moins prompts
qu'inoüis ,
Ta valeur rassura le Trône de Louis.
Dès que son juste choix t'eut confié sa gloire ,
On te vit à grands pas courir à la victoire ;
Elle exauça tes voeux , et sensible à nos maux ,
(a) Le Prince Eugene.
(b) Lignes de Stoloffen.
Soudais
NOVEMBRE . 1731. 2485
Soudain en ta faveur revint sous nos Drapeaux.
C'est alors qu'appuyé de sa main foudroyante ,
Chez tous nos ennemis tu portas l'épouvante ;
Le Danube , la Sambre et l'Escaut et le Rhin ,
Te virent sur leurs bords paroitre en Souverain.
Quelqu'obstacle assez grand que t'oppose leur
rage ,
Rien ne peut t'arrêter , tout cede à ton courage ;
Tu voles sans fremir où l'honneur te conduit.
Quel air ! quels coups ! ton bras par tout se reproduit
,
Et cueillant à ton gré les Palmes les plus grandes.
Execute en Soldat ce qu'en Chef tu commandes.
Mais c'est peu que ta gloire éclate au Champ de
Mars :
Pour comble de bonheur tu chéris les beaux
Arts , (a)
Toûjours prêt à chercher quiconque a du merite
,
A de nouveaux efforts ta bonté les excite ,
Par les soins glorieux d'un Sénat d'Apollons ,
Déja nos beaux efprits sont comblez de tes
Dons , (6)
C'est ainsi que jadis banissant l'ignorance ,
FRANÇOIS (c ) dans nos climats fit fleurir la
Science , •
(a) Il est un des 40rde l'Académie Françoise:
(b) ll fournit tous les ans un Prix à l'Académie
de Marseille.
(c)François I. fut appellé le Pere des Sçavans
A iij
Aux
2496 MERCURE DE FRANCE
Aux Doctes de son siecle il prêta son appui ;
Ce Roi fit tout pour eux , ils firent tout pour lui;
Sous son Regne charmant jamais aucun Poëte ,
N'éprouva les rigueurs d'une affreuse disette ;
Mais si- tôt que la mort l'eut mit dans le cercueil,
Le Pinde consterné demeura dans le deüil.
Enfin le sort changea , les Muses affligées ,
D'Armand et de Seguier , se virent protegées ;
Et sur elles bien- tôt répandant ses bienfaits.
Le plus grand des Bourbons leur ouvrit son Palais,
Ta l'imites , VILLARS , et sur un tel exemple ,
Dans Marseille (4) aujourd'hui tu leur dresses un
Temple.
C'est-là que desormais mille Auteurs dans leurs
Vers,
Chanteront le bonheur de tes Exploits divers ,
Du Belge à ton aspect les troupes allarmées,
L'Empire jusqu'à Vienne ouvert à nos armées ,
Les Bataves domptez , leurs projets démentis ,
Et cent murs abattus aussi- tôt qu'investis.
Ton amour pour la Paix , (b) ton zele pour la
France ,
Tes moeurs , ton équité , ta vaste intelligence ,
Cet air noblé et riant qui sçait nous enchanter ,
Sont autant de sujets que leur main va traiter.
(a) Il est Protecteur de l'Académie de Marseille.
(b) Il conclud la Paix à Rastad.
Pour
NOVEMBRE . 1731. 2487
Pour moi , qui là- dessus brule souvent d'écrire ,
Je crains d'en dire moins , qu'il ne m'en faudroit
dire ,
Si-tôt que mon esprit vent peindre ta grandeur ,
Je ressens que ma force est moindre que mon
coeur ;
Toutesfois sur tes faits mes Muses attentives ,
Cherchent pour les tracer les couleurs les plus
vives ;
Heureux si dans l'ardeur qui me vient enflamer
Par de beaux traits enfin , je puis les exprimer !
Mais que dis -je , exprimer ! la chose est difficile ;
Je n'oserois tenter l'Eloge d'un Achile ;
VILLARS , je me connois , et ne vois pas comment,
Je pourrois par des Vers te louer dignement ;
Ainsi donc retenu par mon peu d'éloquence
Content de t'admirer , je garde le silence.
MANUEL , de la Doctrine Chrétienne,
qui veut plaire ,
Les comble en les louant , d'une
gloire étrangere ,
Mais ce n'est point ainsi , puis qu'il faut l'avouer,
VILLARS , que l'on s'y prend lorsqu'on veut te
loüer ;
A ij Ta
2484 MERCURE DE FRANCE.
Ta vie offre à notre Art une riche matiere .
Je te vois tout brillant de ta propre lumiere ,
$
Tu nous suffis toi seul , et pour être vanté ,
Ton nom n'a pas besoin d'un éclat emprunté ;
Ce noble amas de faits , cette vertu suprême ,
Sans les chercher ailleurs , on les trouve en toimême.
Laissons-là tes emplois , ton rang et tes Ayeux ;
C'est par d'autres endroits que tu plaîs à nos yeux .
Depuis que le ciseau de la Parque inhumaine
Nous cut ravi Condé, Luxembourg et Turenne ,
On vit bien dans l'effroi qui courut nous glacer ,
Qu'il n'étoit que toi seul qui pût les remplacer.
Qüi , c'est toi dont l'effort repoussa ce grand
Homme , (*)
Plus outré contre nous , qu'Annibal contre Rome.
Par ta rare prudence et ton activité ,
Vingt fois dans ses desseins il fut déconcerté ;
Et chassant lesGuerriers qui couvroient nos Fromtieres
,
Tu sçus de cet Etar reculer les Barrières ; (6)
Aussi par mille Exploits non moins prompts
qu'inoüis ,
Ta valeur rassura le Trône de Louis.
Dès que son juste choix t'eut confié sa gloire ,
On te vit à grands pas courir à la victoire ;
Elle exauça tes voeux , et sensible à nos maux ,
(a) Le Prince Eugene.
(b) Lignes de Stoloffen.
Soudais
NOVEMBRE . 1731. 2485
Soudain en ta faveur revint sous nos Drapeaux.
C'est alors qu'appuyé de sa main foudroyante ,
Chez tous nos ennemis tu portas l'épouvante ;
Le Danube , la Sambre et l'Escaut et le Rhin ,
Te virent sur leurs bords paroitre en Souverain.
Quelqu'obstacle assez grand que t'oppose leur
rage ,
Rien ne peut t'arrêter , tout cede à ton courage ;
Tu voles sans fremir où l'honneur te conduit.
Quel air ! quels coups ! ton bras par tout se reproduit
,
Et cueillant à ton gré les Palmes les plus grandes.
Execute en Soldat ce qu'en Chef tu commandes.
Mais c'est peu que ta gloire éclate au Champ de
Mars :
Pour comble de bonheur tu chéris les beaux
Arts , (a)
Toûjours prêt à chercher quiconque a du merite
,
A de nouveaux efforts ta bonté les excite ,
Par les soins glorieux d'un Sénat d'Apollons ,
Déja nos beaux efprits sont comblez de tes
Dons , (6)
C'est ainsi que jadis banissant l'ignorance ,
FRANÇOIS (c ) dans nos climats fit fleurir la
Science , •
(a) Il est un des 40rde l'Académie Françoise:
(b) ll fournit tous les ans un Prix à l'Académie
de Marseille.
(c)François I. fut appellé le Pere des Sçavans
A iij
Aux
2496 MERCURE DE FRANCE
Aux Doctes de son siecle il prêta son appui ;
Ce Roi fit tout pour eux , ils firent tout pour lui;
Sous son Regne charmant jamais aucun Poëte ,
N'éprouva les rigueurs d'une affreuse disette ;
Mais si- tôt que la mort l'eut mit dans le cercueil,
Le Pinde consterné demeura dans le deüil.
Enfin le sort changea , les Muses affligées ,
D'Armand et de Seguier , se virent protegées ;
Et sur elles bien- tôt répandant ses bienfaits.
Le plus grand des Bourbons leur ouvrit son Palais,
Ta l'imites , VILLARS , et sur un tel exemple ,
Dans Marseille (4) aujourd'hui tu leur dresses un
Temple.
C'est-là que desormais mille Auteurs dans leurs
Vers,
Chanteront le bonheur de tes Exploits divers ,
Du Belge à ton aspect les troupes allarmées,
L'Empire jusqu'à Vienne ouvert à nos armées ,
Les Bataves domptez , leurs projets démentis ,
Et cent murs abattus aussi- tôt qu'investis.
Ton amour pour la Paix , (b) ton zele pour la
France ,
Tes moeurs , ton équité , ta vaste intelligence ,
Cet air noblé et riant qui sçait nous enchanter ,
Sont autant de sujets que leur main va traiter.
(a) Il est Protecteur de l'Académie de Marseille.
(b) Il conclud la Paix à Rastad.
Pour
NOVEMBRE . 1731. 2487
Pour moi , qui là- dessus brule souvent d'écrire ,
Je crains d'en dire moins , qu'il ne m'en faudroit
dire ,
Si-tôt que mon esprit vent peindre ta grandeur ,
Je ressens que ma force est moindre que mon
coeur ;
Toutesfois sur tes faits mes Muses attentives ,
Cherchent pour les tracer les couleurs les plus
vives ;
Heureux si dans l'ardeur qui me vient enflamer
Par de beaux traits enfin , je puis les exprimer !
Mais que dis -je , exprimer ! la chose est difficile ;
Je n'oserois tenter l'Eloge d'un Achile ;
VILLARS , je me connois , et ne vois pas comment,
Je pourrois par des Vers te louer dignement ;
Ainsi donc retenu par mon peu d'éloquence
Content de t'admirer , je garde le silence.
MANUEL , de la Doctrine Chrétienne,
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Résumé : EPITRE A M. LE MARECHAL DUC DE VILLARS.
Le texte est un éloge du maréchal de Villars, mettant en avant ses qualités et ses exploits militaires. L'auteur critique ceux qui louent les grands en utilisant des gloires étrangères, affirmant que Villars n'a pas besoin de cela pour être reconnu. Il souligne que la vie de Villars offre une riche matière pour l'art poétique et que ses qualités intrinsèques suffisent à le louer. Le texte rappelle les grandes figures militaires françaises disparues, telles que Condé, Luxembourg et Turenne, et souligne que Villars a su les remplacer. Il décrit ses victoires contre des ennemis puissants, notamment le prince Eugène, et ses exploits militaires qui ont rassuré le trône de Louis XIV. Villars est également loué pour son soutien aux arts et aux lettres, comparé à François Ier, protecteur des savants et des poètes. L'auteur mentionne les contributions de Villars à l'Académie de Marseille et son rôle dans la conclusion de la paix à Rastatt. Il exprime son admiration pour Villars, tout en reconnaissant son incapacité à le louer dignement en raison de son manque d'éloquence.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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